propose que le 15
e rapport du Comité permanent de la citoyenneté et de l'immigration, présenté le mardi 18 avril 2023, soit adopté.
— Monsieur le Président, je prends la parole au sujet de cette importante motion d'adoption dont la Chambre est saisie.
Essentiellement, nous demandons à la Chambre l'autorisation d'élargir la portée du projet de loi . Il s'agit d'une mesure législative déposée d'abord au Sénat qui vise à rectifier la situation des personnes qu'ont appelle communément les « Canadiens perdus ». Le projet de loi S‑245 modifierait la Loi sur la citoyenneté afin de permettre aux Canadiens qui ont perdu leur citoyenneté en raison de la règle des 28 ans de recouvrer la citoyenneté canadienne. Selon l'ancienne « règle des 28 ans », les Canadiens de la deuxième génération nés à l'étranger devaient présenter une demande avant l'âge de 28 ans pour conserver leur citoyenneté canadienne, conformément à l'article 8 de la Loi sur la citoyenneté.
En 2009, les conservateurs ont éliminé l'article 8 au moyen du projet de loi . Ce changement ne rétablissait toutefois pas la citoyenneté des personnes qui l'avaient perdue avant 2009. Cet oubli a causé des problèmes considérables à bon nombre de Canadiens. Beaucoup de gens ne savaient pas qu'ils pouvaient perdre leur citoyenneté à 28 ans et c'est en présentant une demande de passeport, par exemple, qu'ils ont découvert qu'ils avaient perdu leur citoyenneté.
Le projet de loi vise à résoudre le problème lié à la règle des 28 ans. Cependant, cette règle ne s'applique pas à d'autres situations où des Canadiens ont perdu leur citoyenneté. Les dispositions archaïques de la Loi sur la citoyenneté ont fait en sorte que de nombreux autres Canadiens perdent leur citoyenneté. Les néo-démocrates s'emploient actuellement à corriger la situation.
Monsieur le Président, il y a 14 ans, la Chambre a adopté le projet de loi , qui est par la suite entré en vigueur et a entraîné pour de nombreuses personnes la perte de leurs droits de citoyens. En fait, cette loi a créé une situation où la Loi sur la citoyenneté violait la Charte à maints égards pour ce groupe de Canadiens. Certains Canadiens se sont même retrouvés apatrides pendant des décennies à cause de plusieurs dispositions législatives archaïques en matière d'immigration.
En 2007, le magazine de l'Agence des Nations unies pour les réfugiés a désigné le Canada comme étant un des principaux pays à qui on peut reprocher de rendre apatrides certains de ses propres citoyens. En 2009, comme je l'ai mentionné, les conservateurs ont dit qu'ils régleraient le problème des Canadiens ayant perdu leur citoyenneté causé par le projet de loi . Malheureusement, ils ne l'ont jamais fait. Pire encore, les conservateurs ont créé un nouveau groupe de Canadiens perdant leur citoyenneté. Aujourd'hui, nous avons l'occasion de corriger la situation.
Le projet de loi , qui a été présenté par la sénatrice Martin, a été renvoyé au comité de la citoyenneté et de l'immigration. Il vise ce groupe de Canadiens qui ont perdu leur citoyenneté à cause de la règle des 28 ans. Je tiens à établir très clairement que le NPD appuie sans condition le fait que ceux qui, du jour au lendemain, se sont retrouvés sans citoyenneté canadienne la retrouvent. Il faut absolument corriger cette situation. Par contre, le NPD est d'avis que la portée du projet de loi S‑245 est trop étroite. Nous voulons profiter de cette occasion pour régler une fois pour toutes le problème des Canadiens qui ont perdu leur citoyenneté.
En ce moment, un nombre important de Canadiens sont considérés comme des citoyens de seconde zone à cause de la règle des conservateurs limitant la transmission de la citoyenneté à la première génération mise en place par le gouvernement Harper en 2009. Le projet de loi avait mis fin au transfert de la citoyenneté aux citoyens de deuxième génération nés à l'étranger. En leur retirant le droit de transmettre leur citoyenneté à leurs enfants nés à l'étranger, le gouvernement canadien a causé des préjudices injustifiés à de nombreuses familles. Dans certains cas, des enfants ont été séparés de leurs parents et certains se sont même retrouvés apatrides.
J'ai parlé avec Patrick Chandler. C'est un Canadien qui, bien que né à l'étranger, a passé la majeure partie de sa vie au Canada. À l'âge adulte, il a travaillé à l'étranger, s'est marié avec une personne d'un autre pays et a eu des enfants. Plus tard, il s'est vu offrir un emploi en Colombie‑Britannique. Lorsqu'il est revenu au Canada, il a dû laisser sa femme et ses enfants derrière lui parce qu'il ne pouvait pas leur transmettre sa citoyenneté. Il a dû passer par un processus ardu pour finalement les retrouver un an plus tard.
De nombreuses familles sont ainsi touchées, et c'est une erreur. Nous ne devrions pas placer les Canadiens dans ce genre de situation. Pourtant nous en sommes là, et c'est ce qu'ils doivent endurer.
La famille d'Emma Kenyon a également vécu cette situation. En fait, Emma vivait au Canada, tout comme son mari. Cependant, ils sont allés travailler à l'étranger et se sont rencontrés à l'étranger. Ils ont eu un enfant à l'étranger. Cet enfant est apatride parce que ni Emma ni son mari n'ont de statut dans le pays où il est né. Le couple se trouve maintenant dans une situation où il a un enfant apatride né d'un parent canadien. Ce n'est pas normal, et nous devons régler ce problème. Les fonctionnaires de l'immigration leur ont dit à l'époque qu'avant la naissance de leur enfant, ils avaient le choix. Ils pouvaient en effet retourner au Canada et y faire naître leur enfant.
Bien entendu, cela n'avait aucun sens. C'était pendant la pandémie, alors que les voyages n'étaient pas sûrs. Si Emma était rentrée au Canada, elle n'aurait pas eu de médecin de famille ni de gynécologue pour s'occuper de sa grossesse. Tout cela n'avait aucun sens, mais c'est ce qu'on lui a dit de faire. Bien sûr, elle n'a pas voulu risquer la vie de son futur enfant. Elle n'a pas non plus mis sa propre santé à risque. En conséquence, son enfant est né à l'étranger et il se trouve maintenant dans une situation d'apatride. Il n'aurait jamais dû en être ainsi.
Les familles sont tellement frustrées par ces lois archaïques sur l'immigration, en particulier par la suppression des droits des immigrants dont les enfants sont nés à l'étranger. Ces droits ont été supprimés en raison du projet de loi des conservateurs. Les familles attaquent aujourd'hui le gouvernement en justice pour remédier à cette iniquité. Les conservateurs ont estimé que les Canadiens de première génération nés à l'étranger étaient moins méritants et moins canadiens, même si nombre d'entre eux ont grandi au Canada. Les conséquences sont si graves que les gens attaquent le gouvernement en justice.
Au comité de la citoyenneté et de l'immigration, lorsque l'occasion se présentera, je proposerai des amendements pour veiller à ce que cela n'arrive à personne d'autre. Les amendements du NPD garantiraient que les Canadiens de première génération nés à l'étranger puissent transmettre leurs droits de citoyenneté à leurs enfants en fonction d'un critère de lien. Ils rétabliraient également rétroactivement la citoyenneté aux personnes qui n'ont pas été reconnues comme citoyennes depuis l'entrée en vigueur de la règle d'exclusion de la deuxième génération en 2009.
Les mêmes principes s'appliqueraient aussi aux personnes adoptées. Nous devons nous assurer que les individus et les familles qui adoptent des enfants ne se retrouvent pas dans cette fâcheuse situation. Les personnes qui ne souhaitent pas obtenir la citoyenneté n'auraient qu'à aviser le ministre de l’Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté pour que ces changements ne s'appliquent pas à eux.
Ainsi, des gens comme Patrick, dont j'ai parlé tantôt, ou comme Emma et sa famille, ne se retrouveraient pas dans une situation difficile parce que le projet de loi les a dépossédés de leurs droits.
En plus des amendements liés à la règle d'exclusion de la première génération, je présenterai aussi des amendements pour reconnaître symboliquement les personnes qui sont décédées avant de recevoir la citoyenneté. À titre d'exemple, beaucoup de héros de guerre qui se sont battus et ont donné leur vie pour le Canada n'ont jamais été reconnus comme des citoyens canadiens. Les amendements du NPD permettraient d'honorer aussi ces gens et de les reconnaître rétroactivement comme ayant été des citoyens canadiens dès leur naissance.
En ce qui concerne ceux que j'appelle les « héros de guerre », voici qu'elle est leur situation. En 1867, juste après la Confédération, le premier gouverneur général du Canada a déclaré qu'une nouvelle nationalité appelée la citoyenneté canadienne venait d'être créée. Pourtant, selon les lois canadiennes sur l'immigration, la citoyenneté canadienne n'a pas existé avant le 1er janvier 1947. Cela signifie qu'aucun des soldats qui ont combattu et sont morts pour le Canada dans des batailles comme la crête de Vimy ou le jour J n'est Canadien.
Le projet de loi devait corriger cette situation, mais cela ne s'est pas produit. Don Chapman, qui défend la cause des Canadiens ayant perdu leur citoyenneté pendant très longtemps afin de corriger ces lacunes, avait fait la déclaration suivante: « [...] le gouvernement a confirmé qu'il exclut tous les morts de la guerre [avant 1947]. Donc, les soldats tombés au combat pour le Canada n'étaient en fait que des Britanniques. Nous pourrions tout aussi bien effacer la feuille d'érable de leurs pierres tombales. »
Reconnaître symboliquement ceux qui ont combattu pour le Canada et faire en sorte qu'ils soient reconnus comme citoyens canadiens n'aurait aucune incidence, pas de conséquence juridique et n'entraînerait pas de responsabilité pour le gouvernement. C'est strictement un geste symbolique, mais un geste très important, surtout pour les membres de la famille de ceux qui ont combattu pour le Canada en y laissant leur vie. Je croise certains de ces membres de la famille aux célébrations du jour du Souvenir chaque année. Beaucoup de soldats sont allés à la guerre pour défendre le Canada, mais ne sont jamais revenus. Ils devraient passer à l'histoire comme ayant été des Canadiens.
Par ailleurs, il existe quelques autres catégories de Canadiens dont la citoyenneté n'a pas été reconnue à cause d'autres règles discriminatoires, notamment une règle fondée sur le sexe qui existait au Canada. Les amendements du NPD visent à régler également ce problème. Bref, une longue liste de gens ont souffert à cause de ces diverses règles. Des gouvernements successifs ont promis de rectifier la situation, mais ils ne l'ont pas fait. Nous avons maintenant l'occasion de faire le nécessaire. Il est important de prendre dès maintenant les mesures qui s'imposent.
Je crains que les conservateurs n'appuient pas cet effort. Quand la sénatrice marraine du projet de loi est venue parler de cette mesure devant le comité, les conservateurs ont fait savoir qu'ils souhaitaient simplement que le projet de loi reste tel quel et ne porte que sur la règle des 28 ans, sans régler la situation des autres catégories de Canadiens ayant perdu la citoyenneté. Cela m'apparaît inacceptable. Les conservateurs font valoir que ce serait trop compliqué, que nous n'avons pas assez de temps et que si ce dossier est renvoyé au Sénat et qu'une élection est déclenchée, le projet de loi risque de mourir au Feuilleton. Cela pourrait se produire, bien sûr, si c'est ce que souhaitent les conservateurs.
Nous pourrions travailler en collaboration et nous entendre pour régler ce problème une fois pour toutes dans l'intérêt des Canadiens dépouillés de leur citoyenneté. Nous voulons faire en sorte que des personnes comme Emma Kenyon, dont l'enfant est né apatride, ne se retrouvent jamais dans une telle situation. Nous pourrions le faire en amendant le projet de loi.
Je sais que les députés conservateurs, même leur chef, diraient qu'ils appuient la communauté des immigrants et qu'ils sont là pour elle. S'ils sont là pour elle, je dirais premièrement que le projet de loi n'aurait jamais dû dépouiller les citoyens naturalisés, comme moi-même, de leurs droits. Si j'avais un enfant né à l'étranger, il devrait détenir la citoyenneté canadienne. Les conservateurs ont rendu cela impossible. Nous avons l'occasion aujourd'hui de corriger ce tort et de dire que les immigrants, comme moi, auront les mêmes droits que les personnes nées au Canada et qu'ils pourront transmettre les droits que leur confère la citoyenneté à leurs enfants nés à l'étranger.
Pour nous assurer qu'il existe un lien entre le Canada et les personnes dans cette situation, nous pourrions mettre en place des critères à cet effet, comme, par exemple, le fait d'avoir vécu au Canada pendant 1 095 jours, c'est-à-dire le nombre de jours exigé par la Loi sur la citoyenneté pour qu'une personne obtienne la citoyenneté. Nous pourrions inclure de telles dispositions afin de garantir qu'il existe un lien direct entre ces personnes et le Canada. Rien ne justifie que nous ne prenions aucune mesure de ce genre, que nous privions ces personnes de leurs droits ou que nous ne les reconnaissions pas. Réglons la question une fois pour toutes.
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Monsieur le Président, je suis heureuse d'être ici aujourd'hui pour parler de la motion d'adoption du 15
e rapport du Comité permanent de la citoyenneté et de l'immigration, qui concerne l'élargissement de la portée du projet de loi , mesure législative visant à régler le problème de la perte de la citoyenneté canadienne.
Même si le projet de loi part de bonnes intentions en tentant d'aider les derniers Canadiens ayant perdu leur citoyenneté, dans sa forme actuelle, il ne permet pas de corriger ce que je considère comme les principaux problèmes dans ce dossier. D'ailleurs, c'est quelque chose que j'ai soulevé lors de notre premier débat sur le projet de loi quand il a été renvoyé à la Chambre des communes.
Avant de souligner mes préoccupations à l'égard du projet de loi , dans sa forme actuelle, je vais aborder brièvement les circonstances à l'origine de la perte par certains Canadiens de leur citoyenneté. Les exigences et les complexités de la première Loi sur la citoyenneté canadienne de 1947 et les anciennes dispositions de l'actuelle Loi sur la citoyenneté ont créé des groupes de personnes ayant perdu leur citoyenneté canadienne ou ne l'ayant jamais eue. On les appelle des « personnes ayant perdu leur statut de citoyen canadien ».
Pour résoudre ce problème, les modifications apportées aux lois sur la citoyenneté qui sont entrées en vigueur en 2009 et en 2015 ont rétabli le statut ou donné la citoyenneté pour la première fois à la majorité des Canadiens qui en avaient été dépossédés. Avant les modifications de 2009, les personnes nées à l'étranger au-delà de la première génération, c'est-à-dire nées à l'étranger d'un parent canadien également né à l'étranger, étaient considérées comme des citoyens canadiens à la naissance, mais seulement jusqu'à ce qu'elles atteignent l'âge de 28 ans. C'est ce que l'on appelle parfois, comme mon collègue l'a mentionné précédemment, la « règle des 28 ans ». Si ces personnes ne demandaient pas à conserver la citoyenneté canadienne avant leur 28e anniversaire, elles la perdaient automatiquement. Certaines personnes ne savaient même pas qu'elles devaient satisfaire à ces exigences et ont perdu leur citoyenneté sans le savoir. Les personnes qui ont perdu leur citoyenneté à cause de cette règle sont souvent appelées « la dernière cohorte des Canadiens dépossédés ». Depuis que nous avons entamé ce débat à la Chambre, nombre d'entre elles m'ont écrit, ainsi qu'à d'autres membres du comité de l'immigration.
Dans le but d'éviter que d'autres personnes ne perdent leur citoyenneté, la règle des 28 ans a été abrogée en 2009. Parallèlement, la loi a été modifiée pour établir une limite claire de première génération en ce qui concerne la citoyenneté canadienne par affiliation transmise automatiquement. Cela signifie qu'aujourd'hui, les enfants nés d'un parent canadien à l'extérieur du Canada obtiennent la citoyenneté canadienne à la naissance si l'un de leurs parents est soit né au Canada ou a été naturalisé Canadien. Contrairement aux anciennes dispositions relatives à la rétention de la Loi sur la citoyenneté, ces enfants n'ont aucune formalité administrative à remplir pour conserver leur citoyenneté canadienne. Les personnes de la deuxième génération ou des générations subséquentes nées à l'étranger ne deviennent pas automatiquement des citoyens canadiens à la naissance. La limite de première génération est ferme quant à qui peut ou ne peut pas revendiquer la citoyenneté par affiliation.
Je voudrais illustrer mes propos à l'aide de l'expérience que j'ai vécue avec mes deux filles. Comme chacun sait, je suis citoyenne de deux pays: je suis née au Canada et j'ai grandi en Israël. Au début de ma vie adulte, j'ai choisi de retourner en Israël pour y retrouver ma famille. Je m'y suis mariée et j'ai eu ma fille aînée. Étant donné qu'elle est née en Israël, à sa naissance, j'ai décidé de déposer une demande de citoyenneté en son nom. Par la suite, vers 2008, nous sommes rentrés au Canada, où ma deuxième fille est née, à Toronto, dans York‑Centre, là où nous vivons encore aujourd'hui. Évidemment, étant née au Canada, ma deuxième fille a également la citoyenneté canadienne. Pourtant, si ma fille aînée décide, pour une raison ou pour une autre, de vivre dans un autre pays comme Israël, comme c'est le cas en ce moment pour un an, et qu'elle a des enfants, mes petits-enfants ne pourront avoir la citoyenneté canadienne, et ce même si elle a passé la majeure partie de sa vie ici. Bien que les liens qu'elle entretient avec le Canada sont clairs et bien établis, elle n'a pas la capacité de transmettre sa citoyenneté à ses enfants en raison de la modification apportée par le projet de loi , en 2009, sous le gouvernement Harper. Fait surprenant, si ma fille cadette, qui est née au Canada, avait des enfants à l'étranger, ceux-ci deviendraient automatiquement canadiens, car elle pourrait leur transmettre la citoyenneté canadienne, comme je l'ai fait pour elle. C'est là que résident certains problèmes dont nous avons discuté ensemble à la Chambre.
Je peux comprendre le travail de la sénatrice Martin, qui souhaite restreindre la question à un groupe particulier de personnes. Mais vraiment, comme l'a dit ma collègue du Bloc, il s'agit d'une question de dignité et de compassion. Le sentiment d'appartenance et les liens familiaux de nombreuses personnes sont bafoués, alors je continuerai à en parler. Beaucoup de gens sont nés à l'étranger ou ont été adoptés par un parent canadien de la deuxième génération ou plus. Ces gens n'ont pas la citoyenneté, mais ils ont des liens très étroits avec le Canada, au même titre que ma fille. Ces gens se considèrent eux aussi comme des Canadiens dépossédés de leur citoyenneté.
Actuellement, ces personnes ne peuvent devenir des citoyens canadiens qu'en passant par le processus d'immigration. Autrement dit, elles doivent d'abord remplir les conditions requises, puis demander à devenir résidants permanents. Ensuite, après le délai requis, elles doivent présenter une demande de citoyenneté. Dans certains cas particuliers, les personnes nées à l'étranger de la deuxième génération peuvent demander que la citoyenneté leur soit octroyée, mais seulement dans des circonstances exceptionnelles.
Pour en revenir au projet de loi , malgré ses bonnes intentions, sous sa forme actuelle, il ne répond pas aux besoins de certains Canadiens toujours dépouillés de leur citoyenneté. Le projet de loi ne vise que les Canadiens qui ont perdu leur citoyenneté en raison de la règle des 28 ans appliquée aux personnes nées à l'étranger après la première génération, qui avaient déjà atteint l'âge de 28 ans et qui ont perdu leur citoyenneté avant que la loi soit modifiée en 2009.
Le projet de loi, tel qu'il est rédigé, exclut les personnes qui ont demandé à conserver leur citoyenneté, mais dont la demande a été rejetée. Cela pose un problème, car le projet de loi rétablirait la citoyenneté des personnes qui n'ont jamais demandé à la conserver, tandis qu'il ne ferait rien pour les personnes qui ont pris des mesures pour conserver leur citoyenneté, mais dont la demande a été rejetée. Étant donné que l'ancienne règle des 28 ans a été problématique pour tous, j'espère que le comité envisagera des amendements visant à rétablir le statut de citoyen de toutes les personnes touchées par cette règle, qui a depuis été abrogée.
Le comité a entendu des témoignages convaincants qui ont souligné précisément le problème que pose l'exclusion de l'une des cohortes concernées par la règle des 28 ans. Si je comprends bien, le comité de l'immigration a également reçu des dizaines de mémoires présentés par des personnes se trouvant au Canada et à l'étranger. Certains de ces intervenants m'ont également écrit à la suite de mes interventions précédentes à la Chambre sur cette question. Il semblerait que de nombreuses personnes suivent de près le projet de loi , dont moi en tant que mère de famille. Ce qui est intéressant, c'est que presque tous les mémoires soulignent les difficultés qui existent pour les personnes nées à l'étranger dans la deuxième génération ou au-delà.
Étant donné l'appel lancé par les auteurs des mémoires, je crois fermement que le comité devrait au moins avoir le pouvoir d'envisager des solutions pour certaines autres personnes qui se considèrent comme des Canadiens dépossédés de leur citoyenneté. C'est le sujet du débat d'aujourd'hui. La Chambre appuie-t-elle la demande du comité d'élargir la portée du projet de loi afin d'examiner ce qui pourrait être fait pour les autres Canadiens dépossédés de leur citoyenneté? Je pense que nous devons appuyer cette demande.
La situation où mes filles et moi nous nous trouvons est courante pour bon nombre des personnes que je représente dans ma circonscription de York‑Centre. Ces gens ont des enfants qui vont souvent en Israël et qui se marient ici ou aux États-Unis. La communauté juive entretient d'étroites relations par-delà les frontières. La situation de ces familles, comme celle de bien des familles canadiennes, évolue parfois, que ce soit en raison de leur foi, de leur culture ou de leur langue ou des autres liens solides qu'elles peuvent entretenir. Ces familles suivent aussi cette affaire de près.
Voilà pourquoi je suis d'avis que nous devrions appuyer ceci. Parce que les personnes nées à l'étranger d'un parent canadien au-delà de la première génération, y compris celles qui ont été adoptées à l'étranger, n'ont pas la citoyenneté canadienne, mais estiment qu'elles devraient l'avoir compte tenu de leurs liens étroits avec le Canada, comme c'est le cas de ma fille aînée. Le projet de loi pourrait être amendé de façon à offrir une voie d'accès à la citoyenneté canadienne aux personnes qui ne l'ont pas parce qu'elles se trouvent dans cette situation précise.
J'ai été très déçue d'apprendre quelle a été la réaction de certains députés conservateurs lorsque la motion visant à étendre la portée du projet de loi a été présentée au comité. Ils ont évidemment droit à leur opinion, mais au lieu de présenter des arguments sérieux ou constructifs quant aux raisons d'étendre ou non la portée du projet de loi, certains députés ont profité de l'occasion pour faire des menaces en disant ce qu'ils feraient si on étendait la portée du projet de loi. C'est très décevant. La députée de a dit ceci:
Souhaitons-nous vraiment que notre comité se lance tout à coup dans un examen plus large de la Loi sur la citoyenneté? Si nous élargissons la portée de ce projet de loi, je déposerai des amendements qui la dépasseront largement. J'aimerais apporter beaucoup de changements à la Loi sur la citoyenneté. Je ferai mes devoirs, et nous en débattrons.
Je trouve cette approche fort déplorable. Comme je ne suis pas membre du comité, j'ignore quels amendements les membres ont déjà annoncés de façon confidentielle, mais la députée conservatrice de n'a pas du tout d'information à ce sujet. Nous savons cela. Elle a fait ces commentaires en sachant très bien ce que des députés allaient proposer.
De plus, la députée de a dit assez clairement dans ses observations sur la motion qu'elle n'essayait pas d'apporter des modifications à un article de la Loi sur la citoyenneté qui n'a rien à voir avec le projet de loi. En fait, c'est ce qu'elle a dit aujourd'hui encore. C'est quand même incroyable qu'une députée menace de surcharger le comité de travail en essayant de proposer des amendements qui, pour reprendre ses propres termes, « dépasseront largement » la portée du projet de loi.
Je suis déçue. Il est malheureux que les conservateurs ne tiennent pas compte des demandes exprimées par les parties intéressées et que tous les membres du Comité ont entendu de la part des témoins. Je ne suis pas la seule qui soit dégoûtée par leur réaction. J'aimerais porter au compte rendu une lettre qui, je crois comprendre, a été envoyée aux membres du Comité après que la motion visant à élargir la portée du projet de loi ait été proposée au Comité lundi dernier. Je crois qu'elle a une grande signification pour tous ceux qui écoutent ce débat aujourd'hui. L'auteure dit:
Chers membres du Comité permanent de la citoyenneté et de l'immigration de la Chambre des communes,
D'abord, j'aimerais remercier le Comité de prendre le temps de réfléchir au projet de loi S‑245 et d'en discuter. Même si le libellé actuel du projet de loi n'aura aucune incidence sur mon statut de Canadienne privée de ma citoyenneté, j'espère que ce projet de loi pavera la voie pour que je puisse l'obtenir, ainsi que d'autres Canadiens dans ma situation.
Mon histoire ressemble à celle de nombreux autres Canadiens privés de leur citoyenneté. J'ai été injustement expulsée du pays où ma mère habite. Alors, elle vit seule à Haida Gwaii, et plus elle vieillit, plus je me demande comment je pourrai prendre soin d'elle alors que la loi m'interdit de vivre dans le même pays qu'elle. Je vais m'abstenir de parler de la douleur, de la souffrance et de la tristesse incommensurables que j'éprouve chaque jour.
Je ne vous écris pas pour vous raconter une autre histoire de Canadien privé de sa citoyenneté, mais plutôt pour vous demander, lorsque vous discutez de la citoyenneté canadienne, d'utiliser un langage plus juste et attentif à l'égard des personnes qui ont des liens ancestraux avec le Canada. Je ne crois pas que les députés aient l'intention de marginaliser davantage les Canadiens dépouillés de leurs liens avec le Canada. Voilà pourquoi je vous adresse cette demande.
Lorsqu'ils discutent de citoyenneté et des Canadiens privés de leur citoyenneté, les députés utilisent constamment les mots « immigrants » et « citoyens » comme s'ils étaient interchangeables. Le but du projet de loi S‑245 n'a rien à voir avec l'immigration; il porte uniquement sur la citoyenneté. En tant que Canadienne privée de ma citoyenneté, je suis abasourdie qu'on me mette dans le même panier que les personnes qui souhaitent immigrer au Canada. Cela me brise le cœur. Par dessus tout, je crains que si on nous associe toujours ainsi, les Canadiens privés de citoyenneté ne soient jamais reconnus pour ce qu'ils sont vraiment, c'est-à-dire des personnes injustement privées de leur droit à la citoyenneté canadienne par la naissance.
Vu de l'extérieur, il semble que l'incapacité des députés de faire la distinction entre ces deux concepts — la citoyenneté et de l'immigration — lorsqu'ils étudient le projet de loi S‑245 divise l'opinion quant à l'élargissement de la portée du projet de loi pour traiter avec équité ceux qui ont été injustement dépouillés de leur citoyenneté ou privés de leur droit à la citoyenneté canadienne par la naissance [...] Il est malhonnête de parler de cette situation comme s'il s'agissait d'un dossier relatif à l'immigration. [Un tel langage] continue de renforcer les préjudices et les traumatismes psychologiques que nous subissons quotidiennement en vivant en exil.
L'auteure poursuit:
L'objectif du projet de loi S‑245 est d'accorder la citoyenneté à un groupe de personnes. Menacer de présenter des amendements au projet de loi S‑245 pour rendre obligatoires les cérémonies de citoyenneté en personne, par exemple, est ridiculement hors de la portée de la mesure législative, en plus d'être insultant pour la foule de Canadiens privés de leur citoyenneté qui souhaitent seulement rentrer à la maison.
Je suis consciente que la complexité du dossier des Canadiens privés de leur citoyenneté et des Canadiens de deuxième génération nés à l'étranger rend la situation difficile à comprendre. Or, tant que les députés siégeant au Comité, les personnes qui ont le plus d'influence sur les mesures législatives concernant la citoyenneté, ne saisiront pas la distinction entre « citoyenneté » et « immigration », il n'y aura pas de voie claire à suivre pour les personnes qui, comme moi, ont perdu leur citoyenneté.
Par conséquent, je vous supplie de comprendre que les Canadiens privés de leur citoyenneté ne sont pas des immigrants. Nous sommes des Canadiens. Les propos tenus par les députés devraient refléter ce fait. Les mots utilisés en ce moment ont beaucoup de poids pour ceux d'entre nous qui souffrent. Veuillez nous voir pour ce que nous sommes afin que vous puissiez ouvrir davantage votre esprit et votre cœur pour nous laisser entrer [...] Si vous pouvez nous considérer comme les Canadiens que nous sommes, je pense que vous verrez les choses plus clairement. Il ne faut pas que les députés laissent leurs opinions, leurs croyances ou leurs préférences concernant...
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Monsieur le Président, je suis très heureux de participer au débat sur ce projet de loi. Je tiens d'abord à remercier encore une fois les gens de ma circonscription de m'avoir choisi à nouveau pour les représenter ici, pour parler en leur nom et pour faire entendre la voix des habitants de Calgary à Ottawa, au Parlement national. Tous les jours, je pense à la chance que nous avons tous, les 338 députés, de pouvoir représenter nos concitoyens à la Chambre des communes et de travailler pour eux.
Je veux aussi préciser que je suis un Canadien né à l'étranger; il se trouve que je suis l'une des personnes qui ont été naturalisées en 1989. J'ai pu faire connaître cette histoire dans le cadre d'activités de sensibilisation sur l'île de Montréal. J'ai également parlé à de nombreux néo-Canadiens qui m'ont raconté leur expérience d'immigration au Canada. Je n'ai pas manqué une occasion de leur rappeler que n'importe qui peut devenir député à la condition de fournir les efforts nécessaires, de dire la vérité, d'avoir une éthique de travail et de faire preuve de dévouement. Représenter les gens dans un organe législatif de notre pays est un grand privilège, et nous ne devrions jamais l'oublier.
J'aimerais aborder très rapidement quelques points, simplement pour donner un aperçu des réserves que j'ai pour ce qui est de l'adoption d'un rapport du comité de l'immigration. Il y a la question du moment et de la manière dont nous en sommes arrivés à ce point, où il est maintenant nécessaire de passer au vote. J'aimerais parler de la marraine de ce projet loi du Sénat, la sénatrice Yonah Martin, de la Colombie‑Britannique. J'aimerais parler de la mesure législative initiale, du projet de loi , et du fait que le projet de loi est pratiquement identique à ce dernier.
Je voudrais également aborder brièvement le processus. Il ne s'agit pas d'une question de fond. Je pense qu'un grand nombre de députés sont d'accord sur le fond de ce projet de loi; bien sûr, les conservateurs sont d'accord, car il s'agit d'une mesure législative conservatrice. Il est très facile de voir pourquoi les conservateurs, par exemple, ne proposeraient pas d'amendements à une mesure législative qui émane d'une conservatrice. C'est parce que nous sommes tous d'accord. Nous avons consulté notre caucus. Un exposé y a été présenté. Évidemment, nous sommes d'accord avec une idée conservatrice proposée par une sénatrice conservatrice. L'objectif consiste à rendre, à juste titre, la citoyenneté à un groupe particulier de Canadiens, qui représente un petit groupe.
Le projet de loi est très simple. Il prend une seule page. Cela ne signifie pas que d'autres motifs ne seraient pas également valables pour redonner la citoyenneté à une personne. Il y aurait des raisons suffisantes pour légiférer en ce sens. Toutefois, on a examiné ce projet de loi pendant deux législatures où le gouvernement était minoritaire pour tenter de le corriger. Comme nous le savons, les gouvernements minoritaires sont imprévisibles, malgré la présence d'une coalition néo-démocrate—libérale. Ici, nous avons un gouvernement et un parti de l'opposition et nous ne savons pas où l'un commence et où l'autre se termine. Nous ne savons pas quand il pourrait y avoir des élections, ce qui réduirait à néant toutes les initiatives législatives à l'étude par la Chambre et le Sénat.
C'est exactement ce qui est arrivé au projet de loi . Lorsque des élections ont été déclenchées le 15 août 2021, toutes les initiatives législatives en cours à l'époque ont été réduites à néant. Le projet de loi S‑230, qui porte sur les Canadiens dépossédés de leur citoyenneté, avait déjà été étudié par le Sénat. Il a fait l'objet d'une réunion aux fins d'examen, au cours de laquelle des représentants du gouvernement ont témoigné en tant qu'experts; cela a permis de comprendre que le contenu du projet de loi était correct et qu'il réglerait la situation à laquelle nous sommes confrontés. Nous avons entendu de nouveaux témoignages sur le projet de loi et avons procédé à un nouvel examen.
C'est le moment choisi qui me préoccupe. Je ne sais pas quand des élections pourraient être déclenchées. Je souhaite accélérer l'adoption d'un projet de loi comme celui-ci, sans amendement, afin d'examiner d'autres projets de loi. La Chambre est toujours libre de faire une telle chose. Tout député ou sénateur peut présenter un projet de loi d'initiative parlementaire. En fait, les sénateurs peuvent désormais présenter un projet de loi plus rapidement que nous, ce que j'estime inacceptable. J'espère que certains députés ministériels sont d'accord avec moi sur ce point. Il s'agit d'une idée législative distincte. Peut-être que des changements pourraient être apportés au Règlement un jour.
Je sais qu'au moins un député de Winnipeg convient que les députés doivent être ceux qui présentent le plus souvent des projets de loi et que les sénateurs ne devraient pas le faire plus souvent ni plus rapidement que nous. Nous avons un système de tirage au sort, et c'est le Président qui a tiré les noms au sort. Je le rappelle au vice-président, car je crois que mon nom a été tiré l'avant-avant-dernier lorsqu'il a effectué le tirage. Je pense vraiment qu'il aurait dû y avoir un recomptage. J'entends une autre députée de Montréal, qui a fréquenté l'une de mes alma mater, l'Université Concordia, dire qu'elle a obtenu un bien meilleur rang que le mien.
Le temps est un enjeu dans cette affaire. Nous parlons d'un groupe de personnes qui ont perdu la citoyenneté canadienne et qui pourraient la récupérer. Ils la retrouveraient. Si nous nous abstenons d'amender le projet de loi, une fois adopté par la Chambre des communes, la gouverneure générale pourra lui octroyer la sanction royale et il deviendrait loi.
Tout amendement apporté par le comité ferait en sorte que le projet de loi devrait être renvoyé à la Chambre. De même, tout amendement à l'étape du rapport aurait pour effet de retarder l'adoption du projet de loi. Il risquerait alors d'être soumis à une nouvelle série d'examens. Je suis convaincu que, lorsque les sénateurs ont accepté d'accélérer l'adoption de ce projet de loi, c'est le projet de loi original qu'ils adoptaient, c'est-à-dire le projet de loi . Ils adoptaient un projet de loi qu'ils avaient déjà examiné et qui avait déjà fait l'objet d'un débat.
Ils vont examiner le débat qui a eu lieu à la Chambre. Ils vont analyser pourquoi, par exemple, certains fonctionnaires ont présenté au comité de la Chambre des communes des informations qui divergent de celles présentées par d'autres fonctionnaires, alors que certains de ces fonctionnaires étaient les mêmes qui ont témoigné devant le comité sénatorial il y a deux ans. Ils vont se demander pourquoi les avis sont légèrement différents et pourquoi ils ne sont pas d'accord avec certaines parties du libellé du projet de loi . Ils diront qu'il ne règle plus le problème aussi bien qu'avant.
Lorsque j'ai regardé les titres des postes de ces fonctionnaires, je me suis aperçu qu'il s'agissait exactement des mêmes postes. Certaines personnes ont été promues et d'autres ont changé de poste.
Je suis sûr que les sénateurs examineront le projet de loi. Cela représente des mois d'attente supplémentaires. Lorsque le Sénat examinera le projet de loi, d'autres personnes viendront témoigner devant le comité sénatorial, puis, avec tous ses amendements potentiels, le Sénat renverra le projet de loi à la Chambre des communes. Je sais que je suis censé appeler cela « l'autre endroit », mais je pense que les Canadiens chez eux devraient savoir que ce processus pourrait retarder et éventuellement tuer le projet de loi. Le projet de loi pourrait ne pas être adopté.
Comment en sommes-nous arrivés à cette situation particulière? Nous avons un excellent vice-président au comité de l'immigration, le député de , qui a négocié avec les autres partis en toute bonne foi. J'espère que le gouvernement fait la même chose lors des négociations pendant la grève des fonctionnaires membres de l'Alliance de la Fonction publique du Canada. Le député a négocié de bonne foi et a fourni des renseignements aux autres partis, tels que notre position, nos préoccupations et le type de sous-amendements que nous envisagerions.
Nous examinions des amendements visant à renforcer certaines des idées que nous avions entendues et dont il avait été question au comité. La motion qui a été adoptée au comité malgré nos objections élargit la portée au-delà des amendements du projet de loi liés à l'article 8. À mon avis, la motion voudrait dire n'importe quoi dans le projet de loi , Loi modifiant la Loi sur la citoyenneté, et elle serait adoptée par un vote à la Chambre des communes. À mes yeux, cela ressemble à un examen législatif du projet de loi , ce qui laisse la porte ouverte à n'importe quel changement dans la Loi sur la citoyenneté.
J'ai entendu bien des choses dans le cadre de mes déplacements à travers le pays pour rencontrer autant des Néo-Canadiens que des membres de familles qui vivent au Canada depuis des générations. Ils ont des réserves au sujet de la Loi sur la citoyenneté, par exemple la façon dont les cérémonies de citoyenneté sont organisées, et comment elles ont lieu en personne ou à distance, en un clic. Ils ont aussi des réserves au sujet des règles visant certains Canadiens ayant perdu leur citoyenneté. Est-il acceptable de tenir des cérémonies de citoyenneté lors de certains jours fériés qui n'étaient peut-être pas aussi importants il y a 40 ans? Voilà des questions auxquelles les députés devraient songer.
Quand je lis la motion, mon regard n'est pas teinté par des études en droit. Comme un simple profane, je lis les mots qui sont là. Il est écrit que la portée irait au-delà de l'article 8, ce qui signifie que tout le reste de la Loi sur la citoyenneté devrait être admissible à un amendement. Nous avons la chance d'aider ceux que l'on désigne comme des Canadiens dépossédés de leur citoyenneté. Nous avons aussi la chance de veiller à ce que personne d'autre ne subisse le même sort pour diverses raisons, par exemple pour avoir manqué la cérémonie de citoyenneté parce qu'il était parti en vacances ou en voyage.
Si nous nous retrouvons au point où nous en sommes aujourd'hui, c'est parce que d'autres partis n'ont pas expliqué franchement leur position. Pendant l'étape de l'étude par le comité, j'ai proposé un amendement très raisonnable qui nous aurait donné plus de temps pour examiner les amendements ayant pour effet d'élargir la portée du projet de loi. Il n'y a aucun amendement concernant le texte du projet de loi dans sa portée actuelle parce que nous acceptons le contenu du projet de loi.
Il aurait été bien d'avoir plus de temps pour examiner les amendements élargissant la portée du projet de loi, car nous aurions pu présenter de tels amendements. Nous aurions eu tout le temps voulu pour les examiner au sein de nos caucus respectifs. C'est la manière de procéder des députés de ce côté-ci de la Chambre. Notre caucus procède à un débat approfondi où les députés et les sénateurs s'entendent sur différents amendements à examiner, surtout si ce sont des amendements majeurs, comme celui-ci semble l'être puisqu'il prévoit un examen législatif de la Loi sur la citoyenneté.
Prenons maintenant un moment pour parler de la marraine du projet de loi, la sénatrice Yonah Martin. Je pense que bon nombre de députés, et, je l'espère, bon nombre de sénateurs diraient qu'elle n'est pas partisane. C'est une sénatrice qui peut collaborer avec tous les parlementaires, quelle que soit leur allégeance politique, sur bien des questions.
La communauté canado-coréenne et la bataille de Kapyong lui tiennent beaucoup à cœur. Chaque année, sans exception, elle prend bien soin de nous rappeler la bataille de Kapyong et son importance pour les Canadiens d'origine coréenne. Elle a énormément aidé non seulement les conservateurs, mais aussi les Canadiens d'origine coréenne partout au Canada, en les mettant en relation avec leurs fonctionnaires municipaux et des organismes communautaires, et en leur faisant découvrir des aspects de la vie politique et civique du Canada.
Elle a un projet de loi. Elle lui a fait franchir avec succès les différentes étapes du Sénat, qui l'a adopté sans amendements. C'est inhabituel. Pour bon nombre d'entre nous, lorsque nous rédigeons un projet de loi ou une motion d'initiative parlementaire, il y a toujours la possibilité que des amendements soient présentés sur des points que nous ignorions ou auxquels nous n'avions pas pensé.
Il s'agit d'une sénatrice qui, au comité, a expressément demandé que l'on ne présente aucun amendement, car le temps pressait, comme je l'ai mentionné au début de mon intervention. C'est pourquoi je tiens à le signaler. La sénatrice a expressément dit, lorsqu'on lui a posé la question, qu'elle ne souhaitait pas étendre la portée du projet de loi si cela devait retarder l'adoption du projet. Or, c'est ce qui risque de se passer ici. L'adoption du projet de loi serait retardée.
La sénatrice a proposé une solution, soit la présentation de nouvelles mesures législatives. Le gouvernement a toujours la possibilité de présenter des mesures législatives pour aider les Canadiens en question relativement à des éléments qui ont été relevés par les témoins et dans les mémoires. Ce serait parfaitement acceptable. Nous pourrions en évaluer le bien-fondé.
La Chambre des communes a déjà accéléré l'adoption de projets de loi. Nous l'avons fait pas plus tard que la semaine dernière. Nous avons accéléré l'adoption de certaines parties du budget à la Chambre. De telles choses sont possibles, particulièrement lorsqu'il y a consensus et que nous travaillons ensemble, comme l'a évoqué une secrétaire parlementaire.
Bon nombre de membres du comité conviendront que le vice-président issu de notre parti collabore avec les députés conservateurs. C'est ce que nous faisions quand ce changement a été proposé. Nous travaillions à la rédaction d'un rapport, un rapport du Comité permanent de la citoyenneté et de l'immigration, rien de moins. Nous sommes tout à fait disposés à travailler en collaboration. Le comité de l'immigration travaille beaucoup ainsi: chacun discute ouvertement des positions qu'il adoptera, de ses préoccupations au sujet des amendements ou des politiques, et de son point de vue. C'est aussi ce qui s'est produit dans ce cas-ci.
Je tenais à mentionner la version initiale du projet de loi, qui a été présentée pendant la dernière législature sous le numéro , et à rappeler que le comité sénatorial a eu une seule réunion pour étudier les détails du projet de loi S‑230. Nous allons essentiellement ajouter de nouveaux articles à propos de Canadiens dépossédés de leur citoyenneté. S'il y a une chose que j'ai apprise à propos de la Loi sur la citoyenneté, c'est qu'il s'agit d'une loi très complexe — je suis certain que beaucoup de députés sont du même avis, particulièrement ceux qui siègent au comité de l'immigration. Il est facile de commettre une erreur au sujet des dates, des années, des mois, des jours et de mots précis, erreur qui aura pour conséquence que des personnes ne pourront plus transmettre leur citoyenneté à leurs enfants ou à leurs petits-enfants ou la conserver à la suite d'un mariage.
Je suis né dans la Pologne communiste, un pays dont je dis toujours qu'il n'existe plus. C'est une note de bas de page de l'histoire. En tant que Canadien qui n'est pas né ici, je sais que la Loi sur la citoyenneté est une chose à laquelle il faut faire attention. Tous mes enfants sont nés à Calgary; ils ne sont donc pas directement concernés par des choses comme la règle concernant la première génération, mais d'autres le sont. Je le reconnais tout à fait, mais il est possible de légiférer.
Un autre sénateur pourrait présenter un autre projet de loi au Sénat pour régler le problème d'autres personnes, et nous pourrions encore une fois tenir un débat accéléré pour faire adopter le projet de loi à la Chambre si nous pouvions nous entendre sur le libellé. Comme je l'ai dit, lors d'une législature précédente, des fonctionnaires ont affirmé devant le comité que le libellé du projet de loi est exactement celui qui convient pour régler le problème qui préoccupe la sénatrice. Les mêmes fonctionnaires — les titulaires des mêmes postes au même ministère — ont dit qu'il fallait en fait le modifier parce qu'il pourrait ne pas permettre d'atteindre l'objectif que l'on prétend pouvoir atteindre.
Pour l'instant, nous ne savons pas quels types d'amendements seront présentés au comité de l'immigration si nous approuvons la motion d'adoption de son rapport. Nous ne le savons tout simplement pas. Personne ne sait aujourd'hui quels amendements seront présentés, à l'exception des auteurs des amendements, qui seront assis à la table, potentiellement à huis clos, pour examiner ces amendements. J'espère que tout se fera en public.
Il est important de se rappeler qu'aucun des partis ne sera obligé de soumettre de nouveaux amendements qui dépassent la portée du projet de loi. Comme je l'ai dit, nous pourrions envisager un grand nombre de situations différentes.
J'ai toujours un proverbe yiddish à citer. Samedi, j'ai visité une synagogue dont les membres sont très pratiquants à Montréal. Il y a un superbe proverbe yiddish qui va comme suit: « espérez des miracles, mais ne comptez pas sur eux ». Je suis incapable de le prononcer en yiddish, mais c'est un bon proverbe. J'espère toujours des miracles. J'espère que nous pourrons parvenir à un consensus sur le fait que ce projet de loi devrait être adopté rapidement sous sa forme actuelle.
Je veux voter en faveur de cette mesure telle qu'elle est actuellement, et je pense que ceux qui siègent à mes côtés veulent faire la même chose. Nous voulons aider ces Canadiens et leur rendre leur citoyenneté, à juste titre. Nous avons la possibilité d'aider les autres, et j'espère que la Chambre sera à même de le faire. J'espère qu'il sera en mesure de parvenir à un consensus sur de nouvelles mesures législatives qui répondront à certains besoins.
J'en suis à ma troisième législature et je pense que cela créerait un mauvais précédent. En dépit des objections du député, le fait de vouloir apporter des changements à son projet de loi d'initiative parlementaire ou à un projet de loi du Sénat ne serait qu'un mauvais précédent.
Je sais que cela s'est produit à l'occasion au cours des 10 à 20 dernières années. Dans ces cas en particulier, les députés m'ont fait remarquer que cela n'aurait pas dû se passer ainsi. Je crois vraiment que nous devrions honorer les demandes des députés qui présentent une idée et procéder à un simple vote par oui ou par non.
Même la sénatrice Yonah Martin a déclaré que si des amendements techniques particuliers étaient apportés au libellé du projet de loi, des amendements qui respectent l'intention et le principe qu'elle tente de traiter, à savoir aider ce groupe de Canadiens dépossédés de leur citoyenneté à recouvrer celle-ci, ce qui figure dans le sommaire du projet de loi, qui utilise le terme « recouvrer », elle était d'accord avec cela. Cependant, ce dont nous avons parlé jusqu'à présent, et ce que j'ai entendu de la part de la et de la députée néo-démocrate, ce sont des éléments potentiellement très éloignés de l'intention et du principe initiaux du projet de loi. C'est là que j'ai des inquiétudes.
J'ai fait part de ces préoccupations. J'ai pris des engagements fermes. Je compte tenir parole. J'ai fait de même dans d'autres comités dont j'ai fait partie, y compris le comité de la procédure, où je me souviens d'avoir travaillé avec d'autres membres pour veiller à ce qu'on respecte l'intention qui sous-tendait les motions et les projets de loi. Les membres votaient par oui ou non sur certaines questions, et les questions sur lesquelles nous votions étaient très claires.
Encore une fois, je vois cela comme une occasion. Nous ne savons pas quand les élections arriveront. Je ne veux pas renvoyer cette question au Sénat. Le Sénat s'est déjà prononcé à ce sujet. Il a déjà examiné ce projet de loi. Ce que je veux, c'est en accélérer l'étude. J'étais prêt à le faire lors de la première réunion sur le projet de loi .
Nous aurions peut-être pu nous pencher sur certains amendements qui seraient à la limite de ce qui est admissible. Je me tourne vers le vice-président conservateur, et je pense qu'il est juste de dire que nous étions prêts à étudier de tels amendements.
Nous avons eu cette discussion avec les libéraux. Nous avons exprimé franchement nos idées et nos préoccupations, et nous avons indiqué ouvertement la direction que nous voulions prendre. Je m'attendais à ce que cela fasse l'objet d'une étude appropriée. Nous avions reçu des commentaires, des idées et des renseignements précieux de la part de Canadiens, vivant ici et à l'étranger, qui avaient soulevé leurs inquiétudes pour divers groupes de personnes ayant perdu la citoyenneté canadienne.
Nous aurions pu répondre à ces inquiétudes dans d'autres mesures législatives, puis quelqu'un au Sénat ou un député de n'importe quel parti aurait pu présenter un projet de loi d’initiative parlementaire portant là-dessus; ce ne serait probablement pas moi parce que, comme je l'ai dit, je crois que j'ai été tiré l'avant-avant-dernier quand le vice‑président a effectué le tirage. Je m'en souviens encore. Je ne serai donc probablement pas l'un des députés qui pourra présenter une telle mesure législative.
La Chambre est capable de travailler en collaboration. Je vais en donner un autre exemple. En ce qui a trait aux congés de deuil, le a eu la gentillesse de travailler avec moi avant Noël, en 2021, pour intégrer des parties de mon projet de loi d'initiative parlementaire sur les congés de deuil directement dans le projet de loi , puis d'en accélérer l'étude à la Chambre.
Pour répondre à la qui dit espérer que nous pourrons travailler en collaboration, je dirai que c'est tout à fait possible. Nous l'avons d'ailleurs déjà fait une fois dans le passé. Le ministre du cabinet fantôme en matière de travail de l'époque, le député de , était à l'origine de l'initiative. C'est possible, lorsque les gens s'assoient en toute bonne foi à la table des négociations et que nous parvenons à un accord. Nous avons conclu l'accord dont je parle avant Noël et les Canadiens travaillant pour le gouvernement fédéral ont pu bénéficier de nouvelles dispositions sur le congé de deuil.
Cela peut arriver. J'appelle cela des miracles législatifs, pour en revenir à mon proverbe yiddish. Des miracles législatifs peuvent se produire lorsque les gens veulent changer les choses. Il s'agissait d'un projet de loi d'initiative parlementaire qui n'aurait probablement jamais été adopté. Il était si bas dans la liste qu'il n'aurait pas pu être adopté. Je n'aurais pas eu la possibilité de le faire débattre.
Ceci étant dit, j'ai exposé les raisons pour lesquelles nous devrions rejeter ce rapport, et je propose:
Que la Chambre passe maintenant à la présentation de pétitions.