:
Monsieur le Président, je suis très heureux de prendre la parole aujourd'hui pour répondre à l'exposé budgétaire d'hier du .
Comme je l'ai dit publiquement à maintes reprises depuis sa présentation, le budget ne contient pas grand-chose d'excitant pour les Canadiens. Toutefois, il ne contient pas grand-chose d'inquiétant non plus, du moins, pas à court terme.
Par conséquent, le Parti libéral permettra l'adoption de ce budget. Je ne vois pas de raison de déclencher des élections qui coûteraient 350 millions de dollars et d'envoyer les Canadiens aux urnes à cause d'un document qui ne nuit pas vraiment à notre pays. Or, j'ai quelques questions à poser sur certaines propositions, qui ont montré pour la première fois que les conservateurs sont prêts à écouter les demandes de l'opposition, que le est disposé à écouter le .
[Français]
Voici quelques exemples: pérenniser le transfert de la taxe sur l'essence, comme nous l'avons promis en février 2007; apporter un soutien direct au secteur de l'automobile, comme nous l'avons demandé en janvier 2008; créer des emplois et améliorer les transports en commun en investissant de nouveaux fonds dans l'infrastructure, comme nous l'avons recommandé en février 2008; augmenter la déduction pour les habitants des régions éloignées, comme nous l'avons promis en décembre 2007.
[Traduction]
Voici ce que Bob Fife, du réseau CTV, a dit du budget du :
Regardons ce qu'il a fait. Il a volé l'idée des libéraux à propos de l'aide au secteur de l'automobile. Il a volé l'idée des libéraux à propos de la création d'emplois grâce à l'infrastructure. Il a volé l'idée des libéraux à propos de la permanence du transfert de la taxe sur l'essence aux municipalités.
Il y a quelques semaines, le jurait qu'il n'aiderait pas le secteur de l'automobile. Bien que le budget ne réserve qu'un montant modeste à ce secteur, le ministre a au moins fait volte-face sur cette question importante. Peut-être qu'à l'avenir il envisagera d'offrir une aide financière plus grande à ce secteur pour l'aider à surmonter les obstacles créés par la force de notre devise.
Dans un monde idéal, le gouvernement n'aurait pas à intervenir ainsi, mais la situation est loin d'être idéale quand on pense aux gouvernements étrangers qui protègent leurs secteurs nationaux. Partout dans le monde, des gouvernements dépensent des milliards de dollars pour assurer la prospérité et la compétitivité de leur secteur de l'aérospatiale. Nous faisons la même chose au Canada, et c'est bien ainsi. Sans aide du gouvernement, il n'y aurait pas de secteur de l'aérospatiale au Canada.
Dans l'industrie de l'automobile, c'est du pareil au même. Nos amis au sud se sont employés à financer en grand de nouvelles usines d'automobiles un peu partout aux États-Unis, surtout dans les États du Sud. Rien ne nous oblige à laisser partir nos emplois du secteur de l'automobile vers le sud du fait que, sur le plan idéologique, nous serions opposés à toute participation ou intervention gouvernementale. Le budget nous donne un premier indice du fait que le commence peut-être à comprendre cela.
Je dois reconnaître que le budget comportait un certain nombre de surprises qui m'ont pris un peu au dépourvu. Par exemple, j'ai souvent parlé à la Chambre du Programme de remise écoAuto, lancé avec le budget de 2007, et j'ai souligné les effets chaotiques qu'il a eus sur les fabricants canadiens d'automobiles. Les concepteurs de ce programme étaient bien intentionnés, a-t-on dit, mais il n'en reste pas moins qu'il a été si mal conçu et exécuté que tout le secteur de l'automobile en a été perturbé. Les fonctionnaires du ministère des Transports aussi bien que ceux du ministère des Finances s'y sont opposé avec vigueur parce qu'ils le jugeaient inefficace et considéraient qu'il allait accroître le fardeau de la réglementation, tout en ayant des effets restreints sur la réduction des émissions de CO2. Or, le gouvernement n'a pas tenu compte de l'avis des fonctionnaires parce que les objectifs qu'il visait étaient d'ordre politique.
Les limites imposées ont semblé arbitraires et farfelues aux fabricants d'automobiles. On a choisi des gagnants et des perdants sans du tout consulter l'industrie de l'automobile et les fabricants n'ont pas été du tout été en mesure de concevoir des voitures pouvant se conformer aux exigences du programme. La société Honda a même tourné le programme en dérision suggérant que sa Fit pourrait être rendue admissible à la remise si le fabricant réduisait son poids en supprimant certains des nouveaux éléments de sécurité qu'il offrait, comme les coussins gonflables multiples. Heureusement, nous avons pu éviter cela puisque, cette année, le budget supprime le programme. Voici comment le Globe and Mail avait considéré la chose à l'époque:
Bien qu'il ne soit jamais recommandé de compliquer le régime fiscal avec des allégements ciblés, la débâcle que constitue ce programme de remise nous en dit long [...] sur les instincts [du ministre des Finances] et sur la perte d'influence de ses fonctionnaires.
Comme je l'ai dit, je considère que plusieurs aspects de ce budget peuvent être acceptables. Je pense également, par exemple, au régime d'épargne après impôt, qui est une assez bonne idée, même si on se demande comment les Canadiens à plus faible revenu vont pouvoir en profiter. Cependant, si c'est par ce régime d'épargne que le gouvernement a l'intention de respecter sa promesse de la dernière campagne électorale concernant les gains en capital, alors on doit considérer que c'est un échec retentissant.
Le gouvernement a promis d'éliminer l'impôt sur les gains en capital des Canadiens, dans la mesure où les profits de la vente réalisée sont réinvestis dans un délai de six mois. La majorité des experts ont signalé que, dans les faits, l'impôt sur les gains en capital était bel et bien éliminé et que les conservateurs avaient grandement sous-estimé le coût de cette initiative. J'ai indiqué à l'époque que la difficulté de suivre les fonds investis dans des douzaines d'investissements potentiels sur plusieurs décennies serait un cauchemar pour l'Agence du revenu du Canada, et d'autres ont laissé entendre que ce serait impossible.
Hier, quand le a déposé son troisième budget, il est ressorti très clairement que l'engagement à l'égard des gains en capitaux faisait maintenant partie des autres promesses électorales non tenues, comme celle de ne jamais imposer les fiducies de revenu.
Il y a cependant d'autres éléments au sujet desquels je dois critiquer vivement le gouvernement. D'importants dossiers concernant principalement la justice sociale ou l'aide aux Canadiens défavorisés ne sont pas abordés ou ne le sont que très peu. C'est notamment le cas de l'aide pour les Autochtones, des logements sociaux, de l'éducation préscolaire et des garderies, des sans-abri, ainsi que des mesures pour lutter énergiquement contre la pauvreté.
Tous ces éléments sont importants pour les libéraux, mais notre principal engagement consiste à ne jamais revenir à une position déficitaire. La vitesse à laquelle un gouvernement libéral mettrait en oeuvre ces engagements, en totalité ou en partie, dépendrait de l'état des finances publiques et de notre engagement à ne pas enregistrer de déficit et à rembourser la dette.
La promesse de créer une société d'État pour gérer la caisse d'assurance-emploi pourrait avoir d'importantes conséquences, et les répercussions de cette proposition demeurent obscures.
Comme notre chef l'a dit, les libéraux auraient remboursé 3 milliards de dollars sur la dette cette année, au lieu de 10 milliards de dollars, et nous aurions utilisé les 7 autres milliards de dollars pour commencer à combler l'important déficit du Canada en matière d'infrastructure. Ces fonds auraient été affectés à nos ponts qui s'effondrent, à nos routes parsemées de nids-de-poule, aux services insuffisants de transport en commun, à l'infrastructure à la frontière et aux portes d'entrée de l'Atlantique et du Pacifique. Cela aurait été un investissement considérable pour les générations futures, ce qui est aussi important que de rembourser la dette. Le budget ne prévoit qu'un maigre 0,5 milliard de dollars au lieu de 7 milliards de dollars pour l'infrastructure.
On retrouve une autre promesse non tenue à la page 17 du dernier programme électoral conservateur qui y prévoyait le remboursement d'un minimum de 3 milliards de dollars par année sur la dette. Toutefois, le budget actuel ne promet qu'un remboursement de 2,2 milliards cette année et de 1,3 milliard l'an prochain. Comme l'a souligné la Fédération canadienne des contribuables hier, « la promesse de rembourser 3 milliards de dollars par année sur la dette est disparue. » Cette promesse non tenue devrait inquiéter les Canadiens encore plus que la première, parce qu'elle démontre bien jusqu'où le gouvernement est prêt à flirter avec le déficit.
Lorsque le gouvernement précédent était au pouvoir, il maintenait un fonds de prévoyance de 3 milliards de dollars qui devait servir à financer les imprévus au cours de l'année. Qu'il s'agisse d'une catastrophe naturelle, d'un grave ralentissement de l'économie, d'une tempête de verglas, de la crise du SRAS ou des événements du 11 septembre, le gouvernement précédent était toujours prêt à faire face à l'imprévu, sans retomber dans le déficit pour autant. Toutefois, ce budget ne prévoit aucune réserve pour éventualités et le gouvernement se retrouve dangereusement près du déficit pour la première fois depuis plus d'une décennie.
Quelle est la situation actuelle? Pensez un peu qu'il y a moins de quatre mois, le a présenté une mise à jour financière qui prévoyait que le produit intérieur brut du pays augmenterait de 2,4 p.100 en 2008. Il a révisé ces prévisions hier et ramené le taux de croissance à 1,7 p. 100 . S'il s'avérait, dans quelques mois, que le ministre avait fait une autre erreur du même genre, cela suffirait à créer un léger déficit cette année et un déficit plus important l'an prochain.
Ce ne sont pas là mes propres prédictions. Je n'ai fait que soumettre les chiffres que le a fournis à la formule qu'il a présentée sous la rubrique « Sensibilité du solde budgétaire aux chocs économiques ». En fait, il suffirait d'une nouvelle épidémie de SRAS pour que le Canada sombre dans le déficit, ou qu'une légère récession frappe les États-Unis pour qu'il tombe à nouveau dans le déficit.
Comment sommes-nous arrivés à ce point? Il serait utile de jeter un bref coup d'oeil sur l'histoire budgétaire récente du Canada.
Lorsque le gouvernement précédent est arrivé au pouvoir en 1993, le Wall Street Journal prédisait hardiment que le Canada était sur le point d'être rabaissé au rang de pays du tiers monde tant sa situation financière était désastreuse, et ce, parce que le gouvernement conservateur de Brian Mulroney, contrairement à sa promesses, n'avait en rien réduit le déficit fédéral. Heureusement pour les Canadiens, le Parti libéral, le véritable parti de la prudence budgétaire au Canada, est arrivé au pouvoir en 1993 et, dès 1997, Jean Chrétien et son ministre des Finances, le député de , avaient éliminé le déficit annuel de 42 milliards de dollars.
[Français]
Des deux côtés de la frontière, l'histoire montre que ce sont les conservateurs et les républicains qui affichent d'énormes déficits, laissant les libéraux ou les démocrates payer les pots cassés.
Aux États-Unis, la politique économique de l'offre de Ronald Reagan s'est traduite par des déficits records dans les années 1980, tandis que Bill Clinton a réussi à dégager une suite ininterrompue d'excédents durant la décennie suivante. Sous le républicain George W. Bush, les États-Unis affichent encore d'énormes déficits, et il incombera aux prochains président et Congrès de payer les pots cassés.
En Ontario, le gouvernement Eves, incluant trois ministres de l'actuel gouvernement fédéral, a fait campagne sur un budget équilibré en 2003. Cependant, lorsqu'il a gagné les élections et fait venir les vérificateurs, Dalton McGuinty a découvert que son prédécesseur conservateur lui avait plutôt laissé un déficit de 5,6 milliards de dollars.
Une voix: Non.
Une voix: Qui est-ce?
L'hon. John McCallum: Je n'ai pas la permission de le nommer, mais c'est un député bien connu en cette Chambre et il occupe le poste de .
Nombre de Canadiens seront sans doute surpris d'apprendre que ce sont les conservateurs du , et non les libéraux, qui sont les plus dépensiers.
Depuis l'arrivée au pouvoir des conservateurs, il y a deux ans, les dépenses de programmes du gouvernement du ont augmenté de 6,4 p. 100, contre seulement 2,3 p. 100 durant les 13 années du gouvernement libéral. Si l'on exclut les années où il y a eu un déficit et que l'on ne compte que les huit années entre 1997 et 2005, on obtient une hausse des dépenses de programmes de 5,5 p. 100 par année sous les libéraux.
Comme Andrew Coyne du National Post avait dit en parlant du — et Andrew Coyne n'est pas un libéral, à ma connaissance:
Il [le ministre des Finances] est devenu le ministre des Finances le plus dépensier de l'histoire du Canada. C'est une triste réputation, mais elle est méritée, puisque le nouveau gouvernement du Canada est 14 p. 100 plus gros après deux budgets [le nom du ministre des Finances].
Alors que les conservateurs ont fait le plus de dépenses en général, cela ne les a pas empêchés d'apporter des compressions insensées, comme celles dans les secteurs qui favorisent la compétitivité du Canada — par exemple, le financement des universités — dans des secteurs aux prises avec de sérieuses difficultés — par exemple, le programme libéral en matière forestière — et pis encore, celles touchant les éléments vulnérables — par exemple, les programmes destinés aux femmes et les programmes d'alphabétisation.
[Traduction]
Nous, au Parti libéral, ne pensons pas qu'il s'agisse d'un bon budget. Nous ne pensons pas non plus qu'il s'agisse d'un budget extrêmement mauvais. Par conséquent, nous ne comptons pas renverser le gouvernement en votant contre ce budget, provoquant ainsi des élections à ce moment-ci, car, à notre avis, les Canadiens ne trouveraient pas justifié d'occasionner des dépenses si énormes à cause d'un si petit budget.
Ce que je trouve le plus troublant dans ce budget, c'est le fait que le gouvernement a hérité de l'excédent le plus important de l'histoire du Canada il y a à peine deux ans. Maintenant, à force de faire des dépenses excessives et de gérer l'économie de façon cavalière, qu'on ne pourrait décrire qu'en disant qu'elle rappelle le style du NPD, les conservateurs se retrouvent devant des coffres presque vides. Il suffirait d'une crise relativement mineure provoquée par le SRAS ou d'une récession modérée aux États-Unis pour replonger le pays dans une situation déficitaire.
Nous n'irons pas aux urnes sur cette question. Nous ne croyons pas que le budget mérite des élections. Toutefois, je peux assurer aux députés que nous, les députés du Parti libéral, nous surveillerons de près la gestion financière du gouvernement pendant cette période d'incertitude économique.
[Français]
Je propose donc, avec l'appui du député de :
Que la motion soit modifiée par substitution, aux mots suivant le mot « Que », de ce qui suit:
« cette Chambre reconnaisse que ce budget contient quelques initiatives qui tentent d'imiter la politique sensée et intelligente du Parti libéral, mais regrette que ce gouvernement ait fait de nombreuses erreurs au niveau de sa politique économique au cours des deux dernières années et démontre, comme le NPD, une absence de prudence fiscale, ce qui l'empêche d'affronter un ralentissement de l'économie canadienne. »
:
Monsieur le Président, aujourd'hui, j'aurais bien aimé prendre la parole en réponse au discours sur le budget en étant capable de dire que nos arguments avaient été écoutés par le gouvernement. Effectivement, les députés du Bloc ont mené une vaste consultation à travers le Québec. Cela nous a amenés dans toutes les régions du Québec et nous a permis de rencontrer des groupes syndicaux, patronaux, municipaux, diverses personnes et des gens du monde communautaire. Les positions que nous avons mises de l'avant pour le budget sont les positions qui font consensus au Québec.
Malheureusement, les conservateurs n'ont pas écouté ce consensus, particulièrement sur la question de l'utilisation des surplus de l'année courante pour le budget. On a décidé de continuer d'avoir une approche idéologique totale et de verser plus de 10 milliards de dollars au paiement de la dette, alors qu'il y avait des besoins urgents dans les secteurs manufacturier et forestier, au plan de l'équité pour les personnes âgées, pour le logement social et pour beaucoup d'autres questions qui représentent des urgences à court terme. Les conservateurs ont décidé de ne pas y donner suite.
Donc, on comprendra que le Bloc québécois a décidé de ne pas voter en faveur de ce budget. Le chef du Bloc québécois l'a exprimé clairement hier. Par contre, notre consolation, c'est que la position qu'on défend représente un consensus québécois.
Ce matin, on pouvait lire dans le journal La Presse ce que disait la ministre des Finances du Québec, Mme Jérôme-Forget, en parlant des conservateurs et du ministre des Finances. Je cite:
Les choix qu'il a fait ne reflète pas les priorités du Québec.
Je suis déçue parce qu'il avait une marge de manoeuvre de 20 milliards de dollars dans un contexte de ralentissement économique. On se serait attendu à ce qu'il y ait un effort additionnel qui soit fait pour les travailleurs âgés, pour les secteurs forestier et manufacturier au Québec
À cela s'ajoutent les propos du chef de l'ADQ, M. Dumont, qui pourtant, encore dernièrement, se disait un ami du actuel. Le chef de l'ADQ disait:
Sur des secteurs d'activité économique comme le forestier et le manufacturier, l'aide n'est pas à la hauteur. Je m'attendais à plus de ce point de vue.
Il disait aussi:
Le dossier du postsecondaire n'est toujours pas réglé. Il reste une ombre au tableau du déséquilibre fiscal, malgré ce qu'en pense Jean Charest. Il manque un milliard en éducation.
La chef du Parti québécois, parti souverainiste à Québec, a également pris position. Les souverainistes ont compris depuis longtemps que le système à deux gouvernements n'était pas un système d'avenir pour le Québec. En effet, il faut aller chercher l'argent qu'on aurait eu autrement si on recueillait tous les impôts dont on serait responsables. Donc, la souveraineté serait la meilleure solution pour le Québec. Mme Marois disait que le budget fédéral néglige le Québec. Elle affirmait que le document déposé mardi par Ottawa contenait des mesures principalement favorables au secteur de l'énergie de l'Ouest du pays où les taux de croissance économique les plus élevés sont enregistrés. Elle a déploré l'absence de mesures pour les travailleurs, pour les secteurs de la foresterie et de la fabrication ainsi que pour l'éducation postsecondaire.
Donc, quand les députés du Bloc se lèvent en cette Chambre pour dire que le budget des conservateurs qui a été déposé ne correspond en aucune façon à ce que les Québécois souhaitaient, ce n'est pas seulement pas la position des députés du Bloc, ce n'est pas seulement la position de nos sympathisants et des gens qui nous appuient, c'est la position de l'ensemble des partis de l'Assemblée nationale du Québec. Les trois partis représentés à l'Assemblée nationale du Québec, le parti gouvernemental, l'opposition officielle et le troisième parti, disent tous la même chose: c'est un budget qui a été fait pour l'Ontario et pour l'Ouest, qui a été fait pour permettre de relancer la production du nucléaire. Il faut le faire!
On a décidé de cibler, en matière de développement économique, le secteur de l'automobile, qui se situe presque uniquement en Ontario, et on n'a pas donné les mêmes avantages aux autres secteurs manufacturiers et au secteur forestier, qui est profondément touché par la crise.
Encore dernièrement, dans ma circonscription, à Saint-Pamphile, l'entreprise Maibec a fermé. C'était une entreprise très bien gérée, qui coupait du bois américain et qui avait une bonne entrée sur les marchés. Maintenant, elle est à bout de souffle parce qu'on n'a pas réussi à obtenir de ce gouvernement qu'il mette en place des mesures positives pour aider le Québec.
Parmi l'ensemble des demandes déposées par le Bloc québécois — qui sont toujours aussi pertinentes aujourd'hui —, on parlait d'un fonds pour établir le Partenariat technologique Canada. Quelle réponse a-t-on eue? Un fonds pour l'automobile en Ontario, mais pas d'argent identique pour le Québec, par exemple. On a maintenu la position qui avait été décidée de couper ce fonds et ainsi on tue l'initiative, on tue l'encouragement à l'innovation qu'on souhaitait pour nos régions.
On demandait aussi des contributions remboursables aux entreprises pour acheter du nouvel équipement qui se chiffreraient à 1,5 milliard de dollars, montant qu'on pouvait aller chercher à même les surplus de 10 milliards de dollars. Plutôt, on va rembourser la dette. Le ratio entre la dette du Canada et son produit intérieur brut est déjà l'un des plus avantageux parmi les membres du G7. Malgré tout, on n'investit pas là où des fonds sont nécessaires pour donner une chance à nos entreprises d'être compétitives.
Je le répète sur toutes les tribunes: il ne s'agit pas de subventionner les entreprises, mais de leur donner la chance d'avoir de l'équipement qui puisse leur permettre d'être compétitives, de décrocher des contrats et d'offrir des produits qui trouvent preneurs et qui réussissent à obtenir leur part de marché. Or, ce type de mesures n'est pas mis en avant. On a plutôt décidé de verser ces montants au remboursement de la dette. On a décidé de diminuer la dette du Canada, mais, en contrepartie, des milliers d'emplois continueront de disparaître. Il s'est déjà perdu 150 000 emplois dans le secteur manufacturier depuis cinq ans.
L'automne dernier, lors de l'Énoncé économique, nous avions déjà informé le ministre de la réalité vécue. Il portait déjà ses lunettes roses; il disait que les choses allaient très bien et que la croissance serait de plus de 3 p. 100. Hier, il a été obligé de nous dire que le taux de croissance diminuerait à 1,8 p. 100, même qu'on n'en est pas sûrs. Pendant que la croissance diminue, son comportement ressemble malheureusement un peu à celui du gouvernement en place avant la grande dépression.
Peu de personnes en cette Chambre s'en souviennent directement, mais l'histoire le rapporte. Avant 1930, le gouvernement en place aux États-Unis s'efforçait de dépenser le moins possible et essayait de limiter ses dépenses pour payer la dette le plus vite possible. On s'enfonçait ainsi vers la dépression alors qu'à l'époque, il aurait fallu prendre des mesures comme celles qui ont été prises par la suite par Franklin D. Roosevelt. En effet, son New Deal a permis de relancer l'économie.
On devrait apprendre de l'histoire. On devrait être capables de comprendre de telles choses. Les surplus de cette année sont de 10 milliards de dollars. Même si l'on avait injecté 3 milliards de dollars de plus au remboursement de la dette, il en serait resté suffisamment pour donner le coup de main nécessaire et encore présenter un budget équilibré. Ainsi, on n'aurait pas cette situation artificielle que crée actuellement le gouvernement. Il rembourse sa dette cette année en n'étant pas tout à fait assuré qu'il aura un surplus l'année prochaine. S'il avait plutôt décidé d'investir cette année, il se serait assuré de beaucoup plus de revenus pour les années à venir.
La position du Bloc québécois est aussi celle du Québec. C'est celle du Québec par rapport aux secteurs manufacturier et forestier, mais aussi par rapport au traitement qu'on réserve aux gens les plus démunis de notre société.
Comme on le sait, on a vécu une iniquité terrible par rapport au Supplément de revenu garanti. Pendant des années au Canada, le gouvernement fédéral s'est organisé, de façon volontaire, pour que le moins de personnes âgées possible reçoivent le Supplément de revenu garanti, et ce, en ne permettant pas l'inscription automatique des personnes admissibles. Il y avait 280 000 personnes âgées au Canada, dont environ 70 000 au Québec, qui n'étaient pas inscrites. Une offensive fantastique a été menée, notamment par un ancien député du Bloc québécois, M. Gagnon. Il a fait un travail extraordinaire ayant permis de diminuer ce nombre.
Or, la loi est ainsi faite que lorsqu'on doit de l'argent aux aînés dans le cadre du Supplément de revenu garanti, une rétroactivité maximale de 11 mois seulement peut s'appliquer. Par contre, quand on a des problèmes avec l'impôt, le fisc peut revenir en arrière de façon infinie et récupérer des sommes d'argent dues au cours des 4, 5 ou 10 dernières années. Toutefois, lorsqu'on doit de l'argent aux personnes âgées, on ne leur paie pas la rétroactivité pleine et entière. À notre avis, cette iniquité aurait dû être réparée par le gouvernement conservateur.
Et ces choix s'inscrivent dans les valeurs du Québec. On manifeste effectivement une volonté de répartition de la richesse. Plutôt, on a droit à un geste qui m'apparaît ignoble de la part du gouvernement conservateur.
Hier, lors du budget, on a dit aux personnes âgées, des personnes de 66, 70, 72 ou 74 ans, que si elles voulaient un peu plus d'argent pour arriver à joindre les deux bouts, elles pouvaient aller travailler pour gagner jusqu'à 3 500 $ par année et que cette somme ne serait pas calculée dans leur Supplément de revenu garanti. Qu'on imagine un peu, dans un village de ma circonscription ou dans un quartier de Montréal, devoir annoncer à des personnes âgées de 68, 70, 72 ans qui ont travaillé toute leur vie, ou encore à un couple de personnes âgées à la retraite, qu'elles devront aller gagner des revenus additionnels. Évidemment, ces gens ne gagneront pas de gros salaires et on pourra profiter d'eux. Il faudra qu'ils décrochent un emploi. Cette mesure est complètement irréaliste.
Pourtant, le gouvernement fédéral avait amplement les moyens de corriger l'iniquité en payant la rétroactivité pour le Supplément de revenu garanti et en majorant les sommes pour que ces gens se situent juste au-dessus du seuil de pauvreté. Cela leur aurait assuré le revenu minimal pour être capables de répondre à leurs besoins de base.
Au Québec, au Canada et dans notre société, l'une des sociétés les plus riches de la planète, il est absolument inacceptable qu'on n'ait pas ce genre de traitement pour nos aînés.
C'est ce que le Bloc québécois aurait souhaité et ce qu'il continuera à défendre jusqu'à ce qu'il gagne et que ces personnes âgées puissent être respectées dans cette société. Elles l'ont bien mérité: elles ont travaillé toute leur vie. Et c'est quelque chose qu'il faudra qu'on gagne au bout du compte.
Le Bloc a fait connaître ses positions très clairement à l'avance. On avait dit que si le gouvernement ne nous écoutait pas, on était prêts à voter contre le budget et à aller en élections. On est toujours prêts, il n'y a pas de problème.
On souhaite que l'on rende justice le plus rapidement possible à nos industries, à nos travailleurs âgés et à nos personnes âgées.
Parlons des travailleurs âgés, entre autres. Savez-vous combien il en coûtait pour permettre à ces travailleurs âgés de 56 ou 58 ans qui ne trouvent pas d'emploi, malgré tous les efforts possibles, de bénéficier d'un pont en attendant leur pension de vieillesse? Il en coûtait 60 millions de dollars par année. Pendant ce temps, cette année, on affecte 10 milliards de dollars à la dette. Toutefois, on est incapable de donner un traitement équitable pour 60 millions de dollars à des gens qui ont travaillé 25, 30 ou 35 ans dans des entreprises et qui ont payé des impôts ainsi que des cotisations d'assurance-emploi.
Les conservateurs suivent la même logique, autant en ce qui concerne les travailleurs âgés que les personnes âgées au regard du Supplément de revenu garanti: ils essaient le plus possible de créer un cheap labor qui ira travailler pour rien. Car si l'on a 58 ans, qu'on n'a rien trouvé et qu'au bout du compte on bénéficie de prestations d'aide sociale, on sera alors tenté de travailler au noir afin de joindre les deux bouts.
C'est la responsabilité du gouvernement. Si une société est capable de créer de la richesse et d'accorder des baisses d'impôt très significatives aux entreprises, lesquelles baisses représenteront des montants fabuleux dans les prochaines années, c'est tant mieux. Or si l'on en est capable, on devrait pouvoir s'assurer de donner un traitement équitable à ces gens.
Le Bloc québécois a une attitude responsable relativement à cette question. Il a recommandé un remboursement partiel de la dette ainsi que des mesures pour l'utilisation des surplus de la présente année et il a fait des propositions qui auraient permis de maintenir l'équilibre l'année suivante, en ce qui concerne le nouveau budget. Le gouvernement fédéral n'a pas respecté cette volonté.
Il existe des raisons pour lesquelles on fait malheureusement face à la situation actuelle. Notamment, le Parti libéral a été incapable de définir sa position qui devrait être celle de l'opposition officielle, c'est-à-dire de mettre sur la table des demandes qui obligent le gouvernement à bouger. Au contraire, aujourd'hui, les libéraux ont déposé une espèce d'amendement et, selon leur position, ce n'est pas un budget intéressant, ils ne prendront pas leurs responsabilités et ils laisseront le gouvernement continuer à agir.
Aujourd'hui, au Québec, une personne candidate du Parti libéral du Canada ou du Parti conservateur doit se sentir très seule et souffrir d'une terrible solitude. Effectivement, les positions du Parti libéral du Canada et du Parti conservateur sont les mêmes à cet égard: l'irresponsabilité face aux besoins du Québec. Les Québécois s'en souviendront et en feront payer le prix lorsque viendra l'élection. Car on ne peut accepter d'aucune façon que des députés élus, qui ont dit qu'ils défendraient les intérêts du Québec, viennent en cette Chambre et acceptent soudainement de voter pour un budget qui ne répondra aucunement aux besoins du Québec.
Si les députés conservateurs et libéraux du Québec ne veulent pas écouter les députés du Bloc, qu'ils aillent écouter ce que la ministre des Finances du Parti libéral du Québec a dit à Québec, ou ce que Mario Dumont de l'Action démocratique du Québec, un ami des conservateurs, a aussi dit hier. Qu'ils aillent écouter l'ensemble des points de vue émis. La Fédération des chambres de commerce du Québec a dit qu'au niveau du secteur manufacturier, cela n'avait pas de bon sens, que c'était inacceptable. Tout le mouvement syndical, qui représente au Québec une force importante, a aussi dit qu'il faut absolument que le gouvernement fédéral comprenne qu'il a les moyens d'intervenir et d'agir, et que dans le présent budget, il a vraiment aligné ses choix en matière d'économie sur le secteur de l'énergie uniquement.
Il faut voir les documents du budget. Un beau tableau montre la relation entre l'augmentation de la valeur du dollar et l'augmentation de la valeur du pétrole. À côté, un autre tableau montre l'impact sur le secteur manufacturier. C'est bien clair: ce sont de tels croîts que l'on rencontre. D'un côté, le dollar monte parce que le pétrole monte et, d'un autre côté, le secteur manufacturier baisse ainsi parce que notre compétitivité diminue. On n'a rien contre le fait que l'économie soit en bonne santé, que les prix de l'énergie soient valables, mais il faut s'assurer qu'il y a une répartition pour aider à créer la richesse et une répartition de la richesse.
C'est la responsabilité du gouvernement. C'est une valeur québécoise que les conservateurs, malheureusement, ne semblent pas partager, ne pas être capables d'appuyer.
Notre position responsable sur le budget s'est appuyée sur une vaste consultation. Nous l'avons fait connaître clairement hier et nous avons continué à la soutenir aujourd'hui, en cette Chambre, lors de la période des questions.
Je vais conclure sur cette question avant de déposer un sous-amendement. Le gouvernement a encore le temps de se corriger. Jusqu'au 31 mars 2008, il pourrait faire ce qu'il a fait en ce qui concerne la fiducie de 1 milliard de dollars.
Souvenez-vous: le premier ministre avait dit que le milliard de dollars ne serait disponible que moyennant l'adoption absolue du budget. Il y a eu un holà tellement fort au Québec — cela n'avait pas de bon sens —, qu'on a réussi à faire bouger le premier ministre. De fait, il a accepté de séparer la disponibilité du milliard de dollars de l'adoption du budget. Le milliard de dollars est donc disponible.
Cela signifie qu'adopter des choses sans les lier à l'adoption du budget, c'est faisable. C'était faisable avant que le budget ne soit déposé et ce le sera encore en ce qui concerne les surplus de la présente année, avant le 31 mars.
J'espère qu'il écoutera le consensus québécois. Le consensus sur la question de la fiducie familiale existe encore aujourd'hui. Il existe auprès des trois partis politiques à l'Assemblée nationale. Il existe auprès du monde syndical et patronal du Québec ainsi que dans les différentes couches sociales du Québec. Il existe dans toutes les régions du Québec où des gens veulent qu'on rétablisse l'équité pour les personnes âgées, qu'on offre un avenir décent dans nos régions et que l'occupation du territoire soit assurée pour les secteurs forestier et manufacturier chez nous. C'est de ce consensus que les députés du Bloc se font les porte-parole en cette Chambre. Voilà pourquoi nous allons voter contre le budget et proposer un sous-amendement.
Avec l'appui du député de Montcalm, je propose le sous-amendement suivant:
Que tous les mots après l'expression « contient » soient remplacés par ce qui suit:
« des initiatives qui ne répondent pas aux attentes des Québécoises et des Québécois qui demandaient notamment que les surplus de l'année en cours soient utilisés afin d'aider les travailleurs et les industries des secteurs manufacturier et forestier, secteurs qui font face à une grave crise au Québec, afin d'aider les aînés qui vivent sous le seuil de faible revenu et afin d'aider les particuliers à accroître l'efficacité énergétique de leur domicile, presse le gouvernement de mettre de l'avant ces mesures avant la fin de l'année financière le 31 mars 2008 et déplore aussi le fait que ce budget néglige de s'attaquer au déséquilibre fiscal en ne prévoyant pas un transfert de 3,5 milliards de dollars au Québec et aux provinces pour l'éducation post-secondaire et en n'abolissant pas le pouvoir fédéral de dépenser. »
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Monsieur le Président, dans un premier temps, je tiens à vous indiquer que j'ai l'intention de partager mon temps avec ma collègue, la députée de .
Pour illustrer les choses, on dit souvent qu'une image vaut mille mots. Pour les gens qui nous écoutent aujourd'hui, je me permets de leur dire qu'ils vont trouver une image qui vaut mille mots sur les intentions du gouvernement d'extrême droite du Parti conservateur en lisant le tableau 5.4 du budget. Il se trouve à page 217 de la version française du budget accessible en ligne. Pour les gens qui le préfèrent, le même tableau se trouve à la page 201 de la version anglaise. Cela vaut le coup d'oeil. Cela illustre parfaitement bien le fossé qui sépare le Nouveau Parti démocratique de ce gouvernement idéologiquement dirigé qu'est le gouvernement conservateur actuel.
Regardons ce que nous avons devant nos yeux. Nous sommes au mois de février 2008. Donc, le mois prochain, à la fin mars, nous compléterons ce qu'on appelle l'exercice financier 2007-2008. On nous donne les sources de revenus, les revenus budgétaires. Pour l'impôt sur le revenu des particuliers — les personnes, les individus —, le chiffre pour 2007-2008 est de 112 milliards de dollars. D'ici deux ans, donc pour l'exercice 2009-2010, on serait rendu à 125 milliards de dollars, soit une augmentation de 12 p. 100. À la prochaine ligne, on trouve l'impôt sur le revenu des sociétés — en anglais, corporate income tax —, c'est-à-dire l'impôt des corporations, des sociétés ici au Canada. Pour la même période, on a 42 milliards de dollars aujourd'hui, mais un montant qui baisse à 36 milliards de dollars pour 2009-2010, soit une réduction de 14 p. 100.
Cela illustre, ô combien, la différence entre les conservateurs et notre parti parce que ce petit cadeau que les conservateurs sont en train de faire aux corporations les plus profitables sera payé par les familles québécoises et canadiennes. C'est la simple réalité.
Un budget est le reflet d'une série de choix. Les choix des conservateurs sont extraordinairement bien résumés dans le tableau que je viens de citer.
Que s'est-il passé au cours de la dernière année pour que nous en arrivions là? Ce n'est pas compliqué. Cet automne, les conservateurs, avec leurs fanfaronnades habituelles, nous ont annoncé qu'ils avaient trouvé la solution aux pertes de plusieurs centaines de milliers d'emplois dans les secteurs forestier et manufacturier. Ils allaient accorder 14 milliards de dollars de réduction d'impôt. Or, il y a un tout petit problème pour nos amis conservateurs qui font semblant d'être de grands experts de l'économie. En effet, la plupart de ces sociétés n'avaient pas fait de profits l'année dernière pour la bonne et simple raison que le gouvernement ayant mis tous ses oeufs dans le panier des sables bitumineux, le huard canadien a grimpé à des niveaux jamais rencontrés auparavant, rendant de plus en plus difficile l'exportation des produits de la forêt et des produits manufacturiers. Plus le dollar canadien valait cher, plus, évidemment, il était difficile d'exporter.
Alors, où sont allées les soi-disant réductions d'impôt pour venir en aide au secteur manufacturier et aux sociétés oeuvrant dans le domaine de la forêt? Elles sont toutes allées au secteur le plus profitable, c'est-à-dire les grandes sociétés pétrolières, les compagnies les plus polluantes — les plus grands pollueurs — et les banques, qui font déjà des profits faramineux.
En effet, on a un gouvernement conservateur absolument incapable de tenir tête aux banques et d'exiger des taux d'intérêt raisonnables sur les cartes de crédit ou d'exiger qu'on mette fin aux abus aux guichets automatiques. On a vu notre pauvre infortuné essayer lorsqu'il est allé rencontrer les banques pour quémander un peu de soulagement en ce qui concerne les frais aux guichets bancaires. Il s'est fait virer de bord et est parti. Il n'a pas compris que c'est lui qui doit donner les ordres aux banques et non l'inverse. Seulement, quand on est un gouvernement conservateur, on accepte de se faire donner des ordres par les banques.
Tout cela, c'est aussi une question d'équité entre les générations. Les 350 000 — vous m'avez bien entendu — 350 000 emplois bien rémunérés dans le secteur manufacturier qui ont disparu au cours des cinq dernières années étaient souvent associés à des conditions d'emploi qui permettaient à une famille de vivre dans des conditions correctes. Ces employés avaient souvent une pension de retraite associée à cela.
Si vous voulez avoir une image — que les gens au Québec vont saisir tout de suite — de ce que représente ce changement, vous n'avez qu'à emprunter l'autoroute des Laurentides et regarder là où jadis il y avait une énorme usine GM. Aujourd'hui, il y a là des centres commerciaux. C'est faux de dire que l'on peut élever une famille correctement moyennant un salaire de vendeur de vêtements, de 10 $ l'heure. C'est d'autant plus problématique pour les générations futures pour lesquelles il faudra trouver une solution tôt ou tard, car ces gens n'ont évidemment aucune pension de retraite, aucun autre avantage social digne de ce nom.
J'ai écouté attentivement le député de Lévis—Bellechasse pérorer plus tôt contre l'intervention du Bloc. Je me permets de donner un rare conseil à un collègue: il aurait intérêt à nettoyer son curriculum vitae. Car en parlant de développement durable, justement, il y a projet qui lui est très cher, qu'il appuie et qu'il propose: le projet Rabaska, un projet de port méthanier à Lévis. Ce qui est aussi intéressant, c'est que son collègue de la Beauce trouve trop dangereux que les méthaniers transitent entre le Nouveau-Brunswick et le Maine. Il a fait une sortie à cet égard en critiquant cela pendant l'été. On a fait une étude sur la sécurité à ce sujet, alors qu'on n'a jamais fait d'étude approfondie et sérieuse sur la sécurité relative au projet Rabaska, un port méthanier situé très près des centres de population à Lévis et à Québec.
Samedi dernier, le NPD a présenté Denis L’Homme, un ex-sous-ministre associé à l'Énergie au ministère des Ressources naturelles du Québec, un personnage tout à fait respecté dans son domaine et dans son milieu. Il pourra expliquer au député temporaire conservateur de , ce qu'est le développement durable et ce que signifie réfléchir à l'effet sur les générations futures lorsqu'on prend une décision telle qu'on doit mailler les aspects environnementaux, économiques et sociaux d'un dossier —, ce que les conservateurs semblent singulièrement incapables de faire.
Le titre dans le Toronto Star d'aujourd'hui était très évocateur.
[Traduction]
Cela vaut la peine d'attirer l'attention des gens sur un des titres dans le Toronto Star d'aujourd'hui qui affirme que le budget est dénué de grandes idées, à l'exception d'un compte d'épargne libre d'impôt, et que ce plan modeste du ministre permettra probablement de garder les conservateurs au pouvoir. La seule raison pour laquelle ce budget gardera les conservateurs au pouvoir est parce que les libéraux le permettront.
Ils sont censés être l'opposition officielle. Le Parti libéral aime s'appeler le gouvernement en puissance. Il attendra longtemps, et il attendra d'être remplacé comme opposition officielle lors des prochaines élections, et je dirai à la Chambre pourquoi. C'est parce que c'est le parti de l'opposition le plus faible ayant jamais siégé à la Chambre des communes. C'est une honte. Beaucoup des députés à qui l'on dira de ne rien faire ne veulent pas agir de la sorte. C'était un parti qui avait des idées à l'époque, mais plus maintenant.
Aujourd'hui, nous examinerons quelques amendements. Un des amendements vient des libéraux, et ils ne veulent évidemment pas obtenir un trop grand appui à cet égard. En effet, ils ne veulent pas faire tomber le gouvernement. L'idée d'élections les terrifie.
[Français]
Par ailleurs, je dois dire aussi que le sous-amendement du Bloc québécois m'a surpris quelque peu, parce qu'il y avait quand même plusieurs sujets sur lesquels on aurait pu — si l'on avait voulu — obtenir un consensus. Cela aurait été facile de trouver des sujets sur lesquels tout le monde pouvait être d'accord.
Terminer en disant qu'on veut abolir carrément le pouvoir fédéral de dépenser sans préciser que c'est le pouvoir fédéral de dépenser dans des domaines de compétence propres aux provinces était pour nous une tentative assez transparente de s'assurer qu'il ne pourrait pas y avoir le consensus nécessaire des trois partis d'opposition pour faire tomber le gouvernement.
Nous, du NPD, n'avons pas peur de nos idées ni de les défendre. Le Nouveau Parti démocratique est un parti qui a fièrement apporté au Canada des idées aussi importantes que la création d'une assurance-maladie universelle gratuite pour l'ensemble de la population. Nous allons continuer à défendre ces idées. Par ailleurs, quand nous voyons qu'un budget n'a rien pour la santé, le logement et les familles, mais qu'il donne tout aux grandes sociétés, nous savons exactement ce que nous devons faire: nous allons nous lever pour voter contre ce budget.
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Monsieur le Président, je remercie le député d' de partager le temps dont il dispose avec moi.
Je suis très heureuse de parler du budget que le gouvernement a déposé hier.
Les budgets renvoient aux priorités, ils témoignent de choix, il définissent les gouvernements. Les budgets indiquent comment nous utilisons nos ressources communes pour améliorer le pays et le monde.
Depuis de trop nombreuses années, et même avec des excédents records, les budgets dénotent une petitesse et une insuffisance qui se reflètent dans notre société. Les gens savent maintenant qu'après des années de réductions d'impôts qui profitent surtout aux grandes entreprises et aux riches, notre société est confrontée à d'énormes défis que les gouvernements ne relèvent pas. De grands besoins ne sont pas comblés, pourtant, le budget témoigne d'un manque de vision stupéfiant.
Encore une fois, l'opposition fait malheureusement passer ses propres petits intérêts partisans avant le bien du pays. Le passe à Toronto et fait de jolies déclarations sur la réduction de la pauvreté, mais comme dans le cas de Kyoto, cela ne va nulle part. Lui et son parti appuient les budgets les uns après les autres et, vote après vote, ils orientent le Canada dans la mauvaise direction.
Aujourd'hui, les Canadiens travaillent plus longtemps et plus dur. De plus en plus de gens tombent sous le seuil de la pauvreté. Les revenus ne bougent pas. L'endettement personnel atteint un sommet record. Des personnes âgées luttent pour rester chez elles. Des étudiants commencent leur vie professionnelle avec de lourdes dettes. Des millions de Canadiens n'ont pas de médecin de famille.
Qu'est-ce que le gouvernement a fait avec son dernier budget?
Nous savons ce qu'il a fait dans les grandes lignes. Nous savons que, pour chaque dollar qu'il consacre aux programmes et aux services et à tout ce qui est inclus dans le budget, il consacre 6 $ en réduction d'impôt des entreprises, 6 $ aux grands pollueurs, 6 $ aux grandes banques et 6 $ à ses amis qui font déjà beaucoup d'argent.
Ce que cela signifie, en gros, c'est que les Canadiens moyens, les gens qui travaillent dur, qui paient leurs impôts et qui veulent que leur argent soit réinvesti dans leurs collectivités, paient 12 p. 100 de plus pour les services dont nous avons tous besoin, tandis que les entreprises prospères paient 14 p. 100 de moins. Il y a quelque chose qui cloche dans cette situation, mais l'orientation du gouvernement est claire.
Le problème, ce n'est pas que les gens ne peuvent pas trouver quelques miettes ici et là dans le budget, c'est que le gouvernement donne de l'argent à la pelletée aux grandes banques et aux grands pollueurs. Il fait prendre une mauvaise direction au pays. Ce que les Canadiens veulent, c'est que l'on fasse preuve de responsabilité dans le domaine de l'environnement, pas que les pollueurs impénitents soient récompensés.
Qu'y a-t-il d'autre dans ce budget? Voyons voir.
Que prévoit le budget pour mettre fin à la crise des sans-abri? Je vois tous les jours des gens qui vivent dans la rue à Toronto. Ils se cherchent désespérément des logements convenables. Un nombre croissant de personnes tombent plus bas que le bas de l'échelle économique. Il n'y a rien pour ces personnes dans le budget.
Que prévoit le budget pour ce qui touche le logement abordable? Les parents qui touchent le salaire minimum sont aux prises avec des loyers élevés qu'ils ont peine à payer, ce qui n'empêche pas le gouvernement de rejeter l'idée d'un salaire minimum national. Des gens sont aux prises avec des emplois qui leur procurent un revenu correspondant au seuil de la pauvreté et avec des coûts du logement élevés. Il n'y a absolument rien pour eux dans ce budget.
Que prévoit le budget pour la réhabilitation thermique des bâtiments, ce grand projet visant à accroître l'efficacité énergétique? Rien.
Pour les parents qui se démènent pour que leurs enfants aient de bons soins et un bon départ dans la vie, pour les parents de ma circonscription qui doivent parfois payer 2 000 $ par mois pour envoyer deux enfants à la garderie, que prévoit le budget? Rien.
Et pour les personnes âgées qui souhaitent demeurer dans leur maison et qui auraient besoin de soins à domicile? Rien non plus.
Que prévoit-on en ce qui concerne la dépollution des Grands Lacs? Rien.
Pour les cinq millions de Canadiens qui n'arrivent pas à se trouver un médecin de famille, que prévoit-on? Rien.
Au chapitre de la réduction des temps d'attente dans le secteur des soins de santé, que prévoit-on? Rien.
Et que dire des personnes qui n'ont pas les moyens d'acheter les médicaments d'ordonnance dont elles ont désespérément besoin? Il n'y a rien pour elles dans le budget.
En ce qui concerne la culture, les histoires qu'on a à partager, les images, les arts qui nous définissent en tant que Canadiens et Canadiennes, que prévoit-on? Rien. On ne fait mention des arts nulle part dans le budget.
Qu'en est-il des changements climatiques? Il n'y a rien dans le budget.
Le plus gros investissement du budget, c'est 350 millions de dollars pour le développement du nucléaire. C'est très éloquent. Les députés d'en face — l'opposition qui va appuyer le budget — devraient avoir honte. Quand ils retourneront en Ontario, eh bien, qu'ils ne prétendent pas défendre les Ontariens, défendre Toronto, défendre les moins fortunés. Ils les ont trahis avec le budget.
Les citoyens de ma collectivité me disent qu'ils souhaitent désespérément des investissements dans l'infrastructure au lieu que nous utilisions nos ressources pour faire des cadeaux aux gros pollueurs et aux grandes banques. Les contribuables paient beaucoup d'impôt et ils souhaitent que leur argent soit investi dans leurs collectivités, dans l'infrastructure, en particulier dans une stratégie nationale en matière de transport en commun.
Le transfert de la taxe sur l'essence, qui est une mesure positive, est loin de régler les décennies de négligence qui nous ont empêchés de renforcer le système de transport en commun et de réparer les infrastructures. Le déficit de 123 milliards de dollars en ce qui concerne l'infrastructure ne sera pas vraiment réduit. Nous connaissons le plan du gouvernement et de sa nouvelle société d'État pour les partenariats public-privé. Le gouvernement veut privatiser autant d'infrastructures rentables que possible et laisser les citoyens s'occuper des dépassements de coûts. Quel beau partenariat.
Toronto était le centre culturel du Canada. Le budget ne prévoit aucun financement complémentaire pour les six grandes initiatives culturelles comme l'opéra et les musées d'art, et ce, même si la collectivité avait amassé tant d'argent. Il n'y a rien pour le Fonds canadien de télévision ni pour Téléfilm Canada. La vision du gouvernement pour les arts se résume à absolument rien.
L'Ontario est durement éprouvé par le budget. Le gouvernement continue de ne pas tenir compte de la crise dans le secteur manufacturier, qui jette au chômage des centaines de milliers de personnes. Le gouvernement risque d'occasionner des dommages permanents à ce moteur essentiel de notre économie. Un peu d'argent pour le secteur de l'automobile et pour la recherche-développement ne constitue pas une stratégie qui aidera nos fabricants et nos exportateurs à faire face à l'appréciation vertigineuse du pétrodollar canadien.
Où est le plan pour faire face au dollar vigoureux? Où est la politique d'achat de produits canadiens? La plupart des autres pays développés utilisent ce genre de politique pour stimuler la vente de produits locaux. Où est le plan pour équilibrer les échanges afin que nous n'exportions pas tous nos bons emplois? Où est la stratégie de l'emploi vert? Que fait-on pour positionner le Canada dans l'économie du XXIe siècle? il n'y a rien à ce sujet.
L'Ontario se heurte à un raz-de-marée de pertes d'emplois et certaines personnes qui ont versé fidèlement leurs cotisations à l'assurance-emploi n'ont pas droit à des prestations.
Pourquoi les Ontariens reçoivent-ils en moyenne 5 000 $ de moins en prestations d'AE que les travailleurs des autres régions du pays? Comment se fait-il que presque 80 p. 100 des chômeurs de Toronto ne bénéficient pas de l'AE? Existe-t-il d'autres programmes d'assurance qui se contentent ainsi d'encaisser les cotisations des assurés sans verser les indemnités lorsque frappe la catastrophe? Les Ontariens se font littéralement arnaquer.
La création d'une société d'État pour la gestion de l'AE n'est pas la bonne solution. Ce nouveau mécanisme permettra au gouvernement de se débarrasser des ses responsabilités et de son obligation de rendre des comptes à la population. C'est une mesure qui s'inscrit dans la plus pure tradition du gouvernement précédent, qui encaissait les milliards des cotisations versées par les travailleurs et les employeurs pour les affecter au remboursement de la dette plutôt que de verser les prestations nécessaires à ceux qui en avaient le plus besoin.
Les budgets sont une question de priorités. Ce qui importe, ce n'est pas ce qui est dit, mais ce qui est réellement fait. Nous connaissons les priorités du gouvernement en matière de rationalisation. Nous savons qu'il veut laisser tomber les services et les valeurs auxquels le Canada et les Canadiens sont le plus attachés. Pour le gouvernement, ce qui compte, c'est d'aider ses amis, soit les grands pollueurs et les grandes banques.
En outre, les députés d'en face, les députés de l'opposition, devraient avoir honte de laisser ainsi les conservateurs entraîner le Canada dans la mauvaise direction. Ils l'ont déjà fait en ce qui concerne l'Afghanistan, d'abord en nous embarquant dans cette mission de combat puis en permettant que nous continuions de mener cette guerre jusqu'en 2009 au moins et peut-être même plus longtemps. Ils sont en train de refaire la même chose avec ce budget.
Je regrette que le budget trahisse ainsi les Canadiens. C'est avec fierté que je m'associerai aux autres députés du NPD pour défendre nos principes en nous opposant à ce budget au nom des Canadiens.
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Monsieur le Président, il va sans dire que nous espérons ramener un peu de raison dans ce débat. Je suis ravi d'intervenir à la Chambre pour appuyer le budget de 2008.
Je signale d'entrée de jeu qu'il s'agit de notre troisième budget équilibré. Plus tôt à la Chambre, aujourd'hui, certaines députés ont laissé entendre que les conservateurs ne savent pas comment équilibrer un budget. Je leur réponds que l'actuel a présenté trois budgets équilibrés consécutifs et que nous comptons en présenter bien d'autres dans la même veine.
Évidemment, nous remercions les libéraux d'avoir reconnu la valeur d'un budget équilibré, d'avoir compris que cela sert l'intérêt des Canadiens et de nous appuyer à cet égard. Nous avons hâte d'en finir avec ce débat pour pouvoir passer à des choses vraiment importantes pour les Canadiens.
Le présent budget s'appuie sur le solide bilan de notre gouvernement en matière de gestion financière. Notre approche responsable et prudente a bien servi les Canadiens. De plus, elle nous a permis de prendre une longueur d'avance, alors que d'autres ne font que commencer à réagir.
Nous avons accordé des réductions d'impôts générales et à long terme, tant aux particuliers qu'aux entreprises. Ces mesures sont en place maintenant, précisément au moment où nous en avons besoin. Nous affectons des montants records au remboursement de la dette, nous contrôlons les dépenses et nous faisons l'investissement le plus considérable dans l'infrastructure publique de l'histoire moderne.
Dans le budget de 2008, nous nous sommes appuyés sur cette base solide. Nous offrons aux Canadiens la possibilité d'ouvrir un compte d'épargne libre d'impôt pour les aider à économiser tout au long de leur vie, sans jamais payer d'impôt sur les intérêts provenant de ce compte ou sur les retraits qui y sont effectués.
Nous donnons un soutien additionnel aux entreprises de fabrication et de transformation. Nous améliorons la sécurité de nos collectivités en augmentant la présence policière dans les quartiers. Nous prenons des mesures additionnelles pour protéger l'environnement du Canada et nous aidons un plus grand nombre d'étudiants à exceller. Nous offrons une meilleure protection à nos aînés.
Nous offrons tout cela en tenant la barre d'une main ferme de façon à aborder l'avenir avec confiance.
Comme nous le savons tous, l'année à venir suscite de plus en plus de préoccupations à cause de l'incertitude et de la volatilité de l'économie mondiale. Dans ce contexte, les États-Unis sont confrontés à un ralentissement économique plus important que prévu et on s'interroge sur la durée et les conséquences de la tourmente financière actuelle.
Heureusement, le gouvernement est intervenu de façon décisive par des réductions d'impôt historiques dont les Canadiens profitent à l'heure actuelle. Nous avons pu agir de la sorte parce que notre économie continue d'être vigoureuse. Notre budget n'est pas tout simplement équilibré, il est excédentaire. Le taux de chômage n'a jamais été aussi bas en 33 ans. L'inflation est faible et elle est stable.
Pour toutes ces raisons, nous pouvons nous fier à l'économie canadienne. Cela dit, notre gouvernement tient parole en prenant des initiatives pour assurer la réalisation de notre plan économique à long terme: « Avantage Canada ». Notre plan établit cinq avantages critiques qui formeront des assises d'une prospérité encore plus grande pour les particuliers, les familles et les entreprises du Canada. Nous obtenons des résultats.
Par exemple, nous avons fait des progrès considérables sur le plan de l'avantage fiscal. Nous avons accordé des allégements pour tous les modes de perception d'impôts du gouvernement: l'impôt sur le revenu des particuliers et des entreprises, les taxes d'accise et les taxes à la consommation, tout en réduisant de deux points de pourcentage le taux de la TPS. Notre gouvernement accorde aux Canadiens les réductions d'impôts qu'ils méritent. C'est ce que nous avions promis et c'est ce que nous avons fait.
Si l'on tient compte des 60 milliards de dollars de réductions d'impôts annoncées dans notre énoncé économique de l'automne, les mesures de réduction d'impôts pour la présente année et les cinq prochaines années qui ont été prises par le gouvernement actuel totalisent pratiquement 200 milliards de dollars. Qui plus est, nous réduisons les impôts au niveau le plus bas des 50 dernières années et nous n'arrêterons pas en si bon chemin.
Les impôts vont continuer à diminuer grâce à notre formule d'allégement fiscal garanti, selon laquelle nous garantissons que, à mesure que nous réduisons la dette fédérale, les économies d'intérêts sont remises aux Canadiens sous forme de réductions de l'impôt sur le revenu des particuliers.
Nous réduisons le montant de la dette fédérale de plus de 37 milliards de dollars, y compris 10,2 milliards de dollars pour le présent exercice financier. Ainsi, en 2009-2010, les réductions de l'impôt sur le revenu des particuliers résultant de l'allégement fiscal garanti totaliseront 2 milliards de dollars. Nous nous sommes également engagés à réduire la dette de façon mesurée et constante en cette période d'incertitude économique dans l'ensemble du monde. Le gouvernement actuel ne transférera certainement pas nos enfants ou à nos petits-enfants une dette qui résulte des dépenses excessives de gouvernements antérieurs.
Je suis fier de dire que notre approche financière donne d'excellents résultats. Les réductions d'impôt consenties par le gouvernement actuel laissent plus d'argent aux particuliers, aux familles, aux travailleurs et aux aînés, qui sont libres de le dépenser ou de l'investir comme bon leur semble. Cet argent peut également servir à l'épargne.
Le budget de 2008 s'appuie sur les progrès réalisés à ce jour pour consolider l'avantage fiscal des Canadiens.
Il est souvent difficile d'épargner, surtout pour les Canadiens à revenus faible et modeste. Par le budget de 2008, nous avons voulu faciliter l'épargne grâce au nouveau compte d'épargne libre d'impôt. Ce compte permettra de produire des revenus libres d'impôt toute la vie durant. Le compte d'épargne libre d'impôt permettra de faire fructifier une plus grande quantité d'argent et, comme son nom l'indique, de le faire à l'abri de l'impôt, et cet argent restera libre d'impôt au moment de son retrait. Et il n'y a là ni entourloupettes, ni conditions cachées.
Les Canadiens d'âge adulte pourront verser jusqu'à 5 000 $ dans un compte enregistré en conservant pour les années futures les droits de cotisation non utilisés. L'avantage de ce compte, c'est qu'il permettra aux Canadiens d'épargner pour n'importe quel projet, que ce soit pour faire des rénovations, lancer une petite entreprise ou prendre des vacances spéciales.
Ce qui est plus important, c'est que pour aider les familles à revenu faible ou modeste à épargner, l'avantage retiré ne sera pas récupéré ailleurs. Autrement dit, le revenu provenant du compte d'épargne libre d'impôt, ainsi que les sommes retirées d'un tel compte, n'affecteront pas les prestations fédérales fondées sur le revenu, comme la Prestation fiscale canadienne pour enfants, le crédit de TPS, la Sécurité de la vieillesse ou le Supplément de revenu garanti.
On prévoit que dans les cinq premières années, plus des trois quarts des avantages associés au compte d'épargne libre d'impôt seront retirés par des particuliers dans les deux tranches d'imposition inférieures. Ce sont là des économies libres d'impôt pour les Canadiens. Selon le Globe and Mail, il s'agit là du nouveau meilleur ami des épargnants et des investisseurs.
Le gouvernement n'a pas oublié non plus le vigoureux milieu des affaires du Canada. Nos deux budgets précédents, le plan d'équité fiscale et l'énoncé économique de l'autonome 2007 comprenaient des mesures pour aider nos entreprises à soutenir la concurrence dans l'économie mondiale d'aujourd'hui.
Compte tenu de notre engagement à faire du Canada un endroit de choix pour fonder et développer une entreprise, nous avons présenté l'automne dernier un plan opportun et précis pour ramener le taux de l'impôt fédéral des sociétés à 15 p. 100 d'ici 2012. Cette initiative audacieuse fera du Canada, d'ici 2010, le pays du G7 où le taux d'imposition des nouveaux investissements des entreprises sera le plus bas, et, d'ici 2012, le pays du G7 où le taux de l'impôt prévu par la loi sera le moins élevé.
Dernièrement, nous avons pris des mesures pour aider les travailleurs canadiens et leurs familles en créant la fiducie pour le développement communautaire. Les entreprises de fabrication et de transformation bénéficient maintenant de notre déduction pour amortissement accéléré qui leur permet d'amortir les investissements dans la machinerie et l'équipement sur une période de deux ans. Cette mesure temporaire crée un incitatif pour accélérer l'investissement et fournira une aide de 1,3 milliard de dollars à ce secteur d'ici 2009-2010.
Nous avons aussi augmenté les taux d'amortissement des bâtiments du secteur de la fabrication et d'autres immeubles non résidentiels ainsi que des ordinateurs, pour mieux refléter la durée de vie utile de ces actifs.
Dans le budget de 2008, le gouvernement va encore plus loin. Il accorde trois années supplémentaires pour l'application de la déduction pour amortissement accéléré, afin de favoriser les investissements en équipement pour les fabricants et les transformateurs. Cette initiative représente pour eux une réduction additionnelle de 1 milliard de dollars pendant les 5 prochains exercices financiers.
En outre, elle donnera plus de temps aux entreprises des secteurs de la fabrication et de la transformation pour accélérer leurs investissements de façon à être plus rapidement en mesure de relever les défis économiques de notre époque.
Le budget de 2008 contient également des initiatives qui visent le volet infrastructure de notre plan Avantage Canada, ce qui prouve encore une fois que les engagements à long terme du gouvernement sont durables.
Maintenant qu'ils sont dans l'opposition, je suis persuadé que les députés d'en face conviendront que, pour soutenir nos collectivités et assurer la compétitivité de l'économie canadienne, le Canada doit disposer d'une infrastructure moderne. Pourtant, quand ils formaient le gouvernement, à l'époque, ils ont fermé les yeux sur ce problème pendant 13 ans.
Dans le cadre du plan Chantiers Canada, le gouvernement fait le plus gros investissement fédéral intégré dans l'infrastructure depuis la Seconde Guerre mondiale, à hauteur de 33 milliards de dollars sur 7 ans, dans les routes, les ponts, les réseaux d'aqueduc, le transport en commun et les portes d'entrée du pays.
Un élément essentiel de notre plan Chantiers Canada est le Fonds de la taxe sur l'essence, qui assure un financement direct des infrastructures essentielles des villes, des municipalités et des collectivités canadiennes.
Dans le budget de 2007, le gouvernement a prolongé ce financement jusqu'en 2014. Dans le budget de 2008, il va encore plus loin, en rendant permanent le Fonds de la taxe sur l'essence. Cette initiative représente 2 milliards de dollars par année, à partir de 2009-2010 et en permanence. Voilà de l'argent sur lequel les municipalités peuvent compter et grâce auquel elles peuvent planifier leurs immobilisations à long terme. Nous avons fait exactement ce que les municipalités nous ont demandé.
Gordon Steeves, président de la Fédération canadienne des municipalités et conseiller municipal à Winnipeg, a en effet déclaré ceci:
Le budget de 2008 renferme de bonnes nouvelles pour les villes et les collectivités. La décision de rendre permanent le transfert de la taxe sur l’essence représente un virage majeur en vue de s’attaquer au déséquilibre fiscal municipal et bâtir des villes et des collectivités dynamiques. La décision de rendre permanent le Fonds de la taxe sur l’essence établit une nouvelle norme dans la façon dont le gouvernement du Canada appuie les villes et les collectivités.
Le budget de 2008 porte principalement sur l'investissement, l'investissement dans nos gens et dans notre avenir. Nous devons commencer par voir à ce que les générations à venir aient la chance de développer leurs capacités au maximum, et cela inclut les Autochtones. Notre gouvernement a fait de grands progrès au niveau de l'aide apportée aux peuples autochtones.
Le budget de 2008 appuie cette démarche dans plusieurs secteurs et prévoit des mesures qui favoriseront de nouvelles initiatives de développement économique dans les domaines de la santé et de l'éducation pour les membres des Premières nations et les Inuits, un financement pour la mise sur pied de modèles de services à l'enfance et à la famille axés sur la prévention dans les réserves et un meilleur accès à l'eau potable dans les collectivités des Premières nations.
Dans l'économie actuelle qui est de plus en plus basée sur le savoir, le Canada doit pouvoir compter sur une main-d'oeuvre hautement qualifiée. À cette fin, le budget de 2008 investit dans un nouveau programme consolidé de subventions aux étudiants qui poursuivent des études postsecondaires. Ce programme intégrera les subventions actuelles et offrira un meilleur appui à davantage d’étudiants, et ce, pendant un plus grand nombre d’années d’études.
Notre gouvernement accordera 350 millions de dollars à ce nouveau programme canadien de subventions aux étudiants en 2009-2010. Ce montant passera à 400 millions en 2010-2011, et les montants versés continueront d'augmenter par la suite. Ce programme devrait venir en aide à quelque 245 000 étudiants et toucher plus de 100 000 familles à faible et à moyen revenu, ce qui est une amélioration par rapport au système actuel.
C'est un important investissement dans notre avenir. Le budget de 2008 crée 500 nouvelles bourses d'études doctorales dans le cadre du Programme de bourses d'études supérieures du Canada.
Ces bourses d'études, nommées en l’honneur de l’ancien gouverneur général Georges P. Vanier, aideront à former et à attirer la prochaine génération de chercheurs de calibre mondial en fournissant 100 millions de dollars sur cinq ans, à compter de 2008-2009, pour attirer les meilleurs étudiants du niveau doctoral, d'ici et d'ailleurs, et les inciter à poursuivre leurs études au Canada. La Fédération canadienne des étudiants a applaudi le budget et affirmé ceci: « Le gouvernement a posé un geste positif pour améliorer l’accès à l’éducation postsecondaire. »
Bien entendu, il est important d'appuyer et d'encourager nos étudiants les plus brillants. Toutefois, un des plus grands défis du Canada d'aujourd'hui est la pénurie de travailleurs qualifiés, conjuguée au vieillissement de la population. Cela signifie que nous devrons regarder au-delà de nos frontières pour trouver la main-d'oeuvre nécessaire pour nous assurer un avenir meilleur.
Le budget de 2008 fait en sorte que notre système d'immigration réponde mieux à ce besoin. Le nouveau financement s'ajoutera aux programmes existants en modernisant et en accélérant le système d'immigration, afin que nous puissions accueillir les personnes qui répondent le mieux aux besoins de notre marché du travail. Les gens sont certainement notre ressource la plus importante.
La société canadienne est reconnue comme ayant de la compassion. Nous devons nous occuper les uns des autres. Pour sa part, le gouvernement a pris des mesures pour aider ceux qui en ont le plus besoin. Le budget de 2007 comprenait la prestation fiscale pour le revenu gagné, dont le but était d'aider les Canadiens à s'affranchir de l'aide sociale, de même que le régime enregistré d'épargne-invalidité, qui visait à aider les parents à épargner en vue d'assurer la sécurité financière à long terme de leurs enfants handicapés.
Le budget de 2008 accroît l'aide accordée aux Canadiens les plus vulnérables. À cette fin, il accorde une somme de 110 millions de dollars à la Commission canadienne de la santé mentale. Cette somme aidera à la réalisation de projets pilotes sur le logement et les services complémentaires de soutien communautaire. Cette initiative nous aidera également à reconnaître les besoins des sans-abri vivant avec une maladie mentale et à prendre les mesures nécessaires pour y répondre.
La préservation et la protection de notre environnement font sans contredit partie des principales préoccupations des Canadiens à l'heure actuelle. Les Canadiens s'attendent à ce que le gouvernement prenne des mesures afin de réduire les émissions dangereuses, d'assurer l'approvisionnement en eau potable et de lutter contre les pollueurs. Et c'est ce que nous avons fait. Depuis qu'il est arrivé au pouvoir, notre gouvernement a fait d'importants investissements pour appuyer l'utilisation de sources d'énergie moins polluantes et de moyens de transport propres et pour mettre au point des technologies vertes.
Dans le budget de 2008, nous prenons de nouvelles mesures pour respecter nos engagements à l'égard d'un environnement plus propre et plus sain. Par exemple, le budget de 2008 accorde 250 millions de dollars pour des projets de captage et de stockage du carbone. De plus, notre gouvernement octroie 66 millions de dollars sur deux ans pour jeter les bases de mécanismes axés sur le marché qui aideront à fixer le prix du carbone et à mettre au point l'échange de droits d'émission de carbone au Canada.
Le budget de cette année prévoit également une somme de 13 millions de dollars sur deux ans pour accélérer la disponibilité de carburants moins polluants et renouvelables pour les automobiles et les camions.
Il élargit également les incitatifs fiscaux pour la production d'énergie propre.
À quoi peuvent bien servir les lois environnementales si nous ne pouvons les mettre en vigueur? Dans cette optique, le budget prévoit également une somme de 21 millions de dollars sur deux ans pour améliorer l'application de ces lois. Cette mesure démontre l'engagement de notre gouvernement à laisser les belles paroles de côté et à agir pour protéger l'environnement. Notre gouvernement a l'habitude de prendre des mesures efficaces et d'obtenir des résultats. Pour ce faire, nous devons pouvoir compter sur un leadership fort, ne pas avoir peur d'assumer nos responsabilités, prendre les décisions qui s'imposent et établir nos priorités.
Notre gouvernement est bien décidé à protéger les fondements économiques et financiers solides du Canada afin d'empêcher le retour aux déficits. Comme toute famille normale, nous voulons nous assurer que nous vivons selon nos moyens. C'est exactement ce que nous avons fait dans le budget de 2008. C'est un budget réfléchi et responsable. C'est un budget qui est bon pour le Canada et pour les Canadiens.
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Monsieur le Président, je remercie le de son discours captivant, tout en espérant qu'il ne lui a pas coûté trop cher.
Je partagerai mon temps de parole avec le député de . Il ne me reste que quelques minutes, je suppose donc que je verrai tous les députés demain matin.
Nous avons tous remarqué que le a sillonné le pays au cours des trois ou quatre derniers mois, disant aux Canadiens que les coffres étaient vides, que nous n'avions plus le sou et leur disant de ne pas avoir d'attentes trop élevées par rapport au budget. Comme nous l'avons constaté hier, il a été cohérent. Les attentes étaient très peu élevées et il a certes répondu à ces attentes peu élevées.
Fait intéressant, dans son éditorial, ce matin, le Globe and Mail reprend l'expression du et parle de « coffres vides ». En fait, on y dit qu'après avoir vidé lui-même les coffres, le ministre des Finances n'a plus un sou pour quoi que ce soit. Voilà donc ce qui explique ce budget plutôt pathétique.
Le plus triste, c'est que le gouvernement conservateur disposait d'un excédent lorsqu'il a pris le pouvoir. Il a commencé son règne après 13 années de saine gestion financière. Le Canada était alors une des économies les plus prospères du G7.
Et ce n'est pas tout, il disposait d'une marge de manoeuvre excédentaire de près de 100 milliards de dollars sur un horizon de cinq ans, soit de 2005 à 2010. Qu'en sera-t-il en 2010? À la page 26 du budget du gouvernement, on peut lire que l'excédent ne sera que de 1,3 milliard de dollars. Même Paris Hilton ne pourrait pas dépenser autant d'argent aussi rapidement. Ces comparses sont dans une ligue à part. Si Paris Hilton suit le débat, elle se demande assurément comment ils ont pu réussir un tel exploit.
J'attire l'attention des députés sur la page 26, la seule page du budget que nous ayons besoin de lire. Le reste du budget est un document biaisé de 447 pages. Voyons voir le budget des conservateurs. Ils augmentent leurs revenus de 16 milliards de dollars sur une période de quatre ans. Ils augmentent leurs dépenses de 30 milliards de dollars sur la même période.
Je ne sais trop comment les autres députés font leur budget mais, chez moi, et j'ose croire qu'il en va de même pour pratiquement tous mes collègues, les dépenses ne peuvent excéder les revenus. Un ménage ne peut fonctionner autrement, ni une entreprise. Un gouvernement ne peut donc certainement pas fonctionner d'une autre manière. Voilà qui reflète de façon évidente bien l'incompétence du ministre.
Je ne voudrais pas déranger le , dans sa lecture du magazine Frank, sa principale source d'information la plupart du temps, mais même lui est en mesure de comprendre qu'on ne peut dépenser plus qu'on ne gagne. C'est fort simple.
Pour l'exercice financier visé par le budget de cette année, soit l'exercice financier 2008-2009, le gouvernement fait état d'une réduction de recettes d'environ 2,5 milliards de dollars. Or, pour la même année, les dépenses du gouvernement augmentent de 7 milliards de dollars, de sorte que le pays se trouve dangereusement proche du déficit.
Le gouvernement a jeté par-dessus bord l'idée d'une réserve de prudence. Lorsque le gouvernement libéral présentait des budgets, une réserve pour éventualités d'au moins 3 milliards de dollars était prévue et il arrivait souvent que le budget comporte un autre coussin pouvant aller de 1 à 3 milliards de dollars pour les imprévus. Qui aurait pu prévoir, par exemple, l'épidémie de SRAS, ou encore la crise du peso?
Il est clair que ce budget a été rédigé par une main incompétente. Nous sommes très proches d'une récession. Il y en a certainement une aux États-Unis. Le gouvernement a lui-même réduit ses prévisions de croissance du PIB de 25 p. 100 au cours des trois derniers mois. Nous sommes donc proches de la croissance zéro.
Et si le se donnait la peine de prendre connaissance de son propre budget, il se rendrait compte qu'il est au nombre des ministres qui ont été laissés pour compte. C'est tout juste si le mot « environnement » figure au budget.
Voilà donc 16 milliards de dollars qui filent on ne sait trop où. Cette façon de faire devient insoutenable. Traditionnellement, on a eu l'habitude de prévoir des coussins par mesure de prudence mais le gouvernement actuel et ses députés, tout particulièrement, ne semblent pas comprendre cette notion de prudence. Ils ne semblent pas comprendre que nos dépenses ne doivent pas dépasser nos recettes. Il est plutôt cocasse de les voir jubiler de leur propre imprudence...