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Monsieur le Président, je propose que le 12
e rapport du Comité permanent de la justice et des droits de la personne, présenté à la Chambre le lundi 5 juin, soit adopté.
Je demande aujourd'hui le consentement de la Chambre pour l'adoption du 12e rapport du comité des affaires de la justice, rapport qui condamne la violence du régime taliban, qui affirme qu'il ne s'agit pas du gouvernement légitime de l'Afghanistan et qui exprime l'opinion que les talibans ne doivent pas être rayés de la liste des organisations terroristes. Cette question arrive particulièrement à propos, pour les raisons que je vais exposer sous peu.
L'année 2023 tire à sa fin et aura été marquée par la prolifération de conflits violents qui méritent qu'on s'y attarde. Mon intervention d'aujourd'hui sera principalement axée sur l'Afghanistan, bien sûr, mais je crois qu'il est important de d'abord fournir une mise en contexte générale.
La Russie poursuit son invasion de l'Ukraine. Il y a maintenant des preuves flagrantes de génocide et d'autres crimes de guerre perpétrés par les envahisseurs, sous la houlette du régime de Poutine, qui y met tout son poids. Ce régime s'adonne à l'enlèvement à grande échelle d'enfants ukrainiens, permet à ses soldats de recourir à la violence sexuelle comme arme de guerre et cible sans discrimination les civils afin d'instaurer un climat de terreur intense. Pour les quelques optimistes du lot, cette guerre devrait avoir eu raison du reste de leurs illusions sur le genre de monde dans lequel nous vivons.
Cet automne, l'organisation terroriste Hamas a lancé une attaque horrible et sans précédent contre Israël. À l'instar de l'invasion de l'Ukraine par la Russie, cette attaque du Hamas s'est accompagnée de vols d'enfants, de violences sexuelles, du ciblage intentionnel des civils et d'un règne de terreur chez les civils. Le Hamas n'a pas agi de manière isolée; il a reçu un soutien constant de l'organisation terroriste Corps des Gardiens de la révolution islamique, l'arme de terreur du régime iranien. Le régime iranien est reconnu depuis longtemps comme un État qui soutient la terreur par son appui au Hamas, au Hezbollah, au régime syrien, aux rebelles houthis au Yémen, aux milices extrémistes en Irak et à d'autres. Le régime utilise des mandataires pour tenter de se mettre à l'abri de représailles directes, mais nous ne devons pas nous faire d'illusions quant à sa responsabilité.
En ce qui concerne la guerre et le terrorisme, du moins au Moyen‑Orient, tous les chemins mènent à Téhéran et c'est l'une des principales raisons pour lesquelles les conservateurs réclament depuis longtemps que le Corps des Gardiens de la révolution islamique soit inscrit sur la liste des organisations terroristes, en particulier depuis que la Chambre des communes a adopté ma motion demandant cette inscription il y a plus de cinq ans. Au cours de ses attaques contre les Israéliens et d'autres peuples, le régime iranien commet des atrocités grotesques comparables à celles dont le régime russe est responsable. Ces deux régimes n'ont cessé d'accroître leur coopération, de partager des technologies et de s'offrir diverses autres formes de soutien stratégique.
Pendant ce temps, les Birmans se battent pour leur liberté. Après un coup d'État militaire, le mouvement démocratique dissident a mis en place des institutions dissidentes efficaces et il s'est renforcé grâce à des efforts croissants de réconciliation ethnique qui incluent les Rohingyas, qui ont été persécutés pendant longtemps. Les forces démocratiques birmanes sont confrontées aux dirigeants illégitimes du coup d'État au sein de la Tatmadaw, qui occupe leur capitale. En outre, la Tatmadaw commet de plus en plus d'atrocités et cible également les femmes, les enfants et les civils en général. La Tatmadaw, armée qui revendique le territoire de la Birmanie, mais qui ne le contrôle pas effectivement et qui n'exerce pas la souveraineté nationale légitime, collabore également avec le régime de Poutine: elle partage des armes et des technologies avec lui et lui permet d'éviter les sanctions occidentales.
J'ai rencontré récemment des dirigeants de différentes régions d'Amérique centrale et d'Amérique du Sud pour parler des problèmes liés aux droits de la personne dans notre hémisphère, et le message était extrêmement familier: les régimes autoritaires commettent des violations continues des droits de la personne, et, dans ce cas-ci, toutes les routes mènent à La Havane. Il est notamment question du ciblage de civils et de la coopération croissante entre, d'une part, les régimes cubain et vénézuélien et, d'autre part, les gouvernements russe et iranien. Une preuve de cette association croissante est que Cuba envoie actuellement des soldats se battre pour la Russie dans le cadre de son invasion de l'Ukraine. À mon avis, beaucoup trop peu de gens savent que Cuba participe à l'invasion génocidaire de la Russie en y envoyant ses soldats. Le gouvernement vénézuélien menace maintenant son voisin, le Guyana: il a récemment organisé un simulacre de référendum pour justifier une éventuelle agression. Après la découverte de réserves de pétrole supplémentaires sur le territoire guyanien, le régime de Maduro a accentué davantage la pression qu'il exerce sur son voisin.
À la liste qui comprend déjà la Russie, l'Iran, la Birmanie, Cuba et le Venezuela, on pourrait ajouter d'autres pays comme la Corée du Nord, l'Érythrée et, plus important encore, le gouvernement de la République populaire de Chine. Le régime communiste de Pékin, qui contrôle la nation la plus peuplée du monde et la deuxième économie mondiale en importance, s'emploie sans relâche à renverser le concept d'un ordre démocratique fondé sur des règles pour le remplacer par une dynamique qui permet à des régimes de menacer et de dominer à leur guise leurs populations locales et leurs voisins vulnérables simplement parce qu'ils ont le pouvoir de le faire.
Les États libres et démocratiques qui défendent des doctrines de droits universels de la personne ancrés dans une dignité humaine universelle doivent lutter, et l'emporter, contre cet axe émergent de pouvoirs autoritaires impérialistes et révisionnistes. Nous devons lutter pour la primauté du droit et pour une meilleure reconnaissance des droits universels de la personne contre ces pouvoirs et ces principautés pour lesquels l'exercice de la force brute ne requiert aucune justification morale. Voilà la forme que prend la nouvelle guerre froide. Les différents événements qui se produisent partout sur la planète ne sont pas le fruit du hasard et ne sont pas indépendants les uns des autres. Ce n'est pas simplement une série de coïncidences malheureuses. C'est plutôt le résultat d'une coopération stratégique entre des États qui veulent, pour le monde, un avenir différent de l'avenir libre et démocratique que nous souhaitons pour nos enfants et nos petits-enfants.
Pour réussir dans cette nouvelle guerre froide, nous devons investir dans notre armée, renforcer notre capacité de production de munitions, soutenir les personnes qui luttent pour leur propre liberté dans le monde entier, isoler de manière décisive les organisations terroristes, soutenir nos alliés et engager stratégiquement les États pivots qui sont à l’origine du conflit mondial du XXIe siècle en renforçant le commerce et d’autres formes de partenariat avec les pays du Sud. Nous devons faire ces choses, et nous devons les faire avec persévérance, au fil du temps. La levée du nouveau rideau de fer nécessitera une volonté de fer renouvelée.
En ces temps difficiles, je crois que nous pouvons réussir, mais je ne crois pas que nous réussirons forcément. Nous réussirons si, et seulement si, nous prenons les décisions intelligentes qui s’imposent pour défendre nos intérêts en matière de sécurité et notre mode de vie. Les chaussettes de fantaisie, les séances de photos et les coupes budgétaires dans notre armée ne nous aideront pas dans cette nouvelle guerre froide. Les temps graves requièrent des dirigeants sérieux. Notre pays a besoin d’un véritable esprit d’État. Il a besoin d’une volonté d’affronter les dures vérités dans la poursuite d’une victoire plus juste, plus humaine et plus démocratique.
L’Afghanistan est un front de plus dans cette lutte mondiale. À l’automne 2021, il y a un peu plus de deux ans et avant que de nombreux autres aspects de cette escalade de la guerre froide n’aient eu lieu, l’Afghanistan a été abandonné par l’Occident, puis envahi par les talibans, groupe terroriste reconnu à l'échelle internationale. Le retrait occidental de l’Afghanistan n’a pas été le résultat de défaites sur le champ de bataille. Il est plutôt le résultat de ce virus pernicieux auquel les débats de politique étrangère dans le monde démocratique semblent particulièrement sensibles: la lassitude. Beaucoup d’entre nous sont trop optimistes en croyant que nos luttes pour la liberté et la justice seront rapides et faciles. Nous réagissons aux besoins initiaux avec empressement, mais notre intérêt diminue lorsque les événements en question ne font plus les manchettes. Les gens finissent par se demander: « Pourquoi cela continue-t-il? Ce qui se passe là-bas se passe-t-il encore? » La lassitude en matière de politique étrangère explique l’étrange habitude qu’ont les nations libres d’abandonner parfois une tâche alors qu’elle est presque achevée. Si elle est compréhensible du point de vue psychologique, cette attitude est inexplicable du point de vue stratégique, car elle permet de revenir sur des acquis cruciaux alors que la plus grande partie du travail a, en fait, déjà été accomplie.
En Afghanistan, au moment du retrait, l'armée afghane était capable de se défendre contre les talibans avec un soutien aérien occidental relativement limité. C'était loin de constituer une guerre perpétuelle, alors fournir une aide limitée à un coût relativement faible suffisait à soutenir l'armée et le gouvernement afghans. D'une certaine manière, la tâche était presque accomplie. Les Afghans se battaient pour leur propre avenir dans des circonstances qui nécessitaient une aide de l'Occident, mais une aide limitée. Or, le retrait arbitraire des derniers éléments de cette aide a créé une brèche, et les talibans s'y sont engouffrés.
Les peuples libres ne doivent pas se laisser tomber dans une lassitude, alors que, au contraire, la ténacité et la patience stratégique peuvent finir le travail. Si nous devions réapprendre cette leçon, j'espère que nous la mettrions en pratique dans les luttes qui se déroulent aujourd'hui dans d'autres régions. Nos ennemis stratégiques partout dans le monde, en particulier au Kremlin, espèrent que nous serons accablés de lassitude et que nous abandonnerons nos missions dans davantage de pays, ce qui accélérerait la propagation de l'injustice et de la tyrannie.
Je suis particulièrement frappé de voir que des pays ou des personnes qui ne sont pas impliqués dans les combats disent éprouver de la lassitude. En 2021, de nombreux pays ont expliqué leur comportement par la lassitude. Même les pays qui participaient aux combats y envoyaient beaucoup moins de troupes que dans beaucoup d'autres théâtres d'opérations ailleurs dans le monde. Si certains ont éprouvé de la lassitude parce que le conflit en Afghanistan a duré longtemps ou si nous éprouvons de la lassitude aujourd'hui à cause de la durée de la guerre en Ukraine, imaginons ce que les Afghans ont pu ressentir et ce que les Ukrainiens peuvent ressentir actuellement. Lorsque, malgré l'intensité et la violence de sa lutte, un peuple persévère et qu'il est prêt à verser son sang sur le champ de bataille pour sa liberté, le moins que nous puissions faire est bien d'être derrière lui. Cette prétendue lassitude est dangereuse, et j'espère que l'Afghanistan nous a permis de le comprendre. Une fois abandonné, ce pays est tombé entièrement aux mains d'une organisation terroriste qui, bien qu'elle ait sa genèse et son orientation idéologique à elle, s'est rapidement laissée entraîner dans un partenariat avec le bloc autoritaire du monde, ce qui n'a rien de surprenant.
La motion qui nous est soumise arrive à point nommé parce que l'ambassadeur des talibans vient tout juste d'être accrédité à Pékin. Les deux pays cultivent des liens nourris par la même antipathie envers l'Occident, par le mépris des normes internationales sur les droits de la personne et par un calcul à courte vue pour la défense de leurs intérêts immédiats. En toute logique, une organisation d'allégeance clairement musulmane ne devrait pas courtiser assidûment un régime qui est en train de commettre un génocide à l'endroit des Ouïghours musulmans et qui s'efforce de les remplacer sur leur territoire traditionnel, mais vu la réalité de la nouvelle guerre froide, des pouvoirs autoritaires aux idéologies théoriquement incompatibles unissent leurs forces contre l'Occident, non pas pour des motifs doctrinaux, mais dans le but d'augmenter leur pouvoir.
La perte temporaire de l'Afghanistan au profit de ce bloc autoritaire a constitué un revers important mais, de ce côté-ci de la Chambre, nous estimons que l'Occident doit continuer de soutenir résolument les Afghans et de reconnaître leur désir de retrouver leur liberté et de rétablir leur démocratie, comme ils le méritent. Accepter que les talibans contrôlent l'Afghanistan et accéder à cette prise de pouvoir violente, c'est abandonner les Afghans à un sort que nous n'envisagerions jamais pour nous-mêmes. Les Afghans du monde entier se mobilisent aujourd'hui pour défier les talibans dans tous les domaines. Les pays démocratiques doivent être prêts à resserrer le dialogue et la collaboration avec les groupes d'opposants et de résistants démocratiques, afin de garder l'espoir vivant.
Les régimes autoritaires sont souvent plus faibles qu'il n'y paraît. Les personnes pour qui les éléments évidents de faiblesse sont le plus perceptibles ne peuvent pas en discuter directement; c'est le propre des régimes répressifs et c'est pourquoi il est toujours très difficile de prédire le moment de leur chute.
En l'absence de légitimité populaire, ces régimes sont fragiles et ils peuvent s'effondrer à l'improviste. Entraîner cet effondrement requiert le soutien et la participation de groupes d'opposants démocratiques ainsi que l'exercice de pressions constantes sur le régime.
Dans le contexte actuel, la Chambre doit se demander quels gestes significatifs elle peut poser pour favoriser la démocratisation d'un État comme l'Afghanistan. Quand ce genre de situation se présente, nous avons tendance à ne voir que deux possibilités, mais c'est une fausse alternative. Après les événements du 11 septembre 2001, la promotion de la démocratie n'était débattue que sous l'angle d'une intervention militaire de l'Occident. On avait l'impression que, pour promouvoir la démocratie, l'Occident devait faire directement avancer cette cause par des interventions militaires. Comme on le sait, cette approche s'est avérée très coûteuse.
Par contraste, la principale approche que proposent les critiques de l'approche militaire consiste à « vivre et laisser vivre », c'est-à-dire à laisser en place les régimes antidémocratiques, à les tolérer, à établir un dialogue avec eux et à chercher naïvement à tisser des liens étroits qui nous rendent ensuite vulnérables aux perturbations commerciales stratégiques et à l'ingérence étrangère.
Plus important encore, outre les deux extrêmes que constituent l'intervention militaire ou la tolérance totale, il existe de nombreuses autres options pour traiter avec les régimes que nous n'aimons pas. Nous pouvons plutôt adopter des politiques d'intolérance non interventionnistes. En d'autres termes, nous pouvons nous opposer fermement aux régimes antidémocratiques sur le plan diplomatique, en particulier dans les forums internationaux. Nous pouvons utiliser les listes d'entités terroristes, les sanctions et d'autres outils pour punir les mauvais acteurs, et nous pouvons structurer nos relations commerciales afin d'éviter de nous retrouver en situation de vulnérabilité stratégique, tout en cherchant à priver nos adversaires de la capacité matérielle de s'opposer à nous. Nous pouvons également appuyer les groupes d'opposants et les groupes de la société civile. Cette combinaison crée de nombreux points de pression sur les régimes antidémocratiques, une pression qui fragilise ceux-ci au fil du temps.
Le choc et la stupeur provoqués par une intervention militaire extérieure directe produisent des résultats rapides, mais pas toujours durables. La pression soutenue et l'intolérance non interventionniste prennent du temps. Cette stratégie vise à faire pencher la balance autant que possible vers la liberté et la démocratie en reconnaissant que l'Occident a une certaine capacité à changer le monde, mais qu'elle n'est pas illimitée. Il s'agit de miser sur cette capacité de manière prudente et efficace.
On ne sait généralement pas quand les pressions stratégiques et financières aboutissent à des résultats concrets, mais cela arrive lorsqu’il y a une combinaison des pressions externes et des pressions internes auxquelles le régime ne peut plus résister. Cette stratégie s’est avérée efficace. Après tout, c’est ce qui nous a permis de sortir vainqueurs de la guerre froide, lorsque le monde démocratique libre a finalement fait preuve de la détermination nécessaire pour étouffer l’empire soviétique et provoquer sa désintégration. Ce succès était possible, mais il n’était pas inévitable. Il a fallu des efforts, de la discipline et de la confiance au fil des années. Il en faudra autant pour que nous sortions vainqueurs de l’actuelle guerre froide.
Pendant la Révolution française, le célèbre amiral Horatio Nelson a dit, à propos des relations de l’Angleterre avec la République française, alors révolutionnaire et violente, que « même si, un jour, nous pouvons espérer faire la paix avec la France, nous devons toujours demeurer en guerre avec ses principes ». Bien sûr, ces propos s’inscrivaient dans le contexte de la révolution.
Aujourd’hui, nous devrions adopter la même attitude à l’égard des talibans. Même si nous ne sommes pas en guerre avec eux, nous sommes en guerre avec leurs principes. Nous sommes contre tout ce qu’ils représentent et nous nous opposons à la normalisation. Dans un monde de plus en plus interconnecté, la normalisation des relations avec des groupes terroristes extrémistes nous rend bien évidemment encore plus vulnérables. La normalisation mine les efforts des opposants et donne aux organisations terroristes encore plus de ressources qu’elles peuvent utiliser contre nous et contre leurs propres populations.
Une politique de pression soutenue sur les talibans et sur les autres acteurs malveillants répond aux aspirations du peuple afghan et de tous les peuples du monde. Le plus grand avantage stratégique des démocraties libres tient à ce qu'elles offrent un système que souhaitent avoir les habitants des pays contrôlés par nos adversaires stratégiques. Une pression soutenue n'imposera pas de changements de l'extérieur. Elle créera plutôt les conditions qui permettront au peuple afghan de finir par reprendre le contrôle de son propre destin.
Entretemps, nous devons également maintenir et renforcer notre présence auprès du peuple afghan par d'autres moyens, notamment en recherchant des outils innovants pour fournir des informations et une éducation aux personnes vivant en Afghanistan qui n'ont pas le droit d'aller à l'école. Je sais que tous les députés sont horrifiés par les politiques d’apartheid de genre en Afghanistan qui empêchent les filles d'aller à l'école. Nous devons réfléchir de manière plus créative à des outils non conventionnels pour transmettre l'éducation et d'autres formes d'information aux personnes vivant dans des milieux répressifs. Il existe de nombreux moyens de dispenser l'éducation en dehors des salles de classe traditionnelles, des moyens qui sont plus difficiles à interrompre pour les talibans ou d'autres autorités répressives. C'est ainsi que nous devons demeurer solidaires du peuple afghan.
Il est important d'ajouter que nous tenons ce débat alors que le gouvernement a fait montre d’une extrême faiblesse en ce qui concerne la liste des organisations terroristes en général. En effet, jusqu'à présent, les libéraux ont conservé l'inscription des talibans sur la liste des organisations terroristes, ce qui est une bonne chose, mais ils ont refusé de suivre la directive de la Chambre d'inscrire le Corps des Gardiens de la révolution islamique et le groupe Wagner sur la liste des organisations terroristes.
Ces organisations, qui sont des instruments de terreur des régimes iranien et russe respectivement, doivent figurer sur notre liste des organisations terroristes. L'inscription sélective des organisations terroristes sur la liste nuit à toute cette entreprise. Toutes les organisations terroristes devraient figurer sur la liste. Le fait d'y inscrire ces organisations mettrait fin à leurs activités au Canada et les empêcherait de mener leurs activités, de recueillir des fonds et de recruter ici, en sol canadien.
Le gouvernement a refusé de mettre fin aux activités de terroristes soutenus par les régimes iranien et russe en inscrivant ces entités sur la liste. Nous continuerons de le pousser à les ajouter à la liste des organisations terroristes et à mettre fin à leurs activités ici, au Canada. J'ai proposé le projet de loi , qui vise à inscrire le Corps des Gardiens de la révolution islamique sur la liste des organisations terroristes et à prendre des mesures supplémentaires afin de soutenir les victimes de torture, de terrorisme et d'exécutions extrajudiciaires. Nous avons tenté de faire adopter ce projet de loi, mais les libéraux l'ont bloqué à deux reprises. Nous continuerons de nous battre pour son adoption.
Pendant le temps qu'il me reste, j'aimerais faire une autre observation au sujet des débats qui se déroulent actuellement partout en Amérique du Nord dans le contexte de cette nouvelle guerre froide.
Parfois, devant la menace que posent des régimes autoritaires, les Occidentaux ont l'étrange habitude de vouloir établir s'il s'agit d'un régime autoritaire « de droite » ou « de gauche ». Une dictature est jugée « de droite » ou « de gauche » même si ces régimes posent essentiellement les mêmes gestes pour essentiellement les mêmes raisons. Ces efforts visant à codifier les dictatures autoritaires ou totalitaires afin qu'elles soient de droite ou de gauche, selon la vision politique que les démocraties occidentales en ont, font abstraction d'un point plus essentiel encore: les principales caractéristiques de ces idéologies sont essentiellement les mêmes et elles sont toujours bien différentes des valeurs démocratiques si chères à l'Occident.
Cette codification en régimes « de droite » ou « de gauche » des dictatures est généralement le reflet de leur propre tentative d'autojustification. Les régimes qui invoquent plus souvent l'iconographie de la religion et de la tradition ont tendance à être qualifiés « de droite », tandis que les régimes qui parlent plus souvent des travailleurs et d'égalité ont tendance à être qualifiés « de gauche ». Cette codification n'est pas totalement arbitraire, mais elle obscurcit quand même le fait que ces régimes font la même chose à leur population, qu'ils œuvrent de pair à des projets antioccidentaux et qu'ils changent la nature de leur autojustification quand c'est utile de le faire.
En théorie, le régime communiste de Pékin est de gauche, parce qu'il se qualifie de communiste et qu'il réintroduit graduellement l'éducation et le discours sur le marxisme, mais il recourt aussi de plus en plus au langage et aux icônes du confucianisme pour justifier son existence et promouvoir une forme de nationalisme ethnique parallèlement au marxisme. Le Parti communiste chinois intervient dans de grandes entreprises par l'intermédiaire de comités politiques. Toutes ces caractéristiques mettent en évidence la difficulté d'étiqueter ce régime ou de tenter de le situer à gauche ou à droite.
Examinons un autre cas. On considère généralement le régime russe comme étant de droite et le régime cubain comme étant de gauche. Les libéraux du Canada, qui s'opposent à juste titre au régime en place à Moscou, font néanmoins preuve d'une certaine indulgence envers le régime en place à La Havane. Notre propre a honteusement décrit Castro comme un leader plus grand que nature qui a servi le peuple cubain. Or, les régimes russes et cubains emploient des méthodes similaires, mais ils ont également activement collaboré à l'invasion de l'Ukraine. Tel qu'indiqué, des soldats cubains participent directement à l'invasion de l'Ukraine. Affirmer qu'un de ces régimes se situe à l'extrême gauche et l'autre à l'extrême droite ne tient pas la route étant donné qu'ils partagent la même approche et qu'ils collaborent. Ce sont simplement des choix du régime pour se justifier dans les termes qu'il estime les plus pratiques.
Notre position, de ce côté-ci de la Chambre, est que nous devrions toujours, dans tous les contextes, condamner ces régimes étatistes totalitaires extrémistes, qu’ils portent les couleurs de la droite ou de la gauche, qu'ils mélangent un peu des deux à la fois ou qu'ils alternent d'un extrême à l'autre au fil du temps. De ce côté-ci de la Chambre, nous défendons la liberté et la démocratie, partout et dans tous les contextes, et nous nous opposons aux dictatures autoritaires et totalitaires, peu importe la façon dont elles maquillent leurs politiques. Nous sommes particulièrement cohérents sur ce point.
Pour mes amis des autres démocraties, il est important de souligner que le régime de Poutine est une dictature autoritaire, fortement opposée à nos valeurs et à nos intérêts, qui travaille en étroite collaboration avec les régimes de La Havane et de Téhéran et qui est appuyée par le Parti communiste chinois. Nous ne pouvons pas faire la guerre froide à moitié. Il ne sert à rien de s’opposer à nos adversaires stratégiques dans un contexte tout en faisant fi de leurs progrès dans un autre. Ce ne sont pas des combats différents; ce sont différentes facettes d’un même combat, et nous devons nous attaquer fermement à ce défi et le relever pour préserver l’avenir que nous voulons offrir à nos enfants et à nos petits-enfants.
Voilà pourquoi les conservateurs canadiens défendront toujours la liberté. Nous défendrons la liberté aussi bien au Canada qu'à l’étranger. Nous défendrons la liberté en Afghanistan et en Ukraine. Nous défendons la liberté, toujours et dans tous les contextes.
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Madame la Présidente, visiblement, je me suis peut-être trompé finalement. Ils n'ont peut-être pas dormi pour faire des recours au Règlement comme cela.
Ce que je disais, c'est qu'Icare est une histoire très intéressante. C'est quelqu'un qui a tellement confiance en lui qu'il arrive avec une solution qu'il pense être excellente, mais qui, en fin de compte, se retrouve assez vite la tête et les fesses en bas.
On l'a vu encore dans la trentaine d'heures qu'on a passées à voter. Tout ce que j'ai vu, c'est soudainement un caucus du Parti libéral qui n'était pas du tout soudé depuis l'automne et qui s'est ressoudé soudainement. J'ai vu des munitions qui ont été données à tous les autres partis à la Chambre en regardant qui exactement allait voter sur telle mesure économique. Cela me fait beaucoup penser à Icare.
J'arrive à la motion qui nous occupe aujourd'hui. Cela me fait un peu penser également à Icare. En effet, cette motion me permet de parler des droits de la personne et de ce qui a été discuté dans différents comités; pas seulement le Comité permanent de la justice et des droits de la personne, mais également celui qui traite des droits internationaux de la personne, c'est-à-dire le Sous-comité des droits internationaux de la personne du Comité permanent des affaires étrangères et du développement international, le Comité des affaires étrangères et du développement international, le Comité spécial sur l'Afghanistan. On a beaucoup parlé des droits de la personne. C'était la base de toutes les conversations lorsqu'on était dans ces comités.
Je reviens encore une fois sur une des premières décisions du officielle quand il a été élu chef du Parti conservateur. Elle avait rapport avec les droits de la personne. Comment est-ce que j'arrive avec cette conclusion? C'était facile. Comme je siège comme vice-président au Sous-comité des droits internationaux de la personne, j'ai vu le changement des députés conservateurs qui siégeaient à ce comité à la suite de l'élection du chef conservateur, le député de Carleton. Soudainement, j'ai vu arriver le député de au sous-comité comme vice-président. À ce moment, je me suis renseigné parce que je fais mon travail et j'ai de la rigueur. Je veux connaître mes nouveaux collègues qui arrivent au comité auquel je siège. J'ai fait mes recherches et je me suis rendu compte, avec grand étonnement et beaucoup de déception, mais beaucoup d'étonnement surtout, que ce même député avait fait — ce que j'ai posé comme question tantôt à mon collègue libéral — une vidéo en direct en descendant de l'avion, lorsqu'il avait appris que la Cour suprême avait invalidé l'arrêt dans la cause Roe c Wade, qui faisait en sorte que l'accès à l'avortement aux États‑Unis devenait plus difficile et même, dans certains cas, criminel. Il applaudissait et il disait, dans cette même vidéo, que la pire tragédie en matière de droits de la personne au Canada était l'accès à l'avortement.
Moi, je me retrouve face à une personne qui a droit à ses opinions, mais lesquelle sont, je le sais pertinemment, à des années-lumière de ce que sont les valeurs au Québec par rapport à l'accès et au droit à l'avortement. Ce député a donc été nommé par le chef de l'opposition officielle pour siéger à ce comité. En plus, il en a fait ce qu'il appelle son shadow minister , c'est-à-dire son porte-parole de l'opposition en la matière. On a un gars qui, probablement et possiblement, si le Parti conservateur avait pris le pouvoir, aurait pu se retrouver soit comme ministre à l'aide et au développement international, soit comme secrétaire parlementaire. C'est un gars qui dit que la pire tragédie en matière de droits de la personne au Canada, c'est l'accès à l'avortement. C'est important.
Je reviens à cette motion qui nous dit qu'il faut parler de droits de la personne. Bien évidemment que tout le monde est d'accord sur cela. Je vais la lire:
Que le Comité informe la Chambre qu'il dénonce fermement les talibans et qu'il rejette toute forme de reconnaissance ou de légitimation de l'autorité que ceux-ci exercent sur le territoire afghan...
Personne n'a levé la main pour dire qu'il est contre cela. Je continue:
[...] En particulier, le Comité condamne les violations des droits fondamentaux de la personne commises par les talibans, qui comprennent la discrimination fondée sur le sexe...
Ici, peut-être qu'un député conservateur pourrait se lever et être contre cela?
Non, c'est parfait, donc on continue:
[...] la violence systémique employée contre des groupes minoritaires...
Personne ne dit rien non plus, alors c'est parfait.
[...] les représailles exercées contre les anciens membres des Forces de défense et de sécurité nationales afghanes, ainsi que les atteintes à la liberté de la presse. Le Comité croit que les talibans doivent demeurer sur la liste des entités terroristes.
On va passer trois heures à débattre de cette réponse et de ce dépôt de rapport du Comité permanent de la justice et des droits de la personne, alors que tout le monde est d'accord.
J'ai parlé d'Icare. Malheureusement, cela va leur revenir dans la face. Je suis obligé de parler de droits de la personne à propos d'une motion sur laquelle tout le monde est d'accord et je n'ai pas le choix de continuer. On va prendre le temps que cela prendra parce que c'est leur bon vouloir. Cela a déjà été compliqué de savoir de quel rapport de comité on allait parler aujourd'hui. Comme je le dis, il y a peut-être un petit manque de professionnalisme. Ce n'est pas dans leurs habitudes. Je me demande ce qui se passe. Peut-être qu'ils sont en train de sentir qu'ils ont fait une grave erreur la semaine dernière et qu'ils continuent de faire de graves erreurs. C'est de l'excès de confiance. L'excès de confiance est toujours dangereux dans la vie, que ce soit sur le plan professionnel ou que ce soit sur le plan sportif. J'ai fait partie d'équipes sportives et je peux le dire: quand on a un excès de confiance, c'est très dangereux. On risque de perdre la partie, au bout du compte. Cependant, je ne veux pas non plus leur donner trop de conseils. Je les laisserai faire leur introspection.
Il y a quand même quelque chose d'intéressant dans ce rapport du Comité permanent de la justice et des droits de la personne. Il faut savoir que c'est parti de ce qui s'est passé au Comité spécial sur l'Afghanistan. Nous nous sommes rapidement rendu compte, au début des travaux du Comité, que les organisations humanitaires canadiennes ne pouvaient pas faire leur travail parce qu'elles enfreignaient le Code criminel canadien. À ce sujet, j'ai posé la première question à une organisation non gouvernementale, ou ONG, le 7 février 2022. On nous a répondu qu'effectivement, le fait que le Code criminel canadien interdise le financement du terrorisme — ce qui est très correct — ne permettait pas aux ONG canadiennes d'acheminer l'aide humanitaire, qu'il s'agisse de médicaments, de nourriture ou de tout ce qui constitue de l'aide humanitaire, aux populations vulnérables. En effet, il était problématique de pouvoir acheminer cette aide à cause du Code criminel canadien.
Nous nous sommes donc mis à faire pression sur le gouvernement libéral. À cet égard, je dois mentionner que j'ai eu beaucoup d'aide des partis de l'opposition, le NPD et le Parti conservateur, pour faire pression sur le gouvernement, qui a été beaucoup trop lent à agir, mais qui est quand même arrivé avec le projet de loi , que nous avons adopté. Cette mesure législative n'est pas parfaite, elle est même très imparfaite. Je l'ai d'ailleurs su la semaine dernière durant une réunion de comité, lorsque j'ai posé la question à des représentants d'ONG. Ils nous ont dit que cela avait amélioré un peu les choses, mais qu'on était loin de la coupe aux lèvres et que certains éléments du projet de loi les empêchaient encore de pouvoir faire normalement leur travail.
Nous avons parlé de cela au début du mois de février 2022 et le gouvernement est arrivé avec le projet de loi un an plus tard, c'est-à-dire à l'hiver 2023. En comité, cela s'est même rendu jusqu'au printemps. C'est donc arrivé plus de 18 mois après que l'ONU ait agi de son côté avec la résolution 2615 qui demandait d'adapter les codes criminels des différents pays qui veulent acheminer de l'aide humanitaire en Afghanistan, et d'adapter leurs lois en fonction du problème auquel on faisait face. Cette motion ainsi que les motions que nous avons eues dans les différents comités quant à l'aide humanitaire et aux droits fondamentaux des populations vulnérables ont eu leur effet.
Comme d'habitude, le gouvernement libéral est super lent pour agir et soupèse parfois trop les questions. Cela a malheureusement des conséquences concrètes sur le terrain. Il y a des populations qui ont souffert parce que le projet de loi C‑41 n'était pas en vigueur. Il y a des enfants qui sont morts de faim parce qu'on n'arrivait pas à acheminer l'aide humanitaire. Cela a été documenté dans des articles un peu partout dans des journaux dignes de ce nom: il y a des familles qui devaient vendre des enfants parce qu'elles n'arrivaient pas à nourrir tout le monde. Elles devaient vendre des enfants alors que le Canada avait un devoir moral envers ces populations pour avoir participé aux opérations en Afghanistan et pour avoir eu des liens directs avec des interprètes afghans, des membres des forces de sécurité afghanes, des politiciens et, surtout, des politiciennes afghanes. Le Canada avait mis en place des programmes pour que les femmes puissent réussir à participer au devoir public en Afghanistan.
Le Canada a donc fait en sorte que les femmes puissent s'immiscer dans le discours public et démocratique en Afghanistan. Lorsque le Canada est parti, on les a laissées toutes seules. Elles se sont retrouvées face aux talibans. S'il y a une chose qui écœure un taliban, c'est une femme qui se tient debout et qui participe au débat démocratique dans son propre pays.
Je pense que la plus grande peur d'un taliban est de voir une femme s'émanciper et participer au débat démocratique de l'Afghanistan. Pour les talibans, c'est le diable en personne.
Le Canada avait un devoir moral envers ces gens et il n'a pas été à la hauteur de ce devoir. On est arrivé un an trop tard avec un projet de loi imparfait, que nous avons appuyé, parce qu'un pas vers l'avant est selon nous toujours bon pour les populations qui vont pouvoir en profiter. Toutefois, ce n'est pas normal. Le Canada n'est ni une puissance économique ni une puissance militaire. Le Canada a un historique en matière de droits internationaux de la personne. C'est un souverainiste québécois qui le dit. On peut penser à Lester B. Pearson, avec les Casques bleus. Pour être équitable envers mes amis conservateurs, je vais mentionner aussi Brian Mulroney, qui a participé à la chute du régime de l'apartheid.
Ce sont des choses qui se sont passées. On peut aussi penser à Jean Chrétien, qui a eu une influence assez importante sur nos pays amis en Afrique. Cela fait partie de l'histoire du Canada. J'imagine que ces actions ont beaucoup été poussées par des valeurs québécoises, du moins je le souhaite. Nous avons toujours été là. Le domaine de l'humanitaire, c'est parti du Québec, et le Canada a suivi. Tant mieux si nous pouvons aider nos amis canadiens à faire des pas dans la bonne direction. Nous le faisons souvent. Le système de garderies n'en est qu'un exemple. Je ne veux pas dire que les Québécois sont meilleurs que les Canadiens. Personne n'est meilleur ou pire, nous sommes simplement différents. C'est ainsi qu'il faut le dire.
La seule chose que je reprochais à mon ami Jean Chrétien, c'est le fait qu'il disait que le Canada était « le plus meilleur pays au monde ». Qui est le deuxième, le sixième ou le huitième? Je ne le sais pas. Je ne pense pas qu'il y ait un meilleur ou un pire peuple, une meilleure ou une pire nation. Il y a des nations différentes. Le Québec en fait partie et, un jour, il aura tous les pouvoirs entre ses mains pour devenir un pays indépendant. Peut-être que je m'égare. C'est un peu parce que mes amis conservateurs ont ajouté de la confusion aujourd'hui concernant les différentes motions dont nous devions débattre. Je pense que cela a des répercussions sur moi. Je dois parler pendant 20 minutes d'une motion alors que j'ai appris 2 minutes avant de prendre la parole que je devais parler de cette motion.
Tout le monde est d'accord sur le fait que nous ne pouvons pas laisser les talibans continuer de faire en sorte que les droits de la personne ne soient pas respectés en Afghanistan. Nous ne pouvons pas laisser nos organisations humanitaires, nos ONG, ne pas les aider. Voilà en résumé ce qui s'est dit dans les différents comités, dont celui de la justice. Oui, il faut garder les talibans sur la liste des entités terroristes, mais il faut aussi permettre à nos ONG d'acheminer l'aide humanitaire sur le terrain là-bas, parce qu'elles connaissent le terrain, parce qu'elles ont les contacts et surtout parce qu'elles ont un grand cœur et la volonté d'aider les gens. Nous ne pouvons que les applaudir pour cela. Elles ont besoin de plus de soutien et le Canada devrait leur en donner plus. Le gouvernement devrait leur en donner plus. Ils ne devraient pas se réjouir lorsqu'on restreint l'accès à l'avortement.
Je répondrai maintenant aux questions de mes collègues avec plaisir.
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Madame la Présidente, c'est toujours un plaisir de prendre la parole à la Chambre pour représenter les bonnes gens d'Edmonton Strathcona.
Il s'agit d'un débat sur l'adoption. Nous ne savions pas qu'il allait avoir lieu, alors je vais parler à cœur ouvert et faire part aux députés du fruit de mes réflexions, puisque nous devons maintenant débattre de cette motion.
Nous savons tous, dans cette Chambre, que Kaboul est tombé en 2021 et que l'Afghanistan est maintenant entre les mains des talibans. Je ne pense pas que quiconque d'entre nous puisse vraiment comprendre les conséquences épouvantables que ce changement a eues sur les femmes et les filles en Afghanistan, et ce que cette prise de pouvoir des talibans signifie pour les femmes et les filles en Afghanistan qui avaient tant d'espoir depuis tant d'années; elles avaient la possibilité d'aller à l'école et de devenir enseignantes, médecins, avocates ou députées. Les femmes pouvaient prendre une part active dans leur culture et dans leur pays, mais en 2021, elles ont perdu de tout cela.
J'ai travaillé avec des députés d'en face. Le député de a mentionné plus tôt que nous avons un groupe multipartite qui tente désespérément d'aider certaines de ces députées à se mettre en sécurité. La lenteur du processus est insoutenable. L'une des pires journées que j'ai vécues en tant que parlementaire a été d'apprendre en me levant qu'une de ces députées avait été assassinée. Je sais que le député de Bruce—Grey—Owen Sound ressent la même chose. Je sais que tous les députés sont absolument horrifiés qu'on n'ait pas pu mettre ces personnes en sécurité. Nous poursuivons donc notre travail avec la société civile, et nous continuons de travailler de concert avec les autres partis pour veiller à ce qu'on puisse mettre ces femmes en sécurité.
Je tiens également à raconter une histoire positive, puisque l'on parle souvent des femmes et des filles en Afghanistan et du fardeau, des traumatismes et de l'horreur absolue qui les affligent. On a littéralement décrit ce pays comme l'un des pires endroits au monde pour les femmes. Lorsque je suis dans ma circonscription, j'aime aller parler aux élèves. Je pense qu'il est très important de leur parler de la démocratie et de la façon d'y participer. Je pense que c'est une grande partie de mon travail. J'étais enseignante avant d'être politicienne. Je m'adressais à une classe de 6e année à propos de l'effet dévastateur du retrait de l'éducation pour les femmes et les filles en Afghanistan, et une petite fille dans la première rangée a levé la main pour me dire qu'elle venait d'Afghanistan. Elle avait quitté l'Afghanistan pour venir au Canada. Elle était assise dans la première rangée et elle poursuivait ses études. Elle allait à l'école et elle apprenait. Ce sont des choses comme celles-là qui me font penser que nous devons lutter encore plus fort.
J'ai un chauffeur adorable, un homme charmant. Sa fille vient d'Afghanistan. Elle est venue à la Chambre la semaine dernière et a passé du temps ici, avec nous. Elle a assisté à la période des questions. J'espère que nous nous sommes bien tenus, mais je dois dire que j'en doute. Toutefois, il est très important de savoir que des filles et des femmes afghanes ont accès à une éducation ici au Canada. C'est très important à mes yeux.
Je pense qu'il est important que la Chambre soit saisie de dossiers pouvant nous permettre de venir en aide aux femmes et aux filles afghanes. Je pense qu'il est important que nous parlions d'affaires étrangères et d'aide humanitaire. Le Canada ne joue pas le rôle important qu'il doit jouer. Nous n'avons pas respecté nos obligations. Nous n'avons pas été à la hauteur de notre réputation. Nous n'avons pas fait ce que nous aurions dû faire. Notre aide publique au développement est extraordinairement faible.
Nous sommes très bons pour dire des choses comme « nous avons une politique d'aide internationale féministe », mais c'est autre chose lorsque vient le moment de passer de la parole aux actes. Ce gouvernement adore bomber le torse en disant qu'il est féministe. Les ministériels ne cessent de nous dire que nous avons une politique étrangère féministe, mais personne ne l'a encore vue.
Si le Canada se présente comme un pays ayant une politique d'aide internationale féministe, ce que j'appuie totalement — j'ai même participé à la rédaction de cette politique avant d'être élue —, nous devons défendre les femmes et les filles, et pas seulement pendant des débats sur des motions d'adoption. Il ne suffit pas, comme le fait le député de lorsqu'il veut bouleverser le programme de la Chambre, de présenter une motion d'adoption et de verser des larmes de crocodile sur le sort des femmes et des filles en Afghanistan.
La semaine dernière, ce député a voté contre les dépenses proposées relativement à l'aide au développement international, et ce, à trois occasions. Trois fois, les députés conservateurs ont voté contre la prestation de soutien pour les femmes et les filles dans le monde. Des gens nous parlent des droits génésiques des femmes et des filles aujourd'hui. Nous savons que, sous Stephen Harper, les conservateurs ont complètement éliminé cette cause du financement consenti à l'aide au développement international. Je peux dire une chose à la Chambre: lorsqu'un élimine le soutien à l'avortement, cela ne met pas fin aux avortements; cela met fin aux avortements effectués de manière sécuritaire, et des gens meurent.
Lorsque j'ai proposé au Sous-comité des droits internationaux de la personne de faire une étude sur les droits des femmes, le député conservateur de Peace River, qui est membre de ce comité, a dit qu'une telle étude ne l'intéressait pas, mais qu'il serait ravi de réaliser une étude sur les droits de l'enfant à naître. Pas sur les femmes qui sont nées, ces femmes qui vivent dans ce monde et qui éprouvent des difficultés, mais sur les enfants à naître.
Nous savons tous de quoi il retourne. Les conservateurs tentent de faire oublier la manière épouvantable dont ils ont voté. Ils essaient de faire oublier qu'ils ont voté contre l'Accord de libre-échange Canada-Ukraine, contre l'opération Unifier et contre le soutien à l'Ukraine. Bon sang, les conservateurs ont même voté contre le musée pour les droits de la personne. Honnêtement, qui ferait une chose pareille?
J'étais à la maison ce week-end. C'était le 16e anniversaire de mon fils et, si la Chambre me le permet, j'aimerais lui souhaiter un très joyeux 16e anniversaire. J'étais assise avec ma famille, et les députés seront peut-être surpris d'apprendre que les membres de ma famille sont très apolitiques. Aucun d'entre eux ne comprend vraiment pourquoi il y a une députée dans la famille. Nous ne faisons pas partie de ces familles. Ils m'ont tous posé des questions sur les absurdités en cours à la Chambre. Ils voulaient savoir en quoi elles consistaient et pourquoi les députés devaient siéger pendant 30 heures. Je leur ai dit qu'ils ne le croiraient pas, mais que la petite opération de collecte de fonds si importante aux yeux des conservateurs avait coûté 2 millions de dollars. Ils m'ont demandé si les conservateurs pensaient que c'était une bonne utilisation du temps des députés et s'ils pensaient que c'était ce que les Canadiens attendent de leurs élus. Aujourd'hui est un grand jour pour moi, car les néo-démocrates ont obtenu des soins dentaires pour les Canadiens. Les conservateurs ont obtenu un débat d'adoption sur une question dont ils ne se soucient même pas, à en juger par leurs votes. Voilà où nous en sommes.
Parlons un peu des enjeux concernant l'Afghanistan. Je suis toujours heureuse de parler de développement international, d'affaires étrangères et de droit humanitaire international. Lorsque nous avons appris qu'il y aurait un débat d'adoption de rapport, nous pensions au départ que ce serait à propos du projet de loi , sur l'aide destinée à l'Afghanistan. De toute évidence, les conservateurs ont dû se tromper parce qu'ils ne portent pas vraiment attention à ce qu'ils présentent à la Chambre. Ils essaient seulement de trouver quelque chose qui pourra les aider à détourner l'attention. Ils n'ont pas fait référence au bon projet de loi ni à la bonne motion d'adoption. Nous avons donc dû rectifier un peu le tir. Quoi qu'il en soit, puisqu'ils souhaitaient initialement nous voir discuter du projet de loi , je relève le défi. Je parlerai avec plaisir du projet de loi , que le NPD ne pouvait pas appuyer. Notre parti a été le seul à voter contre cette mesure législative et il l'a fait parce qu'elle était terriblement boiteuse.
Je m'explique. Le droit humanitaire international existe dans le monde, et il est évident que les organisations qui participent aux efforts humanitaires internationaux bénéficient de certaines protections pour faire ce travail. Ce sont des gens à qui nous demandons d'aller aux quatre coins du monde, au cœur des événements les plus dangereux et les plus déchirants que nous ayons sur la planète. Ils le font pour apporter de la nourriture, des abris et de l'aide humanitaire vitale. Il existe des normes internationales en matière de droit humanitaire. Au lieu d’utiliser ces normes comme l’ont fait l’Australie, l’Europe, les États‑Unis et différents pays, le gouvernement libéral a trouvé un processus bizarre et tortueux duquel on est en quelque sorte obligé de se soustraire. On est un terroriste tant qu'on ne se tient pas en retrait. C'est essentiellement ainsi que cela fonctionne. Il faut obtenir un laissez‑passer spécial pour fournir de l'aide humanitaire.
Nous avons pu obtenir quelques exceptions dans le projet de loi. Nous avons été capables de faire en sorte que certaines dispositions puissent être applicables, mais j'ai participé aux réunions de comité et je peux dire aux députés que les auteurs du projet de loi et les membres de ces comités ne savent pas comment le développement international fonctionne. Le développement ne se produit pas dans un environnement contrôlé. Il ne commence pas le premier jour pour se terminer le douzième jour. Ce n'est pas aussi facile à définir que cela.
Le projet de loi qui a été adopté est très problématique. Un article publié par CBC nous dit que, selon les groupes se consacrant à l'aide internationale, Ottawa nuit au travail qui devrait se faire en Afghanistan. Nous avons commencé à réclamer un projet de loi en 2021. Il a fallu des années pour qu'un projet de loi défaillant nous soit proposé. Je ne sais pas combien de fois j'ai pris la parole aux Communes pour poser des questions à ce sujet. Les dispositions législatives adoptées ne produisent pas l'effet qu'elles devraient. Les organismes ne sont pas capables de fournir l'aide nécessaire. D'un point de vue réaliste, si les conservateurs se souciaient vraiment du sort des Afghans et s'ils voulaient que l'aide leur parvienne, ils s'efforceraient davantage de voir à ce que des correctifs soient apportés à la loi. Le directeur des politiques de Vision mondiale, Martin Fischer, s'est dit frustré et perplexe de voir la lenteur du travail qui se fait. Il peine à comprendre pourquoi la machine gouvernementale a tant de difficulté à mettre en marche une mécanique qui devrait être assez simple. Les dispositions législatives qui ont été adoptées ne fonctionnent pas. L'aide ne se rend toujours pas en Afghanistan.
Comme je l'ai mentionné plus tôt, les libéraux, qui affichent le niveau d'aide publique au développement le plus faible que nous ayons jamais eu au pays et qui abdiquent leurs responsabilités en vertu d'une politique étrangère féministe et d'une politique d'aide internationale féministe, ont présenté une mesure législative excessivement bureaucratique et problématique qui ne fonctionne pas. De l'autre côté, il y a les conservateurs qui, franchement, à les entendre, n'aiment probablement pas beaucoup les femmes.
Voilà où nous en sommes. Quand je parle de…
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Madame la Présidente, à vrai dire, je siégeais au comité des affaires étrangères quand cette personne est venue témoigner, alors je peux certainement être très claire à ce sujet.
Je veux parler du droit humanitaire international. Le débat portait sur le fait que le droit humanitaire international fait en sorte que le projet de loi est mauvais et inutile. Parfois, dans cette enceinte, nous oublions à quel point il est important que le Canada applique le droit international de façon égale partout dans le monde. C'est très important parce que notre réputation est en jeu. C'est ce qui nous donne la capacité morale de dialoguer avec les autres pays et de leur demander de faire mieux. À l’heure actuelle, le Canada n'applique pas le droit humanitaire international ni le droit international de même manière constante. Je vais vous donner l'exemple parfait. À l’heure actuelle, le Parti libéral, le Bloc québécois et, bien sûr, le NPD soutiennent ardemment l’Ukraine. Je suis ravie que le Canada joue un rôle clé pour veiller à faire respecter le droit humanitaire dans ce contexte. Nous utilisons les outils à notre disposition par l'entremise de la Cour pénale internationale et de la Cour internationale de justice pour veiller à ce que la Russie, qui agit comme envahisseur, soit tenue responsable de ses crimes.
L'un des aspects intéressants de la Cour pénale internationale et de la Cour internationale de justice, c'est qu'elles sont impartiales et qu'elles examinent les crimes commis par toutes les parties. C'est vraiment essentiel. Ces entités peuvent recourir à des moyens non violents pour résoudre des conflits. Voilà qui est important pour nous tous, à l'échelle mondiale. Cependant, la Cour pénale internationale souhaite, comme elle l'a demandé à la Cour internationale de Justice, entreprendre une enquête sur les crimes qui sont commis actuellement et qui ont été commis en Israël et en Palestine, mais le Canada joue les trouble-fêtes dans ce dossier. De mon point de vue, il n'y a pas ici un seul député qui n'est pas absolument horrifié et consterné par ce que le Hamas a fait le 7 octobre. C'est un groupe terroriste, point à la ligne, et ses otages doivent être libérés immédiatement. Par contre, le gouvernement israélien et le premier ministre Nétanyahou doivent être assujettis à des normes différentes de celles qui s'appliquent à une organisation terroriste. Nous devons veiller à ce que les personnes qui commettent des crimes soient tenues responsables de ces crimes, peu importe de quel côté du conflit elles se trouvent.
Ce dont nous avons le plus besoin, et je pense que personne ici ne sera surpris de m'entendre le dire, c'est d'un cessez-le-feu pour que la mort de civils, comme les 18 000 qui ont déjà été tués, en majorité des femmes, des enfants et des bébés, ne soit pas le prix à payer pour combattre l'organisation terroriste qu'est le Hamas. Quand le Canada applique les normes du droit international différemment selon le pays, quand il traite l'Ukraine différemment de la Palestine, selon les députés, comment le reste du monde perçoit-il le Canada? Selon les députés, comment le monde perçoit-il notre pays, et comment allons-nous réagir? Le Canada ne doit pas décider arbitrairement des circonstances où il est prêt à défendre les droits de la personne et à appliquer le droit humanitaire international, puis passer à autre chose quand cela ne fait plus son affaire. Le Canada doit faire beaucoup mieux.
Je pense à la situation au Yémen. Je sais que cela a commencé sous le gouvernement de Stephen Harper, mais huit ans se sont écoulés, comme nous l'avons entendu à maintes reprises, et les libéraux n'ont toujours pas corrigé la situation. Pourquoi continuons-nous à envoyer des armes à un pays qui s'en sert contre des civils? La semaine dernière, au comité des affaires étrangères, j'ai demandé si on savait si des armes canadiennes étaient utilisées à Gaza, et on ne le sait pas.
Il faut faire mieux. Le Canada doit faire mieux. Nous devons nous astreindre à des normes plus strictes. Il faut que le pays recommence à faire bien plus que sa simple part. Le Canada, c'est le pays qui défend la démocratie et le droit international. Il défend les droits de la personne pour tous, peu importe l'endroit, peu importe l'origine ethnique ou la religion. Ce sont les valeurs que les Canadiens veulent voir leur gouvernement et leurs parlementaires défendre, alors nous devons en faire plus.
Nous devons en faire beaucoup plus pour l'Afghanistan, mais la mascarade que nous présentent les conservateurs n'est qu'une diversion. Ils essaient de détourner l'attention. Je veux que chacun des députés conservateurs se regarde dans le miroir et se demande si son parti va sabrer l'aide internationale et l'aide aux femmes et aux filles afghanes advenant qu'il forme le gouvernement. S'il y a le moindre risque que les conservateurs le fassent, je leur demande à tous de s'asseoir et d'arrêter d'intervenir.
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Madame la Présidente, après le marathon de votes qui a duré 30 heures dans cette enceinte, vendredi, et après une pause de seulement 14 heures, environ, j'ai participé à un événement organisé par les organismes Canadian Women for Women in Afghanistan et University Women Helping Afghan Women afin de souligner la Journée internationale des droits de la personne. L'événement était associé aux 16 jours d'activisme contre la violence faite aux femmes. Lors de cet événement, quatre Afghanes accomplies, nouvellement arrivées à Ottawa, ont parlé de leur expérience sous les deux régimes talibans.
Il y a quelques semaines, j'ai été l'hôte d'une réunion à Ottawa où plus de 60 leaders de la communauté canado-afghane ont participé pour parler de leurs enjeux, au Canada et en Afghanistan. Par ailleurs, je communique régulièrement avec Shahr Hazara, de l'organisme One Afghan Woman Foundation, Tahir Shaaran, du Canadian Hazara Advocacy Group, des leaders communautaires comme Amin Karimi, entre autres, qui braquent les projecteurs sur les défis que doit relever la communauté hazara en Afghanistan. J'ai aussi participé à une collecte de fonds organisée par Madina Mashkoori et son équipe de l'Afghan Student Association, pour aider les victimes du séisme en Afghanistan.
Les actions des talibans infligent d'énormes souffrances au peuple afghan, compromettent les droits fondamentaux de la personne et perpétuent un règne de terreur. Je vais d'abord parler du système abject de discrimination fondée sur le sexe des talibans. Sous ce régime, les femmes sont soumises à une oppression inimaginable, en plus d'être privées des droits les plus fondamentaux que chaque être humain mérite. Elles n'ont pas accès à l'éducation, à un emploi et au droit de faire des choix concernant leur propre vie.
L'interprétation draconienne que les talibans font de la charia relègue systématiquement les femmes au rang de citoyennes de deuxième classe, ce qui étouffe leur potentiel et les condamne à une vie de servitude. Cette discrimination flagrante fondée sur le sexe est une grave violation des droits de la personne et un affront aux principes d'égalité et de dignité.
De plus, la violence systémique des talibans envers les communautés minoritaires est répréhensible. Les minorités ethniques et religieuses en Afghanistan font l'objet de persécutions ciblées, de discrimination et d'attaques brutales aux mains des talibans. Leurs droits fondamentaux sont bafoués et leur existence même est menacée par le programme d'oppression et de marginalisation des talibans. Ce mépris flagrant des droits des minorités est complètement inacceptable et doit être condamné avec véhémence.
Je parlerai de la communauté hazara dans un instant. Les représailles exercées contre les anciens membres des Forces de défense et de sécurité nationales afghanes illustrent une fois de plus le mépris des talibans pour les droits de la personne et la primauté du droit. Des Afghans qui se sont battus pour défendre leur pays et sa population font maintenant l'objet de représailles et de violence uniquement pour avoir été au service de leur pays. Trahir ceux qui ont défendu leur pays est un acte méprisable qui doit être dénoncé.
Ce qui est tout aussi préoccupant, ce sont les atteintes des talibans à la liberté de la presse. Les journalistes et les membres des médias sont pris pour cible et réduits au silence afin d'empêcher la vérité de sortir et l'information d'être diffusée. La liberté de la presse est la clé de voûte de la démocratie et les tentatives des talibans visant à museler celle-ci sont une atteinte directe aux principes de transparence, de reddition de comptes et du droit à l'information.
Face à ces atteintes flagrantes aux droits de la personne et à la primauté du droit, je suis fermement convaincu que les talibans doivent continuer d'être reconnus comme une organisation terroriste. Leurs antécédents de violence et de répression envers des civils innocents sont impardonnables et doivent être dénoncés. Légitimer ou banaliser leur emprise reviendrait à trahir notre engagement à faire respecter les droits universels de la personne et enverrait le mauvais message aux régimes oppressifs du monde entier.
Il est impératif que la communauté internationale soit solidaire contre le régime oppressif des talibans. Nous devons utiliser tous les moyens diplomatiques, économiques et humanitaires à notre disposition pour soutenir le peuple afghan, en particulier les femmes, les minorités et ceux qui ont risqué leur vie pour la paix et la stabilité. Nous devons continuer d'exercer des pressions sur les talibans pour qu'ils respectent les droits de la personne et la primauté du droit et qu'ils engagent un dialogue constructif afin que l'Afghanistan devienne un pays pacifique et inclusif.
La persécution de la communauté hazara en Afghanistan constitue un chapitre tragique et persistant de l'histoire tumultueuse de ce pays. Les Hazaras, une minorité ethnique, sont victimes de discrimination, de violence et de persécution sans relâche depuis des décennies. Leurs traits distincts et leurs croyances musulmanes chiites en ont fait une cible pour des groupes extrémistes comme les talibans. Malheureusement, la communauté hazara a subi le gros des attaques ciblées, y compris des bombardements, des enlèvements et des massacres. Ces atrocités ont coûté la vie à d'innombrables innocents et elles ont causé des souffrances et des craintes incommensurables au sein de la population hazara. Malgré leur résilience et leur contribution à la société afghane, les Hazaras continuent d'être marginalisés et victimes de discrimination systémique. Leur sort exige une attention urgente de la part de la communauté internationale afin de protéger leurs droits, d'assurer leur protection et de tenir responsables de leurs actes les auteurs de violence contre les Hazaras. Le maintien de la dignité et de la sécurité de la communauté hazara n'est pas seulement un enjeu afghan, mais un appel universel à la justice et aux droits de la personne pour toutes les minorités vulnérables.
Les membres de la communauté hazara du Canada ont souligné la persécution constante et les attaques violentes qui sont le fait des talibans, de l'État islamique au Khorassan et de groupes locaux en Afghanistan. Entre 2016 et le milieu de 2021, il y a eu 12 attaques majeures qui ont fait 1 868 victimes. Depuis la prise de contrôle par les talibans, il y a eu 19 attaques majeures qui ont fait 1 225 victimes. Des sites religieux, des services de transport en commun, des établissements d'enseignement et des clubs sportifs appartenant à la communauté hazara ont été ciblés. Des attentats aveugles ont instauré un climat de peur et d'insécurité, et ils n'ont mené à aucune enquête ni à aucune reddition de comptes. Plus de 100 personnes, dont des femmes et des filles, ont été victimes d'assassinats ciblés. Les tribunaux des talibans ont ordonné aux Hazaras de renoncer à leurs terres et à leurs propriétés. Par conséquent, cette communauté est déplacée, appauvrie et dépossédée de ses terres ancestrales.
Les Hazaras sont expulsés en bloc ou exclus de toutes sortes d'entreprises et de structures de marché. Ils ont été systématiquement démis de leurs fonctions gouvernementales à l'échelle provinciale. Des juges, des procureurs et des fonctionnaires hazaras ont été évincés de postes clés. La représentation hazara parmi les dirigeants locaux a chuté, passant de 68 % à presque 0 %.
Depuis que le régime taliban est au pouvoir en Afghanistan, la situation des femmes et des filles a considérablement empiré; elles subissent une profonde oppression, et leurs droits fondamentaux sont limités. Les progrès qui avaient été réalisés au fil des ans au chapitre de l'éducation, des débouchés professionnels et de la participation à la société ont été brutalement éliminés. L'éducation des filles, ce symbole d'espoir et de progrès, a été réduite à la portion congrue. Il est désormais interdit à la plupart des filles d'aller à l'école après un certain âge, ce qui les empêche d'acquérir des connaissances et de réaliser leur plein potentiel. L'accès des femmes à l'emploi et à la vie publique est terriblement restreint: elles peuvent difficilement travailler, se déplacer et jouer un rôle dans la société.
Leur voix, qui se faisait autrefois de plus en plus entendre, a été étouffée par l'imposition de contraintes extrêmes à la liberté d'expression et à la participation. La façon dont la charia est interprétée par les talibans impose un régime rétrograde et patriarcal qui confine les femmes et les filles à des rôles traditionnels, les privant ainsi de leur autonomie et de tout pouvoir.
Il est impératif de faire la lumière sur ces violations des droits de la personne et de militer pour le rétablissement des libertés fondamentales et des possibilités pour les femmes et les filles afghanes. Le monde entier doit se préoccuper de leur sort et mener des efforts concertés pour qu'elles retrouvent leurs droits et leur dignité.
La communauté internationale doit se mobiliser pour protéger les droits des femmes et des filles en Afghanistan. Cela suppose d'accorder la priorité à l'aide humanitaire pour assurer l'accès à l'éducation, aux soins de santé et aux services de protection. Des pressions diplomatiques devraient être exercées pour obliger les talibans à respecter les droits des femmes et exiger leur inclusion dans les processus décisionnels. Les efforts de collaboration avec les organisations et les militants locaux sont essentiels pour soutenir et amplifier les voix qui militent en faveur de l'égalité des sexes. De plus, il est essentiel d'offrir l'asile et des possibilités de réinstallation aux femmes et aux filles vulnérables afin d'assurer leur sécurité et de leur donner la chance de vivre à l'abri de l'oppression.
Pour délégitimer le régime taliban en Afghanistan, il faut pratiquer l'isolement diplomatique, refuser de reconnaître ce régime et imposer des sanctions ciblées. En révélant au monde entier les violations des droits de la personne qui sont commises par ce régime et en appuyant les mouvements populaires, on pourra renforcer l'opposition. En fournissant une aide directement aux populations afghanes, de manière à ce qu'elles échappent au contrôle des talibans, on fait preuve de solidarité tout en discréditant le régime en place.
Permettre aux voix afghanes de se faire entendre sur les tribunes internationales et entretenir une alliance avec les régions avoisinantes pour condamner collectivement les actes des talibans sont des démarches cruciales. En mettant l'accent sur la disparité entre les promesses et la réalité oppressive, la communauté internationale peut éroder la légitimité de leur régime.
Nous sommes à un moment décisif de l'histoire. Nous sommes témoins d'une transformation du paysage géopolitique, une transition vers un monde multipolaire où l'hémisphère sud émerge en tant que puissance majeure, ce qui change la dynamique du pouvoir mondial. Cette évolution a des implications profondes pour les relations internationales, l'Afghanistan servant d'exemple pertinent au sein de ce paradigme en évolution.
Les structures de pouvoir traditionnelles qui définissaient naguère l'ordre mondial effectuent un virage fondamental. La dominance des puissances occidentales, en particulier pour ce qui est de façonner le discours économique, politique et relatif à la sécurité, est remise en question. Des pays de partout dans l'hémisphère sud deviennent des acteurs influents qui contribuant à l'avènement d'un monde multipolaire plus équilibré.
L'essor de l'hémisphère sud est attribuable à plusieurs facteurs. La croissance économique et les progrès technologiques de pays tels que la Chine, l'Inde ou le Brésil ajoutent considérablement à leur influence croissante sur la scène internationale. De plus, les efforts collectifs des pays de l'hémisphère sud en vue de renforcer la coopération régionale et d'affirmer leurs intérêts sur les tribunes internationales leur donnent davantage de poids lorsque vient le temps de définir les priorités mondiales.
Dans un contexte géopolitique en transformation, l'Afghanistan occupe une position névralgique. Sa situation stratégique au carrefour de l'Asie centrale, du Moyen‑Orient et de l'Asie du Sud polarise l'attention du monde entier. L'importance historique de l'Afghanistan en tant que champ de bataille pour des intérêts divergents, conjuguée à ses ressources naturelles, en a fait un échiquier géopolitique pour les puissances mondiales.
Les événements récents en Afghanistan, en particulier le retrait des troupes occidentales et la prise de pouvoir des talibans qui s'en est suivie, ont ajouté une nouvelle dimension à ce paysage géopolitique en mutation. La situation en Afghanistan est un microcosme de l'évolution de la dynamique des pouvoirs qui illustre les complexités et les défis que suppose un monde multipolaire.
Le retour des talibans et leur prise du pouvoir ont suscité des préoccupations partout dans le monde, non seulement au sujet des droits et du bien-être des Afghans, mais aussi de la stabilité dans cette région. La manière dont la communauté internationale communiquera avec les talibans et dont elle abordera l'avenir de l'Afghanistan aura une profonde incidence sur la trajectoire de ce monde multipolaire. De plus, la place de l'Afghanistan dans l'ordre géopolitique en évolution ramène à l'avant-plan le rôle des acteurs régionaux. Des pays de la région, dont le Pakistan, l'Iran, la Chine et la Russie, ont des intérêts dans la stabilité et la sécurité de l'Afghanistan. Leur engagement et leur coopération dans l'édification de l'avenir de l'Afghanistan vont influer sur la dynamique géopolitique dans la région et au-delà.
La détermination des pays du Sud à façonner le discours mondial exige une approche plus inclusive et diversifiée à l'égard des relations internationales. Elle suppose la reconnaissance des voix et des intérêts des divers pays, préférant la coopération à l'unilatéralisme et favorisant une compréhension et un respect mutuels entre des nations aux parcours culturels, politiques et économiques différents.
En conclusion, la situation géopolitique en évolution qui mène à un monde multipolaire est une réalité qui nécessite un examen approfondi et un engagement stratégique. La position de l'Afghanistan dans cette transformation mondiale met en lumière les complexités et les enjeux inhérents à cette transformation. Alors que nous évoluons dans cette nouvelle ère, il est impératif que la communauté internationale embrasse la diversité, qu'elle favorise un dialogue inclusif et qu'elle collabore afin de relever les défis mondiaux tout en respectant la souveraineté et les aspirations de tous les pays.
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Monsieur le Président, je vais partager mon temps de parole avec le député d'.
Je voudrais commencer mon discours en répondant aux questions que des députés du NPD et du Bloc ont posées au député libéral qui a fait le discours précédent. Pourquoi est-il très important de débattre de la motion qui nous est soumise aujourd'hui? J'ai un article sous les yeux qui me vient d'une revue de presse internationale. Selon le titre de l'article, les familles de réfugiés afghans dont le chef est une femme sont réticentes à rentrer en Afghanistan à l'heure où l'ONU vient d'émettre un avertissement. La semaine dernière, le titre d'un autre article nous apprenait que les talibans encouragent la violence contre les femmes.
Comme je l'ai indiqué dans l'une de mes interventions précédentes, quelques questions importantes vont retenir notre attention. Cela fait plus d'un an qu'un groupe omnipartite a été formé pour aider d'anciennes députées afghanes à sortir d'Afghanistan. J'y reviendrai dans une minute. D'après ce que j'ai entendu dire de la part des organisations caritatives et des ONG, elles s'inquiètent beaucoup du sort des Afghans qu'elles continuent d'aider à fuir le régime des talibans, en particulier ceux qui nous ont aidés. Enfin, je veux examiner en profondeur la question de l'apartheid terrible et de l'oppression que subissent les femmes et les filles actuellement en Afghanistan. Je pense que ces questions font de la motion débattue une affaire tout à fait pertinente. Du reste, comme je l'ai souligné tout à l'heure, nous ne ralentissons pas les travaux sur les projets de loi ministériels ou l'étude des autres initiatives du gouvernement aujourd'hui parce que nous n'utilisons que le temps qui nous a été alloué. Nous allons voter sur la motion avant longtemps.
Parlons des anciennes députées afghanes. Un groupe de députés omnipartite a été créé; quelques députés libéraux, moi-même, du Parti conservateur, ainsi qu'un député du Bloc, du Parti vert et du NPD en font partie. Notre objectif commun est de faire sortir les anciennes députées afghanes de leur pays en toute sécurité. Nous avons créé ce groupe en octobre de l'année dernière, soit il y a plus d'un an. Nos activités se déroulent en coulisses, sans qu'elles soient connues du public. Nous voulons vraiment collaborer avec le gouvernement et les ONG pour obtenir l'aide nécessaire pour ces femmes incroyables, qui ont changé les choses en Afghanistan avant que les talibans ne reprennent le contrôle.
Malheureusement, en janvier, Mursal Nabizada a été assassinée, ce qui a causé un profond chagrin à ceux d'entre nous qui participent à cette initiative en coulisses. Cette perte est tout simplement terrible parce qu'il est possible de faire sortir quelqu'un de l'Afghanistan en seulement deux semaines, à condition d'avoir la volonté politique de le faire. Je ne vais pas entrer dans les détails, sauf pour dire que la mauvaise nouvelle, c'est que la grande majorité d'entre elles n'ont pas encore été secourues. Je crois que l'une d'elles est arrivée au Canada, mais il y en a tant d'autres. Heureusement, il y a eu des progrès. Par ailleurs, le gouvernement collabore avec notre groupe et les ONG, et nous recevons des mises à jour.
Cependant, ma pire crainte, si nous perdons une autre de ces anciennes députées afghanes avant qu'elles n'arrivent saines et sauves au Canada, c'est qu'après avoir été l'un des députés les moins partisans de la Chambre, je devienne l'un des plus partisans. C'est inacceptable. Ce dossier aurait pu être réglé en quelques semaines, et cela fait maintenant plus d'un an.
L'autre préoccupation dont je veux parler concerne le soutien et les programmes que le gouvernement offre actuellement aux Afghans, en particulier le programme spécial d'immigration canado-afghane, auquel on a apparemment mis fin. Dès le premier jour, j'ai dit être préoccupé par le fait que ce programme soit axé sur un quota plutôt que sur les personnes qui en avaient le plus besoin. Je crois que le gouvernement a choisi le nombre de 40 000. Une autre grande préoccupation, c'est que beaucoup d'Afghans ont réussi à fuir l'Afghanistan pour se rendre dans les pays limitrophes, mais ils n'avaient pas nécessairement un lien avec le Canada. Cependant, des tonnes d'anciens entrepreneurs canadiens, de conseillers culturels canadiens et d'interprètes canadiens d'origine afghane travaillaient pour nous. Un grand nombre d'entre eux sont encore coincés là-bas.
Je ne vais pas entrer dans les détails. Je sais que d'autres députés ont posé des questions au cours de ce débat sur l'inaction du gouvernement libéral lorsque Kaboul, en Afghanistan, est tombée. Ils ont parlé du fait que nous aurions pu faire bien plus pour amener les Afghans en lieu sûr à ce moment-là. J'en ai parlé longuement et je ne vais donc pas m'attarder sur la question.
Je veux toutefois obtenir des éclaircissements. Je reviens à la question que j'ai posée au et à d'autres députés libéraux. Je demande de l'aide. Tout ce que je demande, c'est que le gouvernement libéral donne publiquement des précisions concernant le programme et nous dise si toutes les demandes présentées par des Afghans dans le cadre du Programme de mesures spéciales seront traitées, de sorte qu'ils pourront finir par venir au Canada.
J'entends de la part d'ONG et de groupes travaillant en coulisses avec le gouvernement pour amener ces Afghans en lieu sûr de nombreuses rumeurs selon lesquelles il y a encore des milliers — et je ne parle pas d'un millier, mais de milliers, au pluriel — de candidats afghans qui n'ont même pas reçu d'invitation à poser leur candidature dans le cadre du programme, bien qu'ils aient posé leur candidature il y a plus de deux ans. J'essaie de dire que nous avons besoin d'une plus grande clarté sur la question. Il y a beaucoup d'Afghans et de Canadiens afghans dont des parents sont bloqués dans le processus, et nous sommes préoccupés.
Dans la prochaine partie de mon discours, je vais paraphraser assez largement un rapport qui a été publié dans les médias la semaine dernière, afin que tous les Canadiens puissent comprendre comment le régime taliban encourage la violence à l'égard des femmes.
Les 16 jours d’activisme contre la violence fondée sur le sexe ont pris fin la semaine dernière. Toutefois, au cours des 28 mois qui se sont écoulés depuis que les talibans ont pris le contrôle du pays, ils ont aboli les droits des femmes et des filles afghanes. Ils ont imposé des restrictions radicales en matière d'éducation, d'emploi et de liberté de circulation, et toute infraction perçue à ces politiques oppressives est souvent sanctionnée par des actes de harcèlement, d'intimidation et de violence verbale et physique, le tout orchestré par le ministère taliban du vice et de la vertu. Lorsque les femmes sont détenues par les autorités, elles sont soumises à des traitements cruels, y compris la torture.
Les politiques anti-femmes des talibans, combinées à leur système patriarcal, ont fait de l'Afghanistan le pays le moins bien classé dans l'indice sur les femmes, la paix et la sécurité de 2023. En fait, les talibans ont pratiquement réduit à néant plus de 20 années de progrès que moi-même et d'autres avions contribué à réaliser en Afghanistan. Les femmes y avaient réalisé de nombreuses avancées dans les domaines de la politique, de la gouvernance, de l'éducation, de la santé, et même des affaires.
Toutefois, dans les mois qui ont suivi leur arrivée au pouvoir, les talibans ont suspendu la constitution afghane, qui obligeait le gouvernement à protéger et à promouvoir les droits de la personne. Ils ont remplacé le ministère de la Condition féminine par le ministère de la Propagation de la vertu et de la Prévention du vice. Celui-ci a ordonné aux professionnelles et aux travailleuses de rester chez elles jusqu'à nouvel ordre. Il a empêché les femmes de voyager sur de longues distances sans être accompagnées d'un superviseur masculin, et il leur a imposé un code vestimentaire strict.
Comme je l'ai déjà mentionné à la Chambre, j'ai encore espoir que les Afghans qui ont eu un aperçu de ce que l'avenir pourrait leur offrir reviendront à la tête de l'Afghanistan et seront une source d'espoir, de changement et de leadership. Cependant, ce ne sera possible que si les démocraties occidentales et les pays comme le Canada continuent de leur fournir le soutien nécessaire pour se sortir de cette situation.
Je crois que le débat d'aujourd'hui tombe à point nommé et qu'il est très important. Le gouvernement libéral doit continuer d’offrir de l'aide et des certitudes à tous les Afghans qui sont toujours coincés en Afghanistan et qui nous ont aidés ou qui fuient la persécution. Il faut aussi offrir des certitudes aux nombreux organismes de bienfaisance et ONG qui cherchent à protéger ces Afghans. C'est particulièrement important pour les anciennes députées afghanes et leurs familles. Je tiens aussi à dire très clairement que les talibans sont des terroristes; il faut continuer de les désigner ainsi. Ce sont des gens parmi les plus tyranniques et les plus abjects du monde, et je n'ai aucune sympathie pour eux.
L'Afghanistan redeviendra un jour une démocratie qui respecte les droits de la personne, mais seulement si nous continuons d'aider ceux qui finiront par revenir et qui façonneront ce changement nécessaire.
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Monsieur le Président, comme nous le savons tous, la situation humanitaire en Afghanistan est catastrophique. Des millions de gens vivent dans des conditions épouvantables en raison de décennies de conflits, de l'instabilité politique et, depuis quelques années, de la résurgence des talibans.
Le Canada était membre d'une coalition internationale visant à débarrasser l'Afghanistan des talibans. Au cours de cette campagne, plus de 40 000 membres des Forces armées canadiennes ont été déployés dans ce pays, dont 158 ont perdu la vie et plus de 2 000 ont été blessés. Pour les familles de ces femmes et ces hommes qui vivent encore avec les conséquences de cet interminable conflit, la reprise du pays par les talibans en 2021 a été un coup dur, comme si tous leurs sacrifices avaient été en vain.
Les talibans, avec raison, sont sur la liste des entités terroristes du Canada depuis 2013. Leur règne a été marqué par la limitation des droits des femmes et des minorités et les violations des droits de la personne. Le retour au pouvoir des talibans a déclenché un vaste exode d'Afghans à l'intérieur et à l'extérieur du pays, ce qui a créé une crise de réfugiés. Nombre d'entre eux ont dû fuir par crainte des représailles, des persécutions et des restrictions imposées aux libertés individuelles. Le gouvernement libéral a fait beaucoup de promesses, notamment pour aider les Afghans qui avaient travaillé avec les soldats canadiens pendant notre mission de combat. Malheureusement, la plupart de ses promesses n'ont été que des paroles en l'air.
Il n'y a pas que ceux qui ont travaillé avec les militaires canadiens qui ont souffert à cause de la réponse du Canada après la dernière prise de contrôle de l'Afghanistan par les talibans. Les personnes déplacées à l'intérieur du pays ont aussi besoin d'aide de toute urgence. Elles n'ont pas accès aux produits de première nécessité comme de la nourriture, de l'eau potable, des soins de santé ou une éducation. Je suis heureux que le Comité permanent de la justice et des droits de la personne ait jugé bon de dénoncer fermement les talibans et de refuser toute forme de reconnaissance ou de légitimation du contrôle qu'ils exercent sur le territoire afghan. Une organisation terroriste qui accomplit par la force ce qu'elle ne peut pas accomplir lors d'élections, ce n'est pas un gouvernement légitime.
Le comité a raison de dénoncer le système taliban de discrimination contre les femmes, de violence systémique contre les minorités, de représailles contre les anciens membres des Forces de défense et de sécurité nationales afghanes, de violation de la liberté de presse et d'autres violations des droits fondamentaux de la personne. Plus de deux années se sont écoulées depuis que les talibans se sont emparés du pouvoir, et ils n'ont cessé de rompre leurs promesses pendant tout ce temps. En 2021, un porte-parole des talibans nous a promis que son gouvernement allait permettre aux femmes de travailler et d'étudier. Les femmes allaient être très actives dans la société. La réalité est en fait que non seulement les femmes se sont vu interdire l'accès aux études universitaires, mais les filles ne peuvent pas continuer d'aller à l'école au-delà de la sixième année. Les talibans interdisent aussi aux femmes de travailler pour les ONG. Selon l'Organisation internationale du travail, la participation des femmes au marché du travail a diminué de 25 % entre août 2021 et mars 2023.
Les conservateurs réclament depuis longtemps des mesures pour que les détenteurs du pouvoir en Afghanistan soient tenus responsables de leurs agissements contre la population afghane, la communauté internationale et, surtout, les femmes et les enfants afghans.
Les talibans négligent la crise humanitaire en Afghanistan et laissent la population souffrir d'une crise de malnutrition ainsi que d'une propagation rapide de la famine. Le nombre de personnes qui en souffrent a grimpé en flèche. Il est passé de 14 millions en 2021 à environ 20 millions cette année.
Entre 2001 et 2014, les soldats canadiens ont pu entendre les citoyens afghans leur raconter de vive voix leurs histoires de répression aux mains des talibans. Nos troupes ont combattu non seulement pour le Canada, mais aussi pour les braves gens innocents qu'ils ont appris à aimer pendant leur séjour là-bas. Les militaires canadiens ont risqué leur vie non seulement pour notre pays, mais aussi pour aider les femmes et les enfants afghans à espérer une vie meilleure. Les années de conflit et de violence ont engendré une crise humanitaire au fil de laquelle ces gens ont perdu leur innocence. La vie sous la férule des talibans est bien pire que la vie d'avant.
Nous avons le devoir envers les anciens combattants et les soldats morts au combat de poursuivre nos efforts afin d'améliorer la situation humanitaire en Afghanistan. Cela suppose de ne jamais considérer que le régime taliban, dont le pouvoir est fondé sur la force et la peur, a quelque légitimité que ce soit. Envisager de reconnaître le gouvernement des talibans, comme certains le proposent, serait inacceptable. Une telle reconnaissance viendrait encourager une organisation qui ne connaît que la force et la peur et qui rejette les valeurs communes aux Canadiens. Reconnaître ce que les talibans appellent un gouvernement, ce serait récompenser les actions d'un groupe terroriste. Les conservateurs sont d'avis que le Canada doit demeurer solidaire du peuple afghan, s'opposer aux talibans et collaborer avec des groupes de la société civile et des groupes pro-démocratie qui souhaitent rétablir la liberté et la démocratie en Afghanistan.
Je me demande parfois si l'engagement des libéraux envers la liberté et les droits de la personne est aussi solide que celui des conservateurs. Alors que Kaboul était en train de tomber aux mains des talibans, la réaction du libéral a été de déclencher immédiatement des élections. Alors que les Américains évacuaient de Kaboul par avion plus de 100 000 personnes désespérées, le premier ministre du Canada a décidé de déclencher des élections inutiles au lieu de jouer le rôle de premier plan que les Canadiens attendaient de lui et que les Afghans espéraient le voir jouer.
Le a promis que 40 000 réfugiés venant d'Afghanistan pourraient trouver un refuge sûr au Canada. Quand les Canadiens ont entendu cette promesse, ils n'imaginaient pas qu'il lui faudrait plus de deux ans pour la concrétiser. On aurait pu penser que le gouvernement accorderait une importance prioritaire au processus de réinstallation, étant donné la crise humanitaire en cause. C'est ce qu'on pensait, mais pas les libéraux. Les Canadiens espèrent qu'ils pourront au moins tenir leur promesse d'ici la fin de l'année.
Il n'est pas étonnant que tant d'Afghans se soient sentis abandonnés par le Canada quand les talibans ont pris le pouvoir et ont commencé à persécuter ceux qu'ils considéraient comme des opposants. Quand l'Afghanistan avait besoin d'aide, les libéraux ont décidé de tenir des élections. Il semble que, depuis lors, les libéraux ont pris de plus en plus de retard en ce qui concerne leur promesse de répondre à la crise humanitaire, tant en Afghanistan que dans les pays voisins, d'où des réfugiés se sont enfuis. C'est un triste bilan, et les libéraux espèrent que les Canadiens ne s'en apercevront pas.
Après avoir laissé tomber les Afghans à bien des égards, le Canada doit à tout le moins continuer à défendre les valeurs que nous partageons. Il s'agit notamment de la liberté de religion et de l'égalité hommes-femmes, deux droits que les talibans nient à ceux qui sont sous leur règne. En plus de nier des droits, les talibans cherchent à exporter leur programme, alors qu'ils continuent de coordonner et de faciliter des attaques avec d'autres groupes terroristes comme Al-Qaïda, le Corps des Gardiens de la révolution islamique et le groupe armé État islamique.
Le Comité permanent de la justice et des droits de la personne croit que les talibans doivent demeurer sur la liste des entités terroristes. Je pense que tous les députés en conviennent.