a) la Chambre reconnaisse les contributions considérables des Canadiens d’origine polonaise à la société, à l’économie, à la politique et à la culture du Canada, ainsi que l’importance de sensibiliser les Canadiens de tous âges aux valeurs fondamentales que les Canadiens d'origine polonaise ont insufflées à la diversité et à la vigueur du Canada;
b) de l’avis de la Chambre, le gouvernement devrait faire devoir de mémoire pour les générations futures et souligner le patrimoine polonais en désignant le 3 mai de chaque année comme la Journée de la Constitution de la Pologne et le mois de mai de chaque année comme le Mois du patrimoine polonais.
— Madame la Présidente, je remercie mon collègue le député d' d'avoir appuyé cette motion. Je sais que sa circonscription compte une importante communauté de Canadiens d'origine polonaise.
Witam. Dziękuję.
C'est avec grande fierté et beaucoup de gratitude que je prends la parole aujourd'hui pour entreprendre cette importante démarche avec tous mes collègues. Aujourd'hui, je propose une célébration du patrimoine, une reconnaissance de l'histoire et un engagement envers l'unité canadienne. Je m'adresse à tous mes collègues pour solliciter leur appui afin de déclarer le mois de mai « Mois du patrimoine polonais » et de désigner le 3 mai « Journée de la Constitution de la Pologne » dans notre beau pays.
La motion M‑75 va au-delà de la simple reconnaissance des liens historiques entre le Canada et la Pologne. Il s'agit également d'un hommage sincère à la communauté canado-polonaise, une communauté prospère que l'on célèbre pour ses importantes contributions à notre pays.
Les racines historiques de l'immigration polonaise au Canada remontent à aussi loin que 1752, année où l'on a consigné l'arrivée du premier immigrant polonais en sol canadien. De nos jours, la communauté canado-polonaise compte plus de 1 million de personnes. L'immigration polonaise au Canada a une longue histoire, les premières vagues d'immigrants étant arrivées à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle.
De nombreux immigrants polonais en quête de meilleures possibilités économiques ont fui les troubles politiques dans leur pays. Les vagues migratoires suivantes ont eu lieu après la Seconde Guerre mondiale et sous le régime communiste polonais. Ces événements historiques ont façonné la taille et la composition de la communauté canado-polonaise.
La communauté canado-polonaise est très présente partout au Canada. Elle est concentrée dans des villes comme Mississauga, là où j’habite, Toronto, Ottawa, Winnipeg, Windsor, Calgary et Edmonton, pour ne nommer que celles-là.
Selon les données du dernier recensement, en 2021, il y avait environ 1,1 million de personnes d’origine polonaise au Canada, ce qui représente près de 3 % de la population totale. Ces statistiques donnent une idée de la répartition et de la croissance de la communauté polonaise au pays. Leur bravoure, leur détermination inébranlable et leur travail acharné sur une période de 271 ans témoignent de leur engagement inébranlable à enrichir notre pays grâce à la culture polonaise, à une éthique de travail rigoureuse, à une foi profonde et à une résilience sans pareille. On ne saurait exagérer l'influence profonde des Canadiens d'origine polonaise sur les volets sociaux, culturels, politiques et économiques du Canada.
Leur dévouement et leur persévérance laissent une marque indélébile sur notre pays. Des arts à la musique, en passant par l'entrepreneuriat et les milieux universitaires, les Canadiens d’origine polonaise ont apporté d'innombrables contributions à notre société.
La proposition de désigner le 3 mai comme la Journée de la Constitution de la Pologne et le mois de mai comme le Mois du patrimoine polonais est bien plus qu'une simple symbolique.
Comme les Canadiens, les Polonais ont recherché ardemment la liberté et la démocratie: le 3 mai 1791, ils se sont dotés de la première constitution moderne d'Europe et de la deuxième dans le monde, après la Constitution américaine.
Sur les murs de l'édifice du Parlement, on peut voir les noms de tous les députés. Pour trouver le premier député d'origine polonaise, il faut remonter à la première législature du Canada, en 1867. Alexandre‑Édouard Kierzkowski, élu député en 1867, est né en Pologne, a immigré au Canada et a représenté la circonscription de Saint‑Hyacinthe, au Québec, à la première législature du Canada.
Aujourd'hui, à la 44e législature, nous comptons un certain nombre de députés d'origine polonaise. Il y a notamment mon collègue le député de , qui est le président du Groupe d'amitié interparlementaire Canada-Pologne.
Cette motion est une façon tangible d'exprimer notre profonde et sincère gratitude envers les réalisations et les contributions remarquables de la communauté canado-polonaise. Cette proposition représente notre hommage sincère à son histoire, une célébration de son présent et une inspiration pour son avenir.
Dans ma circonscription, j'ai souvent eu l'occasion de parler avec de nombreux Canadiens d'origine polonaise de leur histoire d'immigration, y compris mon ami et entraîneur olympique Bogdan Poprawski et mon ami Ziggy Pigiel. Je peux assurer à tout le monde que mon bon ami et voisin John Solarski a enrichi ma vie avec ses histoires d'entreprises polonaises, notamment sur la pharmacie de son père à Roncesvalles, ou de sport, notamment sur l'équipe de baseball polonaise dont il est l'entraîneur. En discutant avec lui, je peux sentir à quel point il est fier d'être un Canadien d'origine polonaise.
Tous les Polonais se réjouissent quand leur enfant né au Canada apprend un nouveau mot de polonais, comme babcia, qui signifie grand-mère, ou Dziadek, qui veut dire grand-père, ou quand il pose des questions sur la façon dont ses grands-parents ou ses parents vivaient à l'époque ou quand il s'informe sur son patrimoine polonais. Les Polonais célèbrent vraiment leur histoire.
J'espère que ma motion, la motion M‑75, donnera l'occasion à cette communauté et aux familles de raconter comment était leur vie à la ferme, dans leur village, et comment étaient leurs ancêtres, de parler de la nourriture qu'ils mangeaient, de leurs traditions, de leur langue, de leur périple jusqu'au Canada et de bien d'autres sujets encore. Même s'ils sont à des lieues de leur pays d'origine, à certains égards, les membres de la communauté polonaise sont plus près de leurs racines maintenant qu'ils sont au Canada. Aujourd'hui, leur patrimoine retrouvé grandit grâce à leurs enfants et à leurs petits-enfants canado-polonais.
La préservation de la culture et du patrimoine polonais exige aussi des efforts en dehors de la maison. Elle se fait dans la communauté élargie, dans les centres culturels, les églises et les écoles. Elle est rendue possible grâce à des organisations comme le Congrès canadien polonais, l'association des enseignants polonais, les scouts polonais, l'association des entreprises polonaises et les associations de vétérans.
Nous avons de merveilleux festivals, comme le festival des journées polonaises de Mississauga, fondé et dirigé par Anna Gulbinski et Anna Mazurkiewicz, et le festival de la société Chopin. Je remercie d'ailleurs Henry et Anna Lopinsky de faire rayonner leur amour de la musique. Je mentionnerai aussi le festival Carassauga de Mississauga dirigé par Marek Ruta, un Canadien d'origine polonaise. Ce ne sont là que quelques exemples parmi tant d'autres.
Je souhaite maintenant mettre en lumière les liens solides qui unissent le Canada à la Pologne et à ses représentants en sol canadien. Je tiens à remercier M. Witold Dzielski, ambassadeur de la République de Pologne au Canada, ainsi que l'ambassade pour le soutien qu'ils apportent à la diaspora polonaise et pour leur appui à la motion. L'ambassadeur Dzielski connaît bien le Parlement et Mississauga, ville où réside l'une des plus importantes communautés polonaises du Canada et dont la mairesse, Mme Bonnie Crombie, a elle-même des racines polonaises. La communauté met de l'avant divers événements et initiatives pour célébrer le patrimoine polonais et favoriser la compréhension entre les cultures.
Je suis tellement fier de représenter Mississauga-Est—Cooksville, qui abrite la plus grande communauté polonaise du Canada. On y trouve aussi le centre culturel polonais John Paul II et la fondation Maximilian Kolbe. Cette fondation existe depuis 1982 et est au cœur de la communauté polonaise de Mississauga et du Grand Toronto. Elle a créé un centre communautaire culturel pour les Polonais de Mississauga. Après des années de travail acharné et de collecte de fonds, le centre a ouvert ses portes à l'automne 1994. La fondation et le centre sont étroitement liés à la plus grande église polonaise du Canada, la paroisse St. Maximilian Kolbe, et nous remercions le père Bogdan Osiecki pour tout ce qu'il fait pour la communauté.
Juste à côté de cette église se trouve le centre culturel polonais John Paul II. Il renferme une salle de concert, une salle de spectacle, une bibliothèque, un salon de quilles et un club. Presque chaque jour, des activités culturelles y sont organisées. On y offre aussi des cours de formation et d'intégration pour les adultes, les enfants, les jeunes et les aînés. C'est un lieu de rassemblement pour la communauté polonaise de Mississauga qui offre divers programmes et activités qui célèbrent la culture polonaise, comme des cours de langue, des expositions, des concerts et des spectacles de danse, notamment ceux du groupe de danse et de chant Radosc‑Joy et la Lechowia Polish Canadian Folk Dance Company.
Le Congrès canadien polonais est une organisation qui parle au nom de la communauté polonaise du Canada pour défendre ses droits et ses intérêts. Il a fait preuve de beaucoup de leadership en réclamant cette motion et en en faisant la promotion, et je l'en remercie. Je tiens aussi à remercier du fond du cœur le président national, John Tomczak; le premier vice-président, Dominik Roszak; le président du district de Mississauga et membre du conseil d'administration, mon ami Leszek Blaszczak; et l'ensemble du conseil d'administration. Merci au Congrès. Merci aussi à l'ancien conseiller municipal de Toronto Chris Korwin-Kuczynski pour son appui.
Le Congrès représente les intérêts de la communauté polonaise auprès du gouvernement du Canada en faisant entendre une voix nationale forte dans la prise de décision concernant les politiques du gouvernement et en promouvant les droits des Canadiens d'origine polonaise à une participation pleine et égale à tous les aspects de la société canadienne. La motion dont nous sommes saisis est en grande partie le fruit de ses efforts.
Le Congrès canadien polonais encourage la sensibilisation et le respect de l'histoire et du patrimoine de la Pologne, ainsi que la contribution des Polonais à la culture du Canada et du monde. Nous le remercions. Le Congrès est une force unificatrice qui coordonne et soutient les organisations canado-polonaises, de sorte que ces organisations communautaires offrent un large éventail de programmes, d'événements et de services pour soutenir la population polonaise locale. Je tiens à féliciter le Congrès pour l'attention qu'il porte aux jeunes en particulier et pour l'organisation de nombreuses occasions de leadership pour les jeunes, comme le sommet de leadership Polonia qui s'est tenu il y a deux semaines sur la Colline du Parlement.
Je remercie également l'association des enseignants polonais au Canada, qui a pour mission d'enseigner la langue polonaise dans le plus grand nombre possible d'écoles canadiennes, avec des professeurs tels qu'Irena Urbaniak et bien d'autres. Les écoles polonaises de Mississauga jouent un rôle crucial dans la préservation de la langue, de la culture et de l'héritage polonais chez les enfants canadiens d'origine polonaise. Ces écoles offrent des cours de langue, des leçons d'histoire et des activités culturelles afin d'assurer la transmission des traditions polonaises à la nouvelle génération.
Beaucoup des jeunes Polonais participent au scoutisme polonais au Canada. Dans ma circonscription, Mississauga, c'est l'un des meilleurs moyens pour des centaines de scouts juniors et seniors d'apprendre la culture polonaise, la langue polonaise et les traditions scoutes polonaises tout en explorant les grands espaces du Canada en toute saison, y compris l'hiver.
Les Canadiens d'origine polonaise ont toujours retroussé leurs manches grâce à un vigoureux esprit d'entreprise. Je remercie la Canadian Polish Business Association et son PDG, M. Eric Szustak, de leur travail inlassable pour améliorer le climat des affaires dans la communauté canado-polonaise et stimuler le commerce international. Les liens entre la Pologne et le Canada n'ont fait que se renforcer et les petites et moyennes entreprises locales dans la communauté polonaise continuent de prospérer, ce qui crée des emplois et stimule la croissance de notre pays.
Le Canada et la Pologne sont des exemples de solidarité. Nous avons continué, nous continuons et nous continuerons à nous serrer les coudes. Au nom du gouvernement du Canada, je tiens également à remercier sincèrement les Canadiens d'origine polonaise de l'appui indéfectible de la Pologne à l'Ukraine en ces temps difficiles.
La communauté polonaise s'est intégrée au paysage culturel canadien en préservant les traditions polonaises, en organisant des événements culturels, en apportant des contributions à divers secteurs et en favorisant la compréhension interculturelle. Les festivals, la nourriture, la musique et les arts polonais font désormais partie du tissu multiculturel de la société canadienne et enrichissent la diversité culturelle du Canada.
J'implore de tout cœur les députés d'appuyer cette initiative. Je demande à tous les députés de se joindre à nous pour faire de cette motion une réalité afin de rendre hommage à l'héritage remarquable de la communauté canado-polonaise et de réaffirmer le partenariat durable entre le Canada et la Pologne. Unissons-nous à la Chambre pour reconnaître la précieuse contribution de cette communauté et célébrons son esprit durable.
Niech żyje Polska. Niech żyje Kanada.
:
Madame la Présidente, je me joins aujourd'hui au débat. Je vais lire deux extraits de la motion sur lesquels je vais me concentrer. D'abord, on y parle de « l'importance de sensibiliser les Canadiens de tous âges aux valeurs fondamentales que les Canadiens d'origine polonaise ont insufflées ». Je veux aussi attirer l'attention de la Chambre sur le passage qui indique que « le gouvernement devrait faire devoir de mémoire pour les générations futures ».
Comme toujours, j'ai un proverbe yiddish. Le yiddish et le polonais ont des liens très étroits, comme beaucoup de députés le savent. « Je ne demande pas à Dieu d'alléger mon fardeau; je lui demande de me rendre plus fort », alors que je parle de ce sujet.
Le député qui a pris la parole avant moi a parlé des vagues d'immigration au Canada. Ces vagues ont été causées par ce qui se passait en Europe de l'Est. Il y a eu le premier partage de la Pologne en 1772, et le député a parlé de la Constitution, Trzeciego Maja, adoptée le 3 mai 1791. C'est la deuxième constitution écrite du monde. Elle a ensuite été abolie par un Parlement subséquent à la réputation douteuse. Le dernier partage de la Pologne a eu lieu en 1795, où le pays a disparu.
La plus grande contribution de la Pologne, ce n'est pas ses institutions ni ses organisations. C'est son peuple, ces gens partout dans le monde qui se sont battus pour la liberté au nom de la liberté, depuis la Révoluton américaine jusqu'à ceux qui sont venus au Canada pour s'y bâtir une nouvelle vie, sans oublier les nombreux Polonais qui sont retournés en Pologne ou en Europe continentale pour participer aux différentes guerres d'indépendance afin que la Pologne puisse recouvrer sa liberté.
Une autre chose que je souhaite porter à l'attention de la Chambre est la Charte de Kalisz, signée en 1264 par un autre grand Polonais, Bolesłas le Pieux. Le peuple polonais a été le premier peuple à accorder des droits légaux au peuple juif en Europe continentale. Je tenais à le souligner.
J'aimerais également reconnaître un autre grand Polonais, Zbigniew Gondek. Décédé à l'âge de 99 ans, cet ancien combattant polonais a participé à la Deuxième Guerre mondiale, notamment à la victoire du Mont Cassin, est s'est vu décerner l'ordre Virtuti Militari, la plus haute distinction militaire de la Pologne. C'était un grand Canado-Polonais.
Un autre Polonais sur lequel je souhaite attirer l'attention de la Chambre est Jan Karski. Dans son livre intitulé Mon témoignage devant le monde — Histoire d'un État clandestin, il décrit les atrocités et les crimes commis par les nazis et, bien sûr, par l'Union soviétique. Né à Lodz en 1914, au début de la Première Guerre mondiale, ce fier Polonais a combattu l'Armée rouge parce que l'Union soviétique, la Fédération de Russie, tentait d'envahir la Pologne avec l'aide de l'Allemagne nazie, son alliée, ce qu'elle est parvenue à faire en quelques semaines en écrasant l'armée polonaise. Il a été fait prisonnier de guerre et déporté en Sibérie. Dans son livre, il raconte les sévices qu'il a subis aux mains des soldats soviétiques. Plus tard, alors qu'il était messager de la résistance polonaise, il a également été arrêté par la Gestapo. Dans son livre, il raconte aussi sa rencontre avec le président américain, ainsi que tous les crimes que les soldats soviétiques et nazis ont commis contre les juifs, les Polonais, les Tchèques, les Slovaques, les Ukrainiens et bien d'autres.
J'ai le livre entre les mains et j'aimerais en lire un extrait, car on y mentionne le Canada. Jan Karski n'a jamais mis les pieds au Canada, mais tandis qu'il traversait clandestinement l'Espagne, ses passeurs lui ont dit quelque chose. Voici l'extrait: « Il s'est tourné vers le chauffeur et s'est frappé la poitrine. “Canada”, a-t-il déclaré triomphalement. “Canada”, a répondu son fils. “Canada”, ai-je ajouté faiblement. “Bravo, bravo”, a répondu le chauffeur en nous regardant, tout sourire. » Il était alors évident que s'ils étaient capturés, ils devaient dire qu'ils étaient des Canadiens, car en Espagne, les Canadiens étaient déportés en Angleterre et que l'Angleterre était leur destination de choix.
Je voulais être certain de le mentionner en parlant de Jan Karski, un grand patriote polonais.
J'aimerais aussi parler du capitaine Witold Pilecki, qui serait le seul homme à s'être porté volontaire pour aller à Auschwitz. Il faut un certain type de personne pour vouloir aller dans un camp de concentration. Il y a passé 947 misérables nuits afin de pouvoir raconter ce qui s'y passait à la résistance polonaise, qui aurait ensuite informé les Alliés, y compris les Canadiens, des crimes commis contre les Juifs, les Polonais, les Ukrainiens, les Slovaques et tous les opposants au régime nazi.
Witold Pilecki a participé à la guerre polono-lituanienne. Il a participé à la guerre soviéto-polonaise. Comme beaucoup de Polonais de son époque, il est né en Russie. Sa famille avait été déportée de Vilna à la Carélie orientale, d'où il était originaire. Il a également été l'un des membres du mouvement clandestin polonais qui seraient plus tard assassinés par l'Union soviétique après un simulacre de procès. Il a été arrêté en mai 1947, et envoyé à la prison de Mokotow, une prison bien connue de nombreux Polonais. À la suite d'un procès de quelques semaines à peine, il a été condamné à mort et exécuté, tout comme ses supposés cocomploteurs. De nombreux Polonais se souviennent de lui comme ayant été l'un des grands combattants de la liberté.
J’aimerais apporter une précision au sujet de ces événements. Pour les Polonais au Canada, le massacre de Katyn est incrusté dans leur mémoire comme un grave crime perpétré par les communistes de l’Union soviétique. Le politburo avait émis l’ordre secret no 001177 d'exécuter et d'assassiner 25 568 personnes. On les désigne comme des victimes, mais ils étaient des généraux, des soldats, des membres du clergé et des professeurs polonais. L’Union soviétique a assassiné de fiers Polonais. La vérité n’a été dévoilée que dans les années 1990 et elle a ensuite été diffusée à plus grande échelle dans le monde. C’est l’un de ces crimes pour lesquels la Fédération de Russie, l’Union soviétique, n’a jamais été sanctionnée, et le public critique fortement cette impunité.
Plus près de chez nous, il a été question d’Alexandre-Édouard Kierzkowski, le premier député polonais, élu dans Saint-Hyacinthe, qui a siégé de 1867 à 1870. Les gens du hansard n’ont pas à s’inquiéter, car j’ai noté tous les noms. S’ils veulent obtenir mes notes par la suite, ils pourront savoir comment les épeler correctement.
On a mentionné certains centres communautaires. J'aimerais attirer l'attention sur Maximilian Kolbe, un prêtre bien connu qui s'est sacrifié pour un Juif à Auschwitz. Il s'est porté volontaire pour être exécuté avant quelqu'un d'autre. C'est pourquoi bon nombre de centres communautaires portent son nom. C'est aussi pour cela que les Polonais qui ont donné le nom de Maximilian à leur premier fils, comme je l'ai fait, se feront toujours demander par d'autres Polonais si c'est en l'honneur de Maximilian Kolbe. Il faut être quelqu'un d'exceptionnel pour être prêt à donner sa vie pour une personne d'une autre communauté religieuse parce que c'est la bonne chose à faire, parce que c'est ce que sa vocation lui dicte de faire.
Le Congrès canadien polonais est une institution qui existe depuis longtemps. J'ai dit que je n'allais pas parler des organismes, mais je tiens à parler d'un membre de cet organisme, Wladyslaw Lizon, qui a représenté sa collectivité avec fierté en tant que député conservateur. Il a aussi été président du Congrès. J'aimerais aussi parler de sir Casimir Stanislaus Gzowski, qui a été lieutenant-gouverneur de l'Ontario, de 1896 à 1897. Il a été fait chevalier par nulle autre que la reine Victoria.
Pour en revenir à l'histoire, le Procès des seize est un événement bien connu qui concernait des dirigeants polonais clandestins. Après la fin officielle de la guerre pour les puissances d'Europe de l'Ouest, ce qui n'était pas vraiment le cas pour les Polonais en Europe de l'Est, on a invité ces dirigeants à Moscou. Au cours du Procès des seize, le NKVD, soit la police secrète de Staline, a kidnappé les dirigeants polonais clandestins. La plupart d'entre eux ont ensuite été exécutés ou emprisonnés pendant de longues périodes.
Plus près de nous, on se souvient bien du mouvement Solidarité. De nombreux députés ont des proches qui faisaient partie de ce mouvement, et les parents de quelques-uns ont été arrêtés. Mon père était membre de Solidarité, mais il n'a jamais été arrêté. Il a quitté la Pologne une semaine avant la naissance de mon frère cadet, à la grande colère de ma mère.
Lorsqu'on parle de Solidarité, tout le monde pense à Lech Wałesa, mais nous devrions vraiment attirer l'attention sur la femme qui a déclenché les manifestations. Anna Walentynowicz a été congédiée cinq mois avant sa retraite parce que les communistes ne pouvaient pas supporter qu'elle attire l'attention sur le fait qu'on volait et maltraitait les travailleurs. Elle en avait assez de voir les communistes opprimer les travailleurs syndiqués. Elle mérite qu'on lui rende hommage pour avoir déclenché les manifestations, qui ont finalement mené à l'adoption de la loi martiale en Pologne. Beaucoup de gens de ma génération ont été forcés de quitter la Pologne à cette époque.
Je voudrais parler très brièvement de la nouvelle fraternité qui existe entre les Polonais et les Ukrainiens, car je pense qu'elle s'étend au-delà de la région. Elle s'étend aux diasporas établies au Canada.
Au fil des siècles, au fil de leurs centaines d'années d'histoire, les Polonais et les Ukrainiens ne se sont pas toujours entendus. Nous appartenons au même groupe ethnique. Nous avons une langue différente. Nous partageons la plupart du temps les mêmes croyances. Cependant, jamais auparavant l'Europe de l'Est n'avait connu un tel plongeon dans l'obscurité, où les gens doivent résister et se battre pour leur propre liberté. Aujourd'hui, deux peuples qui, historiquement, se sont fait la guerre et ont commis des actes terribles l'un envers l'autre se tiennent côte à côte.
J'ai une stagiaire ukrainienne. Je l'ai accueillie dans les dernières années. Elle m'a donné un livre et j'ai pu en apprendre un peu plus sur l'histoire de l'Ukraine. Je tiens à dire ceci: sans Ukraine libre, il n'y a pas de Pologne libre, et sans Pologne libre, il n'y a pas d'Ukraine libre.
J'attire l'attention de la Chambre sur ce point, car je sais que mon temps de parole arrive à sa fin. Bien entendu, je n'ai pas oublié mon proverbe yiddish. L'hymne national polonais, La Mazurka de Dombrowski, contient deux vers qui illustrent ce à quoi les Polonais tiennent vraiment. Ces deux vers, traduits en français, sont les suivants:
La Pologne n'a pas encore péri,
Tant que nous vivons.
La contribution la plus importante des Polonais réside dans son peuple, dans les défenseurs de la liberté qui se battent pour la liberté partout où ils vont dans le monde.
:
Madame la Présidente, avant d'entrer dans le vif du sujet, je voudrais moi aussi joindre ma voix à celle de mes collègues et affirmer ma plus complète solidarité pour les artisans de TVA qui ont été mis à pied dans le cadre de cette restructuration. Ce sont des gens qui se retrouvent sans emploi, ce sont des médias d'information nationale qui se retrouvent à être en crise et c'est une culture qui se trouve à être menacée. Il va falloir agir et être très proactif, et donc joindre la seule solidarité et la seule compassion à des actions concrètes.
Cela me fait bien plaisir de me lever aujourd'hui à la Chambre pour appuyer, avec mes collègues du Bloc québécois, la motion M‑75 qui établit le mois du patrimoine polonais. Cela me fait d'autant plus plaisir que le premier Polonais à siéger en ce Parlement où, à mon avis, nous ne devrions plus être est un de mes prédécesseurs. Il y était lors de la création même de ce Parlement en 1867. Le premier Polonais à la Chambre était Alexandre‑Édouard Kierzkowski, député de Saint‑Hyacinthe en 1867. Cela me fait donc d'autant plus plaisir de prendre la parole aujourd'hui. Auparavant, M. Kierkowski avait aussi été député de Verchères à l'Assemblée nationale à Québec avec le Parti rouge, descendant du Parti patriote. C'est un courant qui me rejoint particulièrement dans mes valeurs républicaines.
Le Bloc québécois tient à souligner l'apport exceptionnel des Québécois et des Québécoises d'origine polonaise à la société québécoise et à la culture québécoise. Il n'est pas certain que l'histoire des Canadiens polonais soit la même que celle des Québécoises et des Québécois d'origine polonaise, en particulier depuis la Révolution tranquille et depuis l'adoption de la Charte de la langue française, en raison précisément du lien particulier qui unit les Québécois de toutes origines et qui fait de notre identité notre histoire commune, c'est-à-dire le partage de la langue française.
Il est notable que le premier immigrant polonais à s'être installé au Canada soit arrivé avant la Conquête britannique. On parle de Dominik Barcz, un marchand de fourrure de Gdansk. J'espère que nos compatriotes polonais qui sont rivés devant leur écran en ce moment me pardonneront la mauvaise prononciation que j'ai parfois. Ce n'est pas ma première, ma seconde ni ma troisième langue. Je ne parle tout simplement pas le polonais. Dans tous les cas, je m'en excuse. Je disais donc que ce monsieur s'est établi à Montréal en 1752. Il en va de même pour Charles Blaskowitz, qui l'a rejoint en 1757, travaillant à titre de député arpenteur général des terres. La Nouvelle‑France fut donc la première terre d'accueil des Polonais au Canada.
Le Bloc québécois est donc ravi de joindre sa voix à celle de l'auteur de la motion pour souligner l'histoire des Québécoises et des Québécois illustres qui sont d'origine polonaise, comme Wanda Stachiewicz, à qui nous devons la fondation en 1943 de l'Institut polonais des arts et des sciences au Canada. Il s'agit d'une contribution très importante. Le Québec et la communauté polonaise québécoise comptent ainsi des institutions fortes, comme l'Institut canadien-polonais du bien-être, un institut de santé dont le premier centre a été inauguré par René Lévesque en 1966 alors qu'il était ministre de la Santé. Puis, un nouveau centre a été inauguré en 1984 par le Dr Camille Laurin, le père de la Charte de la langue française, alors qu'il était à son tour ministre de la Santé. Le caractère ethnolinguistique de l'Institut, son autonomie et sa mission particulière pour les Québécois d'origine polonaise a été reconnu par l'Assemblée nationale du Québec en mai 2004. Cela fait longtemps qu'à Québec, on reconnaît cette contribution immense.
Le destin et le parcours de vie des immigrants polonais ont également marqué la culture et la littérature québécoises. Dans son célèbre roman Ces enfants d'ailleurs, la grande raconteuse qu'était Arlette Cousture, auteure de romans favoris des Québécois, nous a fait découvrir Élisabeth, Jan et Jerzy, qui, avec leurs parents Tomasz Pawulski, professeur d'histoire, et Zofia Pawulska, musicienne, fuient la guerre dans cette Europe si triste que « même les oiseaux se sont tus ». C'est quand même bien dit. En 1939, ils voyagent de Cracovie, en Pologne, jusqu'à chez nous, « près d'un grand fleuve, dans la ville colorée [et chaleureuse] de Montréal ». Voilà comment cela a été mentionné dans la littérature.
Nous sommes heureux de participer à désigner le 3 mai comme « Journée de la Constitution de la Pologne » et le mois de mai de chaque année comme « Mois du patrimoine polonais ». Nous fêterons chaque année la fête nationale du 3 mai, qui commémore l'adoption de la Constitution du 3 mai 1791. Survenue 20 ans après le partage de la Pologne par la Russie et l'Allemagne, qui, comme on le sait, est un événement tragique, il s'agit d'une des premières constitutions modernes d'Europe.
Si elle consacre une monarchie héréditaire, il s’agit au moins d’une monarchie constitutionnelle. La Constitution, inspirée de la Révolution française, introduit des élections libres. Elle est inspirée de l’esprit des Lumières et elle fondée sur la raison, la liberté et la primauté du droit. Elle apparaît aussi à l’époque comme un symbole d’espoir pour la restauration de la souveraineté du pays. Il s'agit là de concepts qui nous sont chers. De toutes les époques, le 3 mai est resté pour les Polonais une inspiration dans leur quête de l’indépendance.
Au Québec, à la même époque, nos ancêtres faisaient leur première expérience de la vie parlementaire avec les premières élections et la réunion du premier Parlement de Québec en 1792. Depuis lors, le peuple canadien‑français, puis québécois, est lui aussi en quête de sa liberté politique. Alors que nous travaillons ardemment à accomplir notre propre quête d’indépendance nationale, c’est avec joie que les Québécois s’inspireront chaque 3 mai de la résilience et de l’engagement de tous leurs compatriotes québécois d’ascendance polonaise.
Je voudrais quand même mentionner une petite chose. En faisant référence aux Canadiens d’origine polonaise, le texte de la motion présente un portrait des populations d’origine polonaise du Québec et du Canada qui n’est pas conforme à la réalité lorsqu'il suggère que la diaspora polonaise formerait une communauté uniforme dans l’ensemble pancanadien. Cette approche n’est bien sûr pas surprenante puisqu’elle est conforme à la vision multiculturaliste Canadian, qui représente la population du Canada formant une vaste mosaïque culturelle qui ne serait pas influencée par l’existence de nations au sein du Canada. Or, les réalités nationales respectives du Québec et du Canada exercent nécessairement une influence sur l’environnement d’accueil qu’ont connu les vagues successives des personnes immigrantes au fil des décennies.
Surtout, le facteur linguistique et culturel suffit à interdire d’assimiler le parcours de vie des Québécois d’origine polonaise à ceux des Canadiens d’origine polonaise. Dans les faits, ils ne s’intègrent pas à la même société. Les populations immigrantes s’établissent au Canada hors Québec en s’intégrant à la société Canadian, c’est-à-dire à la majorité Canadian. Les populations immigrantes qui s’établissent au Québec s’intègrent à la société québécoise, c’est-à-dire à la majorité de langue française. Il est parfaitement possible et souhaitable de reconnaître le patrimoine culturel des citoyennes et des citoyens d’origine polonaise du Québec et du Canada.
Simplement, il n’est pas nécessaire pour ce faire d’assimiler les Québécois et les Canadiens comme s’ils faisaient partie d’une seule et même nation comme la motion semble erronément le suggérer. Nous nous proposons d’appuyer la motion tout en faisant valoir le plus possible l’apport privilégié des Québécois d’origine polonaise à la société québécoise et le rôle névralgique de la langue française dans le succès de leur intégration.
:
Madame la Présidente, je suis très heureux de prendre la parole au sujet de la motion M‑75 concernant le Mois du patrimoine polonais.
Ce n'est un secret pour personne qu'à Edmonton ainsi que dans l'ensemble du territoire visé par le Traité no 6 et dans une bonne partie des Prairies, les Canadiens d'origine polonaise ont non seulement trouvé la paix et la prospérité, mais ils ont aussi trouvé, à bien des égards, les moyens, le matériel et le temps nécessaires pour nouer des liens avec de nombreux autres groupes. C'est un grand jour, surtout pour moi, pour parler de l'histoire unique du Canada, qui a accueilli des nouveaux arrivants dès les années 1600, y compris les premiers Polonais qui sont arrivés dans les années 1880. Je pense que la plupart des Canadiens ne sont pas au courant de cet état de fait et qu'il nous incombe à tous de leur rappeler qu'énormément de gens, y compris les nombreux Canadiens d'origine polonaise des Prairies, ont contribué aux balbutiements du Canada. Bien des Canadiens peuvent tenir pour acquise cette partie de l'histoire qui correspond à une période très difficile pour notre pays. Lorsqu'on a commencé à édifier le Canada, il ne fait aucun doute que bon nombre de ces personnes ont renoncé à une grande partie de ce dont elles avaient besoin et ont fait des sacrifices à l'égard des personnes qui les accompagnaient. Ces nouveaux arrivants, venus de très loin, devaient aussi travailler énormément et consentir d'immenses sacrifices pour se forger une nouvelle vie.
Dans l'Ouest, le Canada est un pays relativement nouveau. De nombreux peuples autochtones, dont ma famille, y vivent depuis des millénaires. En 1867, la Couronne, par le truchement de la reine Victoria, a pris possession de vastes territoires au Canada. Les peuples autochtones ont profité de l'occasion pour signer des traités avec leurs partenaires de la Couronne afin de trouver la paix et la prospérité. C'est seulement quand la question des traités, notamment des traités numérotés historiques, a été réglée que d'autres gens ont pu venir s'établir au Canada. La Couronne a eu tout un travail à faire. Elle a dû déterminer qui pouvait être présent en Amérique du Nord, qu'on appelait alors l'Amérique du Nord britannique. Pendant longtemps, l'Amérique du Nord britannique ne s'étendait pas bien loin dans l'Ouest canadien; par conséquent, cette région ne comptait à peu près aucune personne d'origine européenne, sauf celles qui participaient au commerce des fourrures.
Plus tard, en 1876, le Traité no 6, qui couvre le territoire sur lequel la majorité des Canadiens d'origine polonaise habitent de nos jours, a été signé à Fort Pitt et Fort Carlton, sur la rivière Saskatchewan Nord. Ce traité est extrêmement important pour les Canadiens, en particulier pour les députés. Il est essentiel de bien comprendre à quel point ces traités sont importants afin de mieux comprendre pourquoi les Canadiens sont ici, pourquoi le Canada forme aujourd'hui une si magnifique mosaïque et pourquoi nous célébrons les Canadiens d'origine polonaise et ceux de bien d'autres origines. C'est en 1876 que nos ancêtres autochtones et des Canadiens se sont réunis en ces lieux sur la rivière Saskatchewan Nord pour signer un traité. Je vais lire un extrait du Traité no 6. J'espère que bon nombre de députés prendront le temps, plus tard aujourd'hui ou au cours des prochains mois, de lire certains traités historiques, car ceux-ci expliquent directement pourquoi autant de gens, dont les Canadiens d'origine polonaise, se sont établis dans les Prairies.
Le préambule du Traité no 6 indique ceci:
[...] que c'est le désir de Sa Majesté d'ouvrir à la colonisation, à l'immigration et à telles autres fins que Sa Majesté pourra trouver convenables, une étendue de pays, bornée et décrite, tel que ci-après mentionné, et d'obtenir à cet égard le consentement des ses sujets Indiens habitant le dit pays, et de faire un Traité et de s'arranger avec eux, de manière que la paix et la bonne harmonie puissent exister entre eux et Sa Majesté [...]
Aujourd'hui, les Autochtones de partout au pays, sur l'île de la Tortue, continuent de soulever nos obligations issues de traités, et l'une d'elles consiste à veiller à ce que ceux qui recherchent la paix, la liberté et la prospérité puissent continuer de les trouver partout au Canada. Ces traités historiques sont un fondement essentiel de notre pays et ils continuent d'être des éléments sur lesquels comptent de nombreux nouveaux Canadiens pour entrer au Canada.
On a souligné tout à l'heure certaines contributions remarquables apportées par des Canadiens d'origine polonaise non seulement à la Chambre des communes, mais aussi, beaucoup plus tard, à la création des provinces des Prairies. Aujourd'hui, il y a des membres de la diaspora polonaise partout au pays, et plus particulièrement au Manitoba, en Saskatchewan et en Alberta. La première vague d'immigration polonaise en Alberta remonte aux années 1880, et elle a suivi les traités historiques dont j'ai parlé et qui avaient été conclus quatre ans auparavant.
J'ai entendu plein d'histoires dans ma jeunesse et je côtoyais des gens d'origine ukrainienne ou polonaise dans les régions rurales du Nord‑Est de l'Alberta. Nous commercions et nous discutions. Aujourd'hui, par exemple, dans les communautés autochtones du Nord‑Est de l'Alberta, il y a encore des vestiges et des histoires de l'époque du premier établissement, notamment en ce qui concerne le commerce des tissus et d'autres biens. Il est évident que les Canadiens d'origine polonaise ont apporté une immense contribution pour assurer l'avenir des provinces, qui sont devenues celles que nous connaissons aujourd'hui. Ils ont fait le dur travail nécessaire pour ériger des bâtiments dont tout le monde peut profiter.
À Edmonton, par exemple, de nombreux Canadiens d'origine polonaise vont prier à l'église Holy Rosary, où se rend un grand nombre de personnes de ma circonscription pour prier en paix. Elle se trouve près du Northern Alberta Institute of Technology à Edmonton. Il y a également le Canadian Polish Research Institute, une immense bibliothèque d'archives et de documents sur l'histoire. On y produit d'excellentes données grâce aux importantes recherches qui y sont menées.
Ajoutons à tout cela la Canadian Polish Historical Society, fondée dans la ville d'Edmonton. C'est une excellente organisation canadienne dont l'objectif premier est de faire la promotion de la compréhension et de l'exploration de l'histoire, des coutumes et de la culture polonaises. Elle recueille et conserve d'importants documents historiques qui mettent en valeur les réalisations des personnes d'origine polonaise à Edmonton et dans l'ensemble de l'Alberta, ainsi que des archives sur de nombreux immigrants polonais venus au Canada.
J'encourage les députés à examiner certaines de ces organisations, comme la Canadian Polish Historical Society, mais aussi et surtout dans les communautés respectives des députés, pour constater les multiples façons dont ces organisations ont contribué à façonner les communautés que nous connaissons et aimons tous. Cependant, il y a encore beaucoup de travail à faire pour assurer la promotion de la langue, du patrimoine et de la culture uniques des Canadiens d'origine polonaise ici au Canada. Nous devons exhorter le gouvernement fédéral non seulement à reconnaître le Mois du patrimoine polonais, mais aussi à aller encore plus loin en veillant à ce que des ressources concrètes soient consacrées à la promotion de la culture, du patrimoine et des apprentissages polonais auprès de tous les Canadiens.
Nous avons vraiment un pays merveilleux. Il est merveilleux en raison de la diversité qui le caractérise et qui lui est si chère, comme le montre son histoire et comme cela a été promis dans le cadre de la relation entre les Premières Nations, les Métis, les Inuits et la Couronne, ce qui permet de continuer à garantir que les nouveaux Canadiens puissent trouver la paix et la prospérité ici et que leur histoire ne soit jamais oubliée.
Le Canada est un pays jeune, et il est donc très important que nous mettions en lumière et que nous chérissions ces récits de ceux qui ont jeté les bases de ce dont nous jouissons tous aujourd'hui. Grâce à leur immense travail et à leurs sacrifices qui ont permis de construire des fermes et des maisons, puis des villages et des villes, le Canada est un pays prospère. Nous devons reconnaître à leur pleine valeur les immenses contributions des nombreux Canadiens des débuts de la colonisation, en particulier ceux qui sont venus de l'Ukraine, de la Pologne et d'autres pays d'Europe de l'Est. Sans eux, le Canada ne serait pas ce qu'il est.
Je suis vraiment heureux et honoré d'appuyer la motion M‑75 au nom de tous les néo-démocrates. Nous devons continuer de mettre en lumière le patrimoine des Canadiens d'origine polonaise et de veiller à ce que leurs récits, leurs points de vue uniques et ce qu'ils ont à offrir au Canada perdurent pendant encore de nombreuses années. Je suis très heureux de voter pour la motion M‑75 et j'espère que la Chambre des communes l'adoptera rapidement afin de créer le mois du patrimoine polonais.
:
Madame la Présidente, pour moi qui suis un fier Canadien d'origine polonaise, c'est un grand honneur de prendre la parole à la Chambre au sujet des contributions, du patrimoine et de la riche histoire des Canadiens d'origine polonaise, et au sujet du Canada et de la mosaïque multiculturelle de notre pays, une mosaïque riche et pleine de vitalité.
J'adresserai tout d'abord un sincère merci, ou dziękuję, à mon ami et collègue le député de , qui a présenté la mesure législative d'importance historique grâce à laquelle le premier Mois du patrimoine polonais deviendra réalité au Canada.
On compte au Canada 1,1 million de Canadiens d'origine polonaise. Ils vivent dans tous les coins du pays, y compris dans de grands centres comme Halifax, Montréal, Ottawa, Vancouver, Toronto, Hamilton, Winnipeg et Calgary, ainsi que dans ma collectivité, Windsor—Tecumseh. Ils sont chefs d'entreprise, enseignants, infirmiers, ingénieurs, électriciens, artistes ou athlètes. Ils conduisent des camions qui livrent des marchandises. Leur résilience et leur détermination n'ont d'égal que leur générosité et leur gentillesse. Ils sont un cadeau du ciel pour le Canada, tout comme le Canada est aussi, pour nous, un cadeau du ciel.
L'histoire de l'immigration polonaise au Canada est remarquable et elle nous renseigne sur une communauté fière de ses valeurs d'abnégation qui a comme priorités la famille, la communauté et la foi. Le premier immigrant polonais, un commerçant de fourrures, est arrivé au Canada en 1752, mais la première vague d'immigrants polonais, qui venaient de la région de Kashub, dans le Nord du pays, est arrivée en 1858. Ils se sont établis dans la ville de Wilno, dans le comté de Renfrew, qui est la plus ancienne localité polonaise au Canada. Pendant deux siècles, des Polonais sont arrivés au Canada par vagues successives, parfois pour fuir les conflits et la persécution, mais toujours dans le but de bâtir un avenir meilleur pour eux et pour leurs enfants. L'histoire des Canadiens d'origine polonaise est typiquement canadienne et je voudrais la raconter du point de vue de ma famille et de la communauté polonaise de Windsor.
En Pologne, mon père était ingénieur électricien et leader du mouvement de solidarité qui s'est battu pour les droits des travailleurs contre la dictature communiste. Le 13 décembre 1981, quelques minutes après minuit, la loi martiale a été décrétée. Des leaders du mouvement de solidarité ont été arrêtés, et la police est venue à notre porte pour arrêter mon père. Après sa libération, le Canada nous a offert l'asile. Nous sommes arrivés à l'aéroport Pearson en avril 1983. Nous avons passé la première année à Scarborough, dans un immeuble d'habitation où logeaient d'autres familles polonaises qui étaient arrivées le même jour que nous. Pendant le jour, mes parents suivaient des cours d'anglais au collège George Brown. Le soir, mon père posait des carreaux pour épargner de l'argent en vue de se procurer une voiture et d'acheter à ses fils leurs premiers cadeaux de Noël au Canada: des bâtons de hockey. En moins d'un an, mon père a pu décrocher un emploi dans l'industrie automobile, à Windsor. Nous avons donc filé sur la route 401, le cœur rempli d'espoir, de gratitude et d'une certaine fébrilité par rapport à ce que l'avenir nous réservait.
La gratitude des Canadiens d'origine polonaise, comme celle de nombreux immigrants, se traduit par un immense besoin de redonner, de faire du bénévolat et de contribuer à bâtir le Canada et les collectivités qui sont aujourd'hui les nôtres. Je vois cette gratitude dans ma communauté de Windsor-Essex, terre d'accueil d'une communauté dynamique de 12 000 Canadiens d'origine polonaise. L'église catholique Holy Trinity, à l'angle des rues Langlois et Ellis, a toujours été au cœur de notre communauté. C'est là que mon frère et moi-même sommes rapidement devenus servants de messe. C'est aussi dans cette église, où nous célébrons la Pasterka — la messe de minuit —, que j'ai épousé ma tendre moitié, Shauna.
Nous passions nos samedis matins à l'école polonaise, dans l'école élémentaire catholique St. Angela, avec de merveilleux professeurs, comme Pani Bochus, Pani Zechaluk et les sœurs Mary et Urszula de la congrégation des Ursulines. Grâce à ces personnes, nous avons gardé vivante la langue polonaise. Elles nous ont enseigné l'histoire de la Pologne en nous parlant de Copernic, de Marie Curie Sklodowska et de la bataille de Grunwald. On nous a parlé de Janusz Zurakowski, le pilote d'essai de l'Avro Arrow et le premier Canadien à franchir le mur du son. On nous a parlé de sir Casimir Gzowski, un ingénieur qui a participé à la construction de la Grand Trunk Railway et du canal Welland, que Postes Canada a commémoré sur un timbre de 5 ¢. On nous a parlé de Stanley Haidasz, un médecin et un député qui a été le premier ministre d'État au Multiculturalisme et le premier sénateur d'origine polonaise.
Après la messe du dimanche matin à Holy Trinity, nous nous arrêtions à la boulangerie Blak's pour acheter du pain de seigle frais et des strudels. Blak's est la plus vieille boulangerie de Windsor. Elle a ouvert ses portes en 1918. Pour le Mardi gras, il y a, tout autour du pâté de maisons, une file de gens qui veulent une boîte de leurs célèbres pounchkis aux prunes. Par la même occasion, nous nous rendions au marché européen ou à l'épicerie fine du quartier polonais pour acheter des charcuteries, des pierogis ou de la saucisse kolbassa pour le barbecue.
Les Canadiens d'origine polonaise sont extrêmement travaillants et entreprenants. En plus des boutiques et des restaurants qui ont mis de la couleur et ajouté de la saveur à la rue Ottawa, des usines appartenant à des Polonais fournissent des milliers d'emplois aux résidants locaux depuis des générations. Des entreprises telles que Victoria Steel, White Eagle Press, Gorski Transport et NARMCO, démarrées par les familles Bas, Polewski, Rodzik et Gorski, redonnent à la communauté de bien des façons. Pas plus tard que la semaine dernière, j'ai assisté à la réouverture du bâtiment de la faculté de droit de l'Université de Windsor à la suite de rénovations générationnelles financées en partie grâce aux généreuses contributions de la famille Rodzik.
En effet, les Canado-Polonais sont connus pour leur ardeur au travail et leur honnêteté à titre de machinistes, d'électriciens et d'ingénieurs compétents. Beaucoup ont été promus à des postes qui ont façonné l'industrie locale, en particulier notre secteur de l'automobile, un secteur essentiel dans la région. M. Puklich, gérant de l'usine de moteurs Ford de Windsor‑Essex, et M. Frank Ewasyshyn, vice-président de Chrysler, n'en sont que deux exemples.
Cela dit, en dehors du monde des affaires, la communauté d'origine polonaise a apporté une énorme contribution, notamment dans les arts, la culture et les sports. Le Dom Polski, ou le centre polonais, était le noyau de la vie culturelle au sein de notre communauté, l'endroit où l'on présentait des productions théâtrales, où la troupe de danse Tatry se produisait en spectacle et où ont eu lieu des réceptions de mariage et d'autres célébrations. Le Dom Polski est également l'endroit où, chaque année, la communauté d'origine polonaise ouvre ses portes et organise, dans le cadre du carrousel annuel des célébrations nationales, un village polonais qui attire des milliers de résidants locaux par ses prestations musicales, ses danses et ses excellents plats polonais.
Cette année, le club sportif du Polonia Centre a célébré son 40e anniversaire, grâce au dévouement de bénévoles comme M. Kowalczykowski et M. Sak, qui ont entraîné des joueurs de tous âges et de tous horizons dans la circonscription de Windsor‑Essex.
Cet incroyable esprit de bénévolat est le moteur de la communauté polonaise. C'est quelque chose qui nous définit. Je suis fier de dire que mes parents, Marta et Richard, faisaient partie d'une longue lignée de bénévoles et de dirigeants qui ont consacré leur temps et leur énergie à des organismes comme le Polonia Centre, qui recueillaient des fonds pour organiser des activités éducatives et culturelles destinées à rapprocher les membres de la communauté.
Le Polonia Centre a mis en place un programme de bourses d'études postsecondaires annuelles pour des étudiants de tous les milieux. Un fonds annuel a été créé pour aider l'Université de Windsor à acheter des livres pour la bibliothèque Leddy. Cet esprit de solidarité dépasse largement le cadre de la communauté. Lorsque des catastrophes naturelles comme des inondations frappent le Canada et d'autres pays, la communauté se mobilise rapidement pour recueillir des fonds.
Lors des attentats du 11 septembre, la communauté a envoyé une lettre au maire de New York, accompagnée d'un chèque de 5 000 $, pour venir en aide aux familles des victimes. Il y a deux ans, lorsque la Russie a envahi l'Ukraine, la communauté a organisé rapidement un souper de pâtes et de pierogis et est parvenue à recueillir plus de 30 000 $ au profit des Ukrainiens et de l'Ukraine.
Comme le dit un vieux dicton polonais, la solidarité et l'hospitalité vont de pair.
[Le député s'exprime en polonais et fournit la traduction suivante:]
Cela signifie que lorsqu'un invité est à la maison, Dieu l'accompagne.
[Traduction]
Voilà pourquoi des centaines de milliers de Polonais ont accueilli chez eux 1,5 million de réfugiés ukrainiens qui fuyaient la guerre. C'est ce que font les Polonais quand leur voisin appelle à l'aide.
En 1980, la construction du parc Polonia, un quartier où 342 maisons en rangée abordables et accessibles ont été construites par la communauté polonaise grâce à Mgr Lawrence Wnuk et à des bénévoles visionnaires comme Jan Partyka, Jan Armata, Stan Niec, Mitch Puklicz et les familles Bas et Polewski, constitue un excellent exemple de solidarité et d'hospitalité. Ce quartier était une première, des décennies en avance sur son temps, et il a grandement contribué à faire en sorte que tous les Canadiens de Windsor puissent trouver un endroit abordable où vivre dans la dignité et la fierté. Je le sais, car le parc Polonia a permis à ma famille d'acquérir sa première maison à Windsor.
Notre engagement à l'égard de la communauté et du pays fait partie intégrante de notre patrimoine polonais. Le même Dom Polski qui a accueilli des mariages et du théâtre polonais a également accueilli l'armée polonaise en Amérique du Nord durant la Seconde Guerre mondiale et un centre de recrutement de volontaires polonais qui se sont dirigés vers l'Europe. En 1917, le gouvernement du Canada a inauguré le camp d'entraînement de l'armée polonaise appelé camp Kosciuszko, à Niagara-on-the-Lake, sous la direction du général Jozef Haller, où 2 200 volontaires ont été formés pour combattre dans l'Armée bleue polonaise pendant la Première Guerre mondiale.
Tout au long de l'histoire, la Pologne et le Canada ont été des frères d'armes dans de grandes batailles, comme les batailles d'Angleterre et de Monte Cassino, où des soldats polonais et canadiens reposent maintenant dans des cimetières militaires.
La semaine dernière, j'ai eu la chance de réfléchir à l'histoire de ma famille et à notre contribution au magnifique tissu de l'histoire canado-polonaise au Canada. J'ai assisté à une cérémonie de citoyenneté pour 49 néo-Canadiens provenant de 18 pays différents. Dans leurs yeux, j'ai lu le bonheur, l'espoir et l'optimisme, mais j'ai surtout vu un immense sentiment de gratitude. Savoir qu'ils sont Canadiens, que le Canada est leur foyer, réchauffe le cœur des gens.
Je suis fier de mes origines polonaises. Je suis fier d'être un Canadien d'origine polonaise. Avec l'aide de tous mes chers collègues, nous désignerons un mois du patrimoine polonais pour célébrer ensemble une partie colorée et ancienne de cette magnifique mosaïque canadienne.