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Bonjour, monsieur le président.
J'ai le plaisir d'être ici aujourd'hui pour discuter de notre vérification du processus des traités de la Colombie-Britannique. Je suis accompagné de M. Jérôme Berthelette, directeur principal.
L'objectif de notre vérification était d'évaluer la gestion par le gouvernement fédéral de sa participation au processus de négociation des traités de la Colombie-Britannique.
Le jour même du dépôt de notre rapport, le vérificateur général de la Colombie-Britannique a soumis un rapport de vérification distinct à l'assemblée législative de cette province, qui portait sur la participation de celle-ci au processus. Les deux vérifications ont été effectuées simultanément, dans le but de brosser un tableau plus complet du processus.
Le processus des traités de la Colombie-Britannique a été créé en 1992. Au départ, le gouvernement fédéral s'attendait à ce que toutes les revendications en Colombie-Britannique soient réglées d'ici l'an 2000. À ce jour, trois ententes finales ont été paraphées, mais aucun traité n'a été signé.
[Traduction]
Afin de couvrir leurs frais de négociations, les premières nations qui participent au processus ont emprunté près de 300 millions de dollars qu'elles doivent rembourser à même le règlement qu'elles toucheront. Quant au gouvernement fédéral, il a dépensé environ 426 millions de dollars. D'ici au 31 mars 2009, le ministère estime que le gouvernement fédéral aura injecté environ 580 millions de dollars dans le processus et que les premières nations auront emprunté quelques 375 millions de dollars. Monsieur le président, il est peu probable, dans le cadre du processus actuel, que le gouvernement fédéral atteigne son objectif stratégique de signer les traités avec la plupart des premières nations de la Colombie-Britannique.
Nous avons constaté que, en raison de vues fondamentalement différentes sur la nature des traités en train d'être négociés, la plupart des activités des 47 tables de négociation sont au point mort ou ne progressent pas et que 40 p. 100 des premières nations admissibles au processus n'y participent pas à l'heure actuelle. De plus, en raison des moyens, autres que le procédé des traités, dont les premières nations disposent pour faire valoir leurs revendications, le gouvernement fédéral peut difficilement leur soumettre des offres qui égalent ou dépassent ce qu'elles peuvent obtenir autrement.
Monsieur le président, nous avons constaté que le ministère des Affaires indiennes et du Nord se conforme aux autorisations et aux politiques qui s'appliquent à la participation du gouvernement fédéral au processus des traités de la Colombie-Britannique. Une structure interministérielle est en place pour coordonner l'élaboration des politiques fédérales. Même si le ministère a réussi à faire face à certains enjeux stratégiques, les politiques fédérales en vigueur et leur processus d'élaboration n'ont pas permis de régler adéquatement certaines questions importantes soulevées pendant les négociations.
Ainsi, monsieur le président, depuis les arrêts Haida et Taku River de la Cour suprême en 2004, le gouvernement fédéral a le devoir de consulter les premières nations et de trouver des accommodements, au besoin. Ce devoir s'impose lorsqu'il a connaissance de l'existence possible de droits ancestraux ou d'un titre autochtone et qu'il envisage de prendre des mesures qui pourraient porter préjudice à ces droits ou à ce titre. Au moment du dépôt de notre rapport de vérification, le gouvernement fédéral n'avait pas encore mis en place une politique pour lui permettre de s'acquitter de cette obligation.
Enfin, monsieur le président, le ministère n'a pas effectué les analyses requises afin de pouvoir évaluer le temps et les ressources nécessaires pour négocier les traités avec les premières nations qui participent actuellement au processus. De plus, lorsque nous avons effectué nos travaux de vérification, il n'y avait pas d'estimation en bonne et due forme des résultats prévus à court terme.
[Français]
Monsieur le président, il faudra plus de temps que prévu au départ pour négocier les traités avec les premières nations qui participent au processus. Le ministère doit revoir sa façon actuelle de gérer les négociations en fonction d'un calendrier plus réaliste. Le comité souhaitera peut-être en discuter davantage avec les représentants du ministère.
[Traduction]
Monsieur le président, le processus de négociation des traités de la Colombie-Britannique est complexe et comporte d'importants défis. Malgré cela, les négociations demeurent, pour les parties, un moyen efficace d'établir la nouvelle relation recherchée et de régler les revendications. Les traités sont importants et peuvent aider les premières nations à combler l'écart entre leur niveau de vie et celui des autres résidents de la Colombie-Britannique. Il est essentiel que toutes les parties trouvent le moyen de faire du processus une réussite.
Je vous remercie, monsieur le président, pour cette occasion de discuter du rapport avec les membres du comité. Je répondrai avec plaisir à toutes vos questions.
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Merci, monsieur le président.
Bonjour à tous.
Je vous remercie de nous donner l'occasion de prendre la parole devant vous aujourd'hui. Je suis accompagné de M. Jeff Goldie, qui est notre directeur exécutif du Bureau fédéral de négociation des traités à Vancouver. Le bureau de Vancouver fait partie du secteur de Revendications et gouvernement indien établi ici, à Ottawa, que je dirige au sein du ministère des Affaires indiennes et du Nord canadien.
Le secteur des Revendications et gouvernement indien est responsable d'élaborer et d'appliquer les principales politiques fédérales liées à la négociation et à la mise en oeuvre d'ententes sur les revendications territoriales globales et sur l'autonomie gouvernementale, ainsi que de négocier ces revendications avec les premières nations dans tout le Canada. Le Bureau fédéral de négociation des traités exerce ses fonctions en Colombie-Britannique et joue un rôle de premier plan dans le travail d'élaboration des politiques.
J'aimerais tout d'abord vous parler du rapport publié par la vérificatrice générale en novembre 2006 et de l'importance qu'il revêt, selon moi, dans le cadre du processus des traités de la Colombie-Britannique. Je traiterai ensuite des quatre recommandations que contient le rapport et du plan d'action élaboré par notre ministère à cet égard. Par la suite, M. Goldie et moi-même serons heureux de répondre à vos questions.
Tout d'abord, je tiens à remercier la vérificatrice générale, Mme Fraser, de son rapport, à mon avis complet et opportun. Ce rapport décrit en détail le contexte dans lequel se fait la négociation des traités de la Colombie-Britannique, soit à la fois le contexte historique et le contexte économique, politique et juridique. Il exprime bien les problèmes que pose la négociation des traités modernes, en particulier en Colombie-Britannique, où, contrairement au reste du Canada, il y a eu peu de traités historiques qui ont été signés et où une bonne partie de la province demeure visée par des revendications territoriales. Le rapport donne une bonne idée de la diversité des points de vue et des attentes.
[Traduction]
Je suis également convaincu que le rapport de la vérificatrice générale n'aurait pu être publié à un meilleur moment. Cette diffusion, en novembre 2006, jumelée à la publication d'un rapport semblable préparé par le vérificateur général de la Colombie-Britannique, a suscité beaucoup d'attention, en particulier en Colombie-Britannique, mais aussi dans le reste du Canada. Ce fût une très bonne chose. Les Canadiennes et les Canadiens qui ont lu le rapport sont bien mieux à même de saisir à la fois la complexité et l'importance de la négociation de traités dans cette province.
À titre de citoyens et contribuables, ils peuvent mieux évaluer le processus des traités et, je l'espère, l'appuyer. Même celles et ceux qui n'ont pas lu le rapport en ont entendu parler dans les médias. Ils savent maintenant que les négociations sont en cours depuis treize ans et ont coûté des centaines de milliers de dollars, sans qu'un seul traité soit signé. Toutefois, ils connaissent également la conclusion de la vérificatrice générale, soit que malgré toutes les difficultés et les coûts importants, les négociations demeurent un moyen efficace pour les parties, le Canada, la Colombie-Britannique et les premières nations, d'établir de nouveaux rapports qu'ils cherchent à créer et de résoudre, enfin, les revendications en cours.
Cette approbation du processus des traités de la Colombie-Britannique est particulièrement importante en ce moment, alors que les démarches progressent et que nous arrivons aux dernières étapes de négociation de plusieurs ententes définitives, ainsi qu'à la négociation d'ententes de principe, dans différents secteurs de la province. Nous devons continuer sur cette lancée.
En octobre 2006, le Canada a paraphé une entente définitive avec la première nation Lheidli T'enneh et le gouvernement de la Colombie-Britannique. Le 8 décembre, nous avons paraphé une entente définitive avec la première nation Tsawwassen, et le 9 décembre, une autre avec la première nation Maa-nulth, de l'île de Vancouver.
Cette année, ces trois communautés autochtones procéderont à un vote de ratification de ces ententes. Si elles les ratifient, ce sera au tour de la Colombie-Britannique et du Canada de faire de même. Pendant ce temps, nous prévoyons conclure cette année la négociation d'ententes définitives et d'ententes de principe avec d'autres premières nations.
[Français]
Si la preuve la plus évidente de la réussite des négociations de traités est la conclusion d'ententes, il ne faut pas oublier que des succès moins évidents, mais tout aussi importants, se produisent déjà depuis plusieurs années un peu partout dans la province.
Depuis la création du processus des traités de la Colombie-Britannique, les citoyens ont beaucoup approfondi leur connaissance des enjeux qui touchent les Autochtones. Les sondages indiquent que la majorité des résidants de la province considèrent maintenant que les premières nations ont été traitées de façon injuste et que les gouvernements doivent redresser la situation. Il s'agit d'un revirement important par rapport à l'opinion générale il y a à peine 15 ans.
Les entreprises reconnaissent qu'il est essentiel pour l'économie que nous mettions fin à l'incertitude caractérisant actuellement la propriété et les droits d'utilisation et de gestion des terres et des ressources de la province. Elles ont compris que l'établissement de coentreprises de toutes sortes en partenariat avec les premières nations offre une multitude de possibilités.
De nombreuses administrations locales ont amélioré du tout au tout leurs relations avec leurs voisins autochtones et collaborent maintenant avec eux à la prestation des services et à la planification conjointe. Rien de tout cela n'aurait été possible sans le développement des capacités et l'éveil de l'espoir des premières nations. Lentement mais sûrement, les peuples autochtones deviennent des acteurs importants sur la scène provinciale.
Bien sûr, ces progrès ne sont pas uniquement attribuables au processus des traités, mais ce processus a joué un rôle important, et je tiens à le mentionner parce que je ne suis pas d'accord avec ceux qui croient que la signature de traités est la seule mesure de notre réussite.
Maintenant que je vous ai donné une idée de ce que nous avons accompli, je dois reconnaître que nous faisons face à de nombreux défis. Comme la vérificatrice générale l'a souligné dans son rapport, seules 60 p. 100 des premières nations de la Colombie-Britannique ont choisi, à ce jour, de participer au processus des traités. Une minorité des tables de traités existantes font actuellement des progrès importants dans leurs négociations. Ce n'est pas suffisant, et nous continuerons de chercher, en collaboration avec nos partenaires provinciaux et autochtones et avec l'aide de la Commission des traités de la Colombie-Britannique, des façons d'améliorer l'efficacité du processus.
Le gouvernement fédéral n'est qu'un des trois participants à ce processus non obligatoire et il ne détermine donc pas à lui seul les résultats de chaque table de négociation, pas plus qu'il ne contrôle les délais de signature des traités. Néanmoins, il y a certainement place à l'amélioration de notre participation au processus des traités. Le ministère a donc accepté les quatre recommandations formulées par la vérificatrice générale dans son rapport et a établi un plan d'action.
[Traduction]
Nous mettons actuellement une touche finale à notre plan d'action et nous consulterons bien entendu la vérificatrice générale avant de le finaliser. Je puis toutefois affirmer que le ministère est déterminé à faire des progrès importants dans les quatre domaines visés par le rapport.
Tout d'abord, en collaboration avec nos collègues des autres ministères et organismes fédéraux, nous améliorerons les processus internes existants d'élaboration de politiques afin de pouvoir réagir plus efficacement lorsque des problèmes ou des possibilités stratégiques se présentent aux tables de traités.
Deuxièmement, par suite des arrêts Haida et Taku River de la Cour suprême du Canada, nous élaborerons une démarche fédérale de consultation et d'accommodement qui s'appliquera à tous les ministères et organismes fédéraux.
Troisièmement, nous trouverons des façons d'améliorer notre gestion du temps et des ressources et nous mettrons davantage l'accent sur les négociations axées sur les résultats.
Quatrièmement, nous tiendrons mieux le Parlement au courant des progrès réalisés, des sommes investies et des calendriers de négociation.
Notre plan d'action est ambitieux et il nous faudra travailler fort pour atteindre nos objectifs. Je puis toutefois signaler aujourd'hui certaines étapes initiales prises par le ministère pour réaliser trois de ces engagements.
En ce qui concerne l'amélioration de notre gestion du temps et des ressources, le Bureau fédéral de négociation des traités de Vancouver vient tout juste de terminer l'évaluation annuelle de l'avancement des travaux aux 47 tables de traités. Cette évaluation, à laquelle nous procédons depuis quelques années, aide le ministère à planifier le travail interne et à attribuer les ressources pour l'année qui vient. Cette année, nous avons évalué avec une plus grande rigueur la productivité des tables de négociation et nous prendrons les mesures qui s'imposent pour conseiller les parties.
[Français]
Pour ce qui est de mieux tenir le Parlement au courant des négociations de traités, nous avons tenu hier quatre séances d'information sur la Colline du Parlement afin de donner un aperçu du processus des traités aux députés et à leur personnel. Nous avons traité du contexte économique, politique et juridique qui rend les négociations si difficiles. Nous avons aussi décrit le processus de négociation en six étapes. Nous avons établi les principaux intérêts du gouvernement fédéral, que nous faisons valoir aux tables de négociation, et expliqué les principaux éléments d'un traité.
M. Goldie a fait des exposés hier et sera heureux de répondre à vos questions sur ce sujet.
Enfin, le dernier point ne fait pas, à proprement parler, partie du processus des traités, mais est inclus dans le rapport de la vérificatrice générale, en raison de sa pertinence dans le cadre de la négociation des traités. Ainsi, d'importants pas ont été faits vers l'élaboration d'une démarche fédérale cohérente et efficace de consultation et d'accommodement qui renforcera le processus fédéral de prise de décisions, favorisera une croissance économique durable et encouragera le rapprochement des droits ancestraux et des droits issus de traités avec les autres intérêts de la société.
Des discussions préliminaires ont eu lieu au cours de l'année dernière avec des représentants des premières nations, des Métis et des Inuits et des représentants des gouvernements provinciaux, territoriaux et fédéral afin d'établir la meilleure façon de collaborer à l'élaboration de cette démarche fédérale. Un rapport a été soumis aux participants, et du travail supplémentaire sera maintenant entrepris pour finaliser cette démarche fédérale en termes de consultation et d'accommodement.
En terminant, j'aimerais remercier de nouveau la vérificatrice générale d'avoir publié son rapport, et le comité d'avoir donné au ministère l'occasion de lui exposer son point de vue. Il nous fera maintenant plaisir, à M. Goldie et moi, de répondre à vos questions et d'écouter vos commentaires.
Merci beaucoup, monsieur le président.
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Merci, monsieur le président.
Merci à nos témoins d'être venus. Je voudrais poser quelques brèves questions.
La vérificatrice générale invoque le devoir de procéder à des consultations et l'incidence éventuelle de ces dernières sur les négociations. Ma question s'adresse à tous les deux. Les décisions Haida et Taku River, et également la décision Mikisew Cree, ont-elles été analysées dans le cadre de l'accord sur les revendications territoriales globales de 1986?
Si on en juge par les décisions récentes des tribunaux, certaines prémisses de la politique de revendications globales de 1986 semblent avoir été oubliées et si cette politique de 1986 est le fondement de la politique sur les revendications territoriales, je pense qu'il y a un conflit. C'est une chose.
Deuxièmement, le ministère a-t-il examiné toute la jurisprudence des 25 dernières années, comme John Burrows l'a fait? L'incidence de cette jurisprudence est très éloquente quant aux droits des Autochtones, en matière de revendications territoriales, et à d'autres égards. Il me semble que le ministère des Affaires indiennes se penche sur la jurisprudence un cas à la fois, mais ne tient pas compte de l'ensemble. À mon avis, cela explique en partie le vide de politique, ou le manque de réaction rapide à la jurisprudence, comme le signale le Bureau du vérificateur général.
Je pense que c'est une entrave de taille. Au ministère, a-t-on essayé d'examiner toutes ces affaires de façon collective? À mon avis, la corrélation est directe. Quand je regarde le travail de John Burrows, en regard des questions cernées par la vérificatrice générale, je me dis qu'il semble y avoir un rapport et que si on l'établissait, certaines difficultés seraient surmontées.
Je n'ai que ces deux questions.
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Merci de cette question.
Vous comprendrez sans doute que M. Morales et les premières nations qu'il représente participent au processus de négociation. Bien sûr, nous abordons la table avec notre propre mandat.
Du point de vue du gouvernement fédéral, c'est le Cabinet qui fixe le mandat et nous avons une certaine souplesse. Par exemple, quand on dit que le Canada exige l'abolition des droits, ce n'est plus vrai. C'était le cas au début du processus quand nous avons commencé à négocier les revendications globales. Nous n'exigeons plus cela. Nous apportons des rajustements aux droits et nous les définissons, mais nous n'en demandons pas l'abolition.
Sur le plan de l'autonomie gouvernementale et du dédommagement pour les territoires, il y a également une certaine souplesse.
Bien entendu, le gouvernement fédéral a la responsabilité de trouver un équilibre entre les intérêts du Canada et des citoyens canadiens et les intérêts des premières nations. Les provinces sont également présentes à la table de négociation. Tous ces éléments s'y retrouvent.
Bien entendu, il y a des enjeux sur lesquels le gouvernement fédéral n'a pas le loisir d'être souple. Il en va de même du côté des premières nations et pour les provinces également. Il faut donc trouver un moyen terme entre tout cela.
Assurément, notre ministre a reconnu avec M. Morales qu'il fallait discuter d'autres façons de régler les préoccupations des premières nations, c'est-à-dire essayer de trouver des façons novatrices de procéder et qui accéléreraient l'aboutissement à un règlement.
Nous sommes prêts à travailler avec d'autres entités là-dessus et je suis convaincu que la Commission des traités de Colombie-Britannique est un acteur clé que nous devrions faire intervenir pour qu'elle travaille avec nous dans notre quête de nouvelles façons de faire ou de nouveaux processus.
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D'entrée de jeu, je vous dirai que j'ai tout lu. C'est volumineux. Je pense qu'il faudra vous inviter de nouveau parce que cette question ne se limite pas à la Colombie-Britannique.
Je suis du Québec. Au Québec, on a conclu avec les Cris une entente surnommée la Paix des Braves. Cette affaire, qui avait commencé en 2001, est maintenant réglée. On a célébré hier le cinquième anniversaire de sa conclusion. Ces gens n'ont pas négocié pendant 20 ans. En revanche, le gouvernement fédéral n'est pas capable d'en venir à une entente avec les Cris.
Peu importe le parti au pouvoir, le nerf de la guerre demeure l'argent. C'est du moins mon avis. Il est possible que je me trompe, et monsieur Roy ou quelqu'un du Bureau du vérificateur général pourrait me corriger, mais je crois que le gouvernement fédéral est carrément en situation de conflit d'intérêts. Il fixe les normes de négociation et avance l'argent qui va être utilisé. On a peine à croire que les premières nations, qui s'endettent très sérieusement, vont voir cet argent leur être retiré de la compensation qu'ils vont recevoir.
Je ne sais pas si je suis complètement à côté de la plaque, mais il me semble qu'on en a encore pour 1 000 ans, au bas mot. Ni vous ni moi — ni personne d'ailleurs — ne serons ici. Les choses ont ralenti en Colombie-Britannique, malgré les recommandations de la vérificatrice générale. Quand je lis tout ça, je me dis, tout à fait sérieusement, qu'on pourrait bien en avoir encore pour 200 ans.
Que pouvons-nous faire, en tant qu'élus, pour accélérer le tempo? Ne parlons pas de politique: l'un n'est pas meilleur que l'autre. Entendons-nous là-dessus. Il ne faut pas oublier qu'il s'agit d'un gouvernement minoritaire.
Comment peut-on forcer ces gens à agir de façon à ce que les choses avancent rapidement?
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Je vous remercie, monsieur le président.
Je tiens à remercier chacun d'entre vous pour les exposés que vous nous avez présentés aujourd'hui.
Ma question est en deux parties, l'une s'adresse à M. Campbell et l'autre à M. Roy, et je vais les poser en même temps.
Dans le rapport de la vérificatrice générale, à la page 3, on indique qu'il sera difficile de conclure un plus grand nombre de traités à cause du processus des traités tel qu'il existe à l'heure actuelle. Dans le rapport, vous indiquez également, à la page 21, qu'étant donné qu'un grand nombre de négociations aujourd'hui se déroulent avec des premières nations qui sont plus petites, il faut s'occuper des aspects concernant la mise en oeuvre. Vous comprendrez pourquoi je vous pose cette question lorsque vous entendrez l'autre partie de ma question.
Je pense que le processus comporte de réels problèmes; donc, même si je considère que les recommandations sont très bonnes, je ne crois pas qu'elles vont nettement améliorer le processus des traités. Pour M. Roy, le fait que trois ententes ont été paraphées et concernent des petites nations, et qu'à l'occasion de rencontres avec les négociateurs en chef de la Colombie-Britannique, ils ont indiqué qu'ils avaient des réserves importantes à propos de ces trois petits traités... J'ai entendu M. Goldie dire hier qu'il ne faut pas adopter une approche unique, mais ce n'est pas l'opinion des négociateurs en chef. Ils ont analysé les libellés de ces traités et l'ont comparé à ce qui était proposé.
À leur avis, on est en trait d'adopter une approche unique. Ces petits traités sont utilisés pour des négociations de traités beaucoup plus importants, et ils considèrent qu'on est en trait de retirer de la table des négociations les ressources à l'intention des nations qui ne sont pas prêtes à accepter cette approche unique. De plus, ils considèrent, et vous pouvez le lire à la page 22 de la version française... on y parle de décisions des tribunaux selon lesquelles on peut désormais interpréter les négociations de traités comme un processus de réconciliation dans le cadre duquel on reconnaît implicitement les droits des premières nations, étant donné que les négociations sur ces droits sont en cours, et cela peut être incompatible avec la position du gouvernement fédéral, etc. Dans votre exposé, vous avez indiqué que les traités britanniques ne reposaient pas sur des droits. Cela semble correspondre à ce qu'a indiqué la vérificatrice générale, à savoir que les nations adoptent une approche fondée sur des droits et que le gouvernement adopte pour sa part une approche qui n'est pas fondée sur des droits.
Je sais que ma question est compliquée mais, monsieur Campbell, pourriez-vous nous faire part de vos commentaires à propos des petits traités et de l'absence de progrès, et monsieur Roy, pourriez-vous commenter aussi ces deux aspects?
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Monsieur Albrecht, je suis désolé de ne pas partager votre optimisme quant à la rapidité d'en arriver à une décision finale dans le dossier. Si on se fie au rapport de M. Roy, on ne verra pas d'issue au problème avant encore 140 ans. Même mes petits-enfants ne la verront pas.
Dans le mémoire de M. Campbell, au sixième paragraphe, on dit que 40 p. 100 des premières nations ne participent pas au processus actuellement, et qu'en raison des moyens dont elles disposent, vous pouvez difficilement leur soumettre des offres qui égalent celles qu'elles peuvent obtenir autrement.
Je vais vous poser mes questions en rafale, parce que M. le président me surveille et qu'il ne me laissera pas une seconde de plus.
M. Morales vous a fait des reproches dans le rapport. La vérificatrice générale vous en fait également. N'auriez-vous pas des stratégies? Puisque la plupart d'entre vous êtes des avocats, vous êtes habitués aux admissions avant même de plaider une cause, et vous cherchez un certain nombre d'admissions pour accélérer le processus. Aussi, je me demande si cela n'existe pas au ministère et dans les différents autres ministères?
On risque de se retrouver aux prises avec des frais de l'ordre de 20 à 23 milliards de dollars, pour venir à bout de régler un processus. C'est bien beau de dire que ces nations seront autonomes, mais elles n'auront plus jamais les moyens de vivre avec les dettes qu'elles auront contractées.
Sur la base de tout cela, étant donné les reproches qu'on vous faits et les démarches qui sont faites pour établir des stratégies, etc., je me demande si vous vous sentez bien là-dedans.
Pouvez-vous arriver à vivre avec cela?
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Je vous remercie de votre question. En passant, on n'est pas tous des avocats; je ne suis pas avocat.
On nous a effectivement indiqué des faiblesses dans le processus. M. Morales l'a exprimé ici, devant le comité. La vérificatrice générale nous a aussi fait part de certaines faiblesses. On est aussi conscients de certaines de ces faiblesses. On ne cherche pas nécessairement à négocier pendant 30 ans avec tout le monde et à dépenser des milliards de dollars.
C'est pourquoi on cherche à définir d'autres mesures, d'autres moyens. Par exemple, on a développé ce qu'on appelle des mesures reliées aux traités. Ce sont mesures intérimaires, et elles pourraient éventuellement faire partie d'un traité final. Au moins, elles permettent le développement économique sur une base territoriale de façon temporaire, même si le traité final n'est pas signé. Ainsi, la communauté ou les groupes de communautés peuvent avancer et procéder au développement économique de leur région, même si le traité n'est pas finalisé.
On possède la capacité d'activer les choses ou d'instaurer des mesures intérimaires en attendant d'avoir un traité final. Par conséquent, on développe des façons de faire pour faciliter le développement, particulièrement le développement économique des communautés, qui n'ont pas à attendre l'entente finale, qui exige une négociation de plusieurs années à cause de sa complexité. Ainsi, ces communautés peuvent au moins aller de l'avant.
On développe donc ce genre de choses et, en même temps, on est prêts à étudier, de concert avec nos partenaires, une vraie façon de faire. On essaie de développer de nouvelles façons de faire moins dispendieuses, qui prennent moins de temps, parce que nous sommes aussi très inquiets quant à la question des coûts et des prêts accordés aux communautés et qu'elles doivent rembourser par la suite.