La Chambre reprend l'étude de la motion.
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Monsieur le Président, je suis ravi d'intervenir au sujet de la motion à l'étude aujourd'hui. Je tiens à dire d'emblée que j'ai un profond respect pour le député de . En fait, le député de Wellington—Halton Hills est le seul député conservateur, au cours des huit dernières années, avec lequel j'ai eu le plaisir d'aller dîner seul pour parler de questions qui nous passionnent tous les deux. J'ai toujours considéré le député de Wellington-Halton Hills comme l'une des voix les plus progressistes de l'autre côté de l'allée. Il faut dire que le progressisme n'est pas le point fort de ses collègues, mais j'ai toujours eu un profond respect pour lui.
Je m'excuse sincèrement de la manière dont le débat a été lancé ce matin. J'aurais peut-être dû choisir mes mots avec un peu plus de discernement. Je m'en suis excusé depuis, mais je pense qu'il est très important de réfléchir à la situation dans laquelle nous nous trouvons.
Jour après jour, les conservateurs prennent la parole et accusent directement ou indirectement le du Canada de mentir. Ils ont dit à maintes reprises, rien que dans le présent débat, que le premier ministre du Canada et le gouvernement étaient au courant depuis deux ans de ce qui s'était produit concernant le député de . Ils le disent maintenant. Ils me chahutent en le répétant.
Ce que je trouve incroyablement étonnant, c'est que, d'une part, nous croyons tous le député de lorsqu'il dit qu'il n'a pas été mis au courant de cette affaire, mais que, d'autre part, nous n'accordons pas la même crédibilité au député de , le premier ministre du Canada, lorsqu'il dit la même chose. Je ne peux m'empêcher de me demander où est l'indignation à la Chambre lorsque le premier ministre du Canada dit qu'il n'était pas au courant avant lundi et que, chaque fois, les conservateurs interviennent pour dire qu'il était au courant et qu'il nous ment.
C'est cette approche de deux poids, deux mesures que j'ai du mal à comprendre. Je crois le député de . Je reviendrai sur mes remarques précédentes, mais je crois également le député de , car ce sont deux honorables députés qui se présentent à la Chambre. Je pense que quiconque vient dans cette enceinte pour crier à l'injustice en disant que nous devons croire tous les députés sur parole, parce qu'ils sont tous honorables, mais qui choisit ensuite à qui exactement il entend faire confiance, n'est pas sincère, dans le meilleur des cas.
Je pense qu'il est important de prendre un pas de recul pour réfléchir. Ce que j'ai dit plus tôt au cours du débat, c'est qu'en 2022 seulement, le député de et 47 autres parlementaires — quoique dans son cas c'était peut-être en 2021 — ont eu droit à des séances d'information du SCRS sur la sécurité. Bien sûr, nous ne connaissons pas la teneur de ces séances d'information. Nous ne savons pas exactement ce qui a été dit, mais nous savons dans l'ensemble en quoi consiste une séance d'information sur la sécurité.
Une séance d'information sur la sécurité, c'est essentiellement le SCRS qui communique avec un député pour le prévenir qu'il est une personne d'intérêt et qu'il devrait surveiller certaines choses. On donne au député des conseils sur la façon de gérer la situation, on lui indique à quoi il devrait faire attention et on lui demande d'aviser le SCRS si quelque chose arrive. Nous savons qu'en 2022 seulement, le député de et 48 autres députés ont eu droit à une telle séance d'information.
Lorsque le député de dit qu'il n'a pas été mis au courant de ces menaces précises, je le crois. J'essaie simplement de dire que nous devons comprendre que ces séances d'information ont lieu régulièrement. En conclure qu'il s'agit de séances exceptionnelles serait erroné, car le SCRS l'a précisé dans son rapport de 2022.
L'autre chose que j'ai du mal à accepter est l'affirmation générale des députés d'en face, selon laquelle le gouvernement n'a rien fait pour contrecarrer l'ingérence étrangère. C'est complètement et absolument faux.
Je vais répéter la fin d'une citation que j'ai lue tout à l'heure, alors que je posais une question, parce que je pense que c'est la partie la plus importante. Elle est tirée d'un rapport de 2013 du SCRS, dans la même série que le rapport public de 2022. Le , le député de Carleton, qui était à l'époque le ministre de la Réforme démocratique, avait reçu ce document. On peut lire ce qui suit dans le rapport:
À mesure que les distinctions entre les acteurs étrangers étatiques et non étatiques s'estompent, il devient de plus en plus difficile pour les services de renseignement de faire une distinction entre les activités légitimes et illégitimes. Conséquence indirecte de conflits politiques et sociaux à l'échelle mondiale ou régionale ou d'objectifs stratégiques et économiques divergents, l'ingérence étrangère dans la société canadienne se poursuivra dans les années à venir.
Le député de , alors qu'il était ministre de la Réforme démocratique, a reçu ce document et il n'a absolument rien fait. Pendant les deux autres années que les conservateurs ont passées au pouvoir, ils n'ont pas donné suite à cette information. En fait, peu après notre arrivée en 2015, nous avons présenté un projet de loi pour resserrer les règles entourant le financement associé à l'ingérence étrangère. Les députés savent-ils qui a voté contre? Ce sont les conservateurs. Les conservateurs ont voté contre le projet de loi , qui allait précisément renforcer notre capacité à limiter l'ingérence étrangère.
Nous avons pris toute une série de mesures en plus de ce projet de loi.
Nous avons créé le Comité des parlementaires sur la sécurité nationale et le renseignement, où siègent des députés libéraux, bloquistes et néo-démocrates, ainsi que des députés conservateurs, lorsqu’ils choisissent de se présenter et de ne pas le boycotter. Ses membres sont tenus au secret et ils ont accès aux renseignements les plus confidentiels du Canada, mais aussi de nos alliés du monde entier. Le Comité dispose de mécanismes de surveillance politique et de reddition de comptes qui lui permettent d’évaluer les informations et de formuler des recommandations au SCRS et au gouvernement sur la manière d’y donner suite. Ce comité est d'ailleurs un outil fiable dont d’autres systèmes parlementaires de Westminster se sont dotés, y compris celui du Royaume‑Uni, et que nous avons adopté.
Qu’avons-nous fait d’autre? Nous avons mis en place un groupe consultatif spécial qui est activé en période électorale, pendant que tous les députés et les autres candidats sillonnent le pays pour convaincre les électeurs que leur parti et eux-mêmes représentent le meilleur choix. Dans ces circonstances, et au moment crucial des élections en tant que telles, nous n’avons ni le temps ni les moyens de veiller à la protection de notre démocratie. Ce comité est composé d’experts chargés de réagir en temps réel aux événements. Les conservateurs ont critiqué cet outil, qu’ils jugent pratiquement inutile. Or, ses membres surveillent nos élections en temps réel pour s’assurer qu’elles ne font pas l’objet d’une ingérence de la part d’acteurs étrangers, étatiques ou non.
Les conservateurs sont venus dire que nous n'avons rien fait, alors que les données révèlent clairement que le SCRS les avait mis au courant de la situation en 2013 et qu'ils n'avaient rien fait à ce sujet pendant deux ans. Depuis notre arrivée au pouvoir, en 2015, nous avons mis en place bon nombre de politiques et de mesures législatives pour être mieux en mesure d'exercer un contrôle à l'égard de l'ingérence étrangère dans notre démocratie. Il est tout à fait injuste de la part des conservateurs de faire de telles déclarations, et ils devraient le savoir.
Je vais maintenant parler de la motion dont nous sommes saisis aujourd'hui. Pour être honnête envers les députés, parmi les quatre propositions qui se trouvent dans cette motion, il y en a trois qui ne me posent aucun problème.
On propose notamment de créer, comme l'Australie et les États‑Unis, un registre des agents étrangers. Nous avons annoncé il y a des mois que ce processus est en cours; on s'y emploie déjà.
Je vais parler de l'enquête publique dans un instant.
On propose aussi de fermer les postes de police exploités au Canada par la République populaire de Chine. Évidemment, la GRC sera saisie de cette tâche et elle fera tout ce qu'elle peut dans ce dossier. Dans l'ensemble des provinces et des territoires du pays, les seules autorités policières reconnues sont la GRC à l'échelle fédérale; les services de police provinciaux, là où ils existent, ou la GRC lorsque les gouvernements provinciaux font appel à ses services; ainsi que les services de police locaux. Quoi qu'on en dise, ce sont les seules autorités policières que le gouvernement et tout député reconnaissent, et nous prendrons évidemment toutes les mesures nécessaires pour que les postes de police illégaux et les autres établissements de cette nature soient fermés immédiatement.
Bien sûr, la motion prévoit d'expulser tous les diplomates de la République populaire de Chine responsables d'affronts à la démocratie canadienne et impliqués dans ceux-ci. Comme l'a dit aujourd'hui la , elle est tout à fait disposée à le faire lorsque c'est jugé nécessaire. Il y a évidemment une procédure en place à cette fin. Elle a déjà convoqué l'ambassadeur de Chine à ce sujet, ce qui ne me pose aucun problème non plus. Je pense que, quand c'est nécessaire, il faut absolument le faire.
La demande d'enquête publique est la partie qui me pose problème et qui me semble la plus politique. Je vais être honnête. Je suis membre du comité de la procédure et, lorsque cette question y a été initialement soulevée, je me suis dit que c'était logique. Une enquête publique permettrait de faire la lumière sur cette affaire. Pourquoi n'en tiendrions-nous pas une?
Malheureusement, ce n'est pas ce que nous ont dit les témoins au comité, qu'il s'agisse des représentants du SCRS, des experts en la sécurité nationale ou de la cheffe de la GRC. Tout le monde nous a dit qu'il s'agit de renseignements extrêmement confidentiels. Il est impossible de divulguer cette information au public. Outre les répercussions à l'échelle nationale, les députés peuvent-ils s'imaginer la réaction de nos partenaires du Groupe des cinq en réalisant que nous partageons cette information de nature délicate? Le Canada deviendrait la risée du monde entier. Nos partenaires n'auraient plus assez confiance pour nous révéler cette information. Si nous la rendions publique, notre pays serait tenu à l'écart de la communauté internationale.
Tous les membres du comité et toutes les personnes désireuses de connaître les conseils des experts ont rapidement constaté qu'une enquête publique n'est pas appropriée pour discuter de renseignements très confidentiels. On nous a dit qu'il fallait plutôt confier cet examen au Comité des parlementaires sur la sécurité nationale et le renseignement, un comité parlementaire mis sur pied pour traiter ce type de dossier.
Ce que j'ai trouvé le plus intéressant dans tout cela, lorsque cette discussion a eu lieu, c'est que le député de , le chef de l'opposition, avait été informé par les médias que le gouvernement avait proposé de lui donner une séance d'information, à condition qu'il prête serment de confidentialité. On lui a demandé s'il était prêt à assister à cette séance d'information. Il a répondu que s'il ne pouvait pas parler de l'information, il ne voulait pas la connaître. Tout ce qui compte pour le député de Carleton, le chef de l'opposition, c'est de faire de l'esbroufe et de politiser tous les dossiers qui lui tombent sous la main.
Le député de n'est donc pas intéressé par la réception d'information hautement confidentielle, même si elle est destinée à améliorer la situation du pays. Cela ne l'intéresse pas parce qu'il n'en tirerait aucun bénéfice politique. Je pense que c'est ce à quoi les Canadiens devraient réfléchir.
Alors que j'arrive à la conclusion de mon discours, je tiens à dire que les députés ont une excellente occasion de travailler de concert. Je sais qu'il existe des divergences d'opinions au sujet de l'enquête publique. Je vais respecter les recommandations que David Johnston, l'ancien gouverneur général, présentera au . Ce dernier a déjà déclaré qu'il les accepterait. Si David Johnston affirme qu'une enquête publique est la meilleure solution, enquête publique il y aura.
Je trouve toutefois très troublant que des députés, surtout des députés conservateurs, critiquent comme ils le font un ancien gouverneur général qui jouit d'une très bonne réputation partout au pays. Ils parlent de lui comme s'il s'agissait d'un proche du Parti libéral ou quelque chose du genre. C'est Stephen Harper qui l'a nommé au poste de gouverneur général. Les conservateurs devraient songer à cela.
Ils ne reculent devant rien. Ils vont entreprendre une croisade contre à peu près n'importe qui si cela peut leur procurer le moindre gain politique. Peu leur importe de ruiner la réputation de quelqu'un si cela leur permet d'obtenir ne serait-ce qu'une once de gain politique. Si l'occasion se présente, ils recommenceront encore et encore.
Nous avons l'occasion de travailler de concert pour intervenir à propos de l'ingérence étrangère. Je respecte le débat sur la pertinence d'opter pour une enquête soit publique, soit non publique. C'est un débat que je respecte; il m'est arrivé moi-même de changer d'idée sur cette question. J'espère que nous pourrons avoir des débats fructueux sur les gestes à poser pour améliorer réellement la sécurité de notre démocratie. C'est absolument impératif. Nous ne devrions pas nous servir de cet enjeu à des fins politiques.
Le débat a mal commencé aujourd'hui, et j'en prends la responsabilité. J'ai contribué à ce mauvais départ, je crois, et je m'en excuse. Cela dit, j'espère sincèrement qu'une fois la poussière retombée, nous pourrons tous nous concentrer sur ce qui importe vraiment: protéger la démocratie à laquelle nous tenons tous énormément.
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Madame la Présidente, on ne nous apprend rien en nous disant que le régime chinois cible les familles de Canadiens en République populaire de Chine pour contraindre et intimider les Canadiens à l'intérieur de nos frontières. On ne nous apprend rien. Nous savons depuis des années que le régime chinois utilise des tactiques coercitives dans les démocraties comme le Canada pour réduire au silence, ou contraindre à toute autre action, les citoyens de ces démocraties afin d'influencer la politique, de menacer la démocratie et de promouvoir leur version de l'autoritarisme partout dans le monde. Ce n'est pas nouveau. Nous le savions depuis des années grâce à des reportages d'enquête menés par les journalistes de publications réputées, aux travaux des comités de la Chambre des communes, autant dans la législature actuelle que la précédente, et aux rapports des organismes et des services gouvernementaux.
C'est connu depuis des années, et pas seulement au Canada. Nous savons que d'autres démocraties sont aussi aux prises avec cette problématique. Par exemple, nous savions que le régime chinois cible les Canadiens au Canada qui militent en faveur de la démocratie et des droits civils à Hong Kong, de la liberté d'expression, de la liberté d'association et de la liberté de presse, et que leurs familles sont aussi ciblées dans leur pays d'origine. Nous savions que ceux qui, au Canada, défendent les droits fondamentaux des Ouïghours, des Tibétains et des autres minorités en République populaire de Chine ont vu les membres de leur famille en Chine être ciblés par le régime chinois.
Ce qui est nouveau, c'est que, il y a deux ans, le gouvernement n'a rien fait lorsqu'il a été informé qu'un diplomate travaillant au Canada, avec l'approbation du gouvernement canadien, me ciblait, ainsi que d'autres députés, dans le but de modifier le cours du débat et d'intimider des députés afin qu'ils votent d'une certaine façon à la Chambre. Voilà ce qui est nouveau. Voilà le problème.
Madame la Présidente, j'aimerais partager mon temps de parole avec la whip de l'opposition.
Voilà la nouvelle information qui est en jeu ici. Lorsque le gouvernement a été mis au courant de la situation, il n'a rien fait. Ce n'est que lorsque l'information est devenue publique, il y a quelques jours, que le gouvernement a commencé à prendre la chose au sérieux. C'est révoltant. Combien d'autres menaces à la sécurité du pays, à la sécurité des Canadiens, existe-t-il sur notre sol, menaces dont nous ignorons l'existence et au sujet desquelles le gouvernement ne fait rien? Le et le affirment que, jusqu'à lundi dernier, ils ne savaient pas qu'un diplomate de la République populaire de Chine me ciblait, ainsi que d'autres députés. C'est ahurissant. C'est incroyable. Cela devrait bouleverser n'importe qui à Ottawa.
Le premier ministre est responsable de l'appareil gouvernemental. J'aimerais citer le document « Pour un gouvernement ouvert et responsable », où il est écrit que « le premier ministre forme une équipe, détermine le processus de prise de décision collective, puis établit et adapte l’appareil gouvernemental dans le cadre duquel fonctionnera cette équipe ». Le premier ministre est responsable de l'appareil gouvernemental. Il est aussi responsable d'établir « l’organisation et la structure générales du gouvernement ».
J'aimerais citer un autre passage du document « Pour un gouvernement ouvert et responsable », qui a été préparé par le Bureau du Conseil privé:
Le premier ministre établit l’organisation et la structure générales du gouvernement pour permettre à celui‑ci d’atteindre ses objectifs. Il lui incombe d’attribuer les portefeuilles aux ministres, d’établir leur mandat, de clarifier les rapports entre eux et de définir les priorités de chaque portefeuille dans la lettre de confirmation de leur mandat. Il doit approuver la création d’institutions nouvelles et la suppression d’organismes existants, le Parlement pouvant être appelé à se prononcer dans certains de ces cas. Les propositions de ministres qui comportent des changements organisationnels importants, ou qui sont susceptibles de modifier leur mandat ou celui d’autres ministres, doivent d’abord être approuvées par le premier ministre.
Voici la partie la plus ahurissante: le est responsable de la sécurité nationale. Je vais citer « Pour un gouvernement ouvert et responsable »: « En sa qualité de chef du gouvernement, le premier ministre est investi de responsabilités particulières touchant la sécurité nationale, les relations fédérales-provinciales-territoriales et la conduite des [relations] internationales. » Le n'est pas seulement responsable du fonctionnement du gouvernement, de la transmission des informations et de la communication de renseignements par le Service canadien du renseignement de sécurité aux autres entités du gouvernement du Canada. Il n'est pas seulement responsable de la structure organisationnelle générale du gouvernement. Le premier ministre est aussi responsable de la sécurité nationale. Le fait qu'il ait érigé le gouvernement dont il est le chef d'une façon telle qu'il ne puisse même pas être informé que des menaces à la sécurité nationale ciblent des députés et leur famille signifie qu'il a complètement abdiqué ses responsabilités.
Il y a vraiment lieu de se demander à quel point nous sommes en sécurité au pays. Nous savons que le a déclaré en privé à des responsables de l'OTAN que le Canada ne respecterait jamais son engagement de 2 %. Bien que la guerre en Ukraine ait commencé il y a plus d'un an, les dépenses de défense du Canada demeurent sous la barre du 1,3 %, ce qui est bien en deçà de l'engagement pris en 2014 dans la Déclaration du Sommet du Pays de Galles. Malgré les menaces auxquelles nous faisons face, sous la forme d'ingérence étrangère, rien n'a été fait. Aucun diplomate n'a été expulsé. Nous n'avons pas mis en place un registre des agents étrangers. Il n'y a pas eu une seule poursuite qui ait conduit à l'arrestation d'individus au pays qui intimident et contraignent des Canadiens en sol canadien pour le compte d'un gouvernement étranger. Le gouvernement n'a pris aucune mesure.
D'autres pays ont réagi. Ces dernières semaines, nous avons appris que le FBI a arrêté des personnes aux États-Unis pour avoir mis en place des postes de police illégaux. Il se trouve que l'un de ces individus est le même que celui qui a contribué à la mise en place d'un poste de police illégal au Canada. D'autres alliés démocratiques ont expulsé des diplomates pour comportement coercitif et clandestin. En fait, l'Allemagne vient d'expulser des dizaines de diplomates de la Fédération de Russie afin de protéger ses citoyens, parce que ces diplomates se livraient à des activités subversives. Depuis le début de la guerre en Ukraine, plus de 400 diplomates russes ont été expulsés par des gouvernements américains et européens. Aucun n'a été expulsé du Canada. Aucun diplomate de la République populaire de Chine n'a été expulsé pour ses actes d'intimidation et de coercition en sol canadien.
Il n'y a pas que moi et les autres députés qui en sont victimes. Des Canadiens d'un bout à l'autre du pays souffrent en silence de l'ingérence étrangère parce que leur gouvernement ne se donne même pas la peine de se renseigner sur les menaces faites par les diplomates de la République populaire de Chine partout sur notre territoire qui compromettent notre sécurité nationale. Il est absolument ahurissant que le n'était pas au courant de ce qui se passait. Quoi d'autre ignore-t-il au sujet des activités qui compromettent la sécurité au pays? Manifestement, il n'est pas important pour lui de financer adéquatement le ministère de la Défense nationale et les Forces armées canadiennes. Il est évident qu'il n'est pas important pour lui de se renseigner sur les menaces faites contre des députés et leur famille ou contre des Canadiens partout au pays et qui compromettent gravement la sécurité nationale.
Pour conclure, je dirai que des milliers de Canadiens souffrent en silence depuis des années, parce que leurs familles font l'objet d'intimidation de la part d'États autoritaires dans leur pays d'origine, qu'il s'agisse de la République populaire de Chine, de la République islamique d'Iran ou d'autres. Les gens souffrent en silence, et le gouvernement ne cherche même pas à faire le suivi de ces menaces.
Ni le ni le n'étaient au courant de la situation, parce qu'ils n'ont pas pris la peine de mettre en place l'appareil gouvernemental, la structure organisationnelle nécessaire pour en être informés afin de pouvoir prendre des mesures pour protéger les Canadiens.
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Madame la Présidente, la démocratie canadienne est menacée. Les Canadiens et leurs institutions gouvernementales sont menacés, et c'est un moment crucial dans l'histoire de notre pays. Le Canada a déjà dû faire face à des menaces par le passé, et il a dû se battre pour faire partie de la famille des pays qui croient à la paix, à la stabilité, à la primauté du droit et à la protection de leurs concitoyens contre leurs ennemis, que ceux-ci se trouvent à l'intérieur ou à l'extérieur du pays.
Le Canada n'aurait pu devenir ce qu'il est aujourd'hui sans les sacrifices, les privations et l'évolution de nombreux peuples, qu'il s'agisse des Autochtones et de ceux qui sont arrivés après eux, qui, au fil des années, se sont battus ensemble pour bâtir un pays où les citoyens sont fiers de défendre les libertés individuelles, la dignité humaine et un mode de vie qu'ils aiment et qui fait l'envie du monde entier. Comme le dit la citation célèbre de Winston Churchill: « Nul ne prétend que la démocratie est parfaite et le summum de la sagesse. En effet, on a dit que la démocratie était la pire forme de gouvernement, à l'exception de toutes les autres dont on a fait l'essai de temps à autre. »
La motion de l'opposition conservatrice reconnaît que nous devons encore nous battre et protéger nos concitoyens. En tant que whip en chef de l'opposition, j'ai aussi la responsabilité de défendre les députés qui forment la loyale opposition de Sa Majesté dans cette vénérable enceinte, la Chambre des communes, la Chambre du peuple, dont les membres sont élus pour représenter les résidants de toutes les circonscriptions, d'un océan à l'autre.
Le tapis de la Chambre est vert, car il représente l'herbe sous nos pieds. Le vert est la couleur des pâturages dans les prairies verdoyantes et du village green où tous se rassemblaient autrefois. Autrement dit, c'est la couleur des hommes et des femmes du peuple. Nous avons une chambre commune et nous devons la protéger. Il n'y a ici aucun titre de distinction qui donne davantage d'importance au vote d'une personne ou à celui d'une autre. À titre d'ancienne ministre et de membre du Conseil privé, j'ai le qualificatif « honorable » devant mon nom. Néanmoins, mon vote au Parlement demeure singulier, au même titre que celui de tous les autres députés. Ce vote n'est pas banal. Ce vote représente toute une circonscription de Canadiens qui ont voté pour m'accorder, comme c'est le cas pour chaque personne ici présente, l'honneur d'être dans cette salle afin que je me fasse haut et fort leur porte-parole au cours des débats et souvent jusqu'à ce qu'une loi s'ensuive.
Ces lois régissent les Canadiens de façon équitable, et nous croyons à l'égalité devant la loi. Lorsqu'il y a injustice ou iniquité, nous avons des mécanismes pour remédier à ces lacunes humaines. Ainsi, nous avons un système imparfait, tout à fait humain, mais ce n'est pas un système sans failles. Cependant, le système canadien est aussi bon que celui de n'importe quel autre pays, et il vise à maintenir les principes fondateurs de paix, d'ordre et de bon gouvernement. Nous sommes un lieu accueillant pour les nouveaux arrivants qui viennent s'y installer. Peu importe la date où ils intègrent la famille canadienne, ils devraient jouir de la protection du gouvernement du pays. Qu'un député soit menacé en raison d'un vote à la Chambre, sur n'importe quelle question, mais surtout sur la défense des droits de la personne au Canada ou ailleurs, c'est un affront à la démocratie.
Disons les choses franchement, ici, aujourd'hui. L'ingérence politique et l'intimidation des citoyens canadiens étaient omniprésentes lors des dernières élections et, comme nous le savons maintenant, lors des élections précédentes également. Ma province et ma circonscription comptent une importante communauté d'origine chinoise. Ces citoyens aiment leur pays d'origine, sa beauté, ses arts et sa culture, sa langue, et sa place de premier plan dans de nombreux domaines. Ils ont contribué à enrichir toutes les sphères de la société canadienne: les arts, la littérature, la musique, le monde universitaire, le monde des affaires et, oui, même la politique. Nous bénéficions tous de leur apport à notre pays et de leur esprit d'initiative, comme en témoigne le chemin de fer national qu'ils ont contribué à construire dans des conditions extrêmement difficiles, et qui a unifié notre pays. Privés de certains droits associés à la citoyenneté canadienne, ils ont été envoyés au front lors de la Première et de la Seconde Guerre mondiale, une contribution que nous apprécions aujourd'hui à sa juste valeur.
Ce sont des citoyens canadiens qui nous ont pris à part, mes bénévoles et moi, lors des dernières élections, et qui, les larmes aux yeux, nous ont demandé d'éteindre nos téléphones pour que nous puissions nous entretenir avec eux dans leur jardin, car ils pensaient être surveillés par Pékin, et que s'ils étaient vus en train de s'entretenir avec un conservateur, ils seraient punis par le régime, que ce soit directement ou par le biais des membres de leur famille qui vivent encore en Chine. Comme j'ai pu le constater, on les a informés, sur WeChat et d'autres groupes en ligne similaires, que le gouvernement chinois avait des agents dans tous les bureaux de scrutin du Canada, et qu'ils seraient en mesure de savoir qu'ils ont voté pour le Parti conservateur en examinant leur bulletin de vote.
On leur a dit que les conservateurs souhaitaient créer un registre des agents étrangers pour enregistrer toutes les personnes d'origine chinoise au Canada dans le but de les soumettre ultérieurement à une rafle, comme ce fut le cas pour les Japonais pendant la Seconde Guerre mondiale, et de confisquer leurs biens. Par conséquent, ils sont restés chez eux et leur absence a eu une incidence sur l'élection des députés actuels.
Aujourd'hui, beaucoup de ces mêmes porte-parole disent publiquement que le registre des agents étrangers que nous réclamons, comme ceux de l'Australie, du Royaume‑Uni et des États‑Unis, est la nouvelle version de la Loi d'exclusion des Chinois. Or, c'est tout à fait faux.
Une campagne est orchestrée par un pays étranger que le admet publiquement admirer, alors que son frère Alexandre Trudeau en fait l'éloge dans son livre comme son père, Pierre Trudeau, le faisait dans un livre, lui aussi, bien des années avant. Ce pays cherche à s'ingérer et à influencer les votes à la Chambre ainsi que les votes à des élections démocratiques.
Comme je l'ai dit plus tôt, il est de mon devoir, en tant que whip en chef de l'opposition, de défendre les droits et les privilèges de tous les députés, et pas seulement ceux de mon collègue de caucus de . Après tout, et j'ai entendu cela à plusieurs reprises de la part des ministériels aujourd'hui, une menace contre un des nôtres et une menace contre nous tous. La Chambre doit répondre de manière concertée et non partisane. Pourtant, les deux secrétaires parlementaires ont maintes fois aujourd'hui fait des reproches à la victime.
Soyons très clairs: le SCRS n'a pas informé le député de que des menaces pesaient sur sa famille. Le député a seulement été informé de manière générale. J'ai assisté au même type de séance d'information très générale sur la manière dont les gouvernements étrangers — plusieurs gouvernements étrangers ont été pointés du doigt — cherchent à influencer la politique et les hommes politiques canadiens, et sur la manière dont ils peuvent s'y prendre. On nous a expliqué qu'ils pouvaient infiltrer un bureau ou participer bénévolement à une campagne électorale. On nous a parlé de ces choses. Il n'y avait rien de spécifique et rien de personnel.
Le député de a clairement indiqué dans ses déclarations publiques et devant la presse que le SCRS n'avait jamais tenu pour lui de « nombreuses » séances d'information, comme l'a déclaré à plusieurs reprises hier à la Chambre le .
Les affirmations qui ont été faites aujourd'hui depuis les banquettes ministérielles et qui veulent que le député, la victime, aient eu connaissance des détails depuis deux ans et que lui, la victime, n'ait rien fait à ce sujet sont irresponsables, complètement fausses et destinées à détourner l'attention des manquements passés et présents du gouvernement concernant la protection de ses citoyens d'origine chinoise contre l'intimidation, la coercition ou la manipulation qui, nous le savons, est réelle et se produit quotidiennement dans tout le pays.
Par contre, le SCRS a informé le gouvernement libéral de ces menaces. Cette information a dû être communiquée au , à la et au . Ces ministres doivent dire la vérité concernant ce qu'ils savaient et ce qu'ils ont fait par la suite.
Ne rien dire, comme l'ont fait le et la à la Chambre, ou affirmer dans une mêlée de presse qu'on vient d'apprendre l'existence de cette affaire dans les journaux, comme l'a fait hier le , équivaut à renoncer à son devoir de protéger la population du pays en général et de défendre les privilèges des députés. Comme le député vient de l'expliquer, c'est renoncer au devoir de mettre en place les mécanismes nécessaires pour que toutes ces personnes soient informées de la situation. Vers qui les Canadiens peuvent-ils se tourner?
C'est un autre échec abject du qui répond toujours qu'il n'est qu'un observateur. Il n'est pas étonnant que les agents du SCRS en aient assez et parlent aux médias. Il n'est pas étonnant que les Canadiens ne fassent plus confiance au gouvernement. Ils ne peuvent plus se fier au pour assurer leur sécurité et leur protection.
Je demande à tous les députés d'appuyer nos appels à l'action: la création d'un registre des agents étrangers; la mise sur pied d'une enquête publique; la fermeture des postes de police établis par Pékin en sol canadien, notamment en Colombie‑Britannique; l'expulsion des diplomates chinois responsables.
Nous demandons au gouvernement et au de répondre à l'appel, d'intervenir et de s'atteler à la difficile tâche de gouverner notre pays.
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Madame la Présidente, avant de commencer mon intervention, je veux parler brièvement du député de . De toute évidence, tous les députés, toutes les personnes ayant le privilège de représenter leurs concitoyens et ayant été élues ici pour faire le bon travail que les Canadiens attendent d'elles, sont solidaires de lui. Ce qui se passe ou s'est passé est évidemment inacceptable.
Je partagerai mon temps de parole avec le député de , qui est une personne très érudite et honorable. Je suis heureux de partager mon temps de parole avec lui. J'attends toujours ses interventions avec impatience, mais il devra d'abord écouter ce que j'ai à dire.
[Français]
L'ingérence étrangère est un débat d'une importance cruciale. Aucun pays n'est à l'abri des menaces liées à l'ingérence étrangère. Un pays comme le Canada, qui investit dans la démocratie et qui est fier de l'intégrité de son système électoral, peut se révéler une cible attrayante pour des acteurs malveillants. Des personnes ou des organisations malveillantes, y compris des États étrangers, peuvent tenter de susciter des tensions ou de la méfiance à l'égard de notre gouvernement et de nos institutions.
Je tiens toutefois à rassurer les Canadiens. Nos organismes de sécurité et de renseignement suivent en permanence les menaces et fournissent des conseils pour assurer la protection des citoyens. Nous travaillons en permanence au renforcement de nos mesures de protection.
Le gouvernement du Canada continue de chercher des façons nouvelles et novatrices d'améliorer les solides mesures que nous avons mises en place pour lutter contre l'ingérence étrangère et de tirer des leçons de l'expérience de partenaires internationaux pour voir ce qui pourrait être souhaitable ou possible au Canada. Conformément à cette approche, le 6 mars 2023, le a annoncé de nouvelles mesures pour lutter contre l'ingérence. Parmi ces initiatives, je veux mentionner celles qui suivent.
Premièrement, mentionnons l'établissement d'un nouveau poste de coordonnateur national de la lutte contre l'ingérence étrangère à Sécurité publique Canada pour coordonner les efforts de lutte contre l'ingérence étrangère.
Deuxièmement, mentionnons les demandes d'examen par le Comité des parlementaires sur la sécurité nationale et le renseignement, ou CPSNR, et par l'Office de surveillance des activités en matière de sécurité nationale et de renseignement, ou OSSNR, sur l'état de l'ingérence étrangère dans le processus électoral fédéral du Canada et sur la façon dont nos organismes de sécurité nationale ont réagi à cette menace.
Troisièmement, mentionnons l'élaboration d'un plan pour donner suite aux recommandations en suspens du CPSNR, du rapport Rosenberg et d'autres examens sur ces questions. Le rapport intitulé « Contrer une menace en évolution: mise à jour sur les recommandations visant à prévenir l'ingérence étrangère dans les institutions démocratiques canadiennes » a été présenté le 6 avril.
Enfin, mentionnons l'investissement de 5,5 millions de dollars pour renforcer la capacité des partenaires de la société civile à prévenir la désinformation, à promouvoir la résilience démocratique et à sensibiliser le public à l'ingérence étrangère.
Le premier ministre a également déclaré que Sécurité publique Canada lancerait des consultations publiques. Ces consultations permettraient d'orienter la création d'un registre de transparence en matière d'influence étrangère au Canada permettant de s'assurer que les personnes qui défendent les intérêts d'un gouvernement étranger font preuve de transparence, qu'ils rendent des comptes et que les communautés qui sont souvent la cible de tentatives d'ingérence étrangères sont protégées.
Le a lancé ces consultations le 10 mars 2023. Celles-ci se poursuivront jusqu'au 9 mai 2023. Le gouvernement du Canada investit également des sommes importantes dans nos capacités de lutte contre l'ingérence étrangère.
Le gouvernement du Canada investit également des sommes importantes dans nos capacités de lutte contre l'ingérence étrangère. Le budget de 2023 prévoit 13,5 millions de dollars à compter de 2023-2024, et 3,1 millions de dollars à Sécurité publique Canada pour l'établissement d'un bureau national de lutte contre l'ingérence étrangère. Le budget de 2023 prévoit également 48,9 millions de dollars pour la Gendarmerie royale du Canada, afin de protéger les Canadiens contre le harcèlement et l'intimidation de la part d'acteurs étrangers, d'accroître sa capacité d'enquête et de collaborer de façon plus proactive avec les communautés qui risquent davantage d'être ciblées.
Ces investissements s'appuient sur le budget de 2022 dans lequel le gouvernement s'est engagé à verser 13,4 millions de dollars pour renouveler et élargir les mécanismes de réponse rapide du G7 au cours des cinq prochaines années, afin de contrer les menaces étrangères à la démocratie.
De plus, 12,9 millions de dollars seront investis pour établir un centre d'excellence pour la sécurité de la recherche à Sécurité publique Canada, afin de protéger la recherche canadienne, tout en renforçant les mesures de sécurité dans les universités et les établissements de recherche.
Ces investissements importants contribueront à accroître la capacité du gouvernement du Canada dans ses efforts continus de lutte contre l'ingérence étrangère. Comme je l'ai dit, nous avons annoncé le lancement de consultations publiques pour guider la création d'un registre visant la transparence en matière d'influence étrangère au Canada. Bien que la protection de notre pays soit primordiale, il est tout aussi essentiel de veiller à ce que les communautés qui sont souvent la cible de tentatives d'ingérence étrangère soient protégées. Ces consultations avec les principales parties prenantes et le public canadien permettront de définir la voie à suivre, notamment en ce qui concerne les nouvelles mesures destinées à renforcer notre sécurité nationale.
Outre ces consultations, le gouvernement ne cesse de veiller à ce que nos institutions démocratiques soient à l'abri de toute influence étrangère malveillante. Avant l'élection fédérale de 2021, par exemple, nous avons mis en œuvre le Protocole public en cas d'incident électoral majeur, un mécanisme permettant d'alerter le public en cas de menace à l'intégrité d'une élection générale. Nous avons également renouvelé le Mécanisme de réponse rapide du G7, afin de consolider et de diffuser les pratiques exemplaires internationales liées aux menaces étrangères à la démocratie parmi les pays du G7.
En vue des élections de 2019, nous avons créé le Groupe de travail sur les menaces en matière de sécurité et de renseignements visant les élections. Ce groupe de travail assure la coordination des renseignements et des informations entre le Centre de la sécurité des télécommunications, Affaires mondiales Canada, la Gendarmerie royale du Canada et le Service canadien du renseignement de sécurité. Au cours des élections fédérales de 2019 et de 2021, le SCRS et la GRC ont travaillé en étroite collaboration avec les membres du groupe de travail pour coordonner les efforts contre l'ingérence étrangère en sensibilisant, en évaluant les menaces et en préparant la réponse du gouvernement à ces menaces. Le groupe de travail reste également actif en dehors des périodes électorales, car les menaces qui pèsent sur les institutions démocratiques telles que l'ingérence étrangère et la désinformation persistent.
Néanmoins, la protection de nos institutions ne s'arrête pas là. Nous avons la chance de pouvoir compter sur le Service canadien du renseignement de sécurité. Celui-ci est chargé d'enquêter sur les menaces, de conseiller le gouvernement et de prendre toutes les mesures nécessaires pour atténuer les menaces qui pèsent sur la sécurité nationale. Il s'agit notamment de menaces posées par des acteurs étrangers.
[Traduction]
Je suis prêt à entendre les questions et les observations.
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Madame la Présidente, je remercie le député de d'avoir préparé le terrain. Je suis impatient d'entendre ce que j'ai à dire.
J'étais littéralement assis ici à me demander ce que je pourrais apporter à ce débat. L'un des députés a parlé du chaos qui règne à la Chambre. C'est vrai. La période des questions a été chaotique et je n'ai jamais vu le Président si intense ou si en colère. Nous avons tous contribué au chaos qui règne ici.
Je me demande ce que pense Pékin. À certains égards, la journée est belle pour Pékin, car nous nous battons entre nous. Toutefois, je fais quelque peu confiance à mes collègues et à notre capacité de parvenir à une résolution, tant sur la motion que sur la manière dont nous faisons face à la menace existentielle que représente le gouvernement chinois pour la nation canadienne.
Je pense qu'il est juste d'observer qu'en tant que pays, nous n'avons jamais été confrontés à une telle menace de la part d'un autre pays. Un autre gouvernement souhaite faire de nous un État vassal, soumis, un État auquel s'applique littéralement le projet La Ceinture et la Route. Tous les chemins mènent à Pékin, et la ceinture est pour notre cou. Tel est l'objectif ultime du gouvernement de Pékin; la technique consiste à semer le chaos dans notre pays. Une partie de moi regrette de participer à ce débat, car d'une certaine manière, je contribue à ce chaos. Comme je l'ai dit, j'espère que d'ici la fin de la journée, nous aurons trouvé une solution ou que nous commencerons au moins à nous rapprocher d'une solution sur la manière de traiter cette menace existentielle.
J'ai eu le privilège de me rendre à Taïwan avec le député de il y a quelques semaines. Je considère ce député comme un ami. Je pense que c'est l'une des premières choses que nous pourrions faire. Nous sommes un peu trop partisans ici. Il n'y a pas beaucoup de gens de l'autre côté qui peuvent dire qu'ils ont des amis de ce côté-ci, et il n'y a pas beaucoup de gens de ce côté-ci qui peuvent dire qu'ils ont des amis de l'autre côté. Toutefois, je considère le député de Wellington—Halton Hills comme un ami. Après avoir voyagé avec lui au sein d'une délégation de 10 députés à Taïwan, tous membres éminents de quatre partis, nous avons adopté ce que je considère comme une manière exemplaire pour les parlementaires canadiens de faire de la bonne diplomatie et de faire avancer les choses dans un domaine sérieux de la diplomatie.
Le député et moi, ainsi que d'autres membres de la délégation, à n'en pas douter, avons discuté des dernières élections. Évidemment, nous n'avons pas abordé des détails comme ceux qui ont été divulgués ces derniers temps, mais il était conscient à ce moment-là qu'il y avait des gens qui, étrangement, avaient joué un rôle dans des événements publics organisés pour lui. Nous vivons tous dans un environnement politique. Parfois, j'ignore qui me soutient. Je ne sais même pas qui sont ceux qui ne m'appuient pas. Parfois, beaucoup de gens sont contre moi. Cela n'arrive pas aux autres, bien sûr.
Ce que je veux dire, au sujet de l'unanimité nécessaire afin d'affronter cette menace existentielle et de faire progresser nos intérêts diplomatiques, c'est que nous avons consacré une partie de notre temps à Taïwan à un rapport unanime produit par le comité Canada-Chine. Parfois, des rapports de comités sont déposés à la Chambre, et c'est tout. On n'en entend plus jamais parler. Fait intéressant, nous avons emporté ce rapport à Taïwan et le président du comité l'a présenté à la présidente du pays. Je n'irai pas jusqu'à dire qu'elle l'a agrippé, mais presque. Il représentait une démonstration d'unanimité du Parlement et de ses parlementaires, ainsi qu'une preuve d'amitié à l'égard d'un gouvernement dont l'existence est littéralement menacée.
À notre arrivée, des avions militaires survolaient l'île et des navires de guerre croisaient au large. Nous avons tous conclu que le gouvernement et le peuple taïwanais pouvaient nous en apprendre beaucoup sur la façon de réagir à des menaces existentielles de la part de la République populaire de Chine. C'est la première chose que je veux dire. Pour le bien de notre nation, nous devons nous entendre sur la façon de réagir à la mésinformation, à la désinformation, à l'ingérence et à l'intimidation.
Un des éléments énoncés dans la motion est le problème des postes de police. Il y en a un dans ma collectivité. Dans tous les rapports accessibles dans le domaine public, il s'agit d'une opération d'intimidation dirigée par les autorités diplomatiques chinoises locales. Ce sont les membres de la diaspora qui sont affectés, probablement de toutes sortes de manières que l'on ne soupçonne pas.
À cet égard, je pense que la motion est valable. Toutefois, j'aimerais faire remarquer aux députés que si nous voulons être intègres de notre côté, alors il faut laisser la police faire leur travail, c'est-à-dire agir selon les preuves recueillies. Même si je souhaite ardemment pousser la police locale ou la GRC, selon le cas, à agir dans ma collectivité, notre pays fonctionne selon le principe de la primauté du droit. Je pense que nous devrions suivre cette voie et respecter le processus judiciaire, même si les députés sont presque unanimes à dire que ces postes de police chinois doivent mettre fin à leurs activités.
Je suis aussi d'accord sur un autre aspect, et c'est le registre des agents étrangers. Je pense que nous allons créer ce registre. Le a l'intention de le faire. Je ne sais pas si cette solution réglera tout, mais je pense que ce sera un outil efficace. D'autres pays l'ont déjà fait. Par ailleurs, je remarque que le comité Canada-Chine a adopté une motion qui exhorte le gouvernement du Canada à accorder la priorité à la présentation d'un projet de loi pour créer un registre des agents étrangers. Il est intéressant de souligner que c'est une motion libérale.
J'espère avoir apporté une contribution utile au débat d'aujourd'hui.
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Madame la Présidente, je prends la parole aujourd'hui en tant que ministre du cabinet fantôme pour la défense nationale de l'opposition officielle. Je suis d'accord avec mon collègue qui vient de prendre la parole pour dire qu'il s'agit d'une question à laquelle tous les députés devraient s'intéresser. C'est une question qui a un réel effet sur chacun d'entre nous et sur notre capacité à représenter nos concitoyens sans craindre qu'une entité étrangère ne tente de nous intimider en menaçant nos familles à l'étranger.
Comme nous le savons tous, j'ai critiqué très ouvertement Vladimir Poutine et la Fédération de Russie. J'ai fait partie de la première tranche de 13 députés et parlementaires canadiens qui ont été sanctionnés par la Russie en 2013. Nous sommes maintenant témoins d'une situation où l'un de nos collègues, mon ami, le député de , a été pris pour cible par le régime communiste de Pékin et ses agents étrangers au Canada. Il est menacé, lui et sa famille à Hong Kong. Malheureusement, ce que nous voyons de la part du gouvernement, ce sont des tergiversations et des retards, comme le font typiquement les libéraux lorsqu'il s'agit de faire des choses importantes pour tous les Canadiens.
La sécurité et la défense nationales sont des responsabilités primordiales du gouvernement du Canada. Pourtant, le gouvernement ne les prend pas au sérieux. Il savait depuis deux ans que la famille du député de avait réellement été menacée. Nous savions que le régime communiste de Pékin n'aimait pas le fait que le député ait proposé une motion dénonçant ses activités contre le peuple ouïghour en Chine comme étant un génocide, puisque le régime a riposté en intimidant et en sanctionnant la famille du député à Hong Kong.
La motion à l'étude aujourd'hui énonce les mesures que la Chambre et le gouvernement peuvent prendre pour enfin intervenir. Elle propose de créer un registre des agents étrangers comme ceux des États-Unis, de l’Australie et du Royaume‑Uni. En réponse aux ministériels qui, au cours du débat d'aujourd'hui, ont reproché aux conservateurs de n'avoir rien fait à ce sujet lorsqu'ils étaient au pouvoir, je souligne que l'ingérence étrangère n'est devenue problématique que vers la fin de la période où nous formions le gouvernement, et que notre plateforme électorale de 2015 mentionnait la nécessité de créer un registre des agents étrangers.
La deuxième partie de la motion demande l'établissement d'une enquête publique nationale indépendante sur la question de l'ingérence étrangère dans les élections, dont nous traitons ici depuis plusieurs mois, c'est-à-dire depuis que nous avons découvert que le avait été informé que sept députés et leurs circonscriptions avaient été la cible de l'ingérence étrangère du régime communiste de Pékin. Au lieu d'organiser l'enquête publique indépendante que la majorité des députés réclame, le gouvernement a choisi un proche du Parti libéral, un ami de la famille du , ayant des liens directs avec la Fondation Trudeau, à savoir l'ancien gouverneur général David Johnston. Tout le monde s'interroge sur l'indépendance des conseils qui résulteront de ce processus. C'est pourquoi nous devons procéder à une enquête publique afin de gagner la confiance du public.
La motion demande également au gouvernement de fermer tous les postes de police de la République populaire de Chine en activité au Canada. Nous savons qu'il y en a quelques-uns à Toronto, à Vancouver et à Montréal qui sont encore ouverts à ce jour. Ils sont peut-être surveillés par la Gendarmerie royale du Canada, mais nous savons pertinemment que des agents du parti communiste chinois utilisent leur immunité diplomatique dans ces postes pour intimider les Canadiens d'origine chinoise. Cela doit cesser dès maintenant.
Hier, des adeptes du Falun Dafa, ou Falun Gong, étaient sur la Colline pour défendre les droits et libertés qui leur sont refusés en Chine continentale, pour réclamer la fin du génocide dont sont victimes les adeptes du Falun Gong et la fin du prélèvement et du trafic illicites d'organes partout dans le monde. Évidemment, ces organes proviennent des adeptes du Falun Gong qui sont persécutés, exécutés et massacrés.
Pourquoi le régime de Pékin les a-t-il ciblés? C'est parce qu'il refuse de leur accorder le droit de se rassembler. Il refuse de leur accorder le droit de pratiquer leur foi. Ils ne peuvent même pas se réunir pour pratiquer leur foi, même si elle fait la promotion de la tolérance, de l'honnêteté et de la compassion, qui sont les principes fondamentaux de la doctrine du Falun Gong.
La quatrième et dernière partie de cette motion demande à ce qu'on expulse tous les diplomates de la République populaire de Chine responsables de ces gestes et impliqués dans ces affronts envers tous les Canadiens, y compris le député de , en raison de leurs attaques contre la démocratie et de l'ingérence étrangère qui a lieu ici même, au Canada. Encore une fois, le gouvernement a soutenu qu'il ne peut pas le faire.
Toutefois, je peux dire aux députés que lorsque les conservateurs étaient au pouvoir, sous Stephen Harper, une situation semblable s'est produite. Le régime iranien se servait de ses diplomates ici, au Canada, pour cibler et intimider les membres de la diaspora iranienne vivant sur le territoire canadien. Qu'avons-nous fait? Nous avons expulsé tous les diplomates iraniens. Ils ont été déclarés persona non grata. Nous avons fermé l'ambassade d'Iran ici, à Ottawa. Nous avons aussi fermé ses consulats à Toronto et à Vancouver. Maintenant, nous avons aussi les biens que nous leur avons saisis. Espérons que nous pourrons les utiliser pour indemniser les familles iraniennes au Canada qui ont perdu des êtres chers quand le régime iranien, dans un attentat terroriste, a abattu le vol PS752 d'Ukrainian International Airlines. Bien sûr, nous continuons de nous battre à la Chambre pour que le gouvernement respecte la motion adoptée en 2018, qui veut que le Corps des Gardiens de la révolution islamique soit inscrit sur la liste des organisations terroristes afin qu'il ne puisse absolument pas mener des activités au Canada.
Ce que nous vivons actuellement est un affront à la démocratie. C'est une attaque non seulement contre le député de , mais aussi contre chacun des ministres, chacun des députés et chacun des Canadiens. Si nous voulons protéger nos institutions démocratiques, nous devons agir maintenant. Assez, c'est assez. Pourtant, nous n'avons pas vu un seul diplomate de Pékin être expulsé par le gouvernement. Nous n'avons pas vu le gouvernement tenir sa promesse de fermer les postes de police que la République populaire de Chine a ouverts un peu partout au Canada. Le gouvernement n'a pas fait un seul pas en avant dans l'établissement d'un registre des agents étrangers.
Plus tôt aujourd'hui, il était dégoûtant d'entendre le député de reprocher au député de de n'avoir rien fait à partir de renseignements qu'il n'a jamais reçus il y a deux ans. Nous savons que le gouvernement a reçu de l'information du SCRS, et qu'il n'y a pas donné suite. Le SCRS a déclaré que la famille du député de Wellington—Halton Hills était menacée, après avoir capté de l'information par la voie du renseignement électromagnétique. Pourtant, le député de Winnipeg-Nord est descendu plus bas que jamais en essayant de dire que c'était la faute du député de Wellington—Halton Hills. C'est ridicule.