(i) le Canada vit une crise des opioïdes qui a tué plus de 35 000 personnes depuis 2016,
(ii) depuis 2017, le gouvernement fédéral a affecté plus de 800 millions de dollars à son infructueuse Stratégie canadienne sur les drogues et autres substances, dont 100 millions de dollars à des projets d’approvisionnement en drogues dures dans l’ensemble du Canada, et prévoit de dépenser une somme supplémentaire de 74 millions de dollars pour développer ces projets au cours des cinq prochaines années,
(iii) depuis que l’approvisionnement public en drogues s’est intensifié en 2020, les décès attribuables aux opioïdes n’ont fait qu’augmenter, selon l’Agence de la santé publique du Canada,
(iv) en 2020, un peu moins de 7 000 personnes sont mortes d’une surdose d’opioïdes, alors que 3 000 personnes seulement sont mortes d’une surdose en 2016, selon la Bibliothèque du Parlement,
(v) en Colombie‑Britannique seulement, les décès par surdose ont augmenté de 330 % entre 2015 et 2022,
(vi) dans l'Est de Vancouver, un journaliste de Global News a récemment pu se procurer, pour 30 $ et en 30 minutes seulement, 26 doses d’un dangereux opioïde hautement addictif distribué dans le cadre des programmes publics d’approvisionnement en drogues, lesquels inondent nos rues d’opioïdes bon marché,
la Chambre demande au gouvernement de renverser immédiatement ses politiques mortelles et de réaffecter à des programmes de lutte contre la toxicomanie, de traitement et de réadaptation tous les fonds publics attribués aux programmes d’approvisionnement en drogues dures.
— Monsieur le Président, je vais partager mon temps de parole avec le député de .
Après huit ans sous la direction du , rien ne va plus. La vie coûte plus cher. Les chèques de paie sont insuffisants. Le prix des habitations a doublé. Le premier ministre divise la population pour mieux la contrôler. Le pire, c’est la criminalité et le chaos, la drogue et le désordre qui font rage dans nos rues. Le summum est atteint avec la crise des surdoses d’opioïdes, qui a pris une ampleur considérable au cours des dernières années.
Le a une théorie, appuyée par un groupe d'activistes composé, pour la plus grande partie, de sociétés pharmaceutiques subventionnées, mais également d'autres parties qui gagnent à faire prolonger la crise. Cette théorie veut que si le gouvernement fournit des drogues puissantes comparables à l'héroïne qui ne sont pas contaminées, les toxicomanes ne consommeront plus de fentanyl, qui est plus mortel, si bien que leur consommation de drogues sera alors sans danger pour leur santé et qu'ils ne feront plus de surdoses.
Le a dépensé 78 millions de dollars dans 28 projets de distribution de drogues gratuites. Son budget le plus récent propose de distribuer une valeur de 100 millions de dollars supplémentaires de drogues payées par nos impôts. Cela comprend des distributrices d'héroïne, qui permettent aux gens de se procurer de l'héroïne en pressant simplement quelques boutons. Cela comprend également des ordonnances permettant aux gens de se procurer de l'hydromorphone pour leur propre consommation ou pour la vendre comme ils veulent. La théorie veut que cela évitera que les gens consomment le dangereux fentanyl. Examinons les faits.
Voici le premier fait: depuis l’entrée en fonction du , il y a eu plus de 34 000 décès par surdose apparente d’opioïdes. Voici un autre fait: ce n’est pas un problème dont le a hérité; il a contribué à sa création. Au total, 5 360 décès par surdose apparente d’opioïdes se sont produits de janvier à septembre 2022. Cela représente environ 20 décès chaque jour. Il s’agit d’une augmentation de 173 % par rapport à 2016, la première année civile complète où il était au pouvoir. Autrement dit, depuis l’entrée en vigueur de ses politiques, le nombre de surdoses a presque triplé.
Voici le troisième fait: bien que les décès aient augmenté partout au pays sous les politiques du , ils ont été beaucoup plus nombreux dans les provinces et les villes qui ont adopté ces politiques avec grand enthousiasme. Par exemple, en Colombie‑Britannique, où dans la plupart des villes, particulièrement à Vancouver, les pouvoirs publics fédéraux, provinciaux et municipaux ont appuyé le soi-disant approvisionnement sûr et la décriminalisation des drogues dures, les taux de décès par surdose ont été les plus élevés. Dans toute la Colombie‑Britannique, le nombre de décès par surdose a augmenté de 330 %.
L’excuse de la COVID‑19 ne fonctionne plus. C’est un fait: même si les partisans de la distribution et de la décriminalisation des drogues affirment que la COVID‑19 était responsable de la crise, ce que nous constatons, c’est que, à mesure que la COVID‑19 devient chose du passé, les décès par surdose, eux, ne font qu'augmenter. Par exemple, en mars de cette année, nous avons observé une hausse de 9 % des décès par surdose en Colombie‑Britannique par rapport à mars 2022, et une hausse de 23 % des décès par surdose par rapport à mars 2021. Plus nous nous éloignons de la pandémie, plus les décès par surdose augmentent. En fait, les décès ne coïncident pas avec la pandémie de COVID‑19. Ils coïncident avec la décriminalisation récente du crack, de l’héroïne, du fentanyl et d’autres drogues dures le 1er janvier.
On nous dit que tous les experts s'entendent, comme les libéraux nous le disent toujours lorsqu’ils font quelque chose qui est contraire à la logique. Nous nous rappelons que tous les experts s'entendaient sur le fait qu'imprimer de l’argent ne provoquerait pas d’inflation, juste avant qu’elle n’atteigne un sommet en 40 ans, ou sur le fait que la politique de capture et de remise en liberté ne ferait pas augmenter les taux de criminalité, juste avant que la criminalité n’augmente de 32 %.
On nous dit que distribuer et décriminaliser des drogues dures permettrait de réduire le nombre de surdoses. Ces soi-disant experts sont essentiellement des théoriciens de promesses utopiques qui n'ont aucune expérience pour aider les gens à cesser de consommer des drogues, ou ils sont membres de « l’industrie de la misère humaine », ces activistes rémunérés et ces bureaucrates de la santé publique dont les emplois dépendent de la poursuite de la crise.
Les véritables chercheurs universitaires sont sans équivoque, et la ministre devrait prendre la peine de lire leurs travaux. Une étude rigoureuse menée par des dizaines de médecins et de chercheurs de l'Université Stanford, publiée dans The Lancet et reprise par un ancien conseiller du président Obama, a abouti à la conclusion suivante:
Parallèlement, les données indiquent clairement qu'il est absurde de supposer que la santé de la population s'améliore fondamentalement lorsque les systèmes de santé fournissent la plus grande quantité possible d'opioïdes avec le moins de contraintes réglementaires possible. Les politiques qui devraient être mises en question comprennent la vente d'hydromorphone dans des distributeurs automatiques et la prescription d'une gamme d'opioïdes puissants et d'autres drogues (p. ex. benzodiazépines, stimulants) aux personnes qui ont un trouble lié à l'usage d'opioïdes, dans l'espoir de créer un approvisionnement sûr en drogues créant une dépendance et d'éliminer la supervision des patients sous méthadone, c'est-à-dire de mettre en place un système de prescriptions à long terme non supervisé.
Plus loin dans l'étude, on émet des observations sur l'argument selon lequel l'hydromorphone, ce que distribue le gouvernement, est sans danger. Je poursuis:
Bien qu'exprimés par des autorités de santé publique, ces arguments font écho à ceux des fabricants d'opioïdes en ce sens qu'ils présument que la distribution illimitée d'opioïdes ne peut qu'améliorer la santé publique. Il est impossible de concilier la croyance de certains intervenants selon laquelle les opioïdes ne présentent aucun danger tant qu'ils ne proviennent pas de marchés illicites avec les centaines de milliers de décès par surdose causés par des opioïdes de qualité pharmaceutique et distribués légalement qui se sont produits avant l'apparition du fentanyl sur le marché de l'héroïne aux États‑Unis et au Canada.
En outre, le programme d’approvisionnement sécuritaire utilise l’hydromorphone, qui, selon une étude publiée dans un journal de pharmacologie, « produit des effets subjectifs et physiologiques semblables à l’héroïne, mais est plus puissant que l’héroïne ». C’est ce que le ministre et le distribuent en utilisant l'argent des contribuables.
Dans un balado de 2020, le Dr Mark Tyndall, l’un des premiers tenant d'un approvisionnement sécuritaire au Canada, a déclaré qu’il avait testé l’urine de 15 patients qui participaient au programme d'approvisionnement sécuritaire. Il a constaté que 90 % d’entre eux consommaient du fentanyl. Autrement dit, ils n’étaient pas dissuadés de se procurer du fentanyl: ils le combinaient aux substances obtenues par l'entremise du programme. Nous savons maintenant qu'il y a pire que cela: l’hydromorphone est revendu aux enfants par le consommateur, qui réinvestit le profit dans l’achat de fentanyl. Autrement dit, le gouvernement ne se contente pas de distribuer du dangereux hydromorphone, il distribue aussi du fentanyl en donnant au consommateur de l’hydromorphone à vendre, ce qui permet à ce dernier d'améliorer son revenu pour acheter du fentanyl. Le gouvernement utilise l'argent des contribuables pour distribuer du fentanyl dans nos rues et provoquer cette crise. Entre-temps, le coût d’une dose d’hydromorphone a chuté de 70 % à 95 %, pour atteindre un dollar par dose, parce que le gouvernement paie en fait pour celui-ci et le distribue partout.
Cela n’a aucun bon sens. Les faits et les données démentent cette stratégie. Il s’agit d’une approche radicale et déconnectée de la réalité, qu'aucun autre pays sur la planète n'a adoptée avec succès. C’est tout le contraire de ce qui se fait dans des pays comme le Portugal, qui se concentre sur le rétablissement, pas sur la distribution gratuite de drogues dures. C’est là que réside l’espoir. Nous pouvons transformer le mal que le a causé en espoir, espoir dont les Canadiens ont besoin.
En Alberta — qui rejette complètement la décriminalisation ainsi que la distribution de drogues dures financée à même l’argent public et qui investit plutôt cet argent dans le rétablissement —, les données les plus récentes montrent que le nombre de décès par surdose a diminué de 30 %. C’est parce que, manifestement, les gens qui souffrent de toxicomanie ont besoin d’aide pour cesser de consommer. Pour que cette aide soit disponible, nous avons besoin de communautés de rétablissement, où ils peuvent obtenir de l’aide afin de s'affranchir de leur dépendance et, au besoin, recevoir un peu de médicaments pour soulager les effets secondaires du sevrage. Ils peuvent ensuite participer aux séances de psychothérapie dont ils ont besoin pour surmonter les problèmes sous-jacents qui les ont poussés à consommer. Nous savons que cette approche fonctionne. Les données le confirment.
Par conséquent, notre plan du gros bon sens consiste à prendre l’argent qui finance les médicaments semblables à l’héroïne pour l'investir en entier dans le rétablissement et le traitement, et à poursuivre les puissantes pharmaceutiques qui ont contribué à la crise. Le produit de cette poursuite servira à financer le rétablissement d'encore plus de personnes. C’est de cette façon que nous allons ramener nos proches à la maison, libérés de leur dépendance. C’est de cette façon que nous allons transformer le mal en espoir. C’est le gros bon sens du peuple, uni pour défendre le bien commun: ramenons le gros bon sens chez eux, chez moi, chez nous.
:
Monsieur le Président, à mon avis, nous vivons aujourd’hui un moment marquant de l’histoire du Canada. D’un côté, le gouvernement libéral veut inonder notre pays de drogues; de l’autre, de ce côté-ci de la Chambre, nous avons un programme de traitement compatissant pour réduire la souffrance et en faire renaître l’espoir.
Comment pouvons-nous faire cela? Qu’est-ce que l'approvisionnement sûr dont on parle souvent à la Chambre des communes? C’est un terme qui a été inventé par Purdue Pharma. Je suis certain que tous les Canadiens savent ce qu’est Purdue Pharma. C’est le groupe qui a recommandé d’offrir des opioïdes sûrs sur le marché, en disant que ce serait mieux pour tout le monde, puisqu’il s’agit de substances sûres. Nous savons toutefois tous ce qui s’est passé; tous les députés savent ce qui s’est passé. C’est ainsi qu’a commencé la crise des opioïdes. Même la le sait.
Quelques années plus tard, au début de la pandémie de COVID-19, une politique est adoptée et un programme est créé au bout de 12 jours en Colombie-Britannique, dans le but d'offrir cet « approvisionnement sûr ». Cela signifie que désormais, le gouvernement libéral du Canada achète des drogues pour la population. Pensons-y un peu, si je voulais prendre des substances illégales et que quelqu’un les achetait pour moi, aurais-je tendance à en consommer moins ou plus? Je pense que, lorsqu'on se sert du gros bon sens, on s'aperçoit qu'une telle solution risque plutôt d’aggraver le problème.
Pour une personne sensée, ce programme dépasse l’entendement. En outre, on devrait normalement pouvoir en mesurer l'efficacité. Or, ce n'est malheureusement pas le cas. Les résultats ne sont pas mesurés. Aucun indice ne nous permet de déterminer si le programme fonctionne ou non. C’est une triste expérience sociale qui a néanmoins été réalisée à grande échelle.
J’ai une expérience personnelle en la matière car j’ai travaillé dans un centre de traitement de la douleur chronique comme médecin conseiller aux côtés d’une psychologue, d’une ergothérapeute et d’une physiothérapeute un jour par semaine pendant 15 ans, c’est-à-dire sur une longue période. Beaucoup de gens consommaient des opioïdes. L’une des choses que nous savons parfaitement, c’est que lorsque les personnes souffrent, si elles n’ont pas de liens, d’espoir, d’identité, de sens à donner à leur vie et d’autonomie, elles ne vont pas bien. Elles souffrent, et le gouvernement libéral devrait avoir honte de vouloir que cela continue.
Une chose qui est tout à fait évidente pour nous, c’est que, dans le cadre du programme, une personne qui souhaite participer peut avoir accès à 24 comprimés de huit milligrammes d’hydromorphone. On peut penser que 24 comprimés, ce n’est pas beaucoup. Mais à titre de comparaison, un comprimé de huit milligrammes d’hydromorphone équivaut à 10 comprimés de Tylenol no 3. Je prends cet exemple parce que souvent, les gens prennent du Tylenol no 3 lorsqu’ils se font extraire leurs dents de sagesse ou en cas de blessure importante. Je les mets au défi d’en prendre 10. Non, ne leur lançons pas ce défi parce qu’ils pourraient en mourir. Je me suis fait extraire les dents de sagesse, j’en ai pris deux et j’ai dormi la moitié de la journée. Cela n’est pas approprié.
Voyons à quoi correspondent ces 24 comprimés de huit milligrammes. Cela représente 192 milligrammes par jour, soit 960 milligrammes d’équivalents de morphine. Cela équivaut à 246 comprimés de Tylenol no 3 par jour. Qui a besoin d’une telle quantité? Je sais que la douleur chronique, mon domaine d’expertise, et la toxicomanie sont deux choses très différentes. Je le comprends parfaitement, mais nous parlons de l’équivalent de 246 comprimés de Tylenol no 3.
Soyons clairs. Lorsque la libérale a comparu devant le comité, nous avons parlé du fentanyl. La dose de traitement en salle d’urgence, si quelqu’un se déboîte l’épaule, est de 100, peut-être de 200 microgrammes de fentanyl. Lorsque nous pratiquions des interventions en salle d’urgence, un inhalothérapeute était toujours présent pour s’assurer qu’en cas d’arrêt des fonctions respiratoires du patient, nous pouvions l’aider à respirer.
Pourquoi cette expérimentation de la décriminalisation suscite-t-elle tant d’enthousiasme? La quantité de fentanyl qu'une personne a le droit d'avoir en sa possession est de 2,5 grammes. Combien de gens pourraient être tués avec une quantité pareille? La ministre a poursuivi en disant que le fentanyl est toujours dilué dans une autre substance. Disons que 2,5 grammes peuvent tuer 25 000 personnes. Si une personne divise cette quantité en deux à plusieurs reprises, elle peut encore en avoir suffisamment en sa possession pour tuer 1 000 personnes. Cela dépasse l’entendement. Il n’y a aucun bon sens là-dedans.
Le marché est inondé d’opioïdes. Nous avons entendu le formidable parler de la baisse des prix. Le prix moyen de huit milligrammes d’hydromorphone est tombé à 25 cents, un creux historique.
Que constatons-nous alors? Que ces médicaments sont achetés pour 25 cents à des personnes qui les ont obtenus gratuitement et qu'ils sont distribués dans le reste du pays à cinq dollars la pilule. Ils sont également vendus de l’autre côté de la frontière, aux États-Unis. C’est de la démence pure et simple. Cela n’a aucun sens. Puis, ces vendeurs prennent l’argent pour acheter du fentanyl. Il s’agit de fentanyl illicite, certes, mais c’est ce qu’ils veulent. Ils veulent ressentir l’euphorie du fentanyl. C’est ce qu’ils font et c’est de cette manière qu’ils l’obtiennent. Soyons clairs. Le gouvernement libéral leur donne de l’hydromorphone gratuitement et ils la vendent pour acheter du fentanyl. Sinon, ils prennent l’hydromorphone, l’écrasent et se l’injectent.
Ce sont les faits. C’est ce que nous voyons. Nous savons que lorsque des personnes se présentent aux urgences avec une infection des valves cardiaques, c’est à cause des injections. Il y a des abcès de la moelle épinière qui ne peuvent survenir qu’en cas de consommation de drogues par voie intraveineuse. C’est ce qui se passe avec cet « approvisionnement sûr ». Soyons honnêtes: il n’y a rien de sûr là-dedans.
Il nous apparaît aussi très déplorable que le gouvernement libéral commence par offrir des soins palliatifs à ces toxicomanes. Il ne leur propose pas d’autres traitements parce qu'il considère que c'est inutile dans leur cas. Il se contente de leur donner ces médicaments parce qu'il veut les maintenir dans cet état. Nous ne leur proposons pas de les loger. Nous ne leur fournissons pas de soutien social. Le gouvernement ne leur offre rien d’autre qu’une plus grande quantité de médicaments pour les maintenir dans leur état de zombie. C’est une façon de faire qui est inadmissible au Canada et qui ne donne rien. Nous le savons pertinemment. Nous savons qu'ailleurs dans le monde, ce n’est pas la norme de soins qui est en vigueur. Nous savons que les gens, les Canadiens, ne veulent pas vivre dans cet état.
En fait d'indicateur de résultats, on peut se référer au nombre de décès. Or, il est clair que le nombre n'est pas à la baisse, mais plutôt à la hausse. Six cents personnes sont mortes en Colombie-Britannique au cours des trois premiers mois de 2023. Cela représente une augmentation de 9 % par rapport à l’an dernier. Comment peut-on oser prétendre que cette expérience insensée doit se poursuivre?
Comme je l’ai dit précédemment, ce moment est marquant. Ce que nous devons comprendre, et ce que les Canadiens doivent comprendre, c’est si tout cela est logique. Y a-t-il des données scientifiques qui étayent tout cela? Nous savons parfaitement que la réponse est non. Les gens aiment parler du modèle portugais. Lorsque le financement a été réduit au Portugal pour des choses comme l’aide sociale, l’aide au logement et l’aide médicale, nous savons ce qui s’est passé. Les taux sont repartis à la hausse et les décès aussi. Nous ne pouvons pas suivre cette voie.
Nous savons très bien que ce que nous devons faire, c’est nous occuper des Canadiens; nous devons nous occuper d’eux sérieusement. Nous ne devons pas adopter envers eux une approche simpliste de soins palliatifs qui dit: « Prenez tous les médicaments que vous voulez, ils sont sans danger. » L’expérience de Purdue Pharma et l’expérience canadienne en Colombie‑Britannique nous ont appris qu’ils ne sont pas sûrs. Le nombre de décès augmente, et nous devons mettre un terme à cette expérience qui ne fonctionne pas.
Je l’ai déjà dit: les Canadiens ont besoin de contacts; ils ont besoin d’espoir. Ils ont besoin d’une identité et d’un sens à leur vie, et ils doivent avoir les moyens d’aller mieux. Notre programme leur permettra de le faire.
:
Monsieur le Président, je vais partager mon temps de parole avec la députée de .
Avant de commencer mon discours, je souhaite souligner que je prends aujourd'hui la parole depuis Ottawa, qui se trouve sur le territoire traditionnel non cédé du peuple algonquin anishinabe, qui vit sur ces terres depuis des temps immémoriaux.
[Traduction]
Il est important que nous prenions le temps aujourd’hui de nous attaquer à cette crise nationale de santé publique, mais je voudrais d’abord parler du libellé de la motion dont nous débattons aujourd’hui.
L’opposition nous demande de renverser des politiques mortelles, alors que le service des coroners de la Colombie‑Britannique a déclaré à plusieurs reprises que rien n’indique que l’offre de médicaments sur ordonnance contribue aux décès dus à l’offre de drogues illicites. Il semble que le Parti conservateur veuille nous ramener à l’idéologie défaillante des politiques antidrogue de l’ère Harper. Enough is enough.
Pourquoi les députés de l’opposition ne comprennent-ils pas le mal que leur discours cause? Le député parle de zombies et de politiques folles. C’est de la stigmatisation, et c’est tout ce qu’ils savent faire. N’entendent-ils pas les protestations publiques des personnes qui ont réellement vécu des expériences de consommation de substances, des personnes qui ont fait deux ou trois surdoses, qui ont été ranimées dans un site de consommation sûr et qui aident aujourd’hui les gens à se rétablir?
Des groupes comme Moms Stop the Harm, qui sont les proches de personnes ayant perdu la vie à cause de surdoses et de l’approvisionnement en drogues toxiques, ont demandé au de les rencontrer au début du mois de juin. Va-t-il les rencontrer et écouter leur histoire? Cela change la vie des gens et leur opinion.
Il faut absolument que cesse cette opposition aux programmes fondés sur des données probantes qui sauvent des vies. Des gens meurent, mais pas pour les raisons que donne l'opposition.
[Français]
Le Canada fait face à une double épidémie: un approvisionnement en drogues illégales et toxiques, et une crise de surdoses.
[Traduction]
Chaque jour, d'innombrables vies sont brisées par les conséquences dévastatrices de la crise, et plus de 30 000 personnes sont mortes.
[Français]
Nous devons reconnaître que la consommation de substances et la dépendance sont deux problèmes complexes qui ne peuvent être résolus simplement en les ignorant ou en se basant sur des approches dépassées.
[Traduction]
Des familles pleurent la perte de leurs proches. Des collectivités sont témoins de la tragédie qu’est la dépendance, et les personnes souffrent souvent en silence parce qu’on les montre du doigt, comme le fait l’opposition aujourd’hui. Il n’est pas nécessaire qu'il en soit ainsi. Le trouble lié à la consommation de substances, le trouble lié à la consommation d’opiacés, est une maladie chronique reconnue qui mérite le même respect et les mêmes soins fondés sur des données probantes que toute autre maladie.
En mettant en œuvre des initiatives pour un approvisionnement en drogues plus sûres, nous pouvons sauver des vies et donner à des personnes l’occasion de se libérer des cycles de la dépendance, car il est trop tard pour celles qui meurent.
Nous devons être là. Quand un toxicomane demande où est « la dame du Suboxone », il faut absolument qu'il y ait une approche en temps réel.
C’est en mettant en œuvre un approvisionnement plus sécuritaire qu'on réduit les risques au minimum pour les personnes qui consomment de la drogue. Nous pouvons faire en sorte que les toxicomanes aient accès à des substances de qualité pharmaceutique dont la teneur, la pureté et l'importance sont vérifiées. C’est l’approvisionnement en drogues empoisonnées qui tue des gens. L’opposition doit comprendre que le problème auquel nous faisons face, c’est cet approvisionnement en drogues toxiques.
[Français]
Nous pouvons prévenir les surdoses accidentelles causées par des drogues à la puissance imprévisible, par des substances contaminées ou par des substances adultérantes.
[Traduction]
Nous pouvons et nous devons sauver des vies. Cependant, ce n'est pas le seul objectif de notre approche. En effet, elle vise aussi à ouvrir la voie de la guérison et à reconstruire des vies et des familles brisées.
Quand des personnes ont accès à des drogues plus sûres, elles sont en contact avec des professionnels de la santé. Elles peuvent demander de l’aide pour guérir et se réadapter. C’est comme de passer d’Insite à Onsite à Vancouver. C’est l’occasion de créer des liens, d'établir une relation de confiance et d’offrir des soins complets.
Je tiens à préciser qu’il ne s’agit pas d’encourager la consommation de drogues ou de fermer les yeux sur les conséquences. Il s’agit de reconnaître que des personnes continueront de consommer de la drogue et qu’en proposant une solution de rechange plus sécuritaire, nous pouvons réduire au minimum le mal causé et préparer la voie vers la guérison et la réadaptation.
Les substances illégales vendues illégalement restent illégales. Le détournement de médicaments est illégal.
[Français]
Nous devons reconnaître que, derrière les statistiques et les gros titres, il y a de vraies personnes qui ont des aspirations et qui vivent des difficultés. Elles méritent notre empathie, notre compréhension et notre soutien. En stigmatisant davantage ces personnes qui luttent contre un problème de consommation et en critiquant les soins qu'elles reçoivent, on ne les aidera pas à aller chercher un traitement.
[Traduction]
Qui plus est, les politiques canadienne et internationale en matière de drogue concordent. La prévention, la réduction des méfaits, le traitement et l’application de la loi sont les quatre piliers internationalement reconnus de la politique en matière de drogue.
Pendant 10 ans, le gouvernement conservateur a supprimé la réduction des méfaits avec sa guerre meurtrière contre les stupéfiants, qui s’est révélée inefficace, coûteuse et mortelle. Ces politiques ont également eu un effet profondément négatif sur les plus vulnérables au Canada, à savoir les Autochtones, les enfants, les jeunes, les personnes handicapées, les immigrants et les réfugiés.
[Français]
Alors que les conservateurs continuent d'essayer de nous ramener en arrière à l'époque où les gens qui consomment des substances se faisaient dire que leur vie ne comptait pas, notre gouvernement utilise tous les outils à sa disposition pour mettre fin à cette crise nationale de santé publique.
[Traduction]
J’aimerais citer les paroles de l’ancien conseiller du premier ministre Stephen Harper en matière de sécurité publique et de justice, Ben Perrin: « L'approvisionnement sûr en drogues a été mis à l'essai et s'est avéré bénéfique pour les toxicomanes de longue date qui ne sont pas en mesure de suivre un traitement pour une raison ou pour une autre. L'objectif consiste essentiellement à remplacer les drogues de rue contaminées par des drogues dont on connaît la composition et la concentration, afin d'aider les toxicomanes à rester en vie, dans un premier temps, puis à se retrouver dans une situation stable. »
D’autres experts importants se sont également exprimés sur la question. Les Collèges des médecins et chirurgiens de la Colombie‑Britannique et de l’Ontario ont tous les deux déclaré que l’approvisionnement sûr permet de réduire les méfaits causés par la consommation d’opioïdes.
J’invite le député à relire l’article du Journal de l’Association médicale canadienne de septembre dernier où il est dit, à propos de l’approvisionnement sûr, que le centre communautaire de santé fournit toute une gamme de rapports sur les services sanitaires et sociaux. C’est exactement ce que nous faisons. C’est exactement de cette façon que nous essayons de les attirer vers ces services, afin de leur faire un peu de bien.
Depuis 2017, les centres de consommation supervisée ont accueilli, au Canada, plus de 4,1 millions de personnes, ont traité 46 000 cas de surdose et ont aiguillé 236 000 personnes vers des services sanitaires et sociaux. Voilà ce que les conservateurs ont juré de supprimer.
[Français]
Que dit-on aux familles de ceux qui seraient morts si cette approche n'avait pas été offerte aux personnes qui consomment des drogues? Si seulement je pouvais dire que c'est la première fois que les conservateurs ne suivent pas les conseils de la santé publique.
[Traduction]
C’est malheureusement une tendance qu'on observe du côté de l’opposition officielle. Malgré la popularité et l’efficacité considérables des vaccins et malgré le fait que 11 % des décès maternels sont dus à des avortements non sécuritaires, ce parti continue de privilégier l’idéologie à la réalité. Notre pays ne doit pas s’engager dans cette voie. Je préfère le Journal de l’Association médicale canadienne au National Post. Et le plus important, c’est que c’est ainsi que nous sauverons des vies.
:
Monsieur le Président, je suis heureuse de prendre la parole à la Chambre aujourd'hui au sujet de la motion du député de et de faire le point sur la réponse du gouvernement à un problème complexe auquel notre pays est confronté, c'est-à-dire la crise des surdoses. Cette crise a des répercussions tragiques et incessantes sur les Canadiens, leurs familles et la population dans son ensemble.
[Français]
Chacun de ces décès est une tragédie et crée un vide dans la communauté qui ne pourra jamais être comblé. Toutes les personnes qui ont perdu la vie dans cette crise ont laissé quelqu'un dans le deuil: un ami, un conjoint, un parent ou un enfant.
[Traduction]
Il existe quatre piliers reconnus internationalement comme essentiels à la réussite d'une stratégie relative à la toxicomanie: la prévention, la réduction des méfaits, le traitement et l'application de la loi. Le gouvernement s'est engagé à adopter une approche globale en mettant en œuvre des politiques et des mesures de soutien liées à ces quatre domaines essentiels.
L'approche dangereuse, idéologique et dépassée que proposent les conservateurs dans leur motion nous enferme dans une fausse alternative: la réduction des méfaits ou le traitement. Or, nous avons besoin des deux. Comme l'a récemment déclaré Lisa Lapointe, coroner en chef de la Colombie-Britannique: « Il ne devrait pas y avoir de dichotomie entre l'accès à un approvisionnement sûr qui sauve des vies et l'accès à des options de traitement qui sauvent des vies. »
[Français]
Cette motion est simplement conçue pour susciter la peur, renforcer la stigmatisation et marquer des points politiques auprès de la base conservatrice. Elle est dangereuse, antiscientifique et coûterait des vies si elle était mise en œuvre.
La crise de l'approvisionnement en drogues toxiques et des surdoses est une préoccupation quotidienne pour notre gouvernement. Quand on pense aux vies perdues, aux répercussions sur les communautés, aux pertes dévastatrices pour les familles et à l'impact sur la vie économique, on comprend qu'il s'agit d'une tragédie nationale.
Il n'a jamais été plus important pour tous les ordres de gouvernement, partenaires et parties prenantes de travailler ensemble pour renverser cette crise.
[Traduction]
Pour trouver des solutions, nous devons d'abord comprendre les nombreux facteurs qui sont associés à la consommation de substances psychoactives. La santé mentale doit également être prise en compte. Les habitudes néfastes de consommation s'établissent au fil du temps. Certaines personnes peuvent faire remonter leur consommation à un traumatisme de la petite enfance. D'autres peuvent être aux prises avec la pauvreté ou une situation de logement précaire.
[Français]
Si de nombreuses personnes au Canada sont aux prises avec des problèmes de santé mentale, certains groupes sont confrontés à des difficultés particulières, en raison du racisme systémique, de la discrimination, du statut socioéconomique ou de l'exclusion sociale.
Les groupes marginalisés sont souvent victimes de stigmatisation ou de préjugés, ce qui les expose à des risques accrus. Il s'agit notamment des jeunes, des peuples autochtones, des communautés racialisées et des personnes LGBTQ+.
[Traduction]
La stigmatisation est préjudiciable à plusieurs égards.
[Français]
La stigmatisation dissuade les gens de demander de l'aide, en plus de réduire leur chance d'en obtenir lorsqu'ils en demandent. Elle peut aussi nuire à l'obtention du soutien nécessaire à la mise en place de politiques et de programmes visant à aider les personnes qui consomment des substances.
[Traduction]
Cette situation est attribuable au fait qu'il existe encore une idée fausse et profondément ancrée selon laquelle la toxicomanie est un choix, ce qui n'est tout simplement pas vrai.
[Français]
La dépendance est une condition médicale. On peut la traiter.
[Traduction]
La réalité, c'est que les personnes toxicodépendantes ont besoin d'être aidées, pas jugées. Elles ont besoin d'être entourées, pas isolées. Elles ont besoin de notre empathie et de notre compréhension, pas de nos préjugés. Stigmatiser la toxicomanie, c'est très dangereux. Les consommateurs peuvent en venir à s'isoler pour se droguer ou à ne pas être en mesure de demander de l'aide. Voilà pourquoi nous devons leur offrir un continuum de soins, dans tous les aspects de leur vie. Il est nécessaire de miser non seulement sur la prévention, le traitement et la réduction des méfaits, mais aussi sur des mesures de déstigmatisation et d'accès continu aux soins et aux services sociaux.
[Français]
Notre objectif est de réduire la stigmatisation et les risques liés à la consommation de substances, tout en offrant aux personnes qui consomment des drogues un meilleur accès aux services sociaux et de santé.
Pour y parvenir, le Canada doit aborder les risques de la consommation de substances dans une perspective sociétale globale.
Depuis 2017, le gouvernement a investi plus de 1 milliard de dollars dans la prévention, le traitement, la réduction des risques et l'application de la loi. Ce montant s'ajoute aux investissements que les gouvernements provinciaux ont alloués dans leur champ de compétence.
Le gouvernement du Canada travaille maintenant avec les provinces et les territoires sur un système de soins multidisciplinaires transformateurs qui intègre des soins en santé mentale et en consommation de substances centrés sur le patient.
[Traduction]
Grâce à des ententes sur mesure avec les provinces et les territoires pour assurer notamment un accès plus large aux soins de première ligne axés sur la santé mentale et la toxicomanie, la collecte de données pertinentes ou le partage d'information entre les professionnels de la santé consultés, il serait plus facile pour les Canadiens d'obtenir l'aide dont ils ont besoin, au moment où ils en ont besoin.
[Français]
Toutefois, nous savons que nous devons en faire plus, y compris essayer des approches innovantes pour sauver des vies et permettre aux gens qui consomment des drogues d'accéder plus facilement à des services sociaux et de santé comme des traitements pour les personnes qui sont prêtes.
Le budget de 2023 présente notre plan de transférer près de 200 milliards de dollars aux provinces et aux territoires, au cours des prochaines années, pour améliorer les soins de santé, y compris le soutien aux services de santé mentale et en consommation de substances. Cela se fera en combinant l'augmentation du Transfert canadien en matière de santé et de nouveaux accords sur 10 ans avec les provinces et les territoires.
[Traduction]
Ces investissements nous permettront, entre autres, de bâtir une main-d'œuvre résiliente afin d'offrir aux Canadiens des services de santé de haute qualité, efficaces et sûrs quand ils en ont besoin, y compris dans les domaines de la santé mentale, de la toxicomanie et du traitement des dépendances, selon un accès rapide et équitable.
[Français]
Grâce à nos accords bilatéraux sur mesure, nous investirons 25 milliards de dollars sur 10 ans afin de travailler en collaboration avec les provinces et les territoires pour faire avancer les priorités communes en matière de santé.
[Traduction]
Cette approche est la meilleure façon d'intégrer les services en matière de santé mentale et de toxicomanie dans tout le système de santé.
[Français]
Cet investissement s'ajouterait aux 2,4 milliards de dollars, sur les quatre prochaines années, qui doivent encore être versés aux provinces et aux territoires pour les services de santé mentale et de lutte contre les dépendances, dans le cadre de la déclaration de principe commune sur les priorités de santé partagée de 2017.
[Traduction]
Les services axés sur la réduction des méfaits sont un élément crucial d'une approche de santé publique à la fois exhaustive, collaborative et empreinte de compassion à l'égard des problèmes de consommation de substances. Cela comprend la prévention, le traitement et des soutiens sanitaires et sociaux additionnels.
[Français]
Nous ne pouvons pas laisser le programme idéologique des conservateurs fermer les sites de consommation sûrs qui ont permis d'éviter plus de 46 000 surdoses depuis 2017.
Les sites de consommation sûrs remplacent une drogue de rue contaminée par une drogue dont le contenu et la puissance sont connus afin d'aider les gens à rester en vie.
[Traduction]
Il faut garder les gens en vie jusqu'à ce qu'ils soient prêts à se faire traiter. Nous ne devons pas laisser les conservateurs nous ramener à une idéologie dépassée et inefficace.
[Français]
Ensemble, nous pouvons créer un véritable changement systémique et donner à chaque personne au Canada le soutien dont elle a besoin pour vivre longtemps et en bonne santé.
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Monsieur le Président, d'entrée de jeu, je tiens à signaler que je vais partager mon temps de parole avec mon passionné, intéressant et habité collègue de .
Parler des drogues et de leurs répercussions n'est pas un sujet facile pour moi. Ce n'est pas facile parce que je deviens vite émotive. Lorsque je ne veux pas être émotive, je verse dans les données et dans les statistiques, donc j'éloigne le cœur de la tête. Ce n'est pas facile, parce qu'il y a des gens de mon passé qui ne croiseront jamais plus mon présent ni mon futur. Oui, c'est un sujet qui m'habite. Je dois trouver un milieu dans tout cela. De toute évidence, ce matin, je ne l'ai pas trouvé, mais ça va aller.
Il faut avoir un portrait complet de la situation pour être capable d'agir adéquatement. Les projets pilotes ont pour but, notamment, d'avoir plus de données. La crise des opioïdes n'est pas un enjeu partisan ni un enjeu qui doit devenir partisan. Ce n'est pas le type d'enjeu où on peut se permettre de dire: moi, mon parti. C'est le type d'enjeu qui nécessite des phrases comme: ensemble, on a réussi.
Je vais faire un bref rappel des données qui ont été rapportées dans les médias en mettant un peu de bémols dans tout cela et en précisant à quoi servent les projets pilotes et les programmes d'approvisionnement sécuritaire.
Les données inscrites dans la motion du Parti conservateur sont vraies. Je ne les passerai pas toutes en revue. La crise des opioïdes, ce sont 20 personnes par jour qui décèdent.
Depuis 2016, plus de 34 000 personnes sont décédées. La quasi-totalité des décès sont accidentels. Ce sont des gens qui se sont approvisionnés sur le marché noir avec des produits pour lesquels ces gens ne savaient même pas qu'il y avait du fentanyl dedans. Dans 88 % des cas, les décès touchent des adultes de 20 à 59 ans, des gens dans la fleur de l'âge.
Avant la pandémie, 10 personnes par jour mourraient d'une surdose d'opioïdes. Cette augmentation peut être due aux problèmes de santé mentale qui se sont accentués par la détresse vécue durant la pandémie.
J'ai entendu mes collègues conservateurs dire que la pandémie est passée. Ce n'est pas parce que la pandémie est passée que la détresse est passée. Ce n'est pas parce que la pandémie est passée que la dépendance est passée.
Dans les médias, il a été mentionné que des personnes prenaient de l'hydromorphone pour la vendre et se procurer ensuite du fentanyl sur le marché noir. Est-ce que ce sont tous les utilisateurs d'hydromorphone qui font cela? La réponse est non. Combien revendent l'hydromorphone? On ne le sait pas encore. J'espère qu'il sera possible de le savoir par les projets pilotes et les données qui seront recueillies.
Le marché noir existe parce que les gens ne peuvent pas avoir accès à quelque chose légalement, peu importe ce que c'est. Or, sur le marché noir, il est impossible de contrôler les doses, tant en quantité qu'en qualité. C'est le problème principal.
Une personne qui devient dépendante sort du réseau de la santé, même si elle est fonctionnelle au quotidien. Cette personne, tranquillement, sort du réseau parce qu'elle n'ira pas dire à son médecin qu'elle a une dépendance et qu'elle a besoin d'aide. Cela, c'est une minorité qui va le faire. Il faut que le réseau atteigne ces gens. Comment peut-on les atteindre? C'est en allant les chercher là où ils s'approvisionnent.
Comme les produits créent une dépendance, malheureusement, une façon d'assurer la santé de ces gens est de leur offrir la possibilité d'avoir accès à des produits dont la quantité et la qualité sont contrôlées. Lorsqu'ils viennent chercher ces produits, à ce moment-là, il y a des gens pour les écouter, les entendre et connaître leur détresse, savoir d'où elle vient et, tranquillement, essayer de défaire les nœuds. Cela peut être très long de se défaire d'une dépendance. Certains n'y arrivent jamais.
La motion conservatrice ne fait malheureusement pas mention des services offerts par les projets pilotes. On parle de soins médicaux, de soutien en santé mentale, de soutien médical en lien avec les infections transmises sexuellement et par le sang, d'aide à l'emploi, d'aide au logement. Ces projets ont donc une vision holistique, globale, des besoins des personnes qui sont dépendantes. Leur dépendance n'est pas apparue par miracle ou soudainement. Il s'est passé quelque chose.
Toute cette pratique au sein des projets pilotes, toutes ces interventions doivent être faites sur la base de la compréhension, de l'ouverture et non du jugement ou de la punition. Il faut voir où la personne en est. Pourquoi est-elle rendue là? Comment peut-on l'aider? Il faut défaire les nœuds de l'esprit de la personne dépendante.
La motion conservatrice ne parle pas du fait que, jusqu'à maintenant, les participants qui se sont réellement investis dans ces programmes ont vu plusieurs effets bénéfiques: une amélioration de la santé, du bien-être et de la qualité de vie; un risque de surdose réduit et une consommation réduite des drogues de rue, qui sont en soi dangereuses; avoir fait face aux questions de santé qui sont liées à leur situation; avoir plus d'énergie, être plus actifs; avoir plus de temps dans leur vie. Ce sont tous des éléments importants. Ils sont plus engagés envers eux-mêmes. Finalement, ces gens se réengagent non seulement dans leur propre vie, mais dans leur propre société. Vont-ils être guéris pour la vie? Peut-être ou peut-être pas, mais ils s'engagent sur le chemin de la guérison.
La consommation de drogues est un enjeu de santé publique et de sécurité publique. Il faut garder à l'esprit qu'il n'y a pas de solution simple et unique. Il n'y a pas de responsabilité incombant à un seul ministère. C'est l'affaire de tous.
Les interventions doivent reposer sur des pratiques exemplaires fondées sur des données probantes et viser à protéger la santé et la dignité des personnes. La dignité est l'une des clés les plus importantes dans le processus. C'est fou ce que le regard des autres peut avoir comme effet sur les réactions des personnes dépendantes. C'est fou ce que leur propre regard a comme effet sur elles-mêmes, quand elles se regardent dans le miroir et qu'elles voient à quel point elles sont maganées, détruites par en-dedans. Elles le savent.
Il faut les aider à affronter cela, à l'accepter et à voir ce qu'il y a de meilleur en elles-mêmes. Il ne faut pas les juger, les mettre au ban de la société et surtout pas leur permettre de retourner sur le marché noir avec des doses qui ne sont pas contrôlées.
Au Québec, on a une stratégie qui se décline en sept champs d'action qui se croisent avec le plan d'action interministériel: l'information et la sensibilisation; la prévention des surdoses et la réduction des méfaits; les politiques publiques et la réglementation; la vigie et la surveillance; l'évaluation, la recherche et la formation des gens; le traitement de la dépendance; ainsi que le traitement de la douleur.
Ces sept champs se déclinent en 15 mesures qui vont consolider et bonifier l'accès à la naloxone, consolider et étendre l'offre des services de consommation. On veut protéger les gens, même d'eux-mêmes.
En développant des pratiques d'approvisionnement plus sécuritaires, les doses peuvent être contrôlées, je l'ai déjà dit, en quantité et en qualité. Surtout, les intervenants ouvrent la porte aux personnes dépendantes vers le rétablissement par l'accès à des services de soutien qui seraient inaccessibles sans les projets pilotes. Est-ce que c'est parfait? Non. Les services sont débordés par l'ampleur de la crise, d'où l'importance de meilleurs transferts en santé plus importants.
En somme, la crise actuelle est à prendre au sérieux. Il faut écouter les intervenants, avoir une vision holistique, afin d'aider les personnes dépendantes tout en agissant contre les criminels qui sévissent sur le marché noir. Surtout, il faut cesser de stigmatiser les maladies mentales. La motion des conservateurs jette le bébé avec l'eau du bain. J'aimerais mieux qu'on travaille avec le bébé pour mieux le faire grandir
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Monsieur le Président, je suis un peu surpris de la tournure du débat ce matin. En fait, je ne suis pas surpris.
C'est un débat difficile, émotif, sensible et humain qui touche les gens au plus profond d'eux-mêmes. Je peux en parler en connaissance de cause, car j'ai vécu cela de près dans ma famille. Les problèmes de dépendance à différentes substances étaient présents durant dans toute mon enfance.
Il faut dire qu'on ne guérit jamais de la dépendance, on est pris avec cela toute la vie. Qu'ils soient en train de consommer ou pas, les gens qui sont dépendants aux drogues le restent toute leur vie. On naît avec cela. Ce n'est pas une tare. On naît avec cela comme on naît avec les yeux bruns, avec le talent de courir le 100 mètres en 10 secondes, d'être un champion de football ou d'être un médecin, un grand chercheur international ou un gagnant de prix Nobel. On naît avec ce truc à l'intérieur de soi et on ne peut que vivre avec cela. Il faut donc écarter tout de suite le jugement.
Le problème, avec les conservateurs, c'est que leur approche est toujours un peu dogmatique. Ce n'est jamais facile. J'aimerais toutefois souligner qu'ils ont le mérite d'aborder des questions difficiles, compliquées et importantes lors de leurs journées de l'opposition. Au cours des dernières semaines, ils ont abordé la crise du logement, qui est une autre crise majeure qu'on vit au Québec et au Canada, et même partout dans le monde en ce moment. C'est quelque chose de majeur. Le problème, c'est la solution qu'ils proposent pour régler ce problème.
Une autre journée de l'opposition des conservateurs portait sur la taxe sur le carbone. On voulait éliminer la taxe sur le carbone. Les conservateurs s'attaquaient à autre enjeu important de notre époque, une autre crise fondamentale à laquelle on fait face, soit la crise climatique. Ils proposaient d’éliminer la taxe sur le carbone. Ils ne proposaient aucune solution.
C'est la même chose pour la crise du logement. Qu'est-ce que les conservateurs ont proposé comme solution? Ils ont proposé l'élimination des gouvernements municipaux. Selon les conservateurs, il y a un gouvernement de trop dans ce pays. Nous sommes d'accord sur le fait qu'il y a un gouvernement de trop dans ce pays. Nous pourrions être d'accord sur cette option. Toutefois, pour nous, le gouvernement de trop n'est pas le même que celui auquel pensent les conservateurs.
Ils abordent ces questions importantes, mais en présentant des solutions simplistes, des solutions dont on n'est pas sûr qu'elles nous feront avancer. La solution tough on crime a été essayée aux États‑Unis. Mon collègue en a parlé tantôt. On propose d'être dur avec les toxicomanes. On veut toujours emprunter une approche punitive, une approche qui vise à condamner. On se dit que c'est un problème dont on peut se débarrasser. Or, comme je l'ai dit tantôt, quand on naît avec cela, on vit avec cela tous les jours.
Les États‑Unis, pays reconnu pour ses politiques sévères à l'égard des drogues, n'ont pas réussi à endiguer la consommation de drogue. Aux États‑Unis, les décès liés aux opioïdes sont passés d'environ 50 000 en 2015 à près de 100 000 en 2021. Cette approche punitive envers les consommateurs de drogue n'a pas eu d'effet sur la consommation de drogue aux États‑Unis. C'est un peu cela, l'approche des conservateurs ce matin. C'est un peu cela qu'ils nous proposent.
Ce pays affiche également le pire taux d'incarcération de sa population dans le monde. Cette incarcération est liée aux drogues, à la consommation de drogue. Ce bilan a mis à mal l'approche idéologique introduite par Nixon il y a très longtemps. Comme cela a été mentionné tantôt, dans certaines régions des États‑Unis, on a choisi une autre approche, qui est semblable à celle qui a été développée en Suisse et au Portugal.
En 2001, le Portugal avait changé d'approche pour combattre la consommation de drogue et l'épidémie de VIH qui l'accompagnait en introduisant la déjudiciarisation pour la possession simple de drogue. Cela a fonctionné au Portugal. Dans toutes les nombreuses études qui ont suivi, on a vu émerger un nouveau paradigme. Nous le savons déjà. C'est ce que nous défendons, au Bloc. La consommation de drogue n'est pas qu'affaire de criminalité. C'est d'abord et avant tout un problème de santé publique.
Parlons de la santé publique. On peut reprocher aujourd'hui aux conservateurs d'être dogmatiques dans leur approche. Toutefois, si on part du paradigme qu'il s'agit d'une question de santé publique et de santé mentale, car ce l'est, il faut donc financer la santé comme il faut. Il faut aider les gens, il faut les accompagner dans le processus, mais cela prend des sous. Cela prend des gens pour les accompagner: des psychologues, des aides-infirmières. Cela prend des centres où ils seront accompagnés. C'est un problème de santé mentale et de santé publique. Pour cela, il faut financer correctement la santé.
Or, qu'est-ce qu'on a vu dans les derniers mois? On a vu une récrimination éternelle de toutes les provinces dans ce pays depuis une trentaine d'années pour un financement adéquat du système de santé. Il y a eu des négociations, dernièrement. Qu'est-ce qui est arrivé? Le Québec demandait 6 milliards de dollars par année. On a eu à peine 1 milliard de dollars. Est-ce que c'est reconnaître le travail des gens qui travaillent dans ce domaine? Est-ce que c'est reconnaître un peu les besoins actuels sur le terrain? La réponse est: bien sûr que non. D'un côté, les libéraux ont une approche avec laquelle on peut être d'accord, mais qui est largement sous-financée. On a donc un problème.
Qui dit consommation dit pauvreté. Comme ma collègue le mentionnait tantôt, c'est un autre problème important relié à la crise des opioïdes. Qui dit pauvreté dit difficulté à se loger. Qui dit difficulté à se loger dit crise du logement. Nous avons une crise du logement carabinée dans ce pays. Combien de fois en avons-nous parlé? Je n'en reviens pas du nombre de fois que nous sommes obligés de répéter les mêmes affaires à la Chambre.
Je vais parler de la crise du logement parce que c'est quelque chose de fondamental qui est lié à ce que nous étudions aujourd'hui, même s'il y a une négation de l'autre côté de la Chambre à ce sujet. Lundi soir, j'étais ici en comité plénier avec le qui me faisait face, la directrice de la Société canadienne d'hypothèques et de logement, ou SCHL, et tous les hauts fonctionnaires du ministère, et nous avons assisté à un spectacle pathétique.
Le ministre du Logement est sans doute quelqu'un de très sympathique. Je ne veux pas être partisan en disant ceci et je m'en excuse, mais il n'a pas la carrure pour faire face à la crise que nous vivons en ce moment. Nous l'avons très bien vu lundi soir. Nous avions des questions pertinentes.
Le défi est là. Même les libéraux le savent. Le ministre a nommé le problème du logement que nous avons dans ce pays. Il faut construire 3,5 millions de logements d'ici 2030. Il l'a dit lui-même. Nous n'avons même pas besoin de lui dire ce qu'est le défi; il le sait. Que se passe-t-il?
Selon le Conseil national du logement, depuis la Stratégie nationale sur le logement qui a été lancée il y a cinq ans, on a construit 115 000 logements. Je rappelle que les besoins sont de 3,5 millions de logements. Nous en avons donc construit 115 000, mais attachons bien nos tuques avec de la broche, car selon le Conseil national du logement, on a perdu 550 000 logements abordables. On est dans le négatif.
Depuis cinq ans, on a mis en place un programme de 82 milliards de dollars. Non seulement on ne construit pas de logements, mais les gens ont encore moins accès à des logements. Les personnes qui ont des problèmes de consommation pourraient avoir des logements sociaux avec accompagnement. On en a tant besoin.
Je vais terminer en disant ceci. Comme je l'ai déjà mentionné, un économiste de la SCHL a dit qu'il fallait construire 1,1 million de logements dans les 10 prochaines années, et ce, juste au Québec. Le marché seul va en construire 500 000. Il faut que tout le monde se mobilise, nous tous ici à la Chambre et tous les paliers de gouvernement, pour en construire d'une façon ou d'une autre 600 000 dans les 10 prochaines années. C'est 60 000 par année. On en a construit 115 000 depuis cinq ans. On est loin du but.
Il y a toutes ces affaires-là: le financement du logement et de la santé. Derrière tout cela, il y a une question humaine, il y a des tragédies, il y a des familles qui perdent des proches.
Il faut se mobiliser. Malheureusement, ce n'est pas avec des motions dogmatiques comme celle que les conservateurs nous présentent ce matin qu'on va faire avancer le débat.
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Monsieur le Président, même si je suis déçu que nous soyons saisis d'une motion de cette nature, je suis heureux que nous puissions discuter et débattre de cette question aujourd'hui, car, au Canada, plus de 35 000 personnes sont mortes à cause de l'approvisionnement en drogues toxiques depuis 2016.
Contrairement à ce qui est mentionné dans la motion, ce n'est pas une crise des opioïdes. Ces décès sont survenus à cause d'un approvisionnement en drogues toxiques non réglementées. Je vais parler de certains aspects de la motion.
Premièrement, le point (iii) de la motion dit ceci:
depuis que l'approvisionnement public en drogues s'est intensifié en 2020, les décès attribuables aux opioïdes n'ont fait qu'augmenter, selon l'Agence de la santé publique du Canada,
Bien sûr que le nombre de décès a augmenté. Entre 2016 et 2020, le fentanyl est devenu la drogue prédominante sur le marché, ce qui veut dire qu'un plus grand nombre de personnes pouvaient se procurer cette drogue plutôt que des comprimés d'OxyContin. Des substances analogues au fentanyl, comme le carfentanil et les benzodiazépines, ont aussi fait leur apparition dans l'approvisionnement en drogues pendant cette période. Un plus grand nombre de personnes sont décédées parce que le fentanyl est devenu plus facilement accessible et plus instable.
En 2020, au Canada, moins de 1 000 personnes — environ 500, probablement — avaient accès à un approvisionnement sûr, alors que des dizaines de milliers, et probablement des centaines de milliers, de personnes consomment du fentanyl. En date de 2020, sous le gouvernement actuel, on comptait déjà 22 000 décès attribuables à une surdose. Il est impossible que les quelque 500 personnes qui bénéficiaient d'un approvisionnement sûr aient contribué à ces 22 000 décès, car la grande majorité d'entre eux sont encore en vie en 2023. Les conservateurs doivent apprendre à faire des calculs et à écouter les experts.
Le paragraphe (iv) de la motion se lit comme suit:
en 2020, un peu moins de 7 000 personnes sont mortes d’une surdose d’opioïdes, alors que 3 000 personnes seulement sont mortes d’une surdose en 2016, selon la Bibliothèque du Parlement,
Une fois de plus, les conservateurs ne peuvent pas prouver ce qu'ils disent. Ces personnes sont mortes à cause de l'approvisionnement en drogues toxiques. Nous savons que ces décès ne sont pas dus aux programmes gouvernementaux d'approvisionnement et d'injection sûrs, et affirmer cela relève de la désinformation.
Je vais parler de certains des militants dont le gouvernement a parlé. Il a déclaré que ce sont des militants qui mènent la charge de l'approvisionnement sûr. C'est ce qu'ont dit les coroners en chef des provinces, les médecins hygiénistes en chef de tout le pays, y compris de ma province, ainsi que les autorités policières.
Je vais citer les propos de l'Association canadienne des chefs de police, qui a clairement indiqué que ses membres ne peuvent pas résoudre la crise par des interventions policières, car il s'agit d'un problème de santé. L'Association propose de « détourner les toxicomanes du système de justice pénale et de les orienter vers les services sociaux et les soins de santé ». Elle a précisé qu'un tel changement devrait être apporté en même temps partout au pays. Le gouvernement ne l'a pas fait.
L'Association a également indiqué dans son rapport qu'elle « soutient l'accès à un approvisionnement sûr en opioïdes de qualité pharmaceutique afin de lutter contre le problème de la composition incertaine des drogues illicites vendues dans la rue, qui est la cause de nombreuses surdoses d'opioïdes ».
« L'Association a aussi formulé une recommandation en faveur de centres de consommation supervisée, où les gens pourraient consommer de la drogue dans un environnement propre et sécuritaire, sous la supervision de professionnels de la santé formés à l'intervention en cas d'urgence. »
Les militants se prononcent en faveur d'un approvisionnement sûr. Je trouve très inquiétant d'entendre le affirmer que seuls les militants sont en faveur d'un approvisionnement sûr.
Par ailleurs, il y a une chose dans le discours du que je voudrais corriger. Il a parlé d'incidents où des drogues sûres ont été vendues illégalement à des jeunes.
Voici ce qu'on peut lire aujourd'hui dans le Globe and Mail:
La police de Vancouver, interrogée [...] au sujet de la vente possible de ces stupéfiants, a déclaré récemment qu'« il y a toujours une possibilité » que des médicaments provenant de programmes d'approvisionnement sûr soient vendus sur le marché illicite.
Cependant, le service de police a ajouté qu'il n'était pas au courant d'incidents survenus à Vancouver où des médicaments provenant de programmes d'approvisionnement sûr ont été vendus illégalement à des jeunes [...]
Cette déclaration faisait suite aux propos que le a tenus ici, à la Chambre des communes. Je peux assurer à la Chambre que les policiers de Vancouver savent hors de tout doute que les jeunes sont ciblés par la vente de drogues illégales, non réglementées et empoisonnées, comme le fentanyl, qui n'est pas réglementé. Voilà ce à quoi nous avons affaire.
Au point (vi) de la motion, il est écrit:
dans l'Est de Vancouver, un journaliste de Global News a récemment pu se procurer, pour 30 $ et en 30 minutes seulement, 26 doses d’un dangereux opioïde hautement addictif distribué dans le cadre des programmes publics d’approvisionnement en drogues, lesquels inondent nos rues d’opioïdes bon marché,
On peut tout acheter dans ce secteur depuis des décennies, du moins depuis plus de 50 ans. Ce n'est donc pas très probant qu'on puisse se rendre dans le secteur où l'on vend le plus de drogues au Canada et qu'on en revienne avec ce type de substances.
Les photos de ce qu’ils ont acheté montrent que la plupart des médicaments se trouvaient dans des emballages coques. Un emballage coque est fourni à un seul patient. Le journaliste de Global a donc acheté la plupart des 26 pilules à une seule personne, et ce n’est pas une preuve de détournement à grande échelle que de n’acheter qu'à une seule personne.
La motion d’aujourd’hui aurait pu demander au gouvernement de créer un comité d’urgence du Parlement pour s’occuper de la crise des drogues toxiques. Il s’agit de la principale cause de décès non naturel dans ma province, plus que les accidents de la route, plus que les homicides et plus que les suicides. Cependant, les conservateurs n’ont pas fait cela. Ils ont choisi de présenter cette motion, qui accentue la stigmatisation et le préjudice.
Une personne qui décide de consommer une seule dose d’une drogue toxique lors d’une fête de fin de semaine est aussi vulnérable que n’importe quelle personne qui a un problème de consommation, et le résultat peut être le même: une surdose de drogue toxique mortelle. Je le sais, car dans ma collectivité, nous avons vu bien des personnes mourir, dont bien des jeunes hommes. L’âge moyen des personnes qui meurent est de 44 ans, et la majorité d’entre elles sont des hommes qui meurent seuls à la maison.
Guy Felicella, superviseur clinique au B.C. Centre on Substance Use, a déclaré que « les personnes qui ne sont pas prêtes, capables ou désireuses de s’attaquer à leur dépendance ne méritent pas de mourir à cause de l’approvisionnement en drogues toxiques ». Je suis d’accord.
Comme les députés le savent très bien, j’ai pris la parole à de nombreuses reprises à la Chambre pour appuyer une démarche fondée sur la santé en ce qui concerne la consommation de substances. Je salue tous les députés de tous les partis qui se joignent à nous pour demander une augmentation des investissements afin de faire face à cette crise et de venir en aide aux personnes qui souffrent de troubles liés à l’utilisation de substances. Plus vite nous pourrons collaborer au-delà des clivages politiques, plus vite nous sauverons des vies.
Il s’agit d’une crise sanitaire nationale, et nous n’agissons pas en conséquence. Nous devons comprendre ce qu’il en est exactement. L’approche facile et simpliste proposée par les conservateurs ne mènera à rien. Cette crise ne prendra jamais fin si l’on se contente d’investir dans le traitement et le rétablissement sans reconnaître que la situation est une urgence complexe, qu’elle comporte de multiples facettes et qu’elle nécessite également des mesures de réduction des méfaits, facteurs qui vont de pair et qui ne sont pas opposés l’un à l’autre.
Les députés ministériels nous disent qu’ils font tout ce qu’ils peuvent, mais ils ont dépensé moins de 1 % de ce qu’ils ont dépensé pour la crise sanitaire de la COVID‑19. Ce n’est pas une réponse convenable à une crise sanitaire. Nous avons vu comment ils ont réagi au SRAS, au VIH et à la COVID, et ils doivent faire la même chose. Ils doivent mobiliser tout le monde. Ils ne peuvent pas se contenter de confier la responsabilité du traitement et du rétablissement aux provinces. Nous avons vu ce que le Portugal a fait. Il a pris les devants et nous a montré ce qu'est le courage et ce qui est nécessaire: des investissements dans le traitement thérapeutique, le logement et la reconnaissance qu'il faut traiter ce problème comme un problème de santé et non comme un problème de criminalité. Il faut une approche à multiples facettes, et j'insiste là-dessus aujourd'hui. Nous devons tout simplement en faire plus à ce chapitre.
Nous devons écouter les experts. Il est très important que tous les députés de la Chambre écoutent les experts. J’ai sillonné le pays pour parler de mon projet de loi, le projet de loi , qui n’était qu’une réflexion du groupe de travail d’experts sur la consommation de substances. J’ai pu rencontrer des personnes en première ligne de cette crise, comme des toxicomanes et des experts, et tout au long de mon voyage, ils nous ont encouragés à mettre en œuvre les recommandations du rapport.
L’Association canadienne des chefs de police du Canada, comme je l’ai dit, s’est montrée tout à fait d’accord avec le groupe d'experts; elle y a d’ailleurs participé. Le groupe d'experts a été unanime: nous devons cesser de considérer comme des criminels les gens qui consomment des substances, nous devons effacer les casiers judiciaires des personnes qui ont été accusées de possession pour usage personnel, et nous devons veiller à ce que les personnes aient accès à un approvisionnement sûr et à un traitement sur demande. Ainsi, nous les rencontrons au stade où ils en sont et nous investissons dans le rétablissement, l’éducation et la prévention, car nous savons que lorsque les gens rechutent, nous devons les attraper, mais nous devons également les rencontrer au stade où ils en sont tout au long du processus.
Comme les députés le savent, mon projet de loi a été rejeté. Les conservateurs ont fait équipe avec la majorité des libéraux et ont voté contre mon projet de loi, que le Bloc, le Parti vert et le NPD appuyaient. Je sais que les députés du Bloc avaient une certaine réticence à l’égard de mon projet de loi, mais ils voulaient au moins en saisir un comité et écouter les experts, ce que les conservateurs et les libéraux n’ont pas voulu faire, malgré le fait qu’il ne faisait que refléter le point de vue du propre groupe d’experts du gouvernement sur la consommation de substances.
Les membres de l'organisme Moms Stop the Harm viendra sur la Colline à l’occasion de l’anniversaire du projet de loi, pas la semaine prochaine, qui est notre semaine de relâche, mais à notre retour. Ce sera le 1er juin. Elles viennent ici parce qu’elles sont contrariées par le fait qu’un an plus tard, peu de choses ont changé. Ce projet de loi aurait donné au gouvernement 12 mois pour préparer une stratégie sur la manière de répondre au Groupe d’experts sur la consommation de substances, mais ils ont voté contre. J’espère que tous les députés de cette Chambre iront au moins rencontrer les mamans et, lorsqu’ils retourneront dans leur circonscription, qu'ils s’entretiendront avec leur médecin hygiéniste en chef. Je n’ai pas trouvé un seul médecin hygiéniste en chef ni un seul coroner qui ne soit pas favorable à une approche multidimensionnelle et à un approvisionnement plus sûr.
J’invite également le à rencontrer les chefs de police. J’espère qu’il rencontrera également les mamans de l'organisme Moms Stop the Harm. Je sais que le chef de l’opposition officielle s’est servi des rapports de Global News, du National Post et même de Conrad Black, pour obtenir son avis sur la façon d’aller de l’avant dans cette crise des drogues toxiques.
Nous devons vraiment tenir compte du rapport du groupe d’experts. J’aimerais parler de ceux qui faisaient partie de ce groupe. Il y avait parmi eux des responsables de la santé publique, des chefs de file de la santé autochtone, des chefs de file de la santé communautaire, des représentants d’entreprises, de syndicats, d’universités et d’organismes de services sociaux, l’Association canadienne des chefs de police, des penseurs en matière de politiques publiques et des personnes ayant une expérience vécue du domaine. Leurs recommandations étaient unanimes. Je tiens à féliciter et à remercier ce groupe d’experts, car il n’a pas ménagé les efforts. Encore une fois, ils ont adopté l’approche à quatre piliers.
Je comprends qu’il faut du courage pour faire ce voyage. L’ancien sénateur Larry Campbell a fait preuve de courage à Vancouver. Il a été policier, puis coroner en chef de la Colombie‑Britannique et maire de Vancouver. C’est lui qui est derrière la mise sur pied du centre Insite et des centres de consommation supervisée pour sauver des vies. C’est le genre de courage dont nous avons besoin aujourd’hui de la part de tout le monde ici. Encore une fois, nous pouvons nous tourner vers d’autres pays, comme le Portugal, qui offre des programmes de traitement et de guérison. Prenons l’exemple de la Suisse, qui a un modèle d’approvisionnement sûr. Il y a des modèles dont nous pouvons nous inspirer partout dans le monde.
J’espère que nous pourrons nous entendre aujourd’hui pour trouver une façon de travailler main dans la main. Cependant, la stigmatisation associée aux substances constitue un énorme obstacle pour les gens qui veulent obtenir de l’aide. Nous savons que même la motion d’aujourd’hui trouble beaucoup de gens qui consomment des substances et qui considéraient l’approvisionnement sûr comme une façon d’éviter l’approvisionnement non réglementé en drogues toxiques qui provient des rues. Cet approvisionnement est conçu, distribué et commercialisé par le crime organisé.
Nous savons qu’il faut aller plus loin. Nous devons investir dans un éventail complet de mesures pour aider les personnes qui consomment des substances, y compris des centres de consommation supervisée, des options de traitement public en temps réel sur demande, des options de qualité pharmaceutique et des solutions de rechange aux drogues illicites de la rue. Il faut aussi s’assurer que les consommateurs ont un logement. J’étais dans la circonscription de mon cher collègue le député de , et nous nous sommes rendus dans un logement sans restriction. C’était formidable de voir que certaines personnes pouvaient avoir accès au traitement par agonistes opioïdes ou à un approvisionnement plus sécuritaire, ce qu’elles ne pouvaient pas faire lorsqu’elles étaient sans abri, qu’elles vivaient dans la forêt ou n’importe où ailleurs. Nous devons nous assurer que cela est inclus.
Lorsque nous réclamons plus de services de traitement, reconnaissons que, premièrement, nous devons garder les gens en vie en réduisant leur exposition à la toxicité des drogues illicites de la rue. Ma bonne amie la députée de représente le quartier Downtown Eastside, une collectivité qui lutte pour sa survie et qui est ravagée par les décès causés par des drogues toxiques. Elle a déjà dit à la Chambre que les morts ne peuvent pas être traités. Cela dit tout.
J’aimerais aussi rectifier certains faits. Je vais lire une citation de Corey Ranger. Il est infirmier clinicien spécialisé chez AIDS Vancouver Island. Il dit qu’« il y a plus de reportages sensationnalistes dans les médias au sujet de l’approvisionnement sûr que de sources d’approvisionnement sûr. En Colombie‑Britannique, plus de 101 000 personnes sont à risque d’empoisonnement mortel causé par les drogues, et moins de 5 % de ces personnes sont en mesure d’avoir accès à un “approvisionnement sûr”. » C’est exactement ce qui se passe. Cette approche par étapes du gouvernement laisse tomber les personnes qui consomment des substances. Nous savons que cette approche coûte des vies dans un contexte de crise sanitaire.
Toutefois, la désinformation des conservateurs entraîne également des décès. Elle est mortelle. J’apprécie le fait que les conservateurs aient pensé à transférer les fonds consacrés à la réduction des méfaits vers le traitement, mais même avec cet argent, nous sommes loin du compte.
J'aimerais lire un extrait de ce qu’a déclaré Guy Felicella: « J’ai suivi et abandonné des traitements plus d’une douzaine de fois en essayant de m’abstenir de consommer. Sans les services de réduction des méfaits tels que les centres de consommation supervisée, les solutions de rechange plus sûres, la naloxone et du matériel propre pour me protéger lors de mes rechutes, je ne serais pas en vie aujourd’hui et je n’aurais pas eu cette décennie de sobriété. N’écoutez pas ceux qui tentent de vous désinformer en vous disant que la réduction des méfaits favorise la consommation de drogues. C’est faux: cela permet aux gens de rester en vie et, pour beaucoup d’entre eux, d’essayer de nouveau de s’en sortir. »
Je tiens à ce que nous discutions de l’importance de traitements qui tiennent compte des traumatismes et à ce que nous veillons à ce que cette forme de traitement soit offerte. Un homme de ma circonscription m’a écrit pour me dire qu’il allait devoir vendre sa maison pour permettre à son fils de suivre un traitement dont le coût s’élève à 300 $ par jour. C’est absolument inacceptable. Nous pouvons nous tourner vers l’exemple du Portugal, qui a fait des progrès immenses dans ce domaine. Dans ma collectivité de la vallée Alberni, nous avons perdu 20 personnes au cours des huit premiers mois de l’an dernier. C'est une collectivité qui compte 30 000 habitants. C’est quatre fois plus que la moyenne nationale, et l’impact sur les populations autochtones est disproportionné.
Je pense que nous avons tous les chiffres. Je n’ai pas besoin de m’étendre sur le sujet. J’espère que chaque député lira le rapport du groupe d’experts sur la consommation de substances. J’espère que, la semaine prochaine, chaque député communiquera avec les dirigeants de sa collectivité, le médecin hygiéniste en chef, les services de police, les experts locaux et, surtout, avec les mères qui ont perdu un être cher. C’est un dossier que je défendrai.
Je parlerai maintenant de l’approvisionnement sécuritaire et des projets pilotes qui sont mis en œuvre. Ottawa a connu une hausse importante. Certains prétendent que les gens ne consomment pas vraiment les drogues provenant de leur approvisionnement sécuritaire, mais qu’ils se contentent de les revendre. L’ancien conseiller juridique de Stephen Harper, le professeur Ben Perrin, a déclaré: « Les participants au programme d’approvisionnement plus sécuritaire d’Ottawa ont réduit leur consommation de fentanyl illicite de 85 %. »
D’excellents résultats ont été observés à Parkdale Queen West. À London, M. Sereda a dirigé un programme très important. Nous savons que l’approvisionnement plus sûr réduit le risque de décès et de surdose, réduit la dépendance à un approvisionnement non réglementé de drogues, accroît l’accès aux services de santé et aux services sociaux, améliore le bien-être et la stabilité sociaux, réduit les visites à l’urgence et les hospitalisations, améliore la santé physique et mentale, et réduit les coûts des soins de santé. Il réduit également l’activité criminelle. Voilà les faits tirés de ces études. Cet approvisionnement encadré aide certainement les gens à reprendre leur vie en main.
Nous avons entendu des participants parler de ce qu’a signifié l’approvisionnement sûr pour eux. « Mon mode de vie s’est amélioré », « J'ai repris ma vie en mains », « Ma vie s’est améliorée considérablement », « Cette approche m’a sauvé la vie », « Je fonctionne maintenant de façon productive dans la société », « Ma vie s’améliore », « Cela libère du temps pour faire des choses plus constructives », « J'ai plus d’énergie et de confiance pour me concentrer sur mon art » et « Cela m’a ouvert une toute nouvelle perspective et un mode de vie positif ». La liste est longue.
Je sais que ce que nous faisons ne fonctionne pas. Nous voyons que le gouvernement adopte une approche très faible pour répondre à une crise sanitaire; le manque d’investissements et le manque d'empressement révèlent la stigmatisation sous-jacente. C’est la stigmatisation, avec l’approche ratée du gouvernement et son incapacité à mobiliser tous les partis à l'égard de cette crise.
Une chose que je comprends au sujet des conservateurs, c’est leur frustration. Les Canadiens sont frustrés par l’inaction du gouvernement face à cette crise. Toutefois, cela ne signifie pas que la réponse devrait être guidée par la désinformation. Cela ne veut pas dire que nous éliminons l’approvisionnement sûr comme outil pour maintenir les gens en vie, pour nous assurer que les gens sont en mesure d’obtenir l’aide dont ils ont besoin et pour trouver une voie vers le rétablissement et le traitement.
La motion d’aujourd’hui, qui vise à vider de sa substance le programme de réduction des méfaits et à mettre fin à l’approvisionnement sûr sans données probantes et scientifiques adéquates, n’a aucun sens. Elle va à l’encontre de ce que disent les policiers, les médecins hygiénistes en chef, les coroners, les mères, les experts, ceux que les conservateurs considèrent comme des militants et le Groupe d’experts sur la consommation de substances.
J’espère que ce dialogue, cette discussion, pourra s'améliorer. J’espère que nous pourrons nous mobiliser et trouver un terrain d’entente pour faire face à la crise qui nous occupe. Cela touche tout le monde ici.
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Madame la Présidente, je partagerai mon temps de parole avec la députée de .
Après huit ans de ce , rien ne va plus. La vie coûte plus cher. Les chèques de paie sont insuffisants, et le coût du logement a doublé. Le premier ministre divise les gens pour mieux les contrôler. Le pire, c’est la criminalité et le chaos, la drogue et le désordre qui font rage dans nos rues. Le summum est atteint avec la crise des surdoses d’opioïdes, qui a pris une ampleur considérable au cours des dernières années.
C’est un débat important que nous avons aujourd’hui. La crise de la dépendance aux opioïdes est réelle et elle coûte la vie à des Canadiens. On ne saurait sous-estimer la douleur inimaginable que vivent ceux qui souffrent d’une dépendance, ainsi que leur famille, leurs amis et leurs proches.
Je sais que beaucoup d’entre nous ici ont probablement assisté à trop d’enterrements, ce qui est mon cas, de personnes qui souffraient de toxicomanie à cause de cette crise. Bien souvent, lorsque nous parlons de personnes dépendantes ou de personnes qui luttent contre la dépendance, nous pensons aux personnes que nous voyons dans le centre-ville ou aux personnes qui sont en situation d'itinérance. C’est vrai, certaines d’entre elles le sont. Cependant, très souvent, il peut aussi s’agir de personnes que nous connaissons, des personnes auxquelles nous ne nous attendions pas, des membres de notre famille, des collègues, des amis ou des voisins, des personnes que nous ne nous attendions pas à voir dans cette situation, mais qui sont en crise et qui souffrent de dépendance.
Nous savons qu’il n’y a pas de solution simple. Le problème est très complexe, et de nombreux facteurs entrent en ligne de compte. Ce que nous pouvons constater, c’est que l’approche du gouvernement libéral ne fonctionne pas. Le plan libéral n’aide pas les personnes qui luttent pour surmonter leur dépendance et se rétablir complètement. En fait, les politiques libérales ont aggravé la situation.
Je voudrais lire un extrait du libellé de la motion d’aujourd’hui. Elle dit:
(i) le Canada vit une crise des opioïdes qui a tué plus de 35 000 personnes depuis 2016,
(ii) depuis 2017, le gouvernement fédéral a affecté plus de 800 millions de dollars à son infructueuse Stratégie canadienne sur les drogues et autres substances, dont 100 millions de dollars à des projets d’approvisionnement en drogues dures dans l’ensemble du Canada, et prévoit de dépenser une somme supplémentaire de 74 millions de dollars pour développer ces projets au cours des cinq prochaines années,
(iii) depuis que l’approvisionnement public en drogues s’est intensifié en 2020, les décès attribuables aux opioïdes n’ont fait qu’augmenter, selon l’Agence de la santé publique du Canada,
(iv) en 2020, un peu moins de 7 000 personnes sont mortes d’une surdose d’opioïdes, alors que 3 000 personnes seulement sont mortes d’une surdose en 2016, selon la Bibliothèque du Parlement,
(v) en Colombie‑Britannique seulement, les décès par surdose ont augmenté de 330 % entre 2015 et 2022,
(vi) dans l'Est de Vancouver, un journaliste de Global News a récemment pu se procurer, pour 30 $ et en 30 minutes seulement, 26 doses d’un dangereux opioïde hautement addictif distribué dans le cadre des programmes publics d’approvisionnement en drogues, lesquels inondent nos rues d’opioïdes bon marché,
la Chambre demande au gouvernement de renverser immédiatement ses politiques mortelles et de réaffecter à des programmes de lutte contre la toxicomanie, de traitement et de réadaptation tous les fonds publics attribués aux programmes d’approvisionnement en drogues dures.
Que feraient les conservateurs?
Les conservateurs considèrent que la toxicomanie est une maladie qu’il faut soigner comme telle. Un gouvernement conservateur mettra en place un système de soins axé sur le rétablissement afin d’aider les gens à s’en sortir. Cela inclut la prévention, l’intervention, le traitement et le rétablissement. Les conservateurs estiment qu’il faut aller à la rencontre des gens là où ils sont rendus dans leur parcours, mais qu’il faut arrêter de les abandonner par la suite. Il faut les aider à retrouver leur vie et leur famille, ainsi qu'à se rétablir complètement.
Le problème n’est pas seulement que le programme libéral est une expérience ratée, qui a été tentée dans d’autres villes du monde avec les mêmes résultats. Le plus inquiétant, c’est qu'à cause de leur programme, il y a plus de drogues dans les rues, ce qui fait baisser le prix des drogues et augmente les quantités disponibles. Autrement dit, le produit est devenu plus abordable.
Un médecin de Colombie‑Britannique a dit que, avant la mise en place du programme d’approvisionnement sûr, 8 mg d’hydromorphone se vendaient 10 $ dans le Downtown Eastside de Vancouver. Aujourd’hui, il dit que la même quantité se vend entre 50 ¢ et 1 $.
Transportons-nous maintenant à Toronto. Le Dr Vincent Lam, directeur médical de Coderix Addiction Therapy, dit que, selon ses patients, les comprimés de 8 mg de la même drogue, qu’on pouvait auparavant se procurer dans la rue pour 20 $, se vendent aujourd’hui entre 2 et 5 $, et parfois pour à peine 1 $.
Selon un médecin d’Ottawa, 24 mg d’hydromorphone, fort probablement fournis par les centres d'approvisionnement sûr de la ville, sont vendus dans la rue au prix de 2 $, alors qu’avant la mise en place du programme, ils coûtaient entre 20 et 30 $. Un représentant du Network of Drug Users de la région de Nanaimo a dit que le système ne fonctionne pas. Il estime que jusqu’à 80 % des drogues fournies dans le cadre du programme d’approvisionnement sûr à Nanaimo, en Colombie‑Britannique, sont actuellement détournées. Le système ne fonctionne carrément pas; c’est un échec.
Ce qui se passe, c’est que les toxicomanes revendent les drogues qui leur sont fournies par le gouvernement. Ils les revendent parce qu’ils ont besoin de drogues plus fortes. Celles qu’on leur donne ne sont pas assez puissantes. Ils les revendent à un prix tellement bas que les jeunes Canadiens, enfants et adolescents, peuvent en acheter à 1 ou 2 $ la dose. Autrement dit, on est en train de créer un engrenage dans lequel de plus en plus de Canadiens deviennent dépendants, alors que l’objectif devrait être de vaincre la dépendance.
Cette crise engendre des difficultés pour les Canadiens partout au pays, sans distinction d’origine ou de religion. J’ai parlé à de nombreux parents des communautés sud-asiatiques qui ont vu leurs enfants souffrir de ces dépendances et essayer de s'en sortir.
J’ai visité un gurdwara à Surrey dont le responsable m’a dit qu’il avait renvoyé chez eux des étudiants étrangers, et nous parlons ici de centaines dans tout le pays. Les autorités ont dû renvoyer leurs corps chez eux. Bon nombre de ces étudiants sont stressés. Ils subissent des pressions du fait de leur arrivée au Canada. Ils sont jeunes, ils sont différents et ils se sentent seuls. Ils subissent des pressions, notamment des pressions financières. Beaucoup d’entre eux sont devenus toxicomanes et ont fait des surdoses. Cette situation est devenue une pandémie et une grave crise au sein de la communauté.
Tout cela – la toxicomanie, la consommation et l’offre de drogues – a également mené à une augmentation des activités des gangs, ce qui a entraîné la mort d’un plus grand nombre de nos jeunes. Ils sont tués par les gangs. Le plan des conservateurs, fondé sur le gros bon sens, mettrait fin à l’utilisation de l’argent des contribuables pour financer la drogue et placerait les gens dans des programmes de traitement de la toxicomanie et de rétablissement. Les conservateurs ramèneront nos proches à la maison, libérés de l’emprise de la drogue.
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Madame la Présidente, huit ans après l’arrivée au pouvoir de l'actuel , rien ne semble plus aller. Le coût de la vie a augmenté, le travail ne paie pas et le coût du logement a doublé. Le premier ministre divise pour régner. Pire, la criminalité et le chaos, les drogues et le désordre font rage dans nos rues. Le summum est atteint avec la crise des surdoses d’opioïdes qui a pris une terrible ampleur au cours des dernières années.
Il s’agit d’un sujet très difficile, d’autant que nous remettons en question ce que beaucoup de gens pensaient savoir. La toxicomanie est un voleur de vie impitoyable. C’est une maladie abominable qui détruit des familles et des vies. C’est une maladie qui s’attaque à son hôte innocent de manière inimaginable. La toxicomanie fera dire et faire à la victime n’importe quoi à n’importe qui pour éliminer la douleur.
C’est sur cela que nous devons concentrer nos efforts, et c’est ce que fait notre motion de l’opposition aujourd’hui. Au lieu de mettre un emplâtre sur une jambe de bois, les conservateurs disent: traitons le traumatisme et détruisons le prédateur pour sauver l’hôte. Ils demandent aux libéraux de réaffecter l’argent des contribuables consacré à l’approvisionnement sécuritaire pour financer les traitements et la guérison et ramener nos proches à la maison. Ils veulent qu'il y ait de l'argent pour comprendre les raisons et pour financer la guérison. Ils veulent que les personnes qui souffrent de toxicomanie retrouvent leur vie, leur famille et leur corps.
Selon moi, la promotion de l’approvisionnement sûr est fait l'une des plus puissantes campagnes de marketing jamais réalisées. Soyons honnêtes. Les gens sont prêts à accepter n'importe quoi pour sauver la vie d'un proche atteint d’une maladie potentiellement mortelle. Ils ne posent pas de question. Ils retiennent seulement de ce qu'on leur dit que leur être cher pourra continuer de vivre et ils donnent leur consentement les yeux fermés. L’approvisionnement sûr est un mensonge qu'on a fait avaler à des tas de gens qui espéraient sauver leurs proches, mais en réalité, c'est une approche ne fait que les maintenir là où ils sont. Il permet à la toxicomanie de continuer de se nourrir de son hôte innocent. Honnêtement, c’est un sacré modèle d’affaires. Pourquoi ne pas faire en sorte que le client en redemande?
Il y a une grande différence entre le traitement par agonistes opioïdes et l’approvisionnement sûr, et il est essentiel que tous ceux et celles qui regardent sachent quelle est cette différence, car une fois qu’ils la connaîtront, ils comprendront, je crois, que le Parti conservateur est le seul à offrir une solution empreinte de compassion à la plus grande crise dont ait jamais souffert notre pays.
Les données probantes sont favorables aux traitements par agonistes opioïdes, qui se font avec des médicaments comme le suboxone, le sublocade et la méthadone. C’est différent de l’approvisionnement sûr en médicaments comme l’hydromorphone, qui est l’équivalent de l’héroïne.
Le TAO est un traitement axé sur le rétablissement qui s'attaque aux symptômes de sevrage atroces et parfois mortels que les personnes ayant une dépendance aux opioïdes ressentent lorsqu'elles cessent de consommer leurs drogues. Ces symptômes constituent un obstacle majeur à la guérison s'ils ne sont pas traités. Je recommande vivement à tout le monde de regarder Dopesick. C'est l'un des meilleurs outils éducatifs publics pour comprendre ce phénomène.
J'ai beaucoup d'amis qui ont vécu ou qui vivent une vie bien remplie après leur rétablissement grâce au TAO. Dans le cadre du TAO, les patients en rétablissement reçoivent des opioïdes de longue durée plus doux qui leur permettent d'éviter le sevrage sans ressentir d'euphorie, ce qui les aide à vivre sans dépendance aux stupéfiants. L'administration du TAO est étroitement contrôlée. Les patients doivent généralement se rendre chaque jour dans une clinique pour procéder à une consommation supervisée. La consommation à domicile est strictement contrôlée.
Contrairement au TAO, les médicaments fournis dans le cadre du programme d'approvisionnement sûr visent à reproduire les sensations fortes de la consommation de substances illicites, et non à gérer le sevrage. L'approvisionnement sûr n'aide pas les patients à faire la transition vers une vie sans drogues. En théorie, il vise à prévenir les surdoses et les décès jusqu'à ce que le patient soit prêt à commencer son rétablissement.
De nombreuses personnes qui n'approuvent pas nos solutions diront que c'est l'approvisionnement mortel de fentanyl dans les rues qui tue les gens, et elles ont tout à fait raison, mais comment pensent-elles que les toxicomanes obtiennent cette dose mortelle et toxique de fentanyl? Ils vendent la drogue qu'ils obtiennent dans le cadre du programme d'approvisionnement sûr financé par le gouvernement. Pourquoi la vendent-ils? C'est parce qu'ils ont besoin d'une dose plus forte. Jamais auparavant nous n'avons eu accès à des drogues aussi puissantes. On ne saurait trop insister sur la dépendance physiologique à ces drogues.
Il se trouve que l'hydromorphone n'est pas assez puissante pour faire planer les consommateurs de fentanyl et, pour cette raison, de nombreuses personnes ayant accès à un approvisionnement sûr en drogues vendent (« détournent ») tout simplement dans la rue l'hydromorphone que leur fournit le gouvernement, à des prix dérisoires, pour acheter plus de fentanyl de rue. Un approvisionnement sûr ne décourage pas la consommation de fentanyl illicite; il la subventionne.
C'est une citation directe d'Adam Zivo, du National Post.
Ils (les défenseurs de l'approvisionnement sûr) ont mené les études les plus rudimentaires qui soient. En fin de compte, ils ne comparent pas — c'est ce qui est contraire à l'éthique — les résultats de l'administration d'hydromorphone à ceux de l'administration de la méthadone, alors que c'est la norme […] Ce serait plus éthique.
C'est ce qu'a dit la Dre Lori Regenstreif.
[...] il est très fréquent que mes patients me disent connaître des gens qui ont vendu la plupart, voire la totalité de leurs ordonnances pour l'approvisionnement public de drogues toxicomanogènes. Malheureusement, cela veut dire que l'hydromorphone se retrouve ailleurs.
C'est là une citation du Dr Vincent Lam.
Comment prévenir les surdoses? Il faut investir dans la prévention, dans la naloxone et dans des programmes qui traitent les causes de la dépendance. Tant que les toxicomanes ne comprendront pas pourquoi ils consomment, ils ne se libéreront jamais de leur dépendance. Tant que les gens n'obtiendront pas le soutien dont ils ont besoin, ils seront coincés. Les conservateurs demandent à la Chambre d'exiger que les libéraux réaffectent à des programmes de traitement et de rétablissement les fonds destinés au programme d'approvisionnement sûr.
Le Canada vit une crise des opioïdes qui a tué plus de 35 000 personnes depuis 2016, et ce chiffre ne tient pas compte des dommages collatéraux que la dépendance laisse aux familles. Combien d’enfants sont traumatisés parce que leur parent est sous l’emprise de la dépendance ou a perdu un parent, une sœur, une mère, une fille, un frère, une tante à cause de la dépendance?
Depuis 2017, le gouvernement fédéral a consacré plus de 800 millions de dollars à son infructueuse Stratégie canadienne sur les drogues et autres substances, dont plus de 100 millions de dollars à des projets d’approvisionnement en drogues dures dans l’ensemble du Canada, et prévoit de dépenser la somme supplémentaire de 74 millions de dollars pour développer ces projets au cours des cinq prochaines années. Selon l’Agence de la santé publique du Canada, les décès attribuables aux opioïdes n’ont fait qu’augmenter depuis que l’approvisionnement public en drogues s’est intensifié en 2020. En 2021, plus de 8 000 personnes sont mortes d’une surdose d’opioïdes, comparativement à moins de 3 000 en 2016. Cela ne fonctionne pas.
Je ne peux tout simplement pas expliquer une maladie plus horrible que la dépendance. Il y a en ce moment même des parents qui attendent un appel téléphonique parce qu’ils ont eu un enfant brillant et extraordinaire qui s’est peut-être blessé et s’est vu prescrire des opioïdes ou qui a peut-être subi un traumatisme et s’est drogué pour échapper à la douleur. Ils attendent un appel téléphonique leur annonçant que leur enfant est mort. Imaginez que les libéraux s’engagent à consacrer 800 millions de dollars au traitement et à la guérison plutôt qu’aux drogues qui financent les trafiquants. Je sais que c’est difficile. Tant de gens se sont fait vendre une idée qui n’était pas la bonne. Une fois de plus, le gouvernement dépense de l’argent au mauvais endroit.
Pour sortir de la dépendance, il faut s’engager pleinement, et l’accès au traitement et au rétablissement doit être immédiat. Chaque seconde compte. Nous avons besoin de logements éloignés de la vie qui les ramènera au point où ils étaient, et nous devons investir dans la prévention. Des enfants mentalement sains et résilients deviennent des adultes mentalement sains et résilients. Traiter le problème par le problème n’est pas une solution. L’approvisionnement sûr tue nos enfants. Les données sont là, et les surdoses ont augmenté de 300 %.
Aujourd’hui, les conservateurs demandent à la Chambre d’exhorter le gouvernement à revenir immédiatement sur ses politiques meurtrières et à réorienter tous les fonds des programmes de drogues dures financés par les contribuables vers les programmes de traitement et de rétablissement des toxicomanies. Soyons des leaders et investissons dans le rétablissement et le traitement, et ramenons les enfants de tout le monde chez eux en toute sécurité.
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Madame la Présidente, je partagerai mon temps de parole avec le député de .
Je suis heureuse d'avoir l'occasion de prendre la parole aujourd'hui au sujet de la crise actuelle des surdoses de drogues. Mes pensées vont actuellement aux nombreuses personnes que nous avons perdues à London, beaucoup d'amis et de membres des familles, à cause de cette crise des surdoses, qui continue de ravager atrocement des personnes, des familles et des communautés partout au pays.
Comme députée de London-Ouest et ancienne conseillère municipale du centre-ville de London, j'ai eu l'occasion de voir de mes propres yeux le travail acharné et le dévouement dont les travailleurs de première ligne font montre pour sauver des vies et aider les résidents de London aux prises avec la toxicomanie à vaincre ce problème.
Je tiens à profiter de cette occasion pour les remercier, ainsi que la Middlesex-London Health Unit, le Regional HIV/AIDS, le London InterCommunity Health Centre et tous les bénévoles qui ont donné de leur temps pour aider les personnes les plus vulnérables à se guérir de cette maladie qui les a plongées dans des situations inimaginables.
Cette pandémie qui s'ajoute à l'autre touche des personnes de tous les horizons, de tous les âges, de tous les niveaux d'éducation et de tous les partis, y compris bon nombre de députés aujourd'hui. Nous ne pouvons plus dire que c’est un problème affectant des étrangers ou des personnes qui vivent loin de nous. La situation concerne nos enfants, nos amis, nos parents et nos voisins, et c'est pourquoi je n'insisterai jamais assez sur l'importance d'agir avec compassion et dans un esprit de collaboration pour mettre en place un train de mesures intégrées afin de réduire les méfaits des drogues et sauver des vies.
Depuis 2016, la Dre Andrea Sereda, du London InterCommunity Health Centre, dirige un programme d'approvisionnement sûr qui a permis de sauver d'innombrables vies. Dieu merci, elle est une médecin expérimentée. Nous ne nous basons pas sur des articles d'opinion ou des nouvelles en ligne, mais sur des études menées par des experts. Ce programme a reçu un financement fédéral en mars 2020.
Entre le 1er avril 2020 et le 31 mars 2021, les surdoses dans la région ont chuté, passant de 59 % à 23 %. De plus, 44 % des toxicomanes n'ont pas commis de crime pour payer leur drogue depuis qu'ils ont commencé à bénéficier du programme et un tiers d'entre eux ont cessé de consommer des drogues par intraveineuse. Ce n’est là qu'une petite partie des données montrant l'efficacité d'un approvisionnement sûr.
La prévention, la réduction des risques, le traitement et la répression constituent les quatre piliers internationalement reconnus de la politique en matière de drogues. Malheureusement, le Parti conservateur ne comprend pas l’importance du pilier de la réduction des risques, préférant ignorer les preuves tangibles et la recherche, et nous ramène à l’idéologie défaillante de la politique antidrogue de l’ère Harper, qui était coûteuse, inefficace et mortelle.
Les experts eux-mêmes nous disent, en particulier dans des collectivités comme London, en Ontario, où nous savons qu’un approvisionnement plus sûr fonctionne, que nous devons continuer à explorer toutes les possibilités pour résoudre cette crise persistante.
Notre gouvernement, quant à lui, s’est engagé à répondre à cette crise en adoptant une approche globale et fondée sur des données probantes. À ce jour, nous avons lancé bon nombre de mesures et d'investissements pour faire face à la crise des surdoses, notamment un accès accru à la naloxone, des options plus nombreuses pour le traitement par agonistes opioïdes, des sites de consommation supervisée, que nous avons dans la collectivité de London, en Ontario, et des programmes d’approvisionnement plus sûrs, dont l’importance, malheureusement, continue d’être niée par l’opposition.
Une partie intégrante de notre réponse consiste à faire en sorte que nous disposons des meilleures données issues de la recherche pour éclairer nos politiques et pratiques en matière de santé et, en fin de compte, conduire à de meilleurs résultats en matière de santé et de sécurité pour tous les Canadiens. C’est là qu’intervient l’incroyable travail des Instituts de recherche en santé du Canada.
Au cours des cinq dernières années, les Instituts de recherche en santé du Canada ont investi plus de 179 millions de dollars dans la recherche sur la consommation de substances, dont 75 millions de dollars dans la seule recherche sur la consommation d’opioïdes. Avec son aide, notre gouvernement soutient des initiatives de recherche prioritaires qui aident maintenant les décideurs et les fournisseurs de soins de santé à trouver des solutions efficaces pour faire face à la crise des surdoses.
Je voudrais commencer par mettre l’accent sur un réseau de recherche pancanadien axé sur la consommation de substances, l’Initiative canadienne de recherche sur l'abus de substances, qui relie des chercheurs, des prestataires de services, des décideurs et des personnes ayant une expérience vécue de la consommation de substances dans tout le Canada.
L’Initiative canadienne de recherche sur l'abus de substances se sert des méthodes d'intervention en toxicomanie fondées sur les données probantes afin d'adapter les approches dans le contexte de la pratique clinique, de la prévention communautaire, de la réduction des méfaits et du système de santé. Le regroupement est désormais reconnu comme un réseau essentiel qui répond aux besoins des décideurs en matière de stratégies ou de données probantes.
Grâce au soutien continu du gouvernement fédéral, l’Initiative est en mesure de réaliser des essais cliniques, d’élaborer des lignes directrices nationales pour le traitement, de promouvoir la mise en œuvre efficace d’interventions fondées sur des données probantes dans les milieux cliniques et communautaires, et de fournir des données probantes essentielles aux décideurs tels que nous-mêmes.
En juin 2022, le gouvernement a annoncé qu’il renouvellerait l’Initiative en lui accordant un investissement de 17 millions de dollars sur six ans, le but étant de renforcer et de tirer parti de la réussite de la première étape, notamment en faisant passer de quatre à cinq le nombre de nœuds régionaux pour améliorer la couverture géographique.
Le renouvellement comprend également 5 millions de dollars sur quatre ans pour permettre à l’Initiative de procéder à un essai national contrôlé sur la gestion des troubles liés à la consommation de méthamphétamine. Le savoir-faire spécialisé et les conseils dispensés par l’Initiative font partie intégrante de l’amélioration de la qualité des soins et de la qualité de vie des toxicomanes au Canada.
En dehors de cet investissement, en 2019, les Instituts de recherche en santé du Canada ont également investi 1,5 million de dollars pour l’évaluation des interventions mises en œuvre partout au Canada en réponse à la crise des opioïdes. Cela englobait notamment l’évaluation des sites de prévention des surdoses et les modèles médicaux d’accès rapide aux programmes de soins en matière de toxicomanie et de distribution de naloxone, ainsi que la recherche visant à évaluer les interventions non pharmacologiques pour la gestion de la douleur.
La recherche sur la crise des médicaments toxiques et des surdoses est devenue encore plus cruciale durant la pandémie de COVID‑19, qui a aggravé cette crise de manière catastrophique. Dans le cadre des mesures qu'il a prises pour lutter contre la pandémie, le gouvernement s’est engagé, par l’intermédiaire des Instituts de recherche en santé du Canada, à lancer un programme de financement en 2019 pour soutenir la recherche sur l’évaluation des méthodes de réduction des risques et lutter contre la crise des opioïdes dans le contexte de la COVID‑19. Nous savons que ce problème s'est aggravé depuis la pandémie.
Ce programme de financement a permis de consacrer 2,2 millions de dollars au soutien de cinq projets de recherche visant à évaluer la mise en œuvre et l’impact des interventions d’approvisionnement sûr et des lieux de consommation supervisée, répondant ainsi aux besoins pressants en données probantes des décideurs et des utilisateurs du savoir dans le secteur de la réduction des méfaits.
En outre, les Instituts de recherche en santé du Canada ont mobilisé l’Initiative canadienne de recherche sur l'abus de substances pour élaborer rapidement six documents d’orientation nationaux afin d’aider toxicomanes et de soutenir les décideurs et les fournisseurs de soins durant la pandémie de COVID‑19, dont un document d’orientation sur la télémédecine comme soutien dans les services d’aide en matière de toxicomanie. Nous donnons également la priorité à des changements politiques audacieux pour aider les personnes qui, sur leur parcours, consomment des drogues.
L'année dernière, notre gouvernement a annoncé une exemption limitée dans le temps à la Loi réglementant certaines drogues et autres substances pour la province de la Colombie-Britannique, autorisant ainsi la possession personnelle de petites quantités de certaines substances illégales. Grâce à cette exemption, nous pourrons réduire la stigmatisation, la peur et la honte qui empêchent les personnes qui consomment des drogues de parler de leur consommation, ou qui les amènent à consommer seules, et aider plus de personnes à accéder au soutien et au traitement qui peuvent leur sauver la vie.
Il convient d’observer que l'exemption comprend des exigences de suivi et d'évaluation. Outre les efforts menés par la Colombie-Britannique, notre gouvernement soutient une évaluation indépendante de cette exemption.
Ce projet d'évaluation quinquennal, dirigé par les responsables de l’Initiative canadienne de recherche sur l’abus de substances servira à étudier l’incidence de l'exemption et nous aidera à comprendre tous les effets que la décriminalisation aura eus en Colombie-Britannique, y compris les retombées sanitaires et socio-économiques. Ces données scientifiques seront essentielles pour la prise de décisions concernant la crise des surdoses.
Nous soutenons également la recherche au moyen de programmes dirigés par les Instituts de recherche en santé du Canada qui appuient des projets de recherche de calibre mondial présentés par des scientifiques d’universités et d’établissements de recherche de tout le pays.
En plus de soutenir l'application des données de recherche aux politiques et aux programmes existants pour les améliorer, nous appuierons également la recherche qui permettra de mieux former les travailleurs de la santé pour la prévention et le traitement de la toxicomanie.
Par exemple, les Instituts de recherche en santé du Canada financent actuellement un projet dirigé par les Dres Kathleen Leslie et Mary Bartram à l'Université Athabasca, qui fournira de meilleures informations sur les stratégies possibles et les priorités des intervenants afin d'élaborer une stratégie pancanadienne pour les travailleurs de la santé mentale et de la lutte contre la toxicomanie. Cette stratégie contribuera à la formation d'une main-d'œuvre qualifiée, fiable, diversifiée et sensible aux différences culturelles qui pourra fournir un accès équitable aux services de santé mentale et de lutte contre la toxicomanie à tous les Canadiens.
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Madame la Présidente, le premier ministre de l'époque n'a pas réussi.
Nous allons maintenant nous pencher sur le . J'ai déjà dit par le passé que son parti était plus à droite. Il est à peu près le plus à l’extrême droite qu'on peut l'être, si on écoute certaines des choses que les conservateurs disent. Hier seulement, ils étaient accusés de déformer les faits. Une fois de plus, nous voyons les autres partis de l'opposition et le gouvernement corriger les conservateurs.
Une question précédente posée à mon collègue laissait entendre que nous politisions la question. Est-ce vraiment le cas? Les députés devraient lire la motion et écouter certains des discours. Plusieurs conservateurs ont pris la parole et pour dire quoi? Ils suivent l'exemple de leur chef. J'ai imprimé ce que leur chef a dit. Voici comment il a commencé son intervention en proposant la motion. Il a déclaré: « Après huit ans sous la direction du premier ministre, rien ne va plus. La vie coûte plus cher. Les chèques de paie sont insuffisants. Le prix des habitations a doublé. Le premier ministre divise la population pour mieux la contrôler ». D'autres députés ont pris la parole pour dire la même chose. Ils suivent le comme des moutons et soutiennent tout ce qu’il dit. Les faits ne veulent rien dire pour eux.
Une voix: C'est faux.
M. Kevin Lamoureux: Oui, c’est vrai, madame la Présidente.
Au bout du compte, nous devons reconnaître l’impact de ces mesures dans nos collectivités. Même sans le gouvernement provincial, le gouvernement fédéral a travaillé en collaboration avec l'organisme Sunshine House, au Manitoba, afin que nous ayons pour la ville de Winnipeg une unité mobile de prévention des surdoses. Je pourrais parler de secteurs dans Winnipeg-Nord, comme Point Douglas et d’autres encore, où il y a un réel besoin compte tenu de l'impact que cela a sur de vraies personnes. Les conservateurs veulent tout jeter à la poubelle, même s’ils savent parfaitement que ces mesures permettent de sauver des vies. Ils essaient d’y rattacher d’autres choses pour simplifier les choses d’une manière et les compliquer d’une autre, pour leurs slogans. C’est tout ce qui compte pour eux.
Les citations suivantes de Ben Perrin sont intéressantes. Il y a peut-être de nombreux députés conservateurs qui ne savent pas qui est Ben Perrin. Il suffit d’interroger Google pour savoir que c’était un des conseillers principaux en politiques au Cabinet du premier ministre lorsque Stephen Harper était premier ministre. Il s’occupait de questions comme la sécurité publique, l’immigration et la justice. C’était le principal conseiller de Stephen Harper.
Voici ce que Ben Perrin a à dire au sujet des conservateurs: « [Ils] répètent des clichés des conservateurs sur la guerre contre la drogue qui sont discrédités depuis longtemps et qui, en plus d'être oiseux, ont eu des conséquences coûteuses et mortelles ». Il a également déclaré: « Rien n’indique qu'un approvisionnement sûr de médicaments sur ordonnance contribue aux décès liés aux drogues illicites. »
Les députés sauront apprécier la citation suivante de Ben Perrin, tirée du Hill Times:
[...] aucune personnalité publique ne devrait se servir de la véritable misère humaine comme toile de fond pour vendre sa salade politique. S'il tenait à le faire, son approche aurait été beaucoup plus efficace s'il avait passé la nuit dans le village de tentes à parler aux gens qui y vivent. De cette façon, il aurait pu leur dire comment il améliorerait leur vie et peut-être mieux comprendre leurs problèmes. Les utiliser comme des accessoires pour vendre ses solutions miracles est une honte.
Ces propos viennent de Ben Perrin, un conseiller politique important sous Stephen Harper.
Nous avons, par exemple, la Cour suprême du Canada et même des conservateurs et des conseillers de haut rang, de vraies personnes. Nous avons les organismes d’application de la loi. Nous avons d'autres ordres de gouvernement, comme la province de la Colombie‑Britannique. Les conservateurs comprennent-ils tout ce qui a été mis en place pour faire de ces centres de consommation une réalité? Il ne suffit pas que le gouvernement fédéral dise qu’il va s’en ouvrir un à tel et tel endroit. Beaucoup d'efforts sont déployés pour ces centres, qui existent à différents endroits au Canada.
Soyons clairs: comme je l’ai mentionné au début de mon intervention, dans plus de 45 000 cas, alors que la personne était littéralement mourante, il a été possible d’inverser les effets d'une surdose. Ces personnes ayant reçu les soins médicaux nécessaires, il a été possible de les sauver. Ce sont des milliers de vies qui ont été sauvées, et les conservateurs veulent supprimer ces centres. C’est ce qu’ils disent aujourd’hui, et ils disent ensuite vouloir investir dans d’autres choses dans lesquelles le gouvernement investit déjà. Le gouvernement du Canada travaille en collaboration avec les provinces, les municipalités et d’autres intervenants pour qu’il y ait, dans toute la mesure du possible, une approche coordonnée permettant de régler ces très graves problèmes.
J’aurais aimé avoir le temps de parler des conséquences, que ce soit pour le toxicomane, les membres de sa famille, les collectivités ou les nombreux différents systèmes. Il s’agit bien d’un problème de santé, et il doit être traité comme tel. Les gens ont besoin d'être soutenus, et le gouvernement, avec la collaboration d'au moins certains partis de l’opposition, pourra continuer d’avancer dans cette direction.
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Madame la Présidente, je partagerai mon temps de parole avec le député de . Aujourd’hui, je me présente devant les députés pour leur faire part de mes profondes inquiétudes au sujet de la crise de la santé mentale et de la toxicomanie au Canada.
Après huit ans de règne du premier ministre, rien ne va plus. La vie coûte plus cher. Le travail est mal rémunéré. Le coût du logement a doublé. Le premier ministre divise pour mieux contrôler le peuple. Le pire, c’est la criminalité et le chaos, la drogue et le désordre qui font rage dans nos rues. Le summum est atteint avec la crise des surdoses d’opioïdes, qui a pris une ampleur considérable au cours des dernières années.
De nombreux Canadiens continuent d’être traumatisés par le gouvernement libéral et ses politiques ratées. En conséquence, nous sommes confrontés à une crise de la santé mentale et de la toxicomanie. Les Canadiens qui luttent contre la toxicomanie méritent de la compassion, l’accès à des traitements appropriés et un plan de rétablissement.
La toxicomanie est un problème de santé publique et les lois canadiennes sur les drogues doivent cibler les individus qui profitent des Canadiens aux prises avec la toxicomanie, plus particulièrement ceux qui se livrent au trafic et à la vente de drogues illégales. Mes collègues conservateurs et moi-même nous opposons à la suppression des mesures de dissuasion pour ceux qui profitent des Canadiens qui luttent contre la dépendance.
L’élargissement de l’accès au traitement et aux programmes de rétablissement devrait être une priorité en matière de soins de santé afin d’aider les toxicomanes. Alors que les libéraux continuent de défendre leur propre point de vue, il n’existe même pas de véritable définition de l’expression « approvisionnement sûr ». En quoi les drogues dangereuses et toxiques sont-ils sûres?
L'approvisionnement sûr continue de détruire des vies. Il a conduit à plus de dépendance, plus de morts et plus de désespoir. Nous pensons qu'il faut arrêter de financer les drogues dures avec l'argent des contribuables, et plutôt financer le traitement et la guérison, et ramener à la maison nos concitoyens libérés de l’emprise des drogues.
Les politiques libérales d'approvisionnement sûr ne font rien pour aider les gens à se rétablir. Au contraire, les gens sont piégés dans un cycle de dépendance. En mars 2020, la Société médicale canadienne sur l’addiction a publié un article dans lequel elle s’est demandé si tous les cas d’approvisionnement sûr sont réellement sûrs. La coalition libérale—néo-démocrate a abandonné les Canadiens qui luttent contre la toxicomanie et les a, pour ainsi dire, placés directement en soins palliatifs.
Le coût sociétal élevé de cette expérience en Colombie-Britannique transparaît. La a parlé, dans cette enceinte, du suivi d'indicateurs appropriés sans préciser lesquels. Je ne suis pas sûre de savoir quels sont ces indicateurs car, selon l'Agence de santé publique du Canada, depuis que l'approvisionnement en drogues financé par les impôts s’est intensifié en 2020, le nombre de décès dus aux opioïdes n'a fait qu'augmenter.
En 2021, plus de 8 000 personnes sont mortes de surdoses d'opioïdes, contre moins de 3 000 en 2016. En Colombie-Britannique seulement, le nombre annuel de décès par surdose a augmenté de 330 % entre 2015 et 2023.
En outre, un peu avant le septième anniversaire de la déclaration de l'état d’urgence sanitaire en Colombie-Britannique, les services de santé d'urgence de la province ont publié de sombres statistiques le mois dernier. En mars, il y a deux mois, la Colombie-Britannique a établi des records pour le plus grand nombre d'appels reçus en une journée liés à une surdose, la moyenne la plus élevée d'appels pour surdose sur 30 jours et le plus grand nombre de jours consécutifs au cours desquels les ambulanciers paramédicaux sont intervenus pour 100 empoisonnements ou plus. Nos premiers intervenants sont surchargés et épuisés.
Voilà ce qui arrive avec la décriminalisation des drogues et le soi-disant approvisionnement sûr. La Colombie-Britannique est apparemment en passe d'établir un nouveau record d'appels pour empoisonnement en un an et d'égaler son record annuel pour le plus grand nombre de doses de naloxone administrées pour inverser les effets des opioïdes. Tels sont les faits.
Récemment, un journaliste de Global News à Vancouver Est a pu acheter 26 doses pour 30 dollars, en seulement 30 minutes, d'un opioïde dangereux et très addictif qui est distribué dans le cadre de programmes d'approvisionnement en drogues financés par les impôts. Ces programmes inondent nos rues d'opioïdes bon marché.
Un nouveau marché noir a été créé, ce qui perpétue le cycle de la dépendance. Selon certains médecins, cette situation entraînerait même une augmentation du nombre de nouvelles dépendances, en particulier chez les jeunes et les personnes qui se rétablissent d'une dépendance. Tels sont les faits.
Tels sont les résultats des politiques libérales en matière de drogues. Elles causent chaque jour plus de décès. Nos rues sont moins sûres et des gens meurent. L'autre jour, ici à la Chambre des communes, j'ai été consternée par les cris et les applaudissements des députés libéraux et néo-démocrates lorsque j'ai mentionné les terribles effets de la consommation de drogues en plein air dans les parcs et les terrains de jeux, qu'ils soutiennent. J'ai dû recommencer ma question trois fois à cause de ces perturbations. Ces politiques nuisent à la sécurité des enfants, parce que les gens se droguent et laissent des seringues et d'autres accessoires de drogue sur les terrains de jeu.
La consommation de drogues en plein air dans les parcs et les terrains de jeux où jouent les enfants est inacceptable, et il est évident que le gouvernement libéral fédéral ne prend pas la sécurité publique au sérieux.
De ce côté-ci de la Chambre, nous prenons cette question très au sérieux. Nous reconnaissons la nécessité d’aborder ces questions avec compassion. C’est pourquoi nous continuerons à plaider pour l’arrêt de l’afflux de drogues dangereuses dans nos rues et pour le rétablissement, le traitement et la réadaptation.
C’est en partie ce que cherchait à faire mon projet de loi d’initiative parlementaire, le projet de loi , qui vise à mettre fin aux portes tournantes. Il visait à créer un cadre sensé permettant à la commissaire du Service correctionnel du Canada de désigner la totalité ou une partie d’un établissement correctionnel fédéral comme centre de traitement des toxicomanies. Si les personnes répondent à certains paramètres au moment de la détermination de la peine, un juge pourrait leur offrir le choix de participer à une évaluation de leur santé mentale et à un traitement de la toxicomanie à l’intérieur d’un pénitencier fédéral pendant qu’ils purgent leur peine.
Le projet de loi s’inscrivait dans le droit fil du soutien apporté par la Chambre des communes au projet de loi lors de la législature précédente, qui visait à établir un cadre fédéral de réduction de la récidive, la guérison étant le meilleur moyen de réduire la récidive au Canada.
J’ai reçu beaucoup de commentaires positifs sur ce projet de loi partout au pays, de la part de groupes de gens d’affaires, de personnes travaillant dans le domaine de la justice pénale et de personnes travaillant dans le domaine du rétablissement, comme le fondateur de Freedom’s Door. J’ai également reçu le soutien unanime de la ville de Kelowna par le biais d’une résolution.
Cette mesure législative sensée a été rejetée par les députés libéraux et néo-démocrates. Ils ne se concentrent pas sur le rétablissement et le traitement et se contentent du statu quo.
Après huit années d’incompétence libérale, les Canadiens souffrent. Dans ma circonscription, j’entends constamment des parents qui veulent que leur enfant bénéficie d’un soutien et d’une réadaptation. Il est navrant de constater que le gouvernement a abandonné certains des membres les plus vulnérables de notre société et les a plongés directement dans ce que l’on pourrait considérer comme une dépendance perpétuelle et des soins palliatifs.
En Colombie-Britannique, il est incroyable, étant donné que la consommation de drogues est maintenant répandue et présente dans nos collectivités, que nous devions même parler de l’interdiction de la consommation de drogues sur les terrains de jeux et dans les parcs. Ces politiques de décriminalisation des drogues ont eu des répercussions sur les quartiers de la Colombie-Britannique, comme le montre cette expérience de décriminalisation des drogues qui dure depuis trois ans.
Les administrations municipales de toute la Colombie-Britannique ont été contraintes de se pencher sur la façon d'accroître la sûreté de leurs collectivités pour leurs citoyens, en particulier dans les parcs et les terrains de jeux. Kamloops, Kelowna, Sicamous, Campbell River, Nanaimo, Maple Ridge et Prince George sont au nombre des municipalités qui ont déjà appliqué des règlements, qui envisagent de le faire ou qui ont plaidé leur cause auprès du gouvernement provincial, et il y en a peut-être d’autres.
Cependant, ce n’est pas seulement sur le plan humain que les libéraux refusent de faire preuve de compassion. Le refuse de s’opposer aux sociétés pharmaceutiques cupides qui ont cyniquement commercialisé des drogues toxicomanogènes sous forme d’analgésiques. C’est pourquoi l’opposition officielle s’est engagée à rendre justice aux victimes de la toxicomanie.
Notre chef conservateur a annoncé il y a plusieurs mois qu’il s’engageait à lancer une vaste action en justice fédérale contre les grandes sociétés pharmaceutiques et leurs consultants, et à se joindre à l’action en justice en cours de la Colombie-Britannique pour couvrir les coûts de l’épidémie pour la sécurité de nos frontières, les tribunaux, le système de justice pénale, les programmes autochtones, la perte de recettes fiscales fédérales et l’expansion massive des programmes de traitement. L’objectif est que l’argent récupéré grâce à cette importante action en justice serve à financer des programmes de traitement et de rétablissement pour les personnes qui luttent contre la toxicomanie. C’est la grande industrie pharmaceutique qui est à l’origine de l’approvisionnement sûr.
Les conservateurs s’attachent à transformer la douleur en espoir en présentant des solutions sensées pour lutter contre la crise de la toxicomanie à laquelle sont confrontées nos collectivités et contre le syndrome de la porte tournante dans notre système judiciaire. Alors que le groupe libéral-néo-démocrate a tourné le dos aux plus vulnérables de la société, les conservateurs continueront à militer en faveur du soutien, de la compassion et de la réadaptation afin que nous puissions ramener les membres de nos familles sur le chemin de la sobriété et lutter contre cette horrible crise de la toxicomanie, que les libéraux ont alimentée par leurs politiques ratées.
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Madame la Présidente, je dois respirer profondément et me calmer un peu. Ce débat est une véritable poudrière. Cette question suscite de grandes émotions de tous les côtés de la Chambre.
Notre collègue du Bloc, la députée de , en a parlé avec passion. Notre collègue de la Saskatchewan en a parlé avec passion. Ma collègue de en a parlé avec passion. Nous connaissons tous quelqu’un, peut-être très proche de nous, qui a été touché par ce problème.
Cependant, il est très clair que ce qui se passe aujourd’hui ne fonctionne pas. C’est un échec. Après huit années d’essais et d’erreurs, les faits montrent que le gouvernement a démoli le système, ce qui ne devrait pas nous surprendre. Tout ce que le touche se brise. Ce qu’il fait, c’est diviser les Canadiens. Pourquoi divise-t-il les Canadiens sur des questions telles que les vaccins, la crise des opioïdes ou d’autres sujets? Parce que si nous nous battons entre nous, nous ne nous concentrons pas sur ses bévues. Il se contente d’esquiver et de détourner l’attention.
Voici les faits. Depuis 2016, plus de 35 000 Canadiens ont perdu la vie à cause de la crise des opioïdes. Dans une crise d’une ampleur incompréhensible, le nombre de décès attribuables à des surdoses de drogues illicites a augmenté de 300 % dans ma province, la Colombie-Britannique, au cours des trois premiers mois de 2023. Cela représente 596 vies perdues en seulement trois mois de cette année. Ce sont 596 fils, filles, mères, pères, sœurs et frères. Leurs rêves et leurs espoirs sont perdus. En tant que parlementaires, nous les avons laissé tomber. Les Canadiens souffrent, les Canadiens meurent, et nous n’avons rien fait.
Quel est le véritable problème dont nous parlons aujourd’hui? C’est la crise des opioïdes, la crise du fentanyl. Cette drogue semble traverser nos frontières et nous sommes impuissants à l’arrêter. J’ai pris la parole à la Chambre tant de fois au cours des sept dernières années et demie pour parler de la crise des opioïdes, crise qui, au moins de ce côté-ci de la Chambre, nous pouvons convenir, est d’ampleur nationale, mais le gouvernement ne parvient pas à la déclarer comme telle.
Pourquoi sommes-nous tellement en colère et exaspérés? Parce que les libéraux aiment faire des amalgames. Nous parlons de l’approvisionnement sécuritaire. De quoi parlent-ils? Des centres de consommation supervisée. C’est tellement frustrant.
Les libéraux ont fait des promesses au sujet de la santé mentale avant d’être élus en 2021. Ils allaient promettre 4,6 milliards de dollars en transfert en matière de santé mentale aux provinces pour les aider à lutter contre la maladie mentale et la toxicomanie. Que se passe-t-il quand ils arrivent au gouvernement? Ils reviennent sur leur engagement et repensent leur promesse. Cela a des conséquences pour de vraies personnes.
Dans une période de grande incertitude économique, le dépense des centaines de millions de dollars pour distribuer gratuitement de la drogue.
Depuis 2017, le gouvernement fédéral a consacré plus de 800 millions de dollars à sa Stratégie canadienne sur les drogues et autres substances, qui est un échec, dont 100 millions en financement de projets d’approvisionnement en drogues dures dans tout le Canada, plus 74 millions pour développer ces projets sur les cinq prochaines années. C’est près de 1 milliard de dollars dépensés sur ce projet pilote.
Cependant, qu’a donné cet accent mis sur l’approvisionnement sécuritaire? On compte dans notre pays 20 décès par jour attribuables aux opioïdes, soit une augmentation de 173 % par rapport au début de la crise des opioïdes en 2016. Où est l’investissement dans la désintoxication?
La fait purement et simplement peser ce fardeau financier sur les provinces et les territoires. Elle a déclaré aujourd’hui dans son intervention que le gouvernement espère que les provinces pourront soutenir la désintoxication et créer les lits nécessaires. Il espère.
Il n’y a pas de nouveaux centres de traitement ou de nouveaux lits. Pendant qu’un toxicomane attend jusqu’à une année ou plus, il peut aller à un distributeur automatique se procurer les drogues qu’il veut. Parlons de ces distributeurs un instant. Pendant le débat sur les armes à feu, les libéraux ont voulu faire croire aux députés qu’à cause des lois et politiques irresponsables des conservateurs sur ces armes, les gens pouvaient aller à un distributeur automatique se procurer des armes à feu et des munitions. Tout simplement. C’est exactement ce que le raconte aux Canadiens et au reste du monde.
En fait, les libéraux ont créé un système où des kiosques portatifs vendent dans la rue, dans ma province, du crack, de la cocaïne et d’autres drogues. Santé Canada a approuvé une organisation qui produit et distribue de la cocaïne. C’est vrai. Non seulement cela, mais des distributeurs automatiques sont installés dans toute ma province et des gens qui sont aux prises avec des problèmes de toxicomanie peuvent s’y rendre, glisser leurs pièces dans une fente et obtenir des drogues. Cependant, les drogues qu'ils en obtiennent ne sont plus assez fortes pour eux. Alors, ils enlèvent les étiquettes et ils les revendent pour pouvoir s’acheter la drogue plus dure dont ils ont envie, le fentanyl.
Le fentanyl est de 50 à 100 fois plus fort que la morphine. Une dose de la taille d’un grain de sable peut tuer 1 000 personnes. Il envahit nos rues et tue nos fils, nos filles, nos pères et nos mères, et nous ne faisons rien. Pourquoi sommes-nous exaspérés? Des députés du Bloc québécois ont parlé d’une approche dogmatique et fait des commentaires de ce genre. Il s’agit pour moi d’une question non partisane, mais je suis exaspéré quand tout ce que nous faisons, c’est prendre la parole pour nous vider le cœur. Nous voulons faire mieux pour les Canadiens.
J’ai parlé maintes fois à la Chambre de notre bilan en matière de santé mentale et de toxicomanie. Quel bilan les députés veulent-ils laisser quand ils quitteront la Chambre? Je sais que je veux qu’on dise que chaque jour, j’ai contribué à changer les choses en ce qui concerne la santé mentale et le bien-être des Canadiens et que j’ai utilisé mon temps ici de manière à ce que nous puissions sauver des vies. Je crois qu’il est toujours possible d’espérer, qu’il est possible de guérir. Je ne crois pas à la solution qui consiste à baisser les bras et à se contenter de donner une autre drogue à quelqu’un. Les libéraux disent qu’après tout, ils les gardent en vie. En fait, ils entretiennent leur dépendance.
Mon frère a pris deux balles de fusil de chasse en juin 2021. On penserait que cela lui aurait remis les idées en place, mais la toxicomanie est tellement forte. Deux jours plus tard, il était de nouveau dans la rue. Mon beau-frère est mort d’une surdose. Un joueur que j’ai entraîné, Chad Staley, des Prince George Spruce Kings, s’est fait casser une dent pendant un match de hockey. Un des joueurs de son équipe pensait lui donner de l’oxycodone pour l’aider avec la douleur. Chad était chez lui en famille, il a pris ce comprimé et, une heure plus tard, il était mort.
C’est pourquoi nous sommes en colère. Nous ne faisons rien.
Nous redonnerons espoir à ces familles. Nous ramènerons nos familles sur le chemin de la sobriété, en sécurité et en bonne santé.
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Madame la Présidente, je vais partager mon temps de parole avec le député de Richmond-Centre.
Je suis heureux de prendre de nouveau la parole à la Chambre au sujet de la crise des opioïdes au Canada, un problème qui me tient à cœur depuis longtemps, à la fois comme médecin de santé publique dans le Nord et comme ancien médecin hygiéniste en chef du Yukon. Je suis toujours heureux de pouvoir parler de ce problème au Parlement. Je salue donc les efforts de l'opposition officielle, même si je ne peux pas souscrire à ce que dit la motion dont nous sommes saisis. Elle ne tient pas du tout compte des recommandations qui ont été faites par des professionnels de la santé et des services sociaux et par des dirigeants des forces de l'ordre, ni des pratiques exemplaires nationales et internationales.
Je sais à quel point le chef de l'opposition a été occupé dernièrement, et il n'a peut-être pas trouvé de temps dans son horaire pour passer en revue les plus récentes données sur les pratiques exemplaires qui sont en place pour répondre à la crise des opioïdes. Nous savons qu'il a eu de la difficulté à organiser son horaire dernièrement, mais je suis heureux de pouvoir prendre le temps de lui donner un peu plus d'information sur le sujet à l'étude.
Commençons par le début de cette motion. Oui, au Canada, nous sommes au cœur d’une crise dévastatrice de consommation de drogues toxiques qui touche particulièrement mon territoire, le Yukon. Là-bas, nous sommes aux prises avec le taux le plus élevé de décès liés aux drogues toxiques par habitant au Canada. Si la perte d’une vie est vivement ressentie dans les petites collectivités éloignées, lorsque ce n’est pas seulement une personne, mais parfois deux ou plus qui succombent en même temps, toute la collectivité est frappée d’une manière difficile à décrire. Le coroner en chef du Yukon a signalé 25 décès l’an dernier attribués à des drogues toxiques. Dans environ les deux tiers de ces cas, la personne appartenait aux Premières Nations, qui sont donc largement surreprésentées dans ces chiffres tragiques. Le gouvernement a bien présenté une stratégie de lutte contre la consommation de drogue et la toxicomanie en 2017 et nous y avons consacré des sommes considérables, notamment dans la réduction des risques, qui était exclue de la stratégie antidrogue du gouvernement conservateur qui nous a précédés et au sein duquel le député a été ministre.
L’approche adoptée par le gouvernement actuel face à la crise est beaucoup plus complète et multiforme que la simple distribution de médicaments légaux. L’approche a consisté à soutenir tous les piliers de la lutte: la prévention, la réduction des risques, y compris l’approvisionnement sûr, les traitements et l’application de la loi. Une telle approche à plusieurs volets est bien plus efficace pour sauver des vies que le simple fait d’enfermer les gens. Les traitements sont un élément important de la solution, mais ils n’en constituent pas la totalité.
En plus de comporter un volet de réduction des méfaits, ce qui comprend l'accès à des drogues sûres, une approche globale met aussi l'accent sur l'information, la réduction des préjugés et l'accès à des traitements tels que la naloxone, qui sauvent des vies. Elle a aussi des liens avec des programmes de traitement et de prévention adaptés à la culture dans lesquels investissent divers ministères. À titre d'exemple, on travaille avec la sécurité publique afin que les services frontaliers et les forces de l'ordre puissent détecter et identifier les drogues toxiques illégales avant qu'elles arrivent dans nos rues. Est-ce suffisant? Non, ce n'est clairement pas suffisant, puisqu'il y a encore 20 Canadiens qui meurent, chaque jour, à cause d'une surdose de drogues toxiques.
Je tiens à être clair. Des Canadiens meurent à cause d'un marché inondé de drogues illégales. Ce n'est pas l'approvisionnement en drogues sûres qui cause des décès. L'accès à des drogues sûres fait partie d'un traitement qui sauve des vies. D'après les données obtenues auprès des coroners de la Colombie Britannique et de l'Ontario, il n'existe aucun lien entre l'hydromorphone prescrite et les décès par surdose. Le lien dont parle le chef de l'opposition semble n'être qu'une simple hypothèse de sa part; nous connaissons d'ailleurs sa tendance à faire des hypothèses.
L’approvisionnement sûr, qui est l’une des nombreuses mesures prises contre la crise, incite les personnes qui consomment des drogues à ne pas s'approvisionner dans la rue, à des sources non réglementées, ce qui réduit le risque de surdose. Quels sont les autres avantages? Selon une étude récente, les avantages sont nombreux: une meilleure maîtrise de la consommation de drogues par la personne concernée, qui peut bien mesurer la dose, éviter les symptômes de sevrage et gérer la douleur; une réduction des coûts des services de santé; une participation et une persévérance accrues dans les programmes de services de santé et de logement; une amélioration de la santé physique et mentale; une diminution des visites aux urgences et des hospitalisations; une réduction des infections et des complications; une amélioration du bien-être social; une diminution des coûts des services de santé. Tout cela fonctionne, mais nous devons intensifier les efforts, ainsi que tous les autres piliers, pour faire face à l’ampleur de l’épidémie.
Au cours du présent débat et d’autres débats, l'urgence de la prévention n’a pas été suffisamment prise en compte. Qu’est-ce que cela signifie? C'est qu’il faut donner aux enfants, aux adolescents et à nos concitoyens les moyens d’éviter les comportements dangereux, à risque qui créent des dépendances, non pas en disant non aux drogues, mais en permettant aux jeunes de commencer leur vie par des services de garde d’enfants et un soutien parental de qualité; en offrant à tous des possibilités d’activités physiques et de loisirs organisés tout au long de la vie; en favorisant les liens culturels et le soutien mental dans toutes les périodes de transition de la vie. Dans cette optique, les sommes consacrées par le gouvernement actuel à la qualité de l’éducation préscolaire et des services de garde d’enfants ont la capacité de transformer les choses. Combinées à d'autres volets de la prévention, ces sommes auront une incidence durable.
Quelques mots à présent sur la décriminalisation. L’année dernière, j’ai appuyé fièrement le projet de loi du député de , qui prévoyait la décriminalisation ainsi qu'une stratégie nationale sur l'usage de substances. Ce projet de loi n’a pas été adopté, mais j'adhère encore à l'esprit qui le sous-tendait.
L'autre jour, le chef de l'opposition a parlé très favorablement du modèle portugais, et il a tout à fait raison. Le nombre de décès liés à la drogue au Portugal est inférieur à la moyenne de l'Union européenne depuis 2001, et il y a de nombreux autres indicateurs de réussite. Il s'agit d'un modèle, mais son succès repose sur la décriminalisation de la simple possession de drogues, l'accès non obligatoire au traitement et la réduction des méfaits.
Je me demande si le chef de l'opposition approuve, par son penchant pour le modèle portugais, ses principes fondamentaux de décriminalisation de la possession personnelle et de la consommation de substances; de réduction des méfaits, y compris la substitution des opioïdes; et d'échange de seringues. Je pense que la réponse est non. La décriminalisation est un autre de ces concepts que les membres de l'opposition veulent instrumentaliser et utiliser pour faire croire que les partisans de la décriminalisation veulent laisser les criminels se déchaîner, mais ce raisonnement simpliste est erroné.
Au début des années 2000, le Portugal s'est engagé dans la voie de la décriminalisation. Au Portugal, les drogues illégales sont toujours confisquées et leur possession entraîne toujours des sanctions telles que des amendes, des travaux communautaires ou une intervention recommandée, mais les sanctions pour simple possession ne relèvent plus du système de justice pénale et sont confiées à des groupes d'experts au niveau du district, qui déterminent la meilleure voie à suivre pour les personnes concernées. Outre le Portugal, 30 pays dans le monde ont adopté certains aspects de la décriminalisation, dont l'Australie et le Chili.
Les experts en santé publique demandent depuis longtemps un changement fondamental de notre approche de la justice pénale. L’Association canadienne des chefs de police a noté en 2020 que, selon les données provenant du monde entier, des approches de déjudiciarisation et de recours aux services de santé, dont l’efficacité a été prouvée, pourraient améliorer notre approche actuelle de la consommation de drogues axée sur la justice pénale.
Je me demande si l’Association canadienne des chefs de police fait partie des auteurs de théories utopiques ou des promoteurs de l’industrie de la misère dont parle le chef de l’opposition. Je crois que les parents, les enfants et les premiers intervenants qui ont vu des êtres chers et des patients mourir à cause des drogues toxiques pourraient avoir une autre opinion.
Je sais qu’il y a des Canadiens conservateurs qui comprennent. Par exemple, je renvoie mes collègues à la vérification des faits que Ben Perrin a effectuée sur la motion du chef de l’opposition ce matin. M. Perrin est avocat et professeur de droit à l’Université de la Colombie-Britannique. Il a été conseiller de l’ancien premier ministre Harper sur les questions de justice. Au cours des dernières années, il a beaucoup écrit sur les raisons pour lesquelles sa position relativement à la décriminalisation a changé et sur le parcours qu'il a suivi. Dans un article publié en 2022 par le Calgary Herald, M. Perrin souligne qu’aucune donnée ne vient étayer les politiques de guerre contre la drogue de Jason Kenney et du chef de l’opposition. Selon lui, la croisade idéologique de ces hommes est cruelle, coûteuse, inefficace et mortelle.
Dans un système de décriminalisation, les personnes qui consomment de la drogue peuvent obtenir de l’aide, et l'approvisionnement sûr fait en sorte que les consommateurs de drogues utilisent des substances moins susceptibles de causer la mort. Ils ont également la possibilité de bénéficier d’une intervention lorsqu’ils sont prêts et d’obtenir de meilleurs résultats en matière de santé.
Ne revenons pas aux années 1980 et à l’époque du « dis simplement non », qui peut paraître simple et tentant. La guerre contre la drogue, une campagne que le chef de l’opposition veut reprendre avec cette motion, est perdue depuis longtemps, et nous devons nous appuyer sur des données, et non sur les sentiments et la rhétorique, pour résoudre le problème.
Il y a quelques mois, j’ai présenté au comité de la santé une motion sur l’étude de l’épidémie d’opioïdes au Canada, en particulier les mesures prises, y compris l’expérience de décriminalisation en Colombie-Britannique. J’espère que l’étude pourra être entreprise à l’automne. Peut-être qu'en rassemblant certaines données en un seul endroit, nous parviendrons à ouvrir les cœurs et les esprits des députés d'en face sur cette question.
Les députés de l'opposition savent qu’ils induisent les Canadiens en erreur en essayant de relier les politiques du gouvernement à la crise des drogues toxiques. Cette approche est franchement honteuse. Je pense que, dans l’intérêt de la défense des vies et des familles des Canadiens, le parti de l’opposition devrait reconsidérer sérieusement son approche mal fondée.
Aussi dévastatrice que soit la crise des drogues toxiques, un autre problème est en cause dans le présent débat, et c'est le rejet des données et des analyses scientifiques lorsque celles-ci ne conviennent pas. Notre travail de politiciens est de prendre des décisions fondées sur ce que les données en constante évolution nous disent et d’adapter nos décisions lorsque les données changent. Lorsqu'on peut se permettre de changer ce que nous apprend la science d'un simple coup de tête de politicien, c'est que nous entrons dans un monde dangereux.
Nous avons vu un précédent régime conservateur bâillonner la science. À une époque où la fausse information circule allégrement, nous ne devons pas tolérer que cela se reproduise.