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Monsieur le Président, je suis heureuse de participer aujourd'hui au débat sur le huitième rapport du Comité permanent de la condition féminine qui concerne la motion suivante:
Que le gouvernement nomme sur-le-champ un commissaire indépendant aux analyses différenciées selon les sexes pour effectuer une analyse sexospécifique des politiques gouvernementales, y compris les politiques budgétaires.
Au cours des derniers mois, le comité a mené des études exhaustives sur la budgétisation sexospécifique. Le comité s'est réuni pendant de nombreuses heures, a entendu des témoins venant d'aussi loin que l'Afrique du Sud, des représentants d'organisations non gouvernementales et des responsables de ministères fédéraux et d'organismes centraux.
Comme je l'ai déjà dit, le comité a entendu de nombreux experts sur le sujet.
Quand elle a comparu devant le comité, la vérificatrice générale, Sheila Fraser, une mandataire du Parlement, a dit que son bureau vérifierait si le gouvernement procède à des analyses différenciées selon les sexes et évaluerait la qualité de ces analyses. La vérificatrice générale a mis le comité en garde en ce qui concerne l'évaluation des grandes initiatives stratégiques pangouvernementales. Voici ce qu'elle a dit:
Trop souvent, dans le cas de grandes initiatives gouvernementales, personne n'est vraiment responsable du succès du projet. Ce pourrait être un organisme central ou un ministère, mais il faut que quelqu'un assume clairement la responsabilité et l'obligation de rendre compte de la mise en oeuvre du programme.
J'aimerais certainement entendre dire et croire que nous allons tous profiter des vues du comité permanent sur cette question également.
De ce côté-ci de la Chambre, nous croyons qu'il faut adopter une approche plus complète pour faire progresser l'égalité des sexes et la pleine participation des femmes à tous les aspects de la vie au Canada. Notre gouvernement s'est engagé dans le travail qu'il fait déjà pour accroître les possibilités des femmes et des hommes et nous avons d'autres plans pour l'avenir.
Dans le budget de 2008, nous avons annoncé qu'au cours de la prochaine année, notre gouvernement allait élaborer un plan d'action pour les femmes. Ce plan d'action fera la promotion de l'égalité des sexes dans tout le Canada par l'amélioration de la situation économique et sociale des femmes et de leur participation à la vie démocratique.
Le gouvernement tient à examiner toutes les recommandations ensemble et à élaborer une stratégie solide et complète pour faire progresser l'égalité des sexes. Cela inclurait des consultations dans tous les secteurs de la société.
L'expérience a montré qu'un plan d'action assorti d'indicateurs permettant d'évaluer la progression de l'égalité des femmes et des hommes est la méthode la plus efficace. C'est celle que nous avons choisie.
Des progrès considérables ont été enregistrés depuis la quatrième Conférence mondiale des Nations Unies sur les femmes, tenue en 1995, où les gouvernements s'étaient engagés à effectuer des analyses comparatives entre les sexes en acceptant le Programme d'action de Pékin.
Au Canada, quelques ministères fédéraux ont pris des initiatives en vue de créer leurs propres programmes de formation et leur propre infrastructure. Mentionnons notamment les déclarations ministérielles sur les analyses comparatives entre les sexes, l'intégration de telles analyses dans les plans stratégiques et opérationnels et l'établissement de groupes ou de réseaux ministériels de spécialistes des questions relatives à l'égalité entre les sexes.
Citoyenneté et Immigration Canada, par exemple, est devenu le premier ministère à avoir inclus dans la loi la reddition de comptes sur l'analyse comparative entre les sexes. La loi exige que le ministère fasse rapport de cette question chaque année au Parlement.
L'Agence canadienne de développement international a adopté une approche exhaustive, de nature non législative, à l'égard de l'analyse comparative entre les sexes et elle l'utilise avec succès dans ses programmes de développement partout dans le monde.
Finances Canada a effectué une analyse comparative entre les sexes des mesures fiscales contenues dans son budget et s'est engagé à effectuer de telles analyses dans ses futurs budgets.
Le Secrétariat du Conseil du Trésor exige que des analyses comparatives entre les sexes soient effectuées systématiquement dans le processus de présentations que les ministères doivent suivre pour obtenir des autorisations financières, et d'autres ministères sont à intégrer les analyses comparatives entre les sexes dans leurs activités.
Notre gouvernement crée des possibilités et travaille d'arrache-pied pour obtenir des résultats concrets pour les femmes grâce à la Prestation universelle pour la garde d'enfants, à la majoration du crédit pour revenu de pension et à la bonification du Supplément de revenu garanti, ce qui met plus d'argent entre les mains des femmes âgées.
Nous nous occupons des biens immobiliers matrimoniaux dans les réserves, de la modernisation des normes fédérales du travail, de l'augmentation des possibilités d'affaires pour les femmes, des mesures permettant d'atteindre l'équité salariale, de la création d'initiatives spéciales pour les femmes entrepreneures et de l'accroissement des mesures de prévention de la criminalité, de justice et de sécurité afin de protéger les enfants de l'exploitation sexuelle.
Cette année, 181 projets ont été subventionnés au titre du Fonds communautaire pour les femmes et du Fonds de partenariat pour les femmes, pour un montant total de 33 000 993 $ sur trois ans.
Touchant plus de 1,5 million de femmes et de filles grâce à des projets subventionnés, les organismes travaillent à éduquer les femmes sur la prévention de la violence, à améliorer les connaissances financières des femmes, à encourager le réseautage, à promouvoir la sécurité économique, la prospérité, la santé et la sécurité des femmes et à mettre fin à toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes.
Ayant pour thème « Le financement de l’égalité des genres et de l’émancipation des femmes », la 52e session de la Commission des Nations unies sur le statut de la femme des Nations Unies a réitéré encore et encore l'importance de la mise en place des plans d'action et des indicateurs des progrès réalisés. C'est la voie que nous suivons actuellement.
Une entreprise ne laisserait pas un produit à mi-chemin de sa mise au point. De la même façon, le gouvernement du Canada ne fera pas le travail à moitié. De la même façon, nous tenons à avoir le meilleur plan possible, un plan d'action qui tienne compte de tous les Canadiens, femmes et hommes.
L'égalité des femmes et leur pleine participation à la vie de notre pays sont importantes non seulement pour les femmes, leurs familles et leurs collectivités, mais également pour le Canada. Nous voulons utiliser le plan d'action pour stimuler la prospérité du Canada en rehaussant la participation active des femmes à l'économie ainsi que dans la vie sociale et démocratique du pays.
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Monsieur le Président, je remercie mes chers collègues de leur enthousiasme.
Je suis aussi évidemment très enthousiaste de parler de ce sujet que la députée a soulevé par rapport à la nomination d'un commissaire indépendant en ce qui a trait à l'étude des analyses sexospécifiques des mesures et des politiques du gouvernement afin de s'assurer que les femmes y trouvent leur compte.
Nous savons que ce n'est pas d'hier. Au Comité permanent de la condition féminine, si nous avons déterminé qu'il s'agissait de l'une des mesures à mettre de l'avant, nous n'avons pas pris cela dans une boîte de popcorn. Les membres du comité ont pris cette décision après avoir effectué une étude approfondie et sérieuse et consulté des experts et des expertes à l'échelle internationale. Nous avons appris de l'expérience d'autres pays où des commissaires avaient déjà été nommés et où il y avait certains succès grâce au fait que ces commissaires avaient été nommés.
On se souviendra que ce n'est pas d'hier non plus que le gouvernement est censé faire quelque chose pour s'assurer de l'égalité entre les femmes et les hommes. En 1981, le gouvernement s'engageait à s'assurer de l'égalité entre les femmes et les hommes dans un document du CEDEF, qui avait été élaboré parce que nous croyions que c'était aux Nations Unies que se trouvait la meilleure façon de s'assurer que les femmes et les hommes seraient un jour inévitablement égaux en droit et également dans les faits.
De plus, en 1995, lors de la conférence de Beijing, on a réitéré cet engagement. Le gouvernement de l'époque a réitéré cet engagement et a augmenté les budgets de Condition féminine Canada afin de s'assurer de mettre de l'avant le Programme d'action de Beijing de 1995. C'est un plan d'action complet, s'il en est un, qui aurait dû être mis de l'avant dans sa totalité. Malheureusement, comme pour beaucoup d'autres choses, quand on est au gouvernement, des choses se perdent et très peu de choses se réalisent.
On n'oubliera pas non plus l'engagement du actuel. Quand je dis « engagement », je pèse mes mots. Il n'a pas dit en janvier, lors de sa campagne électorale, qu'il allait s'assurer que les femmes et les hommes atteindront l'égalité. Il n'a pas dit qu'il promettait que les hommes et les femmes, sous son gouvernement, atteindront l'égalité. Il a dit qu'il s'engageait à le faire. S'engager est un mot très fort. Il s'agit d'un mot que le premier ministre aurait dû avoir la sagesse de respecter. S'il y a quelque chose qu'il n'a pas fait au cours des deux dernières années et demie, c'est de respecter cette promesse qu'il avait faite à toutes les femmes du Québec et du Canada.
Nous avons vu dans les différentes politiques et mesures que ce gouvernement a mises de l'avant que cet engagement n'a été respecté d'aucune façon. On a d'abord commencé à sabrer dans les fonds de Condition féminine Canada. On a ensuite continué en disant aux femmes qu'elles ne pourraient plus défendre leurs droits en mettant fin aux subventions pour les groupes de femmes qui défendaient les droits des femmes. On a ensuite éliminé le Programme de contestation judiciaire, qui permettait aux femmes d'amener jusqu'au plus hautes instances leurs demandes et leurs luttes.
On a aussi sabré dans les subventions aux femmes qui voulaient faire de la recherche afin de s'assurer d'être toujours à la fine pointe pour défendre les droits des femmes. On a coupé les subventions aux femmes et aux groupes de femmes qui faisaient du lobbying. Si les femmes ne peuvent pas faire de lobbying pour faire valoir leurs droits, comment feront-elles? Il n'y a pas beaucoup de façons et nous le savons. Pourtant, les compagnies pétrolières qui font du lobbying ici ont beaucoup de succès. Les compagnies et les grandes entreprises qui font beaucoup de lobbying ici ont beaucoup de succès. Si on ne leur donne pas de subventions pour faire du lobbying, c'est qu'elles sont très capables de le faire à partir de leurs propres fonds.
Le respect des engagements d'un premier ministre devrait être de premier ordre. On dit que dans le budget et le discours du Trône, on a mis en avant le fait que l'on ferait un plan pour s'assurer de l'égalité entre les hommes et les femmes.
Or, nous sommes maintenant en juin, à la fin de la session, et nous n'avons rien vu, rien entendu. On n'a aucunement parlé de ce plan. En fait, il n'est que virtuel. Il a été mis sur papier, mais se résume à un seul titre: « Un plan pour l'égalité des femmes ». Pour faire un tel plan, on n'a pas besoin de réinventer la roue. Il n'y a qu'à prendre ce qui est déjà très bien fait et très bien réalisé, ce qui a été validé par des groupes de femmes non seulement d'ici, mais du monde entier. Ces groupes ont dit que ce plan assurerait à toutes les femmes, partout dans le monde, d'être égales aux hommes, de pouvoir combattre la violence, d'avoir un toit au-dessus de la tête et d'atteindre l'égalité.
Si nous avons demandé au Comité permanent de la condition féminine qu'un commissaire soit nommé, c'est parce que nous nous sommes rendu compte que, malgré les efforts de Condition féminine Canada pour enseigner, informer et former différents ministères à propos de la sexospécificité et des budgets sexospécifiques, ces ministères ne comprenaient pas réellement ce dont il s'agissait. C'est bien ce qu'on sentait.
La seule analyse sommaire qu'on ait faite a été réalisée après coup. Elle n'a pas été faite avant la mise en place de la politique et de la mesure, mais bien après, et elle était erronée. Puisque l'analyse était erronée même si elle avait été faite après la mise en place de la mesure, on est en droit de se questionner sur la qualité de l'information reçue ou perçue. Je ne crois pas que le problème relève de la qualité de l'information donnée, mais plutôt de la perception de l'information par les personnes qui l'ont reçue.
On avait instauré des postes de champions de l'équité dans les différents ministères, mais les femmes qui ont occupé ces postes se sont fait remplacer une à une, au bout de quelques mois, par d'autres qui avaient une nouvelle expérience, une nouvelle expertise. Celles-ci devaient donc reprendre du début ce qui avait été fait par les autres, sans pour autant recevoir davantage de soutien. Et quand ces femmes commençaient à maîtriser le poste, hop! elles disparaissaient et étaient mutées ailleurs. En fait, certains ministères n'ont même pas remplacé les championnes de l'équité et de l'égalité après leur départ.
On est en mesure de se demander si le gouvernement veut vraiment que cette égalité de fait soit réelle. Car cela ne se traduit dans aucun autre de ses gestes, dans aucune de ses politiques, ni même dans aucune de ses mesures.
Si le gouvernement avait vraiment voulu que ses politiques soient favorables à l'égalité des femmes, nous n'aurions pas à débattre du projet de loi . Si le gouvernement avait vraiment voulu que les femmes soient égales, il ne leur aurait pas donné une allocation pour enfants de 100 $ par mois. Il aurait plutôt prévu un programme qui leur permette de choisir d'envoyer leurs enfants dans une garderie spécialisée, avec des professeurs et des intervenants spécialisés. Le Québec a la chance d'avoir un tel système. S'il avait eu cette volonté, le gouvernement n'aurait pas choisi de laisser les mesures et programmes pour l'équité salariale au point où ils en sont maintenant, malheureusement.
On sait que les mesures d'équité salariale ne valent pas le coup. En effet, certaines entreprises et leurs employés sont en cour depuis maintenant plus de 20 ans pour que les femmes bénéficient de l'équité salariale. Ces femmes sont sous l'égide du gouvernement fédéral. C'est terrible!
On dit vouloir donner l'égalité aux femmes, mais on ne fait rien pour que ce soit effectivement réalisé. De belles paroles, de belles promesses, des engagements vains: voilà tout ce que nous avons de ce gouvernement.
On a parlé aussi des différentes mesures fiscales.
Par exemple, le gouvernement a mis en place le CELI, le compte d'épargne libre d'impôt. C'est la belle affaire pour les gens qui ont de l'argent. Or, les gens qui ont de l'argent, ce ne sont surtout pas les femmes qui ont, encore aujourd'hui, seulement 70 p. 100 du salaire des hommes.
Quand on dit que ce sont des mesures qui ont été mises en place pour les femmes et qui vont bénéficier autant aux femmes qu'aux hommes, je me demande qui a réfléchi à cela. Est-ce que ce ne sont que des hommes? Parce que si c'était des femmes, je suis convaincue qu'elles auraient vu la distorsion de cette pensée et je suis convaincue qu'elles auraient vu que cela ne tenait pas debout. Voyons donc!
Pourtant, c'est intéressant un compte d'épargne libre d'impôt. Toutefois, ce ne sont pas les femmes de 80 ans qui en profiteront non plus. Si on avait vraiment voulu mettre en avant des mesures qui auraient bénéficié aux femmes de 80 ans, on aurait augmenté le Supplément de revenu garanti et on se serait assurés que les personnes qui y avaient droit auraient eu la pleine rétroactivité.
Depuis des années, le Bloc québécois se bat pour les vraies personnes, pour de vraies mesures d'équité et pour de vraies politiques, tant au niveau de l'assurance-emploi que des personnes âgées, des femmes ou des enfants. On a beau dire, mais le Bloc québécois mène les vraies batailles pour les vraies personnes, et c'est comme cela qu'on a toujours agi et qu'on continuera d'agir.
Quand on parle d'égalité, il faut également parler de logement social. On ne peut pas penser que les femmes, chefs de famille monoparentale, soient égales dans les faits si elles ne peuvent pas bénéficier de mesures particulières pour le logement social.
M. Miloon Kothari, le rapporteur spécial des Nations Unies, est venu au Canada faire une étude sur ce qui se faisait ici en termes de logement social, dans un pays supposément civilisé et avancé. Il s'est rendu compte de l'existence à Edmonton d'une ville avec des tentes où des personnes, qui travaillent 40 heures par semaine, n'ont pas suffisamment d'argent pour se payer un loyer. Ainsi, des femmes, des familles et des enfants vivent dans des tentes en plein centre-ville d'Edmonton. Il s'est rendu compte que plusieurs personnes ne pouvaient pas bénéficier d'un logement social confortable et adéquat afin d'y élever leurs enfants de façon responsable et correcte.
De plus, il s'est rendu compte que le Canada avait régressé. Il sait que la Société canadienne d'hypothèques et de logement a des surplus faramineux qui dépassent les 12 milliards de dollars. C'est honteux que le gouvernement que nous avons aujourd'hui devant nous n'ait pas utilisé une partie de ces sommes pour les attribuer aux différentes provinces qui ont des programmes de logement social afin d'assurer des logements adéquats partout pour toutes les personnes qui en ont besoin.
Quand on parle d'égalité et d'équité, on parle de tous ces programmes. Malheureusement, je crois que sans la nomination d'un commissaire indépendant ou d'une commissaire indépendante — comme le disait ma collègue de —, cela ne verra jamais le jour. On n'arrivera jamais au moment où les femmes pourront finalement respirer, souffler et dire qu'elles ont les mêmes conditions de travail, les mêmes conditions de vie et les mêmes bénéfices et avantages que leurs collègues et qu'elles peuvent enfin travailler ensemble et regarder ensemble vers un avenir meilleur.
Je pense que c'est seulement à ce moment-là qu'on pourra se dire qu'on a réussi. Je ne pense pas qu'un tel gouvernement, qui tente toujours d'écraser les plus petits gagnants, comme par exemple les secteurs manufacturier et forestier, nous apportera les mesures nécessaires pour assurer l'égalité entre les hommes et les femmes.
Je vous garantis que nous allons étudier de façon très approfondie le plan d'action que le gouvernement veut mettre en avant. Nous allons l'étudier avec sérieux. Je ne crois toutefois pas que nous ayons l'occasion de le faire d'ici la prochaine année. D'après moi, il est dans la tête de la ministre et il n'en sortira pas. Elle a trop de choses en tête.
Il est vrai que, de nos jours et présentement, les députés du Parti conservateur ont beaucoup de difficulté à se rappeler quelles sont leurs responsabilités envers leurs électeurs. Nous nous en rendons compte tous les jours. Nous nous faisons dire toutes sortes de balivernes à la Chambre sur toutes sortes de sujets. Pourtant, nous avons des questions pertinentes sur des sujets très importants pour l'ensemble des Québécois, des Québécoises et des Canadiens. Et tout ce que le Parti conservateur arrive à faire, c'est de faire répondre une ou deux personnes de façon tout à fait aléatoire, et ce, même pas sur les questions qu'on a posées.
N'allons pas imaginer, vu que ce parti est capable d'agir d'une telle manière, qu'il a le temps de penser à des plans d'action pour l'égalité des femmes. Il n'en a pas le temps; il pense à la stratégie du moment pour essayer de mêler le monde un peu plus. Et c'est ce que nous voyons.
Malheureusement, la seule façon d'avoir l'égalité entre les hommes et les femmes est de s'assurer que le gouvernement nommera un commissaire indépendant à la budgétisation sexospécifique et que ces recommandations seront suivies.
À la recommandation no 20 du rapport du Comité permanent de la condition féminine, nous demandons que le ministère des Finances, en même temps que son budget et à la suite de celui-ci, publie des mesures et l'étude de la sexospécificité qui s'y rattache. Pensez-vous, monsieur le Président, que je crois que cela se fera? C'est un très beau rapport. Ce n'est pas un rapport rose bonbon comme on l'a dit à la conférence de presse, la semaine dernière. C'est un excellent rapport. Malheureusement, je ne crois pas que ce gouvernement ait la volonté de le mettre en œuvre.
En venant ici, à la Chambre des communes, pour représenter les gens de Laval, je croyais que j'aurais autour de moi des gens qui voudraient tous la même chose: représenter les gens qui les ont élus de façon responsable et respectueuse. Des femmes vivent dans des comtés où les conservateurs ont été élus. L'on sait que la plupart des femmes ne veulent pas élire des conservateurs — on comprend pourquoi —, mais elles vivent quand même dans ces comtés. À mon avis, une fois élus, nous représentons tout le monde, pas seulement ceux et celles qui ont voté pour nous.
Aussi, le gouvernement devrait y songer deux fois avant de mettre ce rapport sur une tablette ou de le mettre de côté. Car il a été fait avec beaucoup de conviction, d'ardeur et d'entraide. Tous les députés qui ont travaillé à son élaboration se sont parlé. Aussi, il mérite que le gouvernement l'étudie et que la en tienne compte et mette en pratique les recommandations que nous y avons faites. Il y en a plusieurs, mais si elle les mettait toutes en pratique, nous serions assurés que les hommes et les femmes connaîtraient enfin l'égalité.
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Je vous en suis reconnaissant, monsieur le Président, étant donné que je crois avoir des choses importantes à dire.
Comme je le disais, les jeunes femmes sont plus nombreuses à faire des études postsecondaires et à obtenir un diplôme. Pourtant, elles continuent de gagner 20 p. 100 de moins que leurs homologues masculins. À mesure qu'elles vieillissent, l'écart s'accentue.
Statistique Canada nous a fourni des renseignements fort intéressants. Il en ressort que, jusqu'à l'âge de 25 ans environ, après l'obtention de leur diplôme, les femmes se comparent assez bien à leurs homologues masculins. Cependant, après l'âge de 25 ans, l'écart connaît une croissance exponentielle.
Il y a évidemment une explication à cela. C'est le moment où bon nombre de jeunes femmes se marient et assument les responsabilités de la garde des enfants et, dans certains cas, du soin des aînés. Pour ces femmes, l'écart a une incidence cruelle sur l'accès à la sécurité du revenu.
Au comité, nous avons également obtenu des renseignements sur la violence faite aux femmes, qui continue à se manifester à un taux alarmant, surtout parmi les femmes inuites et métisses et celles des Premières nations.
Il faut bien le dire, le Canada soutient mal la comparaison avec d'autres pays. Le rapport de 2007 sur l'écart entre les sexes publié par le Forum économique mondial place le Canada au 18e rang, derrière le Sri Lanka, les Philippines et la plupart des pays européens. Nous avons tendance à nous considérer comme étant évolués, modernes et bien en avance sur bon nombre des pays en développement. Pourtant, tel n'est pas le cas.
Au Canada, les décideurs ne se posent tout simplement pas les bonnes questions surtout lorsqu'ils formulent des mesures de réduction d'impôt, de dépenses fiscales et de dépenses sociales. C'est la raison pour laquelle j'estime que le Canada doit absolument changer d'approche. C'est d'ailleurs la raison d'être du présent rapport.
Partout dans le monde des pays intègrent à leurs initiatives budgétaires des mesures sensibles à la sexospécificité, de sorte que les décideurs sont en mesure de déterminer qui sont ceux qui bénéficient ou ne bénéficient pas des dépenses sociales, des dépenses fiscales, des réductions d'impôt et de la politique sociale établie.
Notre comité s'est souvent fait dire que les réductions d'impôt ne sont pas avantageuses pour les femmes. Si elles ne le sont pas, c'est simplement parce que les revenus des femmes, en moyenne, sont plus faibles que ceux des hommes. Au Canada, la femme gagne 26 900 $ par année en moyenne alors que l'homme, lui, en gagne 43 700 $ en moyenne. Pratiquement 40 p. 100 des femmes du Canada ne gagnent même pas suffisamment pour payer de l'impôt.
Les 60 p. 100 de femmes qui travaillent à l'extérieur du foyer et qui gagnent suffisamment pour payer des impôts versent 42 milliards de dollars en recettes fiscales. Ces femmes, et d'ailleurs toutes les femmes, méritent de prendre la place qui leur est due dans la vie de notre pays. Il est regrettable de constater que la plupart d'entre elles n'ont pas bénéficié des réductions d'impôt annoncées dans une kyrielle de budgets et certainement pas de celles des budgets les plus récents.
Les femmes profitent des investissements réalisés dans le domaine des garderies, du logement abordable, des soins de santé et de l'éducation postsecondaire. Hélas pour ces femmes, les dépenses sociales fédérales par rapport au produit intérieur brut sont à leur plus bas niveau depuis 50 ans, malgré les incroyables excédents engrangés depuis 10 ans par le gouvernement. Malheureusement, ce sont le secteur du pétrole et du gaz, les grandes banques et les entreprises prospères qui exploitent nos ressources qui en ont été les bénéficiaires. Les femmes n'ont nullement profité de ces baisses d'impôt.
À cause du programme de réductions d'impôts du gouvernement actuel comme des précédents, il y a de moins en moins d'argent à investir dans nos collectivités. Ces politiques fiscales ont fait le vide, alors qu'il aurait fallu investir cet argent dans des programmes d'aide aux femmes. C'est de cette politique qu'il s'agit quand on parle d'analyse sexospécifique.
C'est pour cela que nous présentons ce rapport, pour cela qu'il est urgent de le concrétiser immédiatement. Il faut agir dès aujourd'hui. Maintenant que nous avons eu la possibilité de discuter de ce rapport à la Chambre, il faut passer immédiatement à l'action et mettre en oeuvre toutes les recommandations qu'il contient.
Grâce à une budgétisation sensible à la sexospécificité, nous rendrons le processus budgétaire plus efficace, plus transparent et plus responsable et nous ferons progresser l'égalité entre les sexes. Toutefois, cette sexospécificité dans les budgets n'est pas la solution à tous les problèmes.
Nous avons besoin de leadership. Encore une fois, le Parlement doit passer à l'action. L'exemple doit venir du sommet. Il faut que le et ses ministres inscrivent l'égalité entre les sexes dans leur programme.
La mise en oeuvre de toute politique nécessite la volonté politique du parti ministériel et des autres partis à la Chambre. Il faut absolument que le confirme son engagement à l'égard de l'égalité entre les sexes dans son prochain discours du Trône.
Le rapport dont nous parlons aujourd'hui est l'aboutissement de huit mois de travail acharné de la part de mes collègues et du personnel du comité et de longues consultations avec des experts nationaux et internationaux. J'espère que le gouvernement tiendra compte des recommandations contenues dans ce rapport révolutionnaire.
Je me réjouis aussi de la collaboration de tout le comité sur ces questions importantes, qui a déjà été soulignée et qui nous a permis de présenter un rapport unanime. Je pense que cela en dit long sur notre détermination à appuyer la cause des femmes, de leurs enfants et de nos collectivités et à construire cette nation communauté par communauté, famille par famille, comme nos témoins nous ont montré qu'il fallait le faire.
Compte tenu des excuses historiques offertes la semaine dernière aux Premières nations, aux Métis et aux Inuits du Canada, je pense aussi qu’il est essentiel de parler de la nécessité absolue de s’attaquer aux inégalités auxquelles se heurtent les femmes autochtones au Canada.
Nos sœurs ont été victimes de discrimination. Elles ont été vendues aux fins d’esclavage sexuel, mal logées et privées d’occasions de s’instruire. Elles ont été victimes d’une violence indescriptible et sont cinq fois plus susceptibles d’être tuées que les autres Canadiennes. Je parle ici de nos soeurs, de nos mères, de nos filles et de nous-mêmes.
Nous avons appris qu’il ne faut jamais oublier notre obligation de rechercher la vérité et la réconciliation. Nous ne devons jamais renoncer à cela, car c'est essentiel à tout espoir d’un bel avenir pour les habitants de notre pays.
Pour ce qui est de la budgétisation sensible à la sexospécificité, beaucoup de travaux ont été réalisés tant par notre comité que par d’autres. Le Centre canadien de politiques alternatives a travaillé très fort à l’élaboration d’initiatives de budgétisation sensible à la sexospécificité et, à maintes reprises, a expliqué aux gouvernements qui se sont succédé pourquoi ces initiatives sont importantes et quel impact elles auront au Canada.
Comme on l’a déjà mentionné, depuis quelques décennies, le Canada a été signataire d’un certain nombre d’engagements des Nations Unies en matière d’égalité des sexes et de développement économique plus inclusif, dont la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes, ou CEDAW, le Programme d'action de Pékin auquel j’ai fait allusion, et, plus récemment, les Objectifs du Millénaire pour le développement. Malgré tous ces engagements, tant au Canada qu’à l’étranger, il subsiste de graves inégalités par rapport aux expériences de vie et aux possibilités qui s'offrent aux hommes et aux femmes au Canada.
Les budgets gouvernementaux, qui sont des énoncés de politique et des moyens d’action reflétant les priorités sociales et économiques du gouvernement, représentent un aspect de l’action publique qui a été reconnu comme un outil important pour corriger les inégalités sous-jacentes au moyen d’allocations de fonds publics.
L’analyse comparative entre les sexes, en particulier, est de plus en plus considérée comme un moyen important pour obliger les gouvernements à tenir leurs engagements en matière de droits de la personne et d’égalité des sexes, car elle fait le lien entre ces engagements et la répartition, l’utilisation et la production de ressources publiques.
D’ailleurs, l’actuel s’est engagé publiquement à appliquer l’analyse comparative entre les sexes aux budgets du Canada. Malheureusement, à ce jour, peu a été fait à ce chapitre et en matière d’élaboration de politiques pour améliorer la condition des femmes. Bien qu’on s’attende à ce que les organismes subventionnaires canadiens évaluent, dans l'optique de la sexospécificité, les répercussions de tous les projets dans les pays en développement, cela ne se fait pas au Canada.
Il est temps d’appliquer chez nous une nouvelle conception des finances publiques afin de tenir compte de ce que vivent réellement les femmes et les hommes et de prendre en considération l'opinion d'une majorité de citoyens, spécialement les femmes, qui sont souvent en périphérie du débat économique. Dans les décisions qui guident les politiques, établissent les priorités et répondent aux besoins sociaux et économiques de tous les Canadiens, ces débats doivent avoir lieu.
Comme je l'ai déjà mentionné et comme les députés le savent pertinemment, les pressions exercées sur les dépenses publiques ont fait perdre au Canada la marge de manoeuvre qui nous permet de mettre en place des politiques qui répondent aux besoins sociaux. Nous avons vu les chiffres. Nous savons que les ressources disponibles ont diminué.
En ce qui a trait à l'objectif clé qui, depuis deux décennies, vise à avoir des initiatives budgétaires favorisant l'égalité entre les sexes, nous avons vu que, dans ce contexte financier, l'incidence des dépenses publiques, des recettes et des stratégies de réduction du déficit est rarement, sinon jamais neutre, au niveau du genre ou de la classe sociale. En effet, les politiques fiscales, monétaires, commerciales et financières ont toutes une incidence sur la situation économique des femmes, et ce de façon très directe.
Le Comité permanent de la condition féminine a entendu des représentants du ministère des Finances, qui ont dit que les budgets de 2006, 2007 et 2008 avaient tous fait l'objet d'une analyse comparative entre les sexes. Pourtant, lorsque nous avons demandé à des groupes tels que l'Alliance féministe pour l'action internationale et le Centre canadien de politiques alternatives, avec l'analyste Armine Yalnizyan et le professeur Kathleen Lahey, d'examiner les mêmes budgets et de faire leur propre analyse sexospécifique, ces groupes ont montré très clairement qu'une véritable analyse sexospécifique n'avait pas été faite, et que les explications fournies par le gouvernement étaient erronées et non fiables, tout cela au détriment des femmes.
Cette situation n'a rien de nouveau. Les femmes souffrent depuis longtemps des politiques en place et de leurs répercussions économiques et sociales. Déjà en 1995, le Conseil consultatif canadien sur la situation de la femme, qui faisait des recherches sur un large éventail de questions touchant les femmes, avait perdu son financement et avait été fermé par le gouvernement.
On a éliminé la Commission canadienne de mise en valeur de la main-d'oeuvre qui avait donné à des groupes de femmes, de gens de couleur et d'handicapés voix au chapitre dans la politique en matière de formation.
En 1997, on a annoncé l'élimination du programme de financement de groupes de femmes à compter de l'exercice 1998-1999. Dès lors, Condition féminine Canada a commencé à verser des fonds selon une formule projet par projet, ce qui n'est pas très constructif lorsqu'on vise à aider les femmes à se faire entendre et à bâtir leur avenir.
Au nombre des autres compressions dans les programmes, il y a eu le retrait de 25 milliards de dollars des transferts pour la santé, l'éducation et l'aide sociale, à compter de 1996.
Dans le budget de 1995, on a éliminé le Régime d'assistance publique du Canada et modifié l'assurance-emploi pour fonder l'admissibilité aux prestations sur le nombre d'heures travaillées plutôt que le nombre de semaines. Ce sont surtout les femmes qui en ont subi les contrecoups.
Et ce n'est pas tout. En 1996, le gouvernement a abandonné son rôle dans le domaine du logement social.
Sur le plan socioéconomique, ces changements de politiques ont touché durement les femmes. On n'avait fait aucune analyse de budget sensible à la sexospécificité et il est évident que personne au sein du gouvernement de l'époque n'a agi pour qu'on puisse éviter le désastre actuel.
Nombre des témoins qui ont comparu devant le comité nous ont dit que les réductions d'impôt ne bénéficient pas aux femmes. Permettez-moi de lire quelques-unes des recommandations du rapport dont nous discutons aujourd'hui.
La troisième recommandation est la suivante:
Le Comité recommande que Condition féminine Canada mette sur pied d’ici janvier 2009 un groupe consultatif d’experts issus d’organisations de la société civile et des milieux universitaires, que ce groupe consultatif donne son avis à Condition féminine Canada sur la mise en oeuvre de l’analyse comparative entre les sexes et de la budgétisation sensible à la sexospécificité au gouvernement fédéral, et que le gouvernement du Canada affecte des ressources suffisantes à cette initiative.
Dans sa quatrième recommandation, le comité ajoute ceci:
[...] que Condition féminine Canada, à titre d’entité dirigeante du groupe de travail sur les indicateurs sexospécifiques, prenne sans délai des mesures pour faire participer les organisations de la société civile et les milieux universitaires à la réalisation du projet d’indicateurs de l’égalité entre les sexes.
Quel contraste par rapport à ce qu'il est advenu de Condition féminine Canada.
L'actuel gouvernement conservateur a modifié le mandat de Condition féminine Canada, annulé le Programme de contestation judiciaire, fermé 12 bureaux régionaux et retiré le lobbying, la recherche et la défense des droits des initiatives que Condition féminine Canada peut financer et entreprendre.
Contrairement à ce que nous disent les experts, les organisations féminines ne peuvent plus fournir les conseils dont nous avons besoin. Nous savons que Condition féminine Canada n'a pas les ressources requises pour effectuer les recherches nécessaires sur les dossiers qui intéressent les femmes.
Le comité a donc recommandé que ces ressources soient fournies de manière à ce que, dans la société civile, les femmes puissent se faire entendre en ce qui concerne l'analyse budgétaire comparative entre les sexes.
J'aurais aimé proposer un certain nombre de solutions, mais je manque clairement de temps. Je terminerai donc simplement en citant la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes des Nations Unies. Cette convention dit ceci:
[...] le développement complet d'un pays, le bien-être du monde et la cause de la paix demandent la participation maximale des femmes, à l’égalité avec les hommes, dans tous les domaines [...]
Cela ne se produira pas et ne pourra pas se produire dans notre pays tant que les femmes n'auront pas accéder à l'égalité dont elles ont besoin pour prendre leur place.
Les recommandations du Comité permanent de la condition féminine qui préconisent qu'on tienne compte des sexes dans le processus budgétaire font ressortir la nécessité de l'égalité des femmes et de leur participation. J'espère que le Parlement appuiera ces recommandations et qu'il les adoptera.