HEAL Réunion de comité
Les Avis de convocation contiennent des renseignements sur le sujet, la date, l’heure et l’endroit de la réunion, ainsi qu’une liste des témoins qui doivent comparaître devant le comité. Les Témoignages sont le compte rendu transcrit, révisé et corrigé de tout ce qui a été dit pendant la séance. Les Procès-verbaux sont le compte rendu officiel des séances.
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STANDING COMMITTEE ON HEALTH
COMITÉ PERMANENT DE LA SANTÉ
TÉMOIGNAGES
[Enregistrement électronique]
Le mercredi 25 mars 1997
[Traduction]
La vice-présidente (Mme Elinor Caplan (Thornhill, Lib.)): La séance du Comité permanent de la santé est ouverte.
C'est le Dr Chris Turner, de la Manitoba Homoeopathic Association, qui sera le premier à nous présenter son exposé.
Soyez le bienvenu.
M. Chris Turner (Manitoba Naturopathic Association): Merci. Je suis heureux de vous revoir tous. Je suis désolé qu'il n'y ait pas plus de députés là pour nous entendre aujourd'hui. Je tiens à vous remercier d'avoir accédé à ma demande de témoigner devant le comité, mais je suis désolé que vous ne jugiez pas approprié de m'accueillir en personne.
Au cours de vos audiences, vous avez entendu beaucoup de témoignages. L'exposé que je vous présenterai vise à être informatif et à permettre aux membres du comité, du moins à ceux qui sont là, de poser des questions auxquelles vous n'aurez peut-être pas encore obtenu de réponse, dans les limites du temps qui nous est alloué aujourd'hui.
Comme vous le savez, il existe en Colombie-Britannique, en Saskatchewan, au Manitoba et en Ontario des lois qui réglementent l'exercice de la médecine, notamment de la médecine naturopathique. C'est cette forme de médecine que j'exerce actuellement au Manitoba.
C'est en 1943 que le Manitoba a accordé ses premières licences. Depuis, les médicaments ont beaucoup changé. Nous traitons des patients depuis bien des années au Manitoba avec beaucoup de succès et en conformité avec la réglementation prise en vertu de la loi provinciale.
Pour être autorisé à exercer la médecine au Manitoba, il faut d'abord avoir fait la formation voulue, soit trois années en prémédecine équivalentes à celles des médecins allopathes. Il faut ensuite faire quatre années de résidence dans un établissement naturopathe reconnu et suivre tous les cours qui s'y rattachent.
Les deux premières années de formation sont équivalentes, encore là, à celles que reçoivent les médecins allopathes. Dissection et anatomie humaines, physiologie, pathologie, biochimie, diagnostic en laboratoire, radiodiagnostic, diagnostics clinique et physique, pharmacologie, pharmacognosie, médecines botaniques, remèdes homéopathiques et aliments et suppléments nutritifs sont quelques-uns seulement des cours qui figurent au programme d'études du collège canadien que je vous ai fait parvenir.
• 1635
La formation clinique se fait principalement pendant les deux
dernières années de formation. La principale différence qui
distingue la médecine allopathique de la médecine naturopathique
tient à la philosophie, à l'art ainsi qu'à la pratique et aux types
de médicaments utilisés.
En tant que médecin naturopathe, je veux non seulement traiter les symptômes qu'éprouvent mes patients, mais poser un diagnostic quant à leur origine. Je préfère m'attaquer à la racine du problème et pas seulement à ses ramifications. Au besoin, j'utilise toutes les méthodes diagnostiques qui m'ont été enseignées, y compris les méthodes plus classiques, comme les examens sanguins, les analyses d'urine, les radiographies, la scanographie et les autres.
Bien que diverses provinces aient des lois autorisant l'exercice de la médecine naturopathique, il ne semble pas y avoir de réglementation fédérale claire quant aux substances qui sont du domaine du médecin naturopathe. Qu'est-ce qui est considéré comme une substance naturelle et qu'est-ce qui est considéré comme une drogue?
Pourquoi les médecins naturopathes n'ont-ils pas accès aux substances naturelles visées par un programme d'accès spécial? Le directeur du bureau de l'évaluation des produits pharmaceutiques m'a informé par écrit qu'il s'agit là d'une question que votre comité a été chargé d'étudier, et j'aimerais bien que vous me disiez ce qu'il en est.
La définition qui permet de déterminer si un médecin est un médecin agréé relève-t-elle du niveau fédéral, de votre compétence donc, ou de la compétence des provinces? Vous devriez savoir que la profession de naturopathe est actuellement la seule dont les membres reçoivent une formation égale à celle de nos collègues, les médecins allopathes. Pourtant, les médecins naturopathes ne participent pas au processus de consultation à un degré compatible avec leur formation.
La DPT, le PPT et son personnel ne semblent pas faire à notre profession la place qui lui revient. J'ai l'impression qu'il doit y avoir des objectifs individuels ou collectifs qui motivent cette exclusion à la direction. Il convient de se demander quels sont les intérêts qu'on cherche à protéger et à qui la direction doit rendre des comptes.
La Manitoba Naturopathic Association est très préoccupée par le fait que la nouvelle réglementation ne sera pas élaborée par ceux qui ont été formés comme spécialistes dans le domaine: des personnes formées dans l'utilisation médicale, clinique et en laboratoire de substances naturelles complémentaires pour poser des diagnostics et traiter les maladies.
Nous vous demandons, dans l'exercice de votre mandat, de veiller à ce que les médecins naturopathes soient inclus dans tous les aspects de la législation actuelle ou future qui réglementera ces substances. Nous craignons que, si notre profession continue à être soumise à des restrictions, beaucoup de nos membres iront exercer dans d'autres endroits où la profession de naturopathe est plus à l'honneur. Les Canadiens se retrouveraient ainsi privés des soins de qualité que leur assurent les médecins naturopathes.
L'accès, le droit de rédiger des ordonnances et les privilèges hospitaliers sont déjà bien établis dans biens des États américains. En Australie, les médecines complémentaires s'entendent d'un régime de prévention et d'atténuation de la maladie ou de maintien de la santé qui ne se fonde pas nécessairement sur les données dont ont se sert dans l'exercice de la médecine dans le monde occidental.
Parce qu'ils sont des spécialistes du domaine, les naturopathes estiment que certaines substances devraient être limitées à ceux qui détiennent une licence pour leur utilisation et que certaines substances devraient être offertes au grand public sans aucune restriction. Je sais bien que vous avez reçu des mémoires à ce sujet, mais je crois savoir qu'il y a une certaine confusion quant à l'éventuelle modification de certains aspects de ces rapports. Je mets ma compétence à votre service pour vous aider à prendre des décisions à cet égard.
La Manitoba Naturopathic Association a aussi des préoccupations quant à la façon de garantir que les substances naturelles contiennent bien ce qu'elles sont censées contenir et qu'elles sont bien étiquetées. À l'heure actuelle, il est impossible de déterminer le contenu et l'efficacité d'une substance naturelle à partir de l'étiquette. Il faut tenter d'obtenir de l'information du fournisseur, lequel pourrait être influencé par le désir de faire des ventes. La vérification du contenu et de l'efficacité des substances devrait être contrôlée par un organisme indépendant. Le résultat de leur utilisation clinique est utile pour évaluer les substances. Or, à ma connaissance, le gouvernement fédéral n'accorde pas de fonds pour la réalisation d'études fondées sur l'utilisation clinique.
• 1640
Quand on traite la personne comme un tout, on ne traite pas
seulement les symptômes qu'elle présente. Il est parfois difficile
de comprendre cette démarche à moins d'en avoir fait l'expérience
personnellement. C'est une démarche qui exige une formation et une
expérience cliniques convenables. Elle permet d'évaluer l'équilibre
interne du corps, ou l'équilibre physique, de l'esprit, ou
l'équilibre mental, et de l'âme, ou l'équilibre psychosocial.
L'exemple que j'invoque souvent dans mes conversations avec mes patients est celui de l'homme qui était venu me voir pour son gros orteil. J'ai examiné son orteil, et il était tout rouge et très enflé.
J'ai traité son gros orteil et je l'ai aidé à atténuer le mal. Je lui ai ensuite demandé ce qu'il lui était arrivé. Avait-il eu un accident? Quelqu'un lui avait-il écrasé le gros orteil? Il m'a expliqué qu'il avait donné un coup de pied à sa table à café. Je lui ai demandé si la table à café était dans son chemin? Êtes-vous tombé? Qu'est-il arrivé? Il m'a dit: Bon, voici, j'ai voulu donner un coup de pied au chien, le chien a bougé et j'ai heurté la table à café.
Je lui ai ensuite demandé: Le chien avait-il mâchouillé vos pantoufles ou avait-il manqué à son obligation de vous apporter le journal; qu'est-il arrivé? Il m'a alors expliqué que le problème tenait en fait à ce que ses enfants ne l'écoutaient pas.
Le problème de cette personne ne tenait donc pas tellement au symptôme qu'il présentait, à savoir un gros orteil enflé, qu'à cette question psychosociale de l'interaction qu'il avait avec ses enfants.
Une fois qu'on a déterminé la véritable cause du manque d'harmonie, il est possible de guider le patient vers un état de mieux-être. Nous sommes en évolution constante. L'équilibre qui assure notre santé est en évolution constante. Pour maintenir l'équilibre, il faut non seulement des médicaments naturels ou synthétiques, mais aussi l'harmonie entre les facteurs mentaux et psychosociaux.
Je vais conclure mon exposé un peu plus vite que je ne l'avais prévu, pour que, s'il y a des questions ou si d'autres députés finissent par se présenter... Je n'en ai pas vu d'autres arriver.
Je tiens à vous remercier pour votre attention. J'attends les questions que vous voudrez me poser aujourd'hui, mais aussi celles que vous voudrez me poser à l'avenir.
La vice-présidente (Mme Elinor Caplan): Merci beaucoup.
Le témoin suivant est-il prêt à faire son exposé?
Mme Judy Hughes (coordonnatrice et directrice de projets, Manitoba Homoeopathic Association): Oui, je suis prête.
Bonjour. Je m'appelle Judy Hughes. Je suis ici aujourd'hui en ma qualité de coordonnatrice et de directrice de projets pour le mouvement de renouveau de l'homéopathie au Manitoba.
Puis-je d'abord demander aux membres du comité s'ils ont reçu le texte de notre exposé?
La vice-présidente (Mme Elinor Caplan): Je vérifierai auprès du greffier. Il est sorti pendant quelques instants. Pourquoi ne nous faites-vous pas votre exposé, puis nous demanderons si les membres ont reçu le texte.
Mme Judy Hughes: Merci.
Au nom des trois organisations qui représentent le secteur homéopathique du Manitoba à ces audiences, je vous souhaite la bienvenue au Manitoba et aussi à Winnipeg. Sur une note personnelle, je voudrais tout d'abord commencer par remercier Sharron Scullion pour tout le travail qu'elle a fait et toute l'aide et l'information qu'elle nous a fournies en vue de nos exposés d'aujourd'hui. Nous voulons aussi profiter de l'occasion pour reconnaître l'énorme tâche que le comité permanent a entreprise.
Je tiens aussi à dire que nous sommes encouragés par le fait que le ministre de la Santé du Manitoba a engagé la discussion sur l'intégration du système des soins de santé du Manitoba et que nous avons aussi l'occasion, par l'entremise de ce comité fédéral, de présenter nos vues sur ce qui conviendrait d'adopter comme règlements et normes afin d'assurer la reddition de comptes dans le cadre de ce nouveau système de soins de santé. Nous sommes conscients des contraintes de temps. Nous croyons que vos audiences auront un impact considérable.
Je voudrais maintenant vous présenter les autres témoins. Chaque groupe a décidé de présenter son propre exposé. Après les trois exposés, nous vous présenterons une série de recommandations communes que nous destinons au comité.
Mary Thiessen est ici au nom de la Manitoba Homoeopathic Association. Denise Appelmans et le Dr Leelamma Neilsen vous parleront du Manitoba Institute of Homoeopathy. Josie Lucidi et Shoshana Scott parleront de la Neilsen Homoeopathic Clinic. Nous avons demandé au Dr Neilsen de vous présenter nos recommandations communes une fois les exposés terminés.
Je commencerai par vous dire un mot au sujet du projet de renouveau de l'homéopathie.
Le mandat de ce projet est très semblable à celui du comité permanent. Il consiste à réunir tous les partenaires et les intervenants qui souhaitent participer à l'amélioration générale du système des soins de santé au Canada. Nous soutenons que la meilleure façon de protéger les consommateurs, c'est par l'éducation et la sensibilisation, la liberté de choix, l'accessibilité et l'abordabilité de l'homéopathie en tant que discipline médicale et service de soins de santé reconnus, la qualité et la sécurité des produits ainsi que la nécessité de services de santé offerts par des médecins homéopathes qualifiés.
• 1645
Les objectifs du projet sont les suivants: promouvoir
l'éducation et la sensibilisation du grand public au Manitoba, au
Canada et dans le monde entier en ce qui a trait à l'homéopathie;
promouvoir l'acceptation et la reconnaissance de l'homéopathie
comme forme de soins de santé légitime; relever les normes
relatives à la production et la distribution des médicaments et des
remèdes homéopathiques; assurer des services acceptables et
abordables offerts par des médecins homéopathes qualifiés, en
faisant en sorte que les services et les remèdes homéopathiques
soient couverts par les régimes d'assurance; et assurer une plus
grande responsabilité dans le domaine de l'homéopathie au moyen de
normes et de règlements appropriés en ce qui a trait à toutes les
facettes du système de soins de santé homéopathique.
Notre principal objectif est de faire la promotion du renouveau de l'homéopathie au Manitoba, au Canada et dans le monde entier. Depuis 1991, les témoins qui sont ici travaillent avec bien d'autres personnes afin d'assurer le renouveau de l'homéopathie, par la promotion active du mieux-être et de la santé homéopathique. Nous avons fait de nombreuses démarches au cours de cette période afin de développer la demande de services de santé et d'y répondre et d'établir aussi un institut médical au Manitoba.
Grâce au travail acharné de ces personnes qui travaillent ensemble à une cause commune, nous avons déjà un certain nombre de réalisations à notre actif. Nous avons réussi à établir la Neilsen's Homoeopathic Clinic au Manitoba. Nous avons aussi créé la Manitoba Homoeophathic Association de même que le Manitoba Institute of Homoeopathy. Nous considérons par ailleurs comme une réalisation le fait d'avoir été invités à témoigner devant le Comité permanent de la santé.
Parmi les avantages qui pourraient découler de nos efforts conjoints pour promouvoir l'homéopathie et l'intégrer à l'actuel système de soins de santé, nous en avons retenus sept que nous considérons comme étant les plus importants et qui apporteraient des avantages considérables au Manitoba et au Canada selon nous.
Le premier avantage est de contribuer au développement continu d'une panoplie de services de santé et de mieux-être à l'intérieur du système de soins de santé. Les autres avantages sont les suivants: établir un processus permettant de réunir les chercheurs et les professionnels des soins de santé qui travaillent à l'amélioration de la médecine homéopathique; de prévoir la souplesse nécessaire pour permettre la croissance de l'homéopathie, pour assurer sa viabilité et pour répondre aux besoins de services et de programmes homéopathiques existants; d'aider à combler l'actuelle pénurie de médecins au Manitoba, et peut-être aussi au Canada; de réduire les dépenses et d'accroître les gains de rendement tout en améliorant les services de santé et de mieux-être du système des soins de santé du Manitoba; d'offrir aux Manitobains un plus grand choix de carrière et de possibilités d'emploi par la fourniture d'une formation de qualité et la formation de professionnels très spécialisés qui puissent combler les lacunes existantes dans le domaine des soins de santé; et de reconnaître les intérêts et l'initiative de part et d'autre dans le cadre d'un projet novateur visant à produire des professionnels compétents et à établir des services de qualité dans le domaine de l'homéopathie.
Ces avantages permettront selon nous d'améliorer la santé et le bien-être des gens de manière générale. Nous travaillons avec diligence afin de réaliser ces objectifs et ce sont les représentants de ces groupes que vous entendrez maintenant.
Je tiens à remercier les membres du comité d'avoir écouté mes remarques liminaires. Je vous présente maintenant la première représentante, Mary Thiessen, qui parlera au nom de la Manitoba Homoeopathic Association.
La vice-présidente (Mme Elinor Caplan): Merci beaucoup.
Soit dit en passant, je tiens à vous dire que beaucoup des questions que vous avez soulevées dans votre exposé très intéressant ne relèvent pas de la compétence fédérale. Toutes les questions relatives à la réglementation des professionnels et à l'inclusion des services dans les régimes d'assurance relèvent de la compétence des provinces. Vous voudrez peut-être envoyer le texte de votre exposé à votre ministre provincial de la santé.
Mme Judy Hughes: Merci.
Mme Mary Thiessen (administratrice, Manitoba Homoeopathic Association): Bonjour. Je m'appelle Mary Thiessen, et je suis heureuse d'être ici pour vous présenter un exposé au nom de la Manitoba Homoeopathic Association.
En 1796, Samuel Hahnemann a été reconnu comme le père de l'homéopathie. Il nous a donné les définitions suivantes, dont nous nous servons aujourd'hui:
-
L'homéopathie est un traitement médical indigène qui fonctionne
selon le principe de la loi de similitude, qui dispose que:
@ti64 Une substance quelconque qui, administrée à des doses maximales, produit des symptômes toxiques particuliers chez une personne bien portante guérit le malade qui présente les mêmes symptômes quand elle lui est administrée à des doses infinitésimales, sous une forme très diluée.
Ce principe est connu comme le principe de similia similibus curantur, autrement dit, traiter le mal par le même mal.
• 1650
Vous entendrez les autres représentantes vous présenter une
définition plus complète de l'homéopathie. Au début du siècle, nous
avions 14 médecins homéopathes qui exerçaient la médecine avec
succès au Manitoba. Il s'agit d'une forme de médecine qui nous a
été apportée par les immigrants venus d'Europe. Elle a été adaptée
à notre climat nord-américain et à notre actuel système de soins de
santé avec l'aide des Autochtones.
La Manitoba Homoeopathic Association a été fondée en 1992. Elle s'est donné pour mission de réunir les personnes qui s'intéressaient à la pratique et au développement de l'homéopathie au Manitoba. Très peu nombreux étaient ceux qui connaissaient l'homéopathie, à moins d'avoir voyagé ou vécu à l'étranger dans des pays comme l'Inde, la France, l'Angleterre, l'Allemagne, l'Australie, la Suisse, l'Amérique du Sud ou bien d'autres pays.
L'Association s'est donnée pour mission de faire connaître au public et à ceux qui pratiquent la médecine les principes et avantages de l'homéopathie, d'établir des normes et des règlements pour la pratique de celle-ci au Manitoba et d'oeuvrer en vue d'y fonder un hôpital homéopathique ainsi qu'un centre de recherche. L'un de ces objectifs a déjà été atteint avec l'établissement, en mars 1996, le Manitoba Institute of Homoeopathy, ce qui représentait toute une gageure, la quasi-totalité de notre travail étant faite par des bénévoles. Nous continuons sur la même lancée avec la reprise des projets homéopathiques évoqués par Judy.
Nous sommes nombreux à savoir qu'il reste beaucoup à faire pour améliorer le système actuel de soins médicaux, tant au Manitoba que dans tout le Canada, pour améliorer la santé et le bien-être de notre population et donner davantage de chance à nos enfants. Je suis heureuse d'avoir pu vous en parler aujourd'hui et je vous remercie.
La vice-présidente (Mme Elinor Caplan): Nous vous remercions de votre exposé.
La parole est à la suivante.
Mme Denise Appelmans (membre du conseil d'administration, Manitoba Institute of Homoeopathy Inc.): C'est un plaisir pour moi de comparaître devant vous cet après-midi, au nom du Manitoba Institute Homoeopathy. Je m'appelle Denise Appelmans.
Je suis membre du conseil d'administration et cofondatrice de l'Institut, dont je suis les cours de deuxième année. Je voudrais tout d'abord vous donner une définition de l'homéopathie, puis un bref historique de la genèse de ce mouvement, de ses objectifs et une description de l'Institut. Dr Neilsen vous parlera ensuite des cours de formation, du programme d'études et des normes et règlements.
L'homéopathie est une méthode thérapeutique fondée sur l'utilisation de micro-doses de substances médicamenteuses tirées du règne végétal, minéral ou animal, qui vise à déclencher chez le malade un processus naturel de guérison. L'homéopathie traite chaque malade dans sa totalité, reconnaissant le fait que la maladie affecte la personne tout entière, corps et esprit. L'homéopathie traite donc la personne tout entière, et non l'organe malade. L'homéopathie, qui traite le malade comme un tout, est donc une thérapie holistique, intéressée aussi bien par l'âme que par le corps, qui recherche l'individu dans la personne, puis applique des médicaments à la maladie conformément au principe sur lequel elle est fondée, à savoir similia similibus curantur, soit la loi de similitude. La médecine homéopathique stimule la résistance globale à l'infection, renforce l'organisme de telle sorte que...
La vice-présidente (Mme Elinor Caplan): Excusez-moi, je vais vous demander de diriger notre voix vers le micro, afin qu'on puisse enregistrer tout ce que vous dites, nous ne voulons rien manquer. Je vous remercie.
Je voulais aussi vous signaler que nous n'avons pas reçu votre mémoire, puisque vous nous posiez la question tout à l'heure: pourriez-vous nous en envoyer un autre exemplaire, et nous veillerons à le distribuer à tout le monde.
Je vous rends la parole.
Mme Denise Appelmans: Je vous remercie.
Le Dr Neilsen pratique l'homéopathie à Winnipeg depuis le début de 1991. Sa pratique s'est étendue, l'intérêt des professions soignantes pour l'homéopathie gagnait constamment du terrain, et en octobre 1992 le Dr Neilsen a commencé son enseignement pour quatre étudiants. En mai 1996, il y avait tant d'élèves qui voulaient suivre ses cours qu'il est devenu nécessaire de fonder un institut de formation. Les cours ont commencé en septembre 1996, et les premiers diplômes seront décernés, selon toute prévision, en l'an 2000. L'inscription a lieu en mai et juin.
• 1655
Le Manitoba Institute of Homoeopathy a été fondé en mars 1996
par le Dr Leelamma Neilsen, avec l'aide et grâce aux efforts de
nombreuses personnes dévouées. Son objectif est de répondre à la
demande toujours croissante de traitements et services médicaux en
formant des spécialistes d'homéopathie qualifiés et responsables.
Il vise également à répondre au besoin pressant que représente la
demande croissante de médecins qualifiés pratiquant l'homéopathie,
ainsi qu'à occuper les postes vacants, dans cette spécialité, au
Canada.
L'Institut a été homologué par Revenu Canada, et les droits d'inscription sont admis en déduction du revenu imposable. L'Institut a été constitué en société en mai 1996, avec les objectifs suivants: promouvoir la croissance, le développement et l'intégration de l'homéopathie au Manitoba et dans tout le Canada; former des homéopathes qualifiés et compétents; exécuter des recherches sur divers aspects de l'homéopathie et assurer des services et des installations pour la recherche, l'évaluation, la formation, la consultation et les conseils liés à l'homéopathie.
Nous considérons que le programme d'enseignement de l'Institut est l'un des meilleurs de l'Amérique du Nord et qu'il est à la base de normes essentielles en matière d'homéopathie.
C'est un grand privilège pour moi de vous présenter cet après-midi le Dr Leelamma Neilsen, directrice exécutive de l'Institut, qui va vous parler du programme de formation. Elle vous fera comprendre le caractère unique du programme, dû à ses origines culturelles, à ses caractéristiques académiques, à son programme, aux normes imposées aux enseignants et aux qualifications nécessaires pour pratiquer l'homéopathie.
Le Dr Neilsen a reçu une formation de médecin homéopathe: elle a un diplôme de médecine homéopathique, de chirurgie et de sage-femme du Council of Homoeopathic Medicine du Bengale occidental, en Inde, et elle a fait de la recherche au National Research Institute of Homoeopathy à Calcutta dans le cadre d'études de troisième cycle.
Le Dr Neilsen a une médaille d'or en philosophie homéopathe; elle est membre de faculté et directrice exécutive du Manitoba Institute of Homoeopathy, à Winnipeg, au Canada, et membre de faculté du Collège d'homéopathie du Canada à Toronto. Elle a plus de 16 ans d'expérience en matière de traitements homéopathiques et en enseignement.
En Inde, le Dr Neilsen a fondé plusieurs cliniques homéopathiques libres en association avec le Christian Social Service, l'Église de l'Inde du Nord et le Lions Club. En hommage à ses travaux, le Christian Social Service a créé le Mouvement homéopathique Neilsen pour les pauvres. Pendant quatre ans elle a occupé un poste de conseiller médical principal pour de nombreux programmes communautaires. La première et seule clinique homéopathique de Winnipeg, où le Dr Neilsen pratique actuellement, a été fondée par elle.
Outre sa vaste clientèle, elle enseigne et fait la promotion de l'homéopathie dans tout le Canada et aux États-Unis.
Le Dr Neilsen a été formée en Inde, dans divers collèges officiels d'homéopathie, entièrement financés par le gouvernement. En effet, l'homéopathie est très répandue en Inde, où toutes les formes de médecine qui relèvent du ministère de la Santé de l'Inde jouissent du même statut et du même respect. Ces services sont suffisamment financés, y compris les instituts d'homéopathie et les centres de recherche. Nous sommes profondément reconnaissants au Dr Neilsen de se trouver aujourd'hui parmi nous.
Je vous remercie. Le Dr Neilsen va à présent vous décrire le programme d'études et de formation.
La vice-présidente (Mme Elinor Caplan): Merci beaucoup.
Mme Leelamma Neilsen (présidente, Manitoba Institute of Homoeopathy): J'ai l'honneur de me présenter. Je suis le Dr Leelamma Neilsen.
C'est un grand plaisir et un honneur que de comparaître aujourd'hui devant le Comité permanent de la santé. J'ai une grande foi dans l'homéopathie et dans ses vertus de guérison. C'est une science qui vise à la fois la prévention et la guérison. Hippocrate, père de la médecine, disait: «Que les aliments soient ton remède, et les remèdes tes aliments».
L'homme est une unité vitale complexe, intégrée, psycho-biologique, dotée d'intelligence et de conscience de soi. La guérison doit venir de l'intérieur, notre corps est capable de se défendre contre la maladie. Le système immunitaire doit être renforcé, et en aucun cas, supprimé, déprimé ou opprimé. Le corps, qui répond aux stimuli, est doté d'une grande sagesse, il sait s'adapter aux circonstances.
• 1700
Le système de médecine homéopathique ne fait pas que guérir la
maladie, il vise également à conserver la santé et à prévenir les
perturbations de celle-ci. L'homéopathie peut être considérée comme
une médecine biochimique qui établit l'équilibre entre la chimie
organique et inorganique des cellules, ainsi que l'équilibre du pH,
et qui maintient également l'homéostasie de l'organisme. La
guérison recherchée doit être complète. L'homéopathie se répand
actuellement dans le monde entier.
Certains principes d'homéopathie ont été établis pour les praticiens: certains les ignorent, d'autres les pratiquent de façon pragmatique, et appliquer l'homéopathie sans la comprendre, c'est comme bâtir une maison sans fondement.
Pour pratiquer en toute sécurité l'art de soigner les malades, l'homéopathe doit connaître les signes. Nous devons donc former des homéopathes qualifiés et compétents, et c'est en respectant les normes que l'homéopathie continuera à s'épanouir et à mériter le respect de tous. C'est pour ces raisons que je me suis attelée à cette tâche redoutable qu'a constituée la fondation du Manitoba Institute of Homoeopathy, à Winnipeg.
L'Institut offre un cours de quatre ans à plein temps de doctorat en médecine homéopathique. Nous recevons de nombreuses demandes d'informations des États-Unis, du Japon, de l'Irlande et du Canada. Le 9 septembre 1998, nous entamerons notre troisième année. Nous offrons un programme complet de quatre ans.
La première année, nous offrons: cours complet d'anatomie et d'embryologie, 192 heures; histoire de la médecine homéopathique, 64 heures; promesses homéopathiques, 64 heures; materia medica et philosophie homéopathique, 128 heures; organon et principes de médecine homéopathique, 64 heures; physiologie, partie I, 192 heures; principes fondamentaux de santé et de psychologie, 20 heures.
La deuxième année, nous offrons: anatomie, partie II, 192 heures; analyse et évaluation de cas, 64 heures; maladies chroniques et philosophie homéopathique, 64 heures; principes fondamentaux de psychologie, 20 heures; materia medica homéopathique, partie II, 64 heures; physiologie, partie II, 192 heures.
La troisième année, nous offrons: immunologie, dermatologie, materia medica homéopathique, partie III, 96 heures; médecine organique, 64 heures; pathologie, bactériologie, parasitologie, 160 heures; obstétrique et gynécologie, 192 heures.
La quatrième année, nous offrons: materia medica homéopathique et thérapeutique, 32 heures; pratique de la médecine, 96 heures; médecine homéopathique sociale et préventive, incluant santé, éducation et soins préventifs communautaires, 96 heures; chirurgie, y compris l'oto-rhino-laryngologie, les maladies des yeux et des dents et la radiologie, 112 heures; stages de médecine homéopathique supervisés par des moniteurs, 592 heures.
Cela fait un total de 2 792 heures sur quatre ans de cours.
Vous pouvez en déduire que nous avons le meilleur programme, les meilleurs enseignants, les meilleurs moniteurs et les meilleurs étudiants, en première et en deuxième année, des gens totalement engagés, qualifiés, et compétents.
Pour ce qui est de la situation de la santé publique au Canada, la détérioration de la santé normale des masses est indéniable. La prolifération de nombreuses maladies inconnues crée des problèmes. Il y a des gens à qui les nouveaux médicaments font peur. Les avatars de la santé publique sont attribués aux médicaments dits nouveaux. Les gens sont obligés de penser à d'autres formes de traitement pour se protéger. Cette lacune dans la santé publique ne peut être comblée que par l'homéopathie, système de traitements fondé sur les lois naturelles de guérison sans aucun effet secondaire.
• 1705
De nombreux avantages peuvent être dérivés de l'intégration de
l'homéopathie dans notre système de santé publique actuel. Pour
être efficace, il faut que les services de santé s'éloignent d'une
philosophie centrée sur la maladie et la gestion de crise et opte
pour une philosophie de santé publique fondée à la fois sur la
prévention et la guérison. Lorsque nous aurons atteint cette étape,
avec l'aide financière des gouvernements fédéral et provinciaux,
nous pourrons alors faire sortir le système de santé public de la
crise financière dont il souffre actuellement.
Pour ce qui est de la réglementation, il est évident que des règles et des normes sont indispensables. Cependant, dans la conjoncture actuelle, celles qui existent sont suffisantes. Il faut permettre aux praticiens existants d'exercer, à condition qu'ils aient la formation et les qualifications nécessaires.
Pour ce qui est de la liberté de choix, il est essentiel de prévoir des garde-fous car certaines doses ou certaines concentrations peuvent causer des problèmes. Les remèdes dont la puissance ne dépasse pas 36 pourraient être vendus librement sans ordonnance. D'autres, par exemple, l'arnica, la belladone, camomille, le nux vomica—pour n'en nommer que quelques-uns—ne devraient pas être vendus sous forme non diluée car ils risquent de causer plus de mal que de bien.
Votre comité permanent a pour mandat de consulter tous les participants. Ces audiences pourraient offrir le créneau essentiel permettant véritablement d'améliorer la santé et le bien-être de la population canadienne. Nous devons tous nous engager à travailler ensemble d'une manière coopérative et novatrice pour remplacer la philosophie actuelle fondée sur la maladie par une philosophie fondée sur le mieux-être. Mieux vaut prévenir que guérir.
Je vous remercie de votre invitation.
La vice-présidente (Mme Elinor Caplan): Merci beaucoup.
Le témoin suivant, s'il vous plaît.
Mme Josie Lucidi (comité consultatif, Neilsen's Homoeopathic Clinic): Bonjour. Je m'appelle Josie Lucidi et je suis accompagnée de Shoshana Scott. Nous parlons au nom de la Neilsen's Homoeopathic Clinic. Ma perspective sera celle d'une cliente et celle de Shoshana celle de son travail à la clinique. Je commencerai par un bref historique de la clinique.
Le Dr Neilsen a commencé à pratiquer l'homéopathie en 1991, peu de temps après son arrivée à Winnipeg. Son fils B.J. avait dit à l'enfant d'un voisin qui souffrait d'asthme que sa mère pouvait l'en guérir. C'est ce que le Dr Neilsen a fait.
À partir de là, le bouche à oreille a multiplié ses activités et ses interventions. L'intérêt a encore grandi quand d'autres professionnels ont manifesté le souhait de connaître les techniques homéopathiques.
Aujourd'hui des milliers de patients et leurs familles viennent à la clinique qui se trouve au 101-912 Portage Avenue à Winnipeg. Ils viennent de tout le Canada et les États-Unis, de France, de Bogota et du Vietnam. Leurs antécédents culturels sont variés, ils sont aussi bien Huttérites qu'Autochtones, Indiens que Philippins et Vietnamiens. Ils viennent de tous les horizons, il y a aussi bien des camionneurs que des avocats, des médecins, des enseignants, des agriculteurs, des pasteurs, des experts-conseils et des étudiants.
• 1710
Mon expérience pratique de l'homéopathie m'a appris ceci.
L'homéopathie est un système médical qui utilise des micro-doses de
substances tirées de plantes, de minéraux ou d'animaux pour
stimuler le système immunitaire, rendre les cellules capables de
défendre le corps contre la maladie.
La médecine homéopathique est utilisée pour traiter toute une gamme de problèmes allant des infections aiguës aux blessures, aux maladies chroniques en passant par les troubles mentaux ou émotionnels. Elle est sans danger car elle ne bombarde ni ne surcharge ou endommage les cellules. Elle est préventive parce qu'elle déclenche le système de réaction immunitaire du corps qui le protège contre ses faiblesses.
C'est une médecine globale car elle agit à la fois sur le physique, le mental et l'émotionnel. C'est une médecine thérapeutique car le praticien écoute et prend en compte tous les problèmes, les soucis, les impressions et les réactions du corps pour déterminer le bon remède. Elle est individuelle car elle reconnaît le caractère unique de chaque cas et elle le respecte. Il est rare que le même traitement soit appliqué à deux personnes différentes.
L'homéopathie renforce le système immunitaire permettant au corps de se défendre lui-même. Elle renforce le sentiment de puissance puisqu'elle donne au patient lui-même la responsabilité de sa guérison.
En tant que consommatrice, je suis convaincue de la nécessité de rendre accessible et abordable pour tous les Canadiens ce système de traitement. Pour ce faire, il faut mettre en place les règles et les normes nécessaires pour respecter la liberté de choix et de sécurité de ceux qui veulent se servir de l'homéopathie pour une meilleure santé.
J'aimerais remercier les membres du comité de m'avoir écoutée.
Je cède la parole à Shoshana Scott.
La vice-présidente (Mme Elinor Caplan): Merci beaucoup.
Shoshana, soyez la bienvenue.
Mme Shoshana Scott (Neilsen's Homoeopathic Clinic): Merci.
Bonjour. Je suis très honorée d'être avec vous. Je suis assistante du Dr Neilsen à la Neilsen's Homoeopathic Clinic. Je suis actuellement étudiante de deuxième année au Manitoba Institute of Homoeopathy.
Je veux vous parler de ma rencontre avec l'homéopathie, des fonctions de la clinique, des procédés utilisés à la clinique, des normes et des règlements, et de la demande actuelle de services.
Mon intérêt pour l'homéopathie a commencé après en avoir expérimenté personnellement le pouvoir curatif. J'ai commencé à travailler à la Neilsen's Homoeopathic Clinic où j'ai vite constaté qu'il fallait que le praticien non seulement connaisse la biochimie, l'anatomie et la physiologie, mais possède également un sens de l'intuition très développé.
Le désir de maîtriser l'art et la science de cette technique de santé m'a incitée à poursuivre mes études. Cependant, il y avait un problème, car il n'y avait pas de collège enseignant le programme suivi par le Dr Neilsen. En conséquence, avec l'aide et l'expertise du Dr Neilsen, le Manitoba Institute of Homoeopathy a été créé à Winnipeg. Depuis septembre 1996, je suis les cours d'homéopathie de l'Institut.
• 1715
L'approche de la Neilsen's Homoeopathic Clinic est globale,
elle considère la santé comme un tout et ne traite pas simplement
une maladie. Nous offrons des cliniques d'orientation, d'éducation
communautaire et sur des thèmes spécialisés. Par exemple des
cliniques sur les enfants, sur l'asthme et la fibromyalgie. Toutes
les semaines nous sommes inondés d'invitations à des conférences ou
de demandes de séminaires.
J'aimerais vous décrire la procédure suivie à la clinique Neilsen à partir du premier contact avec le patient potentiel.
Tout d'abord, les patients participent à une séance d'orientation d'une heure et demie qui leur donne des renseignements pratiques sur le fonctionnement du corps, sur ce qu'il faut faire et ne pas faire pour être en bonne santé et sur l'homéopathie. Cette procédure est suivie pour s'assurer que les patients prennent une décision en toute connaissance de cause avant de choisir un traitement homéopathique.
Ensuite, les patients remplissent un questionnaire sur leurs antécédents médicaux, leurs antécédents familiaux et leurs problèmes actuels sur les plans physique, émotionnel et intellectuel. Pendant leur rendez-vous et leur consultation à la clinique, ils sont soumis à un long examen physique et un dossier est établi. Un programme homéopathique personnalisé est alors conçu pour répondre à leurs besoins particuliers et un rendez-vous ultérieur est pris. Si des patients ont des problèmes entre ces rendez-vous, ils peuvent appeler ou passer à la clinique, compte tenu de la nature de leur maladie.
Pour ce qui est des normes et des règles, à l'heure actuelle il n'y a pas de textes législatifs officiels régissant l'homéopathie au Manitoba ou au Canada. Je vais vous donner un exemple de la manière dont nous pratiquons l'autoréglementation à la clinique du Dr Neilsen. Tous les médicaments vendus le sont à des patients de la clinique. Chaque médicament est vendu avec une notice d'emploi et de posologie. Le personnel ne peut vendre que ce qui est écrit sur l'ordonnance par le Dr Neilsen, et les assistants travaillent sous la surveillance d'un homéopathe qualifié.
Pour ce qui est de la demande actuelle de services, l'ouverture de la Neilsen's Homoeopathic Clinic sur Portage Avenue, et un article dans le Winnipeg Free Press ont provoqué une énorme réaction de la part du public. La demande à Winnipeg dépasse largement aujourd'hui les capacités de traitements homéopathiques de la clinique. En réponse à un grand nombre de demandes de services dans les régions rurales et septentrionales du Manitoba, des discussions ont été entamées sur la création de cliniques communautaires satellites.
Pour répondre à cette demande croissante, il nous faut un plus grand nombre d'homéopathes qualifiés, l'accès au financement nécessaire pour aider ces médecins à ouvrir des cliniques communautaires et un financement stable pour continuer à soutenir l'Institut afin que nous puissions former nos propres médecins. Nous pourrons alors véritablement parler de liberté de choix, d'accessibilité, de coûts abordables et de garanties de sécurité pour les consommateurs.
Merci.
La vice-présidente (Mme Elinor Caplan): Merci beaucoup. Y a-t-il d'autres intervenants?
Mme Leelamma Neilsen: Oui, ici encore le Dr Neilsen. Je fais une recommandation conjointe au nom de la Manitoba Homoeopathic Association, du Manitoba Institute of Homoeopathy et de la Neilsen's Homoeopathic Clinic.
L'homéopathie devrait être reconnue comme une école de médecine autonome bénéficiant du même statut et du même respect que le système de santé conventionnel.
La vice-présidente (Mme Elinor Caplan): Cela relève entièrement de la compétence provinciale.
Mme Leelamma Neilsen: D'accord. Dans ce cas, nous l'enverrons à la province. Nous allons continuer et vous pourrez nous indiquer où l'envoyer. Merci de ce renseignement.
La vice-présidente (Mme Elinor Caplan): Lorsque vous aurez lu toutes vos recommandations, je vous dirai lesquelles relèvent de la compétence fédérale afin que vous puissiez envoyer les autres aux autorités provinciales concernées.
Mme Leelamma Neilsen: Très bien.
Nous recommandons:
Que l'homéopathie soit reconnue comme une école de médecine autonome bénéficiant du même statut et du même respect que le système de santé conventionnel. Cela pourrait comprendre, sans s'y limiter, qu'elle soit reconnue comme une discipline de santé légitime, couverte comme un service assuré, accessible à tous les Canadiens et abordable;
Qu'un financement soit mis immédiatement à la disposition des petits instituts émergents pour des prêts aux étudiants et des subventions de recherche, pour aider les homéopathes à ouvrir des cliniques communautaires, et pour stabiliser le financement de l'Institut du Manitoba afin que nous puissions former nos propres médecins;
Qu'un comité consultatif fédéral-provincial d'homéopathes soit constitué pour conseiller Santé Canada sur le choix et l'application des recommandations proposées concernant tout particulièrement l'homéopathie;
• 1720
Que Santé Canada fasse un effort concerté pour travailler avec
le gouvernement provincial du Manitoba sur l'actualisation du
système d'assurance médicale.
Il faudrait élaborer des mécanismes pour déterminer les véritables remèdes homéopathiques et les classer en tant que produits médicinaux.
On ne devrait pas permettre aux gens d'appeler remèdes homéopathiques des produits médicinaux complexes. L'application externe de crèmes et de lotions homéopathiques—par exemple les crèmes contre l'eczéma et le psoriasis—pourrait s'avérer tout aussi dangereuse puisque ces produits ne respectent pas les principes de l'homéopathie. L'homéopathie, c'est traiter la maladie avec un produit similaire et n'utiliser qu'un seul remède à la fois.
Tous les praticiens homéopathiques qualifiés devraient avoir plein accès à tous les remèdes et produits médicinaux disponibles dans la pharmacopée, et ces mêmes remèdes et produits médicinaux devraient être désignés par leur nom d'origine. Par exemple, lorsque je suis arrivée ici, je n'ai pas trouvé de nux vomica. Apparemment, c'était vendu sous le nom de Colubrine et il y avait une certaine confusion parmi les homéopathes.
Il faudrait créer un réseau d'informations et de ressources national-provincial pour dispenser de l'information récente et exacte sur l'homéopathie. Cela devrait comprendre un numéro 1-888 pour que tout le monde ait un accès égal et ce réseau devrait avoir d'autres activités. Par exemple, il pourrait fournir des informations sur la nature de l'homéopathie, sur les gens qui pratiquent cet art, et sur la façon de trouver un homéopathe qualifié. Par «qualifié» on entend les homéopathes qui se conforment aux normes et aux exigences fixées par... À l'heure actuelle, il n'y a pas de normes provinciales, si bien que le gouvernement sera peut-être appelé à se pencher sur la question pour résoudre ce problème. Le numéro 1-888 ne pourrait servir pour obtenir un diagnostic ou un traitement médical, mais seulement de l'information.
Je tiens à profiter de cette occasion pour vous remercier au nom de tous les participants à cette séance. Je remercie le Comité permanent de la santé. Merci et bonne soirée.
La vice-présidente (Mme Elinor Caplan): Merci beaucoup.
Étant donné le nombre de vos recommandations, je suggère que le greffier les classe dans la catégorie des recommandations provinciales. Nous vous aviserons, et vous pourrez les envoyer au gouvernement du Manitoba. Quant aux recommandations qui relèvent de la compétence fédérale, notre comité les étudiera pendant ses délibérations.
Il nous reste seulement quelques minutes et je vais demander aux membres du comité de se contenter d'un seul tour de questions et de trois minutes par intervenant. On vient de nous avertir qu'il y aura un autre vote à la Chambre. Nous devons être là-bas dans une heure.
Dr Hill, avez-vous des questions?
M. Grant Hill (Macleod, Réf.): Non, je passe mon tour. Je laisse Judy parler.
La vice-présidente (Mme Elinor Caplan): Apparemment personne ne veut poser de questions de ce côté-ci de la table.
Judy.
Mme Judy Wasylycia-Leis (Winnipeg-Centre-Nord, NPD): Merci beaucoup.
Pour commencer, je tiens à remercier tous nos témoins d'être venus et de nous avoir consacré leur temps. Je regrette seulement que nous disposions de si peu de temps pour discuter.
J'ai eu le privilège de travailler avec tous nos invités et ceux qui sont ici aujourd'hui m'ont déjà donné des informations et des explications. Je suis heureuse que vous soyez venus en faire profiter le reste du comité.
La présidente vient de dire que certaines de vos recommandations échappaient à la compétence de ce comité, et même à la compétence du gouvernement fédéral, mais ce que vous nous dites réitère ce que nous ont dit d'autres intervenants, c'est-à-dire que si notre gouvernement et notre comité s'intéressent vraiment aux modèles holistiques de santé, aux interventions de santé qui se fondent sur tous les aspects du bien-être des gens, et bien dans ce cas, nous devons envisager sérieusement d'élargir notre notion des soins de santé, et de nous tourner vers des traditions et des pratiques ancestrales, comme l'homéopathie et la naturopathie.
Pour commencer, j'imagine qu'à long terme votre objectif est d'intégrer l'homéopathie et la naturopathie dans notre système de soins de santé, ce qui signifiera éventuellement un soutien et une couverture financières.
Deuxièmement, étant donné que l'homéopathie exige que seuls des homéopathes qualifiés prescrivent des médicaments, quels sont les problèmes précis auxquels vous vous heurtez en votre qualité d'homéopathes lorsqu'il s'agit d'obtenir les médicaments dont vous avez besoin pour faire votre travail?
Troisièmement, est-ce que l'apparition d'un grand nombre de prétendus remèdes homéopathiques en vente libre dans les pharmacies et les supermarchés, des remèdes homéopathiques qui ne le sont pas vraiment, vous inquiète. Qu'est-ce que nous devrions faire à ce sujet?
La vice-présidente (Mme Elinor Caplan): Qui veut répondre à cette question? Il nous reste juste deux minutes.
M. Leelamma Neilsen: En ce qui concerne les médicaments en vente libre et les médicaments et remèdes complexes, cela nous pose un problème grave, un problème qui menace nos vies, la vie de nos enfants et la santé de l'ensemble des Canadiens. Les remèdes complexes ont des effets secondaires car ils ne relèvent pas de la véritable médecine homéopathique. Comme je l'ai observé, les crèmes homéopathiques sous ordonnance, comme les crèmes contre l'eczéma, le psoriasis et l'acné, et les lotions et potions homéopathiques devraient être interdites car elles nuisent à l'homéopathie.
La vice-présidente (Mme Elinor Caplan): Je dois vous demander de terminer car le temps prévu est écoulé et nous n'aurons pas suffisamment de temps pour le groupe suivant. S'il vous plaît, une conclusion très rapide.
M. Leelamma Neilsen: L'opium, par exemple, est un remède homéopathique très précieux auquel nous n'avons pas accès ici, pour une raison quelconque. Comme nous manquons de temps, nous pouvons vous envoyer un complément d'information. J'aimerais que les naturopathes aient également le temps de répondre à certaines questions.
La vice-présidente (Mme Elinor Caplan): Si certains d'entre vous ont un complément d'information à nous transmettre, vous pouvez le faire par écrit, et nous l'apprécierons. Il vous suffira d'envoyer cela au greffier du Comité permanent de la santé qui le transmettra aux membres du comité.
Je tiens à vous remercier tous d'avoir participé à cette vidéoconférence. Je vous remercie également pour la patience dont vous avez fait preuve à l'endroit du comité. Plusieurs d'entre nous sont malades, et je suis certaine que vous pourriez nous donner de bons conseils.
M. Leelamma Neilsen: Absolument, mieux vaut prévenir que guérir.
La vice-présidente (Mme Elinor Caplan): Merci beaucoup d'avoir participé à cette séance. Nous apprécions beaucoup.
Est-ce que le groupe suivant est prêt?
M. Chris Turner: Si les membres du comité ont d'autres questions, peuvent-ils nous les envoyer par écrit?
La vice-présidente (Mme Elinor Caplan): Si nous avons d'autres questions, notre greffier vous les enverra individuellement—nous avons une liste de vos noms—, mais je dois vous dire que la plupart des questions que vous avez soulevées relèvent de la compétence provinciale. Merci infiniment.
Est-ce que les témoins suivants pourraient...
M. Chris Turner: Merci, Elinor. Pendant que les témoins changent de place, je tiens à faire une distinction entre l'exposé que j'ai fait au nom de la Manitoba Naturopathic et le reste des exposés que vous avez entendus. Je ne fais pas partie du même groupe.
La vice-présidente (Mme Elinor Caplan): Je comprends cela. Merci beaucoup.
La vice-présidente (Mme Elinor Caplan): Je vous souhaite la bienvenue au Comité permanent de la santé.
Nous disposons d'environ 50 minutes pour votre exposé et les questions du comité. Si les membres du comité ont d'autres questions après cela, le greffier vous les fera parvenir par écrit. Cela dit, nous voulons vous donner tout de suite le plus de temps possible pour exprimer votre point de vue.
Nous apprécions beaucoup votre patience. Il y a eu un vote tout à l'heure et il y en aura un autre dans environ 50 minutes. Merci infiniment pour votre patience et bienvenue au comité permanent.
Je vous en prie, pour commencer, vous pouvez nous présenter le premier intervenant. N'oubliez pas de parler devant un micro pour que nous puissions enregistrer tout ce que vous avez dit et pour que les interprètes puissent l'interpréter.
M. Henry Wilson (conseiller, Nation crie Opasquiak): Je suis Henry Wilson. Je suis conseiller auprès de la Nation crie Opasquiak.
Aujourd'hui, nous allons vous parler des médecines traditionnelles. Je suis accompagné d'une délégation, un de nos aînés, Emil Merasty, ainsi que deux représentants traditionnels qui vont vous parler de la même question. L'un d'entre eux est Larry Constant et l'autre, John Bignell, également de la Nation crie Opasquiak.
Dans la nation Opasquiak, nous avons adopté une politique pour administrer ce programme et nous avons énoncé certaines recommandations. Nous avons mis cela par écrit, mais Larry vous en parlera tout à l'heure.
Une des recommandations que nous avons au sujet des guérisseurs, c'est qu'il est nécessaire d'exercer un certain contrôle. Nous établissons une sorte de système de licence dans notre communauté, nous élaborons une politique qui est sur le point d'être approuvée définitivement. De cette façon nous pensons pouvoir contrôler ce programme.
Pour compléter cela, nous avons également besoin d'un organisme provincial avec les mêmes objectifs, et ensuite, au palier suivant, d'un organisme national. Nous espérons que ces guérisseurs, tout comme les médecins, les avocats et les dentistes, qui doivent se réglementer eux-mêmes... En particulier lorsqu'il s'agit de l'enseignement de la médecine traditionnelle, on est en train d'essayer d'institutionnaliser le secteur, et nous considérons que ce n'est pas acceptable. C'est une compétence qui se transmet de génération à génération depuis des centaines d'années, et nous voudrions que cela continue.
Après ces courtes observations, j'aimerais céder la parole à l'un de nos guérisseurs, Larry Dorion.
La vice-présidente (Mme Elinor Caplan): Merci beaucoup.
Je vous souhaite la bienvenue.
M. Larry Dorion (Comité des guérisseurs traditionnels, Nation crie Opasquiak): J'ai parlé à des guérisseurs traditionnels de notre communauté, et également à plusieurs guérisseurs traditionnels dans le reste du Canada. Je connais un bon nombre d'entre eux. Ils m'ont demandé si nous pourrions préparer quelque chose par écrit pour expliquer notre point de vue face aux médecines naturelles et traditionnelles, et c'est précisément ce que j'ai fait. Nous vous avons apporté ce document sur lequel je me permets d'attirer votre attention. Voilà ce dont il s'agit.
Le lien qui existe entre la spiritualité des Premières nations et notre mère la Terre a toujours été et restera toujours identique. À cause de cela, les mesures prises par le gouvernement du Canada pour réglementer les médecines naturelles, même si elles partent de bonnes intentions, ne seront jamais acceptables au niveau des médecines à base d'herbes pratiquées par les Premières nations.
Pour les guérisseurs traditionnels des Premières nations, cela constitue une ingérence dans notre—faute d'un meilleur mot, je parlerais de «religion». Le mot «religion», toutefois, n'est pas bien accepté par les directeurs spirituels des Premières nations car pour nous, la pratique d'une religion est un véritable mode de vie.
Cela sera considéré par les enseignants, les dirigeants spirituels et les guérisseurs des Premières nations comme une ingérence dans notre culture. En effet, il est maintenant bien établi que les Premières nations recherchent la guérison par quatre voies qui sont fondamentales à l'être humain et qui sont l'âme, l'émotion, le corps et l'esprit. C'est ce que nous entendons par holistique et guérison holistique.
• 1740
Maintenant, si on tente, avec les meilleures intentions du
monde, de réglementer une partie de cette croyance fondamentale,
c'est-à-dire la médecine à base d'herbes, on considérera qu'on
enlève une partie d'un tout indivisible. Cette partie-là,
évidemment, ce sera l'aspect physique, car c'est pour guérir cet
aspect-là que nous faisons appel aux plantes. La médecine à base
d'herbes fait partie d'un tout indivisible, et toute portion de ce
tout qui est retranchée est considérée par notre peuple comme une
ingérence dans notre culture et dans notre système de croyance.
Nous croyons que nos croyances spirituelles et notre culture doivent être protégées et ne doivent jamais être compromises. Je vais vous donner un exemple; si le gouvernement du Canada allait voir l'Église catholique romaine pour annoncer qu'une politique sur les cardinaux, les évêques et les prêtres au Canada va être adoptée, à votre avis, quelle serait leur réaction? C'est précisément de cette façon-là que les Premières nations verraient de telles mesures.
Toutefois, s'il est nécessaire d'adopter une politique, eh bien que cette politique soit conçue par les gens qui en seront le plus touchés, c'est-à-dire les enseignants et les dirigeants spirituels des Premières nations et les guérisseurs.
Je vous remercie de m'avoir écouté.
La vice-présidente (Mme Elinor Caplan): Merci beaucoup.
Pouvez-vous me dire si le Centre de santé de la Première nation de Swan Lake et le Centre des services familiaux de Turtle Island vont se joindre à vous?
Mme Deborah Amey KiiskeeN'tum (directrice administrative, Centre des services familiaux de Turtle Island): Les gens de Turtle Island sont ici; les gens de Swan Lake ne pourront pas être ici aujourd'hui à cause d'une situation critique qui s'est produit là-bas.
La vice-présidente (Mme Elinor Caplan): Merci beaucoup. Auriez-vous l'obligeance de leur faire savoir qu'ils peuvent faire parvenir leur mémoire au comité. Nous serons heureux de prendre connaissance de leurs vues. Merci beaucoup.
Qui fait l'exposé suivant?
Mme Deborah Amey KiiskeeN'tum: J'imagine que c'est moi. Est-ce que Sharon Scullion est ici?
La vice-présidente (Mme Elinor Caplan): Non, elle n'est toujours pas ici, mais nous lui transmettrons votre message.
Mme Deborah Amey KiiskeeN'tum: Sharon avait quelque chose qu'elle comptait remettre à chacun d'entre vous.
La vice-présidente (Mme Elinor Caplan): Oui, nous l'avons reçu. C'est la blague qui contient le tabac sacré. Nous en avons tous reçu une, et nous tenons à vous dire toute notre gratitude.
Mme Deborah Amey KiiskeeN'tum
[Note de la rédaction: le témoin parle en langue autochtone]
Sachez tout de suite que je suis ici pour vous faire partager mon savoir et mon expérience. C'est-à-dire ce que j'ai appris dans la vie et ce que m'ont enseigné mes aînés et mes maîtres. Je n'ai pas réponse à tout, et tout ce que je peux offrir au comité, c'est ce qu'il y a de mieux dans mon coeur, avec les meilleures intentions du monde.
Mon nom traditionnel est KiiskeeN'tum, ce qui veut dire «celle qui se souvient». Je suis issue du peuple Haudenosaunee, qu'on appelle aussi les Six Nations ou le peuple Mohawk. Je suis également de mes ancêtres cris. Je suis du clan de la Tortue, et mes parents m'ont nommée Deborah à ma naissance. J'ai grandi près du territoire Tyendinaga, qui fait partie du territoire de la confédération des Six Nations.
Ma grand-mère était une guérisseuse traditionnelle et la sage-femme du lieu jusqu'au jour où nous avons eu un hôpital et un médecin chez nous. Elle guérissait les gens qui venaient à elle. Elle offrait du tabac, des tissus ou d'autres articles à ces gens qui venaient à elle pour soigner leur esprit ou leur corps. Elle m'a transmis ce don sacré avant de partir pour le monde des esprits il y a douze ans de cela.
On me l'a enseigné, le tabac qu'on vous a offert a été l'une des premières plantes médicinales que notre créateur a donné aux Premières nations au début du monde. Lorsqu'on offre et qu'on fait une demande, il s'ouvre une porte entre le monde physique dans lequel nous vivons et le monde spirituel de notre créateur et de nos grands-mères et grands-pères sacrés. Ce tabac sacré crée une alliance entre nous tous de telle sorte que les énergies spirituelles et les croyances inhérentes que tous les gens ont se manifesteront au cours de vos délibérations et dans vos recommandations à l'avenir.
Je vous invite tous à permettre à vos propres convictions spirituelles de se manifester d'une façon concrète et de vous aider dans votre étude sur la médecine et les thérapies parallèles ou complémentaires. Je vous invite tous à réfléchir soigneusement aux conséquences de votre enquête et de vos recommandations subséquentes, non seulement pour ceux qui vivent aujourd'hui, mais pour nos enfants et les enfants de nos enfants jusqu'à la septième génération.
Quand j'étais jeune, c'est-à-dire il y a beaucoup plus longtemps que je ne veux l'admettre, les choses étaient différentes pour les Premières Nations, surtout la mienne. J'avais six ans, et nous n'avions pas le droit de quitter notre réserve sans un laissez-passer de l'agent des Indiens pour aller faire des courses ou nous faire soigner. Nous n'avions pas le droit de vote, et nous n'avions non plus le droit d'être propriétaire à l'extérieur de la réserve.
On avait cadenassé notre longue maison, le siège de notre gouvernement depuis des siècles. Nos chefs héréditaires avaient été écartés en faveur d'un système électif qui était contraire à nos croyances et à nos idéaux, et c'est encore le système qui nous gouverne aujourd'hui.
• 1745
Ma grand-mère, une petite femme qui ne faisait que quatre
pieds quelque chose, a été arrêtée pour avoir exercé la médecine
sans autorisation parce qu'elle se servait de plantes médicinales,
de prières, de cérémonies et de rites curatifs pour aider les gens
à soigner leur corps et leur esprit. Nos cérémonies sacrées étaient
interdites. Notre langue était bannie. On arrachait nos enfants à
leur famille pour les mettre dans des pensionnats.
J'ai été moi-même enlevée à mes parents et à mes frères et mise dans des foyers nourriciers, je n'avais plus aucun contact avec mes parents, mes grands-parents, et tout ce que je savais. Le travailleur social et le ministre disaient que ma grand-mère était une «sorcière». Dans chaque nouveau foyer nourricier où l'on m'envoyait, on me rasait les cheveux et l'on me versait du kérosène sur la tête pour tuer les poux que je n'avais pas. Chez nous, on ne se coupe les cheveux que lorsque quelqu'un meurt. Je pensais que ma famille était morte et que personne ne voulait me le dire.
Heureusement, bon nombre de ces choses ne se font plus, et partout à cet endroit que l'on appelle Turtle Island, nous commençons à faire revivre notre culture, notre patrimoine, nos valeurs et nos convictions, nos cérémonies, et nous reprenons le contrôle de notre vie et de nos enfants. Il y a une nouvelle ouverture d'esprit, et pour retrouver la santé, nous voulons plus que des moyens médicaux et scientifiques. Comme bon nombre de témoins vous l'ont dit lors des autres audiences, le public s'intéresse de plus en plus aux plantes médicinales, aux pratiques homéopathiques, à la naturopathie, à la chiropratique et à bien d'autres choses comme l'acupuncture. Plusieurs Autochtones cherchent des remèdes dans les rites curatifs traditionnels et les cérémonies de leur propre collectivité.
Quand j'ai appris que ces audiences allaient avoir lieu, j'étais vraiment contente. Je voyais là la possibilité de rendre plus accessible les diverses stratégies de guérison, et je pensais qu'on pourrait même y avoir accès dans le cadre du système de santé. Cependant, ayant lu et étudié les mémoires qu'on a soumis à votre comité, je suis de plus en plus inquiète. Chaque personne ou groupe qui a témoigné devant vous semble représenter des associations puissantes, des pharmaceutiques, des professions, et chacun veut sa part de cette initiative nouvelle et lucrative. Plusieurs vous ont présenté des études où l'on vous recommande d'adopter des lois, avec des tonnes et des tonnes de papier à l'appui eux, tout cela payé par divers promoteurs.
Certaines de ces recommandations, si elles étaient mises en oeuvre telles que je les conçois, créeraient de nouveau une atmosphère d'annihilation culturelle. En Amérique du Sud, certains pays ont déjà accordé des brevets pour certaines plantes médicinales dont les indigènes se servent depuis des milliers d'années. Les guérisseurs traditionnels de ces collectivités ne peuvent plus récolter leurs plantes médicinales sans verser des droits aux entreprises, sans quoi ils risquent l'arrestation, des poursuites et l'emprisonnement. Cela s'est vu l'an dernier encore.
Avant aujourd'hui, je n'ai entendu personne demander que l'on respecte le mode de vie que nous avions avant l'arrivée des Européens. Nos remèdes et nos plantes médicinales sont sacrés. Ce sont des dons de notre créateur. Ils donnent d'eux-mêmes pour que nous puissions guérir et continuer de vivre.
On m'a enseigné que les rêves contiennent souvent des messages. Peu après avoir commencé à étudier certains mémoires, j'ai fait un rêve qui était vraiment effrayant.
Arrêtez-vous un moment, prenez une grande respiration, détendez-vous et imaginez ces gens qui cueillent ces plantes médicinales: hommes, femmes, enfants et aînés. Ils offrent du tabac et des prières aux quatre points cardinaux, à notre créateur, à la Terre notre mère, des prières de reconnaissance et de gratitude, et ils demandent aux plantes médicinales de partager leur don de guérison avec ceux qui sont malades. Les enfants écoutent leurs grands-parents et apprennent ainsi comment l'on fait. On voit la joie sur leur visage. Ils posent des questions, comme font tous les enfants. Le grand-père Soleil brille, les oiseaux chantent. Notre frère le Vent parle doucement, et son souffle nous apporte le parfum des fleurs sauvages.
Je regarde le pré où le pousse la glycérie et je trouve quelque chose qui ne va pas, une énorme pancarte qui dit «Tout ce qui pousse ici est protégé. Rien ne peut être récolté. Quiconque récolte sans permission de»—et il y a le nom d'une grande société pharmaceutique qui est écrit sur la pancarte—«est passible d'arrestation et d'emprisonnement»
C'est quelque chose qui me fait terriblement peur, c'est quelque chose de très réel. On nous a tellement enlevé de choses depuis 500 ans.
Je suis d'accord avec ce que mon frère a dit. Nous devons commencer à nous attaquer à ce problème en tant que communauté. Nous devons commencer à prendre nos propres décisions et ne pas laisser les gouvernements légiférer ou dicter ces choses.
Depuis le début des temps, les peuples des Premières nations ont utilisé les plantes et les herbes, les rituels et les cérémonies pour se maintenir en santé et pour se rétablir et retrouver la santé. Nous croyons que tous les éléments qui nous composent—l'âme, l'esprit, le corps et les rapports—devraient être équilibrés et en harmonie les uns avec les autres et avec notre mère la Terre dans toutes nos relations. Nous croyons que nous sommes liés à tout ce qui existe. Tout ce qui marche sur deux ou quatre jambes, tout ce qui nage ou vole, tout ce qui rampe ou se traîne fait partie de notre famille.
• 1750
On m'a également appris qu'une partie de l'énergie de guérison
contenue dans ces plants et produits médicinaux et ces plantes
sacrées provient du respect spirituel et que si on ne suit pas ces
rituels, on perd ce pouvoir de guérison. Légiférer notre capacité
ou notre droit d'accès à nos pratiques culturelles, notre droit
d'utiliser les plantes médicinales et les herbes pour guérir, le
donner à une société de produits pharmaceutiques, aux pharmaciens
ou à qui ce soit d'autres n'est qu'une autre forme de destruction
de notre culture.
Je reconnais qu'il faut assurer la sécurité du public, la qualité des produits, des normes minimales en ce qui concerne l'étiquetage, l'emballage et la vente. Je vois également la possibilité de désastre où, encore une fois, on légifère pour nous enlever notre culture et empêcher nos communautés, notre patrimoine et notre avenir d'en profiter.
Je dois admettre qu'en tant que personne Haudenosaunee, ma première réaction est de dire qu'il ne devrait pas y avoir de mesure législative, que moins on en a, mieux c'est, mais une autre partie de moi est réaliste et reconnaît la nécessité d'avoir certaines règles. Je crois que les peuples de Premières nations devraient décider eux-mêmes quelle forme devrait prendre toutes ces choses à l'avenir. Je crois que nous devons être exemptés de toute mesure législative qui pourrait se retrouver dans notre système juridique. Nous devons maintenir notre souveraineté et nos droits à cet égard. Toute autre chose serait une parodie. Ce n'est pas quelque chose que je voudrais laisser en héritage à mes enfants et à mes petits enfants.
Je vous remercie de m'avoir écouté.
La vice-présidente (Mme Elinor Caplan): Merci beaucoup de cet exposé qui a été très intéressant.
Y a-t-il quelqu'un d'autre qui voudrait faire un exposé devant notre comité? Frank Walker est-il ici?
M. Frank Walker (témoignage à titre personnel):
[Note de la rédaction: le témoin parle dans sa langue autochtone]
Mon nom anglais est Frank Walker.
[Note de la rédaction: le témoin parle dans sa langue autochtone]
La vice-présidence (Mme Elinor Caplan): Puis-je vous demander de parler dans le micro? Nous ne pouvons vous entendre.
M. Frank Walker: C'est parce que vous ne me comprenez pas. Je parlais dans ma langue.
La vice-présidente (Mme Elinor Caplan): J'aimerais bien comprendre votre langue, mais je ne pouvais pas non plus l'entendre.
M. Frank Walker:
[Note de la rédaction: le témoin parle dans sa langue autochtone]
C'est ainsi que vous aurait parlé mon grand-père, mes arrière-grands-pères. Je parle aux grands-pères, aux esprits, presque toutes les semaines. Avant de venir ici, j'ai fait un rêve. Je ne comprenais pas ce rêve. Maintenant je le comprends, après avoir écouté les gens qui sont ici.
Le rêve commence lorsque les Espagnols...la façon dont ils étaient habillés, avec leurs casques argentés, et il y en a un qui porte une grande épée. Il vient voir le petit garçon qui porte son sac de plantes médicinales. L'Espagnol lui donne un coup d'épée en travers de la poitrine et coupe en deux son sac de plantes médicinales. Les gens attrapent la moitié de ce sac de plantes médicinales.
Il y a deux canoës transportant cette plante médicinale qui fuient quelque chose ou qui se hâtent d'atteindre quelque chose—je ne m'en rappelle pas. Ils arrivent à une île. Elle semble être faite d'os. À l'intérieur de l'os, il y a de l'eau. C'est là qu'ils se reposent. Mais le guerrier qui transportait le sac de plantes médicinales a dit qu'il ne peut pas faire un pas de plus. Il est agonisant. Il me dit de venir à lui et il me donne le sac de plantes médicinales. Aussitôt qu'il me l'a eu donné, il se transforme en ours.
À Nishnawbe, l'ours est le symbole de la guérison. Il a le pouvoir de guérir le peuple nishnawbe. Dès que je m'empare du sac de plantes médicinales, les esprits des grands-pères me disent de courir.
[Note de la rédaction: le témoin parle dans sa langue autochtone] Ils m'appellent le coureur de la terre.
• 1755
Je commence donc à courir. J'arrive à un lac et je dis: «Je ne
peux pas traverser le lac à la course».
[Note de la rédaction: le témoin parle dans sa langue autochtone] Ils disent: «Si tu peux le faire» si bien que je traverse le lac et les champs à la course et que j'arrive à destination. Lorsque j'arrive à destination, tout ce que je peux voir, c'est que les arbres ont été coupés. Tout ce que je vois, c'est que le sol est sans vie, qu'il n'y a plus de plantes. Je m'assois et je commence à pleurer, une grosse entaille s'ouvre sur ma poitrine. C'est une tranche du couteau qu'on a donnée au petit garçon.
J'espère que vous savez interpréter ce rêve dont je vous parle. Sinon, alors je prie pour que vous puissiez ouvrir les yeux et comprendre le peuple nishnawbe qui est vraiment près de l'omahmakhkee, de la terre et du monde spirituel. Nous avons besoin de ces plantes médicinales que nous a données le Créateur. Elles n'ont pas été créées pour être la propriété d'une société ou d'une autre personne. Elles ont été créées pour que tout le monde puisse les utiliser. Le Créateur les a cachées à de nombreux endroits et on ne peut les trouver que si les esprits des aïeuls nous disent où elles se trouvent.
Je suis heureux d'être l'une de ces personnes. J'hésite beaucoup à utiliser ces plantes médicinales car je sais qu'une grande société voudra en utiliser une partie. Mais je sais que certaines de ces plantes ne pourront être efficaces entre les mains d'autres personnes, de personnes autres que le peuple nishnawbe, car ces plantes ne peuvent être efficaces que si les aïeuls vous donnent le droit de les utiliser. Lorsqu'on utilise cette plante médicinale, il faut faire une prière, et les deux ne peuvent fonctionner l'une sans l'autre.
[Note de la rédaction: le témoin poursuit dans sa langue autochtone]
Comme mes arrière-grands-pères me l'ont dit, c'est ainsi que les choses se passent. Il en est ainsi depuis des milliers d'années, et cela n'a pas changé sauf pour ce qui est des gens qui essaient de nous imposer des lois pour changer notre mode de vie.
[Note de la rédaction: le témoin poursuit dans sa langue autochtone]
La vice-présidente (Mme Elinor Caplan): Merci beaucoup. J'aimerais bien pouvoir comprendre les premiers mots que vous avez dits, les mots que votre grand-père et votre arrière-grand-père auraient prononcés devant notre comité. Nous avons pu les entendre clairement. Voulez-vous nous donner une traduction de ces mots?
M. Frank Walker: Je l'ai fait.
La vice-présidente (Mme Elinor Caplan): Merci beaucoup.
Y a-t-il quelqu'un d'autre qui voudrait faire un exposé? Henry Wilson a-t-il fait un exposé? Nous avons donc entendu tous les témoins, y compris Frank Whitehead?
M. Henry Wilson: Frank Whitehead a été appelé pour faire fonction de jury. Il n'a donc pu venir, mais il peut rédiger quelque chose.
Merci.
La vice-présidente (Mme Elinor Caplan): Oui, vous pourriez lui dire que nous l'invitons à présenter un mémoire écrit au comité.
Il nous reste donc assez de temps pour poser des questions, et nous allons commencer par M. Hill.
M. Grant Hill: Je crois que je vais passer, merci.
La vice-présidente (Mme Elinor Caplan): Monsieur Myers.
M. Lynn Myers (Waterloo—Wellington, Lib.): Merci, madame la présidente.
Tout d'abord, Deborah, je tiens à vous remercier pour le tabac sacré, pour ce qu'il est, pour ce qu'il représente. Je vous en suis très reconnaissant. Merci.
Deborah, au milieu de votre exposé, vous avez dit que vous étiez enthousiaste à l'idée de ce que notre comité pourrait faire et que vous croyiez qu'on offrirait davantage de stratégies de guérison. Puis, vous avez fait allusion à votre désillusion. Enfin, vous avez demandé que les peuples indigènes soient exemptés.
Pourriez-nous en dire plus long sur ce que vous voulez dire lorsque vous dites que vous croyiez qu'on offrirait davantage de stratégies de guérison.
Mme Deborah Amey KiiskeeN'tum: Lorsque j'ai entendu parler de votre comité pour la première fois, j'ai discuté avec d'autres témoins que vous avez entendus et on a alors beaucoup parlé d'homéopathie et de naturopathie, qui ont des affinités culturelles avec bon nombre de pratiques autochtones de guérison, et de la possibilité de les rendre plus accessibles à tous.
Toutefois, j'ai fait des recherches et j'ai lu les témoignages des entreprises, des groupes, des sociétés pharmaceutiques et de tous ceux qui vous ont dit que vous devriez adopter des lois; tout cela ne semblait pas donner beaucoup de place à l'accessibilité. Ce ne sera que d'autres lois et d'autres façons de prendre ce qui appartient aux Premières nations.
Je sais que votre comité a beaucoup de discrétion à cet égard, mais je ne suis pas certaine que les gens savent bien ce que ces recommandations—qu'on vous a formulées dans le cadre d'exposés élaborés et coûteux—pourraient avoir comme effets sur les Premières nations. J'ai alors décidé de mettre en relief les conséquences négatives plutôt que le positif, parce que personne d'autre ne semblait vouloir en parler.
M. Lynn Myers: Pourriez-vous nous expliquer ce que vous aimeriez que nous fassions?
M. Deborah Amey KiiskeeN'tum: J'aimerais bien qu'on laisse aux peuples autochtones un certain pouvoir, j'aimerais que chaque collectivité des Premières nations puisse prendre ses propres décisions à ce chapitre.
J'aimerais aussi qu'une partie des fonds fédéraux et provinciaux réservés aux soins de santé servent à donner aux gens accès à des traitements tels que le reiki, l'acupuncture, l'homéopathie et la naturopathie, là où les gens n'ont plus accès à leurs guérisseurs traditionnels ou là où la médecine autochtone traditionnelle n'existe plus.
Dans bon nombre de nos collectivités, il n'y a pratiquement plus d'anciens qui pratiquent encore cette médecine; à bien des endroits, la médecine des anciens est presque disparue. Nous déployons de grands efforts dans de nombreuses localités pour ressusciter ces pratiques et leur redonner leur popularité auprès des jeunes. Je sais que, à Swan Lake, on voulait pouvoir obtenir des traitements homéopathiques dans le cadre du régime provincial de soins de santé ou du traité, mais ce n'est pas possible actuellement.
À mon avis, ce genre de recommandations seraient très utiles et très saines. Mais j'ai négligé cet aspect après avoir vu les choses horribles qu'on vous proposait, tout le monde croyant pouvoir enlever aux Indiens ce qui leur appartient.
M. Lynn Myers: Merci beaucoup. J'aurais bien aimé que nous ayons plus de temps parce que vous avez soulevé de nombreux points très pertinents, tout comme les autres témoins.
La vice-présidente (Mme Elinor Caplan): Madame Wasylycia-Leis.
Mme Judy Wasylycia-Leis: Merci, madame la présidente.
Je veux aussi vous remercier tous d'avoir pris le temps de venir témoigner devant notre comité, et de votre présent de tabac sacré. Je vous sais gré d'avoir été si francs avec nous cet après-midi, cela nous aide à mettre les choses en perspective.
Voici comment j'interprète vos remarques.
Premièrement, vous aimeriez que nous ayons tous une conception plus vaste en matière de soins de santé et que nous examinions les modèles holistiques visant le bien-être et la prévention, comme le veut la tradition des Premières nations. Je crois que vos observations doivent être incluses dans notre approche d'ensemble. Tout comme nous l'ont appris les professionnels de l'homéopathie, nous devons élargir nos horizons en ce qui concerne la façon dont nous définissons les soins de santé, ce qui devrait être prévu par l'assurance-maladie et notre ouverture devant les nouvelles méthodes ou, plutôt, les méthodes très anciennes qui ont été supplantées par une pratique plus conservatrice de la médecine.
J'aimerais savoir ce que vous croyez que notre comité pourrait faire pour donner suite à cette vision.
Deuxièmement, pour ce qui est des médecines traditionnelles, croyez-vous que vos pratiques, celles de vos guérisseurs traditionnels sont en voie d'érosion, qu'il y a eu érosion dans ce domaine de la part de gens de l'extérieur qui tentent de mettre en marché vos produits? Avez-vous vu ces médicaments traditionnels dans des bouteilles sur les tablettes des pharmacies? A-t-on tenté de capitaliser les étagères de guérison traditionnelles et de vendre ces pratiques à une plus grande échelle?
Cette semaine, des gens nous ont parlé de ce qui se passe au Mexique où on a traité les indigènes de façon tout à fait horrible où on les a exploités et où on a fait une cueillette à outrance de certains produits pour les vendre à profit à de grandes sociétés.
• 1805
Votre expérience est-elle la même? Que pouvons-nous faire pour
nous assurer que nous pouvons continuer à contrôler les pratiques
traditionnelles de médecine? Comment, bien sûr, pouvons-nous aussi
nous assurer que ce domaine continue de relever des collectivités
autochtones dans le cadre de la souveraineté et de l'autonomie
gouvernementale.
M. Larry Dorion: Voici ce que j'aimerais vous répondre. Chez moi, il y a beaucoup de foin d'odeur qui pousse. Il pousse juste au sud d'où j'habite. Nous cueillons le foin d'odeur là depuis bien des années, et il y en a toujours eu beaucoup. Nous n'en manquons jamais. Toutefois, depuis cinq ans environ, certains ont commencé à cueillir le foin d'odeur pour le vendre aux États-Unis. Ils en font des tresses qu'ils vendent aux États-Unis. Ils le transportent là-bas dans des semi-remorques.
Or, les pratiques de cueillette de ces gens-là ne sont pas les nôtres. Nous avons notre façon de faire la cueillette. Nous ne faisons pas la cueillette jusqu'à ce qu'il n'y ait plus rien, parce que s'il n'y a plus de graines, le foin ne repoussera pas. Il disparaîtra et, maintenant, nous allons à certains endroits où nous allions auparavant et nous constatons qu'il n'y a plus de foin d'odeur, qu'il n'y a plus rien. Notre foin d'odeur est vendu aux États-Unis 15 $ la tresse.
Cela nous apparaît inacceptable parce que ce foin d'odeur est l'un de nos remèdes les plus sacrés. On l'a mis en vente libre sans même consulter les Premières nations.
C'est là le genre de problèmes auxquels nous faisons face. Normalement, je ne suis pas du genre à venir dans un endroit comme celui-ci pour prendre la parole. Je n'agis pas ainsi. Je fais tout ce que j'ai à faire dans ma hutte de cérémonie. J'ai ma propre façon de faire. J'ai mes propres remèdes. Et pour être honnête avec vous, je ne les abandonnerai jamais.
Premièrement, ce sont des remèdes beaucoup trop compliqués. Avant d'avoir breveté tout ce que j'ai et que j'utilise, il vous faudra probablement 100 ans, parce que chaque remède comporte quatre différents aspects. Ces différents aspects sont interreliées aux quatre différents aspects d'un autre remède, et ces quatre aspects-là sont reliés avec les quatre aspects d'un autre remède, et ainsi de suite pour tous les remèdes que j'ai pour les différentes maladies.
Nous avons beaucoup de succès. Dans toute ma vie, jusqu'à présent, je crois n'avoir vu que sept patients mourir, sept personnes en phase terminale qui nous avaient été envoyées par des médecins. De tous ceux qui nous ont été envoyés...je dirais que je vois en moyenne—chez moi du moins, de dix à quinze personnes par semaine, et ça peut aller jusqu'à 50 ou 60 selon les maladies qui courent à un moment ou à un autre.
Moi et tous les autres guérisseurs que je connais—et j'en connais beaucoup—avons vu mourir peut-être sept personnes. Nous n'avons pu les aider parce que la pourriture de leurs entrailles était déjà trop avancée. La chimiothérapie s'était prolongée indûment, les médecins avaient poursuivi leurs différents traitements trop longtemps. Voyez-vous, nous, les guérisseurs, ne croyons qu'il faille retirer quoi que ce soit du corps humain. Nous estimons que tout organe où il y a encore de la vie peut être guérie grâce à nos herbes, en différentes combinaisons.
Dans les années soixante, je crois—je ne me souviens pas de l'année exacte—une étude a été menée à l'université du Dakota du Nord par un type du nom de Carl Whitman, qui est maintenant décédé. Dans cette étude si je me souviens de ce qu'il m'a dit lorsque je lui ai parlé—ça fait déjà assez longtemps—il a découvert qu'il y avait plus de 140 remèdes vendus aujourd'hui dans les pharmacies qui, à une certaine époque, étaient des remèdes autochtones.
Notre peuple était un peuple mu par la solidarité. Nous avons toujours voulu partager. Nous avons toujours voulu aider les autres.
Je vous donne un exemple de ce qui nous arrive. Avez-vous déjà vu le film Medicine Man avec Sean Connery? Sean Connery part dans la jungle sud-américaine et dit: «j'ai découvert un remède contre la peste du XXe siècle». Il dit «j'ai découvert un remède», alors que le véritable héros, c'est un guérisseur pygmée. C'est lui qui a découvert ce remède, mais tout le monde fait comme s'il n'existait pas.
Moi, j'existe. Mon peuple existe. Et nous ne nous laisserons pas faire. Si vous tentez de réglementer notre médecine, nous continuerons de la pratiquer dans la clandestinité.
• 1810
J'estime que nous devrions tenter de collaborer. S'il faut
élaborer une politique, eh bien, tentons de le faire ensemble.
Laissez nous nous gouverner nous-mêmes. Nous savons comment le
faire.
La vice-présidente (Mme Elinor Caplan): Merci beaucoup. Il y a encore Mme Bradshaw qui voudrait intervenir, puis j'aimerais moi-même vous poser une question s'il reste du temps.
Mme Claudette Bradshaw (Moncton, Lib.): Deborah, je voudrais aussi vous remercier pour le tabac, et vous remercier tous d'être venus aujourd'hui.
Je partage vos convictions. J'ai chez moi une plume d'aigle sur une peau de lapin, un présent qui m'a été offert par un de vos enfants.
Avez-vous des contacts avec les médecins de votre collectivité ou d'ailleurs au Manitoba? Avez-vous des contacts avec eux? Avez-vous discuter avec eux de ce que vous nous disiez aujourd'hui?
Mme Deborah Amey KiiskeeN'tum: Oui, en fait, Turtle Island, l'organisation avec laquelle je travaille, a récemment accueilli un médecin qui a travaillé un peu partout dans monde, notamment en Bosnie et en Afrique. Il s'intéresse vivement à établir un bon réseau de communication avec d'autres médecins. Nous nous sommes réunis la semaine dernière pour discuter de la façon dont nous travaillerons avec les médecins des différentes localités.
Le Centre de Turtle Island dispense des conseils et des services de thérapie familiale, des programmes de formation et de sensibilisation et toute une gamme d'autres services aux collectivités des Premières Nations qui nous demandent d'élaborer avec elles-mêmes des programmes de santé mentale communautaire. Dans toutes les collectivités où nous travaillons, nous tentons de collaborer le plus étroitement possible avec les médecins.
En général, les médecins ont eu une attitude positive, mais ce n'est pas toujours le cas. Il nous est arrivé d'aller dans des endroits où les médecins qui viennent au Manitoba n'ont aucune sensibilité culturelle, ne comprennent pas l'anglais et ne peuvent communiquer de façon intelligible avec des gens dont la langue première n'est pas l'anglais. Ils essaient de communiquer avec quelqu'un d'autre qui a une très faible maîtrise de l'anglais étant donné qu'elle vient d'Afrique. Nous faisons donc beaucoup de travail informel pour développer des rapports et assurer la liaison entre les patients qui souhaitent obtenir des conseils médicaux, le médecin et les guérisseurs traditionnels.
Nous avons organisé des ateliers pour les professionnels de la santé, notamment les infirmières. Personnellement, je suis infirmière psychiatrique. J'ai commencé à travailler dans ce domaine il y a une vingtaine d'années, après avoir obtenu mon diplôme et, à ma grande surprise, même si je savais que ce genre de choses ne donnait pas de résultats lorsque je travaillais dans le domaine de la santé mentale, j'ai constaté que les cérémonies, les médicaments traditionnels et les rites favorisaient la guérison. Le modèle psychothérapeutique n'était pas efficace pour les Autochtones. J'ai donc commencé à travailler davantage en ce sens. Dans ma carrière rémunérée, lorsque je ne me livre pas à des activités non rémunérées, je travaille à titre de conseillère et thérapeute familiale pour favoriser la guérison et trouver des moyens d'aller chercher ce que les familles souhaitent tirer de leur culture spécifique.
Je signale que nos cultures se concrétisent de différentes façons dans différentes collectivités. Ce n'est pas parce que nous sommes des collectivités des Premières nations que nous avons les mêmes pratiques de guérison ou les mêmes croyances. Ce fut pour moi une bénédiction de travailler avec Frank et d'autres guérisseurs au fil des ans. Nous avons essayé de trouver un terrain d'entente qui nous permette de travailler ensemble, et cela englobe collaborer avec des médecins, des infirmières, des travailleurs communautaires spécialisés en troubles mentaux, les coordonnateurs du PLNAADA et toute autre personne dispensatrice de services.
Ce qui est alarmant, c'est que les politiques et règlements instaurés par le gouvernement, ainsi que l'orientation actuelle de la Direction des services médicaux limitent énormément l'accès aux pratiques de guérison traditionnelles, au counselling clinique et à d'autres services, et cette tendance s'accélère d'année en année. Les services en question sont de moins en moins disponibles et de moins en moins abordables. Je sais que des raisons pratiques peuvent expliquer le phénomène, mais ce qui m'inquiète c'est qu'on prétexte l'absence d'une approche collégiale pour limiter encore les services.
Ma grand-mère disait toujours que si nous nous tenions tous par la main, nous n'aurions pas le temps de lancer des pierres et que c'est en se tenant par la main et en travaillant ensemble qu'on peut faire des miracles. Je souhaite partager avec vous et vous offrir mes connaissances et celles de notre organisation pour le plus grand bien de la collectivité. J'espère que nous pourrons travailler en équipe avec les autres Premières nations car cela serait de loin préférable à se voir imposer des règles par le gouvernement.
• 1815
Je suis d'accord avec ce qu'a dit Larry au sujet des
médicaments. Ces derniers ne peuvent être légiférés. Ils ne vont
avoir la même utilité pour les sociétés pharmaceutiques que pour
les Indiens.
Moi aussi j'ai été témoin de profanation. L'un de mes anciens à 78 ans. Il a grandi à McIntosh, en Ontario. Tout comme son grand-père et son père avant lui, il a récolté toute sa vie du wiccee—c'est-à-dire du gingembre sauvage derrière chez lui. Il n'y en a plus; il a disparu. Maintenant, nous devons marcher trois heures et demie pour trouver un endroit où nous pouvons cueillir le peu que nous utilisons car des gens sont venus tout rafler pour vendre ensuite cette plante sur le marché. Je sais que ces gens invoqueront la nécessité de nourrir leurs familles et que parfois c'est tout ce qui était disponible, mais les anciens ne leur ont pas appris comment récolter cette plante à bon escient et à en laisser. Ils ont tout pris et maintenant il n'y en a plus dans tout le lac. Je crains vraiment que ce soit le sort que l'on réserve à bon nombre de nos plantes médicinales. Je crains qu'elles disparaissent.
Merci.
Mme Claudette Bradshaw: Merci.
La vice-présidente (Mme Elinor Caplan): Moi aussi j'aimerais vous remercier de nous avoir offert cette blague à tabac sacré, mais je me demande comment nous sommes censés nous en servir. Dois-je la porter, la mettre dans ma poche ou dans mon tiroir? C'est un cadeau merveilleux, mais j'aimerais savoir comment on doit s'en servir.
Mme Deborah Amey KiiskeeN'tum: Vous vous en servez de la façon qui vous convient le mieux quand vous écoutez votre esprit, votre for intérieur. Certains décident de la porter. Certains décident de la rendre à notre mère, la Terre. Certains décident de la garder chez eux dans un endroit où on peut la respecter. Je demanderai à tous les membres du comité d'écouter votre esprit, d'écouter la voix tranquille que nous oublions si souvent, et de l'honorer de la façon qui vous convient le mieux. Ce qui me convient le mieux est ma façon de l'honorer, mais vous avez votre propre façon. Je crois qu'une des choses que nous avons perdues entre nos peuples est la capacité d'honorer nos propres traditions tout en respectant celles des autres, en appréciant les valeurs que nous partageons.
La vice-présidente (Mme Elinor Caplan): Merci beaucoup.
Vous avez parlé en faveur d'un modèle d'autoréglementation. Quelle que soit la décision finale du comité, est-ce que votre modèle contiendrait une disposition de retrait, pourvu que les bandes mêmes se réglementent? Vous avez dit qu'il devrait y avoir des règlements. Comment est-ce qu'un tel régime fonctionnerait? Faudra-t-il prévoir une exemption claire et nette dans la loi, ou faudra-t-il exiger que les bandes elles-mêmes mettent en place une autre méthode de contrôle et de réglementation?
M. Larry Dorion: Je dois dire tout de suite que moi et peut-être les autres gens autour de cette table sont surpris d'être invités à participer à cet exercice. On m'en a parlé pour la première fois il y a seulement trois semaines. Nous avons donc besoin de plus de temps pour répondre à vos questions. Nous pourrions peut-être nous réunir et visiter les différentes collectivités pour demander aux dirigeants traditionnels, les guérisseurs et chefs spirituels, leurs opinions à ce sujet. Je n'ai pas eu beaucoup de temps pour parler avec eux avant cette réunion, mais ils sont tous d'accord, il faut créer une alliance, il faut prendre les mesures qui s'imposent pour protéger nos plantes médicinales.,
Il va sans dire qu'il serait tout à fait inadmissible de permettre à des gens qui ne respectent ni ne comprennent les plantes médicinales de dépouiller nos terres en y prenant les plantes et en les vendant sur le marché. De toute évidence, ils ne comprennent pas notre système moral, nos valeurs ou notre culture. Et cela ne signifie pas forcément qu'ils ne sont pas autochtones. Il se peut bien que ce soit des Autochtones qui le font, car notre peuple a perdu une grande partie de ses valeurs et de ses traditions.
C'est un problème grave à l'heure actuelle, et nous essayons de le régler de façon préventive. Nous essayons d'inculquer à notre jeunesse les valeurs et l'identité qu'elle possédait jadis. Je crois que si nous pouvons le faire, nous résoudrons en même temps les problèmes que nous avons actuellement avec nos jeunes, qui créent des gangs qui circulent partout et causent toutes sortes de problèmes. Si nous pouvons inculquer à notre jeunesse ce sens d'identité, quand ils seront adultes, ils pourront commencer à guérir leurs parents.
Tout doit commencer avec nos jeunes. Pour des vieux comme nous, il est difficile de changer nos habitudes, n'est-ce pas?
• 1820
Je n'ai pas répondu à la question.
La vice-présidente (Mme Elinor Caplan): Mais si, vous y avez répondu, et votre demande de temps supplémentaire est tout à fait légitime.
Une des choses qui inquiète le comité est que nous n'ayons pas beaucoup parlé avec les collectivités autochtones. Nous aimerions parler davantage avec vous et entendre vos idées sur le fonctionnement de ce modèle d'autoréglementation, car nous savons que vous dans les collectivités autochtones vous inquiétez du problème des gens qui se présentent comme des guérisseurs mais qui ne le sont pas en réalité et distribuent des médicaments qui pourraient avoir un effet nocif sur le peuple autochtone.
Il ne serait certes pas réaliste de vous dire que nous avons beaucoup de temps, mais le comité tiendra compte de votre demande de temps supplémentaire, et si avant la fin de nos délibérations vous voulez présenter un mémoire écrit ou poser des questions au greffier, nous serons très contents de les recevoir si le temps le permet.
J'aimerais vous remercier d'avoir participé à nos audiences et de nous avoir fait part de vos opinions à ce sujet. Cela nous a beaucoup aidés. Merci beaucoup.
J'entends retentir la sonnerie de 15 minutes. Il y a un vote à la Chambre.
Deborah, voulez-vous ajouter quelque chose?
Mme Deborah KiiskeeN'tum: Je voulais juste dire qu'on n'a pas suffisamment expliqué aux Premières nations ce qui pourrait se passer, ou ce que le comité entend faire avec les idées et préoccupations qui vous ont été livrées, et par d'autres et par nous. J'ai été estomaquée. Si je n'avais pas été en rapport avec la clinique d'homéopathie, le Dr Neilsen et les gens qui y travaillent, je n'aurais rien su des délibérations de votre comité.
Pour autant que je sache, les journaux autochtones n'en ont pas parlé, et il n'y a pas eu de publicité non plus dans les bureaux de bande des Premières nations ou dans les centres de santé des Indiens. Le comité doit trouver un meilleur moyen de transmettre ces informations aux gens qui en ont besoin.
Merci.
La vice-présidente (Mme Elinor Caplan): Merci beaucoup. Nous nous en occuperons.
La séance est levée.