propose que le projet de loi , soit lu pour la deuxième fois et renvoyé à un comité.
— Monsieur le Président, c'est un honneur de prendre la parole au sujet de mon projet de loi d'initiative parlementaire.
On m'a toujours dit que si on ne réussit pas du premier coup, il faut persister et persister encore. Lors de la dernière législature, j'ai été honoré d'avoir le soutien de tous les partis à la Chambre pour mon projet de loi d'initiative parlementaire. Malheureusement, des élections ont été déclenchées, et ce projet de loi est mort au Feuilleton. Par conséquent, je suis heureux de présenter cette mesure législative à nouveau, au nom de certains de mes concitoyens et des familles agricoles de partout au Canada.
Je vais débuter ma présentation en parlant d'une famille de ma circonscription.
En 2019, j'ai reçu l'appel d'une famille productrice de dindons élevés en liberté qui habite dans le Sud de ma circonscription. Les membres de la famille étaient désemparés et ne savaient pas quoi faire; un certain nombre de manifestants étaient entrés sans permission dans leur ferme près de Fort Macleod. La famille ne comprenait vraiment pas ce qui se passait ou ce qu'elle avait fait pour mériter cela.
Je demande aux députés de songer à ce qu'ils ressentiraient si, en se réveillant le matin, ils allaient dans la grange pour s'occuper de leurs animaux et qu'ils y découvraient 45 manifestants qui essayaient de s'emparer de leurs dindons. La famille Tschetter était vraiment très ébranlée. Elle ne savait pas comment réagir à la situation ni à quoi s'attendre. Cette situation a suscité chez moi certaines préoccupations, non seulement concernant la propriété privée, mais aussi la biosécurité de ces animaux et la santé mentale de la famille.
Moins de deux semaines plus tôt, la famille Binnendyk s'était retrouvée dans la même situation, car un grand nombre de manifestants parmi ce groupe s'étaient rassemblés dans les installations de son entreprise porcine, à Abbotsford, en Colombie‑Britannique. Le fermier avait reçu un appel de son épouse qui les avisait, lui et leur fils, que plus de 200 manifestants se trouvaient dans leur grange de reproduction. Ces manifestants ne comprenaient pas les protocoles très stricts de biosécurité que les éleveurs et leur famille doivent respecter, et ils les ignoraient probablement. Il est évident que ces manifestants ne réalisaient pas à quel point ils étaient à risque de transporter un virus ou un parasite d'une ferme à l'autre, de la ferme d'élevage de porcs à Abbotsford, en Colombie‑Britannique, à la ferme d'élevage de dindons du Sud de l'Alberta. Les fermes d'élevage sont assujetties à des protocoles très stricts, et elles le sont pour une bonne raison, soit pour assurer la biosécurité et protéger la santé des animaux.
Par ailleurs, ces manifestants ont non seulement mis les animaux à risque, mais leur présence a eu de graves répercussions sur les éleveurs et leur famille. Quand je parle aux membres de la famille Tschetter, ils sont toujours aussi bouleversés par ce qui est survenu sur leur ferme. Ils ressentent de l'appréhension quand vient le temps de vérifier leurs installations.
Calvin Binnendyk, dont l'élevage de porcs à Abbotsford a été visé par les manifestants, m'a dit ceci: « J'ai passé beaucoup de nuits blanches, et ma famille en a beaucoup souffert, surtout mon épouse, même si elle ne travaille pas dans la grange. Elle a été très bouleversée et elle souffre encore d'insomnie à ce jour. » Pourtant, cela fait trois ans que cet incident est survenu sur leur ferme.
C'est en réaction à ces deux éléments que je présente ce projet de loi d'initiative parlementaire visant à modifier la Loi sur la santé des animaux.
Le projet de loi propose d'ériger en infraction le fait de pénétrer, sans autorisation ou excuse légitime, dans un lieu où se trouvent des animaux, lorsque ce fait peut avoir comme conséquence d’exposer les animaux à une maladie ou à une substance toxique susceptible de leur nuire ou de les contaminer. En résumé, cette modification permettrait d'appliquer les pénalités déjà prévues par la loi aux individus qui entrent sans permission sur une exploitation agricole ou dans des installations où se trouvent des animaux.
Un autre élément clé du projet de loi est qu'il prévoit des amendes très salées pour les organisations qui encouragent ce type de comportement. Il ne fait aucun doute que ces organisations se servent de ces coups d'éclat pour recueillir des fonds, alors qu'elles ont jusqu'à maintenant très peu de risques d'en être tenues responsables. Elles enregistrent des vidéos des manifestants qui s'introduisent sur une ferme, puis se servent de ces enregistrements pour lever des fonds. Dans le cas de la ferme familiale d'Abbotsford, en Colombie‑Britannique, le procès a révélé que bon nombre des photos et vidéos utilisées n'auraient même pas été prises sur cette propriété. Elles auraient été mises en scène ou, dans certains cas, carrément truquées.
Cela dit, je tiens à expliquer très clairement aux députés et à la population ce que ce projet de loi ne ferait pas.
Le projet de loi n'empêcherait d'aucune façon des gens de manifester dans des lieux publics pour défendre des questions qui leur tiennent à cœur et qui sont importantes à leurs yeux. Ils peuvent se rassembler et manifester à l'extérieur des propriétés agricoles, mais il faut établir des limites. Lorsque des manifestants entrent sur une propriété privée et mettent en péril la santé des animaux ainsi que la santé mentale des familles d'agriculteurs, cela dépasse les bornes. Il faut mettre en place des règles strictes afin d'empêcher que cela se produise.
Le projet de loi n'empêcherait pas non plus les lanceurs d'alerte de dénoncer des situations dont ils sont témoins et qui compromettent la sécurité et le bien‑être des agriculteurs. Les agriculteurs et les éleveurs canadiens ont l'obligation morale et légale de prendre soin de leurs animaux. En fait, les agriculteurs et leurs employés sont tenus de signaler toute action inappropriée et tout acte répréhensible qui se produit dans une ferme, notamment parce qu'il s'agit d'un milieu très réglementé. Ils doivent suivre des règles strictes en matière de santé, de sécurité et de bien‑être des animaux d'élevage.
Il y a eu de nombreuses manifestations sur des fermes; je crois que la plupart des députés sont au courant. Ces manifestations sont de plus en plus risquées et imprudentes.
Il y a à peine deux mois, un groupe de défense des droits des animaux a suspendu trois porcs morts à un viaduc à Montréal. Je réalise que cela ne s'est pas passé sur une ferme, mais imaginons ce qui serait arrivé si l'un des porcs était tombé du viaduc, sur le pare-brise d'une voiture. Cet exemple illustre simplement les mesures extrêmes que certains groupes militants sont prêts à prendre. Où ont-ils pris ces porcs? Les ont-ils volés sur une ferme? Ils les ont tués. Je ne pense pas que c'est ainsi que l'on protège la santé et le bien-être des animaux.
Je sais qu'on nous demandera si nous ne nous immisçons pas dans les compétences provinciales. Certaines provinces ont en effet adopté des lois semblables. Je suis fier de dire que ces lois ont été inspirées de la mesure législative que j'avais présentée au cours de la législature précédente. Cependant, moins de la moitié des provinces et des territoires ont une telle loi, ce qui montre que le gouvernement fédéral et les législateurs fédéraux doivent montrer l'exemple en indiquant qu'il y a une ligne à ne pas franchir.
Le projet de loi porte précisément sur les risques pour la biosécurité et la santé des animaux. Nous avons vu les conséquences de la COVID sur l'économie canadienne. Cette pandémie, causée par un virus transmis par les humains, a dévasté non seulement notre économie, mais également les économies du monde entier. Imaginons quelles seraient les conséquences d'une panzootie sur l'industrie agricole canadienne. À l'heure actuelle, la grippe aviaire menace la production de poulet et d'œufs partout au Canada.
En 2014, dans la vallée du Fraser, 10 exploitations agricoles ont eu une éclosion d'influenza aviaire et plus de 200 000 oiseaux ont été euthanasiés.
En 2004, une souche hautement pathogène a mené à l'abattage de 17 millions d'oiseaux d'élevage. Avant d'être maîtrisée, cette éclosion a coûté 380 millions de dollars aux producteurs.
Un scénario comparable se déroule à l'heure actuelle. Jusqu'à présent, 7,5 millions d'oiseaux domestiques ont dû être euthanasiés en Colombie‑Britannique, en Alberta, en Ontario, au Québec et en Saskatchewan.
Nous savons que la peste porcine africaine, une autre de nos préoccupations, ne tardera pas à arriver chez nous. Celle-ci a tué plus de la moitié des porcs en Chine et se propage en Asie-Pacifique, en Asie centrale, en Europe de l'Est et même en République dominicaine. Elle est à nos portes et nous devons prendre des précautions pour garantir la protection de nos producteurs. Si la peste porcine africaine se déclarait au Canada, l'industrie porcine canadienne subirait des pertes de 24 milliards de dollars. Cette industrie de 4,25 milliards de dollars emploie plus de 45 000 personnes et 70 % de sa production est exportée dans le monde entier.
La question de savoir si nous sommes prêts à faire face à la peste porcine africaine ou à la grippe aviaire sera bientôt examinée très sérieusement par le comité de l'agriculture. Le risque de transmission est bien réel. Encore une fois, je ne saurais trop insister là-dessus. Si l'un de mes collègues ici présents a déjà visité une exploitation avicole, un couvoir ou une exploitation porcine, il connaît les protocoles à suivre, comme enfiler une combinaison de protection, laver ses bottes, mettre des chaussons et un filet à cheveux. Quiconque s'est déjà rendu dans une usine de transformation de produits animaux sait que c'est très semblable. Les protocoles sont très stricts et ce n'est pas pour rien.
Je pense que, dans de nombreux cas, les manifestants ne mettent pas volontairement en péril la biosécurité des exploitations, mais qu'ils ne comprennent pas les protocoles en place, que chaque famille d'agriculteurs suit de très près. Ces animaux sont leur gagne-pain et ils veulent assurer leur bon traitement. Je pense que tous les députés le comprennent. Si nous pouvons prendre des mesures proactives pour garantir que ces types de pandémies animales ne se produisent pas, nous voulons le faire. C'est un outil que nous pouvons utiliser.
Nous ne pouvons pas nous permettre de commettre la même erreur en cas d'éclosion dans une exploitation au Canada. Nous devons prendre toutes les précautions nécessaires et recourir à tous les moyens dont nous disposons pour protéger les familles agricoles. Nous savons que l'agriculture et l'agroalimentaire seront un pilier essentiel de notre économie. Pour qu'elles puissent exploiter pleinement leur potentiel, les familles agricoles doivent savoir que le gouvernement du Canada et la Chambre des communes sont là pour les soutenir, les protéger et mettre en place les mesures nécessaires.
Des agriculteurs, des éleveurs, des transformateurs alimentaires et des groupes représentant des agriculteurs de tout le pays sont en faveur du renforcement des mesures de biosécurité pour les intrus. En fait, j'ai reçu des lettres de dizaines de groupes d'agriculteurs et de parties concernées qui appuient fermement cette mesure législative. Je suis heureux d'apprendre que la a également dénoncé les actes de groupes extrémistes qui manifestent dans les exploitations laitières, en indiquant qu'ils sont inacceptables et qu'il s'agit d'une source de préoccupation pour elle. Je m'en réjouis.
Nous avons également reçu l'appui de la Fédération canadienne de l'agriculture, qui a déclaré: « La Fédération appuie en principe [ce] projet de loi d'initiative parlementaire visant à soutenir les agriculteurs canadiens qui subissent les conséquences négatives de l'activisme. Nous pensons que la présentation de ce projet de loi est un pas important et nécessaire dans la bonne direction ».
Les Producteurs laitiers du Canada ont affirmé que les producteurs laitiers canadiens ont à cœur d'offrir les meilleurs soins au cheptel canadien et qu'ils respectent entièrement les plus hautes normes en matière de bien-être des animaux, de qualité des aliments et de biosécurité. À leur avis, les modifications que je propose à la Loi sur la santé des animaux amélioreront la protection de la santé et la sécurité des animaux au pays.
Comme je l'ai mentionné, le projet de loi n'empêcherait pas les groupes qui le souhaitent de manifester pacifiquement pour faire parler du bien-être des animaux, un souhait que je peux comprendre, mais il assurera la sécurité dans les installations agricoles du pays et la santé mentale des familles d'agriculteurs canadiennes.
J'espère que les députés continueront d'appuyer ce projet de loi, comme ils l'ont fait lors de la législature précédente. Il est très important qu'en qualité de leaders nous envoyions un message affirmant notre soutien des familles agricoles canadiennes, notre reconnaissance de l'importance de la biosécurité à la ferme et des protocoles en place et notre volonté de soutenir la santé mentale des familles d'agriculteurs.
Je parle en particulier de familles comme les Binnendyk et les Tschetter, qui travaillent fort tous les jours. Ces entreprises agricoles familiales transmises de génération en génération font tout en leur pouvoir pour assurer la protection de leurs animaux et elles produisent des aliments de haute qualité pour les familles canadiennes et pour l'exportation, contribuant ainsi à l'alimentation de toute la planète. Elles savent ce qu'il faut faire pour protéger les animaux, mais elles ne comprennent pas que des manifestants puissent entrer sur des terrains privés et, dans bien des cas, elles ne comprennent pas ce que ces manifestants veulent.
J'ai hâte de travailler avec mes collègues pour traiter de cet important enjeu que sont la protection de l'approvisionnement alimentaire, la chaîne d'approvisionnement et les familles d'agriculteurs au Canada.
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Monsieur le Président, je tiens à remercier le député de Foothills d'avoir présenté le projet de loi , un projet de loi émanant d'un député. Comme il a été indiqué précédemment, ce projet de loi a été élaboré en réaction aux signalements de personnes et de groupes qui se sont introduits sur une propriété privée comme une exploitation agricole. Le droit de manifester de façon pacifique est fondamental à une société démocratique. Cependant, l'intrusion dans des exploitations agricoles est inacceptable.
La santé et la sécurité de nos agriculteurs et de leurs animaux sont cruciales. Des cas d'intrusions dans des exploitations agricoles ont angoissé les agriculteurs canadiens, en plus de soulever des inquiétudes pour la santé et la sécurité de leurs animaux. Nous reconnaissons l'objectif du projet de loi C‑275 émanant d'un député, mais nous avons aussi la responsabilité de veiller à ce que toute disposition législative dans ce domaine n'ait pas de conséquences involontaires.
J'aimerais attirer l'attention des députés sur deux éléments à prendre en considération. Premièrement, le projet de loi C‑275, tel que libellé, crée des risques juridiques. Deuxièmement, il existe déjà des lois fédérales et provinciales que l'on peut invoquer pour gérer les cas d'intrusion dans des exploitations agricoles. Il faut tenir soigneusement compte de ces questions avant d'envisager de modifier ce projet de loi.
Comme la plupart d'entre nous le savent, l'agriculture est un pouvoir constitutionnel partagé avec les provinces. De façon générale, le rôle du gouvernement fédéral se limite aux pratiques ou aux opérations agricoles à la ferme. Cependant, le projet de loi tel que libellé serait probablement exclu du pouvoir du gouvernement fédéral dans ce domaine étant donné qu'il s'applique généralement à tout bâtiment ou autre lieu clos où se trouvent des animaux à la ferme et à l'extérieur de celle-ci. En outre, le projet de loi semble cibler davantage l'interdiction de l'intrusion par des protestataires que la protection des animaux contre la propagation de maladies.
Les provinces et les territoires ont compétence en matière de droits relatifs à la propriété et de droits civils, ce qui comprend l'édiction de lois contre l'intrusion. Il existe déjà, dans la plupart des provinces, des lois contre l'intrusion dans les exploitations agricoles et dans d'autres lieux.
En outre, au cours des dernières années, cinq provinces, soit l'Alberta, la Saskatchewan, le Manitoba, l'Ontario et l'Île‑du‑Prince‑Édouard ont adopté des lois renforcées afin d'interdire l'intrusion dans des exploitations agricoles ou dans tout lieu où se trouvent des animaux.
Par exemple, en 2019, l'Alberta a modifié sa loi intitulée Petty Trespass Act afin d'interdire l'entrée dans une exploitation ou une terre agricole sans la permission du propriétaire ou de l'occupant. Une personne reconnue coupable s'expose à une amende maximale de 10 000 $ ou à une peine d'emprisonnement de 6 mois. Une société pourrait devoir payer une amende pouvant atteindre 200 000 $ si elle était reconnue coupable aux termes de cette loi.
Cet exemple montre que les provinces possèdent déjà des lois qui réglementent l'intrusion dans une propriété privée. Le projet de loi , par son libellé, tente aussi de réglementer l'intrusion dans des propriétés privées. On le constate clairement dans la phrase « [i]l est interdit, sans autorisation ou excuse légitime, de pénétrer dans un bâtiment ou un enclos […] Par conséquent, on pourrait penser que le libellé actuel du projet de loi C‑275 empiète sur les lois que les provinces ont déjà en place.
À l'échelle fédérale, il est possible d'invoquer le Code criminel du Canada afin de gérer les activités criminelles liées à l'intrusion comme les méfaits et l'introduction par effraction. En fait, dans deux cas survenus récemment, le Code criminel a été utilisé avec succès pour déposer des accusations à l'égard de personnes qui s'étaient introduites dans des exploitations agricoles. L'un de ces cas est survenu en Colombie‑Britannique, et l'autre au Québec.
Je vais me permettre d'en dire plus sur le cas survenu en Colombie‑Britannique, car il montre comment la loi existante fonctionne pour déposer des accusations contre des personnes qui s'introduisent dans des exploitations agricoles.
En 2019, un certain nombre de personnes se sont introduites dans l'exploitation porcine Excelsior Hog Farm à Abbotsford, en Colombie-Britannique, afin de sensibiliser le public aux pratiques agricoles qui, selon elles, avaient une incidence négative sur le bien-être des animaux. Deux des personnes qui se sont introduites dans l'exploitation porcine ont été reconnues coupables et ont par la suite été condamnées en vertu du Code criminel.
Au moment d'imposer une sentence à ces personnes, le juge a pris en compte certains facteurs dans l'établissement de leur peine, ce qui est exigé en vertu du Code criminel. Par exemple, dans ce cas précis, le juge a tenu compte de l'incidence négative de l'intrusion sur l'agriculteur et sur les activités de l'exploitation agricole. Les intrus ont donc été condamnés à une peine d'emprisonnement de 30 jours et à une période de probation de 12 mois.
Ce que je dis, c'est que les lois existantes fonctionnent, purement et simplement. Comme le juge dans l'affaire survenue en Colombie‑Britannique l'a fait remarquer, ce verdict, qui comprend une peine d'emprisonnement, visait à envoyer un message pour décourager d'autres personnes de s'adonner à ce type d'activité.
[Traduction]
Le projet de loi du député de met assurément en lumière la question de la sécurité des agriculteurs et des animaux. S'il est essentiel de soutenir les agriculteurs et de leur donner les outils dont ils ont besoin pour effectuer leur important travail, il faut aussi trouver des solutions qui ne mèneront pas à des contestations judiciaires. Fondamentalement, un projet de loi ne devrait pas créer de nouvelles possibilités de contestation judiciaire. Il devrait en outre compléter les lois en place et ne pas faire double emploi avec ces dernières.
C'est pour cette raison que le gouvernement entend appuyer le projet de loi une fois qu'il aura été amendé. Plus précisément, nous proposerons des amendements qui appuient l'esprit et l'intention du projet de loi , mais qui permettent de réduire les risques de contestation judiciaire que nous avons relevés.
Plutôt que d'interdire de façon générale l'entrée dans un édifice ou un autre endroit, nous proposons un amendement qui interdira l'entrée dans les zones de biosécurité des exploitations agricoles où se trouvent des animaux, sauf si les protocoles de biosécurité établis sont suivis. Cet amendement appuiera les mesures de biosécurité strictes que de nombreux agriculteurs ont déjà mises en place dans les installations agricoles canadiennes.
L'amendement atténuerait également les risques de contestation judiciaire dont j'ai parlé plus tôt. En mettant l'accent sur l'entrée dans les zones de biosécurité à la ferme, on place le projet de loi dans la sphère de compétence fédérale, parce qu'il sera plus clairement lié aux mesures en place à l'intérieur des exploitations agricoles. En outre, l'amendement renforcerait les avantages des zones de biosécurité, qui comptent parmi les pratiques agricoles importantes pour la prévention des maladies animales.
Beaucoup se demanderont peut-être pourquoi nous appuyons ce projet de loi alors que nous n'avons pas appuyé son prédécesseur, le projet de loi . Mettons les choses au clair. Comme je l'ai dit, nous avons bel et bien des préoccupations concernant les risques de contestation judiciaire associés à ce projet de loi dans sa forme actuelle. Toutefois, nous avons pris le temps d'examiner les débats et les témoignages précédents sur la question et avons écouté les parties intéressées, qui ont presque toutes souligné l'importance de la biosécurité pour empêcher la propagation de maladie entre animaux. Après mûre analyse, nous avons trouvé un amendement qui ciblerait plus précisément la biosécurité et serait préférable au libellé actuel du projet de loi . Cet amendement communiquerait plus clairement aux Canadiens que la biosécurité doit être prise au sérieux et qu'elle est nécessaire pour éviter la propagation des maladies animales, tout en reconnaissant qu'il existe déjà des mesures législatives régissant les intrusions.
Nous reconnaissons les efforts du député de visant à protéger les agriculteurs. Toutefois, il faut trouver un juste équilibre et déterminer la meilleure solution en tenant compte des risques de contestation judiciaire. Par conséquent, si le projet de loi est renvoyé au comité, nous proposerons un amendement pour que le projet de loi tienne compte de ces risques.
Le gouvernement est impatient de discuter davantage de cet important dossier. Nous avons hâte de discuter des façons dont nous pourrions amender le projet de loi pour mieux soutenir les agriculteurs et mieux protéger la santé de leurs animaux.
Encore une fois, je remercie le député de . Nous avons entendu toutes les difficultés que connaissent les exploitations agricoles depuis quelques années et quelques décennies. Cette semaine, nous soulignons la Semaine de la santé mentale, et je crois que ce projet de loi contribuerait à réduire le stress que vivent les agriculteurs. Je remercie le député de de l'avoir présenté.
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Monsieur le Président, j'aimerais d'emblée remercier le député de d'avoir présenté ce projet de loi. Je tiens aussi à dire que j'apprécie la dernière contribution du secrétaire parlementaire, qui nous annonce, au fond, que le gouvernement va collaborer pour qu'on trouve un projet de loi qui sera applicable. C'est tant mieux. C'est une bonne nouvelle, parce que notre devoir, comme parlementaires, est de travailler pour notre monde. Nos agriculteurs ont besoin de protections supplémentaires pour ne plus vivre les atrocités dont ils ont été victimes au cours des derniers mois et des dernières années.
Ce projet de loi vise précisément à contrer un fléau qui est expansion: les intrusions. J'aimerais que chaque député à la Chambre prenne le temps de réfléchir quelques minutes et de se demander ce qu'une intrusion représente. Quand on pense aux entreprises agricoles, cela peut parfois sembler loin de soi. Or, ramenons cela chez nous.
Je vais utiliser un peu la même image que lorsque nous avions parlé du projet de loi . Imaginons qu'on arrive à la maison, que quatre ou cinq personnes sont assises dans le salon et que ces gens disent que la façon dont on tient cette maison n'est pas convenable, selon leurs valeurs. On leur demande de partir, mais ils ne partent pas. On ne peut pas les prendre et les sortir, car on risquerait de se mettre dans le trouble et de se retrouver avec des accusations criminelles. On doit donc vivre avec cela.
Le cas que je cite toujours en exemple, car c'est le plus flagrant, est celui de la ferme Porgreg de Saint‑Hyacinthe. Le personnel de la ferme a vécu cette situation pendant de nombreuses heures. Même lorsque les agents de la paix demandaient aux manifestants de quitter les lieux, ceux-ci restaient assis. Ils recueillaient des images et disaient vouloir protéger les animaux, dont ils étaient eux-mêmes en train de compromettre la santé et la sécurité. Ce qu'on a constaté, par après, c'est qu'il y a eu de la maladie dans le troupeau, parce que la biosécurité n'avait pas été respectée.
Je pense que le terme « biosécurité » est un élément important qu'il faut garder en tête. Cela a été soulevé par le député de Foothills, de même que par le secrétaire parlementaire. Il s'agit peut-être de la bonne voie à suivre. En tant que parlementaires au fédéral, il faut trouver un moyen. Je respecte ce qu'a souligné le secrétaire parlementaire relativement au respect des compétences. Comme on le sait, nous aimons aussi, au Bloc québécois, respecter les compétences des provinces et du Québec. Nous avons l'habitude d'être plutôt d'accord à ce sujet. Je pense néanmoins qu'il y a moyen de travailler en équipe, comme nous le faisons d'ailleurs toujours au Comité. Je pense que cela se sent dans les débats que nous entendons aujourd'hui. Il faut trouver une façon d'améliorer la protection de nos producteurs agricoles devant ces agressions inacceptables.
Il ne s'agit pas ici de remettre en question les valeurs des gens qui disent adhérer aux valeurs véganes. Là n'est pas la question. Il n'est pas non plus question de venir limiter la liberté d'expression, car toute liberté s'arrête là où le droit et la liberté des autres commencent. Voilà une chose qu'on oublie souvent, mais il est important de le rappeler: le droit individuel n'est pas absolu. Quand le fait de prétendre exercer un droit individuel d'expression constitue une agression criminelle envers une autre personne, je suis bien désolé de devoir apprendre à mes collègues qu'il ne s'agit pas là d'un droit, mais d'un crime commis. Le Parlement doit absolument réprimer cela. Il nous faut donc travailler là-dessus.
Nous demandons aux producteurs agricoles d'être extrêmement vigilants en ce qui concerne les normes sanitaires. Quelques infections potentielles ont été nommées tantôt. Il y a la peste porcine africaine, qui fait des dommages épouvantables partout au monde. Nous sommes contents de ne pas encore être touchés au Canada et nous prenons toutes les mesures pour ne pas l'être. Nous n'allons pas laisser des individus compromettre la biosécurité d'établissements agricoles. Cela pourrait conduire à de la contamination.
Il y a aussi l'encéphalopathie spongiforme bovine, la fièvre aphteuse et la grippe aviaire. Au Québec, il y a actuellement plusieurs cas de grippe aviaire. Les gens de l'Agence canadienne d'inspection des aliments recommandent aux producteurs de ne pas aller dans le champ s'ils constatent la présence d'oiseaux sauvages, car ils risqueraient d'introduire la contamination dans l'établissement.
Ces producteurs font attention tous les jours et cherchent des moyens de protéger leur établissement. Ils prennent leur douche avant de rentrer et ils changent de vêtements. On ne peut pas tolérer que des gens, en se basant sur une idéologie un peu extrême, décident de remettre tout cela en question. Je pense donc que c'est notre travail de faire cela.
En soi, le projet de loi est assez simple: il interdit l'introduction dans une production agricole lorsque cela compromet la biosécurité. Je pense que l'élément de la biosécurité est déjà là. Je suis bien prêt à travailler en collaboration avec le secrétaire parlementaire et le député de pour trouver un terrain d'entente, mais il faut absolument procéder à l'adoption de ce projet de loi.
D'ailleurs, nous l'avions étudié en détail dans la précédente législature, dans le cadre du projet de loi . Cela fait partie des trop nombreux projets de loi que nous avons dû recommencer à zéro. Donnons-nous la chance de procéder de façon efficace pour ne pas avoir à refaire ce processus une troisième fois. Nous sommes capables, en comité, de faire un travail rapide et efficace en analysant avec des spécialistes la portée du projet de loi C‑275.
De prime abord, les questions soulevées par le secrétaire parlementaire me semblent légitimes. Évidemment, comme je le dis tout le temps: nous allons faire notre travail de façon sérieuse et consciencieuse au Comité pour adopter un projet de loi qui sera réel, qui enverra un message positif au monde agricole et un message clair aux gens qui auraient l'intention d'aller manifester et qui sera applicable dans les faits. Cette troisième condition est importante. C'est pour cela que nous sommes là et que nous allons faire un travail sérieux.
La question de la compétence partagée a déjà été abordée. Il est aussi question de santé animale et mentale dans ce projet de loi. Cela a été mentionné tantôt par les deux députés qui sont intervenus avant moi. Comme c'est la Semaine de la santé mentale, profitons-en pour protéger nos producteurs qui ont déjà la vie difficile. C'est déjà extrêmement difficile.
Je pense entre autres à la production porcine. Récemment, il y a eu une fermeture d'usine de transformation au Québec qui a des répercussions énormes dans notre production et qui remet en question plusieurs producteurs qui devront peut-être se retirer de la production. Ce n'est pas drôle. Va-t-on rajouter à cela la menace, l'intimidation et les agressions gratuites? La réponse est non. Comme Parlement, je pense que nous avons le devoir de répondre non.
Je reviens sur l'exemple de la ferme Les Porgreg, en 2019, parce que cet événement est très représentatif de ce qui peut arriver. J'ai dit un peu plus tôt qu'il y a eu de la maladie dans le troupeau. On va me dire qu'il y a déjà des lois qui couvrent cela, c'est vrai. Cependant, faire le lien entre la maladie et l'intrusion, ce n'est pas toujours facile devant une cour. Cela implique aussi que ces gens doivent porter plainte et suivre le processus judiciaire, donc revivre l'agression. Cela, ce n'est pas toujours facile non plus. Il faut donc rendre le processus plus agréable et plus clair. Si on peut augmenter cette protection, ce sera positif.
Pendant l'agression à la ferme Les Porgreg, il y a eu une atteinte à la biosécurité et on a laissé les portes ouvertes pendant de nombreuses heures. Il faisait -12 degrés dehors. Or, il y a eu aussi de l'eau qui a été mise dans le diésel. Comment fait-on pour prouver que les agresseurs ont mis de l'eau dans le diésel? C'est un ensemble.
On doit être capable d'instaurer des mesures importantes pour décourager les malfaiteurs, par exemple pour leur dire que, s'ils font cela, cela va leur coûter cher à eux et aussi à leur organisation. En comité, je vais porter une attention particulière à ce que les amendes et les pénalités s'adressent non seulement aux individus, mais aussi aux organisations qui les commanditent.
Le député de a parlé plus tôt des porcs suspendus au-dessus des autoroutes à Montréal. C'est la même organisation qui a fait l'intrusion dans la ferme Les Porgreg qui a revendiqué l'action. On voit à quel genre de personnes on a affaire. Ce sont des gens extrémistes qui n'ont peur de rien et qui sont prêts à faire face à des accusations criminelles.
Il faut augmenter les conséquences pour dissuader ce genre d'actions. Nos producteurs agricoles méritent bien cela. Nous devons leur dire aujourd'hui que nous les respectons, que nous apprécions leur travail, que nous voulons qu'ils continuent longtemps et que nous allons les protéger.
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Monsieur le Président, je suis heureux de prendre la parole à la Chambre afin de présenter mes observations au sujet du projet de loi , tendant à modifier la Loi sur la santé des animaux en ce qui concerne la biosécurité dans les exploitations agricoles. Ce projet de loi a été présenté par le député de . J’ajouterai aux observations de mon collègue que c’est un plaisir de travailler avec le député au sein du comité de l’agriculture.
Malgré ce que le public voit pendant la période des questions, nous, députés de tous les partis, nous entendons plutôt bien. Je trouve que certains de nos travaux les plus gratifiants ont lieu aux comités, en particulier au comité de l’agriculture. La dynamique au sein de ce comité diffère de celle de nombreux autres parce que, quel que soit le parti politique dont nous faisons partie, nous représentons tous les agriculteurs, et nous avons tous leurs intérêts à cœur.
Il s’agit de la deuxième tentative du député. La première version de ce projet de loi avait été présentée à la législature précédente sous la forme du projet de loi . La dernière fois que j’ai eu l’occasion de débattre de ce projet de loi, c’était à l’étape de la deuxième lecture à la fin de 2020. Nous voici en 2023. Ce n’est peut-être pas le processus le plus efficace, mais il faut dire que le parcours du projet de loi précédent a été interrompu par des élections inutiles à l’époque.
Voyons pourquoi ce projet de loi, qui porte sur la biosécurité, a été présenté. Nous savons qu’il existe de nombreuses maladies qui posent un risque pour les animaux d'élevage. Il s’agit notamment de la peste porcine africaine, de l’encéphalopathie spongiforme bovine, ou ESB, de la fièvre aphteuse et de la grippe aviaire. Bon nombre de ces maladies maintiennent nos chercheurs et nos scientifiques éveillés la nuit. J’ai récemment eu une conversation avec des représentants du conseil des doyens des écoles d’agriculture et de médecine vétérinaire de partout au Canada. Ils dirigent une partie de la recherche sur ces maladies, et ils sont très préoccupés, en particulier par la grippe aviaire.
De façon générale, la biosécurité au niveau de l’exploitation agricole peut être définie comme des pratiques de gestion qui permettent aux producteurs d’empêcher que des agents pathogènes n'entrent dans leurs exploitations ou n'en sortent, car si un exploitant agricole constate l'éclosion d'une maladie, il veut la contenir pour empêcher sa propagation à d’autres exploitations. Il y a trois principes généraux clés: l’isolement, le contrôle de la circulation et l’assainissement. Avec le projet de loi , nous examinons surtout le principe du contrôle de la circulation, c’est-à-dire le contrôle de qui entre en contact avec les animaux qui se trouvent à la ferme.
Nous savons que les visiteurs des fermes peuvent apporter sans le savoir des agents nuisibles. Ils peuvent les apporter avec des vêtements ou des chaussures contaminés, avec de l’équipement ou avec leurs véhicules.
Je vais parler de ce que j'ai vécu personnellement. J'ai eu le plaisir de me rendre dans des exploitations agricoles de ma circonscription, Cowichan—Malahat—Langford, y compris chez Farmer Ben's Eggs et chez Lockwood Farms, des exploitations qui produisent des œufs. J'élève quelques poules chez moi et je consomme les œufs qu'elles me donnent. Vu le danger de la grippe aviaire, j'ai dû m'abstenir de tout contact avec mes volailles pendant une semaine avant de pouvoir me rendre dans les grandes exploitations commerciales dont je viens de parler. De plus, j'ai été soumis à des mesures très strictes concernant mes chaussures avant de pouvoir y entrer.
Autrefois, je plantais des arbres dans la région intérieure de la Colombie‑Britannique, plus précisément au Douglas Lake Ranch, près de Merritt. C'est évidemment le plus grand ranch d'élevage de bétail de la province. Les terres du ranch sont tellement vastes que certaines servent à l'exploitation forestière. Avant d'entrer sur la propriété pour y planter des arbres, nos véhicules devaient être désinfectés pour éviter tout risque de transmission de la fièvre aphteuse au bétail.
Les députés peuvent donc voir un peu quelles précautions sont prises actuellement dans les exploitations agricoles. Je viens de décrire ce dont j'ai pu être témoin personnellement, mais je sais que les mêmes règles sont en vigueur partout au pays.
Voyons maintenant l'état actuel de la législation. La Loi sur la santé des animaux vise à empêcher la contamination des animaux par des maladies et des substances toxiques et à protéger les êtres humains contre le risque de transmission des maladies et substances pouvant les affecter. La loi contient des dispositions qui interdisent aux exploitants de dissimuler une maladie déclarable, de garder des animaux malades, de les mener au marché, de les vendre et d'en jeter les carcasses. Voilà ce que disent actuellement ces dispositions de la loi fédérale.
Le projet de loi vise à modifier la Loi sur la santé des animaux en y ajoutant l’article 9.1, dont le libellé serait le suivant: « Il est interdit, sans autorisation ou excuse légitime, de pénétrer dans un bâtiment ou un enclos où se trouvent des animaux, ou d’y introduire tout animal ou toute chose, tout en sachant que le fait d’y pénétrer ou d’y introduire l’animal ou la chose pourrait avoir comme conséquence d’exposer les animaux à une maladie ou à une substance toxique susceptible de les contaminer ou en ne se souciant pas de ce fait. » Évidemment, le projet de loi prévoit aussi une nouvelle série de sanctions pour les personnes et les groupes qui violeraient le nouvel article, conformément aux dispositions existantes de la Loi sur la santé des animaux.
Je voudrais également prendre le temps d'exposer certaines des préoccupations, car nous ne ferions pas notre travail de parlementaires si nous n'examinions pas les deux côtés de l'argumentation, et je pense que c'est ce que le comité doit vraiment prendre en compte. Certains groupes de défense des animaux estiment que cette législation constitue ce qu'ils appellent une loi bâillon, c'est-à-dire une loi qui les réduit au silence ou les empêche de mener des actions qui, selon eux, sont dans l'intérêt des animaux d'élevage.
Comme d'autres députés l'ont souligné, si le projet de loi visait à empêcher les intrusions, et non à renforcer la biosécurité, le texte serait inconstitutionnel, car nous savons tous qu'en vertu de notre loi constitutionnelle actuelle, la propriété et les droits civils relèvent strictement de la compétence des provinces. Il n'est pas question que nous cherchions à adopter une loi qui empiète sur les compétences des assemblées législatives provinciales. Bien sûr, comme je l'ai mentionné dans ma question, il existe un rapport sur la justice animale datant de 2021 qui énumère des centaines de cas de manquements en matière de biosécurité ayant tous été commis par du personnel autorisé travaillant dans les exploitations concernées. Je le répète: dans tous ces cas, les personnes fautives avaient une autorisation ou une excuse légitime pour se trouver sur les lieux. Je voudrais citer un passage de ce rapport:
Malgré le risque que représentent les épidémies pour les exploitations agricoles, les animaux et l'économie, la biosécurité dans les exploitations agricoles n'est pas réglementée de manière globale sur le plan fédéral. En collaboration avec l'industrie et le gouvernement, l'Agence canadienne d'inspection des aliments publie des lignes directrices facultatives relatives à la biosécurité pour certains domaines du secteur de l'élevage. Le respect de ces normes n'est pas une obligation légale. Quant aux législations provinciales, elles varient et tendent à donner aux fonctionnaires les moyens de répondre aux risques existants en matière de biosécurité, plutôt que de prescrire des règles que les agriculteurs doivent suivre pour prévenir les épidémies.
Voilà des éléments dont nous devons tenir compte lorsque nous examinons le projet de loi.
Je voudrais terminer en disant que le NPD est certainement pour le bien-être des animaux. En ce qui me concerne, je suis fier d’avoir appuyé la pétition e-4190, qui a recueilli plus de 36 000 signatures et appelle les libéraux à honorer leur promesse de campagne d’interdire l’exportation de chevaux vivants pour l’abattage. La de l’Agriculture n’a toujours pas respecté ce volet de sa lettre de mandat. Nous nous sommes engagés, lors de plusieurs campagnes électorales, à mettre à jour le Règlement sur la santé des animaux et à moderniser les dispositions législatives sur le bien-être des animaux.
Cela dit, je tiens à préciser que j'appuie les agriculteurs. Ils ont tout à fait le droit de ne pas subir des intrusions. Grâce à mon expérience personnelle et aux cinq années où j'ai été porte-parole en matière d’agriculture, je sais que les agriculteurs sont de bons citoyens. Ils veulent bien traiter leurs animaux. Selon les témoignages que le comité de l’agriculture a entendus, le projet de loi recueille des appuis assez solides.
Je tiens à souligner que la loi permet aux manifestants de s’approcher des exploitations agricoles, mais qu'ils n'ont pas le droit d'y entrer. Il est dans leur intérêt d’exiger que les gens soient davantage tenus de rendre des comptes. Je tiens également à souligner que les dispositions contenues dans le projet de loi ne pourront pas servir à réduire au silence les employés agricoles qui sont témoins de mauvais traitements infligés au bétail. Nous tenons à ce que des mesures de responsabilisation existent au sein même du secteur agricole.
Je tiens à dire au député de que, même si j’appuie le projet de loi en principe, le comité a encore beaucoup de travail à faire. Je veux m’assurer que les mesures de biosécurité s’appliquent bel et bien à tout le monde et que nous n’empiétions pas sur la compétence provinciale pour ce qui est des dispositions législatives contre les intrusions. J'ai hâte que nous renvoyions le projet de loi au comité pour qu’il en poursuive l'étude.
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Monsieur le Président, je remercie tous les députés de la Chambre des communes pour un autre merveilleux débat sur une mesure législative importante, qui porte sur la biosécurité dans les exploitations agricoles partout au Canada. Avant de commencer, je tiens à dire que le député de est non seulement un gentleman, un érudit et un assez bon joueur de hockey pour un quinquagénaire, et j'ajouterais qu'il a toujours présenté d'excellents projets de loi liés directement à un problème qui existe dans ma belle circonscription, Mission—Matsqui—Fraser Canyon.
Il y a quelques années, la ferme Binnendyk, située sur Harris Road, qui se trouve à moins de 10 minutes de mon domicile, a fait l'objet d'une attention nationale lorsque des manifestants y sont entrés illégalement. Pour dire les choses franchement, cette période a été très difficile pour la famille Binnendyk. Un député du Parti libéral a mentionné que c'est actuellement la Semaine de la santé mentale. Eh bien, lorsque les manifestants se sont introduits illégalement sur la ferme, cela a eu des conséquences négatives durables sur cette famille et sur la manière dont les Canadiens perçoivent le travail que les agriculteurs accomplissent pour eux.
Je sais que beaucoup de gens, dont beaucoup d'autres députés et moi, aiment le porc. Les produits du porc sont extraordinaires. Malheureusement, l'industrie porcine en Colombie‑Britannique, dans la vallée du Fraser, où j'habite, a subi bien des coups durs. La ferme Binnendyk est l'une des dernières exploitations de la région agricole la plus productive du Canada. Ces dernières années, des activistes ont pénétré dans des exploitations agricoles partout au Canada — j'ai parlé de la ferme Binnendyk, mais je pense également à la ferme Schetter dans la circonscription de — pour dénoncer les conditions de vie des animaux. En réponse à ces incidents, des groupes d'agriculteurs ont exprimé des inquiétudes et demandent au gouvernement de trouver des façons de régler ce problème parce que la sécurité alimentaire et l'approvisionnement alimentaire sûr sont importants. C'est pour cela que nous sommes ici aujourd'hui.
La « biosécurité » agricole s'entend des « pratiques visant à réduire l'introduction de maladies et leur propagation au sein et hors des exploitations pouvant contenir du bétail ». La « biosécurité » à la ferme peut être définie comme un ensemble de pratiques de gestion destinées à limiter, à prévenir et à maîtriser l'introduction d'agents pathogènes infectieux dans la ferme, la propagation au sein de la production et la propagation hors de la ferme de ces agents pathogènes qui peuvent avoir des effets défavorables sur l'économie, l'environnement et la santé humaine. Le milieu d'élevage peut jouer un rôle considérable dans la propagation ou la prévention de maladies. Par conséquent, la conception des installations, l'aménagement et les voies de circulation influencent grandement l'efficacité et l'efficience d'un plan de biosécurité à la ferme. Pour cette raison, de tels plans incluent généralement des mesures pour contrôler l'accès à certaines zones de la ferme.
Les députés qui, comme moi, ont passé beaucoup de temps sur une ferme — ma mère était fermière — savent qu'il n'y avait pas, à l'époque, de mesures de biosécurité comme celles qui existent aujourd'hui. À cause de la propagation des maladies, qui viennent dans certains cas de la vallée du Fraser, les agriculteurs ont dû adapter leurs pratiques agricoles au cours du XXIe siècle, et ce, à juste titre, car les Canadiens comptent sur eux pour offrir une source sûre, sécuritaire et fiable d'aliments nutritifs qui permettent à la population canadienne de rester en santé. La Loi sur la santé des animaux et le Règlement sur la santé des animaux du gouvernement fédéral énoncent certaines dispositions, mais pas toutes celles qui sont nécessaires en matière de biosécurité. Le projet de loi dont nous sommes saisis comblerait cette lacune, de bonne foi, pour assurer la sécurité des agriculteurs.
Revenons aux Binnendyk et aux manifestations. Je leur ai texté un peu plus tôt dans le débat ce matin. Ils m'ont répondu que s'il y a une chose que je pouvais faire pour eux à la Chambre des communes, c'est de transmettre le message que, même si certaines personnes avaient été reconnues coupables, ils trouvaient que l'organisme qui avait permis à Mme Soranno de mener ses activités aurait dû être tenu responsable lui aussi. Je souligne que les personnes qui ont été condamnées par notre système de justice n'ont éprouvé aucun remords pour les gestes qu'elles avaient posés. C'est un problème. Voilà pourquoi le projet de loi dont nous sommes saisis aujourd'hui est nécessaire. Même que, pendant les principales procédures ou peu après, les manifestants sont allés voir la SPCA parce qu'ils n'aimaient pas la décision qu'elle avait rendue au sujet de la ferme des Binnendyk, cette décision n'étant pas conforme au discours qu'ils tenaient.
Il faut des lois pour protéger les agriculteurs. Nous devons surtout changer les perceptions sur la façon dont les aliments sont produits au Canada. C'est pour cela que le projet de loi dont nous sommes saisis aujourd'hui est si important. Étant leur député, je dirais à la famille Binnendyk que je la comprends. Nous essayons de faire quelque chose pour que ce qui est arrivé à cette famille ne se reproduise pas dans une exploitation agricole et pour qu'il y ait des sanctions efficaces à l'endroit des personnes qui entrent délibérément dans une propriété privée sans raison valable et qui publient des vidéos fallacieuses sur ce que les agriculteurs font dans leur exploitation agricole. Nous voulons mettre un terme à cela.
Bien franchement, après l'incident qui s'est produit à la ferme, je me souviens d'avoir eu une conversation avec le cousin des Binnendyk Richard Schutte, qui m'a dit que dans ma circonscription, Mission—Matsqui—Fraser Canyon, la ferme des Binnendyk serait probablement la dernière que les militants pour les animaux devraient cibler, car les Binnendyk ont consacré leur vie à produire des aliments salubres pour les familles canadiennes. À ma connaissance, ils sont les derniers éleveurs de porcs de la prairie de Matsqui et ils travaillent jour et nuit pour être une source d'aliments sûrs et salubres pour les gens de ma circonscription et les Canadiens de partout au pays.
Je suis heureux de savoir que les députés sont unanimes dans leur volonté de renvoyer le projet de loi à un comité, qu'ils travailleront de bonne foi pour améliorer la biosécurité et que, par conséquent, les agriculteurs canadiens se sentiront un peu plus protégés et un peu plus écoutés.
Plus généralement, dans la vallée du Fraser, nous avons été confrontés à d'autres sources de problèmes de biosécurité. La grippe aviaire suscite de vives inquiétudes. Je vois le travail que les producteurs avicoles doivent accomplir pour gérer complètement leurs opérations en ce qui concerne l'accès à leur ferme et le transport des animaux entre la ferme et les installations de transformation. Nous avons besoin d'adopter des projets de loi comme celui-ci pour donner aux producteurs les garanties dont ils ont besoin pour faire leur travail efficacement pour le bien de tous les Canadiens. À titre d'exemple, en 2004, la grippe aviaire a entraîné une augmentation de 30 % des prix de la volaille sur le marché international. Si un autre incident grave de ce type devait se produire, le prix du porc, du bœuf ou du poulet pourrait augmenter de 30 ou de 40 %. Les protections proposées doivent être mises en place. Nous devons en faire plus pour enrayer les épidémies de maladies infectieuses et pour veiller à ce que les producteurs disposent des outils nécessaires pour faire leur travail de manière efficace.
Je suis reconnaissant de l'occasion qui m'est donnée de parler de ce projet de loi aujourd'hui. Lorsque j'ai été élu, j'ai promis de prendre la parole au sujet de ce projet de loi. Je remercie le député de de l'avoir présenté. Il s'agit d'une mesure concrète que les producteurs agricoles de Mission—Matsqui—Fraser Canyon et de tout le Canada ont demandée, et je suis heureux de la soutenir aujourd'hui.