[La ministre s'exprime en ojibwé, en anishinabe et en arabe ainsi qu'il suit:]
boozhoo, aaniin, salam aleykoum.
[Traduction]
Je prends la parole à partir de ma circonscription, Peterborough—Kawartha, où la Première Nation de Curve Lake et tous les habitants de la région pleurent la perte de Cileana Taylor, qui a perdu la vie parce qu'elle a été victime d'un acte de violence commis par un homme qu'elle connaissait.
Je tiens à remercier mes collègues d'avoir accepté de tenir cet important débat. Je ne sais pas à quand remonte le dernier débat exploratoire sur la violence fondée sur le sexe à la Chambre des communes ou s'il y en a déjà eu un. C'est ce que mon équipe et moi voulions faire, et ce débat est historique. Je tiens à remercier le caucus des femmes libérales d'avoir sonné l'alarme, notre leader parlementaire de nous avoir écoutés et pris au sérieux, et tous les partis à la Chambre d'avoir accepté de tenir ce débat essentiel en ce moment crucial de notre histoire et en cette période très importante pour les femmes.
Ce genre de débats est important, et le gouvernement continuera à créer des espaces pour qu'ils aient lieu. Toutefois, il ne faut pas se contenter de prononcer de belles paroles: celles-ci doivent s'accompagner de mesures concrètes. Ce soir, quand j'ai vu mes collègues conservateurs voter contre le transfert de fonds essentiels visant à appuyer des femmes et des enfants qui fuient la violence et les mauvais traitements au Québec, j'ai dû remettre en question leur sincérité. J'espère que mes collègues conservateurs expliqueront pourquoi ils ont voté de cette façon dans le temps qui leur est imparti.
J'aimerais parler des femmes qui ont perdu la vie, de la réponse du gouvernement pendant la pandémie, de la maladie qui est à l'origine de la violence contre les femmes et de la façon dont les parlementaires peuvent apporter le changement culturel nécessaire pour mettre fin à cette pandémie invisible.
Je me permets de citer les noms des sept femmes qui ont perdu la vie au Québec en sept semaines à peine. Elisapee Angma, âgée de 44 ans, était la mère aimante de quatre enfants. Marly Édouard, âgée de 32 ans, était une Canadienne d'origine haïtienne bien connue sur la scène musicale haïtienne et une ancienne gérante, productrice et animatrice de radio. Myriam Dallaire, âgée de 28 ans, était la jeune mère d'un précieux bambin de 1 an. Sylvie Bisson, âgée de 60 ans, était la mère de Myriam Dallaire. Nadège Jolicœur, âgée de 40 ans, était la mère de cinq enfants. Rebekah Harry, âgée de 29 ans, était la mère d'un fils de 9 ans et était décrite comme une bonne amie et un membre de la famille qui vivait sa vie à fond. Nancy Roy, âgée de 44 ans, était aimée et chérie des gens de son entourage. Ces femmes étaient aimées et elles nous manqueront.
Nous pleurons avec les Québécois et les Canadiens en deuil.
[Français]
Une vie perdue est une perte de trop. Nous pleurons avec elles. Nous continuerons à placer les survivantes et les êtres chers perdus au centre de notre travail.
[Traduction]
Il y a eu plus de 160 féminicides l'an dernier. Un décès, c'est déjà un de trop. Nous les pleurons, et nous continuons de placer les survivantes et les familles au cœur de notre travail.
Quand la pandémie a été déclarée, nous avons communiqué avec des leaders de partout au pays qui nous ont tous dit la même chose, c'est-à-dire que les taux de violence allaient augmenter. Quand nous leur avons demandé ce que devrait faire le gouvernement du Canada, ils nous ont dit qu'il fallait, le plus rapidement possible, fournir des fonds aux organisations qui seraient le dernier refuge des femmes et des enfants qui fuient la violence et les mauvais traitements, et c'est ce que nous avons fait. Grâce à un modèle novateur et inédit, nous avons réussi — avec nos partenaires, les provinces et les territoires, l'équipe d'Hébergement femmes Canada, la Fondation canadienne des femmes et le gouvernement du Québec, avec qui nous avons conclu une entente distincte — à fournir des fonds à ces organismes.
Plus d'un millier d'organismes au pays ont ainsi pu payer leur personnel, rester ouverts et obtenir l'équipement de protection individuelle, les produits de nettoyage et les ordinateurs portables requis pour fournir ces services essentiels. Je tiens à les remercier pour le travail qu'ils accomplissent. Nous avons réussi, grâce à eux, à éviter beaucoup d'autres tragédies. Près d'un million de femmes, d'enfants et de Canadiens non binaires ont pu y trouver refuge et y recevoir des soins pendant la pandémie. Au nom du et du gouvernement du Canada, je souhaite remercier tous ces leaders qui vivent dans chacune de nos circonscriptions. Il nous serait impossible d'accomplir ce travail sans eux.
La violence fondée sur le sexe ne date pas d'hier. Des féministes, des survivantes et leurs familles se battent depuis des décennies pour que les choses changent. La pandémie a amplifié et intensifié les motifs de violence, et les gens subissent de la pression, mais la violence contre les femmes est inacceptable. Il s'agit d'une violation de leur dignité et de leurs droits fondamentaux, violation qui se répercute sur nous tous.
Le gouvernement collabore avec les provinces et les territoires pour mettre en œuvre un plan d'action national contre la violence sexiste. Nos partenaires de l'organisation YWCA, dirigée par Maya Roy, et nos partenaires de la coalition Blueprint, dirigée par Lise Martin, d'Hébergement femmes Canada, travaillent sur le terrain pour veiller à ce que les voix des femmes soient intégrées au plan d'action national.
Les provinces et les territoires ont accepté d'aller de l'avant avec ce plan. Nous nous sommes entretenus avec plus de 1 500 intervenants dans l'ensemble du pays et, au cours des cinq dernières années, nous avons augmenté le financement accordé aux organisations féminines de première ligne plus que tout autre gouvernement, et cinq fois plus que le gouvernement précédent. Nous avons créé des bureaux régionaux et nous avons levé le bâillon qui empêchait de trop nombreuses organisations féministes de militer au nom de leurs clientes et des personnes qu'elles servent.
Tout le long du processus, nous continuerons de compter sur des féministes déterminées de tout le pays, notamment en ce qui concerne les mesures de développement économique sur lesquelles travaille le gouvernement. Elles savent quoi faire. C'est grâce à elle que nous sommes arrivés à ce moment précis où les parlementaires tiennent une conversation courageuse, et nous continuerons de travailler avec elles jusqu'à ce que chaque femme et chaque enfant au pays soit en sécurité et libre de réaliser ses rêves et d'atteindre tout son potentiel.
Je vois que madame la présidente a pris place au fauteuil. Je me réjouis de votre leadership et des efforts que vous déployez pour défendre cette cause dans cette enceinte et au sein du caucus des femmes. Vous êtes un roc, et votre féminisme et votre militantisme nous rendent plus forts.
Nous n'avons pas toujours eu le courage de désigner par son nom la raison de cette violence, mais la masculinité toxique crée un environnement moins sécuritaire pour les femmes et enlève aux hommes leur dignité. La Chambre compte 238 hommes honorables, et je demande à tous les hommes de se joindre à nous pour contribuer à prévenir ces actes criminels évitables. Nous avons besoin d'eux. Pendant trop longtemps, les femmes ont porté le fardeau de la violence perpétrée contre elles, contre leur famille et contre leur corps. Toutefois, de plus en plus, nous voyons des hommes se déclarer nos alliés, comme mon ancien secrétaire parlementaire, qui défend cette cause de façon incroyable, et comme le du Canada, qui partage ses pouvoirs et son espace avec d'autres femmes et qui nous encourage à être des cheffes de file et à nous montrer fortes dans notre défense des intérêts de celles dont la voix n'est pas entendue.
L'heure des comptes a sonné. L'heure est venue pour nous, parlementaires, de saisir l'occasion qui s'offre à nous de mettre fin à cette violence une fois pour toutes et aussi désagréable que cela puisse être en raison de la pandémie.
Il n'y a pas si longtemps dans la cour d'une école près d'où j'habite, une petite fille de 11 ans a reçu un coup de pied très violent d'un garçon parce qu'elle avait fait mieux que lui dans une épreuve sportive. Le garçon lui a dit qu'elle était grosse et laide et qu'elle n'avait pas d'amis. Les amis de la petite fille ont ri et elle s'en est allée en pleurant.
Ailleurs, dans une autre école pas très loin d'ici, un garçon de 14 ans qui ne savait plus quoi répondre dans une discussion difficile a dit à une fille de 14 ans qu'elle était trop laide pour se faire violer et il lui a demandé pourquoi elle se plaignait au sujet de la sécurité des femmes.
En quelques minutes, toute l'école dénonçait les propos du garçon. Les filles de l'école ont défendu la fille de 14 ans et ont dénoncé la masculinité toxique. Les adolescents se rendent compte qu'il existe des situations problématiques et ils les dénoncent. Il faut avoir le même courage et le faire également. Ils sont...
:
Madame la présidente, pendant la pandémie, nous avons vu une pandémie de l'ombre, une forte augmentation de la violence familiale. Au cours des dernières semaines, les tragédies survenues au Québec nous ont rappelé la triste réalité à laquelle sont confrontées plusieurs femmes. Au cours des sept dernières semaines, nous avons perdu sept femmes à cause de la violence familiale au Québec. Au cours de la dernière année, nous avons perdu une femme ou une fille à cause de la violence tous les 2,5 jours. C'est une crise pour notre pays.
Ce soir, nous nous souvenons d'elles et nous nous engageons à faire mieux pour les femmes et les filles de ce pays. Les experts nous ont prévenus qu'il y aurait une montée de la violence. Leur argument était assez simple: après une catastrophe naturelle, le taux de violence familiale augmente. Pendant les périodes de récession économique, le taux de violence familiale augmente aussi.
Une pandémie, c'est comme une récession économique pendant une catastrophe naturelle. La situation est donc très grave. Les personnes qui s'occupent des victimes de violence familiale nous ont avertis des dangers que courent les femmes qui sont enfermées avec leur agresseur.
[Traduction]
Ceux qui s'occupent des victimes de violence conjugale nous ont mis en garde contre les risques qu'allaient courir les femmes confinées avec leur agresseur. Au début de la pandémie, la Fondation canadienne des femmes a inventé un signe de détresse: un geste de la main qui pourrait être utilisé discrètement pendant les appels Zoom ou FaceTime pour indiquer qu'une femme subit des mauvais traitements. La femme en détresse lève la main, paume vers la caméra, et elle replie ses quatre doigts pour cacher le pouce dans la paume de sa main. Si les gens connaissent quelqu'un qui pourrait être dans une situation de violence, ils devraient lui offrir leur aide.
Nous avons tous déjà entendu la statistique des « sept tentatives », mais elle mérite d'être répétée. Il faut en moyenne sept tentatives aux survivantes pour réussir à quitter de façon permanente une relation violente et lorsqu'elles y parviennent, des données récentes indiquent que la violence à l'encontre des anciennes partenaires a également augmenté sensiblement au cours de la pandémie.
[Français]
Nous avons tous entendu parler de la statistique des sept fois. Elle vaut quand même la peine d'être répétée. En moyenne, il faut sept tentatives aux survivantes pour réussir à quitter une relation violente. Malheureusement, quand elles réussissent, les données suggèrent que la violence contre les anciennes partenaires augmente encore plus.
[Traduction]
La pandémie nous laisse la conséquence épouvantable qu'est la récession. Toutes les statistiques disponibles nous montrent qu'elle a eu des conséquences disproportionnées sur les femmes, en particulier les femmes occupant un emploi à temps partiel ou dans le secteur des services, autrement dit les femmes dont la situation financière est déjà précaire. L'instabilité financière est l'une des raisons les plus fréquemment invoquées pour demeurer avec un partenaire violent. Cela devrait nous faire réaliser que même une fois la pandémie terminée et les Canadiens bien vaccinés, la pandémie silencieuse de la violence familiale aura empiré et se poursuivra.
[Français]
Les problèmes financiers sont souvent invoqués pour rester avec un partenaire violent. Même quand la pandémie sera terminée et que les Canadiens seront vaccinés, la pandémie de l'ombre liée à la violence familiale va toujours demeurer. Nous devons tous en être conscients.
[Traduction]
Le libellé actuel de la motion fait mention du plan d'action national contre la violence fondée sur le sexe. Il s'agit d'une promesse qu'a faite le gouvernement depuis son élection. C'est une promesse importante, mais elle est continuellement remise à plus tard.
Le gouvernement n'a jamais présenté une politique en réponse au rapport sur les femmes et les filles autochtones disparues ou assassinées, bien que beaucoup de provinces aient commencé à agir. Par exemple, l'an dernier, de nombreuses provinces ont annoncé qu'elles mettraient fin aux alertes à la naissance, une pratique qui touche de manière disproportionnée les femmes autochtones. Cependant, le gouvernement libéral n'a rien fait.
[Français]
Cette semaine, les conservateurs ont demandé aux libéraux de déposer un plan précis pour lever les restrictions liées à la COVID-19 de manière graduelle et sécuritaire. Ces restrictions ont eu de graves conséquences sur la santé mentale des Canadiens. Elles ont aussi augmenté la violence domestique partout au pays. Malheureusement, le gouvernement a refusé notre demande.
[Traduction]
Comme je l'ai dit à maintes reprises, la crise de santé mentale découlant de la pandémie de COVID-19 s'est traduite en une épidémie de larmes pour de nombreuses familles. C'est pourquoi l'opposition conservatrice présentera un plan d'action canadien sur la santé mentale et bonifiera les partenariats de financement avec les provinces visant les soins de santé mentale. Nous mettrons en place des mesures incitant les employeurs à offrir de meilleurs programmes de bien-être mental à leurs employés. Il est important que nous établissions, conformément à la motion adoptée à la Chambre, une ligne nationale de prévention du suicide dotée d'un numéro à trois chiffres.
Nous présenterons également un plan pour rétablir le million d'emplois qui ont disparu en un an, dans le contexte de la pandémie, et nous ne nous arrêterons pas là. Il ne faut pas oublier qu'un grand nombre de ces emplois étaient occupés par des femmes, qui sont aujourd'hui au chômage. Comme je l'ai dit plus tôt, il est beaucoup plus difficile pour une femme de fuir la violence conjugale lorsqu'elle n'a pas un revenu fiable.
[Français]
Les massacres et les actes de violence ont tous un point en commun: presque tous commencent par la violence domestique.
[Traduction]
Je profite de cette occasion pour remercier les gens qui ont été pour moi des mentors et qui m'ont amené à défendre cette cause, de 2006 à 2007, y compris le regretté Jim Flaherty ainsi que mon père, John O'Toole, qui, en tant que député provincial de Durham, a présenté le projet de loi Lori Dupont, nommé ainsi pour honorer la mémoire d'une infirmière assassinée par un ancien conjoint à l'hôpital Hôtel-Dieu Grace, à Windsor. Elle n'avait pas réussi à obtenir qu'une personne reconnue comme un agresseur soit soumise à un engagement à ne pas troubler l'ordre public.
À l'époque, j'ai appuyé mon père avec fierté en tant qu'avocat afin que le projet de loi 10 soit adopté et que l'on puisse ainsi rendre une ordonnance d'intervention et éviter une situation comme celle de Mme Dupont, qui avait demandé l'aide de l'État, sachant qu'il y avait un risque, mais dont l'employeur et la province n'ont pas pu intervenir. Aujourd'hui en tant que parlementaire, je suis fier de poursuivre cette tradition amorcée par mon père.
[Français]
Ce soir, je commémore les sept femmes qui ont récemment perdu la vie au Québec à la suite d'un féminicide.
[Traduction]
Nous pleurons également les 160 femmes victimes d'un féminicide au cours de la dernière année seulement: 160 filles, sœurs, mères et amies. Leur vie avait un but et était précieuse, et nous chérirons leur mémoire. Elles ont perdu la vie aux mains de personnes en qui elles avaient confiance ou qu'elles aimaient. Leur vie s'est éteinte, et nous ne pouvons les oublier.
Tandis que nous vivons notre deuil, renouvelons notre engagement en tant que Canadiens à mettre un terme à la violence envers les femmes et à surveiller les signes de violence autour de nous, que ce soit en ligne ou dans notre milieu de travail. Nous devons tous nous engager de nouveau à faire plus. D'importants débats comme celui-ci, à la suite de sept semaines de tragédie au Québec, sont un petit pas dans la bonne direction.
[Français]
Cette pandémie a augmenté la violence domestique au Canada. Pendant que les mesures de confinement se poursuivent et que le taux de chômage monte, nous devons sensibiliser les Canadiens à la violence domestique. Surtout, nous devons tout faire pour la prévenir.
[Traduction]
Nous devons tous faire plus.
:
Madame la présidente, c'est un honneur de vous voir présider en tant que femme ce soir.
C'est avec une boule dans la gorge que je prends la parole sur cette question si triste et désespérante: la hausse des féminicides.
Je vais nommer quelques éléments de la motion, qui témoigne malheureusement de la tristesse de la situation: a) Que la Chambre fasse le deuil de sept femmes qui ont perdu la vie en raison d'actes de féminicide odieux qui se sont déroulés au Québec au cours des derniers mois; b) fasse le deuil de toutes les femmes et les personnes de diverses identités de genre d'un bout à l'autre du Canada et du Québec qui ont perdu la vie en raison de la violence entre partenaires intimes, ou de la violence fondée sur le sexe incluant les plus de 160 femmes qui ont perdu la vie en raison d'actes de féminicide dans la dernière année seulement; c) continue de soutenir les survivants et les survivantes de la violence fondée sur le sexe; d) reconnaisse la hausse incroyablement alarmante de violence fondée sur le sexe à travers le pays; e) condamne la violence fondée sur le sexe sous toutes ses formes; f) travaille en collaboration avec les gouvernements pour accélérer les investissements dans les refuges et les logements de transition et pour poursuivre la mise en œuvre d'un plan d'action nationale contre la violence sexiste; g) demande à tous les Canadiens et à toutes les Canadiennes et à tous les Québécois et à toutes les Québécoises d'en faire plus pour combattre toute forme de violence fondée sur le sexe et sensibiliser les autres à son égard.
Comme je l'avais déjà mentionné dans mon discours du 8 mars, la pandémie a donné plusieurs tapes sur la gueule des femmes et des filles. Je ne parle pas seulement au sens figuré, avec une hausse du travail invisible, la charge mentale et le travail en première ligne dans notre système de santé. Je parle aussi et surtout au sens propre, avec une hausse marquée des cas de violence conjugale causant la mort de beaucoup trop de femmes. Durant la pandémie, 10 % des femmes craignaient d'être victimes de violence conjugale. Pour les femmes autochtones, on pouvait multiplier ce pourcentage par trois.
Ce soir, j'ai le goût de laisser les faits parler d'eux-mêmes. On déplore qu'une femme sur trois soit victime de violence conjugale. En tout, 90 % des femmes qui vivent de la violence conjugale en garderont des séquelles, allant de traumatismes psychologiques à des traumatismes crâniens provoqués par des coups portés à la tête et des commotions cérébrales.
Dans une entrevue récente, Jean-François Landry, ancien membre du Groupe d'aide pour les personnes impulsives, donnait l'exemple d'un homme violent:
Il pouvait être le plus gentil des conjoints, mais sans crier gare, se fâcher et avoir une réaction violente en criant et en lançant des objets. C’était normal d’avoir ce genre de comportements, car il avait élevé comme ça. Il ne frappait personne, mais il défoulait sa colère sur les murs par exemple. Il était également assez explosif avec les enfants. Il ne se mettait pas en colère au travail, ce qui faisait en sorte que toute cette colère éclatait plutôt à la maison envers sa famille. Ironiquement, les gens qui le connaissaient seulement en tant que connaissance ou ami ne se serait jamais douté qu’il était violent à la maison.
L'élément que je retiens de cet exemple est l'importance d'inclure les hommes dans ce discours, dans ce débat.
De son côté, la vice-première ministre du Québec et ministre de la Sécurité publique, Geneviève Guilbault, a affirmé en entrevue ce qui suit:
C'est dramatique ce qui se passe depuis cette semaine. C'est quelque chose qu'on ne peut pas accepter et qui est extrêmement bouleversant et choquant. On a cette responsabilité comme gouvernement et comme société de lutter contre la violence faite aux femmes. Cette lutte doit se faire par la prévention, par la répression, mais d’abord et avant tout, par la responsabilisation. Encourager les hommes à aller demander de l'aide quand ils sont violents ou à risque d'être violents, et évidemment, évidemment, rappeler aux femmes qu'elles peuvent et doivent demander de l'aide.
Il est inacceptable que l'on doive attendre des semaines avant de pouvoir aider les hommes à prévenir la violence conjugale. Il faudra aussi que le gouvernement s'assure de donner de l'argent aux organismes de prévention parce que le budget, administratif au départ, sera probablement adapté pour inclure un montant permettant de contrer et de prévenir la violence faite aux femmes. Il faut dénoncer cette problématique, il est bon de le faire, mais cela ne règlera pas tout. Il faut que la société répète et martèle ce message pour changer les mentalités.
Au-delà de ces sept féminicides au Québec en six semaines, plus de 300 femmes ont été, l'an dernier seulement, victimes d'une tentative de meurtre, un chiffre à faire dresser les poils. Il faut continuer de faire pression sur le gouvernement, mais il ne faut pas non plus oublier que c'est toute la société qui doit collaborer pour régler le problème de la violence conjugale. Il faut prendre acte de la situation.
Je dois saluer l'exercice qui s'est récemment tenu au Québec, alors qu'un comité d'experts s'est penché sur la violence faite aux femmes. Au-delà de la feuille de route, il faudra aussi que le fédéral collabore en transférant rapidement des sommes substantielles aux organismes. Il faut aussi, collectivement, trouver la volonté et continuer de faire pression sur le gouvernement parce que, en plus du budget déposé aujourd'hui, le gouvernement du Québec a la volonté d'investir pour contrer la violence faite aux femmes.
Ce que certains qualifient de crise sociale nous permettra, je l'espère, de comprendre que la violence conjugale ne veut pas seulement dire « battre sa femme » et qu'elle concerne également les agissements de la société dans son ensemble. Il faudra donc travailler en amont et comprendre que la violence psychologique et le contrôle coercitif peuvent avoir des conséquences et être des signes précurseurs de violence. À ce sujet, je tiens à souligner le travail de Myrabelle Poulin, dont le blogue Les mots de Myra recueille des témoignages sur cette question. Il faudra aussi sortir les femmes du cercle de la pauvreté qui les maintient trop souvent dans un état de vulnérabilité.
La responsable des dossiers de violence conjugale au SPVM, Anouk St-Onge, rappelait récemment qu'il y a eu une augmentation de 12 % des cas rapportés de violence conjugale à Montréal. Elle a déploré que plus de 1 500 cas de violence conjugale aient été rapportés pour la seule année 2020, une hausse en comparaison à 2019.
On voit que la pandémie a coupé les victimes de leur système de soutien social et les a isolées, aggravant les situations de violence conjugale. Être prise 24 heures sur 24 avec son agresseur est forcément une situation aggravante. À certains moments durant la pandémie, la baisse du nombre de dénonciations n'était pas une bonne nouvelle.
De plus, une discussion beaucoup plus large s'impose sur le fait que la violence conjugale est plus que battre une femme. Comme je l'ai dit, elle englobe aussi la violence verbale et la violence psychologique, comme le fait d'épier les textos de son ou de sa partenaire. Les signalements de violence conjugale sont en hausse, mais les places en refuges manquent au Québec, nous l'avons notamment vu durant la pandémie.
Bien entendu, les partis de l'opposition à l'Assemblée nationale réclament de nouvelles sommes pour répondre aux besoins croissants en matière de violence conjugale. Or, afin que le Québec puisse lutter adéquatement contre la violence conjugale en réinvestissant dans les organismes sous-financés de prévention de la violence conjugale, comme les maisons d'hébergement, il faudra une hausse des transferts, que les sommes ne soient pas retenues et que les ententes soient plus rapides.
Tel qu'il a été démontré récemment dans le cadre de l'étude des crédits au Comité permanent de la condition féminine, les sommes octroyées à Québec ont finalement été versées plus de cinq mois plus tard que dans les provinces du Canada. Ce soir, il peut être aussi pertinent de se questionner à savoir si, oui ou non, les interventions du fédéral en matière de santé s'alignent sur les priorités du Québec.
Si le passé est garant de l'avenir, il convient de s'inquiéter. En effet, en 2014, un comité d'experts sur les interventions fédérales dans le secteur de la santé et des services sociaux de 2002 à 2013 a présenté un rapport fort intéressant au gouvernement du Québec. Ici, je ne vais parler que de quelques conclusions du rapport.
[L]es interventions du gouvernement fédéral en santé et en services sociaux sont principalement le fait de ce qu'il est convenu d'appeler le « pouvoir de dépenser » [et, dans certains cas, je l'appellerai même malheureusement le pouvoir de ne pas dépenser ]. Ces interventions peuvent alors rejoindre en partie les orientations, les objectifs et les priorités du Québec [...] mais, la plupart du temps, elles proposent, sinon imposent, des cibles et des façons de faire différentes de celles qu'ont déjà retenues les autorités québécoises.
Le gouvernement fédéral poursuit en général des objectifs qui lui sont propres, sans doute influencés par une analyse pancanadienne des besoins de la population et de l'état des systèmes des provinces [du Québec] et des territoires. Selon le cas, l'écart avec les orientations, les priorités et les approches du Québec peut être assez grand. Plusieurs des personnes rencontrées ont d'ailleurs indiqué que, si elles pouvaient gérer elles-mêmes les sommes dépensées par le gouvernement fédéral, elles ne les utiliseraient pas de la même manière. Leurs priorités et leurs stratégies ne seraient pas les mêmes.
Le Québec connaît ses organismes; « le financement consacré par le gouvernement fédéral à ses interventions en santé et en services sociaux s'avère nettement inéquitable pour le Québec », notamment « lorsqu'il ne tient pas compte des investissements déjà consentis par une province ou un territoire sur le même objet. »
Nous devons en tenir compte pour des programmes mieux adaptés à chaque région du Québec et du Canada. Lors de mon intervention au Comité permanent de la condition féminine l'été dernier, j'ai parlé des CALACS de chez moi qui m'ont contacté. Au Québec, sur sept CALACS, trois seulement ont réussi à se qualifier, en pleine pandémie, à un programme qui venait en aide directement aux survivantes. C'est inacceptable.
Les organismes ont besoin de prévisibilité, ce qui manque dans les programmes fédéraux. L'aide à long terme ne vient pas.
Une dernière chose: il faut faire attention. Si on veut vraiment se dire un gouvernement féministe, il ne faut plus endurer les violences envers les femmes autochtones et appliquer les conclusions du rapport de l'Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées.
Il faut également agir, après plus de trois ans d'allégations d'inconduite sexuelle dans les Forces armées canadiennes qui sont restées sans réponses. Il ne faut plus perpétuer cette culture du silence. Il faut travailler à améliorer le projet de loi sur le contrôle des armes à feu. Ce n'est pas après la crise que le gouvernement devra agir, mais maintenant.
Cependant, il faut faire attention à ne pas politiser cet enjeu, car ce n'est pas cela qu'il faut. Pour pouvoir protéger les femmes et les filles du Québec, des provinces et des territoires, au-delà des statistiques macabres qui ne doivent pas augmenter, parce que chaque mort en est une de trop, agissons.
:
Madame la présidente, je vais partager mon temps de parole avec mon collègue, le député de .
Je suis reconnaissante que nous débattions de cette autre pandémie dans la pandémie ce soir, et que nous attirions l'attention sur ces sept femmes qui ont été tuées au Québec au cours des derniers mois, sans oublier, bien entendu, les 160 femmes tuées au cours de la dernière année.
D'un bout à l'autre du Canada, les organismes de première ligne qui aident les femmes et les services policiers font état d'une hausse de la violence contre les partenaires intimes, qui est passée de 30 à 70 %. Nous ne pouvons pas continuer de ne rien faire alors que des femmes perdent la vie dans de telles circonstances. Ces meurtres ne peuvent rester sans conséquence. La plupart du temps, ces femmes assassinées avaient subi de nombreux actes de violence avant leur décès. De plus, trop souvent, une femme qui est prise au piège sans les ressources, financières ou autres, dont elle aurait besoin pour fuir a déjà été victime de divers types de sévices, non seulement de la part de son partenaire, mais aussi d'un système défaillant. Or, les personnes qui ont le pouvoir de poser les gestes nécessaires pour changer réellement les choses ne le font pas.
Les néo-démocrates ont fait pression pour qu'on agisse et qu'on change le système, et ils continueront de le faire. Voilà pourquoi je suis si fière d'appuyer le projet de loi d’initiative parlementaire présenté par mon collègue, le député d', le projet de loi , qui ferait de la conduite contrôlante ou coercitive une infraction criminelle.
Nous savons que la violence contre un partenaire intime a été et continue d'être un fléau pour la société et que la pandémie a aggravé le problème, comme le montrent les chiffres du Québec. Les comportements coercitifs et contrôlants sont aussi des formes de violence, mais ceux-ci sont souvent des précurseurs de violence physique ouverte. Considérer ces comportements comme une infraction criminelle permettrait à la police, aux tribunaux et aux organismes de services d'intervenir plus tôt, car ils n'auraient pas à attendre qu'un incident violent soit commis.
Nous savons que les familles, les collectivités et le pays se portent mieux quand les femmes réussissent. Il y a encore trop de femmes au Canada qui sont victimes de discrimination et de violence fondée sur le sexe, surtout si elles sont membres d'une communauté marginalisée.
Au Canada, il n'y a qu'un ensemble disparate de plans, de programmes et de mesures de soutien. Il n'existe aucun système complet en place. Année après année, on demande aux refuges des quatre coins du Canada de faire plus avec moins. Certains refuges au pays ont indiqué ne pas avoir vu leur financement augmenter depuis près d'une décennie, mais ils sont passés à l'action. Ils ont comblé la différence au moyen de leurs propres activités de financement. Ils ont fait preuve de l'initiative dont les femmes, les enfants et les personnes non binaires de leur quartier avaient besoin.
En première ligne, le temps, les ressources et les moyens financiers sont limités, mais des leaders communautaires et des bénévoles incroyables s'attellent à la tâche au quotidien, et je leur en suis très reconnaissante. Durant la pandémie, diverses organisations féminines ont insisté sur la nécessité d'accorder un financement de base fondé sur les besoins opérationnels. Toute organisation doit être en mesure de s'adapter en situation d'urgence pour fournir les programmes communautaires requis.
Avec le gouvernement Harper, une grande partie du financement de ces établissements a été annulée, et toute somme consentie l'était sur la base du financement par projet. Avec les gouvernements libéraux qui ont suivi, ce financement a été rétabli en partie, mais pas jusqu'au niveau requis et encore une fois sur la base du financement par projet.
Les organisations féminines doivent pouvoir compter sur du financement de base stable et à long terme, de sorte que les femmes puissent bénéficier des mesures d'aide et de défense dont elles ont besoin, au moment où elles en ont besoin.
Depuis cinq ans, le gouvernement annonce un plan d'action national visant à mettre un terme à la violence fondée sur le sexe. Que ce soit en comité ou à la Chambre, depuis que j'ai été élue, j'ai saisi toutes les occasions de demander au gouvernement quand ce plan serait présenté et officialisé. Malheureusement, les femmes l'attendent encore.
Il faut aussi passer à l'action et mettre en œuvre les appels à la justice de l'Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées. Nous devons mettre en œuvre les 231 appels à la justice. Ce rapport d'enquête ne doit pas aller rejoindre les autres qui moisissent sur une tablette. Les femmes n'ont pas besoin d'un autre rapport que l'on peut citer lorsqu'un gouvernement se fait prendre à ignorer les problèmes des femmes, comme le rapport Deschamps, publié en 2015, sur l'inconduite sexuelle et le harcèlement sexuel dans les Forces armées canadiennes. Le rapport Deschamps contient 10 recommandations et, en six ans, seulement deux ont été mises en œuvre.
La violence fondée sur le sexe touche les femmes de tous âges, de toutes origines raciales et de toutes cultures. Tout le monde court un risque de la subir. Tout le monde est une victime potentielle. Comme on l'a souvent répété durant la pandémie, les personnes qui sont le plus à risque sont celles qui sont déjà vulnérables. Les femmes vivant dans la pauvreté, les femmes handicapées, les immigrantes, les femmes autochtones et les enfants sont plus particulièrement touchés par cette forme de mauvais traitement et de violence.
Je dois conclure sur ce qui suit. Le problème est clair et les solutions le sont encore plus. Le nombre troublant de féminicides au Québec et partout au Canada montre à quel point il est nécessaire que la Chambre et le gouvernement agissent de manière efficace et urgente. C'est ce pour quoi je continuerai de me battre et les néo-démocrates continueront de se battre.
:
Madame la présidente et chers collègues, j'aimerais dire que c'est avec plaisir que je participe au débat de ce soir, mais je déplore le fait que ce débat soit nécessaire.
En fait, nous devrions tous être en train de paniquer. Nous devrions tous être effrayés par le fait qu'on doive tenir un débat sur les féminicides à répétition au Québec et au Canada. Cela est absolument terrible. C'est même plus que des drames familiaux, des drames individuels ou des drames de couples; on parle ici d'une hécatombe, de quelque chose de massif qui devrait tous et toutes nous faire frémir en ce moment.
L'assassinat de sept femmes au Québec dans les sept dernières semaines par leur conjoint, cela est incroyable. On parle de 160 femmes qui se sont fait tuer l'année dernière, au Canada, parce qu'elles étaient des femmes. C'est donc une femme assassinée toutes les deux journées et demie.
Comment en sommes-nous arrivés, comme société, comme collectivité à un point tel que c'est une nouvelle qui fait les manchettes trois fois par semaine au Canada?
Au Québec, ce sont sept femmes dans les sept dernières semaines. Je veux prendre un moment pour les nommer.
Elle s'appelait Elisapee Angma, tuée le 5 février dernier à Kuujjuaq; elle s'appelait Marly Edouard, tuée le 21 février à Laval; elle s'appelait Nancy Roy, tuée le 23 février à Saint-Hyacinthe; elle s'appelait Sylvie Bisson, tuée le 1er mars à Sainte-Sophie; elle s'appelait Myriam Dallaire, tuée le 1er mars à Sainte-Sophie aussi; elle s'appelait Nadège Jolicœur, tuée le 19 mars à Saint-Léonard; et elle s'appelait Rebekah Harry, tuée le 23 mars à Montréal.
Ces femmes-là n'ont pas été tuées dans un accident de la route ou parce qu'elles étaient au mauvais endroit au mauvais moment, mais simplement parce qu'elles étaient au mauvais endroit. Et quel était ce mauvais endroit? C'était la maison.
Pour beaucoup de femmes et de filles au Québec et au Canada, la maison est l'endroit le plus dangereux pour elles. Cela en dit long sur les problèmes que l'on doit affronter.
Normalement, dans notre psyché individuelle ou collective, la maison, c'est le refuge; c'est l'endroit où l'on est aimé, rassuré et réconforté, c'est l'endroit où l'on va quand on a des problèmes à l'extérieur. Or dans bien des cas, la maison est le pire endroit au monde, et on essaie de trouver refuge ailleurs.
Toutefois, quand on essaie de trouver refuge ailleurs, on se rend compte finalement qu'il n'y a pas assez de refuges. Dans Rosemont—La Petite-Patrie, il y a le bureau de la Fédération des maisons d'hébergement pour femmes, qui regroupe plusieurs dizaines de maisons pour venir en aide à des femmes violentées, à des femmes battues. Il y a quelques années, j'ai eu une rencontre avec la direction. Les intervenantes me disaient qu'elles devaient refuser environ 10 000 demandes par année. Plus de 10 000 demandes par année doivent être refusées, parce qu'il n'y a pas de chambre, pas de place, pas de refuge à donner à ces femmes qui cognent à la porte alors qu'elles sont en détresse.
Alors, qu'est-ce qui arrive? Ces femmes ont deux choix: soit elles retournent à la maison où elles feront face à un conjoint, un mari ou un partenaire dangereux ou violent et où elles devront continuer à accepter ce sort jusqu'à ce qu'une place se libère éventuellement, soit elles doivent quitter la maison. Or dans ce cas, comme il n'y a pas de refuge, elles se retrouvent dans la rue.
Si elles prennent la décision d'amener leurs enfants avec elles, elles se retrouvent dans la situation absurde où, ayant refusé de retourner à la maison pour leur propre sécurité et la sécurité de leurs enfants, elles sont accusées de les avoir amenés dans une situation dangereuse. Notre système n'est vraiment pas à jour en ce qui concerne les services de police, les services publics ou judiciaires.
On veut éviter de telles situations. Le gouvernement du Québec et les gouvernements provinciaux ont une large part de responsabilité dans le sous-financement chronique de ces maisons d'hébergement pour femmes violentées. Le gouvernement fédéral devrait et pourrait en faire en plus également. Ce n'est pas à sens unique.
La pandémie a malheureusement eu pour conséquence que ces femmes, qui étaient déjà dans des situations sensibles et difficiles, se sont retrouvées prisonnières de leur milieu avec des conjoints et une masculinité toxiques. Nous avons vu une éclosion et une multiplication de ces cas et nous avons une réflexion collective à faire, tous ensemble.
Mon temps de parole est écoulé, mais je pourrai en dire davantage en répondant aux questions.
:
Madame la présidente, au cours des sept dernières semaines, sept Québécoises ont perdu tragiquement la vie en raison de sept actes odieux de violence domestique. Cette situation est incroyablement alarmante et, malheureusement, elle se retrouve dans toutes les provinces du Canada. En y réfléchissant, je me dis qu'une chose pareille ne se produit pas du jour au lendemain. Toute une série d'événements y mène.
J'invite donc les députés à réfléchir avec moi ce soir à ce que c'est d'être dans une maison où le moindre mouvement risque de déclencher une dispute et où un seul mot pourrait provoquer une gifle. Je demande aux députés d'imaginer que leur enfant les regarde et les écoute alors que leur partenaire leur crie des injures, et qu'ils doivent ensuite chercher l'enfant, qui s'est caché parce qu'il avait trop peur après avoir été témoin de ce mauvais traitement. Je demande aux députés d'imaginer l'embarras, la honte et l'impuissance qu'ils ressentiraient dans cette situation.
Je demande aux députés d'imaginer qu'ils n'ont nulle part où aller pour s'échapper, qu'ils habitent à des lieues des voisins les plus proches ou qu'ils parlent une langue que leur entourage ne comprend pas. Je leur demande d'imaginer qu'ils n'ont pas un sou ni aucun soutien pour les aider à s'en sortir. Où iraient-ils? Sur qui pourraient-ils compter?
Je veux être bien claire. La violence contre un partenaire intime existe dans toutes les cultures, toutes les communautés ethniques et toutes les couches socioéconomiques. En 2019, j'avais organisé un événement par l'entremise de mon conseil des femmes dans Mississauga—Erin Mills pour accroître la sensibilisation à l'égard de cette forme de violence. Je me rappelle qu'une centaine de femmes y avaient pris part pour en apprendre davantage sur les mesures d'aide qui existent.
À la fin de l'événement, une très jeune femme était venue me parler. Elle m'avait dit qu'elle avait peur pour elle-même. Je lui avais demandé ce que nous pouvions faire pour l'aider. Elle m'avait dit: « Je suis agente de police et j'ai quand même peur quand je suis à la maison. » Je n'oublierai jamais la détresse dans son regard.
En moyenne, 69 femmes sont tuées par leur partenaire intime chaque année. Pour vous l'expliquer autrement, selon un rapport de la Fondation canadienne des femmes, une femme est assassinée par son partenaire intime environ tous les six jours au Canada. Les femmes autochtones et les femmes handicapées sont respectivement trois fois et deux fois plus à risque d'en être victimes. La recherche démontre aussi qu'environ 28 % des homicides domestiques au Canada survenus entre 2010 et 2018 ont eu lieu dans une région rurale ou éloignée. La violence contre un partenaire intime compte pour le tiers des crimes violents qui ont été perpétrés en 2018.
En 2018 seulement, près de 100 000 personnes ont signalé des cas de violence conjugale à la police, et 79 % d'entre elles sont des femmes. Ces données sont tirées de rapports de police. Selon les policiers, la majorité des cas de violence ne sont pas signalés. S'ils l'étaient, le chiffre réel serait nettement plus élevé. Chaque soir, 3 491 femmes et 2 742 enfants doivent dormir dans des refuges parce qu'ils ne sont pas en sécurité chez eux, et 300 femmes et enfants se voient refuser l'accès aux refuges, qui sont complets.
Au cours de la dernière année, plus de gens doivent rester chez eux à cause, évidemment, de la pandémie. Dans ce contexte de crise, alors que beaucoup de personnes ont une santé mentale chancelante, les victimes de violence conjugale doivent habiter à temps plein avec leur agresseur.
Selon un rapport de l'Observatoire canadien du fémicide pour la justice et la responsabilisation, en 2020 seulement, 160 femmes sont mortes des suites d'un acte violent, ce qui correspond à une femme tuée tous les deux jours et demi au Canada. Dans la région de Peel, où se trouve ma circonscription, Mississauga—Erin Mills, les policiers répondent à plus de 1 000 appels liés à la violence familiale ou conjugale chaque mois, ce qui correspond à 33 appels par jour. Au cours des deux dernières années, environ 40 % de tous les homicides dans la région de Peel étaient le résultat de la violence familiale.
Selon une analyse de Statistique Canada fondée sur des données provenant de 17 corps policiers au Canada, entre mars et juin 2020, les appels liés aux querelles de ménage ont augmenté d'environ 12 % par rapport à la même période en 2019.
Les refuges pour femmes et les lignes d'aide dans toutes les régions du pays ont connu une hausse importante du nombre d'appels. De mars à juillet 2020, les Battered Women's Support Services de Vancouver ont reçu trois fois plus d'appels, alors qu'en Alberta, les lignes d'écoute téléphonique spécialisées pour la violence conjugale ont reçu jusqu'à 50 % plus d'appels. Partout au Canada, 54 % des programmes de services aux victimes ont constaté une augmentation du nombre de victimes de violence familiale au cours de la même période.
De septembre à décembre seulement, l'Assaulted Women’s Helpline du Canada a reçu 60 % plus d'appels que l'année précédente. D'avril à juin, elle a reçu deux fois plus d'appels qu'en 2019.
J'ai parlé avec des représentants de refuges et de services de police de ma circonscription qui craignent que ces chiffres ne rendent pas compte de l'ensemble de la situation. Lorsque des victimes sont coincées avec leur agresseur et sont incapables de voir des membres de leur famille ou des amis, cela limite leur capacité de téléphoner à quelqu'un pour demander de l'aide avant que la situation ne s'aggrave. Cela limite la capacité des services à intervenir de façon proactive auprès des gens qui ont besoin de leur aide.
Pire encore, la violence familiale devient non seulement plus fréquente, mais aussi plus grave. L'année dernière, l'Ending Violence Association of Canada et Anova ont mené un sondage auprès du personnel et des bénévoles qui travaillent dans des refuges pour femmes, et 82 % des répondants ont affirmé que les cas de violence sont devenus plus fréquents. Les tactiques violentes des agresseurs ont changé, et les agresseurs exercent plus de contrôle sur leurs victimes. Ils se servent de l'accès à la technologie ou au monde extérieur, et même de l'information sur le coronavirus, comme d'une arme. Dans les cas des personnes isolées avec leur agresseur, l'ampleur de la violence a aussi augmenté. Une personne parmi les travailleurs a fait état d'une hausse des cas d'étranglement et des agressions physiques graves entraînant un plus haut risque de mortalité.
Nous voyons les mêmes tendances dans les pays partenaires du monde entier. Partout dans le monde les organismes des Nations unies et d'autres organismes d'aide aux femmes ont qualifié le phénomène de pandémie parallèle à celle de la COVID-19 et dont les effets risquent de durer longtemps après la fin de la crise sanitaire. Les données témoignent d'une intensification de toutes les formes de violence envers les femmes et les filles, en particulier la violence familiale.
Il faut en faire davantage pour s'attaquer en priorité à cette crise. Il est essentiel que nous poursuivions nos actions.
Depuis 2015, le gouvernement s'est montré énergique face au problème de la violence contre un partenaire intime et de la violence fondée sur le sexe. En 2017, il a d'ailleurs proposé la toute première stratégie fédérale visant à prévenir et à résoudre la violence fondée sur le sexe, afin de combler des lacunes importantes et de soutenir les femmes et les filles, ainsi que les peuples autochtones, les membres des communautés LGBTQ2+ et les personnes de genre non conforme dans les collectivités partout au Canada.
Le gouvernement a ouvert le Centre du savoir sur la violence fondée sur le sexe, afin de coordonner les mesures fédérales dans le cadre de ses trois piliers. Il a annoncé un financement de 15,6 millions de dollars pour des projets visant à mettre fin à la violence faite aux femmes et aux filles. Il a investi plus de 50 millions de dollars dans quelque 60 projets pour soutenir les victimes de violence fondée sur le sexe et leur famille dans les collectivités partout au Canada...
:
Madame la présidente, l'une des choses les plus importantes que nous faisons parfois à la Chambre, c'est certainement de nous exprimer lors des débats exploratoires. Évidemment, ce soir ne fait pas exception, puisque nous entendons des discours incroyables empreints de passion.
Nous avons assurément tous la responsabilité de protéger nos mères, nos filles et nos sœurs partout au pays. Les femmes, les filles et les membres de la communauté LGBTQ+ continuent de faire l'objet de violence ou de harcèlement dans leur foyer, à l'école, au travail, en ligne et dans les rues. Bien entendu, c'est tout simplement inacceptable.
J'ai grandi en présence d'un père qui, comme je l'ai toujours dit, était un féministe avant que le mouvement soit popularisé. Il avait quatre filles. J'ai eu beaucoup de chance, mais cela m'a peut-être rendue un peu naïve. C'est seulement lorsque j'ai commencé à œuvrer dans le domaine des soins infirmiers que j'ai réalisé l'ampleur du problème de la violence faite aux femmes et des défis qu'elle entraîne. J'étais une jeune infirmière travaillant dans les collectivités rurales et autochtones lorsque j'ai traité une victime de viol pour la première fois. Elle avait été retrouvée nue et inconsciente sur un terrain de balle. Je me souviens également de la première fois qu'une personne s'est présentée après s'être fait poignarder par son partenaire la même soirée. C'était également la première fois que je voyais des ecchymoses sur une personne que je connaissais au sein de la collectivité. Elle portait un chandail à col roulé en plein été pour dissimuler les contusions que lui avait fait subir son agresseur, car elle avait honte d'en parler. C'est à ce moment que j'ai commencé à comprendre toute l'ampleur du problème auquel nous étions confrontés, problème qui, il ne fait aucun doute, se perpétue encore aujourd'hui.
Avant le débat, j'ai consulté des statistiques. Il est difficile de dire si la situation s'améliore ou si elle s'aggrave. À la lumière des statistiques, je constate qu'il est difficile de comparer des pommes avec des pommes, mais nous savons que la situation est rendue beaucoup plus problématique à cause de la COVID-19.
Je crois l'avoir mentionné au début de mon intervention, mais je partagerai mon temps de parole avec la députée de .
Marylène Levesque est morte en 2020, juste avant le début de la pandémie de COVID. Dans ce cas-là, un homme, en liberté surveillée, s'est fait dire de combler ses besoins et a assassiné cette jeune femme ce faisant. Comment un individu en liberté conditionnelle peut-il avoir ce genre d'occasions et recevoir ce genre d'instructions?
Certes, le problème n'est pas nouveau, mais la COVID a accentué le problème, engendré une nouvelle crise et créé un nouveau sentiment d'urgence. Peut-être devons-nous être particulièrement attentifs en ce moment. Il s'agit d'un problème mondial, mais nous devons vraiment réfléchir à ce qu'il faut faire en ce moment pour aider celles qui ont un conjoint et sont piégées chez elles avec leur agresseur. Les agresseurs profitent de la COVID pour mieux contrôler les femmes et les isoler de leurs amis et de leurs familles. Encore une fois, les statistiques sont difficiles à comparer, mais une femme sur trois sera victime de harcèlement physique ou sexuel et de violences dans sa vie. Le problème est donc très réel, au Canada. Une de nos collègues a dit plus tôt qu'en moyenne, chaque semaine, 2,5 femmes sont tuées par leurs conjoints.
Nous avons parlé des aspects négatifs, mais j'aimerais prendre un instant pour parler des choses positives auxquelles j'ai eu le privilège de participer. On ne peut participer à une marche « La rue, la nuit, femmes sans peur » sans constater l'incroyable puissance d'un tel événement. Qui n'a pas porté le ruban blanc pour appuyer cette campagne pour les femmes? Moose Hide Campaign est un autre mouvement très important.
Les gens n'ont peut-être jamais entendu parler de la campagne Angel Street. Inauguré à Iqaluit, ce projet visait à nommer des rues en l'honneur de femmes. J'ai eu l'honneur de participer à une marche dans l'une des collectivités autochtones de ma région. Lesós est un mot secwepemc qui veut dire « ange ». Nous avons marché et renommé la rue. Le plus percutant à propos de cette marche, c'était...
:
Madame la présidente, même si je ne dispose que de quelques minutes, je suis heureuse de pouvoir adresser mes plus sincères sympathies aux familles des femmes qui ont perdu la vie au cours des derniers mois et d'exprimer mes préoccupations concernant la conversation et le débat exploratoire de ce soir.
Il s'agit de crimes odieux qui méritent d'être soumis à toute la rigueur de la loi. Nous pleurons vraiment chaque victime qui a perdu la vie. Au cours de la dernière année seulement, plus de 160 femmes ont été victimes de féminicide au Canada. C'est très troublant de penser que ce genre de chose se produit dans notre pays, mais nous ne pouvons nous empêcher de nous demander quelle est la cause sous-jacente de ce problème.
Nous avons entendu ce soir divers exemples où, à mon avis, nous ne faisons pas vraiment ce qu'il y a de mieux pour aider les garçons à devenir des hommes, qui deviendront ensuite des maris et des pères. Nous entendons souvent parler des conséquences de certaines expériences chez des garçons à qui l'on n'a peut-être pas inculqué de bonnes valeurs.
Quand je suis allée au YWCA de Saskatoon pour parler aux employés des programmes qui y sont offerts, ils m'ont dit que beaucoup de jeunes garçons qui entrent dans leur établissement sont très brusques. Nous nous demandons ce qui cause cette attitude. Nous voulons vraiment faire abstraction de cette réalité, mais, comme nous en avons parlé cette journée-là, l'une des raisons est l'accès facile à du contenu pornographique dès un très jeune âge.
Sur la Colline, nous avons eu l'occasion de voir un film sur une famille saine. Les enfants étaient éduqués à la maison. Ils étaient assis à la table en train de faire leurs devoirs, et ce jeune garçon a cliqué sur un bouton, même s'il était indiqué qu'il devait avoir au moins 18 ans pour le faire. Cela ne l'a pas arrêté. Au fil du temps, ce jeune garçon a vraiment commencé à mal se conduire et à traiter sa mère et sa sœur d'une façon extrêmement irrespectueuse. Cette situation s'est produite très rapidement, alors qu'il faisait ses devoirs à la table de cuisine et que sa mère préparait le repas.
Ce sont tous des aspects de notre société qui ont une influence sur la qualité de nos jeunes hommes, pendant leur croissance. Par souci d'équité, j'avouerais qu'il ne s'agit pas uniquement des jeunes garçons. Nous devons nous pencher sur les problèmes de violence profondément enracinée dans les jeux vidéo. Nous entendons constamment qu'il est impossible de s'attaquer à cet enjeu, mais tous ces éléments influent sur l'avenir de ces jeunes qui deviendront des époux ou des pères. Tout commence à un aussi jeune âge, au sein de la famille.
Je veux également faire valoir l'importance des saines relations avec autrui. Nous consacrons beaucoup de temps pour bâtir notre carrière, ou obtenir notre diplôme d'études supérieures, ou à développer des aptitudes très pointues, par exemple skier, mais combien de temps passons-nous à apprendre à devenir une personne agréable à côtoyer ou à marier?
J'ai déjà raconté, pendant une conférence, que j'avais une idée de ce que je recherchais chez un homme quand j'étais une jeune femme. Je cherchais un homme qui aurait une solide masculinité, certes, mais pas une masculinité toxique. Il m'apprécierait en tant que personne et me chérirait. Nous espérons trouver quelqu'un qui aura toutes sortes de caractéristiques, mais il faut garder à l'esprit que les autres ont aussi leur idée du genre de personne avec laquelle ils aimeraient avoir une relation durable.
Le genre de violence qui mène au meurtre d'un partenaire ou à sa soumission n'apparaît pas tardivement. Le caractère des gens se bâtit au fil du temps, pendant des années de préparation. Les églises, les gurdwaras et toutes nos institutions religieuses contribuent grandement à montrer aux jeunes à quoi la vie de couple devrait ressembler et à guider le genre de personne qu'ils souhaitent devenir, en plus de les amener à avoir une force morale et des valeurs et à choisir de dire la vérité et d'être bienveillants et compatissants.
Voilà autant de traits de caractère dont les gens ont besoin. Par conséquent...
:
Madame la présidente, d'entrée de jeu, je vous avise que je vais partager mon temps de parole avec la députée de .
Elles étaient des rayons de soleil, des filles, des sœurs, des mères fantastiques. Elles étaient des femmes. La COVID-19 a un impact démesuré sur les femmes. Pendant la pandémie, deux fois plus de femmes que d'hommes ont perdu leur emploi. Le milieu des services essentiels est largement occupé par les femmes. Elles travaillent au front et sont exténuées.
Le problème est devenu beaucoup plus grave. Les organismes sur le terrain nous ont indiqué que la pandémie a contribué à l'isolement des femmes victimes de comportements abusifs et violents, qu'elle a rendu plus difficile la séparation pour les femmes victimes et qu'elle a accru certains facteurs associés à la violence, dont la consommation d'alcool, la précarisation financière ou les problèmes de santé mentale. Le confinement a fait que l'on a moins de contacts avec les amis et la famille, ce qui a contribué à l'isolement des femmes et leur a enlevé leur filet de sécurité sociale.
En moins de six semaines, sept féminicides ont eu lieu au Québec. Le problème est loin d'être nouveau, mais la crise qui fait rage depuis plus d'un an a accentué les problématiques liées à la violence basée sur le sexe. La motion qui a été déposée aujourd'hui résulte d'une préoccupation que mes collègues et moi avions. La discussion qui en découle ce soir est de la plus haute importance. Je remercie chaque personne qui a pris la parole.
Il ne faut pas passer sous silence la mort de ces femmes et de toutes les victimes de violence. Il faut prendre conscience du problème. Je suis certaine de ne pas être la seule parmi mes collègues à ne pas être à l'aise de marcher ou de courir à certaines heures ou à certains endroits. Il m'arrive même parfois de devoir changer de parcours lorsque je cours, parce que je sens que je suis suivie ou parce que je dois éviter des personnes menaçantes. Trop de femmes peuvent malheureusement s'identifier à une telle situation.
À Sherbrooke, un manifeste pour la sécurité des femmes a récolté 1 102 signatures. D'ailleurs, je salue l'initiative de Guylaine Cliche. Ces situations ne sont qu'une partie du problème.
Pour plusieurs, il n'est même pas possible d'être en sécurité à la maison. C'est inacceptable. Depuis le début de la crise, je suis en contact avec les intervenantes sociales de Sherbrooke, afin d'être au fait de leur réalité et de leurs besoins. Les organismes comme les CALACS et l'Escale ont vu leurs demandes de soutien augmenter et leur travail se complexifier. J'ai pu constater les défis auxquels ils font face: le manque de financement, le manque de personnel et le manque de bénévoles. Les besoins augmentent, mais les services ne suivent pas la cadence. C'est la raison pour laquelle je suis fière d'avoir annoncé, en septembre dernier, avec ma collègue la ministre , près de 130 000 $ pour les soutenir. Ces organisations sont comme une bouée de sauvetage pour les femmes et les victimes, mais nous sommes conscients que le travail ne s'arrête pas là et qu'il faut en faire plus.
La discussion initiée ce soir, à la demande unanime de la Chambre, est une preuve de la prise de conscience relativement à cet enjeu. C'est assurément un pas dans la bonne direction. Je tiens également à dire que l'enjeu est devant le Comité permanent de la justice et des droits de la personne depuis déjà deux mois. D'intéressantes propositions en sont ressorties, notamment l'inclusion des notions de cyberviolence et d'ex-partenaires intimes dans les définitions proposées dans le projet de loi. Ce sont des pistes de solution issues de recommandations d'experts qui sont porteuses d'espoir, et j'ai bien hâte de poursuivre le travail en ce sens, pour le bien des Sherbrookoises et des Canadiennes.
Les témoins entendus au Comité nous ont rappelé que peu de femmes font appel à des ressources d'aide formelle et que trop d'entre elles ne dénoncent pas la situation. C'est parfois par manque de connaissance des services existants, par des enjeux d'accès ou par la crainte d'une escalade de la violence à la suite de la dénonciation. Ces constats suggèrent qu'il y a beaucoup à faire pour défaire la stigmatisation associée à la violence basée sur le genre. Il faut agir en amont. Il faut faire de la prévention auprès des adolescents et sensibiliser la population à cette violence insidieuse.
Avant de terminer, je souhaite lancer un message. Nous avons tous un rôle à jouer pour contrer cette violence. Si on est victime de violence conjugale ou de violence fondée sur le sexe, il faut parler à une personne de confiance et demander de l'aide...
:
Madame la présidente, je tiens d'abord à offrir mes sincères condoléances aux amis et aux familles des sept femmes qui ont été assassinées au Québec lors des sept dernières semaines. Ces femmes étaient aimées par leur famille, et elles manqueront à leurs concitoyens et à leurs êtres chers.
J'aimerais lire un extrait d'une citation sur l'une de ces victimes. Elle se nommait Rebekah Harry. Elle habitait à moins de cinq minutes de chez moi, cinq minutes de l'endroit où je suis assise maintenant. Il n'y a rien de plus tragique et déchirant que de ne jamais savoir ce qui se passe derrière des portes closes et à quel point une personne a désespérément besoin d'aide.
Je vais lire une citation expliquant ce que Rebekah représentait pour certains des membres de sa famille.
Rebekah Love Harry est née le 28 janvier 1992 [...] Sa mère lui a donné comme deuxième prénom LOVE parce que tout le monde l'aimait déjà beaucoup. Très jeune, ce petit ange chantait la sérénade à sa famille et propageait l'amour partout où il allait. Ses proches étaient loin de se douter que Rebekah allait devoir lutter pour sa vie. Âgée d'à peine 2 ans, elle a reçu un diagnostic de tumeur de Wilms, une rare maladie du rein. Elle est parvenue à gagner le combat avec le soutien de sa famille. Cette lutte tôt dans sa vie doit lui avoir insufflé un superpouvoir parce qu'elle est devenue exceptionnelle et a vécu sa vie avec empathie. Quiconque avait la chance de la côtoyer éprouvait quelque chose de spécial.
C'est un exemple de ces femmes, de nos sœurs, qui sont assassinées en raison de la violence conjugale, en raison de la haine. Alors que nous pleurons la mort de ces femmes, elles ne sont malheureusement pas les seules à avoir perdu la vie à cause de la violence contre les femmes.
Nous nous souvenons également des vies d'au moins 160 femmes qui ont été tuées au Canada en 2020, des milliers de sœurs autochtones disparues ou assassinées et, plus récemment aux États-Unis, des femmes asiatiques tuées à Atlanta. Ces tragédies alarmantes auraient dû être évitées.
Voilà bien trop longtemps que la violence sexiste détruit les personnes, les familles et les collectivités au Canada. Les féminicides se produisent à un rythme alarmant partout au pays et il faut que cela s'arrête. Entre 2016 et 2020, quelque 760 femmes ont été tuées. Une autre statistique alarmante tirée d'une étude réalisée en 2020 par la CBC montre qu'environ 19 000 femmes et enfants se sont vus refuser l'accès à un refuge tous les mois, dans notre pays, parce qu'ils étaient pleins. Après une décennie de sous-financement, le mouvement des femmes rattrape le temps perdu afin de fournir le soutien dont ces femmes et leurs enfants ont besoin.
De nombreux rapports venus de tout le pays montrent que les limitations en matière de déplacement, la perte de revenus, l'isolement, l'entassement et le stress, la stigmatisation et l'anxiété ont augmenté l'incidence et la gravité de certaines formes de violence sexiste, en particulier pour celles qui sont confrontées à des obstacles intersectionnels.
La violence sexiste est l'une des violations des droits humains les plus répandues, les plus meurtrières et les plus profondément enracinées de notre époque et constitue un obstacle important à surmonter pour parvenir à l'égalité entre les sexes.
[Français]
La pandémie a occasionné des défis sans précédent et a eu des répercussions sur la santé et la sécurité des personnes au Québec et partout au Canada. Elle a creusé les écarts, a intensifié les inégalités persistantes et a accentué les taux et la gravité des violences sexuelles et conjugales.
[Traduction]
Nous devons collaborer avec les intervenants et nos homologues des autres ordres de gouvernement pour éliminer ce problème une fois pour toutes, mais le travail est en cours et des progrès ont été réalisés. Le gouvernement du Canada travaille et prend maintenant des mesures pour mettre fin à la violence fondée sur le sexe sous toutes ses formes.
[Français]
Depuis le début de la pandémie, les gouvernements du Canada et du Québec ont pris des mesures pour limiter ces répercussions sur les femmes et les filles. Le gouvernement du Canada et celui du Québec ont signé des ententes au printemps et à l'été 2020.
[Traduction]
Je voudrais terminer en disant que les femmes qui ne se sentent pas en sécurité chez elles devraient utiliser les ressources qui sont à leur disposition pour rester en sécurité. Il y a des lignes d'écoute dans toutes les provinces et tous les territoires du Canada. Elles existent pour aider les gens à trouver des solutions. N'hésitez pas à vous en servir.
:
Madame la présidente, ce soir, alors que nous partageons nos histoires, nos observations et nos sentiments concernant ce qui se passe, je souhaite partager mon temps de parole avec le député de .
Prenons le temps de déplorer la perte des sept femmes qui ont été victimes d'horribles féminicides au Québec au cours des dernières semaines: Elisapee Angma, Nancy Roy, Marly Edouard, Myriam Dallaire, Sylvie Bisson, Nadège Jolicœur et Rebekah Harry. Qu'elles reposent en paix. J'offre mes sympathies et mes prières à leur famille. J'espère que ce qu'elles ont vécu nous poussera à en faire davantage pour lutter contre la violence fondée sur le sexe et protéger les femmes.
Samedi dernier, Rebekah Harry a été sauvagement battue dans son appartement de LaSalle, au Québec. Elle a succombé à ses blessures trois jours plus tard. Elle a été attaquée par son conjoint. Malheureusement, il ne s'agit pas d'un cas isolé. Il y a une crise de violence conjugale au pays. En moyenne, une femme est assassinée tous les deux jours et demi. Une fille ou une femme sur trois au Canada sera victime d'une forme ou d'une autre de violence au cours de sa vie.
Selon Statistique Canada, en 2018, des 174 613 femmes victimes de violence, 78 852 ont été violentées par leur partenaire intime. Les Autochtones sont également surreprésentées parmi les victimes de violence conjugale. Elles risquent trois fois plus que les femmes non autochtones de rapporter des actes de violence conjugale. Ces chiffres sont vraiment alarmants.
Malheureusement, la pandémie exacerbe la violence familiale, dont la majorité des victimes sont des femmes. Dans son témoignage au comité de la condition féminine, une dirigeante des Premières Nations a dit que beaucoup de femmes autochtones craignent davantage leur partenaire violent que la COVID-19. Nous devons prendre cette déclaration au sérieux.
En raison des confinements, les stratégies de sortie sont difficiles à exécuter pour les femmes enfermées avec leur agresseur. Dans bien des régions rurales, les femmes n'ont pas facilement accès à un mode de transport pour fuir vers un milieu urbain où elles pourront trouver un refuge. Étant donné que de nombreux services sociaux s'offrent maintenant uniquement en ligne, il est difficile d'accéder à ces services pour les femmes en région éloignée où le service à large bande est mauvais. Il faut améliorer l'accès à un mode de transport et les services Internet à large bande si l'on veut donner à ces femmes un moyen de fuir et de trouver de l'aide.
Bref, partout au Canada, l'isolement créé par les confinements permet aux partenaires violents de restreindre davantage la capacité des femmes de fuir. L'anxiété et les frustrations causées par l'instabilité économique et les confinements entraînent une hausse des conflits conjugaux. En outre, les interactions sociales limitées donnent peu d'occasions, pour les amis et la famille, de déceler la violence conjugale et d'intervenir. Il faut des mesures de confinement drastiques pour protéger les Canadiens de la COVID-19, mais il faut également des mesures drastiques pour protéger les femmes de la violence familiale. Nous devons fournir plus de refuges et de logements de transition et appuyer l'élaboration d'un plan d'action national sur la violence fondée sur le sexe.
Je suis intervenue à plusieurs reprises à la Chambre pour parler de la nécessité de mettre en œuvre un cadre national en santé mentale, et je suis extrêmement heureuse que mon parti appuie cette idée. Le bien-être des familles est d'une importance capitale. Nous devons aider les provinces à fournir plus de services sociaux et de services de counselling aux familles et aux personnes qui veulent guérir, mieux gérer leurs problèmes et apprendre à s'aimer eux-mêmes et les autres de manière plus saine.
Nous devons nous pencher sur le système de justice pénale et sur les politiques d'intervention des organismes d'application de la loi afin de veiller à ce que les femmes se sentent en sécurité lorsqu'elles défendent leur cause et qu'elles ne souffrent pas en silence.
Les hommes ont besoin d'éducation pour savoir comment être respectueux envers les femmes. Les pères et les hommes en position d'autorité doivent apprendre à traiter les femmes avec plus de respect et à donner l'exemple pour contrer la masculinité toxique.
Nous devons aussi fournir aux filles et aux femmes les outils nécessaires pour améliorer l'estime qu'elles ont d'elles-mêmes. Elles doivent apprendre à cerner les comportements abusifs et à les repousser. Le problème avec la violence conjugale, c'est que la violence continue même après que la victime a quitté son agresseur, car les femmes souffrent du syndrome de stress post-traumatique et doivent rebâtir leur estime de soi. C'est pour cette raison qu'elles ont besoin de soutien.
Je demande aux 337 députés à la Chambre d'unir leurs efforts aux miens afin de protéger les femmes. La protection des femmes ne devrait pas être une question partisane. Nous devons y accorder toute l'attention et tous les efforts qu'elle mérite.
Je sais qu'il y a de nombreuses femmes qui se sentent piégées, désespérées, sans mérite et qui ont abandonné l'idée de quitter leurs agresseurs. Elles essaient de s'échapper, mais renoncent, encore et encore. Je voudrais envoyer un message à toutes les femmes qui souffrent en ce moment de la violence domestique. Si elles nous regardent, je veux qu'elles sachent qu'elles ont de la valeur, qu'elles sont aimées et qu'elles sont belles, et que ce qu'elles vivent en ce moment, ce n'est pas la vie qu'elles devraient vivre. Elles sont faites pour explorer la vie et tout ce qu'elle a à offrir. Il peut leur sembler impossible de se libérer de leurs chaînes en ce moment parce que leurs agresseurs leur semblent trop forts pour elles, mais la beauté et le pouvoir qu'elles ont en elles sont plus grands que l'apparence de pouvoir de ces brutes qui maltraitent leurs partenaires. Je veux qu'elles aient du courage et de l'espoir. Il ne faut pas qu'elles se découragent. Elles doivent se battre pour leur droit de vivre comme tout un chacun et demander de l'aide.
:
Madame la présidente, ce soir, je tenais absolument à prendre la parole dans le cadre de ce débat sur la violence faite aux femmes, parce que la lutte contre la violence envers les femmes, ce n'est pas qu'une affaire de femmes.
J'ai été touché par beaucoup des témoignages de mes collègues ce soir. Je pense qu'il est important que l'on fasse de cette lutte contre la violence faite aux femmes un dossier de société et que tous soient impliqués.
Ce qui a motivé ce débat, on s'en souvient, c'est le meurtre de non pas une, ni deux, ni trois, mais bien de sept Québécoises en un peu plus d'un mois, sept femmes, des mères de famille, qui laissent dans le deuil des enfants et des proches. Ce genre de deuil est difficile et inacceptable pour une société comme la nôtre, qui se dit ouverte et moderne. Sept femmes ont été tuées en un peu plus d'un mois, alors que la province dénombre en moyenne une douzaine de ces meurtres par année, ce qui est déjà beaucoup trop. Pour en finir avec les chiffres, 160 femmes sont mortes des suites d'un acte violent au Canada en 2020, ce qui correspond à une femme tuée tous les deux jours et demi. C'est totalement inacceptable.
Je suis tanné et écœuré par cette réalité, qui a bien sûr été accentuée par la pandémie. Cependant, la pandémie n'est pas la cause de cette violence, qui est présente chez tant d'hommes encore aujourd'hui. Elle l'a simplement exacerbée.
Après ces événements, j'ai appelé aujourd'hui des centres d'hébergement de chez nous pour savoir ce qui se passe dans la région de Mégantic—L’Érable. Je suis régulièrement en communication avec plusieurs d'entre eux depuis longtemps. Depuis le début de la semaine, j'avais plein de questions sur les gens de chez nous. Quand on vit dans des milieux plus petits, il est facile de mettre des noms sur des cas de violence familiale, qu'on met sur le compte d'un accès temporaire de colère, de l'émotion ou de n'importe quoi. Ce sont des gestes qui surprennent, mais dont on oublie l'existence parce que, malheureusement, trop d'entre nous ferment les yeux.
On me dit que depuis la deuxième vague de la COVID-19, les centres d'hébergement sont toujours pleins de femmes qui n'ont nulle part où aller. Une des maisons que j'ai contactées m'a dit qu'elle offrait beaucoup de services à l'externe parce qu'elle n'avait pas suffisamment de places. Les cas de violence sont apparemment de plus en plus graves et les risques de dangerosité sont de plus en plus élevés. Il se fait de plus en plus de signalements aux autorités policières et on me dit que les interventions doivent être plus rapides pour mettre les enfants en sécurité. Je n'en reviens tout simplement pas.
Quand on me dit qu'une maison d'hébergement qui suffit normalement à la tâche doit refuser des personnes parce qu'elle manque de places, je ne l'accepte pas. Notre bureau a dû intervenir dans une autre maison pour aider une femme qui avait de la difficulté avec le système. Je ne donnerai pas plus de détails, car nous sommes un petit milieu, mais c'était très difficile. On m'a aussi sensibilisé aux problèmes que posent les téléphones intelligents et les réseaux sociaux, par le biais desquels certaines femmes sont surveillées par leur conjoint violent, 24 heures sur 24.
Les solutions souhaitées et demandées sont évidemment plus de financement, mais, surtout, plus de prévention dans les écoles et pas seulement à partir de l'âge de 15 ou 16 ans. Les relations amoureuses violentes commencent dès le début des relations amoureuses entre jeunes et j'ai été surpris d'apprendre que des comportements semblables pouvaient commencer à un âge aussi jeune. Il faut mieux éduquer nos fils. Les parents ont donc un rôle à jouer. En tant que père, j'ai un rôle à jouer. Même si mes enfants sont plus vieux, je veux le faire pour le bien de mes petits-enfants.
Il faut des processus judiciaires plus simples. Il faut éviter les sentences bonbon qui ne sont pas toujours à la hauteur des crimes commis. Parfois, un vol va valoir à son auteur une sentence plus lourde que s'il avait agressé une femme: c'est absolument inacceptable. Les intervenantes demandent également une plus grande collaboration entre les avocats, les juges, les policiers, la Direction de la protection de la jeunesse au Québec et les différents intervenants. Il faut les sensibiliser davantage.
Je voudrais maintenant m'adresser aux hommes et les implorer de demander de l'aide avant de frapper ou de contrôler une femme. Ces hommes ne sont pas seuls, la violence n'est pas une solution. Les hommes que nous sommes devons retenir une chose surtout: l'amour n'est pas contrôlant, l'amour n'est pas violent, l'amour est censé être aimant. Quand on parle de violence conjugale, on ne peut pas y mêler le mot « amour ». Ce n'est pas comme cela qu'on doit exprimer notre amour aux femmes quand on est un homme.
Si un homme entend ce message ce soir, qu'il se sent pris dans un carcan et qu'il a le goût de parler, je lui demande de trouver un intervenant ou d'appeler un ami, mais, de grâce, de ne plus jamais toucher à une femme.
:
Madame la présidente, j'aurai le plaisir de partager mon temps de parole avec une voix féminine forte, la députée de .
Nous parlons aujourd'hui de la violence fondée sur le sexe, mais personnellement, j'aimerais parler de tout ce qui l'accompagne. Que ce soit en public ou en privé, les femmes sont continuellement exposées aux agressions et aux gestes irrespectueux, et nous devons cesser d'accepter, voire de cautionner, cet état de fait. Voici un exemple. J'aime beaucoup courir, car cela me calme et me rend de bonne humeur. Pourtant, chaque fois que je sors courir, je dois penser à toutes sortes de choses: va-t-il y avoir assez de monde là où je vais? Les lieux sont-ils bien éclairés? Ai-je mon téléphone? Les femmes doivent penser à leur manière de bouger. Nous sommes naturellement plus petites.
Je lisais une publication d'une coureuse sur les médias sociaux. Elle a été arrêtée par un homme qui insistait pour qu'elle cesse de courir et qu'elle lui parle. Cela semble anodin. Voici ce que cette femme a écrit: « Les petites choses auxquelles nous avons été socialement conditionnées à réagir si gentiment, que nous sommes souvent trop gentilles pour contester, deviennent les gros problèmes que nous ne pouvons plus ignorer. Les femmes n'existent pas pour faire plaisir aux hommes. » Je n'ai pas le nom de cette coureuse. Je ne peux donc pas lui accorder le mérite qui lui revient. Cependant, sa publication a été partagée de nombreuses fois. Je tiens à la remercier parce que toutes ces petites choses qui sont dites ou faites pour limiter les femmes laissent entendre que celles-ci sont inférieures.
Je ne souhaite pas banaliser ce débat. Il est crucial de mettre l'accent sur les femmes que nous avons perdues, plus particulièrement les sept femmes au Québec qui sont mortes récemment, de même que sur le récent rapport concernant le nombre catastrophique de féminicides au pays. Toutefois, il y a une atmosphère qui contribue à rendre acceptable une agressivité plus forte de la part de certaines personnes, et il est important de se pencher là-dessus.
Selon l'ONU, une femme sur trois a subi un comportement sexuel non désiré dans un lieu public. Franchement, quand on demande aux femmes de parler de leur expérience dans ce domaine, elles ont beaucoup à dire. Nous avons entendu certains de ces récits aujourd'hui.
Quand j'étais adolescente, des hommes adultes faisaient des commentaires à propos de mon corps et allaient même jusqu'à me toucher, que ce soit dans le métro, dans un ascenseur ou dans une rue très fréquentée. Personne ne disait quoi que ce soit. Nous devons intervenir et mettre fin à ce genre de comportement. Je dis « nous », car j'invite expressément les hommes à intervenir eux aussi contre ces comportements.
Je reconnais que je suis une femme blanche cisgenre et que les femmes ne vivent pas toutes les mêmes expériences. Je reconnais que certaines femmes sont confrontées à plus de risques et à plus de craintes que moi en raison de leur race, de leur identité de genre, d'une invalidité ou d'autres facteurs. Je parle de mon expérience personnelle tout en sachant qu'il faut amplifier d'autres voix pour résoudre ce problème comme il se doit.
Lorsque les femmes ne sont pas considérées comme des égales, lorsqu'on pense que nous sommes là pour soutenir les hommes de notre entourage et satisfaire leurs besoins, cela mène à la violence. Selon la directrice du plaidoyer au YWCA de Toronto, pour mettre fin à la violence conjugale, il faut commencer chez soi, en apprenant aux hommes et aux garçons à respecter la femme. Un document des Nations unies en arrive à la même conclusion en conseillant d'entamer des conversations sur les rôles dits masculins et féminins dès un jeune âge et de remettre en question les caractéristiques traditionnelles attribuées aux hommes et aux femmes. Il faut signaler les stéréotypes que les enfants rencontrent partout et parler avec les garçons et les filles des facteurs importants que sont le consentement, l'autonomie corporelle et la responsabilité.
J'ai parlé des espaces publics, mais parmi les plus grands dangers qui menacent les femmes sont ceux qui les guettent à la maison. Le secrétaire général des Nations unies a parlé d'une pandémie de l'ombre et a dit que certains des plus grands dangers auxquels sont exposées les femmes et les filles peuvent venir de leur propre domicile.
Je veux mettre l'accent sur une piste de solution: les amis et les familles des femmes victimes de violence. Laissons-les nous parler de ce qu'elles vivent sans jugement et aidons-les à préparer un plan pour se libérer.
J'ai parlé à des femmes responsables de refuges dans ma circonscription et elles m'ont appris que certaines femmes ont peur de s'y rendre, car elles craignent de contracter la COVID-19. Je tiens à ce que les femmes sachent que les refuges déploient tous les efforts requis pour protéger les gens contre le virus. Les refuges utilisent l'équipement de protection individuelle, procèdent au nettoyage des surfaces et ont aménagé des locaux spécialement conçus pour respecter la distanciation physique. Le gouvernement fédéral a octroyé des fonds spécifiquement pour ces ressources afin que les refuges demeurent sécuritaires durant la pandémie. Je veux remercier les femmes qui administrent ces lieux, car elles font un travail remarquable pour veiller sur la sécurité des personnes pendant cette période difficile.
En résumé, apprenons à nos fils comment respecter les femmes et les filles. Éduquons nos enfants sur les rôles et les stéréotypes liés aux sexes. Prenons la parole pour dénoncer les comportements agressifs. Colligeons des données sur ce qui se passe. Écoutons les femmes et, au besoin, aidons-les à concevoir un plan pour se libérer. Appuyons les refuges et les groupes de défense locaux. Agissons contre la violence faite aux femmes et aux filles.
:
Madame la présidente, je tiens à remercier particulièrement la députée de pour ses bons mots et pour le temps de parole qu'elle partage avec moi.
Plusieurs personnes ont qualifié le débat exploratoire de ce soir de débat historique. Je dois dire que j'ai été étonnée de découvrir que c'est, en effet, la première fois dans l'histoire du Parlement et de la Chambre des communes qu'il y a un débat exploratoire sur la question des femmes assassinées par leur partenaire intime. La violence contre les femmes est tellement répandue dans notre société qu'il semble étrange que le Parlement n'ait jamais eu de débat à ce sujet. Je tiens aussi à dire combien je suis impressionnée par les discours, les échanges et l'engagement non partisan des députés. Je regrette que la partisanerie se soit glissée dans le débat à certains moments, et il m'apparaît important de dire que cet enjeu nous concerne tous.
Nous savons que la société dans laquelle nous vivons est un patriarcat fondamentalement sexiste, que nous soyons prêts à regarder cette réalité en face ou non. Nous devons aussi être conscients du racisme systémique qui existe dans notre société. Il y a encore beaucoup de travail à faire.
Ce qui a motivé le débat exploratoire très important de ce soir, ce sont les meurtres tragiques et chronologiquement très rapprochés de sept femmes au Québec, mais nous savons également qu'au cours de la pandémie, 160 féminicides ont eu lieu. Cent soixante femmes ont perdu la vie à cause de la violence perpétrée par leur partenaire intime.
Un grand nombre de féminicides ont eu lieu dans des centres urbains. Il n'y a pas d'endroit plus idyllique au pays que ma circonscription, Saanich—Gulf Islands. Je suis très honorée de la représenter, mais nous avons eu, dans l'un des endroits les plus idylliques de ma circonscription idyllique, le cas d'une femme assassinée par son mari en juin 2020.
Je veux dire son nom: Jennifer Quesnel. Elle avait trois petits garçons. Elle a quitté son mari avec qui elle avait partagé sa vie pendant 18 ans parce qu'elle n'était pas en sécurité. Elle n'est retournée à la maison que parce qu'elle était certaine qu'il n'y serait pas, mais il était là. Il l'a tuée et il s'est ensuite suicidé. La collectivité a été bouleversée, mais ce genre de situation arrive bien trop souvent.
De nombreuses données probantes et études montrent que, dans certaines situations, les hommes sont jaloux et ils ne veulent pas que leur femme trouve le bonheur. La famille de Jennifer Quesnel a déclaré aux médias que son mari l'avait tuée parce qu'il ne voulait pas qu'elle vive alors qu'il était malheureux.
On attribue à Margaret Atwood une citation qui en réalité fait partie d'une observation plus longue, dans laquelle elle a dit ceci:
Les hommes craignent que les femmes rient d'eux. Les femmes craignent que les hommes les tuent.
Voilà comment nous vivons notre vie. J'ai été frappée par le fait qu'une journaliste de Global, Mercedes Stephenson, a publié récemment un long article sur Twitter qui décrit le cours normal des journées des femmes qui doivent traverser des lieux sombres, par exemple, pour se rendre quelque part depuis l'endroit où elles ont stationné leur voiture. Elle décrit étape par étape ce qu'elle fait inconsciemment, regardant autour d'elle pour s'assurer qu'elle soit en sécurité. D'autres femmes en ont parlé ce soir. L'endroit est-il bien éclairé? Une femme serre ses clés dans sa main au cas où elle doive s'en servir pour se protéger.
Ce qui m'a frappée n'était pas qu'elle ait expliqué à tout le monde ce que font les femmes chaque jour pour traverser en sécurité les espaces publics; ce soir, nous reconnaissons que les endroits les plus dangereux sont les lieux privés. J'ai trouvé étonnant que beaucoup de ses collègues masculins aient affiché des commentaires pour exprimer à quel point ils étaient abasourdis. « C'est ainsi que tu vis ta vie? » Oui, c'est ainsi que nous vivons nos vies.
Il faut faire les choses autrement. Applaudissons les mouvements et les hommes qui essaient de changer les choses, comme Paul Lacerte, sa fille Raven et le mouvement Moose Hide. Mettons fin à la violence contre les femmes et les enfants. Laissons la parole aux hommes et laissons-les dire ce qui est acceptable ou pas. Tournons le dos au patriarcat en faisant nôtre le principe voulant que, garçons ou filles, nous sommes tous égaux dès la naissance, et faisons tout ce qui est en notre pouvoir afin que les bébés d'aujourd'hui aient les mêmes chances de réussite que les autres et n'aient pas à subir de traumatismes. C'est un projet de société.
[Français]
C'est un projet de société.
[Traduction]
Et il commence maintenant.
:
Madame la présidente, je vais partager mon temps de parole avec la députée de . Comme toujours, je suis impatiente d'entendre ce qu'elle a à dire. Je trouve que c'est une personne extrêmement réfléchie, qui est toujours à l'écoute de ses électeurs. Je sais que sa contribution au début sera très précieuse.
Avant de commencer, j'aimerais féliciter la députée de , qui s'est jointe à notre caucus après les élections de 2019. Elle m'a émue à de nombreuses reprises pendant ses interventions, surtout lorsqu'elle a parlé du projet de loi et de la nécessité de garder espoir. D'ailleurs, je pense que le même genre de message a aussi sa place ici ce soir, alors que nous sommes saisis d'une question importante, à savoir la violence faite aux femmes au Canada. Ce fléau a vraiment été mis en lumière à la suite de la terrible tragédie survenue au Québec, où sept femmes ont perdu la vie.
Alors que je réfléchis à cette situation et que je l'aborde avec ma famille, mes amis et ma collectivité, je ne cesse de constater à quel point la dernière année a été difficile: nous avons été plongés au cœur d'une pandémie et n'avons jamais cessé de travailler pour le bien collectif. C'était très important, certes, mais cela s'est fait un détriment de notre santé mentale.
Je crois sincèrement que même si ce problème existait — et comme l'intervenante précédente l'a dit, ce problème existait évidemment déjà des générations avant mon arrivée ici —, il a vraiment pris de l'ampleur au cours de la dernière année à cause de la pandémie.
Je suis très heureuse que mon , dans son plan en cinq points visant à assurer l'avenir, ait indiqué qu'il fera de la santé mentale une priorité. C'est une nécessité absolue. C'est ce que montre notre discussion ici, ce soir.
Je le constate dans ma propre localité. D'ailleurs, la station locale de CTV a signalé que, avant la COVID-19, 5 % des Canadiens affirmaient souffrir d'une grande ou d'une extrême anxiété. Ce pourcentage est maintenant de 20 %. De plus, les cas autodéclarés de dépression ont plus que doublé, passant de 4 % à 10 %. Quand on leur a demandé à quoi ils s'attendaient si l'isolement social se poursuivait, les répondants s'attendaient, en général, à ce que les niveaux d'anxiété demeurent les mêmes, mais que les niveaux de dépression augmentent.
Voilà les types de répercussions sur la santé mentale que nous observons depuis le début de la pandémie. Cette dernière a eu de graves conséquences. En fait, on craint que, lorsqu'on sortira enfin de la pandémie ou qu'on reviendra à la nouvelle normalité, on soit aux prises avec une pandémie consécutive.
De plus, depuis le début de la pandémie, on observe une flambée de surdoses d'opioïdes, alors que des gens tentent de trouver un moyen de composer avec les effets de la pandémie. Dans ma province, on a enregistré 301 décès liés aux opioïdes pendant la période allant d'avril à juin l'an dernier, soit plus de deux fois le nombre enregistré de janvier à mars. Voilà une autre statistique qui augmente considérablement.
Selon le centre détresse-secours de Calgary, les appels, les textos et le clavardage liés à des cas de personnes aux pensées suicidaires ont augmenté de 66 % en octobre par rapport aux mois précédents. Ce ne sont pas les exemples qui manquent.
Tout cela pour dire que, selon moi, ce problème existe depuis longtemps, mais la situation de la dernière année l'amplifie de manière incroyable. En tant que société, nous devons trouver un moyen de sortir de cette situation, et le gouvernement doit tracer la voie. Malheureusement, comme nous l'avons appris, les conséquences sont atroces.
:
Madame la présidente, je suis heureuse d'avoir l'occasion de prendre part à l'important débat de ce soir sur la réponse du Parlement du Canada à la hausse alarmante de la violence fondée sur le sexe partout au pays.
Avant de passer à mes observations sur la motion, je tiens d'abord à offrir mes sincères condoléances aux familles des sept femmes qui ont récemment perdu la vie au Québec des suites d'actes odieux de violence fondée sur le sexe et à toutes les personnes qui ont été touchées par ce genre de violence au pays. Le Canada pleure leur perte et partage leur peine. Au nom des jeunes femmes à risque des quatre coins du pays, je vais appuyer la motion.
Ce soir, je tiens à parler surtout de la partie de la motion qui demande à la population canadienne d’en faire plus pour combattre le problème de la violence fondée sur le sexe. Pour mettre fin à la violence faite aux femmes, nous devons examiner certaines de ses causes profondes, et l'une de ses causes les plus flagrantes, que nous semblons passer sous silence ici, est la profusion de pornographie violente. Le fait que n'importe qui au Canada puisse accéder à Pornhub pour regarder des vidéos qui montrent des femmes se faire violer est un grave problème que nous devons régler.
Les garçons d'à peine 10 ou 11 ans peuvent facilement avoir accès à la pornographie, qui a des répercussions profondes sur le cerveau en développement et qui engendre des comportements toxiques à l'égard des femmes. Selon une étude menée en 2010 qui a analysé 304 scènes de vidéos pornographiques populaires, près de 90 % des scènes montraient des agressions physiques, et près de 50 % présentaient des agressions verbales ayant pour but d'humilier et d'avilir les femmes. Comment se fait-il que nous permettions que ce contenu soit aussi facilement accessible? Comment pouvons-nous permettre que les jeunes hommes grandissent en consommant ce contenu horrible et nous attendre à ce que, dans notre société, les femmes soient traitées avec le respect et l'honneur qu'elles méritent? Pourquoi est-il acceptable pour les hommes d'avoir du plaisir à regarder des femmes être maltraitées? Les hommes ne sont pas nés pour détester les femmes et les considérer comme des objets. Les attitudes et les comportements qui mènent à la violence faite aux femmes ne sont pas innés. Nous ne pourrons jamais protéger les femmes sans nous attaquer aux causes profondes du problème.
J'ai regardé avec horreur les témoignages au comité de l'éthique de David Tassillo et de Feras Antoon, deux hommes qui se sont présentés devant tout le Canada comme s'ils n'étaient que de simples hommes d'affaires. Ces deux hommes s'enrichissent en humiliant profondément des femmes, dont beaucoup sont mineures. Ils ont parlé de l'importance de garantir une expérience de la plus haute qualité à leurs clients. Ils ont dit vouloir être les meilleurs au monde dans le domaine du divertissement en ligne, mais soyons clairs: il s'agit d'un divertissement en ligne qui piège des femmes dans un filet de honte et d'impuissance, un divertissement en ligne qui apprend aux hommes à considérer le sexe comme rien de plus qu'une transaction qu'ils peuvent payer sur demande.
Il n'est absolument pas étonnant qu'un fils de politicien, jeune, riche et issu de l'élite puisse en arriver à la conclusion qu'il est parfaitement acceptable de tripoter une journaliste. Il n'est pas étonnant qu'il estime qu'ils ont vécu les choses différemment. C'est évident. Lorsque les femmes sont régulièrement présentées comme des objets, saisir ces objets n'est pas si différent que de se prendre une bière dans le réfrigérateur.
Il est triste que, dans le cadre du débat de ce soir sur le terrible fléau de la violence contre les femmes, nous, les femmes, semblions encore une fois être instrumentalisées. Ce débat pourrait avoir une intention cachée. J'espère que nos interventions, ce soir, ne se résumeront pas à des discours grandiloquents et qu'elles montreront que nous nous soucions vraiment de ces filles et petites-filles vulnérables qui ont perdu la vie beaucoup trop tôt aux mains d'un agresseur.
Je suis ici pour défendre les jeunes femmes de partout au pays. Je suis ici pour défendre mes filles et ma petite-fille qui va naître bientôt. Je veux qu'elles sachent qu'elles sont loin d'être un objet qu'on peut utiliser et jeter. Elles sont de précieux joyaux. Leur corps a plus de valeur que l'or. Leur capacité à aimer et à prendre soin des autres est incommensurable. Elles devraient ignorer le message qui est martelé par les médias et la culture populaire tous les jours. Elles ne sont pas des objets. Elles ne sont pas à vendre. Elles ne méritent pas d'être traitées comme des déchets. Elles ont une valeur inestimable.
Ensemble, avec tous les Canadiens, servons de catalyseurs pour bâtir un monde meilleur pour nos filles et petites-filles, ainsi que pour nos fils et petits-fils. Nous pouvons y arriver. Il suffit de commencer dès maintenant.
:
Madame la présidente, je suis très heureuse que nous tenions le débat de ce soir. Selon moi, il s'imposait depuis longtemps.
J'ai entendu beaucoup de personnes parler. Tous les intervenants étaient passionnés et sincères, mais je tiens à dire ceci: la pandémie de COVID-19 n'est pas responsable de la violence faite aux femmes. Elle l'a exacerbée et mise en lumière, mais la violence faite aux femmes est omniprésente. Elle est enracinée dans l'histoire, la tradition et la culture depuis des millénaires.
Dans l'histoire et la culture, les femmes étaient des possessions. Elles étaient des biens. C'est seulement il y a un peu plus de 100 ans que les femmes au Canada ont cessé d'être des biens et qu'elles ont obtenu le droit de vote. C'est alors qu'elles ont entamé la longue marche vers l'égalité.
La notion de masculinité toxique, même si elle semble horrible, est bien réelle. Elle est réelle parce que, alors que les femmes se rapprochent de l'égalité, certains hommes, qui sont encore enracinés dans l'histoire, la tradition et la culture, n'aiment pas cela, surtout quand des femmes comme des députées ou des juges commencent à prendre des décisions dans des lieux de pouvoir. Ce sont ces femmes sur qui on met l'accent. Nous devons y penser et le reconnaître.
De plus, la violence faite aux femmes est intergénérationnelle. Nous savons que 43 % des garçons qui grandissent dans un foyer marqué par la violence deviennent eux-mêmes des agresseurs et que 35 % des filles qui grandissent dans la même situation épousent ou trouvent un partenaire qui les maltraite aussi. Je pense que nous devons parler du fait qu'il s'agit d'une réaction. Ce que nous avons vu aujourd'hui est tout à fait une réaction de la masculinité toxique contre l'avancement des femmes.
Lorsque nous nous penchons sur la violence faite aux femmes que nous aimons, nous nous indignons et réagissons si elles sont violées ou assassinées, mais ce n'est pas la seule forme de violence faite aux femmes. Les femmes sont quotidiennement victimes de violence psychologique. Elles sont menacées. Les médias sociaux, qui ont facilité l'expression de la haine contre les femmes, sont une menace pour elles. En effet, elles y sont menacées de manière anonyme et ces menaces font partie de la violence. Il n'est même pas nécessaire que ces menaces se concrétisent. Il suffit que les femmes soient menacées par un langage qui les rabaisse afin qu'elles se sentent moins importantes et mal dans leur peau...
:
Madame la présidente, non, je ne l'ai pas fait. Je suis désolée. Je tiens à préciser que je vais partager mon temps de parole avec la députée de . Elle milite également pour l'égalité hommes-femmes, et je suis donc heureuse de partager mon temps de parole avec elle.
Cela dit, je voulais préciser que c'est l'aspect psychologique qui est à l'origine de tout cela. Par exemple, dans une salle de réunion avec des collègues masculins, lorsqu'une femme dit quelque chose, les hommes vont faire comme si elle n'avait rien dit ou ils vont la rabaisser ou la ridiculiser. Lorsque des femmes reçoivent des menaces de viol, lorsqu'on menace de tuer leurs enfants ou quand on leur fait d'autres menaces de ce genre, ces menaces ne seront pas forcément mises à exécution, mais cela demeure une façon de remettre les femmes à leur place, de les rabaisser et de les menacer. Nous voyons cela partout. Nous le voyons tout particulièrement dans le langage employé dans la pornographie et dans les médias sociaux, le langage qui vise à humilier les femmes, à faire en sorte qu'elles se sentent moins importantes, à dévaloriser tout ce qu'elles font. C'est ce qui se produit dans les milieux de travail, et c'est ce qui arrive dans les foyers. Quand quelqu'un dit quelque chose à sa fille ou à sa conjointe sans trop réfléchir ou dénigre ce qu'elle a dit, cela envoie aussi un message fort. Cela se voit dans les films. Cela s'entend dans les blagues.
Plus important encore, on le voit dans les parlements du monde entier. Citons l'exemple de Mme Ocasio-Cortez, aux États-Unis, qui a été critiquée et humiliée, et qui a fait l'objet de propos horribles, même de la part de certains de ses collègues du Congrès.
C'est le genre de choses dont nous devons parler. Nous devons parler de toutes ces causes profondes.
Nous devons parler d'intersectionnalité. Les femmes ne sont pas un grand groupe unique. Les femmes faisant partie d'une minorité visible, membres de la communauté LGBTQ+, autochtones ou atteintes d'une déficience ou d'une maladie mentale sont dénigrées, humiliées et victimes d'actes de violence, notamment physique ou verbale.
Je veux parler brièvement de ce que nous devons faire pour régler le problème.
Nous avons des refuges et, à l'heure actuelle, le gouvernement répond à l'urgence de la situation en investissant des millions de dollars dans ces refuges et en aidant les femmes à se nourrir, à trouver la stabilité et à être en sécurité. Tout cela est très bien, mais je crois qu'il s'agit d'une solution temporaire. Nous devons nous attaquer aux causes profondes. Nous devons réformer les institutions, soit la police, la magistrature, les Parlements et toutes les institutions qui continuent d'encourager la violence systémique à l'égard des femmes par la façon dont elles agissent et qu'elles les traitent. De plus, nous devons modifier leur façon de procéder.
Je souhaite parler d'une institution...
:
Madame la présidente, je remercie la députée de d'avoir partagé son temps de parole avec moi tandis que nous reconnaissons et soulignons les risques et la violence auxquels sont exposées les femmes, notamment dans le contexte de la pandémie de COVID-19.
Beaucoup de députés ont parlé de violence contre un partenaire intime et de masculinité toxique et ont offert des statistiques dépeignant la situation. Je leur suis très reconnaissante de leurs propos bien sentis. Toutefois, j'aimerais vraiment canaliser l'énergie de ce soir pour la transformer en mesures concrètes. Comme nous le savons, derrière chaque statistique se trouvent de véritables personnes, des filles, des partenaires, des mères, des tantes, des amies et des personnes aimées qui méritent d'être aimées.
Au début de la pandémie, la perte de revenu a été dramatique et considérable. Nous savons que 63 % des pertes d'emploi pendant la pandémie ont touché des femmes. Parmi les autres facteurs qui ont affligé les femmes, mentionnons que, à la suite de la fermeture des écoles, les femmes étaient plus susceptibles de rester en permanence à la maison avec leurs enfants et leur agresseur, ce qui signifie que moins de personnes demandaient de l'aide en l'absence d'un lieu privé où pouvoir formuler cette demande en toute confidentialité. Pour certaines femmes, en particulier celles qui occupent un emploi précaire tel que le commerce du sexe, la perte de revenu a été rapide et considérable. Pourtant, elles ne sont pas admissibles aux prestations d'urgence du gouvernement fédéral.
En fait, PACE Society, un organisme qui fait un travail exceptionnel dans ma circonscription auprès des travailleurs du sexe, sait très bien ce que cela signifie pour beaucoup de femmes à qui il vient en aide. Il a dû avoir recours au sociofinancement pour générer des mesures de soutien pour les femmes parce qu'il n'avait pas accès aux programmes du gouvernement. Cette situation s'explique en grande partie par l'inaction de la société et du gouvernement pour régler les problèmes structurels, la criminalisation des travailleurs du sexe, ce qui place ces derniers dans une position encore plus précaire et plus dangereuse, pendant la pandémie, mais aussi en tout temps.
Les parlementaires peuvent faire quelque chose. Pour y arriver, il faut nous obliger à sortir de notre zone de confort. Il faut éviter de porter des jugements. Il faut accorder de la valeur aux femmes telles qu'elles sont. Trop souvent, le jugement prend toute la place, ce qui exacerbe la stigmatisation. Qu'une personne participe au commerce du sexe, qu'elle éprouve des problèmes de santé mentale ou qu'elle vive de la violence conjugale, elle doit composer avec des préjugés, et leurs effets peuvent être mortels. Il faut que cela cesse.
Au fil des ans, j'ai rencontré tellement de femmes avec des enfants qui m'ont parlé du fait qu'elles avaient une relation violente, mais n'avaient nulle part où aller puisqu'elles ne pouvaient pas obtenir de soutien ou de logement. Certaines m'ont dit qu'elles avaient l'impression de n'avoir d'autre choix que de retourner auprès de leur agresseur. À mon avis, ce n'est pas qu'elles n'ont pas le courage d'agir. La pandémie a mis en lumière la situation et les inégalités sociales qui existent depuis bien trop longtemps dans les collectivités.
Les plus grands défis découlent de notre incapacité collective de nous attaquer à la pauvreté à plus grande échelle et d'une façon beaucoup plus exhaustive, de la crise de l'itinérance et du logement, ainsi que du soutien inadéquat à la santé mentale et physique. La COVID-19 a fait ressortir ces problèmes en les rendant plus spectaculaires, mais beaucoup de femmes dans toutes les collectivités y sont confrontées. Dans Vancouver-Est, le problème est particulièrement évident pour les gens de Downtown Eastside.
La pandémie de COVID-19 a aussi limité l'accès aux services, aux fournitures, à la sécurité alimentaire, voire aux installations sanitaires. Le manque de salles de bain et d'installations sanitaires constitue un problème majeur pour ceux qui n'ont pas de logement. WISH, un autre organisme extraordinaire de ma circonscription, s'efforce d'obtenir de l'espace pour ajouter à ses services des remorques sanitaires à l'arrière, sur son terrain. Les lieux sûrs étant maintenant plus limités, il y a moins d'espaces communs dans la collectivité où les gens peuvent se réunir pour prendre un repas gratuit.
De plus, l'impression que ceux qui sont considérés comme « sans foi ni loi » dans les médias méritent d'être réprimés durement par la police n'aide pas non plus. En fait, trop souvent, cette situation met encore plus en danger les personnes qui vivent dans cette réalité. Le maintien de l'ordre n'est pas nécessairement la meilleure solution. Lutter contre la pauvreté et la crise du logement est la meilleure solution. Ce qu'il faut, ce sont des logements sûrs et à long terme.
L'appel à la justice no 4.5 du rapport de l'Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées demande au gouvernement d’établir un programme de revenu annuel garanti pour tous. L'appel à...
:
Madame la présidente, c'est toujours un plaisir de prendre la parole à la Chambre, au nom du Bloc québécois et des gens d'Avignon—La Mitis—Matane—Matapédia, même si nous préférerions que l'enjeu qui nous réunit ce soir n'existe tout simplement pas.
Je tenais particulièrement à prendre part au débat de ce soir, parce qu'il a plus que jamais lieu d'être. La pandémie a affecté plusieurs personnes, sur plusieurs plans, particulièrement les plus vulnérables. La pandémie a aussi mis en lumière d'autres problèmes. Elle a démontré, malheureusement, à quel point notre société est malade.
Dans les dernières semaines, le Québec a connu sept féminicides. Sept femmes ont été tuées sous les coups d'un conjoint violent. Ce sont sept femmes en sept semaines. Je tiens d'abord à offrir mes plus sincères condoléances aux familles et aux proches des victimes ainsi qu'aux familles et aux proches des 160 femmes victimes d'actes de féminicide dans la dernière année.
« Féminicide », plusieurs se disent qu'on ne sait plus quoi inventer pour qualifier les choses, mais les mots parlent plus qu'on le pense. Il faut les nommer tels qu'ils sont. La violence envers les femmes est réelle. C'est une véritable épidémie.
Plus tôt cette semaine, un animateur bien connu au Québec critiquait les gens et les médias qui utilisent des expressions telles que « drame passionnel » ou « violence conjugale ». Il avait bien raison. On parle de féminicide.
Comme d'autres avant moi l'ont probablement exposé, un féminicide fait référence au meurtre d'une femme pour le simple motif qu'elle est une femme, quel que soit le contexte. On parle d'un crime de haine envers des femmes, perpétré par des hommes. Cela arrive encore trop souvent, en 2021. Cela arrive à nos sœurs, à nos amies, à nos tantes, à nos mères et à nos filles. Au Québec, une femme sur trois sera victime de violence conjugale.
La pandémie de la COVID-19 a exacerbé ce fléau. Il est temps que l'on reconnaisse la hausse incroyablement alarmante, partout au pays, de la violence fondée sur le sexe. Il est temps que l'on condamne la violence fondée sur le sexe, sous toutes ses formes.
Pas plus tard qu'il y a quelques heures, à Maria, en Gaspésie, dans ma circonscription, on apprenait qu'une femme d'une trentaine d'années se trouve présentement à l'hôpital. Elle aurait été battue à coups de marteau à la tête par son conjoint. Je le répète, elle a été battue à coups de marteau. La victime aurait profité du fait que son conjoint effectuait des travaux dans le garage résidentiel pour prendre la fuite à pied, afin de se réfugier au centre hospitalier. Les documents déposés à la cour révèlent que les actes de violence se seraient échelonnés sur une période de 17 ans. L'actualité est absolument horrible. Dès qu'on allume la télévision, on entend parler d'un autre drame de la sorte.
Dans les derniers jours, on voit enfin que les gens semblent se réveiller et vouloir agir concrètement. J'espère sincèrement que cela encouragera les femmes qui sont victimes de violence à prendre la fuite et à dénoncer leur agresseur. J'espère que cela leur montre qu'on a envie de faire mieux et de se battre avec elles. Tout le monde a un rôle à jouer pour améliorer la société dans laquelle nous vivons, pas seulement les élus et les gouvernements. On peut assurément faire plus et l'on doit faire mieux pour accompagner ces femmes. En tant qu'humains, on peut faire mieux pour éliminer la masculinité toxique et pour éduquer nos garçons. Il faut leur montrer que la violence n'est jamais la solution.
Les hommes doivent également avoir cette conversation. J'ai bien aimé entendre le premier ministre du Québec, François Legault, dire qu'il n'y a rien de masculin et de viril à lever la main sur une femme. C'est tout à fait le contraire. C'est un geste d'une lâcheté sans précédent. Le fait qu'un homme, un premier ministre, ait dénoncé cette problématique est une bonne chose, mais cela ne règle pas tout. Il faut un message de société répété et martelé pour changer les mentalités.
Je vais revenir sur un concept que j'ai abordé plus tôt. On l'utilise de plus en plus, mais on ne sait pas trop ce que cela veut dire.
La masculinité toxique est un concept qui réfère à l'image stéréotypée de l'homme, c'est-à-dire les fameux stéréotypes traditionnels selon lesquels l'homme doit être socialement dominant et viril, un synonyme d'insensibilité. Cette masculinité toxique n'est pas seulement nocive pour les femmes, elle l'est également pour les hommes, qui se noient dans des messages contradictoires.
Selon les codes de la masculinité toxique, un homme ne doit pas montrer ses émotions, ni pleurer, ni avoir peur, ni craquer. Ces stéréotypes de genre sont parfois inculqués dès l'éducation et peuvent avoir de lourdes conséquences, comme celles que l'on constate aujourd'hui.
De quelle façon peut-on éliminer cette masculinité toxique? Il n'y a pas mille solutions. Cela part de l'éducation, de la socialisation, mais aussi de l'exemple. Un fils qui grandit avec un père violent a de grandes chances de le devenir lui aussi, bien malgré lui. Les enfants qui évoluent dans un milieu violent sont exposés à un type d'apprentissage où les rôles traditionnels sexistes sont fortement intériorisés. Non seulement ils sexualisent les rôles parentaux, mais ils associent l'impuissance à la mère; la force, la violence et le pouvoir au père. C'est malheureusement une roue qui tourne. L'enfant grandit avec cette association et développe cette fameuse masculinité toxique, parce que, dès son plus jeune âge, il a associé certains comportements au sexe d'une personne.
Les sept féminicides qui ont eu lieu au cours des dernières semaines nous rappellent cruellement l'existence de la violence physique, mais il y a plusieurs types de violence, soit la violence psychologique, verbale, sexuelle et économique. Ce sont des types de violence qui ont de graves conséquences sur les femmes et leurs enfants.
Des études ont démontré que l'une des principales raisons qui motivent les femmes à quitter leur conjoint violent est lorsqu'elles savent qu'il existe de l'aide pour elles et pour leurs enfants.
Ces ressources existent, mais elles ont un grand besoin de notre aide, de l'aide financière du fédéral, bien entendu.
Plus que jamais, il faut que les femmes sachent qu'elles ne seront pas seules si elles décident de fuir. Il faut leur assurer qu'on ne les laissera pas tomber. Le débat de ce soir est un peu le message que l'on envoie. Cela me rend optimiste de voir des hommes et des femmes prêts à transmettre le message et prêts à agir.
Ce soir, je n'ai pas envie de rejeter la faute sur le gouvernement. Oui, il aurait dû en faire plus, mais nous sommes tous et toutes responsables en quelque sorte.
La violence envers les femmes ne doit pas être un enjeu partisan. C'est un enjeu qui mérite que l'on se mobilise, que l'on se serre les coudes et que l'on travaille ensemble, malgré nos différences d'opinions sur d'autres enjeux. On le doit à toutes ces femmes qui souffrent au quotidien.
Il y a déjà plusieurs solutions sur la table. On a parlé d'éducation, oui, mais que peut-on faire concrètement à ce palier de gouvernement pour endiguer ce fléau: faire de la prévention, soutenir les organismes?
La pandémie a coupé les victimes de leur système de soutien social et les a isolées, aggravant la situation de violence conjugale. Il faut envoyer le message aux victimes et leur dire de ne pas hésiter à appeler le 911 et à fuir. Même durant le couvre-feu, les policiers sont là pour aider les victimes. Où aller ensuite? C'est souvent là une grande crainte. Au Québec, les maisons d'hébergement sont malheureusement sous-financées, et la demande continue d'augmenter.
Un article de Radio-Canada rapportait que, à SOS violence conjugale, la tendance est marquée depuis trois ans. Pendant longtemps, le nombre d'appels a été stable, soit autour de 25 000 par année. Au cours des trois dernières années, il est passé à 29 000, puis à 33 000. Cette année, il tourne autour de 40 000. Ce sont 40 000 appels à l'aide de Québécoises. Cette hausse du nombre de demandes d'aide survient alors qu'il manque cruellement de places en hébergement, qu'il s'agisse de refuges d'urgence, de maisons dites de deuxième étape qui accueillent les femmes après leur séjour en refuge d'urgence, ou de logements abordables et sécuritaires pour la suite. Dans 30 % des cas, SOS violence conjugale doit demander à la personne de rappeler plus tard.
Malgré ce contexte de pénurie, des organismes se sont récemment vu refuser les fonds nécessaires pour mener à bien des projets de maisons d'hébergement ou de logements sociaux. C'est le cas de l'Alliance des maisons d’hébergement de 2e étape pour femmes et enfants victimes de violence conjugale, ou l'Alliance MH2, qui avait déposé un projet auprès de la Société canadienne d'hypothèques et de logement dans le cadre de son Initiative pour la création rapide de logements, financée par le gouvernement fédéral. Ce projet a été mis en suspens et ne sera pas une priorité. Il n'y a aucun moyen de savoir s'il le sera dans l'avenir. Pourtant, l'urgence est là. Le taux de refus des demandes d'hébergement auprès des maisons de l'Alliance MH2 est de 75 % à Montréal.
Malheureusement, les projets d'habitations de plusieurs organismes offrant du logement social aux femmes ont aussi été mis en suspens. C'est le cas partout au Québec, en Montérégie et en Estrie. Je pense également aux femmes des régions comme la mienne, en Gaspésie, où il y a peu ou pratiquement pas de ressources, où tout le monde se connaît au village et où on ne voit absolument pas d'issue pour dénoncer un conjoint violent qui, à l'extérieur de la maison, est apprécié de tous. C'est loin d'être une situation facile.
Heureusement, il y a des gens dévoués en région qui se battent pour ces femmes. Je vais profiter de l'occasion pour souligner le travail de l'équipe des maisons d'aide et d'hébergement L'Émergence et Mary Grace, dans ma circonscription. Ces dernières viennent en aide aux femmes victimes de violence conjugale et à leurs enfants. Ces gens se battent depuis des années pour que les femmes puissent avoir accès à un lieu sûr, afin d'échapper aux mains de leur agresseur et pouvoir offrir un havre de paix à leurs enfants.
Depuis plus de 30 ans, ces gens travaillent sans relâche pour obtenir le financement nécessaire afin de garantir aux femmes de la MRC d'Avignon des services d'accueil et d'hébergement, mais aussi des services de consultation et d'accompagnement de qualité. Un projet vient d'ailleurs de voir le jour, il s'agit d'un magasin de seconde main dont l'objectif sera de financer les services de l'organisme, mais aussi d'aider les femmes à réintégrer le marché du travail. C'est une excellente initiative, mais qui démontre tout de même que les besoins financiers sont criants.
Je suis heureuse de voir que le gouvernement du Québec se dit prêt à mettre plus d'argent et plus de ressources s'il le faut, non seulement pour aider les femmes, mais aussi pour disposer de ressources en prévention et en santé mentale afin d'aider les hommes qui ont des problèmes de violence et de comportement.
Il le faut, et il faut que le fédéral participe également. Il doit travailler en collaboration avec le gouvernement du Québec et les gouvernements des provinces et des territoires pour accélérer les investissements dans les refuges et les logements de transition.
Il y a beaucoup à faire, mettons-nous au travail.