HEAL Réunion de comité
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STANDING COMMITTEE ON HEALTH
COMITÉ PERMANENT DE LA SANTÉ
TÉMOIGNAGES
[Enregistrement électronique]
Le jeudi 12 février 1998
[Traduction]
La présidente (Mme Beth Phinney (Hamilton Mountain, Lib.)): Bonjour mesdames et messieurs. Je déclare ouverte la 17e réunion du Comité permanent de la santé. Nous procédons à une étude sur les produits de santé naturels.
Je voudrais tout d'abord mentionner que nous devons aller voter ce matin. Il ne nous appartient pas de décider quand ni comment. La sonnerie durera une demi-heure. Nous aurons donc une demi-heure de préavis pour aller voter. Les trottoirs sont glissants ce matin. Je crois que la sonnerie devrait débuter à 10 h 05, ce qui veut dire que le vote n'aura pas lieu avant 10 h 35. La procédure prend à peu près une demi-heure. Nous pourrions peut-être être de retour pour 11 h, ou 11 h 15.
Lorsque la sonnerie commencera, nous aurons encore quelques minutes. Si elle démarre à 10 h 05, vers 10 h 10 je verrai s'il y a consensus. Si les députés n'ont plus de questions, nous nous arrêterons à ce moment-là. S'il est nécessaire de revenir après le vote, nous reviendrons. Je sais que le Dr Best a un autre engagement à 11 h, et c'est le cas de quelques autres également. Nous allons donc voir où nous en sommes vers 10 h 05 ou 10 h 10. Si vous pouviez tous être brefs dans vos questions et réponses, peut-être pourrions-nous terminer pour cette heure-là.
Nous entendrons trois groupes ce matin. Nous avons deux porte-parole pour la Canadian Coalition of Herbal Associations: Michael Vertolli et Chanchal Cabrera. De l'Institut Tzu Chi pour les médecines complémentaires et alternatives, nous avons le Dr Allan Best. Comme l'autre personne qui devait venir n'est pas présente, les questions devraient aller encore plus vite.
Nous allons commencer par la Canadian Coalition of Herbal Associations. Michael, allez-y.
M. Michael Vertolli (Président, Canadian Coalition of Herbal Associations): Merci.
Tout d'abord, je dois présenter mes excuses aux membres du comité qui viennent du Québec. J'ai participé à la préparation de quelques autres exposés que vous avez entendus la semaine dernière. Malheureusement, nous n'avons terminé notre texte qu'il y a deux jours à peine et nous n'avons pas eu le temps de le faire traduire. On m'a dit qu'il serait traduit et qu'on vous le ferait remettre plus tard.
La Canadian Coalition of Herbal Associations est une coalition d'associations régionales qui représente les intérêts des phytothérapeutes professionnels. Elle a été constituée essentiellement dans le but de représenter les phytothérapeutes du pays tout entier devant le gouvernement fédéral sur les questions de réglementation.
• 0910
Le cadre de réglementation que nous vous proposons a été
préparé essentiellement du point de vue des phytothérapeutes et
concerne principalement les plantes médicinales. Toutefois, nous
n'avons jamais perdu de vue les intérêts des autres intervenants,
ni oublié la question plus large des produits de santé naturels.
Dans notre document, nous mentionnons parfois les plantes
médicinales spécifiquement et d'autres fois tous les produits
naturels de santé.
Je serais bref afin que nous puissions passer sans tarder aux questions. Une bonne part de ce que nous avons à dire n'a rien de nouveau pour vous. Nos propositions concernant la réglementation des plantes médicinales et autres produits naturels pour la santé reposent sur notre analyse de deux problèmes essentiels—bon, il y a en fait un certain nombre de problèmes mineurs, mais il y en a deux principaux. Le premier est le fait que tous les produits naturels pour la santé sont actuellement classés comme des aliments ou des médicaments. Vous connaissez déjà les raisons pour lesquelles notre groupe et d'autres jugent cette classification inappropriée.
Dans le cas des aliments, nous estimons que les normes de fabrication ne sont pas suffisamment strictes pour s'appliquer à des produits thérapeutiques. Et, malheureusement, la plupart des produits naturels pour la santé figurent aujourd'hui encore dans la catégorie des aliments du point de vue de la réglementation.
Dans le cas des médicaments, nous estimons que les produits naturels se distinguent des drogues de différentes manières. Tout d'abord, ils s'en distinguent par leur essence même, ainsi que par leur mode d'utilisation. Nous estimons en outre que le produit naturel de santé moyen présente considérablement moins de risques que le produit pharmaceutique moyen. Et comme les règlements qui régissent la catégorie des drogues ont été conçus essentiellement pour réglementer les produits pharmaceutiques, nous les jugeons inappropriés.
Bien entendu, comme la majorité des produits sont encore dans la catégorie des aliments, une autre chose qui nous préoccupe, c'est le fait que cette catégorie ne permet pas d'inclure sur l'étiquette des informations qui permettraient aux consommateurs d'utiliser ces produits comme ils sont censés l'être, d'en faire connaître les éventuelles contre-indications, ou d'alerter certains sous-groupes qui ne devraient peut-être pas les utiliser.
Nous proposons essentiellement que la Loi sur les aliments et drogues soit modifiée de manière à redéfinir la catégorie des drogues sous le titre «produits thérapeutiques»; nous souhaiterions en outre que cette catégorie soit ensuite divisée en deux sous-catégories distinctes, soit celle des drogues pharmaceutiques et celle des produits naturels de santé.
Nous estimons que ces derniers doivent faire l'objet d'une réglementation distincte qui tienne compte de leur spécificité et englobe la conception holistique de la médecine; en effet, la volonté de subsumer ces produits et leur utilisation dans le paradigme de la médecine conventionnelle conduit souvent à des problèmes, l'application de ces produits étant souvent très différente.
En outre, comme tout règlement, aussi approprié soit-il à la catégorie de produits sur lesquels il porte, doit être élaboré par des personnes qui comprennent la nature et l'application de ces produits, nous estimons qu'il serait nécessaire de constituer un organisme de réglementation distinct qui comprenne des personnes ayant les compétences voulues dans ce domaine. Pour nous, cette expertise comprend, sans pour autant s'y limiter, les traitements par les plantes, la nutrition complémentaire, la médecine orthomoléculaire, l'homéopathie et les médecines traditionnelles qui sont bien représentées au Canada, notamment la médecine autochtone américaine, la médecine traditionnelle chinoise et l'ayurvédisme.
Cet organisme de réglementation devrait disposer, outre de l'expertise appropriée indispensable, de pouvoirs de réglementation tels que les autres organismes de réglementation qui ne disposent pas de l'expertise appropriée ne puissent ignorer ou annuler les décisions prises par l'organisme de réglementation des produits de santé naturels.
De plus, nous souhaitons que la Loi sur les aliments et les drogues soit modifiée de façon à éliminer l'annexe A, car nous la jugeons dépassée et nous estimons qu'elle limite les droits des Canadiens à choisir le type de produits de santé et les modes de traitement qu'ils souhaitent.
• 0915
Je cède la parole à Chanchal, qui va vous dire quelques mots
sur la réglementation des praticiens.
Mme Chanchal Cabrera (Canadian Coalition of Herbal Associations): Merci, Mike.
Pour votre information, je suis phytothérapeute médicale. Je me suis diplômée en Angleterre, après un programme de quatre ans. Je suis membre du National Institute of Medical Herbalists et je pratique au Canada depuis dix ans.
Je voudrais parler du fait qu'aujourd'hui, au Canada, les coûts des soins de santé montent en flèche, et qu'une part de plus en plus importante de nos ressources limitées est consacrée aux soins de santé. Nous constatons que si nous sommes très efficaces face aux états pathologiques aigus et épidémiques, nous le sommes beaucoup moins face aux états chroniques et dégénératifs. Or, comme ces types de maladies sont en augmentation constante, nous devrions insister sur la médecine préventive et l'éducation, ainsi que sur l'autogestion par le patient. C'est exactement ce en quoi consiste la médecine complémentaire. Les médecines complémentaires et alternatives insistent beaucoup sur la prévention et sur l'autogestion de la santé par le patient, ce qui est très avantageux pour l'économie canadienne à une époque où les baby-boomers atteignent l'âge mûr et passent au secteur des aînés, et à mesure que nos coûts de santé augmentent.
Le problème au Canada aujourd'hui, c'est que nous n'avons jusqu'ici aucune réglementation ni aucune exigence concernant la formation des praticiens de soins de santé alternatifs. N'importe qui peut se dire phytothérapeute. N'importe lequel d'entre vous pourrait mettre une enseigne devant sa maison et commencer à recevoir des patients et à se faire payer, même en ne connaissant strictement rien aux plantes médicinales. Aucune loi ne vous en empêchera. En tant que praticienne professionnelle de la santé, cela me préoccupe beaucoup. Et j'ai vu des choses épouvantables. Bien entendu, il y a des praticiens qui ont une excellente formation. Mais il y en a beaucoup qui se disent praticiens et qui ne devraient pas pouvoir pratiquer.
Il faut bien savoir que la majorité des plantes ne présentent bien sûr aucun danger. Vous pouvez en consommer en grande quantité sans aucun danger, mais certaines doivent être contrôlées. Tout au moins, il faudrait une mise en garde sur l'étiquette—et nous en avons parlé dans notre mémoire. Il y a aussi des plantes qui ne devraient pas être vendues autrement que sur le conseil d'un professionnel de la santé, qui ne devraient pas être utilisées sans contrôle. Malheureusement, dans ce pays, les seules personnes autorisées à prescrire ces produits seraient les médecins ou, dans certains cas, les pharmaciens, et ils n'ont pas la formation nécessaire. Il vous est peut-être déjà arrivé d'aller chez un médecin et de lui demander si vous pouvez prendre telle plante médicinale en même temps que tel médicament, et le médecin généralement n'en sait rien.
Cela montre combien il est important de former les praticiens et d'avoir un système de réglementation ou d'homologation qui vous permette de devenir phytothérapeute. Je parle en particulier des plantes médicinales, parce que c'est mon domaine, mais cela serait en fait à envisager pour tous les autres secteurs de la médecine naturelle.
Comme l'accréditation des praticiens relève de la compétence provinciale, il faudrait donc que chaque province règle ce problème. J'aimerais cependant proposer, ou suggérer, qu'il faut pour cela qu'il y ait d'abord une initiative fédérale. Les provinces n'agiront peut-être pas aussi rapidement d'elles-mêmes qu'elles ne le feraient si le gouvernement fédéral suggérait le type de système que nous suggérons ici: un comité fédéral-provincial chargé d'examiner la question de l'homologation des phytothérapeutes et d'étudier tous les autres aspects qui mériteraient d'être inclus, et plus particulièrement la formation. Quels seraient les critères nécessaires pour devenir phytothérapeutes professionnels, et comment les définir?
Merci.
La présidente: Dr Best.
Dr Allan Best (Président et directeur général, Institut Tzu Chi pour les médecines complémentaires et alternatives): Merci, madame la présidente, c'est un plaisir que de venir à nouveau devant votre comité.
La présidente: Je suis désolée de vous interrompre, mais je crois que Brenda Thomas est arrivée. Nous allons lui laisser le temps de reprendre son souffle pendant que vous présentez votre exposé, Dr Best.
Dr Allan Best: Je représente l'Institut Tzu Chi pour les médecines complémentaires et alternatives, qui est principalement un institut de recherche. Vous avez reçu nos notes d'information en anglais et en français, je crois. Je ne vais pas vous les lire. Vous allez entendre de nombreux témoins vous parler des différents problèmes de la réglementation. Et surtout, différents groupes vous présenteront de nombreuses priorités conflictuelles. Pour ma part, je veux vous parler du point de vue de la recherche et essayer de vous donner un contexte un peu plus large dans lequel examiner ces questions de réglementation.
• 0920
La difficulté tient, en grande partie, au fait que lorsque
nous envisageons la réglementation, nous visons deux cibles
mouvantes. La première est l'intérêt croissant au Canada et dans
les autres pays occidentaux pour les médecines complémentaires. La
deuxième est la réforme des soins de santé actuellement en cours
dans ce pays. Sans ces deux éléments, il serait probablement plus
facile de régler la question de la réglementation. Mais face à ces
deux éléments, je prétends que la réglementation doit être vue dans
un contexte beaucoup plus large si l'on veut qu'elle permette de
protéger la sécurité, l'efficacité et la liberté de choix, qui sont
les éléments au coeur de la question.
Nous avons le sentiment que votre comité partage essentiellement les mêmes objectifs qui sont de protéger la sécurité et le choix. Pour y parvenir, l'Institut s'appuie principalement sur la recherche tandis que vous comptez avant tout sur la réglementation. Mais je crois que nous partageons un intérêt commun.
Permettez-moi de parler d'abord du contexte et de la nécessité d'une stratégie complémentaire.
Nous sommes actuellement en présence de deux solitudes. Une récente étude britannique réalisée auprès de patients de praticiens complémentaires et conventionnels a constaté que dans chaque camp, 75 p. 100 des patients n'avaient jamais entendu parler d'une possibilité de renvoi entre un secteur et l'autre. Il est évident que les deux médecines se pratiquent isolément. Les patients qui n'utilisent que les produits complémentaires sont très minoritaires. Pour la plupart, ils jugent utile de pouvoir utiliser à la fois la médecine complémentaire et la médecine conventionnelle, et ils s'efforcent de le faire en même temps. Et c'est justement cette séparation qui est frustrante pour le public, les praticiens et les autorités publiques. Nous devons absolument trouver le moyen d'intégrer les soins complémentaires et les problèmes qui se posent dans ce domaine avec la réforme des soins de santé en cours dans diverses provinces.
Au dos du document que nous vous avons distribué, vous verrez un diagramme dans lequel nous essayons de fournir un cadre de réflexion sur certains des problèmes. Nous commençons par la recherche: savoir ce qui est sans danger, ce qui est efficace. Dans bien des cas, nous avons déjà bien des réponses, mais nous n'avons simplement pas la synthèse. Dans certains cas, il faut poursuivre les recherches. Dans un cas comme dans l'autre, il faut mettre en place des procédures, des organismes qui puissent rassembler tous les éléments d'information dont on dispose et arriver à un jugement éclairé quant à l'efficacité et à la sécurité des produits.
Ces informations servent ensuite à alimenter différents types de stratégies. Parmi celles-ci, la réglementation est celle qui retient l'attention, mais comme on l'a déjà dit, elle doit s'intégrer à une stratégie d'information des professions. L'utilisation des plantes médicinales, par exemple, s'inscrit typiquement dans le contexte d'un traitement individualisé. Il n'est pas logique d'essayer de séparer ces domaines. Nous devons essayer de trouver le moyen de les rapprocher. Comme les deux solitudes s'ignorent et ne se comprennent pas, il faut prévoir un important programme d'éducation publique et professionnelle afin que les gens puissent vraiment comprendre ce qu'on essaie de faire par la réglementation.
Si l'on prend un peu de recul par rapport à la réglementation et que l'on se demande exactement ce que l'on recherche par là, on s'aperçoit qu'il s'agit avant tout de modifier les comportements: les comportements des patients, des praticiens et des fabricants. Or il est plus facile de modifier le comportement lorsqu'on travaille en collaboration plutôt qu'en opposition. Il est donc logique de vouloir inclure ces autres types de stratégies d'éducation et de pratique professionnelle qui contribueront à permettre la coordination de différentes initiatives de manière à ce que tous les efforts tendent vers le même objectif. C'est alors que nous pourrons commencer à considérer différents produits de soutien, tels les diverses plantes médicinales et divers services professionnels. Je reviendrai plus tard sur les services d'information et, enfin, sur la question d'une procédure d'évaluation pour s'assurer que le système fonctionne comme il faut.
La seconde dimension est celle de l'éducation publique et professionnelle, de laquelle j'ai déjà parlé. La frustration est actuellement énorme. Par exemple, j'étais en contact avec Le Collège des médecins de famille du Canada et ses membres, qui sont terriblement frustrés par ce que leurs patients leur demandent fréquemment des informations sur ce qu'ils peuvent ou ne peuvent pas combiner des deux régimes de traitement, et ils n'ont pas de réponses à leur donner. Ils demandent donc ce type de formation. Les organismes professionnels, comme celui des médecins de famille, mais d'autres également, tant dans le domaine des médecines complémentaires que dans celui de la médecine conventionnelle, voudraient que l'on règle ce problème.
• 0925
Nous sommes également en contact avec plusieurs organismes
nationaux du domaine de la santé, tels la Société canadienne du
cancer, la Société canadienne de la sclérose en plaque, et ainsi de
suite, qui essaient de fournir ce type de service d'information vu
l'énorme demande de la part du public et des professions de la
santé, mais ce n'est pas possible. Leur action est également trop
fragmentée et inefficace pour le moment.
Il faudrait élaborer un programme de formation professionnelle et d'éducation publique relativement sophistiqué, multidimensionnel et permanent pour assurer une plus grande efficacité de la réglementation que vous envisagez. Cela demandera énormément de travail. Mais il y a énormément de partenaires qui seraient intéressés à collaborer en ce sens avec le gouvernement fédéral.
La troisième chose que je voudrais mentionner est la nécessité de mettre sur pied une base des connaissances, un système d'information qui puisse servir de guichet unique où aller vérifier ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas.
Ces dernières années, nous avons assisté à une véritable explosion de l'information sur Internet et autres médias. Actuellement, le professionnel ou le profane qui cherche des renseignements sur les produits à base de plantes peut chercher ces renseignements sur Internet ou aller à la bibliothèque consulter tous les ouvrages qui s'y trouvent, mais il n'aura aucun moyen de faire le tri entre les informations fiables et le reste. Nous devons mettre sur pied une procédure qui permette de faire une analyse critique de ce qui est crédible et de ce qui ne l'est pas et mettre sur pied un système de distribution à large échelle de cette information.
Il serait logique que ce type de système d'information soit centralisé. L'entreprise nécessiterait des dépenses et un travail trop important pour que l'on puisse s'attendre à ce que ces différents groupes d'intérêt, groupes professionnels, bibliothèques, etc. puissent la réaliser seuls. Une centrale qui alimenterait les différents réseaux de distribution nous permettrait de commencer à répondre aux besoins d'information en matière de politiques et de programmes de santé, et de mieux informer les choix des consommateurs.
La question du partage des compétences entre le fédéral et les provinces est évidemment centrale. Comme on l'a déjà dit, il y a d'une part la responsabilité des provinces à l'égard de la réglementation des professions et, d'autre part, la responsabilité fédérale sur l'homologation des produits. Les deux doivent aller de pair. Nous avons de bons exemples de cas où cela se produit, de plus en plus fréquemment, et j'invite le comité à envisager sérieusement les différents types de stratégie qui pourraient amener les provinces à collaborer avec vous sur ces questions.
Enfin, brièvement, je voudrais parler de la nécessité de mettre sur pied un programme permanent de recherche si nous voulons suivre le rythme rapide de l'évolution dans ce domaine et nous tenir au courant des questions concernant la réglementation et l'utilisation des produits à base de plantes.
Il faut d'abord un programme qui permette de savoir ce qui fonctionne, qui procède à une analyse critique des travaux déjà réalisés et aboutissent aux meilleures décisions possibles pour déterminer où nous en sommes dans le processus. Il nous faut ce que j'appellerais une recherche épidémiologique. On pourrait aussi parler de sondages auprès des consommateurs. Cela signifie, de façon générale, rester en contact avec les différents utilisateurs de l'information afin de savoir quelles informations circulent, quelles sont les questions posées et le genre de réponses qu'il faut apporter.
Il nous faudra un programme permanent de recherche qui essaie de voir comment nous pouvons améliorer les choses. Par exemple, au cours des cinq prochaines années, nous ne devons pas nous attendre à réaliser énormément de progrès dans le rapprochement des systèmes complémentaires et conventionnels. Ils sont différents, mais par ailleurs ils sont intéressés à collaborer. Si nous commençons à étudier ce processus et à essayer de le faciliter, je crois qu'on peut espérer une bien meilleure intégration.
Enfin, il nous faut des stratégies en vue d'augmenter le corpus de nos connaissances. Nous n'avons pas encore toute l'information souhaitable quant à la sécurité et à l'efficacité de certains produits et il nous faudra mettre sur pied un programme de recherche permanente pour combler ces lacunes.
Madame la présidente, je m'arrête ici. Je suis prêt à répondre à vos questions.
La présidente: Merci.
Nous allons entendre Mme Brenda Thomas de la Commission de santé des premières nations.
Vous avez une question?
Mme Carolyn Bennett (St. Paul's, Lib.): Je me demandais s'il serait préférable de poser d'abord les questions aux deux premiers témoins.
La présidente: Non, nous avons toujours...
Mme Carolyn Bennett: Nous n'en finirons jamais? Très bien.
La présidente: Brenda, allez-y.
Mme Brenda Thomas (Analyste principale des politiques, Commission de santé des premières nations): Bonjour. Au nom de l'Assemblée des premières nations, je remercie le comité permanent de nous avoir invités à présenter le point de vue des collectivités que représente l'APN sur les questions concernant les produits de santé naturels et les médecines traditionnelles.
Je m'appelle Kaheniostah. Je suis une Cayuga du Clan du Loup des Six Nations de Grand River. Mes amis et mes collègues m'appellent Brenda Thomas. J'habite actuellement à Ottawa. Je suis infirmière de profession et je travaille comme agent de promotion de la santé à l'Assemblée des premières nations.
• 0930
De par mon éducation et ma vie dans la communauté, j'ai fait
l'expérience des médecines traditionnelles qui étaient utilisées
dans ma famille et j'ai pu voir toutes les préparations qu'il
fallait faire, en regardant ma grand-mère, et les guérisseurs et
guérisseuses de ma collectivité. Ces dernières années, j'ai
travaillé avec des peuples autochtones de diverses régions du monde
pour essayer de protéger leurs connaissances et leur savoir sur
l'utilisation des plantes et des préparations médicales
traditionnelles.
Pendant de nombreuses années, les compagnies pharmaceutiques ont soutiré aux peuples autochtones leurs connaissances de l'utilisation des plantes médicinales indigènes et ils ont utilisé ces connaissances, ont fait des fortunes grâce à de nouveaux médicaments, sans que les gens qui leur avaient transmis l'information en profitent. Leurs droits de propriété intellectuelle n'ont pas été reconnus, et l'on n'a pas respecté le fait que certaines préparations ou cérémonies pouvaient être considérées comme sacrées ou secrètes par les peuples auxquels on avait soustrait l'information.
Maintenant, les gouvernements souhaitent contrôler l'utilisation des plantes que le Créateur nous a données. Une telle mesure peut être effectivement jugée nécessaire pour protéger le public du danger que présentent les charlatans. Dans le contexte canadien général, c'est peut-être nécessaire. Toutefois, pour les premières nations, cela reviendrait à imposer des restrictions sur l'utilisation de plantes médicinales que nous utilisons depuis des temps immémoriaux et cela constituerait une menace pour notre culture et nos pratiques traditionnelles et menacerait la survie de certaines cérémonies sacrées.
La direction des aliments de Santé Canada a placé 16 plantes connues sur la liste des produits d'usage restreint, parce que leur consommation régulière dans l'alimentation pourrait présenter un danger pour la santé. Toutefois, aucun guérisseur digne de ce nom ne conseillerait une telle consommation ni n'utiliserait ces substances ou d'autres semblables d'une manière qui soit contraire à la prudence.
Les premières nations utilisent des préparations à base de plantes médicinales et de mélanges végétaux qui, utilisés seuls, pourraient être jugés toxiques. Toutefois, lorsque ces herbes ou plantes sont mélangées selon un dosage approprié, les propriétés des unes effacent les effets nocifs des autres et en accroissent les effets positifs. Les personnes qui préparent ces médicaments régulièrement connaissent le dosage approprié, tout comme un médecin ou un pharmacien sait quels médicaments un patient peut combiner, quelles sont les compatibilités, les potentiateurs, et quels médicaments perdent tout leur effet s'ils sont combinés avec d'autres.
Les peuples des premières nations canadiennes entretiennent avec les plantes que le Créateur a mis à notre disposition une relation spéciale. Nous ne voyons pas nécessairement d'un bon oeil que des organismes gouvernementaux viennent s'ingérer dans notre rapport avec le Créateur ou avec les plantes qu'il a créées pour notre bien. Nous croyons que le Créateur de toutes les choses vivantes a mis sur terre des forces vitales pour le bien de notre peuple. Il a mis sur cette terre toutes sortes de plantes qui servent à soulager les maux dont souffre l'humanité et il a donné à certains le don de la connaissance des plantes, de leur préparation et de leur utilisation.
Lorsqu'il établit un programme de traitement, le médecin connaît les forces vitales et spirituelles des médicaments. Afin de préserver l'équilibre de la nature, avant même d'arracher la plante à la terre, mère nourricière, il célèbre une cérémonie d'action de grâce et il rappelle à l'esprit de la plante médicinale quels sont ses devoirs avant de la cueillir pour aider un être humain dans le besoin. Pendant la cueillette, il offre souvent du tabac sacré en même temps qu'il mentionne le nom spirituel du patient, afin que le Créateur puisse unir l'esprit de la plante à celui du patient et renforcer ainsi le pouvoir de guérison.
Il y a bien d'autres aspects de la préparation des médicaments qui ne peuvent être mentionnés ici; toutefois, je voulais vous en donner une idée pour que le comité prenne bien conscience du fait que les premières nations n'utilisent pas les médicaments naturels à la légère. Ils font partie d'une démarche de guérison holistique dans lequel ne saurait venir s'ingérer aucune réglementation ni aucune entrave humaines.
Les guérisseurs traditionnels n'utilisent pour ainsi dire jamais les préparations en vente libre dans les magasins d'aliments de santé. Ce serait en effet une violation de la dimension spirituelle qui entre dans la préparation des médicaments et ce serait manquer de respect au Créateur que de donner un prix au don de la guérison. Cependant, les consommateurs peuvent acheter ces produits, par commodité, lorsqu'il leur est impossible d'aller cueillir, en saison, les médicaments dont ils auraient besoin. Mais parmi les premières nations, la connaissance des plantes médicinales indigènes et de leur préparation est un don du Créateur qui ne saurait être sanctionné ou réglementé par un organisme gouvernemental.
S'il fallait obtenir une licence pour pratiquer la fonction de guérisseur, surtout de guérisseur traditionnel, ou si l'on devait restreindre l'accès à certaines plantes médicinales, il faut que les guérisseurs traditionnels autochtones en soient exemptés en raison même du type de guérison traditionnelle qu'ils pratiquent.
• 0935
L'Assemblée des premières nations a tout récemment participé
aux travaux du Comité consultatif canadien sur les herbes
médicinales. Malheureusement, Mme Casaway, qui était membre du
comité n'a pas pu être des nôtres aujourd'hui puisqu'elle se remet
d'une récente opération chirurgicale. Je ferai donc de mon mieux
pour répondre à vos questions.
La présidente: Merci beaucoup.
Monsieur Hill.
M. Grant Hill (Macleod, Réf.): Merci à tous d'être venus.
Tout d'abord, bon nombre des témoins que nous avons entendus avaient déjà dit la même chose que vous, mais chacun demande son propre organisme de réglementation. Je me souviens en particulier des homéopathes, des médecins traditionnels chinois, de ceux qui travaillent avec les produits naturels, chacun disant qu'il leur faut leur propre organisme de réglementation. Vous êtes pour votre part beaucoup plus généraliste, mais pensez-vous qu'ils accepteraient un organisme global du type que vous suggérez?
M. Michael Vertolli: Je pense qu'ils seraient d'accord si l'organisme comptait des experts dans leur domaine.
Je vous ai fait un bref résumé, mais vous trouverez beaucoup plus de détails dans notre texte. Il ne fait aucun doute que l'on peut subdiviser les produits naturels en d'innombrables sous-catégories qui ont chacune leurs caractéristiques particulières. Il faudra en tenir compte dans la réglementation. Nous voyons donc deux conditions: a) toute sous-catégorie des produits naturels de santé qui est bien représentée dans la population doit l'être également au sein de l'organisme de réglementation; b), il est inévitable que la réglementation varie d'une sous-catégorie de produits à une autre, puisque que leur utilisation et même leur préparation est différente.
M. Grant Hill: Excellent.
Allan, j'ai l'impression que vous essayez d'opérer un rapprochement entre des camps qui s'opposent en fait depuis déjà un certain temps. En tant que praticien de la médecine traditionnelle, je me suis souvent fait reprocher de ne pas comprendre les produits naturels, de ne pas m'y intéresser et même de faire obstacle à leur utilisation. Je crois que c'est vrai. Beaucoup de professionnels dans le secteur de la médecine méprisent ceux qui utilisent ces produits.
Pensez-vous qu'il y ait maintenant un changement d'attitude profond parmi les médecins traditionnels, comme moi? Vos recherches permettront sans doute de combler le gouffre, mais avez-vous le sentiment d'un rapprochement, vous qui êtes entre les deux?
Dr Allan Best: Certainement. Je vais vous répondre en deux phases, Grant.
Le Journal of the American Medical Association, comme vous le savez, est l'une des plus prestigieuses revues médicales aux États-Unis. Dans le numéro du 17 décembre, il y avait un éditorial où l'on parlait de la publication d'un numéro spécial sur les médecines complémentaires qui serait publié à l'automne, et on invitait les gens à soumettre des études. La rédaction tient une liste de 85 sujets qui pourraient faire l'objet d'un numéro spécial et en un an, la médecine complémentaire est passée de la 78e place au trio de tête. C'est époustouflant.
Il y donc effectivement un changement profond. Et l'évolution est rapide. Vous êtes bien sûr au courant du débat et des documents qui ont été présentés lors de la dernière assemblée générale de l'Association médicale canadienne l'été dernier. Il se passe des choses, et cela va vite.
Mais je veux aussi vous donner une réponse qui nous concerne de beaucoup plus près. À l'Institut Tzu Chi, nous élaborons un modèle intégré qui rassemble dans une même clinique des praticiens conventionnels et complémentaires. Nous aurons un dispensaire intégré qui offrira les produits utilisés par tous les différents praticiens et, oui, l'enthousiasme est vif et la collaboration excellente.
Je ne prétends pas qu'il sera facile de rapprocher les différents groupes sur la question de la réglementation des licences professionnelles. Vous savez peut-être qu'en Colombie-Britannique on a beaucoup de mal à créer un collège de l'acupuncture, par exemple. Il y a donc des divergences d'opinions et il faut procéder par étape, car ces différents camps ont travaillé chacun de son côté. Mais je suis convaincue que le moment est venu, que la volonté existe et que l'objectif est atteignable. Il faudra cependant du temps et du travail.
M. Grant Hill: Je suis très heureux d'entendre et de voir que l'on fait des efforts.
Mais ce que disent les autres praticiens, c'est que bien sûr, maintenant qu'il y a un marché vous essayez de vous l'approprier. Je me demande ce que pensent les trois autres témoins de cette idée que l'on essaye à la dernière minute de récupérer un marché qu'on ne veut pas céder.
Mme Chanchal Cabrera: Je vais essayer de répondre. Je crois qu'il faut vraiment passer au-dessus des commentaires et critiques. Nous pourrions nous embourber dans ce type de débat pendant très longtemps, et je ne crois qu'il soit le moindrement utile au public canadien. Si, en tant que professionnels des soins de santé, nous sommes capables de nous placer au-dessus de tout cela et de nous entendre pour travailler ensemble et, dans certains cas, pour reconnaître et accepter nos différends et continuer de collaborer, alors je crois que nous servirons beaucoup mieux le public.
Je participe aux travaux de recherche du Dr Best, et si j'ai des critiques à l'endroit du projet, je suis aussi ravi de voir qu'il y a des possibilités d'intégration. Je crois que le mot «intégration» est essentiel pour l'avenir des soins de santé dans ce pays, car nous sommes en présence de deux camps opposés qui ne communiquent pas, ou s'ils l'ont fait, c'était avec énormément d'antagonisme. Cela n'a pas rendu service au système de soins de santé canadien, pas plus qu'aux patients.
Dans ma propre pratique, je reçois des patients qui m'arrivent en larmes parce qu'ils ne savent plus quoi choisir. «Est-ce que je dois opter pour le traitement allopathique orthodoxe, ou plutôt pour les plantes?» Et ils ne savent même pas qu'ils peuvent suivre les deux à la fois. Je ne considère donc pas du tout ma médecine comme une médecine alternative. Je parle plutôt de médecine intégrée. C'est très important pour moi, car je suis convaincu que c'est la voie du progrès. Si nous pouvons tous garder cela à l'esprit, nous trouverons peut-être un terrain d'entente pour notre avantage à tous.
M. Grant Hill: C'est encourageant. Merci.
La présidente: Monsieur Dumas: je vais être stricte quant à la limite des cinq minutes, dans la mesure du possible, pour que nous puissions terminer.
[Français]
M. Maurice Dumas (Argenteuil—Papineau, BQ): Ma question s'adresse à Mme Cabrera.
Vous avez dit en commençant que vous possédiez un diplôme. Voici quelques questions à ce sujet. Qui a émis ce diplôme? Quelle est la durée des cours que vous avez suivis? Est-ce que ces écoles sont reconnues par les gouvernements ou les universités? Est-ce qu'il y a des écoles parallèles non reconnues qui émettent également des diplômes?
Moi, je sors du milieu de l'enseignement. J'ai connu au cours de ma carrière beaucoup d'instituts, beaucoup d'écoles, de cours par correspondance qui émettaient des diplômes. Ma question n'est pas hostile; personnellement, j'utilise certains produits naturels. Merci.
[Traduction]
Mme Chanchal Cabrera: J'ai suivi pendant quatre ans un cours de phytothérapie donné en Angleterre. Le diplôme que j'ai obtenu a été transformé il y a deux ans en baccalauréat scientifique. C'est la même formation, mais avec spécialisation à la fin du cours et cela correspond à un baccalauréat en phytothérapie. Il existe actuellement trois diplômes universitaires dans ce domaine au Royaume-Uni. Je ne connais aucun équivalent ailleurs. Mais il s'agit d'un baccalauréat en sciences avec spécialisation en phytothérapie. J'ai fait mes études dix ans trop tôt, et j'ai eu un diplôme, mais pas universitaire.
Il n'existe aucune école au Canada ou aux États-Unis, ni ailleurs, que je sache, dans le monde anglophone qui offre ce type de formation. La formation que j'ai suivie en Angleterre avait une orientation médicale. Cela ressemblait beaucoup à des études prémédicales: quatre ans de sciences biologiques avec étude des plantes plutôt que de la pharmaceutique.
Cela répond-il à votre question?
[Français]
M. Maurice Dumas: Oui.
Le président: C'est tout, monsieur Dumas?
M. Maurice Dumas: Oui.
[Traduction]
La présidente: Très bien. Monsieur Myers.
M. Lynn Myers (Waterloo—Wellington, Lib.): Merci, madame la présidente. J'ai une question pour M. Vertolli et pour le Dr Best. Hier, nous avons entendu la guilde des herboristes, sauf erreur, qui recommandait une pharmacopée botanique canadienne très complète. Je me demandais si vous appuyez l'idée et si elle vous paraît bonne.
M. Michael Vertolli: Certainement. Nous avons nous-mêmes suggéré cela dans nos propositions par le passé. De fait, nous avons lancé un processus il y a deux ans, mais le climat politique a changé et il a été abandonné en cours de route.
Il faut toutefois bien comprendre qu'il existe des milliers de plantes médicinales. Créer des monographies complètes pour chacun prendrait énormément de temps. Nous suggérons donc de commencer par un document qui établirait des normes en vue d'un étiquetage plus succinct, qui permettrait de connaître l'identité de la plante, ses qualités reconnues par les sources médicales et traditionnelles, les contre-indications, etc.
• 0945
De cette manière, l'organisme de réglementation pourrait
permettre la mise en marché d'un produit à condition que soient
respectées les normes d'étiquetage. On pourrait ainsi avoir
beaucoup plus rapidement des informations sur plus de plantes.
Mais, à long terme, la création d'une pharmacopée botanique canadienne est une excellente idée.
M. Lynn Myers: Partagez-vous cet avis, docteur?
Dr Allan Best: Oui. Comme le fait remarquer M. Vertolli, c'est un travail de très longue haleine.
Notre conseil d'administration a décidé que la mise sur pied de services d'information serait notre priorité stratégique pour l'année à venir. C'est qu'il estime en effet que l'absence d'informations fiables constitue le principal obstacle sur lequel nous butons actuellement.
Devant cette situation, depuis quelques mois, j'essaie de constituer une coalition internationale qui préparerait la base de ce type de pharmacopée. Nous sommes en discussion, par exemple, avec Harvard, qui travaille pour le Office of Alternative Medicine et le NIH, aux États-Unis, avec le même type d'objectifs.
Les difficultés sont énormes. Il n'existe aucune langue commune. Nous n'avons pas de modalités communes pour organiser l'information. Comme on l'a dit, il y a des milliers de produits, et il faudra beaucoup de temps pour procéder à un examen minutieux et établir les repères de ce que nous savons et de ce que nous ignorons.
Je crois qu'il faut commencer. Le moment est idéal car cela fait partie intégrante de toute réglementation efficace.
M. Lynn Myers: Merci.
Madame Cabrera, j'ai été très intéressé par ce que vous avez expliqué de l'éducation et de la formation. Pourriez-vous préciser un peu la question du programme d'étude, de la durée, de la formation, de la réglementation, de l'homologation, du suivi, des sanctions, et de toutes ces choses. Avez-vous réfléchi à tout cela?
Mme Chanchal Cabrera: J'ai énormément réfléchi à tout cela. En plus de mon travail dans le milieu phytothérapeutique canadien, je siège au conseil d'administration de la American Herbalists Guild, qui est l'organisme professionnel américain.
Aux États-Unis, les choses commencent à se mettre en place plus rapidement qu'au Canada. En tant que présidente du Comité de l'éducation de la guilde américaine, j'ai participé pendant quatre ans à l'élaboration d'un programme d'étude et de critères d'appartenance professionnelle.
Le processus est très intéressant. Nous avons commencé par examiner le modèle de phytothérapeute occidental, en prenant la biologie occidentale comme base pour l'étude du corps et nous y avons greffé les plantes. Cela fonctionne pour certains types de pratiques, mais ça ne couvre pas les médecines ayurvédiques, traditionnelles chinoises ou autochtones américaines. Cela ne couvre pas du tout leurs champs de pratique.
Alors la guilde américaine a fini par arriver à ce modèle. C'est un modèle que je présente aux phytothérapeutes canadiens également et qu'ils ont jusqu'ici très bien reçu. Dans la American Herbalists Guild, la décision finale concernant l'adhésion professionnelle est soumise à un comité de pairs. Celui-ci est composé de cinq personnes dont un médecin, un praticien chinois, un praticien autochtone américain, et deux autres. Mais ceux qui ont suivi certains parcours d'études peuvent passer par une voie d'adhésion rapide. Ces deux procédures ont maintenant été définies.
La guilde vient en fait d'approuver un document que je serais heureuse de transmettre aux membres du comité permanent s'ils le jugeaient utile. On permet de devenir phytothérapeute par la voie de la biologie occidentale, mais aussi par celle de la médecine traditionnelle chinoise et ayurvédique, puisque ces associations professionnelles existent déjà.
Nous avons collaboré étroitement avec des praticiens autochtones afin d'établir ce qu'on appelle aux États-Unis la phytothérapie centrée sur la terre, à défaut d'une expression plus descriptive. C'est une façon de concevoir les plantes et le corps humain qui ne se fonde pas sur la biologie occidentale, mais qui est peut-être plus holistique de nature et moins réductrice.
J'ai l'impression qu'il nous faudra probablement faire quelque chose d'assez semblable au Canada. Supposons que l'on adopte le modèle européen. Son orientation est extrêmement réductrice et allopathique. Comme j'ai reçu ma formation en Europe, je connais très bien leur système d'éducation et leurs critères. Il existe une association européenne des phytothérapeutes, qui regroupe tous les groupes professionnels de ce type dans la communauté européenne.
• 0950
Leur critère d'adhésion professionnelle éliminerait
complètement une personne comme Brenda, par exemple—non peut-être
pas vous personnellement, puisque vous avez fait des études sur le
modèle occidental—ou des gens de sa communauté qui sont
d'excellents praticiens et qui servent très bien leur communauté
mais qui n'ont pas de formation médicale de type occidental. Selon
le modèle européen, ils ne seraient pas autorisés à se dire
phytothérapeutes professionnels.
Ce modèle ne peut pas fonctionner ici. Notre population est trop diversifiée. Nous avons trop de groupes ethniques différents qui ont déjà leur propre système de médecine. Leur dire simplement qu'il n'est pas admis au Canada et qu'ils ne peuvent pas pratiquer leur médecine ici ne ferait que les braquer.
La structure de réglementation que nous adopterons dans ce pays pour la pratique de la phytothérapie doit être inclusive, globale. Nous ne pouvons pas nous permettre d'exclure des catégories.
Les frais de santé sont actuellement tellement élevés que nous devons intégrer tous ces groupes éparpillés et nous assurer de la qualité et du professionnalisme des différents types de phytothérapie.
M. Lynn Myers: Je vous remercie. Votre réponse est fort utile. Pourriez-vous nous donner un modèle? Ce serait utile.
Mme Chanchal Cabrera: Avec plaisir.
La présidente: Peut-être pourriez-vous le faire parvenir au greffier. C'est très intéressant.
Madame Wasylycia-Leis.
Mme Judy Wasylycia-Leis (Winnipeg-Centre-Nord, NPD): Merci.
Je remercie les présentateurs. J'ai une question pour chacun des groupes.
Docteur Best, j'ai apprécié ce que vous avez dit à propos de la nécessité de renforcer la capacité de recherche à Santé Canada. On nous a dit qu'avant 1991 il y avait à la Direction générale de la protection de la santé une capacité très progressiste et très poussée, mais nous l'avons perdue suite à l'élimination du bureau de recherche sur les méthodes naturelles de santé.
Est-ce là le type de modèle qu'il faudrait envisager? Est-ce que nous devrions aller dans cette direction générale?
Brenda Thomas, vous avez mentionné le groupe de travail dont fait partie Mme Casaway, lequel recommande une structure de réglementation distincte pour les produits naturels de santé, les plantes médicinales, et ainsi de suite. Comment cela cadre-t-il avec ce que vous venez de nous dire sur les médecines et les remèdes traditionnels qui ne devraient pas être intégrés dans le marché et strictement réglementés? J'essaie de concilier ces deux déclarations.
Enfin, Chanchal et Michael, vous n'avez pas, je crois, couvert la question du recouvrement des coûts et toute cette question de la troisième catégorie. La Ontario Herbalists Association en a parlé hier.
Quelle incidence le programme actuel de recouvrement des coûts a-t-il eu sur les membres de votre association, et que recommanderiez-vous pour l'avenir?
Dr Allan Best: Je vais contourner un peu la question. Je suis certainement désolé pour Santé Canada avec toutes les difficultés qu'ont entraînées les coupures budgétaires pour des programmes qui étaient et demeurent très utiles. Par ailleurs, il est vrai que nous n'avons pas encore un modèle efficace du type que nous recommandons. Dans une large mesure, les difficultés que causent les questions de compétences fédérales-provinciales nous ont toujours empêché de faire un lien efficace entre les organisations scientifiques centrales et les services communautaires, en quelque sorte. J'en ai parlé avec Santé Canada au cours des années dans un grand nombre de contextes différents et non seulement en ce qui concerne la médecine complémentaire.
Les signes les plus prometteurs semblent venir d'organisations comme la Canadian Health Services Research Foundation et du cadre de référence que propose au niveau fédéral-provincial de gens comme Jonathan Lomas, directeur exécutif de la fondation, pour la création d'organismes scientifiques autonomes qui seraient reliés à des centres récepteurs au sein du gouvernement, en quelque sorte, pour l'information scientifique et qui faciliteraient l'échange d'information entre le gouvernement et les collectivités praticiennes.
Les idées ne manquent pas, et elles sont réalisables, mais je ne crois pas que nous ayons pour le moment les bons modèles.
Mme Brenda Thomas: Je vous répondrai en disant tout d'abord que je ne peux pas dire grand-chose en ce qui concerne le comité consultatif, puisque je n'y siège pas. Je sais que dans une certaine mesure, ce que je viens de vous dire et ce qui figure dans l'ébauche qui vous a été distribuée semble coïncider. Toutefois, la conception concernant les pratiques médicales traditionnelles de nos gens ne changent pas. Ces idées et ce paradigme ne bougeront pas, quel que soit le système mis en place.
• 0955
Pour ce qui est de l'ébauche qu'ont préparée Santé Canada et
son comité consultatif, je crois savoir d'après le travail de
Mme Casaway, qu'il y a un certain parallèle avec ce que je viens de
vous dire. Je ne sais pas jusqu'où il va, mais je sais qu'il y a un
certain parallèle avec ce que je vous ai présenté aujourd'hui en
vue de ce type de reconnaissance.
M. Michael Vertolli: Avant de répondre à votre question, j'aimerais ajouter un mot là-dessus. Chanchal et moi sommes tous deux membres du comité consultatif. La question des médecines traditionnelles figure certainement au premier plan de ses travaux, et il est important de rappeler que les règlements portent sur les produits vendus au Canada. Les guérisseurs autochtones traditionnels, qui cueillent leurs propres plantes et les administrent dans le contexte d'une cérémonie traditionnelle ne vendent pas des produits. Il ne faut pas que les règlements viennent entraver leurs pratiques.
En ce qui concerne le recouvrement des coûts, il est important de reconnaître que bon nombre des protestations et des grincements de dents de l'industrie n'avaient pas grand-chose à voir avec le recouvrement des coûts, mais portaient plutôt sur le coût d'un système excessivement complexe et coûteux d'identification numérique du médicament, le coût des licences d'établissement et toute la question du recouvrement des coûts, et au fait qu'en réglementant les produits naturels comme des drogues on obligeait les fabricants à respecter des normes pharmaceutiques, ce qui souvent entraînait des rénovations importantes et l'achat d'équipement coûteux.
Nous estimons que les normes pharmaceutiques ne sont pas toujours nécessairement appropriées. Dans bien des cas, elles sont beaucoup trop strictes pour les produits naturels, tandis que dans d'autres, elles ne le sont pas assez. Elles sont donc entre les deux. Notre proposition, qui consisterait à établir des normes d'étiquetage, permettrait l'homologation de produits après notification, tout simplement. La procédure serait rapide, comporterait un minimum de paperasserie et coûterait beaucoup moins cher.
En outre, nous avons également recommandé—comme l'a fait aussi le comité consultatif—que l'on n'impose pas des inspections régulières des installations. Si une installation fait l'objet d'une inspection annuelle deux ou trois ans de suite et qu'elle respecte les normes, on devrait dire: «Très bien, ils respectent de toute évidence les règlements, laissons faire et inspectons-les tous le deux ou trois ans, puisque nous les connaissons.» Cela aussi permettrait de réduire les coûts.
Mme Chanchal Cabrera: Si vous me permettez d'ajouter une chose...
La présidente: Soyez brève, s'il vous plaît, car vous avez déjà largement dépassé le temps.
Mme Chanchal Cabrera: Bien.
En ce qui concerne le recouvrement des coûts, le conseil consultatif et la Coalition of Herbal Associations se sont prononcés très clairement en faveur du maintien d'un système de bonnes méthodes de fabrication. Donc, même si l'initiative elle-même a été très mal accueillie, cela ne veut pas dire qu'il faille jeter le bébé avec l'eau du bain. Les bonnes procédures de fabrication sont tout aussi importantes pour les produits médicinaux à base de plantes qu'elles le sont pour l'alimentation ou les produits pharmaceutiques.
La présidente: Merci.
Madame Bennett
Mme Carolyn Bennett: J'ai deux questions. Tout d'abord, je voudrais demander au greffier si Jonathan Lomas va venir? L'a-t-on appelé?
Le greffier du comité: Le nom ne me dit rien.
Mme Carolyn Bennett: Il est de la nouvelle fondation canadienne de recherche sur les services de santé.
Le greffier: Non.
Mme Carolyn Bennett: Ce serait une bonne chose.
Je crois avoir compris l'essentiel de ce qu'on nous a dit et le fond du problème. L'intégration commence à poser des problèmes non pas quand les gens vont bien, mais lorsqu'ils tombent malades et qu'ils sont particulièrement vulnérables, notamment lorsqu'ils sont atteints d'un cancer. Ce sont probablement là les gens dont vous parlez, ceux qui viennent vous voir et qui ont l'impression de devoir choisir entre l'une ou l'autre méthode. C'est alors que le terme médecine alternative peut être nocif pour la santé, et qu'il serait préférable de parler de médecine complémentaire ou intégrée.
Je crois savoir que le Prince de Galles a organisé en Angleterre une conférence le traitement intégré du cancer. Je me demande s'il y aurait des leçons à en tirer.
• 1000
En tant que médecin de famille, avec des patients très
intéressés par les thérapies complémentaires et qui m'ont beaucoup
appris à leur propos, j'ai pu constater que c'est lorsque les gens
sont vraiment malades que le conflit se présente. Quand on parle de
réglementation des praticiens, y a-t-il des produits—si la
réglementation était bien faite—que vous ne voudriez voir utiliser
que par des praticiens ayant une formation. Je songe à des choses
comme Essiac. Ou, lorsqu'une personne est malade, l'enverriez-vous
directement consulter un praticien formé plutôt qu'au magasin
d'aliments de santé? Comment pouvons-nous procéder de manière...?
Le problème est le même avec la communauté autochtone. Nous devons faire très attention de ne pas nous ingérer. Mais je veux aussi savoir s'il existe des problèmes dont notre comité devrait être informé. Arrive-t-il qu'un guérisseur pratique des thérapies peut-être moins traditionnelles, mais vu sa position, son influence au sein de la communauté, il peut facilement tromper celle-ci? Ce n'est bien sûr pas notre rôle, mais est-ce que ce genre de problème se pose parfois?
Ce sont là mes deux questions.
Mme Chanchal Cabrera: Je voudrais faire quelques commentaires très rapidement. Le Prince de Galles, le Prince Charles, s'intéresse beaucoup aux médecines naturelles. La famille royale a régulièrement recours à ce type de médecine depuis des années. De fait, le Prince Charles a récemment invité le National Health Service du Royaume-Uni à intégrer entièrement les médecines naturelles et allopathiques. Il a très précisément parlé d'«intégration complète». Et la suggestion a été très chaleureusement accueillie au Royaume-Uni. Cette proposition a été très bien reçue.
Sur la question de savoir quand quelqu'un doit consulter un docteur en médecine, ou plutôt un praticien de médecine alternative ou complémentaire, je crois que nous devons reconnaître que dans ce pays, les gens ont le droit de choisir les soins de santé qu'ils souhaitent. Aucune loi ne dit que si vous avez un cancer vous devez voir un docteur en médecine. Vous pouvez choisir de ne rien faire du tout, si c'est ce que vous préférez. Donc je crois qu'il faut faire très attention de maintenir cette indépendance de choix du patient, du consommateur. Idéalement, ce choix doit être éclairé; et c'est peut-être là le noeud du problème.
Mme Carolyn Bennett: Je ne crois pas que vous ayez répondu à la question. Ma question était de savoir si certains produits ne devraient pas être en vente parce qu'ils devraient n'être utilisés que par des thérapeutes ou des phytothérapeutes formés ou accrédités.
Mme Chanchal Cabrera: Je vois que la réponse est affirmative, mais en fonction du produit, pas de la maladie. Par exemple, vous avez mentionné Essiac. C'est un produit qui est utilisé généralement dans le traitement du cancer. Prises individuellement, les plantes qui le composent sont tout à fait sans danger et il est certain que personne ne se fera du tort en prenant Essiac. Le cancer pourrait être mal soigné, mais Essiac ne serait pas la cause du problème. Il ne faut pas de réglementation sur les maladies, mais sur les produits, oui.
Si l'on prend encore une fois l'exemple du Royaume-Uni, il y a là-bas un groupe de produits qui sont les médicaments de l'annexe A. Et cela n'a rien à voir avec notre annexe A canadienne. Cela s'appelle simplement ainsi là-bas. Il y en a peut-être 15 de ces produits à base de plantes auxquels seuls peuvent avoir accès les membres de l'Institut national des phytothérapeutes. Ce sont, entre autres, la belladone, le jasmin primevère, la stramine commune, l'aconit, et quelques autres plantes qu'un phytothérapeute professionnel peut très bien utiliser mais qui ne devraient jamais être en vente libre. Je crois que c'est absolument nécessaire au Canada. Le problème, c'est que nous n'avons pas de phytothérapeutes professionnels; et sans vouloir leur manquer de respect, les médecins ne savent pas comment utiliser ces produits.
Actuellement, c'est la pagaille totale. Ces plantes ne figurent pas sur la liste des produits réglementés, bien que ce soit souhaitable selon moi. Certaines le sont, mais beaucoup d'autres ne le sont pas. Par ailleurs, il y en a d'autres qui figurent sur la liste au Canada alors qu'elles sont parfaitement anodines et sans danger. Il y a un manque de logique. Ça n'a pas de sens.
• 1005
La réponse en un mot est oui, certains produits devraient être
réglementés. Quant à savoir qui les utilise, c'est autre chose.
M. Michael Vertolli: Je voudrais ajouter que s'il est si important d'avoir une initiative fédérale-provinciale en place, c'est parce que nous savons que certaines choses ne doivent pas être en vente libre, mais elles sont néanmoins utiles au public et nous ne voulons pas les voir disparaître.
Mme Brenda Thomas: Pour répondre à votre question, oui, ce type de situation se produit dans nos communautés. Nous appelons ces gens-là des charlatans, des fraudeurs, à défaut de mieux. Généralement, tout le monde sait qui ils sont, comme on sait aussi qui sont les anciens auto-proclamés. Ils se sont eux-mêmes attribués cette position.
Les vrais guérisseurs traditionnels ont suivi tout le parcours. Ils ont acquis leurs connaissances auprès d'un autre membre de la communauté, dès le plus jeune âge; ils se sont soumis aux rites de passage imposés. Généralement, dans les communautés où les liens sont très serrés, chacun sait qui est légitime et qui ne l'est pas. Les gens savent à qui ils peuvent se fier et qui ils doivent éviter. Ces situations se produisent, mais elles sont réglées au niveau de la communauté.
La présidente: Monsieur Elley.
M. Reed Elley (Nanaimo—Cowichan, Réf.): Merci beaucoup, madame la présidente.
Je suis heureux que nous ayons finalement des représentants de la collectivité autochtone aujourd'hui et de pouvoir entendre votre point de vue, Brenda.
J'ai cependant quelques questions à vous poser, pour que vous puissiez peut-être préciser un peu ce que vous nous avez dit.
Avez-vous eu connaissance de décès ou de problèmes de santé causés par des guérisseurs traditionnels qui auraient administré des plantes à des membres de votre peuple? C'est ma première question. J'aimerais aussi que vous nous expliquiez davantage pourquoi vous estimez que les guérisseurs autochtones traditionnels devraient être exemptés si l'on avait effectivement un système d'accréditation des praticiens au Canada.
Mme Brenda Thomas: Tout d'abord, je n'ai jamais eu connaissance de décès ou d'empoisonnement dus à la médecine traditionnelle—pas à ma connaissance, au cours des 42 années que j'ai vécu sur cette terre, et je n'en ai jamais entendu parler par ma grand-mère non plus.
Pour ce qui est de votre deuxième question, la raison pour laquelle j'estime...
La présidente: J'aimerais apporter une précision, car les gens se posent des questions. La sonnerie n'a pas encore été déclenchée. Elle viendra dans quelques minutes, et nous aurons ensuite une demi-heure devant nous; nous avons donc amplement le temps.
Pardonnez-moi, Brenda. Allez-y.
Mme Brenda Thomas: Pour ce qui est de votre deuxième question, à propos de l'exemption qui selon moi devrait être accordée aux guérisseurs traditionnels, si je défens ce point de vue pour ce qui concerne la véritable médecine traditionnelle pratiquée par notre peuple, c'est parce que ces gens officient dans leur collectivité en tant que médecins. Ils sont reconnus par la communauté. Ils ont obtenu leurs connaissances par le Créateur, suite à un processus qui existe de tout temps. J'estime qu'il serait inapproprié que des tiers interviennent maintenant pour nous dire ce qui est approprié ou ce qui ne l'est pas.
M. Reed Elley: J'ai une question pour le Dr Best.
Au point trois de votre exposé vous avez parlé de la nécessité de créer une base nationale de connaissances et un centre d'information. Selon vous, qui serait le mieux placé pour mener à bien une telle entreprise? Et une fois le projet mis en route, qui serait mieux en mesure d'en protéger les intérêts? Faut-il confier cela à un gouvernement ou au secteur privé?
Dr Allan Best: Je crois qu'il nous faut une coalition. Tous les intérêts concernés doivent être représentés. Parmi les gens avec lesquels nous sommes en discussion actuellement, il y a des producteurs de connaissances—par exemple, certaines grandes universités qui font des évaluations critiques ou de la recherche fondamentale—ainsi que des organismes de santé, comme la Société canadienne du cancer, qui est particulièrement intéressée à élargir son service d'information pour y faire figurer ce volet. Nous sommes en discussion avec des créateurs de logiciels du secteur privé qui sont en train d'élaborer un fureteur sur mesure pour que nous puissions créer une base de données et faire des recherches dans le texte et avoir ainsi accès à grand nombre d'informations qui sont disponibles. Je crois qu'il faudrait avoir une coalition assez large des secteurs public et privé, des chercheurs et des consommateurs, si nous voulons que le système fonctionne.
La présidente: Monsieur Volpe.
M. Joseph Volpe (Eglinton—Lawrence, Lib.): Merci, madame la présidente, j'ai quelques questions et je vais les poser une à la fois.
Vous avez parlé de choix, et j'imagine que vous voulez parler de «choix éclairés». Vous l'avez répété à plusieurs occasions. Je me demande si toute cette discussion va nous conduire, comme certains l'ont laissé entendre, à se demander ce qui doit être couvert par l'assurance-santé et si une personne qui consulte un phytothérapeute ou choisit une méthode traditionnelle a véritablement le choix si elle doit payer elle-même ce service. Si elle opte pour un traitement conventionnel occidental, elle n'aura pas à payer. Y a-t-il derrière tout cela aussi une question de coûts?
Je suis désolé d'être aussi brutal, mais...
M. Michael Vertolli: Le coût est un élément important. De fait, c'est probablement le facteur le plus important qui a retenu autrefois les gens de consulter des praticiens de médecines complémentaires, simplement parce qu'ils n'ont pas l'habitude de payer de leur poche. Mais nous savons bien que directement ou indirectement, nous faisons tous les frais d'un système de soins qui est actuellement tout à fait inefficace.
De façon générale, vous verrez peut-être un mouvement de la part des consommateurs qui exigeront que les soins de santé complémentaires soient intégrés au système d'assurance. Cela pourrait en inquiéter quelques-uns qui craignent que le coût des soins de santé n'augmente. Mais personnellement, je suis convaincu qu'il diminuerait tout de même, pour deux raisons très simples.
Premièrement, le coût des soins de santé complémentaires est considérablement moins élevé que celui des traitements conventionnels. Même si vous allez voir régulièrement un phytothérapeute ou un naturopathe, tous les mois, les coûts sont considérablement moins élevés. Et de plus, les praticiens de médecines complémentaires insistent davantage sur la prévention, font beaucoup d'information et apprennent aux gens comment prendre en main leur santé. Leur pratique est basée sur la prévention, et ils obtiennent traditionnellement de bien meilleurs résultats pour les problèmes chroniques que la médecine conventionnelle.
Donc, à long terme, je crois que si les gens adoptent une approche préventive, proactive, sont mieux informés, utilisent moins de thérapies coûteuses et, comme on l'a dit plus tôt, à mesure que les membres de la génération du baby-boom vieillissent, souffrent moins de problèmes de santé chroniques—on peut l'espérer—même si les thérapies complémentaires étaient intégrées au régime d'assurance-maladie, les coûts continueraient de diminuer.
Mme Chanchal Cabrera: Puis-je ajouter un commentaire, brièvement? Aux États-Unis, on constate que les compagnies d'assurance privée sont de plus en plus nombreuses à couvrir les médecines naturelles, parce que les consommateurs l'exigent. Un sondage de CTV Angus Reid, publié en septembre dernier, indiquait que 70 p. 100 des Canadiens estiment que les programmes provinciaux d'assurance-santé devraient couvrir les produits et services de soins naturels. En Colombie-Britannique, ce pourcentage atteignait même 83 p. 100.
M. Joseph Volpe: On pourra même atteindre 100 p. 100, si vous leur dites que tout ce qu'ils veulent sera gratuit.
J'aimerais revenir à la question de l'intégration, car selon moi lorsque vous parlez de coûts, il ne faut pas compter le produit seulement, mais aussi les conseils qui accompagnent son utilisation.
J'ai quelques difficultés avec certains arguments, et je dois avouer que je partage le préjugé que d'autres ont avoué autour de cette table. Je préfère ne pas voir un médecin à moins d'y être strictement obligé. Jusqu'à mon lit de mort, je refuserai d'aller voir un médecin, et je ne crois pas être une exception. Toutefois, une fois sur mon lit de mort, je chercherai quelqu'un qui pourra me donner une certaine garantie que le produit ou le traitement utilisés auront un effet.
À tort ou à raison, notre société se fie à la méthode occidentale, scientifique, fondée sur la recherche, même si cette confiance a diminué récemment, si l'on en juge par les poursuites engagées un peu partout contre les médecins. Mais cela dit, il reste un fort élément de confiance et nous continuons de croire à cette solution ultime.
• 1015
Un de mes collègues disait que tant qu'il est en santé il veut
bien utiliser telle ou telle autre méthode, mais le fait est que
nous tombons tous un jour malade. J'approche moi-même de cet âge
fatidique. On arrive à la cinquantaine, et on va voir le médecin
toutes les 30 secondes, sans quoi on s'effondre.
Pardonnez-moi si je plaisante sur le sujet, mais vous voyez où je veux en venir? À partir d'un certain âge, on commence à être malade. C'est bien beau de parler de phytothérapie, de méthodes naturelles et de médecines traditionnelles. Tout cela est très bien. Je me souviens que tout cela était fantastique à l'époque de ma grand-mère et elle se portait comme un charme. Elle n'est plus de ce monde, et maintenant je dois consulter un médecin. Je le répète, je ne veux offenser personne, mais s'agit-il de thérapies qui fonctionnent bien quand vous êtes en santé, mais qui pourraient poser un problème quand vous êtes malade?
Mme Chanchal Cabrera: Monsieur Volpe, vous avez soulevé des questions très intéressantes. Tout d'abord, je vous suggère, ainsi qu'à tous les Canadiens, de ne pas attendre d'être sur votre lit de mort pour consulter un praticien de la santé. L'un des atouts de la médecine naturelle c'est qu'elle pratique la prévention, et si vous choisissez de prendre en main votre santé, allez voir un praticien de médecine naturelle et renseignez sur ce qu'il faut faire pour ne pas être malade. C'est ma première réponse.
M. Joseph Volpe: Malheureusement, Chanchal, je suis vraiment représentatif.
Mme Chanchal Cabrera: Tout à fait, je comprends.
M. Joseph Volpe: Comme tout le monde, je suis mal informé. Je dois cependant dire pour ma défense, que j'ai eu l'occasion au début de la semaine de parler à un oncologue qui devrait savoir des tas de choses—vous avez parlé de cancer, et l'exemple m'est immédiatement revenu. Il traitait un autre médecin de charlatan parce qu'il n'avait pas été publié. Je suis allé voir sur Internet et j'ai trouvé 200 articles publiés par cette personne. Mais l'un est considéré comme une sommité et l'autre, me dit-on, est un charlatan.
Si des gens qui ont atteint ce niveau de professionnalisme, qui ont subi toutes les rigueurs du système d'éducation, sont mal informés, que puis-je faire moi, simple Canadien ordinaire, qui s'inquiète de sa santé, mange plus ou moins bien, et ne fait pas d'exercice bien qu'on me le recommande, mais il n'y a pas grand-chose qu'on puisse faire à 5 h du matin? Sommes-nous sérieux lorsque nous parlons d'information? Comment s'informe-t-on? Il y a de l'information sur Internet et vous me dites que je ne dois pas m'y fier. Je vais voir un professionnel et il ne sait même pas ce qui s'y trouve.
Mme Chanchal Cabrera: Je ne crois pas que nous allons régler tous ces problèmes, mais si nous avons une structure de réglementation qui permette l'accréditation de professionnels compétents et qualifiés en médecine naturelle, les consommateurs mal informés auront au moins un endroit où s'adresser lorsqu'ils auront besoin d'aide. Ce n'est peut-être pas parfait, mais pour le moment ils ont le choix entre la médecine conventionnelle et la pagaille.
M. Joseph Volpe: Mais ils n'ont pas le choix. Je reviens à la question du prix. S'ils optent pour une méthode alternative, ils devront payer de leur poche alors que l'autre est couverte. Pour moi, il y a choix quand il y a égalité, et j'en reviens donc à ma question de départ.
Mme Chanchal Cabrera: C'est très juste. Toutefois, de nombreux produits naturels de santé ne sont pas chers, en tout cas si vous comparez au coût d'une ordonnance en pharmacie. Beaucoup de praticiens de médecine naturelle, comme moi, offrent leurs services gratuitement à ceux qui ont des difficultés financières. Deux fois par semaine, j'ouvre mon dispensaire gratuitement, et beaucoup de praticiens font comme moi parce qu'ils n'aiment pas cette idée élitiste que la médecine naturelle ne s'adresse qu'à ceux qui en ont les moyens. Ce n'est pas ainsi que je pratique la médecine. Et je crois qu'il y a beaucoup de gens comme moi.
La présidente: Le docteur Best souhaiterait ajouter quelque chose.
Dr Allan Best: Vous êtes en train de nous faire une très bonne description des problèmes actuels.
M. Joseph Volpe: Il y a un problème et je ne trouve pas de solution.
Dr Allan Best: C'est en partie la raison pour laquelle j'ai insisté sur l'importance de relier tous ces débats à celui de la réforme des soins de santé. Fondamentalement, les solutions se trouvent au niveau communautaire. Par exemple, nous sommes en discussion avec certaines compagnies du secteur privé et des groupes comme le Collège des médecins de famille du Canada, entre autres, en vue de réaliser un projet de démonstration en milieu communautaire, où nous essaierions de travailler avec le public et les praticiens de différents secteurs, pour essayer d'améliorer la communication. La réglementation ne peut pas faire cela. Les programmes d'éducation à eux seuls n'y parviendront pas. Il faut une action au niveau communautaire. C'est un grand défi.
• 1020
Je suis désolé d'avoir parlé trop longtemps. J'ai insulté les
médecins autour de la table.
Mme Elinor Caplan (Thornhill, Lib.): Pourrais-je dire juste une chose et demander une réponse au Dr Best? Vous avez parlé de la difficulté d'intégrer les médecines alternatives et complémentaires. Je me demande si nous sommes même parvenus à amener les praticiens traditionnels à communiquer entre eux.
Dr Allan Best: C'est difficile. Comme vous le savez, c'est une des causes profondes du mouvement de réforme des soins de santé actuellement en cours. Je sais que c'est difficile.
La présidente: Ce serait possible si on le souhaitait vraiment.
Vous avez une question, monsieur Dumas? Bien.
[Français]
M. Maurice Dumas: Madame Thomas, en parlant de vos guérisseurs tout à l'heure, vous avez parlé de science acquise au cours des ans, mais aussi d'inspiration divine.
Au cours de ma vie, j'ai souvent entendu parler, dans les Évangiles, d'imposition des mains. Vous souvenez-vous de cela? Probablement. Je ne voudrais pas choquer mes collègues, mais je dois avouer que j'ai beaucoup de difficulté à comprendre ce phénomène. Je me demande si on n'en met pas un peu trop sur les épaules de Dieu en disant qu'il est responsable de tout ce qui arrive, du bien comme du mal.
J'aimerais donc que vous élaboriez davantage sur le sujet de la participation de Dieu, disons, au traitement que vos guérisseurs appliquent à vos concitoyens.
[Traduction]
Mme Brenda Thomas: Je crois que c'est un peu plus complexe que cela. Quand je parle des guérisseurs traditionnels des premières nations, nous le voyons dans une perspective globale. C'est la guérison holistique par excellence. On ne considère pas seulement la méthode qu'utilise le guérisseur, mais la maladie dans son ensemble, telle que la perçoit la communauté.
Traditionnellement, on estime que la maladie provient d'un déséquilibre, physique ou mental, spirituel ou émotionnel. C'est à partir de ces quatre éléments que la personne qui est considérée comme un guérisseur essaie de rééquilibrer la situation. Il prend à la Terre ce que le Créateur y a mis pour notre bien. En prenant des choses à la Terre, il relie l'esprit de la personne malade à l'esprit de la plante. Il met en contact les deux esprits. Le Créateur donne alors à la plante instruction de guérir la personne malade.
Il y a une cérémonie qui suit cette procédure. Il n'y a pas d'imposition des mains ou d'intervention divine de ce type-là. C'est toute une cérémonie qui préside à la préparation du médicament, qui prépare le malade à recevoir le traitement. Et ce n'est pas seulement une préparation d'ordre physique. Il y a aussi un élément spirituel et sacré à respecter.
Ces éléments sont inséparables. Ils sont tous interreliés, de la même manière que nous sommes tous reliés à l'univers. Il y a donc un respect de la vie, et c'est dans l'esprit de ce respect pour la vie que... Une partie de l'enseignement vient de ce processus lorsqu'une personne est choisie pour le rôle de guérisseur.
Je ne sais pas si cela répond à votre question.
[Français]
M. Maurice Dumas: Oui, merci.
[Traduction]
La présidente: J'aimerais faire un commentaire. Deux personnes encore souhaiteraient poser des questions, et j'espère qu'elles sauront être brèves.
• 1025
Je voudrais dire aux membres du comité que nous arrivons à un
point où nous commençons tous à comprendre beaucoup mieux la
question et si, rentrés chez vous vous, pensez que nous devrions
entendre un autre groupe, ou demander des précisions à l'un de ceux
que nous avons entendus, faites-le nous savoir. Nous aimerions
savoir si vous pensez qu'il serait bon de réunir tous ce panel
encore une fois, ou un autre. Faites-nous donc savoir s'il se
présente quelque chose de neuf.
Mme Judy Wasylycia-Leis: Plus j'écoute, plus je me demande si la véritable question n'est pas tant de savoir si nous devons avoir une loi ou une réglementation différente, mais bien plutôt si nous avons la volonté politique d'agir, comme l'a dit le Dr Best, et de créer un véritable modèle réformé de soins de santé, et de savoir si nous avons vraiment la volonté de nous donner les moyens, que ce soit au gouvernement ou à l'extérieur, de frapper les activités frauduleuses, les substitutions et les falsifications de produits. C'est une question.
L'autre s'adresse en particulier à Michael et Chanchal, parce que nous avons entendu tellement de points de vue divergents. Il semble y avoir un gouffre entre les consommateurs de vos produits et les professionnels et producteurs, et nous sommes censés essayer de le combler.
Pourriez-vous jouer un rôle? Y a-t-il quelqu'un qui pourrait rapprocher tous ces groupes et arriver à dégager un consensus?
Dr Allan Best: Vous me demandez si vous avez la volonté politique.
Des voix: Oh, oh.
Mme Judy Wasylycia-Leis: Je vous demande s'il ne s'agit pas plutôt de volonté politique que d'élaboration d'un nouveau régime législatif?
Dr Allan Best: Vous avez raison. Politique, au sens large...
Mme Judy Wasylycia-Leis: Oui.
Dr Allan Best: ...car cela comprend aussi la volonté politique des associations professionnelles et de nombreux autres groupes à participer sérieusement au processus.
Je crois vraiment que cette volonté existe. Cela nous ramène à la question de Mme Caplan, par exemple: les gens se parlent-ils vraiment au niveau de la communauté? Et bien, les gouvernements provinciaux les obligent à se parler au niveau communautaire. Ils n'apprécient pas toujours. Ils opposent de la résistance.
Je viens du nord de Vancouver. La semaine dernière, nous avons congédié notre conseil d'administration. Cela arrive. Je crois que le moment est idéal pour agir, mais je ne veux pas sous-estimer les difficultés. Vous avez raison. C'est une question de volonté politique, multiple, mais c'est la réalité. C'est le problème.
La présidente: Quelqu'un souhaite-t-il répondre? Michael?
M. Michael Vertolli: Je remplis plusieurs fonctions. Je suis aussi président de la Coalition canadienne pour la liberté en matière de santé, que vous avez entendue la semaine dernière. Nous avons longuement travaillé en préparation des dernières élections fédérales, afin de créer un consensus entre les différents groupes concernés par la question. Le point de vue que l'on vous a répété maintes fois sur les différentes catégories de réglementation, et organismes de réglementation distincts, la réglementation appropriée, et non pas l'absence de réglementation, tout cela est le résultat d'un consensus.
Malheureusement, il y a quelques groupes minoritaires qui ont choisi une position extrémiste, en demandant essentiellement la déréglementation. Ils crient très fort, mais ils sont moins nombreux qu'on ne pourrait le croire.
Un des gros problèmes, c'est qu'un certain nombre de revues spécialisées en médecine alternative sont dirigées par des gens qui appuient la position extrémiste minoritaire. Un des gros problèmes qui se pose avec les consommateurs tient au type d'information qu'ils reçoivent, parce que beaucoup d'entre eux ne sont pas bien informés.
Mais nous n'arriverons jamais au consensus parfait. Il y aura toujours des positions minoritaires. Ce que nous devons faire, c'est essayer de mettre sur pied un régime qui fonctionne bien. Malheureusement, nous devons satisfaire des exigences contradictoires. D'une part nous voulons la sécurité et l'assurance de qualité. Par ailleurs, nous voulons la liberté de choix.
On parle beaucoup d'aller voir ce qui se fait ailleurs. Malheureusement, il y a peu ou pas de véritables modèles solides de réglementation de ces produits. Il y a des aspects positifs dans divers pays.
• 1030
Ce qui s'offre à nous, c'est une occasion, si nous avons la
bonne volonté de collaborer, de créer un modèle qui pourrait être
le premier au monde à véritablement intégrer tous ces éléments.
Nous pourrions devenir un modèle pour les autres pays.
La présidente: Merci.
Joe, vous avez une minute.
M. Joseph Volpe: Je tiens à remercier ce panel, car j'apprends toujours quelque chose chaque fois que nous rencontrons des gens comme vous.
Je voulais vous poser une question. Je pense ne pas avoir été assez clair. Dans une société qui estime tant le rationalisme, qui attache tant de valeur, avez-vous essayé de calculer ce que représente votre proposition, d'attacher des chiffres à vos arguments, afin que nous puissions fonder nos décisions sur des données objectives?
Dr Allan Best: Nous ne faisons pas exception à la règle. Nous avons le bonheur d'être en partenariat avec les principaux hôpitaux universitaires de médecine conventionnelle, et d'autres organismes de Vancouver, et nous pouvons le faire dans une certaine mesure. Oui, nous évaluons tout ce que nous faisons. Nous ne faisons rien sans l'évaluer.
Nous avons l'intention d'examiner constamment nos résultats à la lumière des données du PSM de la Colombie-Britannique, afin de pouvoir suivre les clients et voir si leurs coûts d'utilisation diminuent lorsqu'ils commencent à participer à nos programmes de recherche. Je crois que cela se fait de plus en plus, mais nous n'en sommes encore qu'au début.
Mme Chanchal Cabrera: Je tiens à vous rappeler aussi la preuve empirique suite à 100 000 ans d'utilisation constante de plantes médicinales. Il ne faut pas l'oublier.
M. Michael Vertolli: Je voudrais ajouter que l'on se fait aussi souvent une idée fausse de la médecine conventionnelle. Le fait est que la très grande majorité des médicaments et des pratiques de la médecine conventionnelle n'ont pas été rigoureusement éprouvés. Ce fait est clairement documenté dans des journaux médicaux très respectés. Considérez l'utilisation généralisée de la chimiothérapie. Son utilité n'a été véritablement prouvée que pour les leucémies infantiles et quelques types très rares de cancers. Pour le reste, elle n'a absolument pas fait ses preuves.
La présidente: Merci beaucoup. Je tiens à remercier tous les membres du panel.
La séance est levée jusqu'à nouvelle convocation de la présidence.