propose que le projet de loi , soit lu pour la deuxième fois et renvoyé à un comité.
— Madame la Présidente, je suis heureuse d'intervenir à la Chambre aujourd'hui pour prendre part à la discussion sur le projet de loi , qui vise à appuyer des restrictions sur les publicités commerciales de certains aliments et boissons destinés aux enfants.
Étant donné que l'environnement alimentaire d'aujourd'hui est diversifié et comprend l'accès à des repas-minute et des aliments ultra-transformés, il est difficile pour les Canadiens de faire des choix alimentaires sains. Le problème a moins à voir avec notre volonté individuelle qu'avec les aliments auxquels nous avons accès et qui sont commercialisés de façon dynamique.
Les publicités sur ces types d'aliments sont omniprésentes. Par conséquent, les Canadiens sont exposés à beaucoup d'aliments qui contribuent à la consommation excessive de sucres, de graisses saturées et de sodium dans leur régime alimentaire. Il n'est donc pas étonnant que les Canadiens continuent d'avoir de la difficulté à s'orienter dans l'environnement alimentaire et à prendre des décisions alimentaires saines.
Il est indéniable que le Canada est aux prises avec une crise de maladies chroniques, et les mauvaises habitudes alimentaires y jouent un rôle clé. La portée de cette crise est ahurissante, et les mauvaises habitudes alimentaires, avec des apports trop élevés de sucre, de gras saturés et de sodium, constituent un facteur de risque modifiable clé contre l'obésité et les maladies chroniques. Il a été rapporté que, pour la première fois dans l'histoire, des enfants ont passé leur vie à manger des aliments ultra-transformés et à faible valeur nutritive. En fait, les Canadiens se classent au deuxième rang des principaux acheteurs d'aliments et de boissons ultra-transformés au monde, derrière les Américains. De plus, des études ont démontré qu'au Canada, un enfant sur trois fait de l'embonpoint ou est obèse, et est donc plus susceptible de développer des problèmes de santé comme un taux de cholestérol élevé, de l'hypertension artérielle, des problèmes articulaires, du diabète de type 2, une maladie cardiovasculaire et même certaines formes de cancer plus tard dans la vie.
En 2019, les facteurs de risque liés à l’alimentation ont contribué à environ 36 000 décès, et le fardeau financier des maladies chroniques principalement liées à l'alimentation et à d'autres facteurs de risque modifiables a été évalué à 13,8 milliards de dollars au Canada. Avec des taux et des chiffres aussi alarmants, il est indéniable que la question de notre environnement alimentaire requiert notre attention, car elle représente un problème de santé publique de plus en plus grave.
Même si plusieurs facteurs contributifs influencent notre diète, les publicités d’aliments sont l’un des facteurs les plus importants. La publicité a un impact considérable sur les préférences des enfants et sur leurs habitudes de consommation. Un rapport présenté en 2016 par la Commission pour mettre fin à l’obésité de l’enfant de l’Organisation mondiale de la santé concluait qu’il y a des preuves sans équivoque que le marketing des aliments et des boissons qui contribue à une consommation excessive de sucre, de gras saturés et de sodium par les enfants avait pour répercussions négatives l’obésité et d’autres maladies. Le rapport recommande que toute tentative de s’attaquer à ce grave problème de santé inclue la limitation des publicités et du marketing de certains aliments et de certaines boissons visant les enfants.
Même avant la pandémie de COVID‑19, on signalait que plus de 90 % des publicités de produits alimentaires et des boissons vues par des enfants en ligne ou à la télévision concernaient des produits à teneur élevée en sucre, en gras saturés et en sodium. Les enfants de 9 à 13 ans obtiennent plus de calories provenant d’aliments ultra-transformés — près de 60 % — que tout autre groupe d’âge.
La pandémie de COVID‑19 a exacerbé l’urgence de nous attaquer aux habitudes alimentaires malsaines, car les enfants qui ont été confinés chez eux pendant la pandémie ont été assujettis, par différents médias et dans différents contextes, à une quantité alarmante de publicités d’aliments et de boissons malsaines. Les statistiques montrent qu’un tiers des Canadiens avaient augmenté leur consommation de malbouffe ou de sucreries trois mois seulement après le début de la pandémie, comme façon de composer avec le stress de la situation.
Il est généralement admis que les enfants sont particulièrement vulnérables aux publicités et qu'ils sont susceptibles de voir leurs préférences alimentaires, leurs attitudes, leurs demandes d'achats, leurs habitudes de consommation et leur santé générale être influencées par ces publicités. Les enfants sont fortement exposés à des publicités, par l'entremise de divers médias, emballages ou affichages, qui font la promotion d'aliments contribuant de façon disproportionnée à une consommation excessive de sucre, de gras saturés et de sodium. L'industrie canadienne des aliments et des boissons dépense environ 1,1 milliard de dollars par année dans des campagnes publicitaires ciblant les enfants. Elle a recours à des concepts de produits, à des dessins animés, à des personnages identifiables et à des thèmes de fantaisie et d'aventure pour les intéresser.
En misant sur la portée, la fréquence et l'efficacité des publicités, les entreprises arrivent à joindre des tout-petits dès l'âge de 3 ans. Compte tenu des données disponibles, il est évident que le gouvernement doit en faire plus et agir immédiatement pour mettre les enfants à l'abri des pratiques de publicité et de marketing inéquitables et trompeuses afin de protéger leur santé. C'est pourquoi le mandat du inclut la promotion d'une saine alimentation en mettant de l'avant la stratégie à ce sujet.
Les données montrent que de nombreux facteurs de notre environnement alimentaire influencent notre capacité à faire des choix alimentaires sains, comme l'accessibilité et la disponibilité d'aliments sains, les bas prix de certains produits et la promotion de certains aliments. Les aliments que nous voyons à l'épicerie, sur des menus de restaurant, dans les médias sociaux ou les publicités influencent fortement nos choix. Étant donné qu'il est très facile de se procurer des aliments à teneur élevée en sucre, en gras saturés et en sodium, nous devons agir pour interdire la publicité destinée aux enfants.
Le gouvernement a relevé ces difficultés en 2016. Il a alors lancé la Stratégie en matière de saine alimentation pour faire en sorte que le choix le plus sain soit plus facile à faire pour les Canadiens. La stratégie vise à améliorer l'information nutritionnelle et la compréhension de celle-ci, à favoriser un meilleur accès aux aliments sains, et à protéger et à soutenir les populations vulnérables et marginalisées.
Le gouvernement du Canada a déjà fait de grands progrès. En 2016, le gouvernement a amélioré le tableau de la valeur nutritive et la liste des ingrédients, ce qui a permis aux Canadiens de faire des choix plus éclairés. En 2018, il a interdit la présence de gras trans industriels dans les aliments. En 2019, il a publié une nouvelle version du Guide alimentaire canadien, qui donne aux Canadiens des conseils pertinents, uniformes et crédibles en matière d'alimentation. En 2020, il a publié des cibles de réduction du sodium pour encourager la réduction du sodium dans le secteur de l'alimentation. Toutefois, il reste beaucoup à faire.
Le gouvernement est déterminé à faire avancer les remarquables initiatives de la Stratégie en matière de saine alimentation et à mettre en œuvre les mesures préventives qui visent à promouvoir les modes de vie sains. Il reste donc à finaliser le travail sur l'étiquetage nutritionnel sur le devant de l'emballage pour promouvoir les choix santé, et à soutenir les restrictions concernant le marketing commercial et la publicité à l'intention des enfants pour certains aliments et certaines boissons. En offrant les bons outils aux Canadiens pour consulter, comprendre et utiliser les informations nutritionnelles, on leur permet de faire des choix santé.
Cependant, d'autres facteurs, en particulier le flot constant de messages publicitaires et de promotions commerciales, influencent nos achats. Ces techniques de vente agressives visent à promouvoir des aliments contenant des quantités excessives de sucre, de gras saturés et de sodium. Les enfants sont particulièrement vulnérables face à la publicité. Par conséquent, il faut mettre en place les mesures de protection nécessaires pour leur santé et leur bien-être: les pratiques de marketing leur étant destinées doivent être réglementées. Les parents doivent disposer des outils nécessaires pour aider leurs enfants à adopter de saines habitudes et préférences alimentaires.
Le projet de loi vise à protéger la santé et le bien-être des enfants. Il propose de modifier la Loi sur les aliments et drogues afin d’interdire la publicité d’aliments et de boissons destinée à des personnes âgées de moins de 13 ans. L'article 2 du projet de loi C‑252 ajoute la définition d'« enfants », stipulant qu'il s'agit de personnes âgées de moins de 13 ans.
Conformément à la définition donnée dans la Loi sur les aliments et drogues, « aliment » inclut les boissons, et « publicité » est définie en termes généraux comme étant la représentation, par tous les moyens de promotion directe ou indirecte, de produits dont la vente est assujettie à la loi. La notion de publicité accorde une importance égale à tous les moyens médiatiques, y compris les dernières technologies et les méthodes publicitaires en évolution. L'article 4 du projet de loi ajoute un paragraphe à la Loi sur les aliments et drogues qui s'intitule « Publicité destinée aux enfants » et...
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Madame la Présidente, je continue. La Loi sur les aliments et drogues considère que les aliments comprennent les boissons. De plus, la publicité, définie de manière large, comprend toute représentation, par tout moyen, en vue de stimuler directement ou indirectement la vente de produits soumis à la loi.
La notion de publicité n'est liée à aucun média en particulier; elle comprend les dernières technologies et les méthodes en constante évolution.
L'article 4 du projet de loi ajoute à la Loi sur les aliments et drogues une section intitulée « Publicité destinée aux enfants », afin que des dispositions et des règlements définissent les mécanismes de commercialisation et de publicité qui seraient interdits.
L'article 7.3 prévoit que, cinq ans après l'adoption du projet de loi , un examen serait fait par un comité du Sénat, de la Chambre ou un comité mixte afin d'évaluer s'il y a eu une augmentation de la publicité d'aliments et de boissons qui contribuent à un excès de sucre, de gras saturés ou de sodium dans le régime alimentaire des enfants du groupe d'âge suivant, c'est-à-dire de 13 à 16 ans.
Enfin, l'article 6 du projet de loi stipule que la loi entrera en vigueur un an après avoir reçu la sanction royale.
Appuyer le projet de loi , c'est faire en sorte que la commercialisation et la publicité ne puissent pas contourner les parents et cibler directement les enfants.
Pour conclure, nous avons tous la possibilité de contribuer aux efforts en apportant des modifications importantes à notre environnement alimentaire. Le gouvernement a pris des mesures importantes pour créer des conditions qui rendent les choix sains plus faciles à faire pour les Canadiens. Cela dit, il reste encore du travail à faire.
Nous sommes déterminés à mettre en œuvre les autres initiatives stratégiques clés afin de promouvoir davantage la saine alimentation au Canada et ainsi améliorer de façon importante la santé à long terme des Canadiens. Cela passe notamment par des mesures pour faciliter l'adoption de saines habitudes alimentaires chez les enfants afin d'atténuer les risques d'obésité et de maladie chronique liée à l'alimentation. Une population en santé, y compris les enfants, non seulement c'est essentiel pour réduire les risques de souffrir de problèmes de santé majeurs, ce qui réduit par le fait même les besoins en soins de santé, mais cela contribue aussi à la santé économique.
Certains parlementaires se rappelleront peut-être qu'un projet de loi semblable, le projet de loi , a d'abord été présenté au Sénat en 2016, ce qui a contribué à lancer les efforts visant à imposer des restrictions sur la publicité destinée aux enfants. Il a été adopté au Sénat, la Chambre en a débattu et a proposé des amendements, puis le projet de loi a été renvoyé au Sénat, mais on n'a pas pu se rendre au vote final avant la dissolution du Parlement, en 2019.
Depuis ce temps, des intervenants de l'industrie ont pris des mesures pour s'attaquer au problème de la publicité destinée aux enfants, mais leurs efforts d'autoréglementation n'ont été déployés que sur une base volontaire, sans mesures de surveillance adéquates. Les enfants du pays sont donc encore exposés à ces publicités.
Il convient de noter que l'imposition de limites sur la publicité destinée aux enfants est déjà obligatoire dans les pays comme le Portugal, le Mexique et le Chili, et que l'Argentine et l'Espagne sont en train d'élaborer de nouvelles mesures réglementaires en ce sens. Plus important encore, en juillet 2021, au Royaume-Uni, on a présenté un projet de loi qui impose des restrictions sur la publicité des produits riches en matières grasses, sucres et sel. Il vient de recevoir la sanction royale jeudi dernier le 28 avril et sera mis en œuvre dans moins d'un an, le 1er janvier 2023.
Chers collègues, le Canada doit emboiter le pas. La question qui nous occupe est non partisane et j'ose espérer que je pourrai compter sur le soutien de tous les parlementaires à la Chambre, ainsi qu'au Sénat, pour l'adoption du projet de loi , pour le bien de nos enfants et des générations à venir. J'aimerais remercier les chercheurs, surtout la Dr Monique Potvin Kent, la Coalition Poids, la Coalition québécoise sur la problématique du poids, la Coalition Arrêtons la pub destinée aux enfants, les agences de services paramédicaux, la Fondation des maladies du cœur et de l'AVC du Canada et la Childhood Obesity Foundation, qui ont travaillé fort pour appuyer les objectifs du projet de loi C‑252 et sa version précédente.
J'attends avec impatience l'adoption et la mise en œuvre du projet de loi .
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Madame la Présidente, je suis heureuse de prendre la parole au sujet du projet de loi . Il s'agit d'un projet de loi bien intentionné qui tente de s'attaquer à un problème grave au Canada, l'obésité juvénile.
Au cours d'une des législatures précédentes, j'étais la porte-parole en matière de santé lorsque l'ancienne version du projet de loi a été présentée au Sénat. Nous savons que la sénatrice Nancy Greene Raine l'avait présenté. Elle a d'ailleurs été un peu taquinée à ce sujet. Comme beaucoup d'entre nous le savent, elle a été une skieuse assez célèbre, mais elle avait fait beaucoup de publicité pour les barres Mars. Elle a donc fait l'objet de quelques taquineries lorsqu'elle a présenté le projet de loi .
Cependant, il s'agit vraiment d'un problème très grave, car près d'un enfant sur trois au Canada est obèse et ce nombre ne fait qu'augmenter. Il est certain que la pandémie n'a pas amélioré la situation. Je crois que nous convenons tous, même ceux d'entre nous qui ne sont plus des enfants, que nous avons probablement passé trop de temps à la maison à grignoter et à prendre du poids.
Le projet de loi vise à réduire l'obésité chez les enfants en contrôlant le marketing destiné spécifiquement aux enfants. De nombreux endroits disposent déjà d'une telle mesure législative. On a déjà parlé du Québec. Le Chili en a déjà une depuis longtemps. Le problème, c'est que cela ne fonctionne pas. C'est le principal problème. Ce qui se produit, c'est que le succès est mesuré en fonction du nombre d'emballages que l'on arrive à faire modifier pour ne plus qu'ils soient dirigés vers les enfants. En réalité, il faudrait mesurer la réduction de l'obésité chez les enfants. C'est important parce que l'obésité n'est pas qu'un grave problème de santé, c'est aussi une cause de décès.
Parmi les problèmes de santé liés à l'obésité, il y a notamment l'hypertension artérielle et les maladies cardiaques. Voilà ce qui tue principalement les Canadiens: les maladies cardiaques et les accidents vasculaires cérébraux. Le diabète de type 2 entraîne également des conséquences très graves. À l'heure actuelle, 11 millions de Canadiens sont diabétiques ou prédiabétiques. Il est de notoriété publique qu'une combinaison d'alimentation saine et d'exercice aurait permis à de nombreux Canadiens d'éviter de développer le diabète de type 2. Il existe aussi beaucoup d'autres problèmes de santé, comme les maladies du foie, l'apnée du sommeil et les problèmes articulatoires, sans parler des conséquences émotionnelles. Il est facile d'imaginer les taquineries et l'intimidation dont sont souvent victimes les enfants obèses à l'école. Cela peut aussi causer des séquelles permanentes.
Je suis tout à fait disposée à lutter contre l'obésité chez les enfants, qui a triplé au cours des 30 dernières années au Canada. C'est une véritable épidémie. En 2012, le Québec a adopté une loi semblable, mais il a quand même connu une hausse de 30 % de l'obésité durant cette période.
Je crois que si on se penche sur les causes profondes de l'obésité et ce que la science médicale en dit, il faut en fait s'attarder à quatre facteurs importants.
Le premier est la génétique, et on ne peut pas y faire grand-chose. Nous sommes en quelque sorte nés ainsi. Je sais que les membres de certaines familles restent minces à vie même s'ils mangent beaucoup plus que je n'en suis capable. Je les envie, c'est certain, mais comme il n'y a rien que je puisse faire au sujet de mes propres gènes, je doute que le gouvernement puisse y faire quoi que ce soit lui non plus.
Il y a ensuite évidemment le métabolisme, le taux métabolique. En règle générale, le taux métabolique des hommes est plus élevé que celui des femmes. Cela peut donc être un facteur. Bien entendu, les problèmes de thyroïde peuvent aussi avoir une incidence sur le métabolisme. Là encore, le gouvernement ne peut pas y faire grand-chose.
Il y a aussi le mode de vie, dont font partie le régime alimentaire et l’activité physique. Voilà une catégorie où le gouvernement peut vraiment avoir un impact. Il y a eu des études ailleurs sur la planète, et les endroits qui ont les meilleurs résultats et les plus faibles taux d’obésité dans le monde sont des pays comme le Danemark, la France, l’Irlande, la Lettonie et la Norvège. Que font-ils de si efficace? Ce sont des pays européens où les gens se déplacent beaucoup plus souvent à pied et à vélo que nous. Les écoles font l’effort de servir de plus petites portions de nourriture, d’éviter la friture et d’offrir une plus grande quantité de légumes. En France, les enfants ont trois récréations pour aller bouger, en plus des cours d’éducation physique hebdomadaires. L’alimentation saine et l’activité physique sont donc intégrées dans la vie scolaire.
Je me souviens très bien de l'époque où j'allais à l'école. Gardons à l'esprit que c'était une autre époque et que je suis plus âgée que de nombreux députés ici présents, mais pour ce qui est du régime alimentaire, chez nous, ce n'était pas reluisant. Il y avait des Frosted Flakes, des Lucky Charms, des Cocoa Puffs et des Alphabits pour le petit-déjeuner. Ma mère nous laissait tremper nos rôties dans du sirop d'érable. Nous mangions des sandwichs de pain blanc au baloney, du Dîner Kraft et du Beefaroni, ce genre de choses. À l'époque où je grandissais, nous mangions des sandwichs saupoudrés de bonbons. Rien de ce régime ne serait considéré comme sain aujourd'hui.
À l'époque, il n'y avait pas d'enfants obèses dans notre région, car nous courions toute la journée. Nous courions à l'école en jouant au soccer. Après l'école, nous jouions à cache-cache, nous courions au parc et nous sautions des barres de suspension. Tout tournait autour de l'activité. Il y avait un programme en particulier appelé Participaction, qui visait à faire bouger les enfants et à les rendre actifs. Je pense vraiment que c'est quelque chose qui mérite qu'on s'y attarde, en plus de l'évolution vers des aliments plus sains.
L'environnement est le quatrième facteur d'importance selon les experts. On a déjà abordé la question de l'environnement scolaire et des mesures qu'il est possible de prendre dans ce milieu. Il est par ailleurs essentiel que les gens aient accès à des aliments nutritifs et à des installations sportives, et qu'ils fassent du sport. Or, à l'heure actuelle, le coût de la vie nuit à cette accessibilité. Voilà un domaine où le gouvernement pourrait intervenir. Quand on y pense, les augmentations de la taxe sur le carbone ont entraîné une hausse des coûts du chauffage domestique, de l'essence et de l'épicerie, surtout des fruits et légumes frais, une hausse qui va bien au-delà de ce que les personnes ayant un faible revenu et peut-être même celles ayant un revenu fixe peuvent se permettre de payer. En conséquence, leur régime alimentaire ne sera pas aussi nutritif. Le gouvernement pourrait donc améliorer la situation en rendant le coût de la vie plus abordable.
Parallèlement, puisqu'on pige autant dans le portefeuille de tout le monde, la majeure partie de la prestation fiscale pour enfants n'aidera pas les enfants à faire du sport ni les parents à payer pour ce genre d'activités, comme on le prévoyait; elle servira plutôt à payer les factures. Le crédit d'impôt pour les activités sportives qui était offert auparavant était pourtant une mesure concrète qui encourageait les parents à inscrire leurs enfants à des activités sportives. Il s'agit là de quelques idées de mesures que le gouvernement pourrait mettre en place et qui feraient vraiment une différence.
En ce qui concerne les conséquences négatives imprévues, lorsque le comité en a discuté durant le débat sur la version précédente du projet de loi, il a constaté que de nombreuses entreprises comme Tim Hortons et McDonald commanditent les activités sportives des enfants. On souhaitait leur accorder une exemption pour qu'elles ne soient pas punies et puissent continuer à commercialiser leurs produits, même si certains les considéreraient comme malsains. Quand la version actuelle du projet de loi sera renvoyée au comité, il vaudrait la peine d'examiner ces exemptions.
Le comité avait aussi discuté de l'application. Tous les régimes qui ont présenté des mesures législatives comme celle-ci ont eu du mal à les appliquer, et cela sera bien plus difficile maintenant que nous sommes à l'ère numérique. En effet, les enfants ont accès à Internet. Il est très difficile de les empêcher de voir du contenu d'autres pays. C'est une autre chose qui est difficile à appliquer.
Il y a des gens qui diront qu'il faudrait mettre l'accent sur la responsabilité parentale, c'est‑à‑dire que la solution serait que les parents fassent des choix sains et qu'ils apprennent à leurs enfants à en faire eux aussi. Puis, il y a ceux qui soutiennent que tout le monde devrait être libre de faire ses propres choix. Si j'avais devant moi un sac de croustilles noir avec une tête de mort, je mangerais probablement quand même les croustilles à l'intérieur, mais les gens devraient pouvoir faire leurs propres choix. Je suis d'accord avec cela jusqu'à un certain point, mais je crois que tout doit être fait avec modération. Cela étant dit, je ne crois pas que les mesures en place ont été efficaces. Nous devons donc faire tout notre possible pour réduire l'obésité dans notre pays et aider nos enfants.
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Madame la Présidente, je suis bien contente de prendre la parole aujourd'hui au sujet du projet de loi de la députée de .
C'est un projet de loi qui, à la base, vise à apporter une modification législative à la Loi sur les aliments et drogues dans le but d'interdire précisément la publicité « d'aliments et de boissons qui contribuent à un excès de sucre, de gras saturés ou de sodium dans le régime alimentaire des enfants » aux personnes âgées de moins de 13 ans. On vise donc spécifiquement la publicité faite aux enfants pour des boissons sucrées, en majorité. Le projet de loi prévoit également que les effets de ces mesures seront réétudiés dans cinq ans par un comité soit de la Chambre, soit du Sénat, ou par un comité mixte.
Le problème auquel le projet de loi vise à s'attaquer est assez criant. On n'a qu'à regarder les statistiques. Un rapport de 2016 du directeur national de santé publique, au Québec, mentionnait que déjà 52 % de la population, adultes et enfants confondus, avaient un surplus de poids et que 18 % étaient carrément en situation d'obésité. Selon les projections les plus optimistes, on peut s'attendre à ce que ces proportions atteignent, en 2030, 54 % pour ce qui est du surpoids et 21 % pour ce qui est de l'obésité. Il s'agit d'une augmentation assez rapide.
En regardant précisément la situation des enfants à l'échelle du Canada, on peut remarquer qu'il y a eu des différences marquées au cours des dernières décennies. Par exemple, entre les années 1978‑1979 et 2004, la prévalence combinée de surpoids et d'obésité chez les enfants âgés de 2 à 17 ans est passée de 15 % à 26 %. La tranche d'âge pour laquelle l'augmentation a été la plus marquée est celle des 12 à 17 ans, où les taux de surpoids et d'obésité combinés sont passés de 14 % à 29 %. C'est pratiquement le double.
Il est vraiment urgent de traiter ce problème, considérant toutes les comorbidités associées à un état de surpoids ou d'obésité. On peut penser aux maladies cardiovasculaires. Elles nous viennent rapidement à l'esprit, surtout qu'elles représentaient la première cause de décès dans la population en 2012. On peut évidemment penser au diabète, alors qu'on peut faire un lien assez direct avec les boissons sucrées. On peut penser à différents troubles musculo-squelettiques, notamment l'arthrose, et à d'autres maladies dégénératives qui sont généralement très invalidantes. Enfin, il y a également une prévalence plus marquée de certains cancers ayant comme comorbidité le surpoids ou l'obésité, notamment les cancers de l'endomètre, du sein, des ovaires, de la prostate, du foie, de la vésicule biliaire, du rein et du colon. C'est un problème qui est global et qui est appelé à devenir de plus en plus marqué si on ne fait rien.
Le projet de loi s'adresse spécifiquement à la publicité faite aux enfants. Il est intéressant de se pencher sur les conséquences que la publicité peut avoir sur les enfants de façon générale. On le constate: sans qu'on s'en rende compte, nos tout-petits de plus en plus des consommateurs en puissance. On a peut-être tendance à un peu trop l'oublier. Voici donc quelques données intéressantes.
Comme on le sait, les enfants ont un pouvoir économique à la fois direct et indirect. Ils influencent près de 40 % des achats faits par les familles. À l'échelle mondiale, les dépenses que les enfants font directement ont aussi tendance à constamment augmenter. Au Canada, en 2004, les enfants âgés de 4 à 12 ans ont influencé les achats familiaux pour un montant de 20 milliards de dollars. C'est de l'influence indirecte. En 2002, on recensait que, à même leur argent de poche, 4 millions d'enfants de 2 à 12 ans auraient dépensé 1,5 milliard de dollars. En 2006, on chiffrait ce montant à 3 milliards de dollars. Aux États‑Unis, on constate la même chose: ce montant double d'une décennie à l'autre.
On sait aussi qu'il y a une stratégie commerciale derrière la publicité qui s'adresse aux enfants. On vise à fidéliser une clientèle dès son jeune âge. Dès l'âge de 6 mois, on sait que les bébés ont la capacité de former des images mentales de logos corporatifs et de mascottes. Dès l'âge de 3 ans, un enfant américain sur cinq réclame des produits de marque spécifique. Sur les six marques de commerce les plus reconnues par les tout-petits, quatre proviennent du secteur alimentaire.
En tout, 93 % des enfants de 3 à 5 ans reconnaissent le logo de McDonald's. Le fait qu'ils le reconnaissent est une chose, mais on peut se demander si cela fonctionne. À ce sujet, la donnée suivante est assez intéressante: quand on présente à un enfant âgé de 3 à 5 ans des frites dans un emballage McDonald's et les mêmes frites dans un autre emballage, il va systématiquement préférer celles qui sont dans l'emballage McDonald's. On voit donc que cela a une incidence.
Cela me ramène une quinzaine d'années en arrière, quand j'ai commencé ma formation de juriste. Un des premiers cours que j'ai suivi — et adoré — est un cours de droit de la consommation avec le professeur Pierre-Claude Lafond, qui m'a encouragée à continuer dans ma formation. On voyait déjà les conséquences des lois en matière de publicité. Pensons notamment aux publicités américaines de médicaments, très longues, qui précisent le nom du médicament, son utilité, ses nombreux effets secondaires et autres. Par contraste, au Canada, on ne peut pas à la fois mentionner le nom du médicament et son utilité. Nos publicités invitent donc plutôt les gens à en parler à leur docteur.
C'est la même chose pour les jouets pour enfants. Je me souviens que lorsque j'étais toute jeune, je changeais systématiquement de poste à la télévision pour voir les publicités américaines, parce que je les trouvais tellement plus intéressantes. Comme enfants, nous voyions des jouets de toutes sortes. Donc, on constate que cela a eu une incidence.
Le projet de loi présente des limites. J'invite donc le comité qui l'étudiera, ou le comité chargé de sa révision quinquennale, à se pencher sur certaines questions.
Pour que cela soit efficace, pour qu'on puisse vraiment combattre l'obésité et le surpoids chez les enfants, il faut plus que la seule mesure publicitaire. Elle doit s'inscrire dans un mouvement plus large. On peut penser au Québec qui, en 2019, a instauré son plan d'action pour réduire la consommation de boissons sucrées et pour promouvoir l'eau. En plus d'avoir sa propre loi interdisant la publicité aux moins de 13 ans, le Québec a aussi sa politique en la matière.
On peut se rappeler que le Québec n'a pas participé à l'élaboration d'un cadre fédéral. Dans le contexte où on veut une loi pour encadrer la publicité, il faut s'assurer que cela se fait en concomitance avec les provinces. La députée de a fait état du fait que les enfants bougent beaucoup moins. Tout ce qui relève de la santé, en général, est une compétence des provinces. Il faut donc s'assurer d'une collaboration entre le fédéral, au chapitre de la Loi sur les aliments et drogues, et ce qui relève des champs de compétence des provinces. Je suggère donc qu'on l'étudie en comité.
Comme je le mentionnais à la députée de , il faut également s'assurer d'être capable de vraiment éliminer les publicités fautives. C'est un élément que le professeur Lafond nous avait indiqué pendant que je suivais son cours.
Malgré la très bonne loi dont il surveille l'application, l'Office de la protection du consommateur, ou OPC, n'arrivait pas à fournir à la demande. Le professeur nous avait expliqué que seuls les cas les plus flagrants étaient retirés des ondes, l'OPC n'ayant pas les ressources nécessaires pour traiter toutes les demandes et les plaintes. Il faut en effet déposer une plainte avant qu'une publicité soit retirée des ondes.
Puisque le présent projet de loi émane d'une députée et que ces projets de loi ne sont généralement pas assortis de ressources financières, il faudra peut-être se demander de quelle façon s'assurer de la mise en œuvre effective des modalités prévues par la loi.
Il faut aussi ne pas oublier qu'il risque toujours d'y avoir une espèce de zone grise entre ce qui est considéré être une publicité destinée spécifiquement aux enfants et ce qui ne l'est pas. L'industrie fait preuve de beaucoup d'imagination à ce chapitre.
En 2019, le Québec a produit un rapport sur la publicité alimentaire destinée aux enfants, dans lequel il soulevait plusieurs des façons qu'ont les compagnies de contourner quelque peu la loi. Pensons aux aliments ayant la forme d'un jouet: à quel point est-ce une publicité destinée aux enfants? Pensons aussi aux emballages qui changent selon les fêtes ou les films populaires du moment: visent-ils davantage les enfants ou les adultes, selon le film? Pensons également à l'utilisation de personnages populaires ou de marques, à des jeux de mots amusants, ainsi qu'à des formats spécifiques pour les enfants, de plus petite taille ou comprenant un jouet.
Que fait-on de la publicité affichée dans les aires familiales? Est-elle destinée spécifiquement aux enfants? Il faudra aussi voir de quelle façon sont placés les aliments dans les présentoirs des épiceries. Qu'est-il du style d'écriture utilisé dans une publicité, ou des références à la magie ou à la fantaisie? Je suggère que tous ces éléments soient étudiés par le comité qui va évaluer le projet de loi afin qu'il soit — ce qu'on espère — le plus efficace possible.
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Madame la Présidente, un enfant choisirait de manger un caillou plutôt qu'une banane si le caillou était couvert d'autocollants. C'est ce que montrent les recherches. Dans un épisode de
Dateline, on a remis à des enfants un caillou couvert d'autocollants de personnages de dessins animés et une banane puis on leur a demandé lequel des deux ils voudraient manger. Les enfants choisissaient le caillou en raison de la présence des personnages de dessins animés qu'ils connaissaient. La publicité qui cible les enfants fonctionne et les entreprises le savent.
Les enfants de moins de 8 ans sont les plus susceptibles d'être influencés par la publicité sur les aliments, parce qu'ils ne comprennent pas l'objectif commercial de persuasion des publicités. Il y a consensus parmi les principaux pédiatres canadiens et les organisations du secteur de la santé au sujet des impacts concrets, importants et dommageables que les publicités sur les aliments et les boissons ont sur le développement des enfants.
Le Québec a reconnu cette situation il y a plus de 40 ans et s'est doté de mesures de protection pour interdire les publicités qui ciblent les enfants de moins de 13 ans. Les enfants québécois, depuis 1980, sont protégés contre cette pratique nocive menée par les entreprises. Ailleurs dans le monde, des mesures législatives similaires ont été adoptées comme en Norvège, au Royaume‑Uni, en Irlande, en Suède et au Portugal.
Les limites imposées par le Québec en matière de publicité s'adressant aux enfants ont eu un impact positif sur l'alimentation, notamment par une réduction de la consommation de repas de restauration rapide de 13 %. C'est également au Québec qu'on recense le plus faible taux d'obésité chez les enfants de 5 à 17 ans et le plus haut taux de consommation de fruits et de légumes au Canada. Le Québec a prouvé qu'encadrer la publicité qui s'adresse aux enfants fonctionne.
Les Canadiens sont les deuxièmes plus grands acheteurs, après les Américains, d'aliments et de boissons ultra-transformés dans le monde. Près du tiers des enfants canadiens sont en surpoids ou obèses. Les recherches ont révélé que le lien entre l'obésité et l'exposition aux publicités d'aliments répond à tous les critères habituellement employés pour démontrer la causalité en épidémiologie. Nous savons que les enfants en surpoids risquent davantage de développer des problèmes de santé plus tard dans leur vie, notamment des maladies du cœur, du diabète de type 2 et de l'hypertension artérielle. Ce projet de loi nous donne l'occasion de protéger la santé des enfants du reste du Canada en réduisant la publicité commerciale d'aliments mauvais pour la santé.
L'adoption de bonnes habitudes alimentaires et l'exclusion des aliments malsains sont les éléments clés des politiques en matière de santé axées sur la prévention. Les néo-démocrates du Canada réclament depuis des années la mise en place d'une mesure visant à bannir les publicités commerciales de boissons et d'aliments malsains s'adressant aux enfants. En fait, mon collègue de a présenté, en 2012, un projet de loi prévoyant expressément l'interdiction de la publicité et de la promotion à des fins commerciales de produits, d'aliments, de médicaments, de cosmétiques ou d'appareils ciblant directement les enfants âgés de moins de 13 ans. Nous connaissons les liens entre ce genre de publicité et la santé à long terme. Les recherches ont également révélé que les enfants vivant en milieu défavorisé ou appartenant à une minorité ethnique sont exposés de façon disproportionnelle aux publicités d'aliments malsains. C'est tout simplement inacceptable.
Les néo-démocrates souhaitent que tous les enfants du Canada aient une relation saine avec la nutrition et avec les aliments qu'ils consomment. C'est pourquoi nous demandons aussi la création d'un programme national de nutrition dans les écoles afin que tous les élèves aient accès à des aliments nutritifs et qu'une alimentation saine au quotidien mène à de bonnes habitudes qui dureront toute la vie.
Je prends un moment pour saluer la Ville de Port Moody. Son conseil municipal m'a écrit dernièrement pour me dire que la Ville soutient pleinement la section britanno-colombienne de la Coalition pour une saine alimentation scolaire. Ce réseau en pleine croissance compte plus de 160 organisations membres. Il cherche à obtenir des fonds publics pour financer un programme universel et à frais partagés de saine alimentation scolaire pour tous les enfants et les adolescents du Canada. Je salue la coalition et j'appuie pleinement son objectif.
Au Canada, 90 % des aliments proposés aux enfants et aux adolescents à la télévision et en ligne sont mauvais pour la santé. Ajoutons que les trois quarts des enfants sont exposés à des publicités d'aliments lorsqu'ils utilisent leurs applications de médias sociaux préférés. La publicité destinée aux enfants a énormément changé depuis 10 ans. De nos jours, elle est intégrée, sophistiquée et souvent interactive. La frontière entre la publicité et les divertissements des enfants devient floue, puisqu'on insère des messages publicitaires là où les enfants apprennent et s'amusent.
La publicité en ligne, en particulier, est devenue de plus en plus répandue. Les spécialistes du marketing ciblent directement les enfants par l'intermédiaire de sites web, d'applications et d'autres plateformes numériques. Ces publicités sont souvent présentées comme un divertissement. Elles ont même un nom: le « publidivertissement ». Un publidivertissement est un jeu interactif en ligne qui contient du contenu média intégré dans le but de promouvoir des marques ou des produits spécifiques.
Selon des études scientifiques, les publidivertissements sont largement utilisés pour commercialiser des produits à forte teneur en sel, en sucre et en graisses. Une méta-analyse de 2018 portant sur 15 études mondiales portant sur des enfants âgés de 5 à 17 ans a révélé que 97 % de tous les publidivertissements sur les aliments et les boissons contiennent au moins un signal alimentaire considéré comme un identifiant de marque. Ceux-ci placent un produit alimentaire de marque, tel que des céréales, une boisson gazeuse ou des collations, dans la bouche d'un personnage populaire auprès des enfants. Même les enfants de 15 ans ne voient pas de la publicité en ces publidivertissements.
Les recherches montrent que les publidivertissements persuadent les enfants à un niveau émotionnel subconscient et peuvent modifier leur comportement sans qu'ils en aient conscience. Dans une étude présentée dans ScienceDirect, les auteurs ont même soulevé la question éthique fondamentale de l'utilisation de cette technique chez les enfants. En outre, comme les publidivertissements ne comportent généralement pas de restriction liée à l'âge, il est également probable que les enfants accèdent à des publidivertissements qui ne sont pas adaptés à leur âge. Les parents et les enfants ignorent souvent que les publidivertissements comportent un élément de marketing.
L'apparition de nouvelles méthodes publicitaires ne veut pas dire qu'on devrait cesser de se pencher sur les publicités conventionnelles diffusées à la télévision. Selon une étude de 2019 menée dans 22 pays, pendant les heures de grande écoute, les enfants canadiens de moins de 18 ans ont été exposés à 13 publicités par heure sur des aliments à forte teneur en sucre, en sel ou en gras, alors que la moyenne mondiale était seulement de trois publicités par heure. De façon générale, les publicités pour des aliments et des boissons portaient le plus fréquemment sur des boissons gazeuses, des eaux aromatisées, du chocolat et des confiseries. Globalement, l'étude a établi qu'il y a quatre fois plus de publicités pour des aliments à forte teneur en sucre, en sel ou en gras que pour des aliments sains, et la majorité de ces publicités viennent d'un petit nombre de multinationales. Ces entreprises ont un effet à long terme sur la santé et les habitudes alimentaires des enfants.
Pire encore, la corrélation entre la publicité pour des aliments malsains et l'obésité chez les enfants est contestée dans des rapports commandés par l'industrie, qui recommandent de promouvoir l'activité physique et de faire des campagnes pour la perte de poids plutôt que d'adopter des politiques visant à limiter l'exposition à ces publicités. La réalité, c'est qu'on doit faire les deux. Un certain nombre d'études examinées par des pairs recommandent cette double approche. Dans une étude menée au Royaume‑Uni, on va jusqu'à dire que les gouvernements devraient imposer des restrictions pour limiter davantage l'exposition aux publicités sur les aliments à forte teneur en sucre, en sel ou en gras qui sont diffusées à la télévision et en ligne. Par ailleurs, Cancer Research UK a proposé d'interdire complètement la diffusion de toute publicité sur ces produits avant 21 heures. L'organisme recommande d'imposer cette interdiction également aux services de diffusion continue en ligne, et d'interdire aussi les publidivertissements en ligne, qui ont été conçus principalement pour faire la promotion d'aliments malsains. Voilà qui indique la gravité du problème.
Seules des mesures législatives pourront empêcher ces multinationales de tenter d'accroître la consommation d'aliments malsains, en particulier chez les enfants. De nombreuses études indiquent que les mesures visant l'exclusion volontaire de telles publicités sont inefficaces, et certaines données prouvent que la fréquence d'exposition à des publicités sur des aliments malsains demeure la même avant et après l'adoption de telles mesures.
Je terminerai en disant que les néo-démocrates ont demandé d'interdire la publicité d'aliments nocifs qui cible les enfants depuis des années. Nous croyons qu'il est indécent de laisser des entreprises prospères influencer les habitudes alimentaires à court et à long terme de nos enfants. C'est sans ambiguïté que nous nous rangeons du côté de la santé et du bien-être des enfants, et non du côté des profits des entreprises. Il est temps de prendre les mesures que nous savons efficaces pour protéger les enfants et les aider à développer une relation saine avec les aliments.
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Madame la Présidente, je tiens d'abord à remercier ma collègue la députée de de son projet de loi, que j'appuie totalement. Je suis vraiment contente qu'elle l'ait déposé, parce que, comme nous l'avons entendu aujourd'hui, il s'agit d'une préoccupation très importante.
Je veux aussi saluer le fait que Québec y est allé de sa propre initiative et que, comme l'a mentionné une autre députée, cela a contribué à réduire le taux d'obésité de 13 %.
[Traduction]
C'est la première fois que je prends la parole à la Chambre depuis Pâques, où je suis devenue grand-mère pour la toute première fois. Je ne pourrais pas omettre de souligner que je suis une « mamour », une mamie glamour. Je voudrais juste que cela soit noté dans le compte-rendu et dans le hansard.
Plus sérieusement, je me souviens des dessins animés du samedi matin de ma jeunesse — à la fin des années 1970 et au début des années 1980. On s'asseyait devant la télé avec un grand bol de Fruit Loops ou de Count Chocula pour regarder les dessins animés. Fait intéressant, alors que je préparais mon intervention, la chanson pour les céréales Honeycomb m'est venue à l'esprit: « Honeycomb's big. Yeah, yeah, yeah. » C'était il y a 30 ans et je m'en souviens encore. Voilà l'objet de ce projet de loi. Je n'arrive pas à me souvenir de la semaine dernière, car je suis bien trop occupée, mais je me souviens de la chanson des céréales Honeycomb. Cela montre évidemment que les publicités destinées aux enfants atteignent leurs objectifs. Il faut que cela cesse, car nous savons que les enfants d'aujourd'hui regardent encore plus la télévision. Ils sont constamment en ligne, branchés sur leurs écrans. Soyons réalistes.
Lorsque mes enfants étaient petits, je me faisais un devoir de préparer des aliments pour bébé à la maison afin qu'il n'y ait pas trop de sodium dans leur alimentation. Nous avons toujours eu un petit jardin dans la cour arrière pour faire pousser des tomates cerises, des laitues, des poivrons et ainsi de suite. Je tenais à ce que mes enfants sachent qu'ils avaient accès à des aliments sains. Ils demandaient des croquettes de poulet de McDonald, mais j'acceptais très rarement. En tant que nouvelle grand-mère, je veux faire la même chose pour mon petit-fils. Je veux qu'il grandisse en santé. Je ne veux pas qu'il soit bombardé de publicités — que ce soit en ligne, en format papier ou à la télévision — qui l'exposeront à de mauvaises habitudes qu'il pourrait adopter plus tard.
Comme mes collègues l'ont déjà dit à la Chambre, si l'on examine les régimes alimentaires auxquels sont exposés les enfants de nos jours, 49 % des enfants âgés de 1 à 4 ans et 72 % des enfants âgés de 4 à 13 ans ont un régime alimentaire qui dépasse la limite de sodium recommandée. En ce qui a trait au sucre, qui est probablement le pire facteur contribuant aux problèmes de santé, 78 % des enfants âgés de 1 à 8 ans et 86 % des enfants âgés de 9 à 13 ans dépassent les recommandations de l'OMS. L'ampleur du problème des régimes alimentaires malsains chez les enfants est un enjeu de santé publique. La bonne nouvelle, c'est que nous prenons des mesures pour y remédier. Voilà pourquoi ce projet de loi est important: il vise à empêcher que la prochaine génération d'enfants soit exposée à toute cette publicité qui les incitent à consommer des collations sucrées à forte teneur en calories, en gras et en sodium.
Pour comprendre l'ampleur du problème, on peut consulter une étude réalisée en 2019 qui révèle que, en moyenne, les enfants âgés de 2 à 11 ans sont exposés, chaque année, à 1 733 publicités télévisées pour de la nourriture, soit l'équivalent de 33 publicités par semaine. C'est près de cinq publicités d'aliments par jour, en moyenne, par enfant. Que faisons-nous à ce sujet?
Quand on y pense, nous sommes peu enclins à prendre des initiatives. Il y a des gens qui souffrent de maladies découlant d'une consommation élevée de sucre, de gras et de sodium. Au cours du débat d'aujourd'hui, il a été question de diabète, d'obésité ou de troubles de l'alimentation chez des enfants qui sont victimes d'intimidation à l'école en raison de leur poids et qui prennent des mesures extrêmes pour tenter de maigrir. Je sais que lorsque je fréquentais l'école secondaire, je mangeais moins pour perdre quelques livres, sans me rendre compte que ces livres étaient attribuables au sucre ou aux boissons gazeuses que je consommais.
C'est une question de prévention, sachant que nous dépensons chaque année des milliards de dollars en soins de santé pour traiter les personnes atteintes de diabète, de cancers liés à l'obésité ou de maladies du cœur. Et si on examinait la situation sous un autre angle? Et si on tentait de prévenir ces maladies?
[Français]
La prévention est la clé. Si on prend des habitudes tôt dans sa vie, on va maintenir ces habitudes. Si un enfant de 5 ans qui regarde YouTube, la télévision ou des émissions en ligne, quand il voit toutes les publicités avec les personnages de télévision, les jeux et les chansons, il ne comprend pas. Il veut les mêmes choses.
Quand il regarde le Twinkie de son ami, à l'heure du dîner, à l'école, et qu'il regarde sa propre pomme, il veut le Twinkie et la chanson en ligne.
[Traduction]
Ce projet de loi devrait, à long terme, réduire les coûts des soins de santé, car de plus en plus de gens feront des choix plus judicieux et seront informés sur les aliments qu'ils consomment.
Je me souviens de l'homme Kool-Aid. Il arrivait en défonçant le mur. Qu'y a-t-il dans le Kool-Aid? C'est essentiellement de l'eau et du sucre. Ça a bon goût, mais ce n'est que de l'eau et du sucre. Cependant, je me souviens encore de l'homme Kool-Aid qui passait au travers du mur, et je voulais du Kool-Aid. Quand j'étais enfant, j'avais un stand de Kool-Aid et c'est ce que je vendais, parce que c'est ce que nous buvions. Il y avait ces petites boissons dans des emballages en plastique avec de l'aluminium sur le dessus, dans lesquelles nous faisions un trou pour faire gicler le liquide et voir jusqu'à quelle distance il pouvait aller. C'était essentiellement de l'eau sucrée.
La publicité destinée aux enfants nous colle à la peau. Nous nous en souvenons.
On ne saurait trop insister sur l'importance de ce projet de loi. Nous devons prévenir les problèmes de santé chez les enfants. Nous devons soutenir les enfants, et j'appuie pleinement ce projet de loi.