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Merci, monsieur le Président.
Aujourd'hui, nous accueillons au Parlement du Canada le 46e président des États-Unis d'Amérique, le président Joseph R. Biden Jr.
Monsieur le président, vous êtes un véritable ami du Canada, et c'est plus important que jamais en ce moment crucial. Nous traversons sans aucun doute une période difficile. À l'heure où les conséquences du réchauffement de la planète s'ajoutent aux séquelles d'une pandémie mondiale, où une guerre injustifiable en Europe choque la conscience du monde et révèle la vulnérabilité des marchés de l'énergie et des chaînes d'approvisionnement, où les familles subissent les pressions inflationnistes et la crise de l'abordabilité, où les gens s'inquiètent pour leur avenir et celui de leurs enfants un peu partout dans le monde, en cette heure, monsieur le président, nos deux pays sont unis comme il se doit pour trouver des solutions ensemble.
[Français]
Nous allons continuer de travailler ensemble pour créer des emplois, bâtir des économies et des sociétés plus saines et plus durables. L'économie, l'environnement et la sécurité sont interreliés et cela n'a jamais été aussi clair.
[Traduction]
Il n'a jamais été aussi clair que tout est interrelié: les politiques en matière d'économie, de climat et de sécurité vont de pair. Nos concitoyens ont besoin que nous réfléchissions de manière stratégique et que nous agissions sans délai, et c'est exactement pour cela que nous sommes réunis aujourd'hui.
Monsieur le président, tout au long de leur histoire, le Canada et les États‑Unis, comme amis et comme alliés, ont traversé ensemble bien des tempêtes: des pandémies, des récessions, des guerres. Ici même à la Chambre des communes, en septembre 1939, les députés ont débattu de la possibilité de partir en guerre. Quelques années plus tard, les soldats canadiens et américains se battaient contre le fascisme, côte à côte. Et ils sont aujourd'hui enterrés dans des cimetières militaires aux quatre coins du monde, côte à côte.
La guerre a de nouveau éclaté en Europe. Comme vous le savez très bien, monsieur le président, le Canada continuera d'appuyer l'Ukraine indéfectiblement, coûte que coûte. Nos deux pays sont des partenaires sur lesquels l'Ukraine et le monde entier peuvent compter. Depuis que Vladimir Poutine a lancé son invasion brutale, le Canada, à l'instar des États‑Unis, a fourni à l'Ukraine un important soutien militaire — dans notre cas, des pièces d'artillerie, des munitions, des véhicules blindés et des chars d'assaut. Depuis 2015, dans le cadre de l'opération Unifier, les Forces armées canadiennes ont entraîné quelque 35 000 valeureux militaires ukrainiens, et cette mission se poursuit.
De concert avec leurs partenaires et alliés, nos deux pays ont imposé des sanctions et des mesures économiques punitives pour continuer de vider le trésor de guerre du Kremlin. Après un printemps terrifiant, un été et un automne violents et un hiver épuisant, l'Ukraine est toujours debout.
[Français]
Il y a un an, notre ami le président Zelensky s'est adressé à la Chambre pour nous remercier de l'avoir soutenu dès le début. Aujourd'hui, ensemble, nous réitérons notre message pour le président Zelensky et pour les Ukrainiens: nous restons à vos côtés.
C'est en défendant les démocraties et l'ordre international fondé sur des règles que nous allons assurer la sécurité des Canadiens et des Américains. Vladimir Poutine a sous-estimé la détermination de l'Europe et des alliés de l'OTAN. Il a sous-estimé la force et le courage des Ukrainiens et leur volonté de défendre leur langue, leur culture, leur patrie.
[Traduction]
Monsieur le président, je veux vous présenter Natalia. Je l'ai rencontrée la semaine dernière. Natalia est arrivée au Canada de l'Ukraine il y a plus de 10 ans. Elle est en sécurité ici avec sa famille, mais bon nombre de ses proches se trouvent toujours en Ukraine. Chaque fois qu'elle pose son téléphone après avoir parlé à un cousin ou à un ami, elle ressent un pincement au cœur en se demandant si cette conversation était la dernière.
Monsieur le président, nous ne pouvons pas laisser tomber les êtres chers de Natalia. Les Ukrainiens comptent sur nous. Nous devons être à leurs côtés quoi qu'il en coûte et aussi longtemps qu'il le faudra. Si je parle de Natalia à ce moment-ci, ce n'est pas seulement à cause de ce qui se passe en Ukraine présentement, mais aussi parce qu'elle est la clé de ce que nous bâtissons ici maintenant et pour l'avenir.
[Français]
J'ai rencontré Natalia la semaine passée en Nouvelle‑Écosse, où elle vit actuellement près de Bridgewater, une petite ville de 9 000 personnes. Depuis plus de 50 ans, l'usine de pneus Michelin à Bridgewater est l'une des plus performantes du monde. C'est grâce à la force des travailleurs que Michelin vient d'annoncer des investissements majeurs pour moderniser ses installations afin de répondre à la demande croissante de véhicules électriques. De bons emplois stables comme ceux qu'on trouve dans cette usine comptent vraiment pour Natalia et sa famille. Ils comptent aussi pour nos petites et grandes communautés.
[Traduction]
Pendant ce déplacement en Nouvelle‑Écosse, où j'ai fait la connaissance de personnes comme Natalia, j'ai par ailleurs rencontré des gens qui représentent la troisième génération de leur famille à travailler à cette usine Michelin. Grâce à ce que nous accomplissons ensemble et à nos investissements d'avenir, l'emploi là-bas rayonnera des générations durant. Les retombées ne se limiteront pas à Bridgewater, d'ailleurs, puisque les supermarchés californiens continueront à s'approvisionner en marchandises, et les hôpitaux pennsylvaniens, en fournitures médicales, tout cela au moyen de camions roulant sur des pneus fabriqués en Nouvelle‑Écosse, bien entendu.
Monsieur le président, en 1987, au moment du sprint final de négociation du premier Accord de libre-échange nord-américain, Ronald Reagan a souligné, dans un discours prononcé ici, que la frontière entre les États‑Unis et le Canada constitue un lieu de rencontre plutôt qu'une ligne de démarcation. Plus de 30 ans plus tard, ce lieu de rencontre nous ouvre la voie du succès vers un avenir qui nous réserve non seulement de bons emplois, mais aussi des carrières stimulantes et stables, pour le plus grand bien des générations à venir.
Nous comptons aussi parmi nous aujourd'hui des métallurgistes de l'aciérie Dofasco, à Hamilton. L'un d'entre eux s'appelle Neil. Sa mère a travaillé à Dofasco dans les années 1970. Son père y a assuré le parachèvement de l'acier durant 37 ans. Aujourd'hui, grâce à nos investissements destinés à aider Dofasco à abandonner les hauts fourneaux au charbon au profit de fours électriques à arc, les enfants, les petits-enfants et les arrière-petits-enfants de Neil auront le choix de faire carrière en sidérurgie pour fabriquer l'acier vert nécessaire pour fabriquer des véhicules électriques, des bâtiments et des ponts dans le monde entier. L'acier vert sera la pierre angulaire de l'industrie de demain, et les travailleurs comme Neil, à l'instar de ceux d'hier et de demain, demeurent encore et toujours au cœur de l'économie que nous développons pour la classe moyenne.
Les politiques en matière d'économie, de climat et de sécurité vont de pair. Vu l'intensification de la concurrence, y compris en provenance d'une Chine de plus en plus impérieuse, nous devons absolument concerter nos efforts pour faire rayonner le marché nord-américain dans tous les domaines, de la fabrication des semi-conducteurs à celle des cellules photovoltaïques.
Monsieur le président, l'Inflation Reduction Act vous permet de créer les emplois d'aujourd'hui et de demain pour la classe moyenne américaine, mais cette loi se traduira aussi par l'élargissement de la clientèle de l'industrie canadienne de la transformation des minéraux critiques, des entreprises d'ici qui révolutionnent le domaine de l'énergie propre et des travailleurs intégrés de l'automobile de chez nous, sans compter les agriculteurs, serriculteurs, maraîchers et producteurs canadiens, et tant d'autres encore. Voilà qui montre en quoi notre partenariat contribue à l'essor de notre pays respectif.
[Français]
Pour soutenir des bons emplois de l'économie de demain, le Canada a l'un des réseaux électriques les plus propres au monde. Environ 83 % de notre électricité est déjà carboneutre, et nous sommes en voie d'atteindre 100 % d'ici 2035. Pour y parvenir, nous travaillons avec les communautés locales, y compris pour des projets dirigés par des Autochtones partout au pays, que ce soit pour des panneaux solaires ou des turbines éoliennes. Toutes nos exportations d'électricité propre sont destinées aux États‑Unis. Partout dans le monde, nous devons tous accélérer notre transition vers les énergies renouvelables.
Cette semaine, le groupe d'experts des Nations unies sur l'évolution du climat a publié un nouveau rapport qui indique que notre planète va atteindre un seuil critique en matière de réchauffement climatique au cours de la prochaine décennie. Cela veut dire plus de vagues de chaleur, plus de sécheresses, plus d'inondations et plus d'espèces en péril.
[Traduction]
Lorsque je songe aux familles de la côte atlantique que j'ai rencontrées l'automne dernier après que leur demeure eut été détruite par l'ouragan Fiona, ou encore aux Britanno-Colombiens dont la ville a été réduite en cendres par le feu de forêt qui s'est déclenché pendant une vague de chaleur sans précédent, je sais que faire preuve de leadership responsable signifie en faire davantage pour lutter contre les changements climatiques et pour protéger ces familles. Les politiques en matière de climat, d'économie et de sécurité vont de pair.
[Français]
En tant que dirigeants, notre priorité est d'assurer la sécurité des gens. Non seulement nous devons continuer notre travail, mais nous devons en faire plus et plus rapidement.
Je sais que vous êtes d'accord, monsieur le président. Je me souviens de la discussion que nous avons eue en 2016, vous et moi, sur la lutte contre les changements climatiques, alors que vous étiez en visite au Canada en tant que vice-président. Vous aviez rencontré les premiers ministres des provinces et des territoires et des dirigeants autochtones. Ce même jour, pendant la réunion des premiers ministres, notre gouvernement a adopté le Cadre pancanadien sur la croissance propre et les changements climatiques, dont la base était de mettre un prix sur la pollution à l'échelle du pays. Je suis donc très heureux de vous accueillir à nouveau aujourd'hui, sachant que la protection de l'environnement demeure l'une de vos priorités principales.
[Traduction]
Monsieur le président, ce qui rend le moment présent aussi important, c'est que notre monde et notre mode de vie sont la cible de multiples menaces simultanées. Si les politiques en matière de climat, d'économie et de sécurité vont de pair, c'est parce que les changements climatiques, l'inflation, la guerre, les pénuries d'énergie, l'ingérence étrangère, la désinformation et les attaques constantes contre nos valeurs et nos institutions s'additionnent.
À l'instar d'autres démocraties dans le monde, les démocraties comme les nôtres ne sont pas le fruit du hasard, et elles ne perdureront pas sans effort.
[Français]
Nous devons être là l'un pour l'autre. Nous devons continuer de nous opposer aux menaces autoritaires, chez nous comme à l'étranger, et continuer de défendre ce qui est juste.
[Traduction]
L'heure n'est pas à transiger sur nos valeurs. Plus que jamais, nous devons nous efforcer de les défendre. Nous devons continuer de faire preuve de résilience, de persévérance et de force.
La résilience, la persévérance et la force sont des mots qui décrivent parfaitement deux hommes qui sont parmi nous aujourd'hui: Michael Kovrig et Michael Spavor.
Monsieur le président, quand l'avion transportant les deux Michael s'est posé en sol canadien, après que ceux-ci aient été détenus de façon arbitraire pendant plus de 1 000 jours en Chine, on a vu que pour les Canadiens la résilience, la persévérance et la force sont plus que de nobles idéaux. Ce sont des principes qui motivent nos actions et forgent notre caractère.
Le Canada a rapatrié les deux Michael, et il l'a fait de la bonne façon, non seulement en respectant la primauté du droit, mais aussi en insistant sur celle-ci. Nous n'avons pas cédé devant les fortes pressions nous incitant à renier notre engagement à l'égard de nos ententes, de nos traités et de la primauté du droit. Nous n'avons pas tourné le dos à nos valeurs. Nous avons redoublé d'efforts et rallié nos alliés contre la détention arbitraire et ainsi, grâce à votre soutien et votre leadership, monsieur le président, la primauté du droit a prévalu et les deux Michael sont rentrés à la maison.
[Français]
Avec nos alliés et nos partenaires, les Canadiens et les Américains doivent rester une source d'inspiration pour le reste du monde, mais, surtout, nous devons poursuivre notre travail. Chaque jour, nous devons faire les efforts nécessaires pour bâtir un avenir meilleur pour gens comme Neil et Natalia, pour leurs enfants et leurs petits-enfants.
[Traduction]
Nous devons et nous allons y parvenir.
Monsieur le président, lors de votre récent et poignant discours sur l'état de l'Union, vous avez encouragé le peuple américain à demeurer optimiste, à garder espoir et à se tourner vers l'avenir. C'est une vision à laquelle les Canadiens adhèrent eux aussi. Par conséquent, continuons à travailler fort et, ensemble, continuons à bâtir un meilleur avenir pour nos peuples.
Bienvenue au Canada, mon ami.
Mesdames et messieurs, le président des États-Unis d'Amérique, Joe Biden.
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Bon après-midi. Merci, merci, merci.
Bonjour, Canada. Je dois vous avouer que j'ai appris le français pendant quatre ans à l'école, mais la première fois que j'ai tenté de prononcer un discours en français, on a ri de moi, alors je m'en tiendrai là. Sérieusement, merci beaucoup.
Monsieur le Président de la Chambre des communes, monsieur le Président du Sénat, députés, merci de l'accueil chaleureux que vous nous avez réservé, à mon épouse et à moi.
Monsieur le premier ministre Trudeau, vous êtes le premier chef d'État étranger que j'ai rencontré, un mois après mon élection, au plus fort de la pandémie de COVID‑19. Nous avons dû faire cette rencontre par vidéoconférence, mais depuis, nous avons parcouru le monde afin d'affronter certains des plus grands défis que nos pays ont eu à affronter depuis très longtemps. Je tiens à vous remercier pour votre partenariat et pour votre amitié personnelle. Merci beaucoup. Jill et moi vous remercions, Sophie et vous, de votre hospitalité.
Mesdames et messieurs, c'est un honneur pour moi d'avoir l'occasion de poursuivre la tradition, perpétuée par bon nombre de mes prédécesseurs, de prendre la parole dans cette vénérable enceinte de la démocratie canadienne, bien que l'endroit ait changé. Vous avez fait un travail remarquable. C'est absolument magnifique.
Cette coutume est un symbole de l'étroitesse de nos relations. Les Américains et les Canadiens sont deux peuples, deux pays qui, selon moi, sont unis par une grande amitié. Nos deux peuples sont intimement liés. Nulle part ailleurs sur terre peut-on trouver deux nations qui entretiennent des relations amicales, familiales, commerciales et culturelles aussi étroites. Nos syndicats œuvrent des deux côtés de la frontière, tout comme nos ligues de baseball, de basketball et de hockey.
Parlant de hockey, je dois préciser que j'aime bien vos équipes, mais pas les Maple Leafs. Laissez-moi vous expliquer pourquoi. Ils ont battu les Flyers en janvier dernier, voilà pourquoi. J'ai marié une fille de Philadelphie, alors c'est ce que je dois dire si je ne veux pas dormir seul ce soir. Mes chers amis, je vous aime bien, mais il y a des limites.
Il peut être facile de tenir pour acquis un partenariat comme celui qu'entretiennent le Canada et les États-Unis, mais quand on y pense, il y a de quoi être impressionné. Nous partageons une frontière longue de 5 552 milles, soit plus de 8 800 kilomètres, et nos rapports sont caractérisés par des échanges commerciaux pacifiques d'une valeur de plus de 2,5 milliards de dollars par jour. Chaque jour, que ce soit pour le travail ou pour le plaisir, des centaines de milliers de personnes traversent la frontière dans un sens ou dans l'autre tout en sachant qu'ils seront chaleureusement accueillis de l'autre côté de la frontière.
Les Américains adorent les Canadiens. Ce n'est pas une hyperbole, c'est un fait. En début de semaine, l'institut de sondage Gallup a réalisé un nouveau sondage sur l'opinion des Américains à l'égard de divers pays du monde. C'est un fait: le Canada se classe au premier rang, avec 88 % d'opinions favorables parmi les Américains, comparativement à 87 % l'an dernier. Je m'attribue le mérite de ce point de pourcentage.
Je suppose que tous les politiciens présents dans la salle se donneraient beaucoup de mal pour obtenir de tels chiffres. Mais on peut les expliquer. Les mêmes aspirations fondamentales animent nos deux nations, de l'Atlantique au Pacifique: vivre librement — non seulement librement, mais aussi dignement; explorer sans relâche les possibilités de demain; et laisser à nos enfants et à nos petits-enfants un avenir meilleur grâce à nos efforts, à ceux des personnes présentes dans cette salle et dans une salle semblable aux États‑Unis.
Le président Kennedy a déclaré, lorsqu'il s'est exprimé ici en 1961, que nous avons « en partage l'unité propre à des nations égales et indépendantes, colocataires du même continent, héritières d'un même patrimoine, et associées pleinement souveraines dans la poursuite du même but historique: celui de préserver notre liberté et celle de tous ceux qui la désirent. » Pendant plus d'un siècle de cette entreprise historique, le Canada et les États‑Unis se sont soutenus mutuellement. En temps de guerre comme en temps de paix, nous avons été un bastion de la liberté et le gardien des libertés fondamentales qui donnent un sens véritable à notre vie. Nous n'avons pas hésité à accepter les responsabilités afférentes à un leadership mondial, car nous comprenons tout ce qui est en jeu pour les Canadiens comme pour les Américains lorsque l'on attaque la liberté n'importe où dans le monde.
Aujourd'hui, nos destins sont liés et inséparables, non pas parce que notre proximité géographique le rend inévitable, mais parce qu'il s'agit d'un choix que nous faisons constamment. Les États‑Unis choisissent de lier leur avenir à celui du Canada parce qu'ils savent qu'ils ne trouveront pas de meilleur partenaire — et je le pense du fond du cœur —, pas d'allié plus fiable ni d'ami plus fidèle, et je vous dis aujourd'hui, à vous et à tout le peuple canadien, que vous pourrez toujours compter sur les États‑Unis d'Amérique. Je vous le garantis.
Ensemble, nous avons bâti un partenariat qui constitue un avantage incroyable pour nos deux pays. Cela ne signifie pas que nous ne sommes jamais en désaccord, comme tous les pays le sont de temps à autre. Par contre, lorsque nous sommes en désaccord, nous réglons nos différends dans l'amitié et la bonne volonté, car nous comprenons que nos intérêts sont fondamentalement alignés.
Nous nous trouvons à un point d'inflexion de l'histoire. Un de mes professeurs m'a un jour expliqué ce qu'était un point d'inflexion. Lorsque vous roulez sur une autoroute à 60 miles à l'heure et que vous tournez rapidement de cinq degrés dans une direction, vous ne reviendrez jamais sur le même chemin; vous êtes sur une trajectoire différente. Les décisions que nous prendrons dans les prochaines années détermineront le destin de notre monde pour les décennies à venir. Cela se produit toutes les cinq ou six générations, mais nous en sommes là. Rien ne me donne plus confiance en l'avenir que de savoir que le Canada et les États‑Unis restent unis.
Aujourd'hui, je voudrais parler un peu de l'avenir, si vous me le permettez; c'est un avenir qu'il nous appartient de saisir. On me critique parfois dans mon pays lorsque je dis cela. Le président Obama se moquait toujours de moi parce que je lui disais toujours, lors de nos réunions privées, qu'un pays n'est jamais plus optimiste que son président ou ses dirigeants. Je n'ai jamais été aussi optimiste de ma vie quant à nos perspectives, et je le pense vraiment du fond du cœur. Nous sommes en très bonne position pour un avenir reposant sur nos responsabilités, notre prospérité, notre sécurité et nos valeurs communes.
Premièrement, il s'agit d'un avenir fondé sur la prospérité partagée, où le Canada et les États‑Unis continuent de constituer la région économique la plus concurrentielle, prospère et résiliente du monde. C'est un fait. Nos chaînes d'approvisionnement sont sûres et fiables de bout en bout parce que nous créons de la valeur à chaque étape, ici même en Amérique du Nord. Nous extrayons des minéraux essentiels, nous fabriquons et conditionnons les semi-conducteurs les plus avancés au monde et nous produisons ensemble des véhicules électriques et des technologies d'énergie propre. C'est un avenir où nous comprenons que le succès économique n'est pas en conflit avec les droits et la dignité des travailleurs ni avec notre responsabilité d'investir dans la lutte contre la crise climatique, mais plutôt que ces choses en dépendent, à vrai dire.
Depuis que je suis président, je me suis concentré sur la reconstruction de l'économie américaine à partir de la base et du milieu. Bien peu de choses décidées d'en haut ont eu des retombées concrètes à la table de cuisine de mon père. D'ailleurs, lorsque la classe moyenne se porte bien, les riches se portent très bien. Personne n'est lésé.
Les États‑Unis ont réalisé des investissements historiques et approuvés par les deux partis — au grand dam de certains détracteurs dans la presse — dans les infrastructures et l'innovation, ce qui a déjà comme effet de rassembler le peuple américain et de lui procurer des avantages concrets. La mise en œuvre de ces réalisations en matière législative offre au Canada et aux États‑Unis d'énormes possibilités de collaborer encore plus étroitement afin de créer des emplois bien rémunérés dans les deux pays.
L'Inflation Reduction Act, qui n'avait pas les faveurs de tous les partis mais qui suscite soudainement davantage d'adhésion, représente l'engagement le plus important de notre histoire en matière de lutte contre les changements climatiques. En fait, c'est l'investissement le plus important de toute l'histoire de l'humanité. Cette loi va stimuler les investissements dans les énergies propres partout dans le monde. Elle prévoit explicitement des crédits d'impôt pour des véhicules électriques assemblés au Canada, reconnaissant ainsi l'interconnexion de nos industries automobiles et de nos travailleurs. Je suis le président le plus favorable aux syndicats que les États‑Unis aient jamais eu, et je parle à un grand nombre de syndiqués canadiens. Il s'agit d'un modèle de coopération future, où nos deux pays investissent chez eux pour renforcer leurs bases industrielles, en veillant à ce que les produits fabriqués en Amérique du Nord soient non seulement fabriqués en Amérique du Nord, mais aussi les meilleurs au monde. Nous allons renforcer notre engagement commun en faveur de l'action climatique tout en développant nos économies.
Permettez-moi de m'arrêter un instant pour vous dire que lorsque j'ai posé ma candidature au poste de président, j'étais considéré comme un démocrate vert, comme les républicains. Devinez quoi? Je n'ai pas annoncé de plan environnemental, et on n'a pas manqué de me le rappeler: « Pourquoi ce changement soudain chez Biden? » C'est parce que j'ai réuni tous les syndicats à la Maison-Blanche — sans blague —, car ils prétendaient tous qu'ils allaient perdre leurs emplois. Je leur ai dit que la moindre initiative liée à l'environnement crée des emplois syndiqués, qu'elle crée des milliers d'emplois.
Par exemple, j'ai rencontré des représentants de la Fraternité internationale des ouvriers en électricité et je leur ai dit que nous allions construire 5 500 bornes de recharge pour véhicules électriques. Devinez qui les construit? Des employés syndiqués. Nous coordonnons une offensive en faveur des véhicules électriques et des bornes de recharge afin que les Américains et les Canadiens puissent traverser facilement la frontière sans jamais tomber en panne dans leur véhicule zéro émission construit aux États-Unis ou au Canada. De plus, nous allons construire ensemble les batteries et les technologies qui équipent ces véhicules.
La pandémie nous aura appris à nos dépens que les chaînes d'approvisionnement juste-à-temps qui font le tour du globe sont particulièrement vulnérables aux perturbations et aux retards, ce qui entraîne des hausses des coûts au Canada et aux États‑Unis. Il existe toutefois une meilleure façon de faire. Nos deux pays ont la chance d'avoir des ressources naturelles incroyables. Le Canada, en particulier, a dans son sous-sol d'importantes quantités de minéraux critiques qui sont essentiels pour notre avenir — et celui du monde entier — misant sur l'énergie propre. Je crois qu'une occasion exceptionnelle s'offre à nous de travailler ensemble afin que le Canada et les États‑Unis puissent produire et fournir, ici même en Amérique du Nord, tout ce dont nous avons besoin pour créer des chaînes d'approvisionnement fiables et résilientes.
Mes amis, pour que notre chaîne d'approvisionnement en minéraux critiques fasse l'envie du monde entier, les États‑Unis prévoient du financement au titre de la Defense Production Act afin d'inciter les entreprises américaines et canadiennes à extraire et à transformer de manière responsable les minéraux critiques qui entrent dans la fabrication des véhicules électriques et des accumulateurs stationnaires. Nous établissons également des chaînes d'approvisionnement intégrées pour les semiconducteurs, une puce d'ordinateur essentielle qui a été inventée aux États‑Unis et dont nous avons perdu le contrôle — pas seulement le contrôle, mais la capacité de production. C'est d'ailleurs le cas pour beaucoup de choses que nous utilisons au quotidien.
L'usine IBM de Bromont, au Québec, est la plus grande installation d'encapsulation et de test de semi-conducteurs en Amérique du Nord. Les puces fabriquées au Vermont et dans le Nord de l'État de New York sont expédiées à Bromont pour être transformées en composants électroniques, et l'usine de Bromont connaît aujourd'hui une expansion grâce au soutien du gouvernement canadien.
Il y aura encore beaucoup de travail à faire. Grâce à la CHIPS and Science Act, une loi bipartisane que j'ai promulguée l'an dernier, des entreprises commencent à construire de nouvelles usines de semi-conducteurs partout aux États‑Unis, ce qui représente des milliards de dollars de nouveaux investissements dans l'industrie américaine de la haute technologie: 12 milliards de dollars pour la Taiwan Semiconductor Manufacturing Company en Arizona; 20 milliards de dollars et plus pour Intel en Ohio; et 100 milliards de dollars dans l'État de New York. C'est le plus grand investissement de ce type jamais réalisé dans le monde.
Lorsque les puces commenceront à émerger de ces nouvelles lignes de production aux États‑Unis, un grand nombre d'entre elles seront expédiées au Canada pour y être encapsulées. Cela représente beaucoup d'emplois, des emplois bien rémunérés. Aujourd'hui, en vertu de la Defense Production Act, je débloque également 50 millions de dollars pour inciter davantage d'entreprises américaines et canadiennes à investir dans le conditionnement des semi-conducteurs et des cartes de circuits imprimés.
Cela m'amène à un deuxième pilier de notre avenir, en partant du principe que notre prospérité commune est intimement liée à notre sécurité commune. Ces dernières années ont prouvé que le Canada et les États‑Unis ne sont pas à l'abri des difficultés qui secouent le reste du monde. Le monde a besoin que le Canada et les États‑Unis collaborent avec leurs partenaires dans le monde entier pour rallier une action mondiale forte et efficace. Cette nécessité de collaboration n'est nulle part plus évidente que dans notre réplique commune à l'agression brutale de la Russie contre l'Ukraine. Nous nous sommes unis pour défendre la souveraineté, la démocratie et la liberté pour nous-mêmes et pour tous ceux qui y aspirent. Comme je l'ai dit au président Zelensky lors de ma visite à Kiev le mois dernier, le monde entier est solidaire du courageux peuple ukrainien. N'êtes-vous pas impressionnés par la bravoure dont les Ukrainiens font tous preuve? C'est incroyable.
Je sais qu'il y a une importante diaspora ukrainienne au Canada — et pas seulement la charmante dame que l'on nous a présentée il y a un instant — qui pense la même chose. Le Canada et les États‑Unis, ainsi qu'une coalition de 50 pays que nous avons formée ensemble, veillent à ce que l'Ukraine puisse se défendre. Nous fournissons des systèmes de défense aérienne, des systèmes d'artillerie, des munitions, des véhicules blindés, des chars et bien d'autres choses encore. L'aide offerte jusqu'à présent se chiffre à des dizaines de milliards de dollars. Avec nos partenaires du G7, nous obligeons la Russie à payer un prix important en la privant d'intrants essentiels à sa machine de guerre. Nous tenons la Russie pour responsable des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité qu'elle continue de commettre au moment même où je vous parle.
Le Canada et les États‑Unis ont accueilli les réfugiés ukrainiens à bras ouverts. Nos concitoyens connaissent bien le prix élevé de la liberté. Votre tour de la Paix témoigne des sacrifices de plus de 60 000 Canadiens courageux qui ont péri pendant la Première Guerre mondiale et ont fait à jamais de ce pays un défenseur de la liberté. Les vers d'un poème canadien du lieutenant-colonel John McCrae nous interpellent encore depuis le champ d'honneur, leur écho se propageant à travers les âges:
À vous, jeunes désabusés, à vous de porter l'oriflamme;
Et de garder au fond de l'âme le goût de vivre en liberté.
Aujourd'hui, affirmons une fois de plus que nous allons maintenir vive la flamme de la liberté et soutenir le peuple ukrainien. Nous ne faiblirons pas.
Poutine était persuadé qu'il aurait divisé l'OTAN à l'heure qu'il est. Il en était certain, mais vous savez quoi? Sa soif de conquête et de pouvoir demeure inassouvie. L'amour du peuple ukrainien pour son pays l'emportera. Face à l'agression du président Poutine contre l'Ukraine, le Canada et les États‑Unis affirment clairement leur engagement envers leurs alliés de l'OTAN. Nous maintiendrons une alliance forte et unie. Nous défendrons chaque centimètre carré du territoire de l'OTAN. Une attaque contre un des membres de l'organisation est une attaque contre tous ses membres.
À l'approche du 75e anniversaire de l'OTAN, l'année prochaine, le Canada et les États-Unis partagent la responsabilité et l'engagement de veiller à ce que l'OTAN puisse exercer la dissuasion nécessaire contre n'importe quelle menace ou agression. C'est le fondement de la sécurité de nos deux pays.
Le Canada et les États-Unis ne sont pas seulement partenaires pour la sécurité transatlantique. Nous sommes des pays riverains du Pacifique également. En mars, les États-Unis et le Canada ont tenu leur premier dialogue indopacifique afin de renforcer leur coopération dans cette région vitale et de promouvoir la liberté, l'ouverture, la prospérité et la sécurité de la région indopacifique.
Nous sommes aussi un pays de l'Arctique. Nos deux pays connaissent l'importance cruciale de cette région pour notre sécurité collective, et nous voyons l'intérêt que suscite tout à coup l'Arctique dans d'autres pays. Nous collaborons étroitement pour gérer et protéger les confins nordiques de notre monde. Nous sommes des pays d'Amérique et nous nous investissons pleinement dans la paix, la prospérité, la démocratie et la sécurité de l'hémisphère occidental. Nos efforts en ce sens commencent par notre engagement à défendre nos peuples et nos territoires souverains.
Le NORAD est le seul commandement militaire binational au monde, ce qui montre bien encore une fois que notre partenariat est exceptionnel. C'est un symbole incroyable de la foi de nos deux pays l'un envers l'autre et de la confiance réciproque que nous avons en nos capacités. Le NORAD disposera bientôt d'un radar transhorizon de nouvelle génération pour améliorer sa capacité d'alerte lointaine. Ses systèmes de surveillance sous-marine seront améliorés aussi, et son infrastructure sera modernisée de manière à pouvoir accueillir les aéronefs les plus perfectionnés. Je me réjouis en songeant à la collaboration étroite qui se poursuivra avec le Canada pour répondre à ces besoins. Nos peuples seront rassurés en sachant que le NORAD veille au grain.
Nous allons également coordonner étroitement nos efforts pour relever le défi de la sécurité humaine dans toute la région. Nous collaborons avec le peuple d'Haïti pour trouver des moyens d'améliorer sa sécurité et pour lui fournir de l'aide humanitaire. Nous voulons également l'aider à renforcer la stabilité d'Haïti.
Nous combattons le fléau des drogues de synthèse, qui fait des ravages au Canada et aux États‑Unis, surtout parmi les jeunes. Le fentanyl tue. Presque tout le monde connaît quelqu'un dont il a bouleversé la vie, à qui il a arraché un enfant ou un ami. Le Canada et les États‑Unis collaborent de près avec notre autre partenaire, le Mexique, pour enrayer le problème à tous les stades, depuis les produits chimiques précurseurs qui sont importés jusqu'à la poudre, aux comprimés et aux trafiquants qui franchissent nos frontières. Nous savons tous que la crise des opioïdes de synthèse s'est enracinée, ici comme dans le reste du monde. En conséquence, nous nous engageons aujourd'hui à rassembler les pays eux aussi désireux de juguler l'épidémie dans une nouvelle coalition dirigée par le Canada et les États‑Unis. C'est une question de santé publique. Il en va de notre avenir économique et de notre sécurité nationale à tous.
Nous concertons par ailleurs nos efforts relativement à la migration sans précédent qui s'observe dans l'hémisphère nord et qui représente aussi bien un défi qu'une réalité. À ce chapitre, la Déclaration de Los Angeles sur la migration et la protection, que les États‑Unis, le Canada et 19 autres États ont signée en juin dernier, constitue une nouvelle approche intégrée qui mise sur des politiques à visage humain pour protéger les frontières tout en venant en aide aux migrants. Les États‑Unis proposent de nouvelles avenues légales aux personnes qui cherchent refuge pour des motifs humanitaires tout en dissuadant l'immigration clandestine, qui alimente l'exploitation et la traite des personnes.
Aujourd'hui, je félicite le Canada de mettre en place de nouveaux programmes du même ordre afin que 1 500 migrants en provenance de l'Occident puissent s'y établir en toute régularité. Parallèlement, les États‑Unis et le Canada feront front commun pour décourager les passages clandestins à la frontière et appliquer intégralement la version revue et modifiée de l'Entente sur les tiers pays sûrs. Cela dit, dans le parcours vers notre prospérité et notre sécurité communes, ne perdons jamais de vue les valeurs que nous partageons, car elles sont rien de moins que la clé de voûte de nos sociétés.
Accueillir des réfugiés et des demandeurs d'asile fait partie de l'identité des Canadiens et des Américains. De fait, les États‑Unis ont récemment lancé un nouveau programme de parrainage privé pour les réfugiés, le Welcome Corps. Ce programme s'inspire de décennies de leadership canadien en matière de réinstallation des réfugiés, dans le cadre duquel, des deux côtés de la frontière, nous nous sommes appuyés sur les relations de nation à nation que nous avons bâties avec les Autochtones et les Premières Nations.
Nos deux pays ont été influencés et renforcés par les contributions de générations d'immigrants. Nous croyons fermement que tout le monde mérite de vivre dans la dignité et en sécurité et d'avoir une vie à la hauteur de ses rêves. Nous travaillons à défendre les droits de la personne, à faire avancer l'égalité des personnes et des genres, à promouvoir la justice et à assurer la primauté du droit.
Je tiens à souligner le travail remarquable du Canada dans la mise sur pied d'une coalition de près de 70 pays appuyant la Déclaration contre la détention arbitraire dans les relations d’État à État. Ce n'est pas seulement un énoncé de valeurs. Nos citoyens ne doivent pas servir de monnaie d'échange. Ils ne doivent pas être utilisés pour exercer des pressions diplomatiques. Ce sont des êtres humains qui ont une vie et une famille, et il faut les respecter.
Je suis très heureux de voir que les deux Michael, Michael Spavor et Michael Kovrig, ont pu retrouver leur famille sains et saufs après plus de 1 000 jours passés en détention. Si ma mère était ici, elle vous dirait: « Que Dieu vous bénisse tous les deux. » Merci d'être ici et de m'avoir permis de vous rencontrer en personne plus tôt aujourd'hui.
L'incroyable diversité qui caractérise nos deux pays fait notre force. Monsieur le premier ministre, je sais que nous sommes d'accord là-dessus. Nous avons tous les deux bâti des administrations qui ressemblent à notre pays respectif. Je suis très fier que nos deux Cabinets comptent 50 % de femmes pour la première fois de l'histoire.
Nous avons pris exemple sur vous, parce que la chose à retenir est la suivante: si nous faisons en sorte qu'il soit plus facile pour les communautés historiquement sous-représentées de rêver, de créer et de s'épanouir, nous bâtissons un avenir meilleur pour tous. Alors continuons le travail. Tout paraît mieux lorsqu'il n'y a pas d'obstacles. Lorsqu'il y a des obstacles à l'égalité des chances, nous devons les éliminer. Lorsque l'inégalité étouffe le potentiel, lorsque règne l'injustice, libérons la pleine puissance de nos populations et insistons pour que justice soit faite. Voilà quelles sont les valeurs communes qui imprègnent tous nos efforts, notre démocratie, notre vitalité et notre dynamisme.
Voilà l'esprit qui semble tous nous animer. À certains endroits et parmi certaines personnes, on semble oublier ce qu'est l'essence de la démocratie. C'est ce qui permet aux êtres humains de se dépasser.
Permettez-moi de terminer en vous rappelant quelques paroles du président Kennedy. L'année après qu'il s'est adressé au Parlement du Canada, il a prononcé un célèbre discours à l'Université Rice. Il a alors lancé aux Américains le défi d'aller sur la Lune dans les dix prochaines années. Rappelez-vous ce qu'il a dit à ce moment-là. Vous vous en souvenez probablement parce que nous avons dû l'apprendre à l'école:
Nous avons choisi d'aller sur la Lune au cours de cette décennie et d'accomplir d'autres choses encore, non pas parce que c'est facile, mais justement parce que c'est difficile [...] parce que c'est le défi que nous sommes prêts à relever, celui que nous refusons de remettre à plus tard, celui que nous avons la ferme intention de remporter.
Ces paroles sont l'expression d'un trait de caractère fondamental des États‑Unis, une grande force, une conviction profonde que nous pouvons réaliser de grandes choses. Pensons-y bien. Quand on regarde ce qui s'est dit la télévision au cours des deux dernières années, dans votre pays et dans le mien, on s'aperçoit que les gens ont commencé à se demander si, après deux années de COVID, nous sommes encore capables de grandes réalisations. Bien sûr que nous en sommes capables.
Je suis absolument convaincu qu'avec un tel optimisme, on peut concrétiser les rêves les plus fous. Moins de sept ans après le discours de M. Kennedy, le monde entier a regardé l'humanité marquer une contrée lointaine de ses premiers pas, catalysant ainsi toute une génération et la balayant du souffle créateur auquel nous devons une bonne part des progrès technologiques qui font la beauté de la vie moderne.
Une fois de plus, le monde se trouve à l'aube de percées et de nouvelles perspectives encore jamais imaginées.
Avec leur force d'impulsion, le Canada et les États‑Unis continueront de jouer un rôle moteur. Dans quelques jours à peine, la NASA annoncera le nom des astronautes, trois Étatsuniens et un Canadien, qui composeront l'équipage de la mission Artemis II, la première à ramener l'humain sur la Lune depuis la conclusion de la mission Apollo, il y a plus d'un demi-siècle.
C'est ensemble que nous choisissons de retourner sur la Lune. Depuis la Lune, c'est aussi ensemble que nous conquerrons Mars et que nous explorerons les innombrables possibilités que nous réserve l'infini. Ici, sur Terre, nos enfants, les yeux rivés sur la navette, connaîtront le nom des nouveaux pionniers qui seront à bord. C'est à eux qu'appartiendra l'avenir que nous espérons bâtir; ils formeront la génération Artemis.
Mesdames et messieurs, nous vivons une ère où tout est possible.
Lorsque nous nous trouvions sur le plateau tibétain, Xi Jinping m'a demandé si je pouvais définir les États‑Unis d'Amérique. J'aurais pu dire la même chose s'il m'avait posé la question au sujet du Canada. J'ai répondu oui, je peux le faire, et en un seul mot: possibilités.
Rien n'est à notre épreuve. Nous pouvons tout accomplir. Ne l'oublions jamais. Ne doutons jamais de nos capacités. Le Canada et les États‑Unis peuvent faire de grandes choses, se tenir debout et grandir, ensemble. Nous allons bâtir l'avenir ensemble, je vous le promets.
Que Dieu vous bénisse et que Dieu bénisse nos troupes. Merci, merci, merci.
[Applaudissements]