Que, étant donné que la valeur des échanges commerciaux entre le Canada et les États-Unis d’Amérique dépasse 1,5 milliard de dollars par jour, que plus de 300 000 personnes traversent normalement la frontière commune tous les mois, que les deux pays profitent de l’un des plus grands blocs commerciaux ouverts dans le monde assurant la libre circulation des biens, des services et des personnes depuis 1989, et compte tenu des défis économiques causés par la COVID-19, et de la nécessité d’un plan sérieux de relance économique qui reconnaisse l’intégration de l’économie nord-américaine, la Chambre constitue un comité spécial chargé de tenir des audiences afin d’examiner et d’étudier tous les aspects de la relation économique entre le Canada et les États-Unis, y compris, sans toutefois s’y limiter
(i) les priorités économiques bilatérales exprimées par les gouvernements du Canada et des États-Unis,
(ii) les questions relatives aux ressources naturelles, y compris les exportations et le transport de pétrole et de gaz, les exportations de bois d’œuvre et les emplois connexes,
(iii) les règles, exigences et politiques d’approvisionnement « Buy America »,
(iv) les efforts du gouvernement auprès de l’administration américaine afin d’assurer la stabilité et la prévisibilité de l’approvisionnement en vaccins contre la COVID-19 pour le Canada en tant qu’important partenaire frontalier et commercial,
a) le Comité soit composé de 12 membres, dont six proviendront du parti ministériel, quatre de l’opposition officielle, un du Bloc québécois et un du Nouveau Parti démocratique;
b) les membres soient nommés par le whip de leur parti respectif par dépôt, auprès du greffier de la Chambre, de la liste des membres qui siégeront au Comité, au plus tard le jeudi 18 février 2021;
c) les membres du Comité puissent se faire remplacer au besoin, conformément à l’article 114(2) du Règlement;
d) les changements apportés à la composition du Comité entrent en vigueur dès le dépôt de l’avis du whip auprès du greffier de la Chambre;
e) le greffier de la Chambre convoque une réunion d’organisation du Comité le mardi 23 février 2021;
f) le Comité soit présidé par un député du parti ministériel et, nonobstant l’article 106(2) du Règlement, qu’un député de chacun des autres partis officiellement reconnu agisse comme vice-président;
g) le quorum du Comité soit conforme aux dispositions de l’article 118 du Règlement, et que le président soit autorisé à tenir des réunions afin de recevoir et de publier des témoignages en l’absence de quorum, si au moins quatre membres sont présents, dont un membre de l’opposition et un membre du parti ministériel;
h) le Comité dispose de tous les pouvoirs que le Règlement confère aux comités permanents, pourvu que (i) les dispositions de l’article 106(4) du Règlement s’appliquent au Comité, (ii) jusqu’au dimanche 11 avril 2021, le Comité ne se réunisse pas les jours où la Chambre siège, exception faite (A) de la réunion prévue au paragraphe e), (B) du sous-comité du programme du Comité, si un tel sous-comité est constitué;
i) le Comité dispose du pouvoir d’autoriser la diffusion vidéo et audio d’une partie ou de la totalité de ses délibérations;
j) la vice-première ministre et ministre des Finances, le ministre des Affaires étrangères, la ministre de la Petite Entreprise, de la Promotion des exportations et du Commerce international, l’ambassadrice du Canada aux États-Unis d'Amérique ainsi que d’autres ministres et hauts fonctionnaires soient invités à témoigner devant le Comité, au moment qui conviendra au comité;
k) le Comité soit chargé de présenter, au plus tard le 15 avril 2021, un rapport provisoire concernant une analyse de l’importance du pipeline canalisation 5 d’Enbridge pour les économies des deux pays et des conséquences de son éventuelle fermeture, y compris les répercussions sur le marché du travail des licenciements de travailleurs syndiqués et d’autres travailleurs, et comportant des recommandations pour la protection des intérêts canadiens;
l) le Comité soit chargé de présenter un deuxième rapport provisoire sur les règles, exigences et politiques d’approvisionnement « Buy America » actuelles et éventuelles, accompagné de recommandations pour la protection des intérêts canadiens, au plus tard le jeudi 17 juin 2021;
m) les dispositions de l’ordre adopté le lundi 25 janvier 2021 autorisant les délibérations de comité virtuelles et hybrides continuent de s’appliquer au Comité et à tous ses sous-comités jusqu’au dimanche 19 septembre 2021.
— Madame la Présidente, je partagerai mon temps de parole avec le député de .
Je suis fière de prendre la parole en cette journée réservée à l'opposition officielle et de présenter une motion des conservateurs visant à créer un comité spécial sur un enjeu qui mérite notre attention, soit les relations économiques entre le Canada et les États-Unis. Il est grand temps que le gouvernement soit proactif plutôt que réactif en ce qui concerne nos relations avec les États-Unis, et la motion dont la Chambre est saisie aujourd'hui permettra précisément d'adopter une telle approche.
La valeur quotidienne des échanges commerciaux entre le Canada et les États-Unis dépasse 1,5 milliard de dollars. Notre partenariat avec les États-Unis est d'une importance capitale. Nos deux pays partagent bien plus qu'une simple frontière. Nous partageons des idéaux communs, et de nombreux Canadiens et Américains travaillent et vivent de part et d'autre de nos deux frontières et ont de la famille ou des amis qui résident dans le pays voisin. Leurs vies sont interdépendantes. Nos relations commerciales fournissent d'innombrables emplois dans tout le Canada grâce à ces échanges bilatéraux.
Depuis la ratification de l'ALENA en 1994, et plus récemment de l'ACEUM, nos deux nations ont bénéficié des avantages de la libre circulation des biens, des services et des personnes. Nous entretenons une relation solide qui n'a fait que se renforcer au fil du temps. Toutefois, comme toute relation, elle exige des efforts et du travail.
Bon nombre de mes collègues parleront aujourd'hui d'un large éventail d'enjeux — certains anciens et d'autres nouveaux — qui concernent différents secteurs économiques du Canada et qui mettent en évidence la nécessité d'un tel comité.
Nous avons subi l'annulation du projet Keystone XL et connu d'autres problèmes liés aux pipelines, comme la canalisation 5, ce qui risque d'entraîner rapidement une pénurie de carburant en Ontario et au Québec, ainsi qu'une hausse du prix de l'essence et la perte de milliers d'emplois. Nous avons aussi connu des problèmes concernant les droits de douane; des différends sur le bois d'œuvre, les produits laitiers et l'aluminium; des pommes de Washington qui ont fait l'objet de dumping au Canada; des politiques d'achat aux États-Unis plus strictes et des enquêtes à propos de certaines de nos exportations de fruits et légumes vers les États-Unis.
Il nous faut une orientation stratégique. La plupart des députés de ce côté-ci de la Chambre viennent du secteur privé. Nous avons été entrepreneurs. Nous avons fondé des entreprises et nous les avons exploitées. Nous avons occupé des postes de haute direction. Nous avons participé à la planification stratégique et à la gestion des risques, et nous avons assumé la responsabilité du gagne-pain des travailleurs. Nous nous sommes privés de nos chèques de paie pour faire en sorte que nos travailleurs, souvent devenus nos amis, puissent être payés.
Nous tenons à ce que les travailleurs puissent garder leur emploi pour subvenir aux besoins de leur famille. Faire preuve de leadership, c'est aussi reconnaître que certains secteurs ont besoin d'une attention particulière. Il est tout à fait normal de consacrer plus d'efforts aux questions importantes. C'est cela, la bonne gouvernance.
La création d'un tel comité serait comparable, dans le contexte du milieu des affaires, à la mise en place d'un comité spécial, qui aurait un objectif ou un centre d'intérêt spécifique pendant une période donnée. Plusieurs études sont déjà au programme du comité du commerce international. Nous sommes très en retard, n'ayant siégé qu'une seule fois entre avril et septembre 2020 en raison, entre autres, de la prorogation du Parlement. D'autres comités se sont également retrouvés dans une situation similaire.
Ce nouveau comité sur les relations canado-américaines permettrait de se concentrer sur les enjeux importants de cette relation. La nouvelle administration a mis en place des politiques qui affectent déjà les entreprises et les travailleurs au Canada, ainsi que la vie quotidienne dans d'importants secteurs.
Les économies et les chaînes d'approvisionnement de nos deux pays sont intégrées, et j'aimerais expliquer les caractéristiques de cette intégration. Il se peut que des matières premières provenant d'un pays, disons les États-Unis, soient acheminées au Canada pour fabriquer un produit dans une entreprise canadienne, produit qui sera ensuite renvoyé aux États-Unis et peut-être transformé lui-même en un autre produit. Voilà ce que j'entends par l'intégration de nos chaînes d'approvisionnement. Ce phénomène se produit chaque jour dans bien des secteurs industriels et probablement dans les circonscriptions de presque tous les députés.
Lorsque de graves conflits économiques opposent le Canada et les États-Unis, le se contente d'exprimer son inquiétude ou sa déception. Il faut donner de l'espoir aux entrepreneurs et aux travailleurs canadiens et dresser des plans pour les aider. C'est ce qu'ils méritent. Exprimer son inquiétude et sa déception n'est pas suffisant et ne constitue pas une stratégie ou un plan.
Une nouvelle source de conflit est le nouveau décret sur la politique d'achat aux États-Unis du président Biden, dont le libellé est plus fort que jamais. Ce décret crée un nouveau bureau « Made in America » au sein du bureau du président. Il réduira considérablement la capacité des entreprises canadiennes de participer aux marchés publics américains.
Des groupes d'entreprises sont déjà venus nous faire part de leurs préoccupations, et une grande incertitude règne. Les propriétaires d'une petite entreprise de fabrication située dans ma circonscription m'ont expliqué qu'ils vendent leurs produits par l'intermédiaire d'un distributeur aux États-Unis qui, lui, les vend à un département du gouvernement fédéral américain. Ils ne savent pas vraiment si cette nouvelle politique d'achat aux États-Unis interdira complètement ces ventes.
En 2019, les entreprises canadiennes ont obtenu aux États-Unis des marchés publics d'une valeur totale de près de 700 millions de dollars. Je me suis récemment entretenue avec le représentant d'une association de l'industrie qui pense que ce montant est peut-être plus élevé, en fait, vu l'intégration des chaînes d'approvisionnement des deux pays.
Lorsque le gouvernement Obama a annoncé la politique d'achat aux États-Unis il y a 10 ans, le gouvernement conservateur de l'époque s'est mis au travail. Il a montré aux gens des deux côtés de la frontière qu'une chaîne d'approvisionnement nord-américaine intégrée était importante et que c'était essentiel de veiller à la reprise économique des deux pays pendant la crise qu'ils traversaient à ce moment-là. Le gouvernement conservateur de l'époque a négocié une entente qui permettait aux entreprises canadiennes d'être exemptées de la politique sur l'achat aux États-Unis et de continuer de participer au système d'approvisionnement du gouvernement américain.
Il faut que le gouvernement actuel s'affaire immédiatement à conclure le même genre d'entente pour garantir la stabilité aux entreprises et aux travailleurs du secteur secondaire qui dépendent de la chaîne d'approvisionnement transfrontalière. Nous sommes vulnérables, car même s'il est question de la politique sur l'achat aux États-Unis dans le chapitre 13 de l'ACEUM, ce chapitre ne s'applique qu'aux États-Unis et au Mexique, et le Canada n'a rien négocié à ce sujet.
La création d'un comité spécial sur les relations économiques entre le Canada et les États-Unis permettrait aux parlementaires d'étudier en profondeur les règles d'achat aux États-Unis imposées par le gouvernement Biden. La motion dont nous sommes saisis donne expressément instruction au comité de présenter un rapport provisoire sur la question.
Un autre problème est apparu dernièrement qui nous a amenés, moi et 31 autres députés de l'opposition officielle, à écrire une lettre à la et à la pour exhorter le gouvernement à porter attention d'urgence à ce problème. En septembre dernier, la Commission du commerce international des États-Unis a ouvert une enquête sur les importations de bleuets. D'autres enquêtes ont été lancées concernant les fraises et les poivrons. En 2019, le Canada était au quatrième des producteurs de bleuets importés aux États-Unis. Selon le Blueberry Council de la Colombie-Britannique, le Canada était le plus grand fournisseur de bleuets congelés vendus sur le marché étatsunien. Ces exportations canadiennes à destination des États-Unis ont une valeur de 750 millions de dollars. Elles font vivre 8 300 familles d'agriculteurs et génèrent des milliers d'emplois directs et indirects.
Les agriculteurs canadiens travaillent fort et ils jouent un rôle essentiel dans l'économie. Nous exhortons le gouvernement à prendre immédiatement des mesures dans ce secteur. Les pomiculteurs de ma circonscription vendent la production de leurs vergers à perte en raison des grandes quantités de pommes à bas prix qui arrivent des États-Unis, et beaucoup sont au bord de la faillite. La création du comité spécial que propose la motion nous permettrait de faire du progrès sur ces questions.
Il ne faut pas oublier non plus les travailleurs forestiers, qui continuent de chercher la stabilité et souhaitent voir régler l'actuel conflit sur le bois d'œuvre résineux. Le gouvernement conservateur qui a précédé le gouvernement actuel avait réussi à négocier un accord à ce sujet avec le gouvernement des États-Unis, procurant ainsi aux travailleurs la certitude dont ils ont bien besoin. Malheureusement, le gouvernement actuel n'a toujours pas conclu une entente similaire. Même si je me réjouis de la réduction des droits de douane sur les exportations canadiennes de bois d'œuvre résineux annoncée en novembre dernier, cette mesure n'aurait pas été nécessaire si nous avions pu conclure un nouvel accord avec les États-Unis.
Environ à la même époque l'an dernier, nous débattions du projet de loi , qui portait sur la mise en œuvre de l'Accord entre le Canada, les États-Unis d’Amérique et les États-Unis mexicains. Je me souviens que les conservateurs avaient alors reproché au gouvernement de ne pas intervenir dans le conflit sur le bois d'œuvre résineux. Ce fut une occasion ratée, puisqu'il y a eu plus de 6 000 emplois perdus seulement au cours du deuxième trimestre de 2020.
Dans mon premier discours à la Chambre, en 2019, j'avais parlé de la décision de Tolko de fermer au début de 2020 sa scierie de Kelowna, la seule située dans la circonscription de Kelowna—Lake Country, ce qui avait plongé dans le désarroi les familles touchées. C'est là une tendance dans le secteur des ressources naturelles au Canada. Il est important que nous nous battions pour ce secteur, qui exploite les ressources de façon responsable et qui forme l'épine dorsale de l'économie canadienne. Nous devons nous assurer que le gouvernement réussisse à faire lever les mesures compensatoires qui touchent les exportations de bois d'œuvre résineux et qu'il défende le secteur canadien des ressources naturelles, de l'agriculture et de la fabrication.
Je sais que mes collègues députés de tous les partis s'exprimeront sur un certain nombre de questions importantes. Je vais tâcher de faire avancer la discussion. Nous parlons de la sécurité alimentaire, de la sécurité énergétique et de la reprise économique des deux pays. La création du comité nous permettra de renforcer notre détermination à agir dans l'intérêt des Canadiens.
Nous devons commencer à planifier la relance et la réouverture de l'économie et le retour au travail des Canadiens. Nous nous concentrons sur la protection des emplois, de l'économie et de notre avenir. J'encourage tous les députés à voter pour la motion, afin que nous puissions nous mettre au travail.
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Madame la Présidente, je tiens à féliciter mon honorable collègue de de son excellent discours. Je la remercie, ainsi que le , d'avoir déposé la motion dont on discute ce matin, qui vise à créer un comité spécial dont le but sera d'examiner les relations économiques entre le Canada et les États-Unis.
Depuis plus de 200 ans, nos deux pays relativement jeunes connaissent une grande prospérité, en grande partie grâce aux ressources que nous partageons et qui font l'objet d'échanges commerciaux évalués à 1,5 milliard de dollars par jour. Jusqu'à tout récemment, 300 000 personnes traversaient la frontière entre nos deux pays chaque mois. Nous partagions et nous échangions non seulement des matières premières, mais également des produits manufacturés, ainsi que de l'expertise dans bien des domaines spécialisés.
C'est une relation qui est symbiotique et réciproque dans la plupart des cas. Faits à l'appui, les États-Unis nous ont vendu pour 360 milliards de dollars de biens et de services pour l'année 2019 et le Canada a vendu aux États-Unis pour 358 milliards de produits et services au cours de la même année. La relation marche donc dans les deux sens et allait relativement bien.
Par contre, on ne peut rien tenir pour acquis. Il arrive souvent qu'un courant protectionniste s'installe — dont souffre le Canada chaque fois — après des élections législatives, qui ont lieu tous les deux ans au pays de l'Oncle Sam, et même après l'élection d'un nouveau président, comme nous l'avons vu cette année. Les bonnes relations sur lesquelles nous comptions depuis si longtemps sont alors remises en cause et certains secteurs d'activité économique se voient visés par des interdictions ou de nouveaux tarifs punitifs dont le seul but est de bien paraître auprès d'une petite frange de l'électorat américain ou d'un lobby bien organisé. C'est désolant, mais ça arrive.
Je crois que le nouveau comité spécial que nous proposons permettrait au Canada de remettre les pendules à l'heure en matière d'échanges commerciaux et de veiller à ce que notre pays ne soit pas victime de mesures punitives, dont la plupart ne sont absolument pas méritées.
Le Comité permanent du commerce international qui existe déjà est d'une grande importance pour l'économie canadienne et je félicite ceux de mes collègues qui y siègent. Toutefois, des éléments contentieux entre le Canada et les États-Unis commencent à s'accumuler et pourraient mettre en péril la relance économique sur laquelle nous compterons une fois cette fameuse crise et rude épreuve de la pandémie de COVID-19 derrière nous.
Je vais en nommer quelques-uns, en commençant par les tarifs sur le bois d'œuvre, qui ont touché le secteur forestier partout au Québec et au Canada. Dans ma circonscription, certaines entreprises ont été très touchées. Groupe Lebel à Rivière-du-Loup, Maibec et Matériaux Blanchet à Saint-Pamphile, et Bois Daaquam à Saint-Just-de-Bretenières ont toutes vu leurs exportations de bois être injustement taxées de tarifs douaniers américains de 20 %. Même si ces tarifs ont par la suite été réduits à 10 %, ils représentent quand même 1,5 million de dollars par mois pour une compagnie comme le Groupe Lebel.
On est très loin de l'entente qui avait été signée par le gouvernement Harper en 2006 et qui avait offert de la stabilité et de la prévisibilité au secteur forestier pour une période de 10 ans. Dans ce secteur, le Canada ne représentait pas une menace pour les producteurs américains, mais offrait plutôt une complémentarité qui répond à une demande qui ne cesse de croître. Entre 2011 et 2015, avant l'imposition des tarifs, l'industrie forestière américaine avait connu une augmentation de la demande de 10 %, un pourcentage qui passe à 21 % pour le bois d'œuvre.
Malgré la pandémie, 841 000 projets de nouvelles constructions résidentielles auraient vu le jour aux États-Unis en 2020, faisant exploser la demande pour du bois et les prix qui vont avec. Le secteur forestier américain n'est pas en crise et ce n’est certainement pas le Canada qui va faire baisser les prix, puisqu'il ne fait que répondre à une demande. Cependant, le gouvernement libéral se contente de s'en laver les mains et de laisser traîner le dossier des tarifs douaniers devant les tribunaux, faisant ainsi s'accumuler les retards judiciaires. Nous croyons qu'il est important que le gouvernement mette ses culottes et s'engage à régler rapidement ce litige avec la nouvelle administration Biden.
Il y a aussi toute la question du « Buy America » dans les domaines des transports et de l'infrastructure, que j'ai soulevée dans le passé. Selon les règles américaines, lorsqu'un réseau de transport collectif aux États-Unis reçoit du financement fédéral, il est contraint d'acheter de l'équipement contenant un pourcentage minimum de contenu américain, parfois même de l'ordre de 70 %. Du favoritisme a cours aux États-Unis, mais pas au Canada. En 2018, j'ai soulevé cette iniquité en soulignant que le gouvernement libéral, ici au Canada, avait accordé un important contrat pour l'achat de wagons de VIA Rail à Siemens, wagons qui seront construits en Californie. Cela se rajoute aux wagons du train léger d'Ottawa, qui ont été fabriqués dans l'État de New York.
Il est du devoir du gouvernement en place de défendre le libre accès au marché américain, tout comme nous souhaitons à nos confrères du Maine ou d'autres États américains d'avoir libre accès au marché canadien, particulièrement pour des produits dont nous avons besoin et notamment des vaccins.
Plusieurs Canadiens ont accueilli favorablement l’élection, chez nos voisins du Sud, du président Joe Biden et de sa colistière Kamala Harris, laquelle a d’ailleurs vécu à Montréal durant sa jeunesse. Après quatre années de America First, avec des traités constamment remis en question par l’ancien président, nous espérions un peu d’accalmie et de prévisibilité.
Or le du Canada a encore une fois manqué de prestance. En moins de temps qu'il ne faut pour le dire, le président Biden a imposé de nouveaux décrets Buy America, faisant fi de la relation spéciale que nous sommes censés avoir en tant que voisins et alliés depuis des décennies. De tels échecs mettent en péril l’avenir économique du Canada, et nous devons agir rapidement pour défendre nos intérêts.
Plusieurs de mes collègues vont aborder la question de l’industrie des ressources de l’énergie, mais je tiens aussi à en souligner l’importance en français, à voix haute.
Keystone XL était essentiel au maintien et à la croissance des revenus canadiens pour une ressource qui demeurera essentielle pendant au moins 50 ans, quoi qu’on en dise. Il est inacceptable que le Canada laisse partir chaque année des dizaines de milliards de dollars vers d’autres pays, alors que nous en avons besoin ici pour financer notre système de santé, nos pensions de vieillesse et tous les autres services. Même si des députés d'autres partis l'ont réclamé haut et fort à maintes reprises, ils continuent de s’opposer à tout développement qui permettrait leur financement.
L’avenir de la ligne 5 d’Enbridge, au Michigan, doit aussi inquiéter les Canadiens. En effet, celle-ci ne sert pas qu'à exporter notre pétrole et notre gaz aux États-Unis; elle sert également à approvisionner le Sud de l’Ontario, et ce, même jusqu’à Montréal. Sans ce moyen efficace et sécuritaire d’approvisionner nos raffineries, nous risquons d’avoir encore plus de navires sur le fleuve Saint-Laurent, devant chez nous. Cela serait catastrophique. Nous ferions non seulement du surplace en matière d'autonomie énergétique, mais nous reculerions sur le plan des risques environnementaux.
Un comité spécial sur les relations Canada—États-Unis permettrait d’étudier toutes les questions pressantes touchant le commerce international. La motion du chef de l’opposition demande d'ailleurs que ce comité convoque une réunion rapidement, dès le 23 février, en raison de l'urgence d'agir.
Le , qui était à l'époque ministre des Transports, nous avait répondu que nous n'avions pas le choix en vertu des ententes de libre-échange avec les États-Unis. Si je comprends bien son raisonnement, nous ne pourrons pas leur vendre nos trains, mais nous serons obligés d'acheter les leurs.
Nous, les conservateurs, ne sommes pas un parti protectionniste. Nous savons que des tarifs douaniers, en gonflant les prix pour tout le monde, font mal des deux côtés de la frontière. Nous ne voulons pas enlever de l'ouvrage aux Américains, mais plutôt unir nos forces et partager les connaissances que nous avons acquises pendant des années dans le secteur du transport ferroviaire.
Non seulement nous avons l'usine de Bombardier Transport à La Pocatière — récemment acquise par Alstom —, mais nous avons également un vaste éventail de fournisseurs: Prelco, à Rivière-du-Loup; Technologies Lanka et Graphie 222, à La Pocatière; Le Groupe LG Cloutier, à L’Islet; Usines métallurgiques et Chabot Carrosserie, à Montmagny. Chacune de ces entreprises apporte une expertise et fournit des pièces qui ont été perfectionnées pendant des années. Je suis bien placé pour en parler.
Je veux ajouter que, à la lumière de ce qu'a dit précédemment ma collègue de à la suite d'une question de la députée d', les comités actuels sont tous en retard sur les travaux déjà en place. Il est absolument impératif que ce comité soit créé le plus rapidement possible afin de nous assurer de la bonne gouvernance des relations que nous aurons avec les États-Unis au cours des prochains mois et des prochaines années.
:
Madame la Présidente, je suis content de pouvoir parler de la motion d'aujourd'hui. Le Canada et les États-Unis entretiennent depuis longtemps l'une des relations les plus productives, les plus axées sur la collaboration et les plus mutuellement avantageuses du monde. Ce partenariat entre voisins a peut-être été imposé par la géographie, mais il a gagné ses lettres de noblesse à cause des valeurs que nous partageons. Il a été enrichi par nos intérêts communs et il s'est maintenu grâce aux liens profonds entre les deux peuples, qui se reflètent dans la puissance de nos relations économiques et sécuritaires.
La relation commerciale entre nos deux pays n'a son pareil nulle part dans le monde. Nous protégeons et nous défendons l'Amérique du Nord. Nous sommes les gardiens de l'environnement que nous partageons. Nous affrontons ensemble les obstacles qui se dressent devant nous sur la scène internationale. Il en a été ainsi tout au long de l'histoire, il en est ainsi encore aujourd'hui et il en sera encore ainsi dans les jours et les années à venir.
Il ne s'agit pas de simples paroles en l'air ni de concepts abstraits. La profondeur des relations entre les deux pays se reflète aussi dans la profondeur des relations entre leurs dirigeants. Il y a tout juste deux semaines, le président Biden a choisi le Canada pour son premier entretien téléphonique avec un dirigeant étranger. Ensemble, le et lui ont réaffirmé nos valeurs et nos intérêts communs, que ce soit ici ou à l'étranger.
Pas plus tard que lundi, le s'est entretenu avec la vice-présidente, Kamala Harris, dans ce qui fut là aussi un premier entretien téléphonique avec un dirigeant étranger. Comme bon nombre de députés le savent déjà, la vice-présidente a un attachement particulier pour le Canada. Elle s'est remémoré avec joie les années qu'elle a passées dans ma ville d'origine, Montréal.
De mon côté, j'ai pu parler à mon homologue, le secrétaire Blinken, presque aussitôt après sa nomination. Nous nous sommes redit à quel point nous tenons aux relations spéciales qui unissent nos deux pays, en plus de nous engager à faire avancer ensemble les dossiers prioritaires communs.
Moi aussi, je peux comprendre l'intensité de ce lien, car j'ai vécu de nombreuses années mémorables aux États-Unis. C'est là que j'ai suivi ma formation aux côtés des astronautes américains et c'est aussi là que sont nés mes enfants.
[Français]
Si je peux commencer par parler de la COVID-19, la priorité fondamentale que nous partageons avec les États-Unis est de mettre fin à la pandémie mondiale. La propagation de la COVID-19 a provoqué des bouleversements tant au Canada qu'aux États-Unis, et nous avons pris des mesures sans précédent pour lutter contre la pandémie, soutenir nos concitoyens et stabiliser les deux économies.
Cette pandémie a également souligné l'importance de nos relations bilatérales et leur caractère unique dans la manière dont nous avons géré notre coopération en ces moments incertains. En mars dernier, le Canada et les États-Unis sont parvenus à un accord important pour limiter les voyages transfrontaliers non essentiels, un accord que nous avons décidé ensemble de prolonger à plusieurs reprises. On ne saurait surestimer l'ampleur de cette décision: notre frontière terrestre est l'une des plus fréquentées au monde alors qu'environ 400 000 personnes qui la franchissent régulièrement chaque jour en temps normal.
La fluidité de la circulation des personnes et des marchandises à travers cette frontière est d'une importance vitale pour les économies et les communautés des deux côtés. Face à des enjeux aussi importants, nos deux pays ont collaboré de manière ordonnée et sont rapidement parvenus à un accord visant à limiter la propagation du virus, un accord qui a permis de réduire de 90 % le nombre de voyageurs traversant la frontière tout en maintenant la circulation des biens et des voyageurs essentiels.
Cette collaboration a donné le ton à la coopération ultérieure, qu'il s'agisse de ramener nos concitoyens chez eux, de garantir l'intégrité de nos chaînes d'approvisionnement ou de s'entraider dans la production et l'approvisionnement en fournitures médicales et autres biens essentiels. Un exemple éloquent a été notre coopération pour l'acquisition d'équipements de protection individuelle, ou EPI. Comme dans de nombreux autres domaines, le commerce entre le Canada et les États-Unis en matière d'EPI est bilatéral et réciproque. Notre collaboration a permis de faciliter la circulation des EPI à travers la frontière et entre les mains des travailleurs de la santé dans les deux pays.
Les partenaires canadiens et américains travaillent également ensemble et investissent dans la recherche pour combattre le virus en collaborant à 15 projets différents de diagnostics et de vaccins.
[Traduction]
Je me permets de dire quelques mots sur notre relation commerciale avec les États-Unis.
En 2019, la valeur totale du commerce bilatéral de biens et de services s'est élevée à 997 milliards de dollars. Cela représente plus de 2,7 milliards de dollars d'échanges commerciaux par jour. Notre niveau d'intégration économique est unique. Environ 77 % des exportations canadiennes vers les États-Unis sont des intrants servant à la production de biens aux États-Unis. De plus, ce que nous vendons aux États-Unis est, en moyenne, composé à 21 % de contenu américain. Nous fabriquons des choses ensemble et créons des produits à valeur ajoutée ensemble. Le Canada est le premier marché en importance pour la plupart des États américains; 32 États, pour être exact, si l'on se fie aux données de 2019. En outre, les États-Unis sont la destination de plus de 74 % des biens que le Canada exporte.
Les États-Unis constituent la plus grande source d'investissement au Canada. En 2019, le marché boursier des États-Unis a généré l'investissement de 455 milliards de dollars au Canada, soit près de la moitié des sommes totales investies au Canada.
La relation commerciale durable qui contribue à renforcer ce remarquable moteur économique régional, laquelle a débuté grâce à l'Accord de libre-échange entre le Canada et les États-Unis en 1989 et s'est poursuivie grâce à l'ALENA en 1994, est un modèle de réussite dans le monde. Au fil des générations, le Canada, les États-Unis et le Mexique ont établi la plus importante région économique au monde, englobant un marché économique régional de 32,2 billions de dollars représentant plus de 492 millions de consommateurs.
L'entrée en vigueur de l'Accord Canada—États-Unis—Mexique marque le renouvellement de notre engagement envers cette relation commerciale trilatérale. Ce nouvel ALENA tient compte des défis modernes du commerce, réduit les formalités administratives à la frontière et procure une prévisibilité et une stabilité accrues pour les travailleurs et les entreprises dans l'ensemble du marché intégré de l'Amérique du Nord. Surtout, le nouvel accord préserve un commerce presque entièrement exempt de droits de douane en Amérique du Nord et assure le maintien d'un accès prévisible et sûr au marché américain pour les exportateurs canadiens. Ces résultats renforcent les chaînes d'approvisionnement intégrées en Amérique du Nord et contribuent à rehausser notre capacité concurrentielle dans le monde.
[Français]
Bien entendu, le gouvernement reconnaît également le rôle essentiel que joue l'énergie dans nos relations commerciales. L'emploi, la sécurité économique et la compétitivité des deux côtés de la frontière dépendent de nos échanges énergétiques bilatéraux. En fait, le Canada et les États-Unis entretiennent une relation énergétique sans pareil. Nous savons que les États-Unis sont le plus important marché énergétique du Canada et que le Canada est à son tour la source d'énergie étrangère la plus importante et la plus sûre des États-Unis, y compris le pétrole brut, le gaz naturel, l'hydroélectricité et l'uranium.
En 2019, 91 % des exportations canadiennes d'énergie étaient destinées aux États-Unis pour une valeur totale de près de 125 milliards de dollars. L'inverse est également vrai: le Canada est le deuxième plus grand marché pour les exportations d'énergie des États-Unis, et ces exportations jouent un rôle important pour assurer au Canada un approvisionnement énergétique fiable et sûr.
La vérité est que le Canada et les États-Unis disposent d'un système d'infrastructure énergétique hautement intégré, qui permet d'optimiser notre compétitivité mondiale, ce qui profite à la fois aux États-Unis et au Canada. Nous savons que le secteur de l'énergie fournit des milliers d'emplois bien rémunérés à la classe moyenne, des deux côtés de la frontière.
[Traduction]
Un élément essentiel de ce système énergétique est une infrastructure énergétique transfrontalière, ce qui inclut les oléoducs. Comme le l'a indiqué au président Biden lui-même lors de leur entretien téléphonique il y a deux semaines, nous sommes déçus par la décision du président à l’égard du projet Keystone XL, mais reconnaissons toutefois son choix de tenir la promesse qu’il a faite en campagne électorale.
Cela dit, le pétrole canadien passe déjà par plus de 70 oléoducs, ce qui fait du système énergétique entre les deux pays l'un des plus intégrés au monde. Nous continuerons de faire valoir que, pour continuer à fournir du pétrole et du gaz canadiens aux États-Unis et en accroître les avantages, nous devons construire et entretenir les infrastructures nécessaires pour acheminer ces produits là où l'on en a besoin.
Je m'en voudrais de ne pas également parler des contestations judiciaires relatives au projet de la canalisation 5. Le gouvernement a été clair. Cet oléoduc, y compris le projet de tunnel au fond du détroit de Mackinac, est essentiel à la sécurité économique et énergétique des deux côtés de la frontière. L'importance du projet de la canalisation 5 est indéniable. Il soutient des milliers d'emplois en Ontario, au Québec et dans l'Ouest canadien. Il est nécessaire pour assurer l'éclairage et le chauffage de milliers de Canadiens et d'Américains. Il permet aux agriculteurs et à l'industrie d'avoir accès à une source de combustible d'une importance capitale.
La canalisation 5 est exploitée en toute sécurité depuis 68 ans. Une étude exhaustive réalisée sur une période de neuf mois a conclu qu'elle ne nuirait pas à l'utilisation publique protégée des ressources en eau du Michigan. Même l'organisme environnemental de l'État du Michigan affirme que ce projet est sûr.
Voilà les arguments que le gouvernement a fait valoir aux responsables américains. Nous utilisons tous les outils à notre disposition pour maintenir la canalisation 5 ouverte. Nous continuons aussi à promouvoir nos autres sources d'énergie.
En ce qui concerne l'électricité, les exportations d'hydroélectricité canadienne procurent 24 heures sur 24, sept jours sur sept, une source d'énergie propre, renouvelable et fiable à plusieurs États américains. L'électricité traverse la frontière entre le Canada et les États-Unis par la voie de plus de 30 grandes lignes de transmission sans restriction, c'est-à-dire sans barrière physique, dans le cadre d'un réseau hautement intégré, efficace et efficient de distribution de l'énergie en Amérique du Nord.
Ce réseau hautement intégré avantage à la fois le Canada et les États-Unis. Les exploitants profitent constamment de la capacité énergétique excédentaire des régions voisines pour optimiser leur réseau. Les abonnés bénéficient d'un réseau d'alimentation électrique plus fiable et plus résilient qui traverse la frontière internationale.
[Français]
L'hydroélectricité canadienne contribue également à la sécurité énergétique des États-Unis et aide les États à atteindre les objectifs essentiels de réduction des émissions de gaz à effet de serre et à passer à une économie à faible intensité en carbone.
Le Canada est également un leader dans le domaine du nucléaire. En ce qui concerne l'uranium, le Canada fournit aux États-Unis 33 % du combustible utilisé dans ses réacteurs, qui à leur tour produisent un cinquième de l'électricité américaine. L'industrie et les gouvernements de nos deux pays collaborent également au développement de technologies nucléaires avancées, notamment les petits réacteurs modulaires de la prochaine génération.
Il est clair que, dans le contexte actuel de pandémie mondiale, il est important plus que jamais que nous collaborions étroitement pour assurer un approvisionnement sûr, fiable et durable en ressources énergétiques pour l'Amérique du Nord et le monde.
Bien entendu, la sécurité énergétique n'est qu'un des facteurs importants de la sûreté et de la sécurité globale de notre région. Le Canada et les États-Unis collaborent étroitement dans le domaine de la défense, tant à l'échelle nationale qu'internationale.
Les Canadiens et les Américains dépendent les uns des autres depuis des décennies. De l'explosion d'Halifax aux plages du Nord de la France pendant la Seconde Guerre mondiale, et des heures et des jours qui ont suivi les attaques du 11 septembre 2001 aux incendies qui ont dévasté la Californie et l'Oregon l'automne dernier, les Canadiens et les Américains ont affronté côte à côte les grands défis du continent et du monde.
Aujourd'hui, des centaines de membres des Forces armées canadiennes continuent de servir aux côtés de leurs alliés américains partout en Amérique et dans le monde. Le travail de protection du territoire nord-américain se poursuit sous le regard attentif des aviateurs, des marins des soldats, des policiers et des pompiers canadiens et américains.
[Traduction]
Un autre élément qui nous unit est le milieu naturel que nous partageons.
Par exemple, le Canada et les États-Unis partagent de nombreux cours d'eau, qui délimitent ou traversent notre frontière commune, des Grands Lacs aux rivières, en passant par les fleuves, comme le majestueux Saint-Laurent. Des dizaines de millions d'Américains et de Canadiens habitent sur les rives de ces lacs et rivières, et les décisions prises pour le bassin hydrographique d'un pays ont des conséquences sur celui de l'autre pays. Par conséquent, la responsabilité commune des deux pays est une pierre angulaire des relations canado-américaines.
Enfin, même si nos sociétés ont toutes les deux beaucoup évolué, nous devons reconnaître qu'elles sont aux prises avec des difficultés semblables et qu'elles doivent composer avec un héritage honteux. Les Canadiens continuent de pleurer, aux côtés de leurs amis américains, les innombrables victimes de violence policière partout dans le monde. Il ne s'agit pas d'événements isolés ou de problèmes propres à d'autres pays.
Les préjugés, la discrimination et la violence sont une réalité vécue par trop de gens au Canada, ainsi qu'ailleurs. Devant de telles injustices, nous devons être clairs. Nous condamnons le racisme anti-Noirs et la discrimination systémique sous toutes leurs formes. C'est ce que des milliers d'Américains et de Canadiens guidés par des principes font à l'échelle des deux pays, et nous continuons d'admirer et de saluer leur travail.
Nous entendons les mêmes appels réclamant une société plus inclusive et plus juste au Canada, où le racisme systémique est un problème quotidien. Le Canada n'est pas un spectateur. Nos deux sociétés voisines partagent ce fardeau, et nous devons faire mieux ensemble. D'ailleurs, lorsque le s'est entretenu avec la vice-présidente lundi dernier, il a fait valoir la nécessité de promouvoir la diversité, l'inclusion et la santé mentale, de même que l'importance de s'attaquer à la propagande haineuse sur Internet, au trafic d'armes à feu et à la violence fondée sur le sexe. Pas plus tard qu'hier, nous avons ajouté à la liste des entités terroristes plusieurs groupes, dont les Proud Boys, qui militent pour la suprématie blanche. Nous luttons farouchement contre les forces de l'intolérance et du racisme.
Il ne fait aucun doute que les relations canado-américaines peuvent non seulement survivre, mais même se resserrer alors que nos deux pays affrontent des difficultés extraordinaires. Après tout, nos relations sont un modèle pour le monde entier.
[Français]
Le et le président Biden ont convenu de se rencontrer pour faire avancer l'important travail de renouvellement de l'amitié profonde et durable entre le Canada et les États-Unis. Le Canada se réjouit de cette rencontre et de notre future collaboration.
[Traduction]
Il est également essentiel, pour chacun, de trouver des partenaires auxquels il peut faire confiance et qui resteront à ses côtés, même face aux défis perpétuels du monde. Le Canada et les États-Unis sont l'un pour l'autre ce partenaire. Nous resterons partenaires, amis, alliés et voisins.
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Madame la Présidente, d'entrée de jeu, je souhaite mentionner que je vais partager mon temps de parole avec mon estimée et estimable collègue de .
Cela me fait plaisir de prendre la parole aujourd'hui, en tant que porte-parole du Bloc québécois en matière de commerce international. D'emblée, j'aimerais indiquer à la Chambre que le Bloc québécois est favorable à la proposition du parti de l'opposition officielle de créer un comité spécial chargé d'observer et d'étudier de près la relation économique entre le Canada et les États-Unis.
Le libellé de la motion de l'opposition officielle avance certains thèmes qui seront l'objet d'analyses de la part de ce comité, mais précise qu'il ne s'y limitera pas. C'est tant mieux, parce que les sujets ne manquent pas.
Le gouvernement va avoir des comptes à rendre au sujet des différents fiascos. Dans le cadre des négociations avec les États-Unis, le gouvernement a utilisé les agriculteurs sous gestion de l'offre comme monnaie d'échange. Ce même gouvernement a abandonné notre industrie de l'aluminium, la plus propre au monde, et n'a rien réglé concernant le dossier forestier, soit le dossier du bois d'œuvre.
Le gouvernement va aussi avoir à expliquer ses interventions auprès de l'administration américaine au sujet des vaccins contre la COVID-19. Le rythme de réception des vaccins achetés par le Canada, sans garantie quant au moment de livraison, a de quoi inquiéter. À plusieurs reprises, on a annoncé des retards ou des reports de livraison. Le Québec a même dû suspendre des opérations parce qu'il était en rupture de stock.
Malheureusement, on sait que les libéraux n'aiment pas que les membres d'un comité posent des questions. Le gouvernement est demeuré sourd à une demande du Bloc québécois qui visait à mettre sur pied un comité spécial dont le mandat serait d'étudier toutes les dépenses liées à la COVID-19, et, pourtant, elles doivent l'être.
Les derniers positionnements protectionnistes de l'administration américaine ont eu l'effet d'une douche froide. Les illusions s'envolent et les Calinours disparaissent. On découvre avec effroi cette vérité qu'on ne voulait pas voir: l'ancien président Donald Trump n'a pas inventé le protectionnisme ni la guerre commerciale; cela existait avant lui et cela existera après lui.
Les derniers positionnements nous rappellent qu'un État a la politique de ses intérêts. Aucun pays, même si c'est un allié politique, ne va faire de cadeaux à son voisin pour le plaisir de lui faire des cadeaux, par pure bonté d'âme. Le doux commerce, c'est un mythe. Le marché n'est pas un lieu, comme on le disait autrefois, où un vendeur et un acheteur vont se rencontrer et que tout va bien aller. C'est une vieille conception romancée. Le marché, c'est la concurrence où toutes les tactiques sont parfois permises.
Depuis l'époque néolithique, c'est la concurrence qui règne. On pourrait même dire que c'est la guerre économique qui règne; n'ayons pas peur des mots. On me dira que les instances mondiales sont là pour réguler tout cela. Il ne faut pas être naïfs, parce que cela ne vient pas éliminer le poids des rapports de force. Il y a encore des pays qui sont plus forts que d'autres, malgré tout.
Prenons le cas de la Banque mondiale. Le pouvoir de décision est fondé sur la taille de la participation au capital. Cela fonctionne comme une assemblée des actionnaires où les pays sont représentés par un conseil des gouverneurs. Comme une assemblée des actionnaires, le poids du vote de chaque pays est corrélé avec l'importance économique. Aujourd'hui, les États-Unis sont les actionnaires principaux de la Banque mondiale.
Les États-Unis versent de façon décomplexée dans le nationalisme économique, d'où la Buy American Act, dont nous discutons. En soi, nous reconnaissons que c'est légitime. Je dirais même qu'à l'instar des États-Unis, qui souhaitent favoriser leur production nationale, le Québec a tout intérêt aussi à sortir de sa dépendance au marché extérieur en ce qui concerne l'approvisionnement en produits de nécessité.
Le nationalisme économique, c'est un principe extraterrestre au Canada, sauf peut-être en ce qui concerne les banques, le pétrole et l'automobile. Il fait a contrario partie de l'ADN du Québec, qui jouit de plusieurs sociétés d'État qui font office d'instruments stratégiques. On peut penser à Hydro-Québec, à la Caisse de dépôt et placement du Québec ou à la feue Société générale de financement.
Pour nous, c'est naturel. Nous comprenons les Américains de vouloir favoriser leurs propres marchés et leurs entreprises, à une époque où l'achat local est revalorisé. Chaque nation a la politique de ses intérêts. Nous sommes ici pour défendre ceux du Québec et nous savons que les États-Unis sont notre principal partenaire commercial. Nous tirons notre épingle du jeu en ayant accès à leurs marchés. À peu près 12 000 entreprises québécoises font affaire au pays de l'oncle Sam.
Je souhaite attirer l'attention des députés sur un volet très précis et extrêmement important de l'hyperprotectionnisme américain, soit sur le fait que le droit est souvent mis au service de sa puissance.
Le comité dont la création est proposée aujourd'hui devra s'y intéresser parce que Washington a mis en place un système juridique qui est d'une très grande efficacité, visant l'extraterritorialité du droit américain. Le Congrès américain estime que les lois qu'il vote aux États-Unis s'appliquent à l'ensemble de la planète. Ces lois, notamment en ce qui a trait à la surveillance des investissements étrangers, sont nombreuses, mais il y a deux axes principaux à ce fonctionnement tentaculaire, qui sont la lutte contre la corruption et la lutte contre la violation des embargos.
La lutte contre la corruption a commencé aux États-Unis après le scandale du Watergate. Plusieurs enquêtes très médiatisées ont révélé que des entreprises américaines à l'étranger avaient recours à des pots-de-vin en échange d'un accès privilégié au marché. L'administration de l'époque a alors adopté en 1977 une loi qui obligeait ces entreprises à déclarer leurs pots-de-vin dans leurs documents comptables. Bien sûr, la lutte contre la corruption est bénéfique en soi, mais il est étonnant que les Américains ne soient pas partie prenante de la Cour pénale internationale.
Il y a une stratégie derrière cela. La lutte anticorruption ne s'arrête pas là. On peut penser à la loi américaine Sarbanes-Oxley, qui encadre les informations comptables des entreprises cotées aux États-Unis, qu'elles soient américaines ou non, et de leurs filiales à l'étranger. Cette loi permet aux agences d'obtenir l'information qu'elles veulent, y compris les secrets stratégiques d'une compagnie. On peut aussi penser à la Bank Secrecy Act, qui permet l'accès aux données des partenaires étrangers des banques américaines.
Je me tourne maintenant vers le volet de la violation des embargos. Les États-Unis estiment qu'il y a des États voyous avec lesquels leurs entreprises ne doivent pas faire affaire. En 1996, ils adoptent la loi Helms-Burton, dont l'objectif politique avoué est de renverser le régime cubain en ciblant l'ensemble des entreprises du monde. Quelques mois plus tard, la loi américaine d'Amato-Kennedy reprend le procédé avec l'Iran et la Libye. Ce sont des lois qui fixent un chiffre d'affaires maximal aux entreprises voulant commercer avec ces pays. On y parle même de trafic plutôt que de commerce, ce qui montre à quel point ces pays sont perçus comme des pestiférés. Notons d'ailleurs que les échanges commerciaux avec ces pays ne sont aucunement condamnés par l'ONU ou par l'OMC. C'est à cause de la violation d'une loi américaine imposant des sanctions en représailles contre l'Iran que le Canada a arrêté Meng Wanzhou, pas à cause d'un crime de droits communs. L'inféodation des pays aux lois américaines est donc extrêmement importante. Afin de résister à l'offensive américaine, le Canada a modifié en 1997 sa Loi sur les mesures extraterritoriales étrangères. Dans les faits, cependant, il a poursuivi les discussions avec les Américains pour obtenir des exemptions pour ses entreprises, reconnaissant par le fait même la légitimité des lois de 1996.
Au début de 2002, les États-Unis ont déployé un outil extrêmement puissant pour combattre le terrorisme, multipliant les sanctions au nom de la sécurité nationale et promouvant activement les intérêts économiques américains. La justice américaine se permet donc de convoquer une entreprise, d'exiger sa coopération et de faire son procès en la menaçant de lui interdire l'accès au marché américain, purement et simplement. Alors que les cabinets d'avocats s'en mêlent, l'entreprise s'expose au risque de les voir siphonner les informations très sensibles, les stratégies internes et toutes les données, les messages et les communications internes qu'elle ne peut pas effacer de ses serveurs. Le département de la Justice nourrit les bases de données des services de renseignements, c'est inscrit dans diverses lois américaines. Dans les faits, dans l'univers du commerce international, cela finit par des ententes. Le juge n'apparaît qu'à la fin dans le système de justice américain, laissant à l'entreprise étrangère toutes les chances du monde de se faire dépecer.
En 1993, le secrétaire d'État Warren Christopher avait déclaré devant le Congrès qu'il fallait, pour affronter la compétition économique, disposer des mêmes moyens que ceux employés par les États-Unis pendant la Guerre froide pour vaincre l'Union soviétique. Il ne faut donc pas se tromper, Washington parvient à imposer à l'ensemble des pays du monde la suspension de leur souveraineté économique advenant des pratiques jugées inacceptables par l'Oncle Sam. Il ne faut donc pas réagir à cela de façon béate. Les États-Unis sont en concurrence, de façon parfois brutale, avec la Russie, la Chine, le Japon et l'Allemagne, mais il ne faut pas tout accepter. Il faut se pencher sur ce sujet et j'espère que ce comité le fera.
Les États-Unis sont un partenaire puissant, mais encore faut-il prendre conscience de la nature de cette puissance et ne pas s'enfermer dans une pensée magique qui pourrait nous réserver des lendemains qui déchantent.
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Madame la Présidente, la motion que nous étudions aujourd'hui fait état de ce que la population a besoin. La population a besoin de réponses et d'une vision d'avenir qui apporte de l'espoir. Elle n'a pas besoin de phrases toutes faites pour faire de beaux vidéoclips et de la publicité.
On peut se demander en quoi le fait d'étudier les relations économiques entre les États-Unis et le Canada peut apporter de l'espoir. Les États-Unis sont notre principal partenaire commercial. En effet, 70 % des exportations du Québec sont destinées au marché étatsunien. Pour le Canada, les exportations vers les États-Unis représentent 650 milliards de dollars. Tout cela, c'est en temps normal, mais nous ne sommes pas en temps normal.
Aujourd'hui, j'aborderai des questions sans réponses. L'importance d'apprendre du passé, de faire mieux et de préparer la relance adéquatement.
La semaine passée, il y a sept jours exactement, à la minute près, j'ai fait un discours à la Chambre. Durant ce discours, j'ai posé beaucoup de questions. Ces questions sont le reflet des préoccupations de la population de Beauport—Limolou, du Québec et de l'ensemble du Canada. Ces questions reflètent la souffrance de la population qui ne sait plus quoi penser, qui croire ni où on s'en va.
Les vaccins arriveront-ils à temps? La population sera-t-elle vaccinée en 2021 ou en 2022? On ne le sait pas. Bien sûr, il y a des objectifs, mais un objectif n'est pas un plan. J'y reviendrai.
Pourquoi au Canada les contrats et les ententes concernant les vaccins sont-ils secrets, mais pas aux États-Unis, où la population peut voir l'information? Combien nous coûtent les vaccins, leur transport, leur entreposage? Pourquoi n'y a-t-il pas davantage de vaccins et d'équipements qui viennent de notre plus proche voisin et plus grand partenaire? Quelles sont les conséquences pour le Canada de la Buy American Act? Quelles sont les solutions diplomatiques ou locales à ces conséquences? Comment pourrions-nous mettre en place des solutions? Quels sont nos objectifs et les moyens pour les atteindre? Sur quelle période de temps veut-on atteindre ces objectifs?
En somme, quel est le plan?
Je ne trouve pas normal d'avoir autant de questions sans réponse, en tant qu'élue. Imaginons comment se sent la population maintenant. Il n'est pas normal que le Canada glisse au 33e rang mondial pour les efforts de vaccination, tout en n'ayant que des miettes de réponse pour nous et pour la population.
Il n'est pas normal qu'un pays du G7 soit sur la liste COVAX, une liste qui devait servir à aider les pays défavorisés à avoir accès aux vaccins. Y a-t-il une information que je n'ai pas vue passer? Depuis quand le Canada fait-il partie des pays défavorisés? Qu'est-ce qui se passe?
Le comité permettra d'étudier ces questions et de trouver ensemble des solutions et des moyens. Je veux utiliser l'exemple des équipements et des vaccins pour illustrer l'utilité du comité.
« Le passé n'est pas garant de l'avenir. » Cet adage est vrai seulement si on apprend de ses erreurs du passé. Tel que je le disais il y a peu, nous avons eu quelques avertissements avant la pandémie de cette année. Nous avons eu la crise du SRAS en 2003, nous avons eu la crise H1N1 en 2009-2010. Une note de 2013 de la revue Études internationales faite après cette crise a démontré que non seulement les pharmaceutiques s'en sont mis plein les poches, mais il y a eu du gaspillage de ressources, et ce, pendant ces deux crises.
Est-ce qu'on peut se parler, analyser tout de suite ce qui a été fait et ce qui reste à faire, puis s'assurer qu'on ne fait pas ces mêmes erreurs? L'argent des contribuables ne devrait jamais être gaspillé.
Il n'est pas trop tard pour éviter les erreurs du passé et il est de notre devoir de nous en assurer. Par contre, je crois sincèrement que ce qui a été fait, lors de ces deux crises, a été fait dans le but de bien répondre aux besoins de la population. Cela ne veut pas dire qu'il n'y a pas eu d'erreur. Cela veut dire que le but était noble.
Or c'est exactement la même chose maintenant. Si nous ne nous penchons pas avec lucidité et sans partisanerie sur les décisions, nous risquons de voir des ressources précieuses être à nouveau gaspillées. Il est d'autant plus important de regarder nos relations économiques avec les États-Unis afin de ne pas répéter ces erreurs.
Quelle influence nos relations avec les États-Unis ont-elles sur notre capacité d'approvisionnement? A-t-on réellement des relations de partenariat ou pas? Si oui, c'est tant mieux; y a-t-il moyen de les améliorer? Sinon, pourquoi n'est-ce pas un réel partenariat? Est-ce qu'il y a quelqu'un qui se fait manger la laine sur le dos? Est-ce que c'est nous? Est-ce que ce sont les États-Unis? Est-ce que c'est un peu des deux selon le sujet? Nous avons le devoir d'étudier les conséquences réelles de notre plus grand partenariat.
Je reviens sur les erreurs faites à la suite des crises du passé. Il faut aussi éviter ce qui a été fait dans les mois qui ont suivi ces crises-là: les conservateurs ont coupé dans la recherche universitaire; les libéraux n'ont pas réinvesti massivement dans la recherche universitaire notamment.
C'est vrai que ce n'est pas agréable de se faire souligner et d'avouer ses erreurs. Je suis consciente de cela, mais c'est responsable et lucide de voir ces erreurs et de travailler pour les corriger et pour ne pas les reproduire.
Je continue avec quelques questions: la dernière administration américaine a failli mettre à terre nos efforts pour combattre la COVID-19 en raison, notamment, des restrictions sur les exportations d'équipements 3M. Cela nous a-t-il coûté quelque chose de négocier pour que ces équipements viennent sans restriction? Y a-t-il des restrictions en place relativement aux vaccins? Quelles sont ces restrictions, et pourquoi existent-elles? Je répète qu'il y a une usine Pfizer au Michigan; comment se fait-il que ce ne soit pas cette usine qui nous fournit les vaccins?
Les accords commerciaux que nous avons dominent la situation actuelle et il faut prendre le temps d'étudier pour voir si, oui ou non, c'est avantageux pour les deux partenaires. Nous pouvons faire mieux et nous devons faire mieux maintenant, pour notre population, et pour le futur. Un plan implique des objectifs, et on en a plein: 6 millions de doses de vaccin en mars, 20 millions de plus d'ici juin, 80 millions au total en décembre. Des objectifs, on en a plein, mais il n'y a ni moyens ni échéancier strict. Tout le monde demande des solutions.
Un comité pourra, en effet, étudier tout cela et assurer que la relance se fera adéquatement pour les Québécois et les Canadiens, avec notre plus grand partenaire, en espérant qu'il soit fiable.
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Madame la Présidente, je suis heureux de prendre la parole au sujet de la motion dont nous sommes saisis et qui souligne l’importance de la relation de notre pays avec les États-Unis. C’est une relation que tous les Canadiens connaissent bien, surtout ceux qui y font des affaires et ceux qui vont y travailler chaque jour ou qui sont employés dans des secteurs dont les produits traversent tous les jours la frontière.
Cette relation est importante pour notre pays, et pas seulement sur le plan économique, car les liens économiques créent aussi des liens sociaux et politiques qui contribuent à entretenir une paix et un partenariat fructueux sur tout le continent nord-américain.
Au cours des quatre dernières années, nous avons vu toutes les difficultés que pouvait nous créer une administration américaine quelque peu indifférente au respect et au renforcement de cette longue relation. Un certain nombre de problèmes se sont posés, et je pense notamment aux travailleurs de l’industrie du bois d’œuvre. Ce n’était pas nouveau, mais l’administration américaine a imprimé sa marque sur cette relation, comme l’ancien président savait le faire. Cela a entraîné beaucoup de difficultés pour les entreprises canadiennes, qui auraient dû pouvoir continuer de vendre leurs produits selon les mêmes modalités que bien d’autres produits vendus aux États-Unis.
Nous attendons toujours une solution à ce problème. Plusieurs gouvernements d’allégeances politiques différentes se sont penchés sur ce dossier, mais sans aboutir à une solution. Je pense au gouvernement Harper qui renonça à plusieurs poursuites issues de divers accords commerciaux alors qu’il était sur le point de gagner. En tout cas, c’est ce que pensaient beaucoup de Canadiens à l’époque. Ensuite, pendant la dernière législature, nous avons signé un nouvel accord commercial global avec les États-Unis, mais sans pour autant trouver une solution aux problèmes qui se posent depuis longtemps dans le secteur du bois d’œuvre.
C’est toujours une bonne chose d’en rediscuter dans cette Chambre et d’essayer de trouver des solutions constructives, pas seulement sur le plan politique, mais aussi sur le plan social, car il faut que les travailleurs canadiens puissent conserver de bons emplois.
Je pense aussi aux travailleurs des secteurs de l’acier et de l’aluminium qui, malgré les progrès accomplis pour trouver un terrain d’entente aux termes d’un accord commercial qui était censé couvrir ces secteurs, sont très inquiets pour leurs emplois. L’imposition, pour les motifs les plus fallacieux, de tarifs douaniers qui n’avaient aucune raison d’être a causé beaucoup d’anxiété et fait beaucoup de dégâts. Le fait de prétendre, comme l’a fait l’ancienne administration américaine, que le Canada représentait une menace à la sécurité nationale était parfaitement ridicule pour les Américains qui connaissaient le dossier et n’avaient pas de parti-pris politique.
Les enjeux sont nombreux. Cette relation est importante. C’est vraiment un dossier que nous devrions examiner.
Je sais que nous avons un comité spécial sur les relations Canada-Chine. Je rappellerai, même si tout le monde le sait, que nous traversons une période difficile et que cela a un impact sur nos ressources. Ceux de mes collègues qui sont ici depuis longtemps et qui ont l’habitude de siéger dans des comités qui se réunissent après les heures normales ou dans la soirée savent que cela n’est pas possible, notamment parce que les ressources de la Chambre sont fortement sollicitées, car il faut assurer les services à nos comités ordinaires, à la Chambre elle-même et à un comité spécial de la Chambre.
Nous savons que ce n’est pas seulement une question de bande passante, mais que cela concerne aussi le personnel qui l’utilise, comme les interprètes. Nous savons qu’il y a eu de nombreux accidents du travail parmi les interprètes, et que l’effectif a été considérablement affaibli. Nous avons appris au début de l’année — c’est encore tout récent — que l’équipe de remplaçants commençait elle aussi à se réduire à cause des accidents.
Ces accidents sont dus en partie à la longueur de leurs affectations sur Zoom, au fait que les députés utilisent des écouteurs, et à d’autres problèmes causés par la nécessité pour eux de travailler de cette façon avec un équipement qui n’est pas conçu pour cela.
Même si les députés aimeraient bien se pencher sur des dossiers importants, nous devons voir comment nous pouvons optimiser le temps et les ressources actuels de nos comités permanents. En tant que député NPD et membre du Comité permanent du commerce international, je serais ravi d’examiner cette question dans le cadre d’un comité ordinaire. C’est important que nous examinions cette question. Les néo-démocrates sont prêts à en discuter librement, car nous sommes conscients que les ressources de la Chambre doivent être déployées d’une façon optimale.
Encore une fois, nous sommes tout à fait prêts à examiner le sujet dont il est question dans la motion, mais il faut le faire de façon rigoureuse, compte tenu des ressources qui sont disponibles.
La motion propose des sujets particuliers à aborder dans un rapport intérimaire. Je me souviens que, lorsque nous avons eu un débat sur le Comité spécial sur les relations entre le Canada et la Chine, la Chambre n’avait pas été aussi directive. Elle n’avait pas proposé de sujets particuliers. Comme je l’ai déjà dit, la relation entre le Canada et les États-Unis comporte de multiples facettes, même si nous nous limitons à la relation économique, et bon nombre de ces facettes sont importantes pour les Canadiens qui travaillent dans toutes sortes d’industries.
Même si je me réjouis que certains enjeux réapparaissent avec le changement d’administration aux États-Unis, je me demande s’il est bien prudent d’être aussi directif. Quand on confie à un comité ou à un groupe spécial le soin d’entreprendre une étude, on donne la possibilité aux parlementaires d’écouter des experts et de se familiariser avec certains grands enjeux de cette relation économique, et aussi de décider quand ils voudront faire un rapport intérimaire et sur quels sujets.
Pendant la dernière législature, nous avons vu comment les choses pouvaient se détériorer face à une administration américaine plus hostile. Nous espérons tous avoir une relation plus constructive avec la nouvelle administration. Cela présente à la fois des risques et de nouvelles perspectives. C’est certainement une chance de pouvoir examiner maintenant la relation du Canada avec les États-Unis, car de nouvelles perspectives s’ouvrent à nous.
Si certains députés veulent se concentrer sur l’aspect négatif de ces possibilités, notamment en ce qui concerne le secteur de l’énergie, et faire un drame du fait qu’un président américain a donné suite à un engagement électoral qui correspond également à une politique de longue date de son parti, le fait est que d’autres occasions se présentent, notamment en ce qui concerne l’énergie propre. L’administration américaine a annoncé sa volonté de se concentrer sur le problème du changement climatique et, pour de nombreux Canadiens, c’est une initiative bienvenue. Beaucoup de Canadiens aimeraient que leurs représentants élus réfléchissent sérieusement aux débouchés qui s’offriront à eux. Ils se réjouissent des conséquences environnementales positives d’une administration américaine qui se concentre sur le problème du changement climatique, mais ils se demandent également quels débouchés cela créera au cours des quatre prochaines années et comment le Canada peut se positionner pour profiter de ces débouchés et créer des emplois intéressants pour les Canadiens pendant que nous nous attaquons à la crise climatique ici.
Bien sûr, il est très important en ce moment de parler de la politique voulant que les Américains achètent des produits faits aux États-Unis. L’accent mis par le président américain sur la campagne « Buy American » n’est pas nouveau et a souvent été vanté au-delà des frontières politiques. Toutefois, cette insistance est à juste titre une source d’inquiétude pour de nombreux Canadiens qui dépendent de l’accès aux marchés américains pour gagner leur vie.
En ce qui concerne l’automobile, New Flyer Industries, ici à Winnipeg, est un fabricant d’autobus qui vend la majeure partie de ses produits aux États-Unis. La société a structuré son modèle commercial en sachant que l’accent est toujours mis sur l’achat de produits américains aux États-Unis. Nous espérons que son plan d’affaires l’en protégera. Toutefois, elle n’est pas la seule entreprise qui sera touchée.
C’est pourquoi il est important de parler des possibilités que la nouvelle administration offre dans le domaine de l’énergie propre et de la transition vers l'élimination des combustibles fossiles, et de la façon dont nous veillerons à ce que les Canadiens y trouvent un emploi. Nous voulons également parler des effets de la politique « Buy American » et des différents secteurs qu’elle touchera, en particulier l’industrie automobile. Par exemple, s’il y a des marchés publics pour les autobus aux États-Unis dans le cadre de ce programme d’énergie propre, nous voulons nous assurer que les fabricants canadiens ont accès à ces débouchés.
Parlant des marchés publics canadiens dans le cadre de l’Accord Canada-États-Unis-Mexique, nous avons permis aux entreprises américaines d’y accéder également, mais l’une des lacunes flagrantes de l’accord est que les entreprises canadiennes ne bénéficient pas de la réciproque avec un accès aux produits américains. C’est une situation à laquelle il faut remédier.
Quant à la question de l’achat de produits américains, nous nous engageons en réalité dans un débat. En ce qui concerne l’ACEUM, nous avons été disposés à signer un accord qui a permis, en quelque sorte, un écart entre notre accès aux marchés publics américains et l’accès des États-Unis aux marchés canadiens.
Cet écart s'explique en partie par la foi aveugle qu'ont manifestée tant les libéraux que les conservateurs au cours des 30 dernières années à l'égard d’un commerce planétaire. Le commerce mondialisé peut certes présenter des avantages, mais ce n’est pas une panacée. Si l’on prend les États-Unis et la politique de « Buy American », il est évident qu’il s’agit d’un pays qui parle des avantages de la mondialisation du commerce lorsque celle-ci est à son avantage, mais sans pour autant mettre tous ses œufs dans le même panier. Il a manifestement été prêt à défendre sa propre économie et son propre intérêt.
Si l’on prend la question de l’approvisionnement en vaccins, on le constate à nouveau, l’Union européenne s’efforçant de protéger son propre approvisionnement en vaccins. L’Europe produit des vaccins, mais nous n’en produisons pas ici, au Canada. Nous ne figurons pas sur la liste des pays qui seront exemptés de l’application de ces nouvelles mesures de l’Union européenne. Les États-Unis, l’Australie et le Royaume-Uni sont d’autres pays qui ne figurent pas sur la liste, mais, à l’encontre du Canada, ils ont tous une production nationale de vaccins.
Il n’y a qu’au Canada que nous avons deux partis politiques tellement attachés à l’accord mondial de libre-échange qu’ils n’ont pas fait ce qu’ils devaient faire, lorsqu’ils étaient au gouvernement, pour produire de véritables plans industriels pour le Canada et se demander, même dans le contexte du libre-échange mondial, comment nous pouvons garantir que les rouages sont bien en place ici au Canada. Le Canada a privatisé et vendu une grande partie de sa capacité de production de vaccins.
Nous avons une certaine capacité dans ce domaine, mais il est révélateur que le Canada ait tardé à y accéder. Il n’a pas fait les investissements nécessaires au début de la pandémie et il semble que nous allons attendre au moins un an avant de commencer à produire des vaccins ici. C’est le résultat d’une confiance aveugle dans un système commercial mondialisé que même nos partenaires commerciaux n’ont pas.
Je pense à notre gouvernement et au fait que, au lieu de réfléchir à la façon d’avoir un plan national pour la fabrication de vaccins, sa première pensée a été de s’adresser aux sociétés pharmaceutiques elles-mêmes et de leur demander comment payer plus cher. Le Globe and Mail en a parlé plus tôt cette année. Le gouvernement a demandé aux entreprises qui fabriquent des vaccins en Europe comment nous pourrions payer plus cher pour obtenir plus de doses de vaccins et un accès plus rapide. C’est ce à quoi il a pensé en premier lieu.
C’est ce genre de comportement qui a pu donner lieu aux mesures que l’Union européenne a finalement prises pour protéger son propre secteur de production de vaccins. C’est parce que le gouvernement pense d’abord à s’adresser aux grandes entreprises au lieu de s’acquitter de son devoir de légiférer dans l’intérêt public et de faire des investissements chez lui.
Notre industrie du transport aérien est en grande difficulté. Le gouvernement ne nous a présenté aucun plan pour cette industrie. Nous faisons plutôt face à une attitude de laisser-faire total pour laisser le marché décider. Apparemment, le gouvernement a pour opinion que, si notre industrie du transport aérien échoue, advienne que pourra. Il a offert la subvention salariale; ensuite, il a été contrarié lorsque certaines compagnies aériennes se sont prévalues de cette subvention, puis ont quand même mis à pied un grand nombre de travailleurs. Il n’a pas de plan pour l’industrie. Nous rencontrons des gens qui représentent les travailleurs de l’industrie du transport aérien. Ils disent qu’il n’y a pas vraiment de plan. C’est un secteur stratégique.
Bien que nous ayons des échanges commerciaux avec d’autres pays, dont les États-Unis, qui souhaitent libéraliser le commerce, ils ne le font pas au détriment des industries clés qui constituent l’épine dorsale de leur économie. Ils ne le font pas au détriment de la capacité de produire des choses importantes comme les vaccins.
En matière de commerce international, voilà 30 ans que le Canada se fait prendre pour un pigeon. Tant les libéraux que les conservateurs mordent à l'hameçon et ils ne se rendent pas compte que nos partenaires commerciaux sont prêts à parler libre-échange, certes, mais lorsque cela sert leurs intérêts, et qu'ils ont un plan national pour offrir de bons emplois à leurs citoyens et assurer la santé publique.
Penchons-nous sur ces questions, mais accordons au comité la marge de manœuvre nécessaire pour établir les priorités à partir des témoignages entendus.
Compte tenu de tout cela, y compris le fait d'être disposé à discuter de la tribune où l'étude devrait avoir lieu et de la manière d'améliorer celle-ci, concentrons-nous sur les nouvelles perspectives, et non pas seulement les risques, que peut offrir la nouvelle administration américaine.
Par conséquent, je propose d'apporter les amendements suivants à la motion: (a) au sous-alinéa (ii), en remplaçant les mots « les exportations de bois d’œuvre et les emplois connexes » par les mots « l'énergie propre, les exportations de bois d’œuvre et les emplois connexes, dans un contexte de crise climatique mondiale »; (b) au sous-alinéa (iii), en ajoutant, après les mots « Buy America », les mots « et leur impact sur l'économie canadienne, y compris l'industrie automobile »; et (c) en retranchant les alinéas k) et l).
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Madame la Présidente, je partagerai mon temps de parole avec le député de .
Depuis quelque 75 ans, depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale, le Canada et les États-Unis entretiennent d’excellentes relations. Pour citer le président John F. Kennedy, la géographie a fait de nous des voisins, l’histoire a fait de nous des amis, l’économie a fait de nous des partenaires et la nécessité a fait de nous des alliés.
Soixante-quinze ans après la fin d’un empire et l’avènement d’un autre, il est évident que l’Amérique a changé. L’essor de théories du complot comme celles de QAnon et des suprémacistes blancs, la montée de l’extrémisme, la polarisation croissante et les événements du 6 janvier dernier en sont autant de preuve.
[Français]
L'administration américaine a également changé. La précédente administration sous Donald Trump ne ressemblait à aucune autre dans l'histoire américaine moderne. Il a renégocié notre accord de libre-échange, entraînant une baisse de 0,4 % de notre production économique par rapport à l'ALENA, d'après une analyse de l'Institut C.D. Howe.
[Traduction]
La nouvelle administration Biden a clairement fait savoir qu’elle poursuivra bon nombre des politiques de l’administration précédente, comme une politique d'achat aux États-Unis et un accroissement du protectionnisme. En bref, le consensus qui s’est dessiné à Washington à la fin de la guerre froide a évolué en un consensus sur la primauté des intérêts américains. Cette tendance à faire passer l’Amérique en premier n’a pas commencé sous la présidence de M. Trump, mais bien avant.
Par exemple, sous le président Obama, les États-Unis ont commencé à se retirer du leadership mondial, de manière plus subtile, toutefois. Ainsi, les États-Unis ont décidé que leur rôle en Libye serait de « diriger en arrière-plan », tout en encourageant les alliés à intervenir. En 2013, le président Obama n’a pas donné suite à sa menace de frapper la Syrie si elle recourait à des armes chimiques, acte dont il avait pourtant dit que ce serait la ligne rouge à ne pas franchir.
Le président Obama et le président Trump ont tous deux demandé au Canada de dépenser beaucoup plus, en fait de doubler ses dépenses, dans le secteur militaire. Je me souviens bien du jour où, dans cette Chambre, en juin 2016, le président Obama nous a demandé de doubler les dépenses de défense du Canada et où les deux côtés se sont levés pour applaudir vigoureusement. Par conséquent, les Canadiens doivent se montrer réalistes et lucides à propos des changements qui s’opèrent chez leur principal allié et partenaire commercial.
Si de nombreux Canadiens ont poussé un soupir de soulagement à la prestation de serment du président Biden et de la vice-présidente Harris, nous ne devrions pas pour autant nous leurrer et croire que tout redeviendra comme avant, même avec un nouveau président des États-Unis qui est un honnête homme pétri de bonnes intentions. Les faits sont là. Dès son premier jour au pouvoir, en annulant le pipeline Keystone XL, projet qui aurait créé quelque 15 000 emplois directs et indirects au Canada, la nouvelle administration Biden a pris une décision préjudiciable pour notre reprise économique qui menace de plus l’unité même du pays. Elle s’est empressée de désavantager les entreprises et les travailleurs canadiens quand le président Biden a signé un décret présidentiel ordonnant une politique qui vise à acheter américain.
La coprésidente du comité d’investiture du président, la gouverneure du Michigan Gretchen Whitmer, menace de fermer la canalisation 5, qui achemine en toute sécurité des produits pétroliers et gaziers jusqu’à Sarnia, en Ontario, depuis 1953. Ce pipeline transporte environ 300 000 barils de produits énergétiques par jour, alimente en kérosène l’aéroport Pearson, en essence des millions de personnes qui vivent dans le corridor Québec-Windsor, et en propane quantité de gens qui vivent en Ontario. S’il est fermé, non seulement l’augmentation du transport par camion, train et bateau sur les Grands Lacs fera peser une menace sur l’environnement, mais on risquera une pénurie de propane essentiel pour le chauffage domestique en Ontario et il y aura un risque accru de pénurie d’essence et de kérosène dans le Sud de l’Ontario.
Il ne fait aucun doute qu’en dehors de problèmes bilatéraux sur le commerce et l’investissement, la nouvelle administration et le Canada trouveront bien des terrains d’entente. Les conservateurs espèrent que le Canada et les États-Unis pourront travailler ensemble sur une alliance afin de contrer les menaces de la Chine et d’obtenir la libération de MM. Kovrig et Spavor. Nous espérons aussi que nos deux pays pourront travailler de concert pour mobiliser, renforcer et réformer des organisations multilatérales comme l’Organisation mondiale de la santé et l’Organisation mondiale du commerce. Nous espérons que le Canada et les États-Unis pourront collaborer pendant cette pandémie pour se procurer de l’équipement de protection individuelle, des appareils médicaux, des fournitures médicales et des vaccins.
Cependant, le commerce et l’investissement sont sans conteste les éléments les plus importants de la relation bilatérale et il est évident, à cet égard, que les États-Unis ont changé et que leurs choix menacent des emplois et des moyens de subsistance dans notre pays, aux dépens de millions de Canadiens. Comme je l’ai mentionné plus tôt, les mesures prises par l’administration précédente en matière de commerce ont coûté au Canada un demi-point de pourcentage de croissance économique. Les mesures que prendra l’administration actuelle contribueront certainement à une baisse de la croissance et de la prospérité économique canadienne.
Nos relations commerciales avec les États-Unis ont toujours été asymétriques. Nous avons toujours produit plus de bœuf, de blé, de maïs, de voitures, d’acier, d’aluminium et de bien d’autres produits que nous n’en consommons, et nous avons donc toujours dû exporter ces produits vers les États-Unis.
Les États-Unis sont notre principal marché d’exportation, et de loin. En taille, notre deuxième marché d’exportation, la Chine, équivaut pour nous à moins du vingtième du marché américain. En fait, un produit sur cinq fabriqués au Canada est destiné à l’exportation aux États-Unis. C’est un emploi sur cinq et un dollar sur cinq en production économique. Cependant, la relation n’est pas symétrique. Nous ne sommes pas le principal marché d’exportation des États-Unis. En fait, nous achetons l’équivalent de moins de 2 % de la production économique américaine par an. Autrement dit, les États-Unis achètent environ 20 % de notre production économique et nous achetons moins de 2 % de la leur. Il nous appartient donc d’attirer leur attention et de défendre nos intérêts, nos emplois et les travailleurs canadiens. Comme le disait l’ancien premier ministre Brian Mulroney, l’accès au Bureau ovale ouvre de nombreuses autres portes pour le Canada. Nous devons comprendre que les États-Unis ont changé et que nous devons, en conséquence, changer notre approche des relations entre nos deux pays.
Les budgets ne s’équilibrent pas tout seuls, les vaccins ne se livrent pas tout seuls et notre économie ne se reconstruira pas toute seule. Le moment est venu de planifier pour assurer notre avenir.
[Français]
C'est pour cette raison que j'appuie cette motion aujourd'hui. Elle va permettre de créer un comité spécial qui sera fondé sur l'un des piliers les plus importants de notre reprise: la relation économique entre le Canada et les États-Unis. À un moment où nos deux pays doivent se concentrer sur le retour au travail des gens et sur le rétablissement de notre mode de vie après le passage de la COVID-19, ce comité obtiendra des réponses pour les Canadiens et se battra pour assurer notre avenir.
[Traduction]
Les Canadiens ont besoin de retourner au travail. Nous avons besoin d’un plan pour créer des emplois dans tous les secteurs et dans toutes les régions du pays. Nous ne pouvons pas nous permettre un autre manque de planification. Nous devons commencer à planifier la réouverture et la reconstruction de notre économie et le retour au travail des Canadiens. Si elle était adoptée, cette motion se traduirait par la formation d'un comité qui aiderait à proposer des idées au gouvernement sur la façon de procéder.
Nous devons travailler ensemble pour assurer notre avenir économique. Nous devons commencer dès maintenant à assurer notre avenir après la COVID-19, et c’est pour cela que j’invite tous les députés à appuyer cette motion.
:
Madame la Présidente, je me réjouis de participer à ce débat, dans le sillage de la signature de l’ACEUM. Nous avons beaucoup de leçons à tirer des négociations et de la façon dont les choses se sont déroulées.
Je me souviens que, lorsque l’administration Trump a annoncé son intention de renégocier l’ALENA, les libéraux, les entrepreneurs canadiens et pratiquement tout le monde étaient terrifiés. Je me souviens de nos premiers déplacements aux États-Unis pour rencontrer des membres du Congrès et du Sénat au sujet de la relation avec le Canada et pour leur rappeler que des entreprises canadiennes importantes étaient implantées dans chacun de leurs districts. Nous leur avons aussi parlé des enjeux qui étaient importants pour les États-Unis et de l’influence que le Canada avait à l'égard de ces enjeux.
Je me souviens également qu’après ces rencontres, j’avais discuté avec le député de , l’ancien député Mark Eyking, et d’autres membres du comité du commerce international et que je leur avais dit que nous avions tendance à tenir pour acquise notre relation avec les États-Unis. Chaque jour, en temps normal, la valeur des échanges se chiffre à environ 2 milliards de dollars et 300 000 personnes traversent la frontière. Cela se fait tout naturellement et on s’y habitue.
Quand une menace apparaît, nous commençons à nous demander si nous avons eu raison d’entretenir cette relation et si nous avons toujours travaillé en étroite collaboration avec nos amis américains comme nous aurions dû le faire, en veillant à ce que chaque pays comprenne bien l’importance de l’autre.
C’est ce que j’ai constaté lorsque nous nous sommes rendus à Washington, pendant les négociations de l’ACEUM. Dès que le commettait un faux pas, les médias en faisaient des gorges chaudes. Nous allions alors rencontrer des républicains et des démocrates pour remettre les pendules à l’heure et leur rappeler que nos deux pays font beaucoup de choses ensemble et que cela vaut mieux que de les faire séparément.
C’est là l’une des frustrations qu’a engendrées la négociation de l’ACEUM. On n’a pas cherché à susciter des synergies entre les trois pays. Chacun a plutôt essayé de protéger ce qu’il avait ou ce qu’il pouvait prendre à l’autre. C’est contraire à l’esprit de collaboration nord-américain et à celui de l’ALENA initial.
C’est la raison pour laquelle je pense que ce serait une bonne chose d’avoir un comité là-dessus. On aurait ainsi l’occasion de voir ce qui serait bon pour le Canada et les travailleurs canadiens, en exploitant des points forts des États-Unis. Et inversement pour les États-Unis. Il faut rechercher des synergies. Il y a des choses que nous pourrions faire ensemble de toutes sortes de façons, pas seulement dans le domaine commercial mais aussi dans celui des affaires étrangères et militaires, et qui pourraient nous rendre plus forts. Le Canada a beaucoup à apporter pour renforcer cette relation. Je vais donner quelques exemples.
Prenons celui de la réglementation. Nous discutons depuis longtemps d'uniformiser la réglementation. Lorsque je voyage aux États-Unis, je suis toujours surpris de voir qu’il y a des aliments qui y sont considérés comme sans danger pour la consommation alors qu’ils ne le sont pas chez nous.
Prenons maintenant l’exemple du secteur agricole. Jadis, il y avait des choses qu’on ne trouvait pas au Canada, ou bien difficilement, et il suffisait de traverser la frontière et de se rendre au Montana pour les trouver. Les agriculteurs n’hésitaient pas à sauter dans leur camionnette pour aller y acheter ce dont ils avaient besoin. De telles disparités n’ont pas de sens. Pourquoi ne pas harmoniser les réglementations afin qu’on ait les mêmes, qu’on habite le Montana, la Saskatchewan ou une autre région qui expédie régulièrement de la viande de bœuf de l’autre côté de la frontière? Pourquoi avons-nous des réglementations différentes?
On pourrait demander au comité de définir toutes ces contraintes qui deviennent des barrières au commerce et qui nous empêchent d’être concurrentiels sur les marchés étrangers. On pourrait demander au comité de trouver des solutions à ces contraintes, et de supprimer ces obstacles tout en préservant la sécurité des citoyens américains et canadiens. Cela pourrait ensuite devenir une norme pour le monde entier. Il y a beaucoup de domaines dans lesquels nous pourrions jouer un rôle déterminant.
Il est aussi très important d’examiner toute la question des nouvelles technologies et des technologies propres, ce dont plusieurs députés ont parlé aujourd’hui. S’agissant des technologies propres, puisque nous sommes en train d’élaborer des règlements, pourquoi ne pas le faire de concert avec les États-Unis, en misant sur les forces de chacun, pour ensuite les imposer au reste du monde? Cela nous donnerait un avantage concurrentiel. À mon avis, c’est ce qu’il faut faire. Nous savons que si nous le faisons chez nous, de concert avec les États-Unis, ce sera fait correctement et sérieusement, en privilégiant les intérêts de l’utilisateur final et du consommateur. Nous avons les compétences pour le faire. Il suffit d’avoir aussi la volonté de travailler ensemble.
La politique d’achat aux États-Unis a refait surface, et il y a eu l’annulation du projet Keystone. Ce sont des décisions inquiétantes, qui montrent encore plus combien il est nécessaire de parler à nos homologues américains pour leur expliquer que ce sont des décisions qui ont des conséquences importantes pour nous.
Nous avons fort bien réussi, avec l’ACEUM, à mettre en évidence l’importance de cette relation et à la replacer dans le contexte de ce qu’elle signifiait pour les membres des différents districts et pour l’économie canadienne. Je me demande parfois s’il ne serait pas nécessaire de faire la même chose au Canada, c’est-à-dire de commencer à sillonner les provinces pour dire combien il est important d’acheter un camion fabriqué en Ontario, le propane issu de l’Alberta, le homard pêché en Nouvelle-Écosse et le bois d’œuvre fabriqué en Colombie-Britannique, bref, d’acheter des produits fabriqués au Canada.
De cette façon, nous montrerions combien nous sommes fiers de notre pays et combien nous nous en enorgueillissons. Je pense que, parfois, nous sommes tellement habitués à tout acheter à l’extérieur du Canada que nous négligeons les superbes produits que nous fabriquons au Canada. Il y a du travail à faire sur ce plan-là, et c’est quelque chose que, non pas le comité, mais nos gouvernements devraient envisager sérieusement.
Pour en revenir à l’idée d’un comité, nous avions réussi à obtenir un accès préférentiel au marché américain, malgré la politique d’achats américains. Nous avions toutefois des problèmes au niveau des États et des municipalités. Depuis 2009, 36 États, je crois, sont devenus membres de l’OMC, ce qui devrait résoudre une grande partie du problème. Quand je pense à la relation que notre aura avec le nouveau président, je crois qu’elle sera plus facile que celle de l’ancien premier ministre Harper avec le président Obama. Même s’ils travaillaient très bien ensemble, ce n’était pas nécessairement de grands amis. Quoi qu’il en soit, ils ont vu les avantages que cela présentait du point de vue des deux pays et ils ont réussi à le faire. C’est ce que doivent faire tous nos délégués commerciaux et autres fonctionnaires qui sont chargés de promouvoir les produits canadiens aux États-Unis, et j’espère qu’ils le font déjà.
Malheureusement, je ne peux pas me rendre aux États-Unis et, malheureusement, le député de ne peut pas se rendre aux États-Unis non plus. Malheureusement, le groupe d’amitié Canada-États-Unis ne peut plus faire ce qu’il faisait en coulisse, à l’époque de l’ACEUM par exemple. Voilà donc une bonne raison de créer ce comité.
À mon avis, ce comité pourrait se pencher sur beaucoup plus de dossiers qu’un simple comité du commerce ou un comité des ressources durables. On pourrait lui donner tout le temps dont il a besoin. Nous devons donner à cette relation l’attention qu’elle mérite, vu l’importance qu’elle a pour tous les habitants d’Amérique du Nord. Si nous optons pour cette solution, je ne serais pas étonné que les Américains se disent: « Quelle bonne idée! C’est notre plus grand partenaire commercial. C’est l’Amérique du Nord. Pourquoi ne pas lui emboîter le pas et créer un comité spécial? » Je pense que c’est en discutant que nous arriverons à mieux nous comprendre, et qu’il en résultera des avantages pour l’Amérique du Nord, le Canada et les États-Unis.
J’aurais beaucoup d’autres choses à dire à ce sujet, mais en ce qui concerne ce comité, je n’y vois que des avantages, et j’espère que tous les partis seront d’accord avec moi. Certes, il y a des problèmes et des obstacles. C’est comme la relation qui existe entre des frères et sœurs, c’est parfois difficile. Notre relation avec les États-Unis ressemble parfois à celle qui existe entre les membres d’une même famille, mais aussi parfois à celle qui existe entre l’éléphant et la souris. Les deux sont vraies. Quoi qu’il en soit, nous devons conforter cette relation, et ce comité serait bien placé pour le faire. Il aurait la capacité d’aborder les dossiers sous un angle différent et de convoquer des spécialistes du Canada et des États-Unis sur la meilleure façon de procéder.
Prenons l’exemple de la politique d’achats américains. Pourquoi ne pas faire venir des Canadiens, par exemple notre ancien ambassadeur, M. MacNaughton, qui était là-bas pendant les négociations de l’ACEUM? Ou d’anciens députés comme Rona Ambrose, Stephen Harper ou Ralph Goodale? Un comité comme celui-là pourrait faire venir tous les gens qu’il veut pour qu’ils lui donnent de bons conseils. Et avec de bons conseils, on prend de bonnes décisions qui, à mon avis, servent l’intérêt de tous les Canadiens.
Nous avons un peu parlé de vaccination. Nous aurions dû le faire il y a cinq à six ans, lors de la première pandémie de SRAS: nous aurions dû réfléchir à l'éventualité de nouvelles pandémies en Amérique du Nord et à ce que nous ferions. Comment nous débrouillerions-nous? On se serait posé la question des équipements de protection individuelle: en avons-nous, au Canada et aux États-Unis? En a-t-on pour tout le monde? C'est le genre de choses dont on devrait parler, sur un plan stratégique.
En matière d'infrastructures frontalières, le pont international Gordie-Howe et les initiatives du même genre représentent des projets stratégiques dans lesquels nous devrions investir et dont nous devrions parler avec nos cousins, nos sœurs ou nos frères américains, quel que soit le nom qu'on veuille bien leur donner, pour savoir comment organiser les choses.
Nous devrions parler de la concurrence à laquelle le Canada fait face en Asie. Nous devrions parler de l'influence de la Chine en Amérique du Sud, en Amérique latine ou en Afrique, et de ses conséquences pour nous. Nous devrions parler entre nous des terres rares, de l'exploitation minière et des ressources naturelles. Par exemple, accepterions-nous qu'elles soient achetées par des entreprises chinoises? Allons-nous permettre à ces ressources de passer à des intérêts étrangers? Allons-nous accepter de les voir quitter notre continent? Avons-nous ce qu'il faut pour aller de l'avant à ce sujet?
Voilà le genre de chose, encore une fois, dont nous pourrions discuter ensemble au comité afin d'élaborer de bonnes politiques avantageuses pour les Canadiens.
Les députés peuvent le voir, je suis très enthousiaste au sujet de ce comité, car je pense qu'on peut vraiment en tirer de bonnes choses qui pourraient profiter à tout le Canada, aux États-Unis et à l'Amérique du Nord. Il serait en fait...
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Madame la Présidente, je pensais l’avoir déjà dit, mais au cas où je ne l’aurais pas fait, je serais ravi de partager mon temps de parole avec le député de .
New Flyer Industries incarne la raison pour laquelle il est très important que les gens reconnaissent la valeur de cette relation. New Flyer Industries, dont le siège est à Winnipeg, est un fabricant d’autobus de transport en commun et d’autocars. L’entreprise est le plus grand fabricant d’autobus en Amérique du Nord, avec une part de marché de 43 % de tous les gros autobus de transport en commun et de 45 % de tous les autocars produits en 2018. L’entreprise emploie 9 300 personnes dans 50 usines aux États-Unis et au Canada. Il faut rappeler que son siège social se trouve à Winnipeg. Le Canada fabrique des autobus de calibre mondial, sans égal sur le marché.
Je suppose que si l’on examinait chaque province, qu’il s’agisse du Québec, de l’Ontario, de la Colombie-Britannique ou de la Nouvelle-Écosse, et plus au nord dans les territoires, on constaterait la présence de liens directs avec les États-Unis. Comme je l’ai dit, le commerce transfrontalier représente 2 milliards de dollars par jour, et une grande partie de ce commerce ne se limite pas à des gadgets. Nos économies sont fusionnées de nombreuses façons, car un produit fabriqué aux États-Unis peut venir au Canada, et vice versa, en tant que pièce destinée à un produit fini.
Un bon exemple de cela est notre industrie automobile. Celle-ci est interconnectée avec celle des États-Unis. L’acier et les pièces vont et viennent, et les produits finaux sortent de différentes chaînes de montage. Ce sont là des absolus. Nous avons besoin de cela.
Le gouvernement du Canada l’a reconnu dès le départ. Lorsque le a été élu en 2015, ce n’est que peu de temps après que le président Obama s’est adressé à nous en Chambre. En ce qui concerne le président actuel, nous n’avons pas besoin de la moindre leçon. Je crois et j’espère que l’on ne nous fait pas la morale, car tous les parlementaires comprennent l’importance de cette relation.
L’Accord Canada-États-Unis-Mexique est une chose dont nous devrions tous être fiers. Le Canada dispose d’un groupe incroyable de personnes qui ont négocié des accords internationaux très importants. Pensez au nombre de pays avec lesquels nous avons signé un accord commercial au cours des cinq dernières années. On parle de dizaine de pays. Aucun n’a signé plus d’accords commerciaux que le premier ministre actuel, et cela inclut des accords avec les États-Unis et le Mexique, nos plus importants alliés commerciaux.
Nous avons reconnu d'emblée l’importance des accords commerciaux. Nous comprenons et apprécions leur véritable valeur et nous reconnaissons pourquoi il est si important de continuer à avoir des spécialistes qui négocient en notre nom et travaillent avec les différents ministères. Il est important que nous reconnaissions les efforts qu’ils déploient pour tous les Canadiens, car nous en bénéficions tous. L’une des façons de renforcer la classe moyenne du Canada est d’obtenir des emplois solides, et ces emplois sont en grande partie créés par les accords commerciaux internationaux.
J’ai été très fier du fait que les ministres, le gouvernement et les autres membres aient contribué à conclure l’Accord Canada-États-Unis-Mexique. Nous avons un groupe d’amitié parlementaire très proactif. J’aimerais seulement que nous soyons aussi proactifs avec notre groupe d’amitié des Philippines en ce qui concerne le nombre de liens et le nombre de voyages effectués entre les États-Unis et le Canada avec le groupe d’amitié Canada-États-Unis. Les relations entre nos deux pays sont très solides et je crois que ce sont souvent les contacts personnels qui aident les négociations.
Le a déclaré que pour un peu plus de 30 États américains, le Canada est le premier partenaire commercial. Ils ont grandement besoin des consommateurs canadiens. De même, nous avons besoin des consommateurs américains pour nos produits. C’est un avantage mutuel.
Nous pouvons le montrer au monde entier. Nous devrions être très fiers de notre démocratie, fiers du fait que nous sommes en Amérique et fiers des choses merveilleuses que notre démocratie et notre sens du capitalisme peuvent accomplir.
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Madame la Présidente, c'est un plaisir de prendre la parole au sujet de cette motion de l'opposition présentée par la députée de . Je la remercie d'avoir présenté cette motion.
Nos liens avec les États-Unis, notamment commerciaux, sont très importants pour ma circonscription et ses habitants ainsi que pour moi-même. Le Canada est un pays commerçant. Nous avons grandement tiré profit de nos liens nord-sud, ainsi que des liens avec d'autres continents par le truchement de l'Accord économique et commercial global et de l'Accord de partenariat transpacifique global et progressiste.
Mais c'est surtout la relation entre le Canada et les États-Unis qui s'est avérée si importante pour moi. J'ai eu le privilège de travailler sur les marchés financiers mondiaux pendant plusieurs années, tant ici au pays qu'à New York. Comme bien d'autres Canadiens, plusieurs membres de ma famille vivent ou ont déjà vécu aux États-Unis durant de nombreuses années.
Dans ma circonscription, Vaughan—Woodbridge, et dans la ville de Vaughan, des milliers d'emplois dépendent littéralement du commerce. Le centre de distribution de Home Depot est situé dans ma circonscription. Les centres de distribution de Home Depot et de Costco pour tout l'Est du Canada sont également basés dans ma circonscription. Le centre de distribution d'UPS et la plaque tournante logistique de distribution de FedEx sont également situés dans la ville de Vaughan. La gare intermodale la plus achalandée du Canadien Pacifique, que les Américains appellent la ligne Chicago-Toronto, se situe au cœur de ma circonscription. Quand à la gare de triage MacMillan du CN, la plus grande gare de triage du pays, elle se trouve également dans la ville de Vaughan.
L'économie du Canada ne dépendant pas uniquement du commerce. Toutefois, ma circonscription, elle, compte sur le commerce sur le plan économique et pour favoriser la création de bons emplois pour la classe moyenne.
[Français]
Cette motion aborde un certain nombre de questions importantes et je suis heureux d'en parler aujourd'hui. Dans le temps qui m'est imparti, je voudrais me concentrer sur deux aspects de la motion: l'importance de la canalisation 5 et du commerce de l'énergie entre le Canada et les États-Unis.
En ce qui concerne la canalisation 5, notre gouvernement a été extrêmement clair: elle bénéficie de notre soutien sans équivoque et nous utilisons tous les outils dont nous disposons pour la voir avancer. La ligne 5 est vitale à la sécurité énergétique du Canada et de l'Amérique du Nord. Notre gouvernement prend cette question très au sérieux, et toute suggestion contraire de l'opposition est non seulement trompeuse, mais irresponsable, jouant un jeu politique que ce côté de la Chambre n'a pas intérêt à jouer.
L'importance de la canalisation 5 dépasse sans aucun doute la politique partisane. Cette canalisation appuie des milliers d'emplois en Ontario et au Québec, ainsi que dans l'Ouest canadien. Elle est essentielle pour assurer l'éclairage et le chauffage de millions de Canadiens et représente une importante source de carburant pour l'agriculture et les industries. La canalisation 5 fournit du carburéacteur pour l'aéroport Pearson, le plus achalandé au Canada.
[Traduction]
La canalisation 5, qui part du Wisconsin et passe par le détroit de Mackinac et la péninsule inférieure du Michigan, approvisionne les raffineries du Michigan et de l'Ohio en pétrole et en liquides de gaz naturel provenant de l'Alberta et de la Saskatchewan et se rend ensuite à Sarnia, en Ontario. De là, le pétrole et le gaz naturel sont raffinés en essence, en diésel, en huile de chauffage, en carburant d'aviation et en propane et alimentent le Sud de l'Ontario et du Québec. De plus, la canalisation 5 offre un moyen plus sûr de transporter du pétrole que par voie ferroviaire ou routière. Elle est exploitée en toute sécurité depuis plus de 65 ans.
[Français]
Enbridge propose maintenant de creuser un tunnel pour remplacer les deux oléoducs qui longent le lit du lac sous le détroit de Mackinac.
[Traduction]
Enbridge est déterminée à rendre une canalisation sûre encore plus sûre au moyen d'un projet de construction de tunnel. La compagnie s'est engagée à encastrer la canalisation dans du béton armé afin de réduire le risque qu'une ancre vienne la heurter et d'assurer une sécurité accrue. Il y a quelques jours à peine, le Michigan a octroyé les permis nécessaires pour le projet.
[Français]
Le département de l'Environnement, des Grands Lacs et de l'Énergie du Michigan a approuvé cette proposition le 29 janvier, il y a quelques jours, après un examen approfondi de neuf mois auquel a participé le State Historic Preservation Office, ainsi que le rapport d'une société de génie civil indépendante spécialisée dans les projets complexes de tunnel, dont les conclusions affirment que le projet aurait des répercussions minimes sur la qualité de l'eau des Grands Lacs et n'aurait pas d'incidence sur l'utilisation publique protégée des ressources en eau du Michigan.
[Traduction]
Mme Teresa Seidel, directrice de la division des ressources en eau du département de l'Environnement, des Grands Lacs et de l'Énergie du Michigan, a fait la déclaration suivante: « Au cours de l'examen du projet, notre priorité absolue consistait à protéger le détroit de Mackinac et les zones humides environnantes, la vie aquatique et d'autres ressources naturelles et culturelles contre les effets négatifs du projet sur l'environnement. »
Quelles seraient les répercussions du projet? Selon le département, le projet aurait un impact minimal sur les zones humides. En fait, il ne toucherait qu'une zone d'environ un dixième de la taille d'un terrain de football. En conséquence, le département a conclu que le tunnel proposé sous le lit du lac pourrait être construit conformément aux lois environnementales de l'État.
[Français]
Permettez-moi de souligner que l'organisme environnemental de l'État du Michigan a déclaré que le projet était tout à fait sûr. Il ne s'agit pas ici de l'avis d'Enbridge ni de l'opinion du Canada, mais bien de la conclusion d'un organisme chargé de faire respecter la loi environnementale du Michigan. C'est l'argument que notre gouvernement a soulevé auprès des responsables américains. Cependant, leur réponse est qu'ils veulent arrêter le projet.
[Traduction]
Cette semaine, le chef de l'opposition et d'autres députés d'en face ont dit que nous ne faisions rien. Rien n'est plus faux. Depuis trois ans, le gouvernement du Canada appuie Enbridge dans ce différend, tant sur le plan diplomatique que politique, et il continuera à le faire.
L'ambassadrice Hillman défend le projet. M. Comartin, consul général à Detroit, défend le projet. Le a soulevé la question de la sécurité énergétique de l'Amérique du Nord auprès de la vice-présidente Harris, et le défendra ce dossier devant Jennifer Granholm, ancienne gouverneure du Michigan, aussitôt qu'elle aura été confirmée au poste de secrétaire à l'Énergie des États-Unis.
Je le répète: la canalisation est essentielle pour le Canada et les États-Unis. Nous la défendrons toujours et nous protégerons l'infrastructure énergétique et industrielle du Canada.
[Français]
J'aborderai maintenant le contexte plus vaste de la relation énergétique entre le Canada et les États-Unis, une relation valant plus de 100 milliards de dollars dans le commerce transfrontalier. En tout, plus de 70 pipelines et plus de 30 lignes de transmission traversent déjà la frontière canado-américaine, reliant notre secteur de l'énergie comme aucun autre pays. Résultat: le pétrole du Canada représente environ plus de la moitié de l'ensemble du pétrole brut que les États-Unis importent chaque année. À elle seule, l'Alberta envoie plus de 3 millions de barils par jour au sud de la frontière, dans la région du Midwest et des Rocheuses aux États-Unis. Le brut canadien représente environ 70 % de toutes les matières premières utilisées dans les raffineries locales. Au Michigan, la moitié des maisons de l'État sont chauffées au propane en provenance du Canada.
[Traduction]
Il en est de même d'autres sources d'énergie canadiennes. L'électricité canadienne alimente près de 7 millions de foyers étatsuniens, et l'uranium canadien génère 6 % de l'électricité des États-Unis, assez pour alimenter 1 foyer étatsunien sur 17. L'intégration de toutes ces sources d'énergie profite aux deux pays en renforçant la sécurité énergétique, en réduisant les coûts en capital des projets énergétiques et en améliorant la fiabilité de l'approvisionnement.
Elle permet aussi de créer de bons emplois pour la classe moyenne des deux côtés de la frontière, notamment dans les milliers d'entreprises étatsuniennes qui fournissent de la technologie, de la machinerie et d'autres services à l'industrie énergétique du Canada. Je serai clair: la fermeture de la canalisation 5 aurait des répercussions économiques importantes, non seulement en Ontario et au Québec, mais aussi au Michigan et dans les États voisins. Il y a quatre ans, à Houston...
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Madame la Présidente, je suis infiniment reconnaissant de l’occasion qui m’est donnée de parler de cette motion très importante, mais je précise d’abord que je partagerai mon temps de parole avec la députée d’.
J’aimerais commencer par une histoire qui illustre bien ce qui arrive quand l'on se concentre sur ce qui est possible. C’est l’exemple même de ce dont nous sommes capables quand nous rallions tous les partis.
Pendant un mois environ, juste avant Noël, notre bureau a travaillé sans relâche pour un couple qui était séparé. L’homme se trouvait au Michigan et la femme vivait ici, dans ma circonscription. Nous avons très bien collaboré avec le cabinet du et les services de contrôle aux frontières terrestres de part et d’autre. La veille de Noël, notre bureau s’employait toujours à régler ce problème. J’ai parlé à un membre du cabinet du ministre, qui travaillait aussi. Le jour de Noël, à 14 h 37, nous avons reçu un message nous annonçant que le couple était réuni.
Pourquoi parler de cette histoire? Nous sommes confrontés, si j’ose dire, à la Troisième Guerre mondiale. Si ce couple a été réuni, c’est grâce aux efforts de tous. Il est tout à fait essentiel que nous le gardions à l’esprit et que nous concentrions sur ce qui est possible plutôt que sur les obstacles.
Comme toujours, c’est un honneur de souligner l’importance de cette motion qui vise à créer un comité spécial chargé d’étudier les répercussions économiques des relations entre le Canada et les États-Unis. Ma circonscription, Essex, est voisine du poste frontalier le plus fréquenté d’Amérique du Nord. Je sais donc combien il est important de bien faire les choses. D'ailleurs, un nouveau pont international est en construction pour soutenir cette infrastructure.
J’ai eu l’honneur d’être ministre adjoint du cabinet fantôme pour les relations Canada-États-Unis. Je comprends donc qu’il est important d’être un partenaire solide pour notre proche allié, ami et voisin, les États-Unis d’Amérique. En outre, ayant siégé au comité du commerce international et ayant participé à l’adoption de l’Accord Canada—États-Unis—Mexique, l’ACEUM, je sais que la motion visant à créer un comité à l’étude aujourd’hui est essentielle.
Des relations solides ne fonctionnent que si elles s’accompagnent d’une communication tout aussi solide et d’un dialogue honnête et ouvert. Il y a tellement en jeu que c’est maintenant, plus que jamais, que nous devons travailler en étroite collaboration avec nos voisins pour arriver à de bons résultats. Tellement de sujets dont parle et continuera de parler la Chambre et qui seront étudiés en comité afin de trouver des solutions sont directement liés aux relations entre nos deux pays, y compris les vaccins, la canalisation 5, le pipeline Keystone XL, les droits sur l’acier et l’aluminium et les accords — ou l'absence d'accords — sur le bois d’œuvre, et j’en passe.
Ce comité sera avantageux pour les deux pays. Il ne fera que des gagnants. Cela dit, le comité jettera les bases d’un plan de relance économique pour tous les Canadiens, dans toutes les provinces et les territoires, d’un bout à l’autre du pays. Le travail de ce comité permettra non seulement de sauver des emplois, mais aussi de créer des emplois syndiqués bien rémunérés afin de soutenir notre économie et de donner aux familles canadiennes des moyens de subsistance.
Il a été dit que nous sommes en pleine Troisième Guerre mondiale et, bien que nous ne pouvons pas voir l’ennemi appelé COVID-19, nous n’en sommes pas moins en guerre. Le moment est venu de travailler en étroite collaboration avec notre plus proche allié sur tous les fronts.
J’ai travaillé plusieurs années aux États-Unis et j’ai fait partie d’une entreprise internationale. J’ai donc vu à quel point nos économies sont intégrées et combien elles dépendent l’une de l’autre. Le secteur de l’automobile et les chaînes d’approvisionnement qui y sont liées avec en sont un parfait exemple.
Cependant, la COVID-19 a dressé de nombreux obstacles. Les moulistes locaux, notamment, sont touchés. Je parle souvent avec eux. Leur problème à l’heure actuelle est qu’ils perdent des contrats aux États-Unis parce qu’à cause de la COVID-19, les inspecteurs ne peuvent pas venir dans leurs ateliers voir leur produit. Nous pouvons trouver des solutions à ce type de discussion en comité. Perdre des contrats qui représentent des millions et des millions de dollars pour les Canadiens, c’est inacceptable. Nous devons étudier la question.
Ma circonscription, Essex, est qualifiée de microcosme non seulement du Canada, mais de l’Amérique du Nord. En fait, si on trouve quelque chose dans Essex, on peut probablement le trouver au Canada. Tout comme nous entretenons avec les États-Unis des relations particulières sur la scène mondiale, nos économies sont particulièrement adaptées l’une à l’autre. Essex, comme le Canada et les États-Unis, a tellement à offrir, mais pour concrétiser ces possibilités, il faut que toutes les parties travaillent ensemble. Le Canada ne peut pas se permettre d’être un partenaire de second plan et de se voir dicter son économie d’un trait de plume. Nous ne pouvons plus rester les bras croisés, sans un plan solide et bien exécuté, et être une fois de plus pris au dépourvu à la dernière minute.
Ce qu’il faut le plus aujourd’hui, c’est créer ce comité, composé de membres de tous les partis travaillant collectivement pour atteindre un but commun, à savoir une économie prospère, de bons emplois, un plan de relance et un Canada fort. En étudiant les conséquences de la COVID-19, le Canada se donnera les outils dont il a besoin pour mener de vraies négociations avec ses homologues américains. Nous ne pouvons plus nous permettre de ne rien faire.
Les budgets ne s’équilibrent pas tout seuls, les vaccins ne se livrent pas tout seuls et notre économie ne se reconstruira pas toute seule. Le moment est venu de planifier pour assurer notre avenir. Comme cela a été dit plusieurs fois, les échanges commerciaux entre ces deux pays fantastiques se chiffrent à 1,5 milliard de dollars par jour. Qu’est-ce qui est possible? Jusqu’où pourrait-on faire grimper ce montant? L’intérêt du Canada dans ces échanges pourrait-il être accru?
À un moment où nos pays doivent se concentrer sur le retour au travail de leur population et faire en sorte que nous puissions retrouver nos modes de vie après la COVID-19, ce comité obtiendra des réponses pour les Canadiens et se battra pour l’avenir de tous. Nous devons commencer à planifier maintenant, aujourd’hui, pour relancer et reconstruire l’économie et remettre tous les Canadiens au travail. Notre avenir est en jeu. Il nous faut un plan. Il s’agit de réunir les meilleurs spécialistes de tous horizons et de tous partis pour faire en sorte, une fois pour toutes, que le Canada soit un partenaire solide pour les États-Unis d’Amérique et qu’il soit le mieux placé sur la scène internationale.
Je terminerai sur cette dernière réflexion: je suis certain que tous les députés de la Chambre conviendront que le Comité spécial sur les relations sino-canadiennes serait plus important qu'un comité spécial sur les relations canado-américaines. Les Canadiens ne méritent rien de moins.
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Madame la Présidente, nous sommes ici aujourd'hui pour parler de la création d'un comité spécial de la Chambre des communes, qui se pencherait sur tous les aspects de la relation économique entre le Canada et les États-Unis.
Pourquoi créer un comité spécial? Il y a deux raisons principales. D'abord, nous avons besoin d'une tribune pour examiner tous les aspects de cette relation économique. Les comités de la Chambre des communes ont tendance à se concentrer sur certains aspects d'une question comme les finances, le commerce international ou les affaires étrangères. Il faut pouvoir étudier toutes ces choses au sein d'un seul comité, et c'est pourquoi nous avons besoin de ce comité spécial de la Chambre des communes sur la relation économique entre les deux pays. Une relation économique englobe tous ces aspects.
Ensuite, les parlementaires ont sans contredit un rôle à jouer dans ce débat de société. Nous avons constaté des difficultés de plus en plus grandes, et le gouvernement affirme que les comités de la Chambre des communes n'ont pas de rôle à jouer. Or, les comités de la Chambre des communes travaillent avec les Canadiens pour débattre de questions difficiles et les étudier en vue de présenter des recommandations au gouvernement et à la population.
Pourquoi le faire maintenant? Nous nous trouvons à un point de bascule. Nous avons été témoins d’un changement fondamental dans l’équilibre des pouvoirs au sein de l’économie mondiale. Nous voyons des pays utiliser le commerce comme une arme pour obtenir un avantage stratégique politique, économique et national. En parallèle, au cours des 20 dernières années, nous avons assisté à une augmentation considérable des dépenses de consommation, de la croissance du PIB et des cours sur les marchés boursiers. Par contre, nous n’avons vu ni aux États-Unis ni au Canada un avantage économique important pour les particuliers canadiens et américains, et c’était avant la COVID.
Nous devons maintenant agir de toute urgence. Cette marée montante n’a pas soulevé tous les bateaux. Nous devons comprendre pourquoi et nous devons être proactifs pour déterminer comment nous allons assurer la santé et la prospérité des Canadiens. Il ne fait aucun doute que nous n’y parviendrons pas sans notre plus important partenaire commercial et notre allié dans les domaines de la défense et de la sécurité et, dans bien des cas, notre plus grand ami: les États-Unis.
Nos échanges commerciaux s'élèvent à 1,5 milliard de dollars par jour. Toutes sortes de personnes et de biens traversent la frontière dans les deux sens. Nous avons des chaînes d’approvisionnement intégrées. Nous avons besoin de ce comité pour comprendre la situation économique de nos deux pays et déterminer quels doivent être les fondements de notre relation économique.
Le monde n’est plus tel qu’il était dans les années 1980, lorsque nous avons mis en œuvre l’ALENA pour la première fois. Nos deux économies ont considérablement changé. De 1999 à 2015, les États-Unis ont perdu plus de 5 millions d’emplois dans le secteur manufacturier. Le Canada en a perdu plus de 600 000, soit plus de 25 % de notre main-d’œuvre industrielle. Au Canada, à peine deux travailleurs sur 10 sont employés dans la fabrication de biens et, au cours des 18 dernières années, il n’y a pas eu une seule augmentation nette des emplois dans les secteurs des biens.
Dans nos deux économies, la classe moyenne se rétrécit considérablement. En 1980 aux États-Unis, 60 % du revenu national provenait de la classe moyenne. Malheureusement, ce chiffre se situe aujourd’hui à 40 %. Tous les quatre ans, une personne sur cinq de la classe moyenne tombe dans les rangs des travailleurs pauvres, et le mouvement inverse est de plus en plus difficile. Les salaires stagnent; l’économie des petits boulots rend le travail plus précaire; les prix continuent d’augmenter et l’endettement des étudiants est un fardeau plus lourd que pour toute autre génération. De 1990 à 2015, 80 % des Canadiens ont vu leurs revenus augmenter peu, voire pas du tout, et c’était avant la COVID.
Nous observons une tendance aux États-Unis qui s’est amorcée bien avant l’arrivée du président Trump et qui pourrait bien se maintenir sous la nouvelle administration. Nous devons comprendre ce qu’il en est et planifier activement pour en tenir compte, l’atténuer et travailler mutuellement à une solution gagnant-gagnant pour les Canadiens et les Américains.
Ce que nous entendons, c'est que le système commercial mondial est universellement injuste pour les travailleurs américains. Aux États-Unis, certains réclament un retour en arrière, à l’époque où les biens vendus aux États-Unis étaient fabriqués aux États-Unis. Il y a aussi de nouvelles pressions en faveur de la mondialisation, qui semble n’être ni inévitable ni souhaitable, et s’il est vrai que les actes sont plus éloquents que les mots, plusieurs exemples illustrent cette tendance.
Par exemple, l’ALENA renégocié, rebaptisé Accord Canada-États-Unis-Mexique ou ACEUM, n’est pas un accord de libre-échange, mais plutôt un accord de commerce géré, assorti de conditions qui restreignent davantage la participation du Canada au marché nord-américain. Il accorde aux agriculteurs des États-Unis un accès accru au marché canadien tout en éliminant des dispositions réglementaires et en favorisant les États-Unis. De plus, il limite la croissance du secteur de l’automobile canadien et augmente les coûts de production au Canada, ce qui compromet notre compétitivité. C’est un accord qui diminue la souveraineté du Canada, car il ne s’agit pas d’un simple accord de libre-échange. Par surcroît, certaines dispositions imposent des conditions quant à la capacité du Canada de conclure d’autres accords commerciaux et limitent notre indépendance en matière de politique monétaire.
Par ailleurs, les États-Unis ont procédé à une réforme massive de leur fiscalité. Les impôts des sociétés ont été considérablement réduits et des mesures ont été prises pour encourager les entreprises américaines à rapatrier leurs activités de fabrication aux États-Unis. Nous avons assisté à l’imposition de tarifs punitifs sur l’acier et l’aluminium sous le couvert de la sécurité nationale, et de nouveaux protocoles ont été mis en place pour faciliter l’imposition éventuelle de nouveaux tarifs. Nous assistons également à la création d’obstacles non tarifaires au commerce de la part des États-Unis: la Commission du commerce international des États-Unis est en train d’examiner la sûreté et la sécurité des bleuets, des fraises et des poivrons rouges que le Canada exporte vers les États-Unis. Après 21 jours d’examen, les États-Unis pourraient imposer des tarifs sur ces produits. Or, il s’agit d’un marché d’exportation d'une valeur de 750 millions de dollars qui touche plus de 8 300 agriculteurs canadiens et leurs familles et des milliers d’emplois également.
Il ne fait aucun doute qu’à la base, les relations économiques sont des relations comme celles entre les personnes et qu'aucun aspect d’une relation internationale ne peut être pris isolément. En plus d’être économique, la relation entre le Canada et les États-Unis est fondée sur la défense et la sécurité, sur des valeurs et des idées et sur une vision du monde. Elle change et évolue rapidement. Le Canada ne peut se permettre de faire preuve de complaisance et de tenir pour acquis, ou de supposer, que les conditions qui existaient au cours des 20 dernières années resteront les mêmes.
Nous devons nous adapter. Nous devons avoir le courage d'examiner notre situation et de comprendre exactement ce qu'il faut faire afin de créer pour nous, et pour les États-Unis, une situation avantageuse pour l’avenir. Nous avons besoin d’un comité spécial de la Chambre des communes pour comprendre notre situation économique, nos règles et cadres réglementaires, notre fiscalité et tout le reste afin de pouvoir aussi nous pencher sur la sécurité et la prospérité sur laquelle nous comptons dans cette relation des plus importantes.
La sécurité et la prospérité du Canada dépendent de cette relation. Les avantages que nous pouvons en tirer, de concert avec nos amis et alliés, seront sans précédent. J’espère que mes collègues se joindront à moi pour appuyer la motion dont nous sommes saisis, afin de créer le comité, de nous mettre au travail le plus rapidement possible pour placer le Canada dans une position sûre…