:
Madame la Présidente, je suis heureux de prendre la parole à la Chambre pour parler de la motion à l'étude aujourd'hui.
Alors que certaines régions au pays commencent à assouplir les restrictions en matière de santé publique dans leur propre territoire, nous devons évaluer soigneusement la situation actuelle pour déterminer la voie à suivre.
Comme tous les députés à la Chambre le savent, la protection des Canadiens contre la COVID‑19 continue d'être la priorité absolue du gouvernement.
[Traduction]
Nous sommes très chanceux de disposer de plusieurs outils, comme le dépistage, pour nous aider à déterminer quand et comment lever les restrictions de la façon la plus sécuritaire possible. Les tests de dépistage rapide se sont révélés un outil efficace ces derniers mois. Je commencerai par souligner les répercussions du dépistage de la COVID‑19 et de la réduction de la transmission du virus, qui nous permettent de lever certaines restrictions et de retrouver une certaine normalité.
La COVID‑19 continuera de faire partie de notre vie, et le dépistage demeurera un outil important pour déceler et isoler rapidement les nouveaux cas, pour appuyer le suivi auprès des contacts étroits et pour prévenir les éclosions dans la collectivité en rompant la chaîne de transmission. Certes, ceux qui ont des symptômes de la COVID‑19 doivent s'isoler, mais, en réalité, on peut avoir contracté la maladie sans le savoir. Le dépistage est le seul moyen de confirmer que l'on est atteint de la COVID‑19. Savoir que l'on a contracté la maladie est un élément très important pour pouvoir protéger sa famille et les gens que nous rencontrerons.
[Français]
Au cours des deux dernières années, jusqu'à ce que le variant Omicron nous frappe, les unités de santé publique de tout le Canada ont utilisé de façon intensive les tests PCR et la recherche de contacts pour confirmer la présence de la COVID‑19 grâce à un investissement de 3 milliards de dollars du gouvernement du Canada dans le cadre de l'accord sur la reprise des activités en toute sécurité.
[Traduction]
Les données ont été très utiles pour comprendre qui avait le virus, où il se propageait dans nos collectivités et quelle était l'intensité de la transmission communautaire. À titre de mesure de protection supplémentaire, les tests rapides nous ont permis d'élargir le dépistage à un éventail plus vaste de situations. Les tests rapides se sont révélés sûrs, efficaces et très faciles à administrer. Ils produisent des résultats en seulement 15 minutes, ce qui permet de s'isoler sans tarder et de briser la chaîne de transmission immédiatement.
Peu importe le type de test, nous avons observé chez nos partenaires étrangers que le dépistage est important, que l'on regarde au sud de la frontière ou en Europe, où il a été utilisé tout au long de la pandémie. Les tests rapides, y compris les tests d'autodépistage, continueront d'aider les gens à réduire le risque de propager le virus dans leur famille, leur milieu de travail et leur collectivité. Ils permettent aussi aux Canadiens d'avoir plus d'information sur leur propre état de santé et les aident à faire des choix et à gérer les risques d'un point de vue personnel. Ce sera encore plus vrai lorsque d'autres mesures sanitaires seront allégées. Étant donné l'arrivée de nouveaux types de tests, l'utilisation des tests PCR change aussi. Alors que nous sortons de la vague Omicron, diverses options de dépistage s'offrent à nous.
Parce que le gouvernement reconnaît l'importance des tests de dépistage au sein de la population canadienne, il a mis en place une série de mesures pour acheter, financer et distribuer les tests de dépistage de la COVID‑19, et il maintiendra ses mesures dans un proche avenir. Depuis que Santé Canada a approuvé un test de dépistage rapide en octobre 2020, le gouvernement du Canada se procure cet outil pour le distribuer gratuitement aux provinces et aux territoires. Ces tests de dépistage rapide font partie de la stratégie globale de dépistage mise en œuvre par les provinces et les territoires en réponse au variant Omicron, qui est hautement transmissible. Cette stratégie prévoit notamment le dépistage élargi dans les écoles, la communauté et les lieux de travail.
Nous soutenons les efforts des provinces et des territoires depuis le début de la pandémie, en misant sur une collaboration étroite avec les autorités de la santé publique, et nous allons continuer de le faire jusqu'au bout. Cet engagement s'est traduit par l'achat de plus de 490 millions de tests de dépistage rapide depuis le début de la pandémie, au coût de près de 3,4 milliards de dollars. À titre d'exemple, environ 140 millions de tests ont été achetés en janvier et leur distribution dans la collectivité est en cours. Ces tests sont fournis gratuitement aux provinces et aux territoires afin d'être distribués dans des milieux de travail et des organisations communautaires pour que les personnes les plus à risque y aient accès. À l'heure actuelle, des commandes additionnelles sont en cours et les stocks seront distribués de manière continue.
Puisque le gouvernement veut soutenir la réouverture sécuritaire de l'économie, nous soutenons aussi les entreprises, les organismes à but non lucratif et les collectivités autochtones pour qu'ils puissent obtenir des tests gratuits. Le gouvernement du Canada a versé 6,6 millions de dollars à la Croix-Rouge canadienne pour qu'elle puisse distribuer des tests à des organismes de bienfaisance, à but non lucratif et autochtones. Il fournit aussi des tests rapides aux collectivités autochtones, éloignées, isolées et nordiques.
Afin de soutenir la réouverture de l'économie et un retour sécuritaire au travail, nous avons versé 8,1 millions de dollars à la Chambre de Commerce du Canada pour soutenir la distribution dans les PME par l'entremise des chambres de commerce. En fait, je peux confirmer que c'est vrai, car la chambre de commerce de Milton, dont je suis membre, a communiqué avec mon bureau il y a quelques jours pour savoir si nous voulions recevoir des tests. Je la remercie d'ailleurs de tout le travail qu'elle accomplit.
Les organismes ayant 200 employés ou plus, notamment les entreprises sous réglementation fédérale, peuvent aussi recevoir directement du gouvernement du Canada des tests de dépistage rapide de la COVID‑19, et ce, gratuitement. Grâce à la distribution de plus de 8,5 millions de tests rapides, les programmes de dépistage ont été efficaces pour dépister la COVID chez les gens, ce qui contribue à réduire la transmission et les éclosions communautaires.
Le gouvernement travaille de près avec ses partenaires à toutes ces initiatives, car un défi d'envergure nationale requiert une approche nationale unifiée et harmonisée. Cela dit, comme la pandémie évolue, nos mesures doivent aussi évoluer. Depuis l'arrivée du variant Omicron, la demande de tests rapides connaît une forte hausse, car les Canadiens ont constaté qu'ils avaient besoin d'un outil supplémentaire pour gérer leurs propres risques. C'est pourquoi le gouvernement a présenté le projet de loi , Loi concernant certaines mesures liées à la COVID-19.
S'il est adopté, le projet de loi permettra l'achat et la distribution, partout au pays, de tests rapides supplémentaires d'une valeur totale de 2,5 milliards de dollars au cours des prochains mois. Ce financement permettra au gouvernement de continuer à fournir aux provinces et aux territoires un approvisionnement de tests rapides adéquat. Il sera ainsi possible de facilement dépister les cas positifs de COVID‑19 parmi un plus grand nombre de Canadiens et, partant, de réduire la transmission du virus. Ce projet de loi nous permettra de continuer à travailler en partenariat avec la Croix-Rouge pour fournir des tests rapides à des organismes communautaires, et de continuer à soutenir les programmes de dépistage menés par les entreprises privées et les ministères et agences fédéraux. Il permettra aussi aux Canadiens de partout au pays d'avoir accès à des tests rapides pour mieux gérer leurs risques dans un contexte où ils reprennent leurs activités et où nous apprenons tous à vivre avec la COVID‑19.
Nous savons que la COVID‑19 constitue toujours une menace à l'échelle mondiale. Nous reconnaissons qu'il faut arriver à trouver un juste équilibre entre un retour progressif à la vie normale et une surveillance continue de la transmission du virus dans le but de détecter rapidement les cas et de les isoler. Les tests rapides faciliteront cette transition. Les données probantes montrent que ces tests ont un rôle essentiel à jouer dans l'ensemble des mesures de santé publique qui nous aident à garder l'économie ouverte et à protéger les Canadiens.
[Français]
À cette fin, le gouvernement du Canada s'est engagé à soutenir la fourniture de tests aux provinces et aux territoires, aux entreprises, aux organismes sans but lucratif et aux lieux de travail fédéraux. Ces initiatives et d'autres mesures de santé publique font partie intégrante de la protection des Canadiens contre la COVID‑19 et du soutien de l'économie alors que nous passons à la phase suivante de la pandémie.
[Traduction]
Je répondrai volontiers aux questions des députés.
:
Madame la Présidente, j'interviens à la Chambre des communes parce qu'on m'a confié la tâche importante de faire comprendre à certains des députés pourquoi nous devons permettre un débat libre et ouvert sur un projet de loi qui demande 2,5 milliards de dollars — oui, j'ai bien dit milliards — pour des tests rapides.
Cela ne semble peut-être pas un montant important pour certains ministériels, mais ce l'est pour moi et mes concitoyens de Cumberland—Colchester. Comme beaucoup de députés, j'ai grandi dans un milieu modeste, dans un parc à roulottes au Nouveau‑Brunswick, où ma mère de 88 ans vit encore. Je ne prétendrai pas avoir manqué de quoi que ce soit parce que ce n'est pas vrai. Cependant, je dirai que mon père a travaillé fort pour gagner sa vie et que ma mère a choisi de rester à la maison pour nous élever, mon frère et moi.
Certains se demandent peut-être ce que tout cela a à voir avec la dépense proposée de 2,5 milliards de dollars. Je crois qu'il est important que les contribuables canadiens soient conscients que quelques‑uns des députés qu'ils ont élus se souviennent de leur éducation et connaissent la valeur de l'argent.
J’ai eu la chance d’obtenir de bons résultats à l’école et j’ai eu le grand plaisir d’intégrer une école de médecine. En revanche, à cause de nos origines modestes, mes parents ne pouvaient pas financer mes études. J’ai donc eu plusieurs emplois d’été; j’ai travaillé dans la construction de maison, l’aménagement paysager et la construction de routes. Malheureusement, ces emplois ne suffisaient pas à financer mes études, alors j’ai décidé de joindre les rangs de l’Aviation royale canadienne. Cela m’a permis d’être plus à l’aise financièrement et je n’ai aucun regret.
À la même époque, j’ai rencontré la femme qui partage ma vie depuis maintenant 31 ans. Certaines personnes trouvent peut-être cela bizarre, mais peu de temps après que nous ayons commencé à nous fréquenter, elle m’a demandé si je disposais d’un budget. À 20 ans, je rencontre la femme de ma vie et elle me demande si j’ai un budget. Dans mon esprit, j’en avais un. Je gagnais de l’argent en travaillant l’été comme je l'ai mentionné. Avec cet argent, je payais mon loyer en résidence, qui comprenait la nourriture. Je payais aussi les frais de scolarité et tous les livres que je voulais et je dépensais le reste. Pour moi, c’était un budget. Le seul avantage de ce type de budget est que je n’étais pas endetté. J’avais un toit sur la tête et du pain sur la table.
Les années passent et ma femme continue d'affirmer que, si je ne l'avais pas rencontrée, je n'aurais aujourd'hui aucun argent mis de côté pour l'avenir. De plus, en tant que médecin, je n'ai pas de fonds de pension. Tout cela me préoccupe. À défaut d'examiner les habitudes de dépenses du gouvernement libéral, y aura-t-il un « fonds de pension » pour les Canadiens? Si nous laissons le gouvernement dépenser de façon débridée, éhontée et irresponsable, que restera-t-il aux Canadiens dans le futur? Qui paiera cette énorme dette?
Est-ce que je prends au sérieux des dépenses de 2,5 milliards de dollars? Certainement. Au bénéfice des Canadiens, il est important de mettre en contexte ces dépenses de 2,5 milliards de dollars. En 2019, le revenu médian total canadien était de 40 770 $. La même année en Nouvelle-Écosse, ce revenu était de 38 080 $ pour ce que l'on considère comme un couple, alors qu'il était nettement inférieur pour les célibataires, soit de 30 780 $. En faisant un petit calcul, on constate qu'avec 2,5 milliards de dollars le gouvernement pourrait donner 30 780 $ à 81 221 citoyens ou bien 30 780 $ à une seule personne pendant 81 221 ans. Ce n'est certainement pas une petite somme d'argent.
Il arrive souvent que le gouvernement annonce des investissements astronomiques sans même prendre la peine de les examiner comme il se doit. Or, il est important que les Canadiens comprennent que ces investissements représentent beaucoup d'argent.
Comme le déficit du Canada cette année est d'environ 144 milliards de dollars, ces dépenses de 2,5 milliards de dollars que le gouvernement pense faire adopter sans débat représentent approximativement 1,75 % du déficit. Encore une fois, pour préciser un peu le contexte à l'intention des Canadiens qui sont assurément pendus à mes lèvres, ce serait équivalent à 40 000 fois 1,75 %, soit environ 700 $.
Certains se diront peut-être prêts à donner ce montant à un groupe de personnes sans demander à quoi il servirait.
Cependant, je crois que les gens de Cumberland—Colchester, que je représente, voudraient probablement au moins avoir une discussion au sujet de ce à quoi servirait l'argent.
N'oublions pas que, si le revenu médian au Canada est de 40 000 $, cela signifie que la moitié des Canadiens gagnent moins que cela. Encore une fois, j'estime imprudent d'approuver sans débat les dépenses proposées, et cette façon de faire entre en contradiction avec le rôle qui nous est confié en tant que députés.
Voici une autre façon de visualiser à quoi correspondent ces 2,5 milliards de dollars. Si un billet de banque canadien a une épaisseur d'environ 19 micromètres et que 1 mètre équivaut à 1 million de micromètres, si mes calculs sont exacts, 2,5 milliards de dollars en billets de 1 dollar, s'il y en avait encore, ferait une pile de 47,5 mètres de haut, ou de 156 pieds.
Pour donner une idée, c'est 28 fois ma grandeur.
Je donnerai un dernier exemple, ce qui est important lorsque nous parlons de tonnes d'argent. Il convient de bien réfléchir à ce que cela représente. On entend souvent dire « des tonnes d'argent ». S'il y a 2,5 milliards de dollars de pièces de un dollar en circulation, cela équivaut à 2,5 milliards multipliés par 6,27 grammes, ce qui donne 15 675 000 000 grammes. Multiplions ce chiffre par 0,001 et l'on obtient alors 15 675 000 kilogrammes. Pour passer des kilogrammes aux tonnes, il faut multiplier ce chiffre par 0,0011, ce qui donne 17 242 tonnes et demie de pièces de un dollar.
Il s'agit donc littéralement de tonnes d'argent, ou du moins de tonnes de pièces de un dollar.
L'autre point important qu'il convient, selon moi, de rappeler aux Canadiens, c'est le triste état des finances de ce grand pays qui est le nôtre. Selon debtclock.ca, la dette fédérale actuelle du Canada est de plus de 1,2 billion de dollars. Curieusement, cela représente environ 31 000 $ par Canadien, soit à peu près le revenu médian. La dette augmente de 424 millions de dollars par jour, soit de 17,6 millions de dollars par heure.
Pour ceux qui n'ont pas l'habitude de réfléchir aux questions de politique monétaire ou aux autres questions du genre, je crois qu'il est temps de leur donner toute l'attention qu'elles méritent. Si l'on pousse le raisonnement un peu plus loin, il faut savoir qu'à ma naissance, il y a 53 ans, ma part de la dette nationale s'élevait à 688 $, ce qui donne à réfléchir et à s'inquiéter sérieusement.
Par conséquent, lorsqu'on me demande si nous devrions débattre de ces dépenses de 2,5 milliards de dollars, je réponds qu'il est important que nous le fassions.
Les députés devraient visiter le site debtclock.ca pour comprendre la part de la dette qui revient actuellement à chaque Canadien et dans quelle mesure elle augmente.
Estimés collègues, il ne s'agit là que des aspects financiers de la motion. Je crois également qu'en démocratie, il incombe aux représentants élus de faire constamment et systématiquement contrepoids à l'État et que c'est précisément la tâche qui nous revient en tant qu'opposition officielle du Canada.
Cela ne signifie pas, bien sûr, que nous devons nous opposer à tout. Cela signifie que toutes les mesures doivent être examinées attentivement et, le cas échéant, faire l'objet d'un débat vigoureux.
Je ne siège à la Chambre que depuis peu de temps, mais j'ai pu constater que ce n'est évidemment pas toujours le cas. En effet, la Chambre a donné son consentement unanime à un projet de loi et elle a adopté une autre motion de l'opposition visant à modifier la Constitution.
Je conviens avec ceux qui soutiennent simplement qu'il s'agit d'un moyen de présenter une demande non essentielle ou une mesure législative qui devrait être adoptée très facilement à l'unanimité ou sans débat, que cela peut effectivement se faire dans des circonstances très particulières. Comme je l'ai dit, nous avons été en mesure de le faire depuis quatre mois et demi à la Chambre.
Qui plus est, quand on a demandé à Larry Diamond en quoi consistait la démocratie lors d'une conférence qu'il a donnée en 2004, il a proposé une définition composée de quatre concepts importants: premièrement, un système politique qui permet de choisir et de remplacer le gouvernement à l'aide d'élections libres et justes; deuxièmement, la participation active des gens, en tant que citoyens, à la vie politique et civique; troisièmement, la protection des droits de la personne de tous les citoyens; quatrièmement, la primauté du droit, qui garantit que les lois et les procédures s'appliquent également à tous les citoyens.
Bien sûr, dans notre démocratie, les élections auxquelles je viens de faire allusion ont permis de choisir les 338 députés qui siègent à la Chambre pour représenter leurs concitoyens ou pour exprimer les points de vue qui représentent le plus, selon nous, ceux des habitants de notre circonscription. Par exemple, comme je l'ai mentionné tout à l'heure, ma circonscription est Cumberland—Colchester, en Nouvelle‑Écosse. Chaque circonscription comprend au moins 70 000 habitants. Bien sûr, certaines circonscriptions comptent beaucoup plus d'habitants, tandis que d'autres, moins. Ainsi, toutes les régions de notre grand pays sont représentées. Non seulement les diverses opinions exprimées en cette Chambre de traditions proviennent de toutes les régions du pays, mais elles représentent aussi toutes les personnes qui forment la population du Canada.
Nous réalisons donc qu'il serait très facile de comprendre qu'il existe souvent une multitude d'opinions à propos de la manière dont la Chambre devrait procéder. Je dirais que la présentation de ces opinions dans le cadre d'un débat vigoureux, comme je l'ai déjà dit, constituerait le fondement d'une feuille de route. Le simple fait d'acquiescer aux désirs d'un parti ou d'un autre sur des questions de grande importance semble relever de l'impossible, en plus de ne pas respecter les règles de la démocratie et le travail de représentation que nous ont confié les résidants de nos circonscriptions respectives.
Étant donné que j'ai servi dans l'armée canadienne, je m'en voudrais de ne pas rappeler à tous les parlementaires l'énorme sacrifice que les personnes qui ont servi dans l'armée, ainsi que leur famille, ont fait pour défendre la démocratie et les libertés dont nous souhaitons bénéficier ici, au Canada. Le 6 juin 2019, j'ai eu l'insigne honneur d'assister aux célébrations du 75e anniversaire du jour J à la plage Juno. Je suis convaincu que tous ceux qui ont eu l'occasion de se rendre à la plage Juno ont vécu une expérience semblable. Néanmoins, l'occasion de pouvoir marcher sur cette plage 75 ans plus tard, jour pour jour, en portant un uniforme militaire pour représenter les Nova Scotia Highlanders s'est avérée très spéciale.
Ce séjour nous a offert de nombreuses possibilités, comme aller se recueillir sur la tombe des soldats canadiens morts au combat — un site entretenu de manière impeccable par la France — et rencontrer d'anciens combattants canadiens pour discuter autour d'une bonne bière. Ces vétérans semblaient en grande forme pour leur âge, considérant le fait qu'ils avaient fait le voyage pour retourner sur les plages prises d'assaut 75 ans auparavant. Ce fut un immense privilège pour moi de rencontrer ces braves hommes, de parler avec eux ou de tout simplement être à leurs côtés, et je vais chérir ce souvenir pour le reste de mes jours. Je pense qu'il faut être malavisé pour envisager sous quelque forme que ce soit de déshonorer la mémoire de ces hommes qui se sont battus pour protéger notre démocratie contre la tyrannie, au nom de nous tous et des générations futures.
Si je termine mon discours en vous parlant de démocratie, c'est pour vous dire que notre séjour nous a aussi permis de nous rendre à l'Abbaye d'Ardenne. Pour ceux qui ne le savent pas, le 7 juin 1944, 20 prisonniers de guerre canadiens, dont certains provenaient du régiment North Nova Scotia Highlanders — pour qui j'ai été nommé colonel honoraire —, ont été massacrés, soit au moyen d'une balle dans la tête, soit en étant battus à mort. Pourquoi vous fais-je part de ces détails sordides? C'est pour ne pas oublier ces braves hommes qui ont donné leur vie pour protéger notre démocratie contre la tyrannie.
Ce sont ces hommes que nous avons la tâche de représenter ici, à la Chambre des communes, au sein de notre grand régime démocratique. Bien sûr, nous savons tous que les pertes de vie n'ont pas cessé le 7 juin 1944. Nous sommes tous bien conscients que des soldats ont revêtu l'uniforme pour défendre notre pays, notre mode de vie et notre démocratie avant les gens dont j'ai parlé et depuis ce temps. Nous souhaitons continuer d'honorer ces âmes et de pleurer leur disparition. N'oublions jamais.
Voilà qui conclut mon examen, à l'attention des députés, de la grosse somme d'argent que le gouvernement actuel nous demande de dépenser sans aucunement en débattre. J'en profite pour dire que j'espère qu'il y en a parmi eux qui comprennent que le débat est notre devoir sacré. En effet, en tant qu'élus, il nous incombe non seulement de défendre le processus démocratique, mais aussi d'honorer les énormes sacrifices de ceux qui ont porté l'uniforme militaire et qui nous ont donné l'occasion de jouir de la démocratie que nous incarnons aujourd'hui.
Je souhaite maintenant porter mon attention sur la notion de leadership. On constate malheureusement un manque de leadership de la part du gouvernement libéral. La voix qui devrait rallier tous les Canadiens brille par son absence. Comme le montre clairement le nombre considérable de courriels que mon bureau reçoit au quotidien et que reçoivent aussi, j'en suis conscient, tous les parlementaires du pays, les Canadiens ne sont pas satisfaits du leadership, ou en fait du manque de leadership, dont fait preuve le gouvernement libéral.
Quand les Canadiens transmettent des préoccupations d'une telle gravité à leurs députés, il devient encore plus crucial de comprendre toute l'importance du processus démocratique et la nécessité de débattre des politiques et des projets de loi présentés par le gouvernement. Les Canadiens sont mécontents de la situation actuelle. Je crois donc que les parlementaires manqueraient à leur devoir s'ils ne profitaient pas de cette occasion pour faire entendre les préoccupations de leurs concitoyens et débattre des idées du gouvernement.
Comme je l'ai peut-être mentionné pendant les débats tenus cette semaine, des Canadiens font l'objet d'un dénigrement, d'une stigmatisation et d'un clivage considérables. On ne sait pas, pour le moment, ce qui motive ce manque de leadership et cet effort de division des Canadiens. Dans ce contexte, il m'apparaît pertinent de revenir, une fois de plus, sur les 13 règles de leadership proposées par le général Colin Powell, ancien secrétaire d'État:
1. Les choses ne vont pas aussi mal que vous le croyez! Vous serez plus optimiste demain matin.
2. Fâchez-vous, puis revenez-en.
3. Évitez de tirer trop de fierté des fonctions que vous occupez; de cette façon, même si vous perdez votre poste, votre amour-propre sera sauf.
5. Prenez garde aux choix que vous faites. Vous pourriez obtenir ce que vous voulez.
6. Ne laissez pas des circonstances défavorables vous empêcher de prendre la bonne décision.
7. Vous ne pouvez pas prendre les décisions de quelqu'un d'autre. Vous ne devriez pas laisser quelqu'un d'autre décider à votre place.
8. Vérifiez les petits détails.
10. Restez calme. Soyez bienveillant.
11. Ayez une vision. Soyez exigeant.
12. Ne vous laissez pas guider par la crainte ni par le défaitisme.
Et la dernière:
L'optimisme perpétuel décuple les forces.
Certaines de ces règles sont ouvertes au débat et ne s'appliquent pas à toutes les discussions, à tous les sujets ni à toutes les fonctions, mais j'estime néanmoins que plusieurs d'entre elles s'appliquent à la situation actuelle. Je pense par exemple à celle qui nous rappelle que tout est possible ou qui nous conseille de rester calme. Celle sur la bienveillance est particulièrement importante, tout comme celle qui dit que l'optimisme perpétuel décuple les forces.
Ces règles devraient nous amener à nous poser d'autres questions: quel type de leader sommes-nous? Quel type de leader souhaitons-nous suivre? Quel type de leader convient le mieux aux Canadiens? Sur quel type de leader un pays qui traverse une crise — ou une pandémie d'une ampleur jamais vue — devrait-il pouvoir compter? Que devrait faire un bon leader pour protéger les citoyens de son pays? Y a-t-il des circonstances où les contraintes, les confinements et les restrictions sont justifiés? Ces mesures devraient-elles être limitées dans le temps? Un bon leader devrait-il proposer un plan raisonnable à ses citoyens afin de leur redonner espoir? Voilà qui serait inédit, en tout cas.
Lorsqu'une nation n'a pas confiance en son chef, comme permettent de le constater l'avalanche de courriels, de commentaires politiques, de messages dans les médias sociaux et le tollé généralisé actuel au Canada, alors, évidemment, les députés, qui sont élus pour représenter les Canadiens, doivent débattre d'enjeux importants. Le gouvernement souhaiterait que nous nous entendions tous sur ces enjeux et que nous adhérions à son idéologie.
Si nous avions un chef qui cherchait à unir les Canadiens plutôt que de les diviser, et qui jouissait de l'appui général des Canadiens, on pourrait alors peut-être accepter d'envisager la possibilité de renoncer à tenir de grands débats. Comme nous le savons tous, les Canadiens se sentent misérables en ce moment. C'est un fait connu, qui provient, bien entendu, de l'indice de la misère. Je ne crois pas une seconde que la pandémie de COVID‑19 explique à elle seule ce résultat.
Bien sûr, ce résultat est lié à une multitude de problèmes qui affligent le pays: le taux d'inflation le plus élevé depuis 30 ans; la perte de 200 000 emplois ce dernier mois seulement; la perte d'espoir pour l'avenir; un bien-être physique et mental incertain. J'attribue carrément la responsabilité de toutes ces difficultés au chef du Parti libéral.
Un grand dirigeant doit donner aux gens le goût de le suivre. Il ne doit pas forcer, intimider, ridiculiser, injurier ou apeurer les gens pour qu’ils le suivent. Il doit unifier les gens et se rendre à l’évidence que ce qui nous rassemble dans ce grand pays qu’est le Canada l’emporte sur ce qui pourrait nous diviser.
Mike Myatt, dans le magazine Forbes, a écrit une description du leadership en 2012. Je cite:
Je dirais que les exemples de leadership qu’on nous présente aujourd’hui sont en fait une pâle imitation du vrai leadership; ces gens jouent un rôle de meneur, mais ne mènent clairement pas.
L’article poursuit:
Le leadership, ce n’est pas maximiser son T4 et cela n'a rien à voir avec la gloire personnelle ou l’attention médiatique. Simplement, le vrai leadership n’a rien à voir avec la personne.
Le leadership, c’est plus qu’un titre; c’est un privilège et donc aussi le poids d’une très grande responsabilité. Rien n’est plus dangereux qu’un leader qui perd de vue sa raison d’être, c’est-à-dire de servir une cause plus grande que lui-même.
Je vais continuer de citer cet article parce que je crois qu’il est important d’apprendre ce qu’est le leadership, soit:
Le courage, le caractère, l’humilité, la vision, la sagesse, l’intégrité, l’empathie, la persistance, la compassion, le dynamisme, le discernement, le dévouement, la confiance, le goût de l’action, la capacité à résoudre [un] conflit, le désir de servir, la détermination, la créativité, l’autodiscipline, l’amour, la loyauté, une bonne capacité décisionnelle, la participation, l’authenticité, la transparence, de grandes capacités de stratège, la passion, l’attitude positive, l’intelligence, de bonnes facultés à communiquer, le jugement, la générosité, la capacité de reconnaître un talent et de l’aider à se développer, la certitude dans l’exécution, la minutie, la foi, la pratique de l'écoute active, la facilité d’apprendre, le respect d’autrui, l’innovation, d'excellentes aptitudes pour la tactique, le charisme, la concentration extrême, une haute tolérance pour les risques, un vaste éventail de compétences, et cetera.
Je vais m’arrêter là, car cette citation donne matière à réfléchir.
Je sais que la liste était très longue. Cependant, je pense que quelques-uns des meilleurs ouvrages qui ont été écrits font état de ces qualités de leader. Dans cette liste, nous n'avons pas entendu une seule fois les mots « division », « stigmatisation », « moquerie », « injures » ou « vilipender ». Cela ne fait pas partie de la liste des qualités d'un grand leader. Il est important que tous nos collègues parlementaires et les Canadiens en général réfléchissent à ces mots, car je crois que le Canada vit actuellement une crise de leadership, et il est donc d'autant plus important que nous débattions de ces choses qui sont maintenant remises en question.
Je suis conscient que nombre de mes collègues aimeraient simplement que nous passions à la question des tests de dépistage rapide et de leur déploiement dans les provinces pour que tous les Canadiens puissent les utiliser. Il est certain que, de ce côté-ci de la Chambre, les conservateurs réclament le déploiement de tests de dépistage rapide depuis environ 18 mois, soit près de deux ans. C'est pour cela que, près de deux ans après le début de la pandémie, le gouvernement demande maintenant à dépenser 2,5 milliards de dollars pour des tests de dépistage rapide. On pourrait dire que le moment est mal choisi et que c'est trop peu, trop tard. C'est devenu une habitude pour le gouvernement libéral.
J'en ai discuté avec quelqu'un. Nous avons parlé du fait que, alors que nous commençons à apprendre à vivre avec la COVID‑19, alors que la pandémie devient une endémie, nous allons peut-être tout simplement développer le réflexe de rester à la maison lorsque nous manifestons des symptômes. Quelle serait alors l'utilité des tests rapides? C'est peut-être une question théorique.
Cette mesure nous permettrait-elle de mieux nous protéger? À quel point les tests rapides sont-ils sensibles et précis? D'où viennent-ils? Sont-ils fabriqués au pays? Ne devraient-ils pas l'être? Sont-ils utiles dans la période précédant l'apparition des symptômes? En ces temps où les connaissances scientifiques évoluent rapidement et où les propos que j'ai mentionnés suscitent une vive controverse, il est difficile, voire impossible, de répondre à ces questions, et les réponses qui sont données sont discutables. Cependant, si les tests rapides permettent aux Canadiens d'être mieux outillés pour savoir s'ils ont possiblement contracté la COVID‑19 et si nous tenons compte du faux sentiment de sécurité en cas de résultat faussement négatif, je crois que l'achat de ces tests pourrait avoir une certaine utilité dans le contexte actuel.
En outre, étant donné que de nombreux Canadiens sont excédés et exténués, il y a malheureusement un risque non négligeable qu'une grande partie de ces tests demeurent sur les tablettes jusqu'à ce qu'ils deviennent périmés. En plus de risquer de donner de faux espoirs aux Canadiens qui ont contracté la maladie, mais qui obtiennent un résultat faussement négatif, l'expiration de ces tests inutilisés sur les tablettes pourrait représenter la pire tragédie, après avoir dépensé les 2,5 milliards de dollars que le gouvernement libéral demande maintenant.
Pour que de bonnes décisions soient prises, il faut que les bonnes données soient fournies en temps opportun à ceux qui sont en mesure de prendre ces décisions. Encore une fois, je dirais aux députés que je crains fort que le gouvernement ne maintienne sa devise à l'égard de la prise de décision: « trop peu, trop tard et pas au bon moment ».
Je suggérerais aussi que le gouvernement élabore un plan pour renseigner la population canadienne sur ces tests. Beaucoup de personnes ont déjà subi un test PCR, et il existe un risque élevé de prélever un échantillon inapproprié pour un test antigénique rapide. D'ailleurs, la documentation médicale actuelle indique qu'il pourrait être préférable de prélever un échantillon dans la gorge suivi d'un autre dans le nez pour augmenter l'exactitude du résultat. Pourvu que ce ne soit pas l'inverse.
Bien sûr, de nombreux Canadiens ont vu des reportages, et le fabricant même devrait intervenir à ce sujet. La stratégie la plus appropriée serait d'élaborer un plan national de sensibilisation sur les médias sociaux et à la télévision, avec des bandes vidéo pour bien informer les Canadiens afin qu'ils puissent prélever un échantillon qui donnera le meilleur résultat possible. Cela prendrait du temps et nécessiterait beaucoup plus de ressources financières, que l'on devrait ajouter aux 2,5 milliards de dollars déjà demandés seulement pour fournir les tests.
De plus, il faut comprendre que le secrétaire parlementaire a parlé de distribuer les tests gratuitement dans les pharmacies, ce qui n'est pas déraisonnable. Nous, le gouvernement fédéral, finançons les tests, mais devrait-on s'attendre à ce que les pharmaciens montrent aux gens comment les utiliser? Ce serait inacceptable, donc, il serait important que les médias nous aident à le faire.
Nous nous sommes penchés sur les questions budgétaires, sur la somme d'argent imposante, les 2,5 milliards, qui représentent 17 tonnes de pièces de 1 $. Nous avons examiné la question de la démocratie et la vaste responsabilité et l'histoire associées à l'institution démocratique à l'égard de laquelle nous avons tous une responsabilité. En outre, nous y avons été élus pour soutenir les idéaux de nos concitoyens. Nous avons discuté du manque criant de leadership du gouvernement libéral, qui en soi rend nécessaire la tenue d'un débat sur toutes les mesures législatives que présente le gouvernement.
Nous avons également parlé des tests et du risque qu'ils soient mal utilisés ou qu'ils donnent des résultats inexacts. Ils pourraient aussi ne pas être utilisés du tout, vu la situation pandémique actuelle au Canada.
Je m'en voudrais de passer sous silence la désertion d'au moins trois membres du caucus du Parti libéral. À mes yeux, cela semble indiquer que même dans les officines libérales, sans parler des députés de l'opposition, il y a une certaine dissension quant à l'orientation que devrait prendre le gouvernement. Cette information a été relayée par plusieurs médias et, bien entendu, par les députés en question. Cela ne s'arrêtera peut-être pas là. Si ces désertions se poursuivent et que la dissension se propage, comment les autres partis pourront-ils appuyer un projet de loi sans qu'il y ait de débat?