propose que le projet de loi , soit lu pour la deuxième fois et renvoyé à un comité.
— Madame la Présidente, j'aurais évidemment aimé être présent en personne à la Chambre aujourd'hui, mais comme bon nombre de Canadiens, je me remets d'une infection à la COVID. Je participe donc virtuellement à partir du Nouveau-Brunswick.
Je suis heureux de prendre la parole à la Chambre aujourd'hui pour entamer le débat en deuxième lecture du projet de loi . Après le recensement décennal, le directeur général des élections calcule le nombre de sièges de la Chambre des communes attribué à chaque province au moyen de la formule prévue dans la Constitution du Canada. Cette question est importante pour nous tous, et je sais que je parle au nom de tous mes collègues quand je dis que représenter une circonscription à la Chambre des communes est un immense honneur.
Notre travail, comme député, est de servir les habitants de notre circonscription. Nous devons donc être à l'écoute de leurs idées, de leurs propositions et de leurs préoccupations. Il nous faut souvent concilier des points de vue divergents, trouver des solutions à des problèmes variés et travailler en collaboration pour défendre les intérêts des Canadiens.
[Français]
La représentation à la Chambre des communes — et le réajustement de cette représentation au fil du temps — est particulièrement importante pour nous, car elle est au cœur même de notre système démocratique.
Bien que les Pères de la Confédération aient établi la formule de représentation à la Chambre des communes en s'appuyant sur le principe de la représentation proportionnelle à la population ou de l'égalité des électeurs, le Canada s'est développé au cours de son histoire. Il a fallu, au fil du temps, ajuster la formule en fonction du taux de croissance et de la taille de la population, qui varient selon les régions de notre pays.
Par conséquent, et compte tenu de ces différences de population et du caractère unique de notre fédération, le principe de la représentation proportionnelle modifiée s'est imposé comme principe directeur de la représentation à la Chambre des communes.
Grâce aux changements apportés au fil du temps, la formule de représentation d'aujourd'hui tient compte des provinces qui connaissent une forte croissance de population, tout en protégeant les provinces plus petites dont la croissance peut être moindre.
Il s'agit d'un caractère important de notre système démocratique, et aussi de notre fédération. Cela permet d'assurer l'intégrité et la transparence au moyen d'un processus indépendant, prévu par la loi, qui s'articule autour de la représentation proportionnelle tout en étant sensible aux questions de représentation régionale.
La Constitution canadienne exige que le nombre de sièges à la Chambre des communes et les limites des circonscriptions électorales soient révisés tous les 10 ans, après chaque recensement décennal. Cette exigence permet de tenir compte avec exactitude des changements et des mouvements des populations provinciales du Canada.
Le directeur général des élections effectue ce calcul selon la formule de représentation énoncée aux articles 51 et 51A de la Loi constitutionnelle de 1867 et selon les estimations démographiques de Statistique Canada.
[Traduction]
Nous avons examiné toutes les options possibles afin de trouver l'approche qui nous semble la plus responsable, où aucune province n'aurait moins de sièges qu'elle n'en avait en 2021. La formule d'attribution des sièges maintiendrait toutes les protections et continuerait de permettre des augmentations progressives du nombre de sièges dans certaines provinces, comme l'Ontario, l'Alberta et la Colombie‑Britannique, en raison de la croissance de leur population. La mise à jour de cette disposition permettrait d'assurer que toutes les provinces conservent une voix forte à la Chambre des communes.
Selon ce que le gouvernement propose, le calcul et les objectifs de la formule d'attribution des sièges demeurent les mêmes. Les provinces de petite taille et qui connaissent une faible croissance démographique seraient protégées, tandis que les provinces dont la population connaît une forte croissance continueraient d'obtenir des augmentations progressives du nombre de sièges. La modification proposée par le gouvernement est une mesure réfléchie qui présente ce qu'on peut appeller communément la clause des droits acquis de 2021, qui garantirait qu'aucune province n'aurait moins de sièges qu'elle n'en avait pendant la 43e législature.
La clause des droits acquis de 2021 s'applique à l'ensemble des provinces et leur garantit un nombre de sièges minimal au cas où elles connaîtraient un changement démographique important au fil du temps. C'est une modification modeste, mais importante. Je rappelle que la formule d'attribution des sièges demeure la même et que d'autres garanties sont maintenues également. Par ailleurs, comme je l'ai mentionné, on propose de continuer d'augmenter le nombre de sièges en fonction de l'augmentation de la population dans les provinces.
J'aimerais prendre le temps de rappeler à mes collègues comment la formule fonctionne et continuera de fonctionner. C'est une formule mathématique qui suit un processus simple en quatre étapes. Premièrement, on attribue un nombre de sièges initial aux provinces. On obtient le quotient électoral en multipliant le quotient du dernier redécoupage décennal par le taux moyen d'augmentation de la population observé dans les 10 provinces au cours des 10 dernières années.
Le quotient électoral établi en 2021 par Élections Canada est de 121 891. Ce nombre correspond approximativement à la taille moyenne des circonscriptions de l'ensemble des provinces, même si, comme je l'ai dit plus tôt, il y a des écarts considérables selon les circonstances propres à différentes régions du pays. On obtient ensuite le nombre de sièges minimal en divisant le nombre d'habitants de chaque province par ce quotient électoral.
Vient ensuite l'application de clauses spéciales. Une fois le nombre initial de sièges par province calculé, des ajustements sont apportés pour tenir compte de la clause sénatoriale et de la clause des droits acquis. Avec le projet de loi présenté par le gouvernement, cela deviendrait la clause des droits acquis de 2021, mais le fonctionnement serait exactement le même.
La clause sénatoriale garantit à chaque province de ne pas avoir moins de sièges à la Chambre des communes qu'elle en a au Sénat. Cette clause demeure, puisqu'elle s'avère importante pour les petites provinces comme la mienne, c'est-à-dire le Nouveau-Brunswick.
La clause des droits acquis de 2021 garantit à chaque province de ne pas avoir moins de sièges qu'elle en avait en 2021. Elle remplace la clause des droits acquis de 1985, adoptée par l'ancien gouvernement conservateur de M. Mulroney. Ces règles continuent de faire en sorte que les petites provinces et celles dont la population décline conservent leur voix à la Chambre des communes.
La troisième étape de la formule comprend l'application de la règle de représentation. Cette règle s'applique à une province dont la population était surreprésentée à la Chambre des communes par rapport à sa part de la population totale à la suite du processus de redécoupage précédent. Si une province devait perdre sa surreprésentation à la Chambre des communes par rapport à sa part de la population nationale, on lui accorde des sièges supplémentaires pour faire en sorte qu'elle y demeure surreprésentée.
Seul le Québec a bénéficié de l'application de cette règle par le passé. Selon l'amendement proposé par le gouvernement, le Québec conserverait ses 78 sièges. Avec 78 sièges, le Québec aurait toujours une part de sièges supérieure à sa part de la population nationale, et la règle de la représentation ne s'appliquerait pas.
Après l'application des clauses spéciales et des règles de représentation, le nombre de sièges de chaque province est déterminé. Enfin, trois sièges sont attribués aux territoires. C'est la dernière étape de l'attribution du nombre total de sièges à la Chambre des communes.
Lorsque le nombre de sièges à la Chambre des communes est déterminé, le processus de redécoupage des circonscriptions électorales dans chacune des provinces peut commencer, et cette année ne fait pas exception.
[Français]
Les limites des circonscriptions électorales sont redéfinies dans chaque province conformément à la Loi sur la révision des limites des circonscriptions électorales. Surtout, la Loi établit des commissions de délimitations des circonscriptions électorales qui sont indépendantes et non partisanes, chargées de redécouper et d'ajuster les circonscriptions électorales fédérales au Canada.
La Loi définit très clairement les rôles et les responsabilités des commissions, ainsi que le processus de redécoupage et les critères que ces dernières doivent respecter. Pour garantir la neutralité, les calendriers et les activités sont tous préétablis et transparents. En outre, le redécoupage des circonscriptions a été établi selon un cycle de 10 ans afin d'atténuer la possibilité que les partis modifient les limites des circonscriptions pour obtenir un avantage politique.
[Traduction]
Je tiens à être clair: l'indépendance de ces commissions est un élément fondamental du processus de révision des limites des circonscriptions électorales. Pour cette raison, les juges en chef des provinces sont responsables de la nomination du président de chaque commission, alors que le Président de la Chambre des communes, avec l'avis d'Élections Canada, doit nommer de façon indépendante les deux autres commissaires de chaque province.
[Français]
J'aimerais saluer les éminents Canadiens qui ont accepté d'agir à titre de commissaires indépendants chargés de la délimitation des circonscriptions électorales et qui consacrent une grande partie de leur temps à la réalisation de cet important travail. Grâce à leur expertise, souvent ancrée dans le milieu universitaire, le droit ou la fonction publique, ils élaborent des propositions que les Canadiens et les députés peuvent évidemment éclairer.
Comme 2021 était une année de recensement décennal, le processus de redécoupage a déjà commencé. Dix commissions de délimitation des circonscriptions électorales indépendantes et non partisanes ont été établies par proclamation le 1er novembre de l'année passée, une par province. Les commissions ont commencé leur travail après la publication des données définitives du recensement au début du mois de février de cette année. Elles entament maintenant le processus d'examen des circonscriptions. Elles entreprendront des consultations publiques et décideront des changements à apporter aux circonscriptions dans chaque province.
[Traduction]
Les commissions sont guidées par un processus très normatif et législatif d'une durée approximative de 18 à 20 mois. Elles s'efforceront de proposer une nouvelle carte électorale pour leur province en prenant en considération des critères comme la population moyenne, la spécificité et la communauté d'intérêts, l'évolution historique d'une circonscription électorale et la superficie des circonscriptions. Les commissions doivent aussi tenir des audiences publiques pour consulter les Canadiens. Lors de ces audiences, les députés et la population sont invités à participer et ils peuvent s'exprimer en faveur ou contre des propositions des commissions.
[Français]
À la suite des consultations, les commissions sont tenues de soumettre par l'intermédiaire du directeur général des élections un rapport préliminaire sur les nouvelles circonscriptions électorales proposées à la présidence de la Chambre des communes. Une étude en comité parlementaire suivra, au cours de laquelle les députés auront de nouveau l'occasion d'exprimer leurs préoccupations. Les députés auront 30 jours pour déposer une objection par écrit auprès du greffier du Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre. Le Comité examinera ensuite les objections et remettra à la présidence de la Chambre une copie finale des objections et le procès-verbal de son étude. Le tout sera ensuite remis aux commissions par le directeur général des élections.
Les commissions doivent aussi examiner les objections et les suggestions des députés. Cependant, un détail a son importance: les décisions sur la manière de redécouper les circonscriptions ne relèvent que de ces commissions indépendantes. Les commissions sont tenues de soumettre un rapport final au directeur général des élections, accompagné d'une carte électorale indiquant les limites des circonscriptions dans leur province. Les résultats du processus de redécoupage sont officiellement reconnus lorsque le gouverneur en conseil signe un décret de représentation qui identifie ces nouvelles circonscriptions. Toutefois, les changements apportés aux circonscriptions électorales ne sont appliqués que lors de la première élection générale déclenchée au moins sept mois après la proclamation du décret.
Cette période donne à Élections Canada, aux partis politiques, aux candidats et aux députés en poste le temps de se préparer à la prochaine élection générale en fonction de ces nouvelles circonscriptions.
[Traduction]
Le processus de redécoupage de 2022 en est à ses premières étapes. Le projet de loi du gouvernement réduit au maximum la perturbation du processus de révision des limites des circonscriptions électorales que je viens de décrire. Cela aurait seulement une incidence sur le travail de la Commission de délimitation des circonscriptions électorales pour le Québec et, surtout, cela ne retarderait pas le travail effectué dans les neuf autres provinces. Le projet de loi permet également à la commission québécoise de remanier sa proposition au besoin et de prendre le temps nécessaire pour calculer le nombre de sièges que devrait avoir la province si la clause des droits acquis de 2021 est adoptée aux termes de cette mesure législative.
La représentation et le redécoupage sont importants. Il est important pour les Canadiens d'avoir l'impression qu'on entend leur voix et qu'on répond de façon équitable à leurs préoccupations. Il est important qu'ils soient représentés efficacement, peu importe où ils habitent au Canada.
[Français]
Le processus de révision des circonscriptions électorales est une caractéristique importante de notre système démocratique. Il nous offre un moment pour réfléchir et apprécier le fonctionnement de la représentation dans notre démocratie et, de façon plus générale, l'importance de l'intégrité et de la transparence en tant que principe fondateur de nos systèmes et de nos institutions démocratiques.
:
Madame la Présidente, je suis heureux de me joindre au débat sur ce sujet. Je suis ravi de constater que le ministre a expliqué les grandes lignes du fonctionnement de la redistribution. Ainsi, je n'aurai pas à le faire pour les résidants de l'Alberta.
Là où mon opinion diverge de celle du ministre, c'est qu'il a dit qu'il s'agissait d'une mesure législative de fond. En fait, je dirais même qu'il ne s'agit pas d'une mesure législative importante, et c'est pourquoi je l'aime bien. Il s'agit en fait de l'une des plus infimes modifications qui puissent être apportées à la formule de redistribution tout en préservant intégralement la Loi sur la représentation équitable, c'est-à-dire les principes et la substance de ce que Stephen Harper a fait adopter en 2011. C'est pour cette raison que je l'aime bien: il s'agit d'un changement mineur.
La clause de droits acquis de 1985 garantissait essentiellement aux provinces le même nombre de sièges qu'avant 1985. Leur nombre de sièges ne pouvait pas être inférieur à ce chiffre, et il s'agit d'une mise à jour de la 43e législature, donc je n'y vois pas de grand changement. Cette mesure a essentiellement pour effet de permettre aux provinces de conserver leurs sièges, de sorte qu'à l'avenir, si les circonstances changent, elles ne pourront pas perdre de sièges supplémentaires dans le cadre d'une future redistribution.
J'ai vérifié quelle était la situation en 1988. Les trois provinces qui connaissaient la plus forte croissance étaient la Colombie‑Britannique, l'Alberta et l'Ontario. La Colombie‑Britannique avait 32 sièges, l'Alberta, 26, et l'Ontario, 99. Au moment des élections de 2019, la Colombie‑Britannique comptait 42 sièges, l'Alberta, 34 sièges, et l'Ontario, 121 sièges. Cette vérification m'a permis de constater qu'il y avait eu un gain de 10 sièges pour la Colombie‑Britannique, un gain de 8 sièges pour l'Alberta et un gain de 22 sièges pour l'Ontario. Il faut reconnaître que l'Ontario demeure largement sous-représenté, même en tenant compte de la modification proposée à la législation. Cette province compte environ 40 % de la population. C'est une immense province au sein de la Confédération canadienne. C'est une évidence. L'Ontario était déjà la province la plus populeuse à l'époque de la création de la Confédération et elle le demeure à ce jour.
À propos des arrêts passés de la Cour suprême, il y a certains autres points que je voudrais soulever. Cela revient souvent lorsqu'il y a beaucoup de confusion au sujet du principe d'une personne, un vote de la politique américaine. Ce n'est pas le principe qui s'applique au Canada. Dans l'affaire de 1991 sur les limites électorales en Saskatchewan, la Cour suprême est arrivée à la conclusion que, en vertu de l'article 3 de la Charte, le principe qui s'applique au Canada est celui de la représentation effective, et cela passe par des circonscriptions de plus petite taille. Les circonscriptions peuvent aussi couvrir beaucoup de territoire. Si la question des limites géographiques n'est pas abordée directement dans le projet de loi, il y a quand même la notion de représentation effective.
Comme l'a souligné le ministre, la façon de représenter les gens de nos circonscriptions respectives est épineuse, et deux idées s'opposent. Il y a ceux qui représentent de très grandes circonscriptions. La population de ma circonscription est la deuxième pour sa population au Canada et il y a plus de 200 000 personnes dans la circonscription de mon collègue d', alors les députés peuvent imaginer la quantité de courriels, d'appels téléphoniques et de rencontres nécessaires que cela implique pour garder le contact avec les gens de la circonscription afin qu'ils sentent qu'ils sont bien représentés.
Par ailleurs, parlons de la représentation en termes de territoire. Bon nombre de députés représentent de très grandes circonscriptions. C'est notamment le cas dans le Nord de la Saskatchewan, les territoires et dans une circonscription comme . Comme il n'est déjà pas facile de se déplacer au Labrador par beau temps, j'imagine l'immense difficulté de représenter une telle région par mauvais temps alors qu'il est impossible de se déplacer sur de longues distances et qu'il faut parfois passer la nuit dans des collectivités très éloignées. Force est de reconnaître que, en soi, la représentation de ce genre de circonscription comporte des contraintes. Le redécoupage vise à assurer une représentation effective. La petite modification apportée à la formule permettrait d'atteindre cet objectif. J'ajoute que, en 2003, l'affaire Figueroa c. Canada s'est penchée sur cette question.
Je profite de l'occasion pour reconnaître autre chose. Comme les députés le savent, j'adore les proverbes yiddish, notamment celui qui dit que pour un ver dans une racine de raifort, le raifort représente le monde. En vérité, très peu de Canadiens s'intéresseront à cette question. Je vois le ricaner. Voilà qui illustre bien la métaphore du raifort. À vrai dire, le terme « cuisine interne » correspondrait davantage à l'usage courant, mais je préfère nettement la version yiddish et j'adore le raifort. Étant donné qu'un grand nombre de Canadiens auront du mal à comprendre pourquoi le débat sur le redécoupage électoral se prolonge, j'estime important de préciser de quoi il retourne.
Le redécoupage électoral est un exercice qui s'effectue généralement aux 10 ans et c'est essentiellement ce qui a été fait depuis la création du Canada en 1867. En passant en revue les législatures antérieures, j'ai constaté que, dans deux cas, il y avait eu réduction du nombre de sièges entre deux élections, que dans trois cas, il y avait eu un nombre de modifications égales et que dans 20 cas, il y avait eu augmentation du nombre de sièges. J'aimerais donner des précisions sur certains de ces cas.
C'est en 1892 que le nombre de sièges a été réduit pour la première fois. Cette année-là, le redécoupage a eu pour effet de réduire le nombre de sièges détenus par trois provinces, soit la Nouvelle-Écosse, le Nouveau-Brunswick et l’Île-du-Prince-Édouard. Les trois législatures à compter un nombre égal de sièges aux élections subséquentes sont celles de 1903, 1933 et 1999.
Le Parlement aussi n’a cessé de s’agrandir. Nous siégeons dans une nouvelle enceinte pendant que l’édifice du Centre est rénové de fond en comble, modernisé et adapté au XXIe afin que nous puissions continuer à faire notre travail pour le compte de nos concitoyens. Nous sommes beaucoup plus nombreux.
Au début de la Confédération, en 1867, nous avions 181 sièges et nous sommes aujourd’hui 338 députés. Avec ce changement à la loi, nous devions passer à 342 députés, mais si le projet de loi est adopté et reçoit la sanction de la gouverneure générale, nous serons en fait 343 députés. À ma connaissance, les derniers changements importants remontent à 1966, lorsque le Parlement a perdu un siège et que d’autres changements majeurs ont été apportés. Dans ce redécoupage, le Québec a perdu un siège, de même que la Nouvelle-Écosse et le Manitoba, et la Saskatchewan en a perdu quatre.
D’après ce que j’ai pu constater, il s’agit du dernier redécoupage qui a fait perdre des sièges aux provinces jusqu’en 1999. En 1999, les Territoires du Nord-Ouest ont perdu un siège en raison de la scission du territoire. Cela ne compte donc pas vraiment comme une perte, parce que le territoire a simplement été scindé en deux et que le Nunavut a obtenu une représentation conséquente. Je pense que c’est tout à fait juste. Je n’ai jamais entendu personne s’en plaindre, car ces deux territoires avaient besoin d’avoir leur propre député pour bien représenter leurs intérêts au Parlement.
Je tenais à préciser ces faits parce que je veux m’assurer que les gens comprennent que la taille de la Chambre des communes a augmenté au même rythme que la population. Nous nous comparons aux autres assemblées législatives du monde, mais je ne crois pas que cette comparaison tienne la route. Je ne crois pas qu’elle soit juste. On nous compare souvent aux Américains et au Parlement britannique. Ce sont des comparaisons boiteuses. Nous sommes au Canada et nous déterminons le nombre de sièges et de députés dont nous avons besoin pour faire notre travail efficacement pour nos concitoyens.
Je tiens également à dire que je suis un fidèle auditeur de The Hub, un balado de dialogue politique basé en Ontario. Ça réveille bien. Ce matin, il y avait un article de Mark Johnson, un ancien candidat conservateur, qui reprenait une idée que j’ai entendue bien souvent, soit que nous avons suffisamment de députés à la Chambre et que nous n’aurions pas assez de place pour en asseoir plus. En examinant la configuration de la Chambre, j’ai vu que nous avions sept sièges vides ici. Par conséquent, si nous adoptons ce changement et ajoutons cinq sièges, nous pourrons accueillir cinq députés de plus sans avoir à changer quoi que ce soit.
Je l’ai probablement dit pendant le débat sur le Règlement: je serais plus que d’accord pour adopter le modèle des banquettes du Royaume-Uni. Nous aurions alors plus de sièges qu’il n’en faut pour permettre à tous les députés de faire le travail qu’ils doivent faire dans cette enceinte.
Tout redécoupage suscite des critiques. Je me rappelle qu’en 2011, le gouvernement de Stephen Harper a dû proposer deux fois le même projet de loi avant de finir par le faire adopter à la toute fin de 2011. C’était la Loi sur la représentation équitable. Dans le texte actuel, la formule reste la même et l’héritage de Stephen Harper est préservé. Le gouvernement libéral se trouvera dans la position difficile de préserver l’héritage de Stephen Harper, comme il se doit, dans ce projet de loi.
La densité ne cessera jamais d’augmenter dans les régions rurales. C’est la réalité. C’est une réalité que le Canada et d’autres pays industrialisés vivent depuis plus de 100 ans. Il y aura toujours des tensions entre les villes qui sont en croissance et ont besoin d’une plus grande représentation à mesure qu’augmente leur population, comparativement aux régions où les circonscriptions rurales sont de plus en plus grandes et de plus en plus difficiles à représenter en raison des liaisons routières et de la multiplication des maires et des conseillers municipaux qu’ils doivent rencontrer et des événements locaux auxquels ils doivent assister. Et c’est sans compter les filiales de la Légion et les groupes de travail locaux sur l’abordabilité des logements.
Ce sont autant de difficultés à prendre en compte dans la représentation urbaine et la représentation rurale. L’une n’est pas meilleure que l’autre; il y a simplement des tensions différentes et des difficultés différentes avec lesquelles chaque député doit composer.
Dans ce redécoupage publié sur le site Web d’Élections Canada, le quotient électoral utilisé par Élections Canada est 121 891.
Je l’ai déjà dit, ma circonscription compte plus de 170 000 personnes, et elle s’agrandit toujours. Il y a encore des collectivités en construction, tout comme dans la circonscription de Calgary Rocky Ridge, qui est diagonalement à l’opposé de la mienne, à l’autre bout de la ville de Calgary. Elle continue de croître à mesure que de nouvelles banlieues et subdivisions sont construites. C’est la même chose pour beaucoup de mes collègues. Nous vivons dans des collectivités en croissance. Il y a des députés de la Colombie‑Britannique et de l’Ontario qui vivent exactement la même chose.
Cela m’amène à un autre point. Le député de , chef adjoint du Parti conservateur, a proposé que la Chambre s’oppose à tout scénario de redécoupage électoral fédéral qui ferait perdre au Québec ou à une autre province ou un autre territoire une ou plusieurs circonscriptions électorales pour l’avenir, et que la Chambre demande au gouvernement d’agir en conséquence. Il a suffi d’une seule voix à la Chambre pour bloquer cette proposition.
Je remarque que la substance et le principe de cette idée se retrouvent dans le projet de loi . J’aime dire à mes électeurs et à mes collègues que toutes les motions de consentement unanime ont un impact, qu’elles soient adoptées ou non. Certaines d’entre elles font les manchettes et d’autres font des vagues, mais, de toute évidence, elles ont toutes un impact. Il semble que le en ait pris note et ait décidé d’agir.
Je veux parler des pourcentages dans ce redécoupage, parce que l’Alberta et les Albertains gagneraient le plus grand nombre de sièges de toutes les provinces de la Confédération. Nous y gagnerions trois sièges, ce qui nous en donnerait 37 au lieu de 34. C’est une excellente nouvelle pour l’Alberta. Nous avons essayé de nous rapprocher beaucoup plus de la représentation proportionnelle à la population, ou le plus près possible. Selon mes calculs, ce redécoupage nous donnerait 10,7 % des sièges pour environ 11,6 % de la population. La Colombie‑Britannique, par exemple, aurait 12,5 % des sièges pour 13,68 % de la population.
Nous allons dans la bonne direction. Dans 10 ans, au prochain débat sur le redécoupage, les députés qui seront là devront inventer une toute nouvelle formule pour s’adapter de plus en plus à la croissance démographique rapide des trois provinces à croissance rapide que sont l’Ontario, l’Alberta et la Colombie-Britannique. Peut-être y aura-t-il une nouvelle province. Peut-être la grande province du Manitoba commencera-t-elle à croître à un rythme qui nous obligerait à rajuster sa représentation. J’espère que cela se produira, et j’espère que les électeurs enverront un grand nombre de députés conservateurs à la Chambre pour que nous puissions vraiment bien les représenter au sein d’un gouvernement conservateur national fortement majoritaire, lorsque nous gagnerons un jour le droit de gouverner.
Je veux aussi parler de l’Ontario. D’après mes calculs, avec la redistribution, l’Ontario aurait 35,5 % des sièges pour une population d’environ 38,9 %. L’Ontario reste sous-représenté, mais c'est aussi la province la plus représentée à la Chambre, comme au tout début de la Confédération.
J’ajouterai que, si le projet de loi est adopté, le Québec gardera un poids démographique égal ou proportionnel à sa taille à la Chambre des communes, avec 22,7 % des sièges pour 22,5 % de la population, comme il se doit idéalement. De fait, la règle de représentation, créée en 2011 dans la Loi sur la représentation équitable, fait en sorte que toute province qui serait sur le point de perdre des sièges ferait l’objet d’une répartition fondée sur le pourcentage de sa population au Canada.
Le Canada est un pays en rapide croissance, et la règle s’applique également à toutes les provinces. Elle s’appliquerait dans le cadre d’un redécoupage de manière à ce que chaque province ait un certain pourcentage de représentation au Canada.
Voilà pourquoi ce projet de loi me plaît. Les Albertains ont beaucoup de raisons de l’aimer. Il nous permettrait de mettre nos sièges en banque. Nous obtiendrons le plus grand gain de sièges de toutes les provinces du Canada et nous nous rapprocherions de la représentation selon la population. En tant que Canadien de l'Ouest et surtout des Prairies, c’est vraiment le mode de représentation que je souhaite parce que la population de l’Alberta connaît une croissance rapide. Elle devrait dépasser les 5 millions d’habitants au cours de la prochaine décennie. Je veux m’assurer que ma province sera bien représentée et que nous pourrons continuer à la représenter adéquatement en ayant plus de députés.
Je pense que nous sommes tous d’accord pour dire qu’au cours des quatre derniers mois, il nous a été plus difficile de nous acquitter de notre rôle de représentants. Il a été beaucoup plus difficile de composer avec les milliers de courriels et les centaines d’appels téléphoniques que nous recevons. Tout le monde souhaite communiquer directement avec son député. Personne ne veut parler à un membre de son personnel. Personne ne veut recevoir un courriel générique. Les citoyens souhaitent avoir une communication personnelle et authentique. Ils veulent entendre directement la personne pour qui ou contre qui ils ont voté pour lui faire part de leurs points de vue et de leurs opinions. Ils veulent parler à la personne qui les représente à la chambre du peuple, la Chambre des communes. C’est tout à fait justifié.
Le 29 octobre, j’ai rédigé un article sur Substack. Je publie un bulletin sur cette plateforme que j’envoie à environ 8 500 abonnés de ma circonscription. J’ai rédigé cet article au cas où le gouvernement libéral proposerait au Parlement de modifier la répartition des sièges en s’écartant de la formule Harper de 2011. J’y préconisais la répartition des sièges selon la population de chaque province de la Confédération.
C’est le principe de la répartition selon la population dont je parlais au début. Dans la décision qu’elle a rendue en 1991, la Cour suprême parlait d’une représentation effective, quand nous n’avons pas un système de scrutin direct du type « une personne, un vote ». Nous croyons en une représentation effective, mais nous visons la représentation selon la population. Le pourcentage de la population d’une province au Canada doit être rigoureusement reflété dans le nombre de sièges que cette province obtient à la Chambre des communes. Je voulais tenir la promesse que j’ai faite à mes électeurs et m’assurer de soulever la question à la Chambre en leur nom, comme je l’ai promis.
Selon le principe de la représentation selon la population, l’Alberta obtiendrait trois sièges de plus, la Colombie‑Britannique, quatre de plus et l’Ontario, une dizaine de plus. Ces sièges s’ajouteraient évidemment à ceux qui seront déjà attribués à ces provinces. Cela nous rapprocherait de cette règle et la mettrait à jour, afin que les trois provinces connaissant la croissance démographique la plus rapide se rapprochent d’une représentation selon leur population.
Ce n’est pas dans le projet de loi, mais malgré cela, je tiens à souligner qu’à une date future, la prochaine fois que les députés se pencheront sur la question du redécoupage, dans peut-être un peu moins de 10 ans, ils reliront les débats, comme je l’ai fait. J’ai examiné les débats de 2011, et j’ai remarqué que quelques députés libéraux, qui sont devenus ministres par la suite, ont dit que nous devrions peut-être nous débarrasser de la clause de droits acquis.
En fait, l’un de ces députés était un ancien professeur de Montréal: Stéphane Dion. C’est ce qu’il a dit en 2011. J’ai lu ces débats parce qu’à mon avis, c’est là que nous trouverons le plus de renseignements. À quoi les gens pensaient-ils en adoptant cette loi?
Je le répète, en 2011, le gouvernement de Stephen Harper a ajouté 30 sièges à la Chambre. Il s’agissait de l’une des plus importantes augmentations du nombre de sièges jamais effectuées pour nous mettre sur la voie d’une représentation en fonction des taux de population. Un grand nombre d’entre nous dans l’Ouest, et dans le Pacifique aussi, considèrent que c’est la bonne façon de représenter les circonscriptions, soulignant que la Cour suprême, en 1991, parlait de représentation efficace.
Je tenais vraiment à mentionner cela, car j’ai promis aux gens de ma circonscription que je le ferais.
Le problème de la sous-représentation va persister au Canada. C’est une réalité. Même si nous ajoutons des sièges aujourd’hui, dans cinq ans, les gens se plaindront encore d’être sous-représentés à cause des mouvements de population. Les gens votent avant tout avec leurs pieds. Ils décident où ils veulent vivre, où ils veulent élever leur famille, où ils veulent s’enraciner profondément dans une collectivité et où, éventuellement, on les enterrera. Ils décident où leurs petits-enfants vivront, travailleront, joueront et apporteront leur contribution à la localité. En fin de compte, les gens votent avec leurs pieds. Ils mènent tout un éventail d’activités avant les élections pour participer au processus civique.
Je vais soulever une dernière observation au sujet du processus civique. Les commissions de délimitation des circonscriptions électorales nous permettent de participer au processus de délimitation des circonscriptions électorales du pays. N’importe qui peut intervenir et envoyer de l’information sur ce que devrait être, selon lui, le redécoupage des circonscriptions pour sa région, et sur la question de savoir si des municipalités devraient être ajoutées ou supprimées. J’en parle aussi parce qu’il n’y a que trois personnes au sein de ces commissions qui prennent ces décisions. Les gens peuvent leur rappeler les difficultés.
Si nous établissons une limite où il n’y a pas d’accès facile à l’autoroute, comment un député est-il censé représenter la région s’il doit, par exemple, faire un détour de deux heures pour se rendre dans une collectivité? Si nous ne tenons compte que de la population et que nous avons une circonscription qui compte environ quatre rues sur 12 pâtés de maisons, c’est également difficile à représenter si l’on doit constamment se promener dans des tours à condominiums. Il y aurait très peu d’événements communautaires, mais la population pourrait quand même être extrêmement importante, avec pour résultat des centaines de courriels par semaine.
Avant janvier, je me souviens que je recevais environ, selon mes calculs, 65 courriels distincts par jour. Toutefois, lorsque le gouvernement a invoqué la Loi sur les mesures d’urgence, j’ai reçu environ 1 000 courriels d’électeurs par jour pendant près de 10 jours. J’ai vérifié, et ces courriels venaient d’électeurs de ma circonscription. C’est une quantité incroyable de correspondance à laquelle j’ai dû m’attaquer. Les choses ne sont plus les mêmes. Il est plus facile d’envoyer un courriel qu’il l’a déjà été.
J’aime ce projet de loi, et c’est une mesure législative que je peux appuyer. Je crois qu’un gouvernement qui légifère le moins nuit le moins possible à la population. Je suis de l’école de pensée minimaliste à cet égard. À mon avis, c’est la moins mauvaise option que le gouvernement aurait pu adopter. Pour les Albertains, elle préserve les trois sièges qui permettent à la province de gagner du poids dans ce redécoupage, et c’est l’héritage du gouvernement conservateur de Stephen Harper.
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Madame la Présidente, je vous informe que je vais partager mon temps de parole avec l'extraordinaire député de .
Cela me fait plaisir de pouvoir m'exprimer sur le projet de loi aujourd'hui à la Chambre. J'y vois un élément de fierté avec les négociations que le NPD, ma formation politique, a faites avec le gouvernement minoritaire libéral. C'est un des gains très concrets, une des victoires que nous avons remportées en négociant et en obtenant des choses pour les gens. Dans ce cas, c'est un gain net pour le Québec, les Québécois et les Québécoises.
Ce n'est pas le seul gain de cette entente‑là, je pourrais en parler longtemps avec les soins dentaires, le coût des médicaments ou des logements, mais le Québec était sous la menace de perdre un siège à cause d'un calcul mathématique et de passer de 78 à 77 sièges.
Il y avait consensus au Québec qu'il fallait, à tout le moins, maintenir tous les sièges que les Québécois et les Québécoises possèdent, et c'est ce que le NPD est allé chercher. Par nos pressions et nos négociations, nous avons réussi à consolider la protection des 78 sièges du Québec. J'en suis très heureux, et cela fait partie des bonnes choses que nous avons réussi à obtenir dans le cadre de cette entente. C'est une belle victoire du NPD pour le Québec.
Pourrait‑on en faire plus? Évidemment, je pense qu'on va être capable d'avoir des discussions à ce sujet. Cependant, il n'y a pas de recul, et c'est grâce à nous. Je ne sais pas si tout le monde est au courant de cela, mais je voulais le préciser parce que l'entente est assez longue. Elle fait trois pages, et c'était le dernier élément sur la troisième page. Il fallait donc se rendre jusqu'au bout, et je ne suis pas certain que tout le monde l'a fait. Les représentations dans ce Parlement sont très importantes pour nous, et pour le Québec en général.
Chaque fois qu'on parle de règles démocratiques, c'est toujours un débat important. Comme parlementaires, comme représentants des citoyens et des citoyennes, nous devons prendre pleinement part à ces discussions, parce que cela a des conséquences sur la vitalité de notre vie démocratique, sur les règles du jeu, et sur la justice et l'équité qui vont en découler.
Je pense que, en ces moments troubles, notamment dans l'est de l'Europe, c'est important de se rappeler à quel point la démocratie est importante. Je tiens ici à souligner le courage de tous les démocrates russes qui osent manifester contre la guerre et qui s'opposent à l'autocratie du président Poutine.
Quand on fixe des règles de démocratie, il est important de se rappeler que ces règles doivent respecter ce qu'on pouvait appeler, à l'époque, la souveraineté populaire, c'est‑à‑dire le fait que c'est l'expression du choix des citoyens et des citoyennes d'envoyer des gens les représenter, avec des opinions, des programmes politiques et des idéologies, et que l'ensemble de ces citoyens et citoyennes sont considérés comme étant égaux. C'est le principe fondamental de la démocratie. Contrairement à une aristocratie, il n'y a personne qui est au‑dessus des autres, nommé par Dieu, ou qui a des pouvoirs plus grands que les autres. Tous les citoyens sont égaux, et c'est comme cela qu'on débute la discussion démocratique.
Sommes‑nous tous vraiment aussi égaux qu'on le croit avec le mode de scrutin uninominal à un tour? J'y reviendrai. Nous avons peut‑être la possibilité d'avoir cette discussion‑là.
Dans le régime de la fédération, il y a plus que seulement la règle du nombre et du poids de la population. Nous nous sommes donné d'autres règles aussi importantes. Je vais en nommer quelques‑unes parce que c'est important de l'avoir en tête quand on a ces discussions.
Une autre règle est la clause sénatoriale, c'est‑à‑dire qu'une province ne peut pas avoir moins de députés qu'elle a de sénateurs. C'est pratiquement la clause « Île-du-Prince-Édouard » pour les quatre députés.
La clause territoriale se comprend très bien aussi pour que les territoires du Nord puissent avoir un député chacun, pour le Yukon, les Territoires du Nord‑Ouest, et le Nunavut, maintenant. Bien que le poids démographique ne le justifie peut‑être pas avec les règles mathématiques d'Élections Canada, c'est important et essentiel que cela soit préservé ainsi.
Pour sa part, la règle des droits acquis faisait que certaines provinces étaient protégées et ne pouvaient pas voir leur nombre de sièges diminuer ou reculer. C'est là où le projet de loi apporte une différence.
En effet, le Québec va être inclus dans cette règle des droits acquis, ainsi que l'ensemble des autres provinces. Pour l'instant, cela protège le Québec, qui était le seul menacé de perdre un siège par la révision actuelle. C'est une mesure qui sert le Québec à très court terme, mais également pour l'avenir. Nous sommes contents de voir qu'à la suite à l'entente que nous avons négociée, un projet de loi a été rapidement déposé afin de respecter cet élément de l'entente.
Il faut se demander s'il est possible d'aller plus loin et je sais qu'il y a des discussions. Il n'y a pas si longtemps, j'ai eu l'occasion de faire un discours dans le cadre de l'étude du projet de loi , lequel prévoit le maintien d'un pourcentage du poids politique du Québec à la Chambre des communes.
Ce concept n'est pas nouveau puisqu'il avait déjà été inclus dans l'accord de Charlottetown négocié à l'époque entre les gouvernements Mulroney au fédéral et Bourassa au Québec. Cependant, cet accord n'a pas été adopté et n'a donc pas été mis en œuvre. Le concept revient, par contre.
Je pense qu'il devrait y avoir des discussions sérieuses sur la possibilité d'une autre clause interprétative, une clause Québec. Étant donné que le Québec forme une nation qui a été reconnue comme telle par le Parlement, cette clause pourrait être incluse afin de protéger un certain poids politique du Québec à la Chambre des communes.
De plus, il y a aussi l'aspect national qui a été reconnu par la Chambre, mais également par le NPD, que ce soit par son appui à l'accord de Charlottetown à l'époque, dans sa Déclaration de Sherbrooke, dans ses documents internes et, évidemment, dans ses votes à la Chambre. Il y a cette idée de reconnaître de manière formelle le concept des deux peuples fondateurs, qui a mené à la vision et à la perception d'une fédération biculturelle et bilingue. C'est pourquoi on a encore la Loi sur les langues officielles aujourd'hui. C'est dans cette perspective.
Cependant, je dois avouer que je me sens toujours un petit peu mal de parler de deux peuples fondateurs parce que, dans l'imaginaire, cela écarte le fait que les Premières Nations et les peuples autochtones étaient déjà ici. Nos ancêtres que sont les Français et les Britanniques arrivés à l'époque n'étaient pas les premiers en ces terres. Il y avait vraiment des gens, des nations, des communautés et des cultures ici depuis des millénaires.
Dans nos réflexions sur la qualité de notre vie démocratique et sur la représentativité des peuples et des nations à la Chambre, je pense qu'on devrait aussi tenir compte de la place des Premières Nations, des Inuits et des Métis. D'autres pays dans le monde le font. Il me semble que l'Australie ou la Nouvelle‑Zélande le fait, mais je pense plutôt que c'est la Nouvelle‑Zélande. Cela devrait peut-être faire partie des discussions qu'on devrait avoir.
Pour une meilleure démocratie et pour respecter l'égalité des citoyens et citoyennes, il ne faut pas non plus écarter les discussions sur un mode de scrutin proportionnel. Malheureusement, ce sujet a été écarté par le gouvernement libéral en 2016 quand il a tué le rapport majoritaire du Comité spécial sur la réforme électorale dont je faisais partie. On est l'un des rares pays dans le monde n'ayant pas de volet proportionnel à notre mode de scrutin.
Si on en avait un, la représentation des mouvements politiques et des partis serait basée sur une règle très simple: si on obtient 25 % des votes, on devrait obtenir à peu près 25 % des sièges. À l'heure actuelle, la prime à l'urne pour le gagnant crée des distorsions vraiment inacceptables, permettant ainsi de n'obtenir que 40 % des votes, mais 60 % ou 65 % des sièges. Cela fait que la majorité qui n'était pas d'accord avec un gouvernement se retrouve dans l'opposition et que le gouvernement peut faire à peu près ce qu'il veut pendant quatre ans.
Il ne faut donc pas oublier de réfléchir à la possibilité d'un mode de scrutin proportionnel, ainsi qu'aux autres éléments de l'entente que nous avons négociée au NPD pour faciliter l'accès au vote: des bureaux de scrutin sur les campus, la possibilité d'aller dans plusieurs bureaux de scrutin la journée du vote pour ne pas être bloqué, et l'étalement du vote sur plusieurs jours lors d'une élection générale. Ce sont là d'autres mesures dont on devrait discuter dans le futur.
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Madame la Présidente, je suis très fier de participer à ce débat en tant que porte-parole pour la grande circonscription de Timmins—Baie James.
Les discussions de ce matin sont très importantes, parce que nous parlons des principes de la démocratie canadienne. Le principe de la démocratie canadienne repose sur la nécessité de maintenir un équilibre entre les droits individuels et les droits collectifs et sur le respect des différences régionales au Canada. C'est essentiel, et il est particulièrement essentiel de respecter les participations uniques des communautés francophones au Canada.
Je représente la grande circonscription de Timmins—Baie James dans le Nord de l'Ontario et la communauté franco-ontarienne a lutté très fort pour les droits linguistiques et l'accès à des services en français. Dans la région de Timmins, j'ai pris conscience du pouvoir de l'identité francophone pour développer toute la région, en travaillant avec les anglophones et les communautés autochtones. Pour moi, c'est un symbole du pouvoir de notre pays.
[Traduction]
J’aimerais parler ce matin de l’importance du projet de loi dont nous sommes saisis, et de la raison pour laquelle le Nouveau Parti démocratique a insisté auprès du gouvernement pour que le nombre de sièges attribués au Québec soit maintenu. Cette raison est le principe général suivant.
Nous parlons souvent de représentation selon la population et du droit des citoyens d’être représentés, mais nous savons que le Canada ne peut pas fonctionner de cette façon car certaines régions sont beaucoup plus peuplées que d’autres. Le compromis établi jadis par la Confédération était le suivant: pour accepter de se confédérer, les provinces voulaient l’assurance que les plus petites, par exemple le Nouveau‑Brunswick, la Nouvelle‑Écosse et l’Île‑du‑Prince‑Édouard, conserveraient leur nombre de sièges.
Une voix: Ainsi que Terre‑Neuve‑et‑Labrador.
M. Charlie Angus: Madame la Présidente, le député a raison; il y a aussi Terre‑Neuve‑et‑Labrador. Je n'aurais jamais dû l’oublier. Cette province a été la dernière à se joindre à la Confédération, mais c’était la meilleure.
Cela dit, la question du Québec est également très importante, car c’est le foyer de la francophonie dans toute l’Amérique du Nord. Non seulement le Québec a le droit, comme l’une des nations fondatrices, de conserver le même nombre de sièges, mais il est important, voire fondamental, de préserver cet équilibre traditionnel à mesure que cette province et le reste du Canada se développent.
Au Canada, il faut certes suivre le principe de la représentation selon la population, mais il faut aussi tenir compte des différences démographiques qui sont très réelles dans certaines régions. Par exemple, au Manitoba, une circonscription compte en moyenne 70 000 personnes. Au Nouveau‑Brunswick, ce chiffre se situe entre 50 000 et 80 000. Au Labrador, il est de 26 000. Dans la circonscription de Western Arctic, il y a 41 000 habitants et dans celle de Nunavut, 21 000.
Si on affirmait que, parce que Mississauga—Erindale a une population de 143 361 habitants, la circonscription de Nunavut ne devrait pas être une entité autonome au Parlement, ou que le Yukon, avec ses 30 000 habitants, ne devrait pas bénéficier d’un calcul pondéré, ce serait bien sûr tout à fait inacceptable. Les problèmes qui se posent au Yukon sont fondamentalement différents de ceux qui se posent dans les autres régions. C’est la même chose au Québec. Il faut donc trouver un juste équilibre, en respectant le principe fondamental sur lequel est fondé notre pays.
Nous avons bien entendu parlé des deux peuples fondateurs, mais ceux-ci ont complètement négligé les peuples qui étaient déjà là. Il faut tenir compte de cette réalité: notre Parlement et notre pays n’ont pas respecté les droits des premiers peuples, et si nous voulons avoir une société vraiment démocratique, il faudra repenser complètement la façon dont nous concevons notre nation et respecter davantage, de façon plus diverse et plus démocratique, les droits ancestraux et issus de traités des premiers peuples. Cela ne diminue toutefois en rien le droit du Québec et de la communauté francophone de maintenir une présence forte, et c’est là le message que nous voulons faire passer.
Au sein de la démocratie canadienne, la représentation selon la population s’applique notamment selon le principe de la représentation régionale. C’est ainsi que, par région, on ne devrait pas voir une différence de population de plus de 25 % entre les circonscriptions, car ce ne serait pas équitable en quelque sorte.
Ce principe pourrait fonctionner au Manitoba et au Nouveau‑Brunswick, mais absolument pas en Ontario. Je rappelle qu'il y a des circonscriptions de 140 000 personnes en banlieue de Toronto, alors qu’à Kenora, il n’y a que 64 000 habitants. C’est pourtant une circonscription qui est plus vaste que la plupart des pays européens. Ma circonscription, Timmins—Baie James, est plus grande que la France et l’Allemagne. Il est plus facile à un habitant de Toronto de se rendre au Portugal pour la fin de semaine qu’à un habitant de Peawanuck de venir me voir à mon bureau a Timmins.
Ce sont là des déficits démocratiques dont il faut tenir compte. S’agissant de redécoupage électoral en Ontario, si on propose d’ajouter des sièges à Mississauga et à Etobicoke parce que ces circonscriptions sont en forte progression démographique, mais qu'on enlève des sièges dans le Nord en regroupant des circonscriptions, celles-ci n’en seront que plus vastes, au point où on ne pourra même plus y assurer un minimum d’accès démocratique. Si quelqu’un a besoin d’être convaincu, je lui conseille de demander à la Présidente combien de temps il lui faut pour se rendre dans toutes les collectivités qu’elle représente. Or, chaque citoyen canadien jouit du droit fondamental de pouvoir s’adresser à son député pour obtenir des services.
Nous savons qu’une bonne partie du travail qui était fait jadis par le gouvernement fédéral a été relégué à nos bureaux de circonscription. Nous sommes devenus le service d’immigration. Nous sommes devenus le service des pensions de retraite. Les gens qui habitent dans des circonscriptions si vastes qu'ils ne peuvent se rendre au bureau de leur député qu’une fois par an, et encore, souffrent d’un déficit démocratique plus grand que les autres citoyens. Par exemple, quand j’habitais au centre-ville de Toronto, il me suffisait de 15 minutes pour me rendre à pied au bureau de deux députés différents. C’est une différence considérable.
Nous discutons continuellement de la démocratie au Canada. J’estime que la démocratie doit toujours se renouveler. Elle évoluera. Nous devons encourager plus de diversité. Nous ne la reflétons pas encore suffisamment dans cette Chambre, et pourtant, notre pays est de plus en plus diversifié. Nous allons devoir trouver des solutions pour rendre la démocratie plus diverse. Nous devons reconnaître les atouts des collectivités rurales et des collectivités isolées du Nord, et préserver les conditions d’accès démocratique dont elles jouissent, tout en tenant compte du fait que les centres urbains sont en train de se développer à une vitesse vertigineuse, que nous avons une diversité de langues qui fait notre force, et que notre pays est fondé sur un accord entre les communautés anglophones et francophones. Le droit à un service bilingue est important.
En tant que Franco-Ontarienne, la Présidente le sait mieux que moi, mais dans ma région, les jeunes familles anglophones veulent envoyer leurs enfants dans des écoles francophones. Le développement des services francophones dans le Nord est pour moi le signe d’une nouvelle évolution, et cela montre que nous sommes capables de faire fond sur les forces fondamentales de notre pays. Nous devons continuer de nous y employer. Par ailleurs, les droits des communautés autochtones ont longtemps été bafoués, certes, mais cela aussi est en train de changer.
On avait entre autres décidé, à la création du Parlement, que ce déséquilibre régional serait en partie compensé par le Sénat. En fait, on nous a dit que le Sénat assurerait la représentation des régions. Bien sûr, nous avons Mike Duffy, le fameux sénateur venu de loin. Je ne sais pas quand il a mis le pied sur l’Île‑du‑Prince‑Édouard pour la dernière fois. Les deux personnages les plus célèbres de l’Île‑du‑Prince‑Édouard sont Anne aux pignons verts et Mike Duffy, mais lui, il touche un chèque de paie et il est là jusqu’à 75 ans.
Je ne dirais pas que parce qu’une personne a retourné des crêpes lors de petits-déjeuners de collecte de fonds des libéraux ou qu’elle a recueilli des fonds pour les conservateurs, elle devrait être au Sénat, mais c’est soi-disant le compromis historique que nous avons créé pour les laisser là éternellement et ne jamais les renvoyer. Nous ne pouvons pas nous débarrasser d’eux. Seigneur, pensons à Pamela Wallin. Nous versons ces chèques de paie. Pour moi, ce n’est pas démocratique.
Nous avons l’occasion et la nécessité, dans cette enceinte, de débattre de la manière d’arriver à une meilleure représentation, plus diversifiée et plus démocratique.
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Madame la Présidente, pour ce qui est de l’aide du NPD, le Québec a essayé en 2011 et a élu 59 députés de ce parti. Aujourd’hui, il n'en reste plus qu'un et c'est bien assez. Je remercie donc mon collègue de sa suggestion.
Quand j’ai commencé à enseigner en 1993 au Cégep André-Laurendeau — cela me vieillit beaucoup —, j’étais professeur d’économie dans le département des sciences humaines. Alors qu'on se demandait laquelle des sciences était la plus importante, un économiste — qui était de loin mon aîné — m’a dit une chose qui m’a marqué: on ne fait pas assez de place à la démographie, selon lui, alors que c’est tellement important.
Pour sa part, mon père me disait que si je voulais comprendre quelque chose aujourd’hui, il fallait que je connaisse l’histoire et le passé. Aujourd’hui, je vais donc essayer d’expliquer les choses en recourant à l’histoire et je fais essayer d’expliquer de façon temporelle pourquoi le Québec se retrouve dans la situation qu’on connaît aujourd’hui et pourquoi la démographie joue contre lui. Autrement dit, c’est la force du nombre qui importe en histoire et dans l’histoire des peuples.
Commençons par le commencement. En 1759, c’est la défaite des Plaines d’Abraham. Les gens se demandent ce que les Québécois ont de différent par rapport au reste du Canada, arguant que tout le monde est pareil. Voici donc une première différence: dans nos livres d’histoire au Québec, nous parlons de la défaite des Plaines d’Abraham. Dans les livres d’histoire de la grande majorité des députés à la Chambre, par contre, on parle de la victoire des Plaines d’Abraham.
Quand nous avons perdu aux Plaines d’Abraham, il y avait 65 000 francophones sur le territoire, pas juste au Québec, mais dans l’ensemble du continent de l’Amérique du Nord. Par contre, les anglophones étaient plus de 1 million. On était donc voué à la disparition, on était un peuple en péril.
Certains Français sont repartis en France, dont des notables et des gens qui avaient des postes importants. Ceux qui sont restés étaient des gens sans défense, sans pouvoir politique ni pouvoir économique. Les Français qui repartaient, même s'ils disaient bien aimer ceux qu'ils quittaient, étaient sûrs que plus personne ne parlerait français en Amérique du Nord quelques années plus tard. Nous étions donc condamnés à la disparition. Pourtant, aujourd'hui, nous parlons encore français et nous en sommes extrêmement fiers.
Décortiquons maintenant les raisons pour lesquelles nous parlons encore français.
La première de ces raisons est la revanche des berceaux. Nous étions les spécialistes de la natalité, avec un enfant par piquet de clôture. Pour comprendre pourquoi nous étions aussi productifs, il faut revenir en 1665 avec Jean Talon, lequel avait compris la force du nombre: puisque nous n’étions pas assez nombreux, il nous avait dit de faire des bébés.
J’espère cependant que le gouvernement du Québec ne va pas trouver que c'est une bonne idée et nous arriver avec la même politique nataliste, mais il vaut le coup de l'expliquer: on avait une prime en argent au dixième enfant, une grosse prime au douzième, et l'instruction gratuite au vingt-sixième. Les parents ne connaissaient pas tous leurs enfants et utilisaient des autocollants avec les prénoms pour ne pas se tromper.
Le concept de famille nombreuse est donc entré dans notre culture et nous étions de loin les champions du monde. Cela nous a permis de défier notre destin et de résister à l’assimilation.
En 1837 et 1838, quand il y a eu les rébellions des patriotes, les anglophones qui nous avaient éloignés du pouvoir politique et économique nous trouvaient bien sûr fatigants. Ils ont demandé à lord Durham ce qu’ils devraient faire de nous parce qu'ils étaient troublés et ne nous avaient pas vus venir.
Lord Durham a alors analysé la situation et décrété que le problème était simple et qu’il s'agissait d'une guerre entre les francophones et les anglophones. Ce n’était pas nécessairement le cas puisqu’il y avait aussi des patriotes au Haut-Canada. Toutefois, c'était son résumé de la situation. Il a dit de façon très sympathique que nous étions un peuple sans culture et sans histoire et que notre salut — parce que lord Durham était un grand humaniste — passait par l’assimilation.
Sans le dire aussi clairement, il a reconnu la force du nombre et qu’il fallait que les francophones deviennent le plus minoritaires possible. La force du nombre viendrait à bout de ce drôle de peuple puisque personne ne comprenait ce qui se passait chez nous.
Puis est arrivé 1867. La création du Canada tel qu'on le connaît, c'est le destin qui avait été prévu par Lord Durham. Ce fut l'institutionnalisation de notre statut de minorité. Auparavant, nous étions majoritaires. Or les anglophones se sont dit que, puisque les francophones étaient majoritaires, on devrait dorénavant avoir une représentation équitable entre le Canada‑Est et le Canada‑Ouest. De cette façon, les francophones n'auraient pas plus de pouvoir politique que les anglophones.
Quand les francophones sont devenus minoritaires, les anglophones se sont rappelé Lord Durham et se sont dit qu'il était temps d'utiliser la force du nombre. Ainsi, quand ils ont créé le Canada en 1867, nous avons vu notre pouvoir politique tomber à 36 %. Voilà ce qui est important: la force du nombre est collée au pouvoir politique. Si on laisse ainsi les choses, notre pouvoir politique va se désagréger comme peau de chagrin. C'est là où je veux en venir, et j'y arrive.
À partir de ce moment, les francophones hors Québec, malgré des luttes extraordinaires et une résilience sans borne, ont vu leur population s'angliciser, leur présence et leur poids politique diminuer, et ils ont dû se battre pour obtenir des services minimums dans leur langue. Nous l'avons encore vu récemment. Quand on dit que l'histoire explique tout, nous avons vu ce qui s'est produit la semaine dernière en Colombie‑Britannique. Les Franco‑Colombiens ont voulu avoir des services en français, notamment des services d'éducation, et cela a tout pris pour y arriver. Ils se sont même battus contre le gouvernement fédéral pour obtenir gain de cause.
Quand les Français sont partis en 1759, ils l'ont fait en se disant que nous étions cuits. Or, en 1950, la France a vu arriver Félix Leclerc. Alors que les Français nous croyaient disparus, Félix Leclerc s'est mis à leur chanter des chansons pour expliquer qui nous étions et le fait que nous parlions français. Les Français, stupéfaits, se sont demandé comment nous avions pu faire cela, comment nous avions réussi à survivre pendant 200 ans. Ils se sont dit que c'était un miracle. Yves Duteil a même écrit une chanson destinée au peuple québécois, l'une des plus belles chansons francophones, qui salue justement la résistance québécoise et qui salue Félix Leclerc en l'imaginant, dans la chanson, comme étant l'hirondelle.
Je vais lire un petit passage qui montre à quel point le Québec est exceptionnel:
C'est une langue belle à l'autre bout du monde
Une bulle de France au nord d'un continent
Sertie dans un étau mais pourtant si féconde
Enfermée dans les glaces au sommet d'un volcan
Elle a jeté des ponts par-dessus l'Atlantique
Elle a quitté son nid pour un autre terroir
Et comme une hirondelle au printemps des musiques
Elle revient nous chanter ses peines et ses espoirs
Nous dire que là-bas dans ce pays de neige
Elle a fait face aux vents qui soufflent de partout
Pour imposer ses mots jusque dans les collèges
Et qu'on y parle encore la langue de chez nous
Le rempart pour les Québécois contre la disparition, nous l'avons connu en 1960. Avant cela, le Québec et les francophones vivotaient. Les francophones étaient des porteurs d'eau, des gens qui n'avaient pas de poids politique. Ils devaient parler en anglais pour réussir à aller travailler dans une usine. Ils n'avaient aucun pouvoir économique.
C'est la Révolution tranquille qui a tout changé. C'est à ce moment que nous nous sommes créé un outil de protection extraordinaire, c'est-à-dire l'État québécois. C'est cet État québécois qui, à partir de 1960, nous a ouvert les portes sur les plans politique et économique. La culture était déjà quand même assez effervescente, mais, à partir de ce moment, ce fut l'explosion. C'est depuis ce moment que nous pouvons crier au monde qui nous sommes, avec fierté.
L'État québécois, pour nous, c'est notre gouvernement, c'est lui qui nous défend et nous protège. Il ne faut jamais l'oublier. Je sais que quand nous, les bloquistes, sommes à la Chambre, nous tenons un discours extrêmement dur relativement aux champs de compétence du Québec et des provinces. Il est très simple d'expliquer pourquoi.
Ici, chaque fois que le gouvernement fédéral parle et agit, nous devons nous assurer que cela ne va pas diminuer le pouvoir de notre outil de défense. Voilà pourquoi nous sommes comme cela. Quand le gouvernement fédéral arrive avec des propositions, notre outil de protection est de dire que si cela ne fait pas notre affaire, qu'on nous envoie notre argent et nous allons gérer nos affaires tout seuls. Nous n'avons pas besoin d'eux pour savoir ce dont nous avons besoin. Il n’y a personne de mieux placé qu'un Québécois pour savoir ce qu'un Québécois veut.
Ici se jouent en partie des éléments qui pourraient nuire à notre développement ou l'encourager, selon le cas, parce qu'il y a des choses correctes qui se font. Nous sommes là pour veiller au grain. Ici, on ne doit pas diminuer le pouvoir politique de notre peuple, de notre nation. Il ne s'agit pas seulement de dire qu'on ne diminuera plus le nombre de députés, il faut aller plus loin. Il faut que force de nombre ne s'applique plus parce que, ici, chez nous, pour nous, c'est une menace. Quand je parle de « chez nous », c'est chez nous, pas ici. Donc, c'est une menace et c'est pour cela qu'il faut décoller la force du nombre de la force politique; c'est essentiel.
Dans la motion que nous avons proposée le 1er mars dernier, il y avait deux éléments. Premièrement, il ne faut pas qu'il y ait une diminution du nombre de députés. Deuxièmement, il ne faut pas qu'il y ait de perte de pouvoir politique à la Chambre pour la nation québécoise. Je dis « nation québécoise » parce que, en juin dernier, la Chambre a reconnu que le Québec était une nation avec le français comme langue commune. Au-delà des mots, il faut avoir des gestes dans cette direction. Ce n'est pas une société distincte comme dans l'accord du lac Meech où on nous donnait un jouet avec lequel nous amuser mais qui ne voulait rien dire. Nous ne voulons pas jouer dans le même film. La nation québécoise, qui est reconnue ici, est un outil qui va nous permettre d'appuyer des gestes concrets qui feront que le Québec ne sera pas traité comme une province comme les autres, mais comme une nation unique sur la surface de la planète. C'est ce qu'on doit faire ici.
Une voix: Oh, oh!
M. Alain Therrien: Madame la Présidente, le député libéral qui vient de rire trouve cela drôle quand je dis que nous sommes une nation unique. Chaque nation est unique. Qu'est-ce que je viens de lui apprendre? Je voudrais le savoir.
Nous avons déposé le projet de loi , qui règlerait définitivement cette partie du problème. On garantirait 25 % du poids politique au Québec. Cela freinerait la chute du poids politique du Québec à la Chambre.
Si on dit qu'on empêche une baisse du nombre de députés, mais qu'il peut y avoir une augmentation de leur nombre total, c'est comme être dans l'eau d'un bain. On a le choix de prendre la tête de l'individu et la mettre dans le fond de l'eau ou d'ouvrir l'eau tranquillement et arriver au même résultat bien tranquillement. Voilà ce qu'on propose là-dedans.
Il faut comprendre que le Québec et les Québécois doivent être mieux représentés ici. Je vais donner un exemple. En 2011, M. Harper a été élu par la majorité, sans l'appui du Québec. On est rendu là. On peut élire un gouvernement majoritaire au Canada avec seulement cinq députés élus au Québec. C'est fou. Imaginons que notre poids politique diminue. Quelqu'un d'un parti peut se lever et dire que ce que les Québécois veulent, il n'en a pas besoin. C'est différent de chez lui parce que le Québec est une nation, mais cela ne le dérange pas parce qu'il peut former un gouvernement majoritaire sans avoir besoin de l'appui du Québec. C'est rendu grave.
Il faut comprendre que le Québec est une nation et que c'est seulement en garantissant son poids politique que nos besoins seront écoutés, que nos volontés seront entendues et que les décisions prises par le gouvernement en place vont toujours prendre en compte les désirs, les volontés et les besoins du Québec. C'est ce qui est important.
En terminant, je dirai la chose suivante. Nous avons déposé une motion, et la position du Bloc québécois est très claire. Elle est illustrée dans la motion. Il n'y a pas de cachette: nous ne pouvons pas avoir une diminution du nombre de députés et nous ne voulons pas avoir une diminution du pouvoir politique.
C'est pour cette raison que, en ce qui concerne le projet de loi , nous disons qu'on doit plutôt se référer au projet de loi sur lequel nous avons travaillé, soit le projet de loi . Ce dernier est conforme à la motion qui a été adoptée à la Chambre par une forte majorité.
J'espère que les députés comprendront qu'il faut aller plus loin et qu'il faut mieux travailler.
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Madame la Présidente, c’est avec plaisir que je parle aujourd’hui de l’un des piliers fondamentaux de notre démocratie. Nous reconnaissons tous l’importance de la représentation. Dans l’ensemble, nous en avons une assez bonne appréciation parce que nous sommes tous des élus, et nous pouvons comprendre et reconnaître ce qu’il faut pour être élu à la Chambre des communes et tout ce que cela signifie.
Ce dont nous parlons aujourd’hui, ce sont de nos frontières. Contrairement à ce que nous venons d’entendre de la part du Bloc, il y a un redécoupage des frontières tous les 10 ans. Lorsque les indications sont sorties sur les chiffres et l’idée que le Québec pourrait en fait perdre un siège, les membres du caucus libéral ont été très inquiets. Il y a eu une grande quantité de dialogues et une entente. Il n’a pas fallu beaucoup de temps pour arriver à un consensus sur le fait que nous devions faire quelque chose à ce sujet.
Jusqu’à présent, les participants au débat, qu’il s’agisse des députés du Nouveau Parti démocratique ou du Parti conservateur, et bien que nous n’ayons pas encore entendu les députés du Parti vert, je soupçonne qu’ils reconnaissent eux aussi qu’il est très important de garantir 78 députés au Québec dans la loi et, en fin de compte, pour toute autre province à l’avenir.
Même le Manitoba pourrait accéder à ce que nous tentons de mettre en place aujourd’hui. Nous ne savons pas quelle sera la population, mais nous pouvons espérer. J’aimerais penser qu’en moyenne, la population du Manitoba dépassera de loin la moyenne du reste du Canada, mais je ne peux pas le garantir. Personne ne le peut. Nous ne savons pas quels seront les changements de population au cours des prochaines années. Nous pouvons faire des suppositions.
Ce qui me rassure, c’est le fait que la Chambre des communes, d’un bout à l’autre du pays, a reconnu l’importance d’établir cette base pour de nombreuses bonnes raisons qui ont été exposées, que ce soit par le ministre responsable ou par les autres députés qui ont parlé jusqu’à présent. Si nous prenons l’exemple du Québec, qui nous a vraiment inspirés pour présenter cette loi, il faut reconnaître la langue française et son importance historique ici, au Canada.
Je m’estime très chanceux d’être originaire de Winnipeg, où la communauté francophone se porte très bien, à Saint‑Boniface, à Winnipeg et dans de nombreuses localités rurales comme Saint‑Pierre‑Jolys. Les racines de ma famille vont du Québec à Saint‑Pierre‑Jolys en passant par Transcona Yards et, enfin, le Nord de Winnipeg.
En fin de compte, le Manitoba a une communauté francophone florissante et dynamique avec, sans aucun doute, des députés, des membres de l’Assemblée législative du Manitoba et des conseillers municipaux. En fait, à une certaine époque, Saint‑Boniface était une ville à part entière, mais les choses changent. La démographie nous appelle à revoir les frontières. Il y a des considérations particulières qui doivent être prises en compte. Prenons l’exemple du français et de la communauté francophone, dont nous avons reconnu l'importance dans le passé par des garanties, comme pour l’Île‑du-Prince‑Édouard, qui n'aura jamais moins de sièges à la Chambre des communes qu'au Sénat.
C’est bon en ce qui concerne les territoires, comme on l’a souligné plus tôt. Nous l’avons fait en nous assurant qu’il y a un nombre de base qui a été ajusté pour prendre en compte ce qui allait se passer dans la province de Québec, mais si cette loi est adoptée, nous réglerons cette question.
Je considère cela comme un point très positif. J’aimerais penser que, si les gens veulent soutenir cette idée et s’assurer que nous avons la base pour cela, cette loi devrait être approuvée à l’unanimité. Il sera intéressant de voir ce que mes amis du Bloc feront de ce projet de loi. Je crois que les Québécois appuieront le projet de loi, et j’encourage le Bloc à en faire autant.
Élections Canada est reconnu dans le monde entier comme une institution exceptionnelle et indépendante. En fait, le Canada est respecté comme une démocratie très saine et dynamique. Nous le devons en grande partie à la population du Canada et à ceux qui inscrivent leur nom sur le bulletin de vote, qu’ils gagnent ou qu’ils perdent, ainsi qu’aux centaines de milliers de personnes qui participent bénévolement au processus électoral.
Tout cela est regroupé et organisé de manière apolitique par Élections Canada. Tous les 10 ans, des commissions électorales sont créées. Au Canada, nous en aurons 10, une pour chaque province où il y aura redécoupage des frontières. Ces changements peuvent être très importants. J’ai vécu des changements aux limites des circonscriptions, tant au fédéral qu’au provincial.
Il y a beaucoup d’intérêt parmi les élus et les personnes qui envisagent de présenter leur candidature à l’avenir. Pour le public, dans son ensemble, les dirigeants communautaires vont examiner les choses et se demander où sera leur collectivité après le redécoupage. Dans la plupart des cas, nous voulons essayer de ne pas scinder les collectivités.
Par exemple, Tyndall Park est une collectivité bien définie dans Winnipeg-Nord, et je ne voudrais pas voir Tyndall Park scindée. Les commissions électorales y parviennent la plupart du temps. C’est une chose assez courante, surtout dans les centres urbains, mais cela ne se fait pas toujours. Nous pourrions prendre Winnipeg-Nord jusqu’à Amber Trails. Une partie d’Amber Trails se trouve en fait dans une autre circonscription fédérale, hors de Winnipeg-Nord, mais elle est perçue comme une seule collectivité localement.
Il y a des restrictions et des éléments qui doivent être pris en considération. Nous entendons souvent parler de circonscriptions vastes et rurales par opposition à des circonscriptions très concentrées, et du type de base démographique que devrait avoir un représentant. En 1988, lorsque j’ai été élu pour la première fois à l’Assemblée législative du Manitoba, je crois qu’il y avait 26 députés dans la ville de Winnipeg et 31 députés dans les régions rurales. Aujourd’hui, il y a 31 députés dans la ville de Winnipeg et 26 dans les régions rurales, car la ville de Winnipeg a grandi. Nous voyons qu’il y a un équilibre qui a été pris en considération.
Si nous examinons le dernier redécoupage des circonscriptions provinciales, nous constatons que sur les 57 circonscriptions, 56, je crois, ont vu leurs limites modifiées. Les mêmes principes s’appliquent, du moins en partie, aux changements assez importants qui seront apportés aux limites des circonscriptions fédérales. Après tout, il y aura de nouvelles circonscriptions, mais il y aura aussi d’importants déplacements de population. Ces deux éléments doivent être pris en compte.
Lors du dernier redécoupage fédéral, la carte proposée à l’origine pour Winnipeg-Nord était en fait très différente de ce qu’elle est aujourd’hui. Je me souviens avoir travaillé sur ce redécoupage avec la députée progressiste-conservatrice de Kildonan—St. Paul, Joy Smith. Nous avons discuté du fait que ce qui était proposé pour Winnipeg-Nord ne semblait pas très logique. Le fait que deux députés de partis politiques différents aient travaillé ensemble a été utile lors de la présentation à la commission, et la carte a finalement été modifiée.
Je soupçonne qu’un certain nombre de présentations faites à la commission ont été écoutées. Je dis cela parce qu’il existe un processus, auquel le a fait référence. Nous savons qu’il y aura de nouvelles limites avant les prochaines élections, et le processus permet au public d’avoir un apport direct, et quand je dis « le public », cela inclut les députés. Le Manitoba est en fait en train de commencer le processus de délimitation des nouvelles circonscriptions.
Le Manitoba compte 14 circonscriptions. Sur le plan du pourcentage, par rapport à l'ensemble du Canada, les chiffres n’ont pas augmenté dans la même proportion, par habitant, que ceux de l’Alberta, de l’Ontario et de la Colombie-Britannique, de sorte qu’il restera à 14 sièges. Je dirais que nous avons sept ou sept sièges et demi urbains ruraux à Winnipeg et six ou six sièges et demi ruraux urbains. Je considère Kildonan—St. Paul comme un siège rural urbain.
Je sais qu’à partir des deux prochaines semaines et jusqu’au mois d’octobre, la commission électorale indépendante cherchera à obtenir des commentaires sur les limites qui seront tracées dans les jours et les semaines à venir. Les résultats seront publiés, et l’on s’intéressera beaucoup à la forme que prendront ces nouvelles limites. Je m’attends à ce que la commission, comme elle l’a fait par le passé, tente de satisfaire les personnes qui veulent la rencontrer en personne et de tenir compte des idées et des propositions.
Les cartes définitives qui découleront des premiers plans et des consultations initiales seront finalement présentées au Parlement. Je crois qu’elles seront également soumises au Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre. Je suppose que ce dernier n’apportera pratiquement aucun changement. Je ne sais pas si cela a toujours été le cas, mais je soupçonne que les seuls changements réels que nous pourrions voir une fois que nous recevrons le rapport final concerneront les noms. Les députés pourraient réfléchir à ce qu’ils ont entendu dans leur région et juger pertinent de modifier le nom de la circonscription sur la carte définitive.
En fin de compte, la Chambre adoptera la carte et celle-ci entrera en vigueur à une date donnée. S’il n’y a pas d’élections avant cette date, les nouvelles limites entreront alors en vigueur.
Ensuite, il y a les infrastructures politiques des partis. En effet, les partis politiques devront se réorganiser en fonction des nouvelles limites, correspondant à 340 nouvelles circonscriptions, et d’importantes sommes d’argent seront transférées à ces circonscriptions nouvellement constituées par les anciennes circonscriptions. Il faudra travailler sur toutes sortes d’infrastructures pour que, lors des prochaines élections en 2025, du moins c'est ce qui est prévu, les organisations politiques de tout le pays, qu’elles aient ou non des représentants élus à Ottawa, puissent être présentes dans chacune des circonscriptions politiques. Cela permet également à Élections Canada de mettre en place ses mécanismes.
En d’autres termes, ce n’est pas simple, mais c’est absolument nécessaire. Tous les 10 ans, lorsque Statistique Canada fournit les rapports de recensement, on remarque d'importants changements démographiques et la croissance de la population canadienne dans son ensemble. Le pays compte aujourd’hui environ 38 millions d’habitants, alors qu’il y a 10 ans, je pense que c'était probablement plus près de 34 millions. Il ne faut pas que les députés me citent à ce sujet, mais je crois que c’était environ 34 millions d'habitants. En règle générale, il faudra apporter certains changements là où les résidents permanents finissent par s’installer.
En ce qui concerne les collectivités, je peux dire que la croissance est forte dans certains secteurs de ma propre collectivité, Winnipeg-Nord. En effet, à Winnipeg, la croissance est difficile au centre-ville, sauf si elle se fait en hauteur. En raison de leur densité de population, il est beaucoup plus facile de croître en hauteur pour certaines villes. C’est le cas de Toronto, Vancouver et Montréal. Nous pouvons constater qu’il faut en tenir compte.
M. Damien Kurek: Edmonton et Calgary aussi.
M. Kevin Lamoureux: C’est aussi le cas de Calgary, madame la Présidente.
Une partie de la discussion d’aujourd’hui porte sur l’espace par rapport à la densité, ou sur les collectivités rurales par rapport aux collectivités urbaines densément peuplées. C’est un type de représentation différent. En fin de compte, ce sont les choses dont il faut tenir compte et je crois que ce sera le cas.
La question de la représentation m’a toujours intéressé. Je me souviens de la décision de réduire le nombre de conseillers de la ville de Winnipeg de 29 à 14 ou 15. On estimait qu’en améliorant la capacité des membres à fournir des services, on les aiderait à s’adapter à la croissance démographique. Il ne fait aucun doute qu’avec 338 circonscriptions, l'ajout de plus de deux millions d'habitants à la population canadienne au cours des dernières années signifie à tout le moins que la population moyenne des circonscriptions va augmenter. L’un des moyens de pallier cette augmentation et de garantir que les députés sont en mesure d'offrir les services auxquels les citoyens s’attendent est de fournir aux députés un financement suffisant pour qu'ils puissent offrir les services nécessaires.
Toute la question du redécoupage des circonscriptions est d’un grand intérêt pour le gouvernement, pour les particuliers et pour les Canadiens, car elle est vraiment importante. Le projet de loi dont nous sommes saisis reflète l’intérêt des parlementaires de toutes les allégeances politiques, des régions rurales et urbaines, qui reconnaissent l’importance pour le Québec de conserver 78 sièges. Je vois cela comme un élément positif et j’espère que tous les députés de la Chambre voteront pour ce projet de loi.
:
Madame la Présidente, nous débattons aujourd'hui du projet de loi sur la préservation de la représentation provinciale à la Chambre des communes. C'est un sujet qui me tient à cœur. On le comprendra.
Puisque le dépôt du budget de 2022 par le gouvernement NPD-libéral demeure au centre des préoccupations et des discussions dans les médias, il est évident qu'on ne parlera pas beaucoup de ce projet de loi dont nous discutons aujourd'hui. Il est tout de même important pour moi de faire connaître mes commentaires et mes opinions au sujet du projet de loi .
En fait, pour que les gens sachent bien pourquoi nous sommes présentement réunis afin de parler du projet de loi C‑14, c'est que ce projet de loi vise à modifier la Loi constitutionnelle de 1867 pour qu'aucune province n'ait moins de sièges que lors de la 43e législature, c'est-à-dire la législature précédente, lorsque le nombre de sièges à la Chambre des communes sera redistribué après chaque recensement décennal, pour les années à venir.
La Chambre des communes, comme on le sait, c'est la Chambre du peuple. C'est la Chambre de tous les Canadiens: du Nord, du Sud, de l'Est, de l'Ouest, des milieux urbains, des régions rurales, de Terre‑Neuve à la Colombie‑Britannique, en passant par le Québec, l'Ontario et les Prairies. Tous les Canadiens — je dis bien tous les Canadiens — doivent être bien représentés à la Chambre. C'est pour cette raison qu'elle doit être la plus représentative possible de l'ensemble des citoyens du Canada, mais aussi de ses différences.
Le 2 mars dernier, j'ai présenté une motion à la Chambre. J'ai demandé le consentement unanime de la Chambre pour adopter la motion suivante: « Que la Chambre s'oppose à tout scénario de redécoupage de la carte électorale fédérale qui ferait perdre au Québec ou à toute autre province ou tout territoire à l'avenir une ou plusieurs circonscriptions électorales, et que la Chambre demande au gouvernement d'agir en conséquence. »
Je dois admettre que le projet de loi C‑14, qui est présentement à l'étude, est l'essence même de la motion qui a été déposée le 2 mars et pour laquelle nous avions demandé le consentement unanime de la Chambre. Malheureusement, pour une raison que j'ignore, mais que je soupçonne être hautement politique, l'ancienne cheffe du Parti vert s'était opposée avec enthousiasme au consentement unanime de la Chambre pour cette motion. Quand je dis « avec enthousiasme », c'est que l'ancienne cheffe du Parti vert a même applaudi quand la motion a été défaite. Elle s'est tournée vers certains de mes collègues avec les pouces en l'air pour dire qu'elle avait bien fait son travail. Voilà ce qui est arrivé. Je l'ai vu à partir de mon siège. Je regardais attentivement ce qui se passait, parce qu'il y avait pratiquement unanimité à la Chambre pour adopter cette motion. Malheureusement, la cheffe du Parti vert a préféré faire de la petite politique plutôt que de permettre à la Chambre d'adopter cette motion de manière unanime, ce qui aurait permis au gouvernement d'aller encore un peu plus vite pour l'adoption du projet de loi .
Je suis néanmoins content et satisfait de voir que le gouvernement a répondu positivement à cette motion, malgré son rejet par le Parti vert. Je suis également satisfait de voir que le gouvernement a pris des mesures pour faire essentiellement ce que la motion disait, c'est-à-dire qu'aucune province quelle qu'elle soit — ni le Québec ni aucune autre province — ne devrait perdre de siège au moment d'un redécoupage électoral.
Pour tout dire, ce projet de loi libéral préserve la même formule de redistribution qui a été créée par la Loi sur la représentation équitable, en 2011. Je tiens d'ailleurs à rappeler que c'est le gouvernement conservateur précédent qui avait créé cette loi dont l'objectif était de rendre la démocratie canadienne plus représentative, ce qui avait permis d'ajouter 30 nouveaux sièges à la Chambre des communes.
On respecte évidemment le travail des commissions indépendantes, qui travaillent séparément dans chaque province et dont la mission est d'établir les limites des circonscriptions électorales. Ce n'est pas ce dont il est question aujourd'hui. On ne parle pas des limites, mais j'y reviendrai parce que j'ai un message à envoyer aux commissions concernant le redécoupage des limites électorales dans chaque province.
Je pense que nous devons nous pencher là-dessus et tenir compte de plus d'un facteur pour déterminer comment les sièges doivent être distribués dans chaque province. Nous devons donner plus de latitude pour permettre aux électrices et aux électeurs canadiens d'être bien représentés et d'être sûrs que leur voix est entendue lorsque leur député prend la parole ici, à la Chambre.
Le travail de représentation à la Chambre est très important pour la démocratie canadienne. Ce travail est en cours depuis octobre dernier. Il va rendre la répartition des sièges plus représentative de la population au Canada. Comme je l'ai dit, j'ai l'intention de participer activement au processus au Québec pour faire en sorte que la voix des gens de ma circonscription, mais aussi des citoyens qui vivent en région, soit entendue.
Je rappelle que le processus qui est en cours va ajouter trois nouveaux sièges en Alberta, un nouveau siège en Colombie-Britannique et un autre en Ontario. Le projet de loi garantit qu'aucune province et aucun territoire ne perdra de circonscription électorale. Je précise que, sans le projet de loi C‑14, le Québec aurait perdu un siège dans le processus de redécoupage électoral qui a été proposé. Le Québec serait passé de 78 députés à 77 députés. C'est pour cela que nous avons choisi de prendre la parole et que nous avons souhaité déposer une motion pour dire que, dans un processus comme celui-là, on ne doit pas retourner en arrière et enlever à une province des gains effectués depuis le début.
Quand la loi a été établie, qui aurait pu s'attendre à ce que la population canadienne ne croisse pas à peu près équitablement un peu partout, dans toutes les régions du Canada? On a prévu un nombre minimum de sièges par province. Sauf erreur, ce nombre date de 1985. Maintenant, il faut mettre à jour le nombre minimum de députés par province et c'est ce que le projet de loi C‑14 va faire.
Je m'en réjouis également parce que, au-delà des débats partisans, la perte d'un député, c'est-à-dire d'un siège à la Chambre, aurait entraîné des effets néfastes et cela aurait rendu plus difficile le travail des commissions de représentation électorale pour les gens des régions rurales ou plus éloignées du Canada. J'en parlerai un peu plus tard dans ce discours.
Comme on le sait, tous les jours, les Canadiens, c'est-à-dire les électeurs, les électrices, les gens qui nous envoient ici, se fient à leur député pour leur donner des réponses, pour répondre à leurs questions et pour les aider à trouver des solutions dans leurs relations avec les différentes instances gouvernementales fédérales, et parfois même au-delà. Comme tous mes collègues ici, j'en suis persuadé, au cours des deux dernières années où nous avons été confrontés à une pandémie jamais vue et inattendue qui a créé autant de problèmes chez l'ensemble de nos citoyens, j'ai reçu des appels qui concernaient des relations avec les services de l'assurance-emploi, avec l'Agence du revenu du Canada, mais aussi des demandes de citoyens qui ne savaient juste pas vers qui se tourner, de citoyens qui étaient en peine parce qu'ils n'avaient pas d'argent parce que leur entreprise avait fermé et qu'ils ne savaient pas comment se qualifier à un des différents programmes d'aide. Nous avons vraiment été présents pour répondre aux demandes de nos concitoyens et de nos concitoyennes. C'est aussi un des rôles des députés.
Bien sûr, un des rôles primaires d'un député est d'être ici à la Chambre et de faire son travail de législateur, c'est-à-dire d'adopter des lois, de s'assurer que les lois correspondent à la société actuelle, de s'assurer de représenter ses concitoyens et de voter en fonction de ses valeurs, en fonction de ses concitoyens et en fonction de ce qu'il croit être la meilleure option pour l'avenir du Canada. Voilà notre premier rôle.
Le deuxième rôle a beaucoup évolué au fil des ans et les citoyens s'attendent maintenant aussi à ce que leur député les accompagne dans leurs relations avec le gouvernement, dans le développement de leur communauté et dans les associations d'affaires pour faire en sorte qu'ils se sentent écoutés. Pour la plupart, ils sont très loin d'Ottawa. Dans mon cas, ce n'est pas si mal, ma circonscription est à peu près à quatre heures de route d'Ottawa, cinq heures si je pars d'un endroit, un peu plus ou un peu moins si je pars d'un autre endroit.
Cela représente quand même beaucoup de route, mais le Canada est très grand, d’un océan à l’autre et à l’autre. La capitale fédérale devenant inaccessible pour certains, le député joue donc ce rôle.
Malgré la technologie, on a constaté que plusieurs citoyens ont été frustrés du manque d’information ou d’aide de la part des différents ministères, sans oublier la lenteur des réponses, notamment en matière d’assurance-emploi et de la part de l’Agence du revenu du Canada, ou ARC.
Comme je le mentionnais, les électeurs s’en remettent à leurs députés pour obtenir de l’aide, du soutien et de l’information. Quand on vit dans les régions rurales canadiennes, le député est souvent le seul lien entre un électeur, un citoyen, et l’appareil bureaucratique du gouvernement fédéral. Ce n’est pas vrai qu’il y a des bureaux d’assurance-emploi partout. Ce n’est pas vrai que l’ARC a un bureau ou un représentant dans chacune des communautés au Canada. C’est pour cela que le député joue un rôle de plus en plus près des citoyens et des citoyennes.
Je dirais qu’il y a eu une grosse différence pendant la pandémie. Avant, les gens venaient faire un tour au bureau du député, souvent pour des passeports et occasionnellement pour des problèmes d’assurance-emploi. La pandémie a fait que les citoyens, qui se sont avérés en très grand nombre avoir besoin de ces services, ont découvert le bureau de leur député. Bien que les programmes soient maintenant terminés, les gens continuent de venir au bureau du député, ce qui est merveilleux. Cependant, il ne faudrait surtout pas que le bureau du député devienne inaccessible parce qu'il est submergé par un trop grand nombre de demandes ou parce que la circonscription est si grande que les gens n’ont pas un accès rapide à leur député, trop éloigné.
La connexion est importante. Diminuer le nombre de députés dans une province viendrait affaiblir cette relation entre les citoyens et leur député. C’est sûr qu’il faut établir des normes et qu'il faut être capable de mettre en place des règles pour déterminer le nombre de députés. Cependant, il est important de mettre en évidence la différence entre les députés des régions urbaines et ceux des régions rurales, notamment au chapitre de la distance que certains ont à parcourir et du nombre des municipalités qu'ils représentent à la Chambre.
En fin de compte, le Québec est présentement la seule province qui verra un changement à la proposition faite. Ce que le projet de loi va faire, c’est assurer une plus grande latitude à la commission de redécoupage électoral du Québec pour lui permettre de faire son travail et de proposer une nouvelle carte électorale. J’espère que, pendant cette réflexion, on prendra du temps pour réfléchir non seulement à la population, mais également à la géographie. J’y reviendrai.
Comme député de Mégantic—L'Érable, je représente le même nombre d'électeurs qu’une circonscription de Montréal, mais je dois couvrir un territoire 500 fois plus grand que celui d'un député qui a une circonscription dans une grande ville. Uniquement dans ma circonscription, il y a 50 municipalités à desservir. Cela veut dire 50 maires et 50 conseils municipaux. Il faut multiplier ce nombre par deux, trois, quatre ou cinq en matière de clubs sociaux, sans oublier les chambres de commerce, les associations d’affaires, les associations agricoles et bien d'autres. Tous ces gens veulent avoir accès à leur député et veulent avoir des échanges avec lui.
Dans une grande circonscription, on multiple par 50 le nombre des relations. Par exemple, les députés de la région de Québec ont un seul maire. Moi, j’en ai 50 et, pour moi, tous les maires sont importants. Le maire d’une municipalité de 200 habitants est aussi important que le maire d'une municipalité de 26 000 habitants. On doit pouvoir être présent autant pour un maire d’une petite municipalité que pour les maires des grandes villes. Cela demande donc beaucoup de temps.
Comment être plus efficace et comment faire un meilleur travail si on ne tient pas compte de cette différence pour les députés en région?
Si on ajoute 20 municipalités dans ma circonscription dans la représentation électorale, il sera pratiquement impossible de rencontrer chacun des maires et chacun des conseils municipaux, parce que cela ferait quelque 70 conseils municipaux. Sachant que chacun des conseils municipaux se rencontre au minimum une fois par mois, cela veut dire que je n'aurai pas assez d'un an pour rencontrer l'ensemble des conseils municipaux. Cela brise un lien entre le député, le gouvernement fédéral et les électeurs et les électrices de nos circonscriptions.
Comment assurer un bon suivi de leur dossier et de tous les projets que les conseils et les citoyens de ces municipalités vont nous présenter? Poser la question, c'est y répondre.
Plus les circonscriptions rurales grandissent, moins les gens de ces circonscriptions ont accès à leur député. On me dira que c'est normal. Non, ce n'est pas normal; comme je l'ai dit plus tôt, les gens dans nos régions n'ont pas accès directement aux différents services du gouvernement fédéral. La seule porte d'entrée est le bureau du député.
J'espère que la commission qui va avoir à redéfinir la nouvelle carte électorale, qui va faire son travail prochainement au Québec, sera sensible à la représentation électorale des régions au Canada.
N'oublions pas qu'il y a une certaine latitude dans la Loi pour permettre un écart entre la population moyenne des circonscriptions et ce qu'on va finalement appliquer. Ce que je demande, ce n'est pas de changer la Loi, c'est d'appliquer au maximum cette marge de manœuvre pour qu'on tienne compte du fait rural dans le redécoupage des cartes électorales. C'est important, et on le fait. La Constitution, elle‑même, le reconnaît en ayant déjà établi un nombre minimum de députés pour chacune des provinces respectivement, malgré le fait que certaines ont moins de citoyens et de citoyennes. C'est cela, la réalité.
Sans le projet de loi , on aurait donné moins de latitude à la commission au Québec, qui aurait dû chercher, ici et là, des citoyens enlevés à des circonscriptions pour faire en sorte d'enlever un siège au Québec. Cela est inacceptable.
Un député, c'est comme un médecin de famille. Ce n'est pas que nous sauvons des vies, je ne voudrais pas du tout qu'on pense que je me compare à un médecin, mais, quand il y a trop de patients, c'est dur d'avoir un rendez‑vous et c'est malheureusement ce qui risque d'arriver si on ajoute à cela les distances et le reste.
Depuis le printemps 2020, on utilise de plus en plus les plateformes comme Zoom, Teams ou FaceTime. Cela a peut‑être révolutionné les communications. On peut effectivement faire plus de rencontres. J'ai eu l'occasion de rencontrer des conseils municipaux plus que jamais, parce qu'il y a une nouvelle façon de faire. Je la mets en application, mais rien ne vaut une bonne vieille rencontre en personne où on peut échanger et se dire vraiment les choses.
Pour le bien de la représentativité des députés et du travail dans les circonscriptions rurales qui sont de plus en plus grandes, le concept de la ruralité doit être intégré dans le processus de réflexion qui vise à remodeler les cartes électorales. Toute réforme de carte électorale qui ne tient pas compte de la géographie, de la démographie, des besoins de la population, de la culture et de qui on est, aura nécessairement une incidence sur la démocratie.
Je suis fier de nos régions. J'ai grandi et je demeure en région, et j'ai fait le choix d'y rester. Cela fait partie de mon ADN. J'ai été maire d'une ville en région, Thetford Mines. J'ai été impliqué dans toutes sortes d'associations, et j'ai toujours considéré comme extrêmement important le lien avec chacun des paliers de gouvernement, qu'il soit municipal, provincial ou fédéral.
Il est très important de conserver nos voix à la Chambre des communes et de faire en sorte que nous puissions continuer à avoir accès à des gens qui peuvent nous aider et, surtout, qui peuvent aider les électeurs et les électrices à faire face à cette grosse machine fédérale, sans avoir nécessairement accès à des services directs de proximité du gouvernement fédéral dans chacune de nos circonscriptions.
Je suis content de voir qu'on n'enlèvera pas de siège au Québec. Je suis également content de dire que nous appuierons le projet de loi . Toutefois, le travail ne fait que commencer.
:
Madame la Présidente, je prends la parole aujourd'hui pour discuter de la présentation du projet de loi .
Comme l'a mentionné le député de , ce projet de loi pourrait être considéré comme une « balle intérieure » dans le sens que le projet de loi et ses conséquences sont relativement simples, mais aussi importantes. Je vais donc utiliser le temps qui m'est accordé aujourd'hui pour parler du projet de loi, des raisons qui motivent cette mesure et des autres conséquences et choix politiques liés à la représentation électorale.
Tous les 10 ans, le directeur général des élections examine le changement démographique et attribue le nombre de sièges à chaque province. Il détermine si les limites des circonscriptions électorales doivent être modifiées en fonction des mouvements de la population au sein d'une province. Plus précisément, l'article 51 de la Loi constitutionnelle de 1867 établit la formule de répartition des sièges à la Chambre des communes entre les provinces après chaque recensement décennal. La Loi sur la révision des limites des circonscriptions électorales prévoit le tracé des limites des circonscriptions ou des districts électoraux dans chaque province.
Les limites des circonscriptions électorales doivent être ajustées chaque fois que la représentation d'une province change ou lorsqu'il y a eu des fluctuations importantes de la population dans une province, comme un déplacement des régions rurales vers les régions urbaines. Le redécoupage des circonscriptions est une question fédérale contrôlée par le Parlement.
En octobre 2021, le directeur général des élections, sur la base de l'évolution de la population au cours de 10 dernières années, a fixé la répartition des sièges, faisant passer le nombre de sièges à la Chambre des communes de 338 à 342, la Colombie‑Britannique et l'Ontario gagnant un siège chacune, l'Alberta en gagnant trois et le Québec en perdant un.
[Traduction]
Le projet de loi présenté aujourd’hui modifie cette décision, comme le Parlement a la capacité de le faire, en créant un plancher constitutionnel, à savoir le nombre de sièges qu’une province ou un territoire détenait au moment des 43e élections. La pratique qui consiste à maintenir un certain nombre de sièges à la Chambre des communes pour les provinces dont la population est en baisse par rapport à la moyenne nationale a déjà été adoptée.
D’abord, en 1914, la clause sénatoriale a été introduite pour faire en sorte qu’aucune province n’ait jamais moins de députés que son nombre de sénateurs. La deuxième protection constitutionnelle est ce qu’on appelle la clause des droits acquis, qui est entrée en vigueur en vertu de la Loi de 1985 sur la représentation électorale. Elle modifiait la formule de calcul des sièges et garantissait que, peu importe la population future d’une province ou d’un territoire, elle serait protégée par la Constitution en n’ayant pas moins de sièges que ceux qu’elle avait à la Chambre des communes en 1986.
[Français]
Je dois ajouter qu'une série d'ajustements ont été faits entre 1914 et 1986 pour protéger et essayer d'assurer l'équité entre les provinces et les territoires. À l'origine, le nombre total de sièges était calculé en divisant la population de chaque province par un nombre fixe appelé le quotient électoral. Ce quotient a été déterminé en divisant la population de la province du Québec par 65.
[Traduction]
La seule exclusion à cet égard a été appelée « la règle du vingtième », en vertu de laquelle aucune province ne pouvait perdre de sièges lors d'un redécoupage électoral à moins que sa part de la population nationale n’ait diminué d’au moins 5 %, ou d’un vingtième, entre les deux derniers recensements. Cette exclusion a été portée en appel en 1946 en raison du désir du Québec d’avoir une représentation proportionnelle à sa population. J’ajouterais simplement que je trouve un peu paradoxal que nous débattions aujourd’hui d’un projet de loi totalement différent de ce que les députés du Québec auraient accepté en 1940.
Tous les députés font des recherches avant de venir à la Chambre pour parler des principes du projet de loi dont nous sommes saisis. J’aimerais saluer ici les gens de la Chambre des communes qui ont une connaissance historique très détaillée des redécoupages électoraux et de la façon dont le nombre de sièges à la Chambre des communes a varié au fil du temps. Je félicite donc les attachés de recherche et les gens qui travaillent à la Chambre des communes.
[Français]
Ainsi, ce projet de loi crée simplement, comme cela a été fait à maintes reprises, une modification de la formule prévue par la Constitution afin d'y établir des droits acquis pour le nombre de sièges tel qu'il existait lors des élections de 2021. Nous avons déjà eu des débats au cours de cette session sur la possibilité que le Québec perde un siège. Il semblait y avoir un consensus sur l'importance de la représentation du Québec et de la préservation de sa langue, de sa culture et de son identité au sein du Canada.
Je ne m'oppose pas à la législation actuelle qui nous est présentée, mais je veux profiter de cette occasion pour faire consigner au hansard mes interrogations sur le nombre futur de députés qui seront ajoutés à la Chambre des communes et pour aborder le projet de loi .
[Traduction]
J’ai posé la question suivante au dernier député conservateur lorsque je me suis levé pour poser une question sur ses observations. À quel moment envisage-t-on de limiter le nombre de sièges à la Chambre des communes? J’ai fait quelques recherches à ce sujet et j’ai constaté qu’au fil du temps, on estimait qu’il y aurait 400 députés en 2001. Aujourd’hui, il y en a 338. C’est une question ouverte qui devra inévitablement être explorée au-delà de l’aspect purement pratique de la Chambre des communes et du nombre de députés qui peuvent y siéger. Il sera aussi question du privilège parlementaire et de la possibilité pour les députés de soulever des questions à débattre. Il est parfois difficile de faire inscrire une question à l’ordre du jour et de faire des observations à la Chambre, parce que les députés sont nombreux et que c'est leur travail.
C’est intéressant. À l’heure actuelle, la Chambre des communes du Royaume‑Uni compte 650 députés. Voudrions nous voir la même chose au Canada? Les Canadiens s’attendent-ils à cela? Je n’ai pas la réponse, mais je pose la question aujourd’hui. Il existe aussi une dynamique selon laquelle le Parlement doit fonctionner. Relativement parlant, lorsqu’un gouvernement se forme, qu’il s’agisse d’un gouvernement minoritaire ou majoritaire, il peut y avoir environ 150 députés dans le caucus du gouvernement, voire un peu plus de 170, selon la dynamique actuelle. S’il y avait tout à coup 300 députés du caucus du gouvernement, qu’est-ce que cela signifierait sur le plan de l’indépendance des députés, de leur capacité de s’exprimer et de leur capacité d’appuyer le gouvernement, mais aussi de leur capacité de soulever des questions importantes? Lorsque nous examinons le fonctionnement de la Chambre des communes à Londres, il y a des similitudes, mais il y a aussi des différences. Je fais cette comparaison, qui donne matière à réflexion.
Je veux aussi parler des députés ruraux. J’ai une circonscription que je suis très fier de représenter. Elle a une superficie de 5 000 kilomètres carrés. Elle est loin d’être petite, mais je me considère chanceux par rapport à d’autres députés. Mon bon ami de a environ 10 000 kilomètres carrés à couvrir. Mon collègue de a une circonscription de 16 000 kilomètres carrés. C’est beaucoup de territoire à couvrir. Nous devons être conscients, en ce qui concerne le redécoupage électoral, du point auquel une circonscription devient trop étendue pour que le député puisse représenter adéquatement les collectivités qu’il est censé représenter à la Chambre, en ce qui concerne sa présence dans la circonscription, sa capacité à établir des liens et sa capacité à conduire ou à se déplacer physiquement.
J’ai d’ailleurs donné quelques exemples. Je sais qu’il existe des circonstances encore plus difficiles pour d’autres députés, plus particulièrement dans le nord du Canada.
Je veux parler de la part proportionnelle de la Nouvelle‑Écosse. En effet, j’ai à mes côtés un collègue de Terre‑Neuve‑et‑Labrador. J’ai aussi le député de , à l’Île‑du‑Prince‑Édouard. Alors que nous continuons à ajouter des sièges à la Chambre, oui, certaines provinces sont protégées par la Constitution quant au nombre de députés qu’elles y ont. Dans l’exemple de la Nouvelle‑Écosse, nous n’aurons jamais moins de 11 députés, mais 11 députés sur 338, c’est une certaine dynamique et 11 députés sur 500, c’est une part proportionnellement beaucoup plus faible pour la voix que notre province peut faire entendre dans cette dynamique.
Nous avons eu une motion de l’opposition présentée par le Bloc Québécois, et je vais saisir cette occasion pour parler du projet de loi dans un instant. Le Bloc et la Chambre étaient très favorables au maintien des sièges, mais ils veulent s’assurer que 25 % des sièges de la Chambre des communes seront toujours préservés pour le Québec. Ma question est la suivante, et je l’ai dit au Bloc: pourquoi ne pas envisager un plafonnement éventuel, peut-être à 360, 380 ou 400? En fait, envisageons de plafonner éventuellement le nombre de députés à la Chambre des communes. Chaque province et territoire de ce pays a ses protections constitutionnelles en vigueur. Cela permettrait d’avoir une base stable pour certaines des choses dont nous avons parlé.
Oui, les députés du Bloc veulent 25 %, mais comme je leur ai fait remarquer, s’ils avaient insisté pour que nous plafonnions le nombre de députés à 350, ils auraient leur plancher constitutionnel grâce à la mesure législative d’aujourd’hui, en supposant qu’elle soit adoptée, ce dont je suis convaincu. Ils auraient été protégés à 22 %, et cela aurait pu être une façon de s’assurer que nous préservons la langue, la culture et l’identité unique du Québec au sein du Canada.
Je veux parler du projet de loi , présenté par le député de . Essentiellement, en plus de protéger les 78 sièges du Québec, ce projet de loi exige également que le Québec n’ait jamais moins de 25 % du nombre total de sièges à la Chambre des communes, quoi qu’il arrive et quelle que soit la population de la province.
Pour mes collègues souverainistes d’en face, leur travail ne consiste pas à protéger l’identité du Canada. En fait, ils veulent se séparer du Canada, alors je ne m’attendrais jamais à ce qu’ils fassent quelque chose qui soit réellement bénéfique et rassembleur pour les Canadiens. En fait, je dirais que, parfois, ils aimeraient créer des divisions au Canada, mais nous devons comprendre ce que cela représente réellement.
Il ne s’agirait pas seulement d’un changement qui pourrait être effectué au sein du Parlement. Cela nécessiterait un amendement constitutionnel selon la formule du 7/50. Pour les Canadiens qui sont à la maison et qui se demandent ce qu’est la formule du 7/50, elle signifie essentiellement que pour des changements constitutionnels comme celui-ci, il faut obtenir l’approbation de 7 des 10 provinces qui représentent au moins 50 % de la population canadienne. C’est un seuil très élevé à atteindre. C’est ce que nous nous attendons à voir comme norme juridique pour le projet de loi s’il devait aller de l’avant. La question de savoir s’il le fera reste ouverte, mais encore une fois, en principe, c’est problématique.
Ce type de projet de loi ouvrirait la voie à de nombreuses divisions dans ce pays, et je pense que nous sommes tous ici aujourd’hui pour reconnaître l’identité unique du Québec au sein du Canada. Je ne veux pas dire que nous sommes tous déterminés, mais je sais que, de ce côté-ci de la Chambre, nous sommes déterminés à garder 78 sièges au Québec. En fait, nous protégeons tout le monde en ce moment avec un nouveau plancher constitutionnel en fonction de la population en 2021, y compris en Nouvelle‑Écosse.
Encore une fois, il s’agit d’une continuation de ce que nous avons déjà fait, mais l’idée de dire qu’absolument, peu importe la population ou un déclin démographique, la province obtiendra 25 % des sièges ne fonctionnera jamais dans ce pays. Cela ne passera jamais. Il est présenté de manière à créer des divisions et à essayer, à mon avis, de ressusciter l’argument de la séparation au Québec, ce qui, franchement, le Bloc québécois le sait, n’est pas vraiment une priorité en ce moment, mais il essaie de faire passer ce type de discours.
Je pense que ce Parlement comprend l’importance du Québec et de sa représentation politique dans cette enceinte. Comme je l’ai déjà dit, si l’on considère le nombre de ministres et leur influence, qu’il s’agisse du ou des principaux ministres du gouvernement, le Québec a un rôle important au sein du gouvernement du Canada, dans cette enceinte et, en fait, dans le pays.
Je tiens à ce que tous les députés aient l’occasion de s’exprimer à ce sujet. Ce fut un privilège absolu de pouvoir faire certaines recherches et d’examiner la législation.
Je profite de l’occasion pour remercier le d’avoir présenté ce projet de loi. On le sait, il détient également le portefeuille . C'est tout un exploit que de jongler avec deux portefeuilles. Je le remercie donc officiellement pour le rôle structurant qu'il joue au sein du gouvernement et pour sa défense constante des intérêts des habitants de Beauséjour. Je crois qu’il compte plus de 20 ans de présence au Parlement, ce qui dénote, à mon avis, un engagement exceptionnel envers le service public.
Bien sûr, mon prédécesseur, Scott Brison, a également siégé pendant 21 ans à la Chambre. Cela montre que ces personnes sont déterminées à faire la différence pour leurs électeurs, le Canada et le monde.
J’ai hâte de répondre aux questions de mes collègues, que j’ai observés aujourd’hui tandis qu’ils écoutaient avec la plus grande curiosité, ayant des questions détaillées auxquelles je répondrai sous peu.
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Madame la Présidente, je partagerai mon temps de parole avec le député de .
Je prends la parole au sujet du projet de loi , Loi modifiant la Loi constitutionnelle de 1867. Ce projet de loi vise plus précisément à modifier ce que l’on appelle la clause de droits acquis. En guise de contexte, la clause de droits acquis fait partie de notre Constitution depuis 1986, année de l’adoption de la Loi de 1985 sur la représentation électorale. Très simplement, la clause de droits acquis établit un plancher pour la répartition des sièges par province dans le processus de redécoupage qui se déroule tous les 10 ans. En fonction du plancher établi par la clause de droits acquis, aucune province ne se verra attribuer moins de sièges dans les futurs redécoupages que le nombre qu’elle avait en 1985.
Le projet de loi est une mesure législative assez simple dans la mesure où elle modifie la clause de droits acquis en établissant un plancher actualisé à 2015 plutôt qu’à 1985. Plus précisément, cette mesure vise à faire en sorte que lors d’un prochain redécoupage, aucune province ne reçoive moins de sièges qu’elle n’en avait en 2015, au cours de la 43e législature. Cela signifie que, pour ma province, l’Alberta, le plancher du nombre de sièges qui lui sera attribué lors d’un redécoupage sera augmenté de 13, soit les 13 sièges qu’elle a gagnés entre 1985 et 2015.
C'est en fonction d'un principe fondamental du processus démocratique canadien — la représentation selon la population — qu'on procède à l'attribution des sièges. La représentation selon la population est fondée sur la notion selon laquelle le vote de chaque Canadien devrait avoir le même poids, peu importe la région du Canada où on vit. C'est un principe qui a été adopté en 1867 par les Pères de la Confédération et qui est enchâssé dans la Constitution.
Même s'il s'agit d'un principe fondamental, la représentation selon la population n'est pas pratique. En effet, elle n'est pas totalement souhaitable à cause de différents facteurs, dont l'immensité du Canada. De plus, la Constitution elle-même est un obstacle à l'atteinte de la représentation selon la population absolue. Par exemple, la disposition sénatoriale de 1915 garantit que toutes les provinces auront au moins le même nombre de députés à la Chambre des communes qu'il y a de sénateurs au Sénat. C'est pourquoi l'Île-du-Prince-Édouard dispose de quatre sièges à la Chambre des communes même si cette province compte moins de 16 000 habitants.
Ma circonscription, St. Albert—Edmonton, est presque aussi vaste que l'Île-du-Prince-Édouard. Un peu plus au sud, mon collègue et ami d' représente plus de 200 000 personnes, soit 40 000 ou 50 000 de plus que la population de l'Île-du-Prince-Édouard. Certains diront qu'il suffit d'annuler ou d'abroger la disposition sénatoriale, mais il faut pour cela le consentement unanime des provinces, et je doute que l'Île-du-Prince-Édouard soit enchantée par cette idée.
S'il n'est pas possible de parvenir à une représentation en fonction de la population de manière absolue, il est tout de même important de tenir compte de ce que la Cour suprême du Canada a indiqué dans son arrêt concernant la délimitation des circonscriptions électorales de la Saskatchewan, en 1991. Cette affaire portait sur le redécoupage des circonscriptions électorales de la Saskatchewan, qui avait tendance à favoriser de façon disproportionnée les régions rurales au détriment des régions urbaines plus populeuses. La Cour s'est penchée sur l'article 3 de la Charte, qui garantit le droit de vote de chaque Canadien et, dans le contexte du redécoupage électoral de la Saskatchewan, la Cour suprême a déterminé que le principe prépondérant est celui de la représentation effective.
En ce qui a trait à la représentation effective, la Cour a reconnu l'existence de facteurs comme la géographie, les communautés d'intérêts, et cetera. Cela dit, la Cour a insisté sur l'importance de la représentation en fonction de la population. À cet égard, je cite la juge McLachlin:
Quelles sont les conditions de la représentation effective? La première est la parité relative du pouvoir électoral. Le système qui dilue indûment le vote d'un citoyen comparativement à celui d'un autre, court le risque d'offrir une représentation inadéquate au citoyen dont le vote a été affaibli.
Pour avoir une représentation effective, il faut avoir, dans la mesure du possible, une représentation selon la population. Nous avons fait des progrès considérables en ce sens, grâce au leadership du premier ministre Harper et du gouvernement conservateur précédent, avec l'adoption de la .
La a remplacé la formule de 1985 qui établissait un quotient électoral, première étape dans la détermination de la répartition des sièges, par une formule qui fixe un nouveau quotient électoral. En termes très simples, le problème que pose la formule de 1985 est que même si elle était jugée équitable en 1985, elle ne permettait pas de répartir les sièges par province en fonction de la croissance démographique des provinces à plus forte croissance. Ainsi, ces provinces ont été privées de leur droit à une représentation équitable et proportionnelle à la Chambre des communes. Au fil du temps, cela a engendré un écart de représentation.
Par exemple, prenez ma province, l’Alberta, qui a gagné près d’un million d’habitants entre 1988 et 2004, mais qui en près de 20 ans, avec un million d’Albertains de plus, n’a gagné que deux sièges à la Chambre des communes. Selon une étude effectuée à l’époque par le Mowat Centre, l’écart de représentation était si important au moment de l’adoption de la que certaines analyses ont établi que les trois provinces canadiennes à plus forte croissance, soit l’Ontario, la Colombie-Britannique et l’Alberta, comptaient parmi les provinces ou les États les plus sous-représentés du monde industrialisé.
La a permis de combler considérablement l’écart de représentation en établissant une nouvelle formule, laquelle tient mieux compte de la croissance démographique tout en respectant le principe primordial de la représentation effective. Lors des deux derniers redécoupages, cela s’est traduit par une augmentation de la représentation de l’Ontario, de la Colombie-Britannique et de l’Alberta.
Ma province, l’Alberta, a gagné 9 sièges en l’espace de 10 ans. L’Ontario a gagné 18 sièges lors du premier redécoupage. La Colombie-Britannique a gagné 8 sièges. Cet écart est en train de se combler grâce à l'héritage du premier ministre Harper qui inclut la formule prévue par la Loi sur la représentation équitable.
Pour conclure, je dirai que ce projet de loi n’aurait aucune incidence majeure sur la formule Harper, ce qui me réjouit. Elle maintiendrait la formule Harper et, à cet égard, elle maintient l’étape importante vers l’atteinte d’une représentation beaucoup plus proche de la population, ce qui, selon la Cour suprême, est essentiel à une représentation effective.