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Monsieur le Président, je suis heureux de parler aujourd'hui du fascinant projet de loi .
Le projet de loi constitue une mise à jour nécessaire de la Loi de l'impôt sur le revenu, notamment en ce qui concerne les modifications relatives aux entités de placement étrangères et d'autres mesures intérieures. La majeure partie des dispositions du projet de loi sont extraites du budget de 1999 qu'avait présenté l'ancien gouvernement libéral. En juillet 2005, ce gouvernement avait demandé à la population ses commentaires sur les modifications proposées. Les modifications que nous débattons aujourd'hui renferment également des révisions apportées à ce document de juillet 2005.
Bien que les modifications apportées à la Loi de l'impôt sur le revenu soient surtout d'ordre administratif, il importe de les souligner pour mieux les comprendre avant un vote.
On peut diviser le projet de loi en trois parties.
La partie 1 modifie les dispositions de la Loi de l’impôt sur le revenu concernant l’imposition des fiducies non résidentes et de leurs bénéficiaires ainsi que l’imposition des contribuables canadiens qui détiennent des participations dans des entités de placement étrangères.
La partie 2 met en oeuvre des modifications techniques qui figuraient dans la partie 1 du document de consultation intitulé Propositions législatives et avant-projets de règlement concernant l’impôt sur le revenu, rendu public par le ministre des Finances le 27 février 2004.
La partie 3 porte sur des dispositions de la loi qui ne sont pas modifiées dans les parties 1 et 2.
Les mesures proposées dans la partie 1 concernent les fiducies non-résidentes et les entités de placement étrangères et elles visent à faire en sorte que les Canadiens qui ont des revenus venant d'intermédiaires étrangers soient imposés de la même façon que si ces revenus avaient été gagnés directement.
Il est essentiel que le Canada élimine les échappatoires fiscales non seulement pour protéger notre propre assiette fiscale, mais aussi pour prouver notre engagement à l'égard de la communauté internationale. Nous devons montrer à nos partenaires internationaux que le Canada prend ses responsabilités internationales au sérieux et qu'il n'est pas un endroit de prédilection pour les échappatoires fiscales.
Le projet de loi compte plus de 500 pages. Il est peu probable que quelqu'un ici l'ait lu. Et même si on le lit, je ne suis pas certain qu'on puisse comprendre ce genre de mesure législative. Toutefois, à titre de vice-président du Comité des finances, je suis impatient de renvoyer le projet de loi à ce comité après la deuxième lecture pour que nous puissions en faire un examen plus approfondi afin de déterminer si des amendements seront nécessaires pour que cette mesure législative soit encore meilleure qu'elle ne l'est aujourd'hui.
Nous avons besoin de projets de loi comme celui-ci. Ils sont peut-être complexes, mais lorsqu'on a débattu ce projet de loi précédemment, les députés ont décidé de concentrer leurs discours sur d'autres points. En tant que comptable, je sais que le fondement de ces projets de loi est important. Ils sont tout aussi importants que n'importe quel autre projet de loi que nous débattons à la Chambre. C'est pourquoi, si on lit certains des débats qui ont eu lieu jusqu'à maintenant, surtout les interventions des députés de l'opposition, on se rend compte que ceux-ci ne savent pas vraiment ce qu'est un paradis fiscal ou une convention fiscale, qu'elle soit bilatérale ou internationale.
Les paradis fiscaux sont des pays ou des territoires où les gens placent leur argent, ou leurs investissements, parce qu'ils n'ont pas à payer d'impôt sur les revenus générés par cet argent. Ce sont des endroits comme les Bermudes, les îles Caïmans, les îles Turks et Caicos, Gibraltar, pour ne nommer que ceux-là, où des particuliers ou des sociétés déposent leur argent et le laissent fructifier à l'abri de l'impôt. Ce projet de loi ne vise pas à régler la question des paradis fiscaux.
Deuxièmement, les députés du côté ministériel estiment qu’il s’agit-là d'une convention fiscale. Eh bien, ce n’est pas le cas. Une convention fiscale c’est un peu comme le projet de loi dont nous avons parlé il y a quelques mois. Les conventions fiscales sont des protocoles conclus entre deux pays. La convention fiscale est normalement destinée à éviter la double imposition pour que les Canadiens à l’étranger ou les ressortissants étrangers résidant au Canada n’aient pas à payer deux fois leurs impôts. Le projet de loi S-5 était destiné à sanctionner les accords du genre que nous avions conclus avec des pays comme le Mexique, la Corée du Sud et la Finlande.
Avec les conventions fiscales, les paradis fiscaux et les conventions internationales se pose le problème de la protection de notre assiette fiscale. Il faut protéger l’assiette fiscale du Canada. Si les gens commencent à placer hors de nos frontières de l’argent durement gagné, le Canada ne sera plus en mesure de maintenir les sources de revenu dont il a besoin pour financer ses programmes sociaux.
L’autre élément qui fait que le projet de loi est important, c’est qu’il y a des avantages à recourir à des fiducies non-résidentes. Si nous ne voulons pas plafonner ces fiducies, les entités de placement étrangères seront éliminées.
J’ai beaucoup de choses à dire, mais je tiens à parler des conventions fiscales internationales. Nous pouvons signer de telles conventions parce qu’elles ont une incidence sur les entités de placement étrangères. J’ai cru comprendre que, dans les années 1990 — je ne siégeais pas à la Chambre à l’époque, mais il est possible que le Président y était — une convention conclue avec l’Italie avait été adoptée par la Chambre, mais qu’elle n’a pas encore été ratifiée par l’Italie.
Il se trouve que l’assemblée législative italienne compte à présent deux députés qui représentent les expatriés. Un de ces députés représente la circonscription de l’Amérique du Nord. Il y en a un qui est né aux États-Unis. L’autre est né au Canada. Il y a même un sénateur qui représente les expatriés. Ces élus de l’assemblée législative et ce sénateur résident en dehors de l’Italie, mais ils ont le plein droit de vote. Il semble qu’un de ces députés soit en train de faire du lobbying. Il a demandé ce qu’il était advenu de la convention. Elle a été signée par le Canada, mais n’a pas été ratifiée par l’Italie.
Voilà un exemple typique d’une convention que nous avons conclue avec un pays développé, mais qui n’a rien donné au bout du compte. Certains résidents des deux pays sont donc doublement imposés. Ils doivent remplir deux déclarations d’impôt pour récupérer une partie de leur argent, tout cela parce qu’un pays a ratifié la convention et que l’autre ne l’a pas fait.
Parlons donc des conventions fiscales et de l’effet de projets de loi comme celui-ci sur la scène internationale. Quand on examine ce que le gouvernement a fait tout récemment à cet égard, on pense automatiquement à l’aspect réglementaire. J'ai lu aujourd’hui dans le journal que nous avons un règlement, au Canada, qui régit la propriété étrangère dans le secteur des télécommunications, mais que, malgré cela, des intérêts étrangers sont en train d’essayer de mettre la main sur l’une de nos plus importantes sociétés, BCE, anciennement Bell Canada.
Selon certains articles, cette entité étrangère est en quête de partenaires canadiens. Si nous ne nous protégeons pas par le biais d’accords comme celui-ci, des sociétés étrangères viendront chez nous pour mettre sur pied des fiducies non-résidentes apparemment détenues par des Canadiens, qui n’en seront toutefois pas les véritables propriétaires, et faire ensuite main basse sur nos sociétés. Il nous a été donné d’assister à ce phénomène ces dernières années. Cela s’est produit pas plus tard que l’année dernière, quand une autre compagnie étrangère a pris le contrôle de Inco.
Si la situation persiste, toutes les sociétés qui, dans le passé, ont aidé à bâtir notre pays, vont disparaître tranquillement. Le CN a son siège social à Montréal, mais ce n'est plus qu'une coquille vide. La plupart des décisions sont prises à Chicago. Nous avons perdu une partie de cette société.
Ces ententes sont importantes. Le gouvernement doit comprendre que, lorsqu'il prend une décision, il faut que cette décision vise globalement à protéger les intérêts canadiens. Les marchés financiers du Canada représentent 1 p. 100 ou 2 p. 100 des marchés du monde entier. Il faut protéger les sociétés canadiennes, sinon elles vont être absorbées par l'économie mondiale dans laquelle nous vivons maintenant.
Dans le budget qui vient d'être déposé, il y a un point qui me préoccupe du point de vue de la fiscalité internationale et de l'équité. Il semblerait que le Canada et les États-Unis aient conclu une entente de principe afin de mettre à jour la convention fiscale entre nos deux pays. On veut éliminer la retenue d'impôt sur les intérêts des non-résidents, et le Canada veut aussi supprimer unilatéralement la retenue d'impôt sur les paiements d'intérêt versés à des entreprises sans lien de dépendance dans d'autres pays.
Qu'est-ce que cela signifie? Cela signifie-t-il que nous ne percevrons aucun impôt sur les paiements d'intérêt qui sont versés à des compagnies étrangères? Dans ce cas, pourquoi ne pas conclure une entente avec les États-Unis, afin de s'assurer que ces intérêts seront imposés de l'autre côté? Lorsque des compagnies américaines versent des paiements à des Canadiens, nous pouvons percevoir des impôts auprès de ces Canadiens.
Le gouvernement dit ensuite qu'il faut promouvoir davantage les investissements commerciaux. Jetons un coup d'oeil au budget. Le budget de 2007 propose d'éliminer la déductibilité des frais d'intérêt liés aux investissements dans des entreprises et des opérations commerciales à l'étranger.
Où est le bon sens là-dedans? Le gouvernement veut que les entreprises canadiennes achètent des entités étrangères. Veut-il que des entités étrangères achètent des entreprises canadiennes? Cette mesure va éliminer la déductibilité des frais d'intérêt liés aux investissements dans des entreprises et des opérations commerciales à l'étranger.
En quoi une telle mesure va-t-elle aider les entreprises canadiennes à prendre de l'expansion, à aller à l'étranger et à accroître leur productivité? Elle ne va pas les aider. Je ne sais trop ce que le gouvernement essaie d'éviter ici. Rien ne permet de dire que cette mesure aura une incidence sur les recettes au Canada. La majorité des entreprises canadiennes qui empruntent pour acheter des sociétés étrangères affiliées contractent ces emprunts auprès d'institutions financières canadiennes. À ce que je sache, ces institutions paient des impôts ici.
Le gouvernement aurait peut-être dû faire une mise en garde et dire que l'entreprise canadienne qui achète une entreprise à l'étranger peut déduire les intérêts sur son emprunt à la condition qu'elle ait contracté son emprunt dans une institution financière canadienne.
Dans le débat sur le projet de loi, des députés ont parlé des fiducies de revenu. La question des non-résidents peut aussi s'appliquer à ces fiducies. Nous voyons que les règles ont été changées. Quelques sociétés de placement immobilier sont encore permises, mais le gouvernement a plafonné le pourcentage de leurs actifs qui est à l'étranger.
Aux nouvelles, on a dit que les sociétés de placement immobilier ne sont pas autorisées à investir plus d'un certain pourcentage dans des entités étrangères ou dans l'immobilier à l'étranger. Comment aiderons-nous les entreprises canadiennes en leur interdisant d'investir à l'étranger? Comme on dit en français, on leur met des bâtons dans les roues.
Pour revenir aux fiducies de revenu, rappelons que le gouvernement les impose à un taux de 31,5 p. 100, ce qu'il peut bien faire s'il le désire. Cependant, il a complètement dévasté ce secteur parce qu'il ne payait pas d'impôt ou réclamait trop de déductions d'impôt. Le gouvernement change constamment de position.
Les fiducies de revenu sont maintenant imposées à 31,5 p. 100. Les gens étaient intéressés à investir dans les fiducies de revenu, particulièrement dans le secteur de l'énergie, et ces fiducies permettaient aux entreprises de se procurer des capitaux à moindre coût puisqu'elles vendaient des unités plutôt que des actions. Le gouvernement a alors décidé d'appliquer un taux d'imposition de 31,5 p. 100. Il a déclaré que les fiducies ne pourraient plus fonctionner à compter de 2011. Les entreprises existantes ne peuvent pas se convertir en fiducies.
Ce qui se passe, c'est que rien n'empêche les entités étrangères d'acheter des entreprises et de les transformer en entités privées ou en fiducies privées contrôlées par des entités étrangères. Il n'y a aucune restriction sur la manière dont les fiducies de revenu peuvent maintenant fonctionner.
Les libéraux n'auraient imposé que les gains, ils auraient conservé les fiducies de revenu et assujetti à l'impôt les non-résidents qui profitent de la répartition des revenus de ces fiducies, qui sont exemptés d'impôt.
Avant de passer à la question des projets de loi d'initiative parlementaire, je veux parler des conventions fiscales. Le gouvernement a décidé unilatéralement de permettre aux entreprises américaines d'emprunter au Canada pour acheter des sociétés en commandite.
Encore une fois, si nous nous fions à ce qu'ont rapporté les médias, ces sociétés en commandite qui sont autorisées à avoir des activités au Canada et à déduire des paiements d'intérêts aux États-Unis pourront maintenant acheter des sociétés canadiennes et obtenir une déduction à la fois aux États-Unis et au Canada. Le seul problème, c'est que le Canada n'obtient pas la collaboration des États-Unis. Elles pourront probablement déduire les frais d'intérêt ici, au Canada, acheter des entreprises canadiennes, et utiliser des capitaux canadiens. Il n'y a pas d'uniformité dans le traitement de ces ententes sur les frais.
Il y a une page entière sur la possibilité de déduire les intérêts pour les sociétés étrangères affiliées. Cette mesure législative causera beaucoup de problèmes au comité, quand nous l'étudierons. Nous entendons déjà dire que les sociétés canadiennes ayant des sociétés étrangères affiliées n'apprécient pas de ne pas pouvoir déduire ces paiements. Il faudra régler ces questions quand le projet de loi d'exécution du budget sera renvoyé au Comité des finances.
Il y a un autre élément que je veux aborder. Si le gouvernement veut sérieusement avoir la haute main sur l'argent placé à l'étranger et s'assurer que les gens ne cachent rien à Revenu Canada, il peut appliquer certaines procédures. Certains ministères, au Canada, pourraient contrôler cet argent, c'est-à-dire les grosses sommes qui semblent s'en aller à l'étranger et qui ne sont pas comptabilisées.
Le CANAFE, ou le Centre d'analyse des opérations et déclarations financières du Canada, a été établi il y a quelques années. Nous venons d'en faire l'examen quinquennal. Il existe donc depuis cinq ou six ans. Certaines institutions financières doivent faire rapport au CANAFE de chaque paiement de plus de 10 000 $ qu'elles reçoivent. Ainsi, le CANAFE pourrait contrôler facilement tout paiement fait à l'étranger.
Le problème, c'est que la principale responsabilité du CANAFE consiste à vérifier si des sommes d'argent sont utilisées pour le financement d'activités terroristes ou le blanchiment d'argent. Sa mission concerne les produits de la criminalité. L'évasion fiscale ne semble pas faire partie de son mandat. C'est l'une des modifications que j'avais réclamées quand nous avons fait l'examen du mandat de cet organisme après cinq ans. Je voulais qu'on voie si le CANAFE pourrait faire aussi de la surveillance en ce qui a trait à l'évasion fiscale au Canada.
J'ai eu une autre idée, semblable à une initiative prise en Europe et dans plusieurs autres pays. Elle consisterait à offrir aux Canadiens, une fois dans leur vie, la possibilité de déclarer tous leurs revenus à l'étranger et, dans l'éventualité de leur rapatriement ici, à les imposer au taux de 10 ou 20 p. 100, et à partager la somme ainsi perçue avec les provinces. Ce serait une bonne façon de générer des recettes, même pour les provinces. Si une personne avait oublié de déclarer des fonds ou qu'elle détenait des fonds à l'étranger, elle pourrait les rapatrier ici. Nous pourrions percevoir un impôt de 10 ou 20 p. 100. Elle n'aurait pas à payer d'intérêt ou de pénalité sur cette somme.
Cette initiative semble avoir donné de bons résultats dans quelques autres pays. Je n'ai pas les chiffres, mais, apparemment, elle a été très fructueuse et a permis d'accroître les recettes de l'État d'au moins 10 ou 15 p. 100.
Nous disposons d'autres moyens pour étudier le traitement réservé aux paradis fiscaux et aux traités fiscaux. Un projet de loi de 500 pages offre sans contredit une occasion intéressante d'analyser toutes ces questions complexes. Le projet de loi vise à modifier la Loi de l'impôt sur le revenu, qui est l'une des lois les plus complexes, même si, paraît-il, la Loi sur l'assurance-emploi est encore plus complexe.
Ce sont toutes des questions sur lesquelles le gouvernement devrait se pencher. J'ai hâte que le projet de loi soit renvoyé au comité pour que nous puissions l'analyser et mieux comprendre la teneur de ce document de 500 pages.
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Monsieur le Président, au nom de ma formation politique, le Bloc québécois, j'ai le plaisir de prendre la parole sur le projet de loi . Je vais lire le titre pour que les personnes qui nous écoutent le comprennent bien. Il s'agit de la Loi modifiant la Loi de l'impôt sur le revenu, notamment en ce qui concerne les entités de placement étrangères et les fiducies non-résidentes ainsi que l'expression bijuridique de certaines dispositions de cette loi, et des lois connexes.
Ainsi, juste à la lecture du titre de ce projet de loi, on a compris que, pour tout un chacun, c'est un peu compliqué. C'est un projet de loi de plus de 400 pages. Ce n'est pas pour rien que je demandais tantôt à mon collègue libéral si son parti était pour ou contre l'évasion fiscale, parce que dans les discours qu'on entend en cette Chambre, personne n'a une position claire comme l'est celle du Bloc québécois.
Ce projet de loi se doit d'être adopté pour la simple et bonne raison que présentement, au moment où on se parle, pendant que les pensions de vieillesse ne sont pas indexées par le gouvernement fédéral, pendant que les factures d'électricité augmentent dans les familles au Québec et probablement partout ailleurs au Canada, pendant que les frais des plaques d'immatriculation pour les automobiles augmentent, pendant que tous les frais augmentent, des compagnies, des citoyens, des individus profitent d'entités légales permises au Canada pour soit transférer des capitaux à l'étranger ou ne pas payer d'impôts sur les fonds pour les investissements. Ce projet de loi doit donc être adopté.
Notre position est claire, mais on ne s'arrêtera jamais à cela. Le Bloc québécois n'a qu'un principe, il faut abolir toute évasion fiscale. Pendant que les citoyens en arrachent, ce n'est pas normal que d'autres en profitent pour ne pas payer leurs taxes et leurs impôts ici. Par la suite, grâce à ces impôts récupérés, on pourrait indexer les pensions de vieillesse et augmenter les différents revenus pour que les citoyennes et les citoyens soient capables de payer le nécessaire à leur vie et à leur quotidien.
C'est ce qui est incompréhensible lorsqu'on écoute les collègues en cette Chambre. Il ne faut jamais s'éloigner de la base du citoyen. Il est certain que c'est complexe et qu'on peut essayer — comme le disait tantôt le député libéral — de dire que ces 400 pages ne règlent rien. Ce n'est pas vrai que lorsqu'on écrit 400 pages, on ne règle rien. Toutefois, il a tout à fait raison, parce qu'on ne règle pas de façon définitive l'évasion fiscale. De plus, je ne suis pas sûr que le Parti libéral, qui a été au pouvoir pendant 13 ans, souhaitait régler le problème de l'évasion fiscale. Il n'a pas voulu le régler et aujourd'hui, même si les libéraux sont à l'opposition, ils ne le régleront pas et ils ne feront pas tout ce qui est en leur pouvoir pour justement récupérer tous les fonds nécessaires pour qu'on puisse régler l'équité.
J'ai aimé entendre tantôt le qui disait vouloir essayer de régler l'équité. C'est en partie vrai avec ce projet de loi, mais il faut que le Parti conservateur soit logique dans ses discours et qu'il règle définitivement l'équité. Or, la première équité qu'il aurait dû régler, c'est en indexant les pensions de vieillesse le 1er avril, pour que finalement tous les citoyennes et les citoyens qui ont contribué à l'évolution du Québec et du Canada puissent être capables de recevoir les dividendes de tous les investissements de temps, d'argent, d'énergie et d'impôts qu'ils ont payés au cours des 40, 50 ou 60 dernières années. Cela n'a pas été fait.
Ce serait encore mieux si on nous disait aujourd'hui que ce qu'on récupérera avec le projet de loi sera remis aux plus démunis de la société. Toutefois, jamais un conservateur ne s'est levé en cette Chambre pour nous dire que les sommes d'argent seraient récupérées afin de les redonner à ceux qui le méritent. Non, ce n'est pas ce qu'on a fait. On va récupérer de l'argent et c'est bien. Le Bloc québécois est d'accord et appuie ces mesures. Vous aurez notre entier appui en regard au projet de loi et pour tous les projets de loi que vous ferez afin d'éradiquer à jamais l'évasion fiscale. Nous serons là pour vous aider, à condition que par la suite, nous puissions prendre ces sommes, les réinvestir dans les programmes d'aide aux plus démunis, indexer les pensions de vieillesse — comme je vous l'ai dit tantôt — et être capables de réformer l'assurance-emploi.
En ce qui a trait à l'assurance-emploi, depuis 1994, le gouvernement fédéral n'investit plus un sou dans le régime d'assurance-emploi. Il s'agit de cotisations de la part des employeurs et des employés. Croyez-le ou non, le gouvernement a réussi à engranger plus de 51 milliards de dollars depuis 1996, une somme dont il s'est servi pour réduire la dette ou pour toutes sortes d'investissements, sauf bonifier le régime d'assurance-emploi pour que ceux qui se sont payés une assurance soient capables de ne pas vivre le fameux trou noir qu'ils vont vivre, sauf dans quelques régions. C'est vrai que le gouvernement, autant libéral que conservateur, nous a écouté en partie, puisque dans certains types d'industries et dans certaines régions, des projets pilotes ont été adoptés.
Le problème, c'est la pénurie d'emplois dans tous les domaines. C'est surtout dans le domaine manufacturier, au cours des deux dernières années, qu'il y a eu des pertes d'emplois massives.
De plus, on a été incapable de régler le problème des travailleurs âgés qui ont perdu leur emploi et qui mériteraient de bénéficier d'un programme d'aide afin de pouvoir jouir de leur pension de vieillesse moyennant des revenus décents. On n'a pas été capable de faire cela, et ce, même si l'on nage dans les milliards de dollars du surplus de la caisse d'assurance-emploi.
Tous les députés libéraux et conservateurs diront aujourd'hui qu'il n'y a pas de caisse d'assurance-emploi; c'est le fonds consolidé de l'État. Évidemment, ils perçoivent plus du régime que ce qu'il leur en coûte, que ce qu'ils déboursent en services ou en assurance pour les travailleurs et travailleuses.
Ils font des profits, tout simplement. Ils font de l'argent avec les primes d'assurance-emploi que paient les employés et les employeurs. La réalité, c'est qu'il font des profits. Que font-ils avec l'argent? Ils ne le remettent pas aux citoyens qui en ont le plus besoin. Ils ne bonifient pas le régime. On parle des travailleurs et des travailleuses saisonnières, des travailleurs et des travailleuses âgés de plus de 55 ans qui ont perdu leur emploi et qui mériteraient une aide jusqu'à ce qu'ils atteignent leur pension. On ne voit rien de cela.
En cette Chambre, aucun discours n'est prononcé, qu'il soit d'un libéral ou d'un conservateur, pour dire que si jamais on adoptait un projet de loi comme le projet de loi , on pourrait aider les plus démunis avec ces sommes d'argent.
Je ne demande pas que l'on donne cet argent à ceux qui pourraient bénéficier d'un nouveau programme d'assurance-emploi. On pourrait seulement se servir des surplus de la caisse pour bonifier le régime d'assurance-emploi. Cependant, on pourrait très bien se servir des sommes économisées ou récupérées grâce au projet de loi , qui concerne les évasions fiscales, pour indexer les pensions de vieillesse et tout autre programme d'aide pour les plus démunis de notre société.
Encore une fois et comme toujours, il faut livrer une bataille à long terme. Les citoyennes et les citoyens qui nous écoutent doivent comprendre que cela n'avance pas vite au Parlement du Canada. Ce sont une grosse machine, une grosse boîte, de grands espaces, beaucoup de députés, et des projets de loi qui se promènent de législature en législature. En effet, il est fréquent que des projets de lois proviennent des législatures précédentes, à cause des élections, etc.
Lorsqu'un projet de loi est présenté, on se lève en cette Chambre pour dire que le projet de loi n'a pas pu aboutir, qu'on n'a pas pu en venir à bout à cause du manque de temps et que, par conséquent, il n'a pas franchi toutes les étapes. C'est très complexe et très compliqué. Par contre, il ne faut pas oublier que le parti au pouvoir en profite souvent, c'est-à-dire qu'il s'arrange pour que le projet de loi ne voie pas le jour. Telle est la dure réalité.
On travaille fort, on essaie de faire aboutir des projets de loi, mais le gouvernement décide parfois de ne pas les adopter rapidement. Il y a une procédure qui existe, celle du fast track. Beaucoup de journalistes et de médias disent qu'on a utilisé le fast track pour adopter un projet de loi. Qu'est-ce que le fast track? On s'en sert lorsqu'on veut qu'un projet de loi soit adopté, et qu'on s'arrange pour qu'il le soit: on y va rapidement et on saute des étapes.
Ce ne sera pas le cas pour le projet de loi . Le Parti conservateur ne veut pas du fast track. Il a évidemment la volonté de démontrer l'intérêt de corriger l'évasion fiscale.
Le Bloc québécois donnera entièrement son appui à ce projet de loi et à toute mesure qui aurait pour but de faire avancer le projet plus rapidement dans l'organigramme parlementaire, juridictionnel, constitutionnel, et le reste.
Nous sommes donc prêts à devancer toutes les étapes pour que ce projet de loi aboutisse le plus rapidement possible. Pourquoi? Parce que le projet de loi corrige diverses dispositions de la Loi de l'impôt sur le revenu. Ces dispositions sont corrigées, car elles facilitaient le contournement des règles fiscales et l'évasion fiscale. Le projet de loi compte 400 pages. Il est vrai que c'est complexe.
Certaines personnes suivent ce qui se passe en matière d'évasion fiscale. En effet, à la télévision, il y a souvent de grands procès à ce sujet. Des personnes sont accusées d'avoir contourné, d'avoir fraudé. De fait, qu'on ne se méprenne pas, il ne s'agit pas de fraude parce que la loi permet l'évasion fiscale.
Souvent, les gens qui profitent de l'évasion fiscale ont payé des firmes de consultants ou de professionnels et tout le tralala. Ils ont beaucoup d'argent et ils en dépensent beaucoup pour que les experts trouvent la faille dans la Loi de l'impôt, ce qui leur permettrait d'éviter les dépenses et de payer de l'impôt.
Aujourd'hui, pour régler le problème, nous pourrions tous nous dire que si le gouvernement veut régler l'évasion fiscale, il n'a qu'à la régler. Le projet de loi compte plus de 400 pages seulement pour corriger certains petits paragraphes de chacun des amendements. Je ne les lirai pas tous, à moins que je n'aie le consentement unanime de la Chambre pour continuer mon débat jusqu'à la semaine prochaine, ce qui ne me sera certainement pas accordé.
Il reste qu'il me ferait plaisir d'énumérer tous les paragraphes, les alinéas et les sous-alinéas qui ont été modifiés par ce projet de loi. Finalement, l'objectif est tout simplement de rendre plus difficile le contournement des règles fiscales et l'évasion fiscale.
Le projet de loi répond aux lacunes soulevées par la vérificatrice générale dans son rapport de 2005.
En effet, souvent, ici au Parlement, nous avons besoin que la vérificatrice générale vienne nous dire des choses que nous savons tous. On sait que de l'évasion fiscale se fait au Canada. Les médias en rapportent certains cas. Les gens trouvent effrayant que de l'argent soit légalement transféré pour des investissements, du Canada vers d'autres pays, sans que cela soit imposable. Pour pouvoir vérifier tout cela, on fait une demande, on passe une commande à la vérificatrice générale. En 2005, dans son rapport, la vérificatrice générale a soulevé ce problème qu'on tente de régler aujourd'hui.
Le projet de loi d'aujourd'hui obligera la divulgation de renseignements supplémentaires sur les fiducies étrangères, ce qui permettra une analyse plus rigoureuse des données soumises à l'Agence du revenu et ce, en conformité avec les recommandations de la vérificatrice générale.
Tout cela est fait pour forcer la mise à jour des données afin d'avoir toutes les informations. Cela aussi est complexe. On en perd son latin quand vient le temps de trouver comment on a réussi à faire transiter l'argent, ce qui est arrivé dans les fiducies, où l'argent est allé, d'où il provient et tout cela. Il faut vraiment que le gouvernement adopte une loi pour faire ce contrôle parce que, comme je le disais plus tôt, les grands financiers ou tous ceux qui veulent profiter des largesses de la loi engagent de nombreux professionnels pour pouvoir en profiter.
La vérificatrice générale a dit qu'il fallait que cela cesse et qu'il fallait avoir toutes les informations requises. Le projet de loi exige donc de ces fiducies étrangères et de ces entités de placements étrangers qu'elles nous donnent toutes les informations requises pour que nous puissions contrer cette évasion fiscale et y mettre fin.
J'écoutais plus tôt mon collègue libéral et ce qui semble être la philosophie des libéraux. Ils disent vouloir régler tous les problèmes d'évasion fiscale et aller chercher l'argent qui est à l'étranger pour que les gens paient l'impôt dû. Cela risque d'être long puisque l'argent est déjà parti.
Ce projet de loi a au moins l'avantage de permettre de toucher l'argent avant qu'il ne s'en aille. Ce n'est déjà pas si mal. Nous sommes d'accord avec le fait de récupérer celui qui est déjà dans les pays étrangers et qui n'a pas été imposé. Nous l'avons dit, nous allons appuyer toute réglementation, toute modification au projet de loi qui aurait pour objectif la récupération des impôts de ceux qui ne les ont pas payés. Cependant, commençons par le projet de loi pour toucher les impôts de ceux qui veulent envoyer leur argent à l'étranger. On connaît les fiducies étrangères, de même que tous ces organismes et entités de placements étrangers qui transfèrent des capitaux, et qui doivent les déclarer. On toucherait donc tout de suite les impôts. C'est le premier objectif que se donne ce projet de loi et que se donne le Bloc québécois.
L'évasion fiscale est beaucoup plus complexe et importante que ce qu'on peut en dire. C'est un principe d'équité. Il faut payer ses impôts sur les sommes qu'on a gagnées, au Québec et au Canada, avec des ventes ou de quelque manière que ce soit.
Qu'on vende une automobile, un article ménager, des actions ou n'importe quoi, des exemptions sont permises dans la Loi de l'impôt, ce qui est correct car cela encourage l'investissement. Toutefois, outre ces exemptions, une fois que tout le monde a compris qu'après tant de profits il faut payer des impôts, ce n'est qu'un principe d'équité. Pour mieux répartir la richesse, on doit pouvoir récupérer toutes les sommes dues.
Il faut se tenir debout. Le jour où un gouvernement se tiendra debout, il pourra dire à tous qu'ils doivent payer leurs taxes et leurs impôts, comme la loi les y oblige, et il n'y aura plus jamais d'évasion fiscale ni de signature d'ententes avec des pays comme La Barbade, comme cela s'est déjà fait. On a décrié les ententes avec La Barbade qui ont permis également à l'de transférer des capitaux dans des pays étrangers. On en a déjà beaucoup discuté, ici au Parlement. Il faut que cela cesse.
Le jour où l'on lancera ce message, les hommes d'affaires comprendront que lorsqu'ils feront leurs profits, ils payeront leurs impôts. Notre problème, c'est qu'on leur permet des choses et on leur ouvre des portes qu'ils utilisent. Ils paient des professionnels pour les utiliser. Le jour où l'on s'arrêtera et l'on dira que c'est fini, car on veut obtenir l'équité, on les obligera à payer leurs impôts. Car ils font des profits grâce à tous les contribuables qui enrichissent beaucoup de corporations. Ils essaient souvent d'en faire encore plus. On peut les nommer. On les a connus lorsqu'il a été question des fiducies de revenu. Ce sont des banques et des compagnies avec lesquelles on fait affaire aujourd'hui. Même Bell Canada voulait créer une fiducie.
À tous ceux qui essaient par tous les moyens d'enrichir les actionnaires tous les trois mois quand vient le temps de payer les dividendes, un jour, on leur dira qu'ils doivent payer tous leurs impôts comme il se doit, et qu'après, ils verseront des dividendes. C'est tout. Les dividendes seront un peu moins élevés, mais ils auront payé leurs impôts. À ce moment-là, le gouvernement pourra régler le déséquilibre fiscal une fois pour toutes, comme on l'exige, pas à moitié ou en partie.
Oui, le Bloc a appuyé le gouvernement parce qu'il réglait 60 p. 100 du déséquilibre fiscal. Toutefois, peut-être que s'il récupère tout cela, il réglera 100 p. 100 du déséquilibre fiscal. Il indexera alors les pensions de vieillesse comme il aurait dû le faire le 1er avril. Un jour, peut-être, il se penchera sur ce que doit comporter le chèque de pension de vieillesse. Peut-être qu'il ne s'attardera pas seulement au coût de la vie, mais davantage au coût des médicaments des personnes âgées.
Il s'attardera également au coût du logement. En effet, se loger en sécurité, incluant les services, cela coûte plus cher. Pourtant, cette pension n'a jamais été indexée depuis 10 ans. On ne s'est jamais attardé à discuter du chèque des personnes âgées. Est-ce vraiment adapté à la situation actuelle des nos personnes âgées, alors qu'il en coûte plus cher pour se loger si on veut être en sécurité? En effet, il y a beaucoup d'invasions de domicile, et on doit choisir des logements sécurisés. Est-on rendus là? Non, et on le sait. Il n'y a même pas eu une indexation de la pension de vieillesse le 1er avril, et il n'y en aura pas. Ceux qui ne le savaient pas encore, le savent à présent. Je crois que la plupart des personnes ont déjà reçu leur chèque et elles savent qu'il na pas été indexé.
À mon avis, il faut que le débat se fasse un jour et qu'on dise aux plus riches de notre société qu'ils en ont déjà assez et qu'ils sont déjà assez riches. Donc, qu'ils paient le surplus qu'ils ont à payer en impôt. N'oublions pas qu'on ne leur enlève pas tout. Les corporations et les fiducies ont leur propre taux d'imposition, et il est beaucoup moins élevé que celui des particuliers. Elles bénéficient déjà des largesses du système. Elles ont déjà leur façon d'économiser des sous. Ce ne sont pas des cadeaux supplémentaires qu'on leur donne.
Le problème, c'est qu'on ne peut pas empêcher quelqu'un qui fait de l'argent de vouloir en faire encore plus. Quand on ouvre la porte à quelqu'un et qu'on lui permet de détourner des sommes grâce aux fiducies étrangères, et de placer son argent ailleurs sans imposition, pourquoi ne le ferait-il pas, puisque son voisin le fait?
C'est un peu cela, l'histoire des fiducies de revenu. Aujourd'hui, à ce sujet, les conservateurs sont aux prises avec une promesse non tenue et les libéraux, avec une promesse qu'ils n'auraient peut-être pas dû tenir. Pourquoi? Parce qu'au début, cela semblait être une bonne idée. Quand tout le monde s'en est emparé, on s'est aperçu que si cela s'appliquait un jour, les grandes compagnies ne paieraient plus d'impôts. Tout cela, parce qu'on a pratiqué une petite ouverture dans la Loi de l'impôt sur le revenu pour essayer d'aider. Cela s'est fait par des lobbyistes.
On entend souvent nos collègues nous dire que les députés ne devraient plus être là et que des lobbyistes devraient prendre notre place. C'est ce que les fiducies de revenu donnent. Cela donne des lobbyistes qui amènent probablement des députés et des ministres à de bonnes soirées bien arrosées où l'on a beaucoup de plaisir à discuter de l'avenir. Toutefois, les lobbyistes travaillent pour des banques et pour des corporations importantes. Ils essayent de leur trouver des façons de faire plus d'argent. Pendant ce temps, le bon peuple est assis devant son téléviseur et n'est peut-être même plus capable de se payer un repas au restaurant. C'est ce qui est difficile de comprendre.
Les conservateurs se lèvent pour nous dire qu'il faudrait que le Bloc québécois disparaisse; les lobbyistes existent maintenant. C'est cela. On remplacera alors tous les députés. On aura des députés qui appartiendront tous au même parti et ce sera les lobbyistes qui deviendront l'opposition officielle. Cela va être beau, n'est-ce pas? Cela va être beau. Habituellement, les lobbyistes ne parlent pas et ne posent pas de questions publiquement. Cela se fait en cachette, afin de s'assurer d'obtenir des résultats.
C'est donc ainsi que les conservateurs veulent gouverner, et les libéraux, avant eux, ne faisaient pas mieux. Telle est la dure réalité. On a laissé les lobbies prendre possession du Parlement. C'est une des dures réalités pour les nouveaux députés qui arrivent, et ils le savent.
On reçoit des dizaines et des centaines d'invitations en un mois de la part de différents groupes de lobbies qui essaient de venir faire de la politique à notre place. Personnellement, je trouve cela épatant qu'on leur ait laissé la place. Aujourd'hui, c'est tellement vrai que les députés du Parti conservateur disent que les députés de l'opposition ne devraient pas exister; ce sont les lobbyistes qui feront le travail à leur place. Eh bien oui, c'est comme ça. C'est ce qu'on veut, justement parce qu'on peut les contrôler et parce qu'on a de l'argent pour les acheter.
Une chose est sûre: les députés du Bloc québécois ne sont pas achetables. On défendra toujours un projet de loi, comme le projet de loi , dans lequel on demande aux riches de payer leur juste part pour pouvoir la répartir entre ceux qui en ont le plus besoin
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Monsieur le Président, je suis heureux d'intervenir au nom du caucus néo-démocrate dans le cadre du débat sur le projet de loi . Je voudrais profiter de l'occasion pour reconnaître le travail que la porte-parole du caucus néo-démocrate en matière financière, la députée de , a fait dans ce dossier.
Bon nombre des dispositions qui se trouvent dans le projet de loi ont en fait été étudiées au cours de la dernière législature. Plusieurs membres du comité ont travaillé à peaufiner une bonne partie de ces détails que l'on retrouve dans la mesure fourre-tout dont nous sommes saisis aujourd'hui.
Permettez-moi de dire, à titre de profane dans le domaine de la haute finance, qu'en tant que simple charpentier, je trouve de prime abord ce volume extrêmement complexe. En tant que contribuable canadien, je déplore surtout que notre système fiscal devienne de plus en plus complexe, tellement que chaque fois que quelqu'un demande des précisions ou soulève une faille dans le système fiscal, cela semble en accroître la complexité. C'est ainsi que nous en arrivons à produire des documents de 500 pages comme celui dont nous traitons aujourd'hui, qui viennent s'ajouter aux nombreux volumes et collections de documents qui ont déjà été publiés sur notre système fiscal.
Soit dit en passant, l'autre jour, je faisais le ménage dans des boîtes de documents appartenant à mes parents. J'ai trouvé un vieux formulaire fiscal de 1950 au nom de mon père. Il avait une page. En réalité, le formulaire faisait une demi-page. On demandait combien mon père avait gagné. Puis, il y avait une ligne indiquant l'impôt à payer. Le contribuable devait signer et retourner le formulaire. Comme les choses ont changé depuis cette époque où le régime fiscal était relativement simple et compréhensible pour le travailleur moyen.
Durant les dernières législatures, nous avons beaucoup entendu parler de réductions d'impôt. En fait, c'est l'expression à la mode, non seulement au Canada, mais dans tous les pays développés. Nous entendons davantage parler de réductions d'impôt que d'équité fiscale. C'est là-dessus que j'aimerais me concentrer aujourd'hui.
Notre régime fiscal n'est pas censé ressembler à un jeu d'adresse truqué dans une fête foraine, mais c'est parfois ainsi que certains le perçoivent. À mesure que le régime se complexifie, il devient avantageux pour les quelques privilégiés qui peuvent le manipuler et tirer profit des possibilités cachées dans ce tome, ce livre volumineux. Le reste des gens sont chanceux s'ils peuvent cotiser à un REER ou à un REEE avec l'argent qu'ils ont peut-être amassé cette année-là.
Dans le régime fiscal de plus en plus complexe que nous avons, et que nous venons d'alourdir encore plus, il manque encore les éléments fondamentaux de l'équité fiscale. Nous aurions pu remédier à la situation il y a longtemps. Notre porte-parole en matière de finances et d'autres députés du NPD ont très souvent abordé le sujet. Il existe des échappatoires béantes qui nous coûtent très cher en recettes perdues et il y a de grandes lacunes qui se traduisent pas des occasions perdues pour les travailleurs ordinaires. Je le répète, cela ne nous rend pas service.
Le vient de présenter un budget colossal. Nous espérions que le budget éliminerait certaines de ces échappatoires béantes. Je croyais avoir entendu le parler des paradis fiscaux, par exemple, et du fait d'obliger toutes les entreprises à payer leur juste part d'impôt. Je croyais l'avoir entendu dire que nous allions réduire l'impôt des sociétés, mais que nous insisterions pour que toutes paient l'impôt qui continuera de leur être exigé.
Toutefois, j'ai été renversé d'apprendre récemment que tout cela n'était que poudre aux yeux. Les passages sur le traitement des conventions fiscales et des paradis fiscaux à l'étranger montrent bien que les échappatoires sont encore là. Rien n'a changé. Tout est pareil.
Honnêtement, le considère les contribuables canadiens de la même façon que P.T. Barnum considérait les amateurs de cirque, je suppose, car en analysant le budget, on n'en retire aucune satisfaction. Il s'agit d'une occasion ratée sur un thème que nous avons adopté dans notre caucus. J'aimerais en discuter.
Notre régime fiscal est l'instrument ou le mécanisme nous permettant d'assurer la redistribution équitable de la richesse, pour ainsi dire, dans ce pays. Notre caucus a déterminé qu'une entente avait été conclue dans les années suivant la guerre selon le principe que si les bénéfices et la productivité étaient en hausse, il devait en être de même des salaires et du niveau de vie des travailleurs. C'était là une entente tacite entre les dirigeants d'entreprise et les ouvriers qui a permis d'obtenir paix et productivité parmi la main-d'oeuvre pendant une génération.
Cette entente a été rompue. C'est ce que nous avons constaté. Si nous établissions un graphique de la hausse de la productivité et des bénéfices, nous verrions que les salaires et le niveau de vie des travailleurs et de leurs familles ne suivent pas la même tendance. Si une telle entente a déjà existé, elle n'a pas survécu. Elle a été piétinée. Elle a été compromise. Elle n'existe tout simplement pas.
Il existe un écart au chapitre de la prospérité. Nous ne partageons pas équitablement la prospérité de cette grande nation. Notre système fiscal est peut-être l'instrument le plus efficace dont nous disposons pour remédier à cette situation.
Comme c'est le cas lorsque nous mettons tous nos oeufs dans le même panier pour corriger certaines iniquités, laissez-moi vous parler de certaines de mes lectures. La richesse est disproportionnée dans une catégorie. J'ai quelques chiffres intéressants que j'aimerais partager avec les députés.
Une de ces statistiques est que 1 p. 100 de la population détient 47 p. 100 des actions, selon la valeur marchande. Par contre, le quintile inférieur ne détient que 4 p. 100 des actions. Lorsqu'un seul segment est avantagé, il n'y a aucune redistribution notable de la richesse.
Un des problèmes avec la question des paradis fiscaux est que nous ne déployons pas autant d'efforts que d'autres pays développés. Par exemple, bien que les paradis fiscaux ne soient pas illégaux aux États-Unis, les Américains sont de plus en plus conscients du problème et des pertes de revenus qu'il entraîne.
En Californie, par exemple, l'État refuse de faire affaire avec les entreprises qui ont des abris fiscaux à l'étranger. Autrement dit, une entreprise peut choisir d'avoir un abri fiscal à l'étranger pour échapper au fisc et éviter de payer sa juste part d'impôt dans son pays d'origine, mais elle n'obtiendra jamais de contrats du gouvernement.
Il y a une entreprise qui a été mentionnée récemment dans les journaux parce qu'elle tente d'éviter de payer sa juste part d'impôt au Canada: Merck Frosst. Heureux hasard, Merck Frosst a profité énormément du budget. Le budget que le a présenté récemment comprenait un investissement de 300 millions de dollars dans une campagne de vaccination contre le cancer du col de l'utérus.
Bien qu'il s'agisse d'une initiative louable en apparence, il n'y a qu'une seule entreprise au Canada qui puisse offrir ces vaccins, qui coûtent 300 $ l'unité. Cette entreprise est représentée par Ken Boessenkool, un lobbyiste bien établi qui a déjà été un conseiller principal du . Coïncidence? Nul ne le sait. Ce qu'on sait, c'est que la situation est très intéressante pour Merck Frosst, une entreprise qui possède des abris fiscaux et qui profite des paradis fiscaux.
Personne n'a encore été en mesure de d'évaluer l'impact global de l'évasion fiscale, des paradis fiscaux ou de l'expatriation pour des raisons fiscales qui continuent d'avoir cours. On estime que ces pratiques coûtent 70 milliards de dollars par année au Trésor américain. Toutes proportions gardées, on peut présumer que les pertes canadiennes équivaudraient à 10 p. 100 des pertes américaines. C'est peut-être donc seulement 7 milliards de dollars que nous laissons délibérément et en toute connaissance de cause s'échapper du pays, mais ce montant représente quand même beaucoup d'argent, au moment même où nous devons sabrer des programmes sociaux importants, pratiquer des coupes qui sapent peu à peu notre capacité de régler des problèmes, qu'il s'agisse du dossier de l'alphabétisation ou de celui des bureaux de Condition féminine Canada. Le gouvernement regarde sans rien dire cet argent s'échapper du revenu national.
Nous ne comprenons vraiment pas pourquoi le gouvernement continue de laisser aller. Nous pensions même que ce problème serait réglé dans le budget de 2007. Tout le monde savait très bien ce qui empêchait le gouvernement précédent de s'attaquer aux paradis fiscaux et se disait que cela ne poserait aucun problème pour le gouvernement actuel. On comprend évidemment que le gouvernement précédent se refusait à marcher sur les pieds de la Canada Steamship Lines, mais on comprend mal que le gouvernement actuel fasse preuve de la même hésitation.
Installer des compagnies prête-nom dans un paradis fiscal pour canaliser des recettes réalisées au Canada, les filtrer à travers une compagnie bidon et les convertir en dépenses grâce à celle-ci, je ne sais pas comment, moralement parlant, nous pouvons permettre cela. J'ignore si cela nous préoccupe vraiment. Pourtant, les sociétés qui agissent de cette façon ne sont pas en très bonne compagnie.
Enron avait 881 paradis fiscaux et compagnies prête-nom. Je ne pense pas qu'elle y ait déménagé ses installations de production, car cela n'était pas nécessaire. Sur Internet, on offre des conseils pratiques à quiconque voudrait profiter d'un paradis fiscal. J'en ai sélectionné un seul exemple de façon à pouvoir montrer aux autres députés quel langage et quels boniments sont utilisés pour vendre cette salade, ainsi que le type d'avantages que continuera d'offrir ce genre de site si nous ne faisons rien.
La société Offshore Companies House est une ressource à la disposition des entreprises. Sur son site web on peut lire qu'elle offre de nombreux services parmi lesquels le client peut choisir. Pour utilisation immédiate, il est possible de faire l'acquisition d'une société en veilleuse à l'étranger ou d'une société millésimée. Ces sociétés en veilleuse à l'étranger sont irréprochables et n'ont jamais eu de compte bancaire. Elles sont entièrement exonérées d'impôt et irréprochables et elles offrent également la possibilité de concentrer les activités dans ce qu'on appelle une compagnie millésimée, qui est déjà établie.
La société Offshore Companies House dit que, compte tenu de certaines modifications déplaisantes à la loi et à la politique fiscale, certains paradis fiscaux étrangers ne sont plus recommandés, notamment les îles Caïmans et la Suisse. Elle recommande maintenant d'autres paradis fiscaux qui se sont ajoutés à la liste. Ainsi elle considère le Belize, la Dominique, les Seychelles, le Panama, Gibraltar et la Barbade comme des endroits intéressants pour ceux qui souhaitent abriter des activités d'entreprise afin d'échapper au fisc ou de recourir à l'expatriation pour fuir leurs obligations fiscales.
Il me semble que, lorsqu'on a remanié la Loi de l'impôt sur le revenu, on a raté une bonne occasion de régler certains des problèmes les plus criants. Je ne sais pas qui a conseillé le gouvernement ou qui l'a convaincu de ne pas profiter de l'occasion pour remédier à cet incroyable vide juridique.
Ce n'est pas comme si le gouvernement n'était pas au courant de la situation. En fait, au cours de la dernière législature, j'ai entendu des députés conservateurs se plaindre de cela. Le gouvernement a présenté deux budgets, mais il a décidé de ne pas retenir cette idée. Il a remanié la loi suffisamment pour que le puisse dire qu'il s'est penché sur le problème, mais le gouvernement n'y a certainement pas mis fin.
Par exemple, la partie 2 du projet de loi vise à mettre en oeuvre des mesures annoncées par le ministre des Finances. Le 18 septembre 2001, il a annoncé des mesures visant à limiter les avantages sous forme d’abris fiscaux que peut obtenir le contribuable qui acquiert le revenu d’entreprise futur d’une autre personne et, le 7 octobre 2003, des mesures visant à garantir que les sommes reçues en contrepartie d’engagements de non-concurrence sont imposables. Nombre de ces mesures ne sont pas directement applicables. Elles portent entre autres simplement sur l'évasion fiscale et sur les exonérations fiscales.
Je m'inquiète, toutefois, au sujet de la question qui a été soulevée par des orateurs précédents durant le débat et qui concerne le fait que nous passons sous silence l'acquisition de sociétés et d'institutions canadiennes par des intérêts étrangers. C'est une question qui avait coutume de susciter des débats passionnés à la Chambre. Quand je remonte dans l'histoire du pays, je vois des gens comme Walter Gordon et d'autres à la fin des années 1960 et au début des années 1970 qui étaient des nationalistes canadiens fiers et acharnés. Ils étaient horrifiés qu'une foule de sociétés et d'institutions passent à des intérêts étrangers.
Le gouvernement a adopté des mesures afin que ces prises de contrôle par des intérêts étrangers fassent l'objet d'un examen obligatoire afin de déterminer si ces transactions étaient dans l'intérêt des Canadiens.
Je ne me souviens d'aucun cas où le gouvernement du Canada a opposé son veto à la transaction, à telle enseigne que 80 p. 100 des entreprises du pays appartiennent maintenant à des intérêts étrangers. J'estime que ce pourcentage est encore plus élevé puisque mes données datent d'il y a quelques années.
Je me demande simplement en quoi il y a surveillance. Qui veille au grain pendant que nos entreprises canadiennes sont transformées en succursales, en satellites de grandes sociétés étrangères dont les intérêts ou la loyauté pourraient ne pas être les mêmes que les nôtres?
Je ne dis pas que le capital a une conscience. Nous ne nous attendons pas à ce que ces sociétés se conduisent différemment simplement par amour pour notre pays. Tous les députés ici présents aiment le Canada. Ils ont ses intérêts à coeur. Nous voulons ce qu'il y a de mieux pour notre merveilleux pays.
Il doit y avoir une sorte de surveillance, d'intervention. Il doit y avoir une meilleure évaluation de ces prises de contrôle pour qu'il soit déterminé si elles sont dans notre intérêt. Pareille évaluation a été négligée au point qu'il est devenu impopulaire en cette ère de la mondialisation de dresser des obstacles contre les prises de contrôle ou les acquisitions. C'était une erreur. Nous étions sur la bonne voie lorsque nous imposions des conditions. Nous avons vu d'autres pays le faire.
Ce n'était pas seulement des sociétés étrangères qui faisaient l'acquisition de nos sociétés. Des pays étrangers et des sociétés d'État étrangères le faisaient aussi. Est-ce une bonne idée de laisser la Chine acheter nos sociétés du secteur des ressources? Nous avons intérêt à étudier sérieusement la question parce que nos précieuses ressources naturelles nous appartiennent de droit en tant que Canadiens et elles pourraient bien tomber en mains étrangères. Nous perdrions alors la maîtrise de ces ressources et nous ne pourrions plus orienter notre secteur industriel dans le sens de nos intérêts.
Ce sont des préoccupations qui nous viennent à l'esprit lorsque l'on plonge dans le volumineux projet de loi , qui compte 500 pages. Les modifications visant les entités de placement étrangères et les fiducies non-résidentes compliqueraient plutôt qu'elles ne simplifieraient notre régime fiscal. Les Canadiens ordinaires aimeraient savoir d'abord et avant tout si nous agissons dans l'intérêt supérieur à long terme du Canada et des Canadiens ou si nous ne servons pas plutôt d'autres intérêts. De ce côté-ci de la Chambre, nous craignons que notre régime fiscal ne soit à l'avantage de quelques-uns plutôt que de tous.
En faisant mes recherches en vue de mon intervention, je suis tombé sur un poème populaire anglais:
Ils pendent l'homme et fouettent la femme
Qui volent l'oie sur le terrain communal
Mais laissent en liberté le scélérat
Qui prive l'oie du terrain communal.
Ces paroles étaient d'une grande sagesse en 1764. Je me demande si nous ne laissons pas la mentalité dénoncée dans ce poème régner en maître aujourd'hui.
J'ai trouvé des mots d'une grande sagesse dans le livre d'où j'ai tiré mon petit poème. Il s'intitule Pigs at the Trough et il est d'Arianna Huffington, une Américaine qui a été mariée à un milliardaire. Elle a traversé un épouvantable divorce et a fini par révéler bien des secrets sur le comportement des milliardaires. Son livre contient d'excellents renseignements sur la manière dont le régime fiscal est manipulé pour avantager les riches.
Nous ne savons pas vraiment ce qui se passe. Il y a quelques recommandations intéressantes. Il y en a une que je veux citer ici: « Je crois que toute entreprise canadienne qui s'expatrie pour des motifs fiscaux [vers un paradis fiscal ou pour éviter de payer des impôts] devrait être exclue de tout appel d'offres gouvernemental. Elle ne devrait même pas être inscrite sur quelque liste de soumissionnaires présélectionnés que ce soit. »
Le gouvernement du Canada est un gros consommateur de nombreux biens et services. Il a le choix. Si le gouvernement ne veut pas boucher l'échappatoire, il devrait au moins sanctionner ceux qui fuient l'impôt. Ils ne devraient pas être autorisés à soumissionner dans les appels d'offres gouvernementaux. C'est ce que la Californie a fait à Ingersoll Rand et à d'autres entreprises.
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Monsieur le Président, vous devez me venir en aide puisque l'annonce est ainsi rédigée. Cependant, je vais utiliser son titre: le .
Voici donc ce que contient l'annonce: « La parole du [premier ministre] est sans valeur. Demandez donc aux 2,5 millions de Canadiens qui participent à des fiducies de revenu ce qu'ils en pensent. [Le premier ministre] a récolté des suffrages durant la dernière campagne électorale en promettant de ne pas imposer les fiducies de revenu. Il n'a pas tardé ensuite à revenir sur sa parole et, chemin faisant, à faire perdre 35 milliards de dollars d'économies aux Canadiens. Puis, il a refusé de divulguer l'analyse qui justifiait ce renversement de politique. Si [le premier ministre] aspire à une majorité, il est grand temps qu'il se mette à l'écoute de la majorité ».
Et voici les résultats d'un sondage Angus Reid. Quelle est donc la partie de ce sondage que le premier ministre ou encore le ministre de l'Environnement ne comprennent pas?
« Le premier ministre avait-il raison de ne pas tenir parole? »
Compte tenu de l'information fournie par le gouvernement à ce jour concernant l'incidence fiscale des fiducies de revenu, et compte tenu de la perte matérielle d'économies de retraite par les investisseurs des fiducies de revenu, estimez-vous personnellement que le premier ministre a eu raison ou tort [...] de ne pas respecter sa promesse électorale concernant les fiducies de revenu?
D'après le sondage Angus Reid, 70 p. 100 des personnes interrogées ont déclaré qu'il avait eu tort, ce qui est bien au-delà du chiffre magique de 40 . 100 que recherche le . Les sondeurs ont également posé la question suivante: « Le premier ministre est-il apte à conduire le pays ou plutôt à l'induire en erreur? »
Et l'annonce poursuit de la sorte: « Vous n'avez qu'à le demander aux premiers ministres de la Saskatchewan, de la Nouvelle-Écosse et de Terre-Neuve-et-Labrador ».
Selon ce qu'on a coutume de dire à la Chambre, si on discute encore du budget 48 heures après son dépôt, c'est qu'il s'agit d'un mauvais budget. Or, 10 jours après le dépôt du budget, le premier ministre de Terre-Neuve-et-Labrador est tellement irrité par l'initiative du gouvernement qu'il publie des annonces dans les grands journaux du pays. Le premier ministre de la Nouvelle-Écosse, lui, s'apprête à intenter des poursuites. Les gens qui ont investi dans les fiducies de revenu ont publié une annonce. Le premier ministre de la Saskatchewan est dans tous ses états.
Le a promis de ne pas inclure les revenus des hydrocarbures dans la formule de péréquation. On constate que sa parole ne vaut rien. Les électeurs de prennent la peine de m'écrire et de me le dire. Je pense que le ministre de l'Environnement voudra savoir ce qu'ils ont dit. Je suis même prêt à lui montrer mes courriels dès qu'il voudra les voir. Il semble bien que le budget du Canada comporte un déficit: c'est un déficit sur le plan de l'intégrité.
Le premier ministre de la Nouvelle-Écosse, Rod MacDonald, a dit ceci: « Je suis très déçu. Nous avions signé une entente et nous nous attendions à ce que notre gouvernement fédéral la respecte ».
Le premier ministre de Terre-Neuve-et-Labrador, Danny Williams, a déclaré que sa province s'était complètement fait avoir. Il a dit que Terre-Neuve était très déçue d'avoir été ainsi trahie.
C'est vraiment extraordinaire que cela arrive le jour même où le premier ministre de Terre-Neuve fait publier une pleine page de publicité dans un journal national et cite un dépliant distribué par les conservateurs au cours de la campagne électorale. Voici ce qu'on lisait dans le dépliant:
Il n'y a pas de pire fraude qu'une promesse non tenue.
Pas de petits caractères, pas d'excuses, pas de plafond.
Le 19 mars 2007, le très honorable a rompu cette promesse avec la présentation de son deuxième budget. C'est une promesse qu'il avait faite dans un dépliant. Il a aussi fait deux campagnes électorales durant lesquelles il nous le disait de vive voix. Je vois que le s'arrache les cheveux, parce qu'il se rend compte que tout ce que dit le premier ministre de Terre-Neuve est vrai. Il a écrit à maintes reprises, dans sa correspondance, qu'il s'agissait là d'une promesse simple et sans équivoque, et il l'a rompue.
Le comprend tout à fait cela, ce qui nous laisse...
Une voix: Parce qu'il est un élément du problème.
L'hon. John McKay: Bien sûr qu'il est un élément du problème.
Cela nous laisse aux prises avec une question simple et sans détour: que nous reste-il, à nous — pas seulement aux gens de Terre-Neuve-et-Labrador mais à nous tous, Canadiens? Si nous ne pouvons pas nous fier spontanément à une promesse du , qui pourra le faire?
Les gens des Maritimes ou de la Saskatchewan et, oui, même de la Colombie-Britannique et de l'Alberta, puisque tous se sont fait faire une promesse ou une autre, peuvent-ils se fier à ses promesses? Ils devraient tous aujourd'hui se demander ce que valent ces promesses. Une promesse faite devrait être une promesse tenue et, comme le l'a fait remarquer, il n'y a pas de pire fraude qu'une promesse non tenue.
Si notre ne tient pas une promesse aussi simple que celle qu'il nous avait faite, il n'y a pas que les gens de Terre-Neuve-et-Labrador qui sont perdants. Nous le sommes tous.
Les Canadiens devraient se méfier quand le gouvernement parle d'équité fiscale. Si deux publicités dans les journaux nationaux ne suffisent pas, la colère du premier ministre de la Saskatchewan vient compléter le tableau. Nous avons un premier ministre qui tient tellement à réaliser son programme partisan qu'il est prêt à renier une promesse faite au premier ministre Lorne Calvert, aux gens de la Saskatchewan et, accessoirement, à d'autres Canadiens.