Que le projet de loi C-29, à l'article 4, soit modifié par suppression des lignes 14 à 18, page 2.
Que le projet de loi C-29, à l'article 5, soit modifié par substitution, aux lignes 25 à 35, page 4, de ce qui suit:
« d’un candidat, la date de désignation, au sens de l’article 478.01, dans le cas d’un candidat à l’investiture, la fin de la course à la direction dans le cas d’un candidat à la direction et, dans le cas d’un parti enregistré ou d’une association enregistrée, la fin de l’exercice au cours duquel le prêt a été consenti est réputée constituer une contribution apportée au candidat, au candidat à l’investiture, au candidat à la direction, au parti enregistré ou à l’association enregistrée, selon le cas, à la date à laquelle le prêt a été consenti. »
Que le projet de loi C-29, à l'article 5, soit modifié par substitution, aux lignes 29 et 30, page 5, de ce qui suit:
« créancier; l’association enregistrée en cause ou, faute d’association, le parti est responsable du paiement de la créance comme s’il était caution. »
[Français]
Monsieur le Président, j'ai le plaisir de saisir de nouveau la Chambre au sujet du projet de loi sur la responsabilité en matière de prêts, l'ancien projet de loi devenu le projet de loi , qui a été rétabli à l'étape du rapport, tel qu'il était au moment de la prorogation du Parlement.
Les honorables députés se rappelleront sans doute que ce projet de loi modifie la Loi électorale du Canada afin d'établir des règles plus rigoureuses et plus transparentes pour les prêts consentis aux entités politiques. Ces amendements assureraient une utilisation plus responsable et plus transparente des prêts comme outil de financement politique. En matière de financement politique, la responsabilité et la transparence sont essentielles pour préserver la confiance des Canadiens en l'intégrité du processus politique.
Ce projet de loi est l'une des nombreuses mesures prises par notre gouvernement pour améliorer la démocratie et la responsabilité au Canada, conformément aux trois grands sujets de la réforme démocratique: la réforme du financement politique, l'amélioration du système électoral et la modernisation du Sénat.
Dans le discours du Trône d'octobre 2007, le gouvernement a réaffirmé son intention de procéder à ces réformes. Notre programme législatif énergique de réformes démocratiques apportera des améliorations réelles et significatives à nos institutions démocratiques.
[Traduction]
Je rappelle à la Chambre que les modifications proposées en ce qui a trait au traitement des prêts dans le projet de loi constituent d'importantes mesures pour maintenir la confiance du public dans notre institution et notre démocratie.
Les Canadiens doivent avoir la certitude qu'il n'est pas possible pour les personnes fortunées d'exercer une influence indue dans notre processus politique.
Les mesures du projet de loi découlent directement des réalisations du présent gouvernement, avec la Loi fédérale sur la responsabilité, pour assurer une responsabilisation et une transparence accrues dans le domaine du financement électoral. L'objectif était de supprimer l'influence indue des riches dans la politique.
Les députés se souviendront cependant que, au cours de la récente course à la direction du Parti libéral, les grands donateurs avaient trouvé un moyen détourné d'exercer une influence indue, en recourant à de généreux prêts personnels bien supérieurs à la limite des contributions permises par la loi.
[Français]
Les amendements permettraient d'appliquer aux prêts les mêmes normes de transparence qui s'appliquent présentement aux contributions.
En colmatant les brèches qui permettent d'utiliser les prêts de façon à ne respecter ni les plafonds prescrits par les contributions ni les restrictions quant à leur provenance, le projet de loi fera en sorte que les réformes déjà apportées aux contributions politiques ne puissent être sapées par l'utilisation abusive des prêts.
J'aimerais rappeler à la Chambre les mesures prévues dans ce projet de loi. Premièrement, le projet de loi établit un régime de déclaration uniforme et transparent pour tous les prêts consentis à des entités politiques, y compris la divulgation obligatoire des modalités de ces prêts ainsi que l'identité des prêteurs et des cautions. Cette mesure aurait pour effet de rendre les prêts plus transparents et d'en uniformiser le traitement pour toutes les catégories d'entité politique, ce qui n'est pas le cas présentement.
[Traduction]
Deuxièmement, la limite de la contribution annuelle des particuliers établie dans la Loi fédérale sur la responsabilité s'appliquerait aussi aux prêts. Les prêts et les garanties de prêts seraient pris en compte et déduits de la limite annuelle de 1 100 $ au moment où ils seraient contractés. Ce changement empêcherait l'utilisation de prêts pour se soustraire à la limite des contributions individuelles.
Troisièmement, seules les institutions financières et d'autres entités politiques pourraient consentir des prêts supérieurs à la limite de 1 100 $. Ce changement signifierait que, dorénavant, les syndicats et les sociétés ne pourraient pas consentir des prêts à défaut de pouvoir verser une contribution. Ils ne pourraient pas faire passer des contributions pour des prêts, ce qui est actuellement possible en vertu de la loi.
[Français]
En dernier lieu — et je reviendrai sous peu sur l'importance de cette proposition —, le projet de loi propose de renforcer les règles applicables aux prêts non remboursés de façon à ce que les candidats ne puissent se soustraire à leurs obligations. Les associations de circonscription, ou la partie garante s'il n'y a pas d'association de circonscription, seraient tenues responsables des prêts non remboursés par leurs candidats.
[Traduction]
Au cours de la session précédente, le Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre a soigneusement examiné les dispositions de ce projet de loi et, après de récentes délibérations, en a fait rapport à la Chambre, avec des propositions d'amendement.
[Français]
Plusieurs de ces amendements sont des ajouts intéressants aux règles régissant le traitement des prêts dans la mesure où ils rendent plus équitable le système décrit dans le projet de loi.
[Traduction]
À signaler, un changement que nous, les ministériels, avons proposé, et que nos homologues de l'opposition ont appuyé, qui vise à exclure de la limite des contributions annuelles toute partie d'un prêt qui est remboursé au prêteur et tout cautionnement inutilisé. Ce changement a pour effet de permettre à un prêteur, dont l'emprunt a été remboursé ou dont les cautionnements n'ont pas été utilisés, de pouvoir avancer des fonds jusqu'à la limite des contributions annuelles.
Notre ancien collègue de Vancouver—Quadra, M. Owen, a également proposé un changement selon lequel le directeur général des élections serait tenu d'entendre toute partie concernée avant de prendre une décision au sujet d'un montant réputé constituer une contribution. Ce changement, bien qu'il s'agisse d'une modification de forme, garantirait une certaine uniformité et l'équité procédurale pour ce qui est des rapports avec Élections Canada.
Un autre amendement visait à prolonger de 18 mois à 3 ans la période durant laquelle un prêt impayé est réputé constituer une contribution. Dans l'esprit de collaboration d'un gouvernement minoritaire, le gouvernement est également disposé à accepter cet amendement.
Je recommande ces amendements à la Chambre parce qu'ils améliorent dans son ensemble le régime de financement des partis politiques prévu dans la Loi électorale du Canada.
Cependant, certains des amendements du comité ont été jugés indésirables.
J'aimerais maintenant reconnaître un certain mérite à mon collègue, le député néo-démocrate de . Il a appuyé fermement cette mesure, même avant qu'elle ne soit présentée. Nous lui sommes reconnaissants de l'esprit de collaboration qu'il a manifesté à notre égard en participant à l'élaboration du projet de loi et en l'examinant à chaque étape. J'ai tout particulièrement apprécié sa collaboration et sa contribution aux discussions concernant la rectification des deux amendements indésirables qui ont été proposés au comité et dont le gouvernement se propose de ne pas tenir compte.
Je le remercie de l'engagement qu'il a pris envers le gouvernement actuel de faire en sorte que son parti appuie les efforts visant à omettre ces amendements, qui contrarient le gouvernement puisqu'ils vont à l'encontre du régime présenté dans le projet de loi. Par conséquent, nous avons donné avis de motions visant à amender le projet de loi afin de rétablir certaines dispositions importantes que les amendements de l'opposition venaient compromettre.
D'après l'un de ces amendements indésirables, les limites de contributions seraient calculées annuellement plutôt que pour chaque course au leadership, comme cela se fait à l'heure actuelle. Si ce changement était autorisé, il permettrait de contourner la limite légale imposée aux contributions à des campagnes à la direction si un candidat reportait sa dette sur plusieurs années civiles ou si la campagne au leadership chevauchait plusieurs années civiles.
C'est contraire au principe de la Loi fédérale sur la responsabilité, qui veut que les contributions des particuliers ne dépassent pas 1 100 $ par course à la direction d'un parti politique. Le gouvernement considère qu'un tel changement serait inacceptable et propose de rétablir la limite par campagne.
J'apprécie l'appui que nous accorde le député de à ce sujet. Nous sommes optimistes et nous croyons qu'avec l'appui du Nouveau Parti démocratique, nous devrions pouvoir rétablir les dispositions prévues à l'origine sur la responsabilité à l'égard des prêts accordés aux candidats en campagne.
Le deuxième amendement mal venu qu'on ne doit pas apporter au projet de loi concerne la disposition voulant qu'une association de circonscription soit responsable des dettes éventuellement impayées du candidat qu'elle appuie. L'amendement proposé par l'opposition permettrait aux candidats d'un parti politique de se soustraire aux dettes contractées en campagne. C'est contraire au principe de la responsabilité qui sous-tend le projet de loi.
L'amendement souhaité par l'opposition annulerait l'une des plus importantes améliorations souhaitées par le gouvernement en ce qui concerne la responsabilité à l'égard des prêts. Cette amélioration aurait pour effet de dissiper une bonne partie de l'incertitude quant à la responsabilité de rembourser les dettes impayées.
Le projet de loi initial, que nous voulons rétablir, garantirait non seulement des principes de responsabilité financière au niveau local, mais encouragerait aussi les associations de circonscription à travailler plus étroitement avec les candidats qui font campagne. Encore une fois, je remercie le député néo-démocrate de l'appui et de l'engagement qu'il a donnés, au nom de son parti, au gouvernement et à moi-même, relativement à nos efforts afin de rétablir dans sa forme initiale le projet de loi qui traite des dettes découlant de campagnes électorales.
Une règle semblable s'applique dans ma province, l'Ontario. Le paragraphe 44(4) de la Loi sur le financement des élections de l'Ontario prévoit que tout déficit financier d'un candidat est assumé par l'association de circonscription locale. Cette règle fonctionne très bien en Ontario, et les préoccupations de l'opposition, qui ont entraîné la modification, au comité, de cette disposition de notre projet de loi, sont de toute évidence non fondées, compte tenu de l'expérience très positive des trois grands partis politiques en Ontario, relativement à cette mesure.
Par conséquent, le gouvernement propose de rétablir la disposition portant que, si un candidat ne rembourse pas un prêt, l'association enregistrée du candidat, ou le parti enregistré, s'il n'y a pas d'association enregistrée, devient responsable du remboursement.
En terminant, je veux signaler qu'une modification de forme doit être apportée à l'article 5 du projet de loi. Cet article a été amendé au comité et le libellé employé lorsqu'un prêt est réputé être une contribution doit être conforme aux termes définis, qui sont employés partout dans la Loi électorale du Canada. Par conséquent, nous proposons aussi de clarifier le libellé.
Ce sont là des amendements réfléchis, qui se fondent sur des principes et qui appliquent le principe fondamental selon lequel il faut renforcer la notion de responsabilité, relativement à l'utilisation de prêts à titre d'outils financiers politiques.
Nous nous sommes engagés à faire le ménage dans le domaine du financement de campagne. Nous allons agir en conséquence en allant de l'avant...
:
Monsieur le Président, le Parti libéral appuie les efforts visant à croître la transparence et la reddition de comptes dans la procédure électorale. C'est notre parti qui, à l'origine, a adopté le projet de loi visant à limiter le rôle des sociétés et des syndicats dans le financement électoral et qui a mis en oeuvre la baisse des limites des contributions la plus importante de l'histoire du Canada.
C'est pourquoi les candidats à la direction du parti ont surpassé les exigences prévues par Élections Canada dans la divulgation des prêts pour leur campagne. C'est tout le contraire du actuel qui refuse toujours de révéler le nom des bailleurs de fonds de sa campagne pour la direction de son parti, en 2002.
En pratique, ce texte de loi donnera le dernier mot aux institutions financières, et non pas aux Canadiens, sur la question de décider qui peut se présenter comme candidat à une élection au Canada. Ce projet de loi aura aussi un impact négatif sur la classe moyenne canadienne, particulièrement sur les candidates à l'investiture, à une époque où le gouvernement devrait encourager la population à participer davantage à la procédure démocratique.
Si les changements proposés sont mis en oeuvre, il sera très difficile pour les Canadiens, particulièrement pour ceux dont les moyens sont limités et qui connaissent très peu de bailleurs de fonds fortunés potentiels, de chercher à se faire élire au Canada en raison du fait qu'il est difficile d'obtenir un prêt auprès d'une institution financière. Bien que nous soyons en faveur d'une procédure électorale transparente et responsable, nous croyons que ce projet de loi restreint indûment les droits d'accès à des Canadiens au système démocratique et qu'il fera obstacle à leur participation.
Les conservateurs laissent entendre que la législation actuelle permet de radier des prêts sans que cela porte à conséquence. C'est archifaux. En vertu de la loi actuelle, on ne peut recourir aux prêts pour contourner les limites des contributions ni radier des prêts impunément. Le projet de loi reprend tout simplement les dispositions qui existent déjà. Les conservateurs pensent qu'ils peuvent abuser les Canadiens et leur faire croire que, d'une manière ou d'une autre, ce texte législatif modifie la loi en profondeur.
Faisons un rappel des faits. Le but officiel de ce projet de loi est de réduire la possibilité d'abus d'influence d'intérêts fortunés dans la vie publique. De toute évidence, ce texte de loi est conçu de manière à désavantager financièrement le Parti libéral du Canada. La principale conséquence de ce nouveau projet de loi est qu'il limite énormément les possibilités qu'ont les candidats aux élections de solliciter des prêts, une pratique courante par le passé. Le texte de loi interdit aux particuliers de prêter de l'argent ou d'agir à titre de caution de prêts accordés aux candidats politiques en limitant leurs contributions à la limite de 1 100 $ actuellement prescrite par la Loi fédérale sur la responsabilité.
En outre, comme l'a fait la Loi fédérale sur la responsabilité, il est désormais interdit aux syndicats et aux sociétés de prêter de l'argent aux partis, aux associations ou aux candidats politiques. Certes, le gouvernement affirme que cette mesure vise à réduire l'influence des bailleurs de fonds fortunés qui contournaient, apparemment, les limites de dons de la Loi électorale grâce aux prêts personnels.
Le fait est que, pendant notre dernière campagne pour la direction du parti, tous les candidats ont révélé publiquement tous les prêts qui leur avaient été accordés pour leur campagne et ont dépassé les exigences prévues par Élections Canada en la matière. Si ce projet de loi est adopté, seules des formations politiques comme le Parti libéral du Canada ou les associations locales de circonscription et des institutions financières pourront consentir des prêts aux candidats, et il faudra que ce soit au taux d'intérêt du marché.
Il y a également de nouveaux critères en matière de déclaration comme, notamment, l'obligation de divulguer toutes les conditions: le montant, le taux d'intérêt, le nom et l'adresse du prêteur ainsi que le nom et l'adresse du garant, le cas échéant.
Si le directeur général des élections détermine qu'une partie d'un prêt consenti à un candidat représentant un parti enregistré a été radiée, l'association enregistrée — ou, s'il n'y a pas d'association, le parti — devient redevable du solde dû comme si ladite association — ou le parti — s'était portée garante du prêt.
C'est à cet égard que le ministre s'est reporté aux changements. Je dois rappeler que le Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre, alors qu'il siégeait au printemps dernier pour étudier ce qui s'intitulait à ce moment-là le projet de loi , avait voté majoritairement pour modifier la proposition du gouvernement afin de s'assurer que les dettes qui auraient été contractées par des candidats sans l'approbation de leur association ou de leur parti ne rebondissent pas au visage de l'association ou du parti. Le comité avait donc décidé, à la majorité, que cette situation ne se présenterait pas.
Or, voici qu'aujourd'hui, le gouvernement, non satisfait de cette décision majoritaire du comité, a décidé d'apporter un changement au texte pour rétablir cette situation indésirable.
Le texte original du projet de loi disait, à la page 5, à l'article 5, aux lignes 29 et 30: « [...] le créancier, l'association enregistrée en cause ou, faute d'association, le parti [...] » On disait donc que ces entités devaient être avisées. Aujourd'hui, le gouvernement cherche à modifier ces lignes 29 et 30. À la ligne 29, il garde le mot « créancier », mais il remplace la virgule par un point-virgule, et le texte continue ainsi: « l'association enregistrée en cause ou, faute d'association, le parti », puis on ajoute: « est responsable du paiement de la créance comme s'il était caution. »
Ce renversement du renversement adopté majoritairement en comité au printemps dernier est inacceptable dans le sens où l'association — ou, le cas échéant, le parti — se verrait tenue responsable d'une dette sans en avoir eu connaissance auparavant, sans avoir été garante de cette dette, sans avoir été avisée que cette dette était contractée. Donc, une association nationale — ou un parti national — pourrait très facilement se retrouver dans la situation où un candidat, sans obtenir l'accord soit de l'association, soit du parti, pourrait contracter des dettes personnelles, sous prétexte que c'est pour une campagne électorale. Par la suite, c'est le parti — ou l'association —, sans autre avertissement, qui serait tenu de rembourser ce montant. Il est absolument très difficile d'accepter cette partie.
Deuxièmement, il y a la question du financement des courses à la direction. Le ministre a été honnête. Il a expliqué carrément et froidement qu'au lieu d'avoir le droit de participer en cotisant sur une base annuelle, tant et aussi longtemps que la dette n'aura pas été remboursée au complet, les citoyens devront plutôt verser une seule contribution pour un maximum de 1 100 $. La loi les empêche de participer davantage, par la suite, au financement de cette course au leadership.
Comme il ne me reste que très peu de temps, je tiens à dire que, bien que nous soyons en faveur d'une procédure électorale transparente et responsable, nous croyons que ce projet de loi restreint indûment les droits d'accès des Canadiens au système démocratique et qu'il fera obstacle à leur participation.
:
Monsieur le Président, la principale modification est formulée dans la motion d'amendement n
o 3. La formulation originale, page 5, aux lignes 29 et 30, est la suivante:
[...] le directeur général des élections [...] informe le créancier, l’association enregistrée en cause ou, faute d’association, le parti, [de sa décision].
Les conservateurs ont apporté une modification. Voici la nouvelle formulation:
[le directeur général des élections en informe le] créancier, l’association enregistrée en cause ou, faute d’association, le parti est responsable du paiement de la créance comme s’il était caution.
Voilà précisément ce que les membres des partis de l'opposition ont souligné au sein du comité, à savoir que même si l'association d'un parti ne se portait pas garante d'un prêt, elle en serait responsable. Elle serait obligée de rembourser ce prêt qu'elle n'aurait jamais approuvé ou dont elle pourrait même ne pas connaître l'existence, comme je l'ai dit plus tôt.
La majorité des membres du comité s'est prononcée à cet égard. Il a été convenu que cette façon de faire était injuste pour l'association et les partis nationaux et, par conséquent, le comité a proposé un amendement faisant en sorte que l'association ou le parti ne soit pas responsable du prêt.
Les autres amendements apportés en comité avaient trait aux contributions financières faites pendant une course à la direction. J'ai déclaré au début de mon intervention que ce projet de loi allait très certainement compliquer les choses pour le Parti libéral du Canada. Notre parti a eu une course à la direction. C'est notre parti qui a dû se conformer à la nouvelle loi en ce sens qu'il nous a fallu divulguer toutes les contributions tandis que le actuel n'a pas eu à le faire.
Le gouvernement conservateur essaie de contraindre les candidats à la direction d'un parti de limiter les contributions à un maximum de 1 100 $ en affirmant qu'une telle course est un événement et que le projet de loi limiterait la contribution financière à 1 100 $ par événement. Nous avons discuté de cela en comité et il a été convenu que la contribution financière annuelle serait de 1 100 $ par année jusqu'à ce que la dette du candidat ait été complètement remboursée.
Les conservateurs veulent maintenant revenir à la situation qui existait avant que le comité s'entende et affirment que, peu importe combien de temps il faut pour rembourser la dette, la contribution annuelle maximale pour une course à la direction sera de 1 100 $.
Il y a donc deux différences fondamentales par rapport à ce que le Comité de la procédure et des affaires de la Chambre avait décidé au printemps 2007. Le gouvernement conservateur affirme que, peu importe ce que la majorité des membres du comité a décidé démocratiquement, il est prêt à renverser cette décision et à revenir au texte original du projet de loi. Je ne pense pas que ce soit juste.
:
Monsieur le Président, je suis heureuse de prendre part à ce débat sur un projet de loi dont l'objectif est de corriger un autre problème de la Loi fédérale sur la responsabilité. Il faut rappeler que le gouvernement, lors de l'étude du projet de loi , avait agi avec empressement, une attitude que nous, les partis de l'opposition, les médias et Démocratie en surveillance avions déplorée.
Le Bloc québécois appuie le principe du projet de loi parce qu'il corrige le problème des prêts qui permettaient de contourner les limites aux contributions politiques. En fait, le projet de loi C-29 rectifie ce que le gouvernement a négligé lors de l'étude du projet de loi quant à la mauvaise protection des dénonciateurs et à la réforme de la Loi sur l'accès à l'information.
Depuis longtemps, les Québécoises et les Québécois ont compris l'importance des règles claires et fiables en matière de financement d'organisations politiques. Le Bloc québécois est favorable au principe du projet de loi parce qu'il devrait justement contrer les cas de contournement des règles de financement, notamment en ce qui a trait au respect des plafonds de cotisation.
Je veux souligner avec insistance que ces plafonds ont été établis à la suite d'un long combat du Bloc québécois. En prenant exemple sur ce qui se fait au Québec depuis 30 ans, nous avons exigé que l'on mette fin au financement des entreprises et que l'on limite les contributions individuelles. Le projet de loi intègre le seul changement proposé par le Bloc québécois lors de l'étude en comité du projet de loi . Nous déplorions alors que l'on rende le parti politique responsable des dettes contractées par ses candidates et candidats, et ce, même si le parti politique n'était pas partie liée au contrat entre l'individu et son institution financière.
Je tiens à vous dire que je suis extrêmement déçue de constater que le gouvernement refuse de se conformer à la décision du comité à cet égard. Si l'actuel gouvernement veut faire preuve de bonne volonté et de sincérité, il n'en demeure pas moins que ses intentions ne sont pas véritablement authentiques. En fait, les conservateurs utilisent ce projet de loi en faisant valoir que plusieurs candidates et candidats libéraux, lors du dernier congrès de leadership, ont contracté d'importants prêts afin de contourner les limites de financement. Or les conservateurs oublient de dire que le lui-même n'a pas dévoilé toutes ses contributions lors du congrès de leadership de 2002.
Si les conservateurs pensent pouvoir se faire les chantres de la transparence et les porte-étendards de l'éthique, il faut leur rappeler certains faits susceptibles de les obliger à réfléchir un peu. Nous nous souvenons, et la population aussi, de tout le va-et-vient entre les cabinets politiques et les firmes de lobby, des contrats accordés aux amis du régime, de l'utilisation des fonds publics à des fins partisanes, de la série des nominations partisanes, de l'enrôlement idéologique des juges et des commissaires de la Commission de l'immigration et du statut de réfugié du Canada, soit la CISR, et de la publication d'un guide pour les députés conservateurs qui président des comités où sont répertoriées toutes les mesures possibles et imaginables afin de bloquer les travaux des comités.
Le projet de loi veut corriger le problème des prêts permettant de contourner les limites de contributions versées aux partis politiques, mais des irritants demeurent. Je pense à la protection des dénonciateurs. En campagne électorale, les conservateurs s'étaient engagés à leur assurer une meilleure protection. Ils voulaient « veiller à ce que les dénonciateurs aient accès aux services adéquats d'un conseiller juridique. » Or le projet de loi des conservateurs limite le recours à 1 500 $ de frais juridiques.
Ils voulaient aussi « accorder au commissaire à l'intégrité du secteur public le pouvoir d'assurer le respect de la Loi sur les dénonciateurs ». Ils voulaient de plus « garantir la protection de tous les Canadiennes et Canadiens qui signalent des actes répréhensibles au sein du gouvernement, et non pas seulement celle des fonctionnaires ». En outre, ils voulaient « retirer au gouvernement la possibilité d'exclure les sociétés d'État et toute autre entité de l'application de la Loi sur les dénonciateurs ».
Lors du récent scandale des commandites, l'un des dénonciateurs, M. Allan Cutler, un ancien candidat du Parti conservateur lors de l'élection de 2006, doit-on préciser, n'a pas été tendre envers le projet de loi . En fait, il a soutenu que, concernant les dispositions sur la protection des dénonciateurs, le projet de loi est « loin d'être parfait » et contient des problèmes nécessitant des corrections.
Quant à la réforme de la Loi sur l'accès à l'information, le 5 avril 2005, le gouvernement libéral présentait un document de discussion à ce sujet. Le document a été décrié par tous les observateurs, parce qu'en plus de doubler les frais administratifs minimums que l'on réclame aux citoyennes et aux citoyens, le projet du gouvernement dirigé alors par le député de aurait maintenu toutes les exceptions prévues à la loi.
Si le Parti libéral n'a pas réussi à accoucher d'une réforme valable de la Loi sur l'accès à l'information en 13 ans, le gouvernement conservateur, malgré sa promesse électorale, n'a pu faire mieux. Nous attendons toujours cette fameuse réforme.
La population se doute bien qu'une fois arrivés au pouvoir, conservateurs et libéraux sont pas mal moins pressés d'entreprendre la réforme de la loi. Ce constat est aussi celui du commissaire à l'information qui notait récemment que ce réflexe est une constante chez tous les gouvernements. Il disait ceci:
La raison pour laquelle il faut agir, et non pas faire d'autres études, est que les gouvernements continuent de se méfier de la Loi sur l'accès à l'information et de la surveillance du commissaire à l'information, et de tenter de s'y soustraire.
En matière de manque de transparence quant au financement électoral, il est facile de constater que libéraux et conservateurs rivalisent. Qu'attend le pour dévoiler toutes les contributions qu'il a reçues lors de la course au leadership de 2002 de l'Alliance canadienne? La population doit savoir que le premier ministre admettait, en décembre 2006, avoir omis de divulguer au directeur général des élections la réception de centaines de milliers de dollars. Il s'agissait des « frais d'inscription » exigés aux délégués conservateurs pour assister au congrès de mai 2005 du Parti conservateur du Canada. Le parti a été contraint de calculer les frais d'inscription au congrès comme des dons. Le rapport indique que le Parti conservateur du Canada a alors découvert que trois délégués, incluant le , avaient excédé leur limite annuelle de 5 400 $ en contributions au parti.
Le moins qu'on puisse dire, c'est que le gouvernement conservateur est un gouvernement qui agit sous haute influence. Le , alors qu'il était chef de l'opposition officielle, accusait les libéraux de permettre les va-et-vient entre les cabinets politiques et les firmes de lobby. Pourtant, une fois installé au pouvoir, le premier ministre n'a pas fait mieux.
En résumé, le projet de loi établit un régime de déclaration uniforme et transparent pour tous les prêts consentis à des entités politiques, y compris la divulgation obligatoire des modalités de ces prêts ainsi que l'identité des prêteurs et des cautions.
Il serait désormais interdit aux syndicats et aux personnes morales, sauf exception, non seulement de verser des contributions, conformément à la Loi fédérale sur la responsabilité, mais aussi de prêter de l'argent.
Les prêts, garanties d'emprunt et contributions provenant d'un particulier ne sauraient excéder la limite prescrite dans la Loi fédérale sur la responsabilité, soit 1 100 $ pour 2007.
Seules les institutions financières, à un taux d'intérêt commercial, et d'autres entités politiques seraient habilitées à consentir un prêt d'un montant supérieur. Les règles applicables aux prêts non remboursés seraient renforcées de façon à ce que les candidats ne puissent se soustraire à leurs obligations.
Les prêts non remboursés après 18 mois seraient considérés comme une contribution politique.
Les associations de circonscription ou, faute d'associations, le parti lui-même, seraient tenus responsables des prêts non remboursés par leurs candidats.
Pour toutes ces raisons, nous appuyons le principe de ce projet de loi, mais nous souhaitons grandement que la motion no 3 soit battue.
:
Monsieur le Président c'est un grand plaisir de participer au débat sur le projet de loi , au nom du caucus néo-démocrate.
J'aimerais dire avant tout que j'appuie le contenu du projet de loi . Je devrais aussi faire remarquer que cette mesure législative découle d'une motion présentée par le Nouveau Parti démocratique au sujet de la Loi fédérale sur la responsabilité, motion qui, malheureusement, a été rejetée à l'époque, mais le gouvernement a rouvert le dossier et a jugé bon de présenter les mêmes mesures dans un projet de loi distinct. C'est de ce projet de loi dont nous sommes saisis aujourd'hui.
Un des principes de base devrait être que personne ne devrait pouvoir influencer le résultat d'une élection avec de l'argent au Canada. D'ailleurs, personne ne devrait pouvoir soudoyer des politiciens au Canada. Nous devrions prendre toutes les mesures nécessaires pour que l'argent des riches ne puisse influencer le processus politique, pour des raisons qui devraient se passer d'explications pour chacun d'entre nous à la Chambre et tous ceux qui nous regardent.
Nous n'avons qu'à penser à ce qui se passe au sud de la frontière pour comprendre que l'argent peut miner la démocratie. Loin de moi l'idée de dénigrer les politiciens des États-Unis, mais je voudrais souligner qu'il faut maintenant disposer de quelques millions de dollars pour mener une campagne crédible afin de se faire élire au Congrès. Si les gens commencent leur carrière politique avec 2 millions de dollars à rembourser, on peut penser que cela risque d'influer sur la manière dont ils élaborent les politiques publiques. Je ne dis pas que c'est le cas, mais bien que c'est possible. C'est une situation que nous voulons éviter au Canada.
Le projet de loi soulève une autre question: quand un prêt n'est-il plus un prêt? Monsieur le Président, à mon sens, si un prêt n'est jamais remboursé, ce n'est plus un prêt. C'est un don. C'est ainsi qu'Élections Canada considère les prêts qui ne sont pas remboursés. Après 18 mois, si un prêt n'est pas remboursé, il devient un don.
Si le montant d'un prêt est plus élevé que le montant autorisé d'un don et que, au bout de 18 mois, ce prêt devient un don, nous sommes en présence d'un don illégal. Il y a une contradiction dans nos lois sur le financement des élections qui ne demande qu'à être corrigée. C'est le but du projet de loi.
Réfléchir aux origines et à l'historique de ce projet de loi m'amène à vouloir rendre hommage à l'ancien chef du Nouveau Parti démocratique qui, jusqu'à tout récemment, siégeait comme député d'Ottawa-Centre. Il s'agit d'Ed Broadbent. Celui-ci a rédigé un code d'éthique en sept points qui s'est inscrit dans le programme électoral du NPD. Ce code d'éthique s'attardait au problème des prêts dans notre régime de financement des élections. C'est après que nous eûmes tous été témoins de la course à la direction du Parti libéral que M. Broadbent a décidé d'aborder le problème.
Nous nous sommes rendu compte que, même si les limites relatives aux dons dans les courses à la direction et autres événements politiques étaient assez rigides — étant donné que les libéraux avaient imposé de grandes limites —, les prêts effectués étaient considérables. Une personne, l'ancien premier ministre néo-démocrate de l'Ontario, s'est fait prêter 720 000 $ par son frère, vice-président exécutif à la Power Corporation. Il faudrait rembourser ce prêt conformément aux limites de don, c'est-à-dire 1 100 $ par personne par année aujourd'hui. Comment cela serait-il possible?
Nous avions peur que ce prêt se perde dans les sables du temps sans que quiconque contrôle avec ferveur le remboursement de ce genre de prêts. Les gens les oublient. Dix-huit mois plus tard, il reviendrait au directeur général des élections d'effectuer un suivi, d'exercer un contrôle et de veiller au remboursement du prêt. Nous doutons que cela se produise de cette façon. Le projet de loi empêcherait ces gros prêts qui n'en sont pas vraiment de miner la démocratie et empêcherait l'argent de dominer la politique une fois de plus.
Il y a eu d'autres cas également. L'exemple le plus frappant est peut-être le cas récent du député de , un ancien libéral devenu conservateur qui doit encore une fois quitter son caucus parce qu'on a découvert qu'il contournait les règles en matière de financement électoral. Les syndicats et les entreprises ne sont pas autorisés à faire des dons pour financer une campagne électorale, mais ils peuvent prêter autant d'argent qu'ils le souhaitent. Dans ce cas, le concessionnaire automobile du député a prêté 240 000 $ à son association de circonscription. Certes, cela est contraire à l'esprit, voire à la lettre de la loi.
Je comprends que ce qu'on reproche au député, c'est d'avoir fait des dépenses excessives. Il devait avoir une telle somme d'argent à sa disposition qu'il a simplement trop dépensé pendant sa campagne électorale. Toutefois, j'attire l'attention sur l'autre aspect de la question, à savoir la source de l'argent qu'il a dépensé en trop. Cet argent provenait d'un prêt consenti par son concessionnaire automobile. C'est foncièrement inadmissible.
Cela confère un avantage concurrentiel injuste aux personnes qui peuvent trouver une grosse entreprise ou encore un gros syndicat prêt à les financer à coups de centaines de milliers de dollars, tandis que le reste d'entre nous se démène pour amasser des fonds en respectant la limite annuelle de 1 100 $. Certes, tout le monde peut voir en quoi un système qui laisserait les gros capitaux dominer la politique serait injuste et inéquitable.
Comme je l'ai dit dans mes remarques d'ouverture, personne ne devrait être autorisé à influencer le résultats des élections avec de l'argent au Canada. Cela sape la démocratie et, pire encore, cela sape la confiance du public envers les institutions démocratiques.
Nous sommes devant un exemple frappant de la façon dont les gros capitaux peuvent miner la démocratie. Je dis à ceux d'entre nous qui siègent au Comité de l'éthique, et mon collègue du Parti conservateur qui est vice-président de ce comité partage peut-être mon point de vue, que si les gros capitaux influencent la prise de décisions en matière de politiques publiques, en offrant des prêts critiquables ou des prêts qui violent l'esprit et la lettre de la législation en matière de financement électoral, ou en donnant des sommes considérables d'argent comptant aux dirigeants de partis ou à d'anciens premiers ministres dans des chambres d'hôtel, cela mine la confiance des citoyens dans les institutions publiques.
Nous faisons trop d'efforts afin de bâtir le meilleur pays du monde pour voir ses institutions démocratiques minées par ce qu'on peut uniquement appeler de la cupidité de la part de ceux qui souhaitent profiter des échappatoires dans la législation sur le financement électoral ou sur l'enregistrement des lobbyistes ou de l'absence des lois voulues dans ces domaines.
Le NPD s'est prononcé en faveur de la version précédente de la mesure législative à l'étude; je crois qu'il s'agissait du projet de loi . Maintenant, sur les trois amendements que le gouvernement a proposés à l'étape du rapport, deux ne nous posent pas de problème. Nous estimons qu'ils sont d'ordre administratif et ne changent rien au fond du projet de loi.
C'est le troisième amendement proposé qui pose problème et nous donnons avis que nous nous y opposerons à l'étape du rapport. Selon cet amendement, si un candidat aux élections omet de rembourser un prêt, c'est le parti fédéral qui devient automatiquement responsable de ce prêt. Nous ne sommes pas en faveur de cet amendement. Nous croyons qu'il complique les choses. À moins que le parti politique ait un droit de veto sur ces prêts, il ne devrait pas en être automatiquement le cosignataire. À mon avis, cela impose un fardeau financier indu aux partis politiques fédéraux.
Il y a suffisamment d'exemples au Canada pour que ce projet de loi ait une signification pour la population en général. Notre objectif devrait être d'offrir une chance égale à tous et d'établir un régime de financement électoral équitable qui ne soit pas dominé par ceux qui ont le portefeuille le mieux garni. Notre ligne directrice devrait être de faire en sorte qu'un des meilleurs aspects de notre système électoral soit son caractère égalitaire.
À une certaine époque, la politique était le terrain de jeu de ceux qui avaient de bons contacts, des riches et des puissants. Or, notre système politique permet à un menuisier comme moi de rêver d'amasser la petite somme nécessaire pour devenir député. Il y a des enseignants, des mécaniciens et des électriciens à la Chambre. J'ai rencontré des collègues qui oeuvrent dans de multiples domaines.
Voilà le système que nous voulons protéger. Nous ne voulons pas donner un avantage injuste à ceux qui connaissent des gens qui pourraient leur prêter de grosses sommes, des sommes bien plus élevées que la limite annuelle imposée par les lois sur le financement électoral.
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Monsieur le Président, le projet de loi porte sur la Loi électorale du Canada et la responsabilité.
Je reviendrai un peu en arrière et je parlerai de la reddition de comptes au public. Il y a malheureusement eu beaucoup de confusion au cours des dernières décennies quant à la nature de la reddition de comptes au public et à la différence entre la reddition de comptes, la conduite et la responsabilité. Pour le simple observateur, tous ces termes peuvent sembler équivalents, mais il n'en est rien et cela peut entraîner des répercussions assez importantes.
J'ai obtenu bon nombre de renseignements de M. Henry McCandless de Victoria, un haut fonctionnaire à la retraite qui travaillait au Bureau du vérificateur général. Ce dernier s'est battu pendant des années pour faire adopter le principe de la reddition de comptes dans la fonction publique et au Parlement afin de régir la conduite des divers intervenants. En adoptant une politique de reddition de comptes efficace, nous serons en mesure de régir la conduite des intervenants et nous disposerons d'un moyen transparent qui permettra aux Canadiens de savoir ce que leurs représentants élus font et de pouvoir ainsi juger notre façon d'agir. En fait, si nous réussissons à adopter une politique de reddition de comptes efficace, cela sera une libération pour tous ceux d'entre nous qui sommes au service de nos électeurs et pour le public lui-même.
Permettez-moi un instant de vous donner une véritable définition de l'obligation de rendre des comptes au public. C'est l'obligation qu'ont les autorités d'expliquer publiquement, entièrement et équitablement, avant et après les faits, comment elles se sont acquittées des responsabilités qu'on leur a confiées et qui ont des incidences importantes sur le public. C'est l'obligation de rendre compte publiquement et d'expliquer les intentions, les raisons et les normes de rendement. Ces normes doivent être décrites, et on doit indiquer, après coup, si elles ont été respectées.
Autrement dit, il faut qu'on puisse voir le rendement fourni et qu'on puisse en tirer les leçons nécessaires, ce qui est une expérience libératrice. Ainsi, les élus et les hauts fonctionnaires ont l'obligation de dire aux Canadiens ce qu'ils comptent faire, pourquoi ils veulent le faire et selon quels critères ils devront être jugés. Puis, les résultats peuvent être mesurés et évalués. Nous pouvons ainsi non seulement aller dire sincèrement au public, en toute transparence, ce que nous comptons accomplir, mais nous pouvons aussi savoir ce qui servira à nous juger. Nous savons ce que sont les objectifs, et le public le sait lui aussi. Ce faisant, nous pouvons mesurer très clairement avec quelle efficacité nous nous sommes acquittés de nos obligations dans l'intérêt général.
Voilà qui aurait dû être dans le projet de loi sur la reddition de comptes au public, mais ça n'a rien à voir avec la reddition de comptes en tant que telle et tout à voir avec la conduite. La fonction publique se retrouve avec une surveillance administrative d'une inutile lourdeur. On a établi une mécanique coûteuse qui n'améliore aucunement la capacité de l'appareil de l'État de rendre des comptes au public, mais qui réduit son efficacité dans l'exécution de son travail.
Je ne pourrai jamais trop insister sur le tort causé par le projet de loi sur l'obligation de rendre des comptes au public. C'est l'une des séries de mesures les plus néfastes qu'ait pu adopter le gouvernement actuel et même qu'ait pu adopter l'ensemble des gouvernements. Elle est contraire à l'objectif de permettre à la fonction publique de faire son travail et de voir à ce que le public soit bien servi par une fonction publique efficace et un Parlement efficace. Dans la foulée de l'enquête du juge Gomery, il était politiquement rentable, pour le gouvernement, de donner l'impression qu'il était plus vertueux que le gouvernement précédent. Ce n'était qu'un tas de balivernes. Ce n'était qu'une entreprise purement politicienne.
Ce qui est tragique dans cet exercice politique, le projet de loi sur la reddition de comptes, c'est qu'il diminue l'efficacité de la fonction publique et du Parlement. C'était peut-être ce que voulait le gouvernement. Le est un admirateur du philosophe politique américain Leo Strauss, qui croyait qu'un petit nombre de personnes étaient prédestinées à gouverner et que cela était prédéterminé. Cela se voit au Parlement, dans la façon dont le premier ministre s'acquitte de ses obligations et de celles du gouvernement.
Par sa faute, nous n'avons pas, à l'heure actuelle, un Parlement à l'écoute et au service du peuple ou au service de la population par l'intermédiaire de ses élus. Nous avons un gouvernement dirigé par le bureau du premier ministre, par un petit groupe de personnes non élues, qui gouvernent dans l'ombre. Ces personnes n'écoutent pas les fonctionnaires. Elles excluent la société civile et les ONG. Elles amenuisent certainement l'efficacité de la Chambre en n'écoutant pas les députés, les députés d'arrière-ban et les ministres, ni les membres de l'exécutif, en général. Elles se fichent complètement de ce que les autres à la Chambre pensent. Elles se fichent de ce que la population pense.
Si elles sont si certaines de la justesse de leur idéologie -- à savoir qu'elles sont prédestinées à gouverner et que leurs idées sont les seules valables -- et qu'elles sont sourdes aux idées de n'importe qui d'autre, elles ne feront avancer que les projets qu'elles veulent et n'écouteront personne d'autre. Toutefois, ce faisant, la population et le pays sont mal servis. Si elles n'écoutent pas le Parlement, si elles n'écoutent pas des idées différentes des députés d'en face, si elles n'écoutent pas leurs députés, si elles ne collaborent pas avec les députés de différentes allégeances, si elles n'écoutent pas les ONG et la société civile ni les spécialistes, ni même les provinces, qui sont en grande partie et souvent exclues de décisions qui les touchent, nous avons un gouvernement sous-performant, susceptible de commettre d'innombrables erreurs et qui empêche notre pays de réaliser son plein potentiel.
Le gouvernement n'a-t-il pas la responsabilité de s'inspirer des meilleures idées que les Canadiens ont proposées? Le gouvernement n'a-t-il pas la responsabilité de harnacher nos meilleurs cerveaux partout au Canada? Le gouvernement ne doit-il pas profiter des meilleures solutions proposées et les mettre à profit dans l'intérêt général? À mon avis, il doit le faire.
Si le gouvernement proposait une véritable loi sur la reddition de comptes, il ferait assumer aux élus et aux fonctionnaires non élus, y compris les membres du personnel du cabinet du premier ministre et du BCP, la responsabilité de dire à la population ce qu'ils comptent faire, qui en profitera et pour quelles raisons, et de dire également qui définira les normes de reddition de comptes permettant de juger leurs actions. Cette façon de faire aurait un effet libérateur sur le gouvernement. Le gouvernement pourrait informer la population de ses réalisations et de leur degré d'efficacité. Dans les domaines où le gouvernement n'aurait pas atteint ses objectifs, il y aurait des leçons à tirer, et la population le comprendrait fort bien.
En agissant de la sorte, le gouvernement établirait une norme en matière de conduite. En effet, la conduite d'une personne ou d'un parti serait évaluée en fonction des intentions qu'il aurait exprimées. Tout gouvernement doit agir avec transparence, efficacité, sagesse et responsabilité.
On a tort de croire que l'argent, tant public que privé, peut influer sur la prise de décisions. Je me demande combien de gens savent quelles sont les limites des dons que permet la loi pour le financement électoral, pour tout candidat participant à une campagne électorale fédérale. C'est très peu. C'est de l'ordre de 1 000 $ à 5 000 $, je crois, 5 000 $ étant la limite supérieure. Les banques, les organisations, etc., ne peuvent donner plus de 5 000 $.
Ce n'est pas du tout la même chose aux États-Unis, où il n'y a aucune limite de dépenses. Heureusement, il y en a au Canada, et elles sont définies par la loi. Par conséquent, si quelqu'un souhaite fournir beaucoup d'argent pour influer sur le vote ou influencer un élu: a) la somme en question devra être très importante; b) la personne en question devra être sans scrupule; et c) celle qui acceptera l'argent commettra un acte illégal. Il est illégal, en effet, depuis de nombreuses années pour un élu d'accepter une somme importante qui pourrait influer sur sa prise de décision.
La notion qu'a le gouvernement de la reddition de comptes est tout à fait erronée. Le gouvernement doit réfléchir à nouveau sur cette notion et prendre des mesures pour l'appliquer selon son sens véritable. En agissant de la sorte, le gouvernement ferait ce qu'aucun autre gouvernement n'a fait avant lui et il laisserait derrière lui un héritage exceptionnel.
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Monsieur le Président, j'ai le grand plaisir d'être ici à la Chambre pour discuter du projet de loi .
[Traduction]
En tant que libéraux, nous appuyons certainement l'esprit de ce projet de loi, mais il comporte un certain nombre de problèmes, comme la plupart des projets de loi d'initiative ministérielle présentés au cours de cette session. Il suffit de voir le nombre d'amendements qui y ont été apportés.
Le Parti libéral a toujours été en faveur de limites soigneusement établies. En fait, comme de nombreux députés l'ont déjà dit à la Chambre, c'est le Parti libéral du Canada qui, dans l'histoire du pays, a le plus réduit les contributions admissibles aux partis politiques et qui a notamment réduit celles des sociétés.
Comme des députés des différents partis l'ont déjà dit, je crois moi aussi que la situation des membres du Congrès est déplorable. Ils ne peuvent siéger que deux ans avant les élections suivantes, et pendant ce temps ils doivent amasser des millions, parfois même des dizaines de millions de dollars. Certains d'entre eux ont également d'autres réserves par rapport à cela. Je n'aime pas particulièrement les campagnes de financement, mais je ne vois pas comment je pourrais faire mon travail si je dois recueillir des dizaines de millions de dollars en deux ans.
Comme tous les parlementaires le savent, nous sommes accaparés par une foule d'activités visant à aider nos concitoyens: améliorer les lois, faire partie de comités, rencontrer des organismes nationaux qui souhaitent nous influencer. Puis, nous rentrons dans nos circonscriptions les fins de semaine et nous entendons à nouveau les mêmes choses de la part d'organismes locaux.
Si nous voulons accorder assez de temps à tous ces gens, examiner des mesures législatives avec soin, préparer les travaux de nos comités, préparer les réunions de notre caucus et, en plus de tout cela, être capables d'amasser des dizaines de millions de dollars, il y aura des lacunes par endroits.
Je crois donc sincèrement que notre système est très bien à cet égard et que c'est en partie pour cela que nous avons tellement limité les contributions. Nous appuyons la réforme électorale en ce sens.
C'est pourquoi nous voulons mettre fin au recours abusif aux prêts, pratique susceptible de fausser le système. Les conservateurs prétendent que la loi actuelle permet de radier impunément une créance découlant d'un prêt. Cela est complètement faux. Un prêt ne peut ni servir à se soustraire au plafond des contributions ni être radié impunément.
De plus, les partisans du projet de loi induisent les Canadiens en erreur en ce qui concerne l'état actuel de la loi régissant le financement politique. En effet, les conservateurs prétendent que la loi actuelle permet que des prêts soient consentis en secret, à l'insu des Canadiens.
En réalité, la loi en vigueur prévoit que les modalités d'un prêt, y compris le montant du prêt ainsi que le nom de tout prêteur et de tout garant, doivent être rendues publiques.
Il faut donc faire bien attention de ne pas édicter une mesure redondante, qui reprendrait des dispositions déjà en vigueur concernant la transparence et la responsabilité, éléments que tous les députés trouvent souhaitables, j'en suis certain.
Un autre point qui a été soulevé dans le cadre du débat est la question de savoir qui des institutions financières ou des Canadiens aurait le dernier mot dans le choix des candidats en vertu de la loi. Plusieurs députés et quelques-uns de mes collègues en ont parlé. Je pense qu'il reviendra à chacun de réfléchir, d'un point de vue idéologique, à la possibilité que seules ces institutions puissent consentir des prêts.
Nous voulons évidemment tous que la transparence soit assurée et qu'aucun groupe ou organisme particulier ne jouisse d'un traitement préférentiel. Nous voulons en être absolument certains. Par contre, nous ne voulons pas restreindre le droit des Canadiens d'avoir accès au processus démocratique, d'y participer, de prouver le sérieux de leur engagement et de soutenir financièrement ce en quoi ils croient. Il convient de trouver un équilibre à ces égards.
Je veux parler des deux amendements. Lorsqu'il a étudié ce projet de loi sur la responsabilité et le processus démocratique, le comité a approuvé ces amendements d'une manière démocratique, mais le gouvernement essaie maintenant de les retirer.
Je vais commencer par l'amendement en vertu duquel les conservateurs seraient contraints de changer le plafond des contributions faites dans le cadre d'une course à la direction. À l'heure actuelle, ce plafond est de 1 100 $, ce qui est un très petit montant. On peut facilement imaginer ce qu'il en coûte aux candidats à ces courses, qui s'étendent parfois sur plusieurs années.
Les coûts que doit assumer un candidat sont très élevés. Nous voulons être justes envers les Canadiens de toutes les régions du pays, et nous ne voulons pas faire preuve de discrimination à l'endroit de ceux qui vivent en milieu rural. Nous voulons permettre aux candidats d'aller d'un bout à l'autre du pays, mais les coûts et les dépenses liés à leurs déplacements, à leur équipe, à l'élaboration de leurs politiques, à la publicité, à la préparation des débats, tout cela coûte très cher. Par conséquent, une contribution de 1 100 $ ne va pas très loin.
La proposition actuelle et la loi en vigueur autorisent une contribution annuelle maximale de 1 100 $ à une campagne. Habituellement, il s'écoule deux ou trois ans avant que la contribution n'ait été amortie, et ce n'est pas un montant excessif.
Les conservateurs essaient de retirer la proposition qu'a faite le comité et n'autorisent qu'une contribution de 1 100 $ pour toute la campagne, peu importe sa durée. Bien sûr, nous nous opposons à cela, tout comme d'autres d'ailleurs.
Nous avons également certaines réserves au sujet du deuxième amendement, et des intervenants d'autres partis ont également critiqué cet amendement. Les conservateurs semblent vouloir laisser entendre que, si un candidat contracte une dette, son parti ou l'association locale, le cas échéant, devra la rembourser.
Je ne peux pas imaginer que beaucoup de gens trouveraient logique qu'on autorise d'autres personnes à contracter une dette. C'est comme ci je contractais une dette et que je demandais aux conservateurs de la rembourser, alors qu'ils n'y sont pour rien. Le système ne devrait pas fonctionner de cette façon.
Des candidats pourraient contracter une dette à l'insu de tout le monde et des gens qui n'en seraient même pas au courant seraient chargés de la rembourser. Ou encore, une organisation se trouvant à des milliers de milles de distance et ne sachant aucunement que la dette a été contractée demanderait aux candidats de la rembourser.
Je ne suis pas sûr que cette proposition résisterait à une contestation judiciaire pour un motif d'équité. Nous ne pouvons pas consentir des prêts dont les gens ne sont pas au courant, puis leur demander de les rembourser. C'est pourquoi cet amendement soulève autant d'opposition.
Pendant les 30 secondes qu'il me reste, je tiens à souligner un point au sujet de la responsabilité. Lorsque le gouvernement impose une foule de conditions aux gens et aux programmes gouvernementaux, les clients qui ont vraiment besoin d'argent et qui n'ont pas une bureaucratie pour élaborer toutes ces règles excessives et respecter ces conditions souffrent sérieusement de cette incurie du gouvernement.
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Monsieur le Président, je suis heureux de prendre la parole à ce sujet. Les gens se soucient de la transparence et de la responsabilité et mon parti prône certes ces deux valeurs.
Nous devons toutefois faire attention de ne pas proposer une solution pire que le prétendu problème, en particulier en ce qui a trait aux candidates et à la question de l'accès au financement. Nous voulons que tous aient la possibilité de se porter candidat et de financer une campagne politique, et ce, d'une manière transparente et responsable.
À l'heure actuelle, tout don de plus de 100 $ doit être affiché dans Internet. En vertu de la nouvelle loi, il faudrait déclarer toute contribution supérieure à 20 $. Les gens sauront qui a contribué. Mon collègue du a expliqué très clairement la situation des membres du Congrès américain. Sur deux ans, ils doivent amasser des millions de dollars pour financer leur campagne. Il n'y a pas de limite. Ils passent la moitié de ces deux années à aller de banquet en banquet et à traiter avec des lobbyistes.
Nous n'avons pas ces problèmes au Canada. Des limites très strictes régissent les montants pouvant être dépensés dans chaque circonscription. Ce système place le Canada à part.
Lorsque nous discutons avec des membres du Congrès des États-Unis et que nous leur disons que notre limite est de 75 000 $, ils répondent que ce n'est pas trop mal pour une journée. Nous leur répondons que cette limite couvre une campagne de 35 ou 40 jours et ils n'en reviennent pas. Ils nous demandent ce que nous faisons avec 75 000 $.
Le projet de loi exagère un peu; c'est là son problème. Nous voulons que les candidats puissent avoir accès à l'argent dont ils ont besoin. La modification législative proposée pourrait poser problème aux candidates qui empruntent de l'argent.
Je pense que tous les députés souscrivent à l'obligation de rendre des comptes au public. Toutefois, nous souhaitons aussi que les gens qui veulent se porter candidats puissent avoir accès à des fonds. Tout le monde n'est pas riche et c'est une bonne chose. Parfois, il arrive que des gens n'aient pas l'argent nécessaire à la banque lorsqu'ils décident de se lancer en politique. Je crois que n'importe quelle restriction qui réduirait les possibilités de ces personnes pourrait poser problème.
À l'heure actuelle, Élections Canada a des exigences de rapport claires en ce qui concerne les emprunts contractés lors des campagnes électorales. Une association de circonscription peut prêter des fonds au candidat de cette circonscription. Tout doit être déclaré. La règle est très claire. Je crois important de le souligner.
Durant la course à la direction du Parti libéral du Canada, notre parti a fait plus que ne l'exigeait la loi pour veiller à ce que les candidats puissent déclarer tous les renseignements pertinents.
Si le but du projet de loi est une reddition de comptes accrue, c'est raté. La mesure dresse de nouveaux obstacles aux personnes qui voudraient se lancer dans l'arène politique, se présenter à des élections. Nous voulons encourager les gens, sans égard à leurs moyens financiers, à se porter candidats aux élections au Canada. Il est crucial que la Chambre des communes n'attire pas que les mieux nantis.
Les députés des deux côtés de la Chambre savent à quel point il peut être difficile de faire campagne et à quel point les coûts initiaux peuvent être élevés. Il y a les coûts des affiches, des brochures, du bureau de campagne, ainsi de suite.
De toute évidence, certains candidats n'ont pas tous les fonds voulus au départ et ils doivent contracter des emprunts. Puis, ils tentent de recueillir des fonds tout au long de la campagne. Nous devons trouver un équilibre. Les prêts sont un élément important, tout comme l'est la déclaration de ces prêts aux termes de la Loi électorale et de la mesure dont nous débattons.
N'oublions pas qu'il est devenu difficile d'obtenir des prêts. Il est important de pouvoir emprunter des banques et autres institutions financières. Selon les nouvelles dispositions, les candidats auraient du mal à obtenir le prêt dont ils ont besoin d'une institution financière. S'ils ne peuvent pas avoir accès à des fonds, les candidats feraient aussi bien de ne pas se présenter aux élections.
Nous avons déjà un système ouvert et transparent comparé à celui des États-Unis et d'autres pays. Même sous les anciennes règles, avant le projet de loi , nous devions déclarer tout don de plus de 100 $. Je crois que cela montre bien quel magnifique système nous avons. Nous devions déclarer ces dons, il y avait une limite aux dépenses permises dans une circonscription, l'agent financier principal d'un candidat devait faire rapport du moindre sou et les déclarations étaient vérifiées.
Nous les députés savons que si nous ne déclarons pas les dons ou si nous sommes incapables de rendre compte du moindre sou, nous ne pouvons pas occuper un fauteuil à la Chambre. C'est important. Nous ne voulons tout simplement pas que cela se produise. Il est clair que les institutions financières tiennent compte de la capacité d'une personne d'emprunter. Encore là, cela créerait un problème.
Je dirais qu'il est un peu trompeur d'affirmer que les dispositions actuelles concernant les contributions financières aux campagnes posent un problème. Je crois qu'elles sont probablement plus strictes maintenant qu'elles ne l'ont jamais été. Il est un peu trompeur de laisser entendre que des prêts sont consentis en secret. Je ne vois pas comment cela pourrait se faire étant donné que la Loi électorale oblige à déclarer l'argent emprunté. La source des fonds doit être précisée, ainsi que la date où ils ont été reçus.
Je suis convaincu qu'il y a des députés qui ont emprunté de l'argent ou qui avaient une marge de crédit dans une banque. Cela doit être déclaré ainsi que les intérêts sur ces emprunts et le reste, en fait, tout ce qui doit être payé. Je répète que je ne vois pas très bien quel est le problème. Tous les fonds empruntés ainsi que le nom du prêteur doivent être déclarés. Nous devons préciser si le prêteur est un particulier ou une institution. Cela est déjà dans la loi. Tout cela doit être déclaré. Je ne sais pas trop quel est le problème.
Il est important d'avoir des règles, mais le projet de loi imposerait de nouvelles restrictions. Cela finirait par disqualifier des personnes qui veulent se porter candidat. Ce n'est pas le but de notre système. Notre système vise à mettre tous les candidats sur le même pied et une des sources de financement à leur disposition, ce sont les emprunts.
Si un prêt n'est pas déclaré, cela a des conséquences. Des peines sévères sont prévues. Toutefois, ce projet de loi rendrait le processus encore plus restrictif, ce qui, à mon avis, n'est pas ce que les Canadiens désirent. Ils sont pour la transparence et la responsabilité, mais ils ne veulent pas que le projet de loi favorise uniquement les riches. Autrement dit, ils ne veulent pas qu'il soit nécessaire d'être fortuné pour être élu à la Chambre des communes. Je ne suis pas en faveur de cela. Je sais que notre parti n'appuie pas le changement proposé dans cet amendement.
Je crois qu'il est important que nous continuions à dire que nous sommes différents des autres pays où la collecte de fonds est une grande préoccupation. En tant que députés, mes collègues et moi avons bien assez de choses à faire ne serait-ce que pour tenter de résoudre les problèmes actuels. Si nous devons nous préoccuper également de recueillir de l'argent à cause de ce projet de loi qui restreindrait considérablement les prêts, je ne crois pas que cela serait très productif. J'espère que les députés se rappelleront de cela en examinant cet amendement.
Comme je l'ai déjà dit, je crois que nous voulons tous voir des gens de toutes les origines et de tous les milieux participer au processus politique. Nous ne pouvons pas leur dire que, s'ils n'ont pas l'argent nécessaire, ils ne pourront pas participer. Cela ne serait pas bien. Cela serait une entrave à leur participation, un obstacle. En effet, ce projet de loi représenterait un pas en arrière.
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Monsieur le Président, j'ai le plaisir d'intervenir sur le projet de loi . D'entrée de jeu, j'indique que le Bloc québécois est favorable à ce projet de loi qui vise à contrer le contournement des règles de financement politique, et ce, pour la simple et bonne raison que nous sommes d'avis qu'il est nécessaire d'encadrer les prêts afin d'éviter que les plafonds de financement ne soient contournés. Le problème avec certains projets de loi, c'est que la lettre ou le libellé est clair, mais il arrive parfois que l'esprit de la lettre donne lieu à certains contournements. Parfois, un projet de loi peut être alambiqué et ambigu. Cela peut donner lieu à de mauvaises interprétations ou applications de la loi. Ce projet de loi vient donc encadrer davantage les règles de financement politique.
J'en profite pour rappeler que ces plafonds de financement ont été établis à la suite d'une revendication que je pourrais qualifier de traditionnelle du Bloc québécois. Nous exigions qu'on mette fin au financement de la part des entreprises et que les contributions individuelles soient limitées, comme c'est le cas au Québec, et ce, depuis 30 ans.
Je m'en rappelle comme si c'était hier. Je revois encore le premier ministre Chrétien qui rendait hommage à René Lévesque pour avoir doté le Québec de règles de financement claires ou, devrais-je dire, de règles de financement pures. M. Chrétien n'avait pas utilisé ces mots, mais il disait que les nouvelles règles, soit celles d'interdire le financement de la part de compagnies, étaient largement inspirées par ce qui se faisait au Québec. Il fallait le faire. Que l'ancien premier ministre Chrétien rende hommage à René Lévesque, ce n'était pas une mince tâche. Probablement que M. Chrétien était allé chercher cet hommage au fond de ses entrailles. Probablement que cela avait mal passé au niveau de la gorge, mais heureusement, pour le bien de tout le monde, M. Chrétien avait reconnu implicitement que le Bloc québécois avait eu raison d'être tenace et d'exiger que les règles de financement soient corrigées au palier fédéral.
Ce projet de loi intègre le seul changement proposé par le Bloc québécois lors de l'étude en comité du défunt projet de loi . À la suite du discours du Trône, on a dû reprendre le dépôt de certains projets de loi. Or, le projet de loi qui est devant nous en est un. Le Bloc québécois déplorait qu'on rende le parti politique responsable des dettes contractées par ses candidats, et ce, même si le parti politique n'est pas impliqué dans le contrat entre un candidat et sa banque.
Le Bloc québécois est un parti où les candidats sont choisis de façon démocratique par les membres. Nous vendons des cartes de membres au coût de 5 dollars et les personnes qui adhèrent aux valeurs, aux principes et aux orientations du Bloc québécois indiquent par l'achat de cette carte de membre qu'ils veulent appuyer le Bloc québécois dans sa défense des intérêts du Québec ici sur la scène fédérale. La carte de membre donne aussi le droit de choisir la personne qui représentera le Bloc québécois et la bannière du Bloc québécois lors des élections partielles ou des élections générales. C'est entre autres un des attributs que donne le fait d'être membre. Il y en a d'autres, soit le droit d'assister à des assemblées générales, le droit de recevoir de la documentation du parti et divers autres droits inhérents au fait d'adhérer à un parti politique.
Le Bloc québécois se distingue par rapport à certains autres partis où c'est littéralement le chef qui, de sa propre autorité, peut désigner certaines personnes comme candidats pour le parti. Dans notre cas, ce sont les membres qui les choisissent démocratiquement. La démocratie a aussi comme implication que quiconque est membre et partage les vues du parti peut être candidat à une assemblée d'investiture. Cela peut occasionner des dépenses pour certains. Toutefois, les statuts du Bloc prévoient un plafond pour les montants qu'un candidat à l'assemblée d'investiture peut dépenser. De mémoire, je crois qu'il s'agit de 1 $ par membre en règle, mais qu'on ne m'en tienne pas rigueur si je me trompe; en cette heure tardive, les statuts de mon parti sont peut-être loin dans ma mémoire. Quoi qu'il en soit, on prévoit un plafond pour ces montants. Ainsi, quelqu'un ne pourrait pas décider de dépenser 350 000 $ pour devenir candidat à une assemblée d'investiture du Bloc.
À la dernière session, nous percevions un problème vis-à-vis de ce projet de loi, alors connu comme le projet de loi . En effet, le candidat pouvait dépenser, tout en étant assujetti au maximum prévu par les statuts de notre parti, mais s'il n'était pas capable d'assumer ses responsabilités financières, s'il avait contracté un prêt auprès d'une institution financière, c'est le parti qui s'en trouvait responsable. Nous considérions cela — et nous le considérons toujours — comme totalement inacceptable. Le parti n'a pas à être tenu responsable des dettes d'un candidat à une assemblée d'investiture.
C'est pour cette raison que, au nom de mon parti, j'avais déposé un amendement au défunt projet de loi , et j'avais réussi à convaincre mes collègues des partis de l'opposition de ramener le gouvernement à l'ordre. Malheureusement, comme on peut le constater dans le Feuilleton et le Feuilleton des avis, le leader du gouvernement à la Chambre a déposé trois amendements à ce projet de loi. Entre autres, l'un de ces amendements prévoit d'effacer les effets curatifs de cet amendement que mes collègues néo-démocrates et libéraux du Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre avaient accepté, après que je les en eus convaincus. Or, le gouvernement dépose une motion pour renverser cette décision démocratique du comité.
Avec respect, je veux dire au leader du gouvernement à la Chambre qu'il sera probablement déçu, parce que je crois savoir que mes collègues, aussi bien ceux du Parti libéral que ceux du NPD, approuvent l'interprétation du Bloc québécois, et nous avons l'intention de rejeter cet amendement du gouvernement qui vise à renverser ce que nous avions déjà gagné en comité. Nous ne voulons pas que le gouvernement fasse indirectement ce qu'il a été incapable de faire directement.
En raison du court délai qui m'est imparti, cela complète donc mon propos. Je rappelle que le Bloc québécois est favorable au projet de loi puisqu'il vient clarifier certaines règles à propos du financement des partis politiques.
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Monsieur le Président, je suis ravi d'intervenir au sujet de cette mesure législative dans les dernières minutes du débat d'aujourd'hui.
J'aimerais surtout parler de la loi des conséquences imprévues. Je crois que c'est une loi qui en quelque sorte tourmente le gouvernement. Par exemple, lorsqu'il a présenté une mesure législative pour solutionner ce qu'il considérait comme un problème lié aux fiducies de revenu, il a grandement empiré la situation pour les Canadiens, pour les investisseurs et pour l'économie. Je crains que cette loi des conséquences imprévues n'entre encore en jeu dans le cas du projet de loi .
La mesure législative dont nous sommes saisis vise à ajouter de la clarté et de la transparence à la façon dont nous, politiciens, finançons nos activités, principalement les campagnes électorales. Cette mesure nous empêcherait d'emprunter de l'argent à des amis, des parents, des employeurs ou des partisans. Si j'ai bien compris, elle nous empêcherait de financer nos propres campagnes avec de l'argent emprunté en notre nom personnel. Autrement dit, dorénavant, il faudrait emprunter uniquement d'une institution financière.
En apparence, ce n'est pas si mal parce que cela uniformise les règles du jeu pour tout le monde. Cependant, si la loi des conséquences imprévues entrait en jeu, voici ce qu'on verrait. Les gens qui n'auraient pas les moyens de convaincre une institution de prêts commerciaux de leur prêter de l'argent pour financer une activité aussi incertaine que celle de se porter candidats à une charge publique, se retrouveraient le bec à l'eau et, parce que ce serait la seule façon d'emprunter pour briguer les suffrages, bon nombre de candidats compétents pour siéger ici ne pourraient peut-être jamais y parvenir.
Je suis préoccupé par les conséquences possibles de cette mesure, par exemple, dans le cas des gens qui ont une mauvaise cote de crédit ou de ceux qui ne sont pas fortunés et qui n'ont pas énormément de ressources pour garantir un prêt. Ces candidats potentiels sont peut-être de divers groupes, des femmes, des Autochtones, des gens qui méritent pleinement de siéger dans cette Chambre, mais qui n'y parviendraient jamais à cause de cette mesure législative.
Je ne crois pas que c'était l'intention du gouvernement. Je ne crois pas non plus que c'était le but visé par le quand il a présenté ce projet de loi. Je crois que l'objectif était plutôt de coincer des gens, comme le député de , qui a quitté le Parti libéral pour se joindre aux conservateurs il n'y a pas si longtemps et qui est maintenant député indépendant. Je crois que cette mesure législative visait de telles situation, mais il y a toutefois des conséquences imprévues très sérieuses.
En fait, comme la seule façon d'emprunter de l'argent pour une campagne politique serait maintenant de s'adresser aux institutions financières, qui ont le pouvoir d'accorder ou de refuser un prêt, celles-ci auraient un droit de vie ou de mort politique sur un candidat. Si elles refusent de financer la campagne, le candidat ne peut faire campagne. Je ne crois pas que ce soit le rôle des banques au Canada.
Je suis très préoccupé par le fait que ce projet de loi n'encouragerait nullement la reddition de comptes. Dans notre système actuel, les gens ont beaucoup de comptes à rendre. Ceux qui empruntent de l'argent pour une campagne politique doivent le divulguer. Nos répondants doivent être publics, tout comme les modalités des prêts. Tout porte à croire que la reddition de comptes dans le système actuel est suffisante.
Les conservateurs laissent entendre que, sous le régime de la loi actuelle, les campagnes politiques peuvent être financées en secret. C'est absolument faux. Si ce projet de loi est adopté, la Chambre demeurera constituée majoritairement de types comme moi: vieux, blancs, aisés et issus de la classe moyenne. Je regarde autour de moi et je crois qu'il y en a déjà bien assez.
Ce projet de loi est antidémocratique et je n'ai pas l'intention de priver les bonnes gens de la possibilité de siéger à la Chambre pour m'en remettre aux présidents des banques ou, pire encore, à leurs préposés aux prêts.
Je dois donc m'opposer fermement à ce projet de loi, que je trouve draconien. J'invite le à le retirer.