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Monsieur le Président, je remercie mon collègue de Joliette d'appuyer cette motion qui demande au gouvernement que le premier rapport du Comité permanent de l'agriculture et de l'agroalimentaire, présenté le jeudi 8 juin 2006, soit agréé.
Ainsi, comme il en a l'habitude, le Bloc québécois prend la défense des intérêts des producteurs de lait du Québec. Depuis longtemps, nous intervenons à propos des importations de protéines laitières. En comité, ma collègue du Bloc québécois et moi-même avons décidé d'accorder la priorité à cette motion qui touche les importations de protéines laitières en provenance d'un peu partout, particulièrement d'Europe et de Nouvelle-Zélande. Ces importations causent de graves distorsions sur les marchés québécois et canadien au détriment des producteurs de lait.
Je remercie d'ailleurs mes collègues du Parti libéral et du NPD qui ont voté en faveur de cette motion. Ainsi, le comité a adopté une motion très spécifique et très claire à propos des protéines laitières.
Je me permets de lire à la Chambre les recommandations du comité à cet égard:
1. Que, compte tenu du soutien de tous les partis à la gestion de l’offre, le gouvernement intervienne immédiatement afin de renforcer les mesures de contrôle des importations, qui sont un pilier important de la gestion de l’offre, en limitant les importations de concentrés protéiques de lait et de tout produit conçu spécifiquement pour contourner les règles de la gestion de l’offre.
2. Que le gouvernement adopte un règlement qui classerait tous les concentrés protéiques de lait, quelle que soit leur teneur en protéines, dans la ligne tarifaire 0404, où un contingent tarifaire a été négocié.
3. Que le gouvernement recoure, le cas échéant, à l’article XXVIII du GATT afin de plafonner les importations de concentrés protéiques de lait en engageant immédiatement des négociations avec ses partenaires commerciaux et en modifiant sa liste tarifaire par l’adoption d’une mesure législative au Parlement.
Voilà ce qui a été demandé au Comité permanent de l'agriculture et de l'agroalimentaire. Comme je le disais, cela a obtenu un vote partagé. Malheureusement, le gouvernement en place, soit le gouvernement conservateur, par l'entremise de ses députés membres du comité, a refusé de protéger les intérêts des producteurs de lait du Canada et du Québec. J'espère qu'aujourd'hui les conservateurs sauront se reprendre, puisqu'ils auront l'occasion, je l'espère, de participer au débat en cours.
J'aimerais dresser un petit historique à propos des concentrés de protéines laitières. Depuis 1994, le Canada a toujours voulu limiter les importations de protéines laitières, et ce, depuis le cycle de l'Uruguay. Il y avait des négociations à l'OMC. Les concentrés de protéines laitières étaient couverts par la ligne tarifaire 0404. Jusque là, tout allait bien.
En 1996, le Canada a aussi défendu sa position avec succès devant le groupe spécial de l'ALENA. Le problème est survenu à peu près à ce moment-là, quand l'Agence des services frontaliers du Canada a classé un concentré de protéines laitières, le PROMILK 872B pour parler en termes plus techniques, dans la ligne 3502, laquelle est libre de tarifs. Cela faisait toute une différence, puisque les fabricants de cette protéine laitière pouvaient maintenant l'exporter sans qu'il y ait aucun tarif. Ainsi, les transformateurs pouvaient profiter de bas prix et utiliser de plus en plus cette protéine laitière.
On constate évidemment une hausse des importations de protéines laitières à la suite de cette décision de l'Agence des services frontaliers du Canada. J'ai toujours qualifié cette décision d'erreur. En 2003, l'agence a révisé sa classification; on a donc admis qu'il y avait un problème et qu'on avait sans doute commis une erreur en décidant de classer cette protéine dans la ligne 3502. On a classé à nouveau le PROMILK 872B dans la ligne 0404. Telle avait d'ailleurs toujours été l'intention du Canada, mis à part le petit intermède où l'on a décidé de changer la classification.
Bien sûr, la compagnie qui fabrique la protéine a contesté la reclassification. Le Tribunal canadien du commerce extérieur lui a donné raison, ce qui a été confirmé en janvier dernier par la Cour fédérale.
Nous pourrions baisser les bras et laisser tomber, puisqu'une cour vient de trancher à la suite de la décision du Tribunal canadien du commerce extérieur. Les protéines laitières pourraient alors entrer au Canada et au Québec sans aucun problème et sans aucun tarif. Or cela mettrait gravement en péril tout le système de la gestion de l'offre. J'en parlerai dans quelques instants.
On sait que 40 p. 100 des revenus agricoles au Québec reposent sur les industries assujetties au système de la gestion de l'offre, d'où l'importance pour le Bloc québécois et pour tous mes collègues de protéger ce système.
Le Canada a donc perdu un droit qu'il avait négocié à l'OMC et qu'il a toujours défendu. Que fait-on à ce moment-là? On met ses culottes et on prend une décision. Si l'on a la volonté politique de défendre nos producteurs, on va tout simplement mettre les protéines laitières dans la bonne ligne tarifaire. C'est ainsi qu'un gouvernement responsable doit agir. Cela n'a pas été fait, cela doit et peut être fait. C'est la beauté de la chose et c'est pourquoi nous présentons cette motion.
Le gouvernement, de concert avec tous les députés du Parlement, peut prendre une décision aujourd'hui même et décider que les protéines laitières vont tout simplement entrer dans la ligne tarifaire qu'elles ont toujours occupée, sauf pendant un petit moment, comme je le disais plus tôt, lorsque l'Agence frontalière a commis cette erreur. D'ailleurs, d'autres pays le font. Les Américains ne se sont pas gênés, et avec raison, pour limiter les importations de protéines laitières. Le Canada peut en faire tout autant. Des solutions existent. J'en ai parlé lorsque j'ai énuméré les recommandations que nous avons faites au Comité permanent de l'agriculture et de l'agroalimentaire.
C'est assez dramatique, mais le lait et la crème sont de plus en plus remplacés par des protéines laitières dans le fromage, le yaourt et la crème glacée. Comment faire pour corriger cette situation? Cette volonté politique nous permettra tout simplement d'adopter la motion. Il est évident que ce serait le premier geste à poser. C'est ce que nous ont d'ailleurs dit les fonctionnaires d'Agriculture et Agroalimentaire Canada qui ont comparu au comité. Le gouvernement peut prendre les mesures pour limiter les importations de protéines laitières, s'il le veut. Rien ne l'en empêche. Le gouvernement a le pouvoir et le devoir de contrôler les importations de concentrés de protéines laitières et dispose de plusieurs options pour ce faire, options qu'on retrouve dans la motion, comme je le disais il y a quelques secondes.
En vertu de l'article 13 de la Loi sur le tarif des douanes, le ministre peut en effet modifier la liste des dispositions tarifaires pour y changer le numéro tarifaire. Notre interprétation est celle de la Fédération des producteurs de lait du Québec qui dit que cette modification peut se faire par simple voie réglementaire, soit une décision du gouvernement sans même l'appui du Parlement. D'autres disent qu'il faudrait passer par la voie législative. On ne s'entend pas tout à fait sur cette mesure, toutefois, si c'était le cas, il n'y aurait aucun problème et j'assure d'ores et déjà le gouvernement de l'appui du Bloc québécois. Si le gouvernement décidait de passer par cette voie pour modifier cette ligne tarifaire, les 51 voix du Bloc québécois lui seraient acquises, sans aucun problème.
Le gouvernement peut recourir également à l'article XXVIII du GATT pour négocier un contingent tarifaire avec ses partenaires commerciaux. Le Canada conserverait le droit d'ajouter des contingents tarifaires, même en cas d'échec des négociations avec ses partenaires. L'article XXVIII a-t-il déjà été utilisé? Oui, par plusieurs pays. Dans le domaine de l'agriculture, le plus récent exemple qui me vient en tête est celui de l'Union européenne, en 2002; il portait sur le blé et l'orge. À ce moment-là, les pays de l'Union européenne avaient tout simplement décidé de protéger leurs producteurs de blé et d'orge. C'est ce qui a été fait avec succès.
L'article XXVIII du GATT peut être utilisé. Évidemment, il y a des conséquences à cela. Une fois l'article négocié avec les partenaires commerciaux, on accepte qu'il y ait une augmentation des importations de 10 p. 100. Donc, ce n'est pas nécessairement la mesure à prendre en premier recours. On préférerait qu'il y ait une décision du gouvernement par voie réglementaire pour empêcher ou du moins limiter les importations de protéines laitières. Toutefois, le cas échéant, il ne faut pas se gêner pour utiliser l'article XXVIII du GATT. Il est là pour cela, et il est tout à fait conforme aux règles de l'OMC. On n'invente rien en utilisant cet article; on protège tout simplement nos acquis.
Si l'on ne fait rien, il y aura bien sûr de graves conséquences. La gestion de l'offre est en péril. C'est ce dont je voulais parler plus tôt. Il y a trois piliers de la gestion de l'offre: on fixe les prix; on limite la production par l'imposition de quotas et, bien sûr, on limite les importations. Donc, si l'on ébranle l'un de ces piliers — prenons celui des importations puisque c'est le sujet qui nous préoccupe —, on met à mal tout le système de la gestion de l'offre au Québec et au Canada.
Les importations de protéines laitières risquent de déplacer pas moins de 25 p. 100 de la protéine contenue dans le lait produit ici. Voilà ce qui va se passer si jamais on ne bouge pas, si ce gouvernement n'a pas la volonté politique de protéger nos acquis. Plus on importe de protéines laitières, plus importante est la quantité de poudre de lait sans valeur des producteurs, puisque les transformateurs continuent d'utiliser le gras laitier.
Cette énorme quantité de poudre de lait est impossible à gérer. Évidemment, tout cela va provoquer un effondrement de la structure des prix.
D'ailleurs, chaque tonne de concentré de protéines laitières remplace 2,6 tonnes de poudre de lait.
Les importations ont coûté 235 millions de dollars en 2005. C'est une augmentation de 60 millions de dollars comparativement à 2004. On parle de 5 millions de dollars par mois, rien de moins. C'est ce que cela a coûté aux producteurs laitiers du Canada.
Au Québec, on parle d'une perte de revenus de 70 millions de dollars. On imagine ce que peut représenter, dans un secteur comme celui des produits laitiers, une perte de revenus de 70 millions de dollars.
Comme je le disais, nous estimons que, si le gouvernement continue à se croiser les bras dans ce dossier, les graves conséquences économiques atteindront environ 500 millions de dollars par année pour les producteurs laitiers.
La gestion de l'offre permet aux producteurs de retirer un revenu équitable du marché, sans subvention. Lors de négociations qui se déroulent à l'OMC, beaucoup de pays suggèrent ou supposent depuis longtemps que le Canada subventionne ses producteurs de lait, de volaille et d'oeufs, à cause du système de gestion de l'offre mis en place. C'est totalement faux.
Jusqu'ici les gouvernements canadiens ont toujours défendu le système, mais ils hésitent un peu plus. Il suffit de se référer aux questions qu'on pose en Chambre au ministre de l'Agriculture et de l'Agroalimentaire depuis le début de la session parlementaire, pour se rendre compte de graves inquiétudes sur ce plan. Il suffit de repenser à la venue à Montréal, il y a quelques jours à peine, du directeur général de l'OMC, M. Pascal Lamy. Il a dit que le Canada devrait faire des concessions dans le système de la gestion de l'offre pour que les négociations aboutissent. Tout le fardeau de la preuve, tout le poids est maintenant sur le dos du Canada. Il me semble que cela en fait beaucoup, alors que plus de 150 pays font partie de l'OMC. Je pense que les autres pays aussi ont beaucoup de concessions à faire avant de pouvoir nous demander d'ébranler notre système de la gestion de l'offre.
Aussi, en plus de se passer de subventions, c'est bénéfique pour les consommateurs. On leur assure un panier de produits de qualité parmi les moins chers au monde. Une enquête que je peux citer ici, qui a été effectuée à 18 reprises depuis 1997, révèle que les produits laitiers ont coûté moins cher ici qu'aux États-Unis de 16 p. 100 en moyenne. Par conséquent, il faut absolument protéger ce système.
Puisqu'il est question des consommateurs, on peut se demander s'ils paient moins cher, étant donné que les importations de protéines laitières à bas prix entrent au pays. Malheureusement, la réponse est non; les consommateurs n'en profitent même pas.
Je peux reprendre l'exemple d'une des grandes batailles du Bloc québécois, à propos des huiles de beurre dans la crème glacée. Des importations d'huiles de beurre utilisées dans la fabrication de la crème glacée ont augmenté de 557 p. 100 entre 1997 et 2002. Cela a fait perdre plus d'un demi-milliard de dollars aux producteurs de lait du Québec seulement. Ce n'est pas rien, et le gouvernement de l'époque n'a rien fait pour empêcher les importations d'huiles de beurre qui viennent plutôt des États-Unis, contrairement aux protéines laitières, qui proviennent plutôt de l'Europe.
Il suffit d'aller au supermarché pour acheter de la bonne crème glacée et de bien lire pour en connaître les ingrédients. Si la crème glacée est fabriquée avec des substances laitières modifiées, on passe à côté du bon goût de la vraie crème glacée, qui devrait être faite avec de la crème. Il reste quelques compagnies québécoises, dont la Laiterie de Coaticook et la Laiterie Lamothe et Frères, qui font de l'excellente crème glacée avec de la crème, ce qui n'est malheureusement plus le cas de la majeure partie des crèmes glacées qu'on retrouve dans nos épiceries.
L'ironie dans tout cela, c'est que la crème glacée de la Laiterie Coaticook ou de la Laiterie Lamothe et Frères ne coûte pas plus cher que la crème glacée fabriquée avec des substances laitières modifiées. Par contre, j'ai vu l'autre jour à l'épicerie qu'une grande multinationale a décidé de jouer la carte du marketing et de proposer une crème glacée faite avec de la vraie crème. En plus de la vraie crème, on y trouve des substances laitières modifiées, mais il y a de la crème. On a ajouté cela sur le pot de crème glacée, mais croyez-le ou non, cette crème glacée coûte beaucoup plus cher que les autres crèmes glacées. C'est une plus-value pour cette multinationale et on s'en sert pour faire du marketing; en réalité, on pourrait très bien faire toute notre crème glacée avec de la bonne crème. Évidemment, nos producteurs laitiers et les consommateurs en sortiraient gagnants.
Les consommateurs sont de plus en plus conscients des enjeux.
Dans ce dossier des huiles de beurre, nous avons fait beaucoup de sensibilisation avec les producteurs laitiers.
Je sais qu'un peu partout au Québec, il y a récemment des producteurs laitiers qui ont visité les épiceries. Il ont donné des feuillets explicatifs aux gens pour les informer de ce qu'ils retrouvaient dans les produits laitiers, par exemple le fromage, le yaourt et la crème glacée. Les gens sont de plus en plus conscients et lisent de plus en plus les étiquettes.
Sauf que, comme je le disais plus tôt, avec les questions de marketing, on trouve toujours le moyen de moyenner, donc de contourner un peu la façon de faire les choses et, surtout, de présenter le produit. Ce faisant, les gens peuvent parfois être un peu confus en ce qui concerne les ingrédients. Toutefois, ils sont de plus en plus conscients quand même de ce qui se passe, et ce, même sur le plan international.
J'ai lu tout récemment un communiqué, daté du 12 juin, concernant les secteurs canadiens des produits laitiers, de la volaille et des oeufs. Ce sont les gens qui font partie de la gestion de l'offre au Canada. Dans le communiqué, on parle d'un sondage que l'on a commandé tout récemment à la firme Léger Marketing.
Ce sondage révèle que:
[...] 85 p. 100 des Canadiens et des Canadiennes conviennent que le gouvernement fédéral doit appuyer l'approche de la gestion de l'offre dans les secteurs du lait, de la volaille et des oeufs. [...] 98 p. 100 estiment qu'il importe de donner aux Canadiens accès à un approvisionnement stable d'aliments faits au Canada; 95 p. 100 des répondants conviennent que les fermes familiales sont un élément important de l'économie pour les collectivités rurales; et 83 p. 100 conviennent que la gestion de l'offre est une meilleure approche que les subventions financées par les contribuables pour assurer un niveau de vie convenable aux agriculteurs.
Ces chiffres sont intéressants. Cela démontre que les gens connaissent de plus en plus comment fonctionne notre système.
Je cite à nouveau à partir de ce communiqué:
Les industries canadiennes du lait de la volaille et des oeufs génèrent environ 7 milliards de dollars de recettes monétaires agricoles, engendrent une activité économique de plus de 39 milliards de dollars et emploient plusieurs centaines de milliers de Canadiens dans l'ensemble du pays.
Voilà pour ces statistiques fort intéressantes. Comme je vous le disais plus tôt, c'est un communiqué très récent, daté du 12 juin, en fait d'aujourd'hui même. Voilà donc pour les consommateurs.
Le dossier des importations des protéines laitières a aussi généré plusieurs appuis aux producteurs laitiers du Québec et du Canada. L'Assemblée nationale du Québec a adopté, en avril 2005, une motion d'appui aux producteurs de lait du Québec dans leur bataille en vue d'un contrôle adéquat des importations d'ingrédients laitiers. C'est une motion unanime de l'Assemblée nationale du Québec. Je lisais même, il y a quelques mois, dans le journal La Terre de chez nous, que le ministre de l'Agriculture du Québec demandait au gouvernement fédéral d'agir également dans ce dossier.
En mai de la même année, les producteurs laitiers avaient distribué des poches de lait en poudre au premier ministre de l'époque. Les députés du Bloc québécois, dont je faisais partie, sont aussi aller déposer des poches de lait au bureau du ministre de l'Agriculture. On avait même monté un mur de poches de lait à Montréal. Cela était symbolique et voulait dire que ces poches de lait en poudre ne valaient plus rien en raison des importations de plus en plus importantes de protéines laitières.
Évidemment, à ce moment-là, on demandait déjà l'utilisation de l'article XXVIII du GATT pour limiter les importations de protéines laitières. Ce n'est donc pas d'hier que ce dossier traîne en longueur. Cependant, la décision de janvier dernier du Tribunal canadien du commerce extérieur est venu placer la situation dans une urgence encore plus « urgente », si je puis m'exprimer ainsi.
Parmi les autres appuis, il y a aussi 63 entreprises de transformation laitière. Finalement, 75 p. 100 des entreprises de transformation du Québec, dont la coopérative Agropur qui transforme plus de la moitié du lait, appuient les producteurs laitiers dans leurs démarches. D'ailleurs, mon collègue d'Abitibi—Témiscamingue m'a donné une lettre de la COOP Amos qui est un transformateur de cette région. Je me permets de citer une partie de la lettre. Je vais expliquer un peu pourquoi même les transformateurs appuient les producteurs laitiers dans cette situation:
[...] nous désirons par la présente vous faire part que notre Coopérative appuie sans réserve la cause de nos producteurs qui se battent actuellement pour le rétablissement d'une tarification qui inciterait nos transformateurs à utiliser d'abord et avant tout la protéine produite par nos gens d'ici.
Étant donné que cela touche directement les revenus nets à la ferme et, par conséquent, le pouvoir d'achat de nos principaux clients, vous comprendrez que nous subissons à notre tour en tant que fournisseur d'intrants les contrecoups d'une telle pratique.
Cela est très explicite. Je souhaite que le Parlement se penche sérieusement sur cette question. Nous devons absolument protéger le système de la gestion de l'offre. Comme je l'ai mentionné plus tôt, un des piliers de la gestion de l'offre est la limitation des importations. Voilà ce qu'on demande au gouvernement de faire aujourd'hui.
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Monsieur le Président, je suis heureux de pouvoir me prononcer sur cette motion à la Chambre des communes.
Tout d'abord, j'aimerais réitérer les propos du ministre de l'Agriculture et de l'Agroalimentaire, qui a souligné le soutien ferme et indéfectible que le présent gouvernement accorde à la gestion de l'offre.
Le système a bien desservi les producteurs et les transformateurs laitiers pendant de nombreuses années et continuera encore de le faire.
Voilà le vif du sujet, c'est-à-dire le soutien de la gestion de l'offre et la meilleure marche à suivre en ce sens.
La défense de la gestion de l'offre représente une priorité pour le présent gouvernement. Pourquoi? Parce que la gestion de l'offre représente une démarche appropriée et efficace pour la production agricole.
Non seulement la gestion de l'offre permet-elle aux producteurs d'obtenir un rendement raisonnable sur le marché, mais elle assure également aux consommateurs une qualité et un approvisionnement sûrs. La gestion de l'offre constitue aussi, pour tous les intervenants de la chaîne de valeur, un moyen qui leur permet de collaborer pour réaliser des gains communs.
Il a été démontré, au fil des ans, que la gestion de l'offre permet d'atteindre les objectifs fixés. Bien sûr, elle a évolué et s'est renforcée avec le temps afin de soutenir les intérêts des producteurs et des consommateurs.
La gestion de l'offre a été le choix des producteurs laitiers, de volaille et d'oeufs, et je peux affirmer que c'est également le choix que le Canada continuera à soutenir fermement.
Abordons maintenant les mesures que nous avons prises.
Cela étant dit, le gouvernement actuel est pleinement conscient des préoccupations qu'éprouvent les producteurs laitiers du Canada au sujet de l'importation de concentrés protéiques de lait. Voilà pourquoi cette question est une grande priorité du gouvernement.
Le gouvernement a pris des mesures pour faire en sorte que les importations de concentrés de lait renfermant jusqu'à 85 p. 100 de protéines soient visées par des contingents tarifaires.
Pour ce qui est des concentrés renfermant plus de 85 p. 100 de protéines, nous surveillons la situation de très près. Jusqu'à présent, rien ne laisse présager qu'une hausse des importations aura lieu dans cette catégorie.
De plus, le présent gouvernement croit fermement qu'il faut donner suite à cette question dans un esprit de collaboration, et non d'affrontement.
Voilà pourquoi le ministre a invité les dirigeants sectoriels à former un groupe de travail où tous les intervenants de l'industrie peuvent se réunir et envisager non seulement les questions précises qui touchent les concentrés protéiques de lait, mais aussi la perspective à long terme en vue de relancer la croissance du secteur laitier.
Les enjeux et défis auxquels est confrontée l'industrie laitière du Canada ne peuvent être relevés que si les producteurs et les transformateurs travaillent en étroite collaboration.
Pour ce faire, les dirigeants des Producteurs laitiers du Canada et de l'Association des transformateurs laitiers du Canada ont accepté l'invitation du ministre. Ils ont engagé la discussion en vue d'élaborer des positions communes pour répondre à ces questions et relancer la croissance du secteur laitier.
Le ministre a confié au groupe de travail les mandats suivants: élaborer une stratégie favorisant la croissance du secteur; formuler des positions communes touchant les normes d'utilisation du lait et des ingrédients; aborder les questions de l'établissement des prix et de la rentabilité; déterminer comment l'industrie et le gouvernement peuvent conjuguer leurs efforts en vue de dresser des plans qui leur permettront de relever d'autres défis à l'avenir, y compris les répercussions que pourront avoir les négociations de l'OMC.
La concertation avec les producteurs et les transformateurs demeure la meilleure façon de régler ces problèmes et de nombreux autres.
Il ne fait aucun doute que des pressions considérables sont actuellement exercées sur l'industrie laitière du Canada. Les transformateurs entretiennent certaines préoccupations au sujet du marché stagnant ou décroissant des produits laitiers, de leur capacité à développer de nouveaux produits ainsi que des technologies propices au développement des marchés.
Les producteurs, quant à eux, se préoccupent de questions telles que les récentes réductions de quotas, l'importance des surplus de lait écrémé et les coûts associés, l'érosion des marchés intérieurs sous l'effet de l'importation de certains produits laitiers, de même que les pressions que subit actuellement le Canada dans les négociations de l'OMC.
En outre, les producteurs et les transformateurs s'inquiètent au sujet de la baisse continue de la consommation de lait ainsi que des problèmes causés par les prix et la rentabilité. Les concentrés protéiques du lait ne représentent qu'une des nombreuses difficultés auxquelles le secteur est confronté actuellement.
La meilleure manière, pour les deux parties, de s'attaquer aux difficultés du secteur, c'est de s'asseoir à la même table et de trouver des solutions réalistes. Cette avenue est de loin la plus souhaitable, car elle nous permettra de trouver des solutions qui conviennent aux deux parties. Il est préférable de régler nos différends intérieurs de cette manière plutôt que de porter la question des concentrés devant l'OMC.
Le gouvernement est bien conscient que l'industrie préconise un recours en vertu de l'article XXVIII du GATT, de façon à ce que le gouvernement puisse imposer un contingent tarifaire sur les concentrés protéiques du lait dont la concentration protéique est supérieure à 85 p. 100. Cette avenue comporte de sérieuses répercussions que nous devons peser de façon très prudente. Permettez-moi d'expliquer pourquoi.
Tout d'abord, un recours en vertu de l'article XXVIII pourrait nuire à la capacité du Canada de poursuivre ses grands objectifs commerciaux à l'OMC. Nous sommes rendus actuellement à un point névralgique dans les négociations du cycle de Doha. Autrement dit, dans une perspective stratégique, ce n'est pas le moment d'engager une procédure de cette nature.
Le gouvernement est d'avis que le Canada peut mieux se défendre et soutenir les intérêts des producteurs laitiers et, de fait, les intérêts de l'ensemble du secteur canadien de l'agriculture, en maintenant sa crédibilité et son influence lors des négociations.
Certains pays membres importants de l'OMC ont mis en garde le Canada contre un recours en vertu de l'article XXVIII à ce stade des négociations, à savoir qu'il pourrait sérieusement ébranler notre crédibilité et notre influence.
Si l'industrie fait front et travaille pour atteindre un objectif commun, elle pourra relever les défis communs plus efficacement. Pour ce faire, nous continuerons de travailler de près avec l'industrie, afin de régler la question des concentrés protéiques du lait. De manière plus générale, nous comptons aussi poursuivre la consultation auprès des secteurs soumis à la gestion de l'offre pour ce qui est de la participation du Canada aux négociations sur l'agriculture à l'OMC.
Ces négociations sur l'agriculture à l'OMC ont atteint un point névralgique à Genève. Le gouvernement continue de travailler en étroite collaboration avec les secteurs soumis à la gestion de l'offre ainsi qu'avec tous les secteurs à mesure que les négociations évoluent.
Je sais que les organismes soumis à la gestion de l'offre ont participé activement au processus, et je tiens à préciser que leur engagement ferme à cet égard est bien apprécié.
Ce genre de collaboration est important pour le Canada, et il importe aussi que les autres pays membres de l'OMC le voient.
Le ministre de l'Agriculture et de l'Agroalimentaire continue de travailler en étroite collaboration avec tous les intervenants du secteur de l'agroalimentaire, y compris les secteurs soumis à la gestion de l'offre, en échangeant de l'information et des analyses sur les principaux enjeux de façon à étoffer la stratégie de négociation du Canada.
Je tiens à vous assurer que cette étroite relation de travail sera maintenue au fur et à mesure que les négociations progresseront.
Le Canada croit fermement au bien-fondé du processus de l'OMC. Nous sommes confiants dans le processus et nous appuyons sans réserve notre équipe de négociation. Nous croyons que, par l'entremise de l'OMC, nous pourrons rendre les règles du jeu plus équitables à l'échelle internationale en éliminant les subventions à l'exportation, en réduisant considérablement les mesures de soutien interne qui faussent les échanges et en améliorant grandement l'accès aux marchés étrangers.
Nous sommes déterminés à défendre nos intérêts et à obtenir les meilleurs résultats possible à l'OMC pour l'ensemble du secteur canadien de l'agriculture.
En même temps, il est indéniable que les enjeux clés essentiels à la gestion de l'offre subissent des pressions considérables dans le cadre des négociations de l'OMC.
Il faut garder à l'esprit que les 148 autres pays membres de l'OMC sont prêts à accepter au moins une certaine réduction tarifaire et une certaine augmentation des contingents tarifaires pour tous les produits sensibles.
Nous avons déployé beaucoup d'efforts pour défendre les éléments que nous considérons importants pour notre système de gestion de l'offre, mais nous subissons des pressions énormes et aucun autre pays n'appuie notre position. Quoi qu'il en soit, nous continuerons à défendre vigoureusement nos intérêts. Nous devons aussi écarter l'idée d'abandonner ou de simplement nous retirer du processus de l'OMC.
Le Canada ne se retirera pas des négociations, comme le ministre l'a clairement laissé entendre. Nous devons nous asseoir à la table afin de négocier un accord qui soit bénéfique pour nos secteurs tributaires des exportations et afin de défendre nos secteurs soumis à la gestion de l'offre.
La seconde raison pour laquelle je m'oppose au recours à l'article XXVIII du GATT auprès de l'OMC, est qu'un tel recours ne serait pas efficace pour mettre fin aux importations de concentrés protéiques venant des États-Unis et du Mexique. En fait, les importations seraient autorisées par l'ALENA et on craint précisément qu'elles se poursuivent. Cependant elles ne viendraient plus des pays d'outre-mer, mais bien de nos voisins du Sud.
Au moins deux usines importantes des États-Unis fabriquent les concentrés protéiques. Celles-ci pourraient facilement combler le vide créé par l'absence d'importations de la Nouvelle-Zélande et de l'Europe.
L'autre risque, si le Canada décidait tout simplement de mettre fin à ces importations de tous ses partenaires commerciaux, prendrait vraisemblablement la forme d'une contestation commerciale de la part des États-Unis. Or nous savons tous à quel point les Américains apprécient notre système de gestion de l'offre. Non seulement pourraient-ils contester cette question particulière, mais ils pourraient profiter de l'occasion pour relancer d'anciennes batailles que nous avons remportées. Cela pourrait entraîner plus de risques pour l'ensemble du secteur soumis à la gestion de l'offre. Voilà pourquoi le ministre a conseillé de jouer serré dans ce dossier.
En conclusion, qu'on me permette de préciser que le gouvernement est convaincu que la meilleure solution est que le groupe de travail se concerte et formule les éléments nécessaires pour contribuer à la solidité future du système de la gestion de l'offre et du secteur laitier, et pour garantir un secteur de l'agriculture plus sain et plus stable.
Nous avons bon espoir que le groupe de travail puisse formuler des solutions pratiques qui permettront d'éviter les dangers et les risques auxquels nous nous exposerions si nous présentions cette question à l'OMC.
Les meilleures solutions à ces défis seront celles que formuleront ensemble les producteurs et les transformateurs laitiers. Le groupe de travail représente l'organe tout indiqué pour arriver à des solutions qui soient acceptables pour tous les partis.
Nous serons très heureux de prendre connaissance du résultat de leur travail dans un proche avenir.
Finalement, l'essentiel de la gestion de l'offre, d'un point de vue historique aussi bien que de la perspective de la conjoncture actuelle, c'est la collaboration de tous les maillons de la chaîne de valeur, notamment les producteurs et les transformateurs, qui travaillent ensemble pour offrir aux consommateurs des produits de grande qualité.
C'est grâce à cet esprit de collaboration que la gestion de l'offre fonctionne bien. À mon avis, ce même esprit animera le groupe de travail dans la formulation de solutions réalistes, de façon à servir les intérêts de tous les intervenants du secteur.
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Monsieur le Président, je suis heureux de participer au débat sur la motion du député du Bloc québécois. Cette motion exhorte le gouvernement à se rallier aux partis d'opposition et à soutenir les producteurs soumis à la gestion de l'offre.
Je suis vraiment stupéfait de voir le gouvernement adopter une approche différente de celle qu'il prônait en période électorale. Voici ce que disait le programme électoral des conservateurs à propos de la gestion de l'offre:
Un gouvernement conservateur:
assurera la viabilité des industries agricoles qui fonctionnent selon la gestion des approvisionnements.
Cela semble bien beau. Le programme disait ensuite:
Le Canada a besoin d’une planification de la production efficiente, d’un rendement aux producteurs axé sur le marché et de prévisions fiables sur les importations pour exploiter le système de gestion des approvisionnements.
Or, voici ce qui est inquiétant. Il existe un autre document du Parti conservateur, signé par l'actuel premier ministre et l'actuel ministre des Affaires étrangères en février 2004. On peut y lire:
Un gouvernement conservateur assurera que tout accord influençant la gestion des approvisionnements assure à nos producteurs l’accès aux marchés étrangers, et qu’il y aura une période de transition suffisante vers l’établissement d’un environnement axé sur le marché.
Cette position s'éloigne de la protection du système de la gestion de l'offre et de son fonctionnement. Elle laisse entendre que les conservateurs se tourneraient vers un système de commercialisation assujetti au marché libre et prévoiraient une période de transition pour que les producteurs soumis à la gestion de l'offre sachent quoi faire. En bout de ligne, les producteurs fonctionneraient selon un système de commercialisation assujetti au marché libre et seraient à la merci des multinationales, comme bien d'autres secteurs le sont en ce moment. Voilà pourquoi ces secteurs traversent une période difficile.
Cette déclaration minera et détruira la gestion de l'offre. Ni le premier ministre ni le ministre des Affaires étrangères n'ont renié cette déclaration. Voici l'occasion pour les députés d'en face, pour le ministre de l'Agriculture et de l'Agroalimentaire ou pour son secrétaire parlementaire, de le faire aujourd'hui. Nous verrons s'ils le feront. Nous leur donnons la chance d'énoncer clairement la position du Parti conservateur du Canada par rapport à la gestion de l'offre.
En ce qui concerne la gestion de l'offre, le système a découlé du fait que le gouvernement et les organisations agricoles ont compris que pour stabiliser l'industrie canadienne, pour assurer la sécurité des approvisionnements et la qualité, et pour offrir les conditions grâce auxquelles le producteur primaire pourrait avoir un revenu adéquat, la meilleure solution résiderait dans un système de régulation de l'offre en fonction de la demande. En d'autres termes, grâce au système canadien de gestion de l'offre de lait, on détermine ce que sera la demande du marché et on produit en fonction de la demande.
C'est pourquoi ce débat est si important. Comme je l'ai dit plus tôt, nous permettons l'importation de 6 p. 100 de nos besoins laitiers. On en tient compte. Les adversaires de la gestion de l'offre disent que c'est un système qui est tout à fait protectionniste. Nous permettons l'importation de 6 p. 100 de nos besoins laitiers, alors que les Américains ne permettent que 2,75 p. 100 des leurs. Le Canada est beaucoup plus ouvert dans le secteur laitier que les Américains et encore beaucoup plus ouvert que les Européens à cet égard.
Cependant, en ce qui concerne la motion dont nous sommes saisis, les protéines de lait pouvant entrer au Canada par d'autres voies, dans l'industrie, nous ne pouvons vraiment savoir à quel point ce marché peut être affecté ou quelles quantités de produits devront être écoulées sous forme de lait écrémé en poudre. Cela menace le système de gestion de l'offre.
C'est pourquoi cette motion, qui vient appuyer le rapport présenté par le comité l'autre jour, est si importante.
Pour ce qui est de permettre à cette situation de se poursuivre, revenons à la raison d'être de la gestion de l'offre au départ. Nous n'étions pas avancés sur le plan technologique à l'époque. Le lait était du lait. Le système de contingents était fondamentalement basé sur la matière grasse. Or nous avons maintenant la technologie voulue pour séparer le lait en divers éléments. L'industrie le divise en divers éléments et ingrédients. On viole l'objectif du système, car le lait est importé et transformé fondamentalement en fromage, en crème glacée ou je ne sais quoi. Cela a des répercussions sur l'intention initiale du système de gestion de l'offre.
Fondamentalement, nous devrions présenter le système au reste du monde comme une politique de développement rural. C'est un système qui est sensé pour des produits sensibles comme tous les pays en ont. C'est un système qui offre un rendement raisonnable aux producteurs efficaces et un produit de haute qualité aux consommateurs, à des prix raisonnables. Examinons nos prix pour les produits laitiers au Canada. Parfois, ils sont un peu plus élevés qu'aux États-Unis, mais en moyenne, ils sont inférieurs. Ainsi, nos producteurs sont en mesure d'investir dans leur industrie, car ils savent que, s'ils sont efficaces, ils vont avoir un rendement raisonnable.
Comment se fait-il que le cheptel reproducteur laitier du Canada est parmi les plus réputés au monde? C'est parce que, depuis des décennies, les producteurs laitiers ont été en mesure d'investir dans la génétique et dans le cheptel reproducteur pour constituer leurs troupeaux. Ils savaient qu'ils pourraient s'attendre à des rendements raisonnables de la vente de leur lait et, par conséquent, nous avons pu constituer un cheptel reproducteur dont la qualité génétique est à peu près sans égale dans le monde. Ce cheptel est en demande.
Il existe à l'heure actuelle un problème par rapport aux États-Unis, à savoir que ce pays n'accepte pas les bovins âgés de plus de 30 mois. Le gouvernement n'a pas du tout été capable de régler le problème. Les agriculteurs souffrent de cette limitation de l'accès au marché des États-Unis.
Pour ce qui est de la vache folle, les Américains ont déclaré depuis longtemps qu'ils allaient respecter les données scientifiques. Cependant, un autre animal atteint de cette maladie a été trouvé en Colombie-Britannique, tout comme on en a trouvé d'autres également aux États-Unis. Le congrès a alors exercé certaines pressions sur le gouvernement, de sorte que ce dernier va à l'encontre de l'accord de base selon lequel il allait permettre l'entrée des bovins âgés de plus de 30 mois à compter de juin. Par conséquent, les producteurs de lait, de bovins de boucherie et d'animaux reproducteurs souffrent à nouveau et le gouvernement ne fait rien du tout, de peur de mécontenter son bon ami, George Bush. Ceux qui souffrent, ce sont les producteurs.
Quelle est l'importance du secteur sous gestion de l'offre? La gestion de l'offre engendre des recettes d'exploitation agricole d'une valeur supérieure à 7 milliards de dollars, ce qui représente 20 p. 100 des recettes totales du secteur agricole canadien. Âgés en moyenne de 47 ans, les producteurs de lait, de volaille et d'oeufs peuvent envisager un avenir qui leur permet d'élever leur famille et de gagner leur vie dans les régions rurales du Canada.
La stabilité que procure la gestion de l'offre permet aux producteurs ayant de jeunes familles de participer au développement rural. Les producteurs canadiens de lait, de volaille et d'oeufs utilisent des aliments du bétail d'une valeur de plus de 3,1 milliards de dollars par année. Le lait, les poulets, dindons et oeufs produits au Canada assurent des emplois dans plus de 1 100 usines de transformation.
Rappelons que les pressions qui proviennent de nos partenaires commerciaux visent à faire en sorte que le Canada se distancie de plus en plus de structures institutionnelles qui ont été avantageuses pour les consommateurs et les producteurs pour en embrasser d'autres qui vont dans le sens d'un commerce sans entraves. Nous avons pu constater au cours des dernières années combien notre gouvernement a dû verser pour les secteurs où le commerce des marchandises se fait, dit-on, sans entraves, même si c'est loin d'être le cas.
Le fait est que les producteurs canadiens sont concurrentiels et efficaces, mais ils ne peuvent faire concurrence aux trésors des États-Unis et de la Communauté européenne. Il est très difficile de faire concurrence aux lois commerciales qui permettent au Brésil, à l'Argentine et à d'autres pays d'être au bas de l'échelle en ce qui a trait aux salaires, aux normes environnementales et à la politique d'aménagement du territoire dans la production de leurs produits.
Tout le système de l'OMC doit être repensé, mais il faut aller au-delà de ce qui est sur la table actuellement parce que, si nous voulons vraiment des règles du jeu équitables, nous devons tenir compte de la main-d'oeuvre, des normes du travail, de la sécurité des travailleurs, de l'environnement et de l'utilisation du sol. Si nous avions cela et que nous n'avions pas la concurrence de produits subventionnés par certains de nos partenaires commerciaux, il est certain que les producteurs canadiens seraient bons premiers.
Des sondages récents menés auprès des Canadiens révèlent que près de 90 p. 100 des répondants croient que nous devrions produire des aliments chez nous pour satisfaire aux besoins de notre pays. Certains pensent que, en continuant d'appuyer la gestion de l'offre, le Canada empêche les importations et ferme l'accès aux marchés canadiens. Je veux dire quelques mots à ce sujet. L'argument selon lequel le Canada ne permet pas les importations dans les secteurs assujettis à la gestion de l'offre ne tient pas la route. Je sais que le gouvernement d'en face s'est laissé convaincre par cet argument. Il croit que la gestion de l'offre est une forme de protectionnisme.
Permettez-moi de vous faire part de certaines statistiques. Le Canada importe présentement 6 p. 100 des produits laitiers consommés ici, 5 p. 100 des oeufs et du dindon, 7,5 p. 100 du poulet et 21 p. 100 des oeufs d'incubation vendus. Comme je l'ai dit plus tôt, les États-Unis ne donnent que 2,75 p. 100 d'accès aux produits laitiers, et l'Europe un maigre 0,5 p. 100 pour la volaille. Quand on y pense un peu, si tous les pays ouvraient 5 p. 100 de leur marché comme nous le faisons, les échanges commerciaux à l'échelle internationale s'accroîtraient de 77,5 p. 100 pour le fromage, de 114 p. 100 pour le porc, de 152 p. 100 pour la volaille, de 50 p. 100 pour le blé et de 92 p. 100 pour le boeuf.
Le problème ne se situe pas au niveau du Canada et de son système de gestion des approvisionnements, comme certains le croient. Le problème est ailleurs. Cela démontre clairement que la position que l'ancien gouvernement avait adoptée en négociant la catégorie des produits sensibles était très sensée puisque d'autres pays ont également des produits sensibles.
Pour ce qui est du gouvernement conservateur, nous nous demandons franchement ce qu'il est en train de faire. Le secrétaire parlementaire a dit plus tôt aujourd'hui que les conservateurs tentent de ménager la chèvre et le chou. Ils essaient de faire croire qu'ils font quelque chose, alors qu'en réalité, ils ne font pas grand-chose.
Lorsqu'il a témoigné devant le Comité sénatorial de l'agriculture le 11 mai dernier, le président de l'Union des producteurs agricoles, M. Pellerin, a dit ce qui suit en ce qui a trait à la Commission canadienne du blé et à l'avenir de la gestion des approvisionnements:
Si on s'attaque à la Commission canadienne du blé, on finira par s'en prendre à ces comptoirs de vente centralisés. C'est l'objectif ultime des partisans du marché libre...
Je me permets de faire ce commentaire parce que nous savons très bien ce que tout cela signifie. Je crois que le secrétaire parlementaire a dit que le ministre de l'Agriculture doit comparaître demain devant le comité pour expliquer pourquoi il veut faire disparaître la Commission canadienne du blé. Voilà ce que tout cela signifie.
Les conservateurs parlent d'un système de commercialisation mixte, mais ce n'est pas possible si les ventes se font au moyen d'un guichet unique. Ou bien nous avons recours à un guichet unique, ou bien nous préférons autre chose. Si nous abandonnons le guichet unique, la Commission canadienne du blé n'aura pas la possibilité de maximiser le profit des producteurs primaires.
En réponse à une question posée à la Chambre sur la position du gouvernement relativement aux entreprises commerciales d'État, le ministre de l'Agriculture a donné une réponse très embrouillée et n'a pas précisé sa position véritable. Je le mentionne parce que, si le gouvernement est sincère à propos du système de gestion de l'offre, sur lequel porte la motion, il devrait manifester son appui sans équivoque pour la motion, puis nous verrions ce qui arriverait en fin de compte. Lorsqu'on se rappelle quelques-unes des autres positions du gouvernement, on le trouve plutôt ambivalent.
En outre, les consommateurs affichent constamment des inquiétudes sérieuses concernant la qualité de la nourriture. Une étude réalisée dernièrement pour Agriculture et Agroalimentaire Canada a permis de constater que 38 p. 100 des consommateurs s'inquiètent de la présence d'OGM dans les aliments et que 49 p. 100 d'entre eux s'inquiètent de la présence d'hormones. Au milieu des années 1990, l'industrie laitière s'est opposée à juste titre à une tentative de la société pharmaceutique Monsanto d'introduire l'hormone de croissance SBTR dans l'élevage des bovins laitiers en vue d'accroître la production de lait. Selon une enquête réalisée à l'époque, 34 p. 100 des consommateurs auraient réduit leur consommation de lait et de produits laitiers si cette hormone avait été introduite au Canada.
La stratégie préconisée consistait à accroître la production laitière, alors que nous n'avions pas besoin d'une telle augmentation. Nous étions parfaitement capables de répondre à la demande sur le marché intérieur. L'industrie laitière s'est opposée fermement à cette stratégie, tout comme nous l'avons fait, et elle a obtenu gain de cause, ce qui a empêché l'adoption d'un tel système. Voilà qui en dit long sur le genre d'appui dont bénéficie le système de gestion de l'offre.
En novembre 2005, l'appui à l'égard du système de gestion de l'offre s'est de nouveau manifesté avec l'adoption à l'unanimité par la Chambre des communes d'une motion exigeant le maintien du système actuel de gestion de l'offre au sein de l'OMC.
Dernièrement, dans une étude intitulée « Rethinking U.S. agriculture policy », publiée par le centre d'analyse de la politique agricole en 2003, un éminent spécialiste américain de l'économie agricole déclarait ce qui suit à la page 15:
Le rôle classique du gouvernement fédéral était de faire pour l'agriculture ce qu'il ne pouvait pas faire pour lui-même: gérer la capacité de production de manière à assurer des prix et des recettes stables. Les politiques de gestion de l'offre ont toujours empêché la surproduction chronique et la baisse des prix.
Cette affirmation montre bien que beaucoup de gens comprennent l'utilité du système de gestion de l'offre, qui empêche qu'on puisse manipuler les producteurs et les pays de façon à ce qu'ils se nuisent mutuellement. Ce système permet aux agriculteurs de gérer leur propre industrie en faisant en sorte que l'offre corresponde à la demande. Le système de gestion de l'offre est ainsi critiqué à l'OMC parce que les multinationales le désapprouvent. Elles préfèrent pouvoir manipuler, manoeuvrer et abuser, acheter bon marché et vendre à prix élevé.
Comme le gouvernement tergiverse sur cette motion et ne prend pas une position très ferme à l'OMC, je crains que cela ne crée des difficultés pour notre système de gestion de l'offre et que les plus grands perdants ne soient nos producteurs assujettis à ce système, et l'ensemble des Canadiens.
Si nous pouvions obtenir l'appui du gouvernement sur cette motion, nous n'aurions pas de garantie absolue qu'il tiendra bon à l'OMC au fil des discussions ni qu'il est absolument convaincu qu'il faut maintenir la gestion de l'offre, mais nous pourrions espérer qu'il progresse un petit peu dans la bonne direction.
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Monsieur le Président, je partagerai le temps dont je dispose avec le député de Thunder Bay—Rainy River. Pendant les dix prochaines minutes, j'expliquerai pourquoi nous devons, à mon sens, défendre les collectivités rurales et les agriculteurs qui bénéficient du système de gestion de l'offre.
Le débat arrive à point nommé étant donné que nous sommes en pleine négociations à l'OMC. Nous devons rester à la table. Je crois que tous les partis conviennent que nous ne pouvons pas abandonner le système de gestion de l'offre.
Il faut également admettre que les agriculteurs ont besoin d'un allié. S'ils n'ont pas le gouvernement de leur côté, vers qui pourraient-ils bien se tourner? Qui d'autre se bat pour eux? Nous savons que le volume des échanges du Canada dans le domaine agricole a doublé au cours des 13 dernières années. Ils sont passés d'une valeur de 12,5 milliards de dollars à environ 26 milliards de dollars. Qui s'est enrichi? Les multinationales, les grandes entreprises et les négociants en produits agricoles. Les agriculteurs n'ont vu qu'une très petite fraction de cet argent.
Lorsque des agriculteurs achètent continuellement aux prix de détail et vendent continuellement aux prix de gros, il est très difficile pour moi de comprendre pourquoi la société ne peut se rendre compte des raisons pour lesquelles les agriculteurs éprouvent des difficultés à l'heure actuelle. Le secteur à offre réglementée dépend de cette protection, mais je ne considère pas qu'il s'agit d'une protection supérieure à celle qu'on accorde à l'industrie automobile ou au secteur pharmaceutique. De nos jours, de nombreuses industries ne fabriquent tout simplement pas un produit si elles ne peuvent le vendre en réalisant un profit.
En général, les agriculteurs ne peuvent vendre leurs produits à profit. À l'intérieur du secteur soumis à la gestion de l'offre, ils peuvent obtenir un rendement qui leur garantit une certaine protection, car les coûts de production sont inclus.
Il est intéressant que nous parlions de cela aujourd'hui. Le secteur laitier a récemment terminé une étude qui montre qu'il en coûte moins de produire un litre de lait qu'il y a sept ans. Quelles autres industries de nos jours sont aussi efficientes, tirant plus de lait de chaque vache, obtenant des niveaux jamais vus de matières grasses butyriques, faisant des choses dont nous étions incapables au préalable sur le plan génétique notamment? C'est regrettable pour ceux qui ont développé ces caractéristiques génétiques chez leurs géniteurs. À ce stade-ci, ils sont incapables de vendre leurs géniteurs à cause de l'embargo imposé par les États-Unis.
Cependant, ces agriculteurs survivent quand même et sont très optimistes. Je pense qu'ils se demandent constamment si le gouvernement sera là pour les aider ou s'il y aura encore un secteur soumis à la gestion de l'offre une fois cette ronde de négociations terminée?
Nous savons qu'il y a beaucoup de pression du côté ministériel, de la part des partisans du libre-échange, de ceux qui croient que nous devrions vendre tous nos produits sous leur forme brute. On se fiche des exploitations agricoles, car il y aura toujours des agriculteurs et des gens qui produisent et qui, en fin de compte, rempliront les coffres de la grande entreprise.
J'aime à penser que nous sommes ici, quel que soit notre parti ou notre allégeance politique, pour défendre ces gens qui font des choses qu'ils jugent importantes, soit nourrir les Canadiens. Je suis un agriculteur et je représente une circonscription entièrement agricole. Nous avons non seulement un grand nombre de producteurs laitiers et avicoles, mais également des producteurs de grain et d'oléagineux, ainsi que d'autres produits.
Je ne suis pas ici pour défendre la gestion de l'offre aux dépens d'une autre industrie. Je veux simplement que mes électeurs et les gens de tout le pays sachent que certains députés comprennent l'agriculture.
J'ai posé beaucoup de questions aux gens que j'ai rencontrés quand j'ai parcouru le pays. Je leur ai demandé ce qui, d'après eux, est véritablement au coeur du problème. Les groupes de consommateurs ne m'ont pas dit qu'ils paient trop pour le lait ou les oeufs ou que les fermiers s'enrichissent aux dépens des consommateurs.
Les gens aujourd'hui ont le choix, car nous leur avons donné le choix. Certaines personnes achètent des produits biologiques. Ils peuvent trouver ce genre de produits sur les tablettes des grands magasins. Je pense qu'il est important que nous encouragions cette industrie. Certaines personnes veulent acheter du lait biologique, et nous en avons.
Afin de savoir comment nous devons nous orienter pour l'avenir, nous devons comprendre que nous avons la responsabilité de nourrir les Canadiens. Si nous voulons continuer de les nourrir, nous devons le faire de manière à ce que tout le monde sache grâce à qui ces produits sont disponibles.
Malgré nos différences, de temps en temps, quand il s'agit de principes politiques, il est important que nous, à la Chambre des communes, fassions front avec les Canadiens. Il est important que nous appuyions la motion voulant que, dans le cadre des négociations à l'OMC, nous recourrions à l'article 28. C'est quelque chose que nous hésitons à faire depuis longtemps, mais le temps presse et il nous faut agir rapidement. Nous devons faire en sorte que les agriculteurs de l'industrie laitière et de l'industrie de la volaille sachent que nous les appuyons. Nous devons protéger nos agriculteurs, surtout ceux qui travaillent dans les secteurs soumis à la gestion de l'offre.
J'encourage tout le monde à prendre note. Nous savons que la situation est grave. Nous savons que les huiles de beurre ont créé d'énormes problèmes dans la production de crème glacée au Canada. Maintenant, les suppléments de protéines laitières créent d'énormes problèmes dans la production de fromage. Ils remplacent le lait dans la production de ces denrées. Et tout ça, au nom des sacro-saints bénéfices.
J'encourage chacun d'entre nous à faire front commun dans ce dossier, qui est d'une importance critique pour le secteur soumis à la gestion de l'offre.
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Monsieur le Président, ce débat est très intéressant parce que non seulement il présente l'industrie laitière comme étant le point en cause, mais il va au-delà des discussions entre producteurs et consommateurs pour déterminer si les biscuits au beurre devraient obligatoirement contenir du beurre et si on devrait exiger que certains fromage soient décrits comme étant des produits similaires au fromage, le lait comme étant du quasi-lait et la crème glacée comme étant de la quasi crème glacée.
Dans ma circonscription, la Fédération de l'agriculture de Thunder Bay a présenté plusieurs pétitions et documents soulignant la diminution de 2,65 p. 100 des quotas de lait et la maigre augmentation de 0,015 p. 100 du prix du lait. On continue de s'attendre à ce que les membres de la Fédération acceptent ces négociations faites à un niveau international, dans une ville éloignée, et à ce qu'ils les intègrent ici même dans les fermes.
Plusieurs autres intervenants et représentants du gouvernement étaient présents au Comité de l'agriculture et ils ont entendu cette histoire. Il s'agit en fait de déterminer quelle pourrait être l'utilisation des concentrés protéiques du lait et quelles répercussions cela pourrait avoir au quotidien. On parle d'une perte d'environ 2 millions de dollars pour notre industrie laitière. On ne pourra soutenir ce rythme bien longtemps.
Les députés doivent savoir que ces personnes qui viennent nous voir ne sont pas des manifestants mal informés. Leurs récriminations s'appuient sur des faits probants. Ces gens se soucient profondément de l'avenir de notre pays, qui procure de bons aliments et de bons produits aux Canadiens. Chaque fois que des concentrés protéiques du lait remplacent 2,6 tonnes de poudre de lait écrémé, on remarque immédiatement des répercussions très concrètes. Trouvons-nous maintenant que les importations de concentrés protéiques du lait constituent un genre de point de rupture pour la gestion de l'offre? Allons-nous continuer de faire comme s'il n'y avait pas de problème ou allons-nous réagir?
Je pense que la motion dont nous sommes saisis représente un élément déclencheur, l'occasion de montrer au milieu agricole que nous réagissons directement et de manière compatissante et que nous prenons très au sérieux son message. Si ces importations persistent, le jour viendra où la structure du prix du lait au Canada pourrait s'effondrer. C'est certain.
Lorsque les gens qui font des recherches à ce sujet et qui suivent l'évolution de la situation de jour en jour, voire d'heure en heure, viennent nous parler de cette question, je suis certain qu'ils s'inquiètent. Par conséquent, il est de notre devoir de réagir en tant que représentants élus. Le Comité de l'agriculture, après avoir entendu ces exposés, a décidé au terme d'un vote de saisir la Chambre de la question, car elle est devenue préoccupante.
Quelqu'un a posé une question tout à l'heure à propos des autres secteurs de l'industrie. Le comité a décidé d'appuyer les producteurs laitiers. Cela donnera du poids à leurs arguments dans le cadre de leurs discussions et négociations avec d'autres segments de l'industrie, y compris les consommateurs. Ainsi, ils connaîtront l'état actuel de l'industrie.
Vu la conjoncture actuelle, il ne faut en aucun cas que la position du gouvernement soit affaiblie. Malheureusement, les conservateurs qui siègent au comité ont voté à l'encontre de la gestion de l'offre et des producteurs laitiers. C'est le message que m'envoient les agriculteurs. Les quatre partis de la Chambre signalent leur désir de remédier au problème d'une façon non partisane, et je suis tout disposé à me rallier à eux.
J'ai entendu des critiques sans fondement, dans lesquelles on reproche au gouvernement tous les péchés du monde. Après six mois, les gens nous demandent où sont les remèdes miracles que nous promettions depuis des années, car ceux-ci se font attendre. Ce n'est pas une question simple. Elle est complexe et difficile.
L'an dernier, le gouvernement précédent a établi des paiements records pour l'agriculture. Les agriculteurs savent ce qui a été fait pour eux l'an dernier. Lorsque le gouvernement actuel fait une telle affirmation, il perd toute crédibilité. Ce qui se passe est remarquable. Nous ne pouvons pas faire accroire des choses aux agriculteurs. Ils le ressentent au quotidien et ils comprennent immédiatement les incidences de ces décisions.
Lorsque nous avons à nouveau exercé des pressions sur le Comité de l'agriculture afin que soient débloqués les fonds pour les producteurs de céréales et d'oléagineux, plus tôt ce printemps, le ministre a osé dire que les fonds débloqués l'an dernier par le ministre précédent avaient déjà donné l'aide de dépannage aujourd'hui réclamée. Les agriculteurs savent très bien ce qui se passe; ces gens-là ne vont pas se laisser berner.
Nous devons bien comprendre que lorsque d'aucuns s'interrogent sur un organisme comme la Commission canadienne du blé au même moment où on soulève le cas des préoccupations des producteurs laitiers, ceux-ci se demandent ce qui se passe. Le gouvernement affirme soutenir la gestion de l'offre. Alors, pourquoi ne prend-il pas sa défense avec opiniâtreté? Il dit être en faveur de la Commission canadienne du blé. Alors, pourquoi y a-t-il un projet de loi d'initiative parlementaire qui la détruirait?
On nous appelle de partout au pays. Il est frappant de voir que des gens de tellement de provinces m'ont appelé, alors que je suis de Thunder Bay—Rainy River, au coeur du Canada. C'est intéressant d'être le destinataire de ces communications, mais on entre en contact avec moi avant tout parce que je suis membre du Comité de l'agriculture. Je suis impressionné par le degré élevé de sensibilisation à cette question et de sa compréhension, avec toutes ses complexités, dans les collectivités rurales.
Les agriculteurs savent, en ce moment même, qui va vraiment les soutenir. Donc, lorsque des députés nous demandent de dire « non, n'allons pas importuner nos voisins américains qui inondent notre secteur laitier en ce moment », les producteurs laitiers sont perplexes. Dans une large mesure, ils attendent de voir ce qui va se passer, mais je sais qu'une colère froide monte et qu'ils se sentent trompés par les députés qu'ils avaient théoriquement appuyés aux dernières élections, car ces derniers les laissent maintenant tomber.
Lorsque je discute directement avec ces personnes, que ce soit à mon bureau de circonscription, chez elles ou encore lors des réunions de la fédération agricole de Rainy River, dans l'ouest de ma circonscription, je me rends compte qu'elles suivent l'évolution du prix du lait à la minute. Elles connaissent les répercussions de chaque aspect des lois et ce qu'elles peuvent faire en retour. Elles savent combien de tonnes s'en viennent et quelle incidence cela aura sur elles au quotidien, pendant qu'elles s'efforcent de produire un aliment de qualité pour les Canadiens.
Chacun d'entre nous a le devoir d'agir et de rendre des comptes aux agriculteurs. Au Comité de l'agriculture, j'ai posé une question aux personnes qui nous ont représentés à Genève ainsi que lors des autres pourparlers commerciaux qui ont eu lieu ailleurs dans le monde. Je leur ai demandé si, outre leur mission en matière de commerce international, elles croyaient réellement qu'appuyer le secteur canadien de l'agriculture était la principale raison pour laquelle elles allaient négocier, et si elles comptaient représenter les agriculteurs avec passion et détermination.
Ce n'était pas seulement théorique. Nous voulions que nos représentants prennent à coeur les intérêts économiques de nos secteurs laitier et agricole. Nous voulions qu'ils croient en ces secteurs et qu'ils défendent la gestion de l'offre avec ferveur et passion.
:
Monsieur le Président, la principale question qui nous occupe aujourd'hui, c'est que les producteurs laitiers sont frappés durement par les importations de concentrés protéiques du lait. En fait, ces concentrés sont considérés comme des protéines et non comme des produits laitiers. À plus de 85 p. 100 de contenu protéique, il s'agit essentiellement de protéines. Or, les produits dont on parle sont constitués de protéines pures à 87,5 p. 100, ce qui leur permet de ne pas être frappés de droits de douane. Si le contenu en protéines était moins élevé, certains droits seraient imposés.
Le comité recommande que:
[...] tous les concentrés protéiques de lait, quelle que soit leur teneur en protéines, dans la ligne tarifaire 0404, où un contingent tarifaire a été négocié.
Un kilo d'un tel concentré protéique du lait, qui nous vient je crois de Nouvelle-Zélande et de l'Union européenne, équivaut à 2,5 kilos de concentré de lait. Cela signifie qu'il est plus efficace pour nos entreprises de transformation d'importer cette protéine, ce qui laisse à nos producteurs deux fois et demie plus de concentré de lait, mais ceux-ci ne savent pas trop quoi en faire. Je pense que c'est là l'essentiel de la question.
Cela m'encourage de voir que le ministre de l'Agriculture a demandé aux producteurs et aux transformateurs de se rencontrer pour essayer d'en arriver à une solution acceptable, qui serait à l'avantage des deux industries. Cependant, si nous permettons l'entrée au Canada d'une quantité illimitée de concentrés protéiques du lait, cela pourrait, à long terme, signifier la fin de notre système de gestion de l'offre.
[Français]
Le gouvernement dit qu'il veut protéger le système de gestion de l'offre. Il doit avoir des moyens et des solutions pour le faire. C'est notre identité comme nation qui est en jeu. Nous avons développé le système de gestion de l'offre et nous l'avons mis à l'oeuvre. C'est une partie du secteur agricole où les producteurs ont la possibilité quand même de gagner un peu d'argent. Si l'on ne le protège pas, on verra petit à petit la fin du système de gestion de l'offre.
J'ai observé le fait suivant. Il me semble que le Canada hésite parfois à protéger nos programmes spécifiques auprès de l'OMC et de l'ALENA. On nous dit qu'il ne faut pas créer de précédents, mais il est possible que nous soyons les seuls à tenter de ne pas créer de précédents. Il y a déjà des précédents. Il existe des gouvernements qui font tout leur possible pour protéger leur secteur agricole et surtout les producteurs. Tel est notre devoir.
[Traduction]
Si nous ne défendons pas les producteurs laitiers, nous déclencherons l'érosion progressive de la gestion de l'offre. Je suis une fois de plus encouragé par la position du gouvernement, qui souhaite protéger la gestion de l'offre. Si nous cédons aux pressions internationales et modifions le système ne serait-ce qu'un peu, qu'est-ce qui empêchera les autres pays de faire d'autres revendications? Qu'est-ce qui empêchera nos autres partenaires commerciaux, comme les Américains, de tenter de se débarrasser, par le truchement de l'OMC, de la Commission canadienne du blé, par exemple?
Tout changement à la Commission canadienne du blé devrait être apporté par les agriculteurs, non par les gouvernements — canadien ou autre — et encore moins par des organismes internationaux comme l'OMC.
Les trois gouvernements provinciaux de l'Ouest ont récemment affirmé que nous devons modifier la gestion de l'offre pour accroître notre accès au marché. Je viens justement d'assister à une réunion du Comité du commerce où on a parlé de l'accès au marché et de son incidence sur la gestion de l'offre. Ils veulent notamment que nous augmentions nos contingents tarifaires au-delà de leur taux actuel de 5 p. 100.
En augmentant nos contingents tarifaires, nous augmenterions apparemment notre accès au marché, et ce, malgré le fait que les gouvernements de l'Union européenne et des États-Unis subventionnent beaucoup leurs agriculteurs. Nous devrions convaincre les autres pays de porter leurs contingents tarifaires à 5 p. 100, taux sur lequel on s'était entendu au cycle de l'Uruguay. Dans l'Union européenne, par exemple, le contingent tarifaire pour le porc, qui appartient à la catégorie des produits sensibles, est de 0,5 p. 100.
Un tel taux n'aide pas nos producteurs de porc qui souhaitent exporter dans l'Union européenne. On nous demande en quelque sorte, si nous ne protégeons pas notre système de gestion de l'offre à l'Organisation mondiale du commerce, d'augmenter les quotas pour que d'autres pays exportent leurs produits au Canada sous prétexte que cela nous permettrait d'accéder à une plus grande part des marchés mondiaux. Je ne pense pas que les deux soient liés.
Nous parlons aujourd'hui d'une petite facette de la gestion de l'offre, d'un aspect de l'agriculture que les Canadiens ont mis sur pied. C'est un système qui fonctionne et qui permet aux gens de gagner de l'argent. Il est extrêmement important en l'occurrence de très bien faire nos devoirs avant de toucher au système.
Je veux insister sur le fait que nous pouvons nous battre devant l'OMC pour un meilleur accès aux marchés mondiaux, mais cela ne devrait pas se faire au détriment d'une partie de nos agriculteurs, soit ceux qui font partie du système de gestion de l'offre. Nous savons que l'agriculture est en crise et nous tentons de trouver différents moyens de la régler. Nous devons prendre des mesures pour redresser la situation.
Nous n'aiderons pas nos agriculteurs en sapant lentement un segment de notre agriculture qui fonctionne. Même si ce qui se passe à Genève peut nous sembler bien loin, la question des concentrés de protéines laitières pourrait bien faire boule de neige. Je crois que nous devons aborder la situation avec circonspection.
Je le répète, je suis encouragé par le ministre de l'Agriculture et par le fait que nous défendons ce système devant l'OMC. C'est un système qui fonctionne et qui ne coûte pas un sou aux contribuables. D'autres pays protègent farouchement leur agriculture.
[Français]
Notre position de départ devrait donc être forte. Notre pays a ses traits distinctifs, comme la gestion de l'offre et notre Commission canadienne du blé. C'est à nous de décider du sort de notre industrie agroalimentaire.
À mon avis, ce qui est le plus important, c'est que nous avons la responsabilité de protéger les producteurs du Québec et du Canada à tout prix. Tel est notre devoir.
Aujourd'hui, c'est le système de la gestion de l'offre qui est menacé. Demain, ce pourrait être la Commission canadienne du blé. Finalement, ce pourrait être notre identité canadienne.
[Traduction]
En nous tenant debout et en collaborant avec les producteurs primaires et avec nos amis de partout au pays, nous protégeons notre agriculture et notre mode de vie rural. Ce mode de vie est menacé, par l'entremise de l'Organisation mondiale du commerce, par des multinationales, qui sont à leur tour menacées par d'autres partenaires commerciaux, comme nos voisins du Sud qui voudraient que nous mettions fins à certains de nos programmes.
Nous avons donc le devoir de collaborer avec les producteurs et les entreprises de transformation pour protéger le système de gestion de l'offre en veillant à ce que les concentrés de protéines laitières ne nuisent pas à ces producteurs, surtout au Québec et en Ontario.
[Français]
Soyons forts, c'est notre devoir!
:
Monsieur le Président, je voudrais d'abord féliciter le député de Richmond—Arthabaska de son travail, d'avoir déposé cette motion en Chambre et surtout de m'avoir demandé d'appuyer celle-ci. C'est avec fierté que je le fais.
Contrairement à ce que soutenait tout à l'heure un député conservateur, c'est le bon moment de déposer cette motion. Depuis trop longtemps et à de trop nombreuses reprises, le gouvernement, tant celui formé précédemment par les libéraux que le gouvernement actuel des conservateurs, prétend qu'il est impossible de défendre le système de la gestion de l'offre, d'avoir de programme d'aide pour le secteur du vêtement et du textile, et d'utiliser des mesures de sauvegarde pour le vélo parce que ce n'est pas le bon moment. On prétexte qu'il se passe actuellement quelque chose à l'Organisation mondiale du commerce et qu'il ne faudrait pas frustrer nos partenaires commerciaux. Autrement, dit-on, le Canada serait mal perçu et cela affaiblirait notre position de négociation.
Examinons les faits. On n'a pas eu de plan d'aide pour le vêtement et le textile. La rencontre de Hong-Kong a été, au mieux, une poursuite des travaux. Il n'y a pas eu d'avancée majeure. Par contre, on a perdu énormément d'emplois dans ces secteurs et on continue d'en perdre. Or on n'a toujours pas de programme d'aide.
C'est la même chose dans le domaine du vélo. On ne veut pas indisposer la Chine et le Vietnam, donc on n'utilise pas de mesures de sauvegarde. On est prêts à sacrifier nos secteurs pour des soi-disant avancées sur le plan des accords commerciaux. On sait qu'à l'OMC actuellement, c'est bloqué non seulement en agriculture, mais aussi dans d'autres domaines. Quoi qu'il en soit, on dit que ce n'est pas encore le bon moment pour venir en aide à un secteur économique ou à un secteur d'emploi au Canada.
J'entends cet argument depuis que je suis ici: ce n'est jamais le bon moment pour déposer une motion visant à défendre qui que ce soit au Canada et au Québec.
Au contraire, l'adoption de cette motion, comme ce fut le cas le 22 novembre dernier, enverrait un message clair, au moment où le directeur général de l'Organisation mondiale du commerce, M. Pascal Lamy, parle d'une échéance pour en arriver à une entente en agriculture, échéance qui devrait être le 31 juillet.
Il est important que cette Chambre réaffirme son appui à la gestion de l'offre, en particulier dans un nouveau dossier. Évidemment, ce n'est pas directement la gestion de l'offre qui est en cause dans ce débat. Il est plutôt question d'une faiblesse dans l'appareil douanier canadien qui fait en sorte que les substituts de lait entrent sans aucune contrainte et viennent affaiblir la gestion de l'offre.
Si cette motion était adoptée par cette Chambre — je souhaite et je pense qu'elle le sera —, non seulement enverrait-on un message clair dans ce dossier très précis qu'est celui des protéines laitières, mais on enverrait aussi un message très clair à l'ensemble de la communauté internationale selon lequel le Canada tient à son système de la gestion de l'offre. Il y place à la négociation quant à différents aspects. Toutefois, quant aux piliers de ce système, aucun compromis n'est possible. On cherchera à trouver avec les autres des ajustements nécessaires.
Je rappelle que l'Organisation mondiale du commerce a pour responsabilité de discipliner les relations commerciales internationales. Elle n'a pas pour seule responsabilité de libéraliser à tous crins l'ensemble des relations commerciales. C'est vrai pour l'agriculture, pour la culture et pour d'autres domaines. À cet égard, on pense trop souvent — je sens que c'est le cas du côté du Parti conservateur — que l'adéquation est la suivante: l'Organisation mondiale du commerce égale libéralisation à outrance des échanges. Ce n'est pas cela. L'Organisation mondiale du commerce est là pour civiliser les échanges et s'assurer qu'en cas de différends, on est en mesure de les régler sans recourir à la loi du plus fort. Cela ne signifie pas qu'on doive nécessairement en arriver à des ententes qui libéralisent toujours plus le commerce. C'est particulièrement vrai dans le domaine de l'agriculture.
Évidemment, nous n'aurions pas tenu ce débat si, le 31 janvier dernier, la Cour fédérale n'avait pas confirmé la décision du Tribunal canadien du commerce extérieur ouvrant le marché canadien aux importations de concentrés protéiques laitiers. Comme on le sait, pour que la gestion de l'offre fonctionne, il faut que les importations soient soumises à un contrôle important. Évidemment, en vertu de ce système, on produit en fonction de la demande et on fixe des prix sur lesquels les transformateurs et les producteurs s'entendent et qui assurent un revenu adéquat aux producteurs agricoles. Cependant, pour qu'on puisse ajuster l'offre à la demande, il faut s'assurer qu'il n'y a pas d'invasion sur le marché canadien et québécois par la porte d'en arrière, par le biais d'importations étrangères.
Il y avait donc véritablement une faiblesse qui a d'ailleurs été dénoncée en cette Chambre à plusieurs reprises.
Nous savons très bien qu'avec les avancées technologiques, on est actuellement capable de fractionner les produits laitiers en plusieurs éléments. Évidement, au lieu d'importer du lait au Canada, on importe des protéines laitières. On peut importer du gras et l'on pourrait reconstituer totalement du lait à partir de toute une série de produits qui ne sont pas couverts actuellement par des lignes tarifaires.
Les producteurs laitiers avaient demandé, avec raison, que les concentrés de protéines laitières soient considérés comme des produits laitiers, au même titre que le lait et fassent l'objet de lignes tarifaires et de quotas. Cela n'a pas été le cas jusqu'à présent. À cet égard, je dois dire que le gouvernement fédéral a manqué à sa partie de contrat social, car — il faut bien le dire —, la gestion de l'offre est un contrat social, chacun ayant une partie de responsabilités à assumer.
Comme on le sait, lorsqu'il y a des surplus, les producteurs sont obligés de les assumer. Actuellement, compte tenu de l'absence de contingentement de quelque sorte que ce soit relativement aux protéines laitières, ces surplus sont de plus en plus importants et menacent véritablement la gestion de l'offre.
Par exemple, on nous dit que pour ce qui est de la fabrication des fromages, l'utilisation des concentrés de protéines laitières pourrait remplacer jusqu'à 25 p. 100 des protéines laitières canadiennes. On constate donc qu'il y aura un manque à gagner très important.
Je me souviens que, lors d'un débat précédent, on avait évalué que les importations de ce type causaient des pertes de 175 millions de dollars pour l'ensemble canadien et de quelque 70 millions de dollars pour les producteurs québécois.
Il y a un autre élément qu'il me semble important de souligner. Non seulement on vient affaiblir, par la porte arrière, le système de gestion de l'offre, mais, encore plus grave, on met en cause un modèle de développement sur le plan agricole. De fait, on ne pourra pas avoir de fermes à dimension humaine si ce système s'effondre. On en a exactement la preuve avec ce qui s'est produit en Australie et en Nouvelle-Zélande. Lorsque ces pays ont laissé tomber la réglementation qui existait — qui n'était pas tout à fait la gestion de l'offre, mais qui lui ressemblait énormément —, le nombre de fermes a diminué de façon très importante. Évidemment, seules les fermes à dimension industrielle ont été capables de se maintenir dans ce marché.
Par exemple, à compter de la déréglementation en 2000-2001, alors que le nombre de fermes se réduisait de 1 p. 100 à 2,4 p. 100 lors des années antérieures à la déréglementation, le taux de diminution du nombre de fermes laitières — et je parle toujours du cas de l'Australie —, est passé de 8,2 p. 100 à 6,7 p. 100, 3,6 p. 100, 9,8 p. 100 et 3,7 p. 100 pendant les cinq années qui ont suivi la déréglementation. On est passé de près de 14 000 fermes laitières en 1994-1995 à un petit peu plus que 9 000 en 2004-2005.
C'est donc un choix de société mis en cause par l'inertie du gouvernement fédéral. Cela était vrai dans le cas des libéraux et il semble, malheureusement, que ce soit encore vrai dans le cas des conservateurs.
Je constate évidemment, dans l'allocution de certains députés, que l'on ne peut pas dire que l'on va laisser tomber la gestion de l'offre. En effet, ils ont voté comme nous, à plusieurs reprises, en faveur du maintien de cette gestion de l'offre.
En campagne électorale, le premier ministre actuel s'est engagé à maintenir ce système. Comme je le mentionnais au début de mon intervention, on va dire tout simplement que ce n'est pas le bon moment. Toutefois, je crois qu'au contraire, c'est le bon moment. Il y a actuellement énormément de pression de la part de la direction de l'Organisation mondiale du commerce pour pousser sur l'ensemble des pays — cela est vrai pour le Canada, mais cela est aussi vrai pour l'Union européenne et pour les Américains —, afin d'en arriver à un accord, quel qu'il soit, avant le 31 juillet prochain.
À mon avis, l'adoption de cette motion se voudrait un signal très fort qu'enverrait l'ensemble des parlementaires que nous sommes à la communauté internationale, à savoir que l'on a un système qui fonctionne bien. Tout le monde en conviendra. On a un système qui nécessite un contrôle à la frontière, d'abord celui des quotas, ensuite celui des lignes tarifaires hors quotas, et l'on doit le maintenir parce que c'est notre modèle de développement sur le plan agricole.
Depuis quelques temps, j'entends certains parler d'isolement et cela me chicote et chatouille un peu les oreilles.
Le ministre de l'Agriculture et de l'Agroalimentaire, lorsqu'il a comparu devant un comité, alors qu'il répondait à une question posée par le député de Richmond—Arthabaska, a dit que nous étions isolés. Le sommes-nous tant que cela? Évidemment, sur le plan économique, on n'a pas les mêmes dimensions que l'Union européenne ou les États-Unis. Quand les Américains défendent le Farm Bill, sont-ils isolés? Non, ils cherchent à obtenir le mieux pour l'ensemble de leurs agriculteurs, comme nous le faisons en négociation. Quand l'Union européenne défend ses subventions et son soutien interne, dit-on que les Européens sont isolés? Non, on dit qu'ils défendent leur modèle de développement agricole qui est la Politique agricole commune, la PAC. Cela, c'est tout à fait normal.
Quand c'est le tour du Canada de défendre ses agriculteurs, alors c'est terrible, il semble que le Canada va s'isoler. Je pense qu'on joue sur les mots. On ne s'isole pas en voulant défendre l'agriculture et les producteurs agricoles, en particulier dans le cas du système de la gestion de l'offre. On fait tout simplement le travail qu'on a à faire en tant que gouvernement responsable. Dans ce cas-ci, on défend les intérêts nationaux pancanadiens. En effet, le Canada ne forme pas une nation, comme vous le savez, mais l'espace canadien est composé de plusieurs nations. Cependant, on défend ce qu'on a à défendre et on trouvera les compromis nécessaires. Toutefois, les compromissions ne sont pas acceptables.
Il semble qu'actuellement, le gouvernement conservateur refuse très clairement d'appuyer cette motion. C'est l'impression que j'ai. J'espère qu'au bout du processus, au terme du débat, les avis changeront de ce côté de la Chambre. Il me semble qu'il n'y a rien là qui puisse choquer qui que ce soit. Je vous lis la motion adoptée par le Comité permanent de l'agriculture et de l'agroalimentaire car je pense que c'est important.
1. Que, compte tenu du soutien de tous les partis à la gestion de l’offre, le gouvernement intervienne immédiatement afin de renforcer les mesures de contrôle des importations, qui sont un pilier important de la gestion de l’offre, en limitant les importations de concentrés protéiques de lait et de tout produit conçu spécifiquement pour contourner les règles de la gestion de l’offre.
Si on tient véritablement au système de la gestion de l'offre, on devrait s'entendre assez facilement.
2. Que le gouvernement adopte un règlement qui classerait tous les concentrés protéiques de lait, quelle que soit leur teneur en protéines, dans la ligne tarifaire 0404, où un contingent tarifaire a été négocié.
Je vous rappelle qu'à ma connaissance, les Américains utilisent ce procédé. Si le gouvernement ne veut pas faire cela et qu'il a le goût de mettre à contribution l'ensemble de la Chambre, fort bien. À ce moment-là, il faudrait une législation telle que décrite dans la troisième partie de la motion:
3. Que le gouvernement recoure, le cas échéant, à l’article XXVIII du GATT afin de plafonner les importations de concentrés protéiques de lait en engageant immédiatement des négociations avec ses partenaires commerciaux et en modifiant sa liste tarifaire par l’adoption d’une mesure législative au Parlement.
Il existe donc des options. C'est peut-être la volonté politique qui manque. Comme je le mentionnais tout à l'heure, on va probablement nous dire que ce n'est pas parce qu'on ne veut pas s'assurer que toutes les conditions soient réunies pour maintenir le système de la gestion de l'offre, mais parce que le moment n'est pas bon. Ceux d'entre nous qui ont fait de la négociation par le passé savent que c'est le bon moment d'envoyer le signal, sinon on va donner l'impression — comme on l'a fait dans le cas du bois d'oeuvre — qu'on est prêts à accepter une entente à rabais.
Les Américains l'ont très bien compris. Encore maintenant, on sait que des négociations se font à partir de l'entente cadre et on s'est donné une échéance. Il faudrait que cela soit réglé avant telle heure et telle date. C'est le Canada qui se donne cette échéance. Alors, qu'est-ce qui se passe? Les Américains attendent. Plus le moment approche, plus on s'« autopeluredebananise », comme le disait M. Parizeau, parce qu'on se crée soi-même de la pression. C'est exactement ce que nous sommes en train de faire en répétant que le Canada est isolé.
Il me semble important de rappeler un autre élément. Avant l'élection, le Bloc québécois avait organisé, ici à Ottawa, une rencontre de travail entre l'Union des producteurs agricoles et l'ensemble des représentants des ambassades et des consulats, pour expliquer ce qu'est la gestion de l'offre. En effet, certains ne comprennent pas ce que c'est. Ils pensent que c'est un système subventionné. Ils en ont entendu parler par les Américains — qui disaient que ce n'était pas très bon — ou par les Australiens ou les Néo-Zélandais.
Cependant, si on leur présentait les tenants et aboutissants de ce système, je suis convaincu que bon nombre de pays en voie de développement qui tiennent à avoir leur modèle d'agriculture pourraient y trouver une façon de se doter eux-mêmes d'un système qui permette d'avoir des fermes à dimensions humaines.
Bien sûr, ce qu'on nous dit, encore une fois, c'est que les Néo-Zélandais et les Australiens avaient des systèmes comparables, qu'ils les ont abandonnés et que cela a donné d'excellents résultats.
Je me permettrais de lire un tout petit extrait d'un document qui a été écrit par Daniel-Mercier Gouin, qui est un professeur d'économie à l'Université Laval. Il nous dit, dans la conclusion d'une de ses études sur la gestion de l'offre:
En ce sens, l’expérience néo-zélandaise peut aussi être riche d’enseignement. Dans ce dernier pays, la déréglementation du secteur du lait de consommation qui a été progressivement mise en oeuvre entre 1985 et 1993, et qui est totale depuis, ne semble pas, à première vue, avoir bénéficié au consommateur en ce qui concerne le niveau des prix [...]
On entend souvent pareil commentaire. De plus, M. Gouin nous dit:
Non seulement les prix à la consommation des produits laitiers y ont augmenté plus que partout ailleurs (Australie, États-Unis, Pays-Bas, France et Canada) sur une longue période, mais c’est pour le lait de consommation que la hausse est la plus drastique, puisqu’il atteint en 2002 plus de quatre fois son niveau de 1981.
Le consommateur ne sortirait donc pas gagnant d'une déréglementation.
Je sais que ce n'est pas la volonté du gouvernement conservateur de déréglementer, mais le fait de laisser entrer ces substituts, des protéines laitières, occasionne qu'on est en train de déréglementer ce secteur.
De plus, M. Gouin rajoutait:
Or, la déréglementation n’a pas non plus dans ce secteur profité aux producteurs laitiers néo-zélandais qui ont plutôt perdu le pouvoir de marché qu’ils détenaient grâce aux mécanismes de régulation qui géraient le prix à la production pour leurs livraisons de lait de consommation.
Qui donc en a profité? Les distributeurs. Ce ne sont pas les consommateurs.
On peut même revenir à un autre exemple canadien, sur lequel on a beaucoup débattu en cette Chambre. Durant la période de la crise de la vache folle, quand nous avons été contraints d'écouler des surplus de viande de « vaches de réforme », je n'ai jamais vu de baisse du prix du boeuf. Or chez moi, je fais l'épicerie. Il y a donc des personnes qui ont empoché des profits. Ce ne sont ni les producteurs agricoles ni les consommateurs, mais les intermédiaires.
Derrière cette volonté de déréglementer, il y a donc cette réalité que ce ne serait au profit ni des consommateurs ni des producteurs agricoles. Par conséquent, il me semble que notre responsabilité de parlementaires, c'est de défendre l'intérêt de la majorité des gens, c'est-à-dire les consommateurs et les producteurs agricoles. Pour y parvenir, non seulement faut-il dépasser les paroles, les voeux pieux à l'égard de la protection de la gestion de l'offre en vue de trouver le système valable, mais il faut poser les gestes adéquats. C'est vrai à l'OMC, c'est vrai ici au Canada, c'est vrai aussi en cette Chambre.
Il me semble que le gouvernement devrait très sérieusement répondre à la demande du comité et, comme je le mentionnais, analyser la possibilité, soit par voie réglementaire, de classifier à nouveau les concentrés de protéines dans la ligne tarifaire 0404, ou encore de venir en cette Chambre et de recourir à l'article XXVIII de l'OMC. C'est tout à fait permis, comme vous le savez. Comme le mentionnait d'ailleurs mon collègue de Richmond—Arthabaska plus tôt, un groupe spécial de l'ALENA s'est déjà penché sur la validité de cette démarche.
Sur le plan technique, il n'y a donc pas d'obstacle; c'est tout simplement une question de volonté politique. Les solutions existent. Je souhaite simplement que, du côté gouvernemental, on change un peu son discours.
Je terminerais en rappelant qu'il y a des sondages. Certains pourraient dire que d'évidence, les producteurs agricoles vont défendre leur système, puisqu'il leur permet d'avoir des revenus viables; c'est vrai aussi que les partis d'opposition appuieront cela, parce que 40 p. 100 des revenus agricoles du Québec découlent de la gestion de l'offre. C'est quand même, pour nous, un secteur non seulement important, mais aussi des gens ont confiance en nous et souhaitent qu'on les défende. Toutefois, un sondage réalisé du 15 au 21 mai 2006 par Léger Marketing auprès de 1 500 Canadiens révèle que la très grande majorité des gens sont favorables aux effets de la gestion de l'offre ou au système lui-même.
Je termine sur une donnée qui m'a fasciné. Cinquante pour cent des gens se sont montrés tout à fait favorable au maintien de la gestion de l'offre, tandis que 35 p. 100 ont répondu être assez favorables. Or on sait que la gestion de l'offre n'est pas toujours facile à comprendre, et puis, comme je vous le mentionnais, on devrait l'expliquer davantage. Alors imaginez-vous, si le gouvernement fédéral conservateur prenait le bâton de pèlerin pour aller expliquer, à la communauté internationale et à la population canadienne, les bienfaits de la gestion de l'offre, ces taux d'appui à la gestion de l'offre frôleraient sans difficulté les 90 p. 100.
:
Monsieur le Président, je suis très heureux de prendre la parole aujourd'hui sur cette motion et je remercie le député de Richmond—Arthabaska d'avoir amené cette question en Chambre.
En effet, je suis député d'un comté qui possède une industrie agricole importante, et particulièrement en production laitière. Dans toute la région de la côte sud: Montmagny, L'Islet, Kamouraska et Rivière-du-Loup, il y a une production laitière importante. Il y a aussi l'élevage de poulets et la production d'oeufs. La gestion de l'offre a permis de développer une économie stable et forte. C'est le plus grand stabilisateur de l'économie régionale qu'on ait chez nous. Cela a permis de développer un marché de quincaillerie et de faire que nos villages puissent continuer à vivre et à assurer une succession, même si cela est difficile en agriculture. C'est une pièce importante de l'économie.
Aujourd'hui, nous sommes saisis d'une reprise de ce que nous avons eu l'automne dernier. En effet, le Bloc québécois avait alors présenté une motion en Chambre pour s'assurer que nos négociateurs à la table des négociations, pendant et après la période électorale, allaient maintenir la protection du système de gestion de l'offre. Ils allaient faire en sorte que la position canadienne serait celle qui assurerait que le système de gestion de l'offre soit maintenu. Comme mon collègue de Joliette vient de le dire dans son allocution et durant la période des questions et commentaires, nous avons réussi à obtenir ce résultat. Nous avons obtenu l'unanimité de la Chambre sur cette question.
Jusqu'à maintenant, il y a une différence importante. En effet, nous allons probablement voter sur cette motion à la fin du débat. Nous terminerons bientôt les trois heures de débat prévues, puis nous aurons un vote. Lors de ce vote, j'invite tous les gens qui vivent dans les milieux agricoles des régions du Québec et du Canada à aller voir comment leur député votera. Ce sera un très bon test pour évaluer si les députés sont là pour représenter leur circonscription à Ottawa, ou s'ils sont devenus les défenseurs d'Ottawa dans leur circonscription.
Je connais des gens de ma région qui seront à l'écoute et qui surveilleront l'écran de télévision. Ils iront voir si effectivement le secrétaire parlementaire du ministre de l'Agriculture et de l'Agroalimentaire, par exemple, prendra la défense des agriculteurs de sa circonscription ou celle des négociateurs de la bureaucratie fédérale contre les agriculteurs. On verra lorsqu'il aura à rencontrer des syndicats de base ou les UPA régionales chez lui. On peut être sûr qu'une unanimité existe quant au fait de s'assurer que notre système sera protégé de façon adéquate.
Cette motion que le député de Richmond—Arthabaska a proposée et dont nous sommes saisis est aussi une motion qui a été adoptée par le comité parlementaire. Une majorité de députés du comité ont voté en sa faveur. En fait, à ce que je sache, les seuls qui s'y sont opposés sont les députés conservateurs. Ceux-ci ont adopté une autre position. Je ne sais pas exactement quels députés étaient présents. C'étaient peut-être davantage des députés de l'Ouest, ou peut-être des députés moins sensibles à la question de la gestion de l'offre et de la protection nécessaire au regard des produits dont il est question dans la motion.
Ici, tous les députés vont pouvoir voter. Nous serons tous suffisamment éclairés. Tous les députés conservateurs du Québec se prononceront sur cette motion, et je peux assurer que cela aura un impact important. En effet, non seulement ils iraient à l'encontre de la position voulue par tous les producteurs, mais aussi ils dilueraient le message de l'automne dernier. Si l'on vote contre cette motion, c'est dire qu'on peut peut-être diluer la gestion de l'offre, qu'on peut accepter d'ouvrir ce dossier.
On n'a pas à prendre une telle attitude dans la présente négociation. Il faut obtenir un avis clair de cette Chambre, un avis qui dira au gouvernement qu'un rapport de comité fut adopté par la Chambre, et qu'on veut maintenant que le gouvernement agisse en ce sens. C'est le résultat souhaité par le vote d'aujourd'hui.
Pour que les gens comprennent bien, mettons de côté toute la mécanique compliquée qu'il peut y avoir là-dedans. Des parties de la production laitière, des parties de la composition du produit, du lait, font actuellement l'objet d'importations importantes. C'est le résultat du fait qu'on n'a pas adopté les bonnes décisions par le passé. On a un outil qui s'appelle l'article XXVIII du GATT qui permet de corriger cette erreur. C'est le message qu'on envoie par la présente motion. Je lirai un extrait du rapport du comité parlementaire:
1. Que, compte tenu du soutien de tous les partis à la gestion de l’offre [...]
Vous voyez le lien. Je poursuis la lecture de la recommandation:
[...] le gouvernement intervienne immédiatement afin de renforcer les mesures de contrôle des importations, qui sont un pilier important de la gestion de l’offre, en limitant les importations de concentrés protéiques de lait et de tout produit conçu spécifiquement pour contourner les règles de la gestion de l’offre.
Lorsque les conservateurs ont voté contre cette motion en comité, était-ce parce qu'ils niaient la position de tous les partis quant à la gestion de l'offre? Était-ce parce qu'ils trouvaient que ce n'était pas si grave et que cela n'ouvrait rien d'important? Si telle était l'attitude adoptée, le débat qui a eu lieu aujourd'hui en cette Chambre a permis aux députés conservateurs de bien comprendre que l'attitude qu'ils ont adoptée en comité n'était pas la bonne. La situation doit être corrigée par le présent débat.
Je garde espoir, puisque l'automne dernier, lorsque nous avons voté à propos de la gestion de l'offre, en début de journée le Bloc québécois proposait sa motion, en cours de journée, les autres partis se sont ralliés et, finalement, nous avons obtenu l'unanimité, ce qui a permis de négocier avec une position ferme et solide et d'obtenir un résultat concret. C'est encore ce résultat que je souhaite obtenir aujourd'hui.
Il est important de comprendre que cela fait partie des responsabilités des gens qui vivent dans les régions urbaines autant que de celles des gens des milieux ruraux. En milieu rural, on produit le lait, on produit le poulet, on produit les oeufs. Finalement, la production permet d'avoir un système de prix qui soit raisonnable, acceptable et qui apporte un revenu suffisant aux agriculteurs et aux agricultrices.
Je fais appel à tous les représentants de cette Chambre, qu'ils représentent un comté urbain ou un comté rural. Il est important d'envoyer le message suivant au gouvernement: les gens ne souhaitent pas le point de vue des experts en négociation ou en bureaucratie. Les gens souhaitent plutôt que leurs élus votent dans le sens des intérêts des gens de leur circonscription. Que tous et chacun de nous, lorsque nous retournerons à la maison la fin de semaine prochaine, les gens de notre comté soient fiers du vote et du résultat de ce que nous aurons proposé et qu'ils puissent dire que la personne qu'ils ont élue s'est rendue en Chambre et a appuyé la position du Bloc québécois et la position du Comité permanent de l'agriculture et de l'agroalimentaire pour fermer la porte à des importations de matières qui viennent déstabiliser le marché du lait.
Tout le monde doit bien comprendre cela afin que nous puissions aller de l'avant avec une motion qui donnera les résultats escomptés. Notre message de l'automne dernier a été bien compris: nous voulions absolument que le système de gestion de l'offre soit protégé. Mais si nous allons dans le sens contraire et si le gouvernement et les députés conservateurs votent contre la motion, nous pouvons être certains que notre message d'aujourd'hui sera entendu aux tables de négociation. C'est presque comme si nous donnions suite à la visite de M. Pascal Lamy, directeur général de l'OMC. La semaine dernière, il est venu dire au gouvernement canadien, aux Québécois et aux Canadiens qu'ils devront accepter de jouer dans la gestion de l'offre. Le gouvernement semblerait dire à M. Lamy qu'à la suite de sa visite, il a décidé de l'écouter, qu'il accepte d'affaiblir sa position, qu'il ouvre la porte, et que la prochaine fois, il lâchera le morceau. Voilà le message que le gouvernement conservateur envoie. À mon avis, il ne faut absolument pas envoyer ce message afin d'éviter ce genre de situation.
Cela a un impact dans nos régions: les agriculteurs ont un peu moins de revenus. Des gens sont obligés de se disputer entre eux parce que les importations font diminuer le marché. Dans la situation difficile de l'agriculture, et après ce que nous avons vécu avec la crise de la vache folle, avec ce que nous vivons avec l'endettement et les hausses des taux d'intérêt, il s'agit d'un élément supplémentaire difficile.
La fin de semaine dernière, je suis allé discuter avec des gens, lors d'un souper en milieu agricole. J'ai eu une discussion enflammée avec des gens qui, d'un côté, aimaient l'agriculture et y avaient consacré leur vie, et d'autres qui avaient consacré leur vie à l'agriculture et qui avaient trouvé cela très difficile. Ces derniers trouvaient que les conditions des agriculteurs n'étaient pas les plus souhaitables.
La semaine dernière, j'ai aussi fait une visite à l'exposition agricole de Montmagny. Lors de mes échanges avec les gens qui étaient présents, j'ai senti en eux la fierté d'avoir un milieu agricole fort et j'ai aussi senti la nécessité que leurs représentants à la Chambre des communes et à l'Assemblée nationale du Québec ainsi que tous les élus prennent la défense du monde agricole, et qu'ils s'assurerent surtout que les milieux régionaux sont en bonne santé financière. Lorsque l'agriculture commence à ne pas aller bien dans un milieu rural, une désorganisation du milieu en résulte.
Les gens quittent la région. Le milieu familial perd le contrôle de la ferme comme telle, et l'on se dirige de plus en plus vers une industrialisation de l'agriculture, alors que ce n'est pas nécessairement la voie à suivre.
Aujourd'hui, en déposant cette motion devant cette Chambre, le député de Richmond—Arthabaska a obtenu par son action la tenue d'un débat en cette Chambre. À la fin de l'intervention d'aujourd'hui, il y aura un vote. Je souhaite que les députés conservateurs auront pris le temps de lire le texte de la motion pour bien comprendre ce qui nous est soumis. Effectivement, il est très important qu'on ferme la porte à toute forme de dilution de la gestion de l'offre. C'est le premier test qu'on a à subir. J'invite les députés de cette Chambre à voter en faveur de cette deuxième motion présentée par le Bloc en moins d'un an à ce sujet.
Ce sera nous qui aurons présenté ici, à la Chambre, une motion essentielle au développement et au maintien d'une économie agricole et rurale qui soit solide et de qualité. Je suis très fier des interventions du Bloc à cet égard. Je remercie le député de Richmond—Arthabaska de nous permettre de mener cette bataille qui, au bout du compte, sera bénéfique à l'ensemble de nos milieux.