:
Madame la Présidente, je suis heureux de prendre la parole devant cette honorable assemblée pour discuter d'un sujet très important, le projet de loi , qui vise à moderniser la Loi sur Investissement Canada.
Avant d'entrer dans le vif du sujet, peut-être est-ce une coïncidence, j'en doute, mais ce matin, l'OCDE a publié des données sur les investissements étrangers directs et le projet de loi concerne les investissements d'entités étrangères au Canada, des investissements dans les Canadiens et les collectivités du pays. Le Canada arrive au troisième rang de l'OCDE pour la première moitié de 2023. D'abord il y a les États‑Unis, ensuite le Brésil, puis nous et après le Mexique. Je crois que cela en dit long sur la confiance des entités, des entreprises et des sociétés étrangères qui investissent au Canada, qui créent des emplois, de la richesse et des possibilités d'avenir pour les Canadiens, mais cela en dit également long sur le fait que les gouvernements confiants investissent dans leur population et leurs collectivités. C'est ce que nous, au gouvernement, faisons depuis 2015 avec l'Allocation canadienne pour enfants, l'Allocation canadienne pour les travailleurs, le déploiement d'un programme national d'apprentissage et de garde des jeunes enfants, l'aide aux étudiants grâce à l'élimination des intérêts sur les prêts étudiants et les deux réductions d'impôt pour les personnes à revenu moyen: la première, une réduction faisant passer le taux de 22 % à 20,5 % en 2015, représente des économies de 3 milliards à 4 milliards de dollars par année pour les Canadiens, selon les déclarations de revenus produites, et la deuxième, l'augmentation à 15 000 $ du montant de base autorisé pour les dépenses personnelles, qui représentera des économies de 6 milliards de dollars pour les Canadiens de tout le pays dans l'exercice 2024‑2025. Un gouvernement confiant investit dans les Canadiens et dans les collectivités canadiennes.
[Français]
Je suis reconnaissant aux honorables députés et à mes chers collègues de l'occasion de parler du projet de loi .
À ce jour, la Chambre des communes a voté à l'unanimité pour appuyer ces objectifs. Le projet de loi a fait l'objet d'une étude approfondie par les membres du Comité permanent de l'industrie et de la technologie. Nous encourageons la Chambre à envoyer ce projet de loi au Sénat pour qu'il y soit considéré. Tous savent déjà bien que cette loi joue un rôle important dans notre économie et aide à faire du Canada une destination de choix pour les investissements étrangers.
[Traduction]
Il y a une explosion des investissements étrangers au Canada. C'est le cas dans le secteur automobile, dans le secteur minier, dans le secteur de la transformation alimentaire, dans le secteur agricole et dans de nombreux autres secteurs partout au pays et c'est parce que le Canada est une destination de choix pour les investisseurs étrangers. Cela crée de l'emploi et de la prospérité.
[Français]
La Loi assure des conditions commerciales favorables basées sur un ensemble stable et clair de réglementations.
[Traduction]
Nous avons besoin d'un système stable et compréhensible pour attirer les investisseurs étrangers et c'est exactement ce que nous obtiendrions grâce au projet de loi .
[Français]
La Loi encourage la croissance économique et l'emploi. Elle ne prévoit d'intervention que si l'investissement risque de nuire à la sécurité nationale du Canada, mais elle donne aussi la possibilité d'agir rapidement et d'émettre des jugements si les circonstances l'exigent. C'est ce que nous comptons faire avec les modifications apportées par le projet de loi C‑34.
En effet, il est clair que le moment est venu de moderniser la Loi sur Investissement Canada et de l'adapter au monde d'aujourd'hui. Nos industries demeurent parmi les plus dynamiques au monde. Cependant, le Canada fait face à des défis géostratégiques et de sécurité nationale sans précédent.
[Traduction]
En effet, le Canada reste une destination de choix pour les investissements étrangers. Ils continuent d'augmenter et de créer de bons emplois pour la classe moyenne d'un océan à l'autre. Ces investissements aident les entreprises à prospérer et à se développer, créent des emplois bien rémunérés et garantissent une croissance économique forte qui profite à tous les Canadiens. Le Canada a depuis longtemps la réputation d'accueillir les investissements étrangers et de disposer d'un cadre solide pour promouvoir le commerce tout en défendant les intérêts canadiens. En fait, le Canada a été l’un des premiers pays à mettre en place l'un des processus de sélection les plus exigeants pour les investissements directs étrangers. En effet, la Loi sur Investissement Canada a été promulguée il y a 38 ans, en 1985. Elle permet au gouvernement d'examiner les investissements étrangers importants pour s'assurer que les avantages recherchés existent bel et bien. Elle a été mise à jour en 2009 pour inclure un cadre d'examen des investissements directs étrangers sous l'angle de la sécurité nationale.
Le Canada évolue aujourd’hui dans un monde qui se caractérise de plus en plus par la complexité des liens entre la concurrence économique et les affrontements géostratégiques. Nous le constatons tous les jours. La mondialisation a fait naître de nouvelles menaces pour la sécurité nationale et économique du Canada, mais elle lui a aussi apporté de nombreux avantages. Le Canada doit donc disposer des outils et des ressources nécessaires pour protéger ses actifs contre les menaces économiques qui pèsent sur la sécurité nationale, le cas échéant. La Loi sur Investissement Canada doit donc toujours être adaptée en conséquence. L'augmentation, au cours des dernières années, du volume d'activités couvertes par la loi témoigne de la complexité de la situation. En effet, il y a eu plus d'examens aux fins de la sécurité nationale depuis 2020 que durant toute la décennie précédente. Le processus d'examen est également de plus en plus complexe, car les transactions internationales et les structures de propriété deviennent de plus en plus compliquées et, dans certains endroits, plus opaques.
La modernisation de la Loi sur Investissement Canada qui est proposée vise à rendre le processus d'examen plus efficace et plus transparent. Le projet de loi comporte une série de modifications pour améliorer le processus d'examen des investissements étrangers aux fins de la sécurité nationale et pour moderniser la Loi sur Investissement Canada. Ensemble, ces modifications constitueraient la plus importante mise à jour législative de la loi depuis 2019. Elles représentent également l'une des multiples mesures prises par le gouvernement pour nous permettre de défendre nos intérêts économiques, de contribuer à la résilience de la chaîne d'approvisionnement mondiale et de protéger notre sécurité nationale. Elles nous aideraient ainsi à établir des partenariats plus solides avec nos alliés et favoriseraient la croissance économique. Un régime d'investissements étrangers plus solide attirerait au Canada des investissements utiles et bénéfiques, susceptibles de créer d’excellents emplois et des occasions d’affaires pour tous les Canadiens. Nous l'avons constaté avec l'investissement de 7 milliards de dollars de Volkswagen et l'investissement de plusieurs milliards de dollars de Stellantis. Nous le voyons avec Honda et Toyota, à Alliston et à Cambridge, où ces sociétés investissent encore des centaines de millions de dollars, après leur investissement initial de milliards de dollars, créant des emplois de qualité et bien rémunérés pour les Canadiens, ici, en Ontario, avec une chaîne d'approvisionnement qui s'étend d'un océan à l'autre.
La défense de nos intérêts économiques et la protection de nos intérêts en matière de sécurité revêtent une importance capitale, surtout dans le contexte actuel où les menaces géopolitiques évoluent rapidement. Il s’agit d’un enjeu non partisan. Au cours des six jours de séance où le projet de loi a été débattu, la Chambre n’a cessé d’insister sur l’importance de moderniser la Loi sur Investissement Canada si nous voulions atteindre ces objectifs. La Chambre a finalement décidé, par un vote unanime, de renvoyer le projet de loi à l’étude, parce que nous avons tous compris qu’il était important de peaufiner ces modifications législatives afin de pouvoir protéger la sécurité nationale, tout en veillant à ne pas freiner les investissements utiles et judicieux.
Les règles canadiennes sur les investissements étrangers doivent être adaptées pour suivre le rythme des innovations qui, nous le savons, est fulgurant actuellement. Ces dernières années, les actifs incorporels dans l’économie du savoir, comme la propriété intellectuelle et les données, ont pris de l’importance et font partie des points forts de l'économie canadienne. Cependant, la gestion de ces actifs pose de nouveaux problèmes qu'il faut résoudre si nous voulons nous assurer que les retombées économiques profitent au Canada et aux Canadiens. Le gouvernement est conscient de la valeur de l’économie intangible, de sa croissance et des possibilités qu’elle offre à tous les Canadiens, en particulier dans les domaines de l’intelligence artificielle et de la propriété intellectuelle. Les innovations entraînent de nouvelles façons de faire des affaires et offrent d’énormes possibilités aux Canadiens. Le gouvernement favorisera cette croissance, car elle contribue à stimuler l’économie canadienne et à soutenir des emplois hautement spécialisés et bien rémunérés.
C’est formidable de voir que la ville de Montréal a commencé à abriter une grappe industrielle dans le domaine de l’intelligence artificielle et qu'elle attire ainsi de nombreux investisseurs. C’est formidable de voir que le corridor Kitchener-Waterloo, ici en Ontario, continue d’être à l’avant-garde dans le secteur de la technologie. C’est formidable de voir que la ville de Toronto continue d’attirer les investissements d’entreprises canadiennes et étrangères dans les technologies financières et de constater aussi que de nombreuses autres entreprises investissent dans l'économie du savoir, mais pour y arriver…
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Madame la Présidente, je siège aux côtés du député au comité de l’industrie, et je salue son intervention. Notre objectif est de parler de la Loi sur Investissement Canada, des investissements réalisés au Canada par des entreprises étrangères et de la création d’emplois rémunérateurs pour les Canadiens de la classe moyenne, dans toutes les régions du Canada. C’est précisément l’objet de mon propos ce matin.
Nous devons également moderniser les outils dont nous disposons, comme la Loi sur Investissement Canada, si nous voulons nous munir d'une protection accrue face aux avancées géopolitiques et technologiques. Il faut empêcher des acteurs hostiles de profiter de l’expertise du Canada et de sa capacité d’innovation. Nous devons être bien conscients des risques géopolitiques qui, avec l’instabilité, font désormais partie du contexte dans lequel nous devons travailler et qui concerne particulièrement les entreprises. Les États hostiles et les acteurs non étatiques ont pour stratégie délibérée d’acquérir des biens, des technologies et des éléments de la propriété intellectuelle d’autres pays. Ils se livrent pour cela à des pratiques qui sont foncièrement incompatibles avec les intérêts et les valeurs du Canada. Nous savons également que les investissements étrangers peuvent servir à exercer des pressions en vue d’affaiblir nos normes, nos valeurs et nos institutions.
Les députés se souviendront que la Loi sur Investissement Canada a permis au Canada de jouer un rôle important lors de l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Dès le mois de mars 2022, nous avons déclaré que tout investissement ou tout contrôle exercé par l’État russe servira d’argument au ministre pour déterminer qu’il a de bonnes raisons de croire que tel ou tel investissement, quelle que soit sa valeur, risque de porter atteinte à la sécurité nationale du Canada. Cette déclaration témoigne clairement de notre volonté de protéger la sécurité économique du Canada contre tout investissement indésirable. De plus, notre stratégie pour l’Indo-Pacifique indique clairement que cette région jouera un rôle crucial pour le Canada, au cours des 50 prochaines années. Les débouchés économiques considérables que cette région représente s’accompagnent également d’un certain nombre de difficultés liées à certaines puissances mondiales qui ne partagent pas nos valeurs libérales et démocratiques.
Nous pouvons faire face à cette réalité de bien des façons, notamment par le contrôle et la surveillance des investissements étrangers. En un mot, la Loi sur Investissement Canada joue un rôle déterminant pour la protection des intérêts économiques du Canada face à des acteurs étrangers hostiles. D’une portée assez large, cette loi permet au Canada de répondre aux nouvelles menaces que peuvent présenter certains investissements étrangers, et d’accueillir en même temps les investissements étrangers favorables aux intérêts canadiens.
Au risque de me répéter, j’aimerais dire que l’OCDE a publié ses chiffres sur les investissements étrangers directs au Canada, lesquels sont principalement gérés par le Bureau du surintendant des institutions financières, dans le cadre de la Loi sur Investissement Canada. Pour les six premiers mois de cette année, le Canada arrive en 3e place, derrière les États-Unis et le Brésil, dans un classement de plus de 30 pays. D’une portée assez large, la loi permet au Canada de répondre aux nouvelles menaces que peuvent présenter certains investissements étrangers, et d’accueillir en même temps les investissements étrangers favorables aux intérêts canadiens.
Les modifications législatives proposées visent à convaincre les entreprises et les investisseurs que le Canada s'est doté d'une réglementation claire, prévisible et stable. Le lien entre la technologie et la sécurité nationale est clair. L’innovation technologique est la source de nouveaux débouchés économiques, mais elle engendre aussi de nouvelles difficultés particulièrement complexes.
[Français]
De plus en plus, le Canada est la cible d'acteurs hostiles. Cela menace à la fois notre sécurité nationale et notre prospérité. C'est pourquoi notre gouvernement se doit d'adapter nos outils pour mieux nous défendre contre les menaces actuelles et futures.
Dans le monde entier, les investissements étrangers font maintenant l'objet d'examens beaucoup plus approfondis sur le plan de la sécurité nationale, et ce, à plusieurs points de vue tels que les impacts de la pandémie de la COVID‑19, les répercussions des changements climatiques sur la sécurité, les interruptions des chaînes d'approvisionnement mondial et les considérations géopolitiques changeantes.
Nous nous outillons aujourd'hui en vue des menaces de demain. Le Canada demeurera une destination de choix pour les investissements étrangers.
[Traduction]
Aujourd’hui, plus que jamais, nous devons veiller à faire tout notre possible pour favoriser la vigueur, la croissance et la capacité d'innovation de l'économie canadienne. L’orientation et les décisions prises ces dernières années montrent clairement que certaines transactions, en particulier celles qui sont effectuées par des investisseurs étatiques ou sous influence étatique, peuvent être motivées par des intérêts et des impératifs non commerciaux susceptibles de nuire à la sécurité nationale du Canada.
Je répète que ces types d’investissements dans des secteurs considérés comme sensibles sont actuellement soumis à un examen approfondi en vertu de la Loi sur Investissement Canada. Notre gouvernement estime qu’un régime efficace d’examen doit être fiable, transparent et avoir la souplesse requise pour s’adapter à un monde en mutation, et le moment est venu de procéder à des changements. Les dernières modifications ont été apportées en 2009, je crois. C’est pourquoi nous nous levons aujourd’hui pour voter en faveur du projet de loi, qui contient les modifications les plus importantes apportées à la LIC depuis 2009.
Nous prenons en ce moment même des mesures importantes pour revoir et moderniser des aspects essentiels de la loi, tout en veillant à ce que le cadre général de soutien aux investissements étrangers à l’appui de la croissance de notre économie demeure solide, ouvert et, j’ajouterais, souple. Le bilan du gouvernement actuel montre clairement qu’en matière de sécurité nationale, nous n’hésiterons pas à prendre des mesures décisives. Notre évaluation des risques suit l’évolution du contexte économique et géopolitique.
La Loi sur Investissement Canada nous confère déjà une grande partie des pouvoirs dont nous avons besoin pour intervenir et gérer les risques pour la sécurité nationale susceptibles de découler des investissements étrangers. Les modifications proposées renforceront une base déjà solide et amélioreront les mécanismes d’examen des investissements sous l’angle de la sécurité nationale. Il est temps d’agir de manière décisive pour que le Canada puisse continuer à profiter des avantages économiques des investissements tout en renforçant sa capacité à contrer les menaces qui pèsent sur notre pays et à assurer sa prospérité future.
Nous savons que le projet de loi a fait l’objet d’une étude rigoureuse et fiable qui s’est étendue sur 11 réunions. Je félicite les membres du Comité de l’industrie du travail accompli dans le cadre de ce processus. Au cours de ces réunions, nous avons entendu divers juristes et experts en la matière, qui ont témoigné des avantages des investissements étrangers directs pour les entreprises canadiennes, de la nécessité de protéger la propriété intellectuelle du Canada et de mettre sur pied un régime permettant de surmonter les nouvelles difficultés liées à la sécurité nationale que rencontrent les démocraties libérales du monde, y compris le Canada et ses partenaires dans le domaine de la sécurité.
Nous avons communiqué de manière approfondie avec les députés de l’opposition pour discuter de leurs perspectives et de leurs préoccupations, et nous avons collaboré avec eux afin de présenter des amendements qui renforceront davantage le projet de loi. Nous souhaitons que le régime d’investissements étrangers du Canada continue d’être la référence en la matière.
Le projet de loi nous donnera de meilleurs outils pour protéger notre sécurité nationale. Il contribuera également à mieux harmoniser le régime du Canada avec ceux de ses partenaires et ses alliés sur la scène internationale. Mes collègues ont entendu les témoins qui ont comparu devant le comité de l'industrie et de la technologie lui dire qu'il est important pour le Canada de se doter d'un régime comparable à ceux de ses alliés, de manière à pouvoir affronter les menaces communes et optimiser l'efficacité collective de tous ces pays.
[Français]
Nous comprenons tous que les modifications proposées par le projet de loi contribueront à cet équilibre important. Il s'agit à la fois de protéger les Canadiens et les entreprises canadiennes et de veiller à ce que les investisseurs continuent de voir le Canada comme une destination de premier choix.
[Traduction]
Oui, le Canada est la première destination de choix pour les investissements étrangers.
Nous savons que le Canada et ses alliés partagent les mêmes préoccupations en matière de sécurité nationale et économique. Nos alliés sont préoccupés par les auteurs de menaces qui exercent leurs activités dans de multiples pays pour obtenir un monopole sur l’accès essentiel à la technologie. Nous le voyons avec les minéraux critiques. Il est de plus en plus important d’échanger des renseignements avec les alliés pour favoriser les évaluations de la sécurité nationale afin de prévenir ces menaces.
Ce nouveau pouvoir qui permettrait les échanges de renseignements renforcerait la coopération entre le Canada et d’autres pays aux vues similaires afin d'aider tous ces partenaires à se défendre contre les investisseurs susceptibles d'être actifs dans plusieurs pays qui seraient à la recherche de la même technologie, par exemple, et qui pourraient être malintentionnés. Cela dit, le Canada ne serait pas tenu de communiquer de tels renseignements si le respect de la confidentialité ou une autre raison l'exige.
Je tiens à remercier mes estimés collègues de leur attention aujourd’hui. Je peux vous assurer que notre approche est pragmatique, fondée sur des principes et axée sur la collaboration. Elle fournit un cadre solide pour faire face aux menaces géopolitiques en constante évolution, tout en permettant au régime d’examen du Canada d’être mieux harmonisé avec celui de nos alliés sur la scène internationale, dans l’intérêt des Canadiens. Les efforts de collaboration au sein du comité de l'industrie et de la technologie nous permettent d’atteindre ces objectifs. C’est pourquoi je crois que le projet de loi, tel que modifié, devrait être adopté et renvoyé au Sénat.
Nous sommes convaincus qu’avec le projet de loi , le Canada continuera de favoriser les investissements favorables qui stimuleront notre économie et créeront de bons emplois dans toutes les circonscriptions du Canada. Je ne crois pas qu’il y ait une seule circonscription au Canada où les investissements étrangers directs sont absents ou n'ont aucune incidence. Ces investissements devraient toujours avoir un apport bénéfique. Ils devraient être axés sur la durabilité et le long terme, sans compromettre la sécurité nationale. Nous savons que, dans le monde d’aujourd’hui, certains acteurs étrangers tantôt étatiques, tantôt privés ont de mauvaises intentions à l’égard des démocraties libérales, y compris le Canada, que nous avons la chance de pouvoir appeler notre patrie. Nous avons donc besoin du meilleur des deux mondes.
J’espère que nous pourrons tous travailler ensemble pour appuyer le projet de loi afin qu’il soit renvoyé au Sénat et étudié en plus en profondeur, dans le but de lui donner force de loi et de renforcer la sécurité économique et nationale du Canada.
Ce fut un plaisir de parler de ce projet de loi ce matin. J’ai été ravi de voir le ce qu'a dit l’OCDE au sujet de la réputation du Canada en matière d’investissements étrangers directs et de sa troisième place à ce chapitre pour la première moitié de l’année. Il y a eu des flux d’investissements étrangers directs dans le monde entier, et le Canada est de plus en plus la destination de choix, comme nous le montrent les investissements de Volkswagen et de Stellantis, ainsi que ceux de Honda, de Toyota et d’autres entités. Des investissements sont faits à Kingston. D'autres sont faits par la société Northvolt au Québec et d'autres investissements encore sont faits en Colombie-Britannique. De façon générale, des entreprises étrangères choisissent le Canada pour investir leur argent dans l'intérêt de leurs actionnaires, ce qui crée de la richesse ici, au Canada. C’est formidable à voir. Tous les partis représentés à la Chambre doivent encourager ces investissements.
Je remercie les députés de leur attention ce matin. J’ai hâte d’entendre leurs questions et leurs observations.
:
Madame la Présidente, je suis heureuse d’avoir l’occasion de parler d’un projet de loi que les conservateurs jugent essentiel à la sécurité et à la sûreté des Canadiens.
À première vue, le projet de loi modifierait la Loi sur Investissement Canada dans le but de renforcer le processus d’examen des investissements étrangers au Canada et d’augmenter les sanctions pour certains cas de faute professionnelle ou de contravention à la Loi. Les Canadiens pourraient voir dans ce projet de loi une tentative des libéraux de prendre au sérieux les menaces posées par certains investissements étrangers. Toutefois, nous vivons dans un monde de plus en plus instable et, comme nous l’avons vu ces derniers mois, le Canada n’est pas à l’abri d’infiltrations et de manipulations venant de l’étranger.
Par le passé, les libéraux n’ont pas examiné en profondeur les transactions impliquant des entreprises d’État chinoises. Ce schéma se répète avec le projet de loi . En l’occurrence, l’article 15 supprimerait l’obligation selon laquelle tout investissement étranger doit être soumis à une consultation du Cabinet.
De ce côté-ci de la Chambre, nous pensons que les intérêts en matière d'économie et de sécurité du Canada sont primordiaux et que ce projet de loi n’en ferait pas assez loin pour les protéger. C’est pourquoi nous avons proposé au comité 14 amendements très raisonnables qui auraient renforcé le processus d’examen des acquisitions d’entreprises par des entités d’États étrangères. Malheureusement, les libéraux et les néo-démocrates les ont tous rejetés, sauf quatre. Ils sont néanmoins essentiels à l’amélioration du projet de loi, et je vais donc aborder chacun d’entre eux.
Premièrement, le gouvernement était prêt à adopter un projet de loi qui aurait donné carte blanche aux investissements des entreprises d’État, quelles que soient leurs relations avec le Canada. Lorsque le gouvernement a présenté ce projet de loi, celui-ci ne contenait aucune disposition exigeant que tout investissement d’une entreprise d’État soit soumis automatiquement à un examen relatif la sécurité nationale. Notre amendement ramène à zéro le seuil de déclenchement d’un examen établi à 512 millions de dollars, ce qui revient à exiger que tous les investissements d’entreprises d’État au Canada fassent l’objet d’un examen au titre de la sécurité nationale.
Deuxièmement, les conservateurs ont introduit un amendement selon lequel l’acquisition de tout actif par une entreprise d’État serait soumise à un examen dans le cadre du processus d’examen de la sécurité nationale. Cet amendement garantit que non seulement les nouveaux établissements commerciaux, les acquisitions et les achats d’actions, mais aussi tous les actifs, sont pris en compte dans le cadre de cet examen, ce qui est un autre très bon amendement au projet de loi.
Troisièmement, lorsque le gouvernement a présenté le projet de loi, celui-ci ne prenait pas en compte les préoccupations concernant les entreprises ayant déjà été condamnées pour corruption. Cela n’a aucun sens à mes yeux. Heureusement, l’amendement des conservateurs exige qu’un examen automatique au titre de la sécurité nationale soit effectué chaque fois qu’une entreprise ayant fait l’objet d’une condamnation par le passé est en cause.
Enfin, le gouvernement aurait été heureux d’adopter un projet de loi qui donne plus d’autorité et de discrétion au ministre, malgré les nombreuses bévues commises au cours des huit dernières années où on n'a pas pris au sérieux les menaces réelles posées par certains investissements étrangers. Le projet de loi initial aurait laissé au ministre le soin de décider de déclencher ou non un examen au titre de la sécurité nationale lorsque le seuil est atteint. L’amendement conservateur remédie à cette lacune et rend l’examen obligatoire, plutôt que facultatif, lorsque le seuil de 1,9 milliard de dollars est atteint.
Je ne comprends pas pourquoi le gouvernement n’a pas inclus automatiquement cette disposition dans le projet de loi. Je suis préoccupée par le nombre de textes législatifs du gouvernement qui accordent de plus en plus de pouvoirs aux ministres et non à ceux dont ils relèvent pour s’assurer que, au sein du Cabinet et dans le cadre de la supervision effectuée par la Chambre, ces choses sont vraiment transparentes et qu’une réflexion approfondie a été menée.
Les quatre amendements que j’ai mentionnés sont des éléments cruciaux pour renforcer ce projet de loi, mais le gouvernement libéral—néo-démocrate a privé les Canadiens de protections supplémentaires en rejetant d’autres améliorations importantes qui, de l’avis des conservateurs, auraient dû être apportées.
Des témoins qui ont comparu devant le comité ont souligné que de nombreuses entreprises chinoises œuvrant à l’échelle internationale sont liées par contrat aux exigences du Parti communiste chinois, même si elles appartiennent à des intérêts privés. Cela semble presque être une contradiction, n’est-ce pas? Au lieu de prendre au sérieux les transactions de nature délicate, les libéraux et les néo-démocrates ont rejeté notre amendement visant à modifier la définition d’une entreprise d’État pour y inclure les entreprises ayant leur siège social dans un État autoritaire, comme la Chine.
En outre, la coalition a choisi de ne pas prévoir d’exemption pour les services de renseignement d’État des pays du Groupe des cinq. Les conservateurs ont proposé une exemption pour éviter un processus d’examen trop étendu, ce que les libéraux et les néo-démocrates ont rejeté. Plutôt que de se concentrer sur les menaces réelles et graves pour la sécurité, le gouvernement préfère consacrer son temps et ses ressources à l’examen minutieux de nos partenaires les plus fiables sur le plan de la sécurité.
Cela n’a aucun sens. Il est clair que le gouvernement a eu du mal à faire avancer les choses en temps voulu, et cela aurait été l’occasion pour lui d’être beaucoup plus efficace et de montrer qu’il renforce ses relations avec ses partenaires et alliés du Groupe des cinq.
Enfin, plutôt que de soutenir notre amendement visant à créer une liste de secteurs considérés comme stratégiques pour la sécurité nationale, les libéraux et les néo‑démocrates ont choisi de laisser le processus de réglementation dicter cette liste, courant ainsi le risque que le processus se transforme en exercice politique. Cela inquiète beaucoup les Canadiens lorsqu’il s’agit du gouvernement, où les parties prenantes peuvent invoquer des préoccupations en matière de sécurité nationale pour protéger leurs propres intérêts économiques. Il est clair que le gouvernement a manqué à maintes reprises de montrer qu’il agit vraiment dans l’intérêt des Canadiens.
Je suis heureuse de dire que les amendements que nous avons pu faire adopter ont transformé un projet de loi proposant un processus mineur en une mesure législative qui apportera des changements majeurs dans l’approche de notre pays à l'égard de la prise de contrôle d’entreprises canadiennes par des sociétés étrangères. Il reste toutefois encore beaucoup à faire pour l’améliorer. Dans sa version actuelle, le projet de loi donnerait au ministre de l’Industrie et au ministre de la Sécurité publique le pouvoir quasi exclusif de contourner le Cabinet et d’approuver les projets en territoire canadien.
Compte tenu des précédents, les conservateurs sonnent l’alarme depuis des années sur les raisons pour lesquelles ce serait une grave erreur. Je me souviens de l’époque, en 2017, où l’ancien ministre avait négligé de procéder à un examen complet au titre de la sécurité nationale lors de l’achat de Norsat International, une entreprise de Colombie‑Britannique, par Hytera Communications, qui appartenait en partie à la Chine.
Vingt et un chefs d’accusation d’espionnage plus tard, la commission fédérale des communications des États‑Unis a inscrit Hytera sur sa liste noire, en 2021, en raison d’un « risque inacceptable pour la sécurité nationale des États‑Unis ». Cependant, ce n’est qu’en 2022 que le ministre de l’époque s’est retrouvé dans l’embarras, lorsque la GRC a interrompu son contrat avec Norsat pour du matériel de radiofréquence.
Fait consternant, Services publics et Approvisionnement Canada a confirmé que les préoccupations en matière de sécurité n’avaient pas été prises en compte lors du processus d’appel d’offres pour cet équipement. Il y a de quoi s’alarmer. Les libéraux n’ont pas non plus consulté le Centre de la sécurité des télécommunications de son propre gouvernement au sujet du contrat. Au lieu de cela, le contrat a simplement été attribué au plus bas soumissionnaire. Il s'agit d'un autre point intéressant car, assez souvent, il semble que nous entendions parler de fonds octroyés par le gouvernement à des organisations qui ne font tout simplement rien pour les Canadiens avec l’argent qui leur est donné.
Pourquoi a-t-on laissé pareille chose se produire? Comment se fait-il qu'une technologie destinée à garantir la sécurité des communications au sein de la police nationale du Canada ait été confiée à une entreprise accusée de compromettre la sécurité nationale dans le monde entier et d'être un important fournisseur du ministère de la Sécurité publique de la Chine?
Revenons en 2020, à l'époque où le gouvernement était prêt à accorder à l'entreprise Nuctech un contrat de 6,8 millions de dollars pour qu'elle fournisse des appareils à rayons X aux ambassades et aux consulats canadiens. Encore une fois, Nuctech est basée en Chine et a été fondée par le fils d'un ancien secrétaire général du Parti communiste chinois.
Après avoir examiné l'offre, Deloitte Canada a formulé une recommandation stupéfiante à l'intention du gouvernement: celui-ci devrait installer dans les ambassades canadiennes uniquement des appareils de sécurité provenant d'entreprises disposant d'une autorisation de sécurité nationale. En effet, Deloitte a constaté que le matériel et les logiciels de Nuctech dépassaient de loin les besoins actuels du gouvernement en matière de sécurité, au point que ses appareils à rayons X étaient en mesure de recueillir des données et d'accéder à des réseaux informatiques. C'est particulièrement alarmant.
Affaires mondiales Canada n’a pas soumis Nuctech à un examen des risques pour la sécurité nationale au cours de son processus d’approvisionnement, et le Centre canadien pour la cybersécurité n’a pas été invité à effectuer son propre examen. Le gouvernement affirme souvent qu’il peut faire mieux et qu'il fera mieux, mais ces choses continuent de se reproduire encore et encore. Cependant, tout cela pourrait avoir été trop peu trop tard, car le gouvernement a attribué quatre autres contrats de l’Agence des services frontaliers du Canada à Nuctech depuis 2017. La nonchalance du gouvernement en matière de sécurité nationale dépasse tout entendement.
Ce n’est pas tout. On ne peut pas non plus faire confiance au gouvernement pour qu’il assure la sécurité des Canadiens, puisqu'il n'arrive même pas à respecter ses propres règles. En mars 2021, le a mis à jour les lignes directrices relatives aux examens au titre de la sécurité nationale pour toute transaction impliquant une entreprise d’État dans le secteur des minéraux critiques du Canada. Moins d’un an plus tard, le même ministre a violé ses propres règles en accélérant le rachat de la société canadienne Neo Lithium par l’entreprise d’État chinoise Zijin Mining. Une fois de plus, cela s’est fait sans examen au titre de la sécurité nationale.
Qui plus est, le ministre a défendu sa décision en refusant d’ordonner à Zijin de se défaire de Neo Lithium, alors qu’il ordonnait à trois autres entreprises chinoises de se défaire de leur participation dans trois autres entreprises de minéraux critiques. Je ne comprends pas que le gouvernement fasse preuve d’une telle incohérence. L’hypocrisie est stupéfiante. Une fois de plus, le gouvernement choisit les gagnants et les perdants, et il est déconcertant de voir qui il choisit comme gagnants. Cette fois, c’est la sécurité nationale qui est en jeu. Cela ne peut plus durer.
Nous avons constaté que le gouvernement commet régulièrement des faux pas dans sa façon d’approuver les programmes et les projets. Au cours des huit dernières années, il y a eu une tendance inacceptable à confier davantage de pouvoirs aux ministres et à des conseils consultatifs externes, avec peu ou pas de comptes à rendre à la Chambre. Nous le constatons, et les Canadiens le constatent aussi. Le gouvernement fait de moins en moins preuve d'un sens des responsabilités à l'égard des Canadiens. C’est comme si le gouvernement pouvait simplement fournir à ses ministres des lois qui leur donnent carte blanche pour faire ce qu'ils veulent, avec des organisations et des conseils consultatifs qui ne font pas partie de la Chambre des communes et qui ne font certainement pas l'objet d'une surveillance adéquate par la Chambre, qui représente les Canadiens.
Souvent, nous constatons que des conseils consultatifs sont créés à la discrétion du ministre avant même qu’un projet de loi n’ait été signé. Cela montre l’incroyable manque de respect du gouvernement libéral à l’égard des procédures établies dans cette enceinte.
D’autres fois, nous constatons que les libéraux n’arrivent pas à se brancher. Avec le projet de loi , par exemple, les nouveaux pouvoirs du commissaire à la protection de la vie privée pour enquêter sur les infractions à la Loi sur la protection de la vie privée des consommateurs ont été réduits au profit d'un tribunal de la protection des renseignements personnels et des données. Or, dans ce tribunal, seuls trois des six membres doivent avoir de l’expérience juridique dans le domaine de l'accès à l’information et de la protection des renseignements personnels...
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Madame la Présidente, tout d'abord, je me permets de souligner un événement important qui aura lieu demain.
Steve Jolin, ou Anodajay pour les amateurs de rap, a reçu la semaine dernière, lors du cocktail d'ouverture du Festival du cinéma international en Abitibi-Témiscamingue, avec Sandy Boutin, du Festival de musique émergente, et Madeleine Perron, du Conseil de la culture de l'Abitibi-Témiscamingue, la médaille de l'Assemblée nationale pour l'ensemble de son œuvre sur la vitalité culturelle.
Pourquoi est-ce que j'en parle? C'est parce que, comme artiste d'une région éloignée qui rappe en français, Anodajay a lancé, depuis son premier album intitulé Premier VII et son succès J'te l'ai jamais dit, un deuxième album. Ce deuxième album, Septentrion, marque la réinterprétation du succès La Bittt à Tibi qui a amené Le Beat à Ti-Bi. Demain, le 10 novembre, sa maison de disques, Disques 7ième Ciel, fêtera ses 20 ans à nul autre endroit qu'au Centre Bell. Cette maison de disques, qui a été fondée il y a 20 ans, a fait la promotion du rap et est probablement la référence en Amérique du Nord en matière de rap francophone. On lui doit les Koriass, Samian, Manu Militari, Alaclair Ensemble, Souldia, et plusieurs autres, dont Fouki et Zach Zoya, un Rouynorandien d'origine.
Il est important pour moi de mentionner que Rouyn‑Noranda sera au Centre Bell pour célébrer demain les 20 ans de la maison de disques, ainsi que de reconnaître le talent et l'audace de Steve Jolin. C'est tout un succès pour le rap québécois.
Aujourd'hui, je prends la parole au sujet du projet de loi et de son importance cruciale pour nous, en tant que Québécois. Ce projet de loi modifie la Loi sur Investissement Canada. Le Bloc québécois appuie le projet de loi C‑34, qui renforce les compétences du gouvernement fédéral en matière de surveillance des investissements susceptibles de compromettre la sécurité nationale du Canada. Plus précisément, le projet de loi C‑34 renforce le pouvoir du ministre en permettant entre autres d'imposer des conditions pendant la période d'examen relatif à la sécurité nationale ainsi que d'accepter des engagements visant à atténuer les risques pour cette sécurité nationale.
Ces modifications, incontestablement nécessaires, reflètent l'évolution logique d'un monde de plus en plus interconnecté, où les investissements étrangers jouent un rôle vital dans le développement économique tant du Québec que du Canada. Pensons aux minéraux nécessaires à la production de biens technologiques et à l’électrification des transports. Toute la production des minéraux devient un élément essentiel, voire stratégique, affectant cette sécurité nationale. Pensons à nos entreprises dans le domaine des sciences de la vie, à celles dans les technologies quantiques, ou encore à toutes les entreprises qui naissent en ce moment dans le domaine de l’intelligence artificielle. Dans ces domaines, tout investissement provenant d'un gouvernement étatique ou d'une entreprise étrangère — on peut penser à la Chine — sera automatiquement soumis à une évaluation initiale en vue de son étude approfondie. Il fera l'objet d'un examen de sécurité nationale et sera systématiquement rejeté, à moins que l'investisseur parvienne à démontrer de manière convaincante ses avantages réels, c'est-à-dire l'avantage net pour le Canada. C'est un point important.
Ce faisant, le projet de loi C‑34 et la nouvelle directive sur les minéraux critiques devraient mettre fin à l’accaparement de la ressource par des entreprises étrangères, ce qui rend notre industrie entièrement dépendante. C'est une chose que j'ai défendue vigoureusement au Comité permanent de l'industrie et de la technologie. Ce sont donc de bons mécanismes pour le Québec et le Canada. Ces mécanismes protègent nos chaînes d'approvisionnement, nos entreprises et notre souveraineté face à des investissements étrangers mal intentionnés. Chaque nouveau processus d’examen est essentiellement un calque de ce qui se fait aux États‑Unis, une harmonisation souhaitée également par nos entreprises. Avec l'adoption du projet de loi C‑34, nous augmentons les chances que les Américains nous considèrent toujours comme un partenaire fiable, condition pour être un fournisseur privilégié et surtout bien intégré dans leurs chaînes d’approvisionnement.
Or, les Américains ont accepté d’inclure le Canada dans leur chaîne d’approvisionnement de matériaux critiques et ils ont levé, ce qui est important, les mesures les plus protectionnistes de l'Inflation Reduction Act, ou IRA, puisque que le projet de loi C‑34 atteint les objectifs demandés, dont le principal est d'aligner nos politiques de sécurité sur celles des États‑Unis. Il s'agit d'un préalable essentiel pour inclure le Canada dans leur stratégie de modernisation industrielle, en particulier le développement de la filière électrique. J'ai participé non pas à une, mais à deux missions ministérielles qui ont porté sur ces sujets à Washington. J'y suis allé notamment avec la il y a maintenant deux ans, et l'an dernier avec le , qui était à ce moment accompagné de la . C'est pour dire à quel point ces enjeux stratégiques sont tout à fait à l'avant-garde et tout à fait pertinents pour maintenir notre aspect concurrentiel.
Je sais gré au gouvernement de son ouverture dans le cadre de nos travaux en comité. Le gouvernement a accepté de clarifier le fait que l'achat des actifs d'une entreprise équivaut à l'achat de l'entreprise elle-même. Si une entreprise possède une mine et des ressources et qu'on achète l'entreprise, on achète aussi la mine et les ressources. C'est quelque chose de très important, puisque cela soumet la transaction à la Loi. Cette clarification était nécessaire, en particulier dans le cas d'actifs immatériels, tels que les brevets de propriété intellectuelle, où il existait une lacune dans la version précédente de la Loi. Il est crucial que nos lois protègent nos intérêts nationaux, y compris la propriété intellectuelle.
Il y a peut-être là aussi une faille dans l'action générale du gouvernement en ce qui a trait à la protection de la propriété intellectuelle: va-t-il assez loin? Lors de notre étude du projet de loi en comité, plusieurs témoins ont mentionné qu'il pourrait en faire davantage à cet égard.
Sur certains amendements, notre position a été plus nuancée. J'ai soutenu l'idée de prendre en compte la propriété intellectuelle lors de l'examen des transactions, car elle renforce notre sécurité nationale et protège nos actifs stratégiques.
Je saisis l'occasion pour mentionner que d'autres idées ont émergé lors de nos travaux au sein du Comité permanent de l'industrie et de la technologie. D'abord, parlons d'une valeur fondamentale: la transparence. L'un des changements les plus importants, pour lesquels le Bloc Québécois et moi-même avons vigoureusement plaidé, concerne les dispositions relatives à la transparence. C'était une question importante soulevée par les témoins et qu’on retrouve dans les documents techniques qui nous ont été présentés.
J'ai insisté sur la nécessité d'une transparence accrue dans les mécanismes de prise de décision en matière de sécurité nationale, ce qui comprend plus d'information en provenance des agences responsables des décisions liées à la sécurité nationale. C'est une demande légitime, qui provient en grande partie des professionnels qui accompagnent les parties impliquées dans ce type de transaction, mais aussi de toute personne qui souhaite comprendre comment les décisions sont prises et quels critères sont pris en compte.
L'obligation du ministre de présenter publiquement ses décisions constitue un progrès substantiel, qui favorisera la compréhension du public et permettra aux citoyens, aux entreprises, ainsi qu'à toutes les parties prenantes de mieux appréhender le processus et les motivations qui sous-tendent les décisions relatives à la sécurité nationale.
Nous avons obtenu du ministre qu'il s'engage à dévoiler certaines informations et exige des parties impliquées dans la transaction qu’elles dévoilent le nom des personnes bénéficiaires de la nouvelle entreprise résultant de l’acquisition ou la fusion avec l’entreprise québécoise ou canadienne. Nous restons fermement déterminés à agir dans l'intérêt supérieur de la nation québécoise, en veillant à ce que la préservation de nos intérêts nationaux soit en harmonie avec nos valeurs démocratiques et notre quête d'une gouvernance ouverte et transparente.
Prenons pour exemple l'acquisition de Rona par Lowe's. Rona était une fierté du Québec, un de ses fleurons. Elle a été achetée par Lowe's, mais on ne saura jamais les conditions données par le ministre fédéral. Près d'une décennie plus tard, il faut prendre en compte les conséquences de cela. Est-ce que c'était causé par les obligations en approvisionnement local, par le fait de maintenir un siège social du côté de Montréal ou par le fait qu'on devait garder un certain nombre d'employés québécois tant au siège social que dans les entreprises? Est-ce que ces notions ont été respectées? Nous ne le saurons probablement jamais parce que les conditions n'ont pas été rendues publiques. Si elles l'avaient été, la population aurait été mieux informée et on aurait eu de meilleurs moyens pour obliger la compagnie à rendre des comptes sur le respect, ou non, des intérêts du Québec. Je rappelle qu'on a perdu à ce moment-là un siège social et il ne faut plus que cela arrive. Renforcer la transparence est donc un gain important.
Parlons maintenant des seuils. Le Bloc Québécois invite le gouvernement à aller beaucoup plus loin et à améliorer aussi le contrôle général des investissements étrangers, avec l'optique de préserver nos sièges sociaux, nos leviers économiques et le contrôle de nos ressources, ce que le projet de loi ne fait pas.
J'invite donc la Chambre à réfléchir à un nouveau projet de loi visant à réformer davantage la Loi sur Investissement Canada à cette fin. Nous avons tenté de le faire en comité, car on n'avait pas pensé à cela lors de la création du projet de loi C‑34. Il est dommage pour nous que le gouvernement ait restreint la possibilité d'amendements à la seule question de la sécurité nationale en matière d'investissements étrangers, ce qui n'est pas banal, quoique limité. Si nous avions pu bonifier quelque chose, cela aurait été bien, mais nous ne pouvions pas aller aussi loin et ajouter une nouvelle disposition. C'est très dommage, mais j'ai bon espoir qu'un nouveau projet de loi pourra être mis de l'avant.
Je pense qu’il y avait même un certain consensus autour de la table que le gouvernement a raté une occasion de revoir les seuils auxquels les fusions et les acquisitions d’entreprises doivent être soumises, surtout sur le plan des garanties que les investissements étrangers soient à l’avantage net du Canada. C’est une condition essentielle pour tout le monde qui s’intéresse à la question des investissements étrangers.
Nous appuyons le projet de loi , mais nous allons continuer d’exiger haut et fort que le gouvernement dépose un nouveau projet de loi pour examiner et revoir les autres articles de la Loi sur Investissement Canada.
L’angle mort du gouvernement réside dans la négligence de la préservation de nos leviers économiques, un aspect critique souvent relégué à l’ombre des préoccupations immédiates. Les données du rapport annuel de la direction des investissements du ministère, déposé au Parlement en octobre dernier, révèlent une réalité alarmante qui s’accentue au fil des ans.
Sur les 1 255 projets d’investissements étrangers totalisant 87 milliards de dollars soumis l’année dernière, seulement 24 projets auraient été considérés comme ayant un impact sur la sécurité nationale si la présente loi avait été en vigueur à ce moment-là. Tout ce dont nous parlons présentement a un impact sur seulement approximativement 2 % des projets. C’est loin d’être banal, mais ce n’est pas suffisant.
Le reste, soit 1 221 projets d’investissements, demeure soumis aux anciennes règles laxistes, avec moins de 1 % d’entre eux qui feraient l’objet d’un examen approfondi pour évaluer leur véritable avantage net économique.
Plus de 97 % des projets d’investissements échappent ainsi chaque année à un examen. Nous sommes en droit de nous questionner sur la capacité de surveillance des transactions.
Cette lacune dans la protection de nos leviers économiques résulte de la fragilité croissante de la Loi sur Investissement Canada, avec un seuil d’examen de plus en plus élevé, laissant la grande majorité des investissements étrangers échapper à toute évaluation substantielle de leur impact sur notre économie. Il est impératif que le gouvernement comble cet angle mort en renforçant les mécanismes de contrôle et en réaffirmant son engagement envers la préservation de notre souveraineté économique à long terme.
Au fil des ans, la Loi sur Investissement Canada a été affaiblie. Le seuil en deçà duquel le gouvernement n’examine même pas l’investissement ne cesse d’augmenter. La quasi-totalité des investissements passe comme une lettre à la poste sans que la Loi sur Investissement Canada donne au gouvernement le pouvoir même d’évaluer si chacun est avantageux.
La Loi actuelle, mise en place au cours des années 1980, part du postulat que la libéralisation complète des investissements est favorable, considérant presque tout investissement étranger comme bénéfique, quel qu’il soit, entraînant ainsi la perte des leviers de décisions et des sièges sociaux, l’affaiblissement de la place financière montréalaise qui en découle, la dépendance totale de nos entreprises envers des fournisseurs étrangers, le possible accaparement des terres et la perte de contrôle sur nos ressources naturelles. C’est une catastrophe de ne pas agir.
En ce qui concerne uniquement la sécurité nationale, le projet de loi C‑34 ne s’attaque pas à la perte graduelle de contrôle que les Québécois et les Canadiens ont sur leur propre économie. Dans une économie qui est en pleine transition, c’est quelque chose que nous ne pouvons plus nous permettre, même que nous n’aurions jamais dû nous permettre.
La COVID‑19 nous a aussi amenés à réfléchir sur beaucoup d’angles qui touchent les impacts, notamment la dévalorisation de certains actifs de sièges sociaux et la dépendance des chaînes d’approvisionnement, par exemple, si nous ne produisons pas de vaccins et que nous sommes dépendants d’un portefeuille de vaccins de l’étranger. Cela nous a coûté des milliards de dollars. J’ai bien hâte d’avoir cette information. Si nous avions des compagnies de chez nous qui avaient pu être protégées, peut-être que nous aurions encore des actifs et cela nous aurait coûté beaucoup moins cher à ce moment d’assurer l’aspect de la sécurité de la santé de notre population.
Pour cela, nous invitons le gouvernement à déposer un autre projet de loi pour moderniser l’ensemble de la Loi sur Investissement Canada, pas seulement la section sur la sécurité nationale. La sécurité nationale, c’est bien, mais la sécurité économique l’est aussi. En particulier, le gouvernement doit abaisser considérablement le seuil au-delà duquel il autorise sans examen les investissements étrangers.
Le projet de loi C‑34, axé principalement sur la sécurité nationale, suscite aussi des inquiétudes légitimes parmi de nombreux Québécois et Canadiens. Bien que la protection de la sécurité nationale soit un élément crucial de la mesure législative, elle ne doit pas masquer la perte graduelle de contrôle que nous subissons sur notre économie.
En tant que citoyen soucieux de notre avenir économique, j’appelle le gouvernement à aller au-delà de la simple révision de la section sur la sécurité nationale de la Loi sur Investissement Canada et à adopter prochainement une approche plus holistique pour moderniser l’ensemble de la Loi. La sécurité nationale est indéniablement une préoccupation majeure pour tout gouvernement. Cependant, il est tout aussi important de prendre en compte la sécurité économique. Le bien-être économique de chacune des provinces est étroitement lié à notre capacité de protéger et de favoriser nos industries locales.
Le gouvernement fédéral doit ouvrir la voie à une meilleure reconnaissance des zones d’innovation et des efforts déployés par les acteurs dans ces zones vitales.
Par exemple, l'Abitibi-Témiscamingue est riche en minéraux de la nouvelle économie. Nous avons une expertise dans le domaine et nous avons la capacité de faire rayonner le Québec sur cette planète. J'encourage et j'invite une fois de plus le ministre et ceux qui le conseillent à reconnaître d'abord notre spécificité et les leaders de ma communauté en travaillant avec nous pour augmenter les activités économiques près des mines. Je les invite également à protéger les efforts consentis dans le développement de ces entreprises tant convoitées par les étrangers.
Le gouvernement doit agir de manière décisive en abaissant considérablement ce seuil de manière à protéger efficacement nos intérêts économiques.
Cette préoccupation, le Bloc québécois l'a soulevée à plusieurs reprises, et nous l'avons transmise au ministre et à ses fonctionnaires chaque fois qu'il a été question de la Loi sur Investissement Canada. Je l'ai fait personnellement.
Le seuil actuel est trop élevé. Cela signifie que de nombreuses transactions potentiellement sensibles échappent à l'examen des autorités compétentes. Une diminution du seuil pour les investissements étrangers permettra au gouvernement de mieux contrôler les transactions qui pourraient avoir un impact négatif sur notre économie. Cela ne signifie pas nécessairement que tous les investissements étrangers doivent être bloqués, mais plutôt que nous devons être en mesure d'évaluer soigneusement chaque cas et d'imposer des conditions, si nécessaire, pour garantir que ces investissements profitent réellement au Québec ou au reste du Canada.
En modernisant l'ensemble de la Loi sur Investissement Canada, le gouvernement peut également mettre en place des mécanismes pour encourager les investissements dans des secteurs clés de notre économie. Les incitations fiscales, les subventions ciblées et d'autres mesures incitatives peuvent être utilisées pour attirer des investissements nationaux et étrangers dans des domaines tels que la technologie, la recherche-développement, l'industrie manufacturière et bien d'autres secteurs essentiels. Je peux penser aussi au domaine aéronautique.
En outre, la modernisation de la Loi peut aider à garantir que les investissements étrangers ne compromettent pas notre souveraineté économique en permettant à des acteurs étrangers de prendre le contrôle de nos entreprises stratégiques. Des mécanismes de contrôle appropriés doivent être mis en place pour garantir que les entreprises canadiennes restent sous le contrôle du Canada et que les entreprises québécoises restent sous le contrôle du Québec. C'est nécessaire pour protéger nos intérêts.
Il est important de noter que la modernisation de la Loi sur Investissement Canada ne devrait pas être perçue comme une mesure isolationniste, bien au contraire. Nous reconnaissons la valeur des échanges internationaux et des investissements étrangers dans notre économie. Cependant, il est de notre devoir de protéger nos intérêts économiques à long terme. La possession de nos ressources est, en ce sens, un enjeu fondamental.
Le gouvernement a la responsabilité de trouver un équilibre entre la sécurité nationale et la sécurité économique. En modernisant la Loi sur Investissement Canada de manière à prendre compte de ces deux aspects, nous pouvons garantir que notre économie restera forte, compétitive et souveraine.
Je vais me permettre d'aller un peu plus loin en ce qui concerne l'exemple de la pandémie, parce qu'il y avait là quelque chose d'intéressant. On a vu des compagnies qui perdaient de la valeur, comme Air Transat, notamment. Air Canada était un peu dans la même situation. Au Comité permanent de l'industrie et de la technologie, nous avons fait une étude concernant la Loi sur Investissement Canada et ses répercussions potentielles.
Je suis convaincu que le projet de loi relève essentiellement des recommandations issues des travaux que nous avons faits en comité au cœur de la pandémie de la COVID‑19. Une des inquiétudes que j'avais à ce moment-là avait trait à une potentielle perte de valeur à cause d'un aspect économique important comme la COVID‑19. Dans le contexte actuel d'inflation, nous ne sommes pas à l'abri d'une récession. La hausse des taux d'intérêt est importante. On sait qu'avec la situation relative au Compte d'urgence pour les entreprises canadiennes, il y a quelque chose de très névralgique pour la survie de nos PME. Environ 80 % d'entre elles n'ont pas encore commencé à rembourser le compte d'urgence. Beaucoup d'entreprises sont présentement à risque.
Si on avait pu abaisser les seuils et assurer une meilleure protection de ces entreprises, peut-être qu'on aurait pu sauver ces actifs stratégiques. Tout le contexte actuel nous amène à dire que c'est toujours approprié d'abaisser les seuils. On ne peut jamais tenir pour acquise la croissance d'une économie.
En conclusion, le projet de loi C‑34, en se concentrant principalement sur la sécurité nationale, ne répond pas de manière adéquate à la perte graduelle de contrôle des Québécois et des Canadiens sur leur propre économie. Il est impératif que le gouvernement dépose un autre projet de loi visant à moderniser l'ensemble de la Loi sur Investissement Canada en abaissant de manière importante les seuils pour les investissements étrangers, en mettant en place des incitatifs pour stimuler les investissements nationaux et étrangers dans des secteurs stratégiques et en protégeant notre souveraineté économique.
Je le répète, la sécurité nationale est importante, mais la sécurité économique l'est tout autant. Notre avenir en dépend.
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Monsieur le Président, je suis très heureux de prendre la parole encore une fois au sujet du projet de loi , qui vise à moderniser la Loi sur Investissement Canada. J’ai parlé de ce projet de loi lundi. Nous sommes maintenant jeudi, mais il ne s’est pas passé grand-chose entretemps. Nous avons examiné un amendement à l’étape du rapport, puis il a été mis aux voix, c'est vrai. Cet amendement aurait retiré au ministre certains des pouvoirs que cette nouvelle mesure lui confère pour les attribuer plutôt au Cabinet. Or, l'amendement a été rejeté, de sorte que nous sommes pratiquement revenus au point de départ, lorsque nous avons entamé l'étude du rapport du comité. Je vais donc naturellement répéter certains de mes commentaires de lundi.
Cette loi a deux objectifs principaux. Elle vise à garantir que les investissements étrangers au Canada présentent un avantage net pour les Canadiens et qu’ils ne nuisent pas à notre sécurité nationale.
Comme je l’ai dit précédemment, de nombreux Canadiens connaissent cette loi sous le nom de sa première mouture, la Loi sur l’examen de l’investissement étranger, qui remonte aux années 1970. Elle avait alors été adoptée en raison d’une vague de prises de contrôle de sociétés canadiennes par des intérêts étrangers, principalement américains. Des entreprises américaines s’installaient au Canada en raison de l’essor économique des années 1950 et 1960. Ces entreprises avaient de l’argent pour grandir. Elles s'installaient au nord de la frontière et elles commençaient à acheter des entreprises canadiennes. Je me rappelle qu’à l’époque, pour remonter loin dans le temps, on s’inquiétait vraiment au Canada de cette tendance à la prise de contrôle d'entreprises d'ici par des intérêts étrangers qui, parfois, délocalisaient complètement les activités ou encore conservaient les entreprises comme succursales de grandes multinationales.
La Loi sur l’examen de l’investissement étranger a été adoptée pour faire face à cette situation. Elle permettait de soumettre les transactions à un examen au fur et à mesure qu’elles avaient lieu. L’Agence d’examen de l’investissement étranger approuvait 90 % d'entre elles. Les Canadiens sont ouverts aux investissements. Nous savons qu'ils sont nécessaires pour développer notre économie. Néanmoins, l’Agence d’examen de l’investissement étranger rejetait 10 % des demandes dans les années 1970 et au début des années 1980, ce qui lui a valu des critiques à la fois des libéraux et des conservateurs, qui estimaient qu'il fallait s'ouvrir aux investissements et ne pas refuser certaines de ces demandes.
Brian Mulroney a fait adopter la Loi sur Investissement Canada en 1984, pour remplacer l’Agence d’examen de l’investissement étranger, en déclarant bien sûr qu’il accueillerait favorablement les investissements étrangers. Il disait vrai. Sous le gouvernement Mulroney, la nouvelle entité Investissement Canada ne s’est opposée à aucune prise de contrôle proposée par des investisseurs étrangers.
Les gouvernements libéraux qui ont succédé à celui de Brian Mulroney, à savoir ceux de Jean Chrétien et de Paul Martin, ont fait de même: aucune demande n’a été refusée. Pour ce qui est du gouvernement Harper, c’est une autre histoire. M. Harper a bloqué la vente de MacDonald Dettwiler, une entreprise de Colombie-Britannique, à la société américaine Alliance, en faisant valoir l'argument de la technologie de pointe et celui de l'avantage financier pour les Canadiens.
En revanche, le gouvernement Harper a autorisé, en 2012, la vente de la société pétrolière canadienne Nexen à la China National Offshore Oil Corporation, une société d’État chinoise, pour un montant de 15 milliards de dollars, ainsi que la vente de Progress Energy à la société malaisienne Petronas, pour un montant de 6 milliards de dollars. Le même jour, le gouvernement Harper a modifié la Loi sur Investissement Canada pour empêcher des États étrangers d’investir dans des entreprises canadiennes du secteur du pétrole et du gaz naturel. C’était une bonne chose, mais c’était trop tard, le mal était fait.
Les lois régissant la prise de contrôle d’entreprises canadiennes par des intérêts étrangers a évolué progressivement au cours des dernières décennies. Les courants des investissements étrangers aussi. Pendant cette période, la part des investissements américains au Canada a décliné, même si ce pays reste en tête de peloton pour ce qui est des prises de contrôle d’entreprises canadiennes. Il n'est pas surprenant que ce soit le cas, étant donné sa proximité géographique et les liens historiques qui existent entre nos deux pays. Il est suivi des Pays-Bas, du Royaume-Uni, du Luxembourg, ce qui est surprenant, de la Suisse, du Japon, de la Chine, de l’Allemagne, du Brésil, de la France et des Bermudes. Comme je l’ai déjà indiqué lundi dernier, la présence des Bermudes et du Luxembourg sur cette liste est sans doute due au fait que ce sont deux pays où les entreprises canadiennes dissimulent leurs profits. Autrement dit, il ne s’agit pas d’investissements provenant de ces deux pays. Il est évident que nous devons moderniser nos mécanismes de surveillance des investissements étrangers, et le projet de loi en est un nouvel exemple.
Les données sont le nouvel or noir, et les versions précédentes de la Loi sur Investissement Canada n’en tenaient absolument pas compte. J’ai eu l’occasion de discuter avec un grand nombre de dirigeants d’entreprises au cours des années, surtout des entreprises technologiques. Au comité des ressources naturelles, au comité du commerce international et au comité des sciences et de la recherche, j’ai souvent entendu de petites entreprises dire qu’elles travaillaient fort pour mettre au point de nouvelles technologies, par exemple dans l’hydrogène ou dans l’intelligence artificielle, mais qu’au moment de commercialiser ces technologies, elles avaient besoin d’investissements. Ces entreprises mettent au point de nouvelles technologies, les soumettent à toutes les procédures d’essais, et quand le produit est prêt, elles doivent développer leurs opérations pour l’acheminer sur les marchés. C’est ce qu’on appelle la vallée de la mort, parce que beaucoup d’entreprises n’y arrivent pas.
Au Canada, nous n’avons pas de grandes entreprises technologiques canadiennes susceptibles d’investir dans de petites entreprises, si bien que la plupart du temps, l’investissement dont celles-ci ont besoin provient des États-Unis, d’Europe ou de Chine. Or, quand elles sont rachetées, c’est toute la propriété intellectuelle qui s’en va avec, c’est-à-dire toute la recherche qui est à l’origine de la nouvelle technologie et qui quitte définitivement le Canada.
La version actuelle de la Loi sur Investissement Canada permet aux entreprises de déclarer les prises de contrôle après coup, de sorte qu'une prise de contrôle étrangère peut avoir lieu avant d’être déclarée à Investissement Canada. Toutefois, lorsqu’il s’agit du rachat d'une entreprise technologique, par exemple, il nous faut disposer d’un moyen d'examiner la transaction avant le transfert de la propriété intellectuelle.
Le projet de loi prévoit donc une exigence de dépôt préalable à la réalisation de certains investissements de façon que soient connues rapidement les situations où il existe un risque qu'un investisseur étranger ait accès à des actifs ou à des informations sensibles dès la conclusion d'une transaction, parce que si des informations essentielles sont en jeu, il est généralement trop tard pour empêcher leur transfert lorsque la déclaration est faite après coup. Nous ne sommes plus à l'époque où la valeur principale d'une entreprise réside dans les usines qu'elle possède ou dans ses droits sur des ressources naturelles, et ainsi de suite. Ce nouveau dépôt préalable à la réalisation de certains investissements pourrait contribuer à régler le problème, au besoin.
Par ailleurs, nous devons vraiment élaborer des mesures nationales pour aider à développer et à protéger la propriété intellectuelle au Canada, afin que les entreprises soient mieux préparées lorsqu'elles arrivent au stade de la vente et qu'elles puissent conserver la propriété intellectuelle au Canada, qui peut alors être utilisée pour contribuer à la croissance de notre économie. Le Canada est un chef de file dans de nombreux domaines qui sont aujourd'hui très importants dans le monde de la technologie, tels que l'intelligence artificielle et, comme je l'ai mentionné, la production d'énergie à partir de la fusion de l'hydrogène. Nous sommes à la fine pointe de plusieurs technologies et nous risquons de perdre notre position de chef de file si toute cette propriété intellectuelle nous échappe progressivement.
Quels sont les autres éléments qui permettraient d'améliorer le projet de loi? Tout d'abord, la loi devrait rendre obligatoire l'examen d’une acquisition par une société d’État d’une société précédemment examinée en vertu de la Loi sur Investissement Canada. Il s'agit de situations où Investissement Canada examine le rachat d’une société canadienne par une société étrangère, estime que la transaction est acceptable, car il semble que les intérêts canadiens seront protégés, et l'approuve. Ensuite, il arrive que la société étrangère soit rachetée par un État étranger, par exemple.
Cela s'est produit à plusieurs reprises avec des entreprises chinoises, et je parlerai de quelques cas. C’est vraiment préoccupant. J'ai évoqué lundi l'histoire d'une société appelée Retirement Concepts, qui possède et exploite des résidences pour personnes âgées en Colombie-Britannique, en Alberta et au Québec. Ce sont des établissements de soins de longue durée qui s'occupent de nos aînés. J'ai raconté le cas tragique d'une famille qui a perdu ses deux parents à cause de soins inadéquats au Summerland Seniors Village, l'un des établissements de Retirement Concepts en Colombie-Britannique, très proche de chez moi. Nul besoin de préciser que Retirement Concepts a fait l'objet de plusieurs enquêtes relativement à ses activités.
Même après cela, en 2016, le géant chinois de l’assurance Anbang, qui était alors une société privée, a acheté Retirement Concepts. La transaction a été examinée et approuvée par Investissement Canada, mais moins d’un an après cette approbation, le gouvernement chinois a saisi la société Anbang et emprisonné son président pour fraude. Peut-être savait-il quelque chose qui avait échappé au gouvernement canadien lors de l’examen.
Soudain, le gouvernement chinois se retrouve propriétaire d’une société qui est l’un des plus grands fournisseurs de soins de longue durée au Canada, et certainement le plus grand en Colombie‑Britannique. Non seulement c’est l’un des plus grands fournisseurs de soins de longue durée pour nos aînés — nos mères, nos pères, nos grands-pères et nos grands-mères — mais ces soins sont reconnus pour être très médiocres dans bien des cas. En fait, en 2020, le gouvernement de la Colombie‑Britannique a dû prendre le contrôle de la gestion de quatre établissements de soins gérés par Retirement Concepts à cause de problèmes persistants quant à la qualité des soins dispensés. Le contrôle a été rendu à l’entreprise un peu plus d’un an plus tard, mais cela témoigne du manque de priorité accordé par Retirement Concepts aux soins prodigués aux personnes âgées.
À l’heure actuelle, je ne vois aucune disposition dans la Loi sur Investissement Canada qui permettrait expressément à Investissement Canada ou au ministre de se pencher sur les cas où une société étrangère qui a effectué une prise de contrôle ou une fusion au titre de la Loi sur Investissement Canada est ensuite acquise par une entreprise d'État. Nous devons changer cela.
Le NPD a proposé un amendement qui permettrait d’examiner une telle prise de contrôle, par une entreprise d’État, d’une société ayant obtenu l'approbation d'acquérir une entreprise canadienne. Cela pourrait se faire par l’instauration du pouvoir d’exiger, dans ces circonstances particulières, qu'une entité se départisse de tous ses actifs canadiens. C’est un exemple où nous pourrions et devrions améliorer considérablement les choses.
On m’a dit que l’amendement du NPD visant à résoudre ce problème a été rejeté parce que le gouvernement affirmait qu’il a désormais le pouvoir d’imposer le désinvestissement de toute acquisition réalisée par un État. Si c’est le cas, le gouvernement doit agir sans délai dans le dossier de Retirement Concepts. Cela permettrait non seulement de retirer le gouvernement chinois du secteur des soins destinés à nos aînés, mais cela constituerait également une étape en vue d'éliminer toutes les entreprises à but lucratif de ce secteur. Le profit n’a pas sa place dans notre système de santé, y compris en ce qui concerne les soins aux personnes âgées.
La société Anbang est aussi impliquée dans un autre exemple pouvant servir d'avertissement à propos des prises de contrôle par des sociétés étrangères au Canada. Cet exemple, qui remonte aussi à 2016, met en évidence le risque d’atteinte à la vie privée et aux droits numériques des Canadiens. En 2016, Anbang était très occupée à racheter des sociétés canadiennes. La société chinoise Bluesky Hotels a pris le contrôle d'InnVest, une société immobilière canadienne qui investit dans des hôtels et en possède plus de 100, dans le cadre d’une transaction d’une valeur de 2,1 milliards de dollars. C’était le plus grand propriétaire d’hôtels canadiens.
Il est allégué que Bluesky n’est qu’une façade pour Anbang, parce que cette entreprise voulait au départ acquérir InnVest, et le cadre responsable de Bluesky est un ancien employé d’Anbang. Toutefois, Investissement Canada a examiné et approuvé la prise de contrôle. Comme je l’ai dit, quelques mois plus tard, Anbang a été saisie par le gouvernement chinois.
Cela a soulevé des préoccupations importantes en matière de protection de la vie privée, entre autres. Le ministère chinois de la Sécurité d’État aurait été à l’origine d’une cyberattaque massive contre la chaîne hôtelière Marriott, compromettant les renseignements personnels de 500 millions de clients. Cela a accentué les inquiétudes des employés et des clients des hôtels InnVest. Par conséquent, nous devons modifier la Loi sur Investissement Canada pour prévoir un examen de la protection de la vie privée.
Un autre facteur dont il faut tenir compte dans l’examen des investissements est la nécessité d’empêcher la recherche et le développement financés par l’État de quitter le pays, ce qui entraînerait la perte d’emplois et, essentiellement, le vol de fonds publics. Une entreprise appelée Nemak a reçu 3 millions de dollars du Programme d’innovation pour les fournisseurs du secteur de l’automobile du gouvernement. Cependant, en 2020, Nemak a fermé son usine de Windsor, où des fonds avaient servi à créer de nouveaux produits pour General Motors, et a transféré sa technologie et ses emplois à ses installations au Mexique.
Un amendement du NPD adopté au comité permettrait l'examen d'une prise de contrôle par une entité étrangère, et cet examen tiendrait compte de la propriété intellectuelle qui a été conçue grâce à un financement du gouvernement fédéral. Cela permettrait de prendre des mesures correctives afin de conserver les avantages de cette propriété intellectuelle au Canada. Ainsi, une situation telle que celle de Nemak ne se reproduira plus. Désormais, l'examen des investissements étrangers porterait également sur l'effet de l'investissement sur l'utilisation et la protection des renseignements personnels des Canadiens. Cela permettrait d'éviter des situations comme celle que nous avons vue dans le cas de Bluesky et d'Anbang. Les politiques industrielles, culturelles et économiques fédérales et provinciales concernées par les investissements étrangers seraient également incluses dans l'examen.
Je terminerai en passant en revue certains des amendements qui ont été adoptés au comité et qui ont renforcé ou, du moins, modifié le projet de loi.
L’un des amendements visait à permettre un examen complet de l’investissement effectué par une entité étrangère, en particulier les entreprises d’État, peu importe la taille de l’investissement. Auparavant, il y avait un seuil à atteindre avant le déclenchement d'un examen. De plus, à l’article 8, il y a l’amendement du NPD, dont j’ai parlé, qui déclencherait un examen en cas de prise de contrôle d’une entreprise canadienne par une entreprise étrangère qui entraînerait la perte de propriété intellectuelle et de technologie financées par le gouvernement fédéral.
Il y a un amendement qui étendrait l’examen des investissements aux investissements partiels par des entités étrangères; il y en a un autre qui inclurait dans le processus d’examen des investissements un non-Canadien reconnu coupable d’un délit de corruption. Il est à espérer que si l’on découvrait que le dirigeant d’une société telle qu’Anbang a été accusé de fraude, cela déclencherait immédiatement un examen et entraînerait probablement l’annulation de la transaction.
Il y a un autre amendement qui prévoit d’imposer des conditions provisoires à la fois à l’entité étrangère et à l’entreprise canadienne cible pendant le processus d'examen, pour autant que les risques pour la sécurité nationale ne soient pas accrus. Un autre amendement qui concerne la sécurité nationale charge le ministre de transmettre au Comité des parlementaires sur la sécurité nationale et le renseignement et à l’Office de surveillance des activités en matière de sécurité nationale et de renseignement toute ordonnance concernant l’examen d’un investissement étranger.
Je conclurai en disant que, dans ce nouveau monde où les idées et les données ont plus de valeur que les ressources naturelles sur lesquelles nous avons si longtemps compté, il nous faut un nouveau cadre réglementaire pour protéger nos industries, nos travailleurs et nos entreprises.
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Monsieur le Président, je ne suis pas assez au fait de la technologie et des médias sociaux pour pouvoir parler des robots conversationnels.
Comme d'autres députés l'ont mentionné, les choses ont changé considérablement, et l'une de ces choses est la technologie et l'intelligence artificielle, qui prend de plus en plus de place.
Il est intéressant d'écouter les conservateurs et leur porte-parole en particulier. Ils ont tellement de réserves quant à l'adoption de ce projet de loi. Nous l'avons vu dans leurs déclarations d'aujourd'hui et dans les questions qu'ils posent. Plus tôt dans la journée, une députée conservatrice a pris la parole pour dire à quel point le gouvernement du Canada était mauvais et affirmer qu'il faisait les choses en cachette. Ensuite, elle a demandé pourquoi nous voudrions qu'un ministre soit responsable. Je lui ai demandé de réfléchir à un incident qui s'est produit il y a quelques années.
Quand Stephen Harper était premier ministre du Canada, il s’est rendu en Chine et je pense qu’il est revenu avec l'engagement de faire venir des pandas de Chine. Ce qui n’a pas été très publicisé, par contre, c’est qu’il a conclu un accord de protection des investissements. L’autre jour, j’ai fait référence à un accord de libre-échange. Le député d’ a alors pris la parole pour soutenir qu’il ne s’agissait pas d’un accord de libre-échange, mais plutôt d’un accord de protection des investissements.
Libre à nous de jouer sur les mots, mais ce qu’il faut retenir, c’est que cet accord a été conclu dans le plus grand secret. Donc, quand les conservateurs affirment que nous allons donner le plein pouvoir au ministre, ils devraient se rappeler de quelle façon le premier ministre Stephen Harper a conclu un accord important, appelé accord de protection des investissements entre le Canada et la Chine.
Si nous comparons cela à bien des propos que les conservateurs ont tenus tout au long du débat sur le projet de loi , je pense qu’ils seraient quelque peu étonnés de savoir ce qui se serait produit s’ils avaient appliqué les mêmes principes qu’ils préconisent aujourd’hui quand ils ont signé cet accord avec la Chine, parce que nous savons pertinemment quelle est leur position par rapport à la Chine aujourd’hui.
Si je dis cela en rapport avec le projet de loi, c’est parce que je crois que le fait de conférer le pouvoir au ministre, qui a l’obligation de consulter son collègue de la Sécurité publique, ce qui n’est pas souvent mentionné, renforce grandement le projet de loi. Le ministre doit rendre des comptes à diverses occasions, que ce soit à la période des questions, au moyen d’ordres de dépôt de documents, à sa comparution devant un comité ou par voie de lettres. Aujourd’hui, les députés peuvent intervenir dans de nombreux types de médias de masse, sans parler des réseaux sociaux. L’opposition dispose de nombreux moyens pour faire le suivi, exprimer son opposition et élever le niveau du débat public sur différents enjeux.
Voilà pourquoi je ne partage pas les préoccupations des députés d’en face au sujet de ce projet de loi qui donne maintenant plus de pouvoir au ministre. Le ministre peut maintenant demander un nouvel examen des risques pour la sécurité nationale.
Nous devons reconnaître que l’objectif premier de cette mesure législative est de protéger les intérêts du Canada dans le cadre d’investissements étrangers. C’est curieux. Nous avons beaucoup entendu parler à la Chambre de l’ingérence étrangère. Des comités se sont penchés sur la question. Nous avons eu une sorte d’enquête publique sur l’ingérence étrangère.
L’investissement est un autre moyen qui permet aux pays de s’attaquer aux problèmes liés à l’ingérence étrangère. J’aurais cru que cela aurait fait ressortir la nécessité non seulement de débattre du projet de loi, mais aussi de l’adopter.
Le porte-parole néo-démocrate a parlé d’amendements, à l’instar de son homologue conservateur. Ils ont tous les deux parlé des amendements qui n’ont pas été adoptés. J’aimerais attirer l’attention sur deux points que les députés n’ont pas mentionnés.
D'abord, vis-à-vis du comité, le gouvernement s’est montré tout à fait disposé à apporter des amendements pour bonifier le projet de loi, le cas échéant. Comme cela arrive souvent, du moins depuis que nous sommes au pouvoir, le gouvernement s’est montré très ouvert aux amendements, mais aussi à leur adoption quand ils étaient judicieux et venaient renforcer concrètement la mesure législative et son application. Nous l’avons bien vu à l’étape du comité. Des amendements importants ont été proposés et adoptés, même si certains ont été rejetés. Un député a parlé d’un amendement auquel il tenait, mais on lui a expliqué que le ministre avait déjà le pouvoir de faire ce que proposait l’amendement, et par conséquent ce dernier n’a pas été retenu.
Je veux dire par là que le projet de loi est encore plus solide aujourd'hui qu’avant son étude par le comité. Voilà pourquoi le gouvernement, moi y compris, s'est démené pour faire franchir l'étape de la deuxième lecture au projet de loi afin qu’il soit envoyé au comité et fasse éventuellement l’objet d’amendements.
Les députés pourront me corriger si je me trompe, mais, à ce que je sache, le projet de loi va recevoir l’appui de tous les partis. Je ne sais pas trop ce qui en est des députés du Parti vert, mais je crois que le projet de loi va recevoir un appui substantiel.
Je sais qu’il y a d’autres mesures législatives qui préoccupent l’opposition, notamment celle sur l’accord commercial avec l’Ukraine. Au grand étonnement de bien des gens, moi y compris, le Parti conservateur pourrait ne pas appuyer cet accord. C'est important, car ce texte représente une part importante des investissements étrangers, et je vais vous dire pourquoi.
Au tout début, en 2015, quand nous avons pris le pouvoir, nous avons dit très clairement que notre gouvernement avait pour objectif d’aider la classe moyenne et ceux qui aspirent à en faire partie. Si les députés vérifient dans le hansard, ils devraient constater que j'ai insisté là-dessus maintes et maintes fois. Nous avons en effet adopté le type de budgets et de mesures législatives qui aident la classe moyenne et ceux qui aspirent à en faire partie, sans parler des nombreuses autres politiques destinées à sortir les gens de la pauvreté, notamment les personnes âgées et les enfants.
Tout cela est en grande partie possible quand on admet que le Canada est un pays commerçant. Il suffit pour s’en convaincre de voir le nombre d’accords que notre gouvernement a signés. Jamais un gouvernement n’a signé autant d’accords commerciaux que notre actuel. C’est indéniable.
Bien sûr, un certain travail préparatoire a été effectué sous le gouvernement précédent, mais la signature et le parachèvement de ces accords ont été réalisés sous le gouvernement actuel. Le commerce est important pour toutes les régions du pays.
J'ai cité l'exemple de HyLife, une entreprise établie à Neepawa, au Manitoba. HyLife transforme des centaines, voire des milliers de porcs chaque mois; en fait, ce sont probablement des milliers de porcs qui le sont chaque jour à Neepawa. Pensez aux emplois qui découlent directement de ces activités, que ce soit à l'élevage ou à l'usine de transformation. Mes collègues seront peut-être surpris d'apprendre que, la dernière fois que j'ai visité l'usine, 98 % des produits qui en sortaient étaient exportés vers l'Asie.
La situation de cette entreprise n'est pas unique. À mon avis, cela montre à quel point le commerce est important et cela illustre les possibilités qu'il offre. Pensez aux investissements. L'existence des accords commerciaux encourage l'investissement, notamment de l'étranger. Lorsque les gens pensent aux emplois directs dont j’ai parlé, ils devraient aussi penser aux emplois indirects qui en découlent de manière directe. Les emplois dans les élevages et dans les usines — et tous les emplois intermédiaires — peuvent être considérés comme des emplois directs. Les emplois indirects sont la vente de voitures ou la construction de restaurants, de maisons et d'appareils électroménagers. Ce sont des emplois indirects attribuables au facteur économique que constitue la présence de cette usine de transformation en particulier, et tout cela montre à quel point le commerce est important.
Comparons le Canada, qui a des accords commerciaux partout dans le monde, à n'importe quel autre pays, y compris les États‑Unis. Comme nous avons des relations spéciales avec des pays du monde entier grâce à nos accords commerciaux, nous envoyons un autre message: le Canada est non seulement un pays avec lequel il est bon de faire du commerce, mais c'est aussi un pays où il est bon d’investir. Je pense que si nous appliquons ce point de vue aux progrès que nous avons observés chez les petites entreprises de toutes les régions du pays — que ce soit de petites, moyennes ou grandes entreprises —, nous devrions tous nous préoccuper de la manière dont l'argent entre au Canada et dont on l'investit dans des entreprises qui sont déjà en activité. Comme je l'ai indiqué, en repensant aux investissements étrangers réalisés en 2009‑2010, on se rend compte que le monde était alors très différent, compte tenu des avancées technologiques et de l'intelligence artificielle.
Il y a tant d'autres facteurs en jeu. Voilà pourquoi nous devons absolument adopter le projet de loi . Ce faisant, nous veillons à ce que les intérêts canadiens soient effectivement protégés. Un exemple parfait serait celui d'une entreprise étrangère qui investit dans une entreprise canadienne dans le but de la racheter et, éventuellement, de la fermer, ou de quitter le Canada en conservant les avancées technologiques ou le développement de l'intelligence artificielle, limitant ainsi notre potentiel de croissance dans ce secteur, en particulier dans les domaines d'expertise.
Mon collègue du Bloc a parlé des industries au Québec. Dans le préambule de la question que je lui ai posée, j'ai souligné qu'il y a beaucoup de similitudes entre le Québec et le Manitoba. L'industrie aérospatiale du Manitoba est très importante. L'autre jour, j'ai rencontré quelqu'un de StandardAero, et nous avons parlé de l'importance de l'industrie aérospatiale et des moteurs. Cette entreprise est implantée au Manitoba depuis plus de 100 ans.
Il y a toutes sortes de choses qui se passent dans les industries spécialisées du Canada, que l'on pense à l'aérospatiale ou à l'hydroélectricité, un autre point que nous avons en commun avec le Québec. À l'échelle du pays, je pense que nous sommes à la fine pointe de certains secteurs. Il faut être bien conscient que certaines entités étrangères pourraient ne pas agir de bonne foi lorsqu'elles annoncent leur volonté d'acheter une entreprise. C'est pour cette raison que l'adoption de ce projet de loi est extrêmement importante. Il importe que le ait la capacité de prendre ces décisions et de travailler avec le .
Il y a bien d'autres moyens d'assurer la sensibilisation du public et un degré élevé de reddition de comptes, ce à quoi j'ai fait allusion plus tôt. C'est pourquoi j'espère que les conservateurs — l'opposition — reconnaîtront la valeur de la mesure législative. Nous en sommes maintenant à l'étape de la troisième lecture. Les conditions semblent très favorables à son adoption, et, espérons-le, le recours à l'attribution de temps ne sera pas nécessaire.
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Monsieur le Président, je suis heureux de prendre la parole à la Chambre pour parler du projet de loi , soit le projet de loi proposé par les libéraux pour tenter de renforcer la sécurité des investissements étrangers au pays.
Avant de commencer, j’aimerais préciser que je partagerai mon temps de parole cet après-midi avec le député de .
L’enjeu est important pour le pays et le projet de loi dont nous sommes saisis aujourd'hui, le projet de loi , est important. Nous ne pouvons pas simplement permettre à des régimes autoritaires dont les valeurs et les objectifs sont fondamentalement opposés aux nôtres de contrôler des infrastructures ou des ressources importantes du pays. Nous devons protéger les intérêts nationaux du Canada en matière d’économie et de sécurité. Cependant, après huit ans au pouvoir et deux ans après la publication du rapport du comité de l’industrie sur la question, le gouvernement tente enfin d’agir dans ce dossier. Je tiens à saluer le travail accompli au sein du comité, tant pour l’étude initiale que pour l’amélioration du projet de loi qui nous est présenté. Je pense que d’autres améliorations peuvent être apportées, mais j’y reviendrai un peu plus tard.
Comme nous le savons, le monde change tous les jours. Bien honnêtement, nous savons tous que nous vivons une période dangereuse. La sécurité nationale doit être une priorité absolue, même si le gouvernement a décidé de faire une ponction de 1 milliard de dollars dans le budget de la Défense nationale. Il est incroyable que les libéraux puissent même envisager pareille chose. À l’échelle internationale, des conflits éclatent presque tous les mois. L’invasion de l’Ukraine par la Russie est l’exemple parfait d’un dictateur autoritaire prêt à tout faire pour obtenir ce qu’il veut. Nous voyons les ressources en jeu et, en fin de compte, la manière dont la Russie utilisera la violence pour violer la souveraineté de son voisin.
À l’échelle nationale, nous voyons ce que certains États feront pour accroître leur influence et leur contrôle dans des pays qu’ils ne peuvent pas simplement envahir. La Russie et Pékin s’immiscent activement dans nos élections, ce qui est un fait avéré. Kenny Chiu, avec qui j’ai siégé lors de la dernière législature, n’est pas ici en raison de l’ingérence de Pékin. Par ailleurs, des sociétés d’État étrangères ont acquis des intérêts et le contrôle de nombreuses entreprises canadiennes, de propriétés intellectuelles et d’autres actifs. Elles recueillent quotidiennement des données sur nos citoyens et les exploitent. Aujourd’hui même, à la une du quotidien national The Globe and Mail, on pouvait lire que Huawei continue de déposer des demandes de brevets liés à des travaux effectués en collaboration avec des universités canadiennes, même après les restrictions imposées par Ottawa. On peut lire dans l’article que l’entreprise chinoise Huawei Technologies cherche toujours à obtenir des brevets pour des recherches qu’elle a menées en partenariat avec des universités canadiennes et financées à même les fonds publics, plus de deux ans après qu’Ottawa a commencé à restreindre le financement des collaborations universitaires ayant des liens avec des États étrangers, des collaborations qui représenteraient un risque pour la sécurité nationale.
Huawei a déposé des demandes de brevet pour des recherches sur la technologie sans fil 5G; l’intelligence artificielle, qui a été évoquée dans cette enceinte au cours de la dernière heure; les semiconducteurs et les communications optiques, en collaboration avec des universitaires et des investisseurs de l’Université de Toronto. Nous avons vu le même scénario à l’Université Queen’s, à l’Université de la Colombie Britannique, à l’Université Western et à l’Université McMaster. Selon l’article, toutes ces universités remplissent des accords contractuels de partenariats préexistants, mais ne nous y trompons pas: tous les droits commerciaux de cette propriété, qui a été inventée par des Canadiens et financée par des Canadiens, appartiennent désormais exclusivement à Huawei. Voilà ce dont il est question dans le projet de loi . J’ai d’autres choses à dire sur Huawei et sur ce qu’elle a fait dans ma province, la Saskatchewan. J’y reviendrai.
L’objectif est évidemment de s’emparer de la plus grande partie possible de l’économie canadienne afin de nous rendre redevables à des puissances étrangères qui n’ont aucun intérêt pour la démocratie, la liberté et la primauté du droit. Nous pouvons observer cette tendance partout au Canada. Nous voyons des sociétés d’État chinoises acheter des fermes, des pêcheries et des mines, entre autres choses.
Même dans ma province, la Saskatchewan, lorsque je me promène en voiture, je vois des panneaux dans les fossés disant que si des gens veulent vendre leurs terres, ils devraient appeler un certain numéro 1-800. S’ils appellent ce numéro, il pourrait tomber sur un intermédiaire. Indirectement, ce qui se passe, c’est que quelqu’un à Pékin ou en Chine veut acheter des terres agricoles en Saskatchewan. Comme nous le savons tous, le prix des terres agricoles en Saskatchewan a considérablement augmenté au cours des dernières années parce que, dans ma province, nous sommes fiers de notre territoire. Nous voulons nourrir le monde. On voit ce genre d'annonce un peu partout au Canada, le long des routes. J’ai parlé de la Saskatchewan, mais je suis allé au Manitoba, en Alberta et ailleurs, et je sais qu’il y a des panneaux dans les fossés qui disent que si des gens veulent vendre leur terre, ils doivent appeler un numéro 1-800. Lorsqu’ils le font, ils tombent sur un intermédiaire qui parle au nom de la Chine ou d’un autre pays.
Dans la conjoncture actuelle, les gens doivent pouvoir croire que le Parlement et le gouvernement fédéral les protègent et protègent le Canada. Malheureusement, le projet de loi constitue un autre exemple d’intervention trop tardive du gouvernement libéral. Cette mesure législative ne va pas assez loin pour atténuer les risques auxquels sont confrontés les 40 millions de Canadiens. Compte tenu des événements récents, cette mesure doit être beaucoup plus robuste.
Je me souviens qu’en 2021, le comité de l’industrie a examiné la loi et a publié un rapport expliquant comment l’améliorer. De toute évidence, le gouvernement a essentiellement ignoré ce rapport, car dans le projet de loi , il n’a tenu compte que de deux des neuf recommandations que le comité avait formulées à l’époque. Revenons à cette année, où le comité de l’industrie s’est à nouveau réuni. Mes collègues conservateurs ont pu présenter quelques amendements pour améliorer le projet de loi et combler certaines lacunes, y compris des amendements importants qui garantiraient un processus d’examen plus rigoureux des investissements et des acquisitions par des sociétés d’État étrangères. Ces amendements visaient à abaisser le seuil pour exiger un examen au titre de la sécurité nationale pour les acquisitions faites par des sociétés d’État étrangères, à obliger le ministre à procéder à un examen en regard de la sécurité nationale lorsque ce seuil est atteint et, enfin, à créer un examen automatique relatif à la sécurité nationale lorsqu’une entreprise a été reconnue coupable de corruption. Il s’agit là d’améliorations importantes et nécessaires au projet de loi. Je suis très heureux que le comité ait vu le bon sens de ces amendements et les ait adoptés.
Cependant, le projet de loi ne va pas encore assez loin. Le gouvernement néo-démocrate—libéral a rejeté des amendements qui auraient permis d’améliorer encore le projet de loi et de protéger correctement et pleinement les Canadiens. L’un des amendements rejetés, d’une importance cruciale à mes yeux, aurait modifié la définition de société d’État pour englober les sociétés ou entités ayant leur siège dans un État autoritaire comme la Chine. Je comprends les préoccupations que peut susciter un tel amendement: en général, la nationalité de la société ne devrait pas suffire à la qualifier de société d’État.
J’en viens à Huawei et à la réaction du ministre de l’Industrie, il y a quelques années, qui n’a pas pris de décision en ce qui concerne Huawei. J'estime que cette inaction a coûté 200 millions de dollars à ma province, la Saskatchewan. La province avait investi dans Huawei pour la 4G en Saskatchewan. Elle attendait que le ministre de l’Industrie rende sa décision au sujet de Huawei. Il a fallu des mois avant qu'il prenne enfin la décision, mais la Saskatchewan avait investi plus de 200 millions de dollars dans Huawei et elle a donc dû mettre les freins et se réinventer. Cela a coûté des millions de dollars à la Saskatchewan et à d’autres au Canada. Nos alliés du Groupe des cinq avaient alerté le Canada à ce sujet bien avant que le ministre ne procède au changement, et cela a coûté beaucoup d’argent aux Canadiens.
Je tenais à faire valoir ces points. Je suis préoccupé au sujet de Huawei, car elle obtient encore aujourd’hui des renseignements des cinq universités dont j'ai fait mention, alors qu’en réalité elle aurait dû quitter le Canada depuis longtemps.
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Monsieur le Président, je prends la parole aujourd’hui au sujet du projet de loi , qui tente de renforcer la Loi sur Investissement Canada en y apportant des modifications importantes.
Pour discuter du projet de loi , un examen critique s’impose. Ce projet de loi intervient après une longue période où nos intérêts nationaux ont été laissés à la merci d’entités étrangères.
Après huit longues années sous le gouvernement libéral, l’urgence de sauvegarder nos intérêts sur le plan de l’économie et de la sécurité semble avoir été reléguée au second plan, puisqu’il a fallu tout ce temps avant que nous nous penchions sur la protection de l’économie canadienne.
Le gros problème, c'est la présence importante d’entreprises d’État, en particulier celles de la République populaire de Chine, dans le paysage économique canadien. Il ne s’agit pas de mettre en doute les investissements étrangers dans leur ensemble, qui sont depuis longtemps une source d’innovation et de croissance pour notre économie. Toutefois, il convient de faire une distinction lorsque ces investissements sont liés à des gouvernements étrangers dont les visées ne cadrent pas avec les valeurs ou les intérêts du Canada.
Le projet de loi propose de renforcer la Loi sur Investissement Canada, mais on ne peut pas s’empêcher de se demander si les mesures qu'il renferme sont suffisamment solides.
Le projet de loi introduit des mécanismes qui pourraient nous permettre d'examiner plus minutieusement ces investissements. En effet, l’imposition de sanctions sévères et l'intensification des examens relativement à la sécurité nationale sont des pas en avant. Cependant, les moyens précis de régler les problèmes associés à la République populaire de Chine font défaut.
Il est impératif de comprendre que ce n'est pas qu'une question de retards de procédure ou d’améliorations législatives. Il va la souveraineté nationale et de l’intégrité de nos infrastructures en matière d'économie et de sécurité.
Les modifications que propose le projet de loi accorderaient au ministre des pouvoirs d’enquête et d’intervention accrus, mais il est impératif de remettre en question la rigueur de cette approche.
Avons-nous fourni un cadre suffisamment solide pour faire face aux savantes stratégies qu'emploient les entreprises d’État, en particulier celles que soutient le gouvernement de Pékin? La République populaire de Chine a montré qu'elle est apte à instrumentaliser les leviers économiques au profit d'une stratégie géopolitique plus large et qu'elle est prête à le faire. Il faut prendre les devants relativement aux secteurs de notre économie susceptibles d’être visés par une acquisition; il est essentiel de ne pas perdre le contrôle.
La mesure législative mentionne la création d’une liste de secteurs sensibles où l'examen serait automatique, mais elle n’exclut pas la possibilité que des failles soient exploitées.
Venons-en maintenant aux détails du projet de loi en passant au crible la substance des réformes proposées.
Le projet de loi, tel qu’il est rédigé, tente de sécuriser de manière préventive les investissements susceptibles de présenter un risque pour la sécurité nationale en imposant le dépôt de demandes d'examen. Il s’agit indéniablement d’une mesure prudente, mais la définition des investissements qui sont visés et les critères qui déclenchent ces mesures préventives doivent être parfaitement limpides afin d’éviter toute zone grise susceptible d’être exploitée.
En simplifiant le processus qui permet au ministre d'intervenir en fonction des examens relativement à la sécurité nationale, on place beaucoup de confiance dans le jugement et l’efficacité d’un seul point de défaillance. Si la rationalisation peut accélérer l’action, elle contourne également des niveaux d’examen qui peuvent être essentiels à la prise de décisions équilibrées. Entre les mains d’une seule personne, la décision peut être rapide, mais la question reste de savoir si elle sera rigoureuse.
Le renforcement des sanctions en cas de non-respect des règles envoie un signal clair. Il fait comprendre le sérieux de la question. Toutefois, l’effet dissuasif de ces sanctions réside dans leur application. En l’absence d’antécédents d’application rigoureuse, les sanctions prévues sur papier risquent de ne pas avoir d’effet dissuasif appréciable dans la pratique. Il ne faut pas se contenter d’augmenter les amendes: il faut montrer qu'elles seront bel et bien imposées.
Par ailleurs, le fait d’accorder au ministre le pouvoir d’imposer des conditions et d'approuver des engagements ouvre la porte à des incohérences et à des jeux d'influence dont il faut se méfier. Lorsque l'on envisage d'exclure le gouverneur en conseil des étapes initiales d’un examen relativement à la sécurité nationale, il faut se demander si la centralisation des pouvoirs n'est pas en train de devenir une vulnérabilité. L'encadrement n’est pas l’ennemi de la déficience, mais un fondement de la démocratie.
En poursuivant le débat, nous devons garder à l’esprit l’histoire qui nous a amenés jusqu’ici. Nous n’agissons pas dans le vide, mais sur fond de décisions et d’actions passées qui nous ont amenés à remettre en question la rigueur du processus d’examen des investissements. Dans le cadre de ce débat, il est essentiel de réfléchir aux actions passées qui servent de toile de fond aux discussions d’aujourd’hui sur le projet de loi .
Nous ne pouvons pas ignorer les cas où nos mécanismes ne semblent pas faire le poids, où des acquisitions étrangères ont eu lieu à l'issue de ce que certains considèrent comme un examen insuffisant. Le cas de Norsat International et les transactions ultérieures portant sur des technologies sensibles font douter de l’efficacité de nos examens antérieurs.
Il ne s’agit pas de pointer quiconque du doigt, mais de comprendre la gravité de l'enjeu. L’acquisition de Neo Lithium Corp. par Zijin Mining et l’utilisation par l’Agence des services frontaliers du Canada d'équipement d'Hytera Communications, malgré les accusations d’espionnage portées contre Hytera dans un autre pays allié, dénotent une tendance que nous ne pouvons pas nous permettre d’ignorer.
Notre cadre législatif devrait non seulement empêcher que de telles situations se produisent à l’avenir, mais aussi servir de moyen de dissuasion. De plus, le rythme rapide des changements à l’échelle mondiale ne nous donne pas le luxe d’appliquer une politique réactive. Nous avons besoin de mesures proactives qui protègent les intérêts de notre pays. Cela comprend des examens exhaustifs des acquisitions d’entreprises d’État, quelle que soit leur taille, surtout lorsque des pays qui ont des positions agressives sur la scène mondiale sont en cause.
Lorsque ces préoccupations sont présentées dans le contexte actuel, l’urgence d’y répondre devient évidente. Nous sommes à la croisée des chemins et les discussions que nous tenons aujourd’hui pourraient façonner notre sécurité économique et nationale pour les années à venir.
Le projet de loi est un pas dans la bonne direction, mais on craint qu’il n’aille pas assez loin. Nous devons nous demander si ce projet de loi est simplement une mesure en réaction aux erreurs du passé ou s’il s’agit d’une mesure visionnaire qui assurera notre avenir.
Bien qu’il marque des progrès dans certains domaines, il n’est pas à la hauteur en ce qui concerne les examens automatiques et la définition des secteurs stratégiques. Dans un monde idéal, chaque investissement apporterait des avantages mutuels sans compromettre nos intérêts nationaux, mais nous savons que le monde est loin d’être idéal, et le projet de loi dans sa forme actuelle ne nous permet pas de relever les défis complexes auxquels nous sommes confrontés.
Une partie de notre devoir est de protéger l’avenir du Canada. Notre devoir est d’adopter des lois qui ne permettent pas seulement de relever les défis d’hier, mais qui anticipent les menaces de demain. Alors que le projet de loi vise à resserrer les règles en matière d’investissements étrangers et à renforcer nos mécanismes de défense, nous devons nous assurer que ce n’est pas « trop peu, trop tard ».
Il ne s’agit pas seulement d’ajuster le mécanisme de la Loi sur Investissement Canada, mais aussi de préserver le cœur de l’innovation et la sécurité au Canada. Notre vigilance dans l’examen et l’amélioration de ce projet de loi démontrera notre engagement indéfectible envers la prospérité et la sécurité du Canada.
Faisons en sorte que ce projet de loi soit plus qu’une mesure en réaction à des erreurs du passé, qu'il soit une ligne directrice ferme pour notre future souveraineté économique. C’est notre devoir et nous devons nous en acquitter avec le plus grand sérieux et le plus grand dévouement.
Je suis heureux de pouvoir parler de ces questions cruciales. Avançons avec une vision claire et une volonté ferme de protéger les intérêts du Canada. Je serai maintenant heureux de répondre à vos questions.
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Monsieur le Président, avant de commencer, je signale que je partagerai mon temps de parole avec la députée de .
Je suis heureux de prendre la parole aujourd’hui pour parler des mesures audacieuses prises par le gouvernement pour contrer les menaces à la sécurité économique et nationale du Canada au moyen du projet de loi , Loi modifiant la Loi sur Investissement Canada. Je tiens également à souligner l’excellent travail de collaboration qui a été accompli pendant l’étude en comité pour rendre le projet de loi encore plus solide.
Le projet de loi propose une série de modifications visant à améliorer le processus d’examen relatif à la sécurité nationale en cas d'investissement étranger et à moderniser la Loi sur Investissement Canada. Ensemble, ces modifications constituent la plus importante mise à jour législative de la loi depuis 2009. Ces modifications représentent également l’une des multiples mesures que le gouvernement a prises pour veiller à ce que nous puissions défendre nos intérêts économiques, contribuer à la résilience de la chaîne d’approvisionnement mondiale et protéger notre sécurité nationale. Cela nous aide aussi à établir des partenariats plus solides avec nos alliés, et à favoriser la croissance économique, un solide régime d’investissement étranger et de bons investissements bénéfiques au Canada, lesquels créeront des débouchés et des emplois de grande qualité pour les Canadiens.
La défense de nos intérêts économiques et la protection de notre sécurité nationale sont des questions d’une importance cruciale, surtout dans le contexte actuel de menaces géopolitiques qui évoluent rapidement. C’est une question non partisane. Au cours des six jours de séance où le projet de loi a été débattu, la Chambre a souligné à maintes reprises la nécessité de moderniser la Loi sur Investissement Canada pour atteindre ces objectifs. La Chambre a, en fin de compte, décidé à l’unanimité de renvoyer le projet de loi à un comité parce que nous avons tous reconnu à quel point il était important de bien faire les choses pour que nous puissions protéger la sécurité nationale tout en veillant à ne pas nuire aux investissements utiles et judicieux.
Nous reconnaissons que le projet de loi a fait l’objet d’une étude rigoureuse et solide qui a duré 11 réunions. Au cours de ces réunions, le Comité a entendu le témoignage de divers spécialistes du droit et experts en la matière au sujet des avantages de l’investissement étranger direct pour les entreprises canadiennes, de l’importance de protéger la propriété intellectuelle chèrement acquise et la nécessité de veiller à ce que notre régime permette de relever les défis émergents en matière de sécurité nationale auxquels le Canada et ses partenaires en matière de sécurité sont confrontés. Nous avons échangé sérieusement avec les députés de l’opposition pour connaître leurs points de vue et de leurs préoccupations, et nous avons travaillé en collaboration pour proposer de nouveaux amendements qui renforcent davantage le projet de loi. Nous avons travaillé ensemble pour veiller à ce que le régime d’investissement étranger du Canada demeure la norme d’excellence. Non seulement le projet de loi nous fournirait de meilleurs outils pour protéger notre sécurité nationale, mais il aiderait aussi le Canada à mieux s’harmoniser avec ses partenaires et alliés internationaux.
Le comité de l'industrie a entendu des témoins souligner l'importance pour le Canada de disposer d'un régime comparable à celui de ses alliés. Nous pourrions ainsi mieux faire face aux menaces communes et maximiser notre efficacité collective. Un exemple de la façon dont le projet de loi contribue à aligner notre régime sur celui de nos alliés est la nouvelle exigence de dépôt d'un avis préalable pour certains investissements. Les États‑Unis, le Royaume‑Uni et l'Australie ont tous mis en place quelque chose de semblable au cours des deux dernières années, soit par des modifications à leurs lois, soit par la création de régimes autonomes.
Les États‑Unis ont modifié leurs lois sur les investissements directs étrangers et ont ajouté de nouveaux types de transactions soumises à l'examen du gouvernement. Pour la toute première fois, ils ont rendu obligatoire la transmission d'un avis pour les transactions mettant en cause des technologies essentielles, certaines infrastructures essentielles ou les données personnelles sensibles de citoyens américains. Ces mesures réglementaires sont entrées en vigueur en février 2020.
L'Australie a mis à jour sa loi sur les investissements directs étrangers en janvier 2021. Pour protéger la sécurité nationale, elle a créé des pouvoirs en vertu desquels le gouvernement australien peut notamment exiger qu'un avis soit déposé pour les transactions visant une entreprise de sécurité nationale, et ce, avant leur mise en œuvre.
Le Royaume‑Uni a mis en place un nouveau régime pour la sécurité nationale et les investissements en 2021. Les mesures législatives adoptées ont rendu obligatoire l’obtention, avant que la transaction ne soit réalisée, d’une autorisation de sécurité pour les transactions qui permettraient de prendre le contrôle d'une entreprise dans 17 secteurs sensibles.
Dans le projet de loi , la nouvelle obligation selon laquelle un avis doit être déposé avant la réalisation d'une transaction permettrait au Canada d'exercer une surveillance encore plus précoce et efficace sur les investissements dans certains secteurs sensibles, en particulier lorsque les investisseurs ont accès à des actifs et à des informations techniques non publiques au moment de la transaction, comme de la propriété intellectuelle de pointe ou des secrets commerciaux.
Cette modification permettrait au gouvernement d'éviter des dommages irréparables dus à la perte de ces actifs incorporels. Les investisseurs seraient désormais tenus de déposer un avis dans les délais fixés par règlement.
Je tiens à souligner que cette modification est une approche ciblée limitée à certains secteurs d'activité. Appliquée à toutes les transactions, une obligation de dépôt préalable constituerait un fardeau inutile pour les entreprises et les investisseurs, sans pour autant contribuer à renforcer la sécurité nationale. Notre approche ciblée apporterait plus de certitude et de transparence aux entreprises et aux investisseurs.
Un autre exemple où le projet de loi permettrait de mieux aligner le régime canadien sur ceux de ses alliés est le fait que le ministre de l'Innovation, des Sciences et de l'Industrie pourrait, après consultation du ministre de la Sécurité publique, imposer des conditions provisoires à un investissement. Cela permettrait de réduire le risque d'atteinte à la sécurité nationale au cours de l'examen lui-même, par exemple par le transfert éventuel d'actifs, de propriété intellectuelle ou de secrets commerciaux avant la fin de l'examen. Cette modification est similaire au nouveau pouvoir que le gouvernement du Royaume‑Uni s'est donné pour imposer des ordonnances provisoires pendant la durée de l'examen afin d'empêcher les investisseurs étrangers d'obtenir des informations confidentielles ou d'accéder à des actifs ou à des sites sensibles en attendant la fin de l'examen.
Enfin, le projet de loi confère au ministre le pouvoir de communiquer plus directement des renseignements à ses homologues internationaux dans le cadre d'examens de sécurité nationale afin de contribuer aux intérêts communs en matière de sécurité. Auparavant, la capacité du ministre d'échanger des renseignements avec nos alliés internationaux en ce qui a trait à certains dossiers en particulier était limitée. Nous savons que le Canada et ses alliés ont des préoccupations semblables en matière de sécurité nationale et économique. Nos alliés craignent que des intervenants au sein de divers États leur nuisent en prenant des mesures visant à exercer un monopole sur l'exploitation de technologies et d'actifs essentiels. Il est de plus en plus important d'échanger des renseignements avec nos alliés et d'effectuer des évaluations relatives à la sécurité nationale en vue de prévenir de telles menaces. Ce nouveau pouvoir d’échange de renseignements renforce la coopération entre le Canada et d’autres pays aux vues similaires afin de se défendre contre un investisseur qui pourrait être actif dans plusieurs pays à la recherche de la même technologie. Cela dit, le Canada ne serait pas obligé de communiquer ce genre d'information dans certaines circonstances, notamment si cette information est confidentielle.
Je tiens à remercier mes estimés collègues de leur attention aujourd’hui. Je peux assurer aux députés que notre approche est pragmatique et fondée sur des principes, et qu'elle fournit un cadre solide.
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Monsieur le Président, c'est pour moi un honneur de prendre la parole au sujet de la modernisation de la Loi sur Investissement Canada.
Comme bien des gens qui suivent ce débat le savent, la dernière révision de cette loi remonte à 2008. Ce projet de loi représente donc la plus importante mise à jour de cette loi depuis ce temps. Il s'agit de répondre aux nouvelles menaces associées aux investissements étrangers tout en veillant à ce que le gouvernement continue d'accueillir les investissements étrangers directs.
Comme mon collègue l'a indiqué avant moi, nous voyons une progression au chapitre des investissements étrangers directs, mais elle s'accompagne de menaces sans précédent à l'échelle mondiale. Par conséquent, il est temps d'emboîter le pas à d'autres alliés et de moderniser notre loi pour protéger l'ensemble des Canadiens.
En parlant des Canadiens, l'autre jour, un jeune adulte de ma circonscription a écrit à mon bureau. Il en est à sa première année d'études en sciences politiques. Il m'a écrit au sujet de ses préoccupations à l'égard de l'ingérence étrangère, et il a soulevé des points très intéressants. Il indique trois différents domaines où le gouvernement du Canada pourrait mieux intervenir afin de nous protéger contre les menaces liées à l'ingérence étrangère.
Il m'a écrit au sujet de la récente déclaration effectuée à la Chambre concernant le meurtre d'Hardeep Singh Nijjar, mais, loin de s'arrêter à cet exemple, il a également parlé de notre démocratie en général et de ce que nous devons faire pour la protéger. Selon lui, de plus en plus d'opérations secrètes très audacieuses se déroulent dans notre pays, qu'il s'agisse de campagnes de désinformation, de piratage, de manipulation politique ou d'espionnage, dont les limites traditionnelles soulèvent d'ailleurs des préoccupations. Il constate que, dans les affaires internationales, les acteurs étatiques se livrent de plus en plus à de l'ingérence tant à découvert que secrète.
Fait intéressant, il écrit que des pays comme la Chine, la Russie, l'Iran et l'Inde sont en train de renforcer leur économie bloc par bloc, et semblent plus disposés qu'auparavant à prendre des risques pour atteindre leurs objectifs géopolitiques. Il soutient également que les opérations secrètes en territoire canadien n'ont rien de nouveau, mais que le Canada constitue une cible de choix en raison de son économie développée, de ses technologies avancées et de son abondance de ressources naturelles. Il trouve préoccupant que ces problèmes convergent et que les acteurs étrangers puissent tirer avantage des caractéristiques qui définissent le Canada en exploitant l'ouverture et la diversité de notre société. Nous avons la responsabilité collective de contrer ces menaces. Nous devons travailler ensemble pour empêcher l'ingérence étrangère de miner les principales valeurs de notre pays.
Il a ensuite expliqué qu'il fallait renforcer les mesures de cybersécurité, entre autres, afin de nous protéger des acteurs qui cherchent à contrôler nos ressources, comme nous avons pu le voir. L'agriculture et les infrastructures suscitent également des préoccupations. J'ai trouvé très intéressant de voir le lien qui existe entre tous ces éléments.
Il est important de prendre ce type de mesures pour continuer à protéger les Canadiens, leurs intérêts et l'économie, tout en faisant preuve de transparence, sachant que le Canada signe de plus en plus d'accords de libre-échange avec des pays du monde entier. Étant donné que le Canada, notamment grâce au gouvernement actuel, est le pays qui a conclu le plus grand nombre d'accords commerciaux, nous devons mettre en place des filets de sécurité afin de faire en sorte que ces accords ne nous exposent pas à un risque accru.
Ce projet de loi est une excellente initiative et j'ai été heureuse de constater que de nombreuses modifications y ont été apportées pendant son étude au comité, afin de le renforcer davantage. Les conservateurs et les néo‑démocrates y ont apporté leur contribution. À en croire les interventions que j'ai entendues à la Chambre, il semble que bien que nos points de vue divergent quelque peu, cette mesure législative jouit d'un appui considérable, ce qui lui permettra d'être adoptée et d'assurer la sécurité des Canadiens tout en favorisant la prospérité économique de notre pays.