:
Merci beaucoup, madame la présidente.
[Traduction]
Bonjour honorables députés, membres du comité permanent.
Ceci est probablement la dernière occasion de discuter ensemble de la préparation des Jeux olympiques et paralympiques d'hiver de 2010 à Vancouver, sur le plan du respect de la dualité linguistique canadienne. J'estime que les mesures qui restent à prendre doivent faire l'objet d'une attention immédiate.
J'en profite pour souligner l'incidence du travail accompli par le comité dans ce dossier. J'aimerais remercier tous les députés pour le travail qu'ils ont fait. Il a été très important et je vous en remercie.
La tâche est d'une grande importance, tant en matière de respect des droits linguistiques de la population canadienne que de l'image du pays sur la scène internationale. Il ne reste que 66 jours, un peu plus de deux mois, avant la cérémonie d'ouverture, et l'organisation olympique s'affère aux derniers préparatifs. Le relais du flambeau a débuté, le comité d'organisation des Jeux olympiques et paralympiques d'hiver de 2010 à Vancouver a pris possession du village des athlètes, et le programme souvenir officiel de Vancouver 2010 a été imprimé et mis en vente.
[Français]
Je constate que certaines des recommandations contenues dans le rapport de suivi que j'ai présenté au mois de septembre dernier ont été prises en considération par les organisations visées. Le COVAN, Patrimoine canadien et d'autres institutions fédérales ont déjà posé des gestes pour lesquels il y a lieu de se réjouir.
Toutefois, je m'attends maintenant à ce que ces initiatives produisent des résultats concrets pour les athlètes, les médias et les visiteurs qui se rendront aux Jeux. Un montant additionnel de 7,7 millions de dollars offert par le gouvernement canadien devrait permettre de résoudre les enjeux quant à la traduction, la signalisation pour les sites olympiques, l'affichage permanent et les cérémonies de remise des médailles. M. Jacques Gauthier, le représentant du gouvernement fédéral au conseil d'administration du COVAN, a d'ailleurs qualifié cet octroi de « très satisfaisant ».
Je suis soulagé d'apprendre qu'un protocole d'entente vient d'être signé entre le COVAN et le Bureau de la traduction. Depuis des semaines, on disait qu'il était sur le point d'être signé. Or ça s'est fait hier soir. J'espérais que le travail puisse commencer le plus rapidement possible.
D'après les informations émises hier par Travaux publics et Services gouvernementaux Canada, des ressources importantes seront consacrées par le Bureau de la traduction en appui aux Jeux. Le COVAN nous a signalé que les problèmes liés à la transmission intégrale des propos des athlètes francophones par l'entremise du système Info 2010 seront réglés. Les modèles de signalisation temporaire semblent adéquats pour bien orienter les athlètes et les visiteurs, et ce, dans les deux langues officielles du Canada et des Jeux. Encore faut-il que la signalisation soit répartie judicieusement afin de bien orienter les visiteurs, sans égard aux limites des compétences, tant municipales que provinciale.
Dans mon rapport de suivi publié au mois de septembre dernier, une recommandation visait spécifiquement le déploiement de bénévoles bilingues. On m'assure que le plan de déploiement des bénévoles prévoit un usage efficace des quelque 3 500 personnes qui seront affectées à des postes bilingues. On m'assure que ce plan prévoit aussi un accès rapide à des personnes parlant le français et l'anglais dans des situations d'urgence ou d'imprévus. Malheureusement, nous n'avons eu l'occasion ni de voir ni de commenter ce plan. Nous devrons donc, comme pour bien d'autres questions entourant les Jeux, évaluer le COVAN et Patrimoine canadien en fonction des résultats qui auront été obtenus lors des célébrations olympiques elles-mêmes.
Je connais votre grand intérêt pour la signalisation principale de l'Anneau olympique de Richmond, qui est devenu un symbole des difficultés entre le COVAN et ses partenaires municipaux. On m'indique que la question n'est plus de savoir si le nom apparaîtra sur le bâtiment dans les deux langues, mais bien comment on compte s'y prendre. Là encore, nous ne pourrons nous réjouir que lorsque les mots « Anneau olympique de Richmond » apparaîtront sur la façade, aux côtés de Richmond Olympic Oval.
[Traduction]
Il ne faut pas oublier que la barre est haute, puisque le français et l'anglais sont les langues officielles du mouvement olympique et de notre pays. Je suis heureux de constater que le COVAN en a pleinement conscience. Lorsqu'il a comparu devant ce comité il y a un an et demi, soit le 29 avril 2008, John Furlong vous a dit que le COVAN avait dépassé de loin ses obligations prévues dans l'entente multipartite. Il a mentionné la volonté du COVAN de, et je cite, « profiter de l'occasion... pour mettre en valeur la dualité linguistique particulière du Canada de la façon la plus grandiose possible, tout particulièrement lorsque le monde entier aura le regard tourné vers nous ». M. Furlong ajoutait que le COVAN n'éprouverait « aucune difficulté à respecter ses obligations en matière de signalisation. Toute la signalisation sera bilingue. D'ailleurs, elle l'est déjà. »
Il affirmait également que l'aéroport international de Vancouver occupait une place critique pour les jeux et décrivit l'expérience qu'auraient les visiteurs aux jeux.
Lorsque vous atterrirez à l'aéroport international de Vancouver, vous vous retrouverez dans une installation olympique. Vous aurez l'impression d'être au coeur des Jeux olympiques. Vous serez accueillis par une signalisation bilingue, par des annonces dans les deux langues. Il y aura des bénévoles et des employés qui parleront couramment les deux langues. Les gens comprendront qu'ils sont au Canada, où la dualité linguistique est présente.
Je n'aurais su mieux exprimer mes désirs pour les Jeux olympiques et pour l'aéroport international de Vancouver. M. Furlong a énoncé les standards selon lesquels les jeux seront évalués.
La campagne de promotion du bilinguisme du COVAN de cet automne indique clairement aux membres du public qu'ils peuvent s'attendre à recevoir le service dans les deux langues officielles tout au long des célébrations. Selon le COVAN, le public pourra aussi s'attendre à des célébrations qui prennent en compte la dualité linguistique canadienne. Je m'attends à ce que le COVAN respecte intégralement ses engagements et qu'il mette en oeuvre ses obligations.
Cependant, les lacunes observées dans la portion visible des préparatifs, comme l'arrivée du flambeau au Canada, fait que je demeure sceptique à savoir si l'ensemble de l'organisation olympique a développé le réflexe de la dualité linguistique. Avec le peu de jours qui restent avant les jeux, peut-on présumer qu'elle y arrivera? À défaut d'avoir pleinement intégré la dualité linguistique dans chacune des activités et de planification, le COVAN et ses partenaires devront exercer une vigilance accrue pour assurer un service de qualité pour les athlètes, leurs accompagnateurs et le grand public.
[Français]
Au-delà de l'organisation des Jeux, les visiteurs qui afflueront à Vancouver recevront des services de plusieurs institutions fédérales. La qualité de leur expérience dépendra en grande partie des échanges avec les fonctionnaires fédéraux, leurs contractuels et leurs partenaires. Plusieurs institutions fédérales reconnaissent qu'elles ne disposent pas du personnel nécessaire sur place pour offrir un service de qualité dans les deux langues officielles. Certaines d'entre elles ont pris des mesures pour déplacer du personnel bilingue à leurs points de service, comme je l'ai mentionné dans mon rapport. D'autres institutions n'ont pas fait preuve du même niveau d'engagement. Les membres de mon personnel les incitent à faire preuve de créativité pour optimiser les ressources dont elles disposent.
Il faut souligner que les obligations linguistiques des aéroports et de leurs concessionnaires ne datent pas d'hier. Si les autorités aéroportuaires avaient donné à ce problème toute l'attention qu'il mérite, elles se trouveraient aujourd'hui probablement en meilleure position pour faire face à ce besoin accru de services dans les deux langues officielles.
Cela dit, plusieurs des rencontres de coordination que j'ai recommandées ont eu lieu. L'administration aéroportuaire de Vancouver et les institutions qui travaillent au sein de l'aéroport se sont rencontrées au mois d'octobre, pour partager entre elles leurs besoins et de meilleures pratiques. On nous dit que certaines mesures seront mises en place et j'espère voir les résultats de cette collaboration lors des Jeux.
[Traduction]
Les administrations aéroportuaires de Vancouver et de Toronto ont rappelé à leurs concessionnaires qu'ils doivent offrir aux voyageurs des services en français comme en anglais. L'aéroport Pearson à Toronto a invité mon bureau à rencontrer le Retail Tenants Association afin de renforcer l'importance d'offrir des services dans les deux langues officielles, et j'ai également rencontré le président directeur général de l'autorité aéroportuaire du Grand Toronto, M. Lloyd McCoomb, tout récemment.
Cependant, comme je l'ai dit précédemment, seuls les résultats sur le terrain nous permettront d'évaluer le travail de ces institutions, et je me préoccupe des résultats qu'elles obtiendront les jeux venus.
Plusieurs institutions soulignent qu'elles offrent de la formation linguistique à leur personnel ou encore s'inspirent des bonnes pratiques d'autres institutions pour créer leur propre matériel de formation. Je note également que bon nombre d'institutions ont mis en place des ateliers ou de la formation sur l'offre active. À cet effet, Air Canada prévoit utiliser une vidéo sur l'offre active en janvier 2010 pour former ses employés sur l'importance d'accueillir le public dans les deux langues officielles comme l'a fait Parcs Canada.
Je constate aussi qu'une collaboration entre les institutions est amorcée et que des contacts réguliers ont lieu entre elles. Ces échanges doivent se poursuivre et cette synergie doit se traduire en résultats concrets pour la population canadienne lors des jeux.
[Français]
J'espère que les différentes institutions fédérales qui ont un rôle à jouer dans la tenue de cet événement poursuivront leurs efforts visant à offrir un meilleur service bilingue, et ce, bien après que le dernier athlète des Jeux aura quitté le pays. Offrir au public canadien et aux visiteurs un service dans les deux langues officielles restera tout aussi important après les Jeux olympiques.
En conclusion, je tiens à préciser une dernière chose. Les Jeux olympiques et paralympiques d'hiver de 2010 à Vancouver sont les Jeux de tous les Canadiens, et il est essentiel que ces Jeux reflètent les valeurs canadiennes, dont fait partie la dualité linguistique. Je suis heureux de constater qu'il y a des progrès, mais je suis toujours inquiet que certains éléments clés ne soient pas en place. Les différents acteurs doivent agir maintenant et rapidement pour le dernier sprint.
Je vous remercie. Je serai heureux de répondre à vos questions.
:
Merci, madame la présidente.
Bonjour, monsieur Fraser, et bonjour à votre équipe.
En fait, on souhaite que ce ne soient pas seulement le Québec et l'Afrique qui soulignent cela, car n'oublions pas que les Acadiens étaient les premiers au Canada. Je rappellerai toujours qu'on a fêté le 400e quatre ans avant les autres.
C'était décevant d'entendre ce que vous avez dit à propos de la GRC, mais cela ne m'étonne pas. Au Nouveau-Brunswick, quand on a voulu obtenir de la GRC le service bilingue, on a dû avoir recours aux tribunaux. Et de nombreuses années de bataille ont été nécessaires pour la forcer à respecter la Loi sur les langues officielles. Aussi, je ne suis nullement étonné qu'elle soit la dernière à s'y conformer. J'ajouterais même qu'elle ne s'y est pas encore conformée en deçà des délais que vous lui aviez imposés. Je ne vous poserai pas de question à cet égard, car vous en avez déjà parlé. Néanmoins, je vous fais part de mes commentaires et de mon opinion. Cela ne me surprend pas du tout. C'est regrettable qu'une institution fédérale qui se doit de faire respecter la justice et la loi soit celle qui viole le plus la Loi sur les langues officielles. C'est très regrettable.
Beaucoup de questions ont été posées sur l'aéroport de Vancouver. On a beaucoup parlé des bénévoles. J'ai déjà dit que les Jeux olympiques étaient les Jeux olympiques et qu'avant de faire valoir notre bilinguisme auprès des autres pays, il faut respecter la langue ici, au Canada. Ne craignez-vous pas, malgré tous ces bénévoles, qu'après les Jeux olympiques cela s'envole, qu'il n'y ait plus de bilinguisme et qu'on retourne à la case départ?
:
Merci, madame la présidente.
Je vous remercie d'être avec nous.
Un peu plus tôt, monsieur le commissaire, vous avez dit être toujours inquiet. Je vous avouerai que j'espère que c'est le cas, parce que je suis plus qu'inquiet.
Aujourd'hui, vous nous dites que l'Agence des services frontaliers du Canada et l'Agence de la santé publique du Canada, par exemple, ne prennent même pas la peine de vous répondre directement, de façon formelle. C'est à se poser de sérieuses questions. On vit quand même dans une réalité. Ne parlons pas juste de francophonie.
En ce qui trait à la santé, on a certaines réalités. On n'est même pas capable de répondre formellement à une question visant à s'assurer que le service sera offert en français. Pourtant, on vit toutes sortes de situations dans le monde, des fois on tousse. C'est la démonstration d'un danger à l'heure actuelle. Le danger peut être que certains citoyens ne pourront même pas se faire répondre dans leur langue.
La GRC demande une prolongation. Je me demande de quoi elle a besoin. En réalité, on peut voir que la GRC réagit après les faits. On dirait qu'être proactif devient un peu compliqué. On a vu certains exemples hier, au Parlement. Aujourd'hui, vous nous dites qu'elle demande une prolongation pour vous dire quelles seront ses façons de faire pour assurer le bilinguisme dans le cadre de son travail.
Si vous vous souvenez, il n'y a pas longtemps, je vous ai mentionné que j'avais l'impression que l'on devra beaucoup se plaindre après les Jeux olympiques, parce que des gens n'auront pas pris au sérieux le travail qu'on leur a demandé d'accomplir. Je prends l'exemple d'Ottawa. Des gens transiteront par Ottawa pour s'en aller à Vancouver. Le directeur de l'aéroport semblait dire que peu de gens allaient passer par Ottawa pour aller à Vancouver, mais je suis convaincu que des gens passeront par Ottawa.
Je suis sûr que vous avez lu les documents. En ce qui a trait aux concessionnaires, c'est tellement compliqué. La vente au détail d'aujourd'hui, le roulement de personnel et le bilinguisme, tout ça, c'est compliqué. On ne peut pratiquement pas établir d'objectifs. On a des obligations, mais, en partant, on essaie de donner les raisons pour lesquelles on ne peut pas le faire. En fin de compte, on essaie de justifier pourquoi les autres ne peuvent pas faire leur travail. Le vrai leadership devrait être de dire que vous devez faire votre travail.
À l'aéroport de Vancouver, comme mon collègue Rodriguez l'a mentionné un peu plus tôt, on parle de bilinguisme depuis quelques décennies, mais encore faut-il trouver des résultats officiels. Nous sommes à 11 ou 12 semaines des Jeux. Je ne peux pas m'imaginer qu'on est en train de régler un problème d'une ou deux décennies en quelques semaines et que tout sera beau et rose à l'aéroport de Vancouver.
Monsieur le commissaire, c'est plaisant de vous faire venir. On aurait peut-être dû vous faire venir tous les jours. Il y aurait peut-être eu des résultats tous les jours chez les organisateurs. On verra. Si on vous faisait venir demain, la GRC vous répondrait peut-être officiellement. C'est déplorable. Comme je vous dis, j'ai vraiment l'impression qu'on sera obligé de se plaindre, mais les Jeux seront passés.
Il est vrai, il y a eu des résultats quand on a fait comparaître des gens. Cependant, cela devrait-il être notre travail de faire comparaître des gens pour obtenir des résultats? Il serait bien mieux de faire comparaître des gens pour qu'ils nous disent combien les choses vont mieux. On est toujours en train de faire venir des gens devant le Comité permanent des langues officielles pour parler des Jeux olympiques ou d'autre chose, mais c'est pour leur expliquer qu'ils devraient faire leur travail sur le plan des langues officielles. Les langues officielles, c'est autant pour les anglophones au Québec que pour les francophones à l'extérieur du Québec.
Je ne sais pas si vous avez un commentaire par rapport à cela. Ma crainte est encore plus grande, surtout en pensant aux résultats futurs pour l'aéroport de Vancouver. On sera obligés de se rasseoir autour de la table, au mois de mars, et de dire que cela n'a pas bien été. J'aimerais mieux entendre le contraire, mais j'ai tellement peur de cela, aujourd'hui, plus que jamais.
:
Monsieur Fraser, malgré toute l'admiration que j'ai pour vous, je trouve que vous charriez un peu. En fait, je dois vous dire que si je me faisais fouiller par les représentants de l'ACSTA, ça ne me dirait rien qui vaille qu'on le fasse selon un menu numéroté de 1 à 100.
Des voix: Ah, ah!
Mme Monique Guay: On a rencontré les représentants de l'ACSTA, ceux de la GRC, les responsables des aéroports, et tous nous ont laissé avec la même inquiétude: ils ne seront pas prêts et ils ne prennent pas vraiment cela au sérieux. Voilà ce qui est inquiétant.
Je suis aussi très inquiète, car les responsables de l'aéroport d'Ottawa ne disposent que d'une personne qui peut offrir les services en français. Or je sais que des gens vont venir visiter la capitale nationale, ils vont vouloir visiter le Parlement pendant leur séjour au Canada parce que ce sera peut-être la seule fois qu'ils viendront ici. Il va y avoir du monde, il va y en avoir de partout. Il faut donc qu'il y ait des services en français partout. Il faut qu'il y ait cette possibilité. Il ne faut pas faire attendre les gens. Si seulement une personne est habilité à faire la fouille lorsqu'un avion d'Air France va arriver avec 300 passagers, elle va faire une dépression nerveuse avant même d'avoir fini. Cela n'a pas de bon sens. Il faudrait que ces services soient disponibles, et je vous répète qu'ils ne le seront pas parce qu'on nous l'a dit, et c'est inquiétant.
En ce qui concerne la Ville de Richmond, c'est aussi inquiétant. On voit qu'il n'y a vraiment pas de volonté, ne serait-ce que pour mettre trois lettres en français en ce qui concerne l'anneau. Ce n'est même pas encore fait, et nous sommes à 12 semaines des Jeux olympiques. On rit de nous. Comment va-t-on accueillir les francophones qui vont arriver dans cette ville? C'est très inquiétant, monsieur Fraser, surtout qu'on n'est même pas prêt à mettre trois lettres en français en ce qui concerne l'anneau parce qu'on ne veut pas payer pour cela. J'ai de grandes inquiétudes en ce sens.
J'ai une autre question pour vous. On n'a pas beaucoup de temps. Vous dites ceci:
D'autres institutions n'ont pas fait preuve du même niveau d'engagement. Les membres de mon personnel les incitent à faire preuve de créativité pour optimiser les ressources dont ils disposent.
De quelles institutions parlez-vous? J'aimerais que vous nous nommiez chacune d'entre elles, afin que nous aussi puissions faire des pressions sur elles. Car on n'a plus de temps, c'est la fin.
Ce qui m'inquiète, c'est que le Canada soit la risée des Jeux olympiques. C'est justement ce qui risque de nous arriver, ce qui ne serait pas tellement joli pour nous.
:
Merci, madame la présidente.
Merci, monsieur Fraser.
[Traduction]
Je crois que le problème fondamental auquel nous faisons face, c'est tout simplement que les jeux auront lieu dans une province où il n'y a que 7,3 p. 100 de la population qui est francophone ou qui parle français. C'est évidemment un facteur qui contribue grandement, sinon entièrement, au problème du COVAN.
Dans le mémoire qu'elle vous a transmis et que vous avez résumé, l'administration aéroportuaire de Vancouver note que:
En tant qu'organisation locale dans une province où seulement 7,3 de la population parle le français et l'anglais, le bassin de francophones dont peut profiter l'administration aéroportuaire de Vancouver est limité.
Il s'agit clairement de la cause fondamentale, et je crois que cela démontre encore une fois que notre système d'éducation ne produit pas les diplômés ou la main-d'oeuvre nécessaire non seulement pour les institutions fédérales mais aussi pour des événements tels que le COVAN 2010.
Je sais, d'après des études, que la deuxième langue la plus parlée en Colombie-Britannique est le chinois. Il est également important de souligner, avant de blâmer les nouveaux arrivants au Canada de ne pas parler la deuxième officielle, qu'un article récent a dit que dans le Lower Mainland de Vancouver, ce sont les Canadiens d'origine chinoise, les immigrants chinois, qui permettent au français de survivre. Il y avait une entrevue avec Erica Tao, la présidente de l'Alliance française de Vancouver. Elle indiquait que 80 p. 100 des étudiants qui s'inscrivent à des cours de l'Alliance française sont des Canadiens d'origine chinoise, ce qui dépasse largement leur proportion de la population.
De toute évidence, le Canada se transforme rapidement. Il est intéressant de souligner que les nouveaux arrivants apprennent le français comme deuxième langue plus rapidement que ceux qui sont installés ici depuis un certain temps. Cela souligne, encore une fois, que notre système d'éducation ne produit pas les diplômés dont nous avons besoin. En effet, si les étudiants doivent apprendre le français auprès de l'Alliance française, cela signifie que le système public d'éducation ne répond pas à ce besoin.
J'aimerais vous poser une question générale. Qu'est-ce que notre gouvernement peut faire pendant le peu de temps qu'il reste avant le début des jeux? Nous devons maintenant traiter les symptômes plutôt que le problème sous-jacent, c'est-à-dire le manque de francophones et de personnes bilingues en Colombie-Britannique. Dans le peu de temps qu'il reste, peut-être pouvons mieux régler quelques symptômes que vous avez nommés dans votre rapport. Que pouvons-nous faire?
Le comité sénatorial a recommandé que le Bureau du Conseil privé intervienne pour faire en sorte que les jeux soient complètement bilingues. Qu'est-ce que le gouvernement peut faire de plus pour faire en sorte que ces jeux soient bel et bien complètement bilingues?
:
Merci, madame la présidente.
Mme Guay dit qu'elle ne veut pas faire l'objet d'une fouille, selon un menu numéroté de 1 à 100. Air Canada a même essayé de mettre des photos dans le menu. À la fin du mois d'octobre, j'ai montré quelle assiette je voulais, et l'agente de bord m'a répondu quand même « I don't speak French ». C'est bien beau des chiffres, mais quand on a une image, cela devrait suffire, puisqu'on dit qu'une image vaut 1 000 mots. Mon sandwich était là, je disais que c'était celui-là que je voulais, et elle ne comprenait toujours pas. Je dis que c'est un manque de volonté. On peut avoir toutes les excuses du monde.
Mme Marie-France Kenny, qui est la présidente de la FCFA, nous a mentionné que l'organisation reconnaît que la loi a 40 ans, mais on n'est pas encore très habitué. On n'est pas encore rendu là où on devrait être. Il y a un manque de respect envers les langues officielles. Cependant, on peut trouver toutes les excuses du monde. Par exemple, on peut prétendre qu'on n'a pas de personnel bilingue. Mais quand les représentants de l'aéroport de Vancouver viennent nous dire que leur site Web n'est pas traduit, il n'y en a plus d'excuses. Pour Toronto, c'est la même chose, mais en guise d'excuse, on nous dit que c'est aussi mauvais en anglais qu'en français. C'était une autre excuse encore plus grosse pour se défendre. Les gens qui viendront au Canada et qui voudront consulter le site Web, ce que les gens font maintenant, verront qu'à l'aéroport de Toronto, il n'y a pas de services en français.
J'aimerais savoir ce que vous en pensez et ce que vous ferez. Ce n'est plus seulement à court terme, pour les Jeux olympiques, c'est aussi à long terme. S'ils violent la loi, c'est parce que le gouvernement a toléré qu'ils le fassent pendant toutes ces années. Ce n'est pas seulement au commissaire aux langues officielles de faire son travail, le gouvernement a aussi des responsabilités. On adopte des lois qui devraient être respectées.
Quand on regarde les affiches en Colombie-Britannique, et qu'on consulte Tourism B.C., qui a six sites Web, on constate que le français n'est pas là. On n'a pas fini, on n'est pas sorti du bois.
Madame la présidente, je suggérerais qu'au mois de janvier, aussitôt que possible, on convoque la GRC au Comité permanent des langues officielles. S'il y a un organisme qui n'a pas comparu, c'est bien la GRC. C'est décevant, cela me déçoit.
J'aimerais vous entendre sur les quelques commentaires que j'ai faits, monsieur le commissaire.
:
Merci, madame la présidente.
Bonjour, monsieur Fraser et bonjour à votre équipe.
Dans votre allocution, à la page 5, à la dernière ligne — qui est je pense la plus importante parce qu'il s'agit du résumé de votre pensée, je suppose —, vous dites ceci: « [...] je reste inquiet devant l'incertitude que certains éléments clés soient en place ».
Le mot « clés », est celui que vous choisissez. En français, il s'utilise pour parler de choses vraiment importantes. Vous êtes alarmiste et pessimiste, et je vous comprends.
Vous dites aussi, à la page 2 de votre allocution: « Là encore, nous ne pourrons nous réjouir que lorsque “Anneau olympique de Richmond“ apparaîtra aux côtés de Richmond Olympic Oval sur la façade. »
Je suis vraiment surpris et je vais vous dire pourquoi. Si on se réfère aux événements survenus ici hier, vous n'avez qu'à appeler les représentants de Greenpeace et ils vont vous installer un panneau en français en moins d'une heure. Je ne comprends donc pas qu'après trois mois, il y ait autant de résistance. Ils n'y a qu'à appeler Greenpeace et on va avoir tous les panneaux au complet. C'est de l'ironie, mais vous comprenez que je suis choqué parce que je ne comprends pas. Foncièrement, comme francophone et membre du parti au pouvoir, je ne comprends pas. Je suis même très déçu, vraiment déçu.
Il y a un autre aspect que vous avez soulevé, qui ne paraît pas dans votre document mais qui semble vous inquiéter. La GRC ne répond pas. Cela m'inquiète beaucoup plus. Hier, on a vu que les policiers de la GRC ne répondent ni en français, ni en anglais, ils sont absents, point à la ligne. Je pense qu'en ce qui concerne la question du français et de l'anglais, cela démontre qu'un problème existe au sein de ce corps policier. Comme secrétaire parlementaire du ministre de la Justice qui suit ce dossier de très près, je peux vous dire que de l'argent y a été consacré, et beaucoup.
Aujourd'hui, je ne comprends pas. Je comprends votre inquiétude et je la partage. C'est important. Cela dit, il reste à peine 66 jours avant le début des Jeux. Vous avez entendu le genre de questions que l'on se pose comme parlementaires. Je sais ce qui va se passer au mois de mars. Je vais prendre des vacances pour ne pas avoir à entendre les questions tellement la situation va être terrible. La loi a 40 ans, cela fait quatre ans que les conservateurs sont au pouvoir, alors pendant 36 ans cette loi n'a jamais été appliquée. Elle est difficile à appliquer. Grâce à des personnes comme vous et M. Goldbloom, on arrive à l'appliquer un peu.
En ce qui concerne le ministre Moore — ce n'est pas parce que c'est un conservateur —, il a fréquenté les écoles d'immersion, il parle bien français. En plus, il est allé visiter l'aéroport de Toronto pour essayer de faire pression sur les responsables afin que des services en français soient offerts.
À 66 jours des Jeux, vous avez entendu les questions que l'on se pose, vous allez voir que l'on va se faire malmener et abondamment. Ce qui m'inquiète, c'est le manque de volonté. La loi existe, on a les instruments, on a investi de l'argent, on en a rajouté. Il semble y avoir un manque de volonté dans tout cela. Cette loi existe depuis 40 ans et elle ne fonctionne pas. Il y a un manque de volonté. Comment pouvez-vous intervenir à cet égard?
:
Madame la présidente, le député met le doigt sur la source de mon inquiétude, c'est-à-dire le manque de réflexe et de volonté. Je vais vous donner deux exemples.
L'été passé, j'étais à Dublin, pour la Conférence juridique canadienne. À la séance d'ouverture, les politiciens et les membres du Barreau d'Irlande ont fait leurs discours en anglais et en irlandais. Quand le président de l'Association du Barreau canadien a parlé, il a fait son discours en anglais et en français, avec un long paragraphe en irlandais. Pourtant, il n'était pas d'origine irlandaise.
Par après, je suis allé le voir pour le féliciter de ce geste. Il a dit qu'il pensait que c'était important, parce que l'Irlande, comme le Canada, est un pays bilingue. Il a fallu qu'il trouve un professeur d'études celtiques pour l'aider à traduire un paragraphe et pour l'aider à le prononcer correctement. Il pensait que c'était important et que c'était un signe de respect.
Par contre, à l'arrivée de la flamme, à Victoria, j'ai entendu trois discours consécutifs de gens importants en provenance d'Athènes, mais pas un mot en français. On a laissé la dualité linguistique au premier ministre. Cela m'a choqué. C'est un manque de leadership, de respect et de réflexes. Il reste 66 jours avant le début des Jeux, et j'espère que les leaders responsables comprendront un peu les enjeux et s'attelleront à la tâche pour que le travail nécessaire soit fait.
:
Merci, madame la présidente.
Premièrement, je conviens que ce qui compte, ce sont les résultats. Toutefois, excusez-moi monsieur le commissaire, ça fait 40 ans qu'on attend des résultats. On parle des Jeux olympiques. C'est comme si on recherchait des résultats pour les Jeux olympiques alors que le site Web de l'aéroport de Vancouver n'est pas encore bilingue. Vous voulez attendre les résultats, mais cela fait 40 ans qu'on les attend, et ce, en vertu de la loi, je tiens à le souligner.
Deuxièmement, à propos de l'offre active, j'ai entendu l'histoire de l'enregistrement sonore à bord des avions d'Air Canada. Quand on prend l'avion, cet enregistrement nous dit comment faire les choses, mais en cas d'urgence, dans quelle langue sera-t-il diffusé? Vous savez, monsieur le commissaire, quand on est assis dans son siège d'avion, qu'on demande quelque chose — plus tôt, je parlais du sandwich sur la photo — et que la personne ne comprend pas ce qu'on veut, et qu'on dérange tout le monde parce qu'il faut aller chercher quelqu'un pour savoir ce qui est sur la photo, c'est humiliant pour un francophone.
Vous attendez les résultats. Moi aussi, je les attends et ça fait longtemps. Sauf erreur, vous êtes le seul commissaire mandaté par la loi — pas par le premier ministre — dans vos fonctions, de la même façon que le Comité permanent des langues officielles est le seul comité du Parlement mandaté par la loi. Ce n'est pas un comité qui est né un bon matin d'une décision spontanée. Ça n'a pas fonctionné ainsi. Il n'est pas nécessaire d'avoir l'autorisation de tous les partis politiques parce que ce comité est mandaté par la loi. Et vous êtes mandaté par la loi.
Je vais conclure en relatant ce que j'ai vu à la télévision. Je suis allé à Prince-Georges il y a quelques semaines, quand la flamme olympique est arrivée. À la télévision française, on nous montrait des images de l'avion qui transportait la flamme, avec la porte fermée, tandis qu'en anglais, la flamme était déjà dans le canot se dirigeant vers Nanaimo. C'est la différence entre les deux. Je suis très déçu et ce sont les résultats. Pour moi, les Olympiques sont déjà commencées au Canada. La flamme est en train de se promener partout au pays.
:
Merci, madame la présidente.
Monsieur Fraser, c'est la dernière fois que l'on se parle — vous, en tant que commissaire, et nous, en tant que membres du Comité permanent des langues officielles — avant la tenue des Jeux, à moins d'une exception.
Si j'avais trois choses à retenir, voici lesquelles ce seraient.
D'abord, j'espère que ce ne seront pas des Jeux politisés. Par exemple, on a vu des événements comme ceux qui se sont produits à Trois-Rivières, alors que le gouvernement a présenté tout le monde qui était sur l'estrade sauf la députée locale. La même chose est arrivée en Colombie-Britannique à une députée du NPD. Cela s'appelle « politiser des Jeux olympiques ». Je pensais que la guerre froide était terminée, et c'est à l'intérieur de nos frontières. C'est déplorable, et j'espère que c'est la fin de cette situation.
Il y a autre chose à retenir. Il faudra avoir les yeux et les oreilles grands ouverts pendant les Jeux pour s'assurer que, là où il y aura eu un manque, les gens pourront porter plainte. Ainsi, on saura exactement qui n'avait pas l'esprit olympique.
En outre, toute la question de leadership à laquelle vous faisiez référence plus tôt suscite de l'inquiétude. À mon avis, c'est extrêmement déplorable. Car le leadership permet de mettre en place bien des choses et de déplacer des montagnes, au besoin, pour réussir une activité et un événement. Cette fois, l'événement dont il est question est d'envergure internationale. Il y a plus de six ans qu'on sait que se tiendra cet événement, et on est encore en train de parler d'éléments de base dans un pays qui se prétend bilingue.
Y a-t-il des choses que vous aimeriez nous dire? Y a-t-il peut-être des petits drapeaux rouges à brandir? Plus tôt, vous avez parlé de l'organisation du personnel relativement à l'offre active et de la question du leadership. Y a-t-il des drapeaux rouges qu'il vaudrait la peine de brandir afin de nous alerter à cette étape, de sorte que ces Jeux soient respectueux de la langue française, la langue minoritaire en Colombie-Britannique, et de sorte que l'on puisse faire des pas d'ici à l'événement?