Que le projet de loi C-224 soit modifié par rétablissement du titre intégral comme suit:
« Loi modifiant la Loi permettant de faire certains paiements fiscaux aux provinces et autorisant la conclusion d’accords avec les provinces pour la perception de l’impôt »
Que le projet de loi C-224 soit modifié par rétablissement du préambule comme suit:
« Attendu: que les résidents du Québec sont les seuls au Canada à devoir produire une déclaration de revenu fédérale et une déclaration de revenu provinciale;
que l’Assemblée nationale et le gouvernement du Québec ont manifesté leur désir de mettre fin à cette situation en concluant un accord avec le gouvernement du Canada permettant aux résidents du Québec de ne produire qu’une seule déclaration de revenu et de charger le gouvernement du Québec de percevoir les impôts, »
Que le projet de loi C-224 soit modifié par rétablissement de l'article 1 comme suit:
« 1 La Loi permettant de faire certains paiements fiscaux aux provinces et autorisant la conclusion d’accords avec les provinces pour la perception de l’impôt est modifiée par adjonction, après l’article 20, de ce qui suit:
20.1 (1) Le Ministre, avec l’approbation du gouverneur en conseil, peut, pour le compte du gouvernement du Canada, conclure avec le gouvernement d’une province un accord selon lequel le gouvernement de la province percevra les impôts fédéraux sur le revenu des particuliers et des corporations pour le compte du gouvernement du Canada et fera à celui-ci des versements relatifs aux impôts ainsi perçus, en conformité des modalités que stipule l’accord.
(2) Avec l’approbation du gouverneur en conseil, le Ministre peut, au nom du gouvernement du Canada, conclure un accord modifiant les modalités d’un accord conclu sous le régime du paragraphe (1).
(3) L’accord conclu sous le régime du paragraphe (1) doit prévoir des mesures pour atténuer les conséquences que la mise en œuvre de l’accord peut avoir sur les emplois de personnes concernées.
(4) Dès la conclusion d’un accord sous le régime du paragraphe (1), le Ministre entreprend, pour le compte du gouvernement du Canada, des négociations avec les autorités fiscales étrangères afin de modifier les conventions fiscales et les accords fiscaux relatifs à l’impôt sur le revenu, ainsi que les accords d’échange de renseignements fiscaux qui les lient au Canada de manière à ce que le gouvernement de la province ait accès, directement auprès de ces autorités fiscales, à tous les renseignements fiscaux nécessaires à la mise en œuvre de l’accord. »
Que le projet de loi C-224 soit modifié par rétablissement de l'article 2 comme suit:
« 2 Dans les quatre-vingt-dix jours suivant l’entrée en vigueur de la présente loi, le Ministre entreprend des discussions avec le gouvernement du Québec afin de conclure, dans l’année qui suit, l’accord visé à l’article 20.1 de la Loi permettant de faire certains paiements fiscaux aux provinces et autorisant la conclusion d’accords avec les provinces pour la perception de l’impôt. »
— Monsieur le Président, je vous remercie d'avoir lu tous les amendements que j'apporte à la Chambre.
Je suis très fier d'avoir présenté à la Chambre le projet de loi qui vise à instaurer une déclaration de revenus unique administrée par Québec. Je suis aussi très fier que mon projet de loi ait reçu une majorité d'appuis des élus de la Chambre à l'étape de la deuxième lecture. Son étude en comité s'est très bien déroulée. Nous avons assisté à des échanges enrichissants et constructifs. De mon point de vue, les inquiétudes concernant la transition et les emplois ont pu trouver des réponses satisfaisantes. La preuve en est que le NPD a choisi de voter en faveur du projet de loi. Je crois aussi que l'étude de ce projet de loi en comité a confirmé qu'Ottawa maintiendrait sa propre politique fiscale et que tout ce qui changerait, c'est qu'il n'y aurait désormais plus qu'un seul percepteur: Revenu Québec.
Je ne peux pas trouver de qualificatifs pour exprimer ma surprise et mon étonnement quant à la décision des députés conservateurs lors du vote en comité. Ils ont choisi de rejeter chacun des articles du projet de loi, même son titre: il faut le faire! Le gouvernement à Québec s'est évidemment dit déçu de cette volte-face des conservateurs au comité, ces derniers n'ayant pas invité de témoins, semblant favorables au projet de loi, mais choisissant de le rejeter lors du vote.
C'est pourquoi j'appelle les élus de la Chambre à se prononcer de nouveau sur ce projet de loi qui vise à instaurer une déclaration de revenus unique pour les gens du Québec. Si mes collègues appuient ce projet de loi, je les invite à voter en faveur des amendements que je propose aujourd'hui et à soutenir la mise en œuvre d'une déclaration de revenus unique administrée par Québec.
Je tiens aussi à remercier sincèrement le député d'avoir soutenu le projet de loi en comité. Le NPD s'était dit favorable au principe du projet de loi, mais avait exprimé des craintes quant à la protection des emplois. Les débats en comité ont démontré qu'il est tout à fait possible de maintenir les emplois en région. La fonction publique fédérale manquant déjà d'effectifs et étant trop concentrée à Ottawa, le gouvernement a toute la possibilité de réaffecter des employés à d'autres fonctions.
Le Syndicat de la fonction publique et parapublique du Québec, le SFPQ, est venu expliquer qu'il est assez courant de voir des employés passer d'un palier d'administration à un autre et que le tout peut s'effectuer aisément. Les employés peuvent conserver leur emploi et tous leurs avantages.
J'aimerais rappeler ce que propose le projet de loi. Il demande à ce gouvernement d'entamer des négociations avec Québec pour arriver à une entente sur une déclaration de revenus unique qui serait administrée par Québec. Le projet de loi prévoit 90 jours pour entamer les négociations et un an pour en arriver à une entente. Il me semble que c'est bien. Le projet de loi permet aussi à Revenu Québec d'avoir accès aux renseignements fiscaux à l'étranger des contribuables québécois, par souci de concordance. Enfin, le projet de loi demande une attention particulière au maintien des emplois.
Cela correspond précisément à la demande du gouvernement du Québec et de son premier ministre François Legault. Cela correspond précisément à la demande unanime de tous les partis à l'Assemblée nationale du Québec. Cela correspond précisément à la demande du Québec inc. et des syndicats québécois, comme la Centrale des syndicats du Québec et le SFPQ. Cela correspond précisément à la volonté de la population du Québec. L'Institut de recherche sur l'autodétermination des peuples et les indépendances nationales a chiffré les économies annuelles résultant d'une élimination des dédoublements à 425 millions de dollars.
J'ai été tellement surpris de voir les conservateurs abandonner ce projet de loi lors du vote en comité. Pour se justifier, ils ont prétexté la protection des emplois. Or, le projet de loi que je présente demande justement de protéger ces emplois. En 2019, les conservateurs ont présenté une motion en faveur d'une déclaration de revenus unique administrée par Québec et elle ne proposait rien pour la protection des emplois. Lorsque le précédent chef conservateur, le député de , a dit appuyer une déclaration de revenus unique administrée par Québec, jamais il n'a parlé de la protection des emplois. Quand cet engagement a été adopté à l'unanimité lors du congrès conservateur à Halifax, il n'a jamais été question de la protection des emplois. Lorsque cela s'est retrouvé dans le programme des conservateurs aux dernières élections, il n'y avait pas un mot sur la protection des emplois.
Aussitôt que le projet de loi a été rejeté en comité, le lieutenant conservateur du Québec s'est dépêché de rappeler que son parti était en faveur de la déclaration de revenus unique administrée par Québec, même si les conservateurs venaient de rejeter ce projet de loi. C'est la même chose pour le chef conservateur: au congrès de son parti vendredi dernier, il s'est de nouveau engagé sans équivoque à appuyer le projet. Bref, les conservateurs sont en faveur de la déclaration de revenus unique tant qu'on ne risque pas de l'instaurer, mais, dès qu'elle se concrétise, ils se défilent. Je demande aujourd'hui aux élus conservateurs de rectifier leur erreur en comité et d'appuyer les amendements que je présente afin que le projet de loi soit mis en œuvre. Qu'ils écoutent l'engagement de leur chef et de leur lieutenant québécois.
Au sujet de mon projet de loi, le chroniqueur et ancien employé du Parti conservateur Marc-André Leclerc interpelle le chef conservateur en lui disant qu'il « a le devoir de démontrer que son amour pour la nation québécoise n’était pas un amour éphémère. »
Les conservateurs du Québec sont déçus du vote conservateur, car c’est un projet de loi qui fait consensus au Québec.
Je veux maintenant révéler une nouvelle information à la Chambre. Les travaux en comité nous ont permis de découvrir la véritable raison de l’opposition du gouvernement et des élus libéraux à ce projet de loi. Les raisons et les arguments qu’ils avancent dans leurs discours ne tiennent pas la route et peuvent être qualifiés, au mieux, de farfelus.
Or, dans une correspondance écrite répondant à une question que j’ai posée au ministère des Finances, on a appris qu’Ottawa fait beaucoup d’argent en administrant les impôts des provinces. Ottawa n’a donc pas intérêt à laisser les provinces administrer elles-mêmes leurs impôts. Ottawa ne voudrait surtout pas créer de précédent ou inciter les provinces à administrer elles-mêmes leurs impôts en étant inspirées par Québec et ce projet de déclaration d'impôt unique.
En comité, les représentants des ministères des Finances et du Revenu national nous ont dit qu’Ottawa ne demandait rien aux provinces pour se charger de la perception de leurs impôts. À écouter parler les libéraux, l’Agence du revenu du Canada est presque une œuvre de charité au service des provinces.
Sauf que cela n’est pas tout à fait ainsi que cela fonctionne. En réalité, les accords de perception fiscale sont truqués en faveur d’Ottawa, c'est ce que nous avons appris. Dans ces accords, le fédéral doit remettre aux provinces la totalité de l’impôt qu’il arrive à recueillir pour elles, sans trop faire d’effort. Dès que le gouvernement fédéral fait un petit effort, il garde la différence pour lui tout seul. En cinq ans, le fédéral a engrangé 4,5 milliards de dollars en impôt provincial, qu’il a gardés dans ses coffres aux dépens des provinces. Cela équivaut à pratiquement 1 milliard de dollars par année. C'est une coquette somme, certainement suffisante pour avoir convaincu les libéraux de s’opposer à la demande unanime de l’Assemblée nationale. Il ne faudrait pas donner d’idées aux autres provinces, sous peine de se priver de 1 milliard de dollars par année qui appartiennent, dans les faits, aux provinces. C’est peut-être bien cet argument-là aussi qui a convaincu les conservateurs de faire battre le projet de loi.
En présentant mes amendements à la Chambre, j’invite tous les élus à appuyer une demande de l’Assemblée nationale du Québec et de son premier ministre. J’invite les conservateurs à rectifier leur tir. Marquer un but, c’est bien, mais pas dans son propre filet, et surtout pas dans celui du Québec. J’invite les néo-démocrates à faire preuve de cohérence et de solidarité avec la demande qui fait consensus au Québec. Il est possible de préserver les emplois. J’invite enfin les libéraux à travailler pour le Québec et pour l’efficacité de l’administration publique. L’efficacité, cela veut dire éliminer les dédoublements, car on n’a pas besoin de faire deux fois le même travail.
Le gouvernement a les moyens de protéger les emplois en région, cela dépend de sa volonté. La fonction publique fédérale est en sous-effectif et l’appareil est nettement trop centralisé à Ottawa. Je demande aux élus libéraux et à tous les élus de la Chambre de ne pas se laisser convaincre par l’argument qu’Ottawa fait 1 milliard de dollars par année sur le dos des provinces et que cela doit rester comme cela. Ce n'est pas correct d’agir de la sorte, je dirais même que c'est cheap.
Je veux aussi rappeler qu’après des années de négociations, Québec a réussi à conclure une entente avec Ottawa pour la perception des taxes de vente auprès des entreprises. Plutôt qu’Ottawa perçoive la TPS et que Québec perçoive la TVQ, Revenu Québec perçoit la TPS et la TVQ en même temps. Cela fait beaucoup moins de paperasse pour les entreprises et cela génère d’importantes économies. Revenu Québec est présent dans chaque région du Québec et cela fonctionne bien. C’est un succès, cela fait des décennies que cela dure et personne ne s’en plaint.
Est-ce qu'on peut faire la même chose pour l’impôt? C’est simplement ce que propose ce projet de loi, et j’ai bon espoir qu'il pourra être adopté par la Chambre.
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Monsieur le Président, je souhaite le bonsoir à tous mes collègues alors que nous continuons de fonctionner par vidéoconférence en cette période plutôt exceptionnelle. Je suis reconnaissant d'avoir l'occasion de prendre la parole aujourd'hui dans le cadre du débat à l'étape du rapport du projet de loi , Loi modifiant la Loi permettant de faire certains paiements fiscaux aux provinces et autorisant la conclusion d’accords avec les provinces pour la perception de l’impôt.
Comme le sait la Chambre, après une étude soignée, la majorité de nos collègues du comité des finances ont recommandé de ne pas poursuivre l'examen de ce projet de loi. Pour récapituler brièvement, le projet de loi autoriserait le à conclure avec le gouvernement d'une province un accord selon lequel le gouvernement de la province percevra les impôts fédéraux sur le revenu des particuliers et des sociétés pour le gouvernement du Canada. Le projet de loi prévoit également que, dans les 90 jours suivant l’entrée en vigueur du projet de loi, le aura l'obligation d'entreprendre des discussions avec le gouvernement du Québec afin de conclure, dans l’année qui suit, un tel accord.
Au cours de mon intervention d'aujourd'hui, j'aimerais soulever les importantes préoccupations liées au projet de loi qui ont été soulevées en comité, préoccupations qui ont incité les députés à formuler la recommandation de ne pas poursuivre l'étude du projet de loi . Plus précisément, je tiens à mentionner quatre principales préoccupations. Il s'agit des répercussions possibles du projet de loi sur les niveaux d'emploi dans la fonction publique au Québec, le versement des prestations aux résidants du Québec, la lutte contre l'évasion fiscale internationale et le coût exorbitant de la mise en œuvre du projet de loi.
Tout d'abord, comme l'ont fait remarquer des fonctionnaires de l'Agence du revenu du Canada ayant comparu au comité des finances, le projet de loi créerait un important climat d'incertitude en ce qui concerne la sécurité d'emploi de près de 6 000 employés de l'ARC qui travaillent au Québec, ainsi que de nombreux autres employés qui travaillent à l'extérieur du Québec.
La fonctionnaire de l'ARC qui a comparu au comité le 16 février 2021 a dit ceci: « La charge de travail de l'Agence est nationale, ce qui veut dire que la charge d'une province peut être traitée dans d'autres provinces. Par conséquent, bien que les répercussions sur les emplois seraient plus importantes dans la province qui choisirait de rapatrier les activités fiscales, plusieurs emplois pourraient être touchés partout au pays. »
Il s'agit d'une réelle préoccupation concernant la sécurité d'emploi qui a aussi été soulevée par des représentants de divers syndicats du secteur public ayant également comparu au comité des finances. Par exemple, la présidente de l'Institut professionnel de la fonction publique du Canada a affirmé ceci: « [...] il est primordial de ne pas oublier l’incidence que cette décision pourrait avoir sur l’emploi à Shawinigan et Jonquière, où l’ARC offre de bons emplois à beaucoup de gens. Je ne peux penser à un pire moment qu’en pleine pandémie pour entamer une réflexion sur l’abolition de postes dans des petites collectivités. »
L'ARC est un chef de file du gouvernement au chapitre de la décentralisation de ses emplois. Ces derniers ne se trouvent pas majoritairement dans la région de la capitale nationale, comme c'est souvent le cas avec les emplois fédéraux. Les employés de l'agence ne peuvent pas être facilement mutés à d'autres services. Le président du Syndicat des employé-e-s de l'Impôt a lui aussi abondé dans le même sens, craignant que l'adoption du projet de loi puisse entraîner des pertes d'emploi. Voici ce qu'il a dit au comité des finances:
[...] il y aura des pertes d'emplois massives si ce projet de loi est adopté et que le gouvernement fédéral confie l'administration des impôts fédéraux du Québec au gouvernement provincial. En effet, l'Agence du revenu du Canada emploie présentement environ 6 000 personnes au Québec, et notre syndicat représente environ 4 000 de ces employés. Quant à elle, l'Agence du revenu du Québec compte environ 12 000 employés dans ses rangs. Ensemble, les deux agences comptent donc un effectif total d'environ 18 000 personnes. Si l'on compare cela à l'effectif total que compte l'ARC ailleurs au pays à l'extérieur du Québec, soit environ 39 000 employés, on comprend rapidement qu'il y aurait un surplus d'employés au Québec advenant l'adoption du projet de loi.
J'aimerais faire remarquer que la plupart des emplois qui seraient perdus sont occupés par des gens vivant au Québec. Ils y paient des impôts et contribuent grandement à l'activité économique de la province. En gros, ce sont des Québécois de partout au Québec, comme le président national du Syndicat des employés de l'impôt l'a dit: « Ces pertes d’emploi toucheront plus de 1 200 employés du Saguenay-Lac-Saint-Jean, ainsi que 1 500 autres en Mauricie. »
Comme je l'ai clairement montré, le projet de loi pourrait avoir de sérieuses répercussions pour des milliers de fonctionnaires au Québec, qui pourraient perdre leur emploi, ce qui est particulièrement malheureux dans le contexte de la pandémie de COVID-19.
[Français]
À ce sujet, je ne peux pas croire que le Bloc québécois, un parti qui aime prétendre être à la défense des gens, puisse imaginer que mettre en péril le gagne-pain de milliers de Québécois de la région de Québec est une bonne idée.
Comme l'a dit, hier, le chef du Bloc québécois, lors d'une conférence de presse: « quand on s'intéresse aux régions, on s'y intéresse pour vrai ».
[Traduction]
Le deuxième élément préoccupant dont je voudrais parler au sujet du projet de loi est l'effet négatif possible qu'il pourrait avoir sur le versement de prestations aux résidants du Québec, comme l'a expliqué le fonctionnaire de l'Agence du revenu du Canada qui est venu témoigner devant le comité des finances. L'Agence du revenu du Canada et le gouvernement du Canada se servent des renseignements obtenus par l'ARC pour administrer différents programmes de prestations fédéraux clés, comme le Supplément de revenu garanti et l'Allocation canadienne pour enfants. Les renseignements fiscaux sont requis pour administrer ces programmes afin de s'assurer que les gens reçoivent les prestations auxquelles ils ont droit. Le fonctionnaire en question a ajouté qu'un transfert de l'administration vers une province risquait de nuire à l'efficacité administrative de ces programmes, alors qu'ils sont cruciaux pour le bien-être des Canadiens. Si les renseignements fiscaux n'avaient pas été à portée de la main, les prestations d'urgence liées à la COVID-19, qui sont cruciales pour le bien-être des Canadiens, n'auraient pas pu être déployées aussi rapidement.
Le troisième élément préoccupant dans le projet de loi tient au fait qu'il risque de nuire à la capacité du Canada de lutter contre l'évasion fiscale à l'échelle internationale. L'Agence du revenu du Canada, l'ARC, a notamment pour mandat de veiller à ce que les Canadiens respectent les règles fiscales, tant au Canada qu'à l'étranger. À cette fin, le gouvernement du Canada a signé de nombreuses conventions fiscales internationales ainsi que des accords d'échange de renseignements fiscaux pour aider l'ARC à lutter contre l'évasion fiscale internationale. Toutefois, comme l'a indiqué un représentant de l'ARC au comité des finances, il n'est pas nécessairement évident de convaincre nos partenaires d'apporter des changements pour inclure des administrations fiscales infranationales.
Un représentant de l'Institut professionnel de la fonction publique du Canada a fait une mise en garde en disant que le projet de loi pourrait empêcher le Canada de lutter efficacement contre l'évasion fiscale à l'international. Il a précisé en disant que comme les accords internationaux visant à lutter contre l'évasion fiscale interviennent entre des gouvernementaux centraux, il serait difficile pour le Québec de faire le même travail que le gouvernement fédéral dans ce domaine sans que de très nombreuses conventions fiscales soient modifiées. Une telle éventualité pourrait entraîner une hausse de l'évasion fiscale alors que le gouvernement tente de récupérer des milliards de dollars à l'étranger. Qui plus est, le gouvernement a grandement besoin de cet argent pour financer les programmes et les services publics sur lesquels comptent les Canadiens au quotidien.
Ma quatrième et dernière préoccupation au sujet du projet de loi est son coût de mise en œuvre, qui pourrait être considérable comme il entraînerait manifestement des hausses de coûts et une perte d'économies d'échelle. Au comité des finances, un représentant de l'Agence du revenu du Canada a expliqué que l'intégration requise entre les processus et les techniques de l'ARC et ceux de Revenu Québec nécessiterait d'importantes dépenses supplémentaires.
En résumé, ces quatre éléments constituent des préoccupations réelles et importantes pour les témoins qui se sont présentés devant le comité des finances. Ils ont contribué à inciter la majorité des membres du comité des finances à recommander de ne pas poursuivre l'étude de ce projet de loi, recommandation que j'appuie.
Avant de terminer, toutefois, j'aimerais brièvement noter les efforts importants que le gouvernement du Canada a déployés par l'entremise de l'ARC afin de réduire le fardeau administratif des contribuables québécois. L'ARC a entrepris des pourparlers avec le gouvernement québécois afin de simplifier ou de combiner certains formulaires fiscaux et de simplifier le processus de déclaration de revenus. À mon avis, il s'agit là d'une étape importante et responsable que tous les députés devraient approuver et appuyer.
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Monsieur le Président, cela fera bientôt trois ans que notre formation politique milite activement pour que le Québec obtienne une déclaration de revenus unique. Notre position ne date pas d'hier.
Pour une formation politique comme la nôtre, qui respecte les compétences des provinces, il est primordial d'être à l'écoute et d'agir en collaboration avec ces dernières. Après tout, nous sommes le parti qui a donné au Québec le siège à l'UNESCO, qui a reconnu la nation québécoise et qui a réglé le déséquilibre fiscal. C'est le même parti qui s'est battu pour l'Accord du lac Meech. Bref, le Parti conservateur a un excellent bilan en ce qui a trait au respect des provinces et, surtout, à la promotion de leurs compétences.
L'idée d'une déclaration de revenus unique, apportée par notre formation politique en 2018, avait encore une fois été accueillie très positivement par le gouvernement provincial, mais aussi par l'ensemble de la population québécoise. Présentement, le Québec est la seule province qui remplit deux déclarations de revenus: l'une à Ottawa et l'autre à Québec. Cette situation émane de la Seconde Guerre mondiale. En 1941, les provinces ont accepté de laisser temporairement leur pouvoir fiscal en matière d'impôt sur le revenu des particuliers et des sociétés au gouvernement fédéral. Bien sûr, cette situation ne fut pas temporaire, mais permanente.
Cependant, en 1954, le gouvernement du Québec crée son propre impôt sur le revenu des particuliers et commence à administrer son propre système d'impôt sur le revenu. Il en va de l'autonomie du Québec de pouvoir administrer son propre système.
Comme le Québec a marqué l'histoire canadienne en 1954, nous avons la possibilité, à la Chambre des communes, de simplifier la vie des Québécois et de continuer la marche québécoise vers une déclaration simplifiée et unique, administrée par le Québec. C'est une idée que l'on avance depuis maintenant près de trois ans. Alors que le projet de loi offrait la possibilité à son parrain d'entamer des démarches positives en ce sens et de nous rassembler autour de son projet de loi, il en est tout autre.
Premièrement, les délais prescrits par le projet de loi ne sont pas réalistes. En effet, est-il venu à l'esprit du député de que le parti présentement au pouvoir est le Parti libéral du Canada, un parti hostile aux revendications provinciales?
Dans sa forme actuelle, le projet de loi demande à la fédérale d'entamer des discussions avec le gouvernement du Québec dans les 90 jours suivant son adoption. De plus, le projet de loi recommande des discussions sur un accord en l'espace d'un an. Croit-on sincèrement que le Parti libéral du Canada négociera de bonne foi avec le gouvernement du Québec pour lui permettre d'obtenir une déclaration de revenus unique?
Le Bloc québécois aurait été plus sage d'attendre qu'un gouvernement conservateur, qui est beaucoup plus à l'écoute des besoins des provinces, soit élu avant de précipiter de telles discussions. Il ne fait aucun doute qu'un accord négocié par le Parti conservateur du Canada et le gouvernement du Québec serait bien plus avantageux pour la belle province qu'un accord négocié par un gouvernement libéral.
D'ailleurs, les plus récents événements démontrent que le gouvernement libéral est peu attentif aux revendications du Québec. Le Québec demande une augmentation de ses transferts en santé sans condition. Le fédéral réplique en demandant des normes pancanadiennes dans les CHSLD. C'est un désaveu total de confiance envers le Québec.
Heureusement, du côté conservateur, nous avons non seulement le désir d'augmenter les transferts en santé de façon stable, prévisible et sans condition, mais nous voulons aussi agir pour le Québec dans d'autres sphères, notamment en élargissant la loi 101 aux entreprises fédérales, comme les banques, ou encore en donnant davantage de pouvoirs au Québec en matière d'immigration.
Deuxièmement, au lieu de s'en tenir à un seul projet de loi sur l'intention d'obtenir une déclaration de revenus unique pour le Québec, le député de Joliette a préféré utiliser cette occasion pour mousser un tout autre programme qui n'avait pas lieu d'être.
En aucun temps, l'Assemblée nationale du Québec, dans sa motion unanime appuyant la déclaration de revenus unique, n'a fait de demande relative à l'obtention de pouvoirs de négociation avec les autorités fiscales étrangères afin de modifier les conventions fiscales et les accords fiscaux relatifs à l'impôt sur le revenu, ainsi que les accords d'échange de renseignements fiscaux liés au Canada. Cela est un tout autre débat qui nuit à l'adoption du projet de loi.
Bien que nous appuyions une vision autonomiste du Québec, les relations étrangères sont assurément un champ de compétence fédéral. Alors, pourquoi avoir inséré cela dans le projet de loi?
Le Bloc québécois a-t-il vraiment à cœur la réalisation d'une déclaration de revenus unique? Ne savait-il pas qu'en mettant cet article, il ferait dérailler le débat? La position du Bloc à l'égard de cet enjeu est dommage, mais peu surprenante.
Au moyen de cet article, le Bloc québécois essaie d'avoir le beurre et l'argent du beurre. Or la déclaration de revenus unique est déjà, en soi, une énorme victoire pour le Québec. Le Bloc québécois doit toujours pousser le bouchon.
Troisièmement, le projet de loi n'offre aucune garantie de préserver des emplois dans la fonction publique canadienne à la suite de ce changement. Les gens de Chicoutimi—Le Fjord me connaissent. J'ai toujours dit que la déclaration de revenus unique devrait se faire tout en préservant les emplois. Je peux affirmer que ce projet de loi n'offre aucune garantie en ce sens.
La fonction publique offre des emplois de qualité et bien rémunérés en région. Le Parti conservateur a toujours voulu que les régions s'épanouissent et obtiennent leur juste part du gâteau, pas juste Montréal. C'est aussi dans cet esprit que le gouvernement provincial a un plan pour décentraliser les emplois de la fonction publique vers les régions.
Malheureusement, si nos collègues du Bloc québécois avaient été attentifs à ce qu'ont dit les intervenants qui ont comparu devant le comité, notamment le syndicat représentant les travailleurs, ils sauraient que le projet de loi, dans sa forme actuelle, ne protège en aucune manière les emplois.
Pour les régions comme le Saguenay—Lac-Saint-Jean et la Mauricie, le projet de loi met en péril un secteur d'activité important. En temps de pandémie, ce n'est pas le temps de mettre des emplois à risque. C'est plutôt le temps d'agir pour nos familles, pour nos travailleurs et pour le Québec.
Si le but du projet de loi C-224 était de favoriser l'implantation d'une déclaration de revenus unique dans sa forme actuelle, on peut aussi bien dire que le projet a raté sa cible. Le Bloc québécois devrait laisser la gestion aux gestionnaires et laisser le soin aux conservateurs de terminer ce qu'ils ont commencé en lien avec la déclaration de revenus unique, c'est-à-dire la présenter, la négocier et l'implanter. Le projet du Bloc québécois illustre très bien l'expression qui dit que si on leur donne un pouce, ils prendront un pied.
Au lieu de proposer des solutions adéquates aux Québécois, afin de leur faciliter la vie, le projet de loi du Bloc québécois ne provoque rien d'autre que des chicanes entre Ottawa et le Québec. Le Parti conservateur continuera de défendre une solution pragmatique et efficace pour offrir aux Québécois la déclaration de revenus unique qu'ils méritent, et ce, dans le respect des travailleurs et des régions.
Je termine en disant que le Parti conservateur n'aura pas besoin d'un projet de loi d'intérêt privé pour agir. Nous avons la ferme intention de former le prochain gouvernement, de décrocher le téléphone pour appeler le gouvernement du Québec, de négocier et de permettre la déclaration de revenus unique pour les Québécois.
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Monsieur le Président, ce que nous venons d'entendre est carrément un discours préélectoral rempli de partisanerie. C'est assez intéressant.
J'aimerais dire une chose avant de commencer mon discours.
En tant que porte-parole adjoint du NPD en matière d'environnement, je dois souligner que l'annonce au sujet d'une espèce menacée du fleuve Saint-Laurent, le chevalier cuivré, n'a pas reçu toute l'attention nécessaire de la part du , du gouvernement libéral. Cela a forcé des biologistes à dire que le gouvernement n'est pas très sérieux. Les propositions qui sont apportées ne correspondent pas au fait que l'on doit vraiment protéger une espèce menacée.
J'ai écouté avec attention le discours du député de . Je pense qu'il y a une mauvaise compréhension à l'étape du rapport. Pour le NPD, c'est vraiment important. Cela fait partie de notre tradition: nous sommes généralement d'avis qu'on ne devrait pas couler des projets en comité, lorsqu'on les a appuyés à l'étape de la deuxième lecture. C'est donc par souci de cohérence que mon collègue a voté pour que ce projet de loi soit ramené à la Chambre. Selon nous, cela relevait du bon sens. Alors que les conservateurs faisaient de l'obstruction systématique et tentaient de bloquer le projet de loi en comité, nous avons voté en faveur de son principe. Mon collègue de a fait le travail qu'il fallait, dans la tradition progressiste des néo-démocrates, pour respecter ce principe de base et ramener ce projet de loi à la Chambre.
Cela ne veut pas dire que nous avons été rassurés par les travaux du comité et par ce qu'on y a entendu. Je vais y revenir dans quelques minutes. C'est même un des collègues du député de Joliette qui nous a donné l'argument final pour dire qu'on ne pouvait pas avoir confiance, d'aucune façon, que ce projet de loi allait garantir et protéger des emplois très importants en région, notamment dans la région de la Mauricie et au Saguenay—Lac-Saint-Jean.
Je voulais mettre les choses au clair dès le départ.
Je reviens maintenant un peu en arrière. Moi aussi, je voudrais revenir brièvement à la Seconde Guerre mondiale. En 1941, c'était les provinces qui avaient l'impôt sur le revenu, mais dans un effort de guerre concerté, il y a eu une volonté de donner au gouvernement fédéral les moyens d'agir, ce qui est tout à fait normal. Par la suite, il y a eu une tentative et une volonté de garder ce pouvoir. Une fois qu'on a le pouvoir, j'imagine que c'est difficile de s'en départir. Toutefois, en 1954, le gouvernement du Québec a réinstauré un impôt provincial.
Par la suite, il va y avoir une entente, en 1955-1956, pour que les contribuables québécois ne paient pas un plus haut pourcentage d'impôt que les Canadiens, qui, eux, paient uniquement à Ottawa. Ensuite, Ottawa verse des subventions ou des versements proportionnels aux montants qui ont été donnés aux différentes provinces. Il s'agit d'un système qui semble bien fonctionner, mais qui, historiquement, a fait que les Québécois et les Québécoises ont été longtemps les seuls citoyens à devoir remplir deux déclarations de revenus. Je vais revenir plus tard sur la définition moderne de deux déclarations de revenus, puisque beaucoup de choses ont changé depuis 1955-1956. Parfois, c'est bien de le rappeler.
Nous étions d'accord sur le principe. Avant que les conservateurs adoptent cette position, le NPD a adopté, lors de son congrès, une résolution disant que nous étions d'accord sur l'idée d'une déclaration de revenus unique pour les Québécois. À notre avis, on pourrait donner cette autonomie au gouvernement du Québec. Par contre, cette résolution comportait deux volets. Le député de Joliette va bien se rappeler mes discours précédents, dans lesquels je disais que nous étions d'accord sur le principe, mais qu'il ne fallait pas que ce soit aux dépens des employés de la fonction publique, des travailleurs et des travailleuses et des régions du Québec. Sinon, cela revient à changer quatre trente sous pour une piastre. On donne peut-être un pouvoir supplémentaire au gouvernement, mais on pénalise des milliers de familles.
Nous avons donc voté en faveur du projet de loi, à l'étape de la deuxième lecture. Le projet de loi sera envoyé en comité. Avant de participer au comité, nous avons fait nos devoirs. Nous sommes allés sur place pour rencontrer les gens qui travaillent à Revenu Canada, dans les centres fiscaux, pour voir avec eux comment on pourrait réorganiser le travail et quelle tâche supplémentaire pourrait être donnée à ces employés. Il faut avoir un plan de match et des garanties que ces gens n'allaient pas se retrouver le bec à l'eau. La moitié d'entre eux allait peut-être être sauvée, alors que l'autre moitié devra chercher un nouvel emploi.
C'est beaucoup plus compliqué que cela en a l'air, et les travaux du comité l'ont montré encore une fois. On arrive avec une baguette magique en disant: on l'écrit dans la loi donc cela va nécessairement se faire. C'est une baguette magique que le Bloc québécois avait prêtée aux conservateurs pendant quelques mois, jusqu'à ce que les conservateurs se rendent compte, eux-aussi, que ce n'était pas possible de le faire. C'est quand même assez intéressant de voir aujourd'hui les conservateurs être tellement à l'écoute des syndicats de la fonction publique fédérale. Cela change un peu lorsqu'ils arrivent au pouvoir, mais, pour l'instant, ils semblent avoir entendu raison et avoir entendu le fait que l'on ne peut pas former les gens, les réaffecter et réaménager leur travail comme cela.
Par exemple, donner de nouvelles tâches sur la lutte contre les paradis fiscaux serait bien, mais ce n'est pas du tout le même type de travail qui demande les mêmes compétences et les mêmes exigences. C'est un peu de la pensée magique. Les travailleurs et les travailleuses du secteur sont venus le répéter au comité, et je pense que l'on doit, par respect pour ces travailleurs et leurs familles, être vraiment à leur écoute, car ce sont eux les spécialistes de la question. Au NPD, nous avons fait le travail avant le comité, mais nous avons continué à les écouter.
On a aussi entendu d'autres choses au comité. Par exemple, selon le Bloc québécois, on est capable de réaliser des dizaines, voire des centaines, de millions de dollars d'économies, sans perte d'emplois. C'est la nouvelle baguette magique, et j'aimerais bien savoir comment on fait cela. Essentiellement, les dépenses se font sur la main-d'œuvre et sur les salaires. Si on a la prétention d'économiser des centaines de millions de dollars, on ne peut pas dire en même temps que tous ces gens-là vont continuer à travailler, cela ne tient pas la route. C'est comme dire qu'on va baisser les impôts et augmenter les dépenses du gouvernement; c'est exactement la même contradiction.
Le député de lors d'un échange avec le député de a affirmé que seulement « 44 % des 5 300 personnes sont vraiment utiles ». On peut le lire dans les Témoignages du Comité permanent des finances. Il vient de dire que l'autre moitié, elle, est techniquement inutile. J'aimerais qu'il dise aux 3 000 autres employés qu'ils sont inutiles. Est-ce cela, la vision du Bloc québécois pour le développement économique dans les régions et le respect des travailleurs et des travailleuses? C'est très grave.
Le député de La Prairie poursuit ainsi: « Cela signifie que 2 332 des 5 300 personnes demeureraient à l'emploi ». On calcule assez vite que cela signifie une perte de salaire et une perte d'emploi pour 3 000 personnes. Le Bloc québécois et le député de La Prairie l'ont dit et on peut le lire dans le compte rendu des délibérations du Comité: ils sont prêts à sacrifier 3 000 emplois en région. Ils sont prêts à sacrifier 3 000 familles, car ils ont leur hochet qui est bien important pour eux et il faudrait continuer à aller de l'avant avec cela.
Le Bloc québécois ne se rend pas compte d'une chose. En plus de faire mal à des travailleurs et à des travailleuses, est-ce aussi utile que ce l'était auparavant de ne pas avoir deux déclarations de revenus sur papier à faire? La réalité est que presque plus personne ne remplit ses déclarations tout seul à la maison avec deux formulaires qu'on est allé chercher à la caisse populaire, à côté de l'entrée, comme cela se faisait il y a 15 ou 20 ans.
La plupart des professionnels nous disent que, depuis 2016, au moins 60 % des déclarations de revenus des Québécois sont faites par des comptables agréés, c'est-à-dire la majorité, et que 40 % des déclarations de revenus sont encore faites par les individus eux-mêmes. Dans ces 40 %, 75 % sont faites avec des logiciels en ligne. Lorsqu'on remplit son formulaire en ligne, on remplit en fait une déclaration de revenus et le logiciel en ligne s'occupe de mettre les données dans les bonnes cases, pour la petite feuille bleue ou la petite feuille rouge. Cela n'a presque plus d'impact dans la vie des gens. On parle de 10 ou 12 % des Québécois et des Québécoises qui remplissent encore leur formulaire sur deux copies en papier.
Est-ce que cela vaut 3 000 bons emplois? Est-ce que cela vaut la souffrance de 3 000 familles? Ce pourcentage-là diminue chaque année. Dans quelques années, pratiquement plus personne ne fera sa déclaration de revenus sur du papier, tout seul et sans l'aide de professionnels.
Pour toutes ces raisons, le NPD ne pourra pas appuyer ce projet de loi, car celui-ci ne correspond pas aux intérêts des Québécois et des Québécoises, des travailleurs et des travailleuses.
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Monsieur le Président, nous avons parlé plus tôt de proverbes. Quand j'entends mon collègue du Parti conservateur et celui du NPD, ces mots de Falardeau me viennent à l'esprit: « On va toujours trop loin pour les gens qui vont nulle part ». Cela résume très bien que le changement, même si c'est pour le mieux, fait peur à ces gens-là. Ils ont peur dès la seconde où l'on parle de changement.
Les conservateurs, qui sont traditionnellement en faveur de l'idée d'une déclaration de revenus unique, ont déposé une motion à la Chambre en 2019 et l'ont débattue. Ils se sont inspirés d'une motion qui avait été adoptée à l'unanimité par l'Assemblée nationale du Québec le 15 mai 2018. Je le sais, puisque c'est moi qui avais déposé cette motion à l'Assemblée nationale.
Les conservateurs avaient passé une journée entière à débattre cette motion. Aujourd'hui, ils nous disent qu'ils ne sont plus d'accord, car ils savent que les libéraux ne veulent pas d'une déclaration de revenus unique. Ils veulent donc rejeter le projet de loi avant que les libéraux ne le fassent. C'est une belle façon de faire de la politique: faire le sale boulot parce qu'on sait que les autres vont le faire. Sommes-nous ici pour améliorer le sort des citoyens ou pour faire de la petite politique dans l'unique but de protéger notre emploi?
Même si les conservateurs savent qu'une déclaration de revenus unique serait meilleure pour tout le monde et pour tous les Québécois, cela représenterait un gain pour le Bloc québécois. Les conservateurs ne veulent surtout pas que nous prouvions encore une fois que le Bloc est utile à la population. C'est cela, le problème.
Ils préfèrent que les gens continuent de dépenser inutilement de l'argent pour faire deux déclarations de revenus et que les fonctionnaires continuent de faire deux fois le même travail. Toutefois, on pourrait libérer ces fonctionnaires pour faire autre chose. Nous n'avons jamais dit qu'on devait les congédier. Nous avons dit que, puisqu'on les paie déjà, pourquoi ne pas utiliser ces gens compétents pour faire autre chose dans l'appareil public à un moment où il y a une pénurie de travailleurs? Suis-je le seul à le comprendre ici? C'est pourtant une évidence.
Selon une étude scientifique de l'Institut de recherche sur l'autodétermination des peuples et les indépendances nationales, l'IRAI, on pourrait épargner 287 millions de dollars dans le réseau de la fonction publique. C'est écrit noir sur blanc, avec des preuves à l'appui. Or, on refuse cela.
Un hôpital comme l'Hôpital Pierre-Le Gardeur coûte 205 millions de dollars. Voilà ce qu'on pourrait épargner pour le Québec. Avec un tel montant, on pourrait construire un hôpital par année au minimum, ce qui permettrait d'améliorer la santé des citoyens. C'est ce que nous voulons faire pour la population.
Cela n'a aucun sens de faire travailler des fonctionnaires pour faire le même travail à deux endroits. Cela ne veut pas dire qu'on va mettre fin aux emplois dans les régions. Ces gens-là pourront faire autre chose. On manque de travailleurs dans la fonction publique, c'est une évidence. Il y a une pénurie de travailleurs. On court après le monde en ce moment. Or, on ne sera pas toujours en pandémie.
Les conservateurs ne sont pas capables de comprendre cela. Comme ils ne savent plus quoi dire, ils se trompent dans les dates et dans les chiffres. Ils nous avouent qu'ils n'avaient pas vu les choses de cette façon. On est soit pour, soit contre la déclaration de revenus unique. C'est comme être enceinte: on ne peut pas l'être à moitié.
C'est sûr qu'il va falloir établir des ententes avec les autres pays, parce que nous allons devenir les percepteurs d'impôts. Voilà ce que les conservateurs doivent comprendre. Or, ils n'en sont pas capables. Aussitôt que nous voulons faire du bien au Québec, ils s'y opposent.
Les Québécois sont en faveur de la lutte aux changements climatiques; eux ne comprennent même pas ce que c'est.
Les Québécois sont pour la protection de la gestion de l'offre; eux sont contre parce qu'ils préfèrent vendre du bœuf de l'Ouest. Ils ont voté contre la gestion de l'offre, voilà ce qu'est la réalité.
Au Québec, il existe un consensus autour de l'aide médicale à mourir. Ils ont voulu bloquer cela. C'est toujours la même affaire avec les conservateurs.
Il faut comprendre qu'on parle ici d'un projet de loi intelligent, qui a été bien développé. On y pense depuis des décennies. En 1991, on a fait cela avec la TPS et la TVQ: nous avons réussi ce tour de force d'avoir deux percepteurs, deux taxes de vente avec des paramètres différents. Cela s'est déjà fait et c'est la même chose. C'est Revenu Québec qui le fait, et cela nous fait épargner plus de 190 millions de dollars par année.
Je vois encore une fois le député de avoir une poussée de boutons. La même chose se produit chaque fois qu'on tente de faire du bien au Québec. Il n'est plus reconnaissable. Il sort des propos qui n'ont aucun bon sens. Il nous dit que les gens ne font plus de déclaration de revenus sur papier. Cela est évident. Pense-t-il vraiment que nous ne le savons pas?
Selon l'IRAI, on économiserait 99 millions de dollars pour les entreprises et 39 millions de dollars pour les gens qui font leur déclaration de revenus chez eux. Ces chiffres sont établis en considérant que les gens utilisent leur ordinateur pour le faire.
Une étude scientifique de François Vaillancourt prouve que cela prend 10 % plus de temps à une personne pour faire ses impôts au Québec parce qu'elle a deux rapports à remplir. On n'a pas dit que ça prenait 50 % de plus, mais 10 % de plus de temps, parce qu'on sait que les gens ne font pas ça sur papier. En économisant ces 10 %, les entreprises récupéreraient 99 millions de dollars et les particuliers, 39 millions de dollars. Cela représente un total de 425 millions de dollars d'économies pour le Québec et c'est ce qui nous motive.
L'Assemblée nationale du Québec le veut. Le premier ministre du Québec le veut. Les hommes d'affaires le veulent. Même les comptables le veulent. Les conservateurs ont dit au premier ministre du Québec qu'ils étaient pour. Ils ont dit aux Québécois qu'ils étaient pour. Cependant, ils viennent encore une fois de faire volte-face avec des explications qui n'ont ni queue ni tête.
À un moment donné, il faut que l'on soit ici pour les bonnes raisons. De notre côté, nous sommes ici pour les bonnes raisons. Nous faisons de la politique pour notre monde. Nous répondons aux aspirations du Québec. Nous répondons présent quand le Québec a besoin de quelque chose, nous répondons présent pour l'impôt unique et nous répondons présent pour les changements climatiques. Nous étions là pour éviter que l'aide médicale à mourir ne soit à la merci de la droite religieuse du Parti conservateur. Nous étions là et nous allons être encore là.
J'étais content d'être bloquiste parce que c'est le seul parti qui défend, et qui défend vraiment, les Québécois. Le Parti conservateur n'est pas capable de regarder les Québécois dans les yeux et de leur dire qu'il les défend. Je ne sais pas comment font les députés conservateurs du Québec pour se regarder dans le miroir: ils sont complètement déconnectés de la réalité des Québécois. Les Québécois ne sont pas dupes.
C'est la même chose pour le NPD, il n'est pas mieux. Il dit qu'il va voter pour, puis il démolit en votant contre au bout du compte. Concernant les emplois, on en est rendus à faire disparaître des emplois parce qu'on veut encore mieux optimiser le travail de la fonction publique. Voyons! Le député de n'a jamais géré de compagnie. Cela ne veut pas dire qu'on va congédier ces gens, mais qu'on va faire quelque chose de plus constructif pour eux et qu'ils vont donner plus de services à la population pour le même salaire. Qui peut être contre?
On en est rendu là parce que le Parti conservateur ne sait plus où se garrocher. Il en est à utiliser les syndicats pour se justifier. On aura tout vu. On est à la veille de se gratter le front avec les dents du haut pour expliquer une position qui n'est pas tenable.
Avant d'aller me coucher le soir, je me regarde dans le miroir, je regarde mes concitoyens, je leur parle. Des personnes qui voulaient voter conservateur m'ont dit en fin de semaine qu'elles ne pouvaient pas concevoir que les conservateurs soient contre la déclaration de revenus unique. Je leur ai répondu que si elles étaient à la Chambre, elles auraient d'autres raisons de ne plus voter pour les conservateurs.
Je peux dire que nous, au Bloc québécois, regardons les électeurs dans les yeux. Je ne suis pas gêné de dire que nous allons les défendre bec et ongles. Nous sommes ici pour cela et nous serons ici tant et aussi longtemps que nous enverrons de l'argent à Ottawa. C'est notre argent et nous allons nous arranger pour qu'il soit bien géré, parce que la déclaration de revenus unique est payante pour les Québécois.
C'est pour cela que les députés trouveront toujours sur leur chemin les députés du Bloc québécois, qui vont pousser ce dossier parce que nous savons compter. Le seul intérêt qui nous importe est l'intérêt des Québécois.