:
Monsieur le Président, conformément à l'article 32(2) du Règlement, j'ai l'honneur de déposer, dans les deux langues officielles, l'Énoncé économique de l'automne 2022.
[Français]
Monsieur le Président, au cours des derniers mois, j'ai voyagé d'un bout à l'autre de notre pays. J'ai visité une vingtaine de villes pour rencontrer des travailleurs canadiens et des entreprises canadiennes.
J'ai visité un fabricant de pièces automobiles à Etobicoke et une mine de potasse, juste à l'extérieur de Saskatoon. J'ai rencontré les femmes et les hommes de Sherbrooke qui fabriquent les bottes que portent les membres de nos forces armées partout dans le monde.
[Traduction]
J’ai visité le port de Saint John, au Nouveau-Brunswick, et une ferme familiale à Olds, en Alberta. À Dartmouth, à Brampton et à Calgary, j’ai passé du temps avec des camionneurs qui font rouler notre économie. Tous les Canadiens à qui j’ai parlé sont très fiers de leur pays. Ils sont fiers de travailler fort chaque jour pour nourrir le Canada et le reste du monde, pour construire nos voitures, pour acheminer nos marchandises sur les marchés mondiaux et pour élever leurs enfants. Cependant, ils sont également préoccupés. Ils se demandent si notre prospérité future sera à l'image de celle que nous avons déjà connue et ils se demandent s'ils seront en mesure de payer leurs factures aujourd’hui.
C’est par là que je veux commencer: je veux parler du coût élevé de la vie, qui préoccupe tant d’entre nous, ainsi que tant de Canadiens.
Je sais que depuis que la COVID‑19 est arrivée au Canada, les choses se succèdent. Nous avons arrêté l’économie, puis nous l’avons repartie. Vladimir Poutine a envahi l’Ukraine illégalement, et maintenant, nous sommes confrontés à l’inflation. Tout cela est lié, bien sûr. L’inflation mondiale n’est pas créée par les décisions d’un seul gouvernement, mais par les contrecoups combinés de deux ans et demi de turbulences historiques.
[Français]
L'inflation était de 6,9 % en septembre, après avoir diminué pour le troisième mois consécutif. Ce taux est plus bas que celui des États-Unis, du Royaume-Uni et de la zone euro.
Pour les Canadiens pour qui c'est difficile lorsqu'ils passent à la caisse ou lorsqu'ils font le plein, l'inflation est encore trop élevée. C'est une période difficile pour beaucoup d'entre nous, pour nos amis, pour nos familles et pour nos voisins.
[Traduction]
En tant que vice-première ministre et ministre des Finances, il est important que je sois honnête avec les Canadiens au sujet des défis qui nous attendent encore.
Les taux d’intérêt montent, car la Banque du Canada prend des mesures pour lutter contre l’inflation, ce qui a pour conséquence que notre économie ralentit. Cela a aussi pour conséquence que des gens voient leurs paiements hypothécaires augmenter, que les affaires ne sont plus aussi bonnes que lorsque nous sommes sortis des confinements attribuables à la COVID‑19 et que nous avons repris nos activités. C’est ce qui se produit au Canada, c’est ce qui se produit aux États‑Unis et c’est ce qui se produit dans toutes les économies du monde, grandes et petites.
Le Canada ne peut pas éviter le ralentissement mondial, pas plus que nous n’aurions pu empêcher la COVID‑19 d'atteindre nos côtes une fois qu'elle a commencé à se propager dans le monde. Cependant, nous serons prêts. En fait, nous sommes prêts. Nous sommes prêts parce que, depuis sept ans, le gouvernement renforce le filet de sécurité sociale du Canada. Nous avons amélioré bon nombre de programmes importants et nous en avons aussi ajouté quelques nouveaux.
[Français]
Ces investissements dans les Canadiens sont comme une maison bien construite, avec un toit solide, nécessaire en toute saison, mais surtout essentielle quand la température diminue.
C'est pourquoi, alors que l'automne cède la place à l'hiver, nous allons continuer de tenir tête à ceux qui veulent réduire l'assurance-emploi et les pensions. Les Canadiens ont contribué pendant toute leur vie active à ces programmes dont ils ont besoin plus que jamais. C'est pourquoi nous avons créé l'Allocation canadienne pour enfants et c'est pourquoi nous rendons les garderies plus abordables. C'est pourquoi nous avons bonifié les prestations sur lesquelles comptent ceux qui ont servi sous le drapeau canadien avec leur uniforme. C'est pourquoi nous avons doublé les bourses canadiennes aux étudiants afin qu'il soit un peu plus facile pour tous les jeunes d'aller au collège ou à l'université ou de faire une formation professionnelle. C'est pourquoi nous avons amélioré l'Allocation canadienne pour les travailleurs. Pour les aînés, nous avons augmenté la pension de la Sécurité de la vieillesse et le Supplément de revenu garanti.
[Traduction]
C'est pourquoi il est crucial que le Régime de pensions du Canada et les prestations les plus importantes soient indexés à l'inflation. C'est pourquoi, dans le cadre de l'Énoncé économique de l'automne d'aujourd'hui, nous mettons en œuvre un plan pour lequel des millions de Canadiens ont voté il y a un peu plus d'un an et nous présentons de nouvelles mesures pour améliorer le filet de sécurité sociale visant à soutenir tous les Canadiens.
Nous travaillons à réduire les frais de carte de crédit pour que les petites entreprises n'aient pas à choisir entre réduire leurs marges de profit déjà limitées et refiler les frais à leurs clients. Nous imposons les rachats d'actions pour que les grandes sociétés paient leur juste part et pour les inciter à réinvestir leurs bénéfices dans les travailleurs canadiens et au Canada.
Nous offrons un crédit d'impôt pour la rénovation d'habitations multigénérationnelles, qui aidera des familles de partout au Canada qui veulent accueillir à la maison un grand-parent ou un membre de la famille avec un handicap. Nous nous attaquons à la spéculation sur le marché immobilier et nous veillons à ce que les logements servent de résidences aux Canadiens et non d'actifs financiers qui passent fréquemment entre les mains de différents investisseurs.
Nous respectons l’engagement que nous avons pris de rendre l’accès à la propriété plus abordable pour les jeunes et les nouveaux Canadiens. Nous le faisons en créant un nouveau compte d’épargne libre d’impôt pour l’achat d’une première propriété qui permettra d’économiser beaucoup plus facilement pour une mise de fonds. Nous respectons également cet engagement en doublant le crédit d’impôt pour l’achat d’une première habitation. Cela va aider à couvrir les coûts de clôture qui accompagnent l’achat d’une première maison.
Nous éliminons de façon permanente les intérêts sur la partie fédérale des prêts d'études canadiens et des prêts canadiens aux apprentis.
Nous veillons à ce que les familles n'aient pas à choisir entre emmener leur enfant chez le dentiste et mettre de la nourriture sur la table. Nous créons de nouveaux paiements trimestriels anticipés pour l’Allocation canadienne pour les travailleurs. Cela va aider les travailleurs les moins bien payés — qui sont très souvent parmi les plus essentiels — en mettant plus d’argent dans leurs poches, plus rapidement. Ainsi, l'Allocation canadienne pour les travailleurs aidera maintenant 4,2 millions de Canadiens.
Pour les locataires à faible revenu, nous offrons des centaines de dollars en nouvelle aide ciblée. Pour les Canadiens qui en ont le plus besoin, nous doublons le crédit pour la TPS pour les six prochains mois.
D'ailleurs, j'ai une très bonne nouvelle à ce sujet. Les chèques du crédit de la TPS commenceront à arriver dès demain dans les comptes bancaires et les boîtes aux lettres des 11 millions de ménages canadiens qui ont le plus besoin d'aide.
[Français]
Nous offrons des mesures ciblées pour alléger l'inflation parce que c'est la bonne chose à faire.
Pendant que la Banque du Canada lutte contre l'inflation, nous ne compliquerons pas son travail. Nous sommes compatissants et nous sommes aussi responsables.
[Traduction]
Le Canada affiche le plus faible déficit et le plus faible ratio de la dette au PIB du G7. Dans notre budget d’avril, alors que l’inflation était élevée au Canada et partout dans le monde et continuait d’augmenter, nous savions que nous devions adopter une attitude responsable sur le plan financier. Et nous l’avons fait. En avril, nous nous étions engagés à ramener le déficit à seulement 2 % du PIB cette année. Aujourd’hui, nous prévoyons qu’il se situera à seulement 1,3 % de notre économie de 2,8 billions de dollars.
Nous pouvons réduire le déficit aujourd'hui parce que les dépenses que nous avons faites pour lutter contre la pandémie ont fonctionné. Grâce au soutien sans précédent que nous avons fourni — et à la résilience incroyable des Canadiens — le Canada entre dans cette période de ralentissement de l’économie mondiale dans une position de force économique fondamentale.
On compte aujourd’hui 400 000 Canadiens de plus sur le marché du travail qu’avant la pandémie. La taille de notre économie est maintenant de 102,6 % par rapport à ce qu’elle était avant la pandémie. Jusqu’à présent cette année, la croissance économique du Canada a été la plus forte du G7. Plus forte que celle des États‑Unis, plus forte que celle du Royaume‑Uni, plus forte que celle de l’Allemagne, plus forte que celle de la France et plus forte que celle de l’Italie ou du Japon.
Grâce à ce rendement économique enviable, nous sommes en mesure d’apporter un soutien ciblé aux plus vulnérables, tout en réduisant notre déficit. Dans les prochains mois, nous serons en mesure d’investir dans l’économie canadienne et d’être là pour les Canadiens qui en ont le plus besoin. Parce que nous avons été responsables en avril et parce que nous restons prêts aujourd’hui.
Les Canadiens sont solides, et l'économie canadienne est résiliente. C'est pourquoi nous pouvons tous être assurés de nous en sortir, comme nous l'avons fait au cours des deux dernières années et demie. En fait, aucun pays au monde n'est mieux placé que le Canada pour surmonter le ralentissement mondial à venir.
[Français]
Lorsque nous aurons surmonté cette épreuve, que la récession causée par la pandémie sera derrière nous, avec nos forces économiques fondamentales préservées, aucun pays au monde ne sera mieux placé que le Canada pour prospérer dans une économie mondiale postpandémie.
Nous cultivons des aliments pour nourrir la planète. Nous extrayons la potasse dont les agriculteurs d'ici et d'ailleurs ont besoin pour cultiver les leurs. Nous avons les minéraux et les métaux critiques qui sont essentiels pour tout, des téléphones cellulaires aux batteries, aux appareils électroménagers et aux voitures électriques.
Nous avons les ressources naturelles pour alimenter la transition mondiale vers la carboneutralité et pour contribuer à la sécurité énergétique de nos alliés au fur et à mesure que la transition s'accélère.
Ce qui est essentiel, c'est que le Canada est la démocratie qui possède toutes ces ressources en abondance.
[Traduction]
L'économie mondiale entre dans une nouvelle phase. Nous sommes à l'aube de l'ère du « friend-shoring », une dynamique aux termes de laquelle nos partenaires démocratiques et leurs entreprises les plus importantes chercheront à déplacer leurs activités des dictatures vers les démocraties. C'est dans cette optique que le et le chancelier Scholz ont signé à Terre-Neuve un accord pour faire en sorte que l'Allemagne achète de l'hydrogène canadien. C'est aussi dans cette optique que, pour les minéraux critiques et les véhicules électriques, les États-Unis sont passés d'une politique d'achat axée sur eux-mêmes à une politique d'achat tournée vers l'Amérique du Nord.
[Français]
C'est pourquoi notre a signé des accords avec des constructeurs d'automobiles et des fabricants de batteries mondiaux. C'est presque un nouvel accord par jour, on dirait bien.
[Traduction]
C'est dans ce contexte que notre présente les minéraux critiques du Canada au monde entier et travaille de façon soutenue avec les provinces et les territoires afin de permettre l'extraction de ces métaux et leur acheminement vers les marchés mondiaux. Le monde sait que le Canada peut construire les véhicules électriques d'aujourd'hui et de demain. Les Canadiens peuvent extraire et traiter les minéraux critiques dont sont faits ces véhicules, nos téléphones et nos ordinateurs, et les travailleurs canadiens du secteur de l'énergie, les meilleurs au monde, peuvent faire du Canada le principal fournisseur d'énergie au moment où l'économie mondiale s'achemine vers la carboneutralité.
Nos alliés comptent sur nous, et notre gouvernement croit que le virage en cours constitue pour les travailleurs et les entreprises du Canada la plus importante occasion favorable depuis une génération.
[Français]
Les investissements annoncés dans le budget d'avril visaient à saisir cette occasion. C'est également ce que visent les investissements dans cet énoncé économique de l'automne.
Avec des crédits d'impôt à l'investissement importants dans les technologies propres et l'hydrogène propre, il sera plus attrayant pour les entreprises d'investir au Canada pour produire l'énergie. Cette énergie contribuera à alimenter une économie mondiale carboneutre.
[Traduction]
Avec le lancement du nouveau Fonds de croissance du Canada, nous contribuerons à attirer les milliards de dollars de nouveaux capitaux privés requis pour lutter contre les changements climatiques et créer de bons emplois au pays. Qu’il s’agisse de minéraux critiques, de ports ou d’énergie, nous continuerons à faciliter l’investissement des entreprises dans des projets importants au Canada, des projets auxquels les peuples autochtones participeront véritablement, des projets qui répondront aux plus hautes normes environnementales, des projets qui créeront de bons emplois, et des projets qui permettront aux travailleurs canadiens de stimuler notre économie.
Nous continuerons d’investir pour lutter contre le problème de la productivité, qui est le talon d'Achille économique du Canada. Nous continuerons d’investir pour faire en sorte que les Canadiens aient les compétences dont ils ont besoin pour avoir des emplois bien payés, et nous continuerons d’amener au Canada davantage de ces travailleurs qualifiés dont notre économie en pleine croissance a besoin. Toutefois, nous savons que ces investissements ne représentent qu'une partie du travail qui nous attend. Par conséquent, dans les mois à venir, nous continuerons de travailler fort pour que les entreprises ne trouvent nulle part ailleurs au monde un meilleur endroit où investir et créer des emplois bien rémunérés, et ce, d'un océan à l'autre.
Ces investissements — ceux que nous faisons aujourd’hui et ceux que nous continuerons de faire — seront essentiels pour l’avenir de l’économie canadienne. Ils contribueront à faire du Canada un chef de file dans les industries de demain. Ils aideront à bâtir une économie qui fonctionne pour tous, ainsi qu’un pays plus durable et plus prospère pour les générations à venir. Mais ce qui importe le plus, c’est ce que ces investissements signifient pour les Canadiens. Si vous travaillez dans le secteur de l’énergie en Alberta, les investissements dans les énergies propres signifient qu’il y aura encore des emplois bien payés pour vous et vos enfants. Si vous êtes un jeune couple à Vancouver, l’augmentation du nombre de travailleurs dans les métiers de la construction signifie des maisons plus abordables pour votre nouvelle famille. Et si vous travaillez dans l’industrie de l’automobile à Windsor, le leadership du Canada dans la construction de véhicules électriques signifie que vous pouvez construire la prochaine génération des voitures, comme celles qui ont propulsé notre économie pendant plus d’un siècle.
Les travailleurs canadiens savent à quel point notre filet de sécurité sociale est important. Et c’est pourquoi notre gouvernement n’épuisera jamais les cotisations qui maintiennent la vigueur de l’assurance-emploi et le Régime de pensions du Canada.
[Français]
Les Canadiens savent à quel point la formation est importante pour les préparer à occuper des emplois précieux et bien rémunérés. Alors, nous investissons aussi dans la formation.
Les travailleurs canadiens savent que la chose la plus importante, ce qui fait la différence entre réussir à payer ses paiements hypothécaires et craindre de perdre sa maison, ou ce qui fait la différence entre payer ses factures et être en retard dans ses paiements, c'est un emploi stable et bien rémunéré, un travail dont ils sont fiers aux côtés de gens qui les respectent, eux et leurs compétences.
C'est pourquoi notre principal objectif économique pendant la pandémie était de préserver les emplois des Canadiens. C'est pourquoi, aujourd'hui, les travailleurs canadiens ont besoin d'un gouvernement doté d'une véritable politique industrielle robuste, un gouvernement qui s'engage à investir dans la transition vers la carboneutralité, qui attire de nouveaux capitaux privés et qui favorise la création d'emplois bien payés d'un océan à l'autre. C'est exactement ce que nous avons fait et c'est exactement ce que nous continuons de faire aujourd'hui.
[Traduction]
En 1903, le premier ministre Wilfrid Laurier a pris la parole à la Chambre et s'est exprimé ainsi:
Le temps n’est pas aux délibérations, mais à l’action […] Nous ne pouvons pas attendre, parce que le temps, lui, n’attend pas; nous ne pouvons pas attendre parce qu’en ces jours de développement merveilleux, le temps perdu est doublement perdu. Nous ne pouvons pas attendre, parce que les conditions de notre vie nationale se transforment en ce moment. Il serait fou de l’ignorer et criminel de le négliger [...]
Il parlait alors du chemin de fer transcontinental, qui reliait le Canada et l’économie canadienne d’est en ouest. Un chemin de fer qui a permis d’ouvrir une nouvelle ère de prospérité pour la population dans notre pays en croissance. Ce projet, à l’instar de Laurier lui-même, n’était pas parfait. La prospérité et les opportunités qu’il a créées n’ont pas été partagées également avec les peuples autochtones, les femmes et les nouveaux Canadiens, mais le message qu’il a lancé à ce moment-là en est un que nous devons écouter aujourd’hui.
Au tournant du siècle dernier, Laurier et une génération d’hommes d’État canadiens ont compris que le Canada était à la croisée des chemins. Ils ont compris que nous pouvions saisir cette occasion, ou risquer d’être balayés par le destin manifeste de dirigeants plus ambitieux. Aujourd’hui, nous sommes également à la croisée des chemins.
La transition vers la carboneutralité exige une transformation industrielle d’une ampleur comparable à celle de la Révolution industrielle elle-même. Et le Canada a la chance d’avoir les gens talentueux, les ressources naturelles et les industries nécessaires à cette transformation. Par ailleurs, l’invasion illégale de l’Ukraine par Poutine a transformé la géopolitique. Cela a montré encore plus à nos alliés l’intérêt de se tourner les uns vers les autres — vers nous — pour obtenir les éléments critiques de leurs chaînes d’approvisionnement et pour assurer leur sécurité énergétique.
Ensemble, ces deux grandes transformations représentent l’occasion d’une génération de bâtir une économie canadienne prospère et durable. Nous pouvons diriger l’économie mondiale d’une manière qui dépasse de loin notre empreinte en tant que pays d’à peine 39 millions d’habitants.
[Français]
Nous pouvons mener la lutte contre les changements climatiques. Nous pouvons le faire de manière à créer de bons emplois et de nouvelles entreprises pour les Canadiens d'un océan à l'autre. Nous pouvons construire des maisons abordables et offrir des garderies abordables, ce qui aidera notre économie à croître et rendra la vie plus abordable pour les familles canadiennes de la classe moyenne. Nous pouvons faire en sorte que tout le monde au pays puisse profiter de la prospérité dans laquelle nous investissons ensemble.
C'est l'avenir que nous pouvons nous offrir et offrir à nos enfants. Cela dit, nous ne pouvons pas attendre parce que le temps, lui, n'attend pas. Nous ne pouvons pas attendre, car, en ce jour de développement merveilleux, le temps perdu est doublement perdu.
Je sais que nous semblons traverser une période difficile, et c'est le cas, mais nous avons une maison bien construite avec un toit solide. Nous avons survécu à des hivers bien plus rigoureux auparavant. Comme l'automne cède la place à l'hiver, l'hiver aussi cèdera la place au printemps.
[Traduction]
Des jours plus doux nous attendent. Nous y arriverons ensemble en construisant un pays où chacun peut gagner sa vie en travaillant fort, en bâtissant une économie qui fonctionne pour tous, en investissant dans le Canada qui fait notre fierté aujourd'hui, afin que nous puissions être encore plus fiers de notre formidable pays demain, car parmi tous les pays du monde, c'est assurément au Canada qu'appartiendra le XXIe siècle.
:
Monsieur le Président, quand nous avons appris que la coûteuse coalition allait présenter cette mise à jour économique aujourd'hui, nous avions deux demandes: aucune nouvelle taxe pour les travailleurs et les aînés, et aucune nouvelle dépense, à moins qu'elle soit compensée par une nouvelle économie de valeur égale. Le stratagème inflationniste annoncé aujourd'hui triple la taxe sur le chauffage, l'essence et l'épicerie, et prévoit 20 milliards de dollars de dépenses inflationnistes qui feront augmenter le coût de la vie.
[Français]
Les conservateurs se tiendront donc debout pour les Canadiens, pour leurs chèques de paie, pour leurs maisons, pour leurs économies et nous allons voter contre ce stratagème inflationniste.
[Traduction]
Comment en sommes-nous arrivés là? Eh bien, le coût du gouvernement pousse à la hausse le coût de la vie. Des déficits inflationnistes d'un demi-billion de dollars ont fait grimper le coût des biens que nous achetons et des intérêts que nous payons. Les taxes inflationnistes ont fait grimper les coûts de production pour les entreprises, les agriculteurs et les travailleurs.
Les libéraux vont prétendre qu’ils n’avaient d’autre choix que de doubler la dette. Le va prétendre que ce n’est pas de sa faute s’il a fait augmenter la dette plus que tous ses prédécesseurs réunis.
Commençons par le fait qu’il a ajouté 100 milliards de dollars de dette avant même que le tout premier cas de COVID ne soit découvert ici au Canada. Il ne peut pas blâmer la pandémie de COVID pour cela. En fait, il n’a pas tenu sa promesse selon laquelle le déficit ne dépasserait jamais 10 milliards de dollars. Le déficit total était déjà de 100 milliards de dollars avant l’apparition du premier cas de COVID.
Puis, au moment de l’arrivée de la COVID, 40 % de toutes les nouvelles mesures de dépense n’avaient rien à voir avec la COVID, selon le directeur parlementaire du budget nommé par le lui-même. Il y a eu 200 milliards de dollars de dépenses sans rapport avec la COVID, et même parmi les dépenses liées à la COVID, c’était un « buffet à volonté » de gaspillage et de mauvaise gestion.
Les libéraux ont envoyé des chèques de PCU à des prisonniers. Ils ont envoyé des chèques de PCU à des fonctionnaires qui touchaient en même temps leur salaire d’employés de la fonction publique. Ils ont accordé des subventions salariales à des sociétés suffisamment riches pour verser des dividendes et des primes à leurs dirigeants, même après que je les ai avertis qu’il fallait interdire cette pratique abominable. Ils ont tenté d’affecter un demi-milliard de dollars à UNIS, un organisme qui avait donné un demi-million de dollars à des membres de la famille du .
Les libéraux ont ensuite dépensé 54 millions de dollars pour une application dont nous n’avions pas besoin, qui ne fonctionnait pas et qui aurait pu être mise au point en une fin de semaine pour 250 000 $. Le gouvernement conservateur précédent avait réussi à livrer des applications nécessaires et utiles et d’une complexité semblable pour 200 000 $ à 300 000 $, mais, pour une raison ou une autre, le coût de cette application-ci a atteint 54 millions de dollars.
Beaucoup de bénéficiaires de ce financement admettent qu’ils n’ont fait aucun travail. Ils ont simplement retenu les services d’autres personnes pour le faire. Les libéraux ont donné de l’argent à des gens qui n’ont rien fait d’autre que de déléguer le travail à quelqu’un d’autre. N’avons-nous pas de fonctionnaires payés au sein de la fonction publique pour réaliser ce type de contrat? Le gouvernement ne veut même pas nous révéler les noms de tous ceux qui ont reçu cet argent.
Qu'on ne vienne pas me dire que le gouvernement n'a pas eu le choix de doubler le montant de la dette nationale. Qu'on ne vienne pas me dire que chaque dollar de dépense inflationniste était nécessaire. Les libéraux étaient irresponsables et inutilement dépensiers en ce qui concerne l'argent des Canadiens, et maintenant, la population en paie le prix.
Le va nous dire que c'est la Russie qui est la cause de l'inflation au Canada. D'accord, mais nous effectuons moins de 0,3 % de nos échanges commerciaux avec la Russie et l'Ukraine combinées, car nous avons déjà tous les autres produits que ces pays exportent. Ils ont de l'énergie et de la nourriture. Nous avons de l'énergie et de la nourriture. Si seulement le premier ministre laissait le champ libre aux agriculteurs et aux travailleurs de l'énergie d'ici afin qu'ils produisent ce qu'ils ont à produire.
Par ailleurs, il y avait des guerres sous le gouvernement conservateur précédent. Il y avait une guerre importante en Afghanistan et il y en avait d'autres en Irak et en Syrie, mais l'inflation n'a jamais dépassé 4 %. En fait, nous avons réussi à participer efficacement à la défaite de terroristes et de tyrans dans ces conflits tout en maintenant le taux d'inflation bas au Canada. Nous avons été capables de garder le contrôle de nos dépenses et de rééquilibrer notre budget.
À l'opposé, les dépenses actuelles du gouvernement sont de 30 % plus élevées qu'en 2019, l'année précédant la COVID. Pourquoi? Les libéraux ont déclaré que tous les déficits étaient le résultat de la COVID. La COVID est maintenant derrière nous, mais les dépenses sont toujours de 30 % plus élevées parce que nous savons que ce n'est pas la COVID qui a entraîné la hausse des coûts: c'est une coalition coûteuse et un irresponsable qui ont mis ces fardeaux sur les épaules des Canadiens.
[Français]
C'est un premier ministre qui n'a aucun contrôle et aucun respect pour l'argent des Canadiens qui paient les factures, ici, au Canada. Plus le gouvernement dépense et plus les Canadiens paient. C'est pour cela que nous avons le taux d'inflation le plus élevé depuis 40 ans. C'est la « justinflation ».
[Traduction]
Par ailleurs, le adore jeter le blâme sur les autres pour toutes les hausses du coût de la vie. Pourquoi donc le Canada se classe-t-il au deuxième rang des pays où le prix des maisons est le plus gonflé sur la planète? Pourquoi le coût des terrains a-t-il explosé? Les terrains ne sont pas importés de l’Ukraine ou de la Russie. Les terrains se trouvent juste sous nos pieds. Nous nous classons au deuxième rang des pays pour notre superficie; malgré tout, Vancouver est le troisième marché en importance dans le monde pour le prix du logement, et Toronto, le dixième.
Les députés peuvent-ils le croire? Pour les maisons, deux de nos plus grandes villes affichent des prix plus gonflés que New York et que Londres, en Angleterre, ainsi que d'innombrables autres métropoles qui comptent plus d'habitants, qui sont plus riches et qui ont moins de terrains. En fait, le prix des maisons est plus gonflé à Vancouver qu'à Singapour. Pourtant, Singapour est une île. Elle n’a plus de terrains. Le Canada compte plus de territoire où il n’y a personne que de territoire peuplé. Pourquoi sommes-nous donc incapables de trouver comment loger tout le monde?
La première raison, c'est que les empêcheurs de tourner en rond des administrations municipales contrecarrent la construction résidentielle en accumulant des retards massifs qui font grimper les coûts et baisser l’offre de logements. Le a eu sept ans pour s’opposer aux empêcheurs de tourner en rond municipaux et provinciaux qui font obstacle à la construction résidentielle, mais il ne le fera jamais parce qu’il ne veut pas affronter la gauche radicale libérale et néo-démocrate, dans les mairies partout au pays, qui a aggravé le problème. Il a plutôt continué d’injecter de l’argent dans des bureaucraties locales pour les récompenser d'empêcher les pauvres, les immigrants et les enfants de la classe ouvrière de posséder un jour une maison.
Quand je serai premier ministre, nous imposerons des conditions: si les villes veulent plus d’argent fédéral pour les infrastructures, elles devront éliminer les empêcheurs de tourner en rond. Nous lierons les fonds d’infrastructure au nombre de maisons construites afin que les jeunes puissent trouver un endroit où vivre. Nous vendrons également 15 % des 37 000 immeubles fédéraux que nous possédons afin qu’ils puissent être convertis en logements et que les jeunes puissent avoir quelque part d'abordable où vivre.
La deuxième raison qui explique le coût faramineux du logement et de tout le reste, c'est que, depuis deux ans, le fait tourner la planche à billets comme si sa vie en dépendait. Il a dit que cela ne causerait pas d’inflation, même si c’est exactement le résultat que l'on avait ainsi obtenu chaque fois qu’on y avait eu recours au cours des 3 000 dernières années environ.
Voici comment fonctionne la stratégie. Le voulait être en mesure d'affirmer qu’il empruntait tout cet argent à bon marché. Il adorait se lever à la Chambre pour dire que la dette ne coûtait absolument rien, car les taux d’intérêt étaient extrêmement bas.
Pourquoi le premier ministre pouvait-il emprunter de l'argent pour presque rien? C'est parce que la banque centrale sortait de l’argent de son chapeau. S’il s’agissait d’un véritable prêteur, elle aurait exigé un taux de rendement réel pour les prêts. Que s’est-il passé? Elle a créé ce qu’on appelle un « assouplissement quantitatif ». Lorsqu’on invente de nouveaux termes incompréhensibles, c'est forcément pour occulter quelque chose de douteux.
Voici comment le stratagème fonctionne. C’est très simple. Le gouvernement vend des obligations à des prêteurs. La Banque du Canada rachète ensuite ces obligations à un prix plus élevé. Les prêteurs adorent cela. C’est pourquoi les banques approuvent cette stratégie avec enthousiasme. Elles font de l’argent en fonction de la différence. C’est un banal arbitrage. Le gouvernement vend quelque chose le lundi et le rachète à un prix plus élevé le mercredi. Qui serait contre une aussi bonne affaire?
Malheureusement, seule une centaine d'institutions financières peuvent s'en prévaloir. Le reste des Canadiens ordinaires qui travaillent à la sueur de leur front et qui paient pour ce stratagème n’y participent pas. Les banques, les compagnies d’assurance et d’autres institutions financières, par contre, ont engrangé des profits grâce à la transaction.
La Banque du Canada paie ces obligations en déposant les sommes qui se trouvent dans sa réserve dans les comptes des grandes institutions financières. Le montant de cette réserve a explosé au cours des deux dernières années, alors que la Banque a acquis jusqu’à 400 milliards de dollars en nouvelles dettes.
Qu'est‑il arrivé? Cela a fait exploser la masse monétaire, et le fait qu'il y ait plus de dollars pour moins de biens a entraîné une hausse des prix. Une grande partie de l'argent s'est ensuite déversée dans le système financier pour ensuite être prêtée sous forme de prêts hypothécaires à de riches investisseurs, qui ont vu le nombre de biens immobiliers qu'ils pouvaient accumuler exploser. Par conséquent, le prix du logement a bondi de 50 % en deux ans, créant la plus importante bulle immobilière de l'histoire du Canada.
Maintenant que la banque centrale est obligée de relever les taux d'intérêt, elle risque de faire éclater cette bulle. Tous les gens qui ont placé leurs espoirs sur cette bulle risquent maintenant de les voir s'évanouir puisque la bulle est en train de crever.
Cela dit, il y a pire encore: la Banque du Canada a maintenant dans ses réserves des centaines de milliards de dollars de dépôts qu'elle a faits dans les comptes des grandes institutions financières. Qu'est‑il arrivé à ces dépôts? Ils rapportent maintenant davantage d'intérêts, car les taux d'intérêt ont augmenté. Les riches banquiers qui ont dès le début participé à cette opération d'arbitrage et qui ont été payés pour cela en ayant plus d'argent déposé dans leurs comptes à la Banque du Canada perçoivent maintenant 3,75 % d'intérêt, car c'est le taux directeur que paie cette dernière.
Qu'est-ce que cela signifie? Cela signifie que la banque centrale perd de l'argent pour la première fois depuis sa création et que les contribuables du pays sont forcés de la renflouer à hauteur de 4 milliards de dollars chaque année. Ce stratagème éhonté, contre lequel j'avais lancé une mise en garde il y a deux ans, pourrait bien, au final, équivaloir au plus important transfert de richesse des travailleurs de la classe moyenne vers les amis ultrariches du gouvernement, passant ainsi des gens qui n'ont rien à ceux qui ont tout. C'est du jamais vu dans toute l'histoire du Canada.
Aujourd'hui, nous constatons les douloureuses conséquences. Ce ne sont pas que des chiffres dans un registre comptable. Ce sont ces près de 1,5 million de Canadiens qui sont contraints de recourir aux banques alimentaires chaque mois. C'est la personne sur cinq qui saute un repas ou réduit ses portions parce que le prix des aliments est trop élevé. C'est l'hiver qui arrive à grands pas, dont la a fait mention en des termes métaphoriques. Les gens n'auront pas les moyens de chauffer leur lieu de résidence, alors que le coût du chauffage résidentiel va vraisemblablement doubler, voire pire pour les demeures chauffées au mazout.
Je parle de l'homme de 35 ans qui vit dans le sous-sol de ses parents, même s'il a fait tout ce qu'on lui a demandé. Il s'est trouvé un emploi. Il s'est éduqué. Il a toujours travaillé fort, et voilà qu'il ne peut pas se permettre d'acheter une maison, ce qui implique qu'il ne peut pas fournir des garanties, qu'il ne peut pas avoir d'antécédents en matière de crédit, qu'il ne peut pas faire d'économies pour l'avenir et, donc, qu'il ne peut pas fonder une famille. Au Canada, l'un des plus vastes pays du monde, on ne peut pas trouver de place où vivre.
Voilà les conséquences réelles de décisions irresponsables. Pendant ce temps, le affiche un sourire narquois quand on lui rappelle qu'il a pris des vacances pour dormir dans l'hôtel le plus luxueux sur Terre, où il a dépensé 6 000 $ par nuit pour veiller dans des halls d'hôtel somptueux et faire la fête avec ses amis, alors que les Canadiens ne peuvent pas payer leur loyer. Les Canadiens n'ont plus d'argent et le n'a plus de contact avec la réalité.
Nous hériterons de ce gâchis, et nous devrons régler le problème. Une lourde tâche nous attend, n'est-ce pas? Une très lourde tâche nous attend. Le premier ministre nous laissera un énorme gâchis, comme son père l'a fait. Pendant qu'il se prélassera sur une plage quelque part et qu'il fera du surf, le reste d'entre nous s'efforcera de réparer le gâchis qu'il nous a laissé. Le plus tôt sera le mieux. C'est seulement à ce moment-là qu'il devra payer de sa poche pour séjourner à l'hôtel. Nous ne paierons plus pour lui. Il devra payer de sa poche, comme les Canadiens le font aujourd'hui.
Comment allons-nous réparer ce gâchis? D'abord, nous présenterons une loi sur le financement par répartition, de sorte que chaque fois que nous consacrerons un dollar à une nouvelle dépense, nous trouverons le moyen d'économiser un dollar pour le rembourser. Les députés savent-ils qui procède ainsi? Tout le monde dans le monde réel.
[Français]
C'est ainsi que les mères de famille monoparentale paient leurs factures. Quand elles veulent envoyer leurs enfants en vacances, elles trouvent le moyen d'économiser ailleurs. C'est la même chose pour les petites entreprises. Quand elles veulent augmenter leurs dépenses en matière de publicité, elles trouvent d'autres économies à faire au sein de l'entreprise. C'est normal. C'est la réalité de chaque personne vivant dans le vrai monde.
[Traduction]
En fait, la privation est une situation à laquelle sont confrontées toutes les créatures de l'univers lorsque les ressources sont limitées, à l'exception du qui se contente de prendre l'argent des autres pour satisfaire ses propres besoins et désirs. Dans le monde réel, si une famille veut une nouvelle terrasse, elle devra peut-être renoncer à ses vacances ou trouver un prix avantageux à la fois pour la terrasse et pour les vacances, voire acheter du bois d'occasion dans un chantier local afin d'économiser de l'argent et de pouvoir tout faire avec le même budget. Imaginez qu'au lieu d'accumuler sans cesse de nouvelles dépenses, le gouvernement doive en fait faire des économies pour les financer. Cela l'obligerait à faire les mêmes compromis que dans le monde réel...
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Monsieur le Président, bien que je ne sois pas autorisé à signaler la présence ou l'absence du , je dirai simplement ceci: certaines personnes nous accrochent un sourire dès qu'elles arrivent. D'autres nous en accrochent un dès qu'elles partent.
Les conservateurs plafonneront les dépenses publiques. Nous recentrerons la Banque du Canada sur son mandat principal. Pendant 25 ans, la Banque du Canada a eu le mandat très simple de maintenir le taux d'inflation à 2 %, comme l'a prévu le gouvernement Mulroney. Elle devait le maintenir à 2 %. Les taux d'intérêt et la masse monétaire étaient administrés en fonction de cet objectif, ce qui a bien fonctionné. Cela a bien fonctionné jusqu'à ce que le actuel arrive au pouvoir et pousse la Banque du Canada à faire tourner la planche à billets pour financer ses dépenses. Cela ne se reproduira plus.
Les conservateurs financeront leurs programmes avec de l'argent bien réel plutôt qu'avec de l'argent imprimé, car nous savons qu'il n'y a rien de gratuit dans ce monde et qu'au bout du compte, ce sont les contribuables et les consommateurs qui paient l'addition. Nous rétablirons ce mandat et nous soumettrons la Banque du Canada à une vérification par la vérificatrice générale afin de nous assurer que personne ne puisse plus jamais gaspiller notre argent de façon aussi effroyable qu'au cours des deux dernières années.
Au lieu de créer plus d'argent, nous allons créer plus de ce que l'argent peut acheter. Nous allons cultiver plus d'aliments, construire plus de maisons et produire plus de ressources ici même au Canada, et voici comment nous allons nous y prendre. Nous allons inciter les municipalités à retirer leurs empêcheurs de tourner en rond de sorte que nous puissions bâtir plus de maisons. Nous allons remédier aux attaques des empêcheurs de tourner en rond contre les agriculteurs en annulant les droits de douane et les taxes sur les engrais et le carburant et ainsi favoriser une production agricole accrue au pays. Nous allons chasser les empêcheurs de tourner en rond qui font obstacle au secteur des ressources.
Les députés savent-ils qu'à l'heure actuelle, le Canada se classe avant-dernier au sein de l'OCDE pour le délai d'obtention d'un permis de construire? Le seul autre pays à être plus lent est la République slovaque. Si l'on prend tous les types de permis de construire qui existent au Canada, depuis les permis de rénovation résidentielle jusqu'au permis d'aménagement d'une mine d'uranium complète, et qu'on calcule la moyenne, le délai d'obtention est d'environ 250 jours. En Corée du Sud, la moyenne est de 28 jours.
Ce n'est pas étonnant que les investisseurs préfèrent investir à des endroits comme la Corée du Sud, Singapour, l'Australie, la Nouvelle‑Zélande, la Suisse et l'Irlande. La raison, c'est que les projets d'aménagement aboutissent dans ces pays. Voilà ce que les conservateurs feront au Canada. Nous allons réduire les délais et accélérer les approbations. Nous allons mobiliser toutes les administrations publiques pour faire du Canada le pays développé le plus rapide au chapitre de la délivrance de permis de construire.
La a affirmé aujourd'hui qu'elle allait faire la promotion des minéraux critiques qu'on trouve au Canada auprès de tous les pays du monde. Le problème, c'est qu'elle n'arrive pas à extraire ces minéraux. Elle va annoncer à toute la planète que ces minéraux se trouvent dans le sous-sol canadien. On trouve ici du lithium, du cuivre, du nickel, mais les entreprises doivent attendre sept ans avant qu'on leur délivre un permis pour qu'elles puissent commencer à creuser une mine. La ministre affirme qu'elle accordera toutes sortes de subventions à des sociétés minières parasites qui rempliront leurs coffres avec l'argent des contribuables. Si ces entreprises n'arrivent pas à obtenir de permis pour creuser une mine, tout ce qui adviendra de ces subventions est un gigantesque gaspillage des deniers publics.
Les conservateurs abrogeront la loi anti-énergie, le projet de loi , afin qu'il soit possible au Canada de construire des pipelines avec de l'acier canadien en vue d'acheminer les produits énergétiques du pays vers les marchés mondiaux. Nous allons éliminer les taxes qui nuisent aux investissements et qui s'accumulent sur le dos des entrepreneurs canadiens afin qu'il soit réellement profitable de bâtir des choses au Canada. Nous allons supprimer la taxe sur le carbone pour que les industries canadiennes puissent être concurrentielles et que les Canadiens aient les moyens de payer leurs factures d'énergie.
Quant à l'énergie, il existe deux approches très différentes. Les députés d'en face croient que nous devons lutter contre les changements climatiques en rendant plus coûteuse l'énergie traditionnelle dont les Canadiens dépendent. Les conservateurs croient plutôt qu'il faut lutter contre les changements climatiques en rendant les nouvelles solutions plus abordables. Nous y parviendrons en encourageant et en accélérant l'obtention de permis d'exploitation de lithium, de cuivre, de cobalt, de graphite et d'autres minéraux essentiels qui seront éventuellement utilisés pour les voitures électriques fabriquées au Canada et pour d'autres formes d'énergie renouvelable. Nous encouragerons la production de ces types d'énergie ici, au Canada. Nous encouragerons l'énergie nucléaire ici, en sol canadien, afin que nous puissions alimenter notre économie sans produire d'émissions.
[Français]
Nous allons aussi éliminer la paperasserie en ce qui a trait aux barrages au Québec. On sait que, au Québec, on n'aura pas assez d'électricité à l'avenir pour les voitures électriques et pour répondre à tous les besoins liés à un avenir vert.
Leur solution est de construire des barrages. Or, le veut empêcher ou retarder la construction de ces barrages avec une duplication des processus.
Nous sommes d'accord avec le gouvernement du Québec. Il n'est pas nécessaire d'ajouter trois ou quatre ans de délai à ces projets, le gouvernement du Québec ayant déjà des processus pour protéger l'environnement. Les Québécois sont capables de protéger l'environnement, et nous allons les aider en permettant la construction des barrages hydroélectriques.
[Traduction]
Enfin, nous ferons de ce pays un endroit où il sera à nouveau payant de travailler. Pour beaucoup de gens, le travail n'est pas payant. Prenons le cas d'une personne qui touche des prestations d'invalidité et qui se rétablit au point de pouvoir travailler 10 ou 15 heures par semaine ou qui arrive à un point de sa vie où elle veut sortir de chez elle et contribuer à la société. En raison des dispositions de récupération actuelles, de nombreuses personnes qui touchent des prestations d'invalidité perdent plus d'un dollar pour chaque dollar supplémentaire qu'elles gagnent.
Le gouvernement a publié un rapport montrant qu'une mère célibataire avec trois enfants qui gagne 55 000 $ par an perdra 80 ¢ sur chaque nouveau dollar qu'elle gagnera. Disons qu'elle gagne environ 25 $ de l'heure. Les dispositions de récupération qui s'appliquent à ses prestations et les impôts qu'elle devra payer sur son revenu feront en sorte qu'elle perdra 20 des 25 dollars de son taux horaire. Son salaire réel pour cette heure de travail supplémentaire sera donc de cinq dollars l'heure. Personne au Canada ne devrait s'attendre à travailler pour cinq dollars de l'heure. C'est un scandale. C'est pour remédier à cela que mon gouvernement procédera à une réforme du système d'imposition et des avantages sociaux. Nous nous assurerons que chaque fois qu'une personne travaille une heure de plus, prend un quart de travail supplémentaire ou gagne une prime supplémentaire, elle sera toujours mieux lotie qu'avant et sera toujours en mesure de conserver une plus grande part de cette hausse de son revenu.
Nous le ferons pour rétablir la promesse canadienne. En regardant autour de moi dans cette enceinte, je vois de nombreux députés dont l'histoire est inspirante, comme celle de mon porte-parole en matière de finances, qui a posé la première question. Il est fils d'immigrants. Il a grandi dans un quartier dangereux et il a eu une enfance difficile, mais il a réussi à obtenir un diplôme en comptabilité, qu'il utilise à très bon escient à la Chambre. Il a fondé une entreprise, il a construit des maisons et il a été élu pour siéger au Parlement d'un des pays du G7.
Je suis moi-même le fils d'une mère célibataire de 16 ans qui a dû me donner en adoption. Mes parents adoptifs, deux enseignants, m'ont toujours appris que peu importe d'où je venais, ce qui comptait, c'était où j'allais, et que peu importe qui je connaissais, ce qui comptait, c'était ce que je pouvais faire. Voilà le pays dont je veux que mes enfants héritent. Voilà le pays pour lequel nous lutterons chaque jour à la Chambre.
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Monsieur le Président, je dirais en commençant que mes collègues et moi étions très fébriles, cet avant-midi, de nous rendre au huis clos pour prendre connaissance de cet important énoncé économique. En tournant les premières pages, nous étions encouragés. Nous nous disions que le gouvernement reconnaissait les problèmes que nous vivons, à savoir la crise inflationniste mondiale actuelle qui a des répercussions réelles sur M. et Mme Tout-le-Monde. Les gens doivent en effet arriver à boucler leur budget avec moins de ressources, à cause de l'augmentation des prix. Les prix de l'épicerie, de l'énergie, de l'essence, sans parler du prix du logement, ont tous augmenté. La population est donc confrontée à des défis importants et le gouvernement dit qu'on est dans une crise inflationniste. Même la , il y a quelques jours, nous disait qu'elle présenterait un énoncé économique aujourd'hui parce que nous visons une crise inflationniste.
C'est la même chose en ce qui concerne le risque de récession. Encore une fois, c'est à l'échelle mondiale. La plupart des économistes et des analystes disent qu'il y a de quoi s'inquiéter et qu'il se pourrait qu'on vive une récession en 2023. On sait que la Banque du Canada et les banques centrales ont décidé de mener une lutte contre l'inflation pour revenir dans la fourchette d'augmentation des prix entre 1 et 3%, d'où la cible de 2 %. Pour ce faire, elles mettent en place la politique monétaire qui consiste à hausser les taux d'intérêt. Qui dit hausse des taux d'intérêt, dit ralentissement de l'économie par ralentissement de la demande, d'où le risque de récession à l'échelle mondiale. L'économie du pays est confrontée à un risque de récession pour l’année qui vient et la ministre dans son énoncé le reconnaît. Nous saluons cela.
Or, plus on avance dans le document, plus on le retourne d'un côté puis de l'autre, plus on fait des règles de trois en regardant les tableaux, les mesures, les chiffres qui sont annoncés et en comparant avec ce qu'il y avait dans le budget du printemps dernier, plus on se rend compte que tout cela est une bien belle rhétorique. Il y a une reconnaissance des problèmes économiques auxquels nous faisons face, mais, pour ce qui est des solutions qui sont avancées, nous restons plus que sur notre faim. En fait, on ne propose pratiquement pas de nouvelles mesures dans cet énoncé économique. On rappelle ce qui a été adopté depuis le début de l'automne. On rappelle les engagements du dernier budget. On annonce qu'en 2024 il pourrait y avoir d'autres mesures, mais aujourd'hui. maintenant, il n'y a pas grand-chose de nouveau.
En fait, il y a une aide pour les prêts aux étudiants. Mes collègues du Bloc québécois et moi, en tant que député de Joliette, nous pouvons dire que cela ne nous touche pas beaucoup, étant donné que le régime de prêts et bourses est québécois. Tant mieux pour les étudiants du reste du Canada, mais c'est une mesure qui ne touche pas directement les citoyens et les citoyennes du Québec.
Ensuite, le gouvernement dit qu'il va dépenser davantage pour engager plus de fonctionnaires et s'assurer d'améliorer la prestation des services. D'accord. On a vu notamment l'été dernier la question des passeports. Les exemples se multiplient. Il y a beaucoup de problèmes relatifs aux durées d'attente. Cela reste quand même une dépense assez mineure. Il n'y a rien de majeur ici. On rappelle aussi les sommes annoncées pour les gens des Maritimes et de l'Est du Québec qui ont subi l'ouragan Fiona. Nous saluons aussi cet engagement. Toutefois, tout cela est très mineur et très marginal.
Dans le document de l'énoncé, on cite plus d'une centaine de fois le mot « inflation », mais les solutions qu'on apporte sont celles qui étaient présentées dans le budget du printemps dernier où on ne faisait à peu près pas référence à l'inflation. Il y a une crise inflationniste, mais que fait-on? On dit le mot « inflation » puis on ressert ce qui a été servi au printemps dernier, alors qu'on ne parlait pas d'inflation.
Un des mets nationaux au Québec, c'est le pâté chinois. En général, on dit que c'est meilleur quand c'est servi réchauffé. Ce n'est pas nécessairement le cas avec les mesures ici. Ce qu'on nous sert dans cette mise à jour, dans cet énoncé économique, c'est du réchauffé. L'essentiel des mesures qu'on y trouve, c'est du réchauffé.
Il ne faut pas minimiser l'importance de la crise inflationniste actuelle et des risques de récession.
Le Bloc québécois avait interpelé le gouvernement en disant de prendre cela en compte et de proposer des solutions concrètes. Par exemple, si les travailleuses et les travailleurs perdent leur emploi à cause de la récession, il faut un système de l'assurance-emploi qui fonctionne. Or, c'est connu et reconnu par le gouvernement: le système d'assurance-emploi est cassé et brisé. Il fonctionne tellement mal que, sur dix personnes qui perdent leur emploi, à peine quatre y ont accès.
Depuis 2015, le gouvernement nous dit d'attendre. On nous dit que cela s'en vient, qu'on va le réformer. Cela fait sept ans qu'on nous répète la même cassette. Nous nous attendions à ce que cela se passe en septembre dernier, étant donné que les mesures spéciales de la pandémie prenaient fin. Non, on est revenu au vieux système Axworthy qui ne fonctionne pas du tout.
Le gouvernement nous dit qu'on s'en va en récession. Le moment est donc venu de le faire. De toute urgence, il faut réparer le système de l'assurance-emploi. Plein de consultations ont été faites. On sait exactement ce qu'il faut faire pour l'améliorer, mais non. Voici encore une belle occasion manquée. Si on se fie à cet énoncé économique, le système de l'assurance-emploi ne sera pas réparé. On le laisse brisé.
On dit faire un énoncé économique parce qu'on s'en va possiblement en récession, mais on dit en même temps qu'on ne réparera pas le système de l'assurance-emploi. Cela me permet d'être en parfait accord avec les propos de ma collègue de , qui se demande si ce gouvernement travaille en vase clos. Est-ce que la ministre responsable de l'assurance-emploi a parlé à la ? Est-ce que ces gens se parlent? Ç'aurait été une bonne occasion de le faire.
On est en crise inflationniste. Les prix augmentent et les premières victimes de cette augmentation sont évidemment les personnes dont les revenus ne sont pas ajustés à l'inflation, c'est-à-dire les aînés. Comme on le sait, le gouvernement a décidé d'aider les personnes de 75 ans et plus, mais il a laissé de côté celles âgées de 65 à 75 ans. Ce gouvernement a créé deux classes d'aînés.
Aujourd'hui, face à une augmentation importante du prix des logements, de l'essence et de l'épicerie, les aînés à faible revenu âgés de 65 à 75 ans se retrouvent avec des ressources insuffisantes pour pouvoir s'alimenter correctement. Ils doivent se tourner vers des banques alimentaires, faire des choix déchirants et très humiliants.
Étant donné qu'on reconnaît le problème de l'actuelle crise inflationniste, il était temps, dans l'énoncé d'aujourd'hui, d'annoncer des mesures pour ces personnes. Le Bloc québécois dit qu'il ne faut pas créer deux classes d'aînés et qu'il faut augmenter la pension de la Sécurité de la vieillesse pour tous les aînés dès l'âge de 65 ans pour couvrir l'inflation et avoir un minimum de justice sociale. Or, ce gouvernement a volontairement refusé de le faire.
Pourquoi le gouvernement refuse-t-il d'aider les personnes âgées de 65 à 75 ans? Je crois que c'est parce que les libéraux veulent faire en sorte que les paiements ne soient plus suffisants pour que les personnes à faible revenu de la première catégorie d'aînés que le gouvernement a créée, soit ceux âgés de 65 à 75 ans, n'aient plus assez de soutien public pour se rendre à la fin du mois. Ainsi, ces aînés seront forcés de retourner travailler.
Ce gouvernement, en 2015, se pétait les bretelles d'avoir défait la loi conservatrice qui repoussait l'âge de la retraite à 67 ans. Cependant, quand on regarde ce qui se passe pour les aînés de 65 à 75 ans relativement à l'inflation, on voit un gouvernement qui tente de ramener une politique semblable par la porte d'en arrière, qui veille à ce que les aînés de 65 à 75 ans n'aient pas de ressources suffisantes provenant des fonds de pension publics pour joindre les deux bouts. Ainsi, ils vont être forcés de retourner sur le marché du travail.
Si tel est l'objectif, c'est très hypocrite. Si tel n'est pas l'objectif, je ne sais pas ce que c'est. Ce pourrait être de l'incompétence crasse, mais je m'attends davantage à de l'hypocrisie crasse de la part de ce gouvernement. Cela n'a pas de bon sens. C'est injuste. Quand les gens à faible revenu arrivent à la retraite, ils ont souvent trimé dur toute leur vie. Ce sont souvent des femmes seules. Souvent, elles ont été aidantes naturelles. Elles n'ont pas de fonds de pension, parce qu'elles sont restées à la maison pour prendre soin de leur famille. Ce gouvernement, qui se dit féministe, ne reconnaît pas cet apport et les laisse tomber.
Ce gouvernement fait un énoncé dans lequel il affirme qu'il y a une crise inflationniste. Cependant, il ne fait rien du tout pour les premières victimes de cette crise et c'est déplorable. On devait retrouver une telle mesure dans cet énoncé, mais ce n'est pas le cas et c'est déplorable.
Il y a la crise de l'inflation, de la hausse des prix, et il y a le risque de récession. Il y a aussi une autre crise majeure que vivent nos sociétés au Québec et ailleurs dans les autres provinces, soit la crise de la santé. On n'a plus accès aux médecins et le système de santé est brisé. Il a été mis à rude épreuve pendant la pandémie et le personnel et les infirmières sont tous à bout de souffle, au bout du rouleau. De plus, le système est sous-financé. En fait, les problèmes ont commencé dans les années 1990 quand le gouvernement fédéral à Ottawa a décidé de réduire les transferts en santé afin de régler les problèmes de déficit et de dette. C'est à ce moment que les choses ont commencé à mal aller.
Au lendemain de la pandémie, alors que les taux de contamination commencent à diminuer, on voit tout ce qu'on a mis de côté pendant ce temps. On s'était dit que des dépistages, des soins et des chirurgies pouvaient attendre un peu, mais, maintenant, on se rend compte que cela ne fonctionne plus du tout. Les provinces et le Québec savent quoi faire, les spécialistes et l'expertise sont là. On sait quoi faire, mais on manque de ressources parce qu'Ottawa ne joue plus son rôle depuis belle lurette.
Les gouvernements des provinces et du Québec disent à Ottawa qu'il est temps qu'il joue enfin son rôle en finançant la santé à la hauteur de ses moyens. Ces chiffres sont calculés année après année par le directeur parlementaire du budget. Selon ce dernier, les transferts en santé devraient être de 28 milliards de dollars et il devrait y avoir ensuite une hausse de 6 % par année pour couvrir l'augmentation des coûts et les besoins qui sont là. Il s'agit d'un besoin criant.
Face à cette crise de santé publique, le gouvernement avait le rôle et le devoir de régler cette question aujourd'hui dans cet énoncé, d'autant plus que le gouvernement vient d'annoncer que, dans quelques jours, il convie tous les ministres de la Santé des provinces à une belle rencontre avec le fédéral pour discuter des systèmes de santé et du financement. Qu'est-ce qu'il va leur dire quelques jours à peine après avoir dit qu'il n'investirait pas un sou de plus dans le système alors que le besoin est là?
Quand il était ministre de la Santé à Québec, le très libéral et coloré ministre Gaétan Barrette avait accusé ce gouvernement de pratiquer un fédéralisme prédateur, car le gouvernement imposait des conditions sans toutefois verser les sommes qu'il devait verser. C'est un ministre de la Santé libéral qui avait accusé ce gouvernement de pratiquer un fédéralisme prédateur. Quand on se chicane ainsi entre libéraux, on envoie le message clair que cela ne va pas bien du tout.
Le gouvernement et la avaient une occasion unique aujourd'hui d'annoncer qu'ils allaient régler cela et de mettre la table pour la rencontre. Je répète qu'on promet de régler cette question depuis 2015. Chaque fois que les élus du Bloc québécois se sont levés à la Chambre pour demander au gouvernement s'il allait jouer son rôle, ce dernier leur a répondu que cela s'en venait et qu'il ne fallait pas s'inquiéter. On peut croire une telle promesse une ou deux fois, mais, quand on se fait dire cela pendant sept ans, à un moment donné, cela suffit.
Quel est le message que l'on envoie aux ministres de la Santé des provinces qui essaient d'organiser cela et qui tiennent à bout de bras le système de santé qui craque de partout parce qu'il a été mis à rude épreuve durant la pandémie? Maintenant, on les invite à discuter, mais on vient de publier les chiffres et il n'y a pas un sou de plus pour eux. C'est méprisant. Ce gouvernement se lève à chaque occasion pour faire la leçon à tous les autres paliers de gouvernement. En fait, il se lève même pour faire la leçon au pape et à des personnes du monde entier. Cependant, quand vient le temps de s'occuper de ses propres dossiers, il n'est pas au rendez-vous, il n'est pas à la hauteur.
C'est ce qu'on constate relativement aux passeports et à l'immigration, entre autres. Tout ce à quoi ce gouvernement touche devient un fiasco. Il y a des dépassements de coûts et le service n'est pas là. Maintenant, il fait la leçon aux provinces et leur dicte ce qu'elles doivent faire, mais il n'investit même pas d'argent.
J'ai fait référence à l'immigration. Il y a quelques jours, le a annoncé de nouveaux seuils d'immigration au Canada, une hausse des cibles de 25 % d'ici 2025. On accueillera 500 000 nouveaux arrivants par année, ce qui a été réitéré dans l'énoncé aujourd'hui.
Au Bloc québécois, cela nous inquiète pour plusieurs raisons et je vais d'abord parler des raisons pratico-pratiques et pragmatiques. Nous croyons que ces cibles sont irréalistes. Dans nos bureaux de circonscriptions, nous sommes submergés par les demandes d'intervention urgentes, parce que les employés du ministère n'arrivent pas à répondre aux demandes en cours. Les délais d'attente sont épouvantables, les papiers sont perdus et il y a des erreurs constantes. Avant de réviser un objectif, d'un simple point de vue concret et technique, il faudrait peut-être que le gouvernement démontre qu'il est capable de bien faire son travail, ce qui n'est pas le cas actuellement. Qu'il fasse son travail et après on pourra discuter.
Le gouvernement n'a pas mentionné une ligne au sujet de la capacité d'accueil sur le plan des logements. Nous sommes en pénurie de logements. Au Québec et partout au Canada, il manque de logements. Le gouvernement libéral à Ottawa s'est retiré du financement du logement social dans les années 1990, et rien n'a été fait depuis. Certes, quelques sommes ont été versées récemment, mais c'est bien insuffisant pour les besoins actuels. Il n'y a pas assez de logements. Dans le secteur privé, on n'a pas la capacité de bâtir des maisons, des condos, des appartements pour répondre aux besoins actuels. Or, le gouvernement va faire croître la population de façon très rapide. Où va-t-on mettre tout ce monde?
Les condos et les maisons ne sont plus abordables. Que dit-on aux jeunes? Leur rêve américain, c'est de faire partie de la classe moyenne et d'avoir un emploi syndiqué qui permet de s'acheter une maison et de la payer pendant sa vie active. Or ce rêve est brisé. Les jeunes ne peuvent plus aspirer à se payer un logement ou à devenir propriétaire au cours de leur vie. Le déséquilibre entre l'offre et la demande et le fait que la population augmente accentue le manque de logements. Les prix explosent et les logements ne sont plus abordables. On dit à ces jeunes qu'on va accroître davantage la population de façon très rapide sans faire quelconque équilibre pour ce qui est du logement. Cela n'a pas de bon sens.
J'ai donné l'exemple du logement. C'est pareil pour les écoles. Il manque de places. Il n'y a pas d'arrimage là non plus ni au chapitre de la santé. Faire cela n'est pas responsable.
La situation n'est pas évidente pour nous au Québec, étant donné que nous ne sommes pas encore un pays. Tantôt, le chef du Parti conservateur parlait de quand il sera premier ministre. Alors moi je dis: quand le Québec sera un pays. À mon avis, d'ici 10 ans, ce sera réglé, car nous allons travailler fort. À voir comment ce gouvernement et cette nation nous ignorent, nous aurons toutes les cartes pour prendre en main notre destin.
Comment bien intégrer et accueillir des chiffres aussi élevés, si on veut avoir le pourcentage des cibles annoncées au prorata de notre population? C'est impossible. Il est impossible de garantir le maintien et le respect de la langue française. Même au Québec, on voit que cela recule. Le projet de loi est à l'étude présentement en comité, et le gouvernement veut rejeter les amendements du Bloc qui visent à mieux protéger le français au Québec. Je ne parle même pas du français hors Québec, parce que les chiffres ont complètement chuté et c'est d'une tristesse infinie. Le gouvernement avec la complicité du quatrième parti à la Chambre va continuer de faire reculer le poids de la langue française, même au Québec.
Nous n'avons pas les outils pour accueillir tous ces nouveaux arrivants convenablement dans la langue de Molière, dans la langue officielle du Québec. C'est un grave problème. C'est un dilemme cornélien, comme on dit, parce que, si nous en accueillons moins pour bien les intégrer, le poids du Québec va reculer très rapidement face à l'ensemble de la population canadienne. Donc, dans tous les cas, nous risquons de nous faire marginaliser, et c'est la survie même de notre culture qui est en jeu.
Que l'on me comprenne bien. L'immigration est une grande richesse. Accueillir les nouveaux arrivants, c'est magnifique, sauf que, dans la culture québécoise, on ne retient pas la politique du multiculturalisme. Au fond, celle-ci consiste à dire aux immigrants de venir vivre comme ils vivaient dans leur pays et de ne pas s'intégrer, car leurs petits-enfants le feront.
Pour nous, ce n'est pas cela. Nous voulons pouvoir dire bonjour au nouvel arrivant, nous voulons pouvoir échanger avec lui, nous voulons pouvoir gagner de sa richesse culturelle et nous voulons qu'il fasse partie de notre groupe et que nous puissions échanger. Avec la hausse rapide des seuils comme on l'a annoncé, cela ne fonctionne pas. C'est très inquiétant.
Je m'excuse d'avoir pris ce détour un peu plus long que prévu sur ce sujet, mais quand même très important.
Je reviens à l'énoncé économique. En ce qui concerne la réforme de l'assurance-emploi, comme le disait ma collègue de , la n'a pas parlé à la vraisemblablement.
Comme elle le disait aussi, on dirait, à la lecture de cet énoncé, que le n'a pas parlé à la ministre des Finances. On dirait que le gouvernement libéral travaille selon la méthode d'Apple qui consiste à développer des politiques et des projets partiaux sans que les gens se parlent. On dirait que c'est ce qui arrive ici. Tout ce que le ministre de l’Innovation, des Sciences et de l’Industrie dit, à la Chambre et dans les médias, on ne le retrouve pas dans l'énoncé économique. On ne comprend pas. C'est problématique.
En temps d'incertitude économique, cela prend de la rigueur, mais pas de l'austérité. C'est pour cela que nous voulions qu'il y ait des mesures de soutien en cette période d'inflation pour les plus vulnérables comme les aînés de 65 à 75 ans. C'est très important. Nous ne voulons pas d'austérité. Nous avons demandé au gouvernement de se recentrer sur ses rôles fondamentaux, sur les missions premières du fédéral, d'essayer de se concentrer là-dessus et de bien les faire pour une fois. Le financement de la santé en est un exemple.
Nous avions été vraiment surpris dans le dernier budget, au printemps dernier. Le gouvernement annonçait une quinzaine de nouvelles politiques, de nouvelles façons de faire, pour la plupart en santé. C'était des intrusions dans les champs de compétence des provinces. Au lieu de se concentrer sur bien faire son travail, le gouvernement voulait aller sur le terrain du Québec et des provinces et empiéter dans leurs champs de compétence.
Ici, on a encore un nouvel exemple. Le gouvernement annonce la création d'un secrétariat à l'emploi. Or, Québec s'occupe de cela et cela va très bien. Ottawa veut s'en inspirer. Une de nos craintes est évidemment un empiétement dans quelques années. Plus tôt que tard, il va nous poser des conditions. Il va piquer notre modèle puis il va nous dire qu'il a son programme et que nous devons faire comme lui. Ensuite, nous n'aurons plus la liberté nécessaire qui nous a permis de mettre en place notre modèle inspiré du marché du travail en Allemagne. Nous avons tiré ce modèle de l'Allemagne. Encore une fois, ce sont des empiétements. Au lieu de bien faire son travail et de se concentrer sur son rôle, le gouvernement continue à déborder.
Dans les médias, on annonçait que le rachat d'actions par une entreprise serait imposé. La mesure est intéressante. Nous avons hâte de l'étudier, sauf que dans l'énoncé c'est annoncé pour 2024. Nous sommes en 2022. Aujourd'hui, soit on sert du pâté chinois réchauffé, soit on annonce des choses non pas pour après-demain ni l'année prochaine, mais pour l'autre d'après. On pourra s'en reparler à ce moment-là et voir si le gouvernement va avoir fait six fois la même annonce de la même mesure d'ici là ou s'il va avoir changé de cap.
On peut donc constater que ce n'est pas un énoncé économique qui va passer à l'histoire. Le discours de la ministre tantôt était une belle rhétorique, de beaux principes, une belle reconnaissance des problèmes dont l'économie est frappée, sauf qu’en ce qui a trait aux mesures, des prises en charge et des actions que ce gouvernement veut poser, c'est du pâté chinois réchauffé ou des trucs très lointains. Le reste demeure très marginal. Il y avait une occasion en or de régler des problèmes et de prendre en compte la gravité de la crise actuelle, mais cela n'a pas été fait. On ne peut que le déplorer.
J'incite évidemment la ministre à parler à ses collègues, à venir plus souvent au Comité permanent des finances et à être davantage en contact avec les représentants de toutes les sphères de l'économie au pays, sans jamais oublier le Québec. Cela ne pourra que lui faire le plus grand bien et peut-être même l'inspirer pour mettre en place des mesures concrètes.
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Madame la Présidente, je veux profiter de l'occasion pour parler un peu du respect et de ce qu'il signifie, car je pense que nous vivons à une époque où les gens ont du mal à se faire respecter.
Les gens travaillent dur dans des emplois à temps plein alors que les taux d'intérêt augmentent. S'ils en sont rendus à discuter chez eux de leur capacité à continuer de payer pour leur logement, que ce soit à cause de leurs paiements hypothécaires ou de leur loyer qui continue d'augmenter beaucoup plus vite qu'on ne saurait l'expliquer, je ne pense pas que les gens ont l'impression d'être respectés.
Les jeunes qui, dans cette économie de petits boulots, essaient de s'en sortir en cumulant quatre ou cinq emplois différents abandonnent le rêve de devenir propriétaire. Ils se demandent s'ils vont pouvoir s'acheter à manger tout en essayant de trouver un moment où ils pourront effectivement faire une pause pour se sustenter au milieu de leurs différents emplois ou de leurs trajets pour se déplacer d'un lieu de travail à l'autre. Actuellement, ces jeunes n'ont pas l'impression que l'effort qu'ils fournissent est respecté.
Les gens qui sont mis à pied savent qu'ils ne peuvent pas compter sur un régime d'assurance-emploi digne de ce nom parce qu'une partie des améliorations apportées ces dernières années, pendant la pandémie, ont été retirées par le gouvernement en septembre, même s'il commence à parler de la possibilité d'une récession. Ils ont l'impression qu'on ne les respecte pas le moindrement, que le gouvernement n'est pas là pour mettre en place le genre de mesures dont ils ont besoin pour traverser la tempête.
Des personnes handicapées ne peuvent pas travailler ou ne peuvent travailler qu'à temps partiel. Je pense que beaucoup de gens, à cause de la COVID, ont vécu l'expérience de ne pas être en mesure de travailler pour des raisons qui leur échappent ou de ne pas pouvoir travailler suffisamment. Beaucoup de Canadiens savent maintenant ce qu'est cette souffrance, une souffrance que les personnes handicapées du Canada vivent depuis beaucoup trop longtemps. Elles n'arrivent pas à se faire respecter. Lorsqu'elles constatent que les maigres pensions d'invalidité des différents ordres de gouvernement — lesquels adoptent des mesures législatives qui les maintiennent dans la pauvreté depuis des années, même avant la pandémie — ne sont pas indexées pour tenir compte de l'inflation, il est difficile pour elles de se sentir respectées.
Les personnes âgées ont travaillé toute leur vie et elles essaient maintenant de s'en sortir avec un revenu fixe qui n'augmente pas vraiment et certainement pas au rythme du niveau extraordinaire d'inflation que nous constatons pour les produits de première nécessité. Ils n'ont pas l'impression que la carrière qu'ils ont menée, pour mériter leur pension chèrement acquise au fil du temps, est respectée lorsque l'argent de la caisse de retraite est flambé pour que des entreprises comme Loblaws puissent faire un million de dollars additionnels de profit par jour.
Depuis des générations, les Autochtones du Canada n'ont pas eu accès à de bonnes perspectives économiques et à de bons services chez eux. Lorsqu'ils s'installent en ville et découvrent que le racisme systémique et les querelles de compétences les empêchent d'accéder à ces perspectives et à ces services, ce n'est pas du respect. C'est un manque de respect de longue date que le Canada a trop souvent témoigné aux peuples autochtones.
Pour les Canadiens malades qui, à l'heure actuelle, ont simplement besoin d'aller à l'hôpital ou d'y emmener leurs enfants ou leurs parents, il est difficile de se sentir respecté. Lorsqu'ils entrent à l'hôpital, ils voient que des besoins incroyables existent, mais que les gouvernements n'ont pas su financer la formation, le recrutement du personnel et les infrastructures pour être en mesure de fournir de bons services de santé.
Je crois qu'en plus de vivre une réelle détresse financière, les gens sentent vraiment qu'on ne les respecte pas, qu'ils ont beau travailler vraiment fort et faire tout leur possible pour s'en sortir, cela suffit de moins en moins. Ils ont l'impression que ceux qui devraient défendre leurs intérêts et essayer de créer des structures et des systèmes qui permettent aux gens qui travaillent fort de réussir ne mènent pas cette tâche à bien.
Le respect dépend de quelques éléments. Je n'ai pas la prétention d'en dresser une liste complète aujourd'hui, mais je tiens à mentionner quelques points qui me semblent particulièrement pertinents dans le contexte des débats de la Chambre et certaines des politiques que nous pourrions adopter ici pour faciliter un peu la vie des Canadiens.
D'abord, le respect nécessite assurément de faire preuve de civilité. Il faut être bon les uns envers les autres. Le respect signifie aussi d'être honnête envers autrui, mais bien souvent, ce n'est pas ce qui se passe dans cette enceinte. La troisième chose que cela nécessite, ce qui rejoint certains des problèmes que j'ai mentionnés au début de mon discours, ce sont les résultats. Peu importe les belles paroles, si, au bout du compte, les choses ne s'améliorent pas, s'il n'y a aucune amélioration concrète dans le budget des ménages canadiens, alors les paroles prononcées dans cette enceinte n'ont aucune importance.
Au bout du compte, nous ne respectons pas les gens si nous ne participons pas aux discussions et ne travaillons pas ensemble pour mettre en œuvre de véritables solutions qui amélioreront leur vie.
Je veux parler de la civilité, un sujet dont nous avons malheureusement beaucoup parlé cette année parce qu'elle fait cruellement défaut. Même si nous avons de profonds désaccords à la Chambre, ce n'est pas grave, car c'est à cela que sert cet endroit. Cependant, nous devons exprimer notre désaccord avec les gens qui sont d'avis contraire de façon respectueuse et nous devons comprendre que cela ne fait pas d'eux des démons, des monstres, des traîtres ou tout autre mot que les gens veulent utiliser à la place. Ce n'est pas parce que quelqu'un n'est pas d'accord avec nous que nous devons adopter une théorie du complot selon laquelle il fait partie d'une sorte de mouvement mondial visant à nuire à tout le monde. Ce n'est pas parce que quelqu'un n'est pas d'accord avec nous qu'il faut encourager le recours à la violence ou l'attaquer physiquement.
C'est inacceptable. Nous avons vu trop d'exemples de ce comportement au Canada. Franchement, nous avons vu trop souvent ce comportement être encouragé dans le genre de discours irresponsables que l'on entend trop souvent à la Chambre des communes.
Je vais être en désaccord avec certaines personnes aujourd'hui, et mes critiques seront sévères. C'est de bonne guerre. C'est quand on passe au niveau supérieur que cela devient un véritable problème, un problème qui est trop présent et qui mine la démocratie canadienne.
Malheureusement, nous vivons à une époque où il n'est pas alarmiste de dire une telle chose. C'est une vérité qui doit être dite. C'est dans cet esprit que je vais m'engager ici dans ce que j'espère être une critique significative et constructive.
Nous devons être honnêtes les uns envers les autres si nous voulons faire preuve de respect envers nous-mêmes et envers les autres personnes ici présentes, mais aussi envers les Canadiens. Je voudrais souligner certains enjeux où il y a selon moi un manque prononcé d'honnêteté sur ce qui se passe réellement. C'est important, non seulement du point de vue du respect, mais aussi en ce qui concerne l'honnêteté proprement dite. C'est important parce que, si nous voulons arriver à l'autre partie — les résultats —, nous devons être honnêtes à propos des problèmes. Si nous ne pouvons pas être honnêtes quant à la nature et à l'origine des problèmes, ou si nous permettons à certains desseins politiques de masquer les véritables causes de ces problèmes, nous ne parviendrons ni à trouver de solutions ni à obtenir les résultats voulus.
On parle beaucoup de l'inflation à la Chambre, et l'inflation constitue un véritable problème. C'est un fait, c'est honnête, et nous l'entendons de toutes parts. Si nous voulons nous attaquer au problème de l'inflation, je pense que certains discours que nous entendons ici ne sont pas d'une grande utilité.
Autant je crois qu'il est vrai que les liquidités offertes aux banques au début de la pandémie — tout comme celles qui l'ont été par le gouvernement conservateur précédent lorsque la grande récession de 2008 a frappé — ont jeté de l'huile sur le feu dans le marché immobilier, autant je ne crois pas qu'il soit plausible d'essayer de prétendre que cette mesure prise en 2020 a causé la crise du logement au Canada.
Comment sait-on que c'est vrai? Quiconque a la mémoire qui remonte au-delà de 2020, ce qui, je l'espère, est le cas de tous les députés, sait que le logement devenait alors de plus en plus inabordable. Le budget des ménages était déjà en train de s'effondrer. Depuis 20 ans, nous suivons un parcours qui a vu le prix du logement monter en flèche.
En ce qui concerne plus précisément l'inflation sur le marché immobilier, il est tout simplement inexact de dire que c'est un nouveau problème qui date de 2020, et que cette inflation a été alimentée par l'argent offert par le gouvernement. D'ailleurs, les gens qui achètent ces propriétés sur le marché immobilier sont des acheteurs du secteur privé et ils roulaient déjà sur l'or avant la pandémie.
Ils trouvent des façons d'acheter des propriétés sur le marché immobilier et ils rendent ce marché encore moins abordable pour les gens qui ne sont pas très fortunés afin de pouvoir louer ces propriétés à des locataires. L'un des facteurs qui ont contribué à ce problème, c'est le refus du gouvernement Harper de renouveler les subventions de fonctionnement pour les logements abordables construits dans les années 1960 et 1970.
Ce n'est même pas à partir de ce moment-là que le problème a commencé; ce n'était qu'un facteur parmi d'autres. On peut remonter à 2015, et même un peu plus tôt, car, à cette époque, les sociétés d'investissement immobilier salivaient déjà à l'idée de mettre la main sur des immeubles naguère abordables qu'elles pouvaient se payer avec l'argent qu'elles possédaient déjà, en grande partie grâce aux réductions de l'impôt des sociétés qui avaient été entamées en 2000, sous le gouvernement libéral de Jean Chrétien, et qui se sont poursuivies sous le gouvernement conservateur de Stephen Harper. Jim Flaherty lui-même se plaignait parce que les entreprises ne dépensaient pas et qu'elles ne réinvestissaient pas dans du capital réel permettant d'accroître la productivité au Canada. Cette montagne d'argent servait à acheter des immeubles.
N'allons pas jusqu'à prétendre que les dépenses publiques ont causé à elles seules la crise du logement au Canada. Ce n'est pas vrai. Nous ne pourrons régler le problème que si tout le monde dans cette enceinte le reconnaît, y compris le chef du Parti conservateur. Faisons preuve d'un peu d'honnêteté au sujet des causes profondes de ce problème.
Faisons aussi preuve d'un peu honnêteté en reconnaissant que les chaînes d'approvisionnement mondiales doivent faire face à une grave pénurie. Ce problème alimente grandement l'inflation qui fait augmenter le coût de nombreux produits. Les gens qui ont eu la chance d'acheter une voiture pendant cette période se sont plaints d'avoir dû attendre longtemps. C'est parce qu'on ne peut pas se procurer des puces en provenance de la Chine, car ce pays a adopté une politique de tolérance zéro à l'égard de la COVID‑19, de telle sorte que les usines manquent souvent de travailleurs pour fabriquer les puces.
Ce problème découle en partie des politiques de libre-échange adoptées tant par les libéraux que par les conservateurs, qui nous ont amenés à délocaliser des emplois à la fin des années 1980 et au début des années 1990 au lieu de construire des produits ici. Les conservateurs ont du culot ces derniers temps de parler à la fois de rétablir les capacités de production et de favoriser le libre-échange.
Parlons un peu du rôle que la cupidité des entreprises joue dans l'inflation. Nous avons appris que les hausses de prix largement supérieures à l'augmentation des coûts assumés par les entreprises comptent pour jusqu'à 25 % de l'inflation que nous observons actuellement. C'est une réalité.
Quand on voit ce qui était rapporté aujourd'hui au sujet de Loblaws et qu'on constate qu'un certain nombre d'entreprises font des profits insensés, notamment les sociétés pétrolières et gazières et, pendant la pandémie, les magasins à grande surface, on comprend que les augmentations de prix s'opèrent selon les principes du marché mêmes que les libéraux autant que les conservateurs adorent défendre, c'est-à-dire que le prix s'établit en fonction de ce que le marché est prêt à absorber. C'est pour cette raison que le gouvernement ne veut pas mettre en place de taxe sur les profits exceptionnels: selon sa doctrine, si quelqu'un se trouve au bon endroit au bon moment pour vendre quelque chose à un prix exorbitant, il doit le faire parce que c'est une bonne chose. C'est aussi vrai qu'il s'agisse de nourriture, de chaussettes, d'un loyer ou d'une console Nintendo. Pour eux, il n'y a aucune différence.
Ce que les néo-démocrates essaient de faire comprendre à la Chambre depuis longtemps, c'est que tous les produits vendus sur le marché ne sont pas comparables. Il y a certains produits dont les gens ne peuvent pas se passer. Ce ne sont pas des produits qu'on veut par envie ou par caprice: ce sont des nécessités. Le gouvernement devrait ordonner l'économie du pays de façon à ce que la population puisse obtenir les choses dont elle a besoin et laisser le marché établir le prix des biens qui lui font simplement envie. C'est une distinction importante.
Il faudrait faire preuve d'un peu d'honnêteté dans cette enceinte lorsqu'il s'agit de la défense des droits des travailleurs et de ce qu'elle implique. Le ne cesse d'intervenir en prétendant qu'il plaide pour les travailleurs. Je me rappelle qu'il faisait partie du gouvernement qui a présenté les projets de loi et , qui s'attaquaient directement au droit des travailleurs de se syndiquer. J'ai remarqué son silence pathétique à l'endroit du recours préventif à la disposition de dérogation par le gouvernement conservateur de l'Ontario, en ce moment, dans le but de priver les travailleurs de leur droit à la négociation collective.
Il m'est difficile de croire le quand il affirme qu'il est un champion de ces mêmes droits, car j'ai vu le gouvernement qu'il dirige présenter à la Chambre et faire adopter à toute vapeur, avec l'aide des conservateurs, des lois de retour au travail visant les travailleurs de Postes Canada et ceux du port de Montréal.
S'il s'offusque du fait que le gouvernement Ford recourt de manière préventive à la disposition de dérogation, nous pouvons être certains qu'il n'a aucune objection à retirer aux gens leurs droits à la négociation collective au moyen d'une loi de retour au travail. Faisons preuve d'un peu d'honnêteté à cet égard également.
Nous pourrions notamment aider les gens en supprimant la TPS sur le chauffage domestique. C'est une proposition que le NPD défend depuis longtemps. Je pensais que nous pourrions obtenir un peu d'aide des conservateurs, mais ils sont obsédés par la taxe sur le carbone. Soyons un peu honnêtes et parlons des faits.
Pour commencer, la taxe sur le carbone ne s'applique pas partout au pays. La Colombie-Britannique, le Québec, la Nouvelle-Écosse, le Nouveau-Brunswick, Terre-Neuve-et-Labrador et les Territoires du Nord-Ouest ont tous leur propre système de tarification du carbone. La suppression de la taxe fédérale sur le carbone pour le chauffage domestique n'apporterait rien aux personnes qui sont préoccupées par le coût du chauffage domestique dans ces provinces. Peut-être que le gouvernement provincial ou territorial ferait quelque chose dans ce sens, mais ce n'est certainement pas ici que cela va se produire.
Pour aider tout le monde, il faudrait supprimer la TPS sur le chauffage domestique, car elle s'applique à tout le pays. Voilà pourquoi c'est une meilleure solution. Voilà pourquoi nous l'avons proposée dans un amendement à une motion de l'opposition conservatrice qui portait prétendument sur l'abordabilité et le soutien à la population. Ils ont dit non. Pourquoi? Je ne prendrai pas cette réponse pour définitive, car je crois — et nous devons en être convaincus ici — que les gens peuvent revenir à la raison et prendre de meilleures décisions.
C'est pourquoi, plus tôt aujourd'hui, après ses observations sur l'énoncé économique de l'automne, j'ai demandé au chef du Parti conservateur s'il se joindrait à nous dans nos efforts pour éliminer la TPS sur le chauffage. Il a éludé la question. Il n'a pas parlé une seule fois de la TPS dans sa réponse. J'ai trouvé cela très étrange. La réponse des libéraux laisse à désirer à cet égard. Ils auraient dû prendre des mesures dans l'énoncé économique de l'automne pour y remédier. Cela aurait été une excellente occasion de faire quelque chose.
Oui, ils ont pris des mesures pour aider, je le concède. Qu'ont-ils fait pour aider? Eh bien, l'énoncé parle de soins dentaires, pour que les enfants puissent y avoir accès. Pour certains enfants, ce sera la toute première fois qu'ils recevront ces soins. L'énoncé parle de bonifier l'Allocation canadienne pour le logement grâce au versement de 500 $ de plus par mois aux locataires à faible revenu. Il parle de doubler le crédit pour la TPS qui sera versé dès demain, pendant six mois. Il parle d'investissements dans les services de garde.
Ce sont de bonnes choses. Je me souviens de toutes ces choses-là. Je me souviens de la première fois où nous avons présenté ces idées. Les libéraux se sont moqués de nous. À propos du crédit pour la TPS, par exemple, ils ont dit qu'on n'avait pas besoin d'une chose pareille, que l'économie était florissante, que tout allait bien, que l'inflation n'était que transitoire.
Je me souviens d'avoir fait campagne, en 2015, en proposant une stratégie nationale de garde d'enfants. Je me souviens que les libéraux faisaient campagne contre cette idée. Nous avons continué de faire pression. Nous avons continué d'en parler. Nous sommes allés parler à des Canadiens qui avaient besoin d'un service de garde d'enfants pour pouvoir aller travailler. Nous savions que nous n'abandonnerions pas ce dossier. Nous avons continué à militer en faveur des services de garde d'enfants jusqu'à ce que les libéraux entendent raison.
Je me souviens qu'il y a environ 18 mois, pendant une législature précédente, les libéraux et les conservateurs ont voté contre les soins dentaires. C'est grâce au pouvoir que représentent nos 25 votes dans la législature actuelle que nous avons pu faire pression sur les libéraux et les amener à faire des soins dentaires une réalité.
Oui, je suis tout à fait conscient de certaines des mesures que le gouvernement libéral prend pour aider les Canadiens. Je suis également tout à fait conscient que ces mesures n'existeraient pas si les Canadiens, dans leur sagesse, n'avaient pas élu un Parlement minoritaire et donné aux néo-démocrates l'occasion de se battre pour les mesures pour lesquelles nous avons toujours dit que nous nous battrions. C'est précisément pour cette raison que nous nous battons pour ces mesures.
L'une des mesures qui se trouvent dans l'énoncé économique de l'automne, qui est encore une fois une mesure comprise dans l'entente de soutien et de confiance, est le dividende pandémique. Qu'est-ce que c'est? Il s'agit d'un dividende qui revient cette fois aux Canadiens, et non un dividende que paient les Canadiens et qui est versé aux actionnaires. Ce dividende provient des banques et des compagnies d'assurance qui ont enregistré des profits records pendant la pandémie. Il s'agit d'un paiement unique d'une partie de ces énormes profits qui retourne dans les coffres du gouvernement canadien, non pas pour que le gouvernement en profite, mais pour qu'il soit versé sous la forme du remboursement de la TPS, de la prestation pour soins dentaires et de l'Allocation canadienne pour le logement. C'est une mesure pour laquelle nous nous sommes battus, y compris l'augmentation permanente de 1,5 % du taux d'imposition des sociétés applicable à ces mêmes institutions financières.
J'ai été heureux de voir l'élimination permanente des intérêts sur les prêts étudiants dans l'énoncé économique. Au cours des sept ans où j'ai siégé à la Chambre, j'ai vu les députés néo-démocrates prendre la parole pour soulever cette question et, encore une fois, être moqués par les députés ministériels. C'est parce que nous sommes élus à la Chambre et que nous faisons pression que des choses pareilles sont incluses dans l'énoncé économique de l'automne.
Je veux parler encore un peu du logement. L'énoncé contient quelques initiatives. Il y a une taxe sur les reventes précipitées. On double le crédit d'impôt pour les acheteurs d'une première maison, mesure qu'ont défendue les néo-démocrates. Je dirai que ces mesures s'inscrivent encore dans une approche basée sur le marché en matière de logement. Selon moi, il faut vraiment aller au-delà d'une telle approche si nous voulons trouver une solution à la crise du logement.
Nous devons investir beaucoup plus dans le logement social. Cela doit être la priorité si le gouvernement ne remet pas en question la culture du logement comme marchandise, ce qu'il pourrait faire en agissant sur les sociétés d'investissement immobilier et en soutenant la position des organismes sans but lucratif qui veulent construire des logements sociaux.
Malheureusement, l'un des besoins actuels est simplement de couvrir la différence que les taux d'intérêt ont entraînée pour les projets qui sont prévus et qui ne peuvent plus être réalisés parce que les taux d'intérêt ont changé les calculs. Si le gouvernement pouvait les aider à acquérir rapidement des bâtiments et des terrains alors qu'ils doivent faire face à la pression des taux d'intérêt, cela serait utile. Si le gouvernement déclarait qu'il allait couvrir la différence dans leur plan d'affaires pour les logements sans but lucratif, qui pâtissent de la hausse des taux d'intérêt, cela serait utile.
Le gouvernement doit aussi se pencher sérieusement sur les logements pour les Autochtones en milieu urbain. Je tiens à saluer ma collègue, la députée de . Aujourd'hui, pendant la période des questions, elle a parlé de la nécessité d'adopter une stratégie efficace et bien financée en ce qui a trait aux logements pour les Autochtones en milieu urbain. Le gouvernement fait de beaux discours. Il tient à dire qu'un investissement de 300 millions de dollars est un investissement sans précédent. Si c'est vrai, il est déplorable que les Autochtones des centres urbains n'aient pas eu accès beaucoup plus tôt à plus de financement pour des logements abordables.
C'est le genre de choses dont nous avons besoin, mais, encore une fois, cela sort de la logique marchande qui domine largement l'approche des libéraux en matière de logement. Si nous ne pouvons pas nous éloigner de cette façon de faire, nous ne pourrons jamais apporter les changements dont les Canadiens ont besoin en cette période difficile.
J'ai parlé brièvement de quelques éléments qui se trouvent dans l'énoncé économique de l'automne, mais j'aimerais prendre le temps de parler de ce qui ne s'y trouve pas.
Comme je l'ai dit tout à l'heure, nous en sommes à un moment très difficile au Canada. Les néo-démocrates se sont battus pour beaucoup de mesures, dont certaines ont été prises par le gouvernement et dont certaines sont des mesures supplémentaires que le gouvernement a décidé de prendre. La taxe de 2 % sur le rachat d'actions est, à mon avis, une mesure positive. Je suis heureux de la voir, mais je ne pense pas qu'elle va faire toute la différence. Il faudrait qu'elle fasse partie d'un programme plus vaste. En plus de ces mesures, il y en a bien d'autres qui auraient vraiment dû être annoncées dans l'énoncé, des mesures qu'un gouvernement néo-démocrate n'aurait pas hésité à inclure dans notre propre énoncé économique de l'automne.
Pensons à la question de l'assurance‑emploi. Aujourd'hui, le gouvernement a commencé à dire qu'une récession est en vue. Or, il y a quelques mois seulement, nous avions réussi à améliorer le régime d'assurance‑emploi — même s'il n'était pas parfait — en facilitant l'accès aux prestations durant la pandémie. Nous avions fixé un montant minimal pour les prestations, un revenu de base, pour les travailleurs à temps partiel ou les gens devant cumuler des emplois à temps partiel qui avaient de la difficulté à accumuler le nombre d'heures requis pour être admissibles à l'assurance‑emploi; les gens n'arrivant pas à vivre avec seulement 55 % du revenu provenant de ces emplois multiples. De cette façon, s'ils se faisaient licencier, ils pouvaient espérer pouvoir payer leur loyer. Tout cela a pris fin le 24 septembre. Cela n'existe tout simplement plus.
Durant la pandémie, nous avons dit pendant des années que, lorsque ces règles ne seraient plus en vigueur, quand le gouvernement serait prêt à les laisser expirer, il faudrait procéder à une véritable réforme structurelle du régime d'assurance‑emploi. Nous avons aussi dit que le gouvernement ne devrait absolument pas laisser ces nouvelles règles devenir caduques parce qu'elles contribuaient plus que n'importe quoi d'autre auparavant à rendre ce régime fonctionnel. À tout le moins, le gouvernement aurait dû conserver ces règles jusqu'à ce qu'il trouve une nouvelle solution.
Nous ignorons toujours quelle nouvelle solution le gouvernement proposera pour corriger la situation. Selon les rumeurs, il interviendra peut-être dans ce dossier cet automne. Je l'espère sincèrement, car si les rumeurs concernant une récession au début 2023 se concrétisent, les gens auront besoin que l'assurance-emploi soit là pour eux.
Avant la pandémie, seulement quatre travailleurs canadiens sur 10 environ étaient admissibles à l'assurance-emploi. Voilà pourquoi le système était défectueux. Nous devons rectifier cela. J'avais espéré que le gouvernement mentionnerait ce qu'il a l'intention de faire pour améliorer le régime ou à tout le moins qu'il ferait allusion à ce dossier.
J'ai également été déçu de constater que les seuls soins de santé mentionnés dans l'énoncé économique d'automne sont les soins dentaires. Je suis content qu'ils le soient, mais il y a beaucoup d'autres dossiers urgents.
Les provinces ont besoin de plus de financement pour les soins de santé et je crois, tout comme l'ensemble des néo-démocrates, que le gouvernement fédéral peut jouer un rôle positif en convoquant les provinces pour discuter des meilleures pratiques et élaborer une stratégie en matière de ressources humaines qui repose non pas sur le comportement de certaines provinces qui viennent chiper à d'autres la main-d'œuvre qu'elles forment, mais plutôt sur une stratégie nationale en matière de formation à laquelle les provinces pourraient participer à leurs propres conditions. Mais, pour que ces conversations aient lieu et que cela se concrétise, quelqu'un doit rassembler les provinces. Le gouvernement fédéral doit assumer ce rôle.
Nous devons être conscients que la pénurie de personnel dûment formé et disponible pour faire le travail constitue un gros problème dans le système de santé. C'est un problème à l'échelle nationale à l'heure actuelle, et il faut y remédier en amenant toutes les régions du pays à travailler ensemble pour trouver une solution. Chose certaine, cela nécessitera du financement fédéral.
Pas un mot n'a été prononcé à ce sujet. Cependant, c'est la réalité que de nombreux Canadiens vivent lorsqu'ils se rendent à l'hôpital. C'est le cas des 350 personnes qui meurent de la COVID chaque semaine au Canada: elles se rendent à l'hôpital pour demander de l'aide avant de mourir et elles découvrent qu'elles devront attendre des heures, si elles sont chanceuses, ou des jours, si elles ne le sont pas, pour recevoir des soins.
Comment peut-on payer une grande partie de ces dépenses? J'ai parlé plus tôt d'une taxe sur les profits exceptionnels. Nous savons que des entreprises peuvent se permettre de payer davantage et qu'elle le devrait. Dans le contexte actuel, nous ne devrions pas tolérer des profits exceptionnels, lesquels sont bien supérieurs aux niveaux prépandémiques, sans demander une contribution un peu plus grande aux entreprises qui les engrangent. C'est illogique parce qu'il s'agit en partie de l'argent que les Canadiens doivent payer en raison des prix plus élevés, et nous avons besoin de cet argent pour faire baisser le coût de ces biens essentiels.
J'aimerais penser, et j'espère que d'autres seront d'accord, que mon discours a été assez honnête au sujet de certains des problèmes auxquels nous devons faire face. Je ne m'attends pas à ce que tout le monde soit d'accord avec certaines des solutions proposées par les néo-démocrates, ce qui est tout à fait normal, mais c'est pour cela que nous sommes ici: proposer des idées et en débattre. J'espère que nous sommes ici pour trouver un terrain d'entente. J'espère que c'est ce que nous tentons de faire du mieux que nous pouvons dans le cadre de débats comme celui-ci et que cela nous permettra d'aller de l'avant avec des mesures importantes, comme l'élimination de la TPS sur le chauffage domestique, par exemple, alors que nous nous préparons à affronter un autre de nos froids hivers canadiens.
Par conséquent, j'offre ce que j'espère être une analyse honnête des problèmes auxquels nous devons faire face. J'ai essayé de proposer quelques solutions qui, à mon avis, mériteraient d'être adoptées par le gouvernement. Nous sommes disposés à travailler avec tous les députés qui veulent parler de ces solutions, ou à en proposer d'autres auxquelles nous n'avons pas encore pensé pour améliorer la vie des Canadiens qui s'apprêtent à vivre un automne et des mois à venir très difficiles.
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Madame la Présidente, je remercie mes collègues qui tiennent vraiment à ce que nous ayons le quorum. Je remercie tout particulièrement le député de qui, je le sais, a dû interrompre une réunion très importante sur le financement de la lutte contre les changements climatiques.
Je tiens à souligner qu'un des éléments de l'énoncé économique de l'automne sera grandement amélioré lorsque nous irons de l'avant au sujet du financement de la lutte contre les changements climatiques. Je tiens tout particulièrement à souligner que l'autre endroit nous renverra un jour, je l'espère, le projet de loi , qui ferait en sorte que les finances s'alignent sur les objectifs climatiques.
Je vais revenir à ce que je disais précédemment. Lorsqu'on examine la situation dans laquelle nous nous trouvons, on constate que les Canadiens ont besoin d'aide à court terme. C'est en nous attaquant aux profits excessifs des secteurs d'envergure, comme ceux des combustibles fossiles, des finances, des banques et des assurances, ainsi que des chaînes d'épicerie — si, bien entendu, on peut prouver qu'il y a eu des profits excessifs, comme le prétendent avec beaucoup de conviction nos collègues néo-démocrates — que nous trouverons les ressources nécessaires à cette aide.
Nous savons que nous pouvons nous protéger des tempêtes en prenant soin les uns des autres. C'est une idée frappante dans cette mise à jour économique.
[Français]
Je pense que c'est la première fois que je lis un document préparé par le ministère des Finances dans lequel la crise des changements climatiques n'est pas traitée comme un enjeu environnemental pour lequel nous devrions dépenser des fonds.
Pour la première fois, dans cet énoncé économique de l'automne, dans l'explication du gouvernement concernant les problèmes, les crises et les défis actuels, il est clair que la crise climatique n'est pas seulement un des problèmes mais plutôt une cause de notre situation économique.
[Traduction]
À la lecture de l'énoncé économique de l'automne, je note pour la première fois que Finances Canada semble reconnaître de plus en plus que la crise climatique est à la fois une menace pour la santé économique du pays et une cause de l'instabilité mondiale à laquelle nous sommes confrontés. L'énoncé économique de l'automne ne fait pas seulement référence à un fonds. Certes, je me réjouis d'y voir des crédits d'impôt à l'investissement qui visent à favoriser le développement de plus de technologies propres. Je souligne en passant que les petits réacteurs modulaires ne devraient pas figurer dans cette liste. En ce qui concerne les technologies d'énergie solaire, éolienne, hydraulique, géothermique et d'autres technologies qui nous permettent d'éviter le gaspillage d'énergie, tout cela est vraiment excellent. Ce n'est toutefois pas ce point que j'ai remarqué.
Ce que j'ai remarqué, c'est que Finances Canada souligne que la perturbation des chaînes d'approvisionnement est causée, du moins en partie, par des événements liés à la crise climatique. On pense par exemple à la perturbation des chaînes d'approvisionnement qui s'est produite quand des biens n'ont pas pu être acheminés jusqu'aux marchés parce que le niveau d'eau du fleuve Mississippi était tellement bas que le bitume canadien n'a pas pu se rendre jusqu'aux raffineries des États-Unis. Les chaînes d'approvisionnement ont aussi subi des interruptions à cause de phénomènes comme les rivières atmosphériques qui ont détruit les routes de la vallée du bas Fraser. Nous payons encore.
L'énoncé économique de l'automne attire notre attention sur les coûts qui continueront d'être subis et la nécessité d'aider le Canada atlantique et l'Est du Québec, qui payent encore et ont besoin d'aide pour se remettre de l'ouragan Fiona. Il y a encore des milliards de dollars de l'énoncé économique de l'automne dernier pour aider la Colombie‑Britannique à se rétablir. Les députés se souviendront qu'après la série de phénomènes de rivières atmosphériques vécus l'automne dernier, tous les liens routiers vers Vancouver, la plus grande ville de l'Ouest canadien, ont été impraticables pendant un certain temps, ce qui a eu des répercussions sur les chaînes d'approvisionnement.
Les chaînes d'approvisionnement sont touchées par la crise climatique, de même que les grands événements économiques. En termes concrets, les sécheresses à l'étranger vont faire grimper le prix des aliments que les Canadiens achètent dans les magasins. La crise climatique n'est pas une question environnementale indépendante qui exige des dépenses. En fait, elle fait maintenant partie intégrante de la situation économique que nous connaissons et elle commence à être perçue comme telle par Finances Canada.
J'irai encore plus loin. Plus tôt, j'ai dit que nous avions affaire non pas à une situation habituelle où l'inflation est liée à la demande, mais à une hausse des coûts en grande partie liée à l'offre, à cause de l'invasion menée par le régime de Vladimir Poutine en Ukraine et des graves effets des changements climatiques, qui font véritablement augmenter les coûts. Quand les produits coûtent réellement plus cher, les outils dont nous disposons, comme les politiques monétaires et la hausse des taux d'intérêt par la Banque du Canada, n'ont pas le même effet salutaire qu'au temps de la crise de l'inflation du début des années 1970, lorsque le premier ministre Pierre Trudeau a mis en place des mesures d'urgence pour contrôler les prix et les salaires. Ce n'est pas la même situation qu'aujourd'hui. Nous avons affaire à une réelle augmentation des coûts à cause d'un véritable conflit et d'une crise climatique. On observe une hausse démesurée des coûts et des prix partout.
Compte tenu de la menace que les changements climatiques représentent pour l'économie, nous devons admettre que nous devons en faire bien plus. Que Finances Canada soit prêt ou non à l'admettre de vive voix, c'est ce qui ressort de la façon dont ce document est rédigé. Jamais auparavant je n'ai lu un document de Finances Canada mentionnant aussi souvent les nombreux effets — tous négatifs — de la crise climatique sur l'économie.
Cependant, je regarde un élément qui me fait penser que nous ignorons une occasion que nous devons saisir. Les observations préliminaires de la rappellent un moment en 1903, lorsque le premier ministre de l'époque, sir Wilfrid Laurier, a déclaré à la Chambre que nous ne pouvions pas attendre et qu'il était temps d'agir. Il faisait référence au défi que représentait la construction d'un chemin de fer transcontinental. Pour l'instant, je vais passer sous silence le coût en vies humaines et les conséquences de la saisie des terres autochtones lors de la construction de ce chemin de fer, mais disons tout de suite que nous avons un défi similaire à relever et que nous l'ignorons: comment relier nos réseaux électriques entre eux?
Il s'agirait essentiellement d'un réseau électrique exempt de carbone à 100 % — pas carboneutre, mais sans carbone — dans lequel circulerait de l'électricité provenant, par exemple, de l'énergie solaire. L'Alberta sera la grande gagnante de l'énergie solaire. L'électricité produite par l'énergie solaire est moins chère en Alberta que partout ailleurs au pays. Il y a de l'hydroélectricité en Colombie‑Britannique, et j'aimerais bien que nous ne parlions pas du barrage du site C, mais nous pouvons faire beaucoup plus avec l'énergie renouvelable partout au Canada, et le système de stockage dont nous avons surtout besoin, c'est que notre réseau fonctionne. Il doit fonctionner d'est en ouest et du nord au sud.
Il n'en est pas question dans l'énoncé économique de l'automne. En fait, nous n'en parlons sérieusement nulle part parce que nous nous heurtons à l'éternel problème que pose la fédération. Nous ne pouvons pas expédier de la bière d'un bout à l'autre du Canada, et c'est la même chose avec l'électricité. Nous ne pouvons pas acheminer l'électricité de Manitoba Hydro de l'Est du Manitoba à l'Ouest de l'Ontario parce que nous n'avons pas d'interconnexions et que cette région, que je connais bien, comprend une partie importante de notre forêt boréale. Nous devrions avoir des interconnexions, mais il s'agit de terres autochtones. Pour respecter la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones, ce que nous devons faire, il faut obtenir un consentement préalable, donné librement et en connaissance de cause avant même de commencer à tracer les lignes d'une carte pour le réseau électrique.
Nous savons que des entrepreneurs du secteur privé voient déjà comment acheminer l'électricité d'Hydro-Québec jusqu'au Nunavut. Nous devons voir grand. Il nous faut reconnaître que, tout comme la construction du système de chemins de fer transcanadien était le défi en 1903, nous avons maintenant besoin, en tant que pays industrialisé moderne, d'un réseau électrique transcanadien. En effet, le réseau est la batterie nécessaire pour tout faire fonctionner.
Je ne donnerai qu'un bref exemple. Dans l'Union européenne, les États-nations distincts se coordonnent mieux et travaillent mieux ensemble que nos provinces et nos territoires ne collaborent avec le gouvernement fédéral. C'est consternant mais vrai. Le Danemark produit tellement d'énergie éolienne excédentaire qu'il la vend à la Norvège. La Norvège achète l'énergie éolienne verte et bon marché du Danemark, et les jours où la Norvège n'a pas besoin de cette énergie, elle pompe l'eau dans des réservoirs existants. C'est ce qu'on appelle le stockage par pompage, l'une des technologies mentionnées ici. L'eau reste dans les réservoirs jusqu'à ce que la Norvège en ait besoin. Elle ouvre alors les vannes, puis l'eau descend par gravité et entraîne les turbines, et lorsque l'énergie éolienne bon marché arrive du Danemark, ils la pompent à nouveau.
C'est une solution intelligente et simple qui permet à différents pays de partager leur électricité, ce que nous ne pouvons pas faire au Canada car les interconnexions font défaut, et il s'agit d'un projet de grande envergure. Cependant, il convient de le mentionner et d'y réfléchir.
Je terminerai sur ces propos. L'augmentation des coûts que les Canadiens ressentent n'est pas le résultat d'une inflation normale causée par la demande. Ce n'est pas une inflation normale dans le sens où elle n'est pas principalement causée par la demande, même si elle l'est en partie. Elle est en grande partie causée par la guerre en Ukraine.
Les Canadiens appuient l'Ukraine. Nous croyons que le courage du président Zelensky et du peuple ukrainien doit trouver écho dans la solidarité que nous leur témoignons. Toutefois, tout en nous montrant solidaires, nous devons en faire bien plus pour permettre le retour à la paix et faire pression en ce sens. Cela concerne directement l'énoncé économique de l'automne, car la hausse des prix que nous connaissons est en grande partie attribuable à la guerre cruelle, illégale et immorale que Poutine livre à l'Ukraine.
Nous devons utiliser tous les moyens à notre disposition comme puissance douce pour réclamer des pourparlers de paix et des cessez‑le‑feu. Il n'est pas suffisant d'exprimer notre solidarité envers l'Ukraine et de dire Slava Ukraini. Nous devons en faire davantage pour la paix parce que c'est le genre de pays qu'est le Canada. Il nous faudra peut‑être dire à nos alliés de l'OTAN que si notre appartenance à cette organisation nous empêche d'aider véritablement l'Ukraine, nous ne devrions peut‑être pas en être membres. Si l'OTAN ne peut pas œuvrer pour la paix et le désarmement nucléaire, il serait peut‑être temps de poser la question suivante à nos alliés au sein de cette organisation: à quoi sert une alliance qui ne peut pas protéger l'Ukraine à cause des armes nucléaires de l'OTAN et de la Russie, qui nous mettent tous en danger?
Nous devons faire face aux coûts réels qui augmentent. Nous devons faire face à de multiples crises simultanées pour éviter une crise alimentaire mondiale et une crise mondiale de l'eau. Nous devons faire plus dans ce pays en tant que chefs de file mondiaux de la lutte contre le changement climatique.
Cela implique de mettre fin au projet d'expansion de l'oléoduc Trans Mountain et de convertir cette société d'État à d'autres utilisations réellement bénéfiques, elles, pour les Canadiens, comme le renforcement de la résilience d'un bout à l'autre du pays et la construction des infrastructures dont nous avons besoin. Nous n'avons pas besoin du projet d'expansion de l'oléoduc Trans Mountain. Pour reprendre les mots d'Antonio Guterres, secrétaire général des Nations Unies, c'est « moralement et économiquement, une folie ». Il en va de même pour l'expansion du forage au large des côtes de Terre-Neuve — le projet Bay du Nord — et l'hydrofracturation au Canada, que l'on continue d'autoriser en prétendant que le gaz naturel liquéfié canadien est en quelque sorte meilleur que le charbon.
[Français]
Nous devons faire face à la réalité économique, à la réalité de la guerre et à la réalité des changements climatiques. Il faut faire face à toutes ces réalités.
[Traduction]
Nous pouvons en fait éviter le pire du changement climatique en corrigeant le tir rapidement. Nous pouvons suivre les indicateurs que la nous a donnés dans le dernier budget et dire que, d'ici le printemps 2023, le budget sera le symbole d'un Canada qui pose les jalons d'une évolution conforme à la science. Abandonnons les combustibles fossiles, protégeons les travailleurs de ce secteur et assurons-nous que les Canadiens sont dans une maison qui peut résister aux tempêtes à venir.