(au nom de la ministre des Finances)
propose que le projet de loi , soit lu pour la deuxième fois et renvoyé à un comité.
— Monsieur le Président, c'est un honneur pour moi d'entamer le débat sur le projet de loi , Loi d’exécution de la mise à jour économique et budgétaire de 2021. Ce projet de loi fait fond sur d'importantes mesures prévues par un autre projet de loi essentiel qui a reçu la sanction royale en décembre, le projet de loi , qui a donné des certitudes aux Canadiens et aux entreprises canadiennes confrontés au variant Omicron. Tout comme le projet de loi C‑8, le projet de loi a offert un soutien essentiel et ciblé aux entreprises qui sont toujours gravement affectées par la pandémie, notamment le secteur du tourisme canadien, qui continue d'être un des secteurs les plus touchés par la COVID‑19.
[Français]
En tant que ministre du Tourisme, je tiens à réitérer que notre gouvernement demeure pleinement engagé à soutenir l'industrie touristique dans ces moments difficiles, et ce, afin qu'elle puisse se rétablir rapidement et prospérer.
Je l'ai mentionné à plusieurs reprises et je vais continuer de le répéter: l'économie canadienne ne sera pas complètement rétablie tant et aussi longtemps que notre industrie touristique ne sera pas remise sur pied. Cela dit, avec les mesures de soutien que notre gouvernement a mises en place depuis le début de la pandémie, je convaincu que les entreprises touristiques locales pourront se remettre de la pandémie et mieux se positionner pour profiter des opportunités qui s'offrent à eux à l'avenir.
[Traduction]
En tant que ministre associé des Finances et député d'Edmonton-Centre, je dirais que vaincre la COVID‑19 serait le meilleur moyen de soutenir la croissance économique et d'aider les entreprises du pays, comme dans le dynamique secteur du tourisme. Le projet de loi contient de nombreuses mesures qui nous permettront de gagner la lutte à finir dans laquelle nous sommes engagés, dont 1,7 milliard de dollars afin d'aider les provinces et les territoires à se procurer les tests de dépistage rapide supplémentaires dont ils ont besoin pour assurer la sécurité des Canadiens et faire en sorte qu'ils demeurent en bonne santé, par exemple en élargissant la portée des programmes de dépistage dans les écoles et les lieux de travail.
[Français]
L'accès aux tests de dépistage rapide est un outil important pour rompre les voies de transmission, notamment contre les nouveaux variants comme Omicron, et pour protéger ceux qui nous entourent.
Notre gouvernement soutient également les provinces et les territoires dans leurs initiatives de preuve vaccinale.
[Traduction]
La création d'une preuve de vaccination normalisée aiderait les Canadiens entièrement vaccinés à voyager, que ce soit à l'intérieur du pays ou à l'étranger, et n'en déplaise à certains, il s'agit bel et bien d'un outil essentiel pour protéger les Canadiens. Qu'on se comprenne bien: les obligations vaccinales et les preuves de vaccination protègent les familles, les travailleurs et la population en général, c'est un fait. C'est ce qui nous permet d'aller manger au restaurant, d'assister à des activités entre amis ou avec la famille et même de recommencer à voyager en toute quiétude, à condition évidemment de suivre les consignes de la Santé publique. C'est aussi un moyen de soutenir le secteur touristique du Canada, car de cette façon les voyageurs, qu'ils proviennent du Canada ou d'ailleurs, n'auront pas peur d'explorer le pays et de découvrir tout ce qu'il a à offrir.
Comme je le dis toujours, la sécurité d'abord, les voyages ensuite. Le projet de loi nous rapprocherait de cet objectif en débloquant les sommes nécessaires — environ 300 millions de dollars — pour que le gouvernement rembourse les dépenses encourues par les provinces et les territoires pour la mise en œuvre de leurs programmes de preuve vaccinale.
[Français]
Une autre façon dont le projet de loi soutiendrait la santé et la sécurité des Canadiens serait en investissant dans une ventilation adéquate, laquelle peut aider à réduire le risque de transmission de la COVID‑19. Que ce soit dans une salle de classe, dans un centre commercial ou dans une salle de réunion, le gouvernement est déterminé à aider les entreprises et les organisations à améliorer la ventilation et la qualité de l'air dans leurs établissements, et à assurer la sécurité des Canadiens.
De nombreuses petites entreprises sont aux premières lignes de la lutte contre la pandémie. Elles veulent fournir leur part d'efforts et rendre l'air intérieur plus sain, mais investir dans l'équipement pour améliorer la ventilation peut coûter très cher.
C'est pourquoi, par l'entremise du projet de loi , nous proposons un crédit d'impôt remboursable de 25 % sur les dépenses admissibles et assumées par les petites entreprises pour améliorer la qualité de l'air.
[Traduction]
Notre gouvernement souhaite aussi améliorer la ventilation dans les écoles afin de protéger les élèves, les enseignants, le personnel et les parents des éclosions. À cette fin, le projet de loi prévoit un versement supplémentaire de 100 millions de dollars aux provinces et aux territoires par l'entremise du Fonds pour une rentrée scolaire sécuritaire. Cette somme, qui viendra s'ajouter à l'enveloppe initiale de 2 milliards de dollars du Fonds pour une rentrée scolaire sécuritaire, sera consacrée spécifiquement aux projets d'amélioration des systèmes de ventilation.
La pandémie continue d'affecter la vie des Canadiens, et notre gouvernement sait que le taux d'inflation élevé, un phénomène mondial causé par le défi sans précédent que constitue la réouverture de l'économie mondiale, a pour effet que les Canadiens se préoccupent du coût de la vie. Nous comprenons leur inquiétude à ce sujet, et nous agissons en conséquence.
Notre gouvernement a réduit l'impôt de la classe moyenne tout en augmentant celui du 1 % le plus riche. Faisant fond sur le succès des baisses d'impôt de 2015 et de 2019 pour des millions de Canadiens de la classe moyenne, notre gouvernement a laissé plus d'argent dans les poches des Canadiens. Nous travaillons aussi avec les provinces et les territoires à la mise en œuvre d'un système communautaire d'apprentissage et de garde des jeunes enfants à 10 $ par jour qui rendrait la vie plus abordable pour les familles et permettrait de créer de nouveaux emplois. Grâce à cette mesure, les réductions de frais au cours des prochaines années aideront les familles ayant de jeunes enfants à économiser des milliers de dollars.
Par ailleurs, le 13 décembre, notre gouvernement et la Banque du Canada ont annoncé le renouvellement de la cible de 2 % du taux d'inflation pour les cinq prochaines années, ce qui permettra à la banque de maintenir une inflation basse, stable et prévisible pour le Canada.
Comme les députés peuvent le constater, notre gouvernement s'efforce déjà de contrôler le coût de la vie et de rendre la vie plus abordable pour les Canadiens.
[Français]
Par exemple, nous proposons d'accroître le soutien aux enseignants, qu'ils enseignent de la maison ou en salle de classe. Les enseignants ont démontré tout au long de la pandémie, comme ils l'ont toujours démontré d'ailleurs, qu'ils sont prêts à faire ce qu'il faut pour s'assurer que leurs élèves reçoivent une éducation de qualité.
Afin d'appuyer les enseignants et les éducateurs de la petite enfance au Canada, nous proposons, avec le projet de loi , d'élargir et de bonifier le crédit d’impôt pour les fournitures scolaires admissibles.
[Traduction]
Le projet de loi porte aussi sur l'accessibilité au logement grâce à l'imposition d'une taxe annuelle nationale de 1 % sur la valeur des immeubles résidentiels en sol canadien qui sont vacants ou sous-utilisés et qui appartiennent à des personnes non résidentes et non canadiennes, une mesure que le gouvernement avait annoncée dans le budget de 2021 pour s'attaquer au problème des logements sous-utilisés. Le projet de loi prévoit l'entrée en vigueur d'une nouvelle loi, la Loi sur la taxe sur les logements sous-utilisés, pour s'assurer que les propriétaires non résidents et non canadiens, surtout ceux qui se servent du Canada pour engranger passivement leur richesse dans les biens immobiliers, paient leur juste part d'impôts au Canada, et ce, dès l'année civile 2022.
Nous garantissons qu'il ne s'agit pas d'un nouvel impôt sur les gains en capital, comme se plaît à le répéter l'opposition pour induire les Canadiens en erreur. Il s'agit d'une bonne mesure fiscale destinée à améliorer l'accessibilité au logement. Le projet de loi viendrait aussi en aide aux Canadiens des régions situées dans le Nord du pays en élargissant l'accès à la composante voyage de la déduction pour les habitants de régions éloignées afin que tous les habitants du Nord — y compris ceux qui ne reçoivent pas d'aide financière de leur employeur pour les déplacements —, aient l'option de réclamer jusqu'à 1 200 $ en tant que frais de voyage admissibles.
Par ailleurs, le gouvernement a mis en place des mesures d'allégement fiscal sans précédent depuis le début de la pandémie afin d'aider les familles et les entreprises canadiennes. Alors que nous continuons d'offrir une aide ciblée aux personnes qui en ont le plus besoin, nous serons là pour les Canadiens.
[Français]
Alors que nous sortons de la COVID‑19, nous nous concentrons sur les emplois et la croissance et nous rendons la vie plus abordable pour que les Canadiens et les Canadiennes puissent prospérer. Le projet de loi continuerait d'appuyer le travail de notre gouvernement sur cet enjeu important.
[Traduction]
Nous sommes tous fatigués. Nous avons tous hâte que la pandémie et les difficultés qui l'accompagnent soient chose du passé. Nous voulons adresser un message clair à tous les Canadiens, d'un océan à l'autre: le gouvernement agit pour gagner ce combat et appuyer les familles et les entreprises afin que tous les Canadiens demeurent en sécurité.
C'est la raison pour laquelle j'exhorte aujourd'hui tous mes collègues à se joindre à moi pour adopter cet important projet de loi.
:
Monsieur le Président, je prends la parole en ce 2 février pour rendre hommage au chef de mon parti, qui a démissionné aujourd'hui de son poste de chef de l'opposition officielle. Le travail de chef d'un parti formant l'opposition officielle est extrêmement difficile et il a fait un travail extraordinaire au cours des dernières années. Lorsque le Canada était confiné, les attentes quant à ce que le pays devait faire ont beaucoup changé et nous continuons d'essayer de nous y adapter. Ce n'est pas une période facile pour ce genre de travail et je lui rends hommage, ainsi qu'aux membres de sa famille, pour son dévouement et pour tout ce qu'il a fait pour le Canada, pour notre parti et pour le Parlement.
Je voulais parler du nouveau projet de loi proposé par le gouvernement libéral au sujet de certaines dépenses supplémentaires requises pour passer au travers de la pandémie de COVID, des dépenses dont les Canadiens feront encore les frais.
Le projet de loi compte sept parties. Je ne pourrai pas parler des sept parties adéquatement dans les 20 minutes que me sont imparties aujourd'hui; alors, je vais me concentrer sur la partie du projet de loi qui concerne l'immobilier. Mon collègue d'en face a lui aussi parlé longtemps de cette partie du projet de loi.
Au Canada, à compter de l'année civile 2022, une surtaxe fédérale de 1 % s'appliquera aux biens immobiliers non utilisés appartenant à des non-résidents. Cela signifie que les étrangers qui achètent des biens immobiliers au Canada devront payer chaque année un supplément de 1 % de la valeur de leur propriété, très semblable à la taxe municipale que doivent payer les propriétaires fonciers, notamment pour une maison unifamiliale. Bref, le gouvernement fédéral appliquerait ce mécanisme fiscal qui relève généralement du palier municipal, et en inscrirait les recettes dans son bilan à compter de l'entrée en vigueur. Je ne sais pas dans quel but, mais il s'agirait d'un empiètement sur un champ de compétences municipal.
J'estime qu'il s'agit d'un empiètement et je vais donner quelques exemples. Auparavant toutefois, je vais parler de ce dont mon collègue d'en face a fait mention, soit le rapport d'une organisation appelée Generation Squeeze, commandé par une société d'État, nommément la Société canadienne d'hypothèques et de logement. Le but de l'exercice était d'examiner diverses formules pour bâtir davantage de logements au Canada. Or, les auteurs de ce rapport n'ont pas examiné de meilleures façons de stimuler la construction domiciliaire au Canada. Ils ont plutôt été payés pour chercher des moyens de taxer davantage les propriétaires fonciers au Canada, et les recommandations qu'ils ont faites à la SCHL en font foi. Leur proposition ressemblait à ceci: l'imposition d'une surtaxe annuelle de 0,5 % sur les propriétés de plus de 1 million de dollars. Je sais que cela semble énorme, mais, pour les propriétés de plus de 2 millions de dollars, cette surtaxe annuelle double.
Vancouver a déjà sa propre taxe sur les maisons vides, qui correspond à ce que suggère Generation Squeeze, à la différence près que cette taxe s'applique depuis 2017 et s'élève à 3 % de la valeur foncière. Il y a maintenant des taxes de 0,5 %, de 1 % et de 3 %, mais ce n'est pas tout. Depuis 2018, la Colombie-Britannique applique, pour ce type de propriété, une taxe sur la spéculation et les logements vacants de 0,5 % pour les résidants et de 2 % pour les propriétaires à l'étranger. Alors, avec les taxes de 3 %, de 2 % et de 0,5 % et la taxe proposée de 1 %, chaque ordre de gouvernement y va de sa propre taxe, et cette empilade va vraiment trop loin.
Mais à quoi cela sert‑il?
Encore aujourd'hui, la propriété étrangère représente environ 7,7 % des achats de maisons à Vancouver. Cette part continue de s'accroître dans le marché immobilier résidentiel de la vallée du bas Fraser même si nous ajoutons des taxes importantes pour freiner la tendance. Il existe un grand écart entre les gens qui travaillent en ville et les gens qui viennent pour y habiter. C'est un des principaux facteurs de la hausse du prix des logements au Canada, plus particulièrement dans la vallée du bas Fraser.
S'est‑on penché sur l'augmentation du prix des logements sous le gouvernement libéral actuel?
Au cours des six dernières années, le prix d'une maison unifamiliale moyenne a grimpé de 87 %. Depuis que le gouvernement est arrivé au pouvoir, ou peu après son arrivée, il y a six ans, le prix moyen d'une maison unifamiliale au Canada a bondi de 87 %. C'est l'inflation. Selon l'Association canadienne de l'immeuble, le prix moyen des maisons est passé de 476 000 $ à 811 000 $ de 2016 à aujourd'hui.
Essayons-nous de geler le prix au-dessus de 1 million de dollars dans le simple but de percevoir une surtaxe proposée par le gouvernement fédéral? Le prix de vente moyen d'une maison à Toronto et à Vancouver s'élève maintenant à plus de 1 million de dollars. Pensons-y: une maison coûte plus de 1 million de dollars dans deux des grandes villes du Canada. C'est sans compter les intérêts payés sur l'hypothèque. C'est sans compter les travaux d'entretien qui doivent être faits régulièrement. C'est sans compter les rénovations. C'est sans compter les meubles et les couvre-fenêtres. De nos jours, pour accéder à la propriété, il faut débourser plus de 1 million de dollars pour une maison modeste. Le coût de l'accession à la propriété grimpe en flèche au Canada et cela ne s'applique pas seulement aux bungalows, aux maisons à paliers et aux maisons à deux étages, mais aussi à toutes les maisons unifamiliales.
Quelle est la cause de cette situation?
Le gouvernement ne cesse de professer qu'il doit dépenser davantage et ainsi percevoir davantage pour construire plus de logements au Canada. Qui va payer cette taxe? Ce sont les vendeurs de maisons et, selon Generation Squeeze, ce groupe est surtout composé de retraités. Ils ont réalisé des gains sur la valeur de leurs maisons qui ne sont pas imposables à l'échelle fédérale; il est donc tout naturel qu'ils paient plus d'impôts pendant leur retraite, selon Generation Squeeze. C'est une omission ridicule, vu la situation financière des retraités canadiens, dont beaucoup augmentent et continueront d'augmenter leurs revenus en travaillant plus longtemps et en bénéficiant de programmes gouvernementaux comme le Supplément de revenu garanti. Dans le rapport commandé par un organe du gouvernement, Generation Squeeze propose d'imposer une ponction fiscale inéquitable à certains des citoyens les plus vulnérables de la société. Je m'y opposerai fermement.
Pourquoi les aînés ont-ils du mal à épargner pour leur retraite? C'est toujours pour la même raison: l'inflation. Les coûts augmentent, mais les revenus des gens n'augmentent pas proportionnellement. C'est un véritable facteur monétaire dont le gouvernement ne tient pas vraiment compte. Comme l'a dit le pendant l'élection, il ne pense pas vraiment à la politique monétaire, ce qui est malheureux. Le gouvernement devrait penser à la politique monétaire.
Je signale au gouvernement que, cette année, les cotisations au Régime de pensions du Canada de tous les Canadiens ont augmenté de 10 %, ce qui représente une hausse de leurs charges sociales. Si l'augmentation de 10 % des cotisations au Régime de pensions du Canada ne reflète pas davantage l'inflation subie par les gens, je crois que le gouvernement tente de cacher quelque chose. L'Office d'investissement du Régime de pensions du Canada a déclaré que ses investissements sont judicieux selon ce qu'il prévoit dépenser pour les 75 prochaines années, mais le gouvernement estime qu'il est important à ce stade-ci d'augmenter les cotisations de 10 %. Ce chiffre nous révèle peut-être ce qu'est le vrai taux d'inflation au Canada selon le gouvernement, étant donné que les consommateurs ne font plus confiance aux chiffres publiés par Statistique Canada et la Banque du Canada. Leurs statistiques ne veulent rien dire quand les gens les comparent aux prix dans les magasins, à leur loyer et à leurs factures. Le prix de tout ce que les gens achètent au Canada augmente beaucoup plus que ce qu'indiquent Statistique Canada et la Banque du Canada.
Le logement représente plus de 11 % de notre produit intérieur brut. Cela s'explique en partie par le faible volume d'investissements intérieurs bruts au pays à l'heure actuelle, ce qui amène la plupart des Canadiens à investir dans leur logement. De plus, ce pourcentage est deux fois plus élevé que celui de 4 à 5 % observé en temps normal au pays. À l'heure actuelle, 11 % de notre produit intérieur brut est dirigé vers le logement. Cette situation perdure depuis quelques années, malgré que le parc de logements soit insuffisant, à ce qu'il paraît. De quel parc de logements parle-t-on? Il s'agit plus précisément des maisons unifamiliales et des propriétés pour premiers acheteurs.
Je peux vous dire que lorsque je faisais du porte-à-porte dans Calgary‑Centre, j'ai constaté que certains des immeubles d'habitation en copropriété affichaient un taux d'inoccupation de 50 %, et ce taux dépasse les 10 % pour les immeubles d'appartements. Or, les promoteurs immobiliers continuent de construire des immeubles d'habitation en copropriété, qui empiètent sur les quartiers de maisons unifamiliales. C'est ce qu'on appelle la « densification ». Le prix de revente des condos a connu une baisse de 15 % au cours des six dernières années à Calgary. En outre, le noyau commercial du centre-ville de Calgary a été durement frappé par les politiques inefficaces du gouvernement contre l'industrie la plus performante du Canada, celle du pétrole et du gaz.
L'approche adoptée par la Ville de Calgary consiste à dépenser l'argent des contribuables pour rénover certaines des tours de bureaux qui sont vides afin de les transformer en tours d'habitation. La Ville espère ainsi redonner vie au cœur du centre-ville. Cependant, ces rénovations coûtent 400 000 $ par logement, ce qui dépasse largement les 250 000 $ qu'il en coûte pour une nouvelle construction.
Nous dépensons trop pour résoudre un problème que le gouvernement a créé, et nous sommes censés ne pas tenir compte des effets négatifs de ce que nous faisons. On ne peut continuer ainsi. Il faut s'attarder aux résultats.
Pour un jeune propriétaire de condominium, une perte de valeur de 2,5 % par année est une perspective décourageante, surtout s'il espère un jour acheter une maison unifamiliale. On ne cesse de gaspiller des fonds publics en travaux de rénovation pour régler un problème que le gouvernement a créé. Quelqu'un doit payer la note.
Revenons à l'inflation. Les dépenses ont entraîné un déficit de plus de 560 milliards de dollars ces deux dernières années. Le tiers de cette somme, soit plus de 170 milliards de dollars, n'avait rien à voir avec la pandémie de COVID. Comme le disent les libéraux, pourquoi ne pas profiter d'une bonne crise pour faire avancer notre programme?
Restons sur le sujet de l'inflation et jetons un coup d'œil à ce que nous encourageons dans tout ce processus. Voyons où les chiffres nous mènent. Comme les députés le savent, j'aime bien analyser les problèmes et trouver des solutions.
Une partie de l'argent qui entre au Canada provient encore aujourd'hui de l'étranger, comme pour 7,7 % des achats faits à Vancouver. Il n'y a rien à redire contre les propriétés spéculatives achetées par les Canadiens, mais une bonne partie de l'argent qui arrive de l'étranger n'est pas propre. À en croire l'Indice de perception de la corruption de Transparency International, une bonne partie serait de l'argent blanchi. Ce phénomène a même un nom, le blanchiment à la neige, et il est plus fréquent au Canada que dans n'importe quel autre pays du G20. La raison est simple: c'est parce que nous le laissons faire. Le gouvernement ne fait rien pour resserrer les règles empêchant l'argent sale d'entrer au Canada. La réputation du pays sur la scène internationale en pâtit.
Dans l'un de ses rapports nationaux, le Service canadien de renseignements criminels estime que le blanchiment d'argent, qui équivaut à environ 133 milliards de dollars par année, fait partie des facteurs qui font augmenter le prix des maisons du pays. Je rappelle que, l'an dernier, le prix d'une maison familiale type a grimpé de 26 % l'an dernier. C'est le fruit de la corruption. Nous laissons la corruption faire son chemin au Canada.
Je sais qu'aux yeux de certains, il s'agit seulement de l'aspect pécuniaire de la corruption. Or, c'est aussi le point de départ qui mène vers tous les autres aspects de la criminalité. Quand on invite l'argent sale à entrer au Canada, nous laissons entrer tout ce qui vient avec.
Penchons-nous un instant sur les décès liés au fentanyl, qui sont un fléau dans les rues de nos villes, y compris à Calgary, où je vis. Les décès liés au fentanyl, les surdoses et l'itinérance sont devenus monnaie courante ces dernières années à cause des lois qui ont permis aux gens de blanchir leur argent au Canada, ce qui a entraîné une hausse des activités criminelles qui y sont associées. Voilà le problème auquel il faut s'attaquer. Le gouvernement doit y remédier.
Je crains que le gouvernement ne veuille pas vraiment s'y attaquer en raison de son statut de complice: dans de nombreux dossiers, il est en fait impliqué dans ce que nous appellerons des « pratiques douteuses ». Je pense notamment à l'affaire SNC-Lavalin, à l'opération de camouflage qui a eu lieu et à l'expulsion d'un des esprits les plus brillants parmi les ministres libéraux lorsqu'elle a tenté de faire éclater au grand jour ce qui se passait. Il y a aussi eu le scandale UNIS et les centaines de millions de dollars qui ont été ensevelis sous une montagne de paperasserie jusqu'à ce que nous puissions enfin suivre la piste de l'argent.
C'est ce qui nous amène là où nous en sommes aujourd'hui: comment pouvons-nous nous sortir de cette situation? Il faut bâtir un système qui n'est pas inflationniste. Le gouvernement doit cesser de lancer de l'argent par les fenêtres; malgré tout l'argent investi, les problèmes comme la crise du logement restent entiers. La question du logement est cruciale. Ajouter une taxe de 1 % sur les immeubles ne fait pas partie de la solution. Freiner le blanchiment d'argent étranger est du ressort du gouvernement fédéral, et des mesures en ce sens devraient être prises aussi rapidement que possible.
Je sais que mon temps de parole est pratiquement écoulé, mais je souligne que je suis heureux d'être ici aujourd'hui. Je propose que nous travaillions sur des mesures législatives qui seront efficaces au lieu d'établir une taxe supplémentaire qui est déjà appliquée à l'échelle locale et provinciale dans de nombreuses régions du Canada où cet aspect est problématique. Cherchons plutôt des façons d'améliorer les lois contre le blanchiment d'argent au Canada.
:
Monsieur le Président, nous sommes rendus à l'étude du projet de loi qui est une mise en œuvre de la mise à jour économique de l'automne dernier. Il n'y a pas grand-chose là-dedans. Grosso modo, nous sommes favorables au projet de loi, mais il y a un élément qui nous pose problème. Je vais l'expliquer dans quelques instants.
Au bénéfice de mes collègues, je rappelle que la partie I apporte des modifications à la Loi de l'impôt sur le revenu et au Règlement de l'impôt sur le revenu. On vient créer un nouveau crédit d'impôt remboursable pour des dépenses de ventilation pour améliorer la qualité de l'air. Tout le monde est en faveur de cela. Élargir la composante voyage de la déduction des habitants de régions éloignées, évidemment, nous appuyons cela. Augmenter le crédit d'impôt pour fournitures scolaires de 15 à 25 % et permettre son utilisation pour les appareils électroniques, c'est génial et ça va. Un nouveau crédit d'impôt remboursable pour le retour des produits de la redevance pour les combustibles aux entreprises agricoles, c'est un dossier important. Nous sommes contents de le voir et nous sommes en faveur.
La partie 2, il en est beaucoup question dans le débat actuel, porte sur la fameuse taxe de 1 % sur la valeur des immeubles résidentiels vacants ou sous-utilisés qui appartiennent directement ou indirectement à des personnes non résidentes et non canadiennes. Nous sommes en faveur du principe, mais nous avons un gros problème. C'est que, dans toutes les taxes et les impôts possibles, il reste un seul champ qui est inoccupé par Ottawa, et c'est celui de l'impôt de la taxe foncière.
L'objectif est noble. Nous pourrions discuter du 1 %. Est-ce que ce serait vraiment efficace ou non? Nous pouvons discuter de cela. Cependant, il y a ici un précédent qui est extrêmement inquiétant. On se souvient de l'histoire de l'impôt sur le revenu; Ottawa disait que ce serait temporaire pour financer l'effort de guerre. Or, nous payons encore la moitié de nos impôts à Ottawa aujourd'hui. Il n'y a rien de plus permanent qu'une mesure temporaire dans une taxation décrétée par Ottawa. Là est notre inquiétude.
Est-ce qu’Ottawa va y prendre goût après s'être humecté les babines dans ce doux nectar et avoir envie d'y replonger?
C'est un gros problème. C'est inquiétant parce que c'est un champ fiscal qui est occupé par les municipalités. On le sait, les municipalités ont beaucoup de défis relatifs à leurs finances, et c'est le champ qu'elles occupent. Si, dorénavant — ce ne serait pas tout de suite, ce serait dans quelques années —, Ottawa revenait prendre une partie de ces revenus-là, il en resterait moins pour les municipalités. Si on parle du déséquilibre fiscal, il serait encore agrandi ici.
Nous avons donc un grave problème et nous demandons au gouvernement, s'il vous plaît, de trouver une autre façon d'arriver à cette politique, car, s'immiscer dans l'impôt foncier qui est occupé par les municipalités, c'est un grave problème, un grave précédent. Même si, comme je l'ai dit et comme je le répète, l'intention est noble, la façon de faire cela pose problème à cause du précédent.
Est-ce que le gouvernement pourrait s'entendre avec les provinces et les municipalités pour que ce soient elles qui lèvent cette taxe et non lui?
Il y a d'autres façons d'intervenir, par exemple auprès des gains en capital, et cetera, mais celle-ci apporte un grave bémol. Pour l'instant, au Bloc québécois, nous étudions encore si nous allons appuyer ou non le projet de loi C‑8 en raison de cet élément. Donc, le principe est noble, mais cela crée un précédent très dangereux à notre avis.
À la partie 3, il est question du délai de prescription de six ans pour le programme du Compte d'urgence pour les entreprises canadiennes, c'est parfait.
La partie 4 traite des paiements sur le Trésor. Je salue d'ailleurs la présidente du Conseil du Trésor qui écoute attentivement mon discours et je la remercie. On parle d'appuyer des projets d'amélioration de la ventilation dans les écoles. Nous sommes tout à fait en accord avec cela, tout comme avec la partie 5, traitant toujours des paiements sur le Trésor pour appuyer des initiatives en matière de preuve de vaccination contre la maladie à coronavirus 2019.
Dans la partie 6, on vient soutenir des tests de la COVID‑19. Il y a beaucoup d'argent là, et nous appuyons cela aussi, évidemment.
La partie 7 vient modifier la Loi de l'assurance-emploi en précisant le nombre maximal de semaines pour lesquelles des prestations peuvent être versées à certains travailleurs saisonniers. Tout cela est important.
Il ne s'agit pas ici d'un projet de loi de mise en œuvre historique. Ce sont de bonnes mesures, même la mesure de la partie 2 qui nous pose certaines interrogations. Le but est noble, mais encore une fois le précédent est problématique.
On évalue souvent le gouvernement sur ce qu'il accomplit durant ses 100 premiers jours. Or, selon nous, il aurait pu y avoir beaucoup plus dans le projet de loi .
Pendant toute la campagne électorale, en fait depuis le début de la pandémie, nous avons beaucoup entendu parler de la pénurie de main‑d'œuvre. Beaucoup de mesures pourraient être mises en place pour atténuer ce problème. Nous pensons notamment à un crédit d'impôt qui permettrait plus facilement à de jeunes retraités de continuer à travailler. Plus tôt cette semaine, au Comité permanent des finances, la Fédération des chambres de commerce du Québec est venue nous le dire: beaucoup de jeunes retraités accepteraient de travailler un ou deux jours par semaine à condition de ne pas devoir payer en impôts tout ce qu'ils gagnent. Le Bloc québécois aurait donc bien aimé voir cela dans le présent projet de loi. Cela n'aurait pas été super compliqué et aurait pu être inclus, mais cela n'a pas été fait.
L'autre point important est la lutte aux paradis fiscaux. La a écrit un livre à ce sujet. C'est important. Il faut agir et aller de l'avant. Nous le demandons depuis des années. Il y a un peu moins d'un an, au printemps dernier, lors du dépôt du dernier budget, la ministre nous a dit que la mise à jour de l'automne réglerait le problème des géants du Web en leur imposant une taxe sur leur chiffre d'affaires pour compenser l'impôt impayé, comme ce qui se fait dans d'autres pays. En décembre dernier, nous étions même sûrs que quelque chose aurait pu être prêt à être déposé.
Nous trouvons gênant de ne rien voir à ce sujet dans le projet de loi C‑8. Cela fait des années que nous entendons dire que des mesures s'en viennent, mais c'est tout le temps repoussé. Nous en arrivons quasiment à nous demander si nous ne sommes pas l'âne qui court après la carotte de la lutte contre les paradis fiscaux, mais cette carotte reste toujours à la même distance. Il ne faudrait pas nous prendre pour des ânes.
J'aimerais maintenant parler de la santé. Un peu plus tôt, le gouvernement a envoyé le pour donner sa position sur le projet de loi C‑8. C'est évidemment le gouvernement qui le dépose. Le ministre a déclaré qu'il y aurait des négociations avec les provinces concernant le financement de la santé « quand le moment sera propice ». Pour ma part, je pense que le moment est propice maintenant, qu'il était déjà propice l'année passée, tout au long de la pandémie, et même avant la pandémie. En fait, cela fait 20 ans que le moment est propice. Si on me passe l'expression, il serait temps qu'on se déniaise un peu.
On le sait tous: si le système de santé va mal, si les urgences sont débordées, si la pandémie crée des problèmes sur le plan des soins hospitaliers, des soins d'urgence et de réanimation, entre autres, c'est parce que le système est fragilisé et mis à mal. La raison en est que cela fait 20 ou 25 ans que le secteur de la santé et le système de santé sont sous-financés par Ottawa. Ce n'est pas compliqué.
Après le référendum de 1995, une renégociation a eu lieu au sujet des déficits et de la dette, qui étaient trop élevés. Ottawa s'est dit qu'il allait régler le problème en réduisant ses transferts aux provinces. Jean Chrétien est ensuite allé se moquer du Québec auprès de ses collègues du G7 en leur disant que c'était drôle de réduire les transferts en santé puisque tout le monde allait manifester à l'Assemblée nationale du Québec et aux autres parlements provinciaux, mais que lui, il menait la belle vie. Or, c'est ce choix d'Ottawa de réduire ses transferts en santé qui a fragilisé le système. Aujourd'hui, on en paie le prix durant la pandémie.
Le gouvernement a beau dire qu'il a dépensé plein d'argent pendant la pandémie, il faut préciser que ce ne sont pas des sommes récurrentes, Pourtant, il faut des sommes récurrentes. Le gouvernement a dit qu'il dépensait plus chaque année. C'est effectivement le cas, mais il ne fournit pas sa juste contribution lorsqu'on se rappelle que les coûts du système de santé augmentent de 6 % alors que le gouvernement n'augmente sa part que de 3 %. Chaque année, il en fait de moins en moins. Que le gouvernement dise qu'il dépense davantage chaque année est malhonnête quand on analyse le moindrement la situation.
Le directeur parlementaire du budget rappelle que, même avec les dépenses extraordinaires engagées pendant la pandémie, la pression des finances publiques reste sur les épaules des provinces. Il faut que ça change.
J'aurais aimé aussi parler des aînés, pour lesquels il faut en faire plus, notamment en lien avec l'inflation. On a également beaucoup parlé de logement social, sur lequel il faut agir.
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Monsieur le Président, j'aimerais tout d'abord saluer l'arrivée de nouveaux membres dans mon équipe de travail: Meili Faille, ancienne députée du Bloc québécois, Anaïs Thibodeau, ainsi que Mishka Caldwell‑Pichette, lesquelles sont probablement à l'écoute présentement. Je les salue chaleureusement.
J'ai écouté avec attention les discours des députés de la Chambre sur ce projet de loi qui vise la mise en œuvre des dispositions prioritaires pour le gouvernement fédéral. Le discours du député de Joliette était, ma foi, particulièrement intéressant.
J'ai l'occasion ici de rappeler aux députés que, bien qu'Ottawa puisse faire pleuvoir des milliards de dollars pendant cette pandémie, le gouvernement tente encore de se faufiler pour ne pas exercer le leadership attendu pour venir en aide à ceux qui mettront la main à la pâte afin d'assurer la véritable relance économique.
Je salue la contribution de tous les acteurs politiques conscients des défis que nous pouvons avoir en région et qui, comme moi, exigeront la reconnaissance de l'importance du vaste territoire, de l'Abitibi‑Témiscamingue notamment, et des investissements à la hauteur de ses gens et de ses aspirations. Nous voulons concrètement une véritable relance économique pour les régions.
Je salue au passage Patrick Perreault, de Métal Marquis, et tout le leadership qu'il exerce autour de la Table Métal Abitibi‑Ouest. Confrontés à de véritables problèmes en matière de pénurie de la main-d'œuvre, les gens de ce groupe savent être proactifs.
Alors que tout le monde est affecté par la pandémie, et affairé, on est en droit de s'attendre à l'accélération de mesures qui touchent directement la population. La population, rappelons-le, a refusé aux libéraux le privilège de gouverner avec une majorité. Évidemment, ils ont eu raison de le faire.
Je me permets de faire l'illustration que les libéraux ne veulent rien régler, en fin de compte, et qu'ils refusent systématiquement de reconnaître le problème permanent qui étrangle les finances du Québec et des provinces.
Regardons ce qu'on retrouve dans la mise à jour économique de la : le gouvernement maintient l'indexation du transfert canadien en matière de santé à 3 %, soit le minimum légal et en deçà de la hausse annuelle des coûts de soins de santé, et ce, jusqu'en 2027. Quel est le réel besoin en matière de transfert en santé?
Le Québec et les provinces réclament à l'unanimité un paiement immédiat de 28 milliards de dollars pour couvrir jusqu'à 35 % des coûts de soins de santé, suivi d'une indexation de 6 %. C'est de cela que les provinces parlent quand elles s'adressent à la ministre et à ses fonctionnaires.
Pour donner un ordre de grandeur, la région de l'Abitibi‑Témiscaminque, avec une population qui représente environ 2 % de la population du Québec, devrait recevoir environ 120 millions de dollars récurrents par année. Les problèmes que nous avons, en ce qui concerne l'obstétrique notamment, pourraient être réglés avec un financement permanent de la part du fédéral au moyen d'un transfert vers Québec.
Ce refus catégorique du gouvernement fédéral devant les demandes des provinces n'est pas un phénomène nouveau, à mon sens. Beaucoup d'encre a coulé sur le sujet. Cependant, les gens comprennent mieux aujourd'hui le sens et les conséquences de l'inaction d'Ottawa. Les gens voient le surplace du gouvernement libéral usé et qui manque de courage.
N'oublions jamais que ce sont des gens, des héros et des héroïnes, qui tiennent à bout de bras le système de la santé. Je salue notamment le leadership de Caroline Roy, PDG du CISSS de l'Abitibi‑Témiscaminque, et de toute son équipe, les infirmières et l'ensemble des travailleurs du milieu de la santé en Abitibi‑Témiscamingue et ailleurs. Je les remercie de leur travail et les encourage à continuer.
Les gens ont tort de penser qu'ils ne comprendront jamais ce qu'est le déséquilibre fiscal. La crise pandémique a accentué les problèmes en matière de santé, et, sur le terrain, les résultats du sous-financement sont bien réels. Mes chers collègues seront d'accord avec moi: c'est dans les provinces que l'argent doit se trouver, et non dans les coffres du gouvernement fédéral.
Maintenant, où sont les investissements que le gouvernement a promis — littéralement des dizaines de milliards de dollars — pour jeter les bases d'une véritable relance, de la création de richesse, sans retomber dans l'économie du pétrole du siècle dernier? Peut-on accélérer les investissements dans les domaines de l'aéronautique, de l'énergie verte et de la foresterie? Ils sont importants au Québec.
Je me suis posé la même question que mon collègue sur la pertinence et les retombées de la nouvelle taxe sur les immeubles inoccupés qui sont entre les mains des étrangers, et je comprends aussi qu'il faut calmer la surchauffe du marché.
On nous sert aujourd'hui des mesures annoncées dans l'énoncé économique de 2020, dans le budget de 2021 et dans une consultation populaire de l'été dernier, qui n'a pas suscité beaucoup d'intérêt, je dois le rappeler.
Il faut tout de même souligner que c'est la première fois que le gouvernement fédéral s'immisce dans le champ de l'impôt foncier. Voilà encore ici la manœuvre libérale de l'ingérence. Le gouvernement fédéral doit travailler avec le gouvernement du Québec et la Ville de Montréal plutôt que s’ingérer dans leurs champs de compétence.
Alors qu'il y a une pénurie de logements, le gouvernement ne doit pas autoriser les propriétaires à laisser leurs logements inoccupés et vacants. Cette mesure n'aide en rien les régions comme l'Abitibi‑Témiscamingue alors que nous vivons, nous aussi, une crise du logement sans précédent. Les solutions demeurent des investissements dans du logement abordable et des transferts de sommes aux gouvernements des provinces. Encore une fois, le gouvernement fédéral erre dans un champ de compétence des provinces.
Je ne peux non plus passer sous silence les besoins des citoyens de la circonscription de l'Abitibi‑Témiscamingue. J'y habite, et c'est une région gâtée par la nature. Cependant, pour y vivre et vouloir la développer, il faut agir maintenant et de façon durable. On n'arrivera jamais à régler nos problèmes de pénurie de main‑d'œuvre en restant les bras croisés devant des stratégies qui n'ont rien de structurant pour assurer la vitalité de notre région et de nos maisons. Cela ne reflète pas la vigueur de l'économie que nous avons, en Abitibi‑Témiscamingue.
Les perspectives de tirer profit de la nouvelle économie qui se dessine grâce aux minéraux critiques, nous y avons droit, et cela m'inquiète. Nous voulons faire de la transformation à proximité de nos ressources. Il faut changer le paradigme, à savoir le modèle où l'on va piller nos richesses pour aller les faire exploiter dans d'autres régions du monde. Nous voulons que la transformation se fasse à proximité de la ressource, dans des régions minières.
En ce qui concerne nos stratégies pour la relance de l’industrie forestière et pour développer de nouveaux produits dérivés de la forêt aussi, le gouvernement doit fournir des réponses à ce sujet.
De plus, nous avons le droit de faire connaître notre industrie agroalimentaire, ce que nous transformons sur notre territoire et d'assurer la mise en marché concurrentielle de nos produits du terroir, et ce, avec des chemins courts. Pour l'industrie agroalimentaire, que peut‑on faire pour permettre à un plus grand nombre de personnes de savourer davantage de produits locaux?
Pour les PME, l'accès à Internet haute vitesse est important. C'est une question critique pour faire le virage numérique et aller chercher leur part des marchés. Des applications sont disponibles dès maintenant, mais encore faut-il avoir accès à Internet haute vitesse. Certains se voient privés de moyens facilitant la mise en marché de leurs produits.
Selon le Conseil de l'innovation agroalimentaire, les PME de cette industrie ne peuvent adopter certaines nouvelles technologies au même rythme que leurs compétiteurs aux États‑Unis et en Europe, car les avancées technologiques dépendent de cet accès à Internet haute vitesse. On n'a qu'à penser à l’accès à la géolocalisation ou aux consultations par vidéoconférence. Ces choses sont acquises en milieu urbain, mais, dans beaucoup de régions rurales du Québec et ailleurs au Canada, ce n’est pas encore le cas.
Je pense que l’on comprend de quoi je parle en ce moment. On peut concrètement améliorer les choses pour les milliers de personnes qui vivent en région en adoptant des politiques et des mesures qui permettront aux projets économiques de se réaliser.
Le 9 décembre dernier, je me suis adressé à la Chambre pour illustrer toute la question de la pénurie de logements abordables. Il faut de l'argent dans les régions pour construire des logements. Les besoins sont criants et nous connaissons une crise sans précédent.
La situation actuelle du logement en Abitibi‑Témiscamingue, au Québec et au Canada est le résultat d’un problème profond, engendré notamment par l’insuffisance chronique de l’offre de logements. Il est donc impératif de construire plus de logements.
Nous savons que la demande continuera fort probablement d'augmenter du point de vue des besoins, au cours des prochaines années. Le gouvernement devrait donc apprendre des erreurs commises dans les dernières années et trouver des façons innovatrices de stimuler la construction de logements, plus particulièrement des logements sociaux, communautaires et réellement abordables.
J'aborde maintenant un des points de cet énoncé budgétaire. À mon sens, il faut mettre fin aux navettes d'employés et arrêter de croire que le navettage est une panacée pour régler la pénurie de main‑d'œuvre dans les régions éloignées. C'est une fuite de capitaux et cela n'attire pas de nouveaux résidants. J'ai une réelle inquiétude quant à cette mesure. Est-ce qu'on va pouvoir permettre à des gens de venir exploiter des ressources en Abitibi‑Témiscamingue et d'aller dépenser leur salaire ailleurs? Allons-nous même les financer pour le faire?
Je pense qu'il y a un paradigme à établir, à savoir favoriser l'occupation du territoire et encourager l'établissement dans les régions, là où est le travail. Cette mesure visant l'élargissement de la composante voyage de la déduction pour les habitants de régions éloignées en leur donnant l’option de réclamer jusqu’à 1 200 $ en tant que frais de voyage admissibles, j'ai peur qu'elle encourage les travailleurs et les travailleuses de métiers spécialisés à déduire de leur revenu leurs dépenses de déplacement pour le travail lorsqu'ils viennent en régions éloignées. En d'autres mots, c'est une mesure qui vient contrer bien des efforts des élus des régions éloignées.
Ce phénomène arrive alors que la natalité est forte en région. Quel avenir réserve‑t‑on aux jeunes familles des régions éloignées? Ne devrait‑on pas plutôt les encourager à s'installer de façon durable pour promouvoir l'occupation du territoire et promouvoir un statut particulier à l'Abitibi‑Témiscamingue notamment?
Cela pourrait apporter des réponses durables en ce qui concerne la pénurie de main‑d'œuvre.
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Monsieur le Président, je suis ravi de prendre la parole aujourd'hui au sujet du projet de loi . Il s'agit de mon premier discours à la Chambre en cette nouvelle année. Hormis quelques brèves interventions, c'est la première fois que je m'adresse exhaustivement à la Chambre depuis que la vague Omicron s'est sérieusement installée. J'aimerais donc prendre un instant pour souligner à quel point cette vague a été un coup dur pour les Canadiens partout au pays, alors que beaucoup espéraient que la pandémie tirait à sa fin. Je crois que cette nouvelle vague a suscité chez les Canadiens une version condensée de tous les sentiments que nous ressentons depuis deux ans.
Je tiens à remercier tout spécialement les travailleurs de première ligne. Nous avons beaucoup parlé d'eux au début de la pandémie, mais ils sont toujours en poste. Ils n'ont jamais cessé d'effectuer ces tâches importantes, même s'ils ne reçoivent plus autant d'attention sur la scène publique.
Les travailleurs de la santé continuent d'œuvrer dans des circonstances très difficiles. Ils sont surmenés, épuisés et manquent de ressources.
Les enseignants et les travailleurs en garderie ont dû composer avec les défis de la pandémie dès le début. Au cours de la présente vague — je parle de ma propre expérience, ici, au Manitoba —, ils ont vécu des difficultés liées à l'enseignement à distance et doivent maintenant enseigner à des salles de classe pleines, en plus d'avoir affaire à des élèves et des collègues qui tombent malades, ou de devenir malades eux-mêmes.
Les employés d'épicerie s'exposent à des risques, encore une fois. Comme l'a souligné à juste titre le député de , certaines grandes chaînes d'épicerie avaient déclaré qu'elles ramèneraient leur programme de « rémunération des héros », pour reconnaître les risques que ces travailleurs prennent afin d'aider les Canadiens, mais elles n'ont rien fait en ce sens.
Toutes ces choses soulèvent une vague d'indignation. Aujourd'hui, je vais aborder ce qui m'indigne tout particulièrement et qui influence mon travail.
Je m'indigne lorsque, comme aujourd'hui, je reçois des courriels au sujet d'un autre aîné qui a perdu la vie, pas en raison de la pandémie, mais parce qu'il a cru le gouvernement sur parole lorsqu'il a affirmé qu'il serait là pour les Canadiens, qu'il les appuierait tout au long de la pandémie et leur a dit de demander de l'aide en cas de perte d'emploi. C'est ce qu'ils ont fait. Ils ont demandé la Prestation canadienne d'urgence.
Parce que le gouvernement ne comprenait pas ses propres règles — selon l'interprétation la plus charitable que je peux trouver — ou parce qu'il s'en fichait, il a décidé de récupérer les prestations destinées aux travailleurs âgés dans le besoin par l'entremise du Supplément de revenu garanti. Le gouvernement a récupéré cet argent sans comprendre ce qu'il faisait. Pourtant, il a été mis au courant de la situation dès le début de mai 2021, voire avant, et il a choisi de ne rien faire. Il est resté les bras croisés.
On pourrait dire que le gouvernement est resté passif parce que rien ne s'était encore passé, sauf qu'il l'est resté après que la nouvelle soit tombée en juillet. Les libéraux ont déclenché des élections et n'ont rien fait pour régler la situation. Au retour des élections, ils ont continué à faire preuve d'inertie. Il a fallu soulever la question avec insistance à la Chambre pour enfin obtenir une annonce qui n'a toutefois pas réglé le problème, puisque l'argent n'est toujours pas dans les poches des personnes âgées, qui en ont désespérément besoin.
L'argent n'est pas dans les poches de l'aîné dont j'ai entendu parler aujourd'hui, celui atteint de diabète de type 2 qui ne pouvait plus se permettre les aliments et les médicaments dont il avait besoin pour être en santé et qui en est mort. J'ai un courriel entre les mains au sujet d'un couple de Mississauga qui se trouve dans une situation désespérée. Ces deux personnes tentent de vivre avec 1 300 $ par mois parce qu'elles ne reçoivent plus leurs versements du Supplément de revenu garanti.
Le gouvernement dit de ne pas s'inquiéter parce qu'il a trouvé une solution: un paiement unique qui sera versé en mai ou en juin. Des aînés sont déjà décédés et ne pourront pas recevoir ce paiement, et d'autres mourront d'ici mai ou juin. Cette situation me révolte. Le fond de l'affaire me révolte parce que le Canada devrait faire mieux. Je suis révolté parce qu'en agissant ainsi, le a rompu la promesse qu'il a faite aux Canadiens de veiller à ce que le gouvernement soit là pour eux.
À cause d'un principe bureaucratique, les libéraux ont plutôt laissé les Canadiens pour compte parce qu'ils n'ont pas réussi à comprendre leurs systèmes internes, qu'ils n'avaient pas la bonne liste, qu'ils n'étaient pas sûrs de ceci ou qu'ils avaient peut-être besoin de faire cela. Tout cela est survenu après avoir prouvé au pays que, quand il y a une volonté politique, on peut mettre en œuvre un programme destiné à des millions de Canadiens presque du jour au lendemain.
Les libéraux veulent nous faire croire que, pour les aînés qui recevaient déjà de l'argent du gouvernement, qui étaient déjà inscrits sur une liste et qui étaient déjà dans un système où nous leur versions des paiements, ils ne peuvent pas trouver le moyen de leur verser de l'argent pour éviter qu'ils meurent de froid. C'est incroyable et c'est honteux.
Je suis outré de cette situation. Je suis fier que les résidants d'Elmwood—Transcona m'aient chargé de transmettre ce message au gouvernement. Je vais continuer à marteler le message jusqu'à ce que l'argent soit entre les mains des aînés, qui pourront alors rentrer chez eux et sortir de la situation périlleuse dans laquelle ils se trouvent parce que le gouvernement ne se donne pas la peine de s'attaquer à sa propre bureaucratie, qui lui dit que quelque chose qu'il faut régler ne peut pas être réglé, alors que nous savons tous que ce n'est pas vrai.
Je trouve la situation révoltante.
Je suis scandalisé par le fait que des personnes sont mortes dans des foyers de soins personnels pendant la pandémie en raison de nombreuses années de compressions dans les soins de santé à l'échelle fédérale et provinciale. Nous savons que le système est sous-financé. Ces compressions n'ont pas été imposées parce que le Canada ne pouvait pas se permettre de faire ces choses. Pendant les années où ces compressions ont été effectuées dans le système de santé, le taux d'imposition des sociétés au Canada est passé de 28 % à seulement 15 %. Il s'agit d'une baisse énorme. Cela représente une réduction d'impôt de près de 50 % pour les plus grandes sociétés du Canada. Or, au même moment, le gouvernement nous disait qu'il n'avait pas les moyens de payer sa juste part des soins de santé aux provinces.
C'est honteux.
Ce qui est encore plus honteux, c'est que deux ans se sont écoulés depuis le début de la pandémie et pratiquement tous les centres de soins de longue durée à Winnipeg ont connu une éclosion de COVID‑19. Le gouvernement fédéral n'a rien fait pour convoquer les provinces afin de discuter de meilleures normes nationales et du financement de ces normes.
Je ne dis pas que le gouvernement fédéral devrait dire aux provinces ce qu'elles doivent faire. Je parle de convoquer les provinces dans le but de discuter des pratiques exemplaires afin que tous les Canadiens puissent profiter des meilleurs programmes provinciaux de soins de longue durée visant à servir les Canadiens et que le gouvernement fédéral contribue à financer ces programmes.
C'était le pouvoir de...
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Monsieur le Président, c'est peut-être en raison des cris, mais j'ai dit que j'étais révolté et j'imagine que cela a occasionné des problèmes techniques.
Voilà où nous en sommes. La pandémie dure depuis deux ans. Nous n'avons fait aucun progrès notable dans le dossier des établissements de soins de longue durée. On ne peut pas dire que les experts qui conseillent les gouvernements sur la manière de gérer la pandémie ont été pris de court par une nouvelle vague. Même au début de la pandémie, ils avaient dit qu'il y aurait probablement au moins quatre vagues. Nous savons que ce sont des problèmes qu'il faut régler, même si la pandémie se terminait demain comme par magie. Même aujourd'hui, on entend certains députés suggérer que la pandémie serait fonction des restrictions sanitaires ou quelque chose du genre. Si on met fin aux restrictions, cela ne mettra pas fin à la pandémie. J'aimerais bien que ce soit le cas, mais nous luttons contre un virus. Nous ne luttons pas les uns contre les autres, ne l'oublions pas.
Pour traverser la pandémie, il faudra certainement beaucoup de soins et de ressources. Alors que nous réduisions les impôts des grandes sociétés, en disant aux Canadiens que nous n'étions pas en mesure de financer les soins de santé dont ils avaient besoin, beaucoup de gouvernements provinciaux faisaient la même chose. On le voit au Manitoba, en Alberta et partout au Canada, parce qu'il y a des gens au gouvernement qui ne croient tout simplement pas au régime de santé public, qui préféreraient le privatiser et accorder des réductions d'impôts aux grandes sociétés au lieu de fournir le financement qui, nous le savons, est indispensable pour offrir des soins de santé adéquats.
Je suis outré. Depuis 1997, le Parti libéral ne cesse de promettre, encore pas plus tard que dans le dernier discours du Trône, qu'il va agir au sujet de l'assurance-médicaments. Pourquoi est-ce que cela me met en colère? C'est parce que je sais que des gens ont vraiment de la difficulté à joindre les deux bouts à cause de l'inflation. Je sais que le gouvernement ne possède pas de baguette magique, et qu'il n'a aucun pouvoir sur les facteurs qui font grimper l'inflation en ce moment. Sur quoi, toutefois, le gouvernement a-t-il un contrôle? Il pourrait certainement donner un coup de pouce pour ce qui est du prix des médicaments sur ordonnance. C'est ce que permettrait de faire un programme national d'assurance-médicaments. Il permettrait d'économiser de l'argent. Un tel programme revient moins cher que ce que dépensent actuellement les Canadiens en médicaments sur ordonnance.
Revenons quelques années en arrière et jetons un coup d'œil au rapport du directeur parlementaire du budget, qui était très clair. En ce moment, les Canadiens dépensent environ 24 milliards de dollars par année en médicaments sur ordonnance aux termes des nombreux programmes provinciaux et régimes privés. Un régime national unique coûterait environ 20 milliards de dollars par année. Voilà un moyen d'économiser de l'argent, de mieux servir les gens et de contribuer à réduire certains de ces coûts qui rendent la vie si difficile pour les Canadiens en ce moment. Le gouvernement doit absolument agir à ce sujet. Cela aiderait bien des gens.
Le NPD propose depuis longtemps de s'occuper du dossier des tarifs des entreprises de télécommunications. Les tarifs que paient les Canadiens pour les services de téléphonie mobile et l'accès à Internet sont parmi les plus élevés au monde. De nos jours, ces services sont essentiels et non un luxe pour améliorer son confort. Les Canadiens qui veulent participer au marché du travail auront beaucoup de difficulté à trouver un emploi, et à le garder, s'ils n'ont pas d'accès à Internet ou de téléphone cellulaire. Le gouvernement pourrait agir. Il pourrait adopter une approche réglementaire pour diminuer les tarifs et, à tout le moins, rendre les tarifs du plan de base vraiment abordables pour des services aussi importants que la téléphonie cellulaire et l'accès à Internet.
Que prévoit le projet de loi ? Il ne présente rien de particulièrement choquant, mais il ne contient pas non plus les dispositions dont nous avons réellement besoin. Je pense que c'est là le problème. De toute évidence, beaucoup de Canadiens sont frustrés en cette période très difficile en raison des nombreux défis liés à la pandémie. Nous sommes aussi nombreux à ressentir une menace imminente quand nous regardons ce qui se passe sur la planète, comme les phénomènes météorologiques extrêmes, les perturbations économiques, et les déplacements des populations qui en découlent, et à prendre conscience que nous ne sommes pas à la hauteur de ces défis. Oui, il faut absolument aider les entreprises à améliorer leur système de ventilation. C'est la bonne chose à faire dans le contexte de la pandémie et les mesures annoncées sont justifiées pour contribuer à améliorer la situation.
Il faut aider les écoles à améliorer leur système de ventilation. Rembourser aux enseignants une partie des dépenses qu'ils assument eux-mêmes n'est pas une solution satisfaisante, car ils ne devraient pas avoir à payer de leur poche, selon moi. Tant que nos gouvernements ne seront pas prêts à accorder à l'éducation le financement dont elle a besoin, de manière à ce que chaque élève ait ce qu'il lui faut, je serai reconnaissant aux enseignants qui sont prêts à en faire toujours plus, et je suis prêt à appuyer une mesure qui leur procurerait un peu de soutien pour les gestes qu'ils posent par compassion par leurs élèves et qu'ils ne devraient pas avoir à poser parce que nous devrions nous en occuper collectivement. Nous devrions nous occuper, collectivement, de financer les choses dont les élèves ont besoin, au lieu de laisser les enseignants le faire eux-mêmes.
Je vois d'un bon œil, en principe, le fait que le gouvernement envisage d'imposer une taxe sur les logements sous-utilisés. Cela dit, il sera important d'examiner cette mesure attentivement en comité, car les analyses initiales indiquent que cette mesure est criblée de trous assez grands pour y laisser passer un camion. Il faut faire beaucoup plus pour régler les problèmes qui existent dans le marché immobilier, comme les libéraux l'ont promis pendant la campagne électorale, par exemple interdire les offres à l'aveugle. C'était une des promesses du Parti libéral, en effet.
Pourquoi n'en est-il pas question ici? Que peuvent-ils bien attendre? Le prix des maisons n'est-il pas déjà assez élevé? Doit-il grimper plus vite encore pour que les libéraux donnent suite à leur promesse électorale? Voyons donc. Ce point devrait au moins être mentionné.
Nous savons aussi qu'il nous faut un plan solide, autre chose que la Stratégie nationale sur le logement dont ils aiment se vanter, car elle est inadéquate. Il nous faut plus d'unités de logement, concrètement. Je ne parle pas ici de prétendus « logements abordables », dont la définition technique correspond à un loyer trop élevé pour la plupart des gens, un loyer qu'ils n'ont pas les moyens de payer.
Nous devons bâtir des logements dont le loyer est proportionnel au revenu et nous devons nous intéresser aux options qui s'éloignent de l'économie de marché, comme les coopératives, ce genre de chose, afin que le marché de l'habitation se détache suffisamment de la spéculation pour que les gens aient véritablement les moyens d'avoir un chez-soi. Il s'agirait par le fait même d'un coup de pouce financier pour les gens qui souhaitent sincèrement accéder à la propriété. Ceux-ci seraient d'ailleurs plus nombreux si le prix des maisons baissait, par exemple pour revenir à ce qu'il était il n'y a pas si longtemps, car en plus de faire baisser la demande en logements, les prix globaux descendraient eux aussi.
Voilà ce qu'il faut faire sans tarder. J'espère que le comité étudiera attentivement la nouvelle loi sur les logements sous-utilisés. Il s'agit selon moi du fruit d'un bon travail parlementaire, mais on se fait des illusions si on croit que ce texte réussira à infléchir la trajectoire fondamentale que prend le marché canadien de l'habitation, pas seulement depuis deux ans, comme le prétendent les conservateurs, mais depuis 20 ans. Cela fait en effet depuis le milieu des années 1990 que les prix ne cessent d'augmenter parce que les différents gouvernements n'ont pas assez financé les logements hors marché pour atténuer la pression qui s'exerçait sur ce même marché. Il faut absolument que ça change.
On propose plus de fonds pour des choses qui sont nécessaires, en particulier les tests de dépistage rapides, et nous appuyons cette dépense. Cela dit, nous avons des questions. J’en ai posé au plus tôt, et j’ai été consterné qu’il n’ait eu aucune réponse à donner. Dans le projet de loi , des fonds pour acheter des tests de dépistage rapides sont proposés et, dans un projet de loi distinct — le projet de loi —, le gouvernement propose aussi des dépenses pour acheter des tests de dépistage rapide. Le projet de loi C-8 demande 1,72 milliard de dollars pour des tests de dépistage rapide, et le projet de loi C-10 en demande 2,5 milliards pour la même chose. Le ministre associé des Finances et le gouvernement n’ont pas pu me dire clairement s’ils demandent un total de 4,2 milliards de dollars, les 2,5 milliards demandés dans le projet de loi C-10, ou le 1,7 milliard du projet de loi C-8.
Je pense que les Canadiens devraient le savoir, et je pense que le Parlement peut s’attendre à des renseignements fiables sur ces chiffres puisque, comme nous le savons, il n’y a pas si longtemps, le directeur parlementaire du budget a dit que le gouvernement avait déposé ses comptes publics bien en retard et faisait figure à part au sein du G7. Je pense que le gouvernement doit vraiment se rendre à la raison. Cela fait un certain temps que d’importantes dépenses de fonds publics sont nécessaires, mais le fait qu’il faille dépenser n’est pas une raison pour négliger la reddition de comptes sur la nature des dépenses et pour le faire en retard. En fait, quand le gouvernement engage des dépenses si importantes si rapidement, il est encore plus important qu’il soit véritablement transparent et qu’il soit ponctuel. À cet égard, il y a certainement matière à discussion.
Je me contenterai de dire que, bien que je ne suis pas impressionné par l'absence des nombreuses choses qui nous sont nécessaires pour nous montrer à la hauteur de la situation, qu'il s'agisse de la pandémie ou des changements climatiques, je suis d'avis que ce n'est pas une raison pour ne pas procéder. Toutefois, je crois vraiment qu'il faut que le gouvernement détermine comment relever les défis qui se posent à lui et aller de l'avant avec empressement. Notamment, je le répète une fois de plus, il doit se rendre compte de l'urgence relative aux aînés qui ont vu leurs prestations récupérées par le gouvernement. Ces aînés ne perdent pas seulement une partie de leur revenu, ils perdent aussi l'accès à des programmes provinciaux, dans bien des cas. Ils faisaient partie d'un réseau de soutien qui leur fournissait un logement et de quoi se nourrir, et qui les maintenait en vie. Tout cela est en péril parce que le gouvernement a refusé d'agir rapidement en mai dernier, alors qu'il savait qu'un problème se produirait. Le gouvernement doit absolument agir de toute urgence à cet égard.
Il doit aussi se pencher sur la situation de tous les gens qui sont encore sans travail à cause de la pandémie. Soyons sérieux. Nous connaissons tous au moins une personne qui a de la difficulté à reprendre les fonctions qu'elle occupait ou à obtenir suffisamment d'heures de travail dans le cadre de ses nouvelles fonctions et qui n'est pas en mesure de subvenir aux besoins de sa famille. La réduction de 40 % des prestations liées à la pandémie, qui passent de 500 $ à 300 $ par semaine, était déjà assez pénible, mais en plus, avec la Prestation canadienne pour les travailleurs en cas de confinement, le gouvernement a fait en sorte qu'il soit bien plus difficile d'obtenir de l'aide. Des gens d'Elmwood—Transcona et de l'ensemble du pays qui communiquent avec mon bureau disent qu'ils essaient, en vain, d'accéder à cette prestation en cette période où ils en ont désespérément besoin. On leur a dit qu'ils recevraient une réponse en quelques jours, mais ils attendent depuis des semaines, et ils n'ont toujours pas reçu de réponse. Le gouvernement avait un système qui offrait de l'aide au revenu à de nombreuses personnes, et lorsqu'il a décidé d'y mettre fin, il y avait encore 900 000 bénéficiaires. La mesure de remplacement n'est pas adaptée aux besoins, en raison de l'insuffisance des prestations et des critères auxquels les gens doivent répondre pour les obtenir.
Comme je l'ai dit, on pourrait certainement renvoyer le projet de loi à un comité, et certaines mesures méritent d'être étudiées, mais ce n'est pas le genre de leadership dont nous avons besoin en ce moment. Le gouvernement doit en faire davantage pour être à la hauteur de la situation, et je serai toujours là, tout comme mes collègues néo-démocrates, pour pousser le gouvernement à se montrer à la hauteur de la situation.
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Monsieur le Président, je suis absolument ravi de partager une frontière de circonscription avec vous.
Aujourd'hui, nous sommes là pour parler du projet de loi , qui comporte une série de mesures législatives donnant suite à la mise à jour économique de la en décembre.
J'utiliserai le temps qui m'est imparti aujourd'hui pour parler de la mise à jour économique dans son ensemble, y compris: la façon dont le gouvernement est intervenu pour éviter les pires circonstances économiques de la pandémie; les mesures législatives contenues dans le projet de loi; et l'importance de la croissance économique pour assurer la viabilité financière de notre pays et sa capacité à offrir d'importants programmes sociaux dans les jours à venir, notamment dans certains domaines d'intervention qui, selon moi, seraient avantageux pour le gouvernement.
[Traduction]
Quand nous débattons de ce projet de loi, il est important de nous transposer en mars 2020. Nous étions alors aux prises avec le plus grand défi économique de notre époque, la crise économique la plus grave depuis la Grande Dépression. Pendant que nous en apprenions chaque jour sur le nouveau coronavirus, le gouvernement ne disposait en réalité que de deux options. D'une part, il pouvait intervenir et contribuer à soutenir la stabilité économique du pays en venant en aide aux personnes, aux entreprises, aux provinces et aux territoires. D'autre part, il pouvait adopter une politique du laisser-faire consistant à accepter stoïquement les dommages économiques, mais à freiner les dépenses. Advienne que pourra.
Je compare ces deux stratégies même si la crise économique de 2008-2009 est distincte de la crise actuelle, car il faut tout de même souligner que les options choisies par ces deux gouvernements, respectivement le gouvernement Harper de l'époque et le gouvernement actuel, sont complètement différentes. Je le mentionne parce que l'économie n'en est pas sortie indemne à l'époque. Comme le gouvernement Harper n'avait pas injecté les liquidités nécessaires, il a fallu des années pour renouer avec la prospérité économique d'avant la crise.
Cette comparaison permet de bien montrer le contraste entre les deux gouvernements. Aux prises avec une crise inédite, nous avons pris des mesures robustes et nous avons débloqué des fonds pour ne pas laisser tomber les gens.
Comme nous le verrons aujourd'hui, alors que nous passons en revue les différentes mesures adoptées par le gouvernement, le PIB est revenu au même niveau que celui d'avant la pandémie, et nous avons récupéré plus d'emplois que tous ceux qui ont été perdus au plus fort de la pandémie. Je veux que les Canadiens et les parlementaires y réfléchissent alors que nous discutons du projet de loi à la Chambre aujourd'hui et qu'ils songent à notre situation actuelle ainsi qu'au chemin parcouru.
Je m'en souviens. Je me souviens que j'étais chez moi, dans ma circonscription, Kings—Hants, peu après mon élection de 2019 comme député. En fait, vous et moi étions chacun à la maison, monsieur le Président. Je me rappelle que je souhaitais ardemment être ici, mais que j'avais tout de même le privilège de pouvoir représenter mes concitoyens à distance. Je me souviens de la rapidité avec laquelle le gouvernement a mis des mesures en place, que ce soit la Prestation canadienne d'urgence, dont ont pu se prévaloir les personnes ayant perdu leur emploi à cause de la pandémie, ou la subvention salariale, qui a été accordée aux entreprises à mesure que leur situation économique changeait.
C'était une période d'incertitude, comme tous les parlementaires peuvent le constater. J'ai entendu toutes sortes d'histoires, que ce soit au sujet de la Prestation canadienne d'urgence, qui a permis d'aider une famille à traverser cette période difficile, ou de la subvention salariale. Des entrepreneurs ont dit que leur entreprise n'existerait plus aujourd'hui si le gouvernement n'était pas intervenu.
La semaine dernière, j'étais à Windsor pour aller au Mermaid Theatre. Pour les Canadiens qui nous regardent et qui ne le savent peut-être pas, le Mermaid Theatre fait un travail extraordinaire. Il s'agit d'un spectacle de marionnettes. Le théâtre, qui est établi dans la petite ville de Windsor, en Nouvelle‑Écosse, parcourt le monde pour pratiquer son art. Si nous n'avions pas accordé ces subventions salariales, la troupe du Mermaid Theatre n'existerait plus aujourd'hui.
Au contraire, nous l'avons aidé à traverser la pandémie. Grâce au soutien que le gouvernement lui a fourni pour lui permettre de traverser cette période, la troupe passe maintenant à l'apprentissage en ligne et elle est capable de présenter ses spectacles de marionnettes sous forme numérique. Elle utilise des technologies novatrices pour présenter ses œuvres partout dans le monde parce qu'elle ne peut pas présenter de spectacles en salle devant 3 000 personnes. Ce n'est qu'un exemple parmi tant d'autres.
Je veux parler du Compte d'urgence pour les entreprises canadiennes. Il s'agit d'un autre outil qui permet de fournir des liquidités aux entreprises. Les députés se souviendront que 25 % du prêt devient une subvention si les entreprises sont en mesure de rembourser le montant emprunté. Nous avons maintenant prolongé le délai de remboursement jusqu'au 31 décembre 2023.
J'aime appeler un chat un chat à la Chambre. Le gouvernement n'est pas parfait. De ce côté-ci, nous ne sommes pas parfaits, mais nous avons dirigé des programmes qui ont répondu en grande partie aux besoins des Canadiens. Certaines entreprises ne répondaient pas aux critères des programmes que nous établissions. C'est pourquoi nous avons mis l'accent sur le Fonds d'aide et de relance régionale. Ce fonds était administré par les agences de développement régional. Dans notre région du Canada atlantique, il était administré par la Corporation au bénéfice du développement communautaire, ou CBDC.
Les CBDC travaillaient avec les entreprises. Il était possible qu'une entreprise n'ait pas besoin d'un prêt de 40 000 $ et qu'un prêt de 10 000 $ lui suffise pour mener à bien ses projets. Les CBDC pouvaient travailler avec des entreprises qui ne répondaient pas autrement aux critères des programmes. Il s'agit d'un programme extrêmement bénéfique.
Je tiens à féliciter l'ancienne ministre du Développement économique, qui occupe maintenant le poste de . Il y avait une disposition qui permettait aux CBDC de conserver les capitaux propres qu'elles gagnaient. Ces fonds seraient retournés et les entreprises dans l'ensemble du Canada pourront s'en servir pour réaliser de petites initiatives.
Il a beaucoup été question des aînés à la Chambre. C'est un sujet très important. Ma circonscription, Kings—Hants, compte beaucoup d'aînés. Je tiens à souligner que, pendant la pandémie, nous les avons épaulés, et nous savons qu'il reste du travail à faire.
Nous avons versé un supplément de 300 $ aux prestataires de la Sécurité de la vieillesse, et de 200 $ aux bénéficiaires du Supplément de revenu garanti. Nous avons augmenté de 10 % les prestations de la Sécurité de la vieillesse destinées aux personnes de 75 ans et plus, et nous promettons d'augmenter le Supplément de revenu garanti de 500 $. Cela fait partie de la plateforme électorale du gouvernement. Bien entendu, tel qu'il était indiqué dans la mise à jour économique, il y a aussi eu une importante mesure visant à réduire et à éliminer les récupérations effectuées auprès des aînés ayant bénéficié de prestations liées à la pandémie.
Nous avons aussi épaulé les travailleurs essentiels grâce à certains programmes. Ce n'est pas rien. Tous les députés à la Chambre ont adopté ces mesures. Je sais que des députés conservateurs en ont éprouvé une certaine frustration. Je n'hésite pas à le dire. Je pourrai peut-être en discuter avec certains députés présents à la Chambre aujourd'hui lorsque viendra le moment des questions.
Dans un même souffle, les conservateurs accusent les libéraux d'en faire trop et de verser trop d'eau sur le feu, affirmant que nous aidons trop les Canadiens, puis, littéralement à la phrase suivante, ils affirment que le gouvernement n'en fait pas assez. De ce côté-ci de la Chambre, nous n'avons cessé de demander aux membres de la loyale opposition de Sa Majesté de prendre position une fois pour toutes en matière d'économie. Nous pourrons peut-être en discuter tantôt.
Je souhaite parler des résultats qu'ont produits les efforts du gouvernement, pour les gens qui écoutent les débats. Comme je l'ai déjà dit, nous avons récupéré 108 % des emplois perdus au plus fort de la pandémie. Autrement dit, nous avons créé plus d'emplois qu'il y a eu d'emplois perdus pendant la pandémie. À titre de comparaison, nos voisins du Sud, les États-Unis, ont récupéré jusqu'ici 84 % des emplois perdus. Nous avons donc de bons résultats pour ce qui est de l'emploi. Comme je l'expliquerai pendant mon discours, du fait de la force actuelle de l'économie, il y a même des emplois vacants, et nous devons déployer des efforts supplémentaires pour amener les Canadiens à les occuper.
La mise à jour économique prévoyait que le PIB reviendrait à son niveau prépandémique. Je crois que la a dit hier que c'était chose faite, en réponse à une question. Cela dit, nous savons que le variant Omicron apporte son lot de défis. Le ratio de la dette du Canada par rapport à son PIB est toujours le meilleur de tout le G7. Le ministère des Finances prévoit, bien sûr, une baisse de ce ratio au cours des cinq prochaines années. Autre fait important, le Canada a conservé une excellente cote de solvabilité tout au long de la pandémie.
La l'a dit ici, et il me semble qu'elle l'a répété hors de nos murs: il ne saurait y avoir de meilleure politique économique qu'une politique sanitaire vigoureuse. Nous reviendrons sur les mesures contenues dans le projet de loi, mais disons que je suis tout à fait d'accord avec la ministre. Les députés se rappelleront tout ce que le gouvernement a fait pour se procurer des vaccins, y compris des doses de rappel, même si la planète au complet se les arrachait.
Je tiens à lever mon chapeau à l'ancienne, mais aussi à l'actuelle pour son excellent travail dans le dossier des tests. Quant à ma collègue d', qui a des liens avec la circonscription de Kings—Hants et qui a grandi à Kentville, j'estime qu'elle a fait un boulot du tonnerre. Le gouvernement a tout fait pour que la population ait accès aux doses de vaccin et de rappel dont elle avait besoin.
Les efforts se poursuivent dans le dossier des tests de dépistage rapide. Le projet de loi prévoit 1,72 milliard de dollars en provenance du Trésor afin de faciliter l'acquisition de ce type de tests, qui pourront ensuite être distribués par les provinces.
Le gouvernement a aussi dépensé des milliards de dollars en équipement de protection individuelle. Là encore, je crois que les parlementaires ont tous une leçon à tirer de cette expérience: prenons soin des chaînes d'approvisionnement. Chose certaine, le gouvernement a su tirer parti des ressources et des outils à sa disposition, ici autant qu'à l'étranger, pour que les travailleurs de la santé aient de l'équipement de protection.
Le projet de loi comporte d'autres mesures en lien avec la pandémie qui représentent des milliards de dollars en soutien direct à la santé. Le Fonds de résilience à la COVID‑19 a été une occasion pour les provinces et les territoires d'examiner les ententes bilatérales en matière d'infrastructure afin de consacrer 10 % des fonds prévus dans le cadre de celles-ci à des projets de santé pour accroître la résilience à la COVID‑19. Je sais qu'il y a eu de tels projets dans ma circonscription. Par exemple, l'école élémentaire de Port Williams a reçu environ 1 million de dollars pour améliorer son système de ventilation. Il y a d'autres projets qui sont réalisés partout au Canada grâce au travail du gouvernement.
Je veux m'assurer d'aborder également les mesures législatives du projet de loi. Il y en a sept. Je vais les présenter rapidement, car je pense qu'elles sont extrêmement importantes.
La première est le crédit d'impôt offert aux petites entreprises qui investissent dans l'amélioration de la qualité de l'air. Nous savons que cela est important. Nous collaborons avec les provinces. Les dépenses admissibles des entités seraient limitées à un maximum de 10 000 $ par emplacement et à un maximum de 50 000 $ pour des organismes qui appartiennent à un seul propriétaire bénéficiaire. Ce sont d'importants investissements de notre part, qui s'ajoutent à quelques-uns des crédits d'impôt qui étaient prévus dans le budget de 2021 et qui visent des technologies de numérisation dont les petites entreprises peuvent se servir, compte tenu de l'évolution des habitudes des consommateurs, qui ne se rendent plus nécessairement dans les entreprises, mais préfèrent magasiner en ligne. Selon moi, c'est extrêmement important.
Il y a un nouveau crédit d'impôt remboursable pour les agriculteurs dans les administrations assujetties au filet de sécurité fédéral en Ontario, en Saskatchewan, en Alberta et au Nouveau‑Brunswick. Cela est extrêmement important pour la compétitivité de l'agriculture canadienne. Il s'agit d'un engagement de 100 millions de dollars prévu dans le budget de 2021, et je me réjouis de le voir aller de l'avant.
Nous avons élargi la composante voyage de la déduction pour les habitants de régions éloignées. Nous savons qu'il est extrêmement important que ces contribuables puissent obtenir un crédit d'impôt remboursable dans leur déclaration de revenus. Ce sont de bonnes mesures. En tant que député ministériel d'une région rurale, je suis en mesure d'en apprécier la valeur.
Parlons de la Loi sur la taxe sur les logements sous-utilisés. Nous savons que le logement est une des principales préoccupations au pays. Nous avons haussé la barre avec cette loi, qui instaure une taxe de 1 % sur la valeur globale réelle des immeubles résidentiels visés. La mesure ne s'applique pas aux Canadiens, mais aux personnes non résidentes et non canadiennes qui possèdent un immeuble qui ne sert pas à loger quelqu'un. Il peut s'agir d'une propriété sur le marché spéculatif. C'est là l'une des mesures que le gouvernement a l'intention d'instaurer au cours des prochains jours. Je lui lève mon chapeau et j'applaudis ce que cela pourrait accomplir. La mesure réglera-t-elle le problème à elle seule? Absolument pas. Je suis convaincu que cela relève en partie des administrations municipales. Nous pourrions trouver des moyens de travailler avec les municipalités afin d'accélérer leurs processus de développement et donner plus de certitude afin d'éviter que les constructeurs de maisons aient à attendre pendant des années. Ces délais font augmenter les coûts et, ultimement, le prix des maisons que, bien entendu, tous les Canadiens cherchent à acheter.
J'ai mentionné la prolongation des prêts au titre du Compte d'urgence pour les entreprises canadiennes ainsi que d'autres éléments du projet de loi.
Je veux parler d’où nous nous dirigeons. En tant que député, je pense qu’il est extrêmement important de nous concentrer sur la croissance économique. Nous avons engagé beaucoup de dépenses pendant la pandémie, assurément. C'était nécessaire pour prévenir les pires dommages pour notre économie. Je suis certain que, si nous voulons maintenir un équilibre budgétaire dans les jours à venir, la croissance économique doit être un élément clé.
Il y a quelques nuages à l’horizon, probablement, que nous devons tous garder à l’esprit en tant que parlementaires. Le premier est le variant Omicron. Quand le projet de loi a été déposé à la Chambre, ce variant n’était pas nécessairement encore répandu, mais il aura évidemment un impact sur les prévisions économiques pour 2022. Le variant va entraîner des coûts, et le gouvernement se concentrera sur le montant d’argent.
Nous avons entendu parler de nouveaux fonds pour les soins de santé. Le gouvernement en a promis dans sa plateforme électorale, et les premiers ministres provinciaux en réclament. Nous devons faire attention et nous assurer que les dépenses demeurent stables au fil du temps.
Nous baignons dans une économie mondiale protectionniste. Nous l’avons constaté avant la pandémie avec les États‑Unis et la Chine, et les guerres de droits de douane qui faisaient rage. Le Brexit était une décision qui concernait plus que l’économie, certes, mais il a eu comme conséquence économique de diviser le bloc européen et le Royaume‑Uni. De plus, pour ce qui est de l’organe d’appel de l’OMC, ce dernier est paralysé et incapable d’entendre les appels depuis un bon moment.
L'administration américaine actuelle est très absorbée par ses propres affaires intérieures. Certains éléments de la loi Achetez américain, notamment les véhicules électriques, et une partie de la mesure législative présentée au Sénat concernant l'étiquetage indiquant le pays d'origine auraient des conséquences pour les producteurs canadiens et les éleveurs de l'Ouest, et pourraient leur causer des soucis si cette mesure était adoptée. Nous devons en être conscients. Tout cela pourrait avoir des répercussions économiques. Le gouvernement n'a pas hésité à travailler avec les administrations difficiles des États-Unis. Des liens économiques solides unissent nos deux pays et ces liens demeureront, mais nous devons être attentifs.
J'exposerai rapidement les éléments sur lesquels je crois que le gouvernement doit se concentrer dans le cadre de ce que je considère comme une vaste stratégie de croissance économique. La lettre de mandat de la aborde ce sujet. Je crois réellement que le temps est venu de nous serrer les coudes pour travailler avec le secteur privé, d'abord, ainsi qu'avec les divers ordres de gouvernement, les organismes sans but lucratif et les dirigeants autochtones pour examiner comment nous pouvons concevoir une stratégie de croissance qui favoriserait la prospérité au pays dans les années à venir.
Nous devons nous concentrer sur notre compétitivité à l'échelle internationale et sur ce que le Canada a à offrir au monde. Cette approche inclut, comme d'autres députés l'ont dit, les secteurs canadiens de l'agriculture, de la foresterie, du pétrole et du gaz ainsi que des mines. Ce sont d'importants secteurs sur lesquels nous devrons continuer de concentrer nos efforts. Nous devons aider les petites et moyennes entreprises à adopter une perspective mondiale et à tirer parti des accords commerciaux déjà conclus.
Nous devons aussi nous concentrer sur le commerce intérieur et l'harmonisation des règles pour accroître l'efficacité économique. Le Groupe d'action sénatorial pour la prospérité, qui est formé de plusieurs sénateurs, a produit un rapport sur le sujet. Selon le groupe, les obstacles au commerce interprovincial privent l'économie canadienne d'une hausse d'environ 2 à 4 % du PIB.
C'est un sujet qui a été maintes fois soulevé. Nous l'avons déjà étudié. Ma circonscription compte une industrie vinicole de calibre mondial, mais la situation est telle que les producteurs affirment qu'il est plus facile d'expédier une bouteille en France ou au Royaume‑Uni qu'au Nouveau‑Brunswick. Dans la société d'aujourd'hui, nous devons être en mesure de faire avancer ce dossier.
Notre collaboration avec les provinces a été excellente pour ce qui est de l'adoption des mesures sanitaires. Utilisons ces liens pour éliminer les barrières économiques et obtenir là aussi des résultats positifs.
Il faut aborder la réglementation des professions de manière à la normaliser. Les soins de santé, la main-d’œuvre, les échanges commerciaux et la mobilité sont des secteurs clés qui requièrent une intervention du gouvernement.
Mon prédécesseur, M. Brison, a présenté une réforme réglementaire dans le budget de 2018. C'est un bon point de départ, mais il faut pousser encore plus loin. En ce qui concerne l'innovation dans l'économie canadienne, des progrès importants sont réalisés du côté des supergrappes, mais il y a plus à faire.
Je terminerai mon allocution en parlant de la technologie du PRM, ou petit réacteur modulaire. J'aurais beaucoup d'autres choses à dire, mais mes 20 minutes s'écoulent trop vite, malheureusement. Même si je reconnais le privilège qui m'est donné de prendre la parole, ce n'est pas suffisant. Le secteur pétrolier et gazier du Canada jouera un rôle important dans notre économie future, quoique plus modeste que ce qu'il a connu dans le passé. Nous devons prendre appui sur la technologie du PRM pour réduire les émissions causées par l'exploitation du pétrole et du gaz dans notre pays. C'est ainsi que nous pourrons continuer d'utiliser cette ressource, car elle sera recherchée à l'échelle mondiale dans les prochaines décennies. En collaborant avec l'industrie et en misant sur l'innovation, nous pouvons créer une synergie de premier plan sur laquelle le gouvernement devrait centrer son attention.
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Madame la Présidente, c'est un plaisir de prendre la parole ce soir.
Je vais être totalement honnête avec les députés: étant donné les événements exceptionnels et déroutants d'aujourd'hui, je vais livrer mon discours de façon improvisée et partager mon temps avec le député de .
Vu le contexte actuel au Canada, le projet de loi soulève à mes yeux un certain nombre de préoccupations importantes. Le C‑8 n'est pas mauvais en soi, mais je suis préoccupé par les circonstances dans lesquelles nous l'étudions au Parlement aujourd'hui et par ce qui se passe dans notre grande nation. La partie 1 du projet de loi porte sur les modifications à apporter à la Loi de l'impôt sur le revenu, dont l'ajout d'un crédit d'impôt remboursable visant à améliorer la qualité de l'air. L'alinéa b) du sommaire présente un nouveau crédit d'impôt pour les déplacements dans le Nord. L'alinéa c) porte sur une augmentation allant de 15 % à 25 % du crédit d'impôt au titre des fournitures scolaires. L'alinéa d) porte sur un nouveau crédit d'impôt remboursable accordé pour le retour des produits de la redevance sur les combustibles aux entreprises agricoles dans les provinces assujetties au filet de sécurité fédéral. Aucune de ces mesures n'est mauvaise en soi.
Qui plus est, la Loi sur la taxe sur les logements sous-utilisés, qui vise à taxer les acheteurs étrangers au Canada, n'est pas nécessairement la pire chose qui soit. La partie 3, qui prévoit un délai de prescription de six ans pour les prêts accordés aux petites entreprises au Canada afin qu'ils concordent avec le programme de prêts aux étudiants, n'est pas la pire mesure qui soit. La partie 4 autoriserait des paiements sur le Trésor en vue d’installer de nouveaux systèmes de ventilation dans les écoles. La partie 5 prévoit des fonds supplémentaires pour des initiatives en matière de vaccination contre la COVID‑19. La partie 6 autorise 1,72 milliard de dollars de paiements sur le Trésor pour des tests de dépistage de la COVID‑19. Nous réclamons ces mesures depuis longtemps, et, malgré tout l'argent qu'il a dépensé, le gouvernement ne les a toujours pas adoptées. La partie 7 modifie la Loi sur l’assurance-emploi.
Toutes les mesures prévues dans ce projet de loi omnibus ne sont pas mauvaises en soi. Toutefois, le problème est lié à la reddition de comptes, à la transparence et à l'état du pays. Cet après-midi, juste avant de me précipiter à la Chambre parce que je venais de me rendre compte que j'allais bientôt prendre la parole, j'ai appelé en vitesse le directeur parlementaire du budget. Il m'a rappelé le rapport qu'il avait présenté au Parlement et à tous les Canadiens sur l'état des finances du gouvernement et ce qu'il avait signalé au Parlement.
Il ne s'agit que de notre cinquième semaine de séance depuis les élections et je me souviens très clairement que les comptes publics ont finalement été déposés le 14 décembre, soit six à sept mois plus tard qu'à l'habitude. Selon le rapport du directeur parlementaire du budget, le Canada représentait un cas particulier par rapport aux autres pays développés en ce qui concerne la transparence et la responsabilité financières. Ce qui est encore plus scandaleux, c'est le fait que le gouvernement a déposé le projet de loi deux jours plus tard, bien que nous ayons à peine eu le temps de recevoir une copie des rapports vérifiés des divers ministères pour examiner les conséquences de ces dépenses et la façon dont elles se sont concrétisées dans les rapports par poste dans les ministères fédéraux.
Dans le projet de loi , le gouvernement a demandé au Parlement d'approuver des milliards et des milliards de dollars en dépenses supplémentaires pour relancer l'économie et lutter contre la COVID‑19. Comment le gouvernement peut-il demander aux parlementaires d'endetter les générations futures avec toujours plus de dépenses alors que nous n'avons même pas eu le temps d'examiner ce qui a déjà été déposé? Il faut traiter l'argent des contribuables avec plus de respect à la Chambre.
Je me souviens aussi que, au début de la pandémie, l'opposition officielle a été là pour les Canadiens. Nous avons épaulé le gouvernement et approuvé des dépenses permettant de veiller à ce que les Canadiens ne perdent pas leur maison et qu'ils puissent être payés au moment des confinements, mais tout cela est chose du passé. Le pays a beaucoup changé en deux ans. Le 21 janvier dernier, dans ma voiture, en route vers des réunions à Vancouver, j'écoutais la Dre Bonnie Henry sur les ondes de CKNW et j'ai été choqué par ce que j'ai entendu, car la semaine précédente, la garderie de mon fils avait été fermée et ma femme et moi devions gérer un bambin de deux ans à la maison tout en essayant tous les deux de faire notre travail. L'école avait dû fermer ses portes, conformément aux directives de la santé publique provinciale. Nous avions convenu que c'était une bonne chose et qu'il fallait respecter de tels protocoles afin de garder les enfants en sécurité. Personne ne remet cela en question.
Cependant, la semaine suivante, en sortant de la voiture après avoir écouté la Dre Bonnie Henry sur les ondes de CKNW, je me suis senti rempli d'espoir que les choses allaient s'améliorer, que le variant Omicron n'aura pas un impact aussi dévastateur sur la population que ce que la Dre Henry avait anticipé au départ. Elle a déclaré qu'il est temps que nous changions notre manière de concevoir ce virus et ses mutations. Elle a même ajouté que nous devrions considérer la COVID‑19 et le variant Omicron au même titre que d'autres maladies respiratoires comme la grippe et d'autres virus.
Plus récemment, le Dr Kieran Moore, de l'Ontario, a déclaré que nous avons laissé une grande peur contrôler notre vie depuis les deux dernières années et que nous devons maintenant nous départir de cette attitude. Il a précisé que nous n'arriverons pas à éliminer cette menace et que nous devons apprendre à vivre à ses côtés.
Ici même, au Parlement, la Dre Theresa Tam a récemment déclaré ceci: « Je crois que bon nombre d'experts sont d'avis que la soi-disant immunité collective ne sera pas possible avec ce virus, parce qu'il évolue constamment. Nous sommes donc dans une situation endémique, où les gens seront réinfectés au fil du temps alors que l'immunité s'affaiblit [...] »
C'est donc dire, d'après ce que je comprends, que différents variants de la COVID‑19 seront présents dans nos communautés pendant encore un certain temps et que les responsables de la santé publique nous disent qu'il faut commencer à réévaluer les confinements et, peut-être, les dépenses que font les gouvernements en lien avec ce terrible virus qui a eu un effet terriblement négatif sur notre vie à tous.
Quel est le lien avec le projet de loi ? Tout commence dans nos circonscriptions.
Samedi, je suis passé prendre des documents à mon bureau avant de prendre l'avion pour Ottawa dimanche. Il y avait une manifestation devant mon bureau, avec beaucoup de gens en colère et mécontents de moi. Je suis allé leur parler. Beaucoup de gens étaient fâchés que je leur parle. Ils étaient aussi fâchés contre moi parce que je suis en faveur des vaccins.
Je leur ai dit qu'ils avaient le droit d'être en colère en ce moment. Depuis deux ans, nous vivons dans un climat de peur. Depuis deux ans, nos vies sont bouleversées. Depuis deux ans, mes jeunes enfants n'ont connu que ce contexte. Mon fils de 2 ans n'a jamais connu un monde sans COVID.
Voici ce que j'encouragerais le gouvernement à faire dès aujourd'hui: qu'il commence à voir au-delà de la COVID‑19 et qu'il arrête de dire aux Canadiens qu'ils doivent vivre dans la même peur que celle qui régit nos vies depuis deux ans. Nous pouvons commencer à penser à l'après.
Voilà pourquoi je trouve aussi déplorable que le gouvernement ne donne pas au Parlement et à la Chambre le temps de bien examiner les dépenses engagées et d'en comprendre les conséquences, mais aussi d'analyser les répercussions des confinements et d'évaluer ce qui a été perdu parce que les mentalités n'ont pas évolué assez rapidement.
Les gens sont en colère. Il suffit de regarder dehors pour le constater. Les Canadiens veulent retrouver espoir et ils veulent que le gouvernement libéral leur donne l'heure juste sur le moment où ils pourront recommencer à mener une vie normale.
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Madame la Présidente, je suis heureux d'intervenir à la Chambre aujourd'hui, comme je le suis toujours d'ailleurs, pour parler d'un autre projet de loi du gouvernement portant sur les circonstances engendrées par la pandémie de COVID‑19. J'aborderai certaines des dispositions du projet de loi , mais je veux d'abord faire des observations générales sur certains enjeux liés à la pandémie qui font actuellement l'objet de vives discussions.
Deux des plus grands sujets de discussion sont la relation entre la science et l'élaboration de politiques, ainsi que les enjeux relatifs à la liberté, à l'importance que nous lui accordons et à la façon dont nous définissons ce concept au Canada. Je parlerai de ces deux sujets, ce qui donnera le ton au reste de mon intervention.
De l'avis général, l'histoire de la science moderne a commencé avec Galilée, ce grand homme qui était tragiquement assigné à résidence les dernières années de sa vie et qui a été persécuté simplement parce qu'il défendait l'idée que la Terre tourne autour du Soleil. On décrit souvent cette histoire comme un conflit entre le rationalisme scientifique et le dogmatisme religieux, mais je ne crois pas que c'est aussi simple que cela. Après tout. Galilée était un homme très croyant et Copernic, l'auteur de la théorie héliocentrique que Galilée défendait, était un prêtre, en plus d'être un scientifique.
Beaucoup de religieux appuyaient Galilée, mais celui-ci se faisait critiquer par de nombreux scientifiques. Dans bien des cas, ses opposants le critiquaient sur la base d'arguments scientifiques, en soutenant que ses théories tenaient de la mauvaise science et qu'elles devraient être réprimées parce que fondées sur de la désinformation. Peu importe leurs motivations profondes, chacun des deux camps dans le débat sur l'héliocentrisme affirmait avoir la science de son côté.
La meilleure façon de comprendre le conflit entre Galilée et ses détracteurs est de le voir comme un différend dans le monde scientifique à propos de la méthode appropriée pour la recherche scientifique. Galilée préconisait l'étude scientifique libre, alors que ses persécuteurs se fiaient aux autorités et aux conclusions scientifiques établies. Galilée présentait de nouvelles données et avançait de nouvelles idées qui remettaient en question le paradigme scientifique existant et l'ordre établi.
Il soutenait — à juste titre, selon moi — que le progrès scientifique exigeait un questionnement constant et vérifié empiriquement. Selon lui, les efforts pour préserver la confiance du public envers les connaissances scientifiques établies ne justifiaient pas le rejet ou la répression de données empiriques émergentes. Il s'agissait d'une dispute entre, d'une part, l'empirisme et, d'autre part, la confiance exigée envers les autorités culturelles, religieuses et scientifiques.
Quand j’étais étudiant et que j’apprenais l’histoire de Galilée, c’était facile de me sentir supérieur à ses persécuteurs, qui voulaient protéger l’establishment de l’époque. Cependant, dans le contexte de la pandémie actuelle, il peut être un peu plus facile de comprendre pourquoi certaines personnes pensaient que la propagation d’idées scientifiques en dehors du consensus scientifique était dangereuse. À n’importe quelle époque, remettre en question l’autorité scientifique peut entraîner la méfiance, la confusion, des conflits et des conclusions erronées. Galilée aurait pu avoir tort. Cependant, malgré ses risques, la remise en question — avec raisonnement et empirisme — des idées reçues a toujours permis à la société de tirer de nouvelles conclusions et d’atteindre de nouveaux sommets, au propre comme au figuré. Notre engagement à remettre en question les vieilles idées et à chercher les nouvelles découvertes a le potentiel de nous amener encore plus loin, malgré les frictions qui peuvent se produire en cours de route.
Durant la pandémie, le public a été encouragé à faire confiance à la science, mais, en pratique, cela signifiait de faire confiance aux autorités de santé publique établies plutôt que les responsabiliser au moyen d’une rigoureuse critique empirique. Les autorités de la santé publique méritent notre gratitude pour leurs efforts incroyables dans une période immensément difficile, mais elles ont aussi fait des erreurs et donné des conseils qu'elles ont plus tard contredits ou que des autorités de santé publique ailleurs on contredit.
En général, on a attribué les points de désaccord au fait que la science a évolué. Par contre, dans bien des cas, notamment en ce qui concerne le port du masque au début de la pandémie, les conseils de santé publique ont changé indépendamment des nouvelles données empiriques. Les conseils de santé publique concernant le port du masque semblaient plutôt être fonction de la quantité de masques disponible que de nouvelles preuves de leur efficacité.
Néanmoins, les progrès scientifiques peuvent seulement se faire si la science est remise en question et mise à l'épreuve. Le processus d'enquête consistant à avancer des hypothèses qui sont d'abord considérées avec un certain scepticisme n'est pas anti-science, mais plutôt fondamental pour la science. Il n'y aurait jamais de progrès scientifiques si les gens n'étaient pas prêts à remettre en question les idées et les modes de pensée.
Il y a de nombreux exemples possibles de l'écart apparent entre les avis scientifiques officiels et les nouvelles preuves empiriques. Beaucoup de personnes se demandent pourquoi les avis scientifiques émis par les autorités de la santé sur la pertinence des confinements sont très différents dans les autres pays, qui examinent les données scientifiques et arrivent à des conclusions bien différentes de certaines autorités de la santé publique au Canada.
J'ai déjà parlé de certaines données sur le lien entre un faible taux de vitamine D et la COVID‑19. Une revue systématique des articles scientifiques publiée en janvier 2021 a révélé ce qui suit:
La plupart des articles ont montré que la concentration sanguine de vitamine D peut déterminer les risques de contracter le coronavirus, la gravité de l'infection et la mortalité. Par conséquent, il est recommandé à la population de conserver un taux sanguin approprié de vitamine D, que ce soit au moyen de suppléments ou de l'exposition au soleil, pour faire face à la pandémie.
Une demi-douzaine de méta-analyses qui ont été effectuées depuis en sont venues à la même conclusion.
Cet exemple est intéressant. En effet, en réponse à une question sur la vitamine D qui a été posée ici le 22 avril dernier, l'ancienne a affirmé que les recommandations visant la prise de suppléments de vitamine D relevaient « des fausses nouvelles qui foisonnent sur Internet ». Je ne doute pas que l'ancienne aimerait être considérée comme quelqu'un qui croit en la science, mais l'approche qu'elle adopte face aux nouvelles données empiriques rappelle étrangement celle de l'Inquisition, en ce sens qu'elle défend les idées reçues même lorsqu'elles sont mises à mal par de nouvelles données empiriques qui sont clairement répandues dans la littérature scientifique. Si nous confondons une position pro-science avec une position favorable à l'ordre établi, nous minons alors le processus de remise en question d'une analyse, lequel est absolument nécessaire à toute démarche scientifique.
Je voudrais que ce genre de réévaluation libre de préjugés soit appliquée à tous les aspects des politiques relatives à la COVID‑19. C'est vrai pour les sciences de la nature, mais aussi pour les sciences sociales. Les politiques de réponse à la COVID‑19 doivent continuer d'évoluer et de changer à mesure que les données nous arrivent. Nous n'arriverons pas à évoluer et à changer sans le processus nécessaire de réévaluation des conclusions actuelles à la lumière des nouvelles données disponibles.
En ce qui concerne la liberté comme telle, on voit bien que ce qui est vrai pour la science l'est également dans d'autres domaines de l'activité humaine, notamment en ce qui a trait à la possibilité de poser des questions, de présenter des opinions impopulaires ou de vivre selon ses convictions dans le respect du droit des autres de faire de même. La capacité et les qualités personnelles requises pour le faire sont ce qui rend possible l'évolution des humains.
Dans ce domaine, John Stuart Mill nous indique la voie. M. Mill ne soutenait pas que la liberté est nécessairement un fait de la nature ou qu'elle constitue un droit acquis des humains. Ce n'est pas là-dessus que se fondait son argumentaire, parce qu'il a pu montrer que la liberté est une bonne chose en raison de son utilité. Ce penseur fondateur de ce que nous appelons le libéralisme soutenait de façon convaincante que, lorsque la population peut contester les normes et pratiques établies et vivre de différentes façons, la société accumule des données empiriques qui permettent de comprendre ce qui contribue au bonheur des humains.
Si je vis d'une certaine façon et que la Présidente vit d'une autre façon, alors un observateur sera en mesure de voir à quel point nos comportements respectifs contribuent à l'épanouissement humain et il pourra orienter sa vie, du moins en partie, à partir de cette information. M. Mill parlait d'« expériences de vie » pour décrire le processus par lequel on apprend des choix des autres et des conséquences qui en découlent. Ce concept s'applique aux expériences scientifiques autant qu'aux expériences de vie. La multiplication des différences et la volonté de contester les tendances établies contribuent à élargir les échantillons de données à partir desquels il est possible de tirer des conclusions utiles.
Malheureusement, le progressisme moderne s'écarte du libéralisme par son manque d'humilité. Les progressistes modernes présument qu'ils connaissent la voie à suivre et que, par conséquent, ils peuvent l'imposer. Ils présument qu'une trajectoire historique inévitable rend nécessairement chaque mesure qu'ils prennent à la fois juste et bonne. Ils justifient donc facilement toute action qui fait bouger les choses dans la direction qu'ils ont choisie.
Pour parler concrètement, le programme du gouvernement contient des politiques très coercitives. Par exemple, le gouvernement impose la vaccination à ceux qui n'en veulent pas. On pourrait aussi parler des nouvelles règles draconiennes en lien avec Internet et des nouveaux critères liés aux valeurs qui sont prévus pour les organismes de bienfaisance. Voilà ce que nous savons pour l'instant.
Le véritable libéralisme, c'est d'affirmer que personne ne devrait aller en prison, être pénalisé ou perdre son emploi parce qu'il exprime des opinions ou fait des choix avec lesquels nous sommes en désaccord. Une personne peut être à la fois contre la coercition et pour la vaccination. Une personne peut être en faveur de la liberté d'expression sans nécessairement aimer tout ce qui se dit.
De toute évidence, le programme du gouvernement n'est pas libéral au sens classique du terme. Il est plutôt antilibéral. Le gouvernement a tourné le dos au libéralisme classique pour adopter le progressisme autoritaire à la place. Il préfère qu'on soit conscientisé plutôt qu'on soit libre. Dans le cadre de notre intervention liée à la pandémie, il faut nous réconcilier avec la sagesse classique entourant l'importance de la recherche scientifique honnête et de la liberté humaine.