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Bonjour, mesdames et messieurs.
Je désire souhaiter la bienvenue aux témoins que nous rencontrons ce matin.
Nous sommes des députés membres du Comité permanent des pêches et des océans du Parlement du Canada. Nous représentons les quatre partis politiques, soit le Parti conservateur, le Parti libéral, le Bloc québécois et le NPD. L'automne dernier nous avons entamé une étude du programme des ports pour petits bateaux du ministère des Pêches et des Océans. L'automne dernier, nous avons entendu des témoins représentant le ministère et des parties intéressées à Ottawa. Nous avons déposé un rapport intérimaire au Parlement avant le congé de Noël. Nous avons décidé, dans le cadre de nos discussions, de visiter les quatre provinces de l'Atlantique — Terre-Neuve-et-Labrador, l'Île-du-Prince-Édouard, le Nouveau-Brunswick et la Nouvelle-Écosse — nous terminerons nos réunions cet après-midi à Gaspé au Québec.
Nous nous déplaçons pour visiter certaines des installations portuaires, ce que nous faisons depuis quelques jours déjà, et entendre les représentants des administrations portuaires, ceux qui s'occupent en fait des ports pour petits bateaux. Nous rencontrons donc ceux qui sont les intervenants de première ligne, ceux qui travaillent sur les quais, des bénévoles comme vous, dans l'espoir que vous nous ferez part de vos préoccupations, que vous nous direz ce qui peut être amélioré dans le programme des ports pour petits bateaux — pas simplement l'infrastructure maritime même, mais que vous nous ferez part de vos préoccupations, à titre de bénévoles, en ce qui a trait à l'organisation dont vous faites partie, l'aide qu'on pourrait vous offrir ou qu'on vous offre au niveau de la formation, des choses qui pourraient nous permettre de faciliter l'excellent travail que vous faites au nom de nombreux intervenants.
La majorité des députés qui sont ici aujourd'hui représentent des circonscriptions rurales au Canada et nombre d'entre eux ont des entreprises de pêche et des administrations portuaires dans leur circonscription. Par exemple, dans ma circonscription d'Avalon à Terre-Neuve-et-Labrador, j'ai 68 administrations portuaires — c'est une énorme circonscription — et bon nombre des députés qui m'accompagnent aujourd'hui ont également des administrations portuaires dans leur circonscription. Nous connaissons donc bien le travail que vous faites, le temps que vous consacrez à cette cause, mais aujourd'hui nous sommes venus vous écouter, afin d'en connaître plus long sur vos préoccupations, s'il en est, dans le but de présenter un rapport à la Chambre des communes, si c'est possible avant le congé d'été, dans lequel nous ferons état de tout ce que nous avons appris lors de nos déplacements. Tout cela nous permettra, nous l'espérons, d'améliorer le programme.
C'est notre objectif et j'espère que vous pourrez nous aider aujourd'hui.
J'espère que vous comprenez également que nous avons des services d'interprétation. J'ai appris de bonnes leçons et j'ai appris à ralentir quand je parle. Pour le bien de ceux d'entre vous qui ne parlez peut-être pas les deux langues officielles, je vous encourage à ralentir quand vous présentez vos exposés.
Nous commencerons donc notre réunion maintenant. Je crois que c'est M. Arseneau qui désire intervenir en premier.
Monsieur Arseneau, vous avez la parole.
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Je m'appelle Yvon Arseneau. Je suis originaire de Pointe-Verte, où je suis pêcheur.
Je vais m'exprimer en français.
À notre quai, il y a environ 25 pêcheurs, ce qui équivaut à une cinquantaine d'emplois saisonniers directs pour un petit village comme Pointe-Verte. Ce nombre est assez important car, dans le nord du Nouveau-Brunswick, il n'y a pas beaucoup d'emplois à l'heure actuelle.
Nous avons une administration portuaire depuis environ 18 ans. J'en parlais avec Réal tout à l'heure. Caraquet a eu le sien il y a 20 ans, et nous avons signé une entente avec l'autorité portuaire il y a environ 18 ans. En vertu de l'entente que nous avons signée avec le ministère, nous prenions en charge l'administration portuaire et tout ce qui concerne la gestion, l'électricité et les choses mineures, et le ministère s'occupait des dossiers majeurs, comme le creusage, la réparation des quais, etc. À la grande surprise de la plupart des administrations portuaires, le ministère n'a pas suivi ces recommandations. Il y a eu un creusage il y a environ 18 ans, et le reste du quai est grandement détérioré. Un affaissement se produit à l'intérieur du quai et il faudrait un mur de soutènement, mais cela ne se fait pas. Toutes ces choses dont je vous parle sont déjà dans le système. On a déclaré cela en 2002 et, d'année en année, on nous répète que c'est dans le système et qu'il n'y a pas d'argent pour faire les travaux.
À l'heure actuelle, on ne peut plus du tout accéder au quai à marée basse. J'ai des photos ici pour le prouver. Peut-on les faire circuler pour que vous puissiez les voir?
Nous fonctionnons du mieux que nous le pouvons. Nous avons été obligés d'envoyer une missive à Pêches et Océans Canada pour dire que nous rejetions toute responsabilité en cas de perte de vie. En effet, lorsque le temps en mauvais au large, certains bateaux peuvent y rester et affronter la houle jusqu'à ce que le temps s'apaise, mais les plus petites embarcations ne le peuvent pas. Lorsqu'on veut entrer au quai et que tous les bateaux sont bloqués à l'entrée, comme ce fut le cas au cours des dernières années, on a un sérieux problème.
Nous réitérons notre demande. Chaque année, nous continuons d'appeler et de demander que le ministère s'occupe de ces quais. C'est quand même un moteur économique de la région. On peut penser que 50 emplois, ce n'est pas beaucoup, mais dans une village comme le nôtre, dont la population est de 700 à 800 personnes, c'est important. Chaque année, à cette période-ci, on peut voir l'effervescence, le roulement qui se fait autour de cette petite roue économique.
La pêche est importante dans l'est du Canada. Je pense que le ministère devrait s'impliquer de plus en plus et maintenir ces quais en état de marche, parce qu'ils sont des outils primordiaux pour nous. À l'heure actuelle, advenant une très grosse tempête, on a peur de perdre l'intérieur du quai. Chaque fois que le vent d'est frappe, on voit des morceaux de quai se soulever. À mon sens, c'est tout à fait inacceptable et cela n'a aucun sens. On ne sait plus quoi dire au ministère. L'argent sort des coffres d'Ottawa, mais on ne sait pas où il est dépensé.
Chaque fois qu'on est près d'avoir un projet de quai, on dirait qu'on recule à cause de telle ou telle raison. Le projet est alors retardé d'une autre année. Depuis au moins une quinzaine d'années, l'Administration portuaire de Pointe-Verte n'a rien reçu. D'autres administrations portuaires sont dans la même situation. J'imagine qu'elles en parleront également.
C'est tout à fait inacceptable. Ces dernières années, on a fonctionné avec le peu d'argent que nous ont accordé successivement les conservateurs, les libéraux, la plupart du temps au début d'une élection. Des gens importants sont déjà venus à Pointe-Verte, ce qui signifie que la pêche y est assez importante pour qu'ils se déplacent. Entre autres, M. Tom Siddon est venu à Pointe-Verte pour constater l'état du quai. Ensuite, on a reçu des fonds parce qu'il avait vu la réalité et constaté l'importance, pour les pêcheurs, d'avoir un outil pour travailler. Si on ne peut pas rentrer avec nos bateaux et accoster à un quai à différentes heures de la journée à cause de la marée, c'est que quelque chose ne fonctionne pas.
En outre, cette situation empêche d'autres secteurs de notre région de se développer. Des gens seraient intéressés à développer le tourisme davantage. Mais comment peut-on investir dans un bateau touristique si on doit limiter ses sorties à cause de la marée? Il faut que le développement touristique soit logique et outiller les entrepreneurs en ce sens.
C'est principalement ce que j'avais à dire. Je pourrais vous exposer le projet que j'ai rédigé, mais comme je l'ai envoyé environ 20 fois, il est déjà dans le système. Je peux quand même vous en donner un exemplaire. Vous pourriez aussi l'obtenir directement en vous adressant aux responsables du Programme des ports pour petits bateaux.
On est un peu fatigués de tout cela. On fait du bénévolat. On essaie de fonctionner avec les moyens du bord, mais à un moment donné, on ne peut plus exercer notre métier en raison d'un manque de vision par rapport à un quai donné. Vous allez me dire qu'il n'y a pas d'argent, mais que vous comprenez. L'administration portuaire fait une partie des travaux, puis elle abandonne. Dix ans après, elle doit refaire ce qu'elle a déjà fait parce qu'il s'est écoulé trop d'années avant qu'elle puisse remettre le quai en bon état.
Par exemple, lors du dernier creusage du quai de Pointe-Verte, on devait dynamiter l'intérieur du quai. On a dû se battre avec les différentes instances pour dynamiter toute la surface du quai. En fin de compte, on nous a permis de dynamiter les trois quarts du quai. On a laissé environ 10 000 mètres de roches dans le quai, faute de fonds. Pourtant, l'argent accordé par le gouvernement fédéral était amplement suffisant, mais on a interrompu le projet et on a envoyé l'argent ailleurs.
La réalisation d'un projet devrait se faire selon une certaine logique. Il faut le mener à bien et passer ensuite à une autre étape. Il faut suivre un plan d'affaires afin d'obtenir un outil qui ait du sens.
C'est tout ce que j'avais à dire.
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Bonjour. Je m'appelle Camille-André Mallet et je suis le directeur général de l'Administration portuaire de Shippagan, au Nouveau-Brunswick.
Pour commencer, j'aimerais préciser que le programme de l'Administration portuaire est bon. Pour ce qui est de la mise en oeuvre, les fonctionnaires du Programme des ports pour petits bateaux de Pêches et Océans Canada nous ont très bien encadrés et orientés. Le problème majeur auquel nous faisons face aujourd'hui est le même qu'au début du programme, c'est-à-dire les infrastructures. Nous avons à Shippagan des infrastructures qui totalisent 1 182 mètres quai pour l'amarrage de 2 700 mètres bateau dans des conditions normales. Lorsque les conditions se détériorent, nous ne disposons que de 812 mètres quai pour abriter le même nombre de bateaux en des endroits sécuritaires. Les infrastructures manquent sérieusement lorsque la température se détériore, ce qui arrive souvent dans nos régions.
L'Administration portuaire de Shippagan sert de port d'attache à 105 bateaux de pêche commerciale traditionnelle et autochtone durant la saison de pêche au crabe, au homard et au hareng. Durant la saison de pêche, ça représente environ 69 bateaux de pêche commerciale de 65 pieds et 46 bateaux côtiers de 45 pieds. De plus, l'administration portuaire loue durant cette saison 26 sites de déchargement aux acheteurs de crabe, deux sites de déchargement de maquereau et quatre sites de déchargement de hareng. De plus, nous louons des terrains pouvant accueillir deux glacières.
Selon Statistique Canada, les valeurs pour le débarquement dans la région du golfe sont, pour l'année 2007, de 114 000 tonnes métriques, pour une valeur de 336 millions de dollars. Pour l'année 2007, au port de Shippagan, les statistiques pour le débarquement sont de 11 000 tonnes métriques, pour une valeur de 41 millions de dollars. Vous pouvez constater que c'est très important pour les Maritimes. En effet, ça donne beaucoup de travail à plusieurs personnes de notre communauté.
En outre, nous devons gérer ces infrastructures qui sont pratiquement toutes en phase terminale. En effet, elles en sont presque toutes à la fin de leur durée de vie. En 1999, à la suite d'une recommandation des ingénieurs de Travaux publics Canada, nous avons dû fermer une section des nos installations jugée non sécuritaire. Nous avons mis cinq ans à réaliser ce projet, c'est-à-dire de 1999 à 2003.
En 2004, nous avons dû fermer une autre section de nos installations à la suite d'une autre recommandation des ingénieurs de Travaux Publics Canada. Ce projet de reconstruction est encore sur la table à dessin. Nous sommes présentement en 2008, et le projet n'est toujours pas commencé. Selon les prévisions et le budget des fonctionnaires du MPO, ce projet va devoir être réalisé par phases, sur une période de trois ans, c'est-à-dire que chaque phase va prendre deux ans. Si on fait le calcul, on se rend compte que ce projet de reconstruction va durer six ans. Or, pendant tout ce temps, nous allons devoir composer avec des installations réduites.
Conclusion.
Comme vous pouvez le constater, nous manquons d'infrastructures, compte tenu du nombre de bateaux, de l'importance du volume des débarquements à gérer et du mauvais état de nos installations. De plus, les projets de reconstruction devraient se faire beaucoup plus rapidement. Il est tout à fait impensable que des travaux de reconstruction prennent six ans à se réaliser. Nous sommes défavorisés, même négligés par rapport aux autres infrastructures gouvernementales. Je ne pense pas qu'on accepterait que les autres installations, par exemple celles de la GRC, les aéroports ou vos propres bureaux, subissent un tel traitement. Le gouvernement doit injecter plus d'argent afin que les projets de reconstruction se réalisent plus rapidement.
En terminant, il ne faut pas oublier que les administrations portuaires sont gérées par des bénévoles. Vous ne devez pas abuser de leur patience.
Merci beaucoup.
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Bonjour. Mon nom est Philippe. Je suis conseiller municipal à la Ville de Tracadie-Sheila. Je suis affecté depuis six ans à l'administration portuaire. Je n'ai point le pied marin; je ne fais pas de bateau. J'agis entre autres comme bénévole. La raison de mon intervention d'aujourd'hui se résume à ceci.
Au printemps 2006, les administrations portuaires de l'est du Nouveau-Brunswick ont été convoquées à Miramichi. On nous a parlé de l'aspect juridique des administrations portuaires en nous rappelant que nous étions les principaux responsables de ces dernières.
À l'automne 2006, on nous a convoqués à Moncton pour assister à une réunion de toutes les administrations portuaires des Maritimes. Au cours de cette réunion, on a parlé des bénévoles. On a voulu savoir combien de temps on allait pouvoir fonctionner sans épuiser nos bénévoles.
Le temps a passé. Au printemps 2008, on nous a encore réunis à Miramichi. On nous a parlé de l'importance de tenir à jour la comptabilité et on nous a dit que cette tâche nous incombait. Je précise que nos installations sont très modestes: elles desservent une douzaine de pêcheurs et environ 70 plaisanciers. C'est une formule qui fait fortune et qui est très agréable.
Maintenant que Pêches et Océans nous a dicté quoi faire, va-t-on nous donner les moyens de le faire? Nous ne sommes que des bénévoles et il ne faudrait pas nous épuiser. Nos petites installations sont très importantes pour la santé de notre communauté. Nous sommes responsables de la gestion et de toutes les tâches connexes, mais nous n'avons pas les moyens nécessaires.
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Je vais faire ma présentation en anglais parce que je parle plus vite en anglais qu'en français.
[Traduction]
Tom et moi représentons l'administration portuaire de Stonehaven qui est située entre Bathurst et Caraquet. L'administration portuaire de Stonehaven a été constituée en société en 1996, et son conseil d'administration de 10 membres comprend des représentants de l'industrie de la pêche, de la communauté et des acheteurs de poisson.
L'administration portuaire a très bien su gérer les activités quotidiennes du quai, s'occuper de légers travaux de réparation et apporter des améliorations à la structure. Lorsque nécessaire, nous avons pu obtenir une aide financière du MPO. L'administration portuaire a réussi à obtenir des fonds suffisants par l'entremise de droits d'amarrage, de programmes d'emploi et des dons de produits et de services de la part des utilisateurs du quai.
L'administration portuaire de Stonehaven est un fournisseur de services à l'industrie de la pêche commerciale, aux acheteurs de poisson, à l'industrie aquacole, aux pêcheurs autochtones, à l'industrie touristique et à la communauté locale. Stonehaven est principalement un port où viennent s'amarrer les homardiers, soit environ une trentaine d'entre eux, mais nous avons également un petit nombre de bateaux pour qui Stonehaven représente le port d'attache. Nous accueillons également un certain nombre de bateaux de passage qui demeurent au quai jusqu'à la fin de l'automne chaque année. Les pêcheurs de Stonehaven pêchent également le hareng, le poisson de fond, le pétoncle, le maquereau; il y a également l'aquaculture des moules, la mytiliculture.
À l'occasion, des plaisanciers utilisent notre quai, mais ils sont très peu nombreux. La flottille de pêche commerciale demeure la principale priorité de l'administration portuaire de Stonehaven.
Quels avantages et améliorations découlent de la constitution de l'administration portuaire de Stonehaven? L'administration portuaire est le moyen pour recueillir des fonds pour financer les améliorations du quai qui sont appuyées par les pêcheurs. Et c'est là un facteur très important. Nous proposons certaines améliorations aux pêcheurs, ils acceptent nos propositions, et les propositions que nous présentons au MPO. Nous avons su améliorer à plusieurs égards le quai.
Les ports pour petits bateaux ont voix au chapitre dans le processus, et nous en sommes reconnaissants, mais nous savons parfaitement que nous n'avons pas le même poids que les grands ports commerciaux.
Les membres du conseil d'administration jugent que le port fait partie de la communauté, et que tous les membres de cette dernière en sont les propriétaires. Ils peuvent vraiment influer sur les changements.
Le conseil d'administration peut adopter des règles et règlements qui permettent d'améliorer le fonctionnement quotidien du port pour tous les utilisateurs.
Nous avons collaboré étroitement avec le personnel du programme des ports pour petits bateaux afin d'élaborer des plans d'entreprise, des plans de sécurité et des plans de gestion environnementale qui n'existaient pas avant la création de l'administration portuaire.
Quels sont les problèmes que nous avons connus depuis la création de l'administration portuaire? Un petit port ne peut pas générer les revenus ou l'intérêt nécessaires pour justifier des améliorations importantes à l'infrastructure, contrairement aux grands ports commerciaux. Il nous faut donc, pour cette raison, jouer le jeu politique. Certaines administrations portuaires sont peut-être plus douées que d'autres à cet égard, et simplement d'un point de vue moral, nous ne devrions pas avoir à jouer ce petit jeu politique pour susciter une réaction appropriée du programme des porcs pour petits bateaux.
Le fardeau administratif imposé aux administrations portuaires par le gouvernement, qu'il s'agisse de la Division de ports pour petits bateaux, de l'Agence de revenu du Canada et j'en passe, s'alourdit à tous les jours, comme l'a signalé M. Ferguson. Il faut des connaissances en matière de gestion et de communication toujours plus poussées pour pouvoir fonctionner. Il est utile de connaître la technologie — les ordinateurs, l'Internet, les choses du genre — lorsque vous devez entrer en communication avec les fonctionnaires et d'autres partenaires, mais ces compétences de gestion ne sont pas nécessairement disponibles dans toutes les administrations portuaires.
Ce sont toujours les mêmes qui sont appelés à contribuer, ce qui entraîne l'épuisement des bénévoles. C'est peut-être parce qu'on a besoin de leur expertise ou simplement parce que les autres ne s'intéressent pas à ce genre de chose.
Nous croyons également que le processus qui a été mis sur pied pour les grands travaux et les grands projets comportent certaines lacunes. Est-il possible que les coûts des travaux effectués par les entrepreneurs sont gonflés comparativement aux coûts tels qu'évalués par TPSGC? Est-il exact qu'une bonne partie du budget est réservée aux coûts administratifs versés aux partenaires internes comme TPSGC? Dans l'affirmative, cela veut dire que moins de travaux sont effectués avec les montants attribués aux administrations portuaires pour les projets.
L'administration portuaire est consciente du fait qu'il lui appartient d'élaborer les règles et les règlements; nous savons cependant que nous n'avons pas la capacité nécessaire pour assurer le respect de ces règlements. Nous avons un conseil d'administration composé de bénévoles, nous n'avons aucune présence à temps plein dans le port, et il est impossible de s'assurer que tous les utilisateurs observent les règlements adoptés par le conseil. Tout cela frustre ceux qui désirent que l'administration portuaire prennent des mesures pour pénaliser ceux qui enfreignent les règlements.
Bref, nous aimerions vous faire part de plusieurs petits problèmes qui doivent être réglés si l'on veut que le quai de Stonehaven soit tout au moins aussi bon que les autres ports du nord-est du Nouveau-Brunswick. Notre installation de hissage, la rampe de mise à l'eau, doit être réparée. Il faut reconstruire la jetée ouest. Il faut également procéder au dragage du port. Ces projets font l'objet d'une demande depuis plusieurs années. Nous savons pertinemment que mener à bien ces projets nécessite un engagement financier important de la part du gouvernement fédéral. Nous continuerons cependant à collaborer étroitement avec le personnel des ports pour petits bateaux dans l'espoir d'obtenir l'approbation de ces grands travaux.
Au nom du conseil d'administration de l'administration portuaire de Stonehaven, nous désirons remercier les membres du comité de l'intérêt qu'ils manifestent pour la question. Nous vous sommes fort reconnaissants de nous avoir offert cette occasion de vous faire part de nos préoccupations. Nous sommes d'avis que l'administration portuaire de Stonehaven est un bon exemple de la façon dont le gouvernement fédéral peut collaborer étroitement avec les bénévoles pour le mieux-être de la collectivité.
Merci beaucoup.
Monsieur Mallet, je suis vivement intéressé par votre exposé. J'aimerais que vous étoffiez un petit peu ce que vous avez dit.
Évidemment, puisque je viens d'une communauté de pêcheurs, je suis parfaitement conscient du manque d'argent et des problèmes associés au MPO. Mais n'oublions pas que le MPO ne peut distribuer que l'argent qu'il reçoit du gouvernement. Nous avons de bons fonctionnaires dans la région ici, je suis convaincu, comme c'est le cas à l'Île-du-Prince-Édouard et dans le reste du pays. À mon avis, je suis convaincu que vous serez d'accord avec moi, les gouvernements doivent investir plus d'argent — évidemment pas tout donner l'argent nécessaire maintenant, mais il faut quand même investir plus d'argent dans le budget de réparation des ports pour petits bateaux si l'on veut régler le problème de ces ports dans toutes les régions.
J'aimerais que vous me disiez comment nous devrions aborder le projet. Devrait-il s'agir d'un plan d'entreprise à long terme qui serait élaboré pour chacun de ces ports ou quais avant que l'argent vous soit attribué? Devriez-vous savoir où vous allez?
Je veux simplement dire que parfois l'argent dépensé pour les réparations est gaspillé. Ou du moins, c'est l'opinion qu'on entend à l'occasion. Peut-être que s'il y avait un plan à long terme pour votre administration portuaire, l'argent investi dans l'entretien ne serait pas gaspillé et vous auriez, en fait, une meilleure optimisation des ressources, si vous comprenez ce que je veux dire.
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Si vous faites le calcul, vous verrez que cela représente des sommes importantes. Dernièrement, nous avons réparé le tiers de nos installations. Le contrat total s'élevait à 5,2 millions de dollars. C'est beaucoup d'argent, mais il ne faut pas oublier que la durée de vie de ces quais est de 40 ans. Si vous divisez le montant total par 40, ça ne donne pas de gros montants par année.
Pour ce qui est de la stratégie, nous travaillons présentement avec les fonctionnaires. Nous avons des plans à long terme. Nous travaillons très fort pour réaliser nos objectifs, mais nous nous butons sans cesse au même problème: le manque d'argent, encore et toujours. Nos installations et l'achalandage dont elles font l'objet nous permettent d'investir un peu de l'argent des pêcheurs dans les réparations. Nous évaluons que depuis la mise en oeuvre du programme, l'Administration portuaire de Shippagan a investi au-delà de 100 000 $. Cet argent provient directement des utilisateurs. Toutefois, il ne nous permet de réaliser que des réparations mineures. En effet, les coûts que peuvent exiger les infrastructures marines sont incroyables.
Nous sommes gérés par un comité d'administration. Depuis la fondation de celui-ci, les mêmes administrateurs siègent à nos comités. Mon président, qui fait partie du Comité consultatif national des administrations portuaires, n'a pas pu être présent aujourd'hui, et je trouve que c'est dommage. Il est présentement à Québec pour une réunion nationale.
Nous sommes très impliqués et accomplissons beaucoup de travail. Comme je l'ai dit au début, il y a entre les fonctionnaires et nous une très bonne collaboration. Le problème n'est pas relié aux fonctionnaires. Ils reçoivent nos demandes et y travaillent. Par contre, l'argent n'est tout simplement pas au bout de la ligne.
Je parlais plus tôt avec un représentant du Québec et je lui disais qu'on ne pouvait tout simplement pas comparer la situation du Québec à celle du Nouveau-Brunswick. Le Québec possède des installations extraordinaires. J'ignore comment vous avez réussi une telle chose, mais je lève mon chapeau. Je ne sais pas si c'est dû au fait que le nombre de quais y est moins élevé qu'au Nouveau-Brunswick. Comme je vous l'ai dit, nos installations sont en phase terminale. Nous sommes obligés de les condamner parce que les ingénieurs de Travaux publics Canada nous ont dit de le faire, sans quoi nous risquions de voir des accidents se produire.
Comme le disait mon collègue de Tracadie, nous sommes responsables de nos installations, étant donné qu'au moment de la création des administrations portuaires, on nous a remis un beau package en nous disant de nous en occuper. Nous en sommes donc responsables. C'est pourquoi, si un ingénieur nous dit de condamner une installation parce que des problèmes risquent de survenir, nous la condamnons.
Je tiens à répéter ce qui suit parce que c'est important. Lors de conférences et à l'occasion de nos dernières rencontres sur les ports pour petits bateaux, on nous a dit clairement que si un problème se produisait, nous étions responsables. Nous sommes obligés de contracter des assurances pour protéger notre conseil de direction. N'oubliez pas qu'aujourd'hui, surtout dans le cas de mes installations, les utilisateurs ont tous des entreprises valant des millions de dollars. Par conséquent, si un problème se produit lorsque ces gens utilisent nos installations, ils ont les moyens d'engager des avocats et de nous poursuivre en justice. Donc, on est obligé de travailler sur toutes les facettes, que ce soit...
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Oui. Je n'ai peut-être pas eu le temps de développer la question.
Les administrations portuaires, les fonctionnaires et le programme d'administration portuaire nous donnent une assurance pour la responsabilité. Si un touriste ou qui que ce soit vient sur nos installations, qu'il se blesse et qu'il nous poursuit, on a une assurance-responsabilité.
Mais je parlais plus tôt d'une assurance pour couvrir les décisions du conseil d'administration de notre port. Comme je vous l'ai dit plus tôt, les entreprises qui utilisent nos installations sont des entreprises qui, s'il arrive quelque chose à cause d'une mauvaise décision du conseil d'administration du port qui affecte leur entreprise, peuvent nous poursuivre. Nous sommes donc obligés de prendre une assurance pour nous protéger dans le cas d'une mauvaise décision du conseil d'administration.
Cela répond-il à votre question?
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Bonjour, messieurs dames.
Tout d'abord, je travaille beaucoup au dossier des ports pour petits bateaux depuis 2000; depuis 2004, je le fais à titre de député. À l'époque, à l'échelle du Canada, le budget était de 50 millions de dollars. C'était complètement ridicule: 50 millions de dollars pour tous les quais à l'échelle de tout le Canada. Cela n'avait pas de sens.
Le budget est maintenant de 100 millions de dollars. La partie que vous faites, ce que vous avez fait comme travail bénévole, finit par représenter de l'argent. Selon les administrations portuaires à l'échelle nationale, on dit que ça correspond à environ 25 millions de dollars. Vous réussissez donc, bon an mal an, à faire en sorte que le budget n'est plus de 100 millions de dollars, mais bien de 125 millions de dollars. Toutefois, les 25 millions de dollars additionnels ne viennent pas du gouvernement, ils viennent de vous, des utilisateurs, de votre façon de travailler, etc. De l'aveu même du ministère, la situation est très grave parce qu'en 2004, d'après les chiffres du ministère, il fallait 400 millions de dollars à l'échelle de tout le Canada pour tout remettre en état les quais jugés actifs. Et je ne parle pas de programme visant à développer ou à améliorer sensiblement ou à construire de nouveaux quais, je parle seulement de remettre en état les quais jugés actifs. Donc, cela met de côté tous les autres qui ne sont pas jugés actifs. Il y en a parfois quelques-uns qui sont oubliés, mis de côté. Donc, le montant était de 400 millions de dollars, en 2004.
En 2006, le montant était de 475 millions de dollars. Aujourd'hui, il est probablement de plus de 600 millions de dollars. C'est comme un toit qui coule. Si on ne le répare pas, il s'effondrera. C'est ce qui se passe. De façon générale, la situation se détériore. À la limite, compte tenu de ce que j'entends et de ce que je vois, c'est un bris de contrat. Quand les administrations portuaires ont été constituées, on ne disait pas que la situation allait se détériorer. On disait plutôt qu'on allait collaborer et que c'était une bonne chose. On vous menaçait même de ne pas avoir d'argent. C'est très grave.
Quelqu'un devrait souscrire une assurance. Éventuellement, le gouvernement devrait faire la même chose. Y aurait-il lieu de lancer une poursuite pour geste irresponsable ou bris de contrat?
Monsieur Mallet, je vous remercie pour votre message sur les installations portuaires du Québec. Un quai peut être beau en apparence, mais à l'intérieur, il peut être terriblement dégradé. C'est malheureusement le cas au Québec aussi. À certains endroits, c'est l'enfer! La solution du ministère est d'installer une clôture parce qu'il est devenu trop dangereux de circuler sur le quai ou d'y amarrer un bateau. Nous connaissons ces situations.
Il y a une sorte d'« écoeurite » aiguë, si je peux m'exprimer ainsi. J'ai déjà entendu l'expression « c'est comme si les bottines ne suivaient pas les babines ». On dit bien des choses, mais en réalité, ça ne se passe pas comme prévu. J'imagine que ça devient excessivement difficile pour vous. Vous êtes non seulement fatigués mais frustrés. D'une certaine façon, c'est vous qui recevez les critiques. De plus, sur le plan financier, vous devez vous protéger des poursuites civiles ou autres. D'ailleurs, cet aspect est intéressant et on en parlera sûrement dans le rapport.
On est rendus à un point où ça passe ou ça casse. J'ai l'impression que c'est déjà cassé, car la situation ne s'améliore pas. Il faut beaucoup plus d'argent.
Si on est trop gentil, la situation se détériorera. Dans 10 ou 15 ans, il y aura moins d'installations portuaires. Il n'y aura que quelques quais par région, ce qui entraînera la disparition de plusieurs villages. Un quai est essentiel, pour un village.
J'aimerais entendre vos commentaires sur l'« écoeurite » aiguë. Qu'est-ce qui se présente à vous? De quelle façon faudrait-il faire bouger les choses?
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Il faudrait mieux gérer les fonds. On reçoit certains montants; qu'on les gère. Je m'explique. Lorsqu'on réunit quelques centaines de personnes à Moncton pour parler du bénévolat et de la durabilité, elles sont logées et nourries pendant deux jours. Cela coûte de l'argent. Une fois la réunion terminée, tout le monde s'en va. On a fait un bon travail. On a pu exprimer nos différences, mais qu'est-ce que cela rapporte? Je n'ai aucune idée des coûts d'une telle réunion, mais je suis certain qu'un montant comme celui-là aurait pu satisfaire plusieurs administrations portuaires.
Le défi, pour les administrations portuaires, est de mieux administrer leurs fonds.Tout le monde contribue, les pêcheurs comme les bénévoles. Néanmoins, il faudra quelqu'un pour nous aider un peu plus. Il est question des petites administrations portuaires.
Jacques LeBreton, qui m'accompagne, passe je ne sais combien d'heures et de jours dans une semaine à faire du bénévolat. De plus, on passe deux jours à Moncton, où on est logés et nourris, pour en discuter.
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Merci, monsieur le président, et merci à tous les témoins de leur présence aujourd'hui. Je suis content d'être ici dans cette belle région du pays.
J'aimerais vous poser plusieurs questions. Vous avez dit, monsieur, quelque chose qui était émouvant. Vous avez dit: « Les administrations portuaires sont gérées par des bénévoles. Vous ne devez pas abuser de leur patience. » Nous avons déjà entendu cela de la part de bénévoles qui frôlaient l'épuisement. Qu'est-ce qui arriverait, selon vous, si certaines des administrations portuaires pour petites bateaux qui existent maintenant disaient tout simplement, c'est fini, on ne peut plus le faire; au fond, nous sommes des pêcheurs, et si le gouvernement ne nous aide pas, alors on va en finir une fois pour toutes?
Selon vous, est-ce possible dans cette région précise? Qu'arriverait-il si c'était le cas? Quel serait alors le coût pour le gouvernement?
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C'est une bonne question.
Notre administration portuaire est située à Shippagan. Sur le plan de la géographie, il y a d'autres administrations portuaires non loin de nos installations. Une administration portuaire est vraiment proche. Ses administrateurs ont fait exactement ce qu'il vient de dire: ils s'en sont lavé les mains. Ils sont venus nous voir pour nous demander de les prendre sous notre aile. J'ai soumis cette requête à mon comité de direction, qui a accepté. Je suis convaincu qu'ils ne sont pas les seuls à en être rendus là.
Je ne suis pas un pêcheur; je suis un employé. Et je ne voudrais pas être dans la peau d'un pêcheur qui siège à un comité de direction d'une administration portuaire qui doit instituer des règlements. Comme vous le savez, on n'est pas tous sur la même longueur d'onde. Aussi, des frictions peuvent survenir entre des pêcheurs, à un moment donné, si l'un d'entre eux siégeant au comité de direction doit établir des règlements relativement à son propre quai.
Je sais que cela entraîne des conflits. Mon collègue pourrait peut-être en parler. Ensuite, on doit entreprendre des procédures, on doit aller voir des avocats, on doit envoyer des lettres. Ce faisant, les administrations portuaires ne peuvent plus suivre le courant. Ces pêcheurs doivent se battre contre leurs propres collègues pour faire respecter les règlements liés au quai, et lorsqu'ils se retrouvent en mer, je suis convaincu qu'il y a quelques frictions.
Cela use les personnes qui siègent à titre de bénévoles aux comités de direction des administrations portuaires.
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Madame Payne, vous me rappelez une femme que nous avons rencontrée l'autre jour au port Woods. Comme vous, elle est très active, très proactive, et elle aime beaucoup ce qu'elle fait au sein de l'administration portuaire. Alors, je vous en remercie.
Vous avez parlé de jouer le jeu. Pourriez-vous nous en parler davantage, s'il vous plaît? Je sais ce que vous voulez dire, mais je veux que ce soit consigné au compte rendu, parce qu'on ne veut pas que votre port se dispute avec celui de Shippagan ou ces gens-là pour avoir le même argent. À mon avis, ce n'est pas l'intention du gouvernement. Je ne pense pas que les députés, à cause des pressions exercées par les lobbyistes, devraient dire, d'accord, j'ai cette zone et vous avez la vôtre, ou bien je suis plus proche du ministre, ou je pourrais faire quelque chose afin de vous le donner pour me rendre heureux, mais pas ces gens-là, ou vice versa.
Pourriez-vous nous en parler un peu plus, s'il vous plaît?
Si je peux répondre à votre question à propos de jouer le jeu, nous avons aussi reçu de l'argent, comme M. Arseneau, et en général, c'est avant une année d'élection. À Stonehaven, nous avons tout fait exactement comme nous l'ont demandé les gens de Ports pour petits bateaux. Nous avons élaboré des plans, nous avons imposés des droits d'amarrage, nous avons des réunions annuelles, nous conservons les procès-verbaux, nous avons des ordres du jour — nous gérons le port comme une entreprise. Donc, nous croyons que nous devrions être... pas récompensés, mais nous devrions au moins recevoir de ces gens ce qu'ils nous ont promis, pour nous aider à administrer le quai.
Avant une élection, nous écrivons des lettres et nous faisons des appels. J'ai personnellement rencontré les adjoints administratifs de députés. Nous jouons le jeu.
À un moment, nous allions jouer une carte particulière, car nous sommes un quai anglophone à l'entrée de la péninsule acadienne. Nous voyons passer les rochers. Nous voyons les travaux de construction sur les plus gros quais — je serai honnête, à Caraquet et à Shippagan. Et nous avons dit, devons-nous jouer cette carte? Devons-nous vraiment en faire une question de langue? Que devons-nous faire? Je n'aime pas faire cela, car je considère que nous avons travaillé avec le MPO, nous avons travaillé avec les gens de Ports pour petits bateaux, et nous avons fait exactement ce qu'ils voulaient que l'on fasse. Pourquoi dois-je m'abaisser à ce niveau, de dire que je vais faire cela? Je ne veux pas le faire. On m'a dit: ne menace pas; fais-le.
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Nous pensons que s'il y avait eu un entretien régulier et si on avait fait un dragage pendant six ou sept ans à Pointe-Verte, cela aurait fait l'affaire. Quand ils sont venus pour la première fois, il y a 18 ans, et qu'ils ont fait le creusage, ils ont été obligés de dynamiter une grande partie du quai. Quand on laisse 10 000 mètres de roches dans un coin de quai en partant, c'est qu'on n'a pas tout planifié ou qu'on n'a pas fait de suivi. Si une entreprise privée fonctionnait ainsi, elle déclarerait faillite assez rapidement.
Il faut un peu plus de constance quand on fait un projet de quai et quand on prend un quai à sa charge. On nous demande de mettre sur pied des plans d'affaires, mais on a beau les envoyer, le suivi de ces plans ne se fait tout simplement pas. Ou alors, ça prend tellement d'années à se réaliser qu'on est obligés de refaire encore et encore des plans d'affaires. Comme on le disait tout à l'heure, on est tous des bénévoles et on n'est pas directement liés à l'administration. Moi, je suis un pêcheur, je ne peux pas passer mon temps au téléphone à parler avec quelqu'un à Ottawa ou ici ou là. Ça commence à demander beaucoup de temps. J'aurais quasiment besoin d'une secrétaire. Quand on y pense, on n'a pas les moyens de faire ces choses-là. Heureusement, il y a des endroits où des gens ont ces fonctions. La tâche est énorme.
J'aimerais rajouter une chose au sujet des gros et des petits quais. Ce qui reste vrai — et ce n'est pas pour faire de la discrimination —, c'est que les gros quais et les petits quais devraient avoir des budgets distincts. Cela a déjà été dit, d'ailleurs. Je comprends la réalité à laquelle font face les gros quais. Il y a un paquet de bateaux qui y entrent. Je suis allé à Shippagan et à Lamèque, et je sais qu'il y a des coins du quai où on ne peut même pas accoster tant c'est détérioré. Je comprends. Je comprends aussi que l'entièreté de l'argent est mise dans le même pot et que tout le monde se garroche pour l'avoir.
On parlait des élections plus tôt, mais ce n'est pas ce qui compte. Celui qui connaît les personnes qui connaissent les personnes qui connaissent les bonnes personnes, celui-là aura l'argent. C'est ça, la réalité de la chose. C'est la seule manière de réussir à avoir de l'argent pour un quai. Si un ami, ou son fils, connaît un député qui, lui, connaît le ministre à Ottawa, alors on a une très bonne chance d'avoir de l'argent pour son projet.
C'est la façon dont ça fonctionne dans les petites administrations. On en est venus à se comporter comme des chiens qui courent après un os.
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Non. D'après mes calculs, nous avons fermé la première section pendant cinq ans. Le quai de Shippagan est divisé en trois sections, et deux d'entre elles étaient fonctionnelles. Nous avons donc dû rediriger nos clients vers ces deux sections et surcharger celles-ci. On a réalisé ce projet, et je peux vous garantir que les travaux accomplis étaient d'excellente qualité. Je suis convaincu que cette section va durer encore 30 ans.
Toutefois, la circulation sur le quai de la section que nous avons fermée en 2004 est accessible pour l'amarrage des bateaux seulement. Au départ, quand les administrations portuaires ont été constituées, ces gens nous ont dit, je crois, qu'ils seraient là pour nous appuyer quand des réparations seraient nécessaires. Or, on peut dire qu'ils ont manqué le bateau. Nous devons maintenant fonctionner avec des installations en mauvais état, et ça nous prend énormément de temps pour réaliser des projets. Et pendant tout ce temps, nos utilisateurs grognent. Je voudrais calculer le nombre d'utilisateurs qui viennent frapper à la porte de mon bureau tous les jours. Ils manquent d'espace, mais la seule chose que je puisse leur dire est que j'espère avoir l'argent nécessaire pour réaliser des projets l'année suivante. L'année suivante, je leur dis la même chose, et il en va de même chaque année.
Comme vous pouvez le constater, juste pour obtenir la décision en vue de refaire le projet, nous avons attendu de 2004 à 2008. En plus, on nous dit que ça va se faire par étapes de deux ans. Nous attendons depuis plusieurs années, mais il a fallu pendant tout ce temps continuer nos activités. Nous ne pouvons pas décider d'aller ailleurs. Ces installations sont tout ce que nous avons pour fonctionner.
Je vais faire une comparaison très simple. Je fais partie des pompiers volontaires de Shippagan à titre de chef pompier. Chaque année, des gens de la Ville de Shippagan vérifient que l'ensemble de notre équipement et de nos installations est de bonne qualité, de façon à ce que nous puissions offrir un bon service à nos citoyens. Je trouve ça tout simplement normal. En revanche, des ingénieurs nous disent que nos installations portuaires sont en mauvais état. M. Blais est aussi de cet avis. Je pensais que celles de sa circonscription étaient meilleures que les nôtres, mais il semblerait que ce ne soit pas le cas.
Quel que soit le gouvernement en place, il devrait s'assurer que nos installations sont acceptables afin qu'on puisse pratiquer nos activités.
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À un moment donné, j'ai pris contact avec des personnes pour vérifier si l'APECA pouvait nous aider. Je pense que le but de l'APECA est de développer les régions. Quoi qu'il en soit, les gens semblent penser que la pêche est un cas à part et qu'un autre secteur va s'en occuper. Nous attendons encore de savoir quel secteur va s'occuper de nous.
Plus tôt, je voulais faire un commentaire sur l'administration, mais je n'ai pas eu l'occasion de le faire. L'administration portuaire est bien rodée. Nos affaires fonctionnent bien. C'est notre business. Nous avons réussi à faire comprendre aux gens et aux pêcheurs qu'il leur fallait payer un quayage et assumer une certaine responsabilité envers leur quai. Nous avons signé cette entente avec le ministère et avons assumé la partie du travail qui nous revenait, mais nous attendons toujours que le ministère fasse sa part.
Comme madame et la plupart des intervenants l'ont dit, notre grande frustration est due au fait que nous n'avons pas les sommes nécessaires pour réaliser ce que nous voulons accomplir. La détérioration des quais est de plus en plus grave, à un point tel qu'il faut maintenant 600 millions de dollars pour remettre les quais à niveau. De plus, il faut être chanceux pour tomber dans la bonne catégorie. En effet, on nous dit depuis 18 ans que nous ne sommes pas dans la bonne catégorie. Pourtant, plus de 50 ou 60 personnes gagnent leur vie chaque année à notre quai au moyen de la pêche. Pourtant, on leur dit qu'ils ne font pas partie de la bonne catégorie.
Que faudrait-il pour faire partie de la bonne catégorie?
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Merci, monsieur le président.
Je suis très heureux d'avoir entendu ce que j'ai entendu aujourd'hui. À chacune de nos étapes, nous apprenons quelque chose de nouveau et c'est certainement le cas ici.
Je vais lancer une question et sentez-vous libre d'y répondre si vous le souhaitez. Si vous ne le souhaitez pas, c'est pareil.
Selon moi, essentiellement, vous avez quelques possibilités de changement pour l'avenir. À long terme, que souhaiteriez-vous quant à la formule de financement pour les ports pour petits bateaux? On peut évidemment s'en tenir au statu quo.
Nous pourrions maintenir le statu quo, avec la concurrence qui existe pour l'obtention des fonds et les administrations portuaires fatiguées, qui doivent jouer le jeu ou quêter de l'argent afin d'entretenir leurs ports, leurs quais, leurs brise-lames et afin de procéder au dragage.
C'est un choix possible, je suppose, pour l'avenir. Nous pourrions maintenir le statu quo et continuer d'injecter plus d'argent. Le budget des ports pour petits bateaux a déjà été augmenté de 20 millions de dollars par année et nous avons ajouté 10 millions supplémentaires sur les deux prochaines années dans le cadre du programme de dessaisissement. Ainsi, nous continuons d'injecter de l'argent, mais nous ne modifions pas vraiment le statu quo du point de vue de l'administration concrète du programme.
Un choix possible serait de recourir à un gestionnaire régional des ports, rémunéré par Pêches et Océans Canada. Il y aurait un regroupement de cinq ou dix ports, dans une région, et une partie de l'argent permettrait d'en financer la gestion. Il y aurait peut-être assez d'argent pour embaucher un entrepreneur ou quelqu'un qui veillerait aux réparations. Les administrations portuaires pourraient faire bourse commune et avec l'ajout des sommes versées par Pêches et Océans Canada, on pourrait couvrir l'entretien. Mais il y a peut-être une façon de voir les choses sous un autre angle, de sortir des sentiers battus, la possibilité d'une nouvelle formule de financement.
Par exemple, la municipalité qui est la mienne, quand elle a un projet de 20 millions de dollars, se sert d'une formule de financement et émet une obligation sur 50 ans. Les recettes tirées permettent de financer l'emprunt sur 50 ans à un taux d'intérêt fixe, selon le cas. C'est ainsi que les choses sont structurées. Cela permet à la municipalité de profiter de l'argent obtenu maintenant longtemps à l'avenir afin d'effectuer les réparations nécessaires aujourd'hui.
Je ne prétends pas qu'il faille procéder ainsi, mais je vous donne cela comme exemple. Je me demande s'il n'y a pas une meilleure façon de procéder pour optimiser l'argent obtenu. Actuellement, le budget annuel — et il y a eu des fluctuations — est d'environ 100 millions de dollars. Si cette somme était partagée suivant le nombre de ports, une partie évidemment servirait à l'administration, mais les 750 ports à l'échelle du Canada se partageraient les 90 millions de dollars restants, à hauteur de 120 000 $ chacun par année. Quand on envisage les choses sous cet angle, on se dit qu'il y a une meilleure façon de procéder.
Quelqu'un veut-il me donner sa réaction à cela?
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Bon retour, chers collègues.
Encore une fois, j'aimerais souhaiter la bienvenue à nos témoins.
Pour ceux d'entre vous qui n'étiez pas là lors de la première série de témoins, nous sommes le Comité permanent des pêches et des océans. Nous représentons les quatre parties politiques à la Chambre des communes.
L'automne dernier, nous avons entrepris une étude du programme de ports pour petits bateaux pour le ministère des Pêches et des Océans. Nous avons présenté un rapport provisoire à la Chambre des communes avant le congé de Noël, et nous sommes sur le point de conclure notre étude et nous espérons pouvoir présenter un rapport complet à la Chambre des communes avant la relâche estivale.
Dans le cadre de cette étude, nous avons entendu les responsables du ministère de Pêches et Océans, des directeurs régionaux de Ports pour petits bateaux, du Comité consultatif national des ports pour petits bateaux, et plusieurs autres groupes et organismes.
Notre étude se poursuit cette semaine. Nous voyageons dans les quatre provinces atlantiques, et au Québec cet après-midi, pour entendre les témoignages de gens comme vous qui êtes sur le terrain, ou sur le quai comme on dit, sur le sujet des administrations portuaires et des bénévoles.
Nous cherchons à jeter une base pour permettre au ministre de présenter à ses collègues du cabinet et à d'autres une façon d'améliorer le financement du programme de ports pour petits bateaux, mais nous voulons aussi que vous nous fassiez part des préoccupations que vous avez comme bénévoles dans vos collectivités, ainsi que toute aide que les administrations portuaires pourraient recevoir du gouvernement.
Nous laissons quelques minutes à chaque intervenant pour qu'il puisse se présenter et nous parler un peu de son administration. Puis nous passons à une série de questions. Nous devons limiter le temps d'intervention, sinon nous prendrions beaucoup trop de retard. Nous vous demandons d'en tenir compte lorsque vous intervenez.
Comme je l'ai dit, nous espérons compléter notre rapport avant la relâche estivale. Si, après cette séance, vous sentez que vous n'avez pas eu la possibilité de dire tout ce que vous vouliez dire, sentez-vous bien à l'aise d'envoyer vos observations au comité, et nous les inclurons dans nos discussions lorsque nous finalisons le rapport.
La plupart des députés autour de cette table représentent des circonscriptions rurales du Canada et connaissent bien le programme de ports pour petits bateaux et les administrations portuaires elles-mêmes. Je représente une circonscription rurale à Terre-Neuve-et-Labrador, et j'ai 68 administrations portuaires dans ma circonscription. Cela vous donne un exemple, et la plupart des députés sont dans la même situation. Nous connaissons bien le programme, mais nous apprenons toujours quelque chose de nouveau lors de chaque audience.
Nous avons hâte de vous écouter ce matin et d'entendre vos préoccupations.
Je crois que c'est M. Landry qui commence. Vous avez la parole, monsieur Landry.
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Bonjour. Je m'appelle Roland Landry et je suis le président de l'Administration portuaire d'Anse Bleue. Nous sommes 19 pêcheurs de homard, de hareng et de maquereau. À cela s'ajoutent, durant l'été, une trentaine de plaisanciers.
Je ne sais trop de quelle façon débuter. D'abord, nous avons de graves problèmes: des problèmes d'eau, des problèmes de pavage de quai. Je ne sais pas si c'est ce dont je dois parler, mais nous aimerions obtenir de l'argent pour essayer de réparer le creusage du quai et en finir une fois pour toutes, parce que c'est ridicule de creuser à la pelle à tous les ans. On n'en finit plus. C'est le but de ma visite ici aujourd'hui: essayer de faire en sorte qu'on règle ce problème une fois pour toutes.
Tout le monde chez nous fait du bénévolat. Tous les ans, on a à peu près 12 000 $ pour le pavage du quai. Je ne crains pas de dire qu'on fait tous du bénévolat en travaillant à la masse et à la mitaine. Les gens commencent à être fatigués de cela. Alors, on aimerait bien obtenir de l'argent pour continuer nos activités de port.
C'est tout ce que j'ai dire.
Mon nom est Paul-Aimé Mallet et je suis le président de l'Administration portuaire de Le Goulet.
L'Administration portuaire de Le Goulet a été créée en mars 1996. Les quais étaient un peu désuets, mais on a toujours continué à travailler avec Ports pour petits bateaux pour les améliorer. Une partie du quai relevant de l'Administration portuaire de Le Goulet depuis 1996 avait été construite au début des années 1960. Une partie du quai sert également de brise-lames pour le chenal de Shippagan.
Depuis ces années, on a toujours travaillé fort avec Ports pour petits bateaux afin d'améliorer notre quai. Nous avons 60 bateaux de pêche au homard qui s'amarrent au quai et environ 15 à 20 bateaux viennent d'autres quais pour livrer leurs homards à notre quai. Nous avons environ de 10 à 15 bateaux qui pêchent d'autres espèces, comme le hareng du printemps, le maquereau et un peu de poisson de fond, quand on a des petits quotas.
Nous avons aussi de 10 à 20 pêcheurs autochtones qui pêchent le crabe des neiges. Depuis 1995, nous avons aussi environ de 12 à 15 pêcheurs de crabe des neiges qui viennent d'autres quais pour le déchargement. Au mois de décembre 2006, on a signé une entente à long terme avec Ports pour petits bateaux pour effectuer des réparations majeures au quai, d'une valeur de 8 millions de dollars environ. Au début de janvier 2008, des travaux pour un montant de 200 000 $ environ étaient presque terminés.
On a constate qu'il y a un manque de participation des pêcheurs aux réunions annuelles de l'administration portuaire parce qu'ils disent que le quai est de plus en plus désuet. Si des travaux majeurs ne sont pas effectués dans un avenir proche, une partie du quai devra être fermée. Où devrons-nous aller amarrer nos bateaux? Devrons-nous revenir à l'ancien système de cabestan, pour que les pêcheurs puissent continuer à gagner leur vie?
Cela étant dit, je pense que le gouvernement en place doit prendre ses responsabilités et commencer à investir plus d'argent dans les quais.
Là-dessus, je vous remercie beaucoup, messieurs.
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Bonjour. Je m'appelle Samuel Larocque et je suis secrétaire-trésorier du Comité portuaire de Pigeon-Hill.
Au quai de Pigeon-Hill, il y a 68 pêcheurs côtiers. En automne, lors de la pêche au hareng, il y a 15 bateau de plus. Présentement, j'ai sept problèmes aux quais. Le premier, c'est le creusage de Le Goulet. On le fait chaque année, et chaque année, les montants sont approuvés. La problème, c'est qu'on est toujours obligés d'appeler Pêches et Océans Canada et Travaux publics et Services gouvernementaux Canada 48 heures à l'avance pour faire une demande de creusage. Ils nous accordent seulement 40 heures de creusage, parfois 30 ou même 20 heures. Ce qu'on demande, c'est un contrat d'entretien avec un montant alloué.
Nous, dans la région de Pigeon-Hill, on a l'Amphibec. On est chanceux de ce point de vue. L'Amphibec pourrait creuser le chenal assez large pour que, lors d'une tempête ou de gros vents, même s'il se remplissait sur une largeur de 50 pieds, sa largeur serait d'au moins 200 pieds de plus. Ça, c'est pour le problème de creusage.
Ensuite, notre quai 401 est fermé depuis cinq ans. J'ai beaucoup de mal à obtenir des fonds pour ce quai. Présentement, on le tient fermé, mais des pêcheurs l'ouvrent et des camions y circulent. Qui est responsable? C'est le comité portuaire. C'est pour cela qu'on manque d'argent pour réparer ce quai.
Ensuite, le troisième problème est le slip, la descente de bateau. J'ai fait une demande il y a trois ans et j'attends encore les plans et les dessins de TPSGC. Il y a 70 bateaux qui descendent sur le slip avec ce qu'on appelle une float, un transport. C'est vraiment dangereux. J'ai aussi fait une demande à ce sujet. On attend encore les plans et devis.
Un autre de mes problèmes, c'est que l'année passée, on a reçu 25 000 $ pour faire une étude sur les plans futurs. J'ai appelé Pêches et Océans Canada à ce sujet, mais je n'ai reçu aucune nouvelle. J'ai appelé TPSGC. C'est la même chose, les gens là-bas ne sont pas au courant. C'est ce qui nous manque pour agrandir le quai. On attend toujours.
Le cinquième problème, c'est le quai de fer. Mon grand-père a construit le quai de fer il y a 32 ans. Il a été inspecté et on va avoir des fonds pour le remettre à neuf. Pêches et Océans Canada a beaucoup travaillé à cela, et j'en suis bien content.
Comme vous pouvez le constater, il y a beaucoup de problèmes à Pigeon-Hill.
Le sixième problème touche les quais flottants. Quatre quais flottants ont vraiment empiré. Ils ont plus de 25 ans. On fait toujours des demandes à ce sujet, mais on manque d'argent.
Le septième problème, c'est que Pêches et Océans Canada n'a jamais d'argent. On aimerait avoir beaucoup plus d'argent pour les ports pour petits bateaux. Il faut que les petits quais soient traités distinctement des gros ports de mer. Il faut vraiment régler ce problème.
Quand le gouvernement a cédé les ports de mer aux comités portuaires, ils étaient en mauvais état. On ne peut pas céder quelque chose en mauvais état. Si le gouvernement avait réparé tout de suite les quais, on ne serait pas assis à cette table.
Merci.
:
Je m'appelle Marc Paulin et je suis président de l'Administration portuaire du quai Ste-Marie-St-Raphaël.
Chez nous, au quai, on est à peu près une trentaine de pêcheurs de homard. On pêche le hareng et le maquereau. Selon les années, quelques navires viennent de l'extérieur pour la pêche au hareng à l'automne. On a déjà eu du débarquement de crabe, mais on ne peut plus le faire parce qu'il n'y a pas assez d'eau à l'entrée du quai. Comme ces bateaux ne veulent pas courir le risque d'entrer, ils sont obligés d'aller à d'autres ports un peu plus loin.
Notre plus grand problème est l'ensablement. Chaque printemps, on doit creuser pour sortir pêcher. On doit aussi creuser dès qu'il y a un vent du nord-est. Les projets prioritaires annuels qu'on soumet à Pêches et Océans ont trait au creusage. Je ne vois pas pourquoi il faudrait demander chaque année des fonds pour procéder au creusage. Comme le ministère sait que Ste-Marie-St-Raphaël a et aura toujours besoin de creusage, il devrait prévoir des fonds à cette fin.
Le problème s'aggrave. L'état de la côte et de la batture de sable s'est beaucoup détérioré depuis 10 ans. J'en ai fait part à Pêches et Océans et à Travaux publics et Services gouvernementaux. Ces ministères m'ont répondu ne pas avoir de fonds pour faire d'étude ou autre chose. La batture de sable est en train de se déplacer à l'avant du quai, de sorte que le creusage coûtera encore plus cher.
Des réparations ont été faites sur le quai. On a pavé certains endroits. On a construit un slip, une nouvelle descente de bateau, mais elle n'a pas été terminée. Cette descente est belle, mais on ne peut y accéder que par bateau. On a demandé un quai flottant pour l'installer le long de la descente, et on l'a obtenu. Il est dans le clos, mais on n'a pas de rampe à installer le long de ce quai flottant, le long de la descente. Ce projet n'est pas complété. Le gouvernement nous dit qu'il n'a pas d'argent à cette fin.
Un autre problème fait son apparition. Une partie du quai commence à se désagréger et à ramollir. La grue, les excavatrices et les véhicules de transport chargés de hareng doivent passer sur un quai mou et dangereux. Or, ils ne peuvent pas barrer le quai parce que c'est le seul endroit accessible pour aller creuser au bout. J'ai avisé Pêches et Océans, et Travaux publics et Services gouvernementaux a fait des études. Ils savent que le quai est en mauvais état. On ne peut pas attendre qu'il y ait un accident. Quand un véhicule de transport passera au travers du quai, le creusage sera fini. Autant dire qu'on met la clé sur la porte du quai.
Je reviens encore au creusage parce que c'est un de nos grands problèmes. Ils ne creusent qu'un petit corridor parce que c'est seulement ce qu'ils nous ont alloué. S'ils pouvaient creuser plus large, ce serait beaucoup plus avantageux pour nous. Au lieu de prendre une seule tempête, ça en prendrait peut-être deux ou trois avant qu'il y ait trop de sable pour passer en bateau. Des bateaux se sont échoués et des vies ont presque été perdues. Une vie n'a pas de prix. Malgré tout, le gouvernement refuse de nous donner de l'argent.
Quand les administrations portuaires ont été fondées et nous ont été imposées, soit on mettait sur pied un comité d'administration portuaire, soit on fermait le quai. Alors le gouvernement nous a garroché ces quais sur le dos.
Comme le disait mon confrère Samuel, les quais étaient en très mauvais état, et ils le sont encore. On est seulement des bénévoles et on fait notre possible pour gérer ces quais. Les pêcheurs font pression sur nous pour qu'on fasse ceci et cela. On fait notre possible, mais sans financement, on a les mains liées. C'est là que réside le problème.
C'est tout.
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Bonjour. Je m'appelle Aurèle Chiasson. Je suis le gérant du Comité portuaire de Lamèque. En 1968, on a été les premiers à former un comité portuaire de tous les quais.
Dans le temps, le ministère des Pêches et des Océans avait affirmé qu'il laisserait les quais en état de fonctionnement, c'est-à-dire sécuritaires à tous égards. Cependant, ça n'a pas été le cas. Chaque année, il fallait se battre contre ce ministère pour que des réparations soient effectuées sur tous les quais.
Depuis 2000, les demandes ont été faites tous les ans, et ce, auprès de chaque ministre des Pêches et des Océans. Depuis que je suis en poste, le ministre des Pêches et des Océans a changé quatre fois. D'une fois à l'autre, il fallait refaire la demande, puisque le ministre en poste n'était pas exactement au courant du dossier. Ça n'a donc jamais été de l'avant.
Dans le temps, le ministre Dhaliwal m'avait donné son accord quant au projet de réparation du quai. Par la suite, le nouveau ministre, M. Thibault, qui n'avait alors pas été mis au courant du dossier, m'a parlé d'un projet qui était vraiment hautement positionné en vertu des budgets du ministère des Pêches et des Océans. Il appelait cela un projet rust proof. Il m'accordait environ 900 000 $ pour faire la réparation de la partie la plus usée du quai, c'est-à-dire celle du côté de l'usine. J'avais le choix: accepter ce projet ou ne rien avoir du tout. On l'a accepté. La partie dont il est question et pour laquelle j'ai fait mes demandes concernait la partie des quais 407 et 408, selon l'Association coopérative des pêcheurs de l'Île.
Cet automne, une firme d'ingénieurs a fait une vérification du quai. Après l'inspection, l'ingénieur en question m'a dit que cette partie du quai — les quais 407 et 408 — était en mauvais état et n'était pas sécuritaire. Je lui ai demandé jusqu'à quel point elle ne l'était pas. Il m'a alors suggéré de fermer une partie du quai et d'y faire circuler un camion de trois quarts de tonne. N'oublions pas que tous les pêcheurs qui travaillent au quai de Lamèque ont tous des camions d'une tonne et plus. Ce sont tous des pêcheurs de crabe et de crevette.
Cinquante bateaux de pêche commerciale accostent à mon quai. Ce ne sont pas des petits bateaux de 40 ou 45 pieds; ce sont des bateaux de 65 pieds et plus. Dans la partie dont il est question, soit celle des quais 407 et 408, il n'y a même pas de place pour amarrer un bateau de façon sécuritaire. Bien que le ministère des Pêches et des Océans ait dit tout au début qu'il maintiendrait les quais dans un état acceptable selon les normes de sécurité de la construction, cela n'a jamais été le cas.
De plus, chaque année au quai de Lamèque sont déchargés des produits de la pêche d'une valeur de 15 millions de dollars. C'est de l'argent! Il y a aussi environ 500 emplois qui sont générés par ces activités de pêche.
Je n'ai pas encore eu la confirmation de la fermeture de cette partie du quai, mais tout porte à croire qu'elle sera fermée ce printemps. Depuis un mois, il y a des personnes qui travaillent sur ce quai, dont deux aquaculteurs. Il y a une compagnie qui achète le crabe; il y a une glacière qu'il faudra déménager; il y a deux sites de débarquement, et une douzaine de bateaux doivent s'y amarrer pour y faire le déchargement. Je dois donc relocaliser tous ces gens sur les autres quais, soit les quais 401, 402 et 403, qui sont déjà achalandés.
Pour toutes ces raisons, je me demande ce que le ministère des Pêches et des Océans va faire ce printemps. Va-t-il nous donner de l'argent pour le quai?
Aujourd'hui, je ne demande pas des réparations. Ça nécessiterait environ un million de dollars, et même dans ces conditions, le quai ne serait pas acceptable, d'après moi. Ce qu'on demande aujourd'hui c'est un quai neuf, un quai conforme aux normes de construction et sécuritaire.
J'ai élaboré un document et j'en ai préparé des copies pour les personnes ici présentes. Ce document, avec photos à l'appui, vous montre exactement dans quel état est le quai de Lamèque. Je parle ici des quais 407 et 408. En voyant ces photos, certains auront peur d'aller marcher sur ces quais. J'ai des lettres d'appui provenant des chambres de commerce, des maires, de la Coalition pour la viabilité de l'environnement de Shippagan et des Îles Lamèque et Miscou. Ces gens appuient tous la construction d'un quai neuf à Lamèque.
Je vous remercie.
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Bonjour, mesdames et messieurs membres du Comité permanent des pêches et des océans. Je représente le comité de l'Autorité portuaire de Grande-Anse. Nous désirons profiter de cette occasion pour vous remercier de nous permettre de vous présenter notre projet de creusage au quai de Grande-Anse. Que ce soit du point de vue économique ou touristique, le site portuaire est dans bien des cas le coeur des communautés rurales. Il ne faut pas l'oublier.
Au cours des dernières années, de nombreux travaux touchant les infrastructures portuaires de notre village ont été effectués, et nous en sommes très reconnaissants. Les installations précédentes n'étaient plus sécuritaires et ne répondaient plus aux besoins des pêcheurs côtiers. Le gagne-pain de ces derniers dépend de ces installations, et toute une activité économique en découle. L'honorable Claudette Bradshaw avait annoncé que l'ensemble des travaux allait être effectué sur une période de quelques années. Il s'agissait d'un projet d'environ 1,5 million de dollars.
À notre avis, la phase la plus importante du projet de modernisation des installations portuaires est le creusage de l'entrée et du bassin du port. À marée basse, aucun bateau ne peut avoir accès au quai, étant donné que l'ensablement ne laisse pas une profondeur d'eau suffisante pour que les bateaux puissent passer. Actuellement, il n'y a que 1,5 pied d'eau environ, ce qui ne représente qu'un quart de la norme, qui est de 6 pieds. Le coût du projet de creusage est estimé à 417 000 $.
Si le problème d'ensablement n'est pas réglé, la situation actuelle va représenter un danger pour les pêcheurs ainsi que pour les plaisanciers, car à marée basse, ils doivent attendre avant d'être en mesure d'entrer au quai. Advenant qu'une tempête se lève à marée basse et qu'une personne se blesse ou soit victime d'une crise cardiaque, il serait impossible d'accéder au quai. La vie des pêcheurs, des plaisanciers et des gens sera donc mise en danger si le creusage de l'entrée du quai n'est pas effectué. L'an passé, une situation similaire s'est produite. Les conditions météo étaient mauvaises et un des bateaux a essayé d'entrer. La marée n'était pas tout à fait basse. Le bateau s'est fait prendre par les vagues et a failli se briser. Il aurait pu y avoir des pertes de vies humaines. Ça a été évité, mais doit-on attendre que ce genre d'événement se produise pour réagir?
Si vous regardez les pages suivantes, vous verrez l'intérieur du quai et un bateau sur le côté. Il est évident que même à l'intérieur du bassin, il n'y a pas suffisamment d'eau à marée basse pour que les bateaux puissent flotter. Je crois que les photos parlent d'elles-mêmes. Les besoins sont criants. Le creusage est une nécessité pour nous.
Merci.
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Je vais partager mon temps, monsieur le président.
Au cours des derniers jours, nous avons voyagé à Terre-Neuve-et-Labrador, et nous sommes allés à l'Île-du-Prince-Édouard, en Nouvelle-Écosse, et ici. Un des points communs que nous retrouvons touche l'évolution de l'industrie: les bateaux sont beaucoup plus gros et il y a plus d'investissements dans l'industrie elle-même. On en arrive à un point où beaucoup de vos quais n'ont pas été conçus pour ces bateaux qui sont maintenant plus gros. Il y a des problèmes de congestion à un point tel que les bateaux ne peuvent plus sortir. Et bien entendu, comme vous l'avez dit, monsieur Savoie, il y a des problèmes de dragage. Donc, selon l'endroit où vous êtes, le problème est soit le dragage soit la taille du quai, mais le point commun est que l'industrie comprend maintenant des bateaux beaucoup plus gros et des clients plus gros et de plus grosses dépenses en investissement. Donc, à mon avis, cela accentue les frustrations, car on ne parle plus d'une simple entreprise de pêche, mais bien d'une grosse industrie.
J'aimerais que vous nous parliez des problèmes auxquels vous ferez face à l'avenir, compte tenu de la façon dont évolue l'industrie. Parlez-nous aussi de la façon dont se présentera le problème, compte tenu du fait que vos clients changent la façon dont ils pêchent et ce avec quoi ils le font.
De plus, il y a de la concurrence. Je commence à voir certaines régions où on dirait que les ports sont dressés les uns contre les autres. Ce n'est pas juste ici; c'est partout. Mais j'aimerais que vous nous expliquiez pourquoi. Est-ce davantage le cas maintenant que dans le passé, ou est-ce que cette concurrence a toujours existé?
Commençons par le premier intervenant et ainsi de suite.
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Au sujet de la pêche côtière dans le golfe, il existe une politique selon laquelle on ne peut remplacer son bateau que par un autre de la même longueur ou du même tonnage. Pour ma part, je pêche depuis 46 ans sur un bateau de 40 à 45 pieds ayant un tirant d'eau de 4,5 à 5 pieds. Je ne comprends pas pourquoi vous avez dit que les bateaux seront de plus en plus gros. Ce sera peut-être le cas dans d'autres régions, comme Terre-Neuve et Scotia-Fundy.
Au cours des 30 dernières années, les pêcheurs ont conservé à peu près la même longueur de bateau. Au moment de creuser des ports, il faut tenir compte des effets de la nature, que ce soit les tempêtes, l'érosion ou le déplacement des sables. Du côté du golfe, par exemple de la Miramichi à la pointe de Miscou, il y a du sable tout le long des côtes. À Terre-Neuve, c'est de la roche et des cailloux. Ce n'est pas la même chose.
Il faut se mettre à la place des gens qui demandent de l'aide. Il faut savoir où ils sont situés et sur quel genre de terrain ils se trouvent.
J'espère que cela répond à votre question.
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Bonjour, monsieur Simms.
Mon nom est Rénald Haché et je suis maire de la Ville de Lamèque.
Vous avez dit que les bateaux sont de plus en plus gros. Le quai de Lamèque est de catégorie pêche commerciale. Il accueille des pêcheurs côtiers, mais semi-hauturiers et hauturiers. Donc, il y a des bateaux de gros gabarit dans lesquels les pêcheurs ont investi des montants importants. On parle de bateaux d'une valeur de 2 à 3 millions de dollars.
En ce qui a trait à la pêche à la crevette, on parle de gros bateaux. Ce qui nous inquiète, c'est la sécurité du quai par rapport à cette flotte importante en termes d'investissements financiers des pêcheurs.
Vous avez aussi mentionné la compétition entre les quais. Actuellement, je dirais qu'il n'y a pas de compétition, étant donné que chaque région a une flotte qui remplit les activités de chaque quai. Même s'il y avait une compétition, chaque quai est complètement occupé par les bateaux qu'il dessert. De plus, la plupart des pêcheurs aiment utiliser les quais près de chez eux. Une clientèle est donc déjà établie pour chaque quai. Il y a plutôt une collaboration entre les quais de la région.
Merci.
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Chez nous, il y a un petit port de mer dans un petit village de 700 ou 800 personnes. Vous avez dit que les bateaux sont trop gros. À notre quai, pour 68 bateaux, on n'a que trois mètres par bateau. Je me rappelle qu'il y a 35 ans — je n'avais alors que sept ans —, mon père pêchait sur le bord de la côte avec des cabestans. Le bateau mesurait juste 21 pieds. Je me rappelle de cela. Maintenant, il faut évoluer. Le gouvernement fédéral a donné des quais qui, au début, étaient en bon état, mais avec le temps, ils ont vieilli et sont devenus pas mal maganés. C'est pour cette raison que je dis que le monde a beaucoup évolué et que ça prend maintenant des gros bateaux pour aller chercher le poisson.
Dans notre petit village, les retombées économiques sont de 7 à 8 millions de dollars. Dans un petit village de 700 personnes environ, 7 ou 8 millions de dollars, c'est beaucoup pour le magasin général, les dépanneurs, etc.
Concernant l'ensablement de notre chenal, si on perd une journée de pêche pour 68 bateaux de homard, qui est la pêche principale, si on calcule 400 livres à 5 $ la livre, cela fait 2 000 $. Si on compte rapidement, 68 pêcheurs à 2 000 $ chacun, cela fait environ 200 000 $. En fait, ça donne 140 000 $, mais parfois certains peuvent rapporter 500 livres de homard. Au village, quand on perd une journée de pêche, cela signifie 150 000 $ de moins. C'est pour cela qu'on a évolué. On a besoin de ports très efficaces pour nous servir.
On a parlé de conflits entre les administrations portuaires. Il y a si peu d'argent au ministère des Pêches et des Océans qu'une personne dont le projet a été accepté ne dira à une autre comment elle a obtenu de l'argent. C'est là le problème. Parfois, le ministère des Pêches et des Océans nous trouve pas mal tannants — moi, il me trouvait pas mal tannant, il me connaissait pas mal —, mais cela me tient à coeur et je le fais bénévolement. Je siège au comité depuis huit ans et j'adore mon travail, mais je le fais de façon bénévole. J'ai d'autres projets d'avenir. Je suis jeune et j'ai trois jeunes garçons âgés respectivement de 4 ans, 7 ans et 11 ans. Un d'entre eux sera pêcheur, c'est sûr et certain. Il faut que ça nous tienne à coeur, c'est notre domaine. On a été élevés là-dedans. C'est la raison pour laquelle on aimerait avoir des ports bien structurés. C'est mon point de vue.
Merci.
Bonjour, tout le monde.
Ce que vous venez de dire, monsieur Larocque, me touche beaucoup. À la limite, je pense que c'est au coeur du problème parce que c'est une question de priorités, c'est une question de choix. Ce n'est pas un problème d'argent, mais bien une façon de le répartir, de le partager. Le budget du Canada est d'environ 240 milliards de dollars. Le budget du ministère des Pêches et des Océans est de 1,7 milliard et le budget du ministère des Pêches et des Océans pour les ports pour petits bateaux est de 100 millions de dollars. Au début des années 2000, le budget était de 50 millions de dollars.
Ce sont de gros chiffres, mais cela montre où on est rendus. En 2004, il fallait 400 millions de dollars pour réparer et remettre les quais en état. Aujourd'hui, il faudrait plus de 600 millions de dollars. La situation s'est dégradée, elle s'est détériorée. On ne parle malheureusement pas de projets de développement, monsieur Chiasson, on parle de projets pour réparer, pour rapiécer. C'est la triste réalité.
Monsieur Larocque, le message qu'il faut répéter sans cesse c'est que pour vous, c'est un mode de vie, c'est une façon de faire les choses. Cela vous touche au plus haut point parce que vous avez l'impression qu'on vous a trahis, en quelque sorte, et que c'est un bris de contrat. C'est exactement ce qui s'est produit. On vous a lancé la merveilleuse idée des administrations portuaires. Je n'ai rien contre cette idée, mais il faut que cela fonctionne des deux côtés, ce qui n'est visiblement pas le cas.
L'autre chose que j'ai à dire, et je pense qu'il faut le dire et continuer à le dire, c'est que c'est toujours une question de priorité. Il faut que la priorité soit éventuellement mise à la bonne place. Ce n'est pas un problème d'argent. Pour moi, les quais sont essentiels. Je le dis souvent, c'est le coeur d'une communauté ou d'un village. Certains diraient même que c'est l'âme d'un village. C'est beaucoup plus qu'un lieu de débarquement. C'est également un lieu de rassemblement, de vie. Plus de quai, plus de débarquement. Plus de quai, plus de vie. C'est aussi la triste réalité.
En ce sens, j'apprécie beaucoup vos propos, monsieur Larocque, mais on est rendus à un tel point que la grosseur des bateaux cause certains problèmes. Certains d'entre eux ne sont peut-être pas plus longs, mais ils sont plus larges. Il y a aussi les changements climatiques. Les tempêtes sont beaucoup plus fortes qu'auparavant. Cela aussi a une influence. Selon l'endroit où il est situé, le quai se dégradera davantage parce que les tempêtes seront beaucoup plus grosses.
On est à un point tel qu'il faut réussir à « brasser la cabane ». Je le disais aux premiers témoins. J'aimerais vous entendre à ce sujet.
Monsieur Roussel.
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Je m'appelle Denis Roussel et je suis le maire du village de Le Goulet. Je fais partie de l'administration portuaire de Le Goulet.
En 1996, vous ne nous avez pas donné un quai, vous nous l'avez imposé. C'est pas mal pareil dans toutes les administrations portuaires. De façon générale, Le Goulet ainsi que tous les autres ont reçu des quais qui étaient déjà en réparation ou qui avaient besoin de réparations. Vous nous avez demandé de nous prendre en main, et c'est ce qu'on a fait. On a formé des comités et on a bien participé jusqu'à tout récemment. En effet, on dirait que le nombre de membres commence à diminuer. Ce n'est pas parce qu'on ne travaille pas, c'est parce qu'on n'a pas l'appui des gouvernements. Les quais actuels ont besoin de réparations majeures. Je ne parle pas seulement de Le Goulet, je parle de partout où il y a des quais. Lamèque a besoin d'un nouveau quai. On n'a même pas d'argent pour réparer ces quais. Des quais comme le nôtre et comme celui de Ste-Marie-St-Raphaël, tous les quais qui sont représentés ici sont à la veille de fermer. Où les bateaux iront-ils une fois que ce sera fait?
Je me dis que si le gouvernement n'investit pas... Et je ne parle pas seulement du gouvernement actuel mais aussi des gouvernements précédents. Il y a eu un manque d'investissement dans les infrastructures des quais. Si vous êtes ici aujourd'hui — et je vous en remercie —, c'est pour prendre notre pouls. Je n'irai pas par quatre chemins et je ne lancerai de fleurs à personne aujourd'hui. Si vous n'investissez pas dans les quais immédiatement — voyez-le comme un ultimatum si vous voulez —, je me propose de communiquer avec toutes les administrations portuaires, de prendre nos livres et de vous les apporter, parce qu'on est rendus à bout. Toutes les administrations portuaires sont rendues à ce point.
Je vous fais la promesse que si rien n'est fait, s'il n'y a pas d'investissement dans nos quais, je me ferai un devoir de communiquer avec toutes les administrations portuaires pour boycotter et pour faire bouger les choses.
Merci.
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Vous avez parfaitement raison quand vous dites qu'un quai est le coeur d'un village ou d'une communauté. Je ne compte plus depuis combien d'années je m'occupe de l'Administration portuaire de Le Goulet. Tous les ans, à la fin mars, ce sont les pêcheurs retraités qui appellent pour savoir quand le chemin du quai ou le quai sera déblayé. C'est un lieu de rassemblement.
Il n'y a pas d'argent pour réparer les infrastructures, mais il y en a encore moins pour déblayer les quais au printemps. Ce sont les pêcheurs qui payent pour faire déblayer les quais. Je sais bien qu'on a eu un hiver exceptionnel pour ce qui est de la neige. Cependant, quand ce sont les pêcheurs qui doivent payer pour faire déblayer et enlever la glace sur les quais, il manque quelque chose.
Il faudra secouer la cage assez fort pour que quelque chose de concret en ressorte et qu'on puisse continuer. Les pêcheurs sont des gens très courageux. Or, ils sont découragés et abandonnent. Ils ne participent plus au conseil d'administration parce que ça n'avance plus. Certains ne veulent même plus avancer.
Comme on l'a dit, il y a un bris de contrat. On a signé un contrat et on nous en impose encore plus. Il faut fournir des états financiers vérifiés, ce qui représente une dépense de 1 500 $ à 2 000 $ qui s'ajoute aux autres coûts. Cela fait 10 ans qu'on a signé des ententes avec Pêches et Océans. On relève une petite clause du contrat et on nous dit qu'il faut la respecter. On n'a pas les moyens de le faire. Dans certains cas, les pêcheurs ne peuvent plus payer. Les utilisateurs du quai ne peuvent plus payer 400 $, 500 $ ou 600 $ par année. On peut bien presser la roche, il n'en sortira plus rien.
Les pêcheurs commencent à en avoir assez. Si rien n'est fait, on s'organisera avec les moyens du bord.
Merci.
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Merci, monsieur le président.
Messieurs, merci beaucoup pour vos présentations.
Je vais me faire l'avocat du diable. Évidemment si un quai n'est pas sécuritaire, s'il est fermé pour des raisons de sécurité, le pêcheur ira ailleurs avec ses prises. Nous avons entendu, très clairement, que chaque quai que nous avons visité a besoin d'investissement. Pas une seule personne ne nous a pas demandé d'argent — pour des agrandissements, pour le dragage, pour la réparation du quai, pour de nouveaux quais, etc. Toutes ces demandes représentent beaucoup d'argent.
Si, comme nous l'a dit une personne, l'avenir de la pêche est une consolidation possible de l'industrie avec moins de bateaux — des bateaux plus gros, mais moins de pêcheurs ayant accès aux poissons, et si c'est en effet le cas dans 15 ou 20 ans, alors pourquoi avez-vous besoin de tous ces quais dans les collectivités?
Souvenez-vous, je me fais l'avocat du diable.
Si le MPO en arrive à un point où il dit: « Non, nous n'avons pas l'argent, ce quai devra fermer pour des raisons de sécurité, ces gens devront aller ailleurs », et ainsi de suite. Pensez-vous alors — je dis cela pour vous aider dans vos réflexions — que chaque collectivité devrait avoir un port et un quai? Sinon, devrait-il y avoir une consolidation dans l'industrie afin d'améliorer la gestion et de mieux utiliser l'argent? Ou chaque collectivité devrait-elle continuer d'avoir son quai et son port comme le coeur de la collectivité, comme vous l'avez indiqué plus tôt?
J'en parle, car j'ai à l'esprit le démantèlement des silos-élévateurs dans les Prairies, qui étaient le coeur des petites collectivités rurales. Lorsqu'on a démantelé les silos-élévateurs, les agriculteurs ont dû transporter leurs céréales plus loin. J'envisage une situation semblable dans le cas de l'industrie de la pêche.
S'il vous plaît, dites-moi que je me trompe.
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Demain, on vous installe tous dans le même bureau. Non? C'est la même chose pour nous.
Entre voisins, il y a des conflits de pêche. Présentement, nous avons un conflit avec nos voisins de Miscou et Pigeon-Hill. Pensez-vous qu'on ira débarquer là? Je ne le pense pas.
Comme le disait mon collègue Roger, vous travaillez dans le domaine de la sécurité des transports. Quand on transporte du grain, on est en sécurité. Mais nous, sur l'eau, nous ne sommes pas en sécurité. Dans une tempête, on a perdu un de nos collègues de Miscou. On a un conflit avec eux, mais on avait bien de la peine quand même. Quand il s'agit de la mort et la sécurité, on ne rit pas.
Je pense que déménager d'un quai à l'autre alors que le prix du fuel monte — il est de 1 $ le litre et il sera de 1,50 $ le litre — risque d'entraîner des coûts imprévisibles. Ce n'est pas évident.
Supposez que demain matin vous soyez tous dans le même bureau.
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C'est vrai. Eh bien, il arrive souvent que l'avocat du diable devienne celui du Seigneur.
Cette idée n'est pas acceptable en raison de l'emplacement de chaque quai. M. Savoie a mentionné plus tôt la sécurité des pêcheurs et la sécurité des plaisanciers et le reste.
Je pense que le plus gros problème avec Pêches et Océans Canada est que les gens qui gèrent cette situation sont dans des bureaux à Moncton. Ces bureaux devraient être situés ici dans le nord, là où sont les pêcheries, de sorte qu'ils puissent voir les problèmes tous les jours. On parle à ces gens à Moncton, et rien n'est fait.
C'est comme pour le projet qui nous a été donné il y a trois ans par le ministre d'alors, Robert Thibault. Aujourd'hui, le projet n'est fait qu'à moitié alors qu'il aurait dû être complété déjà. Nous avions recommandé à Pêches et Océans Canada au bureau de Moncton, à Denis Haché, le directeur qui remplace Charles Gaudet, d'ouvrir le coin nord-ouest du quai et de laisser le courant entrer et sortir du chenal. Cela nettoierait sans doute une bonne partie du sable et nous éviterait d'avoir à procéder au dragage, comme ça été fait il y a 30 ans, quand cette section a été ouverte. On pourrait ainsi régler le problème pour la somme de 75 à 100 000 $, plutôt que 500 000 $ pour le dragage. Ou du moins, cela aiderait à résoudre le problème.
J'apprécie que vous m'ayez laissé du temps pour mon intervention.
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La question que je vous posais concernait les recettes que vous recueillez et visent à déterminer si vous a avez effectivement un manque à gagner. Vous avez plus ou moins répondu à ma question — il est impossible de tirer du sang d'une pierre. Je suis tout à fait d'accord avec cela. C'est très difficile, et je tenais simplement à comprendre la situation.
Le fait que nous devons passer quatre heures dans la même pièce avec tous ces types chaque semaine indiquerait que ce n'est pas ce que je veux non plus. Ça suffit.
Le groupe précédent qui a comparu devant nous a parlé un peu de la situation financière et de la capacité d'aider nos bénévoles, et que si des fonds étaient disponibles, cela permettrait de faire appel à des personnes qui pourraient s'occuper du côté administratif. Il y a aussi l'autre aspect, l'infrastructure et le dragage.
Donc, je sais que nous aimerions pouvoir tout avoir et tout faire, mais si vous deviez mettre l'accent sur certains aspects et consacrer plus d'argent à un aspect ou à un autre, qu'est-ce qui serait le plus utile à ceux qui sont obligés de faire du bénévolat? Est-ce que serait l'investissement dans l'infrastructure et le dragage, ou est-ce que cet investissement devrait être davantage axé sur l'administration?Qu'est-ce qui serait le plus utile aux bénévoles?
J'aimerais connaître votre opinion à ce sujet.
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Le dragage coûte environ 200 000 $ par année. Cela dépend toujours de la température. Chez nous, l'ensablement se fait avec le vent du nord-est. Si on n'a pas trop de vent du nord-est pendant la saison de pêche, il n'y a pas de problème, il y a de l'eau. Mais aussitôt qu'il y a un vent du nord-est, ça se remplit.
Une certaine année, il est resté de l'argent du budget pour le creusage et le dragage. On a une digue, un brise-lames. On a creusé à l'intérieur du brise-lames. Cela a réglé le problème pour plusieurs semaines. Puis, il y a eu des vents du nord-est. On s'est aperçu qu'au lieu de boucher le trou, le sable s'étendait. C'est comme pour la neige. Quand on déneige une entrée, s'il y a quatre pieds de neige de chaque côté, on nettoie le corridor. Par contre, aussitôt que le vent s'en mêle, le trou se remplit. Si on l'ouvre assez grand, ça va prendre plus de temps avant que ce soit bouché. C'est pour cela qu'on dit que le dragage ne nécessite qu'une petite structure. Comme on a 200 000 $, on s'organise avec 200 000 $. Mais si on avait plus d'argent, ce qui nous permettrait d'élargir l'ouverture, l'entrée du quai serait beaucoup plus sécuritaire.
À l'entrée du quai, le problème n'est pas seulement que le bateau frappe le fond. Ce qui nous cause le plus de difficulté, c'est la vague qui vient par derrière. Elle déporte le bateau vers la gauche, puis vers la droite, et si on se retrouve carrément à côté du chenal, c'est là que ça devient le plus dangereux. Enlever le sable coûte à peu près 200 000 $ par année. Le sable est enlevé et transporté sur le bord de la côte, mais quand la mer lave la côte, le sable disparaît.