propose que le projet de loi , soit lu pour la deuxième fois et renvoyé à un comité.
— Monsieur le Président, à l'intention des députés que la question intéresse et des Canadiens qui nous regardent, j'aimerais dire qu'il n'est pas nécessaire de savoir prononcer le titre du projet de loi pour l'appuyer. Il s'agit d'un bon projet de loi, et je sais que des députés de divers partis l'appuient.
J'aimerais premièrement remercier mon collègue de Winnipeg-Centre d'avoir appuyé ce projet de loi.
Nous avons vu le gouvernement faire timidement quelque pas dans le sens du respect de certains principes fondamentaux en ce qui a trait à la santé et à la protection des Canadiens. L'un de ces principes s'appelle le principe de précaution. C'est un principe dont on entend parler depuis un certain nombre d'années et qui est employé à divers endroits dans le monde pour prévenir les préjudices que risquerait de subir la population.
Je vais donner l'exemple des fabricants de tabac, puis je parlerai plus particulièrement du projet de loi.
Pendant de nombreuses années, on a prétendu que le tabac n'avait aucun effet dommageable sur la santé. Les fabricants s'appuyaient à cet égard sur une conception naïve et erronée de la science selon laquelle il aurait fallu relier sans l'ombre d'un doute le tabagisme aux nombreuses formes de cancer qu'il pouvait causer. Pendant des décennies, ces fabricants se sont réfugiés derrière leur pseudo-science et derrière l'obligation de prouver la nocivité hors de tout doute raisonnable, tandis qu'ils faisaient des profits records et que les contribuables devaient non seulement subir les pertes physiques attribuables au cancer, qui faisait souffrir les personnes atteintes et leurs familles, mais également payer des centaines de millions de dollars en soins de santé.
Il a fallu attendre une levée de boucliers au sein de la population pour que les gouvernements fédéral et provinciaux agissent et pour que les fabricants finissent par admettre qu'il y avait suffisamment de preuves scientifiques que le tabagisme était néfaste pour la santé.
Aucun politicien dans notre pays ne va soutenir que nous devrions faire marche arrière en matière de lutte contre le tabagisme, de limitation des endroits où les gens peuvent fumer et d'assouplissement des règles visant la vente de tabac aux mineurs. Ce débat appartient maintenant au passé.
Toutefois, s'agissant des produits chimiques et de la soupe toxique dans laquelle baignent les Canadiens tous les jours de leur vie, la question qui se pose au gouvernement et aux dirigeants sérieux de notre pays est la suivante: que faisons-nous pour protéger la santé des Canadiens? Faisons-nous tout ce que nous pouvons?
À l'évidence, si on jette un regard sur la catégorie de produits chimiques qui seraient interdits en vertu de mon projet de loi, nous n'en avons pas assez fait. Mon texte prévoit l'interdiction de trois produits chimiques bien précis. Je ne vais pas être aussi courageux que le Président pour ce qui est de tenter de les prononcer. Je vais laisser cela aux spécialistes de la chimie organique, mais je rends sans hésiter hommage à l'effort du Président. Il y en a trois: le BBP, le DBP et le DEHP.
Ces substances chimiques sont placées précisément dans des produits utilisés par certaines des personnes les plus vulnérables dans notre société. Elle y sont placées de telle façon que cela permet aux toxines de s'échapper des produits et d'entrer dans le corps des gens qui les utilisent. En particulier, bon nombre de ces produits chimiques sont placés dans les produits fréquemment utilisés par des enfants. Le fait de savoir que ces produits chimiques ont été liés à toute une gamme de risques extrêmement graves pour la santé et le fait de savoir qu'ils peuvent se retrouver dans le corps d'un jeune enfant nous en disent long sur la façon dont ces produits sont conçus.
En voici un exemple. Plusieurs sucettes mises en marché comprennent deux de ces produits chimiques. La mastication de l'objet en fait sortir le produit chimique. Cela est triste et cela relève même d'une ironie tordue, car ces produits sont entrés dans notre chaîne de distribution et sur notre marché de manière tout à fait involontaire. Ils ont des effets extrêmement inquiétants que ressent la catégorie la plus vulnérable de notre population, celle des enfants.
Le projet de loi préconise l'interdiction de ces produits chimiques dans un délai de 12 mois après son adoption par la Chambre. De nombreux gouvernements ont déjà pris ces mesures courageuses. J'y arrive.
Il y a un élément commercial à prendre en considération pour les fabricants canadiens désireux d'utiliser certains de ces produits. On parle ici de jouets pour enfants, de produits de beauté et aussi de certains instruments médicaux. Le marché européen et un certain nombre de marchés américains, entre autres, ont imposé une interdiction à l'égard de ces produits, échelonnée sur une certaine période. Des fabricants canadiens de produits figurant dans la liste seraient incapables d'exporter ces produits vers les marchés en question. Par conséquent, c'est autant pour la santé de l'économie canadienne que pour la santé des gens que cette mesure est nécessaire.
Ces produits chimiques ont pour effet de rendre plus souples les plastiques et d'autres matières. Les premiers plastiques utilisés à des fins commerciales étaient extrêmement durs et durables, mais n'étaient absolument pas malléables.
Quand on envisage d'abolir l'utilisation d'un produit chimique dans le processus de fabrication, il importe de s'assurer qu'il existe des solutions de rechange sûres. Or, dans ce cas, il existe plusieurs produits de rechange. Si les phtalates et les produits de cette famille sont si attirants, c'est qu'ils sont extrêmement polyvalents. Dans d'autres pays, l'interdiction exige des fabricants qu'ils soient un peu plus précis dans le choix de leurs produits de remplacement.
Un certain nombre de ces produits chimiques sont aussi utilisés dans les cosmétiques. Un gaz se dégage de ces produits chimiques quand ils se trouvent, par exemple, dans un jouet que le bébé mâchouille ou dans une crème qu'on applique sur le visage. Un certain nombre d'études ont été faites sur des tapis et des peintures. On connaît tous aussi l'odeur de la voiture neuve. Ces odeurs proviennent de produits chimiques de cette même famille, et ces produits ne sont pas nécessaires.
Comme ils ne sont pas nécessaires et que ce ne sont pas des ingrédients de base dans la fabrication des articles en question, on en vient à se demander pourquoi le gouvernement n'a pas interdit ces produits bien avant. Puisque nous avons un nouveau gouvernement, nous sommes disposés à proposer cette interdiction et à voir quel soutien nous obtiendrons de la Chambre en vue de l'adoption d'une mesure progressiste.
Le problème concernant la capacité de ces produits chimiques à pénétrer dans notre organisme, c'est qu'ils ne forment pas de liens chimiques. Cela leur permet de dégager des gas assez facilement. L'autre problème secondaire, c'est qu'ils s'accumulent dans les tissus adipeux de l'organisme. Il s'agit d'un processus de bioaccumulation. Toute quantité trace qui pénètre dans un organisme y reste parce qu'elle est emprisonnée dans les tissus adipeux.
Une étude récente a été réalisée par Pollution Probe, je crois. Il s'agit de l'un des groupes environnementalistes qui étudiaient la composition chimique réelle des Canadiens et le degré de toxicité. Il ne s'agissait absolument pas d'une étude concluante du fait que l'échantillon était trop petit. Cependant, une des constatations intéressantes était que les enfants présentaient, dans certains cas, des concentrations plus élevées de ces toxines que leurs parents, même si, de toute évidence, ils étaient sur terre depuis moins longtemps qu'eux. Une partie de la réponse, c'est que les enfants pourraient consommer des toxines à un taux beaucoup plus grand par rapport à leur masse corporelle et, aussi, que la bioaccumulation, la capacité de certains produits chimiques de demeurer dans notre organisme, est ensuite transmise aux enfants.
Il existe une liste invraisemblable de maladies et d'effets incroyables liés à ces produits chimiques. Il est inconcevable qu'ils puissent même servir à des fins commerciales, mais attribuons le blâme à l'époque où on les a utilisés pour la première fois et à l'ignorance qui régnait à cette époque. Toutefois, la connaissance étant synonyme de pouvoir, il est clair qu'il nous incombe de faire quelque chose à ce sujet.
Plus particulièrement, un certain nombre d'études ont révélé un développement anormal du système reproducteur chez les jeunes enfants de sexe masculin. J'ai une liste invraisemblable des effets de ces produits chimiques et je vais déposer ces documents. J'hésite cependant à le faire parce que les effets de ces produits chimiques sont absolument inconcevables. Ils ciblent principalement le système reproducteur des jeunes enfants et, en particulier, des jeunes enfants de sexe masculin.
Encore une fois, lorsqu'on revient au principe de précaution, s'il y a des éléments de preuve qui établissent un lien, en l'absence de données scientifiques confirmées à 100 p. 100, il nous incombe de faire disparaître toute chance d'infliger ces effets à tout membre moins âgé de notre société qui, bien malgré lui, du seul fait de son existence, dans sa vie quotidienne, commence à subir certains de ces effets sur la santé.
La liste des troubles généraux et des malformations est à la fois longue et troublante. Parmi les descriptions les moins crues par nature figurent des liens très étroits avec les allergies chez les enfants, les décès prématurés et le cancer des testicules. Chez les animaux qui ont été exposés à ces produits chimiques, on a constaté une réduction de la fertilité, des avortements spontanés, des anomalies congénitales, des lésions touchant le foie, les reins et les poumons. Ces produits sont absolument incroyables pour ce qui est du nombre de manifestations auxquelles ils sont liés. Il n'y a pas de raison d'être alarmiste. C'est simplement pour indiquer où les études nous ont conduits.
Le mois dernier, le programme national de toxicologie des États-Unis a publié l'ébauche d'une étude des risques liés à l'un de ces produits chimiques, le DEHP. Selon l'étude, ce phtalate a vraisemblablement une incidence sur le développement et la reproduction des humains et les taux d'exposition sont suffisamment élevés pour susciter des inquiétudes.
En prenant connaissance de la liste des troubles possibles liés à ce produit, les députés auraient raison de scruter attentivement le contenu du projet de loi et de conclure que les mesures proposées sont effectivement raisonnables et responsables et que le projet de loi devrait être appuyé. Je vais maintenant citer un bref extrait de l'étude. Elle est vaste et nous pourrons également la déposer. Voici cet extrait:
Bien qu'il n'existe aucune preuve directe que l'exposition de personnes au DEHP a des effets néfastes sur la reproduction ou le développement, il ressort clairement d'études en laboratoire sur des rongeurs que l'exposition au DEHP peut entraîner des effets néfastes sur la santé. Selon des données récentes sur la mesure dans laquelle les humains absorbent, métabolisent et éliminent le DEHP, l'organisme national estime raisonnable et prudent de conclure que les résultats des essais effectués sur des animaux en laboratoire sont l'indice de la possibilité d'effets similaires ou nocifs pour des populations humaines.
Or, cet organisme fédéral des États-Unis n'a pas tendance à être alarmiste.
Si nous étudions les initiatives prises dans d'autres pays concernant cette famille de produits chimiques, nous constatons que de très nombreux législateurs sonnent l'alarme et cherchent à retirer ces produits chimiques de la circulation.
Pour ce qui est de l'Union européenne, l'interdiction y est plus complète que celle proposée dans le projet de loi C-307. Voilà qui m'encourage, étant donné que tout accord sur quelque sujet que ce soit entre les pays d'Europe relève pratiquement du miracle. Sur une question comme celle-ci, compte tenu de l'importance de l'industrie des produits chimiques pour l'économie européenne et de tous les paliers d'approbation nécessaires dans ce système de gouvernement quasi-fédéral, on constate que l'interdiction, qui vise notamment les produits destinés aux enfants, montre toute la détermination des parlementaires européens à cet égard. Nous ferions bien de nous inspirer de leur exemple.
L'Argentine, les Fidji, la Finlande, le Japon et le Mexique ont tous interdit ce groupe de produits chimiques dans les jouets pour enfants. Il s'agit d'un groupe assez hétéroclite de pays. Bon nombre d'autres pays étudient également la question. La U.S. Food and Drug Administration a recommandé que l'on considère l'utilisation de produits contenant des matières de rechange pour les interventions à risque élevé visant les nouveaux-nés de sexe masculin, les femmes enceintes de foetus de sexe masculin et les pré-adolescents de sexe masculin âgés de 8 à 12 ans.
Même en l'absence des preuves que réclament les fabricants de tabac et les autres, la FDA a dit que, pour les groupes vulnérables, en particulier les femmes enceintes d'un garçon et les jeunes garçons, il fallait trouver des solutions de rechange, car il existe d'autres options.
Je n'arrive pas du tout à comprendre comment quiconque pourrait s'opposer à une telle mesure, puisqu'il existe des solutions de rechange, et étant donné le nombre de maladies et de conséquences horribles qui sont liés à ces produits chimiques.
Santé Canada envisage une politique encore plus stricte en ce qui concerne les phtalates. Bien que cette politique ne soit encore qu'une ébauche, elle recommande de restreindre l'utilisation du DEHP et d'étiqueter les produits qui en contiennent.
J'aimerais parler rapidement des solutions de rechange. Les gens doivent savoir que les fabricants qui parviennent à trouver des solutions de rechange et à concevoir des produits sûrs peuvent les utiliser et demeurer rentables. Un certain nombre de compagnies européennes et, dans une moindre mesure, américaines, ont trouvé des solutions de rechange et ont conçu des produits sûrs pour remplacer les autres. Certains fabricants de cosmétiques ont déjà amorcé une transition.
Pour terminer, j'aimerais dire aux députés et à tous ceux qui nous regardent qu'il est primordial d'observer le principe de précaution, le principe consistant à exercer un bon jugement, dans le type de décisions que nous prenons, même s'il nous manque certaines données, comme c'est le cas ici. Il faut renverser le fardeau de la preuve. Il ne devrait pas incomber aux consommateurs de prouver l'innocuité des produits qu'ils achètent pour leurs enfants. Ils n'en ont simplement pas le temps, les moyens ni la capacité.
Le fardeau doit reposer sur ceux qui fabriquent ces produits et qui tentent de les lancer sur le marché. C'est le moins que puisse faire un gouvernement responsable. Pour notre part, nous agirons de façon responsable en envisageant sérieusement d'adopter le projet de loi. Je me réjouis à l'avance du débat qui va suivre.
Monsieur le Président, j'interviens aujourd'hui pour parler du projet de loi C-307 du député de Skeena--Bulkley Valley, qui interdit l'utilisation de trois types de phtalates, le BBP, le DBP et le DEHP. Je remercie le député de ses efforts.
Le gouvernement du Canada est très préoccupé des dangers potentiels pour la santé, surtout celle des enfants, que posent les substances chimiques utilisées dans les processus de fabrication et que l'on peut trouver dans des produits que nous utilisons tous les jours. Pour cette raison, nous nous sommes engagés dans le discours du Trône à apporter des améliorations concrètes à notre environnement, y compris des réductions des niveaux de pollution. Dans le discours, la Gouverneure générale du Canada a déclaré:
En reconnaissance du rôle essentiel des parlementaires, les députés seront invités à examiner en profondeur certaines lois fédérales importantes, telles la Loi canadienne sur la protection de l'environnement [...]
En tant que secrétaire parlementaire de la ministre de l'Environnement, je fais partie du comité qui examine la Loi canadienne sur la protection de l'environnement, connue sous le nom de LCPE 1999. Nous sommes déterminés à oeuvrer dans le cadre de cette loi. Nous nous sommes aussi engagés à améliorer la LCPE 1999 pour réduire encore plus l'utilisation et le déversement de substances dangereuses.
Le gouvernement actuel est préoccupé par le projet de loi C-307, car les ministères de l'Environnement et de la Santé sont déjà engagés activement dans l'évaluation scientifique des dangers pour l'environnement et la santé que posent les substances indiquées dans le projet de loi. Le gouvernement a aussi pris des mesures pour réduire les risques identifiés par les évaluations scientifiques.
Les phtalates utilisés dans les plastiques offrent aussi d'importants avantages économiques et opérationnels au Canada. Je voudrais commencer par expliquer brièvement comment on utilise des phtalates dans la vie de tous les jours.
Le BBP est un plastifiant utilisé dans une variété de produits plastiques, y compris les produits en vinyle tels que les carreaux de plancher. On s'en sert aussi pour fabriquer des balises routières, des transporteurs à courroie pour aliments, des cuirs artificiels et des mousses plastiques. Le plastifiant rend le produit souple et facilite sa fabrication.
Le DBP est utilisé dans les produits cosmétiques et plus particulièrement dans le vernis à ongles pour le rendre plus résistant à l'écaillage.
Le DEHP est un plastifiant utilisé dans des instruments médicaux tels que les tubes à perfusion intraveineuse et les sacs médicaux pour les rendre résistants et moins susceptibles de se pincer. Des tubes pincés peuvent réduire dangereusement l'écoulement de médicaments et de liquides d'importance vitale pour les patients et mettre en danger les Canadiens. Le DEHP est aussi utilisé dans les parfums, les liquides hydrauliques et en tant que solvant dans les bâtons chimioluminescents.
Santé Canada et Environnement Canada ont fait des évaluations de ces trois substances entre 1994 et 2000.
Les évaluations réalisées en vertu de la LCPE ont fait l'objet d'un examen par les pairs pour garantir leur exactitude et l'absence de lacunes et ont été publiées pour obtenir les observations du public avant d'être finalisées. Les évaluations ont conclu que les trois substances n'avaient pas d'effet nocif pour l'environnement.
L'évaluation des effets sur la santé humaine a conclu que deux des trois substances, à savoir le BBP et le DBP, ne posaient pas de risques indus pour la santé. Par conséquent, les interdictions prévues dans le projet de loi C-307 concernant le BBP et le DBP ne concordent pas avec les conclusions de l'évaluation scientifique ayant fait l'objet d'un examen par les pairs.
Cependant, l'évaluation des effets sur la santé humaine de la troisième substance, le DEHP, concluait qu'il y avait des risques pour la santé liés à l'exposition à cette substance. En réponse aux conclusions de l'évaluation du DEHP, Santé Canada a demandé à l'industrie canadienne de cesser l'utilisation de tous les phtalates dans la fabrication de jouets de dentition et de produits pour enfants à base de vinyle souple qui peuvent être portés à la bouche.
Aujourd'hui, le DEHP n'est plus utilisé pour la fabrication canadienne de jouets de dentition et de produits pour enfants à base de vinyle souple qui peuvent être portés à la bouche et le DEHP ne se retrouve plus dans les produits cosmétiques enregistrés auprès de Santé Canada.
Le DEHP continue d'être utilisé dans les instruments médicaux scientifiques. Des études poussées réalisées par Santé Canada ont permis de conclure que l'utilisation du DEHP comporte des avantages importants que n'ont pas les substances de remplacement.
Une utilisation particulière du DEHP qui pourrait entraîner une exposition des êtres humains est l'utilisation de ce produit dans les instruments médicaux scientifiques. Des études poussées réalisées par Santé Canada ont permis de conclure que l'utilisation du DEHP comporte des avantages importants qui font défaut aux substances de remplacement. L'utilisation du DEHP dans les instruments médicaux a fait l'objet d'un examen par le Bureau des matériels médicaux de Santé Canada. De plus, des lignes directrices pour la pratique clinique ont été élaborées avec la participation des intervenants et affichées sur le site Web de Santé Canada pour obtenir des observations.
Le projet de loi C-307 aurait des répercussions économiques et pratiques au Canada étant donné que certains produits de remplacement du DEHP n'offrent pas les mêmes avantages que cette substance. Certains sont beaucoup plus coûteux alors que pour d'autres, les données sur l'innocuité sont insuffisantes. Par conséquent, dans ces cas restreints, les avantages de poursuivre l'utilisation l'emportent sur les risques. Le projet de loi du député reconnaît ces avantages en affirmant que l'interdiction de leur utilisation dans les instruments médicaux devrait exclure les sacs de sang, mais ces exclusions devront être étendues à d'autres utilisations médicales.
Il est important de noter que le 16 novembre 1998, Santé Canada a publié par mesure de précaution un avis de santé publique informant les parents ainsi que les gardiens et gardiennes de très jeunes enfants des risques potentiels pour la santé présentés par les produits pour enfants en vinyle souple contenant un autre plastifiant, le phtalate de diisononyle, DINP. Cette substance ne faisait pas partie de l'évaluation réalisée en vertu de la LCPE, mais elle s'est révélée un produit de remplacement du DEHP.
À l’époque, on a conseillé aux parents et aux personnes qui prenaient soin d’enfants âgés de moins d’un an de se débarrasser des jouets de dentition et des hochets en vinyle souple. Pour protéger la santé et la sécurité des enfants, Santé Canada a également demandé à l’industrie de cesser immédiatement la fabrication et la vente de ces produits. Grâce à cette mesure, les jouets de dentition et les hochets en vinyle souple contenant du DINP ont été retirés volontairement du marché canadien.
D’autre part, le gouvernement du Canada s’inquiète beaucoup des risques que ces produits chimiques présentent pour la santé humaine et surtout pour les enfants. Afin de prévenir l’exposition à de nouveaux produits chimiques nocifs, Santé Canada et Environnement Canada évaluent les risques potentiels des produits chimiques avant qu’ils ne soient utilisés sur le marché canadien et prennent des mesures pour gérer les risques ou pour interdire l’utilisation de nouveaux produits lorsqu’il n’est pas possible de gérer les risques de façon satisfaisante. Ce programme est en place depuis près de 15 ans et plus de 800 produits chimiques sont évalués chaque année.
Dans le cadre de ce programme, nous collaborons avec d’autres pays pour harmoniser nos évaluations des nouveaux produits chimiques avant qu’ils ne soient mis en marché. Cela évite l’apparition de nouveaux problèmes. C’est un exemple des mesures prises pour la prévention de la pollution, qui est une des pierres angulaires de la LCPE.
Notre gouvernement continue de se soucier des conséquences que les sources de pollution, surtout la pollution atmosphérique, ont pour la santé. Notre gouvernement est en train de préparer une stratégie globale et intégrée visant à protéger la santé des Canadiens et l’environnement. Au cours des mois à venir, au fur et à mesure que nous élaborerons notre stratégie pour réduire la pollution atmosphérique et les gaz à effet de serre, les Canadiens verront de nouvelles initiatives visant à protéger la santé et l’environnement.
Nous reconnaissons aussi qu’au lieu de centrer notre attention sur seulement une ou quelques substances à la fois, le gouvernement doit adopter une stratégie beaucoup plus complète et intégrée qui fera du Canada un chef de file de la gestion des substances chimiques.
La Chambre des communes a confié l’examen de la LCPE de 1999 au Comité permanent de l’environnement et du développement durable, le 26 avril dernier. Ce comité a commencé ses audiences le 10 mai. Cet examen de la LCPE fournira au gouvernement l’occasion d’examiner la contribution de la loi à la prévention de la pollution, au développement durable et à la coopération fédérale-provinciale-territoriale.
Comme je l’ai dit, notre gouvernement est déterminé à protéger la santé des citoyens et de l’environnement. Nous apprécions le désir du député de Skeena--Bulkley Valley d’éliminer les phtalates, mais le gouvernement a déjà pris des mesures, par les voies et moyens appropriés, à l’égard du BBP, du DBP et du DEHP.
Le projet de loi C-307 cherche à contourner l’évaluation scientifique globale des phtalates en la remplaçant par une évaluation de nature politique. Malheureusement, cette loi sèmerait la confusion et dédoublerait le processus. J’invite le député à respecter le processus d’évaluation scientifique. Il a dit qu’il n’était pas d’accord avec l’évaluation scientifique des phtalates. Il l’a qualifiée de pseudo-science.
Je l’invite à faire plutôt appel au processus approprié qui est l’examen de la LCPE. Je lui recommande de faire part de ses inquiétudes et de ses recommandations au sujet des phtalates au ministère qui procède aux évaluations. Je suis prêt à discuter de la question dans ce contexte.
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Monsieur le Président, je me baserai sur le discours du secrétaire parlementaire pour structurer mes commentaires.
La première chose qu'il convient de souligner, c'est que l'ajout de substances toxiques, comme les trois phthalates proposés dans le projet de loi, ne nous oblige pas à attendre l'examen de la Loi canadienne sur la protection de l'environnement. Le député n'a qu'à regarder l'annexe 1 de la loi; il pourra constater que nous avons ajouté des substances de façon assez régulière depuis la version de 1999 de cette loi, et que ces nouveaux produits porteraient les numéros 80, 81 et 82. Il existe donc un processus qui nous permet d'agir sans délai à cet égard.
Deuxièmement, la partie essentielle de son argument, et il a fait appel à la recherche scientifique pour guider nos efforts dans ce sens, c'est que selon lui, les dernières études scientifiques ont été effectuées entre 1994 et 2000. Or, nous avons beaucoup appris sur les phthalates depuis ce temps.
Le programme américain de toxicologie dont le député de Skeena—Bulkley Valley a parlé a mené plusieurs études à ce sujet. La première à se pencher sur les phthalates a été menée en octobre 2000. Autrement dit, cela ne faisait pas partie de la période visée par les études de Santé Canada. Cette étude a porté sur le DBP. C'est le produit que l'on retrouve dans les jouets pour enfants et ce genre de choses.
Ce premier groupe d'experts en est arrivé à la conclusion que le DBP présentait une toxicité à l'égard des fonctions de reproduction des rats adultes et une toxicité de croissance chez les rats et les souris, et ce par voie orale, c'est-à-dire par la bouche. Ce produit provoque des malformations structurales. Il semble que ces constatations s'appliquent également aux humains. Ces données sont tirées d'une étude menée en dehors de la période visée.
Depuis lors, et le député de Skeena—Bulkley Valley l'a également mentionné, un autre groupe d'experts s'est penché sur la question des phthalates en octobre 2005. Toute une controverse avait été soulevée à ce sujet en août 2005. Ce groupe d'experts a recueilli encore davantage de preuves scientifiques à l'égard des dangers que présentent les phthalates en général et certains de ceux mentionnés dans le projet de loi en particulier.
Nous ne cherchons pas à court-circuiter les études scientifiques ou l'examen de la Loi canadienne sur la protection de l'environnement, mais bien à intégrer les données scientifiques disponibles plus rapidement qu'auparavant. Le député doit savoir, puisqu'il a participé à l'examen de la LCPE, que l'une des parties les plus difficiles de ce processus est de déterminer combien il nous faudra de temps pour reconnaître les dangers et pour prendre les mesures qui s'imposent.
L'autre chose que cet examen lui aura appris, c'est que si nous n'indiquons pas maintenant que ces substances sont dangereuses, elles seront généralement négligées par les responsables, qui s'intéressent à ce qui est prévu par la loi. Si nous confions au ministère de la Santé et au ministère de l'Environnement le mandat de faire quelque chose, ils seront plus susceptibles de le faire. Voilà l'effet qu'aurait ce projet de loi.
Cela n'est pas du tout incompatible avec les contrôles effectués par les pairs. C'est simplement une façon d'intégrer ce que nous avons appris tout au long du processus et, à l'instar du promoteur du projet de loi, je crois que c'est exactement ce que nous devrions faire. Nous devrions trouver des façons d'accélérer l'ajout sur les listes de substances toxiques des produits pour lesquels on découvre de nouveaux éléments de preuve.
Je voudrais également signaler que, dans ses observations, le député ne semble pas avoir tenu compte des limites précises que le projet de loi imposerait relativement à l'utilisation de ces trois phthalates. Le projet de loi ne dit pas que leur utilisation est interdite dans les revêtements de plancher en vinyle ou dans le linoleum, où on trouve des phthalates. Le projet de loi exclut les sacs de sang dont parle le député. On peut penser que lorsque ce projet de loi sera renvoyé au comité, nous pourrons mieux préciser certaines de ces exclusions.
C'est un projet de loi très précis. L'activité économique ne sera pas perturbée si on dit que ces dispositions devraient s'appliquer dans des circonstances très précises, compte tenu du fait qu'on possède des preuves plus solides que celles dont Santé Canada disposait dans son dernier examen et que d'autres pays sont intervenus beaucoup plus énergiquement que le Canada à cet égard.
Je pense que l'allusion à l'interdiction imposée par l'Union européenne à l'égard de tous les jouets et de tous les articles servant aux soins aux enfants nous dit que nous sommes trop lents. Pourquoi devrions-nous attendre ces interdictions lorsque l'application du principe de précaution dans les grands marchés montre que nous ne devrions pas courir de risques avec ces substances? Pourquoi n'agissons-nous pas maintenant?
Pourquoi attendre la fin de l'examen tenu en vertu de la LCPE? Cet examen pourrait ne pas être terminé avant un an, mais il y a de plus en plus de preuves, y compris l'étude toxicologique des instituts nationaux de la santé des États-Unis parue il y a un mois, qui nous disent que nous en savons assez pour conclure, en vertu du principe de précaution, que ces trois substances ne devraient pas être utilisées de cette façon très particulière, et non de la manière générale décrite par le député.
En conclusion, j'exhorte les députés à appuyer ce projet de loi. Je le fais parce qu'il y a abondance de preuves scientifiques du risque qu'elles représentent pour la santé humaine. Je ne pense pas qu'il faille en savoir davantage. Nous pourrons préciser cela si le projet de loi est renvoyé à un comité. Je pense que c'est exactement ce que devraient faire les parlementaires. Ce n'est pas quelque chose qui n'est pas conforme à l'esprit de la LCPE, qui prévoit l'ajout de substances toxiques à sa liste de temps à autre lorsque les preuves scientifiques deviennent plus accablantes.
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Monsieur le Président, c'est avec une grande joie que je participe aujourd'hui à ce débat sur le projet de loi .
D'entrée de jeu, je souhaite indiquer à cette Chambre que nous avons l'intention d'appuyer le principe du projet de loi déposé par le député du NPD. D'abord, parce que ce qui doit guider notre réflexion tout au long de l'étude de ce projet de loi, c'est le principe de précaution. Il faut nous assurer de faire en sorte que, lorsque des citoyens sont en contact avec un certain nombre de substances — et même si nous n'avons pas toute la garantie des risques que cela peut comporter pour la santé —, le principe de prudence et de précaution doit d'abord nous guider.
Le phtalate est entre autres utilisé dans plusieurs produits. On parle de ces composantes, BBP, DBP et DEHP, particulièrement utilisées pour plastifier un certain nombre de produits, les rendre plus souples et plus flexibles. Les composantes les plus utilisées sont les DEHP qui sont utilisées dans 40 p. 100 des PVC souples.
On retrouve aussi le PVC dans la fabrication de plusieurs produits, dont les jouets, les sols, les carreaux, les poches de sang, le matériel médical et l'emballage alimentaire. Le PVC se retrouve également parmi les additifs des produits cosmétiques comme le vernis à ongles, les produits de soins, tel le shampoing, et des produits pharmaceutiques.
Comment pouvons-nous être exposés à ces matières que l'on peut considérer très certainement comme toxiques, selon la dose et le pourcentage utilisés dans chacun des produits?
D'abord par la bouche. Je pense notamment à nos enfants qui utilisent les tétines ou les suces pouvant être composées de ces matières qui risquent d'avoir un impact sur leur santé.
Deuxièmement, par les jouets.
Une voix: Oh, oh!
M. Bernard Bigras: Plus maintenant, nous dira le secrétaire parlementaire. C'est vrai. Cependant, il doit admettre que certains jouets pourraient contenir le PVC. Bien sûr, depuis 1998, le gouvernement a décidé de changer sa directive et de faire en sorte que même les produits importés, destinés à des jeunes en bas âge ne doivent pas contenir de ces composantes de PVC.
Troisièmement, par l'inhalation de certaines poussières qui se retrouvent sur des matériaux de construction. Cela peut constituer aussi un danger.
Quatrièmement, par l'absorption par la peau. On sait que certains instruments médicaux et certains accessoires contiennent le PVC, rendant ainsi les matériaux plus souples et plus flexibles. Donc, inévitablement, en étant absorbés par la peau, ces produits entrent directement dans l'être humain et ainsi, les citoyens sont exposés à ces matières.
Finalement, par l'ingestion, puisque certains contenants de produits alimentaires peuvent contenir le PVC en question.
Quels sont les effets d'une exposition au PVC?
D'abord, il y a un impact sur le système endocrinien. Je n'irai pas plus loin. Toutefois, on a détecté chez certains adolescents — certains jeunes —, des problèmes reliés au système endocrinien.
Ensuite, il existe aussi un impact relativement à des problèmes testiculaires. On s'est rendu compte qu'une surexposition à ces produits pouvait même avoir, dans une certaine mesure, des impacts sur la fertilité de nos citoyens.
Finalement, c'est fort probablement au regard des enfants qu'il faut s'inquiéter des impacts sur eux de cette exposition certaine.
En résumé, voici où l'on retrouve le PVC.
On les retrouve dans trois grands types de produits: tout d'abord, les jouets, ensuite les produits cosmétiques et finalement les instruments médicaux.
En ce qui a trait aux jouets, c'est en 1998 que, à la suite d'une évaluation de risques associés aux objets destinés aux enfants contenant des DINP, Santé Canada concluait que la quantité de DINP libérée par des produits souples en PVC pouvait présenter un risque pour la santé et la sécurité des enfants âgés de 3 mois à un an. Les fabricants et les importateurs, distributeurs et détaillants, ont depuis une obligation de s'assurer que les jouets de dentition et les hochets en plastique flexible sont exempts de DINP, de DEHP et de tous les autres produits de phtalates.
D'ailleurs, au Canada et aux États-Unis, on ne retrouve plus de phtalates dans les jouets ou objets qui sont susceptibles d'être portés à la bouche des enfants. Toutefois, il est encore possible de retrouver ce type de produits dans les jouets destinés à des enfant plus âgés, représentant ainsi un risque potentiel d'exposition pour les plus petits. On peut donc retrouver des phtalates dans certains jouets, et certains enfants de plus de trois ans pourraient très bien laisser traîner leurs jouets faisant en sorte que des jeunes enfants pourraient porter à leur bouche ce type de produits qui contiennent des PVC. Il m'apparaît donc clair que, pour les jouets, il doit y avoir une interdiction complète.
Ensuite, du côté des produits cosmétiques, on se rappelle que le gouvernement et Santé Canada ont annoncé, il y a quelques années, leur intention de modifier le règlement sur les cosmétiques de manière à exiger des fabricants et des distributeurs de cosmétiques qu'ils divulguent la liste des ingrédients sur les étiquettes. Ce que le gouvernement a privilégié, c'est une approche de transparence pour le consommateur, faire en sorte que le consommateur puisse être mis au courant des produits qu'il utilise pour voir si on y retrouve des PVC. À cet égard, je suis tout à fait d'accord avec le député. Il faut faire en sorte d'interdire les PVC dans les produits cosmétiques, même si ce n'est pas nécessairement la recommandation de Santé Canada.
Finalement, la seule réserve que j'ai par rapport au projet de loi du député concerne les instruments médicaux. Dans ce cas-là, on sait que certaines pratiques médicales présentent, dans les faits, un risque plus élevé de mobilisation des DEHP, comme par exemple les transfusions multiples de dérivés de sang et l'oxygénation extracorporelle chez les nouveaux-nés, les femmes enceintes ou celles qui allaitent, les transfusions multiples de dérivés sanguins en général, mais aussi la transplantation cardiaque ou le pontage cardio-pulmonaire. À cet égard, il faut protéger ces groupes à risque, mais il faut nous assurer que les citoyens puissent continuer à recevoir des soins de qualité. Il faut donc nous assurer, avant de procéder à une interdiction complète, particulièrement en ce qui a trait aux instruments médicaux, qu'il y a des produits de substitution sur le marché. Sinon, c'est la qualité de vie de nos citoyens qui peut être en danger.
L'Institut national de santé publique du Québec estime même que d'ici la mise en marché éventuelle des produits sans phtalates dans le secteur médical, il n'est pas recommandé ni même justifié pour l'instant, de priver la population de certains types de traitements ou procédures qui peuvent être bénéfiques pour la santé et dont l'effet demeure supérieur aux dangers associés à l'exposition.
En général, nous allons appuyer le projet de loi sur deux des trois aspects présentés. Il ne reste que les instruments médicaux pour lesquels il faut nous assurer, avant de les interdire complètement, qu'il y a des produits de substitution pour garantir aux citoyens qu'ils recevront des soins de qualité.
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Monsieur le Président, c'est un honneur pour moi de participer au débat et de joindre ma voix à ceux qui appuient le bon travail effectué par mon collègue, le député de Skeena—Bulkley Valley. Je félicite ce dernier d'avoir attiré l'attention sur une question qui touche la santé et le bien-être de nos enfants. Comme législateurs, il n'y a probablement rien de plus important que nous puissions faire que protéger les plus jeunes de la société contre les substances toxiques et dangereuses.
Monsieur le Président, étant ici depuis beaucoup plus longtemps que moi, vous savez que cette question a été débattue à maintes reprises à la Chambre. La dernière fois, si je me souviens bien, c'était en 1998. Le député d'Acadie—Bathurst avait présenté une motion recommandant l'étiquetage de tous les produits contenant des phthalates afin que les parents sachent comment choisir des produits sûrs pour leurs enfants.
En 1999, j'ai présenté le projet de loi C-482. Il visait à modifier la Loi sur les produits dangereux de manière à interdire la vente et la publicité de produits dont la teneur en phthalates était dangereuse pour les jeunes enfants.
Nous parlons de ces questions depuis longtemps et il est temps d'agir.
Il est fascinant de constater que les conservateurs ont recours aux mêmes arguments qu'utilisaient en 1999 les libéraux au pouvoir pour éviter d'agir, c'est-à-dire qu'ils invoquent le principe de précaution. La raison est que le gouvernement obtient les mêmes données des mêmes bureaucrates qu'avant et les mêmes conseils politiques venant des dirigeants de l'industrie. Le gouvernement ne réfléchit pas aux vrais problèmes et à ce que la Chambre peut faire.
Il est intéressant d'entendre le député conservateur dire que Santé Canada a pris des mesures en 1998. Qu'a fait ce ministère? Il a émis un avertissement, un avis. Il a encouragé l'industrie à cesser de produire des produits pouvant présenter un danger. Cependant, il n'a pris aucune mesure définitive pour garantir le retrait de ces produits que les enfants mâchouillent et qui peuvent être dangereux pour leur santé et leur bien-être.
M. Mark Warawa: Foutaise. Ils sont déjà interdits.
Mme Judy Wasylycia-Leis: Mon collège conservateur affirme que cela a été fait, mais je me permets d'être en désaccord. Cela n'a pas été fait du point de vue des preuves scientifiques largement disponibles à propos de toutes les toxines mentionnées par mon collègue de Skeena—Bulkley Valley et qu'on aurait dû utiliser de manière à ce que les enfants ne soient pas exposés à ces toxines très dangereuses.
Comme l'a dit mon collègue libéral, les données scientifiques sont maintenant connues. De nombreuses études montrent que nous en savons assez sur ces phtalates pour prendre davantage de mesures vigoureuses pour protéger nos enfants. Nous n'avons plus à émettre des doutes sur ces connaissances. Nous n'avons plus à soutenir qu'il manque encore des données. Nous avons l'éclairage de la science et tout ce qu'il nous faut, c'est la volonté politique du gouvernement du jour de donner suite à ces avis et de prendre des mesures beaucoup plus décisives que les petits pas timides faits par les libéraux en 1998 ou en 1999.
Où cela nous mène-t-il? Après toutes ces années de débat, j'espère qu'il s'est formé un consensus en faveur d'une avancée plus résolue, plus claire sur le plan législatif. Mon collègue de Skeena—Bulkley Valley a proposé une voie bien nette pour ce qui est de la Loi canadienne sur la protection de l'environnement. Je crois qu'il peut répondre aux préoccupations des libéraux quant au recours à cette loi et indiquer que nous ne ralentirons aucunement le processus. Nous prendrons des raccourcis, nous surmonterons les obstacles, mais nous pouvons nous servir le cette loi dans le but auquel elle était destinée, à savoir protéger les êtres humains contre les produits dangereux pour notre santé et notre bien-être.
Le consensus ne cesse de croître. Nous disposons des données scientifiques les plus récentes. Nous sommes épaulés par de nombreux défenseurs qui connaissent les effets de ces substances sur la santé des enfants et le développement de leurs aptitudes. Nous savons qu'il existe un lien entre l'exposition aux phtalates et certains problèmes neurologiques graves et certaines difficultés d'apprentissage. Le temps est venu d'agir et nous pouvons le faire dès maintenant en votant en faveur du projet de loi et en le renvoyant à un comité, en abordant certaines des préoccupations qui ont été soulevées et en faisant quelques petits ajustements. Ainsi, nous franchirons un pas dans la bonne direction.
Nous devons faire preuve de détermination pour protéger nos enfants et bâtir une économie solide et compétitive. D'autres pays ont pris de sérieuses mesures dans ce domaine et cela n'a pas restreint leur croissance économique, ni leurs débouchés commerciaux. Les nombreux pays qui ont manifesté plus de détermination que le Canada retirent des avantages à long terme, car ils ont contribué à prévenir certaines maladies au lieu d'attendre que des problèmes sérieux ne surgissent, ce qui coûte cher au système de santé.
Au fil des ans, nous avons tenté de faire valoir le principe de précaution auprès du gouvernement du jour, qu'il soit libéral ou conservateur. Le concept est simple: ne pas causer de tort. Cela signifie qu'il ne faut pas autoriser la vente de produits si nous ne sommes pas convaincus de leur innocuité sous prétexte qu'on pourra toujours réparer les dégâts plus tard, alors qu'on sait très bien qu'il sera trop tard. Au contraire, il faut faire reposer le fardeau sur l'industrie, les fabricants de jouets, de suces, de sacs de sang en plastique et d'autres produits en plastique. Ce devrait être à eux de prouver que leurs produits ne relâcheront pas de phtalates dans le sang des jeunes enfants, entraînant de graves conséquences.
Si nous appliquions seulement ce principe fondamental, qui revêt une grande valeur pour les Canadiens et qui est reflété dans la Loi sur les aliments et drogues, notre pays s'en porterait beaucoup mieux et notre avenir serait beaucoup plus rassurant.
J'exhorte tous les députés à appuyer le projet de loi pour que nous puissions enfin faire ce pour quoi les Canadiens nous ont élus.