La Chambre reprend l'étude, interrompue le 6 mars, de la motion portant que le projet de loi , soit lu pour la troisième fois et adopté.
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Madame la Présidente, c'est un honneur pour moi de prendre la parole aujourd'hui sur le projet de loi , la loi sur la lutte contre le travail forcé et le travail des enfants dans les chaînes d’approvisionnement.
Je souhaite vous faire part d'un témoignage de l'International Justice Mission sur l'impact réel du travail forcé et de l'esclavage.
« Comme la plupart des garçons de 10 ans, Suriya était un rêveur. Si vous lui demandiez ce qu'il voulait faire quand il serait grand, sa réponse pouvait changer d'un jour à l'autre. Un chanteur célèbre, un artiste, un policier, un pilote, un joueur de cricket. »
Un jour, un cyclone a frappé le Sud de l'Inde et a détruit le village de Suriya. Suriya, sa mère et ses frères et sœurs ont tous survécu, mais pas son père. En raison de leur situation désespérée, la mère de Suriya a été contrainte de contracter un prêt auprès d'un agriculteur voisin, qui exigeait que Suriya travaille pour lui.
« À seulement 10 ans, les rêves, l'enfance et la liberté de Suriya lui ont été enlevés. Au lieu de l'étreinte affectueuse de sa mère, Suriya a été battu à maintes reprises avec un bâton. Au lieu d'aller à l'école à pied le matin, il a été contraint de garder seul plus de 200 chèvres sur une superficie de plusieurs kilomètres ».
Grâce au partenariat d'une organisation locale en Inde, l'International Justice Mission a pu trouver Suriya, le ramener chez lui en toute sécurité et « se battre pour que justice soit faite contre l'homme qui a exploité sa famille ».
Suriya a été libéré, mais des millions d'hommes, de femmes et d'enfants sont encore réduits à l'esclavage. D'ailleurs, selon les estimations, on compte aujourd'hui plus de 50 millions de personnes en situation d'esclavage.
C'est pour cela que cette question est si importante, et je suis heureux que nous débattions du projet de loi dans cette enceinte aujourd'hui. En tant que coprésident du Groupe parlementaire multipartite de lutte contre l'esclavage moderne et la traite des personnes, j'ai eu l'honneur de faire avancer l'étude de ce projet de loi et de travailler avec mes collègues de tous les partis.
Je tiens à remercier plus particulièrement le parrain de ce projet de loi, le député de , qui a défendu ce dossier sans relâche pendant des années dans cette enceinte, ainsi que notre collègue la sénatrice Miville-Dechêne, qui a piloté l'étude de ce projet de loi avec brio au Sénat. Je remercie les deux autres coprésidents du Groupe parlementaire multipartite, la députée de ainsi que leurs bureaux pour tout ce qu'ils ont fait. Je tiens aussi à souligner l'excellent travail de leur personnel, y compris Shawn Boyle, Jérôme Lussier et Joel Oosterman, qui ont été d'une aide précieuse pour mener à bien l'étude du projet de loi.
Le groupe a fait de l'excellent travail ces dernières années, et je profite de l'occasion pour informer les députés que notre assemblée générale annuelle aura lieu le 8 mai. Nous invitons tous ceux qui souhaitent se joindre au Groupe parlementaire multipartite de lutte contre l'esclavage moderne et la traite des personnes à assister à cet événement afin de contribuer à renforcer les efforts du Canada dans la lutte contre la traite des personnes.
La traite des personnes et l'esclavage moderne transforment les personnes en objets à utiliser et à exploiter. Il s'agit d'un crime odieux qui rapporte beaucoup d'argent et qui se répand au Canada et ailleurs dans le monde.
Plus tôt ce printemps, la police régionale de York a annoncé que 64 hommes et femmes originaires du Mexique avaient été victimes de la traite des personnes et qu'on les avait envoyés travailler en Ontario. Je tiens à remercier la police pour son travail acharné dans ce domaine, en particulier les agents qui ont appréhendé les trafiquants et sauvé les victimes. Ce crime odieux prive les gens de leur dignité et de leur liberté inaliénables. Ces dernières années, on estime qu'à cause de la pandémie le nombre de victimes de l'esclavage ou de la traite des personnes est passé de 40 millions à plus de 50 millions.
Ces gens récoltent le café que nous buvons ou le sucre que nous mangeons et fabriquent les vêtements que nous portons et, alors que nous allons enfin mettre à jour nos lois afin d'interdire les importations issues de l'esclavage, les mesures que nous avons prises jusqu'à présent ont été désolantes. Pendant l'exercice 2021-2022, les États-Unis ont intercepté 2 300 cargaisons soupçonnées d'être liées au travail forcé ou à l'esclavage. Le Canada n'en a intercepté qu'une, la décision a été portée en appel et la cargaison a finalement été admise au pays.
Le Canada n’exige pas encore des entreprises qu’elles s’assurent qu’il n’y a pas d’esclavage dans leurs chaînes d’approvisionnement. C’est pourquoi le projet de loi est si important, puisqu’il obligerait les ministères fédéraux et les grandes entreprises qui font des affaires au Canada à produire un rapport annuel détaillant les mesures prises pour prévenir ou atténuer les risques de travail forcé ou de travail des enfants dans les chaînes d’approvisionnement. Les rapports seraient rendus publics, et des sanctions seraient prévues en cas de déclarations fausses ou trompeuses.
À ce stade-ci, il n’est pas nécessaire d’entrer dans les détails du projet de loi. Le projet de loi a déjà franchi les étapes du Sénat et il a été examiné en comité. À la Chambre, il est passé par l'étape de la deuxième lecture et par l’étude en comité, et nous n’avons pas besoin de débattre du projet de loi pour l’adopter. Nous savons combien de temps il faut au gouvernement simplement pour mettre en œuvre une mesure législative. Si le débat continue, le projet de loi sera retardé, tout comme la capacité du Canada à améliorer la transparence et à contribuer à l’éradication de l’esclavage dans nos chaînes d’approvisionnement.
Je souhaite attirer l’attention des députés sur l’action de l’ancien député britannique et abolitionniste William Wilberforce. Motivé par sa foi chrétienne, il a passé des décennies à lutter contre la traite transatlantique des esclaves, présentant chaque année un projet de loi pour y mettre fin, lequel finissait par être rejeté ou retardé. Il a finalement obtenu gain de cause, mais ses efforts ont souvent été entravés par les tentatives d’autres députés de changer ou de modifier le projet de loi, ou par les appels à le retarder ou à adopter une approche différente. Ces retards ont eu pour conséquence la prolongation des souffrances et l’asservissement d’innombrables Africains. C’est pourquoi il est profondément décevant de voir que certains partis ici, à la Chambre, ont l’intention de voter contre ce projet de loi. C’est choquant. Ces partis avancent des excuses analogues à celles des opposants à Wilberforce pour justifier qu’ils ne peuvent appuyer le projet de loi.
Personne ne prétend que le projet de loi est la seule mesure que le Canada doit prendre, mais c’est néanmoins une mesure importante. Il y a d’autres approches que nous pouvons et que nous devons adopter. Par exemple, le Canada devrait adopter une approche de tolérance zéro à l’égard de l’esclavage moderne et de la traite des personnes.
Il y a trois semaines, j'étais au Musée canadien pour les droits de la personne, à Winnipeg, où nous avons rassemblé des survivants et des chefs de file de la lutte contre la traite de personnes. Organisé par Paul Brandt et #NotInMyCity, l’Amicale d’action rotarienne contre l’esclavage, le Mekong Club et l'International Justice Mission, et éclairé par la voix de survivants, le symposium avait pour but de galvaniser l'appui pour la « Déclaration du Canada », un document qui énonce la réalité de la traite des personnes au pays et dans le monde et qui presse le Canada d’adopter une approche de tolérance zéro à l’égard de la traite des personnes. Les coprésidents du Groupe parlementaire multipartite de lutte contre l'esclavage moderne et la traite des personnes ont eu l'honneur de s'adresser aux chefs de file qui se trouvaient dans la salle, et nous sommes déterminés à présenter cette déclaration au Parlement et à exhorter nos collègues ministériels à mettre en œuvre ces appels à l'action.
La déclaration se lit, en partie, comme suit:
Nous reconnaissons que la réconciliation avec les peuples autochtones exige que le Canada déploie des efforts concertés pour éradiquer les facteurs favorisant la surreprésentation des Autochtones parmi les victimes de la traite de personnes.
Nous reconnaissons également la résilience et le courage des survivants qui ont dénoncé ce type d’acte et nous déplorons le fait que leur voix n’ait pas été entendue [...]
Nous reconnaissons que la protection de la liberté nécessite diligence et sacrifice.
Nous reconnaissons que la traite de personnes est une activité criminelle multidimensionnelle et que, pour la combattre sur tous les fronts, des efforts exhaustifs, holistiques et pancanadiens s'imposent [...]
[...] nous exhortons le gouvernement du Canada et tous les Canadiens d’adopter une approche de tolérance zéro à l’égard de la traite de personne, qui doit être éradiquée.
L'un des appels à l'action de la « Déclaration du Canada » demande au Canada de mettre en œuvre des mesures robustes exigeant que les entreprises d'ici présentent des rapports sur les chaînes d'approvisionnement utilisées. C'est ce que ferait ce projet de loi. Il aiderait le Canada à se rapprocher d'une approche de tolérance zéro, et c'est pourquoi je pense que son adoption ne devrait plus attendre. Si nous avons le pouvoir de contribuer à mettre fin à l'esclavage pour apporter la liberté à des hommes, des femmes et des enfants partout dans le monde en adoptant ce projet de loi, pourquoi remettrions-nous à plus tard son adoption?
Pas plus tard qu'hier, tous les députés ont reçu une lettre de Peter Talibart, un Canadien vivant au Royaume‑Uni qui est avocat en droit international du travail. M. Talibart demande aux parlementaires d'adopter le projet de loi et souligne les forces de celui-ci par rapport aux approches existantes ailleurs dans le monde. Par exemple, contrairement aux lois britanniques et australiennes, le projet de loi S‑211 prévoit de lourdes sanctions, y compris des amendes et la responsabilité pénale directe. En fait, ces pays cherchent à adopter une approche qui reflète le projet de loi.
M. Talibart conclut sa lettre en disant que nous en savons plus sur le bois de notre chaise, le café dans notre tasse et le tabac dans notre cigarette que sur le bien-être des millions d'hommes, de femmes et d'enfants qui les ont produits, ce qui est inacceptable.
J'exhorte tous les députés à appuyer l'adoption immédiate du projet de loi .
Une fois encore, je tiens à remercier le député de , nos collègues du Sénat et tous ceux qui ont travaillé d'arrache-pied pour que ce projet de loi en arrive au stade où il se trouve aujourd'hui.
Je voudrais terminer mon intervention en rappelant les paroles de William Wilberforce, qui, il y a plus de 200 ans, exhortait ses collègues parlementaires à passer à l'action. Il a déclaré: « [Après avoir entendu tout cela,] vous pouvez choisir de détourner le regard, mais vous ne pourrez plus jamais prétendre que vous ne saviez pas. »
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Madame la Présidente, j'interviens ce soir en ma qualité de porte-parole du Bloc québécois en matière de commerce international. Les thématiques que nous abordons ici maintenant sont tout à fait liées à cette question. Bien sûr, nous sommes tous en faveur du commerce, mais pas à n'importe quel prix environnemental, humain ou social. Je crois que cela implique que nous nous penchions avec le plus grand sérieux sur ce projet de loi.
Je tiens tout d'abord, avant d'aller au fond des choses, à saluer la sincérité absolue du député de , de même que celle de la sénatrice Miville‑Dechêne. Depuis 2018, ils ont tenté à trois reprises de faire adopter une loi en cette matière. Je tiens donc à dire que j'admire les efforts qui ont été faits.
Dans le cas du député de Scarborough—Guildwood, on sait que cela fait longtemps qu'il se penche sur les abus potentiels des entreprises à l'étranger. En 2010, il avait déjà déposé un projet de loi pour responsabiliser les minières canadiennes à l'étranger. Cela avait été rejeté. À l'époque, c'était un gouvernement conservateur minoritaire. Avec les partis de l'opposition, cela aurait pu passer, mais cela avait été rejeté parce qu'un trop grand nombre de députés étaient tombés malades en même temps dans son propre parti. Il n'a donc pas eu suffisamment de votes pour le faire adopter. C'est dommage, car cela aurait pu être un certain pas en avant à l'époque.
Je dois dire aussi que c'est une question qui est très importante pour moi, à titre personnel, mais aussi de par ma fonction de porte-parole. Je rappelle que j'avais déposé une motion pour consentement unanime qui établissait ce que pourrait être une véritable politique de diligence raisonnable. C'est le terme qui, je crois, est adéquat. Malheureusement, c'est à ma droite, dans tous les sens du mot, qu'on avait crié « non ». Les conservateurs avaient crié « non », et cela n'avait alors pas pu être adopté.
J'avais aussi déposé une pétition en faveur d'une telle loi, d'une telle politique, en juin dernier, si je ne m'abuse, signée par près de 2 000 Québécois et Québécoises qui en appelaient à cette question.
J'ai aussi amené une étude, dont le rapport a été déposé à la Chambre il y a peu de temps sur les comportements des minières canadiennes à l'étranger, au Comité permanent du commerce international, qui nous avait permis d'entendre un paquet de témoignages, dont plusieurs glaçaient le sang. On parle des minières, bien sûr, parce qu'on a souvent entendu parler des abus commis par des minières canadiennes à l'étranger. On pourrait cependant aussi parler de l'industrie du textile, qui, comme le sait, est très loin d'être blanche comme neige. Le café, le cacao, l'huile de palme: il y a un paquet d'industries comme celles-là dont on sait qu'elles se livrent à des activités qui ont des conséquences réelles dans leur manière de faire. Même si ce sont des biens que nous aimons avoir par la suite sur nos étagères, il y a une façon de faire qui devrait être éthique, qui devrait être humainement responsable.
Il faut préciser que le Canada est un paradis pour les minières. Parce que le Canada est un pavillon de complaisance, un paquet d'entreprises qui ne sont pas réellement canadiennes vont venir s'enregistrer, s'incorporer, à cause des avantages légaux, fiscaux et spéculatifs que leur offre le cadre canadien. Par la suite, il n'y a pas vraiment de mécanisme, à part cet ombudsman fantoche qui a été créé par Ottawa il y a quelques années et qui, finalement, donne cette excuse, donne cette raison, donne le beau jeu au gouvernement de dire qu'il a agi.
Il y a un danger à agir, justement. Il y a un danger dans les coquilles vides. Il y a un danger dans les politiques qui partent d'une intention vertueuse, mais qui, en fin de compte, font malheureusement en sorte qu'on va s'asseoir sur nos lauriers.
Je parlerai aussi, bien sûr, du projet de loi , qui a été proposé par mes collègues du NPD et que je coparraine. J'ai mis mon nom là-dessus sans remords. Une cause comme celle-là ne doit pas être partisane. C'est trop important. Des vies sont en jeu, de la dignité humaine est en jeu. C'est pourquoi je coparraine ce projet de loi.
Je vais d'ailleurs malheureusement devoir me livrer à une comparaison peu avantageuse pour le projet de loi . Il s'agit d'une comparaison avec le projet de loi . Un excellent document a été pondu par le Réseau canadien sur la reddition de compte des entreprises. Il s'intitule « Faire rapport n'est pas synonyme d'imputabilité ».
Le sous-titre est « Le Canada doit exiger des entreprises canadiennes qu'elles respectent les droits humains tout au long de leurs chaînes d'approvisionnement. »
Il y a dans ce document un très beau tableau qui est bien monté, qui est synthétique et qui compare les deux projets de loi. Je vais me permettre de le lire à l'ensemble de nos collègues ici présents et présentes. Il y a différentes catégories dans ce tableau, qui indique ce que fait le projet de loi et ce que fait le projet de loi , que je coparraine et qui avait été proposé par nos collègues du NPD.
Voici la première question: « Les entreprises sont-elles tenues de respecter les droits humains? »
Dans le cas du projet de loi S‑211, la réponse est malheureusement non. On indique que « [l]es entreprises sont tenues d'indiquer chaque année si elles ont pris des mesures pour identifier et prévenir le recours au travail forcé, et ce qu'elles ont découvert. Elle n'oblige pas les entreprises à respecter les droits humains. » Dans le cas du projet de loi C‑262, la réponse est oui. On indique que « [l]e projet de loi reconnaît que les entreprises ont la responsabilité de respecter les droits humains et qu'elles doivent prendre des mesures proactives pour prévenir les violations des droits humains tout au long de leurs chaînes d'approvisionnement et de leurs opérations mondiales. »
Voici la deuxième question: « Le projet de loi oblige-t-il les entreprises à prévenir les dommages? »
Dans le cas du projet de loi S‑211, la réponse est non. On indique que le projet de loi exige un rapport annuel, mais qu'il n'oblige pas les entreprises à prévenir les dommages. Dans le cas du projet de loi C‑262, la réponse est oui. On indique que « [l]e projet de loi crée une obligation explicite pour les entreprises de prévenir les impacts négatifs graves tout au long de leurs chaînes d'approvisionnement et de leurs opérations mondiales. »
Voici la troisième question: « Le projet de loi exige-t-il des entreprises qu'elles prennent des mesures pour identifier, atténuer, prévenir et rendre compte des atteintes aux droits humains et à l'environnement dans leurs chaînes d'approvisionnement? » On parle ici de diligence raisonnable.
Dans le cas du projet de loi S‑211, la réponse est malheureusement non. On indique que « [l]es entreprises ne sont pas tenues de prendre des mesures de diligence raisonnable. Une entreprise peut déclarer qu'elle n'a pas pris de mesures et être en conformité avec la loi. » Dans le cas du projet de loi C‑262, la réponse est oui, parce qu'il y a une obligation explicite pour les entreprises de mettre en place de telles procédures de diligence raisonnable.
Voici la quatrième question: « Y a-t-il des conséquences importantes si les entreprises causent des dommages ou ne mettent pas en œuvre des procédures de diligence raisonnable adéquates? »
Dans le cas du projet de loi S‑211, la réponse est non, car « [i]l n'y a pas de conséquences en cas de manquement à la prévention des dommages ou à la mise en œuvre de procédures de diligence raisonnable […] » Dans le cas du projet de loi C‑262, la réponse est oui, car le projet de loi confère un droit légal de poursuivre les entreprises. C'est ce qui est important. C'est ce qui manque notamment au rôle d'ombudsman, qui est un bureau des plaintes en ligne. C'est un beau site Internet que le gouvernement a créé il y a quelques années.
Voici la cinquième question: « Le projet de loi aide-t-il les individus affectés à accéder à la justice ou à un recours? »
Dans le cas du projet de loi S‑211, la réponse est non. Le projet de loi ne se penche pas sur le sujet. Dans le cas du projet de loi C‑262, la réponse est oui. On indique ceci: « Il y a plusieurs façons dont la législation aide à éliminer les obstacles existants à l'accès aux tribunaux canadiens […] »
Voici la sixième question: « Est-ce qu'il cherche à impliquer les communautés, les travailleurs et les travailleuses touchés? »
Dans le cas du projet de loi S‑211, la réponse est non, car « [i]l n'y a pas de rôle pour les défenseurs des droits humains et les travailleurs des communautés touchées. » Dans le projet de loi C‑262, « [l]a consultation des titulaires de droits est requise dans les procédures de diligence raisonnable d'une entreprise […] »
Voici la septième question: « Le projet de loi s'applique-t-il aux entreprises de tous les secteurs et de toutes les tailles tout au long de la chaîne? »
Dans le cas du projet de loi S‑211, le projet de loi s'applique seulement « aux entreprises de plus de 250 employés, avec des revenus ou des actifs significatifs. » Dans le cas du projet de loi C‑262, « [l]a loi s'appliquerait aux entreprises de toutes les tailles, de tous les secteurs, tout au long de la chaîne de valeur […] » Un abus humain, peu importe la taille de l'entreprise et son chiffre d'affaires, il faut que cela soit dénoncé.
Voici la huitième question: « Le projet de loi s'applique-t-il à tous les droits humains? »
Le projet de loi S‑211 s'applique au travail forcé et au travail des enfants. Nous applaudissons cela et nous sommes bien contents. Toutefois, « [c]ela ne tient pas compte du principe internationalement reconnu selon lequel les droits humains sont indivisibles, liés entre eux et interdépendants, un principe [pourtant] soutenu par plusieurs gouvernements canadiens successifs. » Dans le cas du projet de loi C‑262, « [l]e projet de loi soutient le principe selon lequel les entreprises doivent respecter tous les droits humains. Cela fait référence aux principales conventions internationales sur les droits humains, aux conventions fondamentales de l'OIT […] » Cela fait même « référence aux droits à un environnement sûr, sain et durable. » Voilà une vraie mesure législative qui a du mordant.
Maintenant, que fait-on du projet de loi S‑211? On sait bien sûr que cela peut constituer un pas en avant. On sait qu'une obligation de faire rapport, cela ne peut pas être négatif en soi. Cependant, comme pour l'ombudsman qui a été créé par le gouvernement, ces situations ont des conséquences extrêmement graves, surtout en cette période où on en est à repenser un nouvel ordre mondial post-COVID‑19. Dans ce nouvel ordre international, le commerce ne serait pas un absolu et on pourrait respecter davantage les souverainetés, l'environnement et les peuples. Malheureusement…
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Madame la Présidente, je tiens à remercier les concitoyens qui se sont mobilisés pour l'équipe de football de l'Université Simon Fraser.
Comme les députés le savent, l'administration de l'Université Simon Fraser a supprimé le programme de football il y a quelques semaines. Ce programme a permis de former certains des meilleurs joueurs de football au Canada. La réaction du public a été remarquable et a permis de mettre en place un plan financier qui assure la continuité du programme. Il appartient maintenant à l'administration de cette université de revenir sur sa décision et d'arrêter les coupes dans le programme.
[Français]
Je suis ici pour parler du projet de loi . Pour éviter le problème que mon collègue a eu, je vais dire tout d'abord que le NPD votera contre ce projet de loi, parce que c'est une coquille vide. Cela ne fait rien pour changer la situation des gens qui voient des violations systémiques des droits de la personne dans le monde. Je mentionnerai quelques cas tout à l'heure.
La réalité, c'est qu'on a ici un projet de loi qui ne fait vraiment rien pour changer une situation extrêmement difficile quand il s'agit de violation des droits de la personne.
[Traduction]
Je tiens à vous présenter trois des nombreux exemples de violations systémiques des droits de la personne qui sont perpétrées dans les installations d'entreprises canadiennes. Prenons un instant pour y réfléchir. Le Canada défend les droits de la personne. Toutefois, certaines grandes sociétés canadiennes profitent du fait qu'elles mènent leurs activités à l'étranger pour agir de la manière la plus répréhensible en bafouant les droits fondamentaux de la personne. Le projet de loi ne ferait rien pour corriger l'un ou l'autre des trois exemples que je vais vous présenter. C'est pourquoi je crois que nous avons besoin de mesures législatives plus robustes.
Je remercie le député du Bloc québécois qui appuie les projets de loi du NPD. J'y reviendrai dans un instant, en mon nom et au nom de la députée d', la porte-parole du NPD en matière d'affaires étrangères.
Le premier exemple est le travail forcé au sein de l'entreprise Nevsun, en Érythrée. Du travail forcé, ou de l'esclavage, se produit dans les installations d'une entreprise de propriété canadienne. Il s'agit d'une violation scandaleuse des droits de la personne, pourtant on peut tracer un lien avec le Canada. La honte des agissements de cette entreprise qui permet l'esclavage systémique dans ses installations retombe sur nous tous.
Le deuxième exemple se situe au Salvador, et l'entreprise impliquée est Pacific Rim. Il est question des cas les plus flagrants et les plus horribles de torture et de meurtre de militants écologistes qui s'opposaient à la mine. Il s'agit d'un autre exemple d'entreprise canadienne qui mène des activités à l'étranger et qui commet des violations systémiques des droits de la personne.
Le troisième exemple est celui de Barrick Gold, en Papouasie‑Nouvelle‑Guinée. Il est question de violence sexuelle systémique et de torture dont ont été victimes de nombreuses femmes vivant près de la mine.
Dans tous ces cas, les systèmes judiciaires ne fonctionnent tout simplement pas. Il n'y a pas de protection de la part du gouvernement. Il est question de systèmes judiciaires corrompus et de policiers qui ont été achetés. C'est un véritable far west pour les violations des droits de la personne.
Le pire, c'est que chacun de ces exemples implique une entreprise canadienne. Les députés peuvent imaginer les conséquences horribles pour les victimes, qu'il s'agisse de travail forcé, d'esclavage, de violence sexuelle systémique, de torture ou de meurtre de militants écologistes. C'est pourquoi nous avons besoin d'une mesure législative qui permet de contraindre les entreprises à se conformer à la loi et à rendre des comptes, et de les tenir responsables de leurs actes.
Les entreprises canadiennes ne peuvent tout simplement pas, d'un côté, être assujetties à la primauté du droit, ici, au Canada, et de l'autre, être libres de commettre les violations les plus flagrantes et les plus odieuses des droits de la personne en toute impunité à l'étranger, comme en plein far west, et faire fi des droits fondamentaux de la personne. C'est pourquoi j'ai présenté le projet de loi .
Je tiens à préciser que le projet de loi que je présente, le projet de loi , est le fruit du travail remarquable du Réseau canadien sur la reddition de comptes des entreprises. Ce réseau rassemble des militants de certaines des plus importantes organisations au Canada, comme Oxfam Canada, Amnistie internationale Canada, et Human Rights Watch Canada, ainsi qu'un certain nombre d'organisations syndicales majeures du secteur privé et du secteur public. Ces organisations s'entendent pour dire que les terribles violations des droits de la personne commises par les entreprises canadiennes à l'étranger doivent être traitées avec la rigueur et le cadre législatif nécessaires pour obliger les entreprises à mettre fin à ces violations et à ces pratiques déplorables. Le Réseau canadien sur la reddition de comptes des entreprises a réalisé la majeure partie du travail préparatoire essentiel au projet de loi que je présente, le projet de loi C‑262.
C'est un projet de loi qui vise à lutter concrètement contre les violations des droits de la personne. Il permettrait de demander des comptes aux entreprises et de les obliger à faire preuve de diligence raisonnable avant d'effectuer un investissement. Ce projet de loi vise à les responsabiliser. Ce ne sont que trois exemples parmi tant d'autres. Dans les cas de violence sexuelle systémique, de torture et d'assassinat de militants, ou dans les cas d'esclavage ou de travail forcé, les entreprises seraient tenues de rendre des comptes. Les dirigeants de ces entreprises seraient tenus de rendre des comptes.
C'est pourquoi le projet de loi est loin d'être suffisant. Il s'agit simplement d'une coquille vide qui demande à quelques entreprises de préparer un quelconque rapport. Ce projet de loi ne les tient pas responsables de quoi que ce soit. On ne leur demande pas de rendre des comptes. On ne les oblige pas non plus à mettre fin aux violations des droits de la personne flagrantes qui sont commises dans le cadre de leurs activités sur leur propriété.
Ces entreprises sont peut-être fières de leur lien avec le Canada, mais je peux dire que les Canadiens, eux, n'en sont pas fiers. Aucune mesure n'a été prise. Le gouvernement actuel et les gouvernements précédents n'ont rien fait pour remédier aux violations qui se poursuivent encore aujourd'hui. Le pays peut avoir changé. Peut-être que les violations effroyables des droits de la personne sont différentes. Mais la réalité, c'est que ces entreprises agissent en toute impunité.
C'est pourquoi le projet de loi est si important. Il mettrait fin à l'esclavage, au travail forcé et à la violence sexuelle systémique. Elle mettrait fin à l'impunité des agents de sécurité des entreprises qui torturent et qui tuent les militants qui s'expriment au nom de leur collectivité. Il faut s'attaquer à tous ces problèmes, et c'est pourquoi je tenais à remercier le Réseau canadien sur la reddition de compte des entreprises et toutes ses organisations membres, qui ont travaillé si assidûment sur ce dossier pour que le Canada commence enfin à s'attaquer à l'éléphant dans la pièce. Nous prononçons de beaux discours au sujet des droits de la personne à l'étranger, mais nous ne faisons rien pour obliger nos entreprises, ainsi que leurs administrateurs et leurs dirigeants, à rendre compte des actes qu'ils autorisent sur leur propriété et dans le cadre de leurs activités.
Les députés du NPD, en tant qu'abeilles ouvrières du Parlement, ont essayé d'améliorer le projet de loi . Nous avons essayé de lui donner une colonne vertébrale. Nous avons essayé de prendre la boîte vide qu'est le projet de loi S‑211 et de lui donner du contenu. Nous avons proposé une demi-douzaine d'amendements émanant du secteur militant, des organismes les plus sensibles à la question des droits de la personne. Nous avons vu les libéraux et les conservateurs rejeter systématiquement chacun de ces amendements.
Nous pouvons y penser un instant. Chaque député est au courant des violations épouvantables des droits de la personne qui ont été perpétrées et qui découlent des activités de sociétés canadiennes exploitées à l'étranger. Un comité est saisi d'un projet de loi qui n'en traite que pour la forme. Les néo-démocrates ont proposé des amendements qui auraient vraiment rendu le projet de loi significatif, mais les conservateurs et les libéraux ont rejeté ces amendements.
Nous allons voter contre le projet de loi et nous allons présenter une mesure législative très rigoureuse sur les droits de la personne. C'est ce que le monde réclame et ce que les Canadiens méritent.
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Madame la Présidente, premièrement, je tiens à reconnaître que nous débattons sur le territoire traditionnel du peuple algonquin.
Je tiens d'abord à préciser que le gouvernement appuiera le projet de loi.
Le a pour mandat de présenter un projet de loi d'initiative gouvernementale visant à éradiquer le travail forcé dans nos chaînes d'approvisionnement. Cet objectif faisait également partie d'une promesse que nous avons prise lors de la dernière campagne électorale. Dans le budget de 2023, nous nous sommes engagés à présenter ce projet de loi d'ici la fin de l'année prochaine. La priorité du gouvernement est d'adopter la mesure législative la plus efficace possible. Le projet de loi représente une première étape importante, et, grâce au projet de loi du gouvernement, nous chercherons non seulement à l'améliorer, mais aussi à aller plus loin.
Quelle est l'ampleur du problème? Selon les derniers chiffres de l'Organisation internationale du travail, on estime que plus de 27 millions de personnes sont victimes du travail forcé dans le monde. Ce nombre a augmenté de 2,7 millions de personnes depuis 2016, en partie en raison des effets de la pandémie de COVID‑19, et tout porte à croire que ce chiffre sous-estime encore probablement tous les effets de la pandémie sur le travail forcé. En outre, les estimations mondiales indiquent que, au début de 2020, environ 160 millions d'enfants étaient victimes de l'exploitation de la main-d'œuvre enfantine, y compris du travail forcé, et ce chiffre devrait lui aussi augmenter, compte tenu de l'accroissement de la pauvreté provoqué par la pandémie.
De telles pratiques sont déplorables, et le gouvernement condamne fortement le recours au travail forcé et toutes les formes d'exploitation dans la production des biens.
Cette question a suscité l'attention du monde entier. En fait, beaucoup de pays ont adopté ou annoncé des mesures pour s'attaquer à l'exploitation des travailleurs dans les chaînes d'approvisionnement, y compris différentes lois sur les chaînes d'approvisionnement. D'autres, comme les États-Unis, le Canada et, bientôt, le Mexique, ont imposé des interdictions d'importation sur les biens produits au moyen du travail forcé. L'Union européenne envisage également d'adopter une proposition réglementaire sur l'interdiction d'importation vers ses marchés des biens issus du travail forcé.
Lutter contre le travail forcé et le travail des enfants est un défi complexe qui exige une solution globale. Les chaînes d'approvisionnement deviennent de plus en plus multidimensionnelles, comportant plusieurs niveaux qui peuvent mettre en cause une société mère, une filiale, des fournisseurs et des sous-traitants situés partout dans le monde. Il est donc difficile de déterminer à quelle étape le travail forcé, le travail des enfants ou d'autres formes d'exploitation peuvent avoir lieu.
Malgré cela, notre gouvernement agit. Au cours des deux dernières années, le gouvernement du Canada a mis en place plusieurs initiatives pour lutter contre l’exploitation des travailleurs dans les chaînes d’approvisionnement mondiales. Par exemple, lorsqu'il s'agit de négocier des accords commerciaux avec d'autres pays, nous incluons des dispositions complètes et applicables en matière de travail pour protéger les travailleurs et nous aidons à faire respecter ces protections, notamment en fournissant une assistance à nos pays partenaires pour qu'ils respectent ces obligations. Par exemple, nous versons des fonds par l'entremise de Vision mondiale Canada afin de renforcer les protections contre le travail des enfants et le travail forcé dans plusieurs secteurs agricoles au Mexique.
En outre, en juillet 2020, nous avons inclus une interdiction dans le Tarif des douanes afin d'interdire l'importation au Canada de marchandises extraites, fabriquées ou produites par du travail forcé. Il s'agit d'un mécanisme relativement nouveau qui vise à résoudre cette question, les États-Unis étant le seul autre pays à avoir mis en place une telle interdiction, qui a évolué au cours des 90 dernières années. Les ministères sont régulièrement en contact avec leurs homologues américains pour tirer parti de l'expertise que ces derniers ont acquise au fil des décennies.
Nous avons également pris des mesures visant à renforcer les marchés publics fédéraux. L'ensemble du régime de passation de marchés a été modifié, notamment par la mise à jour du Code de conduite pour l’approvisionnement du gouvernement afin d'inclure des attentes claires à l'égard des fournisseurs et de leurs sous-traitants en ce qui a trait aux droits de la personne et aux droits du travail.
En 2022, notre gouvernement a lancé une nouvelle stratégie sur la conduite responsable des entreprises. Cette stratégie met l'accent sur les moyens de mieux faire connaître et d'accroître la diligence raisonnable et la responsabilisation des entreprises. Nous savons que l'action du gouvernement ne suffit pas. Tout le monde doit mettre la main à la pâte: le gouvernement, l'industrie et la société civile.
Comme je l'ai mentionné, la pandémie de COVID-19 a exacerbé les inégalités sociales et augmenté le risque que les gens les plus vulnérables de la planète subissent une violation de leurs droits en tant que travailleurs et en tant que personnes. Pour accroître la résilience et la viabilité des chaînes d'approvisionnement du Canada pour les années à venir, il faut éliminer le travail forcé et utiliser diverses mesures afin de mettre fin à l'exploitation dans les chaînes d'approvisionnement.
Il s'agit d'un enjeu prioritaire pour le gouvernement et de l'un des principaux engagements énoncés dans le mandat du , du , de la et de la .
Bien que l'exploitation des travailleurs soit un problème d'envergure mondiale, nous devons aussi adopter une approche adaptée au contexte canadien. En 2019, le gouvernement a mené des consultations exhaustives à ce sujet auprès de plus de 55 intervenants d'Ottawa, de Toronto et de Vancouver. Nous avons aussi tenu des consultations en ligne, qui nous ont permis d'obtenir plus de 100 réponses.
Le printemps dernier, le gouvernement du Canada a publié un rapport intitulé « L'exploitation de la main-d'œuvre dans les chaînes d'approvisionnement mondiales: rapport — Ce que nous avons entendu ». Il regroupe tout ce que les intervenants nous ont communiqué au cours des consultations. Ils ont dénoncé haut et fort l'exploitation de la main-d'œuvre, y compris sous forme de travail forcé, et signalé que le gouvernement du Canada devrait prendre d'autres mesures pour régler ce problème.
Depuis, le gouvernement a continué de dialoguer avec de nombreux intervenants au sujet du travail forcé dans les chaînes d'approvisionnement, notamment avec des organisations de la société civile, des groupes de défense des droits, des représentants de l'industrie, des gouvernements étrangers et des organisations internationales. À la lumière de ce que nous ont dit les intervenants et des développements internationaux dans ce domaine, nous avons entrepris de recueillir des renseignements sur les pratiques exemplaires auprès d'organisations et de partenaires internationaux. Nous avons aussi reçu davantage de commentaires des intervenants à propos d'éléments cruciaux qui font souvent partie des mesures législatives sur les chaînes d'approvisionnement.
Ces commentaires portent entre autres sur la portée d'une éventuelle mesure législative, le genre d'exigences qu'on devrait imposer aux entreprises, les entités qui devraient être couvertes et les assouplissements qui pourraient être envisagés, l'application de la loi et la gouvernance, ainsi que les outils et mesures autres que législatifs qui sont nécessaires pour aider les entités à satisfaire à leurs obligations en vertu d'une loi sur les chaînes d'approvisionnement.
Il ne fait aucun doute que le parrain de ce projet de loi a accompli un travail considérable sur de nombreuses années. De nombreux députés de nombreux partis ont également entrepris ce travail. Je tiens également à remercier les sénateurs à l'autre endroit pour le travail qu'ils ont accompli, y compris la marraine de ce projet de loi. Il s'agit d'une question extrêmement importante, et c'est pourquoi nous continuons à saluer les efforts inlassables de nos estimés collègues.
Nous devons agir, mais aussi, comme on l'a dit dans cette enceinte, une mesure législative ne peut se limiter à des mots couchés sur du papier. Le cadre législatif doit reposer sur des bases juridiques et opérationnelles solides.
Il doit correspondre aux récentes approches adoptées par les pays aux vues similaires, avec lesquels nous devons collaborer pour mettre fin à ce fléau. Nous devons donner aux entreprises et aux autres intervenants réglementés les moyens de se conformer à la réglementation et veiller à ce que l'organisme de réglementation dispose de l'expertise et des capacités nécessaires pour contrôler et faire appliquer cette réglementation, afin que celle-ci ait l'effet souhaité et qu'un cadre législatif solide soit mis en œuvre de manière efficace.
En fin de compte, bien qu'il s'agisse d'une entreprise complexe, nous sommes déterminés à accomplir ce travail et nous y parviendrons. En terminant, je tiens à réaffirmer que le travail forcé est inacceptable au Canada et partout dans le monde. Ce projet de loi représente un premier pas important, mais il ne s'agira pas du dernier.
En collaboration avec les parlementaires, l'industrie et la société civile, le gouvernement s'est engagé à élaborer et à présenter un projet de loi qui ira plus loin. Tout le monde a le même objectif: éradiquer le travail forcé des chaînes d'approvisionnement du Canada.
Le gouvernement du Canada est déterminé à poursuivre ce travail et à prendre une série de mesures pour que les entreprises canadiennes ne contribuent ni à cette violation des droits de la personne ni à d'autres formes d'abus.
Nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour garantir que les marchandises qui entrent au Canada, dans les magasins et dans les foyers, et que les pratiques des entreprises à l'étranger ne soient pas entachées de travail forcé.
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Madame la Présidente, je suis heureux de prendre la parole à la Chambre pour parler d'un projet de loi qui nous vient de nos collègues du Sénat, où les partis s'entendent pour dire qu'il est nécessaire d'agir dans ce dossier. D'après les quelques interventions que j'ai écoutées plus tôt aujourd'hui, il ne semble pas que ce projet de loi recevra l'appui unanime de la Chambre, mais je pense qu'il jouira d'un appui suffisant pour franchir la ligne d'arrivée.
Je suis père de trois enfants et grand-père de dix enfants, dont certains nous regardent peut-être aujourd'hui. Comme je pense que c'est le cas pour l'ensemble des députés, tout ce qui touche à l'enfance me tient à cœur. Je suis heureux d'avoir l'occasion de faire part de mes réflexions sur ce projet de loi, dont nos collègues du Sénat nous ont saisis.
Je tiens à remercier la sénatrice Miville‑Dechêne d'avoir présenté ce projet de loi, ainsi que le projet de loi , auquel je suis également très favorable. Ce dernier prévoit la mise en œuvre de mécanismes de vérification de l'âge afin de protéger les enfants de la pornographie en ligne, autre forme d'exploitation. Il a été adopté par le Sénat la semaine dernière, et j'espère que nous en débattrons très bientôt à la Chambre.
Dans son rapport de 2021, l'UNICEF indique que le nombre d'enfants forcés à travailler avait atteint 160 millions, ce qui représente une augmentation de 8,4 millions au cours des quatre années précédentes, la première augmentation significative de la présente génération. Le groupe des enfants âgés de 5 à 11 ans affiche la hausse la plus importante, et le nombre d'enfants effectuant des travaux dangereux est passé de 6,5 millions à 79 millions de 2016 à 2020. Encore une fois, ces chiffres proviennent de l'UNICEF.
Nous savons qui sont les coupables. Nous savons quelles entreprises ont recours au travail des enfants et nous savons que des enfants congolais sont envoyés dans les mines pour extraire le cobalt afin que nous puissions, ici au Canada, utiliser l'appareil dernier cri ou conduire une voiture électrique. Cependant, le problème va encore plus loin et comporte de nombreuses facettes.
Les Canadiens sont des gens formidables. Nous sommes bons, généreux et compatissants. On peut demander à n'importe quel Canadien s'il pense que le travail des enfants ou le travail forcé est une mauvaise chose, et chacun répondra par l'affirmative. Si on lui demande si le gouvernement du Canada devrait faire quelque chose à ce sujet, il répondra: « Oui, il le faut. » Devrions-nous interdire les produits issus du travail forcé ou du travail des enfants? Absolument. C'est une bonne chose, mais à quoi les Canadiens sont-ils prêts à renoncer pour que cela se produise? Je sais que ce n'est pas si simple, mais c'est bien là la question. Honnêtement, la plupart des Canadiens seraient choqués de découvrir la liste des produits que nous aimons utiliser au quotidien et qui, en fait, contribuent à priver les enfants de leurs libertés.
Bien que je ne sois pas toujours d'accord avec ma collègue de , j'aimerais citer quelques statistiques tirées de son discours de mars. Selon un rapport de Vision mondiale publié en 2016, on estime que 1 200 entreprises actives au Canada importent chaque année pour plus de 34 milliards de dollars de biens produits par le travail des enfants ou le travail forcé, et ce, ici même au Canada.
Je représente une circonscription rurale, et j'aime l'agriculture. Les agriculteurs canadiens sont les meilleurs du monde, mais à l'échelle internationale, les secteurs de l'agriculture et de l'alimentation sont parmi les pires délinquants au chapitre du travail forcé et du travail des enfants. En effet, 71 % du travail des enfants se fait dans le secteur agricole, et bon nombre de ses produits aboutissent sur les rayons des épiceries canadiennes. En 2019, le Canada a importé pour plus de 3,7 milliards de dollars de ces produits alimentaires, ce qui représente une hausse de 63 % par rapport à il y a 10 ans.
Quand je vois ces chiffres, je pense au fait que les Canadiens gaspillent environ 58 % des aliments produits au Canada. Selon les résultats d'une étude effectuée par Second Harvest, un organisme basé à Toronto, environ 4,8 millions de tonnes d'aliments sont perdues ou gaspillées pendant les activités de production et de transformation, et environ 2,38 millions de tonnes sont perdues à l'échelle des consommateurs.
Bref, l'abondance d'aliments produits au Canada nous a amenés à ne plus reconnaître leur valeur intrinsèque, au point où nous gaspillons plus d'aliments que nous n'en consommons. Dans un monde où on peine à nourrir toute la population, et dans un pays où une famille sur cinq a du mal à se nourrir, ces chiffres sont inconcevables. Par ailleurs, nous fermons les yeux sur le fait que nous payons des milliards de dollars pour importer des aliments qui proviennent de pays et d'entreprises où nous savons que des enfants s'échinent à produire ces aliments. C'est ahurissant. C'est tout à fait inadmissible.
Je suis heureux que nous ayons cette discussion. Je me réjouis de la présentation du projet de loi, qui contient des aspects positifs. Cependant, j'aurais voulu qu'il ait plus de mordant. Le principe de la mesure législative est excellent, mais il reste quelques aspects problématiques. Étant donné que nous n'aurons probablement pas d'autres occasions de parler de ces problèmes, je vais en soulever quelques-uns maintenant.
D'abord, le projet de loi ne prescrit pas les mesures précises qu'une entreprise doit prendre pour se conformer aux exigences. Certes, il inclut des directives générales sur l'information qui devrait être fournie, mais ce sont les entités déclarantes elles-mêmes qui auront le pouvoir discrétionnaire sur la conception et la mise en œuvre des régimes d'observation.
Le Réseau canadien sur la reddition de comptes des entreprises, qui compte parmi ses membres des groupes comme Amnistie internationale et Human Rights Watch Canada, le dit de façon plus directe. Il affirme que le projet de loi S‑211 ne s'appliquerait qu'à une petite minorité des entreprises et qu'il « ne force pas les entreprises à cesser d’avoir recours au travail d’enfants ou au travail forcé ni [à] exercer une diligence raisonnable en matière de droits humains ».
Si tel est le cas, ou même si nous laissons tout simplement les entreprises s'autoréglementer — ce qui est parfois exactement pourquoi une mesure législative de ce genre est nécessaire et a été présentée —, le projet de loi pourrait bien ne pas avoir le mordant que nous souhaitons tous.
À mon avis, c'est une situation où il est approprié pour le gouvernement d'établir les mesures et les normes précises et contraignantes qui doivent être respectées pour lutter contre le travail forcé ou le travail des enfants. Autrement, voici ce qui risque d'arriver.
Nous adopterons ce projet de loi. Choisissons une entreprise. Appelons-la la compagnie Orange. Depuis des années, Orange a recours au travail des enfants pour s'approvisionner en matériaux et fabriquer ses produits. Lorsque ce projet de loi entrera en vigueur, Orange devra soumettre un rapport au cabinet du ministre, alors elle consultera les directives pour mettre en place son propre système de déclaration et elle rédigera un rapport. Qui devra approuver ce rapport? Si l'on consulte l'alinéa (4)a) de la partie 2, ce sera le corps dirigeant de l’entité. Quelle autre vérification sera requise? Il faudra une signature. À l'alinéa (5)b), on peut lire: « [...] la signature d’au moins l’un des membres du corps dirigeant de chaque entité qui a approuvé le rapport. »
Pas besoin de s'éterniser sur cet exemple: on se rend déjà compte que la reddition de comptes sera insuffisante. Qui plus est, les problèmes systémiques sont bien ancrés, trop solidement pour que le temps dont je dispose me permette de les approfondir.
Je me permets de souligner la volonté de préciser, au paragraphe 12(1) de la section 2, la prérogative du ministre de demander, en cas de doute, une version révisée du rapport. Je peux concevoir que cette étape oblige les entreprises à creuser un peu plus et à en divulguer davantage. Cependant, en cas de non-conformité, la sanction se résume à une amende, une très petite amende par rapport aux revenus que beaucoup de ces entreprises engrangeront.
Je reconnais que ce projet de loi constitue un point de départ. Il faut bien commencer quelque part, mais comme c'est souvent le cas, cet enjeu doit faire l'objet de discussions beaucoup plus larges, à l'échelle nationale. Il faut en examiner toutes les facettes, notamment en ce qui concerne les victimes. Nous pouvons toujours proposer des solutions de fortune et promettre la lune avant de nous lancer des fleurs. Toutefois, les véritables changements ont toujours un coût. Ce coût se répercuterait probablement sur quelques-uns des nombreux produits qui nous sont si chers et que nous utilisons quotidiennement. Cela s'applique aussi bien à notre économie qu'à notre société.
L'auteure Rosie Danan a écrit ce qui suit:
Il y a toujours un coût associé au changement, mais cela vaut quand même la peine d'essayer. Non pas parce que les chances de réussite sont particulièrement bonnes, remarquez, mais parce que c'est mieux que le statu quo. L'épreuve elle-même a de la valeur. Toucher aux plaies douloureuses et sanglantes de nos âmes et les révéler à la lumière du jour en espérant qu'elles guérissent, cela a de la valeur.
En tant que parlementaires, nous avons la possibilité d'adopter une loi sur la lutte contre le travail forcé et le travail des enfants qui a du mordant. Nous avons la possibilité de veiller à ce qu'aucun produit fabriqué en ayant recours au travail forcé ou au travail des enfants ne puisse être importé au Canada. Nous pouvons imposer d'importantes sanctions financières ou pénales aux entités qui souhaitent mener des affaires au Canada lorsqu'elles ont recours au travail forcé. Nous pouvons faire tout cela. La question est: en tant que Canadiens, est-ce vraiment quelque chose que nous sommes prêts à faire?
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Madame la Présidente, je suis très heureuse d'être l'une des dernières oratrices sur ce projet de loi. Mon collègue d'en face et moi avons travaillé ensemble au Comité permanent de la sécurité publique et nationale quand il était président et je sais qu'il a beaucoup travaillé là-dessus. Je salue donc son travail. Je salue aussi le travail de la sénatrice Miville‑Dechêne.
Je sais que presque tout a déjà été dit à la Chambre sur ce projet de loi, mais je trouvais cela quand même important de remettre un peu les choses en contexte. Pour le faire, je me suis basée sur la lettre ouverte que la sénatrice Miville‑Dechêne avait écrite dans La Presse, en novembre dernier. La lettre portait sur un sujet ou une réalité qu'on connaît peu ou qu'on connaît, mais qu'on préfère lâchement ignorer. C'est le travail forcé et le travail des enfants.
Comme plusieurs de mes collègues l'ont mentionné, c'est un travail qui contribue à fournir aux consommateurs de pays riches, comme le Canada, une multitude de produits à bas prix. Ce n'est pas un concept qui est nouveau. La convention sur le travail forcé de l’Organisation internationale du travail définit le travail forcé comme « tout travail ou service exigé d’un individu sous la menace d’une peine quelconque et pour lequel ledit individu ne s’est pas offert de plein gré ».
L'Organisation internationale du travail estime qu'en 2019, 25 millions d'enfants et d'adultes réalisaient du travail forcé. Vision mondiale Canada estime pour sa part que des importations canadiennes d'une valeur de 43 milliards de dollars pourraient avoir été produites au moyen du travail des enfants et du travail forcé en 2020. C'est donc près de 7 % des importations canadiennes qui proviennent du travail forcé.
On peut imaginer également que la pandémie a mis davantage en lumière ce triste phénomène. Notamment, la course aux équipements de protection individuelle a aggravé l'exploitation des plus vulnérables. Par exemple, en octobre 2021, les États‑Unis ont saisi à leur frontière la cargaison de gants médicaux d'une entreprise malaisienne visée par des allégations de travail forcé. C'était la quatrième entreprise malaisienne frappée d'une telle sanction en 15 mois seulement.
Le Canada a lui-même acheté et utilisé des millions de gants provenant de deux de ces fournisseurs entachés, et ce, même si une loi est en place depuis plus d'un an à la frontière pour interdire l'entrée de telles cargaisons. On peut comprendre que ce n'est pas suffisant pour empêcher le phénomène de se perpétuer jusqu'à chez nous.
Ce travail forcé ou le travail des enfants, qu’on appelle parfois l'esclavage moderne, s'infiltre depuis très longtemps dans notre consommation de tous les jours, dans le type de consommation occidentale surtout. Malheureusement, le Canada est resté immobile à cet égard contrairement à de nombreux Parlements européens. Le Royaume-Uni, la France et l'Allemagne ont déjà adopté des lois pour obliger les entreprises à faire enquête et à faire rapport sur les risques de travail forcé dans leur chaîne d’approvisionnement.
En lisant sur le sujet, je suis tombée hier sur un reportage de la plateforme RAD de Radio-Canada au sujet du fast-fashion, la mode rapide. C'est un phénomène qui a mené à l'effondrement d'une usine au Bangladesh en 2013, qui a fait plus de 1 000 victimes. Dix ans plus tard, on se demandait si les conditions de travail dans l'industrie du textile s'étaient améliorées. C'est une industrie qui va produire des vêtements qu'on porte ici. On peut penser à des marques comme Mango et Joe Fresh. La réponse, malheureusement, n'est pas moins certaine. Les droits des travailleurs de cette industrie sont toujours bafoués et leurs conditions de travail, toujours aussi médiocres. Des gens disaient même avoir des inquiétudes pour leur état de santé.
Tant que nous ne changerons pas notre modèle économique, on peut croire que ce travail forcé va rester. Qu'est-ce qu'on fait pour s'en prémunir, pour que le Canada ne contribue pas à ce travail forcé? Il faut obliger les entreprises à être davantage transparentes en regard de leurs pratiques pour éradiquer les risques de travail forcé et de travail des enfants dans leurs chaînes d'approvisionnement. C'est certainement une bonne façon de commencer.
Est-ce que c'est suffisant? Malheureusement, la réponse est non. C'est là où on voit que le projet de loi , bien qu'il soit un très bon projet de loi, ne va peut-être pas assez loin. On m'a donné un tableau comparatif sur la différence entre les projets de loi S‑211 et . Mon collègue de s'est prononcé tout à l'heure sur le projet de loi C-262, qu'il coparraine.
Quand on se pose la question fondamentale à savoir si le projet de loi respecte les droits de la personne et qu'on regarde dans le tableau ce qui est indiqué quant au projet de loi , on voit qu'il est écrit « non ». C'est parce qu'on s'en remet à 100 % aux entreprises pour qu'elles fassent rapport, qu'elles fassent enquête, mais sans leur demander plus d'actions.
En revanche, le projet de loi reconnaît que les entreprises ont la responsabilité de respecter les droits de la personne et qu'elles doivent prendre des mesures proactives pour prévenir les violations des droits de la personne tout au long de leur chaîne d'approvisionnement et de leurs opérations mondiales.
Déjà, quand on se pose cette question fondamentale, on se dit que, si on a à choisir l'un ou l'autre des projets de loi, c'est certain qu'on aimerait aller avec celui qui est davantage contraignant.
Nous avions voté en faveur du projet de loi S‑211 en deuxième lecture parce que, comme je l'ai mentionné, il menait à une plus grande transparence des entreprises canadiennes quant aux mesures qu'elles prennent pour prévenir et atténuer le risque de recours au travail forcé et au travail des enfants dans leur chaîne d'approvisionnement.
C'est une très bonne chose, mais la question est et demeure: est-ce qu'on peut aller plus loin? La réponse est oui. En lisant sur le sujet, j'ai appris qu'aux États‑Unis, alors qu'ils sont parfois plutôt en retard par rapport au Canada, c'est plutôt le contraire. Les règles qui s'appliquent aux frontières sont davantage contraignantes aux États‑Unis. On aurait donc avantage à les copier ou à s'en inspirer.
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Madame la Présidente, je veux remercier mes collègues qui prennent part à ce débat. Je suis peut-être un peu plus enthousiaste que certain d'entre eux, mais je les remercie quand même.
Nous arrivons à la fin d'un périple de quatre ans. Nous avons présenté ce projet de loi deux fois. Cependant, pour Vision mondiale, le périple aura duré dix ans. Je veux souligner le travail inlassable accompli par Martin Fischer, Michael Messenger et Matthew Musgrave ces dix dernières années pour que le projet de loi arrive au point où il en est aujourd'hui.
Je veux également reconnaître le travail de Shawn Boyle, un membre de mon personnel, ainsi que celui de ma collègue au Sénat, la sénatrice Julie Miville-Dechêne, et de Jérôme Lussier, un membre de son personnel.
Hier, Stop the Traffik, une organisation de lutte contre la traite des personnes de renommée mondiale basée au Royaume‑Uni, a publié un communiqué dans lequel on pouvait lire que le Parlement canadien débattait d'un projet de loi sans précédent à l'échelle mondiale. Je le répète pour mes collègues qui semblent sceptiques, sans précédent à l'échelle mondiale.
Le communiqué parle ensuite de la transparence de la chaîne d'approvisionnement et du recours aux lois concernant les sociétés, de l'introduction du concept voulant qu'un corps dirigeant approuve les rapports sur l'esclavage moderne, de la volonté de rendre la loi plus significative en incluant la responsabilité des administrateurs et d'autres éléments du système juridique. Je souligne qu'il n'est pas question que n'importe qui approuve les rapports quand bon lui semble.
Le communiqué ajoute que le Canada propose maintenant d'amener cette approche législative beaucoup plus loin et d'ajouter des peines lourdes, notamment des amendes et une responsabilité directe en matière pénale en cas de non-conformité. Cette organisation étrangère a remarqué ce qui se faisait ici au Canada.
On a essayé les contrôles aux frontières, mais cela n'a pas donné de très bons résultats. On a essayé les traités commerciaux, mais, encore là, cela n'a pas donné grand résultats. Les poursuites criminelles donnent des résultats fragmentaires. Les normes environnementales, sociales et de gouvernance et les efforts de responsabilité sociale sont positifs et doivent être encouragés, mais encore une fois, ils sont non exécutoires et plutôt sporadiques. Ce projet de loi, contrairement à celui que proposent mes collègues néo-démocrates, n'est pas qu'un coup d'épée dans l'eau. Le projet de loi a très peu de chances, sinon aucune, d'être étudié. Le projet de loi que la Chambre étudie est le projet de loi . À l'origine, celui-ci visait à accroître la transparence et, avec le temps, il s'est transformé en un projet de loi juridiquement contraignant aux caractéristiques afférentes.
Je rappelle à mes collègues que le projet de loi prévoit des amendes peu négligeables. Il autoriserait le ministre à ordonner des fouilles et la saisie d'ordinateurs et d'autre matériel, habiliterait le ministre à délivrer des mandats, créerait une responsabilité pénale indirecte en cas de non-conformité ou de fausse déclaration, et prévoit des conséquences financières pour les entités qui ne soumettent pas de rapport. Honnêtement, ces mesures auront une incidence sur le plan financier et celui de la réglementation que certains de mes collègues ne comprennent peut-être pas entièrement. Le projet de loi habiliterait également le ministre à prendre des règlements qui pourraient, avec le temps, devenir de plus en plus sévères.
Je tiens à reconnaître sincèrement le travail du et son engagement, dans le budget de 2023, à présenter, d'ici 2024, un projet de loi visant à éliminer le travail forcé des chaînes d’approvisionnement canadiennes et à renforcer l'interdiction d'importation des biens produits par le travail forcé.
Je ne dis pas que le projet de loi marque la fin du parcours. Il s'agit simplement d'une première étape qui nous propulserait en tête de liste parmi tous les pays dotés d'une telle loi. J'encourage mes collègues à appuyer le projet de loi, qui fera passer le Canada de retardataire à chef de file.