La Chambre reprend l'étude, interrompue le 8 décembre 2020, de la motion portant que le projet de loi , soit lu pour la deuxième fois et renvoyé à un comité.
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Madame la Présidente, je me réjouis de vous voir occuper le fauteuil de nouveau. J'espère vous retrouver à Ottawa très bientôt.
C'est un honneur de prendre part au débat d'aujourd'hui sur le projet de loi , qui porte sur une stratégie nationale visant à remédier au racisme environnemental.
La préservation de notre environnement naturel est l'un des enjeux les plus importants de notre époque puisqu'il s'agit de créer une société plus juste et de soutenir les Canadiens de tous les horizons, quelle que soit leur origine ethnique.
Les habitants de Kenora connaissent très bien l'importance de l'environnement. Dans le Nord de l'Ontario, la chasse, la pêche et plus généralement l'écotourisme font partie de notre mode de vie et constituent un moteur important de notre économie. Nous comprenons à quel point il est crucial de disposer d'un air pur, d'une eau propre et d'un environnement naturel plein de vitalité maintenant, mais aussi de les préserver pour les générations futures.
Hélas, nous avons également été témoins des échecs des divers gouvernements et de leurs conséquences néfastes sur l'environnement ainsi que sur la santé et le bien-être des personnes racisées.
Après avoir été élu en 2019, je me suis servi de ma première intervention à la Chambre pour soulever le problème de l'empoisonnement au mercure dans la Première Nation de Grassy Narrows. Depuis des décennies, les membres de cette nation ainsi que de la nation de Whitedog, dans ma circonscription, souffrent des effets d'un empoisonnement au mercure, tels que faiblesse musculaire, troubles cognitifs, déficience visuelle ou auditive et trouble de la parole. Ce n'est que l'an dernier que le gouvernement a finalement signé une entente pour la création d'un centre de traitement dans la région.
Les réseaux hydrographiques de ces deux collectivités ont été contaminés par le déversement, dans les années 1960 et 1970, de déchets toxiques dans les rivières English et Wabigoon. En 2016, un rapport d'étude a révélé que, à Grassy Narrows en particulier, les poissons présentaient toujours le niveau de contamination au mercure le plus élevé de l'Ontario. C'est peut-être le meilleur exemple de racisme environnemental au Canada, et le gouvernement a laissé la situation perdurer pendant cinq ans sous sa supervision sans intervenir.
Bien entendu, nous nous souvenons également des remarques suffisantes et condescendantes du envers les manifestants qui ont dénoncé cette injustice à une activité de financement du Parti libéral en 2019. Il a remercié ces personnes de leurs dons sans même tenter de discuter des problèmes concrets et urgents qu'elles espéraient porter à son attention.
Il est malheureux et inimaginable d'avoir seulement accès à de l'eau contaminée ou autrement insalubre, et pourtant, c'est la réalité de nombreuses Premières Nations au Canada.
Le 1er mars dernier, le Globe and Mail rapportait que 39 Premières Nations font l'objet d'un avis prolongé de faire bouillir l'eau. Plusieurs d'entre elles n'ont pas d'eau potable depuis plus d'une décennie. Le mois dernier, la Première Nation de Neskantaga, qui se trouve aussi dans ma circonscription, a marqué sa 26e année sous le coup d'un avis de faire bouillir l'eau. Bien sûr, les députés se rappellent peut-être que, l'année dernière, les habitants de cette communauté ont dû être évacués parce que leur réseau d'alimentation en eau était tombé en panne.
Le gouvernement libéral a promis que tous les avis prolongés de faire bouillir l'eau prendraient fin en mars de cette année. Bien entendu, nous sommes en mars maintenant et nous savons que le gouvernement est bien loin d'atteindre cet objectif. De plus, il n'a même pas fixé de nouvelle date pour indiquer quand il espère atteindre cet objectif. Le gouvernement a imputé son manque de progrès dans ce dossier à la pandémie, mais, bien franchement, cette excuse ne tient pas la route. Nous savons qu'il était en voie de rater son objectif bien avant que la pandémie de COVID-19 frappe. Nous savons aussi que de nombreuses communautés autochtones ont fait preuve d'une diligence incroyable pour lutter contre la COVID-19 et qu'elles ont néanmoins réussi à trouver des façons d'accomplir des travaux essentiels dans les réserves tout en protégeant la santé et la sécurité de leurs habitants.
De nombreux Autochtones au Canada, voire tous les Canadiens voient ce retard pour ce qu'il est: c'est le gouvernement qui met une fois de plus leurs besoins au second plan.
Je crains vraiment que la poursuite des échecs du passé nous empêche de garantir un avenir plus prospère. Si le gouvernement prend au sérieux la question du racisme environnemental, je lui suggère d'accorder nettement plus d'importance au dossier de l'eau potable dans les Premières Nations dans l'ensemble du pays.
Nous savons également que de nombreux Autochtones, particulièrement ceux des communautés éloignées et nordiques, comme celles de ma circonscription, seront touchés de manière disproportionnée par les changements climatiques, et il incombera aux circonscriptions comme la mienne de relever beaucoup des défis qui se présenteront. Les communautés autochtones éloignées sont confrontées à des défis uniques. Certains de ces défis sont liés à leur emplacement géographique, certes, mais beaucoup d'autres sont aggravés par un sous-financement chronique, des lois discriminatoires et de la négligence environnementale.
Au cours des dernières années, des résidants de communautés comme Bearskin Lake et Fort Hope, dans Kenora, ont dû être évacués en raison d'inondations et d'incendies. Ces phénomènes extrêmes sont normaux dans ma région, mais leur fréquence et leur gravité ne cessent d'augmenter depuis quelques années.
Des résidants de communautés éloignées dans Kenora me parlent souvent de leurs préoccupations liées aux routes de glace, qui constituent leur principale voie de transport pour se procurer des articles essentiels. Des saisons hivernales plus courtes et plus douces, comme celle que nous avons connue l'année dernière, rendent ces réseaux routiers plus difficiles à emprunter, ce qui empêche de nombreuses communautés du Nord d'avoir accès à des ressources vitales. Les habitants de ces communautés sont résilients, mais leurs possibilités sont souvent limitées en raison d'un manque d'infrastructures.
La pénurie de logements, le manque de transports et l'accès limité aux biens et services ont tous des conséquences négatives sur la santé, l'alimentation, la sécurité financière et les interventions d'urgence dans le Nord. Ces enjeux ne pourront qu'empirer à mesure que les changements climatiques et les tendances météorologiques deviendront encore plus imprévisibles.
Les communautés autochtones soulèvent ces questions depuis des années, et depuis que je suis élu, je lutte pour gagner des appuis à cet égard. Cependant, l'immobilisme du gouvernement s'est avéré décourageant. Pratiquement rien n'a été fait pour résoudre les enjeux auxquels les communautés éloignées sont confrontées à l'heure actuelle, et encore moins pour les préparer aux conséquences des changements climatiques.
Je reconnais les enjeux majeurs et bien réels que la députée de tente de résoudre avec cette proposition. Cependant, il nous faut encore répondre à beaucoup de questions. Comment préparerons-nous les communautés éloignées à réagir aux catastrophes naturelles si leur fréquence continue d'augmenter? Comment aiderons-nous les chasseurs et les pêcheurs à conserver leur mode de vie traditionnel alors que la glace s'amincit et que le comportement de la faune se modifie? Comment ferons-nous en sorte que les collectivités qui comptent sur les routes de glace ne soient pas coupées du reste du pays alors que les températures augmentent et que les hivers raccourcissent? Comment nous assurerons-nous que les maisons et les installations dans ces régions puissent résister au mauvais temps alors que les bâtiments actuels sont déjà en très mauvais état?
Ces questions doivent trouver réponse, et pour être bien honnête, le temps commence à presser.
Nous pouvons, nous devons faire le nécessaire pour éviter les effets les plus dévastateurs des changements climatiques. Nous pouvons investir dans les nouvelles technologies. Nous pouvons inciter les entreprises à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre. Nous pouvons soutenir les Canadiens qui veulent intégrer le développement durable à leur quotidien. Nous pouvons aussi miser sur les gestes de rupture pour combattre les crises climatiques de notre époque, comme l'a fait l'ex-premier ministre Mulroney à la sienne avec les pluies acides.
Nous devons aussi penser aux personnes qui subissent déjà les contrecoups de la dégradation de l'environnement. Or, je ne pense pas que les Canadiens puissent faire confiance au gouvernement libéral pour ce faire, car jusqu'à présent, on peut dire des libéraux que ce sont de grands parleurs, mais de petits faiseurs. Le s'est engagé à protéger l'environnement, à réduire les émissions de gaz à effet de serre et à approvisionner les communautés autochtones en eau potable, mais depuis qu'il est aux commandes, les émissions ont augmenté, de nombreux habitats essentiels ont disparu et les Autochtones ont toujours des problèmes d'accès aux services publics.
Comment croire le gouvernement, quand son bilan environnemental est un échec et qu'il n'a donné suite à aucune de ses grandes promesses? Il a eu plus de cinq ans pour s'attaquer à ces problèmes au moyen de lois efficaces et de mesures concrètes, mais il n'en a rien fait. Par son incurie, il a creusé les inégalités, il a fait augmenter l'insécurité alimentaire et il condamne les Autochtones à vivre leur vie en mauvaise santé. Nous devons faire mieux que cela, et c'est pourquoi les conservateurs du Canada vont demeurer les porte-étendard de tous ceux et celles qui ont le plus pâti des fiascos à long terme des libéraux.
Je vais m'arrêter ici. Ce fut un plaisir de participer à la discussion d'aujourd'hui.
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Madame la Présidente, c'est toujours un plaisir de prendre la parole au nom du Bloc québécois et des citoyens et des citoyennes d'Avignon—La Mitis—Matane—Matapédia, et particulièrement pour parler d'environnement.
D'abord, je veux remercier ma collègue de de son travail et du dépôt de son projet de loi. Je veux qu'elle sache que le Bloc québécois a de grandes ambitions en matière environnementale. Nous accueillons favorablement les projets de loi qui se penchent sur la question.
Avec son projet de loi, elle touche une question particulièrement intéressante, un concept peu connu jusqu'à maintenant: le racisme environnemental. J'ai moi-même dû lire sur cette idée avant d'en parler et je dois dire que j'ai beaucoup appris. Je pense qu'il est important de revenir sur la signification de ce concept.
Le racisme environnemental est un concept militant pour un phénomène néanmoins réel. Il se situe dans le contexte plus large des mouvements pour la justice environnementale, qui est originaire des États-Unis. Il repose sur le lien entre le plan social, dont les critères de classe, de genre ou de race, et la nature.
La Fondation canadienne des relations raciales définit le racisme environnemental ainsi:
Terme qui fait référence au racisme systémique, c'est-à-dire à toute politique, pratique ou directive liée à l'environnement et qui touche différemment ou défavorise (intentionnellement ou non) des individus, des groupes ou des communautés en raison de leur race ou de leur couleur. Les gens de couleur, les groupes autochtones, les gens de la classe ouvrière et les personnes à faible revenu se trouvent exposés de manière disproportionnée aux dangers environnementaux et aux risques que présentent des substances industrielles toxiques, l'air pollué, l'eau insalubre, les conditions de travail nuisibles à la santé et l'emplacement d'installations dangereuses et toxiques, telles que des incinérateurs et des décharges de déchets toxiques.
Selon cette définition, le concept de racisme environnemental serait intrinsèquement lié à celui de racisme systémique. En même temps, il ne serait pas exclusivement lié aux minorités puisqu'il s'étend à des critères de vulnérabilité plus variés. Ainsi, est-il justifié de parler exclusivement de racisme?
Il ne fait aucun doute qu'il est pertinent d'ajouter des facteurs environnementaux aux déterminants sociaux de la santé. À la base, il semble y avoir un flou avec la définition même du concept de racisme environnemental. Sans définition claire d'un concept, cela devient difficile à mon avis d'élaborer une politique publique.
De façon plus pragmatique, le fait que ce concept soit rattaché à une vaste gamme de phénomènes sociaux pose un réel défi quant à l'élaboration d'une politique publique. Selon cette vision particulière de la justice environnementale, les politiques doivent s'adapter de façon continue à la variété des situations vécues.
Le concept de racisme environnemental a été popularisé au Canada par la professeure de l'Université Dalhousie Ingrid Waldron. Selon elle, chaque communauté vit ses enjeux de façon unique, ce qui pose des défis à l'action concertée en matière de justice sociale, économique, politique et environnementale.
C'est une chose pour les mouvements sociaux d'adapter leurs luttes politiques selon les réalités du terrain. On n'a qu'à penser à l'opposition à des projets d'oléoducs comme Énergie Est ou au gazoduc Coastal Gaslink.
Or, le défi est tout autre pour les législateurs et les législatrices qui doivent élaborer des lois qui servent la justice et qui doivent s'appliquer à tous les citoyens. Une bonne politique est une politique universelle qui est au service du bien commun et qui s'adresse à l'ensemble de la population. Les politiques publiques à vocation universelle ont justement pour effet de démanteler les structures inégalitaires et les pratiques discriminatoires. C'est ce que l'on semble vouloir viser avec le projet de loi , mais ce n'est pas ce qui en résultera.
Que ce soit au Québec, en France, ou ailleurs, les politiques sociales qui ont le mieux servi l'avancement des droits, la protection sociale et le recul des inégalités sont les politiques universelles qui s'adressent à tous. Je tiens à rappeler que le Bloc québécois croit foncièrement en ce principe d'universalité qui sous-entend la poursuite du bien-être économique et social de l'ensemble des membres de la société.
La meilleure façon pour l'État de ne pas discriminer selon les différences, c'est de se rendre lui-même aveugle aux différences. Si nous instituons de nouvelles politiques fondées sur de nouveaux droits, tel que le droit à un environnement de qualité, tous devraient en jouir. Si la politique est bien pensée, ce seront ceux qui subissent le plus les injustices qui recevront l'aide et le soutien de l'État. Si la jouissance des droits et les critères pour bénéficier de la protection et du soutien de l'État sont universels, alors la politique aura pour effet d'éliminer les inégalités fondées sur les différences. Malheureusement, le projet de loi ne permettra pas de répondre à ces critères d'universalité.
On constate un deuxième problème avec ce projet de loi. C'est qu'il attaque de front la souveraineté environnementale du Québec. Un exemple assez frappant est que, parmi les mesures incluses dans ce projet de loi, on peut lire: « évaluer l’exécution et le contrôle d’application des lois environnementales dans chaque province ». Autrement dit, l'État fédéral ne se contenterait plus de ne pas respecter les lois environnementales québécoises, il se donnerait le droit d'évaluer l'exécution et le contrôle des lois environnementales au Québec et dans chaque province. Le Bloc québécois ne peut malheureusement pas accepter une telle mesure. Le territoire québécois appartient au Québec et il appartient à l'État québécois de le protéger.
Le projet de loi désigne le ministre de l'Environnement comme responsable de la stratégie nationale. Le choix du ministre responsable n'est pas fondamentalement un problème, mais nous devons considérer d'abord le caractère intersectoriel que soulève la question du racisme environnemental, et qui exige une approche horizontale mobilisant plusieurs ministères. Par exemple, l'environnement est une compétence partagée, et la politique sociale n'est pas la responsabilité du gouvernement fédéral.
Ensuite, qui nous dit que le gouvernement fédéral a la compétence constitutionnelle de mettre en œuvre les mesures prévues par ce projet de loi?
Le fait que le fédéral veuille consulter les autres paliers gouvernementaux n'est pas une condition suffisante pour justifier, dans le cadre du fédéralisme canadien, l'intrusion par ce même gouvernement dans les champs de compétence du Québec et des autres provinces. Le fédéral peut légiférer en matière d'environnement, mais il doit respecter ses champs de compétence.
Or le sujet à l'étude dans le projet de loi ne concerne pas les pêcheries ni la navigation des navires et n'est pas exclusif à la propriété publique fédérale. Le projet de loi ne fait aucune référence à quelques matières d'ordre criminel, et il ne prévoit pas l'obligation d'adopter des mécanismes en matière d'environnement, en coordination avec les gouvernements provinciaux.
Évidemment, dois-je rappeler que, selon nous, l'article voulant que le fédéral évalue l'exécution et le contrôle d'application des lois environnementales au Québec est inacceptable?
Le gouvernement fédéral a beaucoup de chemin à faire pour enfin respecter la souveraineté environnementale du Québec. Qu'il commence par s'occuper de ses responsabilités environnementales, comme c'est le cas avec la gestion des matières dangereuses. Les pratiques du fédéral en matière de gestion des déchets radioactifs sont particulièrement discutables.
En vertu de la Loi constitutionnelle de 1867, le Parlement fédéral a usé du pouvoir déclaratoire afin d'affirmer sa compétence relative à l'énergie nucléaire. Qu'il assume sa décision et qu'il prenne ses responsabilités en s'assurant qu'aucun être humain, au Québec ou au Canada, ne soit exposé aux dangers des déchets nucléaires. Pour le reste, comme je l'ai dit d'entrée de jeu, le territoire québécois appartient au Québec et il appartient à l'État québécois de le protéger.
Si le gouvernement en place veut réellement lutter à la fois contre les changements climatiques et les inégalités sociales, il n'a pas besoin du projet de loi C-230 pour le faire. Il n'a pas besoin d'évoquer le racisme environnemental.
Les preuves scientifiques existent déjà pour démontrer que ce sont les gens les plus vulnérables, les plus défavorisés et vivant dans les quartiers les plus pauvres qui souffrent le plus directement de la crise environnementale. Oui, les minorités culturelles et les immigrants sont surreprésentés dans ces quartiers. Oui, les Autochtones sont parmi les personnes les plus durement touchées. Les données sont là. Ce qu'il faut maintenant, c'est une volonté politique.
Depuis plus de 30 ans, on sait que les changements climatiques ont des conséquences sur notre santé physique et mentale. Les désastres naturels, les vagues de chaleur, les inondations, la qualité de l'eau qui s'est détériorée, la qualité et la quantité de la nourriture diminuent et l'apparition ou le développement d'une nouvelle pathologie sont tous des facteurs qui jouent sur la santé humaine. Non seulement ces phénomènes s'accentuent, mais ils peuvent également apparaître simultanément. Que se passe-t-il dans ce cas? Les risques pour la santé sont décuplés et la vie des gens vulnérables est menacée.
On peut s'imaginer que les conséquences pour la santé, liées aux changements climatiques, se font sentir ailleurs, loin de chez nous. C'est se mettre la tête dans le sable. Le Québec et le Canada vivent déjà les conséquences des changements climatiques.
Rappelons-nous les vagues de chaleur de 2018. Il y a eu 66 décès attribués à cette vague de chaleur dans la région de Montréal. La carte qui nous montre les endroits où ont eu lieu ces décès nous rappelle le poids des inégalités sociales en matière de santé, car ce sont dans les quartiers les plus défavorisés que l'on a constaté le plus grand nombre de morts.
On peut ajouter d'autres exemples locaux, comme la précarité sanitaire des communautés autochtones qui s'accélère. La montée des eaux et les modifications des saisons entraînent, pour elles, une série de nouveaux problèmes de santé mentale ou d'insuffisance alimentaire.
Les problèmes ne s'arrêtent pas là.
Si nous continuons à nourrir les changements climatiques par nos émissions polluantes, la santé de tout le monde sera compromise. Le Canada est déjà frappé par des événements associés aux changements climatiques, comme les vagues de chaleur, les incendies de forêt et les inondations. Ils gagneront certainement en fréquence au cours des prochaines années. Les risques des changements climatiques pour la santé incluent les maladies causées par la chaleur, la diminution de la qualité de l'air, causée notamment par la pollution, les sources d'eau contaminées et les infections par les insectes, les tiques et les rongeurs.
Dans la littérature, il est assez clair que les plus démunis de notre société, ce qui comprend une grande part d'Autochtones, de gens racisés et d'immigrants, seront aussi les plus touchés par les conséquences des changements climatiques.
C'est à nous, décideurs politiques, d'en prendre conscience et de cesser de tergiverser sur la nécessité de réduire maintenant nos émissions de gaz à effet de serre. Sinon, nous contribuerons à mettre à risque la santé des populations d'aujourd'hui et de demain.
C'est pourquoi la position du Bloc québécois n'est pas motivée par une opposition à la volonté exprimée dans le projet de loi C-230 de régler un problème social réel, mais bien par la capacité du projet de loi à changer quoi que ce soit. Le Bloc québécois se préoccupe de la qualité de vie et de l'accès à un environnement sain pour toutes les Québécoises et tous les Québécois.
Au-delà du projet de loi C-230, les conditions de vie indignes dans lesquelles se trouvent certaines communautés de chez nous, qui n'ont pas accès à un environnement sain, sont inacceptables et les gouvernements doivent prendre leurs responsabilités à cet égard.
Les droits de la personne relatifs à l'environnement sont appelés à se développer. Ces droits, tout comme les politiques qui en découleront, devront être universels. Tous devront en jouir, sans égard à leurs différences. C'est à ce moment que nous serons dotés de puissants outils légaux pour contrer les iniquités et les discriminations, induites par des facteurs environnementaux inégalitaires tels que l'exposition à la pollution ou le fait de ne pas avoir accès à l'eau potable.
Le projet de loi C-230 ne répond malheureusement pas à cette vision.
Le Bloc québécois œuvre et milite en faveur de l'avènement d'un pays du Québec, fondé sur la reconnaissance mutuelle avec les nations autochtones et dans lequel tous les citoyens seront égaux et jouiront également des bienfaits de la justice sociale et de la justice environnementale.
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Madame la Présidente, je tiens à remercier la députée de de présenter cet important projet de loi, qui vise à remédier au racisme environnemental. Cette mesure législative prévoit l'obligation pour le d’élaborer une stratégie nationale visant à promouvoir les initiatives, dans l’ensemble du Canada, pour remédier aux préjudices causés par le racisme environnemental. J'espère vraiment que le gouvernement appuiera ce projet de loi et prendra des mesures concrètes pour mettre fin véritablement au racisme environnemental.
Comme nous le savons, partout au Canada, des décharges de matières toxiques, des projets polluants, des pipelines dangereux, des sources d'eau potable contaminées et les effets des changements climatiques nuisent de façon démesurée aux Autochtones, aux Noirs et aux communautés racialisées. Nul besoin de chercher plus loin pour constater les conséquences du passé colonialiste du Canada sur les peuples autochtones. Pourtant, même si les gouvernements qui se sont succédé ont reconnu ces injustices passées, nous n'avons vu jusqu'à maintenant que des tentatives bien timides pour corriger ces iniquités.
Selon le propre site Web du gouvernement, 58 avis sur la qualité de l'eau potable à long terme sont toujours en vigueur dans des communautés autochtones, dont 2 en Colombie-Britannique, 6 en Saskatchewan, 4 au Manitoba et 44 en Ontario. Je tiens à souligner que ces conditions prévalent depuis des années, voire des décennies, dans bon nombre de ces communautés. Les services de santé environnementale et publique de la Régie de la santé des Premières Nations rappellent que deux types d'avis sont en vigueur dans les communautés autochtones du Canada, soit les avis de faire bouillir l'eau et les avis de ne pas la boire.
Des avis « de ne pas consommer » l'eau sont émis lorsqu'un contaminant, comme un produit chimique, qu'il n'est pas possible d'éliminer en faisant bouillir l'eau est détecté dans le réseau d'aqueduc d'une collectivité. L'eau ne doit pas être bue ou être utilisée pour se brosser les dents, cuisiner, laver des fruits et des légumes, préparer du lait maternisé ou d'autres boissons, faire des soupes et des glaçons, donner un bain aux nourrissons et aux jeunes enfants ou abreuver des animaux domestiques.
Des avis « de ne pas utiliser » l'eau sont émis lorsqu'un contaminant qu'il n'est pas possible d'éliminer en faisant bouillir l'eau est détecté dans le réseau d'aqueduc et que la consommation de l'eau pose un risque pour la santé. L'exposition à l'eau en prenant un bain peut irriter la peau, les yeux et le nez. Dans quel univers une telle situation est-elle acceptable?
Derrière chaque communauté, on trouve des gens bien réels: des enfants, des aînés et des personnes handicapées. Ils sont comme chacun d'entre nous. L'eau, c'est la vie. Pourtant, ils n'ont pas un accès de base à l'eau potable, qui est essentielle au maintien de la vie.
Voilà la situation actuelle dans les communautés autochtones. C'est à cela que ressemble le racisme environnemental. En tant qu'alliée des peuples autochtones, j'ai participé à d'innombrables manifestations et rassemblements menés par des Autochtones, qui sont les premiers habitants du pays et les protecteurs de la Terre mère, de l'eau et des terres. Ils ont exigé que le gouvernement rende des comptes. Nous avons protesté contre la participation active et continue du Canada à la dépossession des terres et à l'exploitation des ressources sur leurs territoires.
Il suffit de regarder ce qui se passe avec le projet d'expansion de l'oléoduc Trans Mountain. Le a fait fi des voix des Autochtones, des aînés et des protecteurs des terres. Il n'a pas tenu compte des données scientifiques sur l'urgence climatique, il a fait accepter l'oléoduc Trans Mountain et il est allé de l'avant avec le projet d'expansion.
Le est complètement aveugle à sa propre hypocrisie. Il ne peut pas se prétendre écologiste puis acheter un oléoduc. Des milliers de personnes se sont alliées aux communautés autochtones qui s'opposent au projet d'expansion. Certaines ont été arrêtées pour s'être battues pour la protection de l'environnement. Des postes de surveillance ont été mis en place pour suivre l'évolution de la situation, et les gens sont là, même lorsqu'il pleut ou il neige. Les défenseurs des terres continuent de descendre dans la rue pour protester contre le projet d'expansion de l'oléoduc Trans Mountain. Nous devons cesser de gaspiller des milliards de dollars pour ce projet et pour les subventions aux combustibles fossiles.
Le directeur parlementaire du budget a analysé l'oléoduc Trans Mountain et dans tous les scénarios qu'il a modélisés, il n'y a presque aucune chance que celui-ci soit rentable. Cela contredit l'affirmation des libéraux selon laquelle l'oléoduc est nécessaire pour financer les investissements dans l'énergie verte.
D'après une évaluation indépendante du projet menée par la nation Tsleil-Waututh, la probabilité d'un déversement dans les eaux au cours des 50 prochaines années se situerait entre 79 % et 87 % si le projet était réalisé. Selon le pire des scénarios, on évalue à 29 % la probabilité que le déversement soit supérieur à 100 000 barils. Les risques sont réels. Il ne s'agit pas de savoir s'il y aura un déversement, mais quand il se produira. Voilà exactement pourquoi la nation de Tsleil-Waututh et d'autres nations autochtones n'ont pas donné au projet leur consentement préalable, donné librement et en connaissance de cause.
Le achète l'oléoduc Trans Mountain et va de l'avant avec son expansion, ce qui est une violation flagrante de la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones. Et tant pis pour la plus importante relation du . Je ne plaisante pas. Le jour où le gouvernement a annoncé qu'il faisait l'acquisition de l'oléoduc Trans Mountain, le projet comportait de nouvelles violations en matière d'environnement.
En vérité, la discrimination systémique est enchâssée dans notre processus d'élaboration des politiques environnementales. On fait souvent preuve de laisser-aller dans l'application des lois et des règlements environnementaux. En fait, récemment, on a constaté qu'il y avait eu des manquements répétés aux protocoles relatifs à la COVID-19 sur le site. Selon le Burnaby Now, un rapport de la Régie de l'énergie du Canada fait état de « non-conformités systémiques » dans le projet d'expansion de l'oléoduc Trans Mountain.
Le processus décisionnel en matière d'environnement au Canada exclut les Autochtones, les Noirs et les communautés racisées. On peut en avoir l'assurance, il s'agit là d'injustice environnementale.
Il y a d'autres exemples de racisme environnemental au Canada, y compris les terribles empoisonnements au mercure survenus à Grassy Narrows. Outre les effrayants effets sur la santé des empoisonnements au mercure et les cancers causés par les déchets toxiques, le niveau élevé de contamination a forcé la communauté à mettre fin à la pêche commerciale et sportive, alors qu'il s'agissait de l'un des derniers moyens traditionnels à sa disposition pour assurer sa subsistance économique; le gouvernement de l'Ontario, quant à lui, a continué d'affirmer que les poissons empoisonnés pouvaient être mangés.
Dans les régions urbaines, 25 % des quartiers les plus défavorisés du point de vue socioéconomique se trouvent à moins d'un kilomètre d'une installation industrielle polluante majeure, comparativement à seulement 7 % dans le cas des quartiers les plus riches. Cela entraîne un risque accru d'hospitalisation pour des maladies respiratoires et cardiovasculaires.
Dans Vancouver-Est, le quartier East Village se bat depuis des années contre les odeurs qui émanent de l'usine de transformation de la volaille dans le secteur. La collectivité a appris que West Coast Reduction souhaitait pouvoir accroître ses émissions d'ammoniac, d'oxyde d'azote et d'oxydes de soufre. Avec raison, les gens de ma circonscription s'inquiètent de cette possibilité.
J'ai parlé de la situation aux autorités de la région métropolitaine de Vancouver, qui sont responsables de la réglementation relative à la qualité de l'air dans la région. La conseillère municipale Adriane Carr est présidente du comité de la région métropolitaine de Vancouver chargé de la qualité de l'air et elle a indiqué que le comité étudiera le point de vue des parties concernées jusqu'à ce qu'une décision soit prise quant à la délivrance du permis.
Dans un autre secteur de ma circonscription, des membres de la collectivité sont préoccupés par les activités au port. Ils s'inquiètent notamment du bien-être d'un marais du parc Crab qui abrite de nombreux oiseaux. Ils craignent que la clôture de sécurité du port de Vancouver, qui a été érigée autour du parc de stationnement vide de quatre acres attenant au parc Crab, ait une incidence négative pour les oiseaux du marais. Ils soulignent d'ailleurs que l'on peut observer 26 espèces de sauvagines dans le bras de mer Burrard.
Le parc Crab est un espace sacré pour les gens de Downtown Eastside. Ils se sont beaucoup battus pour ce parc. Il va donc de soi qu'ils veulent le protéger. Ils réclament également un pavillon de ressourcement au parc Crab pour soutenir les membres de notre communauté afin qu'ils puissent accéder à un endroit sûr, un lieu de ressourcement, surtout étant donné tout le stress et les traumatismes engendrés par la crise de l'itinérance, la crise des opioïdes et la pandémie.
En 2019, Baskut Tuncak, rapporteur spécial des Nations unies sur les droits de l'homme et les substances toxiques ou dangereuses, a écrit: « J'ai observé une tendance répandue à l'inaction de la part du gouvernement du Canada face aux menaces pour la santé découlant de décennies d'injustices environnementales passées et présentes et aux effets cumulatifs de l'exposition des Autochtones à des substances toxiques. »
En septembre 2020, un rapport intitulé « Visite au Canada — Rapport du Rapporteur spécial sur les incidences sur les droits de l’homme de la gestion et de l’élimination écologiquement rationnelles des produits et déchets dangereux » a été soumis au Conseil des droits de l'homme. On peut y lire ceci: « [l]a pollution et l'exposition à des produits toxiques menacent le droit à la vie, à une vie dans la dignité ». Il dit aussi: « [...] la violence invisible infligée par les produits toxiques est un fardeau insidieux qui affecte de façon disproportionnée les Autochtones au Canada. » Les Canadiens ont le droit de vivre dans un environnement sain.
Les libéraux et les conservateurs ont tous deux omis de joindre le geste à la parole et, en 2019, ils ont voté contre le projet de loi néo-démocrate , Loi édictant la Charte canadienne des droits environnementaux, qui a été déposé par l'ancienne députée néo-démocrate Linda Duncan.
Au cours de la présente législature, les libéraux et les conservateurs ont aussi refusé de soutenir le projet de loi néo-démocrate , Loi concernant un cadre d’action contre l’urgence climatique, qui demande la reconnaissance du droit des Canadiens à un environnement sain et sécuritaire dans le cadre d'un engagement à respecter la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones. Le projet de loi a été déposé par ma collègue la députée de ...
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Madame la Présidente, le Bloc québécois n'est pas favorable au projet de loi parce que, bien que le Bloc québécois croit à un monde plus propre et plus juste, ce projet de loi est malheureusement une attaque frontale à la souveraineté environnementale du Québec.
Le Bloc québécois est plus que conscient qu'il y a des disparités relatives aux niveaux de vie au Québec et au Canada. Nous en sommes très préoccupés, et ce, depuis longtemps. Déjà, nos programmes politiques regorgent de propositions visant à faire du Québec un territoire plus propre et une nation plus juste.
D'ailleurs, j'ai le grand plaisir de mentionner qu'en matière de politiques environnementales et sociales, le Québec est un exemple pour le monde entier en ce qui a trait à sa façon de protéger son territoire, sa faune et sa flore et à sa façon de lutter contre les inégalités sociales.
Malgré son désaccord sur le projet de loi , le Bloc québécois est toutefois en faveur des actions gouvernementales concertées entre les nations autochtones, l'État du Québec et les autres gouvernements du Canada pour contrer les iniquités subies par nos communautés minoritaires pour ce qui est de leur rapport à l'environnement.
C'est évident qu'une part importante de la réconciliation avec les peuples autochtones passe par des initiatives communes pour un Québec et un Canada plus propres et plus justes. Les conditions de vie de certaines personnes et de certaines communautés du Québec et du Canada relativement à l'environnement sont inacceptables et les gouvernements doivent prendre leurs responsabilités à cet égard. Je pense notamment à l'accès à l'eau potable.
Je pense évidemment à nos amis des Premières Nations, les Métis et les Inuits, dont les méfaits des lois et des décisions prises par le gouvernement fédéral depuis 1867 à leur égard résonnent encore comme une honte profonde et indescriptible. Pire, les méfaits du fédéral résonnent parmi nous comme une douleur qui ne s'apaise pas.
Pour les Autochtones du Québec et du Canada, il est difficile de panser les blessures que le gouvernement du Canada leur a infligées et leur inflige encore, ce qui est tout à fait incompréhensible. D'ailleurs, la Loi sur les Indiens est toujours en vigueur.
Cependant, il y a de l'espoir, car nous œuvrons toutes et tous à une relation fondée sur la reconnaissance, le respect et la coopération. Il y a de l'espoir, car le Bloc québécois œuvre et milite en faveur de l'avènement d'un pays du Québec, fondé sur la reconnaissance mutuelle avec les nations autochtones et dans lequel tous les citoyens seront égaux et jouiront également des bienfaits de la justice sociale et environnementale.
Alors que des liens de plus en plus documentés existent entre l'augmentation des niveaux de pollution et les différentes maladies et troubles de développement, je souhaite néanmoins profiter de l'occasion pour mettre en lumière les répercussions à plus long terme que peuvent provoquer les iniquités environnementales, particulièrement pour les différentes régions du Québec. Ces répercussions existent: on n'a qu'à comparer les populations de l'ouest et de l'est de l'île de Montréal. Cette dernière plus francophone et très multiculturelle compte une espérance de vie de 10 ans moins élevée que la population de l'ouest de l'île. C'est d'une tristesse cynique.
En mettant en péril la qualité de vie et la santé des gens, on met à risque le développement et la pérennité de nos communautés. Si nous souhaitons éviter que soient mis sur pied des projets industriels risqués d'un point de vue environnemental, nous devons créer des mécanismes visant à assurer la sécurité et la santé des citoyens. Nous devons aussi être attentifs au soutien qui doit être fourni aux organismes qui luttent contre certains effets négatifs des projets industriels. Ces éléments sont de plus en plus documentés et on sait que la qualité de l'environnement a des effets sur le développement physique et cognitif des individus. On constate par exemple des statistiques plus élevées de cas de trouble envahissant du développement.
D'ailleurs, le 2 avril prochain, ce sera la Journée mondiale de sensibilisation à l'autisme. Je veux prendre un instant pour souligner le travail rigoureux et innovant de Mohamed Ghoul et de son équipe. Oui, il y a un organisme porté à bout de bras par Mohamed et Lucie Beauregard, deux personnes pour qui j'ai un immense respect. Elles travaillent très fort pour s'assurer de mieux intégrer à la société les personnes autistes, notamment au moyen de la musique. Le programme APPROSH, proposé par M. Ghoul, est un processus clinique d'intervention psychosociale pour les jeunes et les adultes qui ont des troubles du neurodéveloppement tels que l'autisme.
Depuis des années, M. Ghoul travaille afin de développer son programme de formation et de faire fonctionner la Maison-école des artistes autistes & le monde, un lieu d'accueil et de formation adaptée pour les personnes autistes. M. Ghoul a remporté des honneurs internationaux pour ses projets. Malgré cela, ces projets tombent dans les craques administratives des programmes fédéraux canadiens. Je me permets d'en faire la mention aujourd'hui, car il demeure important d'avoir une vision plus large et de penser aux effets collatéraux sur le bien-être des Québécoises et des Québécois.
Revenons au projet de loi . Afin d'établir une stratégie nationale pour remédier aux préjudices causés par ce que notre collègue députée de Cumberland—Colchester appelle le racisme environnemental, ce projet de loi prévoit que le ministre de l'Environnement consulte des représentants des gouvernements provinciaux, des administrations municipales, des collectivités autochtones et d'autres collectivités touchées, ainsi que toute autre personne ou entité touchée. L'objectif serait, entre autres, de recueillir des renseignements et des statistiques concernant l'emplacement des dangers environnementaux ainsi que les problèmes de santé dans les collectivités les plus touchées.
Jusque là, le Bloc québécois n'y voit aucun problème. Cependant, le projet de loi C-230 est problématique, puisqu'il stipule que le gouvernement du Canada évaluera l'exécution et le contrôle de l'application des lois environnementales au Québec. Nous opposons un non catégorique à cela, car, en matière d'environnement, ce sont les lois et les règlements des municipalités du Québec et de l'État du Québec qui doivent s'appliquer sur le territoire du Québec, même si l'environnement est une compétence partagée. C'est sans appel.
D'ailleurs, le Bloc québécois, par la voix de mon collègue l'honorable député de avait déposé le projet de loi Nous voulions que soit reconnue la priorité, voire la souveraineté, du gouvernement du Québec pour la protection de l'environnement sur notre territoire national, mais cela a été rejeté par les autres partis politiques.
Nous avions aussi déposé un autre projet de loi, également rejeté par une majorité des députés de ce Parlement. Ce projet de loi se voulait une réponse à un autre projet de loi sans trop d'envergure ni contrainte des libéraux qui veulent, théoriquement, qu'on se rapproche de l'atteinte de leurs propres cibles de réduction des gaz à effet de serre fixées dans l'Accord de Paris. Nous avons proposé le projet de loi , de ma collègue l'honorable députée d'. Ce projet de loi voulait donner du mordant et des moyens qui auraient permis au gouvernement libéral de respecter ses propres engagements en matière de lutte contre les changements climatiques, mais il a été rejeté.
La Chambre des communes n'a aucune leçon environnementale à donner aux Québécois, parce que les parlementaires des autres formations politiques sont incapables de passer de la parole aux actes de façon cohérente tout en respectant les compétences des provinces. Pourquoi Ottawa cherche-t-il encore à s'imposer au détriment de l'État du Québec? De plus, j'oserais dire que le Canada entache depuis longtemps la réputation exemplaire du Québec en matière d'environnement. Nous disons donc non au projet de loi C-230, surtout parce que les politiques sociales du Québec ne relèvent pas du gouvernement fédéral.
De surcroît, le Québec n'a aucune leçon à recevoir du gouvernement canadien en matière de politiques sociales. Un simple retour sur l'histoire du Québec et du Canada nous démontre rapidement à quel point le Québec s'est doté depuis longtemps de politiques sociales avant-gardistes et de grande qualité, que les gouvernements des autres provinces et territoires du Canada ont copiées. C'est tout à l'honneur du Québec et c'est toujours une fierté de voir nos amis canadiens s'ouvrir à notre façon de faire et à notre façon de construire une société plus juste.
En conclusion, il n'y a aucun doute pour le Bloc québécois que le projet de loi , ne représente qu'une nouvelle tentative d'ingérence fédérale comme celles auxquelles nous, députés bloquistes, avons l'habitude de nous opposer jour après jour dans la plupart des projets de loi proposés à la Chambre des communes. Avec le projet de loi C-230, l'État fédéral ne se contenterait plus de ne pas respecter les lois environnementales québécoises, il s'arrogerait le droit d'évaluer l'exécution et le contrôle de l'application des lois environnementales dans chaque province. L'idée de mener des consultations de concert entre les nations autochtones, Québec et Ottawa est certes une bonne intention, mais elle doit s'arrêter à de simples consultations.
Le Bloc québécois ne laissera pas le gouvernement fédéral s'ingérer dans les champs de compétence de l'État du Québec et de ses municipalités. Je rappelle à tous les députés de ce Parlement que le territoire québécois appartient au Québec et qu'il appartient à l'État québécois, ainsi qu'à ses citoyennes et à ses citoyens, de le protéger comme bon leur semble. Encore une fois, le projet de loi C-230 prouve de façon évidente qu'un gouvernement fédéral visant la centralisation des pouvoirs n'a aucun respect pour la souveraineté et les compétences du Québec. Un petit rappel est de mise, qu'il n'est pas trop de répéter encore et toujours, puisque le gouvernement fédéral ne semble pas vouloir l'entendre: c'est à l'État du Québec de veiller à l'exécution de ses propres lois. C'est tout.
Je terminerai sur une petite note éditoriale. Un sondage a été présenté ce matin qui illustre bien comment le fédéral veut imposer un corridor énergétique, celui du projet Gazoduq, qui passerait sur le territoire de l'Abitibi-Témiscamingue. Après avoir voulu faire passer le pétrole de l'Ouest canadien par le territoire du Québec, son projet d'Énergie-Est a été rejeté. Il essaie donc de le déplacer ailleurs, au sein d'une population qu'on dit peut-être plus vulnérable et moins intéressée, dans le Nord-du-Québec, en Abitibi-Témiscamingue, chez nous. Or, la population du Québec rejette ce projet-là et j'aimerais que la Chambre en prenne acte.
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Madame la Présidente, au cours de l'histoire de notre pays, les projets polluants se sont trouvés de façon disproportionnée dans des zones à proximité de communautés autochtones ou racialisées, ce qui a entraîné des répercussions accrues sur la santé de ces populations. C'est une réalité que nous devons reconnaître, en tant que Canadiens, pour devenir une société plus équitable. Je remercie ma collègue de d'avoir présenté le projet de loi , Loi concernant l’élaboration d’une stratégie nationale visant à remédier au racisme environnemental. Elle a défendu des mesures législatives semblables à titre de députée provinciale de la Nouvelle-Écosse.
Le racisme environnemental se caractérise par une exposition disproportionnée des communautés de couleur à la pollution et à ses effets sur la santé et l'environnement, ainsi que par des mesures inégales assurant la protection et la qualité de l'environnement au moyen de lois, de règlements, de programmes gouvernementaux, d'outils de mise en application et de politiques.
Récemment, la question du racisme environnemental dans notre pays a été soulignée par le rapporteur spécial des Nations unies sur les substances toxiques et les droits de l'homme, qui a visité le Canada en 2019 pour évaluer l'étendue de la discrimination en matière de santé et d'environnement qui est vécue par les groupes autochtones et marginalisés.
Finalement, il a conclu qu'il existe au Canada une tendance par laquelle des groupes marginalisés, en particulier des peuples autochtones, subissent les effets nuisibles de certains conflits et vivent dans des conditions qui seraient jugées inacceptables ailleurs au Canada. Voilà l'essentiel du problème auquel nous devons faire face.
Au Canada, cette injustice environnementale que subissent les Autochtones et les personnes racialisées découle en partie des conséquences de notre passé colonialiste, comme le manque de diversité parmi les décideurs, la marginalisation des personnes racialisées, l'inégalité des revenus et un système qui, au fil de l'histoire, a généralement fait fi des effets négatifs de certains facteurs comme la pollution.
Certains endroits où vivent des personnes de couleur, en particulier les plus pauvres, ont été perçus, pour des raisons de rendement et d'efficacité, comme de bons endroits où établir des installations industrielles et d'autres projets ayant des répercussions sur la population environnante. Par exemple, lorsqu'on choisit l'emplacement d'un site d'enfouissement, les gens des environs qui en ont les moyens peuvent déménager. Cependant, les gens de notre société qui sont déjà désavantagés et qui ne sont pas en mesure de s'opposer à de tels projets sont forcés de vivre dans un endroit où ils sont exposés à des polluants qui peuvent avoir des effets sur leur santé et sur leur environnement.
Les inégalités environnementales ne se limitent pas aux décisions concernant l'emplacement des projets. Les conséquences d'une violation des règles environnementales ne sont pas toujours les mêmes. Dans ma province, la Colombie-Britannique, jeter des déchets sur un territoire de la Couronne peut entraîner des pénalités maximales de 2 000 $ ou de 1 million de dollars, mais cette pénalité maximale n'est que de 100 $ si on jette des déchets dans une réserve indienne.
L'usine de traitement des eaux usées de North Shore, dans ma région, se trouve dans la réserve Capilano de la nation de Squamish depuis 55 ans. Bien qu'on sache que des émanations s'en dégagent, surtout pendant les chaudes journées d'été, et que ces émissions peuvent être nocives pour la santé des gens, l'usine se trouve à quelques mètres de la nation de Squamish.
Grâce au financement fourni par les gouvernements fédéral et provincial, la nouvelle usine de traitement secondaire des eaux usées Lions Gate est maintenant en cours de construction. Ainsi, le traitement des eaux usées ne se fera plus dans la réserve de la nation de Squamish mais plutôt dans le district de North Vancouver, qui fait partie du Grand Vancouver. Les techniques utilisées pour la construction de la nouvelle usine permettent une élimination totale des odeurs. Une fois le transfert fait, le territoire où se trouve l'ancienne usine sera rendu à la nation de Squamish, qui pourra l'utiliser à son gré.
La reconstruction de l'usine de traitement des eaux usées va non seulement délivrer les résidants des mauvaises odeurs, mais elle assurera aussi à la rive nord une eau plus salubre et un écosystème plus sain, car, tandis que l'usine actuelle n'élimine que 50 % des matières organiques et 70 % des solides en suspension, l'usine modernisée éliminera 90 % des contaminants avant que les eaux usées ne soient déversées dans la mer.
La Nation Tsleil-Waututh, située tout près, espère que l'usine modernisée contribuera à réduire la contamination dans les régions de cueillette de mollusques de la baie Burrard et du bras de mer Indian. En plus d'être un excellent exemple de réparation des dommages à l'environnement, l'usine de traitement des eaux usées de la rive nord montre à quel point les répercussions de l'exposition à des substances toxiques peuvent être importantes et variées pour les collectivités autochtones et racialisées. On voit en effet qu'une usine de traitement des eaux usées peut nuire directement à la qualité de l'air d'une collectivité et à l'approvisionnement alimentaire d'une autre.
Ailleurs au Canada, approximativement 90 % des habitants de Grassy Narrows souffrent aujourd'hui d'empoisonnement au mercure parce que la société Dryden Chemicals a déversé du mercure dans la rivière English-Wabigoon de 1962 à 1970. Par conséquent, toute pêche commerciale dans le réseau de cette rivière a été interdite, car les poissons qui y vivent contiennent des taux de mercure qui sont de 10 à 50 fois plus élevés qu'ailleurs. La Nation de Grassy Narrows n'a pas seulement souffert d'un empoisonnement sévère au mercure, elle a aussi perdu sa principale source de revenus. Malgré cette flagrante injustice environnementale, il a fallu 50 ans au gouvernement pour offrir une solution efficace au peuple de Grassy Narrows.
Toutefois, on constate un autre problème complexe: le fait qu'en plus de l'exposition à de plus hauts niveaux de concentration de substances toxiques, il a été démontré que les Autochtones et les personnes racialisées sont confrontés à une plus grande discrimination dans le système de santé. Par exemple, 62 % des membres de la Première Nation de Grassy Narrows qui vivent dans la réserve font état d'obstacles pour accéder aux soins de santé. Bien que de nombreux exemples témoignent d'un héritage douloureux en matière de racisme environnemental, nos cadres juridiques évoluent au fil du temps pour atténuer les risques que de telles situations se répètent.
Par exemple, la Loi sur l’évaluation d'impact, qui a été mise en place en 2019 et qui a remplacé la Loi canadienne sur l'évaluation environnementale de 2012, a grandement amélioré le processus d'évaluation environnementale en ce qui a trait à la participation du public et à la transparence. Il est devenu plus facile pour le public de participer officiellement aux évaluations. La Loi a mis en place une phase de planification avant l'évaluation à laquelle le public peut participer afin de résoudre des questions précises comme l'emplacement du projet avant que l'on passe à une évaluation complète. Ainsi, on a grandement amélioré le processus de consultations et d'adaptation mené auprès des Premières Nations en exigeant que ce processus commence dès la phase de planification. Ce processus tient compte également du savoir traditionnel et réunit les conditions nécessaires pour que des évaluations soient menées par des Autochtones.
De plus, avec la présentation du projet de loi , qui, s'il est adopté, incorporerait dans le droit fédéral la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones, nous adopterions des mesures holistiques en matière de réconciliation. Notamment, ces mesures s'attaqueraient aussi au racisme environnemental, étant donné que la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones reconnaît que les peuples autochtones ont droit à la préservation et à la protection de l’environnement.
Plus important encore, la Loi canadienne sur la protection de l’environnement est la principale mesure législative au Canada qui permet d'assurer la protection de l'environnement et de la santé humaine. Toutefois, cette loi n'a pas fait l'objet d'une mise à jour importante depuis plus deux décennies. Le Comité permanent de l'environnement et du développement durable l'a étudiée et a produit un rapport complet. Le Comité a notamment recommandé que le gouvernement reconnaisse le droit à un environnement sain. Il a mentionné l'importance de tenir compte des populations vulnérables et des évaluations des risques ainsi que d'élaborer des normes nationales juridiquement contraignantes et exécutoires sur l'eau potable en consultation avec les provinces, les territoires, les peuples autochtones, les intervenants et le public.
J'attends avec impatience la présentation de la réforme de la Loi canadienne sur la protection de l'environnement lorsque le moment sera venu. Si nous suivons ces recommandations et d'autres que le comité a faites, nous pourrons accomplir de grandes choses dans la lutte contre le racisme environnemental au Canada dans le futur, mais il restera assurément des lacunes malgré tout, ce qui montre l'importance du projet de loi à l'étude aujourd'hui pour découvrir où se situent ces lacunes et les examiner en profondeur. Le projet de loi exigerait du qu'il recueille des renseignements concernant l'emplacement de dangers environnementaux et des renseignements concernant les problèmes de santé dans les collectivités touchées, de façon à garantir que la population et le gouvernement sont informés et conscients des risques associés aux sites dangereux.
Le ministre serait également tenu d'examiner le lien entre la race, le statut socioéconomique et le risque environnemental, ce qui permettrait de voir comment la race et le statut socioéconomique exposent les Autochtones et les communautés racisées à la contamination et à la pollution.
En outre, Environnement et Changement climatique Canada serait tenu d'élaborer une stratégie visant à remédier au racisme environnemental et de produire des rapports réguliers à l'attention du Parlement concernant la progression de la stratégie. Le projet de loi assurerait la tenue d'évaluations régulières de la mesure dans laquelle les lois environnementales sont appliquées et respectées dans chaque province et soutiendrait les efforts de modification des lois, des politiques et des programmes fédéraux en vue de mettre fin au racisme environnemental.
En conclusion, j'estime que ce projet de loi permettra de faire des progrès tant en matière d'environnement qu'en matière d'équité. J'entends appuyer son renvoi au comité afin qu'il puisse faire l'objet d'une étude approfondie. À cette étape, nous pourrons tenir compte de la voix des provinces, des territoires, des ayants droit et des parties intéressées d'un bout à l'autre du pays dans nos délibérations et renforcer le projet de loi. J'invite tous mes collègues à l'appuyer également.
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Madame la Présidente, je suis heureux d'avoir l'occasion de parler aujourd'hui du projet de loi de la députée de , le projet de loi , Loi concernant l’élaboration d’une stratégie nationale visant à remédier au racisme environnemental.
Le projet de loi propose d'élaborer une stratégie nationale en vue de remédier aux préjudices causés par le racisme environnemental, en consultation avec des représentants des gouvernements provinciaux, des administrations municipales, des collectivités autochtones et d’autres collectivités touchées, ainsi que toute autre personne ou entité touchée. Vu l'objectif important du projet de loi, le gouvernement appuie son renvoi au comité afin qu'il puisse faire l'objet d'une étude approfondie. Cela permettrait la tenue d'une discussion élargie sur les risques environnementaux auxquels sont exposés les communautés marginalisées et les groupes historiquement désavantagés. Cela permettra également d'examiner les options qui s'offrent au gouvernement fédéral en vue d'élaborer une stratégie à la fois pratique et appropriée. Les activités proposées dans le projet de loi pourraient contribuer à cerner et à combler les lacunes dans les connaissances et fournir aux différents ordres de gouvernement les renseignements dont ils ont besoin pour tenter de remédier aux problèmes soulevés dans le projet de loi.
Cela s'appuierait sur l'engagement qu'a pris le gouvernement de prendre des décisions fondées sur des données probantes et de tenir compte des répercussions que les politiques ont sur l’ensemble des Canadiens. Le projet de loi arrive à point nommé et il est louable. Cependant, le gouvernement attend avec impatience le moment où il pourra examiner trois séries de questions en comité, questions pour lesquelles il cherchait à obtenir des amendements.
Premièrement, une stratégie nationale pourrait favoriser la justice environnementale — un concept déjà reconnu dans le projet de loi —, objectif qui pourrait être atteint au moyen d'une stratégie nationale coordonnée. La justice environnementale cherche à éviter l'incidence disproportionnée des effets nocifs des changements climatiques sur certaines collectivités, notamment les minorités, et elle comprend, en plus de la race, d'autres motifs de discrimination, comme les collectivités à faibles revenus et les collectivités éloignées. Les amendements éventuels chercheraient à intégrer davantage les principes de la justice environnementale dans le projet de loi.
Deuxièmement, certaines mesures proposées dans le projet de loi relèvent davantage des provinces. Nous reconnaissons que la compétence en matière de protection de l'environnement est partagée entre les différents ordres de gouvernement au Canada, et nous présenterions des amendements pour tenir compte de l'incidence du projet de loi sur la compétence provinciale.
En troisième lieu, si le projet de loi contient des exigences obligatoires très importantes, il faudrait un cadre souple pour concevoir une stratégie nationale. Les amendements viseraient à éviter de court-circuiter ou de préjuger les enjeux et les constatations de racisme environnemental qui seraient définis dans le cadre du processus de conception d'une stratégie nationale. Comme je l'ai dit, le projet de loi mérite notre attention et il constitue l'amorce d'une conversation pouvant appuyer les efforts déployés par le gouvernement pour renforcer les mesures de protection environnementale, ainsi que pour lutter contre le racisme systémique. Ainsi, nous nous réjouissons à la perspective d'examiner attentivement ce projet de loi en comité, et de tenir des discussions sur les moyens qui pourraient le renforcer, de même que son objet.
En terminant, je veux remercier encore une fois la députée de d'avoir présenté ce projet de loi, de même que pour sa défense et sa passion de l'environnement, qui s'avèrent primordiales dans ce cas en particulier. J'espère que tous les députés se joindront au gouvernement pour appuyer ce projet de loi, afin qu'il soit renvoyé en comité pour examen.
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Madame la Présidente, je tiens à préciser que je me trouve sur des terres non cédées du peuple micmac, en Nouvelle-Écosse, et je remercie ce peuple de partager son territoire avec nous.
Wela'lioq.
Chaque chose a sa raison d'être, un moment et un but, et le moment est venu d'adopter le projet de loi . En effet, nous sommes à la croisée des chemins ou, espérons-le, à un tournant de l'histoire du Canada et, à vrai dire, de la planète.
Depuis des années, les militants d'un bout à l'autre du pays luttent pour la justice sociale et environnementale envers les Autochtones, les Noirs et les autres communautés racialisées. Nous prenons appui sur les chemins tracés par des leaders communautaires comme le chef Dan George, David Suzuki, en Colombie-Britannique, Ingrid Waldron, la cheffe Andrea Paul, Louise Delisle, Doreen Bernard ainsi que Lynn et Rocky Jones, ici, à Truro, en Nouvelle-Écosse.
Il y a un an, j'ai présenté le projet de loi à la Chambre des communes, à Ottawa. Il porte sur une stratégie nationale visant à remédier au racisme environnemental. Récemment, en janvier dernier, le président Joe Biden a signé un décret prévoyant l'élaboration de programmes et de politiques pour « pallier les effets disproportionnés en matière de santé, d'environnement, d'économie et de climat sur les collectivités désavantagées » des États-Unis. Cette décision donne certainement plus de poids à la nécessité pour le Canada de s'attaquer à ce problème sur son propre territoire. Par conséquent, faisons ce qui s'impose et reconnaissons les injustices du passé. Pour ce faire, attachons-nous à résoudre les problèmes du racisme environnemental systémique en ce qui concerne la pollution de la terre, de l'air et de l'eau, problèmes qui touchent un nombre disproportionné de collectivités autochtones, noires ou autrement racialisées; reconnaissons le droit inhérent de tous à de l'air pur et à de l'eau propre; menons des consultations dignes de ce nom auprès des collectivités touchées; recueillons des données essentielles; recommandons des mesures correctives supplémentaires; et prônons la justice environnementale en honorant, en célébrant et en protégeant la nature.
Les recherches indiquent que les personnes racialisées présentent des taux plus élevés de maladies chroniques et sont plus vulnérables aux changements climatiques et aux nouvelles maladies comme la COVID-19 en raison d'inégalités structurelles de longue date qui ont causé la pauvreté, entraînant des conditions de logement précaires et de l'insécurité alimentaire. Le racisme environnemental contribue fortement à ces inégalités puisqu'un nombre disproportionné de collectivités racialisées se trouvent dans des zones qui ont été exposées à de grands pollueurs émettant des toxines associées aux cancers, aux maladies respiratoires et aux malformations congénitales.
D'où qu'ils viennent dans le monde, les peuples autochtones ont beaucoup de choses à nous apprendre. Surtout les femmes, car ce sont souvent elles qui subissent les effets des inégalités et les contrecoups du racisme environnemental. Personnellement, je rends hommage à toutes les grands-mères militantes, à toutes les protectrices des eaux sacrées, à toutes ces femmes qui ont été prises dans le sillage de la création, dont le sang, la sueur et les larmes coulent à flots depuis la nuit des temps et qui se battent pour leur survie ainsi que pour leurs droits, ceux de leurs enfants et j'oserais même dire ceux de notre mère la Terre. Si l'espèce humaine veut survivre, elle devra changer sa façon de percevoir, de jauger et de traiter son prochain, l'environnement et tout ce qui vit. Personnellement, je veux croire que les choses changent à chaque nouvelle génération, lorsque les cicatrices des travers humains et des erreurs du passé deviennent impossibles à nier.
L'une des plus graves erreurs de la société coloniale aura été de croire que l'un des deux sexes et certaines races sont plus importants, ont plus de valeur que les autres, donc que certains peuples, certains groupes n'ont pas autant besoin d'un environnement sain que les autres. Non seulement cette prémisse est fausse, mais elle semble nous faire oublier que nous faisons bel et bien partie de la nature et que nous sommes tous liés à elle, de la même manière que nous sommes tous reliés les uns aux autres. Nous naissons tous avec le droit de respirer de l'air pur et de boire de l'eau potable. Ces éléments tout simples sont nécessaires à notre survie, mais soyons honnêtes: nous les tenons tous deux pour acquis, pour notre plus grand malheur.
Mes parents m'ont appris il y a longtemps que tous les enfants naissent égaux et méritent d'être traités avec respect. Ma grand-mère de 97 ans, Elizabeth, m'a appris que, sans espoir, nous n'avons rien. Les yeux de nos enfants et de nos petits-enfants sont fixés sur nous. Donnons-leur une raison non seulement d'espérer, mais aussi de croire.
Le moment est venu d'agir. Si nous n'agissons pas, qui le fera? Si nous n'agissons pas maintenant, quand le ferons-nous? J'invite humblement les députés à appuyer le projet de loi .