:
Monsieur le Président, je suis ravi de prendre la parole à la Chambre ce matin au sujet du projet de loi , Loi modifiant le Code criminel et la Loi réglementant certaines drogues et autres substances. Je tiens à souligner que nous sommes réunis ici sur les terres ancestrales non cédées du peuple algonquin anishinabe.
Le projet de loi permet d'honorer un engagement pris lors de la campagne électorale de présenter de nouveau l'ancien projet de loi dans les 100 jours suivant la reprise des travaux au Parlement, et je suis fier de travailler avec le sur cette mesure législative importante. Les réformes proposées représentent une étape importante dans les efforts soutenus du gouvernement visant à rendre le système de justice pénale plus juste pour tout le monde en tentant de remédier à la surreprésentation des Autochtones, des Canadiens noirs et des membres des communautés marginalisées dans les prisons. Le projet de loi se concentre sur les lois existantes qui ont exacerbé les désavantages sociaux, économiques, institutionnels et historiques sous-jacents qui, eux, ont contribué à des inégalités systémiques à tous les stades du système de justice pénale, depuis les premiers contacts avec les forces de l'ordre jusqu'à la détermination de la peine.
[Français]
Les questions de racisme et de discrimination systémique dans le système de justice pénale canadien sont bien documentées, notamment par des commissions d'enquête, comme la Commission de vérité et réconciliation, l'Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées, ainsi que la Commission sur le racisme systémique dans le système de justice pénale en Ontario.
[Traduction]
Plus récemment, dans sa déclaration de juin 2020, le Caucus des parlementaires noirs a demandé une réforme des systèmes de justice et de sécurité publique pour éliminer le racisme anti-Noirs et les préjugés systémiques, et pour rendre l’administration de la justice et de la sécurité publique plus représentative et plus sensible à la diversité de notre pays. J’ai eu le plaisir de signer cette déclaration, tout comme de nombreux collègues du Cabinet, dont le , ainsi que de nombreux députés et sénateurs représentant les diverses allégeances politiques.
Les chiffres sont éloquents. Les Canadiens noirs représentent 3 % de la population canadienne, mais 7 % de la population carcérale dans des pénitenciers fédéraux. Les Autochtones représentent environ 5 % de la population canadienne, mais 30 % des détenus sous responsabilité fédérale. Le nombre est beaucoup plus élevé chez les femmes autochtones, qui représentent 42 % des détenues.
Les Autochtones et les Canadiens noirs ont été particulièrement marginalisés par le système de justice pénale actuel. Les appels à l’action reconnaissent que les lois sur la détermination de la peine, notamment l’imposition généralisée et sans discernement de peines minimales obligatoires et les restrictions visant l’imposition de peines avec sursis, ont rendu notre système de justice pénale moins équitable et ont nui de façon disproportionnée à certaines communautés au Canada.
C’est précisément la raison pour laquelle le projet de loi propose l’élimination d’un certain nombre de peines minimales obligatoires, notamment pour toutes les infractions liées aux drogues et pour certaines infractions liées aux armes à feu, même si certaines peines minimales obligatoires seraient maintenues pour des infractions graves comme le meurtre, mettant en cause les armes à feu et liées au crime organisé. Les données montrent que les peines minimales obligatoires qui seraient abolies ont particulièrement contribué à l’incarcération excessive d’Autochtones, de Canadiens noirs et d’autres personnes racisées et marginalisées.
Ce projet de loi permettrait un recours accru aux ordonnances de sursis à l’intention des délinquants qui ne présentent pas de risque pour la sécurité publique. Les ordonnances de sursis permettent aux délinquants de purger des peines de moins de deux ans dans leur communauté, dans des conditions strictes, comme l’assignation à résidence ou l’imposition d’un couvre-feu, tout en pouvant travailler, suivre une formation, et avoir accès aux réseaux de soutien familiaux, communautaires et sanitaires.
Je veux parler de ceux que nous voulons aider avec le projet de loi . C’est la grand-mère qui accepte que son petit-fils laisse une arme à feu chez elle du jour au lendemain, même si elle sait qu’elle n’est pas censée le faire parce qu’il n’a pas acheté l’arme légalement. C’est pour le jeune Autochtone qui tire avec une carabine de chasse dans ce qu’il croit être un édifice vide et qui ne blesse personne. L’incident l’incite à reprendre sa vie en main. Il participe à un programme de réadaptation pour cesser de consommer de la drogue et il commence à suivre des séances pour traiter les traumatismes intergénérationnels et d’enfance qui l’ont hanté tout au long de sa jeune vie. Au moment de la détermination de la peine, il a un emploi et une nouvelle relation, et il est prêt à apporter une contribution positive à sa collectivité.
Ce ne sont pas des criminels endurcis. Ce sont des personnes qui méritent une seconde chance ou une voie de sortie du système de justice pénale. Ce sont des personnes qui, avec le soutien adéquat, ne récidiveront jamais. Les envoyer en prison est néfaste non seulement pour eux, mais aussi pour leurs familles et leurs communautés, et ne servira qu'à les mettre sur la voie de la criminalité. C'est ce qui fait que les peines minimales obligatoires qui lient les mains des juges peuvent conduire à des résultats négatifs pour le système judiciaire et pour notre société en général.
Pour bien comprendre l'urgente nécessité de ces réformes, il faut remonter aux principes fondateurs de la détermination des peines au Canada, qui sont eux-mêmes le fruit des réformes audacieuses qui ont été accomplies en 1996 et qui ont permis de reconnaître, dans la loi, que la détermination des peines doit être un processus personnalisé qui confie au juge le pouvoir d'imposer des sanctions justes. Ces sanctions doivent être proportionnelles au degré de responsabilité du délinquant et à la gravité de l’infraction.
Pour que les sanctions soient justes, les réformes de 1996 ont imposé aux juges de tenir compte d'un certain nombre de principes en matière de détermination des peines, y compris la réhabilitation et la dissuasion. Certains de ces principes reconnaissent que, lorsqu'il s'agit d'infractions mineures, l'emprisonnement est souvent inefficace et indûment punitif, et qu'il doit être évité. Ils reconnaissent également la nécessité de prendre en compte la surreprésentation des Autochtones dans le milieu carcéral, qui était déjà une réalité à cette époque. Les amendements au Code criminel ordonnaient aux juges d'envisager, mis à part l'emprisonnement, toutes les sanctions raisonnables dans les circonstances, avant de décider d'envoyer un délinquant en prison. Ce principe s'applique à tous les délinquants et demande aux juges d'accorder une attention toute spéciale à la situation personnelle des délinquants autochtones.
Afin de faciliter la mise en œuvre de ces principes, les auteurs des réformes de 1996 ont créé les ordonnances de sursis qui permettent aux juges d’ordonner que les peines d’emprisonnement de moins de deux ans soient purgées dans la communauté sous certaines conditions. Un délinquant pourrait ainsi purger sa peine dans la communauté, à condition qu'il ne présente pas de risque pour la sécurité publique, que l'infraction dont il est coupable ne soit pas assujettie à une peine minimale et que la peine à purger dans la communauté soit conforme aux objectifs fondamentaux de la détermination de la peine.
Malheureusement, le recours accru par l'ancien gouvernement conservateur aux peines minimales obligatoires et l’imposition de restrictions supplémentaires au recours aux ordonnances de condamnation avec sursis ont restreint le pouvoir discrétionnaire des juges et entravé l’application efficace de ces principes importants par les tribunaux. Ces fameuses mesures de répression de la criminalité ont en fait rendu notre système de justice pénale moins efficace en décourageant le règlement rapide des affaires. Ces mesures ont érodé la confiance du public dans l’administration de la justice.
[Français]
Les conséquences les plus problématiques de ces lois sur les peines ont été leur impact disproportionné sur les peuples autochtones, les Canadiens noirs et les membres des communautés marginalisées.
[Traduction]
En fait, la Cour d’appel de l’Ontario a récemment conclu, dans sa décision de 2020 dans l’affaire R. c Sharma, que certaines des limites aux ordonnances de sursis promulguées en 2012 minaient l’objectif du principe Gladue en limitant la capacité du tribunal d’imposer une peine appropriée qui tienne compte de la situation du délinquant. La Cour d’appel a conclu que ces limites perpétuent un effet discriminatoire contre les délinquants autochtones dans le processus de détermination de la peine.
En ciblant ces politiques de détermination de la peine, le projet de loi vise à rétablir la capacité des tribunaux à appliquer efficacement l’objectif et les principes fondamentaux de la détermination de la peine, ainsi qu’à faire en sorte que les peines soient individualisées et adaptées aux circonstances de la cause. Bien qu’il soit important d’imposer des peines justes et humaines, il est tout aussi important de veiller à ce que des mesures soient en place pour éviter que la personne se retrouve dans le système de justice criminelle en premier lieu.
C’est pourquoi le projet de loi obligerait la police et les procureurs à envisager d’autres solutions que le dépôt d’accusations pour possession simple de drogues, comme de donner un avertissement, d’éviter de prendre des mesures ou d’aiguiller les personnes vers des programmes de traitement de la toxicomanie. Nous voulons d’abord que les gens obtiennent l’aide dont ils ont besoin, qu’il s’agisse de programmes de traitement, de logement ou de soutien en santé mentale, au lieu de les judiciariser. Ces mesures sont conformes à notre approche centrée sur la santé publique à l’égard de la consommation de substances et de l’épidémie d’opioïdes au pays.
Toutes ces mesures encourageraient des interventions qui tiennent compte du racisme systémique et des problèmes de santé que la personne a vécus ainsi que de l’aide dont elle pourrait bénéficier. Ces réformes permettraient à la police, aux procureurs et aux tribunaux d’appliquer pleinement l’important principe de retenue dans la détermination de la peine, en particulier pour les délinquants autochtones, et d’explorer des approches qui misent sur la justice réparatrice, la réadaptation de la personne et la réinsertion sociale.
[Français]
Il est essentiel que les Canadiens aient confiance que le système judiciaire est là pour les protéger et non pour leur nuire ou nuire à leur communauté. Ces réformes reflètent ce que nous avons entendu de la part des Canadiens.
[Traduction]
Le sondage national sur la justice de 2017 a révélé que les Canadiens appuient massivement les mesures de déjudiciarisation, les peines moins restrictives et le pouvoir discrétionnaire des juges en matière de détermination de la peine, même dans les cas où il y a une peine minimale obligatoire. Par exemple, 91 % des Canadiens indiquent que les juges devraient bénéficier d’une certaine souplesse afin de pouvoir imposer une peine moins sévère qu’une peine minimale obligatoire. De plus, 69 % des personnes interrogées croient que la déjudiciarisation pourrait rendre le système de justice pénale plus efficace et 78 % croient qu’elle pourrait le rendre plus efficient en désengorgeant les tribunaux et en réduisant les délais de traitement.
Je tiens à assurer à mes collègues que le gouvernement prend au sérieux les crimes violents commis à l’aide d’armes à feu. Je suis originaire de Scarborough, une collectivité qui connaît des problèmes de violence liée aux armes à feu. Je comprends la nécessité de sévir contre les trafiquants d’armes à feu et le crime organisé qui menace nos collectivités. Avant d’être député, je dirigeais un organisme jeunesse et j’ai vu de nombreux jeunes hommes se faire enterrer à cause de la violence liée aux armes à feu. J’ai vu la douleur sur le visage des parents. En fait, je me souviens d’une mère, dont le fils a été tué il y a plus de 20 ans, qui pleure encore sa perte. Cela touche la collectivité toute entière. Voilà pourquoi nous n’abrogeons pas les peines minimales obligatoires pour ces infractions.
Ce matin, j'ai eu la chance de m'entretenir avec Louis March, du Zero Gun Violence Movement. Il milite pour qu'il n'y ait plus d'armes à feu en circulation dans nos communautés. Il y a environ deux ans, juste avant la pandémie, il est venu au Parlement pour réclamer la suppression des peines minimales obligatoires, car il estime qu'il est crucial que les juges disposent du pouvoir discrétionnaire nécessaire pour rendre des décisions plus adéquates et soutient que les peines minimales obligatoires ont une incidence disproportionnée sur la communauté noire. Bon nombre des mères qui sont venues au Parlement ce jour-là étaient déchirées par ce qu'elles attribuent à un problème d'armes à feu. Chaque jour, je soulève au Parlement la question de la violence armée qui, à bien des égards, représente un problème considérable, notamment à Toronto et dans d'autres grands centres urbains, si bien que des mesures importantes s'imposent. Voilà ce à quoi s'emploie le gouvernement.
Lorsque l'infraction n'est pas très grave, en particulier lorsqu'il s'agit d'une première infraction ou que l'auteur est jeune ou non violent, les peines minimales obligatoires ne sont pas la solution. Les peines minimales obligatoires qui jettent en prison les jeunes hommes noirs de ma communauté alors qu'ils pourraient être réadaptés et reprendre leur vie en main ne font que perpétuer le cercle vicieux qui les mène vers les gangs de rue et d'autres activités criminelles.
Nous abrogeons les peines minimales obligatoires pour vol ou extorsion avec une arme à feu ainsi que pour le fait de décharger une arme à feu avec une intention particulière ou avec insouciance, pour autant qu'il ne s'agisse pas d'une arme à feu à autorisation restreinte et que l'acte ne relève pas du crime organisé. Autrement dit, lorsque le délinquant...
Des voix: Oh, oh!
:
Madame la Présidente, je suis ravi de pouvoir parler aujourd’hui de ce projet de loi.
Il est malheureux que le gouvernement profite de la première occasion qui passe pour mettre en application son approche de tolérance par rapport à la criminalité. Il confirme cette approche avec le projet de loi , qui ne ferait qu'atténuer les punitions imposées et diminuer la responsabilité imputée aux contrevenants qui commettent des crimes violents avec une arme à feu et aux trafiquants de drogue. Avec ce projet de loi, ces personnes resteraient dans nos communautés, parmi leurs victimes, au lieu d'aller en prison, où elles devraient se trouver.
Pour ceux qui ne le savent pas, le projet de loi éliminerait un certain nombre de peines minimales obligatoires pour des crimes très graves. Je parle d’une approche de tolérance par rapport à la criminalité que je souhaite mettre en contexte. Ce projet de loi réduirait les peines d’emprisonnement minimales obligatoires pour les vols commis avec une arme à feu, le trafic d’armes et la décharge d’une arme à feu avec une intention particulière. Le député de a très bien montré, lorsqu’il a répondu à une question du secrétaire parlementaire, pourquoi cette approche est si problématique, et pourquoi l’exemple fourni n’a pas de sens. L’approche ne permet pas d’obtenir le résultat recherché.
Ce projet de loi réduirait également les peines d’emprisonnement minimales obligatoires pour la possession d’une arme à feu non autorisée, la possession d’une arme à feu prohibée ou à autorisation restreinte, la possession d’une arme obtenue lors de la perpétration d’une infraction, et la possession en vue d’en faire le trafic d’armes. Il s’agit d’infractions extrêmement graves. Cependant, le gouvernement profite de la première occasion pour réduire les mécanismes permettant d'imputer la responsabilité aux auteurs de ces graves infractions. Nous voyons plutôt les libéraux essayer de jeter de la poudre aux yeux. Ils espèrent que les Canadiens vont confondre « motion » et « action » pour ce qui est de lutter contre les crimes commis avec une arme à feu. La motion et les mesures qui en découleront serviront à sévir contre les propriétaires d’armes à feu qui respectent la loi, au lieu des passeurs d’armes et des trafiquants de drogue.
Je trouve l’un des arguments des libéraux particulièrement choquant. Selon eux, ce projet de loi aidera les personnes qui souffrent de toxicomanie à obtenir l’aide dont elles ont besoin. Évidemment, ce n’est pas le cas. Quiconque au Canada éprouve des problèmes de toxicomanie devrait recevoir des traitements. Cependant, ce n’est pas ce que ce projet de loi prévoit. En fait, les libéraux vont accentuer le problème, puisque leur projet de loi éliminerait également les peines d’emprisonnement obligatoires pour les personnes reconnues coupables de trafic, de possession en vue du trafic, d’importation et d’exportation ou de possession en vue de l’exportation, ainsi que de production de substances inscrites aux annexes I et II.
Les libéraux laisseraient littéralement les trafiquants et les fabricants de drogues s’en sortir sous le prétexte que cela aide les toxicomanes et les gens dans nos collectivités. Nous sommes aux prises avec une crise des opioïdes dans ce pays. Des gens meurent tous les jours. Nous devrions sévir contre ceux qui vendent ce poison dans nos collectivités, mais ce n’est pas l’approche que les libéraux vont adopter.
J’ai aussi entendu quelqu'un du côté des libéraux déclarer que le gouvernement allait se débarrasser de ces méchantes peines minimales conservatrices. Soit dit en passant, bon nombre de ces lois sont entrées en vigueur au milieu des années 1990, et le gouvernement de l’époque était un gouvernement libéral. Il y a donc un léger décalage entre ce que les libéraux disent et ce qu’ils font, comme c’est souvent le cas.
Les libéraux veulent blâmer les conservateurs pour les lois que les gouvernements libéraux antérieurs ont promulguées. Ils prétendent aider les toxicomanes et les collectivités, alors qu’en réalité, ils réduisent les peines et évacuent la responsabilité des trafiquants et des fabricants. Au lieu de punir les membres de gangs, ils cherchent à sévir contre les propriétaires d’armes à feu respectueux de la loi.
Soyons clairs: le processus et le système que nous avons mis en place dans ce pays pour les propriétaires d’armes à feu respectueux de la loi sont solides. Il n’y a aucun désaccord dans le milieu des armes à feu et parmi les chasseurs et les tireurs sportifs sur la nécessité d’avoir un système robuste. Les vérifications des antécédents et celles du Centre d'information de la police canadienne sont déjà en place. Elles sont efficaces et importantes. Lorsque nous avons un groupe de citoyens qui se conforme aux lois en vigueur, on dirait que c’est une occasion à saisir, pour le gouvernement, que de dire qu’il va simplement imposer des règles plus sévères et démontrer qu’il ajoute des lois, et les Canadiens auront tendance à croire que le gouvernement est devenu sérieux à ce sujet.
Voici un exemple qui en dit long sur les priorités de ce gouvernement: l’an dernier, les libéraux ont voté contre le projet de loi d’initiative parlementaire des conservateurs qui aurait permis de renforcer les peines pour le trafic d’armes, et les voilà qui proposent maintenant d'affaiblir ces mêmes peines avec ce projet de loi inadéquat. Si les conservateurs cherchent à donner du pouvoir aux victimes de crimes et à leur permettre de défendre leurs droits, le gouvernement libéral veut donner du pouvoir aux criminels: les fabricants de drogues, les trafiquants et les membres de gangs.
Des personnes de ma collectivité m’ont dit qu'elles ou certains de leurs proches ont été victimes de crimes violents, et elles sont très inquiètes de l’augmentation du nombre de crimes violents au Canada. Cependant, l’approche choisie par le gouvernement semble être fondée sur la clémence à l’égard du crime au lieu d’être axée sur la défense des victimes.
J’ai entendu des témoignages de policiers qui n’en peuvent plus. Ils font leur part pour assurer la sécurité de nos quartiers, de nos collectivités et de notre pays, mais ils doivent composer avec un système judiciaire et un gouvernement qui préfèrent voir les criminels remis en liberté dans la communauté plutôt que de les mettre en prison. Par exemple, la police arrête une personne pour une infraction violente — l’une des infractions énumérées ici — le vendredi et, le dimanche, la personne est de retour dans la communauté, pour être de nouveau arrêtée pour un autre crime, libérée, et être encore une fois arrêtée dans la même semaine.
J'ai eu l'occasion d'accompagner un policier en auto-patrouille dans ma circonscription et, cinq minutes après avoir quitté le poste, l'agent a remarqué une personne qui violait ses conditions de mise en liberté. Lorsqu'il a communiqué avec le centre de répartition pour dire qu'il avait détenu cette personne et allait l'arrêter, on l'a informé que la personne se trouvait toujours dans le système parce qu'elle avait été libérée tout récemment. La mise en liberté de l'individu a donc été traitée, puis il a été arrêté de nouveau. Ce cas a occupé l'agent toute la soirée.
J'ai ensuite accompagné un autre agent en auto-patrouille et, avant la fin de son quart de travail, le même individu avait été remis en liberté encore une fois. J'ai entendu de nombreuses histoires de la part de ces policiers et d'autres agents de partout au Canada qui, alors qu'ils ont moins de ressources, ont affaire à un gouvernement qui veut réduire davantage les ressources dont ils disposent pour appliquer la loi, réduire les mesures de protection pour les victimes, faire preuve de plus de clémence envers les criminels et imposer à ces derniers des peines moins sévères.
Il faut souligner que nous ne parlons pas d’une personne qui est accusée d’une infraction criminelle. Nous parlons d’individus qui ont été condamnés; ils ont, en fait, commis l’infraction et ont été condamnés pour cela, et la réponse du gouvernement, c’est de les laisser sortir. Il les laisse sortir pour une extorsion ou un vol commis avec une arme à feu ou pour trafic d’armes. On a du mal à croire que telles sont les priorités du gouvernement!
Nous avons entendu le gouvernement parler de la condamnation à l’emprisonnement avec sursis et de son élargissement. Cela signifie qu’une personne pourrait, comme l’a dit le secrétaire parlementaire, purger une peine de détention à domicile pour plusieurs infractions dont l’enlèvement, l’agression sexuelle, la traite des personnes, l’enlèvement d’un mineur ou d’une personne de moins de 14 ans et la présence illégale dans une maison d’habitation.
Il est incroyablement inquiétant que ce soit cette approche que le gouvernement veuille adopter. Ces individus ne devraient pas être libérés dans la collectivité après avoir été reconnus coupables de l’infraction pour laquelle ils ont été accusés. Ils ont été reconnus coupables. Le projet de loi ne ferait qu’augmenter le nombre des crimes violents, diminuer les ressources de nos policiers et nos forces de l’ordre et accroître la peur dans nos collectivités.
Cette approche indulgente à l’égard des criminels comprend une foule de points de discussion sur l’aide à apporter aux personnes aux prises avec une dépendance, mais ce n’est pas ce qu’elle donne. Nous savons qu’à l’heure actuelle, le système judiciaire et la police exercent leur pouvoir discrétionnaire lorsqu’ils ont affaire avec des personnes aux prises avec une dépendance lorsqu’il s’agit, par exemple, de simple possession. Si le gouvernement veut être sérieux, nous devrions parler aujourd’hui de l’élargissement de ses mesures de soutien aux personnes qui ont des problèmes de toxicomanie ou de santé mentale.
Nous savons que la Chambre a adopté une mesure visant la création d’une ligne téléphonique nationale à trois chiffres de prévention du suicide, mais le gouvernement n’a rien fait en ce sens. Au lieu de cela, il fait traîner les choses en longueur, parlant des consultations du CRTC qui n’en finissent pas. Un peu de sérieux! Des députés de toutes les régions du pays ont demandé que cette mesure soit mise en place.
Ce serait une mesure concrète, mais il semble que le gouvernement ne veuille pas la prendre parce qu’elle a été proposée par un député de l’opposition officielle, un de mes collègues conservateurs. Ce n’est pas dans cet esprit que nous devrions aborder des sujets aussi graves que les problèmes de dépendance et de santé mentale. Comment les Canadiens pourront-ils obtenir l’aide dont ils ont besoin si le gouvernement ne veut même pas simplifier le processus pour eux? Nous savons que ce numéro à trois chiffres n’est pas en service actuellement. Nous devons aller de l'avant.
Le gouvernement a attendu deux mois entiers après ce qu'il estimait être l'élection la plus importante de notre histoire. Il n'a sûrement pas pris tout ce temps pour remettre les lettres de mandat à ses ministres, nommer des secrétaires parlementaires ou consulter les Canadiens sur les divers dossiers qu'il veut maintenant adopter à toute vapeur dans cette enceinte. C'est préoccupant. Les Canadiens sont préoccupés.
J'entends des chahuteurs sur les bancs libéraux dire qu'ils ont un mandat. Avez-vous pour mandat de laisser les gens s'en tirer après avoir enlevé une personne de moins de 14 ans? Avez-vous le mandat...
:
Madame la Présidente, le projet de loi est important. Il avait été présenté lors de la dernière législature et portait alors le numéro . En substance, il s'agit du même projet de loi, à quelques distinctions près. Toutefois, ce qui est particulièrement différent de ce que nous avons connu avec le projet de loi C‑22, c'est le contexte. La société n'est plus du tout dans la même situation.
J'aimerais d'abord dire que, à mon sens, le projet de loi C‑5 aurait peut‑être avantage à être scindé. Le débat sur la déjudiciarisation et celui sur les peines minimales sont deux débats différents. On peut très bien être en accord avec l'une des propositions et en désaccord avec l'autre. Si on veut traiter le projet de loi de façon efficace, on doit permettre à tous les membres de la Chambre de s'exprimer sur chacun des aspects du projet de loi, c'est-à-dire d'avoir la possibilité d'être d'accord sur l'un des aspects et en désaccord sur l'autre.
Cela dit, le Bloc québécois a historiquement été en faveur de la déjudiciarisation. En effet, nous croyons que la réhabilitation des contrevenants est une étape essentielle pour qu'une société puisse enfin réussir à se débarrasser de la criminalité. Évidemment, nous ne nous en débarrasserons jamais complètement, mais cela permet au moins de créer un climat sociétal plus vivable, plus en harmonie avec nos valeurs.
Le Bloc québécois croit en la réhabilitation. On l'a vu notamment avec la loi sur les jeunes contrevenants, au Québec, où on facilite la déjudiciarisation. Par exemple, on invite des jeunes ayant contrevenu à la loi à faire des travaux communautaires, à participer à des activités avec différents organismes.
J'ai eu connaissance d'un cas où un jeune homme qui avait fait un vol à l'étalage et des graffitis sur le mur d'un dépanneur avait dû rencontrer le propriétaire du commerce, nettoyer le mur et faire des travaux pour le dépanneur. Une véritable réconciliation s'était produite. Même si le jeune homme et le propriétaire du dépanneur n'étaient peut-être pas devenus de grands amis, ils avaient développé une relation probablement précieuse, voire essentielle, à la réhabilitation de ce jeune homme. Il existe d'autres belles expériences et d'autres beaux cas comme celui-là. C'est pourquoi le Bloc québécois croit que la déjudiciarisation a sa place et qu'il a historiquement été en accord avec ce principe.
En ce qui a trait à la question des peines minimales, il faut que les tribunaux puissent exercer leur pouvoir de façon libre et judicieuse. Le Bloc québécois a toujours cru que les peines minimales étaient un handicap, mais elles ne le sont pas toujours. Dans certaines circonstances, les peines minimales peuvent être une façon d'envoyer un message clair aux contrevenants. Nous devons nous pencher sur cet aspect. Cependant, de façon générale, nous ne pensons pas que les peines minimales aident à assainir le climat dans notre société. Nous pensons, au contraire, que cela a pu donner lieu à des situations tout à fait déplorables.
Je me souviens d'un cas, dans le Bas‑du‑Fleuve, au Québec. Un jeune homme, qui avait 18 ans, avait une copine d'approximativement 16 ou 17 ans. Les deux familles connaissaient la relation et l'approuvaient. Tout était parfait. Toutefois, pour une raison ou une autre, ils se sont retrouvés devant les tribunaux et le jeune homme a été condamné pour détournement de mineure. Le juge avait dit qu'il déplorait cela, parce que la situation ne s'y prêtait pas, mais qu'il n'avait pas le choix, car une peine minimale était indiquée au Code criminel et qu'il devait l'imposer. À l'époque, cela avait soulevé un certain tollé et une certaine frustration au Québec, avec raison. Je faisais partie de ceux qui trouvaient que, dans un cas comme celui-là, non seulement la peine minimale n'aidait pas, mais elle nuisait à un exercice judicieux du pouvoir judiciaire. Pour cette raison, le Bloc québécois a également été historiquement en faveur de l'abolition des peines minimales.
Cela dit, je parle d'un point de vue historique, mais nous sommes aujourd'hui en 2021. La situation est différente de celle qui existait en 2020, en 2019 et en 2018. Je pourrais remonter ainsi jusqu'à 1867.
Cependant, la situation évolue et le droit évolue. Ce n'est pas qu'on adopte des lois ici, au Parlement, ainsi que dans les assemblées législatives, au Québec et dans les provinces. On adopte des lois continuellement parce que la situation change, que la société évolue et que les lois, par conséquent, doivent être adaptées à la réalité des différentes sociétés.
Dans quel contexte le projet de loi s'inscrit-il?
Je pense qu'il est important d'en parler, car c'est notre travail en tant que législateurs. On ne peut pas tout simplement adopter une loi qui va s'appliquer à tout le monde sans réfléchir à ses répercussions. On ne peut pas le faire sans, d'abord, évaluer le contexte dans lequel la décision sera prise relativement au projet de loi C‑5. Quelle est la réalité de 2021, à Montréal?
Le 4 janvier 2021, un adolescent de 17 ans est blessé par un projectile d'arme à feu dans le quartier Saint‑Michel, à Montréal. Le 31 janvier 2021, un homme de 25 ans est légèrement blessé par des coups de feu dans Rivière‑des‑Prairies, à Montréal. Le 7 février 2021, Meriem Boundaoui, 15 ans, est abattue par balle à la tête, à Montréal.
Le 5 juillet 2021, Ernst Exantus, 43 ans, est abattu par balle à Montréal‑Nord. Il était connu des policiers pour son lien avec des membres d'organisations criminelles. Le 26 juillet 2021, une femme de 22 ans est blessée par des éclats de vitre alors que son véhicule est la cible de coups de feu. Le 1er août 2021, un homme de 18 ans est blessé au bas du corps par des coups de feu lors d'un conflit entre groupes de personnes. Le 2 août 2021, trois personnes sont assassinées et deux autres sont blessées lors d'une fusillade dans le quartier Rivière‑des‑Prairies.
Le 1er septembre 2021, encore une fois dans Rivière‑des‑Prairies, un homme est la cible de coups de feu lors d'une tentative de meurtre. Le 10 septembre 2021, alors qu'elle se trouvait à bord de son véhicule avec ses deux jeunes enfants, Patricia Sirois, 35 ans, est tuée par balle par son voisin, un homme de 49 ans de Saint‑Raymond. Dans la nuit du 24 au 25 septembre 2021, à Montréal, une victime de 19 ans est assassinée par balle à bord de son véhicule.
Le 26 septembre 2021, encore une fois dans Rivière‑des‑Prairies, Yevgen Semenenko, 33 ans, est retrouvé mort près d'un véhicule présentant des marques de projectiles d'arme à feu. Le 28 septembre 2021, alors qu'il marchait dans la rue, un homme est la cible de coups de feu dans le secteur de Mont‑Royal. Le 25 octobre 2021, un homme de 25 ans est blessé par balle à Montréal.
Le 14 novembre 2021, dans le quartier Saint‑Michel, alors qu'il retournait à son domicile, Thomas Trudel, 16 ans, est assassiné par balle. Le 2 décembre 2021, dans l'arrondissement Anjou, Hani Ouahdi, 20 ans, est assassiné par balle alors qu'il se trouvait dans un véhicule accompagné d'un adolescent de 17 ans, lui aussi blessé par balle. Le même jour, à Coaticook, au Québec, Jeannine Perron‑Ruel, 80 ans, est tuée par balle par son voisin, un homme de 38 ans. Le 3 décembre 2021, à Montréal, une femme dans la cinquantaine est blessée par balle à travers la fenêtre de sa résidence. Le 6 décembre 2021, dans une bibliothèque de Laval, un jeune homme de 18 ans est blessé par balle.
Je viens d'énumérer 18 événements qui se sont déroulés au Québec en 2021. Y en a-t-il eu davantage? C'est probablement le cas. J'en ai répertorié 18 en faisant une recherche rapide.
Y en a-t-il eu ailleurs qu'au Québec? C'est probablement le cas aussi. Je serais étonné de savoir que des victimes de fusillades ou de crimes de la sorte ne se trouvent qu'au Québec. Il y en a eu d'autres, c'est certain. Au cours des 11 derniers mois, il y a eu au minimum 18 événements ayant impliqué autant, voire davantage, de personnes victimes d'armes à feu.
Le 21 septembre, la mairesse de Montréal a demandé au fédéral des actions pour le contrôle des armes à feu.
Le 22 novembre, la Ville de Montréal a réitéré cette demande et le gouvernement du Québec a affirmé vouloir faire davantage de pression sur le gouvernement actuel quant au contrôle des armes à feu à la frontière et à l'interdiction des armes de poing.
De nombreux débats ont eu lieu à la Chambre au cours des dernières semaines, auxquels j'ai participé. Nous réclamons que le gouvernement prenne ses responsabilités, parce que le Québec et certains endroits au Canada sont en train de devenir le far west.
Nous demandons au gouvernement de constituer une escouade spéciale. Un transit important d'armes à feu illégales se fait par navigation sur le fleuve Saint-Laurent en passant par la réserve d'Akwesasne qui touche au territoire américain d'une part au fleuve d'autre part. Si on traverse le fleuve, on est rendu au Québec ou à Cornwall, en Ontario.
Cela prend une escouade, parce qu'on n’est pas capables de lutter efficacement contre le trafic d'armes à feu puisque cela implique trop de zones de responsabilité et non une seule. Cela prend donc une escouade mixte spéciale composée d'agents américains, de membres des Gardiens de la paix, de la Police provinciale ontarienne, de la Sûreté du Québec et de la GRC pour être en mesure de combattre ces crimes. Une telle escouade pourrait se traduire concrètement par un investissement du gouvernement fédéral. Par exemple, on pourrait mettre cinq bateaux sur le fleuve afin de patrouiller dans ce coin-là 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7. Je peux garantir que ce serait fini d'ici un an; il n'y aurait plus de trafic d'armes à cet endroit-là. Il y en aura peut-être ailleurs, mais on les combattra où ils seront.
Il faut des gestes concrets. Nous réclamons des investissements dans la lutte contre le trafic d'armes à feu et la mise en place de cette escouade mixte. Un projet de loi pour combattre les organisations criminelles pourrait être déposé, comme celui que j'avais présenté à la Chambre en 2016, lors de la 42e législature. Malheureusement, il n'a pas été adopté pour des raisons qui, à mon sens, n'étaient pas justifiées, mais je ne reviendrai pas sur ce débat qui est chose du passé. On pourrait peut-être le présenter à nouveau, parce que les organisations criminelles, le trafic d'armes, le laxisme du gouvernement dans la lutte pour le contrôle des armes à feu nous causent un énorme préjudice et placent la population québécoise dans une situation d'insécurité, de vulnérabilité. Cela n'a pas sa raison d'être, pas en 2021.
J'ai présenté la liste de 18 événements. J'ai expliqué que tant les villes que Québec et les provinces réclament que le gouvernement prenne ses responsabilités et qu'il agisse. Qu'a fait le gouvernement? Le dernier événement dont j'ai parlé était le 6 décembre, celui du jeune homme de 18 ans qui a été blessé par balle dans une bibliothèque. Une bibliothèque n'est-elle pas l'endroit idéal pour se retrouver dans le calme et l'harmonie? Or, c'est dans une bibliothèque à Laval que ce jeune homme a été blessé par balle le 6 décembre. Alors que nous débattions du sujet depuis des semaines, le lendemain, le 7 décembre, le gouvernement libéral a choisi de déposer en première lecture le projet de loi que nous étudions présentement. Ce projet de loi vise à déjudiciariser certaines infractions et à abolir certaines peines minimales, entre autres dans des cas d'infraction liés à la possession et à l'utilisation d'armes à feu ou lors de la commission de certains autres actes criminels.
Comme je l'ai dit, historiquement, le Bloc québécois est en faveur de l'abolition des peines minimales obligatoires. Je commence néanmoins à me poser de sérieuses questions sur le moment choisi par le gouvernement libéral. Si on présentait le projet de loi tout en mettant en place l'escouade mixte; si on proposait dès ce lundi d'envoyer des patrouilleurs maritimes pour mettre fin au trafic d'armes; si on investissait afin de créer une unité spéciale qui circulera le long des frontières à la grandeur du Québec et des autres provinces canadiennes pour lutter contre le trafic d'armes; si on adoptait un projet de loi comme celui que proposait le Bloc québécois en 2015 afin de créer une liste d'organisations criminelles et de traiter les membres de ses organisations de la même façon que l'on traite les membres qui sont sur la liste des organisations terroristes et que, si on attrape quelqu'un avec une arme à feu qui est membre d'une organisation criminelle, il va « passer au cash ». Si on me disait cela, je serais moins mal à l'aise de voter en faveur du projet de loi C‑5.
Présentement, j'ai un profond malaise quant au moment choisi par ce gouvernement et quant au laxisme dont il fait preuve face à une situation exceptionnelle comme on en a rarement vécu et qui met en cause non seulement l'épanouissement et la qualité de vie des citoyens, mais la survie même de nos jeunes dans les rues de Montréal.
Encore une fois, nous ne sommes pas dans le far west, nous ne sommes pas dans les années 1600 ou en 1700 alors que des cowboys se promènent avec des armes, se tirent dessus pour un « oui » ou un « non » et se pendent avant de faire un procès parce que c'est trop de trouble d'en faire un. Nous sommes en 2021; il me semble que la sécurité de nos adolescents et de la population devrait être une chose sur laquelle nous nous entendons, qui ne devrait pas faire l'objet de discussions et qui ne devrait même pas être sur la table. Il faut nous attaquer à cela.
Quand le gouvernement se sera attaqué à cela, on pourra se pencher sur la déjudiciarisation. En fait, on pourrait le faire en même temps, on pourrait le faire maintenant. Au sujet des peines minimales, il faudrait en abolir un bon nombre. La Cour suprême l'a d'ailleurs dit et ce n'est pas moi qui irai à l'encontre de ses décisions. Je pense que c'est tout à fait justifié: il y en a qui doivent être abolies, et d'autres qui ne doivent pas l'être.
Le projet de loi C‑5 mérite une bonne et solide discussion en comité. Il faut revoir le détail de ce projet de loi, mais, de grâce, le gouvernement doit prendre ses responsabilités. Ce n'est pas vrai que nous allons dire à la population que nous abolissons les peines minimales quand quelqu'un se promène avec un fusil, mais que nous ne faisons rien pour enrayer le trafic des armes à feu et que nous continuons semaine après semaine à voir des gens se faire tirer dessus dans les rues à Montréal. Cela n'a pas de sens. Si le gouvernement est sérieux, s'il veut sérieusement s'attaquer à la criminalité, nous parlerons de déjudiciarisation parce que nous voulons la réhabilitation des jeunes, nous parlerons de l'abolition des peines minimales obligatoires. Nous voulons que les juges puissent travailler efficacement et judicieusement. Surtout, nous allons le faire en ayant pris nos responsabilités et en nous assurant que le trafic d'armes et l'utilisation des armes dans des contextes de violence comme on les vit depuis un an, c'est fini.
Nous allons prendre nos responsabilités et travailler efficacement dans l'intérêt de la population. Je suis ici pour une chose: je veux représenter mes électeurs, les citoyens du Québec et ce n'est pas vrai que je vais laisser passer cette situation sous silence.
:
Madame la Présidente, je veux tout d'abord remercier les habitants d'Esquimalt—Saanich—Sooke de m'avoir réélu à la Chambre pour un quatrième mandat. En particulier, je veux remercier Teddy Pardede, mon partenaire depuis plus de 20 ans, du soutien indéfectible qu'il m'apporte, tant sur le plan personnel que politique. Mes fonctions de député prennent maintenant plus que la moitié de notre relation et je ne pourrai jamais lui rendre la pareille.
Comme je l'ai déclaré au cours de la campagne, je souhaitais ardemment revenir à la Chambre pour terminer les travaux laissés en plan de la dernière législature. En effet, le progrès que nous faisions dans de nombreux dossiers a été interrompu par des élections prématurées et inutiles. C'est pourquoi j'ai été ravi de voir le projet de loi , qui interdit les thérapies de conversion, adopté à l'unanimité — rien de moins — à la Chambre et à l'autre endroit.
Il existe d’autres exemples de projets de loi que la Chambre a examinés, au sujet desquels elle en était arrivée à un vaste consensus et qu'elle peut maintenant adopter. Je pense notamment à mon projet de loi , qui vise à criminaliser les conduites coercitives et contrôlantes dans les relations entre partenaires intimes, et au projet de loi , qui vise à supprimer du code de conduite militaire l’infraction disciplinaire relative à l'automutilation pour que ce comportement soit considéré comme un problème de santé mentale, ce qu’il est en réalité. J’espère que nous arriverons à faire adopter ces deux projets de loi qui ont été laissés en plan au cours de la dernière législature.
Le débat d’aujourd’hui porte sur le projet de loi . Je suis franchement étonné de prendre la parole aussi rapidement au sujet de ce projet de loi, parce que son prédécesseur ne faisait pas partie de ceux qui ont fait l’objet d’un examen et de longues discussions pour en arriver à un consensus sur les mesures à prendre. Je devrais normalement être heureux de voir la Chambre agir si rapidement pour faire avancer un dossier mis en veilleuse depuis trop longtemps. Cela serait particulièrement vrai s’il s’agissait de la question du racisme systémique au sein du système de justice et encore davantage de la crise des opioïdes dans nos rues.
Cependant, le projet de loi est pratiquement une copie carbone, pour utiliser une expression désuète qui révèle mon âge, du projet de loi que le gouvernement a déposé à la toute fin de la dernière législature. À ce moment-là, les néo-démocrates ont clairement fait savoir au gouvernement que le projet de loi C‑22 leur semblait très dilué. Ce projet de loi a fait l’objet de très peu de discussions après son dépôt, puis il a été présenté à nouveau au cours de la présente législature en tant que projet de loi C‑5. Au cours des brèves discussions que nous avons eues, j’ai clairement indiqué que les néo-démocrates souhaitaient un projet de loi avec plus de mordant. Ce projet de loi n’est pas assez musclé pour venir à bout du problème de la surreprésentation dans les prisons et de la crise des opioïdes dans nos rues.
Je ne sais pas si j’ai vraiment envie de précipiter l’adoption d’un projet de loi qui demeure une demi-mesure, d’autant plus que nous ne savons pas clairement en quoi elle consiste. Voici la première et la plus importante question que je veux poser au gouvernement au sujet du projet de loi : ce projet de loi vise-t-il à lutter contre le racisme systémique au sein du système de justice canadien? Si oui, pourquoi son objectif est-il si limité? Nous savons que les peines minimales obligatoires sont l’une des causes de la surreprésentation des Canadiens racisés et des Autochtones dans nos prisons. Dans ce cas, pourquoi le projet de loi se limite-t-il à supprimer les peines minimales obligatoires pour certaines infractions, notamment la possession de drogues aux fins de consommation personnelle et certaines infractions commises au moyen d’armes à feu?
Depuis des années, l'expérience nous a appris que les peines minimales ne réduisent pas du tout le taux de criminalité. Nous savons qu’elles ne servent qu’à incarcérer des gens qui ne devraient pas se trouver en prison.
Chaque jour, un nombre excessif de Canadiens autochtones et racisés ont affaire au système de justice. Je doute donc de l’efficacité de certaines dispositions du projet de loi , comme l’introduction de programmes de déjudiciarisation au lieu de réformes plus fondamentales. Puisqu'il n'est pas question de l’épineux problème de la réforme de la GRC, je doute aussi de l’efficacité d’une augmentation du pouvoir discrétionnaire de la police dans les affaires de drogue comme le propose le projet de loi C‑5.
Si le projet de loi vise vraiment à éliminer le racisme dans le système de justice, il pourrait certainement en faire beaucoup plus. Je reviendrai plus tard sur cette question. Si le projet de loi C‑5 ne cherche pas à s’attaquer aux vastes problèmes de racisme systémique dans le système de justice pénale, vise-t-il alors autre chose? En fait, l’accent mis sur l’élimination des peines minimales obligatoires pour les crimes liés à la drogue nous porte à croire que le projet de loi C‑5 vise en fait la crise des opioïdes. Si tel est le cas, les demi-mesures prévues dans ce projet de loi refroidissent considérablement mon enthousiasme à l’idée d’intervenir rapidement contre la crise des opioïdes, d’autant plus que nous savons depuis très longtemps ce qu’il faut faire pour la contrer.
En ma qualité de représentant élu, j’ai défendu pour la première fois la décriminalisation de la possession de drogues à usage personnel il y a plus de 10 ans, lorsque j’étais conseiller municipal à Esquimalt. Je soutenais alors que la décriminalisation accompagnée de centres d’injection supervisée serait le moyen le plus efficace de lutter contre le problème récent des décès dus à une surdose dans ma collectivité.
À cette époque, je pouvais déjà souligner les premiers signes de réussite du Portugal, qui avait décriminalisé les drogues en 2001. Depuis, le Portugal a enregistré une réduction de 80 % des décès par surdose. La proportion des diagnostics de VIH et de sida chez les consommateurs de drogues a chuté de 52 % à 6 %. Le nombre d’incarcérations pour infractions liées à des drogues a diminué de plus de 40 %. Par contre, le Canada a enregistré, au cours des 10 dernières années, un grand nombre de décès qu’il aurait pu éviter. Le problème s’est maintenant aggravé et s’est transformé en une véritable crise partout au pays.
Le mois dernier, la Colombie-Britannique a annoncé qu'un nombre record de personnes sont mortes de surdose cette année. La province a enregistré 201 décès en octobre seulement, un nombre record en un mois. Pensons un peu à ces 201 familles qui, en un seul mois et dans une seule province, ont perdu un être cher. C’est une véritable crise.
Selon les chiffres publiés par le service du coroner de la Colombie-Britannique, il y a eu 1 782 décès au cours des 10 premiers mois de 2021 en Colombie-Britannique, soit déjà plus que les 1 765 décès enregistrés en 2020. La coroner en chef de la Colombie-Britannique, Lisa Lapointe, a été directe dans son évaluation de la situation dans la province, qui n’est pas différente de celle des autres provinces. « En deux mots, nous échouons », a-t-elle dit. Six personnes meurent chaque jour en Colombie-Britannique; le statu quo est inacceptable.
C’est pourquoi, reconnaissant la dure réalité de la crise des opioïdes, la Ville de Vancouver, la Colombie-Britannique et maintenant la Ville de Toronto ont demandé au une exemption d’urgence des dispositions de la Loi réglementant certaines drogues et autres substances, qui criminalise la possession personnelle de petites quantités de drogues illicites. Ils demandent que nous reconnaissions que la criminalisation ne fait qu’aggraver les conséquences de la toxicomanie pour les victimes.
Que pensent les libéraux de la décriminalisation des drogues dites « dures », qu’il s’agisse d’une exemption temporaire ou d’une stratégie permanente visant à faire passer notre réponse à la toxicomanie de la pénalisation aux soins de santé? Certains seront peut-être surpris d’apprendre que la décriminalisation constitue la politique officielle du Parti libéral, adoptée il y a plus de trois ans lors de son congrès de 2018 à Halifax. Ils seront peut-être encore plus surpris d’apprendre qu’il avait été conseillé au gouvernement de décriminaliser la possession personnelle de drogues avant les dernières élections.
La ministre de la Santé précédente avait nommé une commission d’experts chargés de présenter des conseils sur les politiques en matière de drogues bien avant les élections. Don MacPherson, directeur général de la Coalition canadienne des politiques sur les drogues à l’Université Simon Fraser, faisait partie de ce groupe de travail qui a tout simplement conclu qu’il était insensé de saisir la drogue des gens et de les accuser de possession simple.
Dans une entrevue à la radio de CBC, M. MacPherson a dit: « Des tonnes de preuves établissent que ce n’est pas la chose à faire. C’est une mesure inutile qui nuit aux gens et ne procure vraiment aucun avantage. » Il a poursuivi en disant: « Le groupe de travail est donc arrivé assez rapidement à la conclusion que le gouvernement fédéral devrait immédiatement commencer à élaborer un plan visant à décriminaliser la possession simple de drogues dans tous les cas. »
Le groupe de travail a présenté ce rapport avant les élections et a fait un suivi auprès du nouveau et de la nouvelle , mais M. MacPherson signale qu’il n’a pas encore eu de réponse.
Depuis notre retour au Parlement le mois dernier, les députés ont exprimé des préoccupations croissantes au sujet de la crise des opioïdes. Le chef du Nouveau Parti démocratique et député de a demandé à maintes reprises au gouvernement de s’engager à procéder rapidement à la décriminalisation. Cet appel est venu de tous les partis et de toutes les régions du pays, urbaines et rurales.
En août dernier, pendant la campagne électorale, même le chef conservateur a joint sa voix à celles de ceux qui réclamaient que l’on passe de la pénalisation au traitement pour répondre à la crise des opioïdes, mais il n’est pas allé jusqu’à recommander la décriminalisation.
La semaine dernière, le nouveau député de la circonscription de , qui était auparavant le médecin hygiéniste des Territoires avant de se présenter comme candidat du Parti libéral, a pris la parole à la Chambre des communes pour reconnaître que le Yukon a le plus haut taux de décès liés aux opioïdes au pays. Le nouveau député vert et député de a aussi lu une déclaration émouvante à la Chambre sur le fléau des décès causés par les opioïdes dans sa collectivité.
En effet, lorsque le nouveau Cabinet a été nommé, nous avons vu l’arrivée de la première . Bon nombre d’entre nous ont considéré cela comme un encouragement et une reconnaissance de l’urgence et de la gravité de la crise des opioïdes.
Par conséquent, puisque nous connaissons la gravité du problème et les solutions, il incombe assurément à tous les députés d’agir. Où est donc le plan d'action à cet égard? Pas dans le projet de loi .
Malheureusement, en ce qui concerne les trois demandes de décriminalisation d’urgence de Vancouver, de la Colombie‑Britannique et de Toronto, rien n’indique que les choses avancent rapidement. Sous le leadership du maire Kennedy Stewart, un ancien député fédéral, Vancouver a présenté sa demande préliminaire d’exemption le 3 mars et sa demande finale, le 1er juin. La demande de la Colombie‑Britannique a été présentée le 1er novembre et celle de Toronto, le 1er décembre. Ce n’est pas comme si le gouvernement avait été pris par surprise par ces demandes. Pourtant la se serait contentée de dire: « Nous étudions ces propositions très, très sérieusement. »
En même temps, la a refusé de fixer un délai pour la prise d’une décision sur ces demandes. Au lieu de cela, elle s’est lancée dans une argumentation selon laquelle la décriminalisation ne résoudrait pas à elle seule la crise des opioïdes, comme si quiconque avait déjà pensé que la décriminalisation était une solution aux dépendances plutôt qu’une importante mesure de réduction des méfaits.
La ministre a dit qu’il y a d’autres options à l’étude, comme la constitution d’un approvisionnement sécuritaire en opioïdes pour offrir aux utilisateurs de drogues injectables une solution de rechange au fentanyl de plus en plus toxique que l’on trouve aujourd’hui dans les rues. Elle a indiqué que le gouvernement fédéral envisageait également de mettre sur pied plus de centres d’injection supervisée et d’élargir son offre de services de consultation. Oui, tout cela est bien beau, mais on n’a pas besoin d’attendre la décriminalisation pour proposer un train de mesures plus complet.
Chose particulièrement décevante, en entrevue, la a qualifié ces idées d’« innovatrices ». Elle devrait savoir qu’il ne s’agit pas d’idées nouvelles, mais plutôt des stratégies éprouvées de réduction des méfaits dont l’efficacité ne se dément pas.
À propos des demandes de décriminalisation temporaire, la ministre de la Santé mentale et des Dépendances de la Colombie‑Britannique, Sheila Malcolmson, qui a aussi déjà siégé ici, a dit aux journalistes la semaine dernière que le personnel de Santé Canada n’avait pas relevé d’obstacles au traitement et à l’approbation rapides de la demande de décriminalisation de la Colombie‑Britannique.
Où en sommes-nous? D’une part, nous ne voyons pas de véritable sentiment d’urgence pour les demandes d’exemption à court terme, et d’autre part, cela nous laisse avec le projet de loi , qui ne reflète rien de cette urgence nécessaire pour passer à la décriminalisation permanente et complète de la possession personnelle de drogues. La portée étroite du projet de loi C‑5, dans sa forme actuelle, signifie certainement que, pour des raisons techniques, nous ne pouvons probablement pas envisager la décriminalisation par des amendements à l’étape de l’étude en comité.
Cela m’amène à me demander quelle est la portée réelle du projet de loi . Il semble que, dans l’esprit du gouvernement, ce projet de loi doit cibler principalement le racisme systémique dans notre système de justice. Si tel est l’objectif du projet de loi, y trouve-t-on suffisamment de points à appuyer?
Il est clair que l’élimination des peines minimales obligatoires pour les infractions liées aux drogues serait un pas dans la bonne direction. Il vaudrait encore mieux de supprimer les peines minimales obligatoires sauf pour les crimes violents les plus graves. Or, ce n’est pas là, pas dans le projet de loi C‑5. La frustration qui naît de l’inefficacité des peines minimales obligatoires est allée jusqu’à ce qu’une juge de la cour provinciale, à Campbell River, la semaine dernière, substitue la probation à une peine d’emprisonnement obligatoire pour une femme déclarée coupable de trafic de fentanyl pour financer sa propre dépendance. La juge ne voyait aucun impact positif d’une peine d’emprisonnement dans cette affaire.
Non seulement le projet de loi ne tient pas compte de cas comme celui de Campbell River, mais il ne renferme pas d’autres éléments susceptibles d’aider à réparer les torts causés par le racisme systémique dans le système de justice. Ne nous leurrons pas sur la gravité du problème.
L’enquêteur correctionnel, Ivan Zinger, a signalé en 2020 que les Autochtones, qui représentent 4,9 % de la population totale du Canada, formaient pourtant plus de 30 % de la population carcérale. Selon le dernier recensement, environ 3,5 % des Canadiens étaient des Noirs, et ceux-ci représentaient plus de 7 % des détenus.
Les chiffres sont encore plus frappants pour les femmes autochtones et racialisées. Selon M. Zinger, les femmes noires formaient un peu plus de 9 %, et les femmes autochtones 42 %, de la population carcérale féminine. Tel est le résultat des peines minimales obligatoires.
L’injustice ne se limite pas à l’incarcération; elle se poursuit avec les conséquences induites par le fait d’avoir un casier judiciaire. Non seulement les Canadiens autochtones et racialisés sont visés de manière disproportionnée par les enquêtes, les poursuites judiciaires, la judiciarisation, les amendes et l’emprisonnement; mais les plus marginalisés se retrouvent avec un casier judiciaire qui rend la tâche de trouver un travail quasiment impossible, et qui limite souvent la possibilité d’accéder à un logement abordable. Le projet de loi ne comporte aucune disposition concernant la suppression automatique du casier judiciaire pour possession de drogues; une mesure que le NPD réclame pourtant depuis plus de deux ans.
La suppression automatique est indubitablement nécessaire après l’échec du programme du gouvernement sur le pardon accéléré pour les personnes condamnées pour possession de marijuana. En deux ans, ce programme n’a permis d’accorder des pardons qu’à 500 personnes sur les 10 000 jugées admissibles. Il faut trouver une meilleure solution, et la suppression automatique de ces casiers est ce dont nous avons besoin.
Une fois de plus, la portée réduite du projet de loi signifie que, pour des raisons techniques, nous ne pourrons probablement pas ajouter ces éléments dont nous avons vraiment besoin pour lutter contre l’injustice raciale dans ce projet de loi. Nous ne pouvons certainement pas ajouter la suppression du casier judiciaire. Il est aussi probable que nous ne pourrons même pas ajouter à la liste des exclusions des infractions pour lesquelles des peines minimales obligatoires sont actuellement prévues.
Par conséquent, j’ai une question pour le gouvernement, une question que j'avais déjà soulevée avant qu’on nous précipite dans ce débat. N’y aurait-il pas moyen d’améliorer ce projet de loi pour qu’il réponde aussi à l’injustice raciale et à la crise des opioïdes?
Les néo-démocrates sont prêts à discuter du sujet, mais il faudra probablement le faire avant la fin du débat à l'étape de la deuxième lecture. Je propose une option dès maintenant pour mettre le processus en branle, et je dois souligner le travail de la Commission de vérité et réconciliation, qui a formulé la recommandation suivante dans l'appel à l'action no 32 il y a plus de six ans. On peut y lire ceci:
Nous demandons au gouvernement fédéral de modifier le Code criminel afin de permettre aux juges de première instance, avec motifs à l’appui, de déroger à l’imposition des peines minimales obligatoires de même qu’aux restrictions concernant le recours aux peines d’emprisonnement avec sursis.
Cette proposition permettrait aux juges de faire fi des peines minimales obligatoires lorsqu'il existe de bonnes raisons de le faire, notamment le fait que les peines minimales obligatoires sont souvent injustes. Cet appel à l'action, qui vise à redonner aux juges le pouvoir discrétionnaire de déterminer les peines des personnes ayant commis des infractions pour lesquelles des peines minimales obligatoires sont prévues, est clairement réalisable, mais il ne figure pas dans le projet de loi .
Le projet de loi propose un moyen d'inscrire cet appel à l'action dans la loi. Encore une fois, il est probablement impossible d'ajouter le rétablissement du pouvoir discrétionnaire des juges en matière de peines minimales obligatoires au projet de loi en comité, car cette idée dépasse largement la portée du projet de loi existant.
Ce que je demande au gouvernement, c'est d'envisager le recours à un processus relativement rare, soit celui de renvoyer le projet de loi au comité avant le vote à l'étape de la deuxième lecture. Ainsi, le Comité permanent de la justice et des droits de la personne pourrait modifier la portée du projet de loi C‑5 et y ajouter les dispositions manquantes, comme l'appel à l'action no 32 de la Commission de vérité et réconciliation ainsi que la suppression du casier judiciaire. Cela donnerait du mordant au projet de loi.
Renvoyer le projet de loi au comité avant de tenir le vote à l'étape de la deuxième lecture nécessite une motion du , et celui-ci aura l'occasion d'en présenter une plus tard aujourd'hui lorsqu'il prendra la parole.
Je conclurai en offrant au gouvernement de collaborer avec nous sur le projet de loi . Je réitère l'offre faite par les néo-démocrates quand le projet de loi a été présenté pour la première fois lors de la dernière législature. Je fais cette offre en soulignant les progrès que nous avons réussi à réaliser pour certaines mesures législatives, comme les projets de loi et C‑5 lors de la dernière législature, où nous avons réussi à collaborer pour atteindre des objectifs communs.
Si le gouvernement estime que renvoyer le projet de loi au comité avant le vote à l'étape de la deuxième lecture n'est pas la voie à suivre, alors collaborons pour trouver d'autres façons de renforcer le projet de loi.
Suis‑je optimiste quant aux chances que le projet de loi soit adopté? Le gouvernement peut‑il réellement convaincre les néo-démocrates que le projet de loi C‑5, dans sa forme actuelle, contient suffisamment de dispositions pour justifier une adoption rapide ou même une adoption tout court? Je le répète, j'ai de bonnes idées quant à la façon dont nous pouvons y arriver.
Je sais que les autres partis ont des réserves à propos de certaines dispositions du projet de loi, mais je sais aussi que personne à la Chambre n'ignore le racisme systémique qui existe dans le système de justice ni ses répercussions sur les Canadiens racialisés et autochtones. De même, je sais que personne à la Chambre ne veut fermer les yeux sur les souffrances que subissent les familles à cause de la crise des opioïdes.
Je sais également que nous n'aurons pas trop d'occasions, sous ce gouvernement minoritaire, de combattre le racisme systémique dans l'appareil judiciaire et que nous n'aurons pas beaucoup, voire pas du tout, d'autres occasions de sitôt de réagir efficacement à la crise des opioïdes. Ne gâchons pas l'occasion que nous offre maintenant le projet de loi pour aborder l'un ou l'autre de ces enjeux, voire les deux...
:
Madame la Présidente, je partagerai mon temps de parole avec le député de .
Je prends la parole à la Chambre en tant que député de Whitby, mais j’ai grandi dans la région de Peel. Mon père a été détective aux homicides pendant une bonne partie de mon enfance, et il a ensuite travaillé à la Commission nationale des libérations conditionnelles. Pour ce qui est de mon parcours, je dirai que mon père a passé la plus grande partie de sa carrière à attraper des personnes qui commettaient des crimes dans notre collectivité et à s’assurer qu’elles étaient reconnues coupables de ces crimes. Il a ensuite consacré la deuxième moitié de sa carrière à la réinsertion sociale de délinquants. De plus, j’ai travaillé pendant sept ans dans une maison de transition locale à Brampton, ce qui me donne assurément un point de vue unique sur le projet de loi dont nous sommes saisis aujourd’hui.
Je suis heureux de prendre la parole au sujet du projet de loi , Loi modifiant le Code criminel et la Loi réglementant certaines drogues et autres substances. Aujourd’hui, je vais parler de la question des peines minimales obligatoires dans le Code criminel et dans la Loi réglementant certaines drogues et autres substances.
On ne saurait trop insister sur l’importance des dispositions législatives sur la détermination équitable des peines dans le système de justice pénale. En effet, l’emprisonnement est l’une des plus graves intrusions de l’État dans la vie des individus. Par conséquent, il est primordial de mener un examen minutieux des dispositions de la loi sur la détermination des peines afin de s’assurer qu’elles reflètent les valeurs chères aux Canadiens.
Malheureusement, le régime actuel de détermination des peines prévu par le Code criminel et la Loi réglementant certaines drogues et autres substances comporte des incohérences qui ont eu des répercussions disproportionnées sur les Autochtones, les Canadiens noirs et les membres de communautés marginalisées partout au Canada. Le projet de loi propose d’abroger les peines minimales obligatoires qui ont eu l’effet le plus important sur ces collectivités, tout en veillant à ce que les tribunaux puissent continuer d’imposer des peines pour les crimes violents et graves qui correspondent à la gravité de l’infraction et aux préjudices causés.
Lorsqu’il envisage les sanctions qui s’imposent pour un délinquant dans une affaire criminelle, le juge doit trouver un juste équilibre entre les principes de proportionnalité, de parité et de retenue. Le principe de proportionnalité exige que la peine reflète la gravité de l’infraction et le degré de responsabilité du délinquant, tout en tenant compte de certaines des circonstances dans lesquelles le délinquant a commis l’infraction. Le principe de la parité exige que les peines soient semblables à celles imposées à des délinquants semblables dans des circonstances semblables. Le principe le plus important est peut-être celui de la retenue, selon lequel un délinquant ne devrait pas être privé de sa liberté si des sanctions moins restrictives peuvent être appropriées dans les circonstances. L’équilibre à privilégier entre ces principes diffère d’un cas à l’autre et il requiert une évaluation de tous les facteurs pertinents, y compris les caractéristiques individuelles et les expériences de vie de la personne qui comparaît devant le tribunal.
Toutefois, lorsqu’une infraction entraîne une peine minimale obligatoire, celle-ci est prescrite par la loi. Cela enlève un certain pouvoir discrétionnaire aux juges, en ce sens qu’ils ne peuvent pas imposer des peines inférieures au minimum prescrit par la loi, même dans les cas où ils jugent qu’une période d’emprisonnement plus courte ou qu’aucune peine d’emprisonnement serait appropriée, compte tenu des circonstances de l’infraction. J’ajouterai également que la Commission canadienne sur la détermination de la peine a recommandé l’abolition de toutes les peines minimales obligatoires, sauf pour les meurtres, et les Canadiens interrogés ont convenu dans une proportion de 90 % que les juges devraient avoir le pouvoir discrétionnaire de déterminer les peines.
Les partisans des peines minimales obligatoires soutiennent qu’elles garantissent l’uniformité et l’équité des châtiments pour un même crime, mais en réalité, pour certains crimes, elles ne peuvent pas produire de résultats équitables. Il en résulte des répercussions néfastes sur le système de justice en général, et les victimes en souffrent. Les peines minimales obligatoires sont souvent incompatibles avec les directives du Code criminel, selon lesquelles les juges devraient imposer l’emprisonnement avec modération et envisager les autres peines raisonnables dans les circonstances, au lieu de l’emprisonnement. Ils devraient le faire pour tous les délinquants, mais porter une attention particulière à la situation des délinquants autochtones.
Entre 2007 et 2017, les données indiquent que les Autochtones et les Noirs étaient plus susceptibles que les autres Canadiens d’être détenus dans un établissement fédéral pour une infraction assortie d’une peine minimale obligatoire. En fait, la proportion d’adultes autochtones incarcérés pour une infraction assortie d’une peine minimale obligatoire a presque doublé ces années-là. Elle est passée de 14 % à 26 %. De même, en 2018‑2019, les Noirs représentaient 7,2 % de la population carcérale fédérale, mais seulement 3 % de la population canadienne.
Les Autochtones et les Canadiens noirs sont particulièrement surreprésentés parmi les personnes ayant commis des infractions liées aux armes à feu et aux drogues qui sont assorties de peines minimales obligatoires. Plus précisément, les Canadiens noirs représentaient 43 % des personnes condamnées pour importation et exportation de drogues en 2016‑2017, tandis que les Autochtones représentaient 40 % des personnes incarcérées pour une infraction liée à une arme à feu au cours de cette même année. Voici un extrait de l’étude: « Sur la période de dix ans visée par l'étude, les délinquants noirs et ceux appartenant à une autre minorité visible ont été beaucoup plus susceptibles d’être admis après avoir été déclarés coupables d'une infraction passible d'une [peine minimale obligatoire]. »
En réponse à ces données, le projet de loi propose d’abroger les peines minimales obligatoires pour toutes les infractions liées aux drogues dans la Loi réglementant certaines drogues et autres substances, ainsi que pour une infraction liée au tabac et treize infractions liées aux armes à feu dans le Code criminel. Les peines minimales obligatoires continueraient de s’appliquer aux infractions comme le meurtre, l’agression sexuelle et toutes les infractions d’ordre sexuel contre les enfants. Elles continueraient de s’appliquer aussi à certaines infractions impliquant des armes à feu prohibées ou à autorisation restreinte et certaines infractions commises avec une arme à feu et liées au crime organisé.
Bien que les peines minimales obligatoires existent depuis l’entrée en vigueur du Code criminel, elles étaient l'exception plutôt que la règle jusqu’à assez récemment. Depuis les deux dernières décennies, les peines minimales obligatoires sont de plus en plus imposées pour dénoncer des crimes et pour dissuader les contrevenants et les mettre à l’écart de la société. Ce qui est intéressant ici, c’est que les preuves démontrent qu’elles ont l’effet contraire. En fait, les peines minimales obligatoires n’ont aucun effet dissuasif. Avant de perpétrer une infraction, aucun contrevenant ne s’arrête pour réfléchir à la durée de la peine qu’il encourra. Les peines minimales obligatoires ne sont donc pas un moyen de dissuader de futurs criminels. L’un des principes à l’appui de l’imposition des peines minimales obligatoires, c’est qu’elles étaient censées dissuader les gens de commettre des infractions, mais les preuves dont j’ai pris connaissance ainsi que mon expérience personnelle d’intervenant auprès d’anciens contrevenants démontrent que ce n’est pas le cas.
En général, les peines minimales obligatoires sont incroyablement coûteuses et inefficaces, en plus de faire grimper le taux et le nombre d’incarcérations. Les procureurs peuvent brandir la menace des peines minimales obligatoires comme monnaie d’échange. L’imposition de peines plus sévères incite davantage les accusés à aller en procès parce que les enjeux sont plus élevés. Cela signifie que les contrevenants ont moins tendance à plaider coupables; ils préfèrent aller en procès. Ces affaires engorgent le système judiciaire, elles conduisent à des contestations fondées sur la Charte et, en gros, font grimper les frais judiciaires. En outre, l’imposition de peines plus longues et plus sévères entraîne un surpeuplement de nos prisons et une augmentation des coûts d’incarcération.
De plus, le surpeuplement des prisons contribue à la congestion du système de justice pénale, qui requiert une quantité considérable de nos ressources limitées. Ces ressources pourraient être consacrées à la planification de la mise en liberté et de la réinsertion sociale, deux mesures qui réduisent vraiment la récidive. N’oubliez pas que le récidivisme, c’est le taux de récidive des contrevenants qui ont été libérés. Dans bien des cas, ce taux sert à évaluer le succès des mesures mises en place. En fait, l’imposition de peines plus longues augmente le risque de récidive. Les données indiquent que plus les contrevenants purgent de longues peines, plus ils ont tendance à récidiver. Il y a de nombreuses raisons à cela. Le nombre de contrevenants incarcérés est plus élevé, les contrevenants sont davantage stigmatisés lorsqu’ils retrouvent leur liberté et ils ont de la difficulté à se trouver du travail et à se réconcilier avec les membres de leur famille.
Je vais terminer par une expérience personnelle. J’ai travaillé auprès de contrevenants détenus dans des établissements fédéraux pour les aider à réintégrer la société. J’ai fait ce travail pendant près de sept ans au sein de l’organisme caritatif St. Leonard's Place Peel. Les contrevenants bénéficiaient d’une libération d’office assortie de conditions et bon nombre d’entre eux, grâce à un soutien approprié et des programmes de réinsertion sociale efficaces, ne récidivaient pas. Nous avions un taux d’efficacité de 92 % à 96 %. Force est donc de constater que le programme de répression de la criminalité et l’approche utilisée semblent véhiculer une idéologie qui n’est pas fondée sur les faits ni sur la réalité.
J’espère que tous les députés appuieront le projet de loi .
:
Madame la Présidente, je prends la parole pour participer à cet important débat sur le projet de loi . Je le fais aujourd'hui sur le territoire non cédé du peuple algonquin anishinabe, à la Chambre des communes du Canada.
Le projet de loi dont nous débattons aujourd'hui et les modifications au Code criminel du Canada qu'il propose sont essentiels pour cibler le racisme et la discrimination systémiques dans le système de justice pénale. Toutes les personnes qui ont écouté les débats de ce matin savent pertinemment que nous faisons face à un problème très grave. Je parle de la surreprésentation des Noirs et des Autochtones dans le système de justice canadien, en particulier les hommes noirs et autochtones.
Comment en sommes-nous arrivés là? Nous avons préparé un projet de loi, nous l’avons présenté au cours de la dernière législature et nous l’avons présenté de nouveau au cours de la présente législature parce que nous avons réellement écouté les experts que j’ai eu le privilège de consulter au poste de secrétaire parlementaire du ministre de la Justice que j’occupais au cours de la dernière législature. Nous avons également écouté les Canadiens, dont les résidants de ma circonscription, Parkdale—High Park. Nous avons été saisis de certains problèmes qui concernent non seulement les actes individuels de discrimination à l’égard d’une personne ou d’un groupe de personnes en particulier, mais aussi les normes et les règles qui gouvernent nos systèmes et nos institutions. Il n’y a pas de meilleur contexte que le système de justice pénale du Canada pour faire le gros du travail de la lutte contre le racisme systémique.
Nous savons que les Canadiens de toutes les circonscriptions du pays ont été horrifiés par les vidéos de l’arrestation de George Floyd. En parallèle, il se passait aussi des choses ici, au Canada, en ce qui concerne les populations autochtones. Nous pourrions parler de la réaction des forces de l’ordre dans le conflit des pêcheurs micmacs de la côte Est. Nous pourrions parler des agents de la GRC et du recours excessif à la force violente contre des Inuits dans le Grand Nord canadien. Ces images, ces histoires et ces problèmes ont vraiment retenu notre attention ici au pays. C’est la raison pour laquelle nous sommes ici aujourd’hui pour agir et nous mobiliser à ce sujet. Nous sommes ici pour écouter ces voix et agir en conséquence.
Nous avons également consulté les statistiques, et elles sont alarmantes. En 2020, même s’ils ne représentaient que 5 % de la population adulte canadienne, les Autochtones représentaient 30 % des détenus sous responsabilité fédérale. C’est six fois plus et c’est simplement inacceptable. Je crois savoir que les députés d’en face pensent la même chose. Bien que les Noirs ne représentent que 3 % de la population canadienne, en 2018-2019, ils représentaient 7,2 % de la population carcérale sous responsabilité fédérale. C’est plus que le double.
Les gens de ma circonscription, Parkdale—High Park, et les Canadiens de partout au pays m’ont dit que nous devons agir. C’est pourquoi nous prenons des mesures maintenant, particulièrement en ce qui concerne les Noirs, les Autochtones et les autres personnes de couleur. J’ai entendu dire à l’unanimité qu’il fallait agir.
Aujourd’hui, nous sommes saisis d’un projet de loi qui nous permet précisément de passer à l’action dans trois domaines. Avant de donner plus de précisions, j’aimerais souligner deux grands thèmes qui sont à la base des points que je soulève aujourd’hui. Premièrement, nous devons nous attaquer au racisme systémique. Deuxièmement, de ce côté-ci de la Chambre, nous croyons au pouvoir discrétionnaire des juges. Il s’agit d’un principe fondamental, puisqu’il sous-tend ce dont je vais parler.
Premièrement, le projet de loi abrogerait les peines minimales obligatoires ou l’emprisonnement pour certaines infractions, mais pas pour toutes, afin d’atténuer les répercussions disproportionnées qu’ont ces peines sur les délinquants autochtones et noirs ainsi que sur ceux qui sont aux prises avec un problème de toxicomanie, comme l’a souligné la députée de . Deuxièmement, ce projet de loi prévoirait un recours accru aux ordonnances de sursis pour les délinquants passibles d’une peine d’emprisonnement de moins de deux ans qui ne représentent pas une menace pour la sécurité publique. Troisièmement, il s’attaquerait aux problèmes liés aux drogues, aux opioïdes et à la toxicomanie au Canada en obligeant la police et les procureurs à envisager des mesures autres que de déposer des accusations ou de poursuivre les délinquants pour possession simple de drogues en les aiguillant vers des programmes de traitement de la toxicomanie.
Nous avons débattu ce matin ad nauseam de la première catégorie, celle des peines minimales obligatoires, en soulignant les raisons de leur mise en place et leur efficacité. Je préfère me concentrer sur la preuve. Les faits nous ont clairement démontré que, quelle que soit la façon dont on les impose, qui les impose ou depuis combien de temps elles existent, les peines minimales obligatoires n’ont eu pour effet que de nuire de façon disproportionnée aux hommes de couleur en particulier, mais aussi aux femmes autochtones, et ont mené à leur surreprésentation dans notre système de justice pénale.
Nous parlons ici de crimes comme la possession simple de stupéfiants, la possession simple d’une arme à feu ou la première infraction commise avec une arme à feu. Plus souvent qu'autrement, c'est en raison de telles accusations que des personnes de couleur se retrouvent prises dans le système de justice pénale, en raison des peines minimales obligatoires qui leur sont imposées.
Pourquoi est-ce problématique? Parce que cela nuit au pouvoir discrétionnaire des juges. Le député de en a parlé. Il a parlé de l’expérience de sa famille, notamment de celle de son père. Il a expliqué ce que nous devons faire pour éviter de lancer les délinquants dans un parcours négatif pour le reste de leur vie. Ne poussons pas ces gens dans un cercle vicieux, dans lequel ils multiplient les incarcérations et ils s’habituent à vivre du crime derrière les barreaux.
Pour ce faire, nous devons offrir d’autres options. L’une d’elles consiste à donner aux juges les outils qu’il leur faut pour imposer aux délinquants les peines qui conviennent à leur situation. Soit dit en passant, ceci est à la base des évaluations de l'incidence de la race et de la culture, que nous finançons également. Nous voulons être en mesure d’examiner de près les accusés pour comprendre les circonstances dans lesquelles ils se trouvent. Nous devons déterminer ce qui les a amenés dans cette situation et veiller à ce qu’ils ne comparaissent pas à nouveau devant un tribunal six mois ou six ans plus tard pour avoir récidivé.
Nous voulons les sortir d'un cycle de criminalité possible afin qu’ils mènent une vie productive et apportent leur contribution à la collectivité. En liant les mains des juges, c'est exactement le contraire qui s'est produit. Cette restriction générale va à l’encontre des objectifs de la méthode d’ordre public préconisée par nos collègues de l’opposition officielle. Elle ne fait qu’accroître la criminalité au lieu de la réduire. Voilà pourquoi nous nous y opposons.
Deuxièmement, les magistrats se sont prononcés ouvertement contre ce genre de sanctions. D'après de nombreuses décisions rendues par des tribunaux aussi élevés que la Cour suprême du Canada, ces sanctions sont inconstitutionnelles. Elles enfreignent la Charte des droits et libertés. Voilà pourquoi nous intervenons. La Charte des droits et libertés est importante pour nous, et nous tenons à la respecter, surtout quand la magistrature nous exhorte à le faire.
Les conséquences de ces sanctions sont innombrables. Elles se sont aggravées au fil du temps. Nous savons qu’en 1999, les Autochtones représentaient environ 2 % de la population adulte, mais 17 % des détenus incarcérés dans des pénitenciers fédéraux. En 2020, après l’ajout d’une série de peines minimales obligatoires au Code criminel par le gouvernement conservateur précédent, 30 % de la population carcérale fédérale était autochtone. Cette tendance va dans la mauvaise direction, et nous devons la corriger.
Je ne veux pas que ce projet de loi soit mal compris. Les Canadiens nous regardent. Je sais que nos mères et nos pères ne sont pas les seuls à nous regarder en plein milieu de la journée. Il y a d’autres personnes qui regardent la Chambre des communes au même moment. Il faut que ces gens sachent que nous ne proposons pas d’éliminer les peines minimales obligatoires pour les crimes graves. Nous ne parlons pas ici des infractions commises avec des armes à feu ainsi que du trafic, de la contrebande, des voies de fait commises avec violence et des meurtres en série. Nous ciblons les auteurs d’une première infraction mineure. Ce sont eux que nous ne voulons pas pousser dans la criminalité.
Il y a un autre problème grave à régler, celui des ordonnances de sursis. Je parle ici de la bonne vieille notion de détention à domicile. J’en reviens ainsi à ce dont je parlais au début de mon allocution. Pour que les gens ne sombrent pas dans la criminalité et qu’ils n’aient pas de démêlés continuels avec le système de justice pénale, il faut veiller à ce qu’ils ne soient pas incarcérés dès leur première infraction.
Au contraire, s’ils ne menacent pas la sécurité du public et qu’ils ne sont pas susceptibles de récidiver, nous leur imposerions alors une ordonnance de sursis. Cela leur permettrait de purger leur peine sans être incarcérés, mais sous réserve de certaines restrictions. C'est un point essentiel, car il faut veiller à ce qu'une sanction soit appliquée. Toutefois, en ne les mettant pas derrière les barreaux, nous ne les exposerons pas à la criminalité.
Nous avons vu le gouvernement conservateur précédent éroder les ordonnances de sursis mises en vigueur par Allan Rock, qui était ministre de la Justice il y a 26 ans. Nous essayons de revenir au point de départ.
Enfin, je vais parler des mesures de déjudiciarisation pour les infractions liées à la drogue. Elles sont cruciales. La raison en est simple: nous écoutons les témoignages venant des villes de Toronto et de Vancouver. Nous écoutons les chefs de police canadiens qui préconisent ce genre de déjudiciarisation et nous écoutons la directrice des poursuites pénales. Tous affirment que l’absence de mesures de déjudiciarisation engorge le système et l’empêche de s’attaquer à la véritable cause du comportement criminel.
Ces initiatives sont importantes et cette mesure législative comporte trois volets. J’espère que tous mes collègues appuieront cet important projet de loi.
:
Madame la Présidente, j'aimerais d'abord remercier les formidables gens de Medicine Hat—Cardston—Warner de m'avoir fait confiance pour une troisième fois. C'est véritablement un honneur et un privilège de les servir en tant que député.
Je remercie mon équipe principale de campagne, dont notre président, Ryan Thorburn, les coordonnateurs des bénévoles, les directeurs de bureau, les responsables de la sensibilisation à la participation citoyenne, les personnes qui nous encouragent constamment ainsi que, essentiellement, les véritables patronnes de la campagne, Sharlyn Wagner et Margo Dick. Je remercie notre technicien informatique, Dean Grey, mon agent et génie de la finance, Dave Camphor, le responsable de la logistique en matière d'imprimés et de planification, Tim Seitz, la responsable du bien-être des bénévoles et organisatrice d'événements, Val Seitz, les responsables de tout ce qui a trait aux affiches, Alex Dumanowski et Gary Proctor. Je remercie énormément toutes ces personnes de leur dévouement et de leur bon travail. Elles ont su prouver ce qu'il est possible d'accomplir quand on travaille en équipe. Je leur serai à jamais redevable.
Je remercie les nombreux bénévoles qui ont fait du porte-à-porte, installé des affiches, aidé au bureau et se sont portés volontaires pour le dépouillement le jour du scrutin. Rien de tout cela n'aurait été possible sans eux, et je les remercie sincèrement.
Parlons maintenant du projet de loi qui, soit dit en passant, est le même que le projet de loi qui avait été présenté à la législature précédente avant que le déclenche des élections surprises par vanité.
Les libéraux veulent faire croire aux Canadiens que le projet de loi a simplement pour objet de réduire les peines minimales pour les infractions en matière de possession simple, mais ce n'est pas le cas. La plupart des Canadiens seraient horrifiés d'apprendre que le projet de loi des libéraux, le projet de loi C‑5, a pour objet d'éliminer les peines d'emprisonnement obligatoires pour des crimes qui affectent des collectivités entières et ciblent les plus vulnérables.
Le projet de loi prévoit l'élimination des peines d'emprisonnement obligatoires non pas pour des délits mineurs, mais pour des infractions comme le trafic de drogue et des actes de violence. Il permettrait même à des criminels violents de purger leur peine en détention à domicile plutôt que dans une prison, ce qui mettrait les collectivités canadiennes en danger.
Au cours des six dernières années, les mesures législatives adoptées par les libéraux concernant le système de justice pénale étaient à peu près toutes déconnectées de la réalité vécue par la plupart des Canadiens, en particulier ceux qui ont été touchés par la criminalité. Les statistiques montrent une montée de la criminalité partout au Canada, une augmentation de la violence et des fusillades liées aux gangs, une recrudescence des activités du crime organisé, ainsi qu'une augmentation du trafic de drogue, de la consommation de drogue et des surdoses.
Dans les prochaines minutes, je vais aborder plusieurs des éléments principaux du projet de loi , soit l'élimination des peines d'emprisonnement obligatoires pour les infractions concernant les armes à feu, l'élimination des peines d'emprisonnement obligatoires pour les trafiquants de drogue, l'élargissement de l'utilisation des peines avec sursis et les mesures de déjudiciarisation pour les cas de possession simple.
J'essaie d'examiner ce projet de loi du point de vue d'un ancien agent de police ayant 35 ans d'expérience et d'un député qui représente les électeurs de sa circonscription et leurs voix. Parlons tout d'abord de l'élimination des peines d'emprisonnement obligatoires pour les infractions commises avec une arme à feu.
Ce qui contraste avec les belles paroles des libéraux qui disent sévir contre la violence commise avec une arme à feu, et dont ils abreuvent les Canadiens, c'est toute l'hypocrisie du projet de loi , dans lequel ils proposent d'éliminer plusieurs peines minimales obligatoires pour des crimes commis avec une arme à feu, y compris des crimes graves comme les vols commis avec arme à feu, l'extorsion commise avec une arme à feu, l'usage d'une arme à feu lors de la perpétration d'une infraction, la décharge d'une arme à feu avec une intention particulière — soit les termes utilisés dans le Code criminel pour dire « tirer sur quelqu'un » —, la possession illégale d'une arme prohibée ou à autorisation restreinte, l'importation ou l'exportation d'une arme à feu non autorisée, la décharge d'une arme à feu avec insouciance, et d'autres infractions comme le trafic d'armes, l'importation ou l'exportation d'une arme en sachant qu'elle est prohibée, la possession d'une arme prohibée ou à autorisation restreinte avec des munitions, la possession d'une arme obtenue par la perpétration d'une infraction au Canada, et la possession en vue de faire le trafic d'armes.
À quoi tout cela rime-t-il au juste? Parce que les libéraux croient que les lois actuelles sont injustes, ils veulent éliminer les peines d'emprisonnement obligatoires pour les criminels qui commettent des crimes comme les vols avec une arme à feu, la décharge d'une arme à feu depuis un véhicule et la possession illégale d'une arme à feu. Il est maintenant plus clair que jamais que les libéraux cherchent plus à protéger les criminels qu'à protéger nos communautés. Si on pense que la situation est grave à l'heure actuelle, attendons de voir ce qui va se passer lorsque ce projet de loi entrera en vigueur, s'il est adopté dans sa forme actuelle. Je crains que le pire reste à venir.
Examinons la deuxième partie du projet de loi, qui vise à éliminer les peines d'emprisonnement obligatoire pour les trafiquants de drogues. À un moment où le Canada est frappé par une douloureuse crise de toxicomanie et de décès par surdose, les libéraux proposent d'éliminer les peines d'emprisonnement obligatoires pour plusieurs infractions prévues dans la Loi réglementant certaines drogues et autres substances qui ciblent expressément les trafiquants de drogues. Je pense à des infractions comme le trafic ou la possession à des fins de trafic; l’importation et l’exportation ou la possession à des fins d'importation ou d’exportation; et la production d’une substance inscrite à l’annexe I ou à l'annexe II, qui sont des drogues comme le fentanyl, la méthamphétamine en cristaux, l'héroïne et la cocaïne, les mêmes drogues qui font des ravages dans nos collectivités. En quoi est-ce logique?
Les libéraux tentent de présenter les choses à leur avantage en disant que le projet de loi aidera ceux qui souffrent de toxicomanie. Franchement. Les Canadiens ne sont pas naïfs ou stupides à ce point-là. Ils savent que les libéraux omettent sciemment de dire que les peines minimales obligatoires qu'ils éliminent visent les trafiquants de drogues qui s'en prennent expressément aux toxicomanes. Ce n'est pas la solution. Le projet de loi ne ferait qu'empirer les problèmes actuels.
Le prochain élément du projet de loi que je souhaite examiner est le recours accru aux ordonnances de sursis, comme la détention à domicile, pour un nombre considérable d'infractions graves pour lesquelles le contrevenant est passible d'une peine d'emprisonnement de moins de deux ans. Ces infractions comprennent maintenant l'agression sexuelle; l'enlèvement; le harcèlement criminel; la traite de personnes; l'enlèvement d'une personne âgée de moins de 14 ans; les voies de fait causant des lésions corporelles ou les voies de fait armées; l'infliction de lésions corporelles à un agent de la paix ou l'agression armée contre un agent de la paix; le trafic ou l'exportation de drogues visées à l'annexe 3, comme le LSD et la psilocybine. Bon nombre d'autres infractions sont également visées, notamment le bris de prison; le vol d'un véhicule à moteur; le vol de plus de 5 000 $; l'introduction par effraction dans un endroit autre qu'une maison d'habitation; la présence illégale dans une maison d'habitation; et l'incendie criminel dans une intention frauduleuse entraînant des lésions corporelles, et la négligence criminelle.
Bref, le recours accru aux ordonnances de sursis signifie que les criminels qui font des victimes dans la collectivité pourront dorénavant purger leur peine à la maison, souvent dans le même quartier que leur victime. Je répète que cette décision met de toute évidence les collectivités en danger. Depuis des années, on entend dire que le gouvernement libéral essaie de vider les prisons, d'accélérer les libérations conditionnelles et de réduire les peines. Ces rumeurs semblent maintenant se concrétiser. Je me demande comment les ordonnances de sursis dissuaderont les criminels qui sévissent dans nos collectivités.
J'aimerais également aborder brièvement un autre aspect du projet de loi , à savoir les mesures de déjudiciarisation pour la possession simple de drogues. Encore une fois, les libéraux essaient de nous dire — et demandent aux Canadiens de croire — que l'article sur la déjudiciarisation du projet de loi C‑5 donne soudainement à la police et aux procureurs la possibilité d'utiliser leur pouvoir discrétionnaire pour déterminer, dans le cas d'une possession simple, s'il faut porter des accusations, donner un avertissement ou diriger le contrevenant vers des programmes de soutien. Or, au risque de surprendre les libéraux, cela a toujours été le cas.
C'est ce que font les policiers. Depuis des décennies, ils utilisent leur pouvoir discrétionnaire pour établir s'il y a lieu ou non de porter des accusations contre une personne trouvée en possession de drogues. En fait, le Service des poursuites pénales du Canada a déjà émis une directive à l'intention des procureurs pour qu'ils évitent d'intenter des poursuites pour possession simple, sauf dans les cas où une telle situation susciterait des préoccupations majeures sur le plan de la sécurité publique. Oui, je l'admets, le projet de loi C‑5 codifie maintenant cette approche, mais il est peu probable que cela ait une quelconque incidence, puisqu'en ce qui concerne la possession simple, c'est déjà la pratique.
Le projet de loi à l'étude ne tient pas compte du nombre croissant de crimes commis dans les collectivités du pays. Il ne tient pas compte des besoins des victimes et des communautés aux prises avec la violence liée aux gangs. Il ne tient pas compte des forces de l'ordre de partout au pays, qui font état d'un nombre croissant de crimes et de crimes violents, sans oublier les fusillades faites par les gangs. Le projet de loi ne tient pas compte de l'épidémie d'opioïdes que connaît le pays. La criminalité est en hausse constante depuis l'arrivée des libéraux au pouvoir, un contraste après deux décennies de baisse. Le gouvernement actuel détient la palme du pire gouvernement des 20 dernières années en ce qui concerne la sécurité des Canadiens.
Selon Statistique Canada, l'indice de gravité de la criminalité a grimpé entre 2015 et 2019; il est passé de 66,9 à 79,5, soit une augmentation de 25 %. Quant à l'indice des crimes avec violence, il est passé de 70,7 en 2014 à 89,7 en 2019, ce qui correspond aussi à une hausse de 25 % au cours des cinq dernières années.
Statistique Canada rapporte également que le taux de criminalité en milieu rural augmente à un rythme 23 % supérieur au taux de criminalité en milieu urbain.
Les statistiques du Service de police de Toronto comptent parmi les meilleures données publiques sur les réalités de cette ville. Le nombre de fusillades, d'homicides et de blessures par arme à feu a augmenté chaque année depuis l'arrivée au pouvoir des libéraux, il y a six ans. Penchons-nous sur les données de 2014 pour Toronto, soit avant que les libéraux forment le gouvernement, afin d'établir un point de comparaison. En 2014, il y a eu 177 fusillades à Toronto seulement, qui ont fait 103 morts ou blessés. Ces chiffres sont inacceptables, mais ils sont peu de chose en comparaison de ceux des années suivantes. En 2016, il y a eu 393 fusillades à Toronto, qui ont fait 183 morts ou blessés. En 2017, il y a eu 367 fusillades, où 180 personnes ont été tuées ou blessées. En 2018, Toronto a été encore une fois le théâtre de 393 fusillades, lors desquelles 208 personnes ont été tuées ou blessées. En 2019, ces chiffres ont grimpé à 492 fusillades, où 284 personnes ont été tuées ou blessées. En 2020, il y a eu 462 fusillades, et 217 personnes ont été tuées ou blessées. Jusqu'à présent en 2021, on constate la même tendance, à un rythme tout aussi inacceptable: plus de 380 fusillades, et 198 personnes tuées ou blessées.
Je suis sûr que les Canadiens se demandent comment ce projet de loi réduira les fusillades et les décès, ne serait‑ce que le décès d'une seule personne. Qu'est‑ce que la suppression des peines minimales obligatoires pour les infractions liées aux armes à feu, comme celles que j'ai mentionnées, fera pour nos collectivités? Des collectivités plus sécuritaires devraient être le point de mire du gouvernement, mais ce n'est malheureusement pas le cas.
Depuis 2016, près de 30 000 Canadiens sont morts de dépendance et de surdose liées aux opioïdes. Pourquoi la première mesure prise par le gouvernement libéral est‑elle de réduire les peines pour le trafic de drogues? En quoi cela aide‑t‑il les dizaines de milliers de personnes qui sont aux prises avec des problèmes de consommation et dont la dépendance est alimentée par les mêmes trafiquants de drogue qui s'en prennent aux personnes vulnérables que ce projet de loi est censé protéger? La priorité du Parlement devrait être de s'attaquer à ces trafiquants de drogue.
Les Canadiens ne se sentent pas en sécurité, et il n'y a rien dans ce projet de loi qui les aidera à être plus en sécurité dans leurs foyers et au sein de leurs collectivités. En 2020, un sondage Angus Reid a révélé que 48 % des Canadiens avaient l'impression que la criminalité s'aggravait. Les Canadiens en ont assez, à juste titre, d'avoir peur dans leur propre quartier et chez eux. La priorité absolue de tout gouvernement devrait être la protection de sa population. Ce projet de loi ne fait rien pour répondre aux menaces qui pèsent sur les Canadiens. Il ne fait que protéger les criminels en leur évitant d'être tenus responsables des crimes qu'ils commettent.
Le projet de loi montre à quel point le gouvernement libéral est déconnecté des besoins et des préoccupations des Canadiens ordinaires. Un juriste a récemment fait valoir que, lorsqu'une mesure législative est proposée, nous devrions nous demander quels sont les problèmes que nous tentons de régler et si la mesure répond à cet objectif. C'est le genre de question que nous devrions nous poser à la Chambre chaque fois que le Code criminel ou un texte de loi semblable est utilisé pour tenter de régler des problèmes de politique. Après avoir examiné le projet de loi , je peux affirmer qu'il pourrait empirer les problèmes auxquels nous faisons face au pays au lieu de contribuer à les régler. Il ne fait rien pour améliorer la sécurité publique.
Soyons clairs. Le problème que le gouvernement devrait tenter de régler, c'est celui de la violence commise par des gangs et des criminels avec des armes à feu illégales, qui sont surtout des armes de contrebande et qui sont utilisées pour tuer aux quatre coins du Canada. Il devrait essayer de régler les problèmes de toxicomanie et de décès par surdose qui affligent les collectivités de partout au pays, et non servir les intérêts des personnes qui contribuent à l'épidémie. Il devrait tenir les criminels responsables de leurs crimes violents et du trafic de drogue, et il devrait se concentrer sur la réadaptation, et non sur un système qui favorise la récidive. Cependant, la solution des libéraux à ces problèmes est une approche paresseuse et malavisée, qui prend soin des criminels, ne fait aucun cas des victimes et ne protège pas les Canadiens.