:
Monsieur le Président, je suis très heureuse de prendre la parole au sujet du projet de loi , Loi sur le tribunal des revendications territoriales particulières. Cette mesure aurait dû être adoptée il y a très longtemps. Les néo-démocrates réclament depuis longtemps la création d'un tribunal indépendant. Je suis très heureuse que ce projet de loi ait été présenté, et bien évidemment, je l'appuierai.
J'aimerais remettre les choses en contexte, car j'estime que c'est important pour les Canadiens qui nous écoutent.
Un document rédigé par la Bibliothèque du Parlement sur le processus des revendications particulières raconte la longue, triste et désolante histoire des revendications particulières. L'histoire commence en 1927. J'aimerais citer ce document.
Pendant une bonne partie du XXe siècle, le gouvernement ne s’est presque pas occupé des allégations d’obligations non exécutées du Canada envers les Premières nations. De 1927 à 1951, la Loi sur les Indiens interdisait aux bandes d’utiliser leur argent pour financer la présentation de revendications contre le gouvernement. En 1947, le comité spécial du Sénat et de la Chambre des communes constitué pour étudier la Loi sur les Indiens et d’autres questions concernant les Autochtones a recommandé, entre autres, la création immédiate d’une « commission de revendications » « pour faire enquête […] sur les clauses de tous les traités conclus avec les Indiens […] et pour évaluer et régler de façon juste et équitable toutes revendications ou tous griefs qui en découlent »(1). Le comité mixte des affaires indiennes de 1959 à 1961 a aussi préconisé la création d’une commission des revendications autochtones pour entendre les questions territoriales de la Colombie-Britannique et d’Oka, de même que d’autres affaires [...]
Plus loin, on peut lire que, en 1963 et en 1965, le gouvernement libéral a repris un projet de mesure législative qui a fini par mourir au Feuilleton.
On y dit aussi que, en 1982, le gouvernement fédéral a publié Dossiers en souffrance -- Une politique des revendications des Autochtones. Le document parle de quelques points en particulier, notamment le non-respect d'un traité ou d'un accord; le manquement à une obligation découlant de la Loi sur les Indiens ou d'une autre loi relative aux Indiens; le manquement à une obligation découlant de l'administration des fonds ou d'autres biens appartenant aux Indiens; et l'aliénation illégale de terres indiennes.
Au sujet des réserves, il y est question d'un défaut d'indemnisation pour des terres indiennes endommagées ou prises par le gouvernement et de cas clairs de fraude commise dans l'acquisition ou l'aliénation de terres indiennes par des employés ou mandataires du gouvernement fédéral.
Dans son rapport annuel 2000-2001, la Commission des revendications des Indiens, ou CRI, souligne que le processus de règlement des revendications particulières demeure terriblement lent et se trouve souvent dans une impasse.
En 1996, la Commission royale sur les peuples autochtones a déposé un rapport dans lequel elle recommandait la création, dans le cadre d'une loi fédérale, d'un tribunal indépendant chargé des questions concernant les terres autochtones et les traités. Ce tribunal devait remplacer la CRI et, en ce qui concerne les revendications particulières, il devait examiner le financement accordé par le gouvernement fédéral dans le cadre de revendications, surveiller les négociations et rendre des ordonnances exécutoires.
On peut constater que le règlement des revendications particulières est vraiment une longue et triste histoire. Comme bon nombre d'entre nous le savent, les rapports sur la question se sont succédé.
Le Sénat a publié un rapport intitulé Négociations ou affrontements: le Canada a un choix à faire, qui contient de nombreuses recommandations. Je me penche brièvement sur deux de ces recommandations. Quand le comité fera l'étude de ce projet de loi, il devra tenir compte de certaines des questions soulevées par l'autre Chambre.
Le rapport souligne que les ressources allouées au processus de règlement sont limitées. Il examine également les nombreuses questions entourant le processus actuel et la limitation des ressources. On s'attendrait à ce que ce projet de loi règle le problème. Il y a eu un roulement incessant du personnel affecté au règlement des revendications particulières. Comme le volume de travail était considérable et que les ressources étaient insuffisantes, l'arriéré n'a cessé d'augmenter. Par surcroît, les recherchistes qui travaillaient au processus de règlement n'étaient pas formés. Certains témoins qui ont comparu devant le comité ont dit que, par conséquent, les recherchistes répétaient continuellement certaines erreurs historiques, n'avaient pas de méthodes de gestion efficaces et fonctionnaient de façon insatisfaisante.
Nous savons également que dans le cas des revendications particulières de même que dans celui des revendications globales, mais nous ne nous occupons que de revendications particulières pour le moment, il y a également eu des lacunes en ce qui concerne l'échange d'information entre les diverses parties à la table de négociation. M. Michael Coyle a écrit un document sur les revendications particulières en Ontario uniquement, mais il a fait certaines recommandations sur la façon dont les parties devraient échanger les conclusions de leurs recherches afin d'éviter de refaire le même travail.
Comme je viens de la Colombie-Britannique, j'aimerais mentionner le rapport intitulé Négociations ou affrontements: le Canada a un choix à faire, qui contenait des renseignements clés à propos de ma province. Voici un extrait de ce rapport:
Les témoins de la Colombie-Britannique se sont empressés de faire remarquer que la majorité des revendications particulières dans le système se concentrent dans cette province. Ils ont déclaré que le caractère unique des revendications particulières de la Colombie- Britannique doit être pris en considération dans toute nouvelle stratégie visant à réduire l’arriéré des revendications particulières. S’exprimant au nom de l’Union des chefs autochtones de la Colombie-Britannique (UBCIC), Debbie Abbott pensait non seulement que l’affectation des ressources consacrées au règlement des revendications de la Colombie-Britannique devraient refléter « le nombre de revendications particulières venant des Premières nations de la Colombie-Britannique », mais aussi qu’il faudrait créer un organe indépendant pour les revendications de la Colombie-Britannique seulement.
Les chiffres diffèrent, mais il faut retenir un fait important: bien plus de la moitié des revendications particulières actuellement se concentrent en Colombie-Britannique. Les chefs autochtones de la Colombie-Britannique ont appuyé ce projet de loi, mais ils ont soulevé un certain nombre de questions. Je suis certaine que le comité aura l'occasion de les étudier.
Dans une lettre datée du 23 novembre, les chefs énumèrent les questions qu'ils veulent que le gouvernement règle et ils parlent aussi de la limite de 150 millions de dollars de la valeur des revendications qui peuvent être transférées au tribunal pour y être validées et réglées. Voici quelques extraits de leur lettre:
...la « valeur » de 150 millions de dollars sera calculée selon des principes conformes à ceux établis récemment par la Cour de l'Ontario dans sa décision relativement à l'affaire Whitefish.
Davantage de ressources seront affectées à la recherche, à la négociation et au règlement des revendications spécifiques en Colombie-Britannique, qui représentent près de la moitié des revendications dans le système et 62 p. 100 de l'arriéré du ministère de la Justice.
Les délais de prescription provinciaux ne s'appliquent pas aux revendications particulières.
Les droits relatifs aux eaux, les revendications antérieures à la Confédération et tout engagement unilatéral de la Couronne doivent être inclus dans la définition de « revendications particulières ».
Il ne devrait y avoir aucun conflit d'intérêt relativement aux revendications soumises à la CRI. Cela signifie que les nominations à cette commission doivent être approuvées par les Premières nations et par le Canada.
Il ne devrait y avoir aucun conflit d'intérêt relativement aux revendications non soumises au tribunal, c'est-à-dire celles dont la valeur est supérieure à 150 millions de dollars. Cela signifie qu'il faut établir un processus législatif pour traiter ces revendications et que leur règlement ne peut être laissé à la discrétion du Canada.
Nous savons que le problème réside en partie dans le fait que le gouvernement est souvent juge et jury dans le processus actuel des revendications particulières.
Dans un jugement récent en Colombie-Britannique concernant l'affaire opposant la nation Tsilhqot'in à la Colombie-Britannique, l'élément pertinent à la mesure législative dont nous sommes saisis est la réconciliation. Dans sa décision, le juge a déclaré:
Pendant toute la durée du procès et au cours des longs mois passés à rédiger ce jugement, j'ai toujours conservé l'espoir que, peu importe la tournure des événements, il y aurait ultimement une réconciliation avec la nation Tsilhqot'in. Après un procès de cette ampleur et de cette durée, il serait tragique que la réconciliation avec la nation Tsilhqot'in soit retardée par des appels apparemment interminables. Il est maintenant temps d'en arriver à une solution et à une réconciliation honorables.
Plus loin, le juge ajoute:
Malheureusement, la réticence initiale de la part des gouvernements à reconnaître toute la portée de l'article 35(1) a transporté la question de la réconciliation jusque devant les tribunaux -- un de nos cadres les plus accusatoires. Les tribunaux peinent à déterminer la signification de réconciliation lorsque des parties autochtones et non autochtones cherchent à obtenir une décision concernant l'existence et les incidences des droits des peuples autochtones.
Lloyd Barber, témoignant à titre de commissaire de la Commission des revendications des Indiens, est cité sur cette question dans le rapport de la Commission royale sur les Peuples autochtones, Un passé, un avenir:
Il est évident que la plupart des revendications des Indiens ne sont pas de simples questions de litiges contractuels susceptibles d'être résolus en faisant appel aux méthodes conventionnelles d'arbitrage et d'adjudication. Ces revendications ne sont, en définitive, que les éléments les plus voyants de la question infiniment plus complexe des rapports entre les habitants originels de ce pays et les puissantes cultures qui les ont envahis.
Je crois que ces questions concernant la réconciliation et les relations entre les Premières nations de ce pays et les divers gouvernements de diverses allégeances politiques depuis 1927 montrent que nous sommes saisis d'une importante mesure législative et qu'il faut espérer que, pendant ce processus, elle jette les fondements des mesures législatives à venir.
Le projet de loi en particulier a été rédigé avec l'appui des Premières nations. L'Assemblée des Premières Nations et d'autres intervenants ont travaillé en étroite collaboration avec le gouvernement conservateur pour produire le projet de loi . Cela en soi est important. Espérons que cela donnera le ton aux mesures législatives à venir.
Ce qui est malheureux et triste, c'est que le gouvernement a laissé filer une occasion d'examiner le projet de loi sous le même éclairage, surtout que la majorité des membres du comité avait demandé au gouvernement conservateur d'en profiter pour envisager d'abroger l'article 67 dans le cadre d'un processus consultatif que le gouvernement doit juger extrêmement utile puisqu'il y a eu recours dans le cas du projet de loi .
Je terminerai en disant que la question des revendications particulières est, depuis des années, une épine aux pieds de bien des gens, en Colombie-Britannique comme ailleurs au Canada, à cause du caractère inopportun — et certains ajouteraient non respectueux — du processus suivant lequel les revendications ont été traitées, puis réglées.
Je suis heureuse d'avoir pu exprimer mon appui à l'égard de ce projet de loi. J'ai hâte qu'il soit renvoyé au comité, car j'aimerais bien savoir comment on pourrait le mettre en oeuvre dans les meilleurs délais. Je suis impatiente d'en apprendre davantage sur l'accord politique, étant donné qu'une partie du dispositif envisagé dans le projet de loi sort du cadre législatif.
J'espère que les détails de l'accord seront exposés de manière détaillée, et que les ressources nécessaires seront fournies. Par exemple, je crois comprendre qu'il existe un processus de nomination des membres du tribunal, mais le NPD a rappelé l'importance de veiller à ce que les Premières nations soient représentées dans le cadre de ce processus.
J'espère que ce projet de loi sera adopté rapidement; en tout cas, les néo-démocrates vont certainement l'appuyer.
:
Monsieur le Président, c’est avec plaisir que je vais parler de ce projet de loi aujourd’hui. Je sais que des milliers de gens nous regardent et que certains d’entre eux ne comprennent peut-être pas de quel projet de loi il s’agit. Je vais donc le préciser.
Les revendications territoriales des Premières nations posent un problème important dans l’ensemble du pays. Ce projet de loi permettrait de conclure des traités modernes avec les Premières nations afin qu’elles puissent occuper la place qui leur revient au sein de notre nation. Le projet de loi repose en grande partie sur la proclamation royale du XVIIIe siècle qui disait en substance que toutes les terres du Canada appartiennent aux Autochtones à moins que des traités ou des accords ne soient conclus pour certaines terres.
Pendant longtemps, les gouvernements se sont entendus avec les Premières nations en concluant des traités. Ces traités garantissent aux Premières nations que leurs droits seront respectés. Ils garantissent également que les Premières nations auront les terres, les possibilités et les ressources requises. Il y a eu des revendications particulièrement importantes au cours des années, mais il reste encore un bon nombre de revendications à régler. Certaines d’entre elles peuvent représenter des centaines de millions de dollars. Ce n’est toutefois pas l’objet du projet de loi dont nous sommes saisis.
Le projet de loi porte sur les petites revendications particulières pour lesquelles il y a déjà un traité, mais qui pose un problème. Cela peut être parce que le gouvernement s’est désisté de ses responsabilités. Cela peut être parce qu’il ne s’est pas acquitté de ses obligations à l’égard de certaines terres. Il se peut aussi qu’il doive de l’argent à une Première nation ou qu’il ait refusé d’accorder aux peuples autochtones ce qu’il leur avait promis.
Il peut y avoir un différend parce que le gouvernement n’a pas donné ce qu’il a dit qu’il donnerait ou il peut y avoir désaccord sur ce que le traité disait que les Premières nations recevraient et ce qu'elles ne recevraient pas. Le projet de loi vise à résoudre tous ces petits différends.
Pour que le public comprenne bien, il n’est pas question ici des énormes revendications territoriales qui restent non réglées d’un bout à l’autre du pays. Cela ne vise pas les grandes revendications des Premières nations qui n’ont pas de traité. Néanmoins, le gouvernement devrait consacrer la majeure partie de ses efforts à régler ces revendications. Quand ce sera fait, il ne devra pas s’arrêter là.
Comme la vérificatrice générale l’a clairement souligné, il y a un certain nombre de cas dans lesquels un traité a été signé, mais n’a pas été respecté par le gouvernement. Les trois territoires du Nord attendent des mesures énergiques de la part du gouvernement. La signature d’un traité n’est pas la fin d’une relation. C’en est seulement le début. En tant que porte-parole de mon parti pour le Nord, je peux certainement dire que les gens du Nord veulent que ces traités soient respectés. Ils veulent que le gouvernement agisse et réalise les objectifs de ces traités.
Le projet de loi s’attaque aux petits différends comme le fait que le gouvernement ne remplit pas les conditions d’un traité ou qu’une Première nation n’est pas d’accord avec le gouvernement au sujet des conditions d’un traité. Ces revendications de portée modeste seront réglées grâce à ce projet de loi.
Notre porte-parole de Winnipeg-Sud-Centre a dit que le projet de loi est certainement un pas dans la bonne direction. Nous sommes certainement pour l’amélioration du processus. Néanmoins, ce projet de loi doit être examiné à fond en comité. Certaines préoccupations ont déjà été exprimées.
L’idée de créer un tribunal législatif n’est pas nouvelle. C’est ce que le chef libéral avait proposé dans son programme lors de la course à la direction. C’est quelqu’un d’honnête. Je suis certain que peu lui importe quel parti donne suite à ses idées visant à améliorer le sort des Canadiens, du moment qu'on y donne suite. Il sera très content si ce projet de loi est adopté, car il voulait absolument un tribunal pour régler les revendications particulières.
On réclame un tribunal indépendant depuis 1947. En 1996, la Commission royale sur les peuples autochtones a recommandé un tribunal indépendant des terres et des traités. Au cours de la décennie qui a suivi, on a tenté de modifier le processus de revendication proprement dit, mais en vain.
De l'avis général, le processus actuel doit être amélioré et le nombre de revendications est trop élevé.
Depuis 1973, près de 1 300 revendications ont été soumises au Canada et, jusqu'à maintenant, 513 ont été réglées, ce qui nous laisse 784 revendications non encore réglées. Selon le ministre, il y en aurait 900.
Il nous incombe donc, à titre de parlementaires, de prendre les mesures qui s'imposent et de trouver un moyen de traiter les nombreuses revendications qui se sont accumulées en raison de la lenteur du processus.
Certains qui estiment ne pas avoir été consultés se sont déjà manifestés; ils auront la possibilité d'exprimer leur point de vue devant le comité.
Certains se sont également dit préoccupés par le plafonnement des revendications et certains se demandent si le fonds spécial de 250 millions de dollars par année sera suffisant. J'y ai certainement pensé la première fois que j'ai lu le projet de loi. Je présume que le gouvernement, en toute bonne foi, prévoira un budget supplémentaire et ajoutera des fonds, dans la mesure où les règlements accordés par les juges ne dépasseront pas le plafond. Si qui que ce soit dans le gouvernement dit le contraire, alors, un projet de loi pas trop controversé deviendra très controversé, car il ne sert à rien de demander à des juges de rendre des décisions si le Parlement ne verse pas les fonds nécessaires pour appliquer ces décisions.
Certains ont émis des réserves du fait que les Premières nations n'ont pas leur mot à dire dans la nomination des juges au tribunal. Le plan présenté initialement par le chef libéral prévoyait le contraire. Dans bien des cas, ce processus reposera sur l'adhésion des provinces, car, ce sont elles qui administrent la plupart terres publiques. Il est très important que nous collaborions très étroitement avec les gouvernements provinciaux et, dans certains cas, les gouvernements territoriaux pour nous assurer de cette adhésion des parties de sorte que toutes les parties à une revendication puissent avoir voix au chapitre et contribuer à son règlement.
J'ai commencé par expliquer que le problème des revendications territoriales au Canada n'était pas si énorme. Ce projet de loi n'inclut pas les revendications mineures des Premières nations qui ont signé des traités modernes. Bon nombre de ces traités prévoient déjà un mécanisme interne de règlement des différends. Encore une fois, ce projet de loi ne concerne que les infractions en vertu de certains des traités existants et n'a rien à voir avec l'énorme retard accumulé dans les dossiers de revendications territoriales et ce qu'on appelle les revendications globales. Dans ce dernier cas, il faut formuler une revendication entièrement nouvelle et, lorsqu'on parle d'autonomie gouvernementale, il est question de fait d'un nouveau gouvernement.
Lorsque le projet de loi sera renvoyé au comité, nous devrons entendre des témoins des Premières nations. Nous pourrons ainsi nous assurer que le projet de loi atteindra les objectifs déclarés de tous les partis à la Chambre. Le projet de loi est trop important pour qu'il suffise de convoquer des témoins et de laisser le gouvernement poser les questions.
Toute personne intéressée par le projet de loi et désirant comparaître devant le comité devrait communiquer avec moi ou avec notre porte-parole en matière d'affaires autochtones, la députée de , qui a pris la parole un peu plus tôt.
Il a fallu des dizaines d'années pour aboutir à ce projet de loi. Je félicite le gouvernement des efforts qu'il y a investis. Je le félicite surtout pour avoir collaboré avec le grand chef de l'Assemblée des Premières Nations à l'élaboration du projet de loi. Un orateur précédent a dit clairement qu'il s'agissait d'un tournant important pour les conservateurs et d'une excellente façon d'élaborer un projet de loi qui bénéficiera de l'appui de tous les partis à la Chambre.
Comme je l'ai déjà fait à bon nombre de reprises, je tiens à féliciter le grand chef, Phil Fontaine, qui est un leader extraordinaire. Il a fait beaucoup pour son peuple au cours de son mandat. Je pense par exemple à cette entente historique sur les pensionnats indiens qu'il a conclue avec le gouvernement. C'est un autre grand pas en avant qui permettra de traiter des centaines de revendications plus rapidement et plus équitablement.
Après tous ces hommages au gouvernement toutefois, je dois maintenant parler de tous les autres problèmes dans le dossier des peuples autochtones. Les peuples autochtones veulent que le gouvernement examine sérieusement toutes les questions portant sur leurs droits humains fondamentaux, y compris l'écart de pauvreté et les problèmes d'infrastructure omniprésents dans les réserves de nos jours. Ces gens craignent que rien ne soit jamais fait si des mesures concrètes ne sont pas annoncées dès maintenant.
Il est malheureux de devoir dire une telle chose, et le gouvernement n'est peut-être pas prêt à l'entendre, mais depuis qu'il est arrivé au pouvoir, le gouvernement n'a pas accordé une grande priorité aux demandes des Autochtones du Canada. La semaine dernière marquait le deuxième anniversaire de la signature de l'accord de Kelowna. Le gouvernement n'a pas tenu compte de l'appel de tous les députés, sauf les ministériels, qui réclamaient la mise en oeuvre de cet accord.
Le gouvernement a fait fi des chefs autochtones et des dirigeants provinciaux et territoriaux et autres qui ont participé au processus de 18 mois qui a mené à la conclusion de cette entente. Il a pris de façon unilatérale la décision d'annuler l'entente, mais les Nations-Unies l'ont tout de même cité en exemple pour la façon dont il a collaboré avec les organismes autochtones.
Permettez-moi de préciser que l'accord de Kelowna n'était pas une entente entre le gouvernement libéral et les peuples autochtones. C'était une entente entre le Canada et les peuples autochtones du pays, ainsi que les dirigeants provinciaux et territoriaux. De nombreux Canadiens ont été très déçus de voir que le gouvernement ne respectait pas une entente qui avait été conclue de bonne foi.
Il est très triste de voir que les peuples autochtones vivent dans des conditions déplorables, tant au niveau de l'eau potable, de la mortalité maternelle lors de l'accouchement, de l'éducation, des soins de santé et de l'espérance de vie. Les Premières nations ont signé en bonne et due forme une entente portant sur 5 milliards de dollars, et il est honteux de voir qu'avec tout l'argent qu'il a dans ses coffres, le gouvernement a annulé cette entente.
Les Premières nations, les Autochtones et les Inuits aimeraient que le gouvernement respecte leurs droits en tant qu'êtres humains et que le Canada ne soit pas parmi les quelques pays à s'opposer à la reconnaissance de ces droits aux Nations Unies. Le projet de loi visant à donner aux Autochtones les mêmes droits que les autres est un exemple parfait à cet égard. Le voilà soumis au Parlement alors que presque tous les groupes autochtones qui sont venus témoigner devant le comité ont affirmé qu'il n'y avait pas eu de consultation et ont énuméré six ou sept problèmes à corriger dans le projet de loi.
Le gouvernement a eu presque un an pour corriger ces problèmes, par exemple en ajoutant une disposition interdisant toute dérogation, une disposition d'interprétation, un délai de mise en oeuvre du projet de loi et de l'argent pour former les Premières nations. Nous avons beaucoup entendu les témoins parler de ces corrections à apporter. Ils ont dit que ces problèmes auraient pu être réglés et que le projet de loi aurait dû être adopté. Il est à espérer qu'on y verra.
Les Premières nations, les Métis et les Inuits ont pratiquement été oubliés dans deux budgets et deux mises à jour économiques. Par exemple, le budget de 2007 prévoyait 6 milliards de dollars d'argent frais pour les Canadiens et, sur cette somme, 70 millions de dollars étaient destinés aux Autochtones. Dans les autres documents financiers du gouvernement, les sommes avaient déjà été prévues, par exemple dans le cas du logement, donc il ne s'agissait pas d'argent frais.
Le gouvernement a ignoré les invitations à signer la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones. En ce qui a trait à l'eau, le comité consultatif mis sur pied par le gouvernement lui-même l'a prévenu qu'il serait mal avisé de faire adopter un projet de loi établissant des normes pour l'eau potable destinée aux populations des Premières nations sans prévoir le financement nécessaire pour les immobilisations et les infrastructures. Pourtant, on n'a pas donné suite à ce rapport. Le gouvernement actuel doit entendre aussi les voix qui n'entonnent pas son refrain. Les problèmes des Premières nations ne sont pas d'ordre financier.
Nous avons vu le message concernant la crise du bien-être des enfants. Le gouvernement aimerait bien faire taire ces voix mais il ne le devrait pas. C'est renforcer le pays que de permettre aux plus vulnérables de s'assumer au lieu de les écraser. Le gouvernement n'a pas intérêt à faire taire ces voix.
Au sujet des revendications territoriales, le gouvernement a montré qu'il a la volonté politique de procéder au règlement d'un petit nombre de revendications territoriales particulières, comme je l'ai dit au début de mon discours, en partenariat avec l'Assemblée des Premières Nations. Je félicite chaleureusement le gouvernement de coopérer avec l'assemblée dans ce dossier-là. S'il avait fait de même pour la mesure législative sur les droits de la personne, celle-ci aurait pu être adoptée il y a longtemps, mais certains disent qu'ils ont été muselés.
Nous appuyons certainement le projet de loi, dans une grande mesure parce que Phil Fontaine et l'Assemblée des Premières Nations veulent participer activement à l'élaboration de la loi. Leurs préoccupations et leurs idées ont été prises en compte, tout comme lorsqu'ils ont négocié le règlement des réclamations liées aux pensionnats indiens avec notre gouvernement.
Avant toute chose, au comité, il faudra déterminer si nous avons bien fait de limiter les indemnités à 150 millions de dollars. Il n'y en aura probablement pas beaucoup. La plupart des revendications donnent lieu à une bien plus faible indemnité. Cependant, il se pourrait bien que les indemnités liées à certaines revendications dépassent cette somme. Si un juge chargé de statuer sur une revendication de 120 millions de dollars étudie le cas et estime que le demandeur mérite beaucoup plus, le gouvernement ne le lui accorderait-il pas? Qu'est-ce qui se passerait dans une telle situation?
Je devrais mentionner le tribunal. Je ne suis pas sûr si le mot vient des tribunes romaines, mais compte tenu du fait que le mot commence pas les lettres t, r et i et qu'il y a six juges, les gens pourraient être portés à croire que chaque affaire est présidée par six juges. Cependant, ce n'est pas le cas. Seul un juge, présidant un tribunal, est chargé d'un cas donné.
Si, aux termes d'un traité conclu dans les Prairies en 1800, plusieurs kilomètres carrés de terres et 120 millions de dollars ont été promis, et si cette promesse n'a pas été tenue, le juge entendrait tous les détails. Il prendrait ensuite une décision. C'est une décision dont on ne peut interjeter appel, à moins de s'adresser au système judiciaire. Les gens qui étudient le projet de loi devraient s'assurer qu'ils sont à l'aise avec ce genre de processus.
Comme je l'ai dit, puisqu'une seule personne rend une décision qui ne peut pas faire l'objet d'un appel, nous devons nous assurer que c'est la bonne personne. Les Premières nations voulaient avoir leur mot à dire dans le processus de sélection de cette personne.
Si une revendication peut valoir 150 millions de dollars, est-ce que 250 millions par année suffiront? Si une revendication s'élève à 150 millions de dollars et qu'il y en a 784 en souffrance, est-ce que la somme prévue suffira au cours d'une année donnée? Encore une fois, je présume que, si les revendications sont réglées aussi rapidement que le souhaite le gouvernement et que les sommes dépassent les 250 millions de dollars, il serait raisonnable de prévoir de nouveaux fonds dans le budget supplémentaire.
Compte tenu des 784 revendications ou plus en souffrance, nous ne devons pas perdre de vue que nous avons réglé en moyenne 20 revendications par année et qu'il a fallu 13 ans. Le processus n'était pas au point.
Notre porte-parole pour les questions autochtones, la députée de , qui fait un excellent travail, a déclaré que nous allions appuyer l'amélioration proposée parce que, selon l'ancien système, le gouvernement était en conflit avec quelqu'un. Il y avait deux parties dans chaque conflit et le juge était le gouvernement. Il y avait donc un juge et un défenseur, ce que l'on pourrait difficilement qualifier de juste.
Nous félicitons le gouvernement d'avoir travaillé en étroite collaboration avec l'Assemblée des Premières Nations à l'élaboration du projet de loi. Nous attendons avec impatience de participer aux travaux du comité pour raffiner le projet de loi et nous assurer qu'il fonctionne comme le souhaitent toutes les parties afin d'améliorer la vie des peuples autochtones.
:
Monsieur le Président, je voudrais préciser que ma circonscription comprend la région du Nunavik, et non le Nunavut. En effet, il y a une différence entre les deux territoires, et je n'aimerais pas prendre la place de ma collègue du Parti libéral qui représente le Nunavut.
Si je lis correctement, ce projet de loi ne s'applique qu'aux revendications particulières, mais que sont les revendications particulières, pour le commun des mortels?
Nous n'avons pas besoin de chercher très loin pour apprendre qu'elles tirent leur origine d'anciens griefs formulés par les Premières nations. Ces griefs ont trait aux négociations qui échoient au Canada en vertu de traités historiques ou à la façon dont le pays a géré les fonds ou autres biens des Premières nations, y compris des terres de réserve.
En effet, il est vrai que, depuis 1973, le gouvernement se prévaut d'une politique et d'un processus qui lui permettent de régler ces revendications par la voie de la négociation plutôt que devant les tribunaux.
Cependant, ce n'est pas que depuis 1973 que des mesures ont été revendiquées pour régler ces différends, mais bien depuis juillet 1947, à la suite d'une recommandation d'un comité mixte du Sénat et de la Chambre des communes qui avait recommandé ceci:
Qu’une commission, par exemple une Commission des revendications, soit créée dans les plus brefs délais afin de faire enquête sur les termes des traités conclus avec les Indiens [...] ainsi que d’évaluer et de régler toute revendication ou tout grief connexe de manière juste et équitable.
Par la suite, il faut se rendre aussi loin qu'en 1961 pour qu'un autre comité mixte, encore du Sénat et de la Chambre des communes, recommande de nouveau la mise sur pied d'une Commission des revendications, pour que le Cabinet du premier ministre Diefenbaker approuve un avant-projet de loi sur la création d'une Commission des revendications. Toutefois, comme par hasard, le déclenchement des élections empêche la présentation de cet avant-projet.
Qu'à cela ne tienne, le premier ministre Lester B. Pearson a présenté le projet de loi C-130 à la Chambre des communes le 14 décembre 1963, intitulé Loi sur les revendications indiennes. Il ne voulait certainement pas être en reste avec les vrais conservateurs. Or, même à cette époque, on oubliait de consulter les Premières nations et le projet a dû être mis sur la glace, le temps de consulter.
Un autre projet de loi portant le même titre a été présenté le 21 juin 1965. Le 21 juin: quelle belle date, j'ai hâte d'y arriver. Trêve de plaisanterie, devinons ce qui est arrivé: eh bien oui, des élections ont empêché le vote sur ce nouveau projet de loi.
Il a donc fallu attendre jusqu'à 1973 avant d'avoir un autre geste, cette fois pour établir la politique sur le règlement des revendications particulières, dont j'ai parlé au tout début de mon intervention, qui est toujours en vigueur aujourd'hui.
Entre-temps, un rapport rédigé par le gouvernement a bel et bien été publié en 1979, lequel portait sur le processus administratif des revendications particulières, faisait état de fonctions conflictuelles et recommandait la création d'un organisme indépendant qui serait, à tous égards, un tribunal spécial.
Au cours de la même période, le rapport Penner, publié en 1983, demandait l'établissement d'un processus quasi judiciaire pour gérer les négociations n'ayant pas abouti, et le recours à la facilitation pour la négociation de règlements.
En 1990, un comité permanent de la Chambre des communes, dans un rapport intitulé « Questions en suspens: Programme d'action pour les Canadiens dans les années 1990 », a de nouveau souligné le besoin d'établir un organisme indépendant de décision. Au moment même, un autre comité mixte, composé cette fois de représentants du Canada et des Premières nations — on s'améliore —, a examiné la création d'une entité législative permanente ayant des pouvoirs semblables à ceux d'un tribunal, pour qu'en janvier 1991, le gouvernement établisse la Commission des revendications particulières des Indiens, en vertu de la loi sur les enquêtes.
Cette commission ne devait servir que de mesure provisoire en attendant la mise sur pied d'une entité indépendante et permanente dotée d'un pouvoir de décision. Cette commission existe toujours, mais elle n'a jamais eu qu'un pouvoir de recommandation non exécutoire.
En 1996, cela devenait de plus en pus pressant. À la suite de longues consultations auprès des Premières nations partout au pays, la Commission royale sur les peuples autochtones, dont le rapport est aussi connu sous l'appellation de rapport Erasmus-Dussault, a recommandé le remplacement de la Commission sur les revendications par un tribunal indépendant consacré au dossier des terres et des traités.
En 1998, un groupe de travail mixte Canada-Premières nations a abouti à l'élaboration du projet de loi C-6, une loi sur les revendications particulières qui a reçu, cette fois, la sanction royale en novembre 2003. Cette loi aurait conféré des pouvoirs de décision exécutoires, entre autres sur les montants d'indemnisation évalués à 10 millions de dollars, ce que spécifiquement les Premières nations ont jugé insuffisant. Elles l'ont rejetée. Voilà encore un beau modèle de consultation!
Nous voilà maintenant en 2007 avec le projet de loi , à une époque où le paysage politique a tout de même évolué, ou du moins j'ose le croire. À ce que je sache, il existe déjà des conditions particulières au Québec, comme une association spécifique des Premières nations avec leur culture et leurs besoins propres. Toutefois, ce gouvernement semble, volontairement ou non, avoir oublié de consulter ces Premières nations. Si nous regardons bien la période où ce projet de loi nous est présenté, il existe presque une certitude que nous serons en élection avant la troisième lecture de celui-ci. En définitive, cela n'aura servi qu'à créer une belle image électoraliste, comme cela a été le cas avec Kelowna en 2005, avec le projet de loi C-130 en 1965, ou avec l'avant-projet de Diefenbaker en 1962.
Dans les notes explicatives accompagnant ce projet de loi, notes qui nous sont remises par le ministère des Affaires indiennes et du Nord canadien, il est mentionné que la nouvelle approche est issue d'un grand nombre de rapports, d'études et de recommandations formulées par les Premières nations dans le passé. Je spécifie bien « dans le passé ». Je veux bien croire que les dirigeants fédéraux ont consulté quelques dirigeants des Premières nations, comme pour le projet de loi C-130 en 1963 pour lequel il a fallu retourner consulter, ou le projet de loi en 2003, pour lequel quelques dirigeants des Premières nations avaient été consultés. Je sens que nous aurons à entendre encore beaucoup de témoins insatisfaits, comme pour les projets de loi C-44 et que nous étudions actuellement et pour lequel ce gouvernement n'a fait que changer la page couverture, tout en connaissant très bien l'insatisfaction des différentes associations des Premières nations.
Je suis un peu gêné d'avoir surestimé la vision de ce et sa volonté de transparence, une transparence qui est moins pertinente que celle des années de grande noirceur de Duplessis, à qui il ressemble étrangement, d'ailleurs ne serait-ce que par son obstination aveugle.
Tout comme mes collègues du Bloc québécois, je vais tout de même appuyer ce projet de loi qui permettrait d'accélérer le processus de règlement des revendications particulières, il faut bien s'entendre, des Premières nations, un processus décrié depuis les années 1940, comme je viens de le démontrer. Encore faudrait-il se rendre à la sanction royale avant une élection et que l'ensemble des Premières nations l'acceptent.
Combien de fois, dans le passé, avons-nous entendu les élus de ce gouvernement nous annoncer l'appui de premiers ministres ou de ministres provinciaux, d'organismes ou de chefs syndicaux, alors que c'était carrément faux? Comme diraient certains, la crédibilité va de pair avec la responsabilité, ce qui semble lui faire sérieusement défaut.
J'aimerais profiter de l'occasion pour offrir mes condoléances à la famille, aux amis, à la communauté de Whapmagoostui et à la nation d'un grand personnage cri porté disparu dans les eaux de la Baie d'Hudson au cours de la fin de semaine, M. David Masty. Il était considéré comme un sage sur tout le territoire du nord du Québec. C'est quelqu'un pour qui j'avais beaucoup de respect ainsi qu'une amitié bien établie.
Il va sans dire que nous nourrissons quelques inquiétudes vis-à-vis ce projet de loi, comme par exemple le fait qu'un seul juge rendra une décision sans appel quant aux responsabilités de remboursement d'une tierce partie même sans sa participation au jugement. On sait qu'au Québec il y a une grande prise de responsabilité envers les Premières nations et que les autres provinces et ce gouvernement pourraient donc être plus vulnérables à ce genre de jugement. Le juge pourrait-il imposer unilatéralement la responsabilité de remboursement d'une tierce partie à 30 p. 100 de la revendication d'une Première nation? Ou encore qu'en est-il de la responsabilité de fiduciaire du gouvernement?
Le Bloc québécois reconnaît que certaines revendications particulières ne relèvent que d'Ottawa. Divers comités de la Chambre recommandent de mettre sur pied ce tribunal depuis plus de 60 ans, afin de traiter les revendications particulières des Premières nations, telles qu'énumérées en début d'intervention avec la manifestation d'inquiétude et le regret de voir ce gouvernement, encore une fois, oublier les particularités du Québec.
Compte tenu de la structure et du processus actuel de nomination à la magistrature, processus contesté s'il en est un, il est inquiétant de savoir qu'une décision de ce tribunal sera sans appel, autant pour le Québec que pour les Premières nations, même si cette décision est assujettie à un contrôle judiciaire.
Cette façon de fonctionner aura des conséquences que les Premières nations ont avantage à bien évaluer. Il n'y aura plus de poursuites possibles. L'abandon du droit sur le territoire procurera un titre clair aux tierces parties qui possèdent la terre, et les décisions du tribunal régleront une fois pour toutes les revendications particulières.
Compte tenu du fait qu'une province, qui ne se présente pas au jugement d'une revendication, n'a aucune obligation d'indemniser la Première nation, il se pourrait que cette Première nation utilise le jugement du fédéral pour demander compensation à cette province. Qu'advient-il alors de la responsabilité de fiduciaire du fédéral?
Le Bloc québécois a toujours accompagné les peuples autochtones dans leur quête de justice et de reconnaissance des droits. Nous reconnaissons les 11 nations autochtones du Québec pour ce qu'elles sont: des nations. Nous les reconnaissons comme des peuples distincts ayant droit à leurs cultures, leurs langues, leurs coutumes et traditions. Nous reconnaissons aussi leur droit d'orienter elles-mêmes le développement de cette identité propre.
Pour cette raison, les Autochtones doivent avoir les outils pour orienter eux-mêmes le développement de leur identité propre, soit le droit à l'autonomie gouvernementale et la reconnaissance de droits. Cette autodétermination est d'ailleurs reconnue depuis 1993 par le Bloc québécois, dans son manifeste du Forum paritaire Québécois-Autochtones, dans l'éventuel pays du Québec où nous serons, nous aussi, maîtres de notre culture et de nos visions d'avenir.
Je réitère, tout comme mes collègues du Bloc québécois, mon appui au principe de ce projet de loi qui permettra de régler et d'accélérer les revendications particulières des Premières nations, qui durent depuis 70 ans, mais toujours à la condition que je n'apprenne pas en cours de route, comme c'est le cas dans beaucoup d'autres déclarations, que cette déclaration est aussi fausse que dans le cas de la consultation des Premières nations.
De toute évidence, nous aurons certainement l'occasion de l'étudier au comité permanent où j'ai le privilège de siéger et où nous pouvons constater tous les enfantillages des membres de ce gouvernement, qui ont démontré une incapacité chronique d'accepter l'idée de l'autre.
C'est peut-être la raison qui les amène à demeurer le nouveau gouvernement. Il y a trop d'éléments qui n'ont pas encore réussi à évoluer. C'est comme un tuyauteur qui n'a pas encore compris qu'il y a autre chose qui peut passer dans un tuyau que de l'eau, ou encore l'électricien qui croit que son métier consiste à faire passer des fils dans ce fameux tuyau. Cela crée des affrontements comme ceux que ce gouvernement s'apprête à subir sur la scène internationale et qui, malheureusement, auraient pu rejaillir sur l'ensemble du pays, n'eut été de la générosité des membres du Bloc qui ont aidé leurs collègues à aller défendre l'intégrité du Québec à Bali.
Quelle belle bande de demeurés aurions-nous été sur la scène internationale en l'absence des quelques personnes sensées qui, démocratiquement, ont un droit indéniable, surtout que par une simple répartition, ce gouvernement ne représente que quelque 30 p. 100 de la population canadienne! Malheureusement nous ne sommes pas encore à l'abri d'une telle renommée — peu enviable, il faut le reconnaître.
Nous ne sommes pas sans nous souvenir de la démarche de ce gouvernement lors de l'adoption de la Déclaration des droits des peuples autochtones des Nations Unies. Il y a de quoi rendre perplexe tout participant lié à ce projet de loi.
Nous ne sommes pas sans nous inquiéter, dans le nord du Québec, de la dernière entente de la Baie-James, dans laquelle la part des Cris a été assumée, bien qu'ils soient toujours en attente de l'entente finale.
C'est une sorte de poche du père Noël avec laquelle celui-ci présente devant des bénéficiaires, alors qu'il n'a aucune intention d'en délier les cordons pour laisser sortir les cadeaux. C'est un autre point qui nous permet de retourner aux entourloupettes des belles années Duplessis.
C'est comme le député de qui se fait élire sur la base d'une promesse: régler la crise forestière. Il est élu depuis le début de septembre. Le discours du Trône est présenté à la fin d'octobre, mais il n'y a rien sur la crise forestière. Il se lève tout de même pour appuyer ce discours. Il n'y a pas de problème, il y en a d'autres comme lui! De fait, un maire de mon comté s'est levé pour protéger ce petit naufragé dans une mer de Canadians — mais surtout à l'ombre d'un grand Albertain —, qui saurait faire inscrire ce sujet dans le prochain minibudget. Encore là, il n'y a rien eu.
Mais voilà que son grand Albertain, en guise de consolation, lui permet de déblatérer en lançant quelques sottises à l'occasion, et il se plaît à faire rigoler la galerie plus souvent qu'autrement à ses propres dépens. Que voulez-vous, il reste encore quelques bons petits Canadiens français au Québec qui n'ont pas réussi à s'affranchir!
Pour toutes ces raisons, le Bloc québécois doit rester en constante vigile, et sans compromis, pour l'ensemble des Québécoises et des Québécois, qu'ils soient Autochtones ou non-Autochtones. Cela nous amène toujours à exiger que les responsables québécois soient consultés au même titre que les responsables canadiens.
Nous voterons donc en faveur de ce projet de loi afin de pouvoir l'étudier et de proposer des amendements, si nécessaire.
:
Monsieur le Président, avant de débuter, je tiens à assurer à mon collègue du Bloc, le député d', que s'il a entendu des protestations dans ce coin-ci de la Chambre, c'étaient les néo-démocrates qui le défendaient contre les attaques des conservateurs visant à le ridiculiser pendant son discours. Nous avons écouté ses remarques très attentivement.
Cet après-midi, nous débattons le projet de loi , la Loi constituant le Tribunal des revendications particulières. J'aimerais tout d'abord indiquer que je représente des personnes qui habitent sur le territoire des Salish du littoral dans la vallée du Bas-Fraser, en Colombie-Britannique.
Les néo-démocrates croient qu'une telle loi aurait dû être adoptée il y a de nombreuses années. Le NPD réclame depuis longtemps l'établissement d'un tribunal indépendant mandaté pour entendre les revendications particulières. Cette mesure figurait d'ailleurs dans notre programme électoral des deux dernières campagnes fédérales, si ce n'est pas plus. Le NPD a aussi consolidé son engagement à cet égard lors de son récent congrès d'orientation. Nous appuyons fermement cette mesure et nous appuierons le projet de loi.
Nous sommes un peu hésitants aujourd'hui, car tous les députés qui se spécialisent dans les affaires autochtones sont en réunion cet après-midi. Nous trouvons regrettable que le gouvernement n'ait pas un peu mieux planifié les choses pour éviter que le débat sur le projet de loi à la Chambre ne tombe en même temps que l'étude article par article du projet de loi au Comité permanent des affaires autochtones. Malheureusement, beaucoup de nos collègues, nos experts dans chaque parti, doivent assister à une réunion du comité aujourd'hui.
Nous appuyons le projet de loi. Nous sommes disposés à poursuivre le travail au comité, où nous pourrons entendre des témoins et apporter les améliorations nécessaires.
L'une des raisons pour lesquelles nous appuyons le projet de loi, c'est que nous savons qu'il a été élaboré en consultation avec les Premières nations. Le gouvernement aurait pu consulter encore plus de monde, mais il a franchi une importante première étape et nous tenons à le souligner. C'est un bon exemple de ce qu'il peut faire pour accorder une plus grande place aux consultations dans ses relations avec les Premières nations. Nous croyons que les consultations pourraient aider à rétablir la relation de nation à nation qui existait à l'époque où les traités ont été signés et qu'elles devraient faire partie intégrante de la négociation des traités à l'avenir.
Notre discussion d'aujourd'hui se déroule dans un contexte qui n'est pas du tout glorieux, c'est le moins qu'on puisse dire. Cette discussion fait suite à une longue et triste série de discussions sur les revendications particulières au Canada. Nous avons vu de nombreux rapports et de nombreuses tentatives de légiférer, qui se sont soldés par des échecs, la loi s'étant révélée inefficace.
La situation persiste depuis de nombreuses années. La Loi sur les Indiens qui était en vigueur de 1927 à 1951 interdisait aux bandes d'utiliser l'argent qu'elles recevaient pour intenter des poursuites contre l'État. Elle interdisait toute modification aux accords et aux traités, et l'État ne pouvait pas être obligé de rendre des comptes relativement aux dispositions précises de ces accords et de ces traités. Heureusement, cette loi a été modifiée, mais nous avons été témoins d'autres démarches plutôt ardues.
Je pense que chaque décennie a eu son lot de tentatives liées aux revendications particulières. Dans les années 1940, la première recommandation visant la formation d'un tribunal pour les revendications particulières a été formulée. D'autres recommandations de même nature ont été faites au cours des années 1950. Au cours des années 1960, deux projets de loi auraient même été présentés dans cette optique, mais seraient morts au Feuilleton. Les années 1970 ont vu encore d'autres recommandations et d'autres tentatives. Le rapport produit en 1996 par la Commission royale sur les peuples autochtones contenait une recommandation sur les revendications particulières qui voulait qu'on établisse un tribunal indépendant pour traiter ces revendications. Après l'an 2000, au cours de la législature précédente, on a tenté de légiférer à ce sujet, mais la loi s'est révélée inefficace. La longue et triste histoire de ce problème est donc jalonnée de nombreuses tentatives infructueuses.
Par conséquent, voilà où nous en sommes aujourd'hui. Nous espérons que le projet de loi dont nous sommes saisis sera plus efficace et fera davantage pour résoudre des problèmes qui hantent le Canada depuis des décennies.
J'aimerais souligner que cette tentative a été bien accueillie par les Premières Nations. C'est le cas notamment en Colombie-Britannique. Le Conseil des leaders des Premières nations, qui se compose des cadres du Sommet des Premières nations, de l'Union des chefs indiens de la Colombie-Britannique et de l'Assemblée des Premières Nations de la Colombie-Britannique, s'est montré optimiste à l'égard de la démarche actuelle depuis qu'on l'a annoncée publiquement à la fin du printemps dernier.
Dans un communiqué émis en juin dernier, ces leaders déclarent qu'ils seraient heureux qu'il y ait un organisme indépendant pour s'occuper des revendications particulières, comme il est proposé, et qu'ils faisaient preuve d'un optimisme prudent devant les propositions.
C'est une bonne chose et je crois que nous pouvons tous nous réjouir d'un tel optimisme de la part des dirigeants des Premières nations face au processus.
Le Conseil des leaders des Premières nations souligne que les revendications particulières qui font l'objet de discussions découlent, selon les mots du conseil, des infractions commises par le Canada ou du manquement de sa part à ses obligations légales contenues dans les traités, les ententes ou les lois, y compris la Loi sur les Indiens. Le conseil ajoute que la politique fédérale sur les revendications particulières, qui remonte à 25 ans, établit le processus de règlement de ces revendications, qui passe par la détermination de leur bien-fondé, puis par la négociation.
Cependant, nous avons vu l'énorme retard accumulé par le système de règlement et son engorgement. En ce moment, il y a plus de 900 revendications particulières que le gouvernement du Canada déclare en examen. Il est important de noter que près de la moitié de ces revendications proviennent des Premières nations de la Colombie-Britannique. En outre, des 300 et quelques revendications présentement en attente d'un examen juridique au ministère de la Justice, 65 p. 100 proviennent de la Colombie-Britannique.
Par conséquent, les Premières nations de la Colombie-Britannique ont une préoccupation particulière devant le processus. Nous avons vu dans différents rapports, le dernier en date étant celui que le Sénat a produit en 2006, que la province faisait l'objet d'un volet du rapport et qu'elle avait un caractère unique pour ce qui est des revendications particulières en souffrance parce qu'il y en a un très grand nombre qui proviennent de cette province.
C'est un sujet qui revêt une importance particulière pour les Premières nations de la Colombie-Britannique et, par le fait même, pour toute la population de la province parce qu'elle tient beaucoup à ce que les rapports avec les Premières nations soient rétablis et que les revendications particulières soient réglées.
En juin, lorsque la proposition a été annoncée, les membres du Conseil des leaders des Premières nations ont fait des déclarations. Le chef Shawn Atleo, de l'Assemblée des Premières nations de la Colombie-Britannique, a déclaré:
Nous attendons depuis trop longtemps déjà un groupe indépendant sur les revendications particulières. Étant donné que cet organisme aura le mandat nécessaire et le pouvoir décisionnel complet ainsi qu'un niveau de financement et un personnel suffisants, nous nous attendons à ce qu'il fasse en sorte que les revendications particulières soient examinées et réglées équitablement et en temps opportun.
C'était là une déclaration très importante, du chef Atleo, en faveur du processus.
Pour sa part, le grand chef Stewart Phillip, président de l'union des chefs indiens de la Colombie-Britannique, a déclaré ceci au sujet de la proposition:
En agissant en tant que juge et jury dans le processus des revendications particulières, le gouvernement du Canada était en conflit d'intérêts. Il ne le sera plus grâce à la création d'un organe indépendant qui assurera que nous n'aurons plus à attendre 90 ans pour régler les revendications en suspens. Par ailleurs, une politique efficace en matière de revendications particulières doit répondre à tous les types de revendications, sans égard à leur ampleur et à leur portée; elle ne doit pas les esquiver.
Le grand chef Phillip a manifesté de l'intérêt à l'égard de ce projet de loi, mais il a aussi soulevé des difficultés dans le processus et des questions qu'il espère voir abordées dans la mesure législative. Si le projet de loi demeure muet à ces égards, il y aura lieu d'aborder ces difficultés et ces questions lors de l'étude en comité.
En juin, le grand chef Edward John, membre du conseil exécutif du Sommet des Premières nations, a dit ceci:
Nous appuyons sans réserve les recommandations du Comité sénatorial permanent des peuples autochtones. Plus particulièrement, nous donnons un appui sans réserve à la recommandation selon laquelle les Premières nations doivent être des « partenaires à part entière » du gouvernement du Canada dans l'élaboration de lois et de politiques visant à assurer que le Canada respecte ses obligations légales à l'égard des Premières nations dans la résolution des revendications particulières.
Cela reprend un point que j'ai soulevé au début de mon discours relativement à l'importance de ce type de consultations au sujet des projets de loi présentés à la Chambre. Nous sommes ravis que ce type de consultations ait eu lieu, en tout cas dans une certaine mesure, dans le processus ayant mené à ce projet de loi.
Ce sont là certaines des préoccupations qui ont été soulevées par le conseil de direction des Premières nations de la Colombie-Britannique. Le conseil dit appuyer la mesure législative, mais soulève tout de même certaines préoccupations bien précises. Je sais que la porte-parole du Nouveau Parti démocratique en matière d'affaires autochtones, la députée de , soulèvera ces questions en comité et qu'elle verra à ce que le comité entende des témoins qui pourront en parler plus en détails.
L'une de ces préoccupations porte sur le plafond de 150 millions de dollars imposé aux réclamations pouvant être soumises au tribunal aux fins de validation et de règlement. On se préoccupe tout particulièrement de la façon dont la valeur de ces revendications sera calculée. On recherche la cohérence et on cherche à assurer que ces calculs tiendront compte du meilleur intérêt des Premières nations.
Les chefs de la Colombie-Britannique ont également parlé de l'importance de consacrer davantage de ressources à la recherche, à la négociation et au règlement des revendications particulières de la Colombie-Britannique qui comprennent près de la moitié des revendications inscrites et 62 p. 100 de toutes les revendications que le ministère de la Justice n'a pas encore traitées.
Ces mêmes commentaires ont été présentés à de nombreuses reprises, tant par les dirigeants de la communauté autochtone que par les membres du comité sénatorial qui s'est penché sur la situation et a rédigé en 2006 le rapport intitulé « Négociations ou affrontements : le Canada a un choix à faire ». Le comité sénatorial a consacré beaucoup de temps et d'efforts à étudier le problème du manque de ressources dans le processus actuel.
Ce sont là des problèmes que nous voudrions éviter dans le nouveau processus. Je pense par exemple à l'important roulement du personnel, à l'arriéré qui ne cesse de croître, au manque de formation des chercheurs, qui mène souvent à la répétition de certaines erreurs historiques, à la frustration engendrée et à l'inefficacité du système. Un autre des problèmes au niveau des ressources est la difficulté de partager les renseignements entre les parties en cause.
Ce sont là certains des problèmes que nous avons constatés au niveau du manque de ressources et qui, à notre avis, devraient être pris en compte dans le projet de loi et dans les règlements et les dispositions de mise en oeuvre connexes. Si nous ne disposons pas des ressources nécessaires pour faire ce travail, il ne sera pas bien fait et il risque même de ne pas être fait du tout. Nous devrons voir à ce que l'on donne suite à toutes ces préoccupations.
Les leaders des Premières nations de la Colombie-Britannique se sont également interrogés sur la définition exacte à donner à la notion de revendications particulières. C’est indiscutablement une question qu’il faudra résoudre, car il serait illogique de nous doter d’un processus juridique de traitement de ces revendications sans savoir effectivement à quoi nous en tenir sur la définition même du terme.
Je crois que les Premières nations de la Colombie-Britannique ont certaines préoccupations à faire valoir et nous comptons nous assurer qu’elles en aient l’occasion devant le Comité permanent des affaires autochtones et du développement du Grand Nord lorsqu’il se penchera sur ce projet de loi.
Un autre sujet de préoccupation est la nomination des membres du tribunal. Nous tenons à nous assurer que les Premières nations sont bel et bien représentées dans ce processus. Le règlement des revendications particulières ne doit pas être laissé au seul pouvoir discrétionnaire du Canada. Le Canada ne saurait être à la fois juge et partie dans cette démarche. Nous devons assurer l’indépendance de ce processus qui tient à l’esprit même de ce projet de loi et nous devons également examiner les modalités de nomination de ceux qui siégeront à ce tribunal pour nous assurer qu’ils représentent toutes les parties, et qu’ils sont vraiment indépendants et en mesure de prendre les meilleures décisions possibles en matière de revendications particulières. C’est aussi, en ce qui nous concerne, une question que nous approfondirons devant le comité de concert avec les Premières nations.
Nous ne devons pas oublier que des progrès s’imposent sur ces sortes d’arrangements juridiques destinés à régler les revendications particulières. Le mécanisme actuel est trop laborieux et trop improductif, et il cause trop de tensions, d’incertitudes et d’instabilité au Canada depuis bien trop longtemps. Nous devons nous doter d’un processus efficace pour résoudre ces questions.
Dans son discours aujourd’hui, ma collègue de nous a rappelé de ne pas oublier que le processus judiciaire le plus juste et le meilleur tribunal ne résoudraient pas nécessairement le problème de la réconciliation entre les Premières nations et le Canada. Nous devons nous assurer qu’une réconciliation rapide et honorable intervienne entre les deux parties pour éviter les appels et les poursuites interminables devant le tribunaux qui pourraient nous empêcher de vivre ensemble harmonieusement.
Bien des juristes, voire des juges, affirment qu’une telle réconciliation ne saurait intervenir devant les tribunaux, qui sont l’un des lieux les plus propices à l’affrontement dans notre société.
J’espère que nous songerons également à emprunter la route de la réconciliation et à faire en sorte que le règlement des revendications particulières soit un pas vers cette réconciliation entre le Canada et les Premières nations.
Nous nous réjouissons à la perspective que le Comité des affaires autochtones aborde de nombreux éléments. Il devrait notamment se pencher sur l'accord politique qui a été conclu au moment de la présentation de ce projet de loi, accord qui visera les revendications supérieures à 150 millions de dollars. Le projet de loi ne concerne que celles de moins de 150 millions de dollars.
De nombreux points doivent faire l'objet d'un examen. On peut se demander pourquoi ces revendications échappent au processus législatif. On aurait peut-être dû les inclure dans le projet de loi ou dans un autre projet de loi. Je pense que c'est très important.
Toutefois, nous nous réjouissons que le gouvernement et le grand chef de l'Assemblée des Premières Nations aient signé cet accord. Il demeure que je me pose certaines questions et que j'estime qu'il faut examiner plus avant ces éléments.
J'espère que nous pourrons éviter certains problèmes qui ont historiquement caractérisé la relation entre le Canada et les Premières nations. J'espère que nous pourrons éviter certains des problèmes que nous avons constatés avec le refus du gouvernement conservateur de reconnaître l'accord de Kelowna et l'accord de transformation pour le changement que les Premières nations de la Colombie-Britannique, le gouvernement du Canada et le gouvernement de la province ont signé au même moment que l'accord de Kelowna.
Nous voulons faire en sorte que ces accords soient honorés. La Chambre les a appuyés. Notre crainte que ce genre d'accords ne soient pas honorés découle en partie de la façon dont nous réglons d'autres litiges entre le Canada et les Premières nations. Des antécédents d'accords et de traités non respectés ne nous aident pas à résoudre les problèmes actuels.
Le Nouveau Parti démocratique s'attend à ce que le projet de loi soit renvoyé au comité et il est favorable à son renvoi. Toutefois, nous ne croyons pas qu'il faille se dépêcher de renvoyer les mesures législatives au comité sans en débattre comme il se doit à la Chambre des communes, car cela fait partie du processus législatif. Nous prêterons attention à tous les aspects du projet de loi pendant son étude par la Chambre et par le comité.
Parfois, à la Chambre, lorsque nous procédons à une vitesse d'enfer, des points importants nous échappent et nous faisons des erreurs. Nous ne pouvons nous le permettre. Nous espérons renvoyer le projet de loi au comité, entendre les témoins compétents et, espérons-le, faire de ceci la meilleure mesure législative possible pour régler les revendications particulières.