propose que le projet de loi , soit lu pour la deuxième fois et renvoyé à un comité.
— Madame la Présidente, je suis vraiment ravi d'avoir l'occasion de m'adresser à la Chambre des communes à l'étape de la deuxième lecture du projet de loi , la Loi canadienne sur la responsabilité en matière de carboneutralité. J'estime qu'il s'agit d'une mesure législative extrêmement importante.
La santé et le bien-être des Canadiens demeurent la grande priorité du gouvernement. Voilà pourquoi nous prenons des mesures sans précédent en réaction à l'urgence sanitaire qu'entraîne la COVID-19. Alors que nous traversons cette crise — dont nous nous sortirons —, nous devons, pour respecter notre engagement à assurer la santé et le bien-être des Canadiens, mettre deux choses en place en gardant en tête l'après-pandémie.
Premièrement, nous devons rebâtir en mieux pour que l'économie soit plus concurrentielle, plus verte, plus vigoureuse et plus équitable qu'auparavant.
Deuxièmement, les Canadiens s'attendent à ce que nous disposions d'un plan réfléchi pour contrer une urgence parallèle qui s'est poursuivie pendant la pandémie et qui s'aggravera considérablement si nous ne prenons pas davantage de mesures à l'avenir. Je parle du changement climatique.
[Français]
Les Canadiens savent à quel point le changement climatique menace notre santé, notre bien-être économique et notre planète. Nous vivons déjà les ravages du changement climatique avec des phénomènes météorologiques extrêmes, des inondations catastrophiques et des incendies dévastateurs.
Tout comme pour la COVID-19, ignorer les risques du changement climatique n'est pas une option. Cette approche ne fera qu'augmenter les coûts et aggraver les conséquences à long terme. Pour reprendre une métaphore de la pandémie, si nous voulons aplatir la courbe du climat et éviter ses pires effets, les meilleures données scientifiques disponibles nous disent que la planète doit atteindre la carboneutralité d'ici 2050.
[Traduction]
Atteindre la carboneutralité d'ici 2050 veut dire que les émissions produites dans 30 ans seraient entièrement absorbées grâce à des mesures qui éliminent le carbone de l'atmosphère, que ce soit grâce à la nature, comme la plantation d'arbres, ou à la technologie, comme les systèmes de séquestration du carbone. Le monde change et il faut agir. La transition vers une économie propre est nécessaire sur le plan écologique et offre de nombreuses possibilités sur le plan économique. Les pays, les investisseurs et les consommateurs le reconnaissent et on peut le voir par un mouvement qui s'accélère sur toute la planète et une saine concurrence vers la carboneutralité d'ici 2050.
Plus de 120 pays se sont engagés à devenir carboneutres d'ici 2050, dont un grand nombre de nos principaux concurrents économiques et de nos partenaires commerciaux. Notre plus grand partenaire commercial au sud de la frontière sera probablement bientôt de ce nombre. Les projets et les technologies à faibles émissions de carbone et résilients aux effets des changements climatiques ne sont pas seulement bons pour la planète, ils sont bons aussi pour les affaires.
Mark Carney, l'ancien gouverneur de la Banque du Canada et de la Banque d'Angleterre, a dit récemment que la transition vers la carboneutralité constituait « [...] l'une des plus grandes occasions commerciales de notre temps ». La veille de la présentation du projet de loi à la Chambre, Tiff Macklem, le gouverneur actuel de la Banque du Canada, a dit que « [...] nous devons donner au Canada les moyens de tirer parti des opportunités liées au climat que recherchent les consommateurs, les travailleurs et les investisseurs. »
De grandes sociétés canadiennes se sont déjà engagées à atteindre la carboneutralité d'ici 2050, y compris des organisations comme Cenovus, Teck Resources, MEG Energy, Canadian Natural Resources Limited, Enbridge et l'Association canadienne des producteurs d'acier. Le directeur général de Shell a affirmé que la carboneutralité est « la seule voie à suivre » pour son entreprise. Des entreprises canadiennes comme les Aliments Maple Leaf et CAE sont déjà carboneutres.
Prendre des mesures pour lutter contre les changements climatiques tout en relançant l'économie canadienne après la pandémie est simplement la voie logique à suivre. Nous pourrons ainsi sortir de la crise en étant plus forts, mieux préparés et plus compétitifs dans une économie mondiale à faibles émissions de carbone.
[Français]
Au cours de la dernière campagne électorale, notre gouvernement s'est engagé à fournir un plan qui permettra au Canada de dépasser ses objectifs de réduction de la pollution et de créer un processus juridiquement contraignant pour tous les futurs gouvernements afin de fixer des cibles climatiques nationales qui permettront d'atteindre l'objectif scientifique de la carboneutralité d'ici 2050. Le projet de loi est la réalisation de notre engagement envers les Canadiens à mettre en place ces processus juridiquement contraignants.
Ce processus est fondamental pour notre stratégie visant à créer une reprise économique durable après la pandémie et une prospérité à long terme pour tous les Canadiens dans un monde à faible émission de carbone. Il témoigne du désir de notre gouvernement de stimuler notre ambition collective en matière de changement climatique, et d'en faire plus que jamais de manière réfléchie et pragmatique en s'appuyant sur des données scientifiques et de preuves.
[Traduction]
Le projet de loi canadienne sur la responsabilité en matière de carboneutralité contribue de façon importante à la formulation d'une vision canadienne pour l'économie écologique, et il indique que nous sommes fermement résolus à devenir un compétiteur sérieux dans l'économie écologique mondiale.
Pour y arriver, nous devons mieux nous outiller pour saisir les occasions de réduire les émissions de carbone et démontrer ainsi que le Canada est prêt à s'attaquer de front aux risques associés aux changements climatiques. Ce faisant, nous pouvons accroître suffisamment la confiance et la certitude pour attirer les investissements et aider les Canadiens à offrir des produits et services très recherchés partout dans le monde, et ce, dès maintenant et à très long terme.
Avec ce projet de loi, le gouvernement du Canada mettra en place pour la première fois des dispositions législatives sur la responsabilité en matière d'émissions afin de combattre les changements climatiques et d'atteindre la carboneutralité d'ici 2050. Le projet de loi sur la responsabilité a ceci d'important qu'il propose des mesures rigoureuses pour dépolitiser la lutte contre les changements climatiques en imposant des exigences législatives aux gouvernements en vue de faire des progrès dans ce domaine. Il vise à éviter au Canada d'avoir un gouvernement qui, comme celui de Stephen Harper, établit une cible de réduction des émissions sans jamais proposer de plan crédible pour l'atteindre.
La Loi canadienne sur la responsabilité en matière de carboneutralité représenterait la première étape importante de la deuxième phase du plan climatique de notre gouvernement. Lors de la première phase mise en branle lors de notre premier mandat, nous avons piloté la création d'un cadre pancanadien qui vise à combattre les changements climatiques qui comprenait plus de 50 initiatives distinctes, incluant la tarification de la pollution, un plan pour l'élimination graduelle du charbon d'ici 2030, et des investissements historiques dans le transport en commun, la conservation de la nature et les énergies renouvelables.
Au cours des prochaines semaines, le gouvernement annoncera un plan sur la croissance propre amélioré, ainsi que d'autres investissements qui encouragent, accélèrent et soutiennent les efforts de transition des entreprises canadiennes vers une économie carboneutre prospère. Ce plan permettra également aux Canadiens de savoir comment nous comptons atteindre, et même dépasser, les cibles fixées pour 2030 dans l'Accord de Paris.
Le projet de loi définit le cadre juridique permettant d'inscrire dans la loi l'objectif de réduction des émissions de ce plan et des prochains plans d'ici le milieu du siècle. Le projet de loi prévoit également d'instaurer un processus juridiquement contraignant pour le gouvernement, ainsi que pour les gouvernements futurs. Le but est de fixer des cibles nationales de lutte contre les changements climatiques sur une base continue tous les cinq ans entre 2030 et 2050, et d'atteindre la carboneutralité d'ici 2050.
Ce projet de loi prévoit aussi que le gouvernement actuel et les prochains gouvernements présentent des plans détaillés de la manière dont ils prévoient atteindre ces cibles. À court terme, le projet de loi exige que le gouvernement du Canada établisse, dans les six mois suivant l'entrée en vigueur de la loi, la cible initiale de 2030 ainsi qu'un plan de réduction des émissions. Les deux devront être déposés au Parlement.
Un rapport d'étape devra être déposé d'ici 2027. Si le gouvernement du moment ne prévoit pas atteindre la cible de 2030, il devra expliquer comment il compte corriger la situation. De plus, le commissaire à l’environnement et au développement durable, avec l'appui du Bureau du vérificateur général du Canada, devra examiner la situation et faire rapport des mesures entreprises par le gouvernement du Canada pour atténuer les changements climatiques dans les cinq années suivant l'entrée en vigueur de la loi et tous les cinq ans par la suite.
À chaque année jalon par la suite, soit en 2035, en 2040 et en 2045, il faudra établir des cibles ainsi qu'un plan quinquennal de réduction des émissions visant l'année jalon subséquente. Tout cela devra être déposé au Parlement.
Enfin, si une cible n'est pas atteinte, le gouvernement devra déposer un rapport au Parlement en expliquant les raisons et présentant des mesures correctrices et de rattrapage précises.
[Français]
Le projet de loi exige également que la publie un rapport annuel expliquant la manière dont le gouvernement gère les risques financiers et les occasions découlant des changements climatiques. Ces renseignements aideront le gouvernement à gérer les risques des changements climatiques dans sa prise de décision.
Tout cela s'ajoute à notre exigence actuelle en matière de rapports, notamment le 5e rapport biennal à la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques qui sera soumis à la fin de 2021, et les données de l'inventaire national des gaz à effet de serre que nous publions chaque année.
Ces cibles établies tous les cinq ans et les plans pour les atteindre seront fondés sur les meilleures informations scientifiques disponibles. Ils nécessiteront une approche inclusive reflétant la démographie et la géographie uniques du Canada, l'importance de notre économie de ressources et la compétence partagée des gouvernements en matière d'énergie et d'environnement.
[Traduction]
La contribution et l'engagement de tous les secteurs de la société canadienne sont essentiels. Le gouvernement du Canada ne peut tout simplement pas, à lui seul, atteindre la cible de la carboneutralité d'ici 2050. Voilà pourquoi le projet de loi prévoit l'établissement d'un groupe consultatif pour un avenir à zéro émission nette d’ici 2050, comptant jusqu'à 15 experts ayant une expérience et des compétences diverses provenant de tout le pays. Il comprendra des dirigeants d'entreprises, des dirigeants syndicaux et autochtones, et des leaders dans le domaine des technologies propres et de l'environnement.
Les conseils que ce groupe consultatif donnera au gouvernement au cours des 30 prochaines années seront fondés sur beaucoup de consultations et un engagement auprès des Canadiens. Le travail initial sera axé sur la recherche de mesures permettant d'appuyer à la fois la cible de la carboneutralité et la reprise économique après la pandémie. Le groupe consultatif donnera des conseils dans un rapport public annuel, et le gouvernement sera tenu de répondre publiquement à ses recommandations.
Toutes les mesures relatives aux rapports publics sont conçues pour garantir la responsabilité envers les Canadiens, une responsabilité fondée sur la transparence, deux éléments essentiels pour établir la crédibilité auprès des Canadiens. De surcroît, la transparence et la responsabilité sont essentielles pour favoriser le dialogue lorsque des frictions surviennent concernant les moyens de poursuivre la lutte contre les changements climatiques. Le projet de loi établit un cadre de responsabilité et de transparence pour garantir l’atteinte de la carboneutralité d’ici 2050 de manière à donner aux Canadiens la certitude qu'en tant que pays, nous réussirons.
Si le projet de loi est adopté, il sera extrêmement difficile pour tout futur gouvernement de se soustraire à sa responsabilité de prendre des mesures pour lutter contre les changements climatiques. Je pense que le Parlement et les Canadiens en général condamneraient sévèrement un gouvernement qui ne respecterait pas ses obligations légales en vertu de la loi.
[Français]
Je veux dire quelques mots sur le processus parlementaire.
Il faut de la coopération et de la collaboration pour obtenir un vrai changement, et plusieurs partis à la Chambre des communes ont démontré leur engagement à prendre des mesures ambitieuses en matière de climat, notamment les Nouveau Parti démocratique, le Bloc québécois, le Parti vert et même certains députés conservateurs.
Je félicite la députée d' pour son travail sur le projet de loi et la députée de pour son travail sur le projet de loi . Ces initiatives font partie d'une longue série de projets de loi présentés pour tenter de résoudre ce problème.
Il est important de reconnaître la contribution de Jack Layton, qui a été le premier à proposer son projet de loi, la loi sur la responsabilité en matière de changement climatique, en 2007. Malheureusement, ce projet de loi a été rejeté par les sénateurs conservateurs, il y a eu 10 ans jour pour jour le mois dernier, sans débat, malgré le soutien de la majorité de la Chambre des communes.
Je tiens également à saluer le travail de mon collègue le leader parlementaire du gouvernement à la Chambre, qui a fait adopter son projet de loi d'initiative parlementaire, la Loi de mise en œuvre du Protocole de Kyoto, en 2007, avant que le gouvernement Harper ne l'abroge, en 2011, en se retirant du Protocole de Kyoto.
[Traduction]
Pendant l'élaboration du projet de loi, j'ai réfléchi à tout le travail qu'ont accompli mes collègues à la Chambre et ceux qui nous ont précédés. J'espère vivement qu'ils reconnaîtront leurs efforts et leur dévouement dans l'esprit et l'objet du projet de loi . Je suis déterminé à adopter une approche de coopération et de collaboration. J'étudierai de bonne foi les suggestions constructives pour améliorer cette mesure législative. C'est ce à quoi devrait ressembler le processus parlementaire, et je tiens à contribuer à son bon fonctionnement.
Je suis convaincu que, ensemble, dans un esprit de coopération, nous pourrons en arriver à un résultat pour continuer d'avancer dans la lutte contre la menace des changements climatiques. Dans le cadre de conversations constructives, j'ai discuté avec un grand nombre de mes collègues parlementaires du passage à l'action pour lutter contre les changements climatiques. J'espère que nous parviendrons à travailler ensemble pour faire adopter le projet de loi en ce contexte de gouvernement minoritaire afin que nous puissions procéder sans délai à sa mise en œuvre.
Au bout du compte, les changements climatiques relèvent de la sphère scientifique, et non idéologique. Ce ne devrait pas être un enjeu partisan. J'espère que les députés de tous les partis à la Chambre travailleront ensemble pour appuyer collectivement cette mesure législative essentielle.
En tant que pays, nous ne pouvons pas nous permettre de ne rien faire. Des ressources seront évidemment nécessaires. Il faudra aussi une bonne dose de pragmatisme et, évidemment, d'ingénuité canadienne.
Le Canada est bien outillé pour y arriver, y compris une main-d'œuvre qualifiée et novatrice qui relève déjà le défi qu'est la réduction des émissions. Que l'on parle du cuivre, du nickel ou des sources d'énergie, le Canada détient les ressources nécessaires pour développer, produire et déployer les technologies propres, et pour tirer parti de son savoir-faire. Le secteur manufacturier canadien est productif et résilient. Nous avons aussi l'esprit innovateur, les compétences et l'expérience nécessaires pour faire partie des fournisseurs de ressources naturelles les plus verts au monde. Nous sommes aussi animés par le désir de saisir cette chance de créer un avenir que nous pourrons léguer à nos enfants et petits-enfants avec confiance et fierté.
Je suis convaincu que bon nombre de mes collègues, ou encore leurs enfants, neveux, nièces et petits-enfants, ont regardé quelques-unes des émissions de sir David Attenborough sur la nature. Une de ses phrases m'a interpellé directement. Il a dit: « L'humain est la seule espèce à pouvoir se projeter dans l'avenir. Pour vivre en harmonie avec la nature, il suffit de le vouloir. »
Ce projet de loi permettra aux Canadiens de montrer, collectivement, que c'est aussi ce qu'ils veulent. Je suis impatient de pouvoir discuter avec mes collègues, que ce soit aujourd'hui ou tout au long du débat sur cette mesure législative d'une grande importance.
:
Madame la Présidente, c'est toujours un honneur de prendre la parole à la Chambre et de débattre des affaires publiques, et le débat entourant le projet de loi est d'une importance capitale. La semaine dernière, les parlementaires ont été invités à une séance d'information de 13 minutes sur le projet de loi sans la moindre possibilité de poser des questions et d'obtenir des réponses. Il y a lieu de se demander pourquoi on a procédé de la sorte. Pourquoi n'était-il pas possible de poser des questions? Le décrit le projet de loi comme un cadre de reddition de comptes, mais, dès le premier jour, on nous a privés de l'élément le plus simple et le plus important de la reddition de comptes, soit le droit de poser des questions.
J'ai lu le projet de loi ainsi qu'une bonne partie des manchettes et, à ce sujet, je dois féliciter le gouvernement libéral pour la campagne médiatique dont a fait l'objet le projet de loi. Beaucoup de grands titres indiquaient: « Une feuille de route pour la carboneutralité », ce qui est plutôt fascinant parce que, même si le projet de loi indique clairement quel est son objectif, il ne contient absolument aucune information sur la façon de l'atteindre. En fait, s'il s'agissait d'une carte, elle indiquerait simplement où nous voulons aller, mais aucun plan ni chemin pour s'y rendre. C'est de cela qu'il est question, n'est-ce pas?
[Français]
De façon classique pour les libéraux, ce projet de loi ne tiendra pas le gouvernement actuel responsable des échecs climatiques, seulement les futurs gouvernements. Les promesses les plus faciles sont celles dont il est facile de ne pas être tenu responsable et c'est exactement ce que font les libéraux.
Les libéraux continuent d'en promettre à la fois trop et pas assez en matière de changements climatiques. Leur approche ne fonctionne manifestement pas. Les projections du gouvernement libéral ont démontré qu'il n'est même pas près de respecter ses engagements actuels. Pourtant, il se fixera de nouveaux objectifs plus élevés et encore plus éloignés dans le temps.
Faisons un retour en arrière dans l'Histoire. Si nous reculons d'environ 27 ans, en 1993, l'ancien premier ministre libéral, M. Jean Chrétien, avait promis de réduire d'ici à 2005 les émissions de GES de 20 % par rapport aux concentrations de 1988. Qu'est-il arrivé à ces promesses? Elles ont été brisées. Il y en a d'autres.
[Traduction]
Revenons à 1997 quand le premier ministre Chrétien a signé l'Accord de Kyoto. C'était la promesse de réduire nos émissions d'une quantité moindre de 6 % par rapport aux niveaux de 1990. C'était un objectif fixé pour 2012. Qu'en a-t-il été de cette promesse? En 2006, quand les libéraux ont perdu le pouvoir, les émissions au Canada dépassaient de 30 % cet objectif. L'ancien premier ministre Harper a donc finalement décidé de retirer le Canada de l'Accord de Kyoto parce que nous ne pouvions pas atteindre cette cible.
N'oublions pas qu'en 2009, à la Conférence de Copenhague sur les changements climatiques, le premier ministre Harper a décidé de prendre exemple sur les États-Unis et de réduire nos émissions de gaz à effet de serre de 17 % par rapport aux niveaux de 2005 d'ici 2020 et de 30 % d'ici 2030, dans le cadre d'un accord non contraignant. En 2015, un peu après l'élection du actuel, celui-ci a envoyé la plus importante délégation canadienne, historiquement parlant, à la Conférence des Nations unies sur le changement climatique Paris, pour un coût excessif, selon moi, d'un million de dollars.
Nous savons tous qu'à Paris, malgré les nombreuses critiques adressées à l'ancien gouvernement Harper, le gouvernement libéral a finalement adopté les mêmes objectifs. Malgré ce que les libéraux partisans et d'autres disent, les gouvernements conservateurs ont une longue histoire d'initiatives environnementales pratiques et fructueuses à l'échelle fédérale et provinciale.
[Français]
Examinons maintenant où nous en sommes aujourd'hui. On signale que les engagements pris par le gouvernement libéral en 2015 ont été ratés de 123 millions de tonnes en 2020. Cela signifie qu'une fois de plus, nous ne respectons pas nos réductions d'émission de gaz à effet de serre.
De toute évidence, on suit un modèle: on promet de réduire une certaine quantité d'émissions avant une certaine date, et on rompt cette promesse. On fait une autre promesse et on rompt également cette promesse.
Maintenant, les choses ont évolué. Aujourd'hui, nous étudions le projet de loi . Ce projet de loi repousse tellement le problème encore une fois, que ce sera au gouvernement qui sera en poste en 2050 de s'en occuper.
C'est à ce sujet que le gouvernement vivra un problème avec les plus féroces détracteurs de ce projet de loi
Le gouvernement ne propose littéralement rien aujourd'hui. Il n'a ni feuille de route, ni solution, ni écoute ni pénalité en cas d'échec.
Encore une fois, on fait plus de promesses d'en faire davantage plus tard.
[Traduction]
À ce point-ci, je donne probablement l'impression d'avoir une opinion très négative du projet de loi. Toutefois, ce n'est pas mon intention. Je crois tout simplement fermement que, lorsque nous débattons du projet de loi, nous devons être francs à propos de ce dont nous débattons. En l'occurrence, ce n'est certainement pas une feuille de route, comme certains l'ont décrit. Cela dit, j'accorde au gouvernement libéral le mérite de s'être éloigné de l'approche habituelle du , qui consiste à promettre des résultats qu'il n'a aucunement l'intention de livrer. Nous savons que le premier ministre excelle à faire des promesses dont il ne sera jamais tenu responsable. Si l'on établit des objectifs à atteindre d'ici 30 ans, ce sont les gouvernements futurs qui devront trouver comment les atteindre. Surtout, cela donne à l'industrie le temps de trouver des solutions.
D'ailleurs, le a parlé d'améliorer l'efficacité énergétique résidentielle et commerciale. Il a parlé de piles à hydrogène, de même que du potentiel concernant les petits réacteurs nucléaires modulaires, quoique, sur ce dernier point, le gouvernement libéral a, une fois de plus, reporté les plans et l'annonce des détails. Bref, en énonçant des engagements de si longue haleine, le projet de loi laisse la porte ouverte aux futures innovations. Nous savons que les véhicules électriques vont se multiplier dans l'avenir, que certains seront construits ici même au Canada pour constituer une solution fabriquée au Canada.
[Français]
En Colombie-Britannique, nous avons une compagnie aérienne qui pourrait bientôt transporter des passagers avec le premier hydravion électrique au monde.
Ce sont tous des exemples d'innovation passionnants qui peuvent réduire nos émissions. Je suis d'ailleurs heureux que notre en ait reconnu certains. Personnellement, en tant que porte-parole en la matière, je suis enthousiaste quand nous pouvons tous nous mettre d'accord sur des domaines où nous pouvons utiliser l'innovation plutôt que la fiscalité pour réduire nos émissions. Nous ne deviendrons pas une nation plus prospère en taxant les Canadiens sur le terrain et en faisant payer l'industrie par l'entremise de règlements coûteux. C'est peut-être la façon libérale, mais ce n'est pas la bonne façon.
Quand j'ai accepté le rôle de porte-parole en matière d'environnement et de changements climatiques, notre nouveau chef de l'opposition officielle a été clair. Il s'est engagé à reconnaître l'importance pour le Canada de respecter ses engagements en matière d'émissions de gaz à effet de serre. Si nous voulons le faire, nous devons tous travailler ensemble sur les domaines où nous pouvons trouver un accord. Je crois qu'une grande partie de notre temps, dans la législature précédente, a été consacrée à des domaines sur lesquels nous sommes en désaccord. Quand nous faisons cela, nous ne servons pas l'intérêt des futurs Canadiens et des futures Canadiennes.
[Traduction]
De mon point de vue, la réalité, c'est qu'on ne peut pas vraiment s'opposer à un projet de loi qui est une coquille vide. À bien des égards, c'est un projet de loi à la Seinfeld. Il est très avare de détails et ne parle pas des coûts. En fait, je soupçonne que ceux qui s'y opposeront le feront justement pour cette raison. Les Canadiens s'entendent sur l'importance de protéger l'environnement et les espaces naturels. C'est un enjeu que notre parti et notre chef ont à cœur.
Dans mon discours jusqu'à maintenant, je n'ai pas encore parlé de l'industrie pétrolière et gazière du Canada, de la même façon que le projet de loi ne prévoit pratiquement rien pour ce secteur essentiel. Nous savons que cette industrie a déclaré publiquement son engagement à respecter les normes environnementales les plus élevées dans le monde, et qu'une grande partie de ses membres se sont engagés à devenir carboneutres d'ici 2050. Nous devons veiller à ce que ces industries canadiennes essentielles fassent partie de la solution.
Nous allons proposer des amendements au projet de loi lors de l'étude au comité pour affirmer clairement que le secteur pétrolier et gazier du Canada a les normes environnementales les plus élevées du monde et que tout plan d'action doit tirer parti de l'expertise de ce secteur et soutenir le rôle qu'il doit jouer pour approvisionner le monde en ressources énergétiques. La mesure législative doit aussi reconnaître que le secteur canadien de l'énergie n'est pas l'ennemi, contrairement à ce que de nombreux libéraux peuvent penser, mais un allié. Comme je l'ai déjà dit, nous devons trouver des façons de travailler ensemble si nous voulons réussir.
[Français]
Nous devons également avoir un mécanisme qui, au fil du temps, peut déterminer ce que cela coûte aux Canadiens d'être sur la voie de la carboneutralité d'ici 2050. Le Bureau du directeur parlementaire du budget affirme que, pour respecter nos engagements actuels d'ici 2030, la taxe sur le carbone pourrait devoir passer à plus de 200 $ la tonne. Pourtant, les libéraux refusent toujours d'être honnêtes avec les Canadiens à ce sujet.
Je sais que certains diront que le coût de ne rien faire l'emportera sur cela. Toutefois, prenons l'exemple d'une personne qui gagne un revenu annuel fixe et qui vit dans une maison de 70 ans, alors que les températures d'hiver tombent en dessous de -20 degrés Celsius. Il se peut que la facture de chauffage mensuelle la force à choisir entre la chaleur et l'épicerie pour le mois. Nous ne pouvons pas ignorer cela. Nous ne pouvons ignorer que de nombreuses collectivités rurales n'ont pas de transport en commun. Dans de nombreux cas, elles ont perdu Greyhound en tant que transporteur privé.
Des millions de Canadiens dépendent du mazout importé pour le chauffage domestique parce qu'aucune autre option n'est disponible. Nous ne pouvons pas oublier ces Canadiens, et ils ne devraient pas se retrouver avec une part disproportionnée du fardeau de ces coûts.
[Traduction]
Je le mentionne parce que le gouvernement libéral aime parler de la tarification de la pollution, mais trop souvent, comme nous le savons tous, certains des plus importants pollueurs bénéficient d'exemptions en raison de la fuite de carbone, ce qui est très inquiétant.
Je vais expliquer ce qu'est la fuite de carbone pour ceux qui ne connaissent pas cette expression. Quand une industrie d'un pays est soumise à la tarification du carbone et ne peut pas rivaliser avec la même industrie d'un autre pays où la tarification du carbone est inexistante, nous avons affaire à ce qu'on appelle une fuite de carbone. Nous savons que si l'industrie perd sa part du marché au profit de concurrents qui génèrent plus de pollution, cela a une incidence sur notre économie et ne réduit pas les émissions mondiales de gaz à effet de serre.
La fuite de carbone n'est pas le seul exemple où les grands pollueurs ne paient pas pour la pollution qu'ils causent. En effet, le projet de gaz naturel liquéfié de la Colombie-Britannique ne sera pas soumis à la hausse de la taxe sur le carbone qui est prévue dans le plan du gouvernement libéral sur la tarification sur le carbone, et ce, en dépit du fait que le gouvernement néo-démocrate de la province a adhéré à ce plan. Ce n'est pas la première fois qu'une industrie polluante de la Colombie-Britannique se voit accorder un quelconque allégement de la taxe sur le carbone.
[Français]
Pourquoi est-ce que je soulève ces points? C'est parce que nous ne pouvons pas ignorer le fait que de plus en plus de grands pollueurs du Canada sont dispensés de payer le prix de leur pollution.
Ces exemptions de taxe sur le carbone font rarement la manchette des médias pour diverses raisons, mais elles se produisent. Par contre, le citoyen moyen ou le propriétaire d'une petite entreprise doit quand même payer le prix de sa pollution.
Cela m'amène à la dernière partie de mon discours — mais pas la moindre — sur ce projet de loi. Puisqu'il faudra 30 ans avant d'atteindre les buts visés, nous avons l'occasion d'essayer de travailler avec notre plus grand partenaire commercial, les États-Unis. Avec un peu de chance, nous aurons une idée plus claire des politiques et de la réglementation requises pour nous permettre de réduire collectivement nos émissions de gaz carbonique.
Ces émissions sont un problème mondial. Les changements climatiques ont eu des effets dévastateurs dans de nombreux secteurs de ma circonscription au cours de la dernière année. Des feux de forêt et des inondations y ont causé des centaines de millions de dollars en dégâts matériels. L'évolution des conditions météorologiques frappe durement les agriculteurs locaux. Je suis certain que d'autres députés à la Chambre ont connu des expériences similaires.
Le Canada n'est pas responsable des changements climatiques mondiaux, mais nous pouvons et devons faire partie de la solution.
[Traduction]
Certains sourcilleront peut-être en voyant que mon parti compte appuyer ce projet de loi à l'étape de la deuxième lecture mais, si nous voulons avancer, nous devons trouver des terrains d'entente et agir. Il y a des points sur lesquels nous pouvons et nous devons nous entendre.
Bref, je ne trouve pas vraiment matière à objection dans ce projet de loi. Ce n'est pas une feuille de route. C'est essentiellement un bout de papier qui montre une destination. La lutte contre les changements climatiques au Canada et partout sur la planète est un objectif crucial, qui exige des efforts. Il reviendra aux gouvernements actuels et futurs de commencer à remplir la feuille de route et à montrer comment ils entendent atteindre la destination choisie, mais nous devons nous entendre sur un point de départ. Selon moi, c'est exactement le rôle du projet de loi : c'est un point de départ.
Pour ma part, j'appuierai ce projet de loi pour ce qu'il est et pour ce qu'il pourra et devra devenir. Notons que je n'appuie pas pour autant le bilan des libéraux dans le dossier des changements climatiques. Ils ne sont pas en voie de respecter leurs engagements climatiques pour 2030 et n'ont toujours planté aucun arbre. Mon épouse a planté plus d'arbres que le gouvernement actuel.
Dans le domaine des changements climatiques, les libéraux continuent de faire beaucoup de promesses mais d'en respecter très peu. Leur approche est visiblement inefficace. Les conservateurs établiront une politique sur le climat qui respectera les compétences des provinces, veillera à faire payer les industries au lieu de taxer les Canadiens ordinaires, et misera sur les principes du marché, qui ont fait leurs preuves, pour favoriser des changements économiques positifs. Les conservateurs comprennent que les Canadiens trouvent important de viser l'objectif de zéro émission nette et qu'ils souhaitent voir des gestes concrets en ce sens. Nous devons protéger notre environnement commun pour les générations futures sans sacrifier les emplois dont les Canadiens ont besoin maintenant ni nuire au moteur économique qui contribue au financement de programmes sociaux essentiels. Les Canadiens comptent là-dessus.
Je remercie les députés d'avoir pris le temps de m'écouter.
:
Madame la Présidente, c'est toujours un plaisir de me lever à la Chambre pour parler d'environnement et de changement climatique. J'avais hâte au dépôt de ce projet de loi. Nous l'avons attendu longtemps.
Au Bloc québécois, nous avons même pris l'initiative de déposer notre propre projet de loi en matière de responsabilité climatique: le projet de loi , dont nous avons débattu ici même, il y a quelques semaines, et qui semble avoir un peu plus de mordant que le projet de loi .
Parlons justement du projet de loi C-12. On y retrouve plusieurs mots intéressants, comme « transparence », « responsabilité » et « carboneutralité ». C'est certainement un premier pas, il faut l'admettre. Le gouvernement va probablement plus loin que n'importe quel gouvernement avant lui. Cependant, la réalité, c'est que, lorsqu'on lit ce projet de loi, on se rend compte assez rapidement qu'il est nettement insuffisant pour répondre à l'urgence climatique.
Je le dirai d'entrée de jeu: le projet de loi C-12 manque cruellement de rigueur. Il doit être plus contraignant. Si les libéraux sont sérieux dans leur volonté de protéger l'environnement, d'assurer un avenir vert à la prochaine génération, de mettre sur pied un plan de relance économique juste et vert, de mettre fin au cycle des promesses brisées et des cibles ratées en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre et de respecter leur engagement en marge de l'Accord de Paris, ils seront certainement ouverts à modifier et à bonifier ce projet de loi pour qu'il soit davantage contraignant.
L'urgence est réelle et la crise sanitaire et financière que nous traversons ne doivent pas être un prétexte pour mette de côté la crise climatique et les mesures qui doivent être prises pour y faire face. La performance du Canada en matière de réduction des gaz à effet de serre est piètre. Je dirais même qu'elle est gênante. Le Canada n'a jamais atteint ses objectifs. Il a dû se retirer du Protocole de Kyoto et il n'atteindra vraisemblablement pas les objectifs de l'Accord de Paris. Si c'était le cas, le gouvernement aurait mis cela dans son projet de loi et il aurait fait preuve d'un peu plus d'audace ou d'ambition. Il se serait peut-être un peu moins préoccupé de 2050 et un peu plus de 2030, aussi. Il serait certainement plus préoccupé par l'importance de remplir nos engagements à l'international plutôt que de remplir ses propres engagements électoraux.
La question climatique ne doit pas être une question partisane. Malheureusement, c'est ce qu'on constate avec ce projet de loi. Pendant la campagne électorale de 2019, les libéraux ont promis d'atteindre la carboneutralité en 2050, et ils le réitèrent avec ce projet de loi, sans même nous dire comme ils vont faire pour l'atteindre.
Je veux bien être de bonne foi, mais le projet de loi C-12 est facilement critiquable, même pour le gouvernement. Selon les projections les plus optimistes d'Environnement Canada, nous sommes en voie de rater la cible de 2030. Il faut cesser de se mettre la tête dans le sable; le Canada n'atteindra pas la cible de réduction de 30 % de ses émissions de gaz à effet de serre d'ici 2030. En termes de mégatonnes, il y a un manque à gagner important, 77 mégatonnes pour être plus précise, et ce, même en tenant compte des effets des mesures de réduction déjà annoncées.
Quand on est en voie de manquer sa cible, logiquement, la priorité devrait être de tout mettre en œuvre pour rectifier le tir rapidement, renverser la vapeur et prêcher par l'exemple. Le Bloc québécois n'est pas le seul à le dire, les groupes environnementaux le disent aussi. L'Association québécoise de lutte contre la pollution atmosphérique dit que le projet de loi est « très vague, très peu contraignant et démontre que le gouvernement du Canada n'a pas fait le travail depuis 2015. » Comme nous, ils attendent encore un engagement sérieux et responsable de la part du gouvernement libéral.
On entend le même son de cloche du côté du Réseau action climat, d'Ecojustice, d'Environmental Defence Canada, de la West Coast Environmental Law Association et d'Équiterre, pour ne pas les nommer.
Je le répète: le Canada a échoué à atteindre toutes les cibles climatiques internationales qu'il s'est fixées. Dans sa forme actuelle, le projet de loi C-12 fournit très peu de garanties quant à un changement de tendance.
On sait qu'on veut se diriger vers une économie et un mode de vie carboneutres, mais on ne sait toujours pas comment y arriver. Ça ne prend pas la tête à Papineau pour se rendre compte que ça va prendre plus qu'une ou deux mesures un peu rigoureuses pour y arriver. Pour l'instant, nous ne savons pas du tout si les industries les plus polluantes auront des cibles à respecter, ce qui est déplorable, si nous nous dirigeons vers l'électrification des transports et si on va soutenir une certaine forme d'économie circulaire. Nous ne savons rien de tout cela, parce qu'il n'y a pas de plan.
Avec le projet de loi C-12, les libéraux nous demandent de voter sur un plan que nous ne connaissons pas encore. Pour le moment, ce que nous savons, c'est qu'on atteindra probablement la carboneutralité en 2050, même si on ne sait pas trop ce que ça mange en hiver.
C'est maintenant que nous avons besoin de mesures concrètes qui vont véritablement contribuer à diminuer nos émissions de gaz à effet de serre.
Le projet de loi doit implanter une vraie responsabilité, non seulement pour atteindre les cibles qui sont déjà sur la table, mais pour aligner le Canada avec l'Accord de Paris et son objectif ultime de limitation du réchauffement climatique mondial moyen à 1,5 degré Celsius.
Il est d'ailleurs impératif que le Canada ait un cycle de responsabilité sur cinq ans, qu'il débute dès 2025, et pas en 2030 ni en 2050, et qu'il s'aligne avec le processus d'inventaire quinquennal de l'Accord de Paris et son objectif de bonifier cette ambition. C'est la demande de tout groupe environnemental qui se respecte et de toute personne qui croit en la nécessité de la transition énergétique pour assurer notre survie sur cette planète.
Je m'explique donc mal le manque d'ambition et d'initiative du gouvernement dans le cadre du projet de loi . On devrait avoir dépassé l'étape où il faut faire un plan pour la transition énergétique. En effet, c'est maintenant qu'il faut faire la transition, parce que, 2050, c'est demain.
Il faut se rendre à l'évidence, la solution à la crise, économique, sanitaire et climatique ne passera évidemment pas par la perpétuation de l'économie pétrolière. La relance doit au contraire passer par des investissements sans la transformation de nos richesses naturelles, la recherche et l'innovation dans nos institutions et le recours à notre énergie propre et renouvelable.
Il faut reconnaître que, dans ce domaine, le Québec a beaucoup à offrir. Notre richesse à nous est là; celle du Canada est ailleurs. C'est pourquoi, au Bloc Québécois, nous pensons que le gouvernement doit accorder une aide importante, une aide considérable à la transition énergétique et économique de certaines provinces vers un modèle de création de richesse qui soit durable.
Le développement économique axé sur les technologies vertes, telles que la biomasse, l'énergie éolienne et solaire, l'hydroélectricité, la géothermie, peut alimenter de façon durable le progrès et il peut certainement agir en modèle.
Le Bloc Québécois peut présenter plusieurs propositions de mesures concrètes. Nous aurions aimé voir, dans ce projet de loi, un plan qui énonce des mesures concrètes sur la façon dont on va atteindre nos objectifs.
Je reviens au Réseau action climat. Je ne pourrais être plus en accord avec leur volonté de décarboniser l'économie. C'est un concept intéressant et plus que jamais pertinent. On dit souvent que l'environnement doit aller de pair avec l'économie: l'un ne va pas sans l'autre.
J'ai eu une intéressante conversation récemment avec Me Paul Fauteux, un avocat en droit de l'environnement qui a été directeur général du Bureau des changements climatiques d'Environnement Canada et cochef de la délégation canadienne dans les négociations internationales sur la mise en œuvre du Protocole de Kyoto. C'est un homme optimiste, mais déçu de l'inaction gouvernementale. Nous discutions du fait qu'on ne devrait pas avoir peur de la transition énergétique et qu'on ne devrait pas la percevoir comme négative pour l'économie ou encore comme une tueuse d'emplois payants.
C'est tout le contraire. Se défaire des combustibles fossiles donnera des gains nets d'emplois. Que ce soit pour installer des panneaux solaires, pour rénover des habitations pour les adapter aux changements climatiques et les rendre plus écoénergétiques, le potentiel est immense.
Cependant, décarboniser l'économie, cela ne veut pas nécessairement dire exclusivement qu'on échange un travailleur de l'industrie pétrolière pour un travailleur de l'industrie solaire ou éolienne. On peut construire une économie de soins à faible teneur en carbone.
On me demandera ce qu'est une économie de soins. C'en est une où on prend autant soin de notre planète que les uns des autres. Les emplois à plus faible teneur en carbone sont ceux qui n'extraient rien de la terre, ne créent pas de nouveaux déchets et ont un impact limité sur l'environnement. Ces emplois, souvent occupés par des femmes, doivent être davantage valorisés. Ce travail de soin des personnes les plus vulnérables de nos communautés doit être mieux compris. Il doit devenir un bon emploi dans le cadre de notre transition économique, accompagné d'avantages syndicaux, d'une paie équitable et des protections de sécurité.
Laure Waridel, professeure associée à l'Institut des sciences de l’environnement de l'Université du Québec à Montréal, le disait dimanche dernier: cela prend un changement profond, des mesures contraignantes, des mesures structurantes, parce qu'on est au point où on doit carrément transformer l'économie.
On carbure à l'exploitation. Cette exploitation rapporte de l'argent, certes, mais elle coûte cher en matière de gaz à effet de serre. Il y a un coût, pas seulement environnemental, mais social également, et cela, c'est fondamental.
Le problème, c'est qu'on est individualiste et qu'on ne pense qu'à soi. Le gouvernement ne montre certainement pas l'exemple. Il faut arrêter de travailler de façon isolée. Il faut unir nos forces. C'est de cette façon que nous allons arriver à une société un peu plus verte et un peu plus juste. En fait, j'espère qu'elle sera considérablement plus juste et plus verte.
Pour cela, nous avons besoin d'un gouvernement qui met la partisanerie de côté et qui cesse son hypocrisie. On aime donc l'expression « les bottines doivent suivre les babines ». En effet, un gouvernement ne peut pas dire qu'il veut atteindre la carboneutralité et, pratiquement dans la même phrase, dire qu'il veut faire du pipeline Keystone XL une priorité dans ses relations avec les États-Unis. Cela ne tient pas la route. C'est littéralement dire une chose et son contraire. Il faut choisir entre investir dans l'avenir et aller directement sur un mur. On conviendra que la bonne décision serait d'investir dans l'avenir. Or cela passe par la mise en place de mesures réelles pour réduire notre empreinte carbone.
Même la Régie de l'énergie prévoit que, si le Canada renforce ses politiques climatiques pour réduire davantage les émissions de gaz à effet de serre, ni l'expansion de l'oléoduc Trans Mountain ni le nouveau pipeline Keystone XL ne seront nécessaires. C'est intéressant.
Pourquoi le gouvernement s'entête-t-il à soutenir des projets qui sont néfastes pour l'environnement? Ces projets ne sont même pas les bienvenus du côté de la nouvelle administration américaine. Ce sont des projets qui ne sont pas viables à long terme. L'actualité nous le rappelle constamment.
Un regroupement de plus d'une centaine d'économistes et d'experts en matière de ressources naturelles des quatre coins du Canada a récemment exhorté le gouvernement à carrément abandonner Trans Mountain avant d'y engloutir davantage de l'argent des contribuables. Comme je le disais un peu plus tôt, cet argent devrait plutôt servir à accélérer la transition vers une économie plus verte, notamment en Alberta, principale productrice de pétrole au Canada. On a besoin de mettre en place maintenant une transition beaucoup plus énergique pour abandonner le pétrole et le gaz.
L'Agence internationale de l'énergie concluait récemment que la demande de pétrole devrait diminuer de 30 % au cours des deux prochaines décennies si les pays qui ont signé l'Accord de Paris sur les changements climatiques veulent respecter leurs engagements. L'économie pétrolière n'est plus viable à long terme et les experts se tuent à nous le rappeler.
Lundi, l'Organisation météorologique mondiale publiait un rapport qui montre que, malgré le déclin momentané des émissions mondiales de gaz à effet de serre imputable à la crise de la COVID-19, la concentration de ces mêmes gaz bat de nouveaux records. Ces données montrent, encore une fois, l'urgence d'agir, car, plus les gaz à effet de serre continuent d'augmenter, plus les coûts sociaux et économiques de l'inaction augmentent eux aussi.
Cela pourrait être difficilement plus clair. On doit retravailler ensemble le projet de loi pour lui donner le mordant nécessaire parce que, dans sa forme actuelle, ce projet de loi n'est pas à la hauteur. Le gouvernement doit travailler avec l'opposition pour bonifier son projet de loi, notamment pour y inclure une cible pour 2025, un objectif plus ambitieux pour 2030 et une obligation d'atteindre les cibles plutôt que de simplement se préparer à présenter des rapports qui témoigneront d'un nouvel échec.
Je le répète, la cible obligatoire pour 2030, c'est-à-dire l'engagement du Canada en vertu de l'Accord de Paris, devrait être enchâssée dans la loi, et ce n'est malheureusement pas le cas à l'heure actuelle.
Je vais revenir sur les mots particulièrement importants que le projet de loi met en avant: « transparence », « responsabilité ». Il semble en manquer un, et c'est « responsabilité ». Plutôt que de rendre le gouvernement responsable devant le Parlement, ce projet de loi veut que ce soit le qui établisse des cibles intermédiaires. L'article 11 lui réserve même le droit de modifier les cibles établies et le plan de réduction des émissions.
Si le ministre et le gouvernement constatent qu'ils sont sur la voie de l'échec en matière de réduction de gaz à effet de serre, ils n'auront tout simplement qu'à changer l'objectif et devenir, encore une fois, de faux champions du climat. Le gouvernement pourrait donc les changer au gré des lobbys et de l'industrie. Cela ne fait pas sérieux.
Les seules contraintes que le projet de loi C-12 impose au gouvernement, s'il décide en cours de route de modifier les cibles établies, sont de consulter ses propres collègues ministres fédéraux et de se donner l'occasion de présenter des observations au public, aux provinces et territoires, aux peuples autochtones et aux groupes d'experts que le gouvernement aura lui-même constitués.
S'adjoindre des services d'un conseil d'experts est très bien, mais cela ne joue pas le rôle d'évaluation des mesures et d'évaluation des progrès en fonction de l'objectif. Peut-on réellement parler de contraintes dans ce cas? La réponse est non. De plus, le ministre se réserve le droit de choisir les observations qu'il présente à la société civile. Leurs conseils sont donc tout aussi esthétiques que le rôle du commissaire à l'environnement et au développement dans ce projet de loi. On ne donne même pas au commissaire le mandat d'évaluer le plan d'action du ministre en fonction de l'atteinte des cibles de l'Accord de Paris. Encore une fois, ne pas avoir d'autorité indépendante pour évaluer les cibles, les outils et les progrès, cela ne fait pas sérieux.
On a besoin d'une loi sur le climat dans laquelle l'atteinte des cibles ne dépend plus seulement de la volonté du gouvernement de l'heure. Le gouvernement doit être responsable de son action climatique. Il doit rendre des comptes aux milliers de personnes qui comptent sur lui pour que les conditions de vie sur Terre, dans un avenir plus proche que l'on pense, soient saines, tout simplement.
Je vais donner un autre exemple du manque de sérieux quant à la responsabilité. L'article 16 prévoit que c'est le ministre lui-même qui inclut dans son propre rapport d'évaluation les raisons de l'échec et les mesures pour remédier à la situation. C'est donc dire que le ministre est juge et partie. Se juger soi-même, est-ce cela, l'engagement en matière de transparence des libéraux?
Le projet de loi prévoit que les rapports sur les cibles, qu'elles aient ou non été atteintes, devront être déposés au Parlement et rendus publics. C'est bien. Cependant, encore une fois, il y a une lacune importante puisque rien dans ce projet de loi n'exige que le contenu de ces rapports soit évalué par une autorité indépendante.
Nous avons beaucoup de travail à faire, et j'espère sincèrement que tous les partis à la Chambre pourront collaborer afin d'améliorer ce projet de loi et en faire un texte véritablement contraignant et qui rendrait fières toutes les personnes qui nous ont élus à la Chambre. Je pense aux mères au front qui se battent pour l'avenir de leurs enfants et aux jeunes qui sortent dans la rue et dans nos cours de justice pour demander que nous respections nos engagements. C'est à eux que le gouvernement doit rendre des comptes.
C'est la raison pour laquelle j'ai déposé mon projet de loi . Nous avons besoin d'un gouvernement transparent et responsable. Nous avons besoin que la progression de la réduction des gaz à effet de serre soit évaluée en fonction de l'atteinte des objectifs. Parlons de mon projet de loi, parce que j'espère que le gouvernement et les autres partis s'en inspireront pour revoir à la hausse les contraintes qu'ils imposeront aux gouvernements en place d'ici 2050, peu importe leur couleur. C'est dans ce sens, je crois, qu'il faut aller. Nous devons une fois pour toutes nous doter d'une loi sur le climat qui est perméable au changement des partis politiques au pouvoir. L'urgence climatique l'exige.
Avec le projet de loi C-215, nous proposons d'obliger le gouvernement à annoncer l'ensemble des mesures qu'il compte prendre pour atteindre ses cibles. Ainsi, le gouvernement serait responsable dès l'adoption du projet de loi et devrait répondre publiquement s'il échouait.
Avec le projet de loi , nous intégrerions dans le droit canadien nos engagements internationaux en vertu de l'Accord de Paris pour les rendre obligatoires chez nous. Il est essentiel de le faire. Le projet de loi C-215 oblige également le gouvernement à énoncer les mesures supplémentaires qui rendront son plan d'action conforme aux exigences de la loi. Dans le cas contraire, le gouvernement devrait justifier son échec devant la Chambre pour qu'elle en prenne acte.
Le projet de loi C-215 prévoit également que le plan d'action du ministre contienne des cibles intermédiaires de réduction des émissions de gaz à effet de serre à atteindre d'ici 2025, 2030, 2035 et 2040, les mesures à prendre pour atteindre ces cibles, le mode de calcul des émissions canadiennes de gaz à effet de serre, les outils ou instruments pour mesurer les progrès réalisés et les outils d'évaluation de l'impact des réductions des émissions. C'est ce que j'appelle des contraintes réelles.
Mes collègues du Bloc québécois et moi sommes évidemment en faveur d'une loi sur le climat, mais nous croyons qu'il est impératif de la doter de mesures véritablement contraignantes pour que les gouvernements qui se succéderont aient les outils législatifs nécessaires pour maintenir le cap vers un avenir sain, et, pourquoi pas, carboneutre, mais surtout, un avenir où les émissions de gaz à effet de serre auront considérablement diminué et ne seront pas seulement compensées par des mesures bidon.
Qu'ils soient du gouvernement ou de l'opposition, les parlementaires que nous sommes doivent faire mieux. Je le répète, la crise climatique ne doit pas être une question partisane. Cela dit, j'ai très hâte d'entamer l'étude de ce projet de loi en comité parce que, bien que j'émette certaines réserves, une loi pour le climat est absolument essentielle. Je salue d'ailleurs l'implication du ministre dans ce dossier. Je le sais, il veut assurer un avenir sain à la prochaine génération.
Le processus législatif nous offre une occasion en or d'établir le cadre de responsabilité robuste dont nous avons besoin pour nous assurer que le Canada remplit ses engagements internationaux et pour soutenir l'action énergique nécessaire à l'atteinte de la carboneutralité d'ici 2050. Travaillons ensemble vers ce but.
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Madame la Présidente, une loi sur la responsabilité climatique est très importante. Pourquoi? Des journalistes m'ont posé cette question à plusieurs reprises cette semaine. Ils m'ont demandé pourquoi les gens devraient se soucier de cet enjeu. Quand je dis que nous avons raté tous les objectifs internationaux en matière de lutte contre les changements climatiques que nous avons fixés, sans exception, cela ne va pas vraiment au cœur de ce qui se passe. Nous sommes tellement habitués aux promesses rompues. Nous sommes tellement habitués à entendre un gouvernement nous dire que nous sommes sur la bonne voie, qu'il prend des mesures et qu'il comprend l'urgence, tandis que ses mesures et son empressement à agir ne correspondent en rien à l'ampleur de la crise que nous vivons.
Pourquoi est-ce important? Tout d'abord, c'est important parce que nous volons l'avenir de nos enfants. Les jeunes le savent et ils ne devraient pas avoir à ressentir cette peur. Ils ne devraient pas avoir à manifester dans les rues parce que les politiciens ne protègent pas leur avenir.
Avant de me présenter aux élections, je donnais un cours à l'Université de Victoria qui portait sur les changements climatiques et les mouvements sociaux. Je me souviens que, pendant l'une des pauses, une jeune femme dans ma classe est venue me voir les larmes aux yeux. Elle m'a demandé comment elle pouvait étudier et travailler sur les sujets dont nous parlions alors que les scientifiques nous disent que nous avons une décennie pour redresser la situation. Elle m'a dit que tout échec entraînera l'effondrement des écosystèmes, des extinctions massives et la mort de millions de personnes, ainsi que la disparition de nos systèmes alimentaires et de notre avenir. Nous avons parlé des façons dont nous gardons espoir, dont nous faisons le deuil et dont nous mettons à profit la peur et la douleur tout en continuant à lutter pour une planète vivable. Elle a par la suite aidé à organiser des grèves pour le climat à Victoria.
Sa sagesse et son leadership, ainsi que la sagesse et le leadership des enfants du Canada et du monde entier, m'émeuvent souvent aux larmes. Ils me motivent à agir.
Tout ce que faisait cette jeune femme, c'est écouter les scientifiques et prendre la pleine mesure des difficultés qui nous attendent. Elle voyait l'urgence, elle la comprenait. Or, quand les gens sont rendus là, quand ils choisissent d'arrêter de fermer les yeux et qu'ils prennent conscience du danger bien réel qui nous guette, de ce qui attend nos enfants et de ce à quoi ressemblera leur avenir, ils sont dévastés, ils sont terrifiés et ils ont le cœur brisé. Si les gens sont prêts à ressentir tout ça, alors ils comprennent qu'ils n'ont d'autre choix que d'agir, et d'agir avec l'urgence que requiert l'ampleur de la crise actuelle.
C'est ce que voulait dire Greta Thunberg quand elle a demandé aux dirigeants de la planète s'ils n'avaient pas honte de fermer ainsi les yeux. Maintenant, dans la mesure où le gouvernement vient de présenter un projet de loi qui évacue toute responsabilité climatique pour les 10 prochaines années, je peux seulement conclure que le , le et l'ensemble de la députation libérale ont eux aussi choisi de fermer les yeux. Peut-être est-ce parce qu'ils ont peur de se tenir debout, de prendre la parole, de se montrer courageux et d'assumer les conséquences de leurs gestes; mais quelle que soit la raison, moi aussi, je leur demande: « Comment osez-vous fermer ainsi les yeux? »
Il n'est toutefois pas trop tard. Il nous serait encore possible de transformer ce petit pas dans la bonne direction en quelque chose de signifiant et de concret, en quelque chose qui donnerait à ces jeunes un certain espoir que les politiciens qui les ont si souvent trahis ressentent l'urgence de la situation et qu'ils vont faire quelque chose pour changer la donne.
Il est encore possible d'amender le projet de loi afin d'y ajouter l'année jalon 2025. Nous pourrions renforcer les mesures de reddition de comptes du projet de loi. Nous pourrions veiller à ce que les cibles que nous établissons soient conformes aux meilleures données scientifiques disponibles, à nos obligations internationales et aux principes d'équité.
J'invite tous les députés, en particulier les ministériels, à ne pas détourner le regard et à songer un instant à l'ampleur et à l'urgence de la crise qui nous guette. J'espère qu'ils travailleront avec nous pour faire de ce projet de loi une mesure dont nos enfants seront fiers.
Ceci dit, j'aimerais passer en revue les parties du projet de loi que j'ai été vraiment heureuse de voir, ainsi que les parties qui manquent.
Je vais commencer par les trois éléments qui me plaisent le plus dans ce projet de loi. Premièrement, il est essentiel d'inscrire dans la loi un engagement visant à atteindre la carboneutralité d'ici 2050 et de fixer d'autres cibles à long terme. Deuxièmement, j'ai été heureuse de constater que, dans ce projet de loi, le gouvernement s'engage clairement à respecter l'article 35 et la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones. Troisièmement, je suis heureuse de constater qu'il y aura des rapports d'étape deux ans avant chaque année jalon et la possibilité de rajuster le tir et de prendre des mesures supplémentaires si nous risquons de rater la cible.
Pour ce qui est des omissions, la plus flagrante est évidemment l'absence de responsabilité pour les 10 prochaines années, notamment la suppression du jalon de 2025. Les scientifiques ont bien spécifié que la décennie actuelle est la plus importante. Le GIEC est catégorique, les 10 prochaines années sont cruciales si nous voulons éviter des changements climatiques catastrophiques.
J'ai de la difficulté à comprendre comment le gouvernement peut envisager un projet de loi sur la responsabilité climatique qui repousse ou même évite toute responsabilité pendant la décennie la plus importante. Je n'arrive pas à comprendre pourquoi les députés libéraux sont favorables à ce projet de loi, surtout ceux qui ont des enfants, des petits-enfants, des neveux et des nièces. C'est comme s'ils les regardent dans les yeux pour leur dire d'attendre encore 10 ans. La solution est simple: ajouter un jalon pour 2025.
La deuxième lacune la plus déplorable est que les mécanismes de responsabilisation devraient être renforcés, d'une part, pour les organismes consultatifs indépendants, qui peuvent formuler des conseils immédiatement sans pour autant jouer un rôle défini dans les évaluations ou le suivi des progrès, et d'autre part, pour le commissaire à l'environnement, qui n'est tenu de faire un rapport que tous les cinq ans. Le projet de loi ne donne à aucun d'entre eux les moyens ou le mandat de demander des comptes au gouvernement.
Si le projet de loi demeure dans sa forme actuelle, le ne sera tenu essentiellement, qu'à rendre des comptes à lui-même. Le gouvernement déterminera quelles cibles seront fixées, ce qui ouvre la porte à des cibles peu ambitieuses et ne prévoit aucun mécanisme pour nous assurer que le gouvernement est en voie de les atteindre.
Pour remédier à ces problèmes, nous devons renforcer et définir clairement le rôle de l'organisme consultatif dans l'établissement des cibles, l'examen des plans de lutte contre les changements climatiques et l'évaluation des rapports d'étape et d'évaluation. En outre, nous devons garantir que cet organisme est composé d'experts indépendants de toutes les régions du Canada, qu'il comprend des représentants autochtones et de la main d'œuvre et qu'il ne compte aucun dirigeant du domaine des combustibles fossiles ni aucun représentant de l'industrie.
Ces solutions renforceraient l'organisme consultatif. Cela dit, nous devons également veiller à ce que le commissaire à l'environnement fasse rapport de la conformité de nos cibles avec les meilleures connaissances scientifiques disponibles, de la probabilité que notre plan de lutte contre les changements climatiques nous permette d'atteindre nos cibles, de l'exactitude de nos rapports d'étape et d'évaluation ainsi que de la suffisance des mesures correctives que nous proposons lorsque nous nous éloignons de la voie à suivre pour atteindre nos cibles.
Le commissaire à l'environnement pourrait jouer un rôle important dans ce projet de loi. Or, nous apprenions la semaine dernière que, à l'heure actuelle, celui-ci n'a pas les ressources voulues pour s'acquitter de ses fonctions normales et que son personnel et ses environnementalistes peuvent être réaffectés à d'autres projets par le vérificateur général. Nous devons faire du commissaire à l'environnement un mandataire du Parlement à part entière.
La troisième lacune est le fait que le gouvernement se donne jusqu'à neuf mois après la sanction royale du projet de loi pour déterminer une cible pour 2030 et, donc, pour créer un plan en vue d'atteindre cette cible.
Cela signifie qu'il faudrait peut-être attendre un an pour la présentation d'un plan nous permettant d'atteindre la cible que nous nous étions fixés pour 2030. Pourtant, dans le dernier discours du Trône, le gouvernement libéral affirme qu'il mettrait immédiatement en place un plan qui permettra de surpasser les objectifs climatiques du Canada pour 2030. Il emploie le terme « immédiatement ». Je ne savais pas qu'« immédiatement » voulait dire « un an plus tard ». J'ai l'impression que nous devons rappeler encore une fois au gouvernement qu'un plan visant à créer un autre plan ne constitue pas un plan.
Nous savons que la responsabilité climatique ne veut rien dire sans mesures pour lutter contre les changements climatiques. Où est donc le plan d'action du gouvernement sur les changements climatiques? Quand verrons-nous la nouvelle cible qui surpasse nos objectifs climatiques pour 2030, ainsi que le plan qui nous permettra d'y arriver? Il nous faut des investissements dans les infrastructures vertes, dans les transports, dans la modernisation des immeubles et dans la construction de logements abordables et écologiques. Il nous faut une relance équitable et durable, un nouveau pacte vert qui créera de bons emplois permettant de subvenir aux besoins d'une famille dans une économie à faibles émissions de carbone. Enfin, il nous faut assurer une transition équitable pour les travailleurs. Tout cela doit être exposé dans un plan de lutte contre les changements climatiques qui nous permettra d'atteindre nos cibles, des cibles ambitieuses visant à éviter que le réchauffement de la planète dépasse le seuil de 1,5 degré Celsius.
Il y a plusieurs lacunes dont je ne parlerai pas de manière aussi détaillée. Cependant, nous devrions parler de budgets carbone au lieu de jalons, ainsi que de la juste contribution du Canada aux efforts pour limiter le réchauffement planétaire à 1,5 degré Celsius. Par ailleurs, nous devrions exiger que le ministre se conforme à des normes strictes quand il fixe les cibles, ainsi que quand il crée et modifie des plans. Dans sa forme actuelle, le projet de loi permettrait à des gouvernements futurs de fixer des cibles peu ambitieuses et de créer des plans sans donner beaucoup de détails. Si nous ne parvenons pas à renforcer le projet de loi, nous devrons dire aux jeunes et aux autres Canadiens que nous n'avons pas été assez courageux pour mettre en place des mesures visant à éviter des changements climatiques catastrophiques et pour protéger leur avenir.
Pendant la majeure partie de mon intervention, j'ai parlé de l'avenir et des graves conséquences de nos décisions et de notre inaction actuelles. L'avenir décrit dans le rapport du GIEC est effrayant, mais il ne s'agit pas seulement de notre avenir. Les conséquences de la crise climatique se font déjà sentir au Canada. Dans ma circonscription, Victoria, et en Colombie-Britannique, il n'y a pas si longtemps, nous étions suffoqués par la fumée des incendies d'origine climatique au sud de la frontière. Nous savons que la température au Canada augmente deux fois plus vite qu'ailleurs dans le reste du monde. Les répercussions du changement climatique se font particulièrement sentir dans l'Arctique, le long des côtes, et sont ressenties de façon disproportionnée par les communautés autochtones, rurales, marginalisées et racialisées. Les Canadiens réclament des mesures concrètes pour lutter contre la crise climatique, et ils veulent non seulement que le gouvernement promette de lutter contre le changement climatique, mais aussi qu'il tienne réellement parole.
Quand je répète, encore et encore, que le gouvernement a raté toutes les cibles climatiques et que le gouvernement libéral actuel n'est même pas en voie d'atteindre les cibles peu ambitieuses que le gouvernement de Stephen Harper avait établies, j'espère que les députés qui siègent dans cette enceinte comprennent la gravité de cet échec et l'urgence de la situation et qu'ils ne détournent pas le regard. La responsabilité climatique s'impose maintenant, pas dans dix ans. Il faut prendre des mesures pour lutter contre le changement climatique dès aujourd'hui, pas d'ici neuf mois ou un an.
En 2008, le Royaume-Uni s'est doté d'un cadre de responsabilité climatique en adoptant une loi sur le changement climatique. Cette mesure législative, la première du genre au Royaume-Uni, reste très appréciée et a servi de modèle à d'autres pays, dont la Suède, la Nouvelle-Zélande, le Danemark, la France, l'Allemagne et l'Espagne. Le Royaume-Uni a établi des budgets carbone sur cinq ans s'appliquant dès l'adoption de la loi en 2008, et la présentation régulière de rapports au Parlement a accru la transparence et la responsabilité. Le Royaume-Uni compte également sur le concours d'un comité consultatif d'experts, le comité sur le changement climatique, dont les pouvoirs sont nettement plus vastes que ceux de l'entité consultative proposée par le gouvernement actuel.
En 2006, soit deux ans avant que le Royaume-Uni mette en œuvre ce projet de loi, Jack Layton, le chef du NPD à l'époque, a présenté le premier projet de loi sur la responsabilité climatique au Canada. Le projet de loi a été adopté à l'étape de la troisième lecture par 148 voix contre 116, les conservateurs de Harper s'y étant opposés. Malheureusement, le projet de loi est mort au Sénat. Le NPD a présenté un projet de loi d'initiative parlementaire sur la responsabilité en matière de changement climatique au cours des 39e, 40e et 41e législatures, par l'entremise de Jack et de l'ex-députée Megan Leslie.
Imaginons où nous en serions si nous avions adopté une mesure législative rigoureuse sur la responsabilité climatique à l'époque. Depuis qu'il a mis en œuvre sa loi sur la responsabilité climatique, le Royaume-Uni a réussi à réduire ses émissions au cours de la dernière décennie, ce qui tranche nettement avec le Canada, dont les émissions continuent à augmenter, malgré les vœux pieux du gouvernement et sa prétention selon laquelle il est un fer de lance de la lutte contre les changements climatiques.
Au cours de la présente législature, mes collègues néo-démocrates les députés de et d' ont tous les deux présenté une mesure législative au Parlement qui prévoit une responsabilité importante en matière de changement climatique. Je tiens à remercier ma collègue du Bloc d'avoir présenté le projet de loi .
Je tiens à souligner un élément important du projet de loi de la députée de , le projet de loi . Il prévoit l'élaboration et la mise en œuvre d'un cadre d'action pour lutter contre l'urgence climatique. Il souligne explicitement qu'un cadre d'action contre l'urgence climatique et qu'une loi sur la responsabilité climatique doivent avoir pour fondement la reconnaissance du droit inhérent des Autochtones à l'autonomie gouvernementale et le respect des dispositions de la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones, des connaissances scientifiques, notamment la science et le savoir autochtones, ainsi que des responsabilités que nous avons à l'endroit des futures générations.
Bien que je me réjouisse que le gouvernement ait inclus dans le préambule du projet de loi un engagement à respecter l'article 35 de la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones, les libéraux n'ont pas enchâssé cette déclaration dans la loi. Quand le gouvernement va-t-il passer à l'action en matière de réconciliation et donner force de loi à la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones? Nous avons beaucoup de travail à faire et nous devons travailler ensemble si nous voulons y arriver.
En terminant, je tiens à souligner une fois de plus qu'il ne peut y avoir de responsabilité climatique sans mesures pour lutter contre les changements climatiques. Le gouvernement n'a pas atteint tous les objectifs climatiques qu'il s'était fixés. La responsabilité climatique est importante. Les libéraux ne se contentent pas de l'évacuer pour les 10 prochaines années; ils remettent également à plus tard une nouvelle cible et un plan. Nous devrons encore attendre jusqu'à un an avant de connaître leur plan d'action pour lutter contre les changements climatiques. Où est ce plan d'action? Une partie du plan doit inclure la fin de toutes les subventions aux combustibles fossiles. Cessons de donner des milliards de dollars aux compagnies pétrolières et gazières rentables. Cessons de jeter l'argent par les fenêtres en investissant dans le projet d'expansion de l'oléoduc Trans Mountain. Investissons ces milliards de dollars dans la création d'emplois durables dont les gens ont besoin en ce moment.
Il nous faut des investissements dans les infrastructures vertes, dans les transports et dans la modernisation des immeubles. Il nous faut une relance équitable et durable, un nouveau pacte vert qui créera de bons emplois dans une économie à faibles émissions de carbone. Il nous faut un plan basé sur la science qui permettra de garder la hausse des températures mondiales sous la barre du 1,5 °C.
Nous devons aller de l'avant immédiatement en proposant des mesures pour lutter contre les changements climatiques et une loi sur la responsabilité climatique. Il nous les fallait en 2006 quand Jack Layton les a proposées pour la première fois. Jack ne voudrait pas qu'on attende encore 10 ans avant d'imposer la responsabilité climatique. Il nous les fallait dans chacune des versions du rapport du GIEC. Il nous les fallait quand nous avons appris les impacts catastrophiques du réchauffement climatique. Il nous les fallait l'année dernière quand des jeunes ont manifesté dans les rues en implorant les politiciens et les décideurs d'écouter la science, et de ne pas détourner le regard. Il nous les faut maintenant.
J'insisterai pour que le gouvernement renforce cette mesure législative. Nous ne pouvons plus nous permettre d'attendre. Le temps presse. Les jeunes et les Canadiens nous observent, et ils ne nous pardonneront pas si nous les laissons tomber, si nous n'avons pas le courage de faire le nécessaire pour éviter des changements climatiques catastrophiques. Ils nous demandent de nous activer.