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Madame la Présidente, je vous informe que je partagerai mon temps de parole avec la lumineuse, fantastique et magnifique députée de .
Je suis bien heureuse de pouvoir discuter et débattre avec mes collègues de la motion concernant le projet de loi , parce que la cause des aînés est une cause à laquelle je me consacre depuis l’âge de 23 ans. J’ai passé ma carrière au service des aînés, que ce soit en soutien à domicile dans les CLSC ou en CHSLD comme travailleuse sociale et gestionnaire du réseau de la santé. C’est donc vraiment pour moi un honneur de pouvoir mettre mon grain de sel dans le débat qui nous anime aujourd’hui.
D’entrée de jeu, je tiens à dire qu’au Bloc québécois, nous sommes en accord avec le projet de loi C‑12. Il n’y a pas de doute. Nous savons que ce projet de loi est très important et qu’il est urgent.
Nous sommes cependant en désaccord avec la motion d’aujourd’hui, qui veut brusquer et bousculer le processus législatif. Il faut quand même savoir que ce projet de loi comporte un seul article. Il modifie la Loi sur la sécurité de la vieillesse pour empêcher que la situation déplorable selon laquelle 183 000 aînés vulnérables se sont fait amputer leur supplément de revenu garanti ne se reproduise à compter du 1er juillet 2022. C’est ce que fait le projet de loi .
Tous les partis de l’opposition ont proposé au gouvernement des travaux législatifs pour cette semaine, parce qu'on aurait pu y arriver sans utiliser le bâillon, lequel devrait être utilisé seulement dans des situations d’urgence exceptionnelles. Nous aurions pu terminer nos travaux de manière correcte en respectant le processus législatif puisque ce n’est pas un projet de loi qui rencontre beaucoup d’opposition. Au contraire, on est assez unanime à son sujet au sein de la Chambre.
Le projet de loi est important, mais, disons-le, il ne change en rien la situation des aînés qui, depuis huit mois, voient leur supplément de revenu garanti amputé tous les mois. Cela ne change rien du tout. Quand nous avons vu le projet de loi, nous nous sommes demandé pourquoi ils ont mis la date du 1er juillet 2022. Pourquoi ne pas l'avoir mise au mois de mars? Ainsi, ceux qui voient actuellement leur supplément amputé n'auraient pas eu de coupe dans leurs prestations.
Or on sait maintenant, à la suite de l’annonce de la ministre, qu’il va y avoir un paiement unique. Ce paiement devait initialement être effectué au mois de mai, mais, après les questions qu’on a posées à la ministre et après les pressions qu’elle a subies, elle a réussi à convaincre ses fonctionnaires de devancer le paiement unique au 19 avril.
À mes yeux, cela demeure inacceptable. C’est deux semaines plus tôt, c’est mieux que rien, me dira-t-on, mais c’est inacceptable que, par des limites informatiques, on ne soit pas capable avant le 19 avril de redonner l’argent qu’on a pris à des aînés vulnérables. Il me semble qu’on aurait pu viser le mois de mars ou même le début du mois d’avril.
Cette semaine, la ministre est venue au Comité permanent des ressources humaines, du développement des compétences, du développement social et de la condition des personnes handicapées, où elle a répondu à une question de mes collègues du troisième parti de l'opposition. Elle a dit que ce serait le 19 avril et elle en est fière. Sincèrement, je ne serais pas si fière que cela à sa place, parce que c’est honteux. Rendu au 19 avril, cela fera quand même presque 10 mois que les gens voient leurs prestations de supplément de revenu garanti amputées mois après mois.
Aujourd’hui, dans un article du Journal de Montréal, deux aînés à qui on a amputé les prestations expliquent leur situation à la population. On parle de M. Bob Petit, qui a 82 ans et à qui on a réduit les prestations de Supplément de revenu garanti de 350 $ par mois. On parle aussi de M. Jacques Rhéault, un retraité de Louiseville qui a travaillé fort toute sa vie dans une usine de Contrecœur. Il a aussi perdu son supplément de revenu garanti.
Ces deux personnes sont les plus chanceuses du monde, parce qu’elles sont aidées et soutenues par un député fort actif qui défend leur cause depuis le début. Il faut se rappeler que les gens voient leurs prestations amputées depuis juillet 2021. C'est le député de Berthier—Maskinongé qui est leur député et qui les accompagne et les soutient dans toutes leurs démarches bureaucratiques avec l'appareil.
Cependant, il a beau être un bon député, il reste qu'on a appris que, même si la semble avoir un bon cœur et être à l'écoute des aînés, elle ne peut pas faire plus que ce qu'elle a fait parce qu'il y a des limites techniques et technologiques dans ses outils qui lui permettent d'émettre un beau chèque à chaque aîné qui a injustement subi des réductions. Cela fait quand même un bout de temps.
Je ne peux pas m'empêcher de faire des liens avec les problèmes que d'autres ont. Prenons les travailleurs malades. Ils ont droit à juste 15 semaines de prestations d'assurance-emploi en cas de maladie. Au Bloc, nous visons 50 semaines. La ministre a dit que c'était trop, que le gouvernement envisageait une période de 26 semaines, mais que des problèmes informatiques l'empêchaient d'agir rapidement rapidement.
Au ministère de la Citoyenneté et de l'Immigration, on nous dit qu'on voudrait accélérer le traitement des demandes de visas de travail et les dossiers de résidence permanente, mais qu'il y a des limites informatiques. Je suis en train de me demander si les ministères névralgiques gouvernement, qui sont au service des gens, sont paralysés par l'informatique.
Cela me fait penser qu'il y a eu beaucoup de négligence dans l'entretien des infrastructures. Il en résulte qu'aujourd'hui des gens vulnérables peinent à payer leur loyer et leurs médicaments et vivent une anxiété et un stress de manière mensuelle. On parle d'aînés qui sont vulnérables et qui sont touchés aujourd'hui par le projet de loi .
Je ne sais pas si on est capable de se faire une image très précise de ces personnes. On parle d'aînés qui, souvent, ont travaillé toute leur vie. Ces gens, qui n'étaient peut-être pas syndiqués et qui ne gagnaient peut-être pas un gros salaire, se retrouvent maintenant à la retraite, fatigués, à 65 ans. Fatigués et sans gros revenus, ils ont donc droit au Supplément du revenu garanti. Depuis juillet 2021, donc depuis huit mois, ces gens se privent de montants mensuels parce qu'on a calculé le montant de la PCU comme un revenu. C'est ce que le projet de loi C‑12 veut corriger pour éviter que d'autres aînés soient pénalisés l'année prochaine.
Bien sincèrement, je suis offusquée et choquée de voir les limites de l'organisation gouvernementale pour venir en aide à ces personnes âgées. La ministre, quand on la questionne, dit que le gouvernement a donné tant de millions pour ceci et tant de millions pour cela. Or, ce dont les aînés ont besoin, c'est d'un revenu mensuel décent pour être capable de payer leurs comptes, d'honorer leurs responsabilités et de vivre dignement.
Actuellement, des aînés appellent à mon bureau et disent se sentir, qu'on permette l'expression, comme des quêteux. C'est vraiment une atteinte profonde à leur dignité, parce que ce sont des gens ont travaillé, qui ont gagné honnêtement leur vie, et depuis juillet 2021 ils se sentent complètement oubliés et abandonnés.
On comprendra mon émotivité aujourd'hui à parler de cela. En effet, je vis dans une circonscription où la population est constituée à 25 % de gens âgés de 65 ans et plus. Alors, aujourd'hui, je pense que c'est clair que la députée de Salaberry—Suroît est une alliée sans condition des aînés de sa circonscription, que le Bloc québécois est un allié des aînés et qu'il va faire tout ce qu'il peut pour encore convaincre la ministre de devancer le paiement unique plus tôt que le 19 avril.
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Madame la Présidente, je félicite ma collègue de Salaberry—Suroît pour son excellent discours. Son témoignage était bien senti et très rigoureux. Je ne sais pas si je serai aussi lumineuse, mais j'essaierai d'exposer clairement les motivations qui gouvernent le Bloc québécois à l'égard des aînés. Nous voulons prendre soin d'eux, nous occuper d'eux et être à l'écoute de leur situation.
Pour les nombreuses personnes qui nous écoutent sur ParlVu, j'aimerais rappeler que nous parlons du projet de loi , qui vise à exclure les prestations d'urgence du revenu d’une personne aux fins du calcul du montant du Supplément de revenu garanti et des allocations à payer à l'égard de tout mois postérieur à juin 2022.
Je pense que le projet de loi est simple: il tente de corriger une situation postérieure à juin 2022. Or, c'est un an trop tard. Faut-il rappeler que c'est dès mai 2021 que le drame est survenu et que le problème a été soulevé? Des aînés ont perdu en partie ou totalement leur Supplément de revenu garanti parce qu'ils ont reçu de plein droit des prestations d'urgence liées à la COVID‑19.
Personne au sein de ce gouvernement ne les avait prévenus de cette conséquence. Pire encore, personne au sein de ce gouvernement n'avait même évalué et prévu cette conséquence: il faut le faire! La Sécurité de la vieillesse est pourtant un programme qui relève exclusivement de la compétence du gouvernement fédéral.
C'est un drame que le gouvernement ait fait preuve d'un tel laxisme en n'anticipant pas l'effet de ces mesures dans un programme qu'il est censé contrôler. Cela a surtout été un vrai drame pour les aînés qui, depuis un an, se voient privés d'une part importante de leur revenu de retraite. Je pourrais mentionner les noms de plusieurs femmes et hommes de ma circonscription qui, depuis des mois, se font amputer 300 $, 400 $ ou 500 $ de leur revenu mensuel.
Ce n'est pas rien quand on sait que les aînés qui reçoivent le Supplément de revenu garanti sont ceux qui ont les plus faibles revenus. Au total, les prestations de la pension de la Sécurité de la vieillesse et du Supplément de revenu garanti représentent près de 18 000 $ par année. On peut imaginer ce que cela fait par mois et que le fait d'amputer ne serait-ce que 100 $ de ce revenu mensuel est totalement inacceptable.
Lundi, au Comité permanent des ressources humaines, du développement des compétences, du développement social et de la condition des personnes handicapées, nous avons eu le plaisir d'accueillir la . Elle est venue nous faire part de sa lettre de mandat et nous dire sa sensibilité pour les aînés. On la croit. Elle nous a mentionné qu'elle était infirmière et elle s'est attardée à la situation des aînés dans nos réseaux de soins de santé et de services sociaux, en illustrant la vulnérabilité des aînés. J'en suis.
Elle a mis en lumière toutes sortes de conséquences, mais elle a surtout insisté sur les mesures à mettre en place par ce gouvernement pour soulager les aînés dans leur vulnérabilité, c'est‑à‑dire mettre en place des normes nationales dans les CHSLD, dans le maintien à domicile, et j'en passe. Le gouvernement met énormément d'énergie à vouloir venir empiéter carrément dans le champ de compétence des provinces et si peu d'énergie à vouloir corriger une situation qui est connue, expérimentée, porteuse d'une grande connaissance sur la vulnérabilité économique et l'appauvrissement de nos aînés.
Je dirais à la que je suis aussi infirmière de profession, que j'ai été une représentante syndicale des infirmières dans la province du Québec pendant de longues années et leader d'une grande centrale syndicale dans les services publics. Par mon expérience professionnelle et syndicale, j'ai été à même, sur le territoire du Québec, de revendiquer de meilleures conditions d'exercice pour le personnel et de revendiquer des réformes qui viendraient effectivement renforcer nos systèmes de soins pour nos aînés et l'ensemble de la population.
Nous sommes allés au front sur ces questions‑là pour faire progresser et rendre meilleure la qualité des soins et des services, mais, jamais dans mon parcours, l'idée nous serait venue, sur ces questions, d'aller cogner à la porte d'Ottawa pour nous sauver, parce que ce n'est pas de ses affaires. Cela ne relève pas de ses compétences. Le seul combat qu'on a mené conjointement avec la société civile et les gouvernements de notre province, c'est de réclamer que le gouvernement contribue justement par des transferts canadiens en santé à la hauteur des besoins des services de santé et des services sociaux, au Québec et dans les provinces. Telle a été notre lutte. J'ai été au front longtemps sur ces questions qui concernent le gouvernement fédéral. Quant à nos conditions d'exercice, à la condition de vie des aînés et à la condition des soins, cela fait partie de nos compétences.
J'aurais une proposition pour le gouvernement, à savoir celle de laisser tomber ces mandats‑là, de se consacrer à ce sur quoi il doit se consacrer, et transférer aux provinces les transferts en santé à hauteur de 35 %. On aurait pu revendiquer 50 %, comme cela devait être convenu dans les années 1950, mais non. C'est 35 % parce que, depuis, on est affamé. Le gouvernement affame les systèmes de santé et les rend vulnérables. Après cela, le gouvernement s'arroge le droit de venir pouvoir dépenser. Par contre, quand il s'agit de compétences exclusives du gouvernement fédéral, comme la pension de la Sécurité de la vieillesse, qui est un des plus importants programmes de filet social pour nos retraités et nos aînés, c'est moins urgent.
Il a fallu faire des pressions durant la pandémie de la COVID‑19 pour que les aînés soient reconnus, et cela leur a valu un maigre chèque de 500 $. D'ailleurs, en lien avec cette situation, le gouvernement a reçu plus de bêtises que de reconnaissance.
Ensuite, le Bloc québécois a dû se battre, mettre de la pression, écrire des lettres, et venir à la Chambre pour sonner l'alarme, il y a un an, sur la situation totalement injuste des aînés qui ont vu leur supplément de revenu garanti réduit parce qu'ils ont reçu des prestations d'urgence. Or, le gouvernement avait d'autres choses à faire. S'occuper de ses propres affaires, cela ne doit pas faire partie de ses compétences.
Nous nous retrouvons maintenant, quasi un an plus tard, avec un projet de loi que nous allons adopter, mais qui ne va que corriger la situation pour l'avenir afin que cela ne se reproduise plus. Un tien vaut mieux que deux...
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Madame la Présidente, c’est fantastique aujourd’hui de prendre la parole à la Chambre en ce Jour du drapeau. Je veux souligner l’importance et la signification que revêt le jour où nous célébrons le drapeau canadien, un drapeau que nous avons vu sur divers sacs à dos partout dans le monde. C’est un symbole que les gens affichent fièrement pour montrer l’endroit d’où ils viennent. Contrairement aux citoyens d’autres pays, nous sommes extrêmement fiers de montrer notre drapeau lorsque nous voyageons dans d’autres parties du monde.
Je m’en voudrais de ne pas mentionner que c’était le député John Matheson, qui représentait la circonscription située tout juste à l’est de Kingston et appelée Leeds à cette époque, qui a joué un rôle déterminant dans l’élaboration de notre drapeau. J’encourage tous ceux qui nous écoutent à se documenter un peu sur l’histoire du drapeau et à se renseigner sur le comité qu’il a dirigé et certains modèles de drapeau qui ont été proposés. Au bout du compte, les gens ont opté pour celui que nous chérissons aujourd’hui. Je souhaite à chacun un joyeux Jour du drapeau. C’est certainement un honneur de provenir du coin de pays qui était à l’époque représenté par un député qui est, en grande partie, à l’origine de la fierté immense que nous ressentons aujourd’hui pour notre drapeau et que nous manifestons avec celui-ci.
C’est un honneur de prendre la parole au sujet d’une question aussi importante. Actuellement, nous débattons de la motion sur l'organisation des travaux entourant ce projet de loi, qui concerne la Loi sur la sécurité de la vieillesse, et de la façon dont nous modifierons cette loi afin de bien corriger la situation des gens dont les prestations ont été récupérées.
Certaines prises de position que j’ai vues à la Chambre aujourd’hui me préoccupent. Certains députés conservateurs et certains députés du Bloc ont déclaré qu’ils appuient le projet de moi, mais pas la motion. Je veux remercier mes collègues du NPD, qui reconnaissent l’importance de ce que nous faisons. Nous savions que les conservateurs s’y opposeraient, c’était évident, mais que le Bloc s’y oppose, très franchement, c’est de l'opportunisme pur et simple. Les députés de ce parti savent qu’ils ont le luxe de voter contre la motion parce que le NPD sera là pour accorder le soutien qu’ils refusent de fournir eux-mêmes. Voilà la situation.
Nous avons vu cela avec une autre motion tout aussi importante hier, lorsque le NPD a dû faire le travail à la place du Bloc, et c'est la même chose aujourd'hui. Je veux simplement remercier mes collègues du NPD de nous aider à faire adopter cette importante motion, et nous savons qu’en définitive tous les députés voteront en faveur du projet de loi en raison de l’importance qu’ils attachent à cette question.
Honnêtement, la motion a simplement pour but d'accélérer l'étude de ce projet de loi afin qu'il puisse être adopté rapidement. Parfois, je conviens que certaines mesures législatives doivent faire l'objet d'une étude rigoureuse en comité. Je sais que les députés conservateurs qui se sont exprimés aujourd'hui ont demandé à ce que le projet de loi soit examiné plus en détail.
Pourtant, ce sont les mêmes députés qui s'insurgent de temps en temps contre la lenteur à adopter un projet de loi, sous prétexte qu'il aurait dû l'être hier. Voilà qu'ils ont devant eux une motion de programmation qui vise justement à accélérer l'adoption d'un projet de loi, mais ils veulent freiner le processus. Ils veulent attendre, examiner le projet de loi, l'envoyer à un comité et suivre toutes les étapes prévues par la procédure entre le comité et la Chambre, alors qu'il s'agit d'un projet de loi très simple.
Le libellé du projet de loi se lit comme suit:
pour le calcul des prestations à payer à l’égard de tout mois postérieur à juin 2022, sont déduits du revenu de la personne pour l’année les montants de toute prestation versée au titre [...]
On peut ensuite lire les quatre alinéas. Voilà tout ce que dit le projet de loi. Je ne vois pas ce qui pourrait ressortir de l'étude en comité qui révélerait comment un amendement améliorerait le projet de loi.
C'est une question que tous les députés connaissent. Je suis heureux de parler de ce qui nous a conduits à la situation actuelle, et j'y viendrai dans un instant, mais c'est une question que tous les députés connaissent très bien. Ils comprennent la teneur du projet de loi et ils savent exactement ce qu'il accomplirait. Je trouve incroyable qu'on nous demande de nous soumettre au processus démocratique adéquat et exhaustif du système parlementaire pour un projet de loi aussi direct dans sa façon d'aborder une question très précise.
Cependant, le Bloc québécois peut se permettre de voter contre la motion et défendre ainsi ses principes, mais seulement parce que le Nouveau Parti démocratique crée encore une fois une situation qui le lui permet. Je tiens encore une fois à remercier les députés néo-démocrates d'avoir mis de côté la partisanerie pour que nous puissions adopter le projet de loi le plus rapidement possible.
Je tiens à prendre quelques minutes pour féliciter la nouvelle de s'être attaquée à ce dossier. Elle n’était pas ministre avant la présente session parlementaire. Elle est députée de Brampton-Ouest. Lorsqu’elle a été nommée, elle s’est attaquée sans attendre à ce dossier, de concert avec son secrétaire parlementaire, le député de .
Comme elle l’a mentionné elle-même plus tôt aujourd’hui, elle s’est assurée de consulter les divers partis. Elle s’est assurée de comparaître devant le comité et de répondre aux questions des députés qui y siègent. Elle s’est assurée de communiquer avec divers groupes d’aînés et groupes qui représentent les intérêts des aînés, et de faire ce qu’il faut, conformément à ce qui est indiqué dans la lettre de mandat du et aux demandes très raisonnables des aînés de tout le pays.
Je veux remercier la pour le travail qu’elle a réalisé afin de nous amener à ce point, afin que nous soyons certains qu’on corrige la situation des aînés qui ont subi une perte de revenu en raison de la Prestation canadienne d'urgence et d’autres programmes cités dans le projet de loi. Sa lettre de mandat précise, et je cite, qu’elle doit « veiller à ce que la Prestation canadienne d’urgence et la Prestation canadienne de la relance économique n’aient pas d’incidence négative sur l’admissibilité des aînés au Supplément de revenu garanti ». C’est exactement le résultat que le projet de loi permettrait d’obtenir.
Le projet de loi se fonde sur l’engagement que nous avons pris à l’égard de la Sécurité de la vieillesse, d’augmenter le Supplément de revenu garanti de 500 $ pour les aînés qui vivent seuls et de 750 $ pour les couples, à partir de 65 ans. Le projet de loi ferait également en sorte que les diminutions du Supplément de revenu garanti dues aux mesures de soutien collectif liées à la COVID ne se reproduisent pas aux exercices suivants. Comme je l’ai dit, tous les partis soulèvent cette question depuis un certain temps, c’est pourquoi il est très étrange de voir que les députés d'en face conservateurs et bloquistes veulent ralentir le processus parlementaire avec cette motion, au lieu de se contenter de l’adopter pour que nous puissions finalement voter sur le projet de loi.
J’aimerais revenir sur la création de ces programmes particuliers et sur ce qui est à l’origine de la situation dans laquelle nous nous trouvons. J’ai été absolument fasciné et plutôt perplexe en écoutant le député d’ ce matin, lorsqu’il a pointé du doigt le gouvernement, comme si le gouvernement était l’unique responsable du problème qui a été créé. J’aimerais rappeler à tous les députés que ces programmes ont été adoptés avec le consentement unanime de la Chambre.
Pour ceux qui nous regardent, il y a consentement unanime lorsque tous les députés acceptent que l’on contourne un certain nombre de règles parlementaires pour mettre en place immédiatement des programmes. C’est ainsi que le consentement unanime a été utilisé en mars 2020 et à quelques reprises par la suite. Le consentement unanime signifie essentiellement que tout le monde est d’accord.
Si une seule personne s'oppose au consentement unanime, le processus s'arrête et les diverses mesures législatives concernées doivent alors être étudiées dans le cadre du processus parlementaire normal. Toutefois, à ce moment-là, la Chambre avait accepté le consentement unanime parce qu'elle reconnaissait que les Canadiens étaient confrontés à d'immenses difficultés.
Qui plus est, le ministre de l'époque, en l'occurrence M. Morneau, n'a pas ménagé les efforts lorsque le gouvernement a entendu les critiques de l'opposition au sujet des différentes mesures de soutien qui ont — je le souligne — été améliorées. Je me rappelle notamment que la proposition initiale du gouvernement sur la subvention salariale était, en toute franchise, loin de répondre aux besoins. Les conservateurs avaient souligné à juste titre que cette mesure laissait à désirer et qu'il fallait faire mieux. Par conséquent, grâce à la collaboration de la Chambre avec le ministre — à l'abri des regards et à l'extérieur de la Chambre —, le gouvernement a pu remédier aux lacunes de cette mesure et a finalement présenté un programme de subvention salariale nettement amélioré.
Le député d' peut prétendre que le gouvernement a complètement bâclé cette mesure législative, mais il n'en demeure pas moins que lui et les conservateurs ont eu l'occasion d'améliorer les programmes à l'époque. Ils ont réussi dans certains cas et n'ont pas relevé certains problèmes dans d'autres. Toutefois, il ne faut pas oublier la situation dans laquelle nous étions au début de la pandémie. À ce moment-là, il était absolument essentiel de fournir de l'aide aux Canadiens le plus rapidement possible pour soutenir ceux qui en avaient besoin et ceux qui étaient touchés.
Il ne faut pas oublier que, au début de la pandémie, personne n'avait la moindre idée de ce qui se passait. On fermait des entreprises partout au Canada. Les provinces mettaient en place des mesures de confinement. Nous n'avions pas le luxe de connaître les répercussions d'un confinement, comme c'est maintenant le cas. Si un confinement était mis en place aujourd'hui, nous saurions à quoi nous attendre. En mars 2020, nous n'avions aucune idée de ce que cela signifiait ni des répercussions à court, moyen et long terme d'un confinement. Nous avons ce luxe maintenant, car tout est toujours plus clair après coup, mais ce n'était pas le cas à l'époque. Nous ne comprenions pas ce qui se passait.
Le gouvernement, avec l'appui incroyable de la fonction publique, soit dit en passant, a travaillé jour et nuit pour élaborer ces programmes dans le but d'aider le plus de gens possible, le plus rapidement possible. Nous ne visions pas la perfection à ce moment-là. À mon avis, ce n'était pas une priorité à l'époque. La priorité était de fournir du soutien aux personnes qui en avaient le plus besoin. C'est ce qui est arrivé. C'est ce qu'a fait le gouvernement, et ce, je le répète, grâce à l'appui incroyable de la fonction publique.
Je l'ai dit à maintes reprises à la Chambre et je vais le répéter: 5,4 millions de Canadiens ont reçu de l'argent du gouvernement cinq semaines après que l'Organisation mondiale de la santé eut déclaré une pandémie mondiale. Comparons cela à ce qui s'est passé aux États‑Unis ou dans d'autres pays du monde. Le Canada était considéré comme le modèle à suivre parce qu'il a pris soin des Canadiens au moment où ils en avaient le plus besoin. Voilà ce que la fonction publique a été capable de faire pour les Canadiens. C'était la situation avec laquelle nous devions composer à ce moment-là.
Des problèmes font surface, comme l'indique le député d', qui peut se permettre le luxe de revenir sur les faits 24 mois plus tard. Des problèmes surviennent toujours. Ce qui compte, c'est la manière dont on règle les problèmes maintenant pour que les gens soient traités équitablement. C'est exactement ce qui se produit. Non seulement nous sommes en train de corriger certains problèmes existants, mais nous prévoyons aussi des mesures de sauvegarde pour qu'ils ne se reproduisent pas. C'est la chose responsable et raisonnable à faire. C'est la tâche que le a confiée à la ministre dans sa lettre de mandat et celle-ci a agi très rapidement en ce sens avec le ministère.
Je trouve incroyable de voir les conservateurs en particulier essayer de se présenter comme les défenseurs des aînés. Je trouve absolument déconcertant le discours des députés d'en face.
C’est le parti qui, lorsqu'il dirigeait le gouvernement précédent, a cherché à faire passer l’âge de la retraite de 65 à 67 ans. Je ne comprends pas quels arguments ils pensent faire valoir sur cette question qui concerne les personnes âgées. Je ne sais pas où ils veulent en venir. C’est leur bilan. Ils ont fait passer l’âge de la retraite de 65 à 67 ans. Voilà leur bilan.
Notre bilan est le suivant: nous avons bonifié le RPC. Le Québec a fait de même avec le RRQ. Nous avons renforcé la Sécurité de la vieillesse et le Supplément de revenu garanti. Nous avons augmenté de façon générale le nombre de services offerts aux personnes âgées. Nous avons versé un paiement unique de 500 $ aux aînés. Cette année, nous augmentons les prestations de la Sécurité de la vieillesse de 10 % pour les personnes âgées de plus de 75 ans, car nous savons qu’une fois dans cette catégorie d’âge, elles ont besoin de plus de soutien. Les données montrent que lorsqu’ils atteignent l’âge de 75 ans et plus, les aînés ont épuisé une plus grande partie de leurs économies, leurs frais médicaux sont plus élevés et que, par conséquent, ils ont besoin de plus de ressources pour subvenir à leurs besoins. Nous voulons que les personnes âgées puissent subvenir à leurs besoins. C’est l’objectif. Ainsi, l’augmentation des prestations de la Sécurité de la vieillesse pour les personnes âgées de plus de 75 ans est un investissement.
Je suis absolument perplexe en voyant les conservateurs se vanter d’être les grands défenseurs des aînés, mais je suis tout aussi préoccupé par le son de cloche qui vient du Bloc. Quand j’ai posé une question, les deux derniers intervenants bloquistes ont fait mention d'une motion de consentement unanime. Comprenons bien ceci. Il y a huit mois, les bloquistes ont présenté une motion de consentement unanime. À l’époque, ils étaient prêts à régler ce problème par consentement unanime, comme je l’ai expliqué plus tôt, mais maintenant, ils ne sont même pas prêts à voter en faveur de cette motion qui accélère le processus.
Quelle hypocrisie! En mai dernier, ils ont fait mention d'une motion de consentement unanime, un moyen rapide, pour régler l’ensemble du problème, ce qu’ils estimaient approprié à l’époque, et ils nous ont reproché de ne pas l’accepter. Maintenant, nous sommes saisis d'une motion de programmation qui nous permettrait de faire cela rapidement, mais ils refusent absolument de voter pour. Encore une fois, c'est comme si on avait le luxe de ne pas le faire parce que le NPD prend la relève du Bloc, comme on le constate.
J'ai déjà parlé de la motion demandant le consentement unanime de la Chambre présentée par le Bloc et des problèmes qu'elle posait. Il n'y avait pas d'indexation au fil du temps; on ne tenait pas compte du temps écoulé depuis l'arrivée d'une personne au Canada; il n'y avait pas de mécanisme de récupération fondé sur le revenu, de sorte que les gens ayant un revenu élevé recevraient moins d'argent que ceux qui en avaient vraiment besoin. Tout cela était extrêmement problématique, mais le Bloc était prêt à faire adopter une motion demandant le consentement unanime pour que cela devienne réalité. C'est malheureusement un autre exemple de ces manœuvres politiques qu'on voit trop souvent à la Chambre des communes.
Je dois dire, en toute honnêteté, que les manœuvres de ce genre viennent plus souvent des conservateurs. Ils présentent des motions demandant le consentement unanime non pas parce qu'ils croient qu'elles seront adoptées et qu'elles régleront le problème en question, mais pour que les députés du Bloc puissent retourner dans leur circonscription et dire à leurs concitoyens qu'ils ont tenté de les aider mais que personne ne les appuyait et ne voulait les aider. Voilà ce qui se passe. Voilà comment le Bloc québécois travaille en partenariat avec les conservateurs. Nous en avons eu une démonstration hier et nous en avons une autre aujourd'hui. Le Bloc et les conservateurs unissent constamment leurs forces, et je ne peux que me demander pourquoi. Je croyais que le Bloc se concentrerait sur le sort des aînés au lieu de s'adonner à des jeux politiques en lien avec le projet de loi à l'étude.
Je vois que mon temps de parole tire à sa fin. Je suis heureux d'avoir pu faire quelques commentaires au sujet de ce processus et je répondrai volontiers aux questions des députés.
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Madame la Présidente, c'est pour moi un plaisir de participer au débat sur la motion n
o 7 du gouvernement, plus précisément sur l'amendement proposé par mon collègue de .
Vers la fin de mon discours, je vais faire quelques observations sur le projet de loi , lequel touche les aînés. C'est un projet de loi que les conservateurs appuient. Il corrigerait des lacunes de longue date dans l'aide gouvernementale pour les aînés, notamment les effets pervers d'une partie des mesures qui ont été prises pendant la pandémie. Il est important d'en parler.
Passons à la question dont il faut discuter par rapport à la motion no 7 du gouvernement. Avec cette motion de programmation, le gouvernement tente d'établir le programme de la Chambre et de modifier radicalement les procédures habituelles visant l'adoption des projets de loi. Il est important que nous en parlions parce que ce n'est qu'un exemple parmi tant d'autres des attaques du gouvernement contre le bon déroulement des travaux au sein de notre institution démocratique.
On n'a qu'à écouter ce que les ministériels disent pour constater la nature de ces attaques. Par exemple, nous pouvons écouter le député de , qui a parlé avant moi. Il nous a accusés cavalièrement de nous livrer à de petits jeux. Or, les députés de l'opposition, du moins ceux de certains partis, s'attendent à ce que les mesures législatives puissent être débattues, étudiées par un comité et amendées, puis à ce qu'elles fassent l'objet d'un suivi avant d'être soumises à un vote final.
C'est le processus établi à la Chambre pour les mesures législatives. Il ne s'agit pas d'un jeu. C'est de cette façon que le processus est censé fonctionner. Depuis la naissance du Canada, le processus législatif au Parlement a toujours été le même.
Quand les conservateurs étaient au pouvoir, nous avons parfois utilisé des mécanismes de clôture pour limiter la durée d'un débat à une certaine étape du processus législatif. Toutefois, le gouvernement libéral est allé beaucoup plus loin que cela. Lors de la campagne électorale de 2015, il avait promis d'abolir les mécanismes de clôture et de ne pas y avoir recours. Les libéraux critiquaient vivement l'utilisation par les conservateurs de ces mécanismes, qui limitent la durée d'un débat à une certaine étape du processus législatif, sans limiter pour autant l'étude de la mesure législative en comité ni tenter de combiner plusieurs étapes en une seule.
En 2015, les libéraux critiquaient encore vertement le recours à ce procédé. Depuis lors, non seulement y ont-ils eu recours, mais ils vont encore plus loin. Ils présentent des motions qui amalgament essentiellement toutes les étapes de l’examen législatif et qui, en pratique, court-circuitent totalement l’étude en comité.
C’est une atteinte grave au fonctionnement de nos institutions démocratiques. Il est important de souligner que, fondamentalement, il importe peu qu’on soit d’accord ou non avec un projet de loi. Il importe peu que le projet de loi concerné par la motion de programmation soit excellent, médiocre, ou moyen. La raison d’être de notre processus législatif est d’étudier les projets de loi et de comprendre comment ils s’articulent. Grâce à ce temps d’étude, nous sommes en pouvoir de déterminer leur application et de combler leurs lacunes.
Il est possible que les intentions qui sous-tendent un projet de loi soient unanimement considérées comme bonnes, et que, malgré cela, l’étude en comité montre que certaines subtilités juridiques pourraient avoir des effets pervers. En l'absence de cet examen, il est donc possible de passer à côté de conséquences imprévues.
Je me souviens que, quand j'étais à l'école secondaire, nous avions passé du temps à l'Assemblée législative de l'Alberta pour apprendre le processus législatif. Un des élèves avait posé une question concernant les étapes de la deuxième lecture, de l'étude en comité et de la troisième lecture et voulait savoir s'il était possible de sauter ces étapes, puisqu'elles semblaient prendre beaucoup de temps. Le législateur qui s'adressait à nous à l'époque avait sagement affirmé qu'il existait des mécanismes procéduraux permettant de sauter des étapes, mais que l'histoire avait montré que cela donnait de très mauvais résultats.
Il avait donné comme exemple une mesure législative abominable, une tache noire dans notre histoire, adoptée au début du XXe siècle, soit une loi rendant la stérilisation obligatoire, qui est demeurée en vigueur en Alberta pendant quelques décennies. Ce projet de loi avait franchi les étapes du processus législatif extrêmement rapidement, puisqu'il semblait judicieux aux yeux des gens qui étaient là à l'époque.
La leçon que j'ai apprise en tant que jeune élève ce jour-là est toujours restée dans mon esprit, et cette leçon, c'est qu'une idée peut sembler bonne aux yeux d'une personne dans un contexte et à un moment précis, mais qu'il reste tout de même important de l'étudier et de réfléchir à son bien-fondé.
Sur ce point, je suis souvent amené à réfléchir à un échange particulier tiré de l'excellente pièce de théâtre Un homme pour l'éternité. Le personnage qui représente sir Thomas More est en train de discuter avec son beau-fils, William Roper. Celui-ci dit: « Je vois: vous donneriez au diable le bénéfice de la loi? » Sir Thomas More répond: « Mais oui, bien sûr. Que feriez-vous d'autre? Sauter par-dessus la loi pour courir après le diable? » Son beau-fils lui répond alors: « Oui! Pour cela, je forcerais n'importe quelle loi d'Angleterre! » Sir Thomas More réplique:
Et une fois que vous aurez supprimé la dernière des lois et que soudain le diable vous fera face, Roper, où vous cacherez-vous, sans loi pour vous protéger? D'une côte à l'autre, ce pays est protégé par des lois, plantées les unes contre les autres, comme une forêt. Les lois de l'homme, pas celles de Dieu. Si vous les abattez — et vous êtes homme à le faire —, croyez-vous une seconde que vous resterez debout quand le vent soufflera? Oui, moi je donnerai au diable le bénéfice de la loi, et ce pour ma propre sécurité.
C'est un argument valable, même lorsque nous croyons fermement à la valeur d'une mesure législative, ou même lorsque nous avons la conviction que la cause que nous défendons est juste et que nos opposants ont tort.
Je vois bien que le député de est très critique à l'endroit des conservateurs et qu'il l'exprime de façon très partisane. Pour ma part, je ne suis pas très enthousiaste quant au gouvernement libéral, mais le respect du Parlement et du processus d'étude des projets de loi, même lorsque nous sommes en désaccord, permettent d'assurer le maintien de ce que le personnage de More, dans Un homme pour l'éternité, appelle « les lois de l'homme », qui nous protègent tous des effets pervers du travail bâclé, de la tentation de passer outre à l'étude en comité, de passer outre à l'étape de la troisième lecture, de nous laisser convaincre qu'aucun débat digne de ce nom n'est nécessaire à l'étape de la deuxième lecture ou de nous dire que, puisque nous sommes tous pour une idée donnée, nous pouvons l'adopter sans nous poser de questions.
Ce qui arrive lorsqu'on établit un tel précédent, c'est qu'on reproduit de plus en plus ce comportement et qu'on adopte des projets de loi possiblement fondés sur de bonnes intentions, mais de plus en plus de détails nous échappent et nous nous retrouvons avec davantage de problèmes parce que nous n'avons pas fait le travail d'analyse que le Parlement devrait effectuer.
Un autre élément qui m'a frappé dans les observations du , c'est qu'il a expliqué qu'au début de la pandémie, tous les partis ont collaboré pour adopter très rapidement à l'unanimité diverses mesures qui s'avéraient urgentes dans le contexte de la pandémie. Qu'il soit utile de rappeler que cela s'est produit alors qu'on en savait très peu sur l'évolution du virus et avant même qu'on envisage de siéger à distance au Parlement. C'était aussi avant qu'on soit conscientisé sur les effets du port d'un masque.
Il n'existait aucun moyen viable de permettre à tous les députés, ou à la plupart d'entre eux, de se rassembler à Ottawa. On n'était pas encore sensibilisé au port du masque et on n'avait pas les outils nécessaires pour se réunir à distance. Alors, dans ces circonstances tout à fait exceptionnelles, nous avons collaboré avec le gouvernement pour adopter à l'unanimité certaines mesures liées à la pandémie. Je crois qu'il est important de souligner que de nombreux députés, du moins chez les conservateurs, ont considéré qu'il s'agissait d'une situation exceptionnelle qui ne devrait en aucun cas créer un précédent.
Cependant, des députés ministériels invoquent aujourd'hui certains de ces précédents, comme s'il leur semblait que le fait d'avoir pris de telles mesures en ces temps extraordinaires leur permettait maintenant de le faire en temps normal. C'est là que le bât blesse. Lorsque l'on déroge temporairement aux règles normales, même dans des circonstances extraordinaires, certains, comme les députés ministériels, se disent que s'ils ont pu le faire lorsque cela était vraiment nécessaire, pourquoi ne pas avoir recours à des motions d'organisation des travaux du type de celle-ci pour éviter l'étape de l'étude en comité, et ce même lorsque cela n'est pas nécessaire?
Nous faisons bien mieux notre travail de législateurs, individuellement et en tant qu'assemblée, lorsque nous pouvons étudier et analyser les projets de loi. Cela suppose de voter sur le principe du projet de loi en deuxième lecture, de renvoyer les projets de loi aux comités pour qu'ils y soient étudiés, de poser des questions et d'obtenir des réponses, de permettre à des experts de se prononcer et de proposer des amendements pour une décision finale en troisième lecture.
Voilà la bonne façon de procéder. Au lieu de cela, nous sommes saisis de cette motion draconienne du gouvernement, qui prévoit de limiter le nombre d'intervenants de chaque parti, puis de procéder à la mise aux voix du projet de loi, après quoi celui-ci sera immédiatement réputé avoir franchi toutes les autres étapes sans qu'un examen comme celui qui a lieu normalement en comité puisse être effectué.
Le débat porte de façon générale sur la motion du gouvernement, mais nous débattons surtout d'un amendement présenté par le caucus du Parti conservateur. Nous avons tenté de faire un compromis avec le gouvernement en disant que nous savons qu'il est important d'adopter rapidement le projet de loi et que les projets de loi qui jouissent d'un consensus n'ont pas besoin d'un débat aussi approfondi que ceux qui suscitent un désaccord philosophique important qu'il faut résoudre. Nous convenons qu'il est normal que le temps nécessaire pour débattre des projets de loi varie en fonction de ceux-ci.
Nous tentons de faire un compromis en assurant que, après la tenue du débat, le projet de loi sera rapidement renvoyé au Comité permanent de la santé, qui convoquera le à titre de témoin. L'audience du comité aura lieu le lendemain de l'adoption du projet de loi et l'étude article par article devra être terminée le même jour à 23 heures au plus tard. À défaut de respecter cette échéance, les amendements et les dispositions restantes seront immédiatement réputés proposés sans plus ample débat. Nous proposons la mise en place d'un mécanisme extraordinaire qui permettrait d'étudier le projet de loi très rapidement. Cependant, le comité examinerait le projet de loi, entendrait des témoins, notamment le ministre responsable du dossier, et envisagerait des améliorations ou des amendements avant de renvoyer la mesure à la Chambre.
Estimant qu'il s'agit d'un projet de loi simple, certains députés se demandent quels amendements on pourrait y apporter. Cependant, ce n'est pas là où le bât blesse. Indépendamment des détails de la mesure, le comité et les députés chargés d'agir à titre d'experts en la matière doivent avoir la possibilité d'examiner le projet de loi et de donner leur avis. Nous avons présenté un amendement raisonnable à une motion de programmation draconienne, et j'espère que les députés en évalueront la pertinence.
Pour tout dire, il ne manque pas d'exemples de situations où le gouvernement libéral n'a pas hésité à affaiblir et à attaquer nos institutions démocratiques. Je suis particulièrement déçu que les néo-démocrates fédéraux se soient rangés à ses côtés. J'imagine que c'est la suite logique de ce que nous voyons au Parlement, c'est-à-dire une coalition de facto entre le NPD et les libéraux. Jusqu'ici, les néo-démocrates ont généralement eu tendance à s'opposer aux motions de clôture, mais voilà qu'aujourd'hui, dans une volte-face complète, ils sont prêts à voter avec le gouvernement pour une motion de programmation qui escamote non pas une, mais la totalité des étapes du processus législatif. Toutes les étapes subséquentes de l'étude du projet de loi sont envoyées à la trappe. C'est navrant de voir ces deux partis se liguer de la sorte contre les institutions démocratiques.
Je dois rappeler à mes collègues que le recours aux motions de programmation n'est pas un fait isolé, mais s'inscrit au contraire dans une tendance plus vaste. Déjà, dans l'affaire du laboratoire winnipegois, le gouvernement avait refusé de se conformer à l'ordre du Parlement et de remettre les documents qui lui étaient demandés. La présidence avait ordonné au gouvernement de s'exécuter, confirmant au passage que le Parlement avait le droit de demander ces documents, mais le gouvernement a refusé de les produire, au mépris de l'autorité juridique et constitutionnelle du Parlement.
Nous avons vu, au début de la pandémie, une tentative de faire fermer, pratiquement, le Parlement et de donner au gouvernement le pouvoir d'adopter des lois, d'augmenter les taxes ou d'en créer de nouvelles sans avoir à consulter le Parlement. Cette tentative visait concrètement à rejeter, pour une période relativement longue, les principes de base de la suprématie du Parlement. Évidemment, les conservateurs se sont battus contre cette tentative et ont réussi à empêcher sa mise en œuvre. Cependant, cet épisode nous a montré l'ambition horrible du gouvernement d'affaiblir l'institution qu'est le Parlement.
Nous voici rendus au point où le gouvernement a décidé de se servir, pour la première fois de l'histoire, d'un outil législatif appelé la Loi sur les mesures d'urgence et je crois que le niveau de confiance qu'avaient de nombreux Canadiens envers le gouvernement avant le recours à cette loi a un effet sur la perception qu'ils ont de cette décision. Le gouvernement n'en est pas à ses premières frasques en matière de manque de respect envers le Parlement: il a refusé de produire les documents demandés par le Parlement, il a tenté de faire fermer le Parlement et il a voulu se donner le pouvoir de gouverner par décrets. Le gouvernement actuel a fait tout cela. Il croit que les projets de loi qu'il présente n'ont pas à être étudiés par un comité et il considère que vouloir passer plus d'une journée à étudier une mesure législative est de la politicaillerie. Les libéraux veulent maintenant se servir de la Loi sur les mesures d'urgence et ils nous disent de ne pas nous inquiéter parce qu'ils le feront de façon prudente et mesurée. La confiance des Canadiens envers le gouvernement est passablement minée quant à la capacité de ce dernier de se servir d'outils aussi violents et potentiellement dangereux de cette façon.
De nombreux Canadiens n'ont pas oublié ce manque d'égard envers le processus démocratique qui était en quelque sorte un présage de ce que vient de faire le gouvernement en invoquant la Loi sur les mesures d'urgence. Il faut être très prudents. Il ne faut pas tenir pour acquises les institutions démocratiques du pays et il faut maintenir le fonctionnement du Parlement, de la Chambre du peuple, en tant qu'institution démocratique qui étudie les projets de loi. L'assemblée que nous formons n'est pas qu'un regroupement de porte-parole du gouvernement. Elle a pour objectif de demander des explications, de poser des questions, de réfléchir, d'analyser et d'améliorer les mesures législatives. Nous devons protéger la démocratie canadienne en protégeant les institutions démocratiques du pays, en particulier le Parlement.
Pendant le temps qu'il me reste, je veux formuler quelques brèves observations au sujet du projet de loi .
[Français]
J'appuie ce projet de loi. Nous devons en faire plus pour aider et protéger les aînés, surtout pendant la pandémie.
Cependant, le gouvernement libéral a fait trop peu, trop tard. Les libéraux connaissent les problèmes que posait la récupération du Supplément de revenu garanti, ou SRG, et de la Prestation canadienne d'urgence, ou PCU, il y a près de deux ans, mais il leur a fallu presque huit mois pour trouver des solutions et régler ces problèmes. C'est tout simplement inacceptable.
J'ai entendu de nombreux aînés de ma circonscription qui attendent toujours leur paie du gouvernement. Ils s'attendent à ce que ce paiement soit non imposable. Qu'est‑ce qui a pris autant de temps et pourquoi les aînés sont‑ils arbitrairement pénalisés par les erreurs du gouvernement?
De plus, le directeur parlementaire du budget a déclaré que le coût de la récupération du SRG et de la PCU était de 400 millions de dollars, mais nous savons que le gouvernement a prévu 742 millions de dollars pour la récupération. Les libéraux doivent expliquer pourquoi ces chiffres sont si radicalement différents.
Cela me rappelle la question de la PCU nette par rapport à la PCU brute. Les libéraux ont commis l'erreur, mais ce sont les Canadiens qui en ont subi les conséquences. Les libéraux doivent expliquer comment ils vont envoyer cet argent aux bonnes personnes et s'assurer qu'il n'y a pas de fraudes.
C'est pourquoi je soutiens cette proposition qui vise à modifier la Loi sur la sécurité de la vieillesse. Je sais que le projet de loi permettrait de corriger l'une des nombreuses erreurs que le gouvernement a commises pendant la pandémie, surtout en ce qui concerne les aînés.
[Traduction]
Essentiellement, la nécessité du projet de loi montre l'importance d'étudier minutieusement les mesures législatives. Le projet de loi est nécessaire parce qu'il corrige une erreur issue d'un projet de loi antérieur, et c'est la raison pour laquelle nous l'appuyons. Concrètement, cette erreur réduit le montant régulier des prestations d'une personne âgée en fonction du montant d'aide qu'elle a reçu durant la pandémie. Le projet de loi est nécessaire parce qu'il vise à éviter que les aînés voient leurs prestations régulières récupérées en fonction de l'aide reçue durant la pandémie.
La situation est la suivante. Le projet de loi à l'étude fait ressortir le fait que les gouvernements — qui, espérons-le, sont bien intentionnés — présentent au Parlement des projets de loi qui contiennent des erreurs. C'est la raison d'être du Parlement. Le gouvernement, qui jouit d'un vaste accès à des informations et à des experts, présente en toute bonne foi un projet de loi au Parlement, pour ensuite le voir critiqué et analysé par les partis de l'opposition et, si tout va bien, les députés d'arrière-ban du parti au pouvoir. Le projet de loi est ensuite renvoyé à un comité, qui invite des spécialistes de l'extérieur du gouvernement à témoigner et à exprimer leurs préoccupations, et des amendements sont parfois proposés. On peut cerner les problèmes que présente le projet de loi et celui-ci va de l'avant dans sa version initiale ou une version amendée. En fait, il arrive souvent en comité que des ministériels proposent des amendements à un projet de loi du gouvernement. Il s'agit d'une partie importante du processus.
La raison pour laquelle ce projet de loi est à l’étude, c’est que le gouvernement a oublié de prendre en compte certains enjeux importants lorsqu'il a conçu les prestations liées à la pandémie. Il est paradoxal qu’on nous demande d’adopter sans minutie un projet de loi qui vient corriger une erreur découlant d’un manque de minutie lors de la conception de certaines prestations. Des députés du gouvernement affirment qu’ils ont un problème et qu’ils veulent faire adopter plus de projets de loi. Ils disent que l’opposition veut passer son temps à discuter des projets de loi et que cela ralentit leur capacité à légiférer. Eh bien, si nous n’avions pas à adopter des projets de loi pour corriger des erreurs découlant de mesures législatives précédentes, peut-être que le gouvernement n’aurait pas de problème à faire avancer son programme législatif. Toutefois, je maintiens que si nous accordions deux ou trois jours au projet de loi à l’étude plutôt qu’un seul, nous donnerions beaucoup plus de crédibilité au Parlement que nous le faisons actuellement.
J’encourage les députés à prendre en considération l’amendement raisonnable des conservateurs, qui permettrait tout de même d’accélérer considérablement l’adoption du projet de loi, mais ajouterait un mécanisme et permettrait qu’un comité se penche sur cette mesure. Je pense que c’est la moindre des choses pour montrer aux Canadiens que nous avons un réel travail à faire en tant que députés. Nous ne sommes pas ici pour donner notre approbation aveuglément. Nous sommes ici pour faire fonctionner le Parlement et fournir un service au nom des Canadiens, celui d’étudier les projets de loi qu’on nous présente, de les comprendre, de les analyser et de les perfectionner pour que nous puissions ensuite assurer aux Canadiens que nous avons fait preuve d’une diligence raisonnable, comme il se doit.