propose que le projet de loi , Loi instituant le Mois du patrimoine arabe, soit lu pour la deuxième fois et renvoyé à un comité.
— Madame la Présidente, c'est un honneur et un privilège de prendre la parole à la Chambre ce soir pour entamer le débat sur mon projet de loi d'initiative parlementaire, qui ferait du mois d'avril le Mois du patrimoine arabe au Canada.
[Français]
Les premiers immigrants d'origine arabe sont arrivés au Canada en 1882, quelques années après la Confédération, il y a environ 140 ans. Le pays compte maintenant bien plus de 1 million de Canadiens d'origine arabe et ce nombre continue d'augmenter.
[Traduction]
Le premier immigrant arabe qui est arrivé au Canada il y a 140 ans était Ibrahim Abou-Nader et il s'est installé à Montréal. Depuis lors, nous avons vu la communauté arabe croître et prospérer dans différentes régions du pays et contribuer véritablement à la création du tissu social de la société canadienne. La population arabe au Canada a augmenté d'environ 34 % depuis 2011 et d'environ 75 % depuis 2006.
Grâce aux jeunes, l'avenir des Canadiens d'origine arabe est très prometteur. Environ 42 % de la population arabe du Canada est âgée de moins de 24 ans contre 29 % pour la population canadienne totale dans cette tranche d'âge. En outre, la population arabe du Canada compte une proportion plus faible de personnes âgées de 65 ans et plus, soit environ 5 %, que dans l'ensemble de la population canadienne, où cette proportion est d'environ 16 %.
Ma circonscription, Ottawa-Sud, compte la deuxième population arabophone en importance parmi les 338 circonscriptions électorales du Canada. J'ai de nombreux amis dans la communauté arabe de la région de la capitale nationale et ailleurs. Je suis fier de leurs réalisations exceptionnelles, et c'est un privilège d'être leur représentant à la Chambre.
Les Canadiens d'origine arabe sont fiers de leurs racines ethniques et culturelles et sont fiers d'être Canadiens. C'est pourquoi le Mois du patrimoine arabe est si important. Il donnera aux Canadiens d'origine arabe l'occasion de mettre en valeur leur culture, leurs talents et les raisons pour lesquelles ils sont fiers d'être à la fois arabes et canadiens. C'est d'autant plus important que l'identité des Arabes, les membres de leur communauté et leur histoire au Canada font parfois l'objet d'idées fausses et de préjugés.
La culture arabe comporte de nombreuses facettes, de la nourriture à la musique en passant par l'art et la littérature, qui ont toutes une influence positive sur la société canadienne. Qu'il s'agisse d'acheter un shawarma dans son restaurant libanais préféré, ici à Ottawa, d'aller déguster du thé à la menthe et des sucreries d'un vendeur marocain avec ses amis au Petit Maghreb, à Montréal, d'acheter des caftans de soie et de satin brodés dans une petite entreprise palestinienne de Mississauga ou de fréquenter les cafés et les salons arabes d'Edmonton, ce ne sont là que quelques-unes des nombreuses façons dont les Arabes partagent leur culture avec l'ensemble de la société canadienne. Nous les en remercions.
Le Mois du patrimoine arabe au Canada sera une occasion formidable pour les Canadiens d'origine arabe de faire connaître leur apport à notre merveilleux pays. Il nous donnera l'occasion de rendre hommage aux innombrables entrepreneurs et propriétaires arabes de petites entreprises de partout au Canada qui appuient énormément leurs collectivités.
De nombreux intervenants soutiennent le projet de loi, notamment l'Institut canado-arabe. La semaine dernière, Jad El Tal, directeur de la recherche et des politiques à l'Institut canado-arabe, m'a dit qu'il était temps d'instituer le Mois du patrimoine arabe au Canada pour que les Arabes aient le sentiment de pouvoir célébrer à la fois leur identité canadienne et leurs racines arabes, qui ne sont pas mutuellement exclusives. Il a indiqué qu'une partie importante de l'identité canadienne consiste à célébrer la diversité du pays et qu'on ne peut plus brosser un portrait du Canada sans inclure les Canadiens d'origine arabe.
Je suis tout à fait d'accord avec lui. Je partage ce sentiment et j'appuie cette déclaration. J'ai toujours cru que la diversité du Canada était sa plus grande force. Je suis arrivé à cette conclusion parce que j'ai eu le privilège de vivre sur quatre continents ainsi que de travailler et de voyager dans plus de 80 pays. Le projet de loi repose sur la conviction que la diversité du Canada est sa plus grande force.
Les Arabes viennent de différents pays et ils sont de diverses confessions religieuses, mais ils ont plus de points communs, comme le leadership, l'esprit d'entreprise et une éthique de travail rigoureuse, que de différences. Parmi les personnes vivant au Canada qui sont nées dans un pays arabe, plus de la moitié ont été admises au Canada en tant qu'immigrants économiques, et près de 25 % ont été admises au Canada en tant que réfugiés.
Dans les régions les plus peuplées d'Arabes au Canada, la grande majorité de ceux-ci sont d'origine marocaine, libanaise, algérienne et égyptienne. Plus de 90 % de la population arabe au Canada habite en Ontario, au Québec et en Alberta: les concentrations les plus élevées se trouvent à Montréal, à Toronto et à Ottawa-Gatineau.
[Français]
Les Canadiens d'origine arabe de tous les horizons contribuent de manière importante à la vie sociale, économique et politique du Canada, ainsi qu'au paysage culturel du Canada, notamment par la littérature, la musique, la nourriture et la mode.
Le projet de loi soulignerait et célébrerait l'apport historique des Canadiens d'origine arabe dans l'édification de la merveilleuse société canadienne d'hier et d'aujourd'hui.
[Traduction]
Les mois du patrimoine sont importants pour célébrer et se renseigner sur d'autres cultures et pour apprendre à se connaître. Au Canada, nous célébrons déjà les mois des patrimoines tamoul, irlandais, asiatique, caribéen, italien, portugais, islamique, noir, sikh, juif, autochtone, philippin, allemand, hispanique ou latino-américain, ainsi que le Mois de l'histoire des femmes. Le Mois du patrimoine arabe au Canada se fait attendre depuis longtemps, et j'espère que mes collègues appuieront mon projet de loi afin que le Mois du patrimoine arabe figure sur la liste.
Aux États‑Unis, Arab America et la fondation Arab America ont lancé la première édition du Mois national du patrimoine arabo-américain en 2017. Quatre ans plus tard, le président Biden, par l'intermédiaire du département d'État américain, a officiellement reconnu le mois d'avril comme le Mois national du patrimoine arabo-américain. Le Mois du patrimoine arabe au Canada nous donnerait l'occasion de montrer notre reconnaissance pour les contributions inestimables des Arabo-Canadiens à la construction d'un Canada plus fort et plus inclusif.
Ce serait l'occasion de reconnaître et de célébrer les contributions de Canadiens d'origine arabe, de gens d'affaires comme Noubar Afeyan, cofondateur de Moderna; Ablan Leon, qui a fondé Leon's en 1909; Aldo Bensadoun, fondateur du détaillant canadien Aldo; et Mohamad Fakih, PDG et fondateur de Paramount Fine Foods. Dans les médias, pensons à Mohamed Fahmy, journaliste, correspondant de guerre et auteur primé, et à Nahlah Ayed, correspondante primée de la CBC.
Du côté des arts et de la culture, mentionnons René Angélil, mari de Céline Dion, producteur, agent d'artistes et chanteur; K'naan, qui est poète, rappeur, chanteur, auteur-compositeur et instrumentiste; et Mena Massoud, un acteur surtout connu pour avoir tenu le rôle d'Aladin en 2019. Ici, à la Chambre des communes, mentionnons le , le , le député d' et le député de .
Sur une note plus personnelle, je mentionnerai tout d'abord, parmi les membres de ma famille, mon parrain canado-syrien, un homme d'une intelligence, d'une gentillesse et d'une intégrité remarquables. Il venait d'un milieu modeste, même pauvre, en fait, et il a su par ses valeurs m'inculquer une profonde appréciation du dur labeur, de la générosité et du service public. Plus récemment, plusieurs de mes neveux et nièces ont épousé des personnes d'origine libanaise. Nous les avons accueillies à bras ouverts dans notre grande famille, et elles nous rendent la pareille.
En instituant le Mois du patrimoine arabe au Canada, nous pourrions faire connaître et, enfin, célébrer l'apport des Canadiens d'origine arabe à notre merveilleux pays, et ce, non seulement en avril, mais aussi au quotidien. J'invite mes collègues de la Chambre à appuyer ce projet de loi. J'espère qu'ils verront, grâce à mes propos, que c'est manifestement la chose à faire. Ensemble, nous sommes toujours plus forts.
Pour terminer, je citerai ma défunte mère, qui avait l'habitude de dire à ses 10 enfants réunis autour de la table: « Comprenez mes enfants que, si vous vous éloignez les uns des autres, vous aurez l'impression d'être cinq; mais si vous unissez vos efforts, vous aurez l'impression d'être 20. »
:
Monsieur le Président, je suis très heureux de prendre la parole aujourd'hui pour appuyer le projet de loi, Loi instituant le Mois du patrimoine arabe. Je tiens à remercier le député d' de porter ce sujet à l'attention de la Chambre. Il y a plus d'un million de Canadiens d'origine arabe. Ils sont présents dans toutes les provinces et tous les territoires, chacun ayant sa propre histoire en tant que nouvel arrivant ou que descendant d'un nouvel arrivant.
Peu importe leur pays d'origine, qu'il s'agisse du Liban, de la Syrie, de l'Irak, du Maroc, de la Palestine, de la Jordanie ou d'une dizaine d'autres pays, les Canadiens d'origine arabe ont en commun la quête d'une vie meilleure parmi nous. Ils partagent aussi la volonté de redonner au Canada. C'est cette volonté que je souhaite célébrer aujourd'hui. Il y a des figures d'origine arabe qui sont aujourd'hui bien connues de la société canadienne. À nos yeux, leur identité n'est pas double: ce sont de fiers Canadiens.
Certains sont devenus des personnalités bien connues au sein de notre société. L'acteur Keanu Reeves est né au Liban. La vedette de hockey Nazem Kadri est d'origine libanaise, tout comme le cinéaste Donald Shebib. Comme je suis à Ottawa, je me dois de mentionner le chanteur Paul Anka, dont la famille est originaire du Liban et de la Syrie. Et c'est sans parler de la longue liste de politiciens canadiens qui ont des racines arabes, dont certains siègent aujourd'hui même à la Chambre des communes.
On compte aussi parmi eux beaucoup d'hommes d'affaires. Les gens du Moyen-Orient qui parlent arabe sont réputés dans le monde entier pour leurs compétences entrepreneuriales. Malgré l'instabilité qui sévit dans leurs pays d'origine, ils ont connu la prospérité dans leur terre d'accueil. Contrairement aux acteurs, aux musiciens et aux politiciens d'origine arabe dont les noms sont bien connus, la plupart des entrepreneurs font carrière loin du regard du public, mais leurs contributions au sein de la société canadienne sont importantes et durables.
Je suis moi aussi arabe, un immigrant, et mon histoire ressemble à celle de beaucoup d'autres. Je suis venu au Canada en laissant derrière un pays déchiré par une guerre civile qui a duré 15 ans. J'avais peu de souvenirs de ce qu'était la vie dans un pays sans guerre. Je voulais une nouvelle vie.
Le 19 décembre 1990, c'est par une belle journée où la neige tombait que je suis arrivé à l'aéroport international d'Edmonton, et comme il faisait -20 degrés Celsius, je n'avais jamais eu aussi froid. Plus d'une vingtaine de personnes étaient là pour me souhaiter la bienvenue dans la belle ville d'Edmonton, en Alberta. Leur accueil chaleureux a compensé le temps froid à l'extérieur. Le long du trajet pour me rendre dans le Nord de la ville, la route et les champs étaient couverts de neige, et je sentais en moi un mélange de paix, de calme et d'excitation. C'est ici que j'allais m'établir.
Le lendemain matin, je suis sorti et j'ai pris une grande bouffée d'air froid. Il avait le goût de la liberté et des possibilités. Il y avait quelque chose dans cet endroit qui me faisait croire que le choix que j'avais fait d'immigrer du Liban au Canada était le bon. En regardant les défis qui m'attendaient, je voyais que les possibilités de réussite étaient beaucoup plus grandes que les risques d'échec. J'ai trouvé mon premier emploi dans une usine du quartier nord, comme journalier affecté à l'emballage des meubles. Quelques mois plus tard, je suis passé au service de la comptabilité analytique. J'ai appris la fabrication sur le tas, et j'ai pris conscience de l'importance de ce secteur pour l'économie canadienne.
C'est par l'intermédiaire de cette usine que j'ai fait mon chemin vers le marché international, puisque j'ai pu y explorer la possibilité de promouvoir au Moyen-Orient un produit fabriqué à Edmonton. Deux mois seulement après avoir obtenu la citoyenneté canadienne, j'étais de nouveau dans un avion, mais cette fois‑ci en tant que fier Canadien sondant le Moyen-Orient à la recherche de nouveaux marchés pour les produits canadiens, dans cette région où le Canada est respecté comme un symbole de liberté, de démocratie et de paix.
Mes horizons s'étant élargis, j'ai commencé à comprendre ce qui fait croître l'économie et comment on trouve des débouchés. Ouvrir le marché du Moyen-Orient a été un succès pour un fabricant local et un jalon professionnel pour le nouvel immigrant que j'étais.
Je me suis joint à un groupe de bénévoles dans le quartier de Castle Downs, à Edmonton, car je voulais changer les choses et redonner à la communauté. Je me suis intéressé à la politique et familiarisé avec le système pour mieux comprendre comment améliorer nos vies et contribuer à façonner des politiques destinées à améliorer le sort de tous. C'est là que j'ai rencontré des gens merveilleux et dévoués dont la passion était de servir. J'en ai appris toujours plus sur les communautés locales et je me suis familiarisé avec les différentes dynamiques de notre petit monde.
Comme je l'ai dit, mon histoire ressemble à celle de beaucoup d'autres Arabes qui sont arrivés dans notre pays en quête d'une vie meilleure et pour redonner à la communauté. Je suis fier de mes origines et je suis heureux d'assister à la création du Mois du patrimoine arabe. Je suis encore plus fier d'être un Canadien et d'avoir été choisi par mes concitoyens pour les représenter à la Chambre des communes.
Je m'en voudrais de ne pas prendre le temps de chanter les louanges de la langue arabe, qui est parlée par de nombreux Canadiens. C'est la langue de la poésie, du mysticisme, du droit et de l'humour. Sa sonorité plaît même à ceux qui ne la comprennent pas. C'est une langue qui unit la population du Moyen‑Orient et de l'Afrique du Nord. La richesse de la littérature arabe nous fait découvrir de nombreuses cultures unies par un élément commun. Cela me fait penser au Canada.
Les Arabes ont toujours exporté leur culture. On peut voir des influences arabes quand on visite l'Andalousie, en Espagne, notamment dans l'architecture de la région.
Qui sont les gens que nous célébrons avec le projet de loi dont nous débattons aujourd'hui? Ce sont des employés et des employeurs, des médecins et des infirmières, des athlètes, des chanteurs, des acteurs et des spectateurs. Ce sont des gens de tous les horizons et de tous les groupes de la société qui ont un patrimoine et une identité en commun au sein de la société canadienne.
J'invite les députés à appuyer ce projet de loi. Désignons le Mois du patrimoine arabe et célébrons les contributions des Canadiens d'origine arabe à ce pays formidable. En s'établissant au Canada, ils ont enrichi notre société d'innombrables façons. Cette année et chaque année, au mois d'avril, célébrons une culture qui a contribué énormément à l'enrichissement de la société canadienne. Rendons hommage aux Canadiens d'origine arabe qui ont contribué à faire de ce pays une société multi-ethnique et multiraciale où des gens de toutes origines peuvent vivre en paix et en sécurité.
Le Canada est un exemple de ce que la société peut être lorsque les gens célèbrent leur patrimoine sans oublier l'objectif commun qui les unit. Célébrons le Mois du patrimoine arabe. Qui que nous soyons, et quelles que soient nos origines, nous pouvons tous aller manger des baklavas et des chawarmas à la fin de la journée.
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Monsieur le Président, d'abord, j'aimerais souligner que toutes mes pensées et toutes les pensées des députés du Bloc québécois vont à l'Ukraine, aux Ukrainiens et aux Ukrainiennes en cette période difficile.
J'interviendrai aujourd'hui afin d'aborder le projet de loi . Il s'agit d'un projet de loi proposé par le député de la circonscription d' et qui en est à sa deuxième lecture. Plus précisément, le projet de loi C‑232 propose que le mois d'avril devienne, au Québec et au Canada, le Mois du patrimoine arabe. Le Bloc québécois est heureux de souligner l'apport extraordinaire de la communauté arabe à la société québécoise. L'an dernier, nous avons adopté une motion pour que le Mois du patrimoine irlandais commence le 1er mars. J'ai eu l'honneur de souligner ce mois avec différents députés de la Chambre.
Le Bloc québécois est en faveur du projet de loi, en effet. Néanmoins, peut-être que certains de mes collègues, comme moi, trouvent que nous sommes loin de connaître en détail l'importance des communautés arabes du Québec et du Canada. Je propose d'abord de clarifier certains éléments.
Qu'est-ce qu'on entend exactement par « arabe »?
Le terme peut porter à confusion, puisqu’il fait aussi bien référence au peuple de la péninsule arabique qu'au peuple arabophone et au peuple de culture arabe. Or, la langue et la culture arabes sont loin de se limiter à l'Arabie puisqu'elles s'étendent du golfe Persique jusqu'à l'océan Atlantique en passant par le Proche-Orient et le Maghreb. Cet étalement de la langue et de la culture arabes est dû, historiquement, aux conquêtes arabes qui ont eu lieu à partir du VIIe siècle après la naissance de l'islam. Tous les habitants du Maghreb ne sont pas de culture et de langue arabes. Il suffit de nommer, à titre d'exemple, les peuples berbères.
En effet, nous aurions tort de définir nos communautés arabes uniquement par leur langue, leur pays d'origine ou leur religion, car on peut ici véritablement parler d'une civilisation. L'Occident n'aurait jamais connu la Renaissance si les Arabes, durant l'âge d'or de l'islam, n'avaient pas transmis et développé le précieux savoir des Grecs, lequel était soit oublié, soit proscrit durant le Moyen Âge. Mathématiques, philosophie, médecine, astrologie et littérature, la contribution passée de cette civilisation à la race humaine est monumentale. De nos jours, elle continue d'enrichir nos sociétés, dont notre société québécoise.
Puisque le monde arabe a connu en large partie la colonisation française au cours des XIXe et XXe siècles, la langue française y a pris une place prépondérante. Le français est la langue maternelle ou seconde de dizaines de millions de personnes originaires du Maghreb ou du Proche-Orient. La langue française n'est que l'un de nos points communs, car le Québec a, comme je l'ai dit, de profonds liens économiques, politiques et culturels avec les pays arabes.
Je pourrais nommer, en guise d'exemple, l'entente de coopération dans les domaines de l'éducation et de la formation entre le gouvernement du Québec et le gouvernement de la République algérienne. Les Québécois et les Canadiens d'origine arabe ont une démographie considérable. Comme le préambule du projet de loi C‑232 le précise, le Canada compte désormais plus de 1 million de citoyens arabes. On attend toujours la mise à jour des chiffres de 2021, car les chiffres que je viens de mentionner datent de 2016.
Il y a toutefois quelque chose qui me chicote dans le préambule de ce projet de loi C‑232. En faisant référence aux Canadiens d'origine arabe et aux communautés arabo-canadiennes, le projet de loi présente un portrait des populations d'origine arabe du Québec et du Canada qui n'est pas tout à fait conforme à la réalité, selon moi. On suggère en effet que la diaspora arabe formerait une communauté uniforme dans l'ensemble pancanadien. Suis-je surpris? Je ne le suis pas.
Il s'agit d'un exemple typique de la vision multiculturaliste canadienne tendant à concevoir la population du Canada comme une vaste mosaïque culturelle qui ne serait pas influencée par l'existence de nations. Or, il y a des nations. Il y a la nation québécoise, et celle-ci a une approche distincte du Canada en matière d'intégration de ses immigrants et de ses minorités culturelles.
Au Québec, nous croyons en l'interculturalisme, un modèle de vivre-ensemble où l'égalité entre les cultures est indissociable de la francisation et de la laïcisation. Les immigrants arabes, de par leur maîtrise du français, s'intègrent à merveille au Québec.
L'immigration a beau être de compétence fédérale, on ne peut pas balayer du revers de la main la volonté explicite du Québec, exprimée depuis la Révolution tranquille, de renforcer ses liens avec les pays du Maghreb et de favoriser évidemment l'immigration francophone. En effet, le facteur linguistique compte pour beaucoup.
Les populations immigrantes s'établissent au Canada. Or, le Québec s'intègre à la société canadienne, c'est-à-dire à la majorité canadienne-anglaise. Parallèlement, les populations immigrantes s'établissant au Québec intègrent la société québécoise, c'est-à-dire la majorité francophone.
Il est évident que les parcours d'intégration diffèrent selon que les immigrants sont venus au Québec ou au Canada. C'est pourquoi nous jugeons que les appellations « Canadiens d'origine arabe » et « communautés arabo-canadiennes » sont erronées.
De plus, en 2016, 368 730 personnes au Québec se disaient d'origine ethnique arabe. De ce nombre, 91,8 % maîtrisaient la langue française, alors que 44 % l'utilisaient le plus souvent à la maison. C'est donc dire qu'une vaste proportion — près de la moitié — des personnes d'origine arabe vivant au Canada sont des Québécois et des Québécoises d'origine arabe et non pas, à mon sens, des Canadiens d'origine arabe.
Je me permets d'illustrer ce propos à l'aide de mon expérience personnelle. Au cours de la dernière campagne électorale, j'ai eu l'honneur et le bonheur d'être reçu au Centre communautaire des Basses‑Laurentides, près de ma circonscription, pour un débat politique. Il s'agit d'un centre communautaire à vocation musulmane. Nous y avons parlé de langue, de laïcité et de souveraineté. Je ne m'y attendais pas, mais telles furent les discussions avec une trentaine de personnes.
Je dois aussi mentionner ma rencontre, au cours de cette période électorale il y a quelques mois, avec Mgr Tabet, un influent évêque maronite d'origine libanaise. Cette rencontre m'a frappé. Mgr Tabet est un être d'une extraordinaire sensibilité, et d'une sensibilité particulièrement extraordinaire à l'égard de la réalité québécoise. Il a tenu un discours d'une incroyable limpidité sur les ponts unissant le Québec et le Liban dans l'histoire. C'est un homme qui m'a semblé éprouver un amour vraiment indéfectible pour les Québécois.
Je ressors grandi des rapprochements que j'ai eus avec ces personnes, et il ne fait aucun doute que ces rapprochements continueront d'avoir lieu dans l'avenir.
Je dédie donc la fin de mon discours à tous les Québécois et les Québécoises d'origine arabe. Je les remercie de participer au rayonnement de la francophonie et de contribuer à l'épanouissement de la société québécoise, et j'espère pouvoir, le 1er avril prochain, contribuer à ce qu'on appellera le « Mois du patrimoine arabe ».
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Monsieur le Président, je remercie mon collègue de son agréable discours. Je crois que beaucoup de personnes reconnaissent l'importance de ce travail.
Pendant trop longtemps, les grandes communautés arabes au Canada, avec toute leur diversité, n'ont pas obtenu la reconnaissance qu'elles méritent de la part de nos institutions, y compris la Chambre des communes. Cela doit changer. C'est pourquoi les néo-démocrates sont fiers d'appuyer cette mesure législative fondamentale pour désigner le mois d'avril comme le Mois du patrimoine arabe.
Je suis ravi et honoré de prendre la parole pour appuyer le projet de loi en ma qualité de député d'Edmonton Griesbach. En tant que député ayant l'honneur de représenter l'une des plus grandes communautés arabes longuement établies au Canada, je tiens à remercier le député d' pour le leadership qu'il a démontré en élaborant cet important projet de loi d'initiative parlementaire.
En tant qu'Autochtone, je sais personnellement à quel point les groupes racialisés sont exclus des livres d'histoire. Notre contribution, et parfois même nos mots, tombent trop souvent dans l'oubli. Nos récits sont rarement racontés ou reconnus. Que ce soit le Mois du patrimoine arabe ou le Mois de l'histoire des Noirs, l'histoire des groupes racialisés est souvent oubliée. C'est pourquoi ce projet de loi est si important.
On nous enseigne souvent des versions diluées de notre propre histoire, de nos propres expériences. Cela est clair dans le cas des Autochtones, et notre combat se poursuit pour que la vraie histoire, par exemple celle des pensionnats indiens, continue d’être enseignée. Comme beaucoup de personnes racialisées au Canada, j’ai grandi sans me voir représenté dans les médias, dans les livres, dans les publicités et dans notre histoire. Aujourd’hui, comme beaucoup d’autres, j’ai encore de vrais traumatismes qui remontent loin autour de la réappropriation de nos identités et de notre capacité à voir notre culture, notre langue et nos réalisations valorisées au Canada. Je veux voir un monde où ma nièce et tous les autres jeunes racialisés n’auront pas à se demander: « Qu’est-ce cloche avec moi? Pourquoi ne suis-je pas beau? Pourquoi je ne me sens pas à ma place? » Je veux vivre dans un Canada où ma nièce n’aura pas à dire qu’elle va faire semblant d’être blanche pour pouvoir jouer avec les autres enfants. Tous les enfants méritent d’être vus et reconnus.
Si ce travail n'est pas fait, une génération entière de Canadiens d'origine arabe ne pourra pas être reconnue au Canada, ni elle ni son extraordinaire contribution au pays. Ce travail est important, surtout au moment où nous voyons la montée de la haine, souvent dangereuse et sexiste, dirigée contre les Arabes, notamment contre les musulmans. Ce phénomène est présent dans ma communauté d'Edmonton Griesbach. Nous devons faire tout ce que nous pouvons. Assurons-nous, par exemple, de penser à rendre visible cette culture et à la reconnaître lorsque nous interagissons avec nos voisins, nos amis, les membres de notre famille, nos collègues et les membres de notre communauté.
Le Mois du patrimoine arabe nous fournirait une occasion extraordinaire d'en savoir plus sur les Canadiens d'origine arabe et sur ce qu'ils accomplissent au pays, que ce soit dans les arts, les sports, la politique, ou comme l'a mentionné le député plus tôt, dans le monde des affaires, le milieu universitaire, les sciences et la littérature. Il est temps également de reconnaître les défis que doivent relever et les barrières que doivent surmonter les Canadiens d'origine arabe. Les crimes haineux sont toujours en hausse au Canada et, malheureusement, nous voyons les affreux résultats de la haine anti-Arabe ou anti-musulmane au pays.
La célébration et la valorisation des multiples contributions des Canadiens d'origine arabe sont une part importante du travail que nous devons accomplir, en tant que parlementaires, pour lutter contre toutes les formes de discrimination et de violence haineuse dirigée contre les communautés arabes partout au pays. Le Mois du patrimoine arabe et les autres mois de l'année devraient nous fournir l'occasion de continuer à bâtir un Canada bienveillant, inclusif et sécuritaire pour tous.
Je demande à tous les députés de se serrer les coudes pour adopter le projet de loi dès que possible. Le mois d'avril est à nos portes. Avec l'unité et le leadership de tous les partis, nous pouvons faire en sorte de célébrer bientôt le tout premier Mois du patrimoine arabe au Canada.
Le mois prochain, j'espère que nous aurons tous l'occasion de célébrer le Mois du patrimoine arabe dans nos collectivités. Les Canadiens d'origine arabe y sont présents depuis très longtemps.
J'aimerais consacrer le temps de parole qu'il me reste à raconter une histoire qui traite de la remarquable communauté des Canadiens d'origine arabe de ma circonscription, Edmonton Griesbach. La ville d'Edmonton accueille presque 5 % de la population arabe du Canada, et je suis fier de pouvoir affirmer que le cœur de cette communauté arabe se trouve dans ma circonscription. Des Canadiens d'origine arabe vivaient sur le territoire du Traité no 6 avant même que l'Alberta devienne une province. Les premières familles d'immigrants originaires du Liban et de la Syrie sont arrivées en Alberta il y a plus de 130 ans, dans les années 1880, pour y rencontrer mes ancêtres, qui étaient des commerçants de fourrures à l'époque.
Je veux raconter l'histoire d'une Canadienne d'origine arabe remarquable qui est arrivée au Canada en 1923 et dont les contributions sont encore bien présentes au quotidien dans ma circonscription. Elle s'appelait Hilwie Jomha. Elle est née en 1905 à Lala, un petit village de la plaine de la Bekaa qui se trouve maintenant au Liban. Elle était la fille d'une grande famille du village, dont la culture était issue des sunnites, des chiites, des chrétiens et des juifs.
Le futur mari d'Hilwie, Ali Hamdon, s'est installé au Canada au début des années 1900. Avec des proches et des amis de la plaine de la Bekaa, il est devenu commerçant de fourrures à Fort Chipewyan, où ma famille vit depuis des milliers d'années, dans le Nord de l'Alberta. Après s'être installé là-bas, il est retourné à Lala, où vivait Hilwie. En 1923, elle a immigré avec lui pour se bâtir une vie ici, au Canada.
Hilwie s'est rapidement adaptée à la vie en Alberta. Elle a établi une amitié profonde avec les familles juives de Fort Chipewyan. Une fois qu'Hilwie a eu des enfants, la famille Hamdon a déménagé à Edmonton. C'est là qu'Hilwie a vraiment laissé sa marque en tant que citoyenne. Dans cette ville, la petite communauté musulmane en pleine croissance avait un gros problème dans les années 1930. Comme partout ailleurs au Canada à l'époque, elle n'avait pas de mosquée. Les prières devaient être tenues chez des gens, mais il y avait des limites à ce que les membres de la communauté pouvaient faire sans un lieu de rassemblement.
Hilwie avait un don naturel pour rapprocher les gens. Elle a rassemblé les musulmans pour le ramadan et elle est devenue le pilier de la communauté locale pendant les années 1930. C'est une décennie où les entreprises arabes d'Edmonton ont laissé leur marque dans le milieu des affaires de la ville. La communauté arabe d'Edmonton avait une grande force, et les gens ont commencé à discuter de la construction de leur propre mosquée.
Hilwie était au cœur de ces discussions. La communauté arabe d'Edmonton est rapidement passée de la parole aux actes, et elle a élaboré un plan pour construire la première mosquée en Amérique du Nord. Accompagnée d'un groupe d'hommes d'affaires arabes, Hilwie est allée demander au maire d'Edmonton s'il était possible d'acheter un terrain municipal pour y construire une mosquée, mais il y avait un problème. Le maire réclamait 5 000 $, ce qui était beaucoup d'argent à l'époque pour une propriété. La communauté n'était pas organisée, et il n'y avait pas d'organisme central ayant suffisamment d'argent pour payer la somme demandée.
Pour régler le problème, les membres de la communauté ont uni leurs efforts pour fonder l’association arabe musulmane. Hilwie a joué un rôle central dans l'organisation de cette initiative. Elle a mobilisé toute la communauté, y compris des personnes de divers groupes religieux, pour assurer la construction de la toute première mosquée. Elle a fait du porte-à-porte sur l’avenue Jasper, pas loin de l'endroit où j'habite aujourd'hui, au cœur d'Edmonton Griesbach, pour demander aux propriétaires de commerces, ainsi qu'aux membres de la communauté et aux voisins, de soutenir le projet. Ces efforts ont permis au groupe d'acheter un terrain pour la mosquée et de bâtir ses fondations.
Toutefois, le groupe a rencontré d'autres problèmes. Les fonds initiaux étaient insuffisants pour achever la mosquée. Lorsque l'argent a été épuisé, Hilwie et les membres de la communauté arabe sont intervenus. Ils ont réclamé des fonds aux gens d'affaires musulmans de tout l'Ouest canadien. Leurs efforts ont porté leurs fruits, et la mosquée Al Rashid a enfin pu ouvrir ses portes en 1938.
Je voudrais conclure mon discours en répétant mon appel à tous mes collègues de s'unir pour que ce projet de loi sur le Mois du patrimoine arabe soit adopté aussi rapidement que possible. J'espère pouvoir le célébrer à la mosquée Al Rashid dans ma région le mois prochain. C'est la mosquée dont je viens de parler.
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Monsieur le Président, c’est un plaisir et un honneur de me lever à la Chambre et de parler en faveur de l’adoption du projet de loi qui vise à établir le mois d’avril comme le Mois du patrimoine arabe. Je tiens également à remercier l’honorable député d’ d’avoir présenté ce projet de loi.
[Traduction]
Compte tenu de la situation que nous vivons présentement, je veux aussi profiter de l'occasion pour parler de l'Ukraine. Nous savons qu'il s'agit d'une terrible crise humanitaire. Nous savons que les Ukrainiens se battent pour défendre leur pays et leur liberté. Je suis reconnaissant que le gouvernement et que tous les députés se soient unis pour soutenir les Ukrainiens et répondre à la crise humanitaire en cours.
Slava Ukraini.
Revenons au projet de loi et au Mois du patrimoine arabe. C'est pendant mes années à l'université, au début des années 2000, que j'ai appris à connaître les Canadiens d'origine arabe et le peuple arabe, notamment leur histoire et leur culture. C'est à cette époque que j'ai développé de grandes amitiés avec mes camarades de classe arabes au baccalauréat. Ayant moi-même des origines métissées — mon père est arrivé au Canada dans les années 70 et ma mère est une Canadienne d'origines italienne et écossaise de troisième génération de Brockville, en Ontario —, je suis personnellement fasciné par les origines des gens.
Je suis fasciné par les histoires personnelles des gens, ainsi que leur ethnie, leur culture et leur patrimoine. C'est ainsi que je suis devenu fasciné par les Canadiens d'origine arabe et tous les Canadiens avec qui j'étudiais à l'université. J'ai appris que les Arabes ne sont pas monolithiques et qu'ils sont de cultures et d'origines diverses. J'ai aussi appris que le peuple arabe a des contours. Leur histoire et leur culture sont profondes.
Plus tard, après avoir obtenu mon diplôme en mathématiques, j'ai fini par travailler au Koweït. Pour la première fois depuis ma naissance au Canada, je vivais à l'extérieur du pays. C'est là que j'ai appris à connaître à nouveau la culture arabe, mais ce n'est qu'un petit aspect de la culture arabe dans le Golfe.
J'ai également eu l'occasion de visiter d'autres pays, comme le Bahreïn. J'ai eu la chance d'admirer les magnifiques déserts de l'Arabie saoudite, de voir la Grande Mosquée Sheikh Zayed aux Émirats arabes unis et d'aller au Maroc, et je reconnais que tous les Marocains ne s'identifient pas comme Arabes. Beaucoup s'identifient communément comme Berbères ou Imazighen; ce sont des peuples indigènes, contrairement aux Arabes.
J'ai également eu la chance de visiter Jérusalem et le territoire palestinien en Cisjordanie. J'ai vu la diversité des peuples arabes ou du moins une partie. Il y a 400 millions d'Arabes dans le monde. Il y a 25 pays dont l'arabe est la langue première. Il y a beaucoup de Canadiens qui ont aussi des liens avec la culture et le patrimoine arabes.
Non seulement les Arabes viennent de diverses régions du monde et vivent dans de nombreux pays, ils sont aussi de diverses confessions religieuses. Selon la caricature, les Arabes sont principalement musulmans. C'est peut-être vrai, mais il existe d'importantes communautés chrétiennes en territoire arabe qui parlent arabe. Au cours de l'histoire, il y a aussi eu des communautés juives en territoire arabe.
Dans ma circonscription, Pierrefonds-Dollard, j'ai eu une merveilleuse conversation avec un homme qui vit ici aujourd'hui, mais qui vivait auparavant en Irak. Cet homme est attaché à l'arabe et à la culture arabe de l'Irak. Les Arabes sont aussi de foi druze et baha'ie, ou d'aucune foi. En réalité, les origines et les confessions religieuses des Arabes sont très diversifiées.
Avant d'en finir avec la diversité régionale des Arabes, il serait mal vu de ma part de ne pas parler un instant du Yémen. La caricature des Arabes, notamment ceux du golfe Persique, les montre comme de riches émirs du pétrole, mais il y a aussi de la pauvreté. Il y a parfois une extrême pauvreté, et, en ce moment, le Yémen traverse ce que l'ONU a qualifié de pire crise humanitaire au monde: plus de 20 millions de personnes manquent de nourriture à cause d'un conflit qui dure depuis six ans. Nous devons y réfléchir.
C'est quelque chose qui doit nous donner à réfléchir. Alors que nous avons à l'esprit le peuple ukrainien, dont un million de personnes ont été déplacées, je suis sûr que nos cœurs et nos esprits sont sensibles aux personnes qui, ailleurs dans le monde, vivent dans la souffrance, comme c'est le cas au Yémen en ce moment.
Permettez-moi de m'éloigner un instant de la diversité des régions, des aspects identitaires et géographiques et de la destruction des idées caricaturales, pour aborder la question de la diversité religieuse des peuples arabes et de leur immense apport à l'humanité.
Les défis géopolitiques que connaît actuellement le monde arabe nous font parfois oublier ce que les Arabes ont donné à l'humanité. Je vais vous en citer quelques exemples.
Al-Kindi était un père de la philosophie arabe au IXe siècle. Il a vécu à Bagdad. Il a adapté en langue arabe la science et la philosophie grecques pour les mettre à la disposition de l'humanité. Il était également une sommité en métaphysique, en éthique, en logique, en psychologie, en médecine, en pharmacologie, en mathématiques, en astrologie et dans beaucoup d'autres domaines. Si seulement, comme les gens de l'Antiquité, nous pouvions briller dans autant de domaines différents à la fois.
Ensuite, il y a eu Ibn Rochd, plus connu par beaucoup d'entre nous en Occident sous le nom d'Averroès, qui a vécu au XIIe siècle. Il a eu une grande influence sur la Renaissance en Europe. Il était une sommité en philosophie, en médecine, en théologie, en astronomie, en physique, en mathématiques, en droit et dans de nombreux autres domaines. Il a également rédigé de nombreux traités et articles sur Aristote.
Si nous faisons un saut en avant jusqu'à aujourd'hui, il y a Oum Kalthoum, une chanteuse égyptienne que beaucoup connaissent — surtout ceux qui sont liés à la culture et au patrimoine égyptiens — et qui a aussi été actrice de cinéma. Auteure-compositrice-interprète active à partir des années 1920 et jusqu'aux années 1970, Mme Kalthoum est une artiste très connue.
Il y a également Nancy Ajram, qui vient du Liban et qui est, elle aussi, très connue.
J'ai parlé plus tôt de la famille humaine, de cette famille où les Arabes sont plus de 400 millions. Il y a 25 pays où l'arabe est la première langue. Faisons un zoom sur le Canada, où au moins un million de Canadiens ont déclaré être d'origine arabe. Au Québec, ma belle province, il y a 170 000 Canadiens et Québécois d'origine arabe. Dans ma circonscription, Pierrefonds-Dollard, on compte 7 000 Canadiens et résidents d'origine arabe.
Les Canadiens d'origine arabe constituent une population en pleine croissance. Ils sont également très instruits. Parmi les personnes très instruites de notre pays, 61 % des Arabes ont un diplôme, un grade ou un certificat d'études postsecondaires. C'est quelque chose qu'il est important de souligner. Les Arabes sont des travailleurs acharnés.
Le premier Arabe connu à venir au Canada est arrivé en 1882 et il s'est installé à Montréal. Depuis ce temps et encore aujourd'hui, nous voyons des Arabes venir au Canada et contribuer au tissu social de notre pays.
J'aimerais prendre un moment pour souligner l'importance de ce mois du patrimoine. À l'instar de tant d'autres mois du patrimoine qui donnent aux communautés la chance d'éduquer leurs concitoyens sur leur culture et leur patrimoine et de faire connaître leurs contributions à l'humanité, le Mois du patrimoine arabe donnerait aux Canadiens arabes la chance de prendre part à l'édification de notre tissu social et de faire connaître leurs contributions à cet égard.
Monsieur le Président, c'était merveilleux aujourd'hui de siéger dans cette enceinte et d'écouter les arguments en faveur d'un mois du patrimoine arabe. Aujourd'hui, à la Chambre, nous parlons de l'Ukraine. J'ai écouté de nombreux collègues évoquer ce qui se passe dans ce pays. Ces discussions sont à l'image du Canada — un pays cosmopolite. J'ai la chance de représenter la circonscription d'Elgin—Middlesex—London, où les Arabes constituent l'une des plus importantes populations de la ville de London.
J'ai vraiment envie de parler de cette motion et je suis reconnaissante de pouvoir le faire. Je tiens à remercier le député qui l'a présentée. Elle m'a donné une bonne occasion de réfléchir à ma propre communauté et de me demander pourquoi il est important d'avoir un mois du patrimoine arabe.
Tout à l'heure, j'ai mentionné quelque chose à l'une de mes employées. Elle s'appelle Raghed, et je lui ai dit que c'est en cassant la croûte avec les autres qu'on apprend à les connaître. Au cours de notre journée de réflexion du personnel l'été dernier, je lui ai demandé si elle pouvait apporter des mets traditionnels pour que nous apprenions à mieux connaître sa culture. C'est ce qu'il faut faire. Voilà pourquoi les mois ou les journées du patrimoine nous donnent l'occasion de vraiment prendre le temps de parler de nos origines, de notre langue et de nos traditions. Je pense que c'est très important.
Je veux parler de certaines choses que nous voyons dans la ville de London. Je sais que la députée de est ici, et nous devrions être très fiers des gens que nous avons dans nos communautés. J'aimerais lire un extrait d'un article. En fait, pour être honnête, j'ai repris beaucoup de passages de ce dernier, mais il est si bien écrit que je tiens à ce que les passages que je vais lire soient consignés dans le compte rendu. Écrit il y a quelques années par Adela Talbot, l'article a été publié par l'Université Western Ontario dans le Western News. Il s'agit d'un exposé sur l'histoire de la communauté arabe de la ville de London. Alors voilà:
À partir de 1890, et tout au long du XXe siècle, des immigrants arabes de générations successives sont venus à London, en Ontario, pour s'établir dans une nouvelle vie et, par la suite, pour bâtir une communauté qui continue de prospérer à ce jour. Plusieurs des noms de ces premières vagues d'immigrants arabes sont restés: Hasan, Barakat, Said, Aziz, Hajar, Fadel, Shoshar, Sala, Hejazi.
Parmi ceux que la communauté occidentale a sans doute bien connus, il y a eu Philip Aziz, un membre notoire de l'une de ces familles. Fils d'un Libanais, Philip est éventuellement devenu professeur à la Western, et une rue a été nommée en son honneur.
J'ai perdu cette rue lors du redécoupage il y a quelques années, mais je suis très fière qu'on lui ait rendu cet hommage. L'article se poursuit:
Ces familles ont réussi dans d'innombrables domaines. Mais au fil des ans, c'est un respect profondément ancré dans l'histoire et l'avenir de la langue arabe qui a uni cette communauté et créé un héritage durable que les personnes dont c'est la langue maternelle peuvent transmettre à la génération suivante.
En 1950, la communauté a organisé la première société de bienfaisance islamique pour s'occuper des nouveaux arrivants en les aidant à maîtriser la langue et en les renseignant sur les coutumes locales et les questions culturelles. Cela a permis de promouvoir des liens d'amitié et de coopération avec les membres non arabes et non musulmans de la communauté élargie. La société a construit des ponts de compréhension qui ont intégré les nouveaux arrivants au cœur de leur terre d'adoption.
Au fil du temps, la communauté arabophone a institutionnalisé l'apprentissage de sa langue maternelle. Elle s'est tournée vers ses amis des communautés environnantes pour obtenir un soutien. Plus de mille personnes — de London, Toronto, Windsor et Sarnia — ont assisté à la première conférence des locuteurs natifs de l'arabe. Elles ont exprimé leur souhait de renforcer les liens culturels et d'encourager les générations futures à préserver le patrimoine linguistique et culturel de leurs racines communes.
Avec l'arrivée au Canada d'un nombre croissant d'immigrants en provenance de pays musulmans et arabophones, l'importance de l'arabe est une préoccupation ressentie par un grand nombre des membres les plus instruits de la communauté. Préoccupés par la perte de leurs racines arabes et de l'identité de leurs enfants, les parents ont fait des dons pour la construction d'un modeste lieu de prière. Ce lieu servait également d'espace pour parler arabe [...]
Comme il ne me reste plus qu’une minute, je voudrais parler de cette mosquée que l’on peut trouver à London. Elle a été construite sur la rue Oxford en 1957. Malheureusement, elle a été ravagée par un incendie en 1962, mais la communauté s’est rassemblée pour la reconstruire et elle a rouvert ses portes en 1964. Voici des actes dont nous pouvons être fiers. Ce sont là les accomplissements d'une communauté.
Il y a plus de 400 millions d’Arabes dans le monde, et nous savons que certains viennent dans notre beau pays, pleins d’espoir, ou parfois pour se réfugier et commencer une nouvelle vie. Je suis si fière de pouvoir accueillir de nombreuses personnes d’origine arabe dans la ville de London pour qu’ils deviennent nos voisins. J’aimerais aussi dire que lorsqu’on prend le temps d’apprendre et de célébrer le patrimoine d’un autre pays, nous découvrons combien notre pays est merveilleux.