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Madame la Présidente, le gouvernement du Canada a construit une façon de faire la politique, au cours des dernières années, qui a pris des tangentes lourdes et claires, parmi lesquelles un abus grossier de ce qu'il est convenu d'appeler le déséquilibre fiscal. Cela veut dire que le gouvernement fédéral reçoit davantage de revenus que ce que commandent les missions dont il est responsable. Dans ce contexte, on en arrive à une situation où le Québec et les provinces, a contrario, reçoivent et perçoivent moins que ce que commandent leurs missions respectives.
Avec cet argent, le gouvernement utilise le pouvoir de dépenser qui lui est octroyé dans la Constitution pour faire des intrusions dans des champs de compétence qui sont réservés, selon la Constitution, au Québec, aux provinces et aux territoires. Ça met en place un mécanisme de plus en plus insistant, clair et idéologique de centralisation des compétences, dans le sens de responsabilités propres à un ordre de gouvernement; ce n'est certainement pas au sens de compétence ou d'intelligence du terme. C'est une centralisation des pouvoirs entre les mains du Parlement fédéral.
Le constat est assez clair dès qu'une observation sérieuse est faite: c'est un échec. C'est constamment échec par-dessus échec. J'en profite pour dire que je veux partager mon temps de parole avec mon collègue le député de . Je pourrais énumérer ce qui s'est avéré une série d'échecs du gouvernement fédéral en matière d'ingérence, mais j'en aurais pour trois jours. Alors, je vais juste en nommer quelques-uns.
Je vais prendre un cas récent: la volonté du gouvernement de faire intrusion dans le domaine de l'assurance dentaire. À première vue, cela semble idéologique. Après ça, on arrive avec le fait que c'est confié au privé, avec l'appui du NPD. Là, on se dit qu'une chatte n'y retrouverait pas ses petits. C'est un échec qui commence de même. Évidemment, c'est un refus, depuis de nombreuses années, de faire les transferts en santé qui sont demandés unanimement par le Québec, les provinces et les territoires.
Dans ce contexte, c'est une prétention du gouvernement fédéral de travailler main dans la main avec le Québec et les provinces. Pourtant, il n'y a plus personne de sérieux avec une troisième année B forte qui pense que ce n'est pas une espèce de conflit perpétuel avec les provinces.
C'est des conditions imposées par Ottawa sur les infrastructures municipales. C'est des conditions imposées par Ottawa sur le logement social. C'est un échec monstrueux en matière d'immigration: une incapacité de gérer les visas, des dossiers en attente pendant des années, des centaines de milliers de personnes sur le territoire canadien dont le ministère de l'Immigration ne sait même pas où elles sont. C'est la sous-traitance des politiques en immigration à une firme éminemment douteuse comme McKinsey, une perversion idéologique qui a notamment pour effet d'affaiblir le Québec. C'est un échec du gouvernement fédéral sur toute la ligne.
Dans les derniers jours, on a beaucoup parlé de langue. Les propos vulgaires qu'on a entendus sont, essentiellement, un geste de panique. C'est une absence de réponse intelligente, parce qu'il ne saurait y avoir de réponse intelligente à ce qu'on a observé. On ne reçoit pas des gens en comité pour les traiter avec une vulgarité indigne d'une cour d'école.
Pourtant, les chiffres sont éloquents par rapport à la situation du français, tant au Québec que dans l'ensemble canadien, mais le recul du français ne dérange pas le gouvernement libéral. Qu'on dise que le français recule, ça, ça dérange le gouvernement libéral. C'est ce même gouvernement libéral qui a bien l'intention de soutenir une contestation jusqu'en Cour suprême de la loi 96, dont l'objet est de renforcer le français au Québec.
C'est un ensemble de reculs, un ensemble d'échecs, un ensemble d'intrusions, un manque de respect.
On pourrait parler, bien sûr, de la laïcité. À ce sujet, ne faisons que mentionner que, dans un État laïque, on ne penserait jamais à imposer une hypothèque islamique à un ordre de gouvernement comme celui du Québec qui, lui, veut la laïcité de l'État. On n'hésiterait pas à mettre un terme à l'exception religieuse qui permet le pire des propos haineux sous le paravent du prétexte religieux.
Encore une fois, ce sont des échecs. En fait, le seul succès en matière de langue et de laïcité du gouvernement libéral, c'est d'avoir convaincu le Parti conservateur d'avoir essentiellement les mêmes positions que lui, lesquelles sont éminemment impopulaires au Québec.
Le service de paie Phénix, qui est un terrible échec, sera maintenant remplacé et ça ne nous rendra pas notre argent. Il y a aussi l'échec ArriveCAN, dont les retombées, les spin-offs, si je peux me permettre l'expression, ou les jeunes pousses, atteignent maintenant le milliard de dollars, qui est sorti des poches de l'État canadien. C'est un échec après l'autre.
On peut penser à l'abandon de dizaines de milliers d'entreprises à la suite de leurs programmes d'aide durant la pandémie. Les entreprises, compte tenu de la pénurie de main-d'œuvre, de l'inflation et des taux d'intérêt, se sont retrouvées dans une situation éminemment complexe. Un grand nombre de ces entreprises — on ne saura jamais le chiffre précis et réel — auront dû faire faillite et cesser leurs activités à cause de l'ineptie de ce gouvernement. C'est un autre échec.
Il y a un échec sur la scène internationale, qui est encore une fois répété et constant, et c'est le manque de crédibilité. C'est l'incapacité d'avoir un plan pour atteindre la cible de 2 % d'investissement. C'est la posture sur la guerre à Gaza et l'incapacité de poser le geste normal et de plus en plus reconnu à l'échelle internationale de reconnaître l'État palestinien. Encore une fois, c'est une série d'échecs.
On peut penser à Bombardier qui aura vu échapper des retombées de plus de 5 milliards de dollars alors que Boeing accordera 400 millions de dollars de contrats avec la participation du gouvernement du Québec et du Canada. Je pense qu'on ne connaîtra jamais les vraies raisons de cette histoire-là. C'est une série d'échecs.
Le gouvernement n'est pas capable de faire son propre travail comme du monde et il veut faire le travail des autres qui en ont la compétence. Or, le mandat du gouvernement, il vient du peuple. Son mandat, il est minoritaire. Ce mandat minoritaire du gouvernement, comme je le disais, est un échec. Les ingérences, c'est toujours plus long, c'est toujours plus cher et ce n'est jamais meilleur. Ça se fait au coût d'un ensemble de sous-traitances, que ce soit McKinsey ou ArriveCAN ou les autres de ce type. Ça se fait au coût de 109 000 fonctionnaires de plus, en plus de la sous-traitance et de la multiplication des doublons dans les champs de compétence du Québec et des provinces. Il y a aussi le déficit de 40 milliards de dollars; ce n'est pas banal.
Pour gouverner de façon majoritaire, pour le pur pouvoir, le gouvernement s'est allié au NPD. Plutôt que de recevoir son mandat du peuple, le gouvernement reçoit son mandat du NPD. C'est un marché de dupes, parce que si le NPD ne réagit pas bientôt, il commande sa propre disparition. Alors, le gouvernement a deux choix. Il peut suspendre son programme de centralisation agressif, l'abus du déséquilibre fiscal et l'abus du pouvoir de dépenser jusqu'à la fin de son mandat, qui normalement devrait se rendre jusqu'à la fin de 2025, ou il peut déclencher les élections maintenant pour essayer d'obtenir un tel mandat, dont je doute fort que le Québec le considère. Il n'a le droit ni de duper le peuple ni de duper des partis à la Chambre. Je l'avais déjà dit, si le est à ce point fasciné par les champs de compétence du Québec et des provinces, il peut s'en aller faire de la politique provinciale, de préférence en Ontario.
Au minimum, toutefois, ce que le gouvernement doit faire, c'est reconnaître dans chacun de ses gestes le droit de retrait avec pleine compensation, sans condition pour le Québec et pour les provinces. Au moins, son idéologie centralisatrice pourra être contournée adéquatement dans le respect des champs de compétence du Québec et des provinces. L'essentiel, au fond, et c'est l'esprit de cette motion, c'est que le gouvernement canadien mette un terme à ses abus de plus en plus nombreux, de plus en plus grossiers et toujours aussi ratés dans les compétences du Québec et des provinces. Si jamais il ne le fait pas, puisqu'il s'amusera à soulever la question, au prochain scrutin, il va voir c'est quoi l'utilité du Bloc québécois.
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Madame la Présidente, quel discours inspirant. C'est difficile d'intervenir après cela. Pour imager l'ampleur que prend l'intrusion du gouvernement fédéral dans les champs de compétence du Québec et des provinces, revenons sur ce qui s'est passé cette semaine lors de la période des questions.
Cette semaine, j'ai posé une question au dans laquelle je disais en quelque sorte que les Québécois espèrent être maîtres chez eux, mais que le gouvernement fédéral, lui, souhaite être maître partout. C'est ce qu'on voit avec l'assurance‑médicaments, avec l'assurance pour les soins dentaires, avec des tas d'empiétements sur les champs de compétence.
En guise de réponse, le ministre des Transports m'a dit que le Bloc québécois cherchait la chicane. Il dit cela constamment. Non seulement il dit cela, mais il dit aussi que les bloquistes étaient auparavant ici par passion et qu'ils sont maintenant ici pour leur pension. C'est une vieille rhétorique stupide. Je ne crois pas que seuls les députés du Bloc québécois aient une pension. Nous réduire à cela, c'est quand même assez vulgaire.
Je dis cela parce que j'avais pensé, au départ, construire mon allocution autour d'une réponse à l'endroit du ministre des Transports. Cependant, je trouve que c'est mesquin et que ce serait accepter de jouer dans cette bassesse. Je préfère plutôt démontrer au ministre des Transports ce qui nous passionne ici, c'est-à-dire la défense des intérêts du Québec.
Lorsqu'il est question d'ingérences dans les champs de compétence, on ne peut pas faire l'économie d'un retour sur la définition de ce qu'est le fédéralisme canadien. Il faut faire la distinction entre deux choses. D'un côté, il y a un État unitaire qui dispose de tous les pouvoirs. Ceux qui ont suivi un cours de politique 101 le savent. De l'autre, il y a le fédéralisme qui suppose l'autonomie de l'État central, à savoir le gouvernement fédéral, mais surtout l'autonomie des États fédérés, en l'occurrence les provinces et le Québec. Tous les étudiants qui ont fait un cours de droit ou de sciences politiques savent que cela suppose que, dans leurs champs de compétence, les provinces sont autonomes. Par conséquent, dans le contexte canadien, cela suppose que l'État québécois est autonome.
Il est donc clair pour ma formation politique que le Québec est capable de prendre ses décisions et de mettre de l'avant les orientations économiques, sociales et culturelles qui assureront son maintien et sa vitalité. Même les fédéralistes du Québec reconnaissent cette réalité. C'est d'ailleurs dans cette perspective que la grande majorité des politiciens qui siègent à l'Assemblée nationale du Québec se définissent comme des autonomistes. S'ils ne se définissent pas comme des autonomistes, c'est qu'ils se définissent comme des indépendantistes. C'est la manière de faire de la politique au Québec. Le Parti québécois, la Coalition Avenir Québec et Québec solidaire sont tous des partis qui veulent plus de pouvoirs pour la nation québécoise et plus de pouvoirs pour assurer son avenir. Sans vouloir être méchant, je dirais que, de façon différente et un peu plus molle, même le Parti libéral du Québec veut plus de pouvoirs pour le Québec. La preuve en est fort simple. Il y a des tas de motions de l'Assemblée nationale qui sont soutenues par le Bloc québécois. Chaque fois que le gouvernement fédéral essaie de s'ingérer dans les champs de compétence du Québec, il y a une motion votée à l'unanimité par l'Assemblée nationale.
Même si on regarde l'histoire du Québec, on serait en mesure de faire cette démonstration. C'est indéniable que tous les gouvernements du Québec étaient résolus à en défendre l'autonomie. En allant du gouvernement Duplessis au gouvernement Bourassa, et même au gouvernement Legault, en passant par les gouvernements Marois, Parizeau et Lévesque, l'objectif a été d'étendre les pouvoirs du Québec. On a vu ça dans des cycles de négociations constitutionnelles, qui se sont faits à notre détriment, mais on a vu ça aussi dans des accords administratifs. Le Québec est la seule province qui dispose de pouvoirs en immigration. Le Québec est la seule province qui dispose d'accords spécifiques sur la formation de la main‑d'œuvre.
Il y a donc un consensus dans l'ensemble de la société québécoise pour la défense de l'autonomie du Québec. Benoît Pelletier est peut-être celui qui a le mieux exprimé cela. Je le cite rapidement:
[...] l'histoire comme l'actualité de notre fédéralisme montrent avec éloquence l'attachement profond du Québec à son autonomie dans le système fédéral. Et cela s'explique aisément. La situation minoritaire du peuple québécois dans l'ensemble canadien donne à la sphère d'autonomie du Québec découlant du partage des compétences une valeur tout à fait particulière.
Benoît Pelletier est un fédéraliste, mais il est quand même un peu plus éclairé que les autres. Il reconnaît que l'autonomie est une question de survie pour une nation minoritaire. Le Québec est une nation minoritaire dans le Canada. Défendre son autonomie, c'est une question de survie. C'est ce qui explique que d'autres provinces s'accommodent facilement des interventions du gouvernement dans les champs de compétence.
Cela m’amène à une question qui est centrale, d’après moi. Je me pose cette question depuis que je suis arrivé à la Chambre en 2019. Pourquoi y a-t-il seulement les députés du Bloc québécois qui dénoncent le fédéralisme de prédateur, je pèse mes mots, qui fragilise la nation québécoise? Pourquoi mes collègues québécois du Parti conservateur et mes collègues québécois du Parti libéral et du NPD ne dénoncent-ils jamais cette logique?
La réponse est fort simple. C’est parce que le fédéralisme de prédateur, ça fait leur affaire. C’est parce qu’ils en vivent d’une certaine façon, politiquement. Ce que cherchent à faire maintenant le Parti libéral et le NPD, c’est utiliser ce fédéralisme de prédateur pour sortir du sous-sol de l’impopularité. C’est ce qu’ils ont fait avec l’assurance-médicaments et avec l’assurance pour les soins dentaires. Ils essaient d’utiliser des questions d’ordre social qui ne relèvent pas du gouvernement fédéral pour sortir de l’impopularité dans laquelle ils se trouvent.
La force des fédéralistes, c’est surtout celle de n’importe quel prédateur. Comme on le sait, un prédateur est quelqu’un qui survit au détriment de l’autre, qui utilise sa puissance pour profiter de la faiblesse de l’autre. La force des fédéralistes, c’est de disposer d’outils qui leur permettent d’agenouiller le peuple québécois. Quand je parle de ces outils, je fais bien entendu référence au pouvoir de dépenser, qui engendre le déséquilibre fiscal. C’est cette logique pernicieuse qui leur permet d’agenouiller le peuple québécois. Jean Chrétien, dans toute sa splendeur, à un moment donné de sa vie, a eu une épiphanie. Il a reconnu qu’il avait la possibilité de faire des coupes dans les paiements de transfert sans en payer le prix politique. C’est la base de ce qu’est le déséquilibre fiscal.
Ce fédéralisme de prédateur, je ferai remarquer qu’il fait aussi l’affaire des conservateurs. Même s’ils se disent plus respectueux de l’autonomie du Québec, on a vu ce qu’a dit le chef conservateur ces derniers mois. Il a voulu bâtir une certaine forme de domination électorale sur le dos du Québec. Quand il dit publiquement, sans gêne, qu’il va contester la loi 21 et la loi 96, il répond aux intérêts de la majorité anglophone du reste du Québec et il répond à des intérêts électoralistes qui lui sont propres et qui sont quand même assez simples. Il essaie de charmer les communautés ethnoculturelles du grand Toronto. À ce moment, cela lui permet de dire au Québec que, son autonomie, il la repousse très loin de ce que sont ses préoccupations.
Les conservateurs, les libéraux et les néo-démocrates respectent les champs de compétence du Québec pour autant que cela ne leur crée pas de problème. Le Parti libéral, le Parti conservateur et le NPD, si on regarde cela de plus près, sont donc des partis qui supposent que l’État fédéral est au-dessus du Québec, que la seule nation francophone d’Amérique du Nord doit obéir comme les autres, et que les Québécois doivent se comporter comme des Canadiens comme les autres. C’est le propre du Parti conservateur, comme c’est le propre du NPD et du Parti libéral.
Je terminerai en disant ce qui suit. On se souvient peut-être de la phrase malheureuse du , à savoir que les gens se « foutent » des chicanes de compétence. On se souvient peut-être également de la phrase malheureuse du chef du Parti conservateur, qui disait que les maires du Québec sont des « incompétents » et qu'il allait, lui, gérer la production de logements. Je dirais que cela démontre finalement que les fédéralistes se foutent un peu des champs de compétence, et que les fédéralistes se foutent donc un peu de ce qu’est le fédéralisme canadien. Si c’est le cas, cela ouvre la porte grande au projet de souveraineté.
Je dirais que, ce dont les gens se foutent au Québec, c’est des excuses du fédéral en immigration. Ce qu’ils souhaitent, ce sont des seuils qui représentent notre capacité d’intégration, c'est un système qui répond aux attentes des gens qui le sollicitent et c'est que le fédéral rembourse le Québec pour les services rendus. Les gens se foutent des problèmes informatiques de Phénix; ils veulent être payés. Les gens se foutent des ratés de l’assurance-emploi; ils veulent des prestations. Les aînés se foutent des symboles de la monarchie; ils veulent voir leur pension augmenter. Les Québécois se foutent des produits des grandes pétrolières, ces gloutonnes qui nous ont soutiré 34 milliards de dollars pour un pipeline et qui vont nous soutirer 83 milliards de dollars d’ici 2035; ils veulent un système de santé qui répond à leurs besoins et qui n'est pas sous-financé.
Finalement, je pense qu'il y a une portion importante de la population au Québec qui se fout du fédéralisme.
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Madame la Présidente, je tiens à mentionner que je partagerai mon temps de parole avec ma collègue de . Je suis reconnaissant et heureux d'avoir l'occasion de prendre la parole aujourd'hui et je souhaite en profiter pour discuter de l'engagement de notre gouvernement pour le Québec.
Je suis un fier député du Québec représentant une région majoritairement francophone et rurale. Je suis un grand défenseur de la langue française et je tiens à mentionner que la collaboration avec le Québec est très bonne. Elle est aussi très bonne depuis 2015 avec les députés qui sont situés dans mon secteur.
Si je prends la parole aujourd'hui, c'est pour souligner que notre gouvernement a toujours été là pour soutenir le Québec et que nous comptons bien continuer d'aider l'ensemble des Québécoises et des Québécois. Même si le Bloc n'aime pas cela et qu'il préfère la chicane, notre bilan démontre que nous sommes capables de travailler avec le gouvernement du Québec et d'atteindre nos objectifs pour le Québec. En effet, le Québec est un allié.
Notre gouvernement s'est entendu par le passé sur une multitude de choses avec le Québec, telles que la création de places en garderie, l'accélération de la construction de logements, la santé, l'infrastructure ou encore l'Opération haute vitesse. Lors de la crise de la COVID‑19, on se rappelle que le gouvernement fédéral était main dans la main avec Québec et qu'il a fourni la plupart des instruments et des outils nécessaires pour soutenir la santé. Nous étions là avec l'armée et avons pris soin de nos centres pour aînés. Nous étions en pleine collaboration avec Québec. C'est la preuve que le Canada et le Québec travaillent bien ensemble.
Notre gouvernement est là pour le Québec et avec le Québec. Seulement en 2024‑2025, c'est plus de 30 milliards de dollars qui seront transférés au Québec sous forme de transferts fédéraux pour aider le gouvernement du Québec à offrir les services à la population. Ces sommes incluent des montants additionnels avec le nouvel accord sur les soins de santé qui a été conclu avec Québec. Cette entente est de 8,56 milliards dollars. Ce n'est pas rien. Ces montants supplémentaires seront distribués sur 10 ans pour améliorer les soins de santé au Québec. Pas plus tard qu'hier, on a décrété qu'il y avait une crise en santé dans la région de la capitale nationale, en Outaouais, ma région. Des médecins, des professionnels et des thérapeutes de toutes sortes ont quitté la région pour aller en Ontario. La situation est très difficile dans la région de l'Outaouais. C'est pour cela que le gouvernement du Canada est là pour soutenir le gouvernement du Québec.
Ce financement supplémentaire aidera notamment à améliorer l'accès aux cliniques de première ligne et à faciliter la prise de rendez-vous par l'intermédiaire de la plateforme Votre santé. Ce nouveau financement viendra aussi améliorer les soins pour les patients atteints de maladies rares ou chroniques. Pensons notamment aux diabétiques du Québec. Ma fille en fait d'ailleurs partie, étant atteinte du diabète de type 1. Voilà un bel exemple de la façon dont notre plan fonctionne grâce à la collaboration avec le Québec.
D'ailleurs, je me réjouis du fait que notre collègue le était à Montréal, plus tôt cette semaine, pour l'annonce d'un investissement important effectué par Boeing dans la nouvelle zone d'innovation en aérospatiale au Québec. Que ce soit pour la filière des batteries, que ce soit pour l'innovation ou que ce soit pour l'aérospatiale ou la recherche, nous travaillons conjointement avec le Québec. Que le Bloc le veuille ou non, nous allons continuer de travailler avec le Québec.
Ces investissements majeurs de 240 millions de dollars s'inscrivent dans l'engagement de Boeing en matière de retombées industrielles et technologiques. Tout le Québec en bénéficiera. Toutes les circonscriptions au Québec bénéficieront de cette bonne nouvelle pour notre secteur aérospatial. C'est sans compter tous ceux qui font partie de la chaîne d'approvisionnement du secteur aérospatial. C'est toute notre chaîne d'approvisionnement qui en sort gagnante.
Un autre exemple important de collaboration, c'est celui de l'Opération haute vitesse Canada-Québec. J'en suis extrêmement fier. C'est un des premiers dossiers sur lequel j'ai travaillé lorsque je suis entré en politique. Lors des toutes premières rencontres auxquelles j'ai assisté, nous avons parlé de connectivité.
C'est ce dont nous entendions parler dans ma circonscription en 2015. L'Opération haute vitesse Canada-Québec a fait débloquer le tout. Le Bloc québécois a la mémoire courte. Il nous reprochait de ne pas en faire assez, de ne pas le faire assez vite et d'oublier des territoires. Dès qu'il y avait un petit problème quelque part, c'était la faute du gouvernement fédéral. Toutefois, il faut se rappeler que nous avons conclu une entente avec le gouvernement du Québec en 2021. Grâce à cette entente, plus de 250 000 foyers au Québec ont maintenant accès à Internet à la maison. C'était un besoin criant à l'époque. Cela a beaucoup résonné dans ma circonscription, dans les circonscriptions du Bloc québécois, mais aussi partout au Québec. Donc, nous avons collaboré avec le Québec pour améliorer la connectivité au Québec.
Comme je le disais, notre plan fonctionne. Ce ne sont pas juste des mauvaises nouvelles. Nous avons beaucoup de bonnes nouvelles.
Je me réjouis de voir que notre gouvernement a mis de l'avant un système d'apprentissage et de garde de jeunes enfants à l'échelle du Canada qui s'inspire largement du modèle qui existe au Québec. Oui, le Québec est un modèle. Je suis fier des modèles qui viennent du Québec. Nous prenons ces modèles qui fonctionnent et nous les implantons partout au Canada en améliorant ceux du Québec. Évidemment, le Québec en bénéficie aussi. Dans le cadre d'un accord de plus de 6 milliards de dollars, le Québec s'est engagé à créer 30 000 nouvelles places en garderie d'ici mars 2026. Depuis le lancement du Grand chantier pour les familles en octobre 2021, 20 500 places additionnelles subventionnées ont été créées. C'est une merveilleuse collaboration. Notre système de garderie viendra grandement aider les familles, mais les avantages ne s'arrêtent pas là.
Les services de garde abordables de jeunes enfants ont aussi aidé à faire augmenter le taux de participation à la population active des femmes. Encore une fois, lorsque nous agissons, ça a des effets dominos. Nous avons permis aux femmes de retourner travailler ou d'entrer sur le marché du travail. Le taux de participation à la population active des femmes dans la force de l'âge est à un niveau record; en septembre 2023, il était de 85,7 % au Canada par rapport à seulement 74,4 % aux États-Unis. Imaginons l'importance qu'on donne aux femmes lorsqu'on leur donne la possibilité de retourner sur le marché du travail. Ce système bénéficie aussi à l'économie. Lorsque tout le monde travaille, l'économie va bien.
La priorité de notre gouvernement demeure d'aider la population. C'est ce que nous faisons avec nos investissements dans le système de santé, dans les soins dentaires, dans le système de garderie, mais aussi dans le logement. C'est dans ce même esprit de soutien aux Canadiens que nous faisons d'autres investissements pour rendre la vie plus abordable au Canada.
Nous sommes d'avis que notre gouvernement doit fonctionner en partenariat, et nous souhaitons ardemment être un partenaire pour le gouvernement du Québec. Là où les provinces doivent être encouragées à en faire un petit peu plus, notre gouvernement sera là pour les encourager et leur offrir plus d'argent pour pouvoir le faire.
C'est justement dans cet esprit que, l'automne dernier, nous avons conclu une entente de 1,8 milliard de dollars avec le Québec pour favoriser l'accélération et la construction de logements. Cette somme s'ajoute à d'autres investissements faits dans le passé grâce à la Stratégie nationale sur le logement. Dans ce partenariat pour le logement, 900 millions de dollars proviennent du gouvernement du Québec et 900 millions de dollars, du gouvernement canadien. Notre gouvernement a une longue histoire de collaboration avec le Québec sur les questions de logement. C'est le genre d'entente dont nous avons besoin pour construire plus de logements plus rapidement pour les nouvelles générations. C'est exactement le genre d'entente gagnante qui profite au Québec et aux Québécois. Évidemment, lorsque nous collaborons, ce sont les citoyens qui en bénéficient.
La réalité, c'est que bien des Canadiens ont besoin de soutien pour réussir. Lorsque c'est possible, notre gouvernement souhaite aider. Depuis 2015, nous mettons en place des programmes afin de soutenir la classe moyenne et d'assurer une meilleure équité entre les générations, et ce, d'un océan à l'autre. Cela passe par l'Allocation canadienne pour enfants ou encore le Régime canadien de soins dentaires.
Dans le budget 2024, nous continuons d'appuyer les priorités des Canadiens et des Québécois en investissant massivement dans le logement.
L'une des priorités clés de ce budget, c'est le logement. Nous allons travailler avec les provinces et les territoires pour construire plus de logements plus rapidement. Comme dans l'entente de l'automne dernier, nous allons accélérer la construction de logements en collaboration avec les provinces et les territoires, que le Bloc québécois le veuille ou non.
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Madame la Présidente, c'est un plaisir pour moi de me lever aujourd'hui pour parler de la motion du député de et porte-parole du Bloc québécois en matière d'affaires intergouvernementales, de ressources naturelles et d'énergie.
J'aimerais aborder un peu la question des compétences fédérales et provinciales. J'ai eu l'occasion de faire mes études à l'Université du Québec à Chicoutimi dans les années 1978, 1979 et 1980, des années très mouvementées dans l'histoire du Québec. C'était une expérience très enrichissante. Nous avions beaucoup appris sur l'histoire, le développement et l'évolution du Canada, et surtout sur la Confédération. Nous avions eu des discussions très intéressantes dans les salles de cours.
Ce qui m'avait beaucoup frappée, ce sont les partenariats qui se sont formés au cours des années. On peut commencer par les patriotes, qui ont lancé une rébellion au Bas‑Canada en 1837 et en 1838, et que nous venons de célébrer au Québec. Cette révolte très importante a eu des conséquences très néfastes pour ceux qui y ont participé, notamment pour les 58 patriotes de chez nous qui ont été exilés en Australie, mais leurs paroles et leurs actions ont marqué les événements autour d'eux.
Il y a aussi eu une autre rébellion dans le Haut‑Canada, qui était moins marquée, mais ces événements ont déclenché toute la discussion sur l'importance d'avoir un gouvernement responsable, c'est-à-dire un gouvernement représentatif des citoyens, surtout pour une société en plein développement.
Quelques décennies plus tard, Louis‑Hippolyte LaFontaine et Robert Baldwin ont formé un partenariat pour déloger les pouvoirs actuels et réclamer la mise en place d'un gouvernement responsable à l'Empire britannique. À un moment donné, la famille de M. LaFontaine a même gardé les enfants de M. Baldwin au Québec, et une des enfants de M. Baldwin est devenue une sœur dans le couvent des Ursulines, ce qui est très touchant.
On peut constater que j'aime beaucoup l'histoire, mais il est important de reconnaître que l'histoire de notre pays est l'histoire des personnes, de vraies personnes, qui ont trouvé qu'il était plus important de travailler ensemble que de se séparer. On n'a pas besoin d'aller plus loin que le fameux partenariat entre John A. Macdonald et George‑Étienne Cartier, qui ont signé une entente, avec tous les autres Pères de la Confédération, qui reconnaissait les pouvoirs des provinces, mais qui les plaçait sous le parapluie du gouvernement fédéral. C'est cette entente qui souligne à la fois l'importance de respecter ces pouvoirs et l'importance d'avoir un gouvernement responsable local lorsqu'il est question de commerce, de services sociaux, d'éducation, de santé, etc.
Puisqu'il y avait des guerres durant ces années, que ce soit avec nos voisins, aux États‑Unis, ou avec des pays d'Europe, il était important pour le gouvernement fédéral d'avoir le pouvoir de défendre le pays et de maintenir l'ordre dans la société pour assurer la sécurité de tout le monde.
Je sais que je remonte loin dans l’histoire, mais c’est pour nous amener à aujourd’hui et expliquer pourquoi ce n'est pas seulement une richesse, mais une garantie relative à notre démocratie, à notre liberté et à nos droits qu’on trouve dans la Constitution canadienne pour tous les gens qui demeurent au Canada, peu importe la province. La Constitution canadienne garantit que tous les Canadiens et les Canadiennes ont accès aux mêmes droits et libertés.
Cela dit, je devrais parler de ce qui se passe aujourd’hui afin de démontrer comment cette belle collaboration entre le gouvernement fédéral et le gouvernement du Québec se poursuit.
Mon collègue a donné l’exemple des services de garde. Il s'agit d'un bel exemple où le Québec a été un pionnier. J'ai pu en bénéficier lorsque ma fille fréquentait le service de garde il y a 35 ans. J'ai maintenant un petit-enfant, et, il y a quelques années, ma fille et son mari étaient à New York. Ils se demandaient comment ils allaient faire pour payer les frais de garderie. Maintenant, ils ont déménagé à Halifax. J'ai ressenti une telle joie quand elle m’a appelée pour me dire qu’elle et son mari avaient trouvé une garderie pour Roy, que ce n’était pas cher et qu’elle était en mesure de retourner au travail. C'est le Québec qui a donné l’exemple en cette matière.
Je dis toujours que c’est le Canada qui a besoin du Québec. C’est un partenariat qui continue à ce jour et qui nous permet de mettre tous nos talents et toutes nos capacités ensemble. En ce qui concerne les services de garde, la signature d’une entente asymétrique avec le Québec permettra d’allouer près de 6 milliards de dollars entre 2021 et 2026 et d'offrir tellement d’opportunités partout au pays, mais aussi au Québec. En effet, la capacité du fédéral d’être un partenaire dans le soutien financier a aidé le Québec à ouvrir d’autres places en garderie. Bien sûr, nous sommes très fiers de ce système.
Le logement est un autre très bon exemple. Je vais parler de quelque chose qui est très important dans ma circonscription, mais aussi dans les circonscriptions avoisinantes chez moi en Montérégie. J’ai eu l’occasion de me rendre dans la circonscription de la députée de il y a quelques semaines pour une annonce sur les logements abordables. Ce sont 48 logements qui seront construits. J’y étais avec le député provincial, le maire, tous les intervenants et aussi avec la députée de Salaberry-Suroît. Nous étions très contents de faire cette annonce ensemble. De plus, nous avons promis que d'autres logements allaient être construits. C'est arrivé grâce à une contribution de 900 millions de dollars versée au Québec dans le cadre du Fonds pour accélérer la construction de logements afin d’accélérer la construction de logements résidentiels au Québec. Le gouvernement du Québec a ajouté un montant équivalent de 900 millions de dollars.
Nous travaillons main dans la main pour atteindre une masse critique pour mettre en œuvre cette priorité, qui est une priorité pour les deux gouvernements et au sujet de laquelle nous avons mené des consultations afin d'arriver à cette entente. Je suis d'accord que cela prend parfois du temps pour parvenir à des ententes entre le fédéral et les provinces, mais ça vaut la peine de travailler ensemble. Il faut penser justement aux collègues d’autrefois, les patriotes, Baldwin, LaFontaine et les Sioux, qui ont travaillé ensemble pour construire notre pays d'aujourd’hui.
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Avant de commencer, j'aimerais dire que je partagerai mon temps de parole avec l'excellent député de .
Mes propos des prochaines minutes ne se veulent pas à une attaque personnelle contre le Bloc québécois ou ses députés. Au Bloc, il y a plusieurs très bonnes personnes. C'est plus de façon générale que je vais m'exprimer en parlant du Bloc aujourd'hui.
Premièrement, nous sommes tout à fait d'accord sur la motion présentée. C'est la façon de travailler des conservateurs depuis toujours: nous avons toujours respecté les champs de compétence des provinces. Ça fait partie de notre ADN et nous n'avons aucune objection à ce sujet. Nous avons cependant des questions sur les contradictions qui entourent la gestion de la façon d'être et d'agir du Bloc québécois.
Tout d'abord, il faut comprendre que la motivation première du Bloc est la séparation, la souveraineté du Québec. C'est dans leur cahier de propositions politiques et le Bloc ne s'en cache pas. Tout le monde sait que le Bloc veut séparer le Québec du Canada.
Il faut comprendre également que les députés du Bloc ont été élus par environ 30 % de la population du Québec. Il reste donc 70 % de Québécois, dont mes collègues ici et moi faisons partie, qui sont tout aussi Québécois que les députés du Bloc. Ces 70 % de Québécois qui ont voté pour d'autres partis que le Bloc ont des aspirations pour la nation québécoise au même titre que les députés du Bloc. Il faut donc arrêter de faire des jeux, de toujours dire que les gens du Bloc sont de vrais Québécois, mais pas les députés des autres formations. C'est le message qu'on sent, qu'on ressent et qu'on entend dans l'enceinte du Parlement du Canada.
Il y a une autre contradiction. Selon le Bloc, et ce que disait publiquement la candidate du Bloc qui s'est présentée contre moi en 2021, le fait d'être élu pour le Bloc signifie que l'élu bloquiste va aller travailler dans le Parlement d'un pays étranger. La personne candidate du Bloc se présente, se fait élire par peut-être 30 % ou 40 % des gens de sa circonscription, et dit aux citoyens qu'elle s'en va dans un Parlement étranger pour tous les représenter. C'est ce qui a toujours été et ça fait 30 ans que c'est le même discours.
J'en viens maintenant aux contradictions plus profondes.
Le chef du Bloc a répété, et c'est son slogan à lui, que si c'est bon pour le Québec, le Bloc votera pour, mais que si ce n'est pas bon pour le Québec, le Bloc votera contre. C'est le discours que tient publiquement le chef du Bloc québécois. Comme Québécois, on peut dire que ce n'est pas mauvais. C'est vraiment une approche centrée sur les intérêts premiers du Québec, sur un travail de collaboration avec la fédération canadienne. On ne peut donc pas être contre.
Cependant, on a vu les gestes concrets que le Bloc a faits en votant sur les budgets, qui sont contradictoires. Le Bloc québécois dit publiquement qu'il vote contre tous les budgets parce qu'ils ne sont pas bons, et c'est vrai. Il le fait pour différentes raisons, en disant qu'il est contre, et les gens disent donc que le Bloc québécois vote contre les budgets du gouvernement libéral.
Par contre, il y a tout le côté, important, des crédits budgétaires. Le Bloc québécois a voté en faveur de tous les crédits budgétaires supplémentaires, représentant 500 milliards de dollars, mais il ne s'en vante pas.
J'écoutais le chef du Bloc ce matin répondre à la question que mon collègue de lui a posée précisément sur ça. Il lui a répondu qu'on ne ferait pas comme les Américains et qu'on ne commencerait pas à bloquer l'appareil gouvernemental, notamment. Voilà comment il s'est justifié d'avoir approuvé 500 milliards de dollars de dépenses supplémentaires. Ces crédits ont fait grossir l'appareil fédéral de 109 000 fonctionnaires. Ces crédits ont, entre autres, servi à donner des millions, des dizaines de millions de dollars à ArriveCAN.
Quand le scandale arrive, tout d'un coup, les députés du Bloc s'étonnent d'avoir voté en faveur de cette mesure. Dans un échange public, les médias ont posé une question au , et il leur a répondu en leur demandant s'ils pensaient que les députés du Bloc avaient le temps d'étudier chacun des crédits. Pourtant, c'est quoi, leur job? Ils sont 32 députés. Il y a en plus leurs équipes de recherche et le monde qui travaille dans leurs bureaux. Que font-ils? De notre côté, nous le faisons: nous fouillons les crédits, nous les étudions. C'est pour ça que nous votons contre la majorité du temps, parce que ça n'a pas de sens.
Le Bloc dit publiquement qu'il vote contre les budgets alors que, dans les faits, il vote en faveur de tous ces crédits tout en prétendant et en déclarant qu'il n'a pas le temps de les étudier. Pourtant, quelle est la responsabilité première d'un élu? C'est de savoir pour quoi il vote et, surtout quand ça n'a aucun sens, de s'y opposer.
Le dit souvent que les bloquistes sont les adultes dans la pièce, qu'ils sont les meilleurs et qu'ils travaillent vraiment dans l'intérêt des Québécois. Pourtant, ils ont voté en faveur de 500 milliards de dollars de dépenses supplémentaires de ce gouvernement qui, soit dit en passant, est le pire gouvernement de l'histoire du pays.
Ce gouvernement a doublé la dette de notre pays, ce qui a pour effet que les Québécois ont aujourd'hui des conditions de vie exécrables et que tout coûte beaucoup plus cher. L'inflation ainsi que la hausse des taux d'intérêt et du coût de la vie en général, notamment le prix des logements, ont explosé et sont en grande partie attribuables à la gestion pitoyable de ce gouvernement. Le Bloc québécois a appuyé ces dépenses folles.
En tant qu'organisation, le Bloc québécois est un parti de gauche, un parti socialiste. Nous le savons. Les bloquistes l'ont avoué, l'ont dit. Comment peut-on faire coïncider des responsabilités fiscales avec le fait d'être toujours en train de vouloir supporter des mesures socialistes, de gauche, et des dépenses exponentielles? On ne peut pas jouer sur deux tableaux. On ne peut pas dire qu'on est l'adulte dans la pièce et qu'on est responsable, alors qu'on vote les yeux fermés. Comme le chef du Bloc québécois l'a dit, les bloquistes n'ont pas le temps de regarder cela. C'est difficile de voter les yeux fermés, de voter pour des dépenses qui ne font que créer des problèmes pour les citoyens aujourd'hui. À la Chambre, on n'a aidé personne au cours des neuf dernières années. Personne n'a été aidé. Nous vivons juste plus de problèmes qu'il y en avait en 2015.
Je vais donner un exemple concernant le vote sur les crédits. Depuis l'arrivée du nouveau chef du Bloc québécois en 2019, 219 votes ont été considérés comme des votes de confiance. Il s'agit de votes sur des crédits budgétaires ou sur des motions similaires à celle que le Parti conservateur a présentée il y a un mois. À 219 reprises, le Bloc québécois a eu l'occasion de voter contre ce gouvernement, qu'il décrie, ce sur quoi nous lui donnons raison par ailleurs. Or les bloquistes ont voté 200 fois en faveur des crédits. Ils n'ont pas appuyé la motion de censure et ont soutenu le gouvernement. À 92 % des occasions, ils auraient pu dire qu'ils en avaient assez, mais ils ne l'ont pas fait. Ils ont préféré continuer à soutenir les dépenses exponentielles de ce gouvernement.
Je vais donner un exemple de dépense pour qu'on puisse retenir cela dans les archives publiques. Prenons le projet de loi . C'est le genre d'affaire dont on se demande ce que c'est. Si on ne prend pas le temps de fouiller, on ne peut pas vraiment savoir de quoi il s'agit. À titre d'information, cela représente 20,7 milliards de dollars de dépenses. Voici un autre exemple: le projet de loi . Les gens qui nous écoutent vont encore une fois se demander de quoi je parle. Je parle de 75,483 milliards de dollars et d'autres centaines de milliers de dollars de dépenses. Il y a plein d'affaires là-dedans, comme des pipelines. Le Bloc québécois a voté pour des pipelines dans le Nord. Les bloquistes ont soutenu cela alors que parle tous les jours à la Chambre contre l'industrie gazière. Les bloquistes ont voté pour. Ils ne savaient pas que le projet de loi contenait ça parce qu'ils ne regardent pas.
Voici encore un autre exemple: le projet de loi . On parle de 115,056 milliards de dollars et des poussières. Les poussières, ce sont des centaines de milliers de dollars. Pour le projet de loi , on parle de 108 700 157 669 $. Ce ne sont que quatre exemples d'une longue liste de dépenses qui ont été soutenues par le Bloc québécois. Les bloquistes diront bien ce qu'ils voudront. Ils vont faire plein d'actions un peu partout pour dire qu'ils sont de grands adultes et des gens responsables, mais, dans les faits, ils ont supporté ce gouvernement dépensier qui dépense sans contrôle. Nous avons aujourd'hui des problèmes et ces problèmes ont été appuyés par le Bloc québécois.
Pourquoi le Bloc québécois a-t-il appuyé ce gouvernement alors que les libéraux ont une entente avec les néo-démocrates et que le NPD est toujours là pour supporter le gouvernement, quoi qu'il arrive? Le Bloc québécois pourrait faire comme le Parti conservateur: voter contre les niaiseries des libéraux et assurer une vraie gestion efficace du pays. Or non, leur objectif est de séparer le Québec. Les bloquistes se donnent donc des raisons pour que ça aille mal de l'autre bord.
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Madame la Présidente, le Bloc québécois est en crise identitaire.
En effet, le Bloc québécois tire dans deux directions qui sont inconciliables. D'abord, le Bloc québécois prétend être indépendantiste pour enfin se débarrasser du contrôle de l'État fédéral sur la nation québécoise et la vie des Québécois. Ensuite, selon son chef, le Bloc québécois est un parti « de courant progressiste et social-démocrate. » C'est la même idéologie que celle du libéral actuel. On veut un grand État qui dirige l'économie avec d'énormes taxes, impôts, déficits, réglementations, programmes et subventions industrielles. En effet, c'est un État avec des tentacules partout.
Même si je ne partage pas ces deux objectifs, soit le socialisme et la souveraineté, un parti à l'Assemblée nationale peut, de façon cohérente, proposer les deux en même temps. Il peut proposer la séparation du Québec du reste du Canada et la création d'un grand État-providence au Québec. Je pense que c'est une mauvaise idée, mais au moins, on sait que cela pourrait s'inscrire dans une pensée cohérente. Le problème, c'est que le Bloc québécois n'est pas un parti provincial de l'Assemblée nationale du Québec. C'est un parti fédéral à Ottawa. Par conséquent, ses revendications sociales-démocrates contribuent à augmenter la taille de l'État fédéral.
Dans ce jeu à somme nulle, quand il y a plus d'argent et de pouvoir au fédéral, cela laisse moins d'argent et de pouvoir au Québec et aux Québécois. Chaque dollar des contribuables dépensé à Ottawa laisse un dollar de moins au gouvernement du Québec ou aux contribuables québécois. Ce n'est pas moi qui le dis, c'est Paul St‑Pierre Plamondon, ou PSPP. Il calcule que les Québécois paient 82 milliards de dollars à Ottawa en taxes. La plupart des taxes et des impôts que paient les Québécois au fédéral reviennent aux Québécois sous forme de prestations pour enfants, de paiements pour les aînés ou de transferts pour la santé et les services sociaux qui sont reçus par le gouvernement du Québec. PSPP semble dire qu'il y a encore plus d'argent qui ne revient pas au Québec. Où est allé cet argent? Il est allé dans les crédits budgétaires.
Les crédits budgétaires, c'est l'argent qui est voté au Parlement et dépensé pour financer la bureaucratie, les consultants, les agences, les contributions aux grandes entreprises et aux groupes intérêts. Bref, c'est le grand monstre fédéral à Ottawa, duquel les indépendantistes veulent se séparer.
On penserait donc qu'un parti indépendantiste aurait voté contre tous les crédits budgétaires qui nourrissent ce monstre fédéral, mais ce n'est pas ce qui s'est produit. En effet, depuis son arrivée au Parlement fédéral en 2019, le chef du Bloc québécois a voté en faveur de tous les crédits budgétaires de ce libéral. Il a voté 205 fois pour autoriser un total de 500 milliards de dollars de dépenses supplémentaires au gouvernement fédéral. C'est presque l'équivalent du PIB du Québec. On parle de 500 milliards de dollars, soit un demi-billion. Ce ne sont pas des dépenses pour la pension de la Sécurité de la vieillesse ou pour la santé. Ces dépenses sont déjà encadrées par la loi. On n'a pas besoin de voter pour autoriser cela. Le Bloc québécois a voté en faveur de la machine centrale à Ottawa, pour ajouter 100 000 fonctionnaires et 50 % plus d'argent pour la bureaucratie fédérale. Il a voté pour doubler les dépenses pour les consultants privés. Il a voté pour des dépenses de 21 milliards de dollars, ou 1 400 $ par famille québécoise, pour des consultants fédéraux.
Cela inclut le financement d'ArriveCAN, qui a coûté 25 millions de dollars, alors que le gouvernement libéral avait promis que cela allait coûter seulement 80 000 $.
Encore une fois, je trouve cela fascinant qu'un parti soi-disant indépendantiste du Québec n'appuie littéralement jamais les mesures visant à réduire le fardeau fiscal fédéral sur les épaules des Québécois. Il n'appuie jamais les baisses de taxes et d'impôt. On penserait qu'un parti indépendantiste s'opposerait toujours à ce que l'on force les Québécois à envoyer leur argent à Ottawa, mais ce n'est pas le cas des députés du Bloc québécois. Ils veulent, selon leurs propres mots, augmenter radicalement les taxes. D'ailleurs, le Bloc québécois a voté pour le projet de loi , qui donne au CRTC, une agence fédérale, le plein contrôle de ce que les Québécois peuvent visionner et écrire sur les réseaux sociaux.
Même son soutien à Radio-Canada est paradoxal. Le Bloc québécois veut se séparer du Canada, ce qui expulserait Radio-Canada du Québec, mais en même temps, il dit que Radio-Canada est essentielle pour la culture et les médias au Québec. Apparemment, il croit donc que le Canada et le fédéral sont essentiels dans la vie des Québécois. Ce n'est pas très indépendantiste non plus.
La vraie question est la suivante: en quoi un Québec souverain mené par le serait-il différent du Canada mené par l'actuel libéral? Le Bloc québécois appuie des taxes et des impôts élevés, un endettement massif de l'État et une bureaucratie obèse qui se mêle de tout, mais qui n'est bonne à rien.
Rappelons également que le Bloc québécois appuie le système de justice qui libère les criminels récidivistes et qui interdit les armes de chasse des chasseurs. En fait, un Québec indépendant avec le chef du Bloc québécois comme premier ministre serait presque identique à l'État fédéral sous le premier ministre actuel.
Heureusement pour le Bloc québécois, ses fantasmes d'un État-providence sont déjà réalisés au Canada sous le premier ministre actuel, avec la quantité énorme de programmes, de bureaucratie, de taxes, de déficits et de réglementation. Tout le monde dépend du gouvernement. Pour les idéologues de la gauche, comme les chefs du Bloc québécois, du Nouveau Parti démocratique et du Parti libéral, c'est un rêve, mais pour la classe ouvrière, c'est un cauchemar où le logement, la nourriture et toute autre chose sont hors de prix. Il y a plus d'itinérance, de pauvreté et de désespoir.
Le Bloc québécois n'offre ni la souveraineté ni l'autonomie aux Québécois. Il leur offre plutôt un gouvernement fédéral plus coûteux, centralisateur et endetté, exactement comme les libéraux. Le bloc libéral n'est pas un parti indépendantiste, c'est un parti dépendantiste. Il défend ce dont il dépend. Le Bloc québécois dépend du fédéral pour ses pensions et des chèques de paie et pour tous ses rêves idéologiques, qui sont vraiment centralisateurs.
Par contre, avec notre plan de gros bon sens, nous allons réduire les taxes et les impôts, bâtir des logements en réduisant la bureaucratie et réparer le budget en plafonnant les dépenses et en éliminant le gaspillage. Bref, avec un gouvernement fédéral petit, on laissera les Québécois prendre leurs propres décisions. Ils pourront décider de garder plus d'argent dans leurs poches ou d'en donner plus à leur gouvernement à Québec. C'est leur choix. C'est un message pour les Québécois: avec le bloc libéral, le fédéral est maître chez vous; avec les conservateurs de gros bon sens, les Québécois seront maîtres chez eux.
Merci beaucoup.
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Madame la Présidente, c’est clair, le Québec doit être consulté sur les questions qui affectent les Québécois et les Québécoises. Nous estimons que la dynamique de va-et-vient entre le gouvernement fédéral et les provinces peut être bénéfique pour la politique sociale. Nous pensons que les meilleures politiques sociales peuvent être réalisées en travaillant ensemble plutôt que par une action unilatérale du gouvernement fédéral.
Or, c’est aussi vrai que plusieurs voix québécoises appuient clairement un programme de soins dentaires fédéral et que ce programme va améliorer la vie de nombreux Québécois et Québécoises. Il en a été de même lors du débat sur la Loi canadienne sur la santé; il y avait alors eu des discussions au sujet de cette loi au regard des compétences provinciales. Aujourd’hui, c’est considéré comme un fait accompli. En fait, c’est une des valeurs principales de notre pays.
Un jour, il en sera de même pour les programmes de soins dentaires et d’assurance-médicaments. Je suis fière que ce soit grâce au NPD que nous pouvons avancer sur cela.
Je veux être claire et faire entendre les voix québécoises qui appuient notre programme de soins dentaires et notre programme d’assurance-médicaments. La Centrale des syndicats démocratiques, ou CSD, la Confédération des syndicats nationaux, ou CSN, la Centrale des syndicats du Québec, ou CSQ, et la Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec, ou FTQ, réclament depuis longtemps un régime public d’assurance-médicaments. Ils ont salué ce premier pas et en réclament d’autres. Je me demande donc pourquoi le Bloc québécois ignore les leaders syndicaux du Québec et les voix des travailleuses et des travailleurs du Québec sur cette question.
Selon le président de la CSD, M. Luc Vachon: il est inconcevable que la santé d'une personne dépende de son revenu ou fasse l'objet d'une négociation. Même si le Québec a son propre régime, il discrimine les personnes à faible revenu. Un véritable régime public et universel doit consacrer le droit de chacun à un accès facile aux médicaments. Il est temps de dépasser les querelles constitutionnelles pour assurer à l'ensemble de la population un accès réel à des médicaments abordables.
La CSN estime que le Québec fait actuellement fausse route en exigeant un droit de retrait sans condition. Pour elle, « il ne serait pas acceptable que le Québec reçoive des fonds fédéraux sans condition dans le but de maintenir un régime dysfonctionnel et inéquitable ». Elle demande au gouvernement fédéral de « se montrer ouvert envers les provinces qui souhaitent [...] financer des régimes publics universels provinciaux ». Pourquoi le Bloc québécois se positionne-t-il contre ce que dit la CSN?
Nous nous sommes basés sur les messages enthousiastes que nous avons reçus des Québécois à l’égard du programme de soins dentaires. Plus de 600 000 d’entre eux se sont inscrits pour recevoir des soins dentaires. Pourquoi le Bloc québécois s’oppose-t-il à ces 600 000 personnes inscrites? Encore une fois, les faits sont clairs.
Le plan du NPD profiterait à 2,5 millions de Québécois et permettrait aux personnes âgées d’économiser déjà 1 000 $ par an. Il y a 10 000 prestataires de soins dentaires qui sont déjà inscrits.
On peut certes poser au Bloc québécois des questions comme celles-ci: pourquoi ce parti qui se dit grand défenseur du Québec s’oppose-t-il aux leaders syndicaux de la FTQ, de la CSD, etc.? Pourquoi s’oppose-t-il aux 600 000 Québécoises et Québécois qui se sont inscrits au programme? La grande question est: pourquoi le Bloc québécois met-il tant d’efforts à défendre des provinces de gouvernement de droite hors Québec?
[Traduction]
J'aimerais revenir au discours que vient de prononcer le . À un moment donné, il a parlé de cauchemars et de rêves. Je pourrais dire que ce que son discours à la Chambre symbolise pour de nombreux Canadiens, en particulier les gens à faible revenu et les travailleurs, c'est le cauchemar auquel nous aurions à faire face si nous avions un gouvernement dirigé par le chef de l'opposition officielle.
Les Canadiens se souviennent des sombres années du gouvernement Harper, lorsque les programmes sociaux et les investissements dans les soins de santé ont été réduits. En fait, des changements ont été apportés aux formules d'investissement dans les provinces, si bien que des provinces comme la mienne ont obtenu moins d'argent que ce dont elles avaient besoin pour répondre aux besoins de leurs collectivités. Le Manitoba ne s'est pas encore remis des compressions imposées par le gouvernement Harper.
Il est toutefois clair que le Bloc défend les premiers ministres et les gouvernements provinciaux de droite qui mettent à genoux notre système de santé public universel. Pensons aux compressions en Ontario ainsi qu'aux déclarations de la première ministre de l'Alberta, Danielle Smith. L'avenir des habitants de ces provinces est particulièrement sombre. On voit comment ils préconisent la privatisation des soins de santé. Ils affaiblissent le système public de soins de santé pour accorder la priorité aux soins privatisés, et ils érodent les soins de santé universels sur lesquels les Canadiens comptent. En réalité, le Bloc ne se contente pas de prendre position contre les intérêts des syndicats, des travailleurs, des 600 000 Québécois qui se sont inscrits au régime de soins dentaires et des nombreuses personnes qui ont souligné l'importance de l'assurance-médicaments. Le Bloc, pour une raison étrange, défend aussi les premiers ministres de droite hors Québec qui sont déterminés à vider de leur substance les soins de santé publics.
Le NPD ne les laissera pas faire. Nous le disons clairement: nous sommes solidaires des dirigeants syndicaux, des travailleurs syndiqués du Québec, des 600 000 Québécois qui se sont inscrits au programme de soins dentaires, et des nombreux autres qui, nous le savons, le feront dans les mois à venir. Nous disons que nous devons aller de l'avant pour étendre l'universalité de l'accès aux soins de santé aux soins dentaires, à l'assurance-médicaments et à cette vision plus large des soins de santé dont des leaders comme Tommy Douglas et d'autres ont parlé il y a tant d'années. Il est inconcevable que, dans un pays aussi riche que le Canada, nous ne soyons pas en mesure de prendre soin les uns des autres, de prendre soin de nos concitoyens d'une manière qui tienne compte de leurs besoins. Il y a quelques semaines à peine, j'ai eu l'occasion de m'entretenir avec une infirmière spécialisée en diabète, à Thomson, ma ville d'origine. Elle m'a parlé des problèmes et de la difficulté qu'il y a à travailler avec des patients qui n'ont pas les moyens d'acheter les médicaments et l'équipement dont ils ont besoin pour le traitement du diabète.
Je terminerai en disant que je suis fière de représenter des électeurs qui ont désespérément besoin de ce que peut leur apporter l'assurance-médicaments et l'accès aux soins dentaires étant donné ce que cela signifierait pour eux. Je suis fière de la position du NPD, qui s'appuie sur la déclaration de Sherbrooke et qui dit oui à l'universalité des soins de santé, aux soins dentaires et à l'assurance-médicaments, et non aux jeux politiques du Bloc, des premiers ministres de droite et du .
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Madame la Présidente, je me fais un plaisir de me lever à la Chambre pour parler de sujets qui sont extrêmement importants pour les gens qu'on représente un peu partout au Québec.
J'aimerais aborder deux choses pour commencer.
Premièrement, on entend souvent les députés ou le chef du Bloc québécois dire que, pour le Bloc, ce n'est pas compliqué: quand c'est bon pour le Québec, il vote pour, quand ce n'est pas bon pour le Québec, il vote contre. C'est très simple, mais il y a des questions que le Bloc ne se pose jamais, à savoir si c'est bon pour les Québécois et les Québécoises, si c'est bon pour les travailleurs et travailleuses du Québec et leur famille, si c'est bon pour les aînés québécois, ou si c'est bon pour les adolescents québécois. Le Bloc nous sort toujours un vote unanime à l'Assemblée nationale, mais, dans la réalité, est-ce que ça va aider M. et Mme Tout-le-Monde? Est-ce que ça va changer quelque chose dans leur vie?
Personnellement, pourquoi est-ce que je fais de la politique? C'est pour défendre les droits des travailleurs, pour défendre la justice sociale, pour lutter contre la pauvreté, et pour apporter plus de justice et d'égalité dans notre société. C'est ça, se demander si c'est bon pour les Québécois et les Québécoises et si c'est bon pour ceux que je représente dans ma circonscription.
Deuxièmement, il faut comprendre la contradiction intrinsèque du Bloc, qui fait que ce dernier a de la difficulté à avoir une approche constructive ici. L'ensemble du récit qu'il nous présente, c'est que le fédéral est mauvais et ne fonctionne pas. Il est vrai que, des fois, ça ne fonctionne pas et que, des fois, ça fonctionne mal. Par contre, des fois, ça fonctionne bien et ça peut faire de bonnes choses. Par contre, le Bloc est incapable de le dire parce que ça ne rentre pas dans le récit qu'il veut raconter. S'il y a des succès, il ne peut pas en parler parce qu'il irait contre sa thèse fondamentale. Ce qu'on voit depuis des années avec les députés du Bloc, c'est qu'ils préfèrent nourrir leur argumentaire que nourrir le monde alors que, nous, au NPD, sommes là pour aider les gens.
Que peut-on faire pour faire avancer des dossiers et régler des problèmes au lieu de prouver tout le temps que le fédéral est le grand méchant loup? Des fois, il l'est. Des fois, il est inefficace, comme on l'a vu dans le dossier des passeports et, depuis des années, dans celui de l'immigration. Si on peut cependant faire des choses positives et constructives, pourquoi pas? C'est pour ça qu'on fait de la politique, pour représenter les gens dans nos circonscriptions, aider le monde, et aider les gens qui ont voté pour nous.
Je comprends que le Bloc québécois a récolté 1,3 million de votes aux dernières élections. Par contre, ce n'est pas nécessairement à lui de décider ce qui est bon pour le Québec ou non. Pourquoi aurait-il le monopole ou l'exclusivité de ce qui est bon pour le Québec? Il y a des gens qui ont voté pour le Parti conservateur du Canada. Il y a des gens qui ont voté pour le Parti libéral du Canada. Il y a des gens qui ont voté pour le Parti vert du Canada. Il y a même 400 000 Québécois qui ont voté pour le NPD.
Le Bloc québécois a reçu à peu près un tiers des votes. Par contre, le NPD n'a malheureusement pas l'équivalent du tiers de la députation du Bloc, puisqu'on n'a pas de système de représentation proportionnelle au Canada. Cependant, ce sont tout de même 400 000 Québécois et Québécoises qui nous ont envoyés ici et qui, entre autres, nous ont demandé d'aller leur chercher de meilleurs soins de santé et de leur procurer une expansion de leurs traitements, de leur système de santé et de leurs soins dentaires.
Au NPD, nous nous sommes dit que nous irions à Ottawa nous battre pour qu'ils aient accès plus facilement à des soins dentaires. C'est ce que nous avons fait. Nous avons utilisé notre rapport de force, puisque nous détenons la balance du pouvoir. Nous avons négocié avec les libéraux pour les forcer à faire des choses qu'ils n'avaient jamais acceptées dans le passé. Aujourd'hui, évidemment, ils s'en attribuent le mérite. C'est normal, c'est le jeu politique. Cependant, ils ont toujours voté dans le passé contre les soins dentaires et contre une assurance-médicaments publique et universelle.
Si ça n'avait pas été du travail du NPD, ça n'existerait pas. Ça existe réellement maintenant. Grâce au plan que nous avons mis de l'avant et que nous avons forcé les libéraux à réaliser, 600 000 Québécois et Québécoises sont aujourd'hui inscrits au Régime canadien de soins dentaires. Ce programme n'est pas du tout une intrusion ou une ingérence dans le réseau québécois de la santé. Le gouvernement fédéral ne vient pas dire comment gérer un hôpital, un centre local de services communautaires ou un centre d'hébergement et de soins de longue durée. Il vient simplement offrir la possibilité de payer le dentiste.
Il y a 4 millions de Québécois et de Québécoises qui n'ont aucune couverture dentaire, ni publique, ni privée, ce qui a des conséquences extrêmement graves, notamment pour leur santé buccale, mais également pour leur santé globale. J'ai appris que des chirurgies cardiaques pouvaient être reportées si le chirurgien considérait que la santé buccale d'une personne était trop mauvaise, soulevant alors trop de risques de transmission de bactéries ou de virus. C'est quelque chose de très concret.
C'est ça qu'on essaie de régler et ça devient réel. Contrairement à ce qu'a dit plus tôt le et qui est faux, à savoir que pas une seule dent n'avait encore été nettoyée, 90 000 personnes de partout au Canada, dont des milliers de Québécois et Québécoises, ont depuis le 1er mai eu accès à un dentiste, soit gratuitement, soit moyennant un remboursement de 80 % ou 90 % des coûts, ce qui n'est pas rien.
Il y a 10 000 fournisseurs de soins dentaires au pays qui sont déjà inscrits. À partir du 8 juillet, ce sera encore plus facile parce qu'ils n'auront pas besoin de s'inscrire. Ils vont pouvoir envoyer directement la facture sur le portail de la Sun Life. Cela va accélérer le processus et les gens vont avoir accès à ces soins dentaires de manière beaucoup plus simple et efficace.
On apprend que, parmi les 90 000 Canadiens qui ont eu accès à des soins dentaires depuis le 1er mai, certains n'étaient pas allés chez le dentiste depuis des décennies. Cette année, les personnes aînées du Québec peuvent avoir accès à des soins dentaires remboursés à 80 %, à 90 % ou parfois à 100 %, dépendamment des tarifs. Au mois de juin, les adolescents de 12 à 18 ans, les personnes de 18 ans et moins vont pouvoir s'inscrire à ce nouveau programme de soins dentaires. Pour les familles qui payent pour des nettoyages réguliers ou des extractions pour leurs adolescents, cela va apporter des changements importants. Ce sont des centaines de dollars par année que ces familles québécoises vont pouvoir économiser.
À partir du mois de juin, les personnes en situation de handicap qui ont des crédits d'impôt au fédéral vont pouvoir également s'inscrire au programme de soins dentaires. C'est révolutionnaire, et on ne dit pas à Québec quoi faire ni comment faire. Il n'y a pas de régime québécois de soins dentaires pour les personnes âgées. Il n'y a pas de régime québécois de soins dentaires pour les adolescents. Cela n'existe pas non plus pour les adultes de 18 à 64 ans, qui vont pouvoir s'inscrire dès l'année prochaine.
Ce qu'on a réussi aussi à arracher aux libéraux, de peine et de misère et en exerçant beaucoup de pression, c'est la fondation d'un programme d'assurance-médicaments public et universel. C'est le meilleur moyen de contrôler et de réduire le coût des médicaments. Toutes les études et tous les rapports, y compris le rapport Hoskins de 2019, nous disent que c'est ce qu'il faut faire. Le régime québécois, qui est un régime hybride, était une avancée et un réel progrès il y a 30 ans, mais aujourd'hui, il est dépassé et on a perdu le contrôle sur le coût des médicaments.
Toutes les grandes centrales syndicales nous le disent au Québec, il faut absolument avoir un régime public universel à payeur unique. On établit les fondations de cela avec des discussions avec les provinces. Évidemment, le Québec devrait avoir le droit de retrait avec compensation. Au NPD, nous pensons que ce serait tellement avantageux qu'il faut continuer ces discussions-là, qu'il faut au moins avoir ces discussions pour aller de l'avant.
À la FTQ, la CSN et la CSQ, qui représentent 1,5 million de travailleurs et travailleuses au Québec, on est unanime pour dire qu'il faut mettre sur pied un régime d'assurance-médicaments pour réduire les coûts, pour améliorer grandement la santé des gens, mais aussi leurs économies, alors que la hausse du coût de la vie frappe tout le monde.
Les soins dentaires et le programme d'assurance-médicaments sont des programmes d'économies pour les travailleurs, pour les employeurs, pour le réseau de la santé québécois. Si les gens vont chez le dentiste et se font soigner, s'ils peuvent se payer les médicaments et de recevoir les médicaments dont ils ont besoin, ils seront moins malades. Ils ne vont pas se retrouver à l'urgence, ils ne vont pas aller dans le réseau de la santé du Québec pour engorger justement ces urgences-là. C'est une manière réelle et concrète d'améliorer la vie des gens.
Je suis très fier que ce programme porte la marque du NPD. C'est grâce à notre initiative et à nos pressions que cela deviendra une réalité. Cela va aider toutes les personnes québécoises qui veulent avoir accès à des contraceptifs. Si ces discussions et ces négociations avec les provinces aboutissent, des millions de personnes auront accès à un meilleur contrôle de leur procréation et de leur propre corps. Pour les personnes qui sont atteintes du diabète, avoir accès à l'insuline, à l'équipement, mais également à tous les équipements, changera grandement les choses. Nous devons aller de l'avant et j'invite le gouvernement du Québec à être ouvert à cela.
Madame la Présidente, je présente un amendement à la motion qui nous est présentée en cette journée de l'opposition du Bloc québécois:
Que la motion soit modifiée a) par substitution, au paragraphe a), de ce qui suit: « a) réaffirme le principe de fédéralisme coopératif où le Québec est reconnu comme une nation au sein du Canada et où le gouvernement fédéral doit collaborer avec les provinces et territoires dans le respect des champs de compétence reconnus par la Constitution »; b) par substitution, au paragraphe c), de ce qui suit: « c) réclame que le gouvernement travaille de manière coopérative avec tous les niveaux de gouvernement pour répondre aux besoins des citoyens tout en offrant systématiquement au Québec un droit de retrait avec pleine compensation et sans condition chaque fois que le fédéral s'ingère dans sa juridiction; » c) par adjonction de ce qui suit: « d) reconnaisse le fait que plus de 600 000 aînés du Québec se sont déjà inscrits au régime de soins dentaires du Canada et du fait que la Centrale des syndicats démocratiques, la Confédération des syndicats nationaux, la Centrale des syndicats du Québec et la Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec accueillent favorablement le développement d'un régime d'assurance-médicaments au fédéral. »
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Madame la Présidente, ce n'est pas facile de m'exprimer aujourd'hui après tous mes éloquents collègues du Bloc québécois et avant ceux qui me suivront.
Jusqu'à maintenant, je retiens ceci: plus libre est le Québec, mieux il se porte. Le régime fédéral se mêle de ce qui ne le regarde pas. Année après année, budget après budget, le gouvernement fédéral multiplie ses ingérences dans les domaines qui ne relèvent pas de sa compétence. Il est temps que ça cesse. Les ingérences causent du retard, surtout au Québec, où il y a un consensus sur l'illégitimité du pouvoir de dépenser. Le Bloc québécois exige donc un droit de retrait avec pleine compensation financière pour le Québec, et ce, sans conditions et pour chacune des ingérences d'Ottawa dans les domaines qui ne sont pas les siens.
Je tenterai donc de répéter ce que nous nous époumonons à essayer de faire comprendre aux gens: le progressisme du Québec, les ratés des ingérences du régime fédéral et, finalement, le déséquilibre fiscal.
D'abord, toutes les grandes avancées sociales et économiques du Québec, nous les avons faites en nous retirant de programmes fédéraux mal adaptés à nos besoins ou en créant des programmes qui ont ensuite servi d'inspiration, ironiquement, pour ceux que le fédéral a voulu nous imposer.
C'est en refusant d'adhérer au Régime de pensions du Canada que nous avons pu créer la Caisse de dépôt et placement du Québec, formidable levier de développement et de modernisation économique du Québec. C'est en nous retirant du programme de prestations spéciales de l'assurance-emploi que nous avons pu mettre en place nos congés parentaux, faisant exploser la participation des femmes au marché du travail et permettant de concilier le travail et la vie familiale. C'est en nous retirant du programme fédéral de prêts étudiants que nous avons pu mettre en place notre régime d'aide financière, faisant du Québec l'endroit en Amérique où l'éducation est la plus accessible. C'est en nous retirant des programmes fédéraux de main-d'œuvre que nous avons pu mettre en place une politique d'emploi où, en réunissant les travailleurs, les employeurs et les établissements d'enseignement, on arrive à arrimer la formation et le marché du travail.
Parlons maintenant des problèmes. Le dernier exemple, c'est le régime d'assurance dentaire, qui relève du domaine de la santé, compétence exclusive du Québec. Ottawa s'arroge un nouveau pouvoir et choisit d'octroyer 2 milliards de dollars à la Sun Life, une entreprise privée, pour la gestion de ce régime, en ne faisant aucun arrimage avec le programme public québécois, qui couvre déjà les soins aux enfants. Si le gouvernement fédéral choisit de présenter un programme d'assurance-médicaments, qui relève aussi strictement de la compétence du Québec, on peut s'attendre à davantage de centralisation et à un important risque de non-arrimage avec le programme québécois. Les exemples d'ingérence ratée sont donc nombreux.
L'automne dernier, le gouvernement a présenté un projet de loi pour mettre en place des tables sectorielles sur la formation de la main-d'œuvre. Même si le Québec a déjà mis en place ce système et s'en occupe, Ottawa n'en tient tout simplement pas compte et propose de dupliquer le programme sans aucun arrimage et sans aucune compensation. Ce n'est pas un cas isolé. On n'a qu'à penser au financement des infrastructures québécoises et municipales, au logement, où Ottawa multiplie les programmes ciblés et compliqués, créant une lourdeur et une confusion qui retardent la réalisation de projets, ou à la santé. Ottawa a mis en place des initiatives en matière de santé dans le cadre du dernier budget, mais il n'offre aucun service, alors que le réseau de la santé crie famine.
On peut encore ici penser aux transferts en santé, dont l'augmentation est six fois moindre qu'attendue et qui sont assortis de conditions qui ont entraîné une partie de bras de fer. Le résultat est que l'argent nécessaire tarde à être versé. En fait, on pourrait dire que le recul de l'autonomie du Québec et de la capacité des Québécois à faire leurs propres choix est une tendance lourde. Même l'Institut de recherche en politiques publiques, un groupe de recherche pancanadien basé à Ottawa, concluait la même chose en juin dernier.
Tout cela s'inscrit dans un contexte où Ottawa s'occupe déjà très mal des dossiers qui relèvent de sa compétence, multiplie ses dépenses sans recherche d'efficacité ou de résultats et sabre ses transferts aux provinces en multipliant les conditions et en retardant le versement des sommes promises. Les délais sont tout aussi inacceptables dans le cas des programmes d'infrastructure ou de logement, où il faut attendre des années pour qu'une entente soit conclue et que l'argent voté soit versé, parce qu'ici aussi, Ottawa fait de l'ingérence.
Pour ce qui est des questions dont je m'occupe à titre de porte-parole, le gouvernement a tardé, pendant la pandémie, à verser l'argent aux maisons pour victimes de violence conjugale. De plus, le gouvernement, malgré nos demandes répétées, refuse encore et toujours d'augmenter la pension de la Sécurité de la vieillesse de 10 % pour les aînés âgés de 65 à 74 ans. Finalement, à titre de troisième exemple, dans ma circonscription, il ne fournit pas sa contribution dans le cadre d'un programme d'infrastructure à coûts partagés pour la construction de l'aréna de Saint‑Césaire. L'inflation a fait grimper les coûts et les deux autres ordres de gouvernement ont mis la main à la pâte, mais du côté fédéral, c'est le silence radio.
Voilà des preuves concrètes démontrant que l'ingérence et l'incompétence du gouvernement fédéral retardent les travaux, voire leur nuisent.
Par ailleurs, Ottawa agit de la sorte parce qu'il a le gros bout du bâton, à cause de la persistance du déséquilibre fiscal. Au Canada, il y a un grave déséquilibre fiscal au détriment du Québec et des provinces. Le directeur parlementaire du budget le répète année après année dans son rapport sur la viabilité financière: à terme, les finances des provinces ne sont pas viables.
Les dysfonctionnements, eux, sont de trois ordres. Premièrement, en percevant plus de revenus que nécessaire pour répondre à ses obligations, Ottawa ne fait pas l'effort de gérer de manière efficace son administration.
L'État fédéral est notoirement inefficace. Quand Ottawa s'en mêle, tout coûte plus cher que cela ne le devrait.
L'ingérence continuelle d'Ottawa mène à une centralisation sans précédent des pouvoirs entre ses mains. Cela retire la capacité du peuple québécois de se développer selon ses besoins, ses forces, ses particularités et ses désirs. Cette centralisation est une tendance qui remonte à loin, soit au début de la Confédération. Depuis, chaque gouvernement du Canada s'emploie à transformer la fédération en une union législative, où Ottawa règnerait en maître sur les provinces et le Québec. Même sous le gouvernement Harper, un gouvernement conservateur, on a assisté à une centralisation des pouvoirs, et cela se poursuit. Au Canada, le statu quo n'existe pas. Entre notre souveraineté et notre assimilation, la troisième voie autonomiste où le Québec serait respecté est constamment attaquée par le gouvernement fédéral, tous partis confondus. La conclusion, c'est que ça ne fonctionne pas.
Mettre fin aux ingérences, cela signifie concrètement qu'il faut prévoir un droit de retrait avec pleine compensation et sans condition pour le Québec, et ce, pour tout nouveau programme fédéral qui relève des compétences constitutionnelles des provinces. Il faut aussi entreprendre immédiatement des négociations avec le Québec, afin de mettre en œuvre ce droit de retrait pour l'assurance dentaire et pour l'éventuelle assurance‑médicaments. Il faut entreprendre des négociations avec le gouvernement du Québec afin de lui transférer entièrement le Programme des travailleurs étrangers temporaires, afin de poursuivre le retrait du gouvernement fédéral du domaine de la main-d'œuvre au Québec, qui a été amorcé en 1997. Il faut également introduire systématiquement le principe d'asymétrie dans l'ensemble des transferts fédéraux, afin d'accorder une plus grande souplesse au gouvernement du Québec, point d'appui d'une nation jouissant du droit inhérent à l'autodétermination. Enfin, il faut entreprendre une révision systématique des programmes fédéraux, dans le but de déterminer quels sont ceux qui empiètent sur les champs de compétence des provinces ou qui dédoublent totalement ou en partie leurs programmes. Bref, il n'y a que le Québec qui se tient encore debout devant les ingérences du gouvernement fédéral.
Lorsque le gouvernement fédéral crée des programmes en logement, il lui est facile de les imposer aux provinces, qui se contentent de les accepter et d'y ajouter leur contribution. Au Québec, le fédéral arrive avec ses gros sabots dans un écosystème déjà existant, ce qui cause des frictions et retarde le démarrage des programmes. Après l'annonce de la Stratégie nationale sur le logement, il aura fallu plus de trois ans pour qu'une entente soit signée entre Québec et Ottawa. Récemment, le gouvernement fédéral refusait encore de verser 900 millions de dollars au Québec sans imposer de conditions en matière de création de logements. Il est difficile de croire que les négociations se simplifieront et s'accélèreront sous un nouveau ministère du gouvernement fédéral.
La même chose se produit dans les programmes d'infrastructures: le gouvernement fédéral veut déterminer les priorités du Québec et des municipalités en matière d'infrastructure, allant jusqu'à vouloir s'ingérer dans des questions aussi locales que les plans d'urbanisme et la densité des quartiers d'habitation.
Lorsque le gouvernement fédéral annonce un nouveau programme d'infrastructure assorti de nouvelles conditions, un bras de fer s'amorce avec le Québec. Au Québec, les programmes commencent en moyenne 18 mois plus tard que dans le reste du Canada, où le gouvernement a le champ libre pour agir comme maître d'œuvre dans des domaines qui ne relèvent pas de sa compétence.
En conclusion, l'un après l'autre, tous les partis fédéraux ont abandonné la reconnaissance de la nation québécoise et ce qui en découle. Même les conservateurs, qui prétendent rejeter l'héritage de Pierre Elliott Trudeau, embrassent le principe d'égalité des provinces mis en avant par Trudeau. Il n'est pas question de statut particulier ou de droit de retrait. Les dépenses fédérales qui empiètent sur les compétences des provinces nient le partage des pouvoirs au Canada et l'autonomie du Québec. Or il n'y a pas de moyen par lequel le Québec peut faire cesser ces ingérences fédérales.
Les ingérences fédérales prouvent que le déséquilibre fiscal n'est pas réglé. Si Ottawa a les moyens de dépenser dans des domaines qui relèvent des provinces, c'est parce que le déséquilibre fiscal n'est pas réglé. On ne réglera pas le déséquilibre fiscal si on ne met pas fin au pouvoir fédéral de dépenser dans des domaines qui empiètent sur les champs de compétence du Québec et des provinces. Les transferts conditionnels et les ingérences d'Ottawa minent l'autonomie du Québec.
La Chambre des communes reconnaît que la nation québécoise existe — tout le monde semble d'ailleurs s'en vanter aujourd'hui. Cependant, reconnaître l'existence d'une nation, c'est plus qu'un acte symbolique. Tout comme les personnes, les nations ont des droits fondamentaux. Le plus fondamental d'entre eux, c'est le droit d'une nation de contrôler elle-même le développement social, économique et culturel de sa propre société. Il s'agit du droit à l'autodétermination. On ne peut pas, d'un côté, reconnaître que la nation québécoise existe et a le droit de faire des choix différents de ceux du Canada, et, de l'autre, lui nier ce droit en maintenant le pouvoir du gouvernement fédéral de dépenser. Finalement, le pouvoir de dépenser, c'est la négation même de la nation québécoise par le gouvernement fédéral.
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Madame la Présidente, j’espère que vous avez trouvé de la gomme de sapin.
Je me suis demandé sous quel angle je ferais cette allocution. Il y a tant à dire, et en même temps, si peu. Cela se résume en une phrase tout à fait juste que ma grand-mère me disait quand j’étais petite et que je voulais jouer dans la pâte à tarte, alors qu’elle cuisinait pour des dizaines de convives. Cela s’applique à toutes sortes de situations, particulièrement quand on observe les multiples ingérences du fédéral dans les compétences du Québec: en toutes circonstances, quand on n'est pas utile, on doit s'abstenir de nuire.
Je pourrais m’arrêter là-dessus.
Le fédéralisme, par définition, consiste à mettre une part de nos billes ensemble, d’établir des priorités et des domaines où il sera bon de faire les choses pour l’ensemble, de définir ce qui pourrait être avantageux de financer ensemble et puis de laisser chacun faire ce qu’il veut avec le reste de ses billes. Celui qui a les données, les institutions et les capacités intellectuelles et organisationnelles de le faire au mieux, c’est le Québec.
Le fédéralisme n'a pas pour but d’appauvrir les membres qui constituent l’ensemble. Or, dans les faits, c’est tout le contraire qui se passe ici, au Canada. Ce n’est pas une question de parti politique. C’est mis en place, tous gouvernements confondus, dans des buts de domination, d’ingérence dans tout, de dépenses outrancières, de dédoublement des dépenses et de demandes toujours plus élevées en échange. La preuve, c’est que cela empire tout le temps. On n’a jamais vu, dans l’histoire du fédéralisme canadien, autant de conditions attachées à d’aussi maigres propositions.
On essaie de me faire avaler qu’au Québec, il est normal que personne ne s’intéresse à la provenance de l’argent et que, ce qui est important, c’est qu’on verse de l’argent. Je m’excuse auprès de tous ceux qui croient à cette légende: au Québec, cela ne passe pas.
Pourquoi le fédéral ferait-il autrement? Ottawa a le gros bout du bâton à cause de son maintien du déséquilibre fiscal. C’est là son ultime pouvoir qu'il alimente lui-même. Dans une fédération, il y a déséquilibre fiscal lorsqu’un niveau de gouvernement perçoit plus d’impôts que ce dont il a besoin pour assumer ses responsabilités constitutionnelles, alors que l’autre niveau n’arrive pas à financer les siennes d’une manière autonome, car il est sous-financé.
Au Canada, il y a un grave déséquilibre fiscal au détriment du Québec et des provinces. C’est reconnu, c’est étudié et c’est analysé. Le directeur parlementaire du budget le répète année après année dans son rapport sur la viabilité financière des provinces. Au bout du compte, les finances des provinces ne sont pas viables. Au fur et à mesure, le gouvernement fédéral voit sa marge de manœuvre augmenter considérablement en matière d’ingérence, car le Québec et les provinces finissent par se retrouver dans un tel état de vulnérabilité financière qu’elles sont prêtes à accepter n’importe quelle grenaille plutôt que de ne rien avoir. C’est ce qui est le plus grave. On les fait plier au moyen de privation. C’est odieux.
Prenons l'exemple de la santé. Le fédéral finance une maigre part de 23 % des dépenses en santé des provinces. Son obligation constitutionnelle parle même d’aller jusqu’à 50 %. Dans les faits, un front commun lui demandait 35 %. Cela aurait signifié autour de 6 milliards de dollars par année pour le Québec. On lui a répondu qu’il recevrait 900 millions de dollars par année, qu’il attend toujours.
Si le fédéral avait accepté ses obligations d’année en année, soit de financer adéquatement les provinces en matière de santé, tout cela et seulement cela, le portrait financier des provinces serait tout autre. On ne serait pas en train de s’obstiner à propos d'une assurance dentaire. On l’aurait, au même titre qu’on a l’assurance-médicaments. Le problème n’est pas qu’on ne veut pas de l’assurance dentaire. Le problème, c’est que le fédéral ne s’assure pas de ses responsabilités et ne finance pas convenablement les systèmes de santé des provinces et que les provinces sont contraintes d'accepter n’importe quoi plutôt que rien. Cela donne ce que nous avons aujourd’hui. Ensuite, le gouvernement arrive en sauveur comme un Robin des bois et dit que maintenant qu’on les a bien affamées, on va répandre quelques petits dollars pour les apaiser.
Même sous le gouvernement Harper, on a assisté à une centralisation des pouvoirs. Au Canada, le statu quo n’existe pas. Entre notre souveraineté et notre assimilation, la troisième voie autonomiste où le Québec serait respecté est constamment attaquée par le fédéral, tous partis confondus. Il y a, au Québec, cette volonté naturelle, organique et créative qui a permis et permet toujours un développement exceptionnel de notre organisation socioéconomique et qui assure sa modernité. Moi, j’arrive du terrain de l’entrepreneuriat en région. Le travail, la débrouillardise, la logique, l’organisation tournée vers l’efficacité en région, cela nous connaît.
C'est probablement ce qui m'a le plus frappée quand je suis arrivée à la Chambre. Je me suis demandé où nous étions. Nous parlons de plein d'affaires que nous avons déjà au Québec. Lorsque le reste du Canada veut se donner des CPE et une assurance-médicaments comme le Québec, pourquoi le fédéral ne peut-il pas reconnaître les avancées du Québec et lui redonner tout simplement sa part de contribution fiscale, sans condition? Le Québec peut simplement dire non merci, qu'il a déjà tout ça, qu'il veut sa part et qu'il va s'organiser pour investir dans ce qui lui est approprié, là où il est rendu.
Non, on ne veut pas nous accorder cela. Nous devons nous ranger, ralentir nos ardeurs et nous asseoir tranquillement. Nous devons payer deux fois pour des choses que nous avons déjà, pour des dédoublements qui viennent brouiller tout notre système et ralentir fortement toutes nos belles initiatives ingénieuses qui ont depuis toujours été notre signature et notre force. Nous devons nous ranger comme des moutons. Nous devons envoyer notre part d'argent qui sera dépensée comme bon leur semble. Quand ça leur tente, un peu d'argent nous est envoyé, juste pour nous tenir tranquilles.
Dans le cadre de cette journée de l'opposition — et je trouve que ces mots prennent tout leur sens —, nous disons que, pour nous, être dépendants d'une machine qui multiplie les lourdeurs administratives pour alimenter son pouvoir de décider de notre avenir avec notre argent, c'est non. Au Québec, nous sommes capables de penser, de décider, d'orienter notre société nous-mêmes. La preuve, c'est que malgré les situations exiguës créées en grande partie par la centralisation qu'impose le fédéral au Québec, celui-ci, à travers le temps, a réussi à se donner plus de services sociaux et plus de victoires économiques que bien des États dans le monde; et ça va continuer. Ça va continuer parce que nous sommes comme ça au Québec. Au Québec, nous parlons français, nous sommes tissés serrés. Nous nous soutenons et nous protégeons nos acquis. Notre avenir est vert et durable, et nous avançons vers ça à coups de génie et de créativité.
Sincèrement, être dépendants d'un fédéralisme qui s'empêtre dans ses propres compétences et qui ose nourrir à outrance ses accoutumances centralisatrices, ça nous donne encore plus le goût de devenir indépendants. Le Bloc québécois est ici précisément pour mettre un frein à tout ce qui est constamment mis en place par le fédéral pour mettre au pas le Québec. Le fédéral s'ingère dans notre économie, dans nos ressources, dans nos services publics, dans nos valeurs et dans notre langue.
Au Québec, ça, c'est non.
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Madame la Présidente, tout d'abord, je tiens à dire que je vais partager mon temps de parole avec le député de Nepean.
Je veux commencer par dire que cela me peine de voir le Bloc et les conservateurs se disputer, alors qu'ils sont souvent sur la même longueur d'onde.
Je vais entrer au cœur de mon discours. J'aimerais examiner les suppositions qui sont à la base de cette motion. Selon la première, le gouvernement fédéral est un genre de monstre centralisateur qui tente d'étouffer les aspirations des Québécoises et des Québécois. C'est une trame qu'on entend depuis que je suis au monde.
Je vais donner des exemples concrets montrant que le fédéral tient à ne pas s'occuper de la gestion de tout, si c'est possible, même lorsqu'il s'agit de ses propres compétences. Il préfère déléguer des responsabilités aux provinces pour leur permettre de gérer leurs propres affaires, même s'il s'agit d'une compétence fédérale.
Prenons la Loi sur les pêches. C'est carrément une loi fédérale en vertu de la Constitution du Canada. Le gouvernement fédéral a signé une entente d'équivalence avec la province de Québec pour permettre à celle-ci de s'occuper de la mise en œuvre de cette loi et de ses règlements.
La Loi sur la tarification de la pollution causée par les gaz à effet de serre constitue mon deuxième exemple. On a douté de la compétence fédérale en la matière. Cela s'est rendu jusqu'à la Cour suprême. La Cour suprême a statué que la tarification de la pollution causée par les gaz à effet de serre relevait bien des compétences du gouvernement fédéral. Le gouvernement fédéral n'a pas dit qu'il voulait que cette loi s'applique à toutes les provinces pour s'ingérer dans les provinces et gérer cette loi. Le fédéral a tout simplement dit que, si une province avait un système équivalent — c'est notamment le cas du Québec et de la Colombie‑Britannique —, c'est son système qui serait en vigueur. C'est un deuxième exemple qui montre que le fédéral ne veut pas se mêler de tout.
Souvent, même quand il est question de sa compétence, le fédéral ne veut pas s'en mêler et préfère déléguer la responsabilité aux provinces. L'immigration est un autre exemple où le fédéral a fait de même. Le premier ministre Mulroney, qui était un grand ami de la députée de . Elle a parlé éloquemment, au moment de son décès, au sujet de son amitié. Elle chantait pour lui et sa famille. C'était très touchant. Le premier ministre Mulroney a conclu une entente avec le Québec pour permettre au Québec de décider qui serait résident permanent dans la province de Québec.
Oui, il y a de la centralisation. Il y a de la centralisation, mais c'est dicté par des facteurs pratiques et par la technologie. Par exemple, il fait beau dehors aujourd'hui. Parlons de la météo. C'est le fédéral qui s'occupe de la météo, parce que les prévisions météorologiques sont assez complexes sur le plan technologique. Cela demande beaucoup d'antennes paraboliques. Cela prend des systèmes extrêmement sophistiqués. Cela relève donc du gouvernement fédéral, mais ce n'est pas une centralisation qui tente d'étouffer les aspirations des Québécois. C'est une question pratique. Il est préférable que ce soit centralisé plutôt que chaque province ait son propre système de prévisions météorologiques.
Les communications sont un autre exemple. La population du Canada n'est pas très importante. Nous sommes 40 millions d'habitants. C'est à peu près la population de la Californie. J'ignore quelle est la population de l'État de New York ou de l'État de la Floride. Nous sommes peu nombreux, et nous faisons face à des géants du Web, à des grandes entreprises avec énormément de pouvoirs financiers et technologiques.
Au Canada, nous avons un contrepoids, qui s'appelle le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes, ou CRTC. Le Conseil tente de protéger les intérêts culturels du Québec et du reste du Canada en s'opposant, dans certains cas, aux géants du Web. Il y a beaucoup d'exemples qui démontrent que la centralisation n'est pas une mauvaise chose. Il y a d'autres exemples où l'on peut voir assez clairement que le fédéral, même si cela relève de sa compétence, préfère que les provinces s'occupent de l'administration des dossiers.
J'aimerais aussi parler du point b) de la motion, où on demande que la Chambre « rappelle au premier ministre que, malgré ses affirmations, il est faux de prétendre que “les citoyens se foutent de quel ordre de gouvernement est responsable de quoi” ».
Ce constat n'est pas très nuancé, et, pour y répondre, je dirais que c'est vrai dans certains cas, mais faux dans d'autres cas. Lorsqu'on parle de l'éducation primaire et secondaire, en effet, les Québécois et les Québécoises et les citoyens des autres provinces tiennent mordicus à ce que le fédéral ne s'en mêle pas. Le fédéral ne veut pas s'en mêler. Il n'y a aucun problème.
Or, les citoyens présument que l'éducation postsecondaire est une affaire provinciale. Toutefois, pensons à ce que fait le gouvernement du Québec à l'Université Concordia et à l'Université McGill. Le gouvernement caquiste, à Québec, est en train de miner l'Université McGill, qui est la 28e meilleure université au monde. C'est une université fièrement québécoise, que beaucoup de Québécois de langue française fréquentent. Si les gens étaient au courant de ce qui se passe entre McGill et le gouvernement du Québec, je pense qu'ils demanderaient l'ingérence du gouvernement fédéral, une ingérence financière, si je peux dire. Ils demanderaient que le fédéral injecte des fonds pour pallier le gouffre. J'allais utiliser le mot « lacunes », mais c'est un gouffre que le gouvernement provincial est en train de créer.
Je pense que le monde des affaires, surtout le monde de la haute technologie, demanderait que le fédéral s'en mêle financièrement parce que ces secteurs dépendent de la recherche pour avancer. La prospérité québécoise est beaucoup axée sur la santé du secteur de la technologie. De plus, on sait que le monde des affaires au Québec a des craintes relatives à l'offre de main-d'œuvre.
J'aimerais maintenant parler de la pandémie. Que s'est-il passé pendant la pandémie? Le fédéral a utilisé son pouvoir de dépenser pour offrir ce qui était en fait une assistance sociale à beaucoup de citoyens et, en passant, à beaucoup d'entreprises. Des milliards et des milliards de dollars ont été versés. On ne s'est pas plaint à ce moment-là. Le gouvernement de M. Legault ne s'est pas plaint d'une ingérence du gouvernement fédéral.
On ne se plaignait pas à ce moment-là et je n'entends pas de plaintes de la part de Québécois et de Québécoises concernant le programme national de soins dentaires. C'est vrai que, dans certains cas, les Québécois et Québécoises tiennent mordicus à ce que la compétence provinciale soit respectée, mais, dans d'autres cas, ils veulent que leurs intérêts priment et que l'on s'occupe de leurs besoins.
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Madame la Présidente, je suis reconnaissant de l'occasion qui m'est donnée de prendre part au débat d'aujourd'hui. J'irai droit au but. Il est non seulement mal avisé, mais très injuste de critiquer la prétendue ingérence du gouvernement fédéral dans une compétence provinciale et territoriale. C'est oublier que le fédéralisme canadien repose sur la collaboration. En travaillant de concert, les deux ordres de gouvernement peuvent régler des problèmes complexes qui transcendent les frontières régionales et ainsi favoriser la cohésion et la prospérité nationales.
En réalité, la structure fédérale particulière du Canada confère plus d'autonomie aux provinces et aux territoires pour mettre en œuvre des programmes et des politiques adaptés à leur population, tout en leur permettant de faire connaître leurs atouts sur la scène internationale. Tout le monde y gagne, et les Canadiens, y compris les Québécois, bénéficient ainsi de nombreux avantages économiques et sociaux sans pareil.
Je me permets quelques mots sur l'identité particulière du Québec au sein du Canada, identité qui se définit par son riche patrimoine culturel, sa langue distincte, son système juridique et son importance historique. Ces éléments contribuent au statut spécial du Québec et influent sur ses interactions au sein de la fédération canadienne.
Le Québec possède un milieu culturel dynamique et distinct, solidement ancré dans son héritage français. La province est fort bien représentée dans le monde de la littérature, de la musique, du théâtre, du cinéma et des arts visuels. Chaque année, des manifestations comme le Festival international de jazz de Montréal et le Carnaval de Québec mettent en valeur la culture québécoise et attirent des visiteurs du monde entier. La préservation de la culture française est indispensable à l'identité québécoise, et elle exerce une influence indéniable sur la vie sociale et politique de la province.
Le système juridique du Québec est fondé sur le droit civil hérité du code Napoléon, contrairement au reste du Canada qui applique le système de la common law. Cette distinction est à l'origine des traditions juridiques et des structures gouvernementales qui sont propres à cette province, ce qui a un impact aussi bien sur les droits de propriété que sur le droit de la famille. Le Québec suit sa propre trajectoire historique au sein du Canada. La province défend le concept bien affirmé de l'autonomie politique, avec ses propres politiques d'immigration et son propre régime de pensions.
Son système d'éducation reflète son identité particulière, avec une structure qui lui est propre et un programme d'études qui met l'accent sur la langue française et la culture québécoise. Des institutions comme l'Université de Montréal et l'Université Laval sont des piliers culturels et universitaires de l'identité de la province.
Le Québec joue un rôle crucial dans l'économie canadienne, notamment dans les secteurs de l'aérospatiale, des technologies de l'information, de la biotechnologie et de l'énergie. Les politiques économiques de la province sont généralement le reflet des priorités qui lui sont propres, notamment la promotion des entreprises et des industries francophones.
Le Québec est reconnu pour ses politiques sociales progressistes, notamment un système de garderies abordables, un congé parental généreux et un système de santé publique solide. Ces politiques témoignent de l'engagement de la province envers le bien-être de sa population et contribuent à fabriquer un tissu social distinct.
L'identité unique du Québec est une source de fierté pour ses habitants, et elle contribue à la diversité et à la richesse de la fédération canadienne. L'équilibre que doit maintenir la province entre sa spécificité et son rôle au sein du Canada a un impact déterminant sur le paysage social, culturel et politique du Québec.
Même si, au Canada, certains secteurs relèvent en priorité de la compétence provinciale, le gouvernement fédéral peut néanmoins y jouer un rôle important par différents mécanismes. C'est ainsi qu'il fournit une aide financière aux provinces par la voie des paiements de transfert, comme le Transfert canadien en matière de santé et le Transfert social canadien. Ces fonds aident les provinces à financer des services essentiels comme les soins de santé, l'éducation postsecondaire et les services sociaux. Il faut ajouter à cela les paiements de péréquation qui garantissent que toutes les provinces, y compris le Québec, ont des niveaux de services publics comparables malgré des ressources fiscales différentes.
Le gouvernement fédéral peut établir des normes et des lignes directrices nationales afin de promouvoir l'uniformité et la qualité des services dans tout le pays. Par exemple, dans la Loi canadienne sur la santé, le gouvernement fédéral énonce les principes qui sous-tendent la prestation des soins de santé. Il peut mettre en place des programmes de financement ciblés pour répondre à des besoins particuliers. Par exemple, il a investi dans des projets d'infrastructures comme des autoroutes et des systèmes de transport public, ce qui a permis de renforcer les réseaux de transport. Il a aussi financé des initiatives dans le domaine de l'éducation, sous la forme de subventions pour la formation spécialisée et la recherche, par exemple, afin de renforcer les systèmes d'éducation provinciaux.
Le gouvernement fédéral et les gouvernements provinciaux, y compris celui du Québec, peuvent collaborer et ils l'ont fait à l'aide d'accords intergouvernementaux. Ces accords facilitent les efforts menés conjointement pour œuvrer à des priorités communes comme une meilleure prestation des soins de santé, la lutte contre les changements climatiques et un meilleur développement économique.
Le gouvernement fédéral peut aider les provinces, y compris le Québec, au moyen de recherches et du partage de données qui éclairent les décisions politiques. En effet, les organismes fédéraux peuvent fournir des informations précieuses sur les meilleures pratiques et les tendances émergentes, qui peuvent aider les provinces à concevoir des programmes efficaces. En tirant parti des mécanismes disponibles, le gouvernement fédéral a bonifié les efforts des provinces, y compris ceux du Québec, en permettant aux Canadiens d'avoir accès à des services de grande qualité, peu importe où ils vivent.
En ce qui concerne l'abordabilité, les Canadiens de toutes les régions et de tous les âges bénéficient du plan économique du gouvernement fédéral, un plan financièrement responsable et axé sur la population. Le plan d'apprentissage et de garde des jeunes enfants pancanadien est un excellent exemple de collaboration entre le gouvernement fédéral et les provinces. Nous renforçons le système de garde d'enfants abordable déjà en place au Québec en aidant à créer davantage de places en garderie. Nous soutenons également environ 3,5 millions de familles partout au Canada chaque année grâce à l'Allocation canadienne pour enfants, qui est non imposable. En outre, nous continuerons à travailler avec les provinces pour lancer un programme national d'alimentation dans les écoles.
Nous avons augmenté de 10 % les prestations de Sécurité de la vieillesse pour les personnes âgées de 75 ans et plus. Nous avons également versé le premier paiement trimestriel augmenté de l'Allocation canadienne pour les travailleurs, destinée aux travailleurs les moins bien rémunérés et souvent les plus essentiels. L'an dernier, le montant versé à une famille recevant une prestation complète pouvait atteindre 2 616 $. Notre nouvelle prestation canadienne pour les personnes handicapées, elle, améliorerait le bien-être financier des Canadiens handicapés à faible revenu dans toutes les régions du pays.
En plus de la longue liste de mesures que je viens de mentionner, nous travaillons avec les provinces pour améliorer les soins de santé offerts aux Canadiens. L'année dernière, nous nous sommes engagés à octroyer près de 200 milliards de dollars sur 10 ans pour améliorer les soins de santé publics destinés aux Canadiens, et cela comprend des transferts records en santé et des accords bilatéraux adaptés. Cette année, nous avons présenté un projet de loi pour lancer la première phase d'un régime universel d'assurance-médicaments au Canada, qui offrirait une couverture universelle à payeur unique pour un certain nombre de contraceptifs et de médicaments contre le diabète. Enfin, nous faisons des investissements historiques dans les soins dentaires abordables, qui sont essentiels non seulement pour la santé bucco-dentaire, mais aussi pour la santé en général.
Grâce aux efforts déployés par le gouvernement fédéral pour travailler avec les provinces à l'accélération de la construction de logements dans tout le Canada, nous sommes bien partis pour faire construire près de quatre millions de logements d'ici à la fin de 2031.
Nous n'avons pas ménagé nos efforts pour collaborer avec les provinces et les territoires afin de construire un Canada meilleur et plus juste, et ces efforts ont effectivement porté leurs fruits. Toutefois, il est essentiel que nous poursuivions sur notre lancée. En continuant à travailler avec nos partenaires de tous les ordres de gouvernement, nous pouvons faire croître notre économie, la rendre inclusive et veiller à ce que le rêve canadien reste accessible à tous. C'est pourquoi j'invite les députés à rejeter la motion malavisée d'aujourd'hui.
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Madame la Présidente, j'ai l'honneur de réchauffer la salle pour ma collègue de . Ça me fait bien plaisir.
J'ai écouté plusieurs des discours de mes collègues avant de me lever à mon tour. J'aimerais relire le texte de la motion, parce que nous allons évidemment y revenir toute la journée:
a) dénonce les intrusions répétées du gouvernement fédéral dans les champs de compétence exclusifs du Québec, des provinces et des territoires;
b) rappelle au premier ministre que, malgré ses affirmations, il est faux de prétendre que « les citoyens se foutent de quel ordre de gouvernement est responsable de quoi »;
c) réclame que le gouvernement offre systématiquement au Québec, aux provinces et aux territoires un droit de retrait avec pleine compensation et sans condition chaque fois que le fédéral s'ingère dans leurs juridictions.
Il y a une sorte de contradiction dans la dernière phrase, parce que le gouvernement fédéral ne devrait jamais s'ingérer dans les champs de compétence du Québec, des provinces et des territoires.
Je veux revenir au paragraphe b) de notre motion d'aujourd'hui, parce que, tantôt, le député de y a fait allusion en laissant sous-entendre que c'était un peu n'importe quoi. Je vais reprendre la citation qui est entre guillemets: « les citoyens se foutent de quel ordre de gouvernement est responsable de quoi ». Ça ne vient pas de nulle part, ça vient de la bouche du lui-même. On remet ça en question, pourtant, 82 % des Québécoises et des Québécois qui ont été sondés au mois de mars ont affirmé se préoccuper du respect des compétences du gouvernement fédéral, des provinces, en l'occurrence le Québec, et des municipalités. Ce n'est pas rien. Ça veut dire que les citoyens en ont quelque chose à foutre, pour réutiliser les termes utilisés par le premier ministre.
Il n'y a rien qui m'énerve plus que quelqu'un qui ne se mêle pas de ses affaires et qui vient faire quelque chose qui relève des responsabilités de quelqu'un d'autre uniquement pour s'en attribuer le mérite. Imaginons qu'aujourd'hui, je décide de donner la parole à un député qui invoque le Règlement. Vous me diriez de me rasseoir assez vite, madame la Présidente, et avec raison. Eh bien, c'est comme ça que les Québécoises et les Québécois se sentent quand le gouvernement fédéral arrive avec ses gros sabots dans nos champs de compétence. Ces tensions que le gouvernement fédéral entretient avec le Québec sur le respect des champs de compétence ne datent pas d'hier, et ce n'est pas non plus exclusivement une affaire de souverainistes qui cherchent la chicane. Robert Bourassa s'en plaignait. Y a-t-il eu quelqu'un de plus fédéraliste et libéral que lui, en politique provinciale, au Québec?
Les ingérences fédérales sont perçues non seulement comme des violations de l'autonomie du Québec et des provinces, mais aussi comme des obstacles au développement et à l'épanouissement de la nation québécoise. Ça a été l'opinion d'à peu près tous les gouvernements qui se sont succédé à l'Assemblée nationale. Je le répète: 82 % des citoyens du Québec sont d'avis que le gouvernement fédéral devrait se mêler de ses affaires. Ce ne sont pas seulement les élus qui le pensent.
Lorsqu'on demande au gouvernement de se mêler de ses affaires, ça commence par faire correctement ce qu'on attend de lui. Par exemple, il devrait apprendre où va l'argent des contribuables avant de réaliser qu'on a gaspillé 1 milliard de dollars au profit de consultants ou de petites entreprises qui ne sont pas toujours compétentes et auxquelles on confie le mandat, par exemple, de créer une application pour gérer les arrivées à la frontière en temps de pandémie. Ce n'est qu'un exemple, bien sûr.
Se mêler de ses affaires, ça veut aussi dire régler le fiasco de Phénix, à cause duquel, encore aujourd'hui, nous devons aider des citoyens de nos circonscriptions — je ne suis pas le seul à le faire — à qui le gouvernement doit souvent jusqu'à des dizaines de milliers de dollars. Ils vivent dans une misère qu'on ne souhaite à personne et qui n'est certainement pas méritée, compte tenu des efforts qu'ils ont consacrés à leur retraite toute leur vie. Ils se présentent à nos bureaux parce que le gouvernement leur doit encore 30 000 $, 40 000 $ ou 50 000 $, à cause du problème de Phénix qu'il n'est pas capable de régler.
Se mêler de ses affaires, c'est aussi ne pas essayer d'imposer des conditions pour les transferts en santé au Québec et aux provinces, parce que le fédéral ne connaît rien au système de santé du Québec. En fait, en ne contribuant pas au système de santé du Québec et des provinces, il a contribué au désastre qu'on vit présentement dans nos systèmes de santé. Là, je vais entendre les néo-démocrates et les libéraux se lever pour dire qu'il y a 600 000 Québécois qui sont contents d'avoir un système d'assurance dentaire. Cependant, si on avait fait des transferts adéquats au Québec et aux provinces au fil des années pour financer leur système de santé et que les Québécois voulaient un régime d'assurance dentaire qui couvre l'ensemble de la population, nous aurions les moyens de nous l'offrir, comme nous nous sommes dotés d'une assurance-médicaments et de services de garde. Nous sommes capables de créer des programmes sociaux à la couleur et à la saveur de la nation québécoise, ainsi que selon ses valeurs.
Se mêler de ses affaires, c'est aussi arrêter de faire semblant d'avoir les aînés à cœur. Je sais que je touche une corde sensible de ma collègue de Shefford. Les personnes de 65 à 74 ans sont oubliées dans la misère, parce que le fédéral ne veut pas les inclure dans le programme d'augmentation des pensions de la vieillesse. C'est complètement ridicule, c'est complètement inexplicable et inexcusable. Il ne se passe pas une semaine où je ne reçois pas de courriels, d'appels de mes concitoyens âgés de 65 à 74 ans, qui se demandent ce qui se passe. Ils se demandent s'ils vont finir par avoir l'augmentation. Eh bien, non.
Le Bloc québécois continue de travailler à cela. Les aînés de 65 à 74 peuvent être assurés que nous allons continuer d'être de leur côté.
Nous serons aussi avec les gens de 75 ans et plus, pour qu'il y ait une équité et qu'on cesse d'avoir deux classes d'aînés. Si le fédéral se mêlait de ces affaires et s'occupait de ses oignons comme du monde, on n'aurait pas à gérer cette situation.
Se mêler de ses affaires, c'est aussi arrêter de prétendre vouloir défendre le français, quand de l'autre côté, on veut contester à la Cour suprême la loi 96, une loi votée tout à fait démocratiquement par l'Assemblée nationale du Québec, qui sait d'ailleurs, et je le souligne, mieux qu'Ottawa comment contrer le déclin du français au Québec, au Canada et même en Amérique du Nord. En effet, le Québec est le dernier bastion francophone en Amérique; il est le berceau de la culture et de la langue française. Personne, mieux que le Québec, ne peut défendre la langue française et contrer son déclin.
La notion des champs de compétence des gouvernements fédéral, provinciaux et municipaux est enseignée dans les écoles du Québec au niveau de la 4e secondaire. Cela veut dire qu'au Québec, les jeunes de 14 et 15 ans savent ce qui relève du fédéral, ce qui relève du Québec, ce qui relève de la responsabilité des municipalités. À 14 ou 15 ans, ils apprennent cela à l'école. Ces jeunes à qui on apprend cela s'intéressent pendant un petit bout de temps à la politique. Ils regardent un peu ce qui se passe, puis ils voient qu'ici, au Parlement d'Ottawa, on est complètement dans le champ. On ne se mêle pas du tout de ce dont on devrait se mêler. Ils se grattent la tête, puis ils se demandent comment il se fait que des adultes qui sont élus au Parlement ne sachent même pas cela, alors qu'ils viennent de l'apprendre à l'école à 14 ans.
Quelque chose explique cela. En effet, depuis quelque temps, on assiste à une exploitation de l'ignorance des gens. On bombarde notre monde à coups de slogans insipides et vides de sens. On répand de la désinformation crasse à gauche et à droite — c'est surtout à droite—, puis on réalise que cela fonctionne. Les gens avalent cela sans trop se poser de questions. C'est triste et c'est dangereux pour la démocratie.
L'un des enseignements de Socrate — je vais avoir l'air savant — dit qu'une démocratie ne peut fonctionner que si le peuple est éduqué. Nous vivons une époque préoccupante, si les politiciens exploitent l'ignorance plutôt que de contribuer à l'édification d'une société mieux informée et à des citoyens capables d'esprit critique. On a le devoir, en tant que parlementaire, de faire les choses correctement, de respecter les institutions, de respecter notre devoir envers nos concitoyens. Or cela passe par le respect des compétences de chaque palier de gouvernement et du fait que chaque palier de gouvernement doit faire son travail comme il faut.
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Madame la Présidente, nous commémorions lundi la Journée nationale des patriotes, des patriotes qui se sont battus, ont parfois été exilés, voire pendus pour défendre le droit des Québécois de se gérer eux-mêmes.
En 1838, à la suite de la rébellion des patriotes, le Québec est un champ de ruines. Dans la fumée des incendies de la répression britannique, une réflexion a cours: comment se débarrasser de ces damnés francophones qui refusent de se soumettre à la reine Victoria et aux intérêts des hommes d'affaires britanniques qui dominent la colonie? Que faire alors pour créer un dominion loyal à l'Empire britannique, sans que les Québécois se révoltent à nouveau?
La solution fut toute trouvée: annonçons donc la création d'une confédération. Dans une confédération, ce sont les provinces qui ont le gros du pouvoir. Les Québécois pourraient se gouverner en paix sans trop d'ingérence. Après, on pourra leur imposer une fédération sans leur demander leur avis. Hop, ni vu ni connu, ainsi naît la fédération canadienne; un beau mensonge initial pour que des francophones ne se soulèvent plus.
Dans le Canada anglais, la mesure ne fait toutefois pas l'unanimité. Pourquoi faire des concessions à ces vaincus? La Constitution de 1867 est donc basée sur un mensonge visant à concilier l'inconciliable; d'une part, la volonté d'autodétermination du peuple québécois, d'autre part, la volonté unitaire de la population d'origine britannique. Toute l'histoire du régime fédéral est là, tiraillée entre ceux pour qui le vrai pouvoir est à Québec et ceux pour qui le vrai pouvoir est à Ottawa.
Il est quand même ironique que ce soit une députée indépendantiste qui doive encore rappeler à la Chambre comment fonctionne la Constitution canadienne, alors que le gouvernement ne perd pas une occasion de rappeler qu'il ne faut pas toucher à la Constitution et que tous les enjeux qui y sont reliés ne sont pas importants pour les Canadiens et les Québécois ou que les Québécois ne se soucient pas des champs de compétence.
C'est d'autant plus ironique que la Constitution dont je parle est celle imposée en secret par le père du actuel, lors de la nuit des longs couteaux en 1982. Depuis, la tendance du Parti libéral s'est renforcée. De plus en plus, le Canada anglais souhaite faire d'Ottawa son vrai gouvernement, celui qui gère l'essentiel des services publics. Le Québec, lui, fait un autre choix. Tous les sondages le montrent et mes collègues l'ont rappelé. Quand on demande aux Québécois si c'est le Québec ou Ottawa qui devrait gérer chaque champ de compétence isolément, ils répondent chaque fois avec une écrasante majorité: le Québec.
Plusieurs mesures présentées dans le dernier budget, par exemple, ont des objectifs nobles: prendre soin des gens touchés par les conditions économiques difficiles qui sont d'ailleurs les nôtres aujourd'hui. Le problème, c'est que ces mesures sont mal adaptées aux diverses réalités. Je ne crois pas apprendre quoi que ce soit à mes collègues quand je dis que le Canada, dans son état actuel, est assez diversifié. Les réalités sont très différentes entre le Québec et l'Alberta, par exemple.
Cependant, avec toute la bonne foi du monde, c'était inévitable. Sans consultation préalable avec les provinces, les programmes seront mal adaptés. La santé et le logement ne sont pas de compétence fédérale. La Chambre n'a rien à faire dedans. Pourquoi? Parce que les Québécois considèrent que leur vrai gouvernement est à Québec. Tant que ce sera le cas, le concept de déséquilibre fiscal existera. Par déséquilibre fiscal, j'entends ici le fait que les provinces disposent de moyens financiers insuffisants au regard des compétences propres, alors que le gouvernement fédéral pourrait, s'il le souhaitait, enregistrer des excédents — on ne sait pas comment il fait pour avoir un déficit — pour s'acquitter des responsabilités qui découlent des compétences qu'il exerce. Comme le disait Bernard Landry: « Les besoins [...] se trouvent dans les provinces, mais les moyens [...] se trouvent à Ottawa. »
Même si le gouvernement fédéral s'efforce de renier son existence, le déséquilibre fiscal est un concept bien connu et un enjeu majeur et reconnu depuis les années 1990. Avec le vieillissement de la population, le coût des programmes sociaux du Québec augmente rapidement. C'est au gouvernement du Québec, et à lui seul, de déterminer où les fonds des programmes sociaux devraient aller. Puisque le Québec est systématiquement sous-financé, on peut se demander — et on se le demande souvent — si, pour le Parti libéral, un Québécois vaut moins qu'un Canadien.
Le gouvernement du Québec s'époumone à demander des hausses de transferts en santé. Que lui répond le fédéral? Il lui répond par encore plus d'intrusions dans ses champs de compétence. Dans le cas précis du programme d'assurance dentaire dont on parle un peu aujourd'hui, il s'agit d'une intrusion dans un programme déjà couvert par le régime d'assurance maladie du Québec. Oui, je tiens à rappeler à mes amis du NPD que la Régie de l'assurance maladie du Québec est un organe public qui ne prévoit pas de s'enrichir sur le dos des contribuables comme c'est prévu dans le programme de soins dentaires du gouvernement fédéral. Si la politique proposée sur les chèques dentaires est si mauvaise finalement, c'est parce que le gouvernement refuse encore obstinément de consulter le Québec et les provinces lorsqu'il conçoit ses programmes.
D'ailleurs, par son code du travail progressiste, le Québec est l'endroit en Amérique du Nord où le taux de syndicalisation et d'assurance collective est le plus élevé, ce qui rend les travailleurs inéligibles aux programmes conçus par le fédéral. C'est toujours et encore une fois le Québec qui écope du retard du fédéral, parce qu'il s'est doté lui-même d'un bon filet social, bien avant les volontés du fédéral.
Pourquoi le gouvernement fédéral ne peut-il pas s'empêcher de s'ingérer là où il n'a pas affaire, alors qu'il n'est même pas capable de s'occuper adéquatement de ses propres champs de compétence? J'ai une hypothèse. Je pense qu'il veut tuer le concept de déséquilibre fiscal. C'est bien simple: au lieu de le régler, il va le faire disparaître. Pensons-y bien. Plutôt que d'envoyer des transferts en santé aux provinces ou de permettre au Québec un droit de retrait avec pleine compensation, il crée un gouvernement unitaire où il n'y a plus de séparation des pouvoirs. Donc, en grugeant peu à peu les pouvoirs des provinces, le concept de déséquilibre fiscal, en vertu duquel les besoins sont dans les provinces, mais les moyens à Ottawa, n'existe plus. Comme cela, le concept de déséquilibre fiscal n'a pas été réglé, mais n'existe plus.
Cependant, pour convaincre la population que le gouvernement fédéral est capable de devenir un État unitaire, muni de tous les pouvoirs, il devrait peut-être commencer par montrer qu'il est capable de s'occuper au moins de ses propres champs de compétence, de ce qui relève vraiment de lui. Dois-je parler à nouveau — comme je l'ai fait à maintes reprises à la Chambre — d'ArriveCAN ou des milliards qui partent depuis des années à des entreprises qui ne livrent aucun service, sauf pour sous-traiter à coût de commissions très élevées?
On apprend encore une fois chaque semaine de nouvelles choses. Le gouvernement fédéral, au lieu de faire le ménage dans ses propres agences, promeut des employés qui ont ouvertement enfreint le code de conduite, des employés qui sont allés prendre des verres et souper avec GC Strategies, puis qui ont été promus. C'est scandaleux. Le gouvernement fédéral ne s'occupe pas de ses propres champs de compétence, mais multiplie les intrusions dans les champs de compétence du Québec et des provinces.
Au cœur de ce débat se trouve réellement le rôle du gouvernement fédéral. Si nos collègues souhaitent un État unitaire où toutes les décisions sont prises à Ottawa, qu'ils le disent ouvertement. Certains pays fonctionnent ainsi. C'est une vision qui se défend. Pourtant, il faudrait rouvrir la Constitution, ce qui leur fait peur. Je suis persuadée que les Québécois n'accepteront jamais de perdre leur autonomie et leurs pouvoirs.
Mes collègues des autres partis se disent fédéralistes. Justement, qu'ils soient fédéralistes. Qu'ils acceptent qu'ils n'ont pas tous les pouvoirs et qu'ils doivent faire confiance au Québec et aux provinces pour s'occuper de leurs propres champs de compétence. Une fois reconnu le problème du déséquilibre fiscal, qui existera tant et aussi longtemps que le Canada sera régi par la Constitution canadienne actuelle, d'un côté, et par le besoin d'agir pour aider nos citoyens, de l'autre, il faudra que la Chambre se pose de vraies questions. Lorsque le régime fédéral s'est mis en place, les besoins importants étaient de compétence fédérale: participer aux guerres de l'Empire britannique pour s'emparer des mines de diamant des Boers, construire des navires cuirassés pour ce même empire, détruire les nations autochtones à coups de famines, de réserves et de pensionnats. Voilà quelles étaient les priorités du gouvernement fédéral à l'époque où le régime fédéral a été créé. Ils avaient des vrais besoins et allaient puiser l'argent dans les provinces.
Cependant, en 2024, les vrais besoins sont au Québec et dans les provinces. Les solutions aux vrais problèmes sont également dans les mains des gouvernements québécois et provinciaux. Si la Chambre veut vraiment aider les gens avec leur logement ou les soins dentaires de leurs enfants, elle devrait réfléchir. Au lieu de penser à des projets d'un océan à l'autre forcément mal adaptés, le gouvernement fédéral devrait abandonner ses prétentions à tout régenter. Renversons le déséquilibre fiscal. Donnons au Québec et aux provinces les moyens de prendre soin de leur monde. Sinon, soyons sincères — ce qui manque souvent à la Chambre —, et rouvrons la Constitution une fois pour toutes. Que le gouvernement du Canada devienne un gouvernement unitaire et qu'il le propose à la population pour voir sa réponse, à moins qu'il craigne trop que, cette fois-ci, les Québécois lui disent une fois pour toutes qu'ils s'en vont, pour de vrai.
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Monsieur le Président, je suis bien content de la motion présentée par le Bloc aujourd'hui parce qu'elle illustre vraiment un grand contraste. D'un côté, il y a ce que je qualifierais d'alliance contre nature entre les conservateurs, ou plutôt les réformistes, et le Bloc québécois. Dans cette alliance malsaine, les deux partis estiment que le Canada n'a pas de rôle à jouer dans la prestation de services comme les soins de santé. J'ai d'ailleurs interrogé le à ce sujet ce matin. Les conservateurs et les bloquistes ne croient donc pas à la nécessité d'un programme dentaire national, même si des milliers de Canadiens aux quatre coins de notre pays s'y inscrivent et en bénéficient.
Tout récemment, le s'est rendu au Manitoba, dans le Nord de Winnipeg. Nous y avons parlé d'un programme national d'alimentation en milieu scolaire qui permettrait aux enfants de mieux apprendre avec un estomac plein. Des programmes nationaux de ce genre existent ailleurs. Que font les bloquistes et les conservateurs à ce sujet? Ils s'y opposent. Ils font donc passer leur partisanerie avant les gens qu'ils représentent, puisque ces programmes font toute la différence.
Je pense à l'ancien premier ministre Mackenzie King. Lorsqu'il était au pouvoir, il a mis en place des programmes comme la pension pour les personnes âgées, la Sécurité de la vieillesse, et l'assurance-emploi. Il a mis en place les allocations familiales. Comparons ces programmes, auxquels les gens de toutes les régions du pays croient, avec ceux que nous avons mis en place au cours des dernières années. Ce qui ne change pas, c'est que les séparatistes, les députés du Bloc, disent sans cesse non et que les conservateurs soutiennent le Bloc sur ce point. Selon eux, Ottawa ne devrait pas se concentrer sur ce qu'ils considèrent comme une responsabilité provinciale. Or, s'abstenir d'agir, comme ils le réclament, reviendrait à ne pas s'occuper de ce que veulent les Canadiens.
Les Canadiens sont conscients de la valeur que revêt d'un programme national de garde d'enfants. Tout comme la Saskatchewan s'est dotée d'un régime de soins de santé qui s'est révélé utile dans cette province, le Québec disposait d'un merveilleux programme de garderies, que nous avons été en mesure de transformer en un programme national. Ce ne sont donc plus seulement les habitants d'une région du pays qui en tirent les bénéfices, mais ceux de tout le Canada, tout cela parce que nous avons un programme national de garde d'enfants, que le Parti conservateur a d'ailleurs déclaré vouloir supprimer.
J'ai posé des questions sur le système de santé, un enjeu très important pour les Canadiens. Le Parti conservateur, l'opposition officielle avec son programme conservateur caché, les réformistes d'en face, eux ne soutiennent pas le système de santé, du moins vraiment pas autant que nous. Le Parti conservateur aurait de la chance s'il parvenait à maintenir les transferts financiers. Nous pouvons examiner ce que nous avons fait. Dès le début, nous avons négocié avec les provinces et nous avons conclu des accords sur la santé pour pérenniser la coopération dans la prestation des services de santé que les Canadiens attendent d'un océan à l'autre. Voilà la différence.
Nous avons investi un peu moins de 200 milliards de dollars dans la santé afin que les générations futures de Canadiens jouissent du système de santé de qualité qu'ils méritent. Une fois de plus, les conservateurs disent non. Le Parti conservateur s'oppose à de nombreuses mesures progressistes qui améliorent concrètement la situation au pays, qu'il s'agisse du programme de garderies, du régime de soins dentaires ou du régime d'assurance-médicaments. Ces programmes aideront des milliers de Canadiens dans tout le pays, mais le Parti conservateur n'appuie pas ces types d'initiatives.
Les conservateurs ne font que débiter toujours les mêmes slogans. Il cherchent à critiquer le gouvernement et à détruire des réputations. C'est là-dessus qu'ils se concentrent. En revanche, le gouvernement, lui, comprend les choses.
Prenons le budget. On peut voir qu'il répond vraiment aux aspirations des Canadiens, car les députés libéraux ont à cœur d'être à l'écoute des électeurs de leur circonscription. Ils notent leurs idées, ils les rapportent à Ottawa, et nous les mettons en œuvre dans des politiques publiques. C'est pour cette raison que nous avons aujourd'hui un régime national d'assurance-médicaments et un programme national de garderies. C'est parce que nous sommes conscients des besoins des Canadiens. Nous tenons à être là pour les aider.
J'ai du mal à imaginer que les députés du Bloc québécois, le parti séparatiste, puissent privilégier leur séparatisme plutôt que les intérêts des électeurs qu'ils représentent. Par exemple, il y a littéralement des milliers de personnes au Québec qui vont bénéficier du régime de soins dentaires. Elles sont inscrites pour ainsi recevoir des soins. Ce sont des personnes âgées qui ont des revenus fixes. Les bloquistes privilégient leur séparatisme plutôt que les intérêts des personnes âgées qui ont des revenus fixes. Je trouve cela déplorable.
Que ce soit au Québec, au Manitoba, en Nouvelle‑Écosse, en Colombie‑Britannique ou dans n'importe quelle autre province, ou encore dans les territoires nordiques, je suis sûr que ces programmes nationaux font la différence pour les personnes âgées. William Mackenzie King l'a montré en mettant en place de nombreux programmes, des programmes auxquels nous sommes désormais attachés et qui font partie de l'identité canadienne. J'estime que les programmes que nous proposons actuellement vont eux aussi avoir des retombées profondément positives sur la Confédération. Ce sont des services qui vont exister des années durant.
Ce qui menace le plus les services dont je parle, ce sont les députés du Parti réformiste qui siègent en face. Ils sont tellement à droite de l'échiquier politique que les intérêts des électeurs, des Canadiens, ne sont absolument pas leur priorité. Ce qu'ils veulent, c'est sabrer les dépenses. Ils n'hésiteront pas à mettre la hache dans les programmes de garderies, d'assurance-médicaments et de soins dentaires. Au lieu de laisser les Canadiens continuer d'en bénéficier, voire de les bonifier, ils vont y mettre la hache. Il y a de quoi tous nous inquiéter.
J'aimerais bien qu'il y ait une campagne électorale axée sur la Confédération, sur le drapeau canadien.