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Monsieur le président, nous tenons à vous remercier, vous et les membres du comité, de nous donner ainsi l'occasion de comparaître devant vous.
Je suis le major-général à la retraite Frédéric Mariage. Je me considère fièrement comme étant un citoyen-soldat. Rappelez-vous de cette appellation, « citoyen-soldat », car cela symbolise le principal motif de notre présence ici aujourd'hui.
Dans ma carrière civile, j'ai occupé différents postes de cadre chez MacMillan Bloedel, une société forestière de Vancouver. J'ai également été président, PDG et actionnaire de Bois Degro, à Montréal.
Avant ma retraite de l'armée, j'ai occupé le poste de chef des réserves de 1990 à 1993, et j'ai terminé ma carrière militaire en tant que colonel commandant du corps d'infanterie, le premier réserviste à être nommé à ce poste.
Je vais maintenant inviter mon distingué collègue à se présenter à vous.
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Contrairement à ce que d'aucuns pourraient croire, nous ne sommes pas des retraités en mal du port de l'uniforme ou nostalgiques de nos expériences antérieures. Nous sommes des individus qui avons entrepris comme mission de défendre et de promouvoir les intérêts des forces armées en général et, plus particulièrement, les intérêts et les valeurs des citoyens-soldats et des unités de la Réserve des Forces terrestres, aussi appelée la milice.
[Français]
Qui sommes-nous et que représentons-nous? Nous représentons un nombre important d'anciens officiers supérieurs du Québec: 12 officiers généraux et 65 colonels regroupés dans une association sous l'appellation de Réserve 2000 Québec, ainsi que Reserves 2000 pour nos confrères du Canada anglais qui ne sont malheureusement pas présents aujourd'hui, compte tenu du court préavis avant de comparaître.
[Traduction]
Nous vivons les mêmes problèmes, et ils regrettent de ne pas avoir pu être ici pour exprimer leurs préoccupations.
Pourquoi avons-nous demandé à comparaître? La milice et ses citoyens-soldats sont une espèce en péril, les réservistes devenant de plus en plus des soldats-citoyens. L'armée, la force terrestre, travaille au-delà de ses capacités. Cette situation nous a été confirmée dans un rapport intitulé « Strategic Operations and Resource Plan 2008-09 » remis par le chef d'état-major de l'Armée de terre au chef d'état-major des Forces canadiennes.
Plus particulièrement, il y a une grave pénurie de personnel capable de servir dans l'infanterie. Cela a clairement été exposé dans un article du professeur Granatstein, paru le 20 novembre 2009 dans le Globe and Mail:
Les neuf bataillons de l'infanterie de l'Armée de terre manquent sérieusement de personnel, et certains adjudants sont déjà allés à Kandahar trois ou quatre fois et guettent encore une autre rotation là-bas.
L'expédition en Afghanistan exerce une ponction sur la somme des ressources disponibles. Avec 60 000 soldats réguliers dans l'armée, la marine et la force aérienne, nous avons déjà bien du mal à maintenir 2 800 hommes et femmes à l'étranger. Et ce total comporte 20 à 25 p. 100 de réservistes.
[Français]
Les autorités militaires ainsi que le ministère de la Défense nationale ont une méconnaissance de la culture et de l'histoire de la Milice et leurs politiques peuvent contribuer à faire disparaître cette institution. S'ils en sont conscients, ils ne le démontrent pas par leurs actions.
[Traduction]
Les unités de la milice se font grever et priver de leurs leaders, qui servent à temps plein dans une classe de service différente. Plus du tiers des miliciens rémunérés servent dans cette classe, et ils ne sont pas disponibles pour la formation avec leurs unités respectives. Quant aux rôles confiés à la milice, il y a divergence de vues entre l'administration centrale et le milieu de la milice. Nous sommes devenus une source de main-d'oeuvre disponible dans l'immédiat pour boucher les trous et les lacunes en matière de dotation du côté de la Force régulière.
Bien que ce rôle soit satisfaisant pour les miliciens ainsi employés, la façon dont les choses se passent est très insidieuse. Elle a un effet très insidieux, écartant lentement mais sûrement le milicien de son rôle premier, celui de servir en tant que citoyen-soldat et non pas en tant que soldat-citoyen. Ce rôle est le seul qui reçoive presque toute l'attention. Il est le seul et unique rôle que les autorités prennent au sérieux.
La milice est traitée comme étant une source de main-d'oeuvre bon marché, 30 p. 100 de l'effectif total de la réserve travaillant en ce moment à temps plein. En conséquence, le seul rôle que l'on semble traiter un peu sérieusement est celui de renfort individuel. L'effectif de la réserve des forces terrestres est d'environ 20 000. Chaque année, près de 20 p. 100 des membres quittent la force pour diverses raisons. Quelque 3 500 soldats doivent par ailleurs chaque année recevoir de la formation de base, ce qui requiert des instructeurs — qui, la plupart du temps, ne sont pas disponibles —, ce qui nous laisse 12 000 personnes formées, mais il faut alors tenir compte des membres non disponibles et déjà déployés à l'étranger.
Les unités de la milice ne peuvent pas se reconstituer du fait de l'exode des leaders. Nous nous retrouvons ainsi avec des unités de la milice ne pouvant pas se reconstituer et incapables de faire face à une crise nationale. Aujourd'hui, elles seraient incapables de réagir à une urgence nationale ou à un appel pour venir en aide à des autorités civiles, par opposition à la réaction nationale et on ne peut plus précieuse à la tempête de verglas de 1998 au Québec.
Ce qui est alarmant est que le milicien est rapidement en train de perdre son statut de citoyen-soldat, et il est maintenant quasi impossible de faire une carrière civile tout en étant actif au sein de la milice. Demander à un milicien de conserver les mêmes niveaux de compétence que le membre de la force régulière s'il se porte volontaire pour un déploiement à l'étranger est une nécessité que l'on peut comprendre, mais lorsque cela est appliqué à tous les réservistes, alors l'on ne tient plus compte de la logique du statut du milicien en tant que citoyen-soldat.
[Français]
Comme ancien militaire, cette situation est inquiétante. Les niveaux de qualification de la Force régulière, qui souvent relèvent de la surqualification, ne sont pas nécessaires pour le milicien et produisent à plus ou moins long terme un effet négatif sur la capacité de la Milice à générer sa propre relève.
Le système actuel favorise souvent le décrochage scolaire, les school dropouts, et s'adresse particulièrement aux personnes sans emploi. Cette situation peut amener la disparition de l'institution Milice, institution qui servit de base à la participation de plus d'un million de Canadiens durant le second conflit mondial, alors qu'avant ce conflit, les Forces canadiennes armées et régulières avaient un effectif de moins de 4 000 personnes.
[Traduction]
La participation à la milice de personnes ambitieuses et talentueuses a beaucoup aidé notre pays. Des personnalités bien connues du monde de la politique et de la fonction publique, des éducateurs, des membres des professions libérales, notamment des avocats, des juges, des comptables et des médecins, ainsi qu'un nombre infini de citoyens exerçant différents métiers ont fait d'énormes contributions à leurs régiments et ont, en retour, reçu une formation qui a sensiblement contribué à leur réussite et à l'avancement de leur carrière. Mais cette époque est révolue, et le citoyen-soldat est devenu le soldat-citoyen.
Au départ, dans le contexte d'une force totale, les rôles confiés à la milice des forces terrestres étaient de demeurer une source de base pour la mobilisation nationale, de renforcer et de soutenir la force régulière, de servir de pont ou de lien important entre les communautés militaire et civile, et de mener des opérations au pays à l'appui des autorités et des pouvoirs civils. À l'heure actuelle le seul rôle parmi cette liste qui soit prise au sérieux est le deuxième: soit renforcer et soutenir la force régulière.
[Français]
L'effet pervers de cette situation est qu'elle contribue à éloigner lentement et sûrement le milicien de son rôle primaire qui est de servir à titre de citoyen-soldat à la défense territoriale, de maintenir le lien avec la communauté dans laquelle vivent ses membres et, ultimement, de servir de base à une éventuelle génération de forces à l'échelle nationale.
Les problèmes auxquels font face les miliciens, aujourd'hui, sont nombreux et complexes. La structure est établie en fonction de personnel régulier. Les rôles de la Milice ne sont pas clairs, et le système de recrutement est complètement inefficace. Nous avons des délais de recrutement qui varient de quatre semaines à huit mois.
Il y a un manque d'effectif chronique dans la Milice. Les niveaux de formation exigés sont irréalistes. Les miliciens sont la cible principale d'éventuelles coupes de budgets, ce qui est le cas aujourd'hui avec le déficit que nous connaissons. De plus, ils ne profitent pas d'une protection adéquate malgré les recommandations de l'ombudsman.
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L'objectif que nous visons est de veiller à ce que tous les éléments de la force totale, force régulière et réserve comprises, possèdent les moyens de bien remplir leurs rôles respectifs, sans servir simplement de solution temporaire ou de bouche-trou pour ce qui manque chez l'autre.
À cet égard, nous recommandons au ministre de former un groupe de travail spécial composé de trois membres des Réserves 2000 (Canada anglais), trois membres des Réserves 2000 Québec, et trois membres de l'administration centrale de l'Armée/Forces terrestres.
Nous recommandons que ce groupe de travail fasse au ministre des recommandations sur les questions suivantes, dans les 90 jours suivant sa création: que le comité permanent ici réuni entreprenne une analyse de la structure et confirmation des rôles premiers de la milice et effectue un examen du système de recrutement, de sélection et d'enrôlement; que l'on examine le niveau des membres autorisés et rémunérés au sein des unités de la milice; que l'on examine les exigences de formation maximales qui correspondent à la disponibilité de miliciens et de réservistes, tout en sauvegardant leur statut de citoyens-soldats; que l'on examine les mesures de sauvegarde et garanties pour les miliciens et réservistes servant aux termes de divers contrats de service; et que l'on examine les mesures de sauvegarde visant à stabiliser la structure de base et le leadership au sein des unités de la milice.
Nous vous demandons de garder à l'esprit le fait que cette situation n'est pas exclusive au Québec, mais vaut pour le pays tout entier.
[Français]
Merci de votre attention. Nous sommes prêts à répondre à vos questions, si tel est votre désir.
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Les ressources, en dollars, font partie de la question plus vaste. Quant aux deux choses que nous voudrions, premièrement, notre point de départ est que ce système de milice existe depuis la fondation même de ce pays. Il a évolué au fil des ans, nous servant bien pendant la Première Guerre mondiale et la Seconde Guerre mondiale, comme je l'ai mentionné, sur le plan de la mobilisation, un million de Canadiens servant de l'autre côté de l'Atlantique alors que la force totale comptait 4 000 hommes.
Ce système est fondé sur un système régimentaire à l'intérieur duquel les gens sont très proches de leur communauté, et cela permet aux civils de participer aux forces armées en servant en tant que citoyens-soldats. Ce système est aujourd'hui sérieusement en danger et il en est arrivé à un point où il vous faut, en tant que politiciens, prendre une décision.
La décision est celle de savoir s'il nous faut maintenir la milice comme elle devrait exister, avec certaines attributions et charges, ou bien si nous voulons simplement un bassin de réservistes pour servir dans les forces armées lorsqu'ils sont disponibles. Si c'était là la décision des politiciens, nous n'aurions pas besoin de la milice. Nous n'aurions pas besoin du régiment. Nous n'aurions pas besoin de la présence du Canada dans les collectivités rurales de tout le pays. Tout ce qu'il nous faudrait, c'est un gros entrepôt auquel on enverrait des instructeurs et des personnes à former, pour ensuite leur dire, très bien, lorsque nous aurons besoin de vous, nous vous le dirons. Les gars de mon âge parlent de service de suppléance. Lorsque j'avais besoin d'une secrétaire parce que la mienne était malade, j'appelais le service de dépannage et je demandais une secrétaire.
Il vous faut donc décider de cela. Si vous me demandez ce que nous voudrions tout de suite, c'est à vous, en tant que politiques, de donner l'orientation au MDN et aux militaires et de dire, un instant, il nous faut protéger cette institution, ou alors vous décidez de dire non, merci.
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Bienvenue, mon général et mon colonel.
J'ai eu le plaisir d'assister à un dîner régimentaire chez les Fusiliers Mont-Royal. D'ailleurs, j'ai reconnu la cravate des Fusiliers Mont-Royal dont mon père faisait partie. J'ai eu beaucoup de plaisir à votre dîner.
Toutefois, la situation que vous soumettez m'inquiète un peu. Je ne pensais pas que cela se dégradait à ce point. Si je vous comprends bien, le seul rôle qu'on voudrait actuellement voir dévolu à la Milice est le rôle de réserve pour la Force régulière. C'est à peu près uniquement ce que le ministère veut en faire.
Je comprends qu'au cours de l'histoire, la Milice, au Québec comme ailleurs, c'était autre chose. C'était la proximité avec les autorités civiles. En cas de désastre, une équipe de réponse extrêmement rapide peut intervenir. D'ailleurs, je peux en témoigner moi-même, parce que j'étais à l'intérieur du « triangle noir » lorsque la tempête de verglas s'est abattue sur Saint-Jean, Granby et Saint-Hyacinthe. Aussitôt que les choses ont mal tourné, on a vu arriver en premier les forces réservistes.
Donc, vous nous dites qu'il y a un changement de philosophie au ministère. Ce changement découlerait d'un document intitulé Strategic Corporations and Ressource Plan, remis par le chef d'état-major de l'armée de terre. C'est donc du général Leslie que vous parlez?
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Merci, monsieur le président.
Merci, général Mariage et colonel Belleau, d'être venus. Je tiens vraiment à vous remercier de m'avoir éclairé, au moins en ce qui concerne ce problème. Chez nous, à Terre-Neuve-et-Labrador, nous avons, bien sûr, le Royal Newfoundland Regiment, qui a vu le jour en tant que milice il y a de cela plus de 200 ans et qui a servi comme unité lors de la Première Guerre mondiale. Il s'agit d'une organisation très respectée.
Puis-je vous demander si vous pensez si ce qui est arrivé à la place qui revient à la réserve a été délibéré, en ce sens qu'il s'agit d'un changement philosophique mis en oeuvre sans que quiconque s'attaque réellement à toute la question de savoir s'il nous faut des citoyens-soldats à proprement parler et s'ils devraient le demeurer, ou bien si ce changement est le fait d'une nécessité?
Nous savons ce qu'a dit le général Leslie et ce qui est peut-être, à notre sens, une ambition exagérée, ou une plus large mainmise des Forces canadiennes, surtout en Afghanistan. Est-ce par nécessité que cela est arrivé, ou bien était-ce délibéré? Cela requiert-il un changement philosophique et peut-être un examen de ce dont vous discutez ici?
Pourriez-vous faire quelque commentaire là-dessus?
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Si je peux ajouter quelque chose, nous ne nous opposons pas à ce que les réservistes servent à temps plein, car il est une des missions, un des objets de la milice ou de la réserve, d'être une réserve pour la force régulière. Je ne m'oppose pas à cela. Il est tout à fait normal que certains réservistes soient versés à des opérations à l'étranger ou servent ici au Canada à temps plein, mais c'est une question de proportion et de durée.
En ce qui concerne l'aspect proportion, si vous avez un trop grand nombre de réservistes qui servent à temps plein, ceux à l'extérieur de leurs unités... Ils ne vont pas à l'unité, ils sont à l'extérieur. Nous avons l'exemple d'une unité qui compte 24 officiers. Si vous regardez l'effectif de l'unité, il comprend 24 officiers. Eh bien, c'est une bonne chose, alors de quoi vous plaindriez-vous? Mais 14 de ces officiers viennent de l'extérieur de l'unité, alors il n'y en a en fait que 10 qui en font vraiment partie. Voilà ce que nous disons, c'est-à-dire que la proportion est trop élevée.
Parfois également la durée est trop longue, car si vous avez un soldat qui est, mettons, capitaine, sergent ou autre, et qu'il a servi à temps plein pendant deux, trois, quatre, cinq ou 10 ans, il aura bien de la difficulté à se trouver un emploi dans le civil lorsque son contrat sera terminé, ou à retourner aux études, car il aura touché 65 000 $, 70 000 $ ou 80 000 $ par an. Comment fera-t-il après coup pour vivre comme un simple étudiant?
C'est donc une question de proportion et de durée.
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Merci, monsieur le président.
Je m'excuse, messieurs, de ne pas avoir été ici au début. Je dis tout le temps que ma mère aurait voulu avoir des jumeaux, mais je n'existe qu'en un seul exemplaire.
Premièrement, en ce qui concerne les Jeux olympiques de Vancouver-Whistler, je crois comprendre que les réservistes affectés à plein temps seront au nombre de 14 500. Cela correspond à plus de la moitié de la Force de réserve, censée être composée de soldats à temps partiel. L'effectif va donc être augmenté et ces soldats vont être disponibles 24 heures par jour, sept jours sur sept, au même titre que les membres des forces régulières.
J'aurais deux questions. Premièrement, vous pourriez peut-être réagir à cette première déclaration: les régiments de la milice, au départ des unités de formation, sont largement devenus des fournisseurs de renforts pour les unités de la force régulière. Clairement, le rythme de la formation dans les unités a ralenti et celui de la production d'un plus grand nombre d'hommes et d'un plus grand nombre de femmes, surtout pour l'Afghanistan, s'est grandement accéléré. Vous pourriez peut-être réagir à cela.
Mon deuxième commentaire est le suivant. Pensez-vous que les forces de réserve survivront à l'engagement en Afghanistan jusqu'à la fin de l'année 2011?
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Si nous prenons l'exemple des Jeux olympiques, il est tout à fait raisonnable d'estimer qu'il vous faudra pour cette activité particulière un certain nombre de réservistes disponibles à temps plein. Il s'agit là de l'un des rôles des réserves, soit mener des opérations sur le territoire national ou en tout cas y participer, mais, là encore, c'est une question de proportion et de durée.
J'imagine que le chiffre de 14 000 réservistes employés à temps plein ne correspond pas aux seuls Jeux olympiques, mais ce sera le nombre d'employés à temps plein actifs dans tous les volets du fonctionnement de l'armée. Je ne sais pas où ils iront trouver 14 000 réservistes à temps plein, peut-être sur une étagère quelque part, mais j'imagine qu'il s'agit là du nombre total de réservistes à temps plein.
Je ne sais pas non plus pendant quelle période ces personnes seront affectées à plein temps à cette opération aux Jeux olympiques. Si c'est pour une période d'un mois, de deux mois, de trois mois, je veux bien. Je suppose que les réserves peuvent faire cela.
Vous avez également demandé si les réserves survivront à l'engagement en Afghanistan. J'imagine que oui, mais ce que nous tenons à souligner est que, pas seulement pour l'Afghanistan mais pour toutes les opérations devant être menées par le Canada, ou à l'intérieur du pays ou à l'extérieur, le fait d'utiliser un trop grand nombre de réservistes est en train de changer la philosophie de la milice. Ce que nous voulons souligner est que ce devrait être une décision prise par des représentants élus comme vous, et non pas dans les coulisses par le seul ministère de la Défense nationale ou l'état-major. C'est pourquoi nous avons voulu soulever la question devant vous, afin que vous soyez en mesure de prendre la bonne décision pour la population canadienne et que vous ne soyez pas confrontés à une situation dans laquelle vous n'en auriez pas entendu parler et où la décision vous serait parvenue par la porte arrière.
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Merci, monsieur le président.
Merci, messieurs, d'être venus aujourd'hui. Vous nous avez fait un exposé intéressant.
Je suis ancien membre du South Alberta Light Horse, alors j'apprécie beaucoup cette formation. Je considère qu'elle a été extrêmement bonne pour moi. Mon fils est capitaine dans les réserves là-bas aussi. Il vient d'accepter une affectation en tant que membre de classe B.
Vous me corrigerez si j'ai tort, mais nombre des réservistes qui décident d'intégrer la force régulière n'y sont pas forcés; ils le font de manière volontaire.
Pour ce qui est du recrutement, donc, ce que nous avons appris l'autre jour dans le cadre de l'exposé que nous a fait le général Semianiw est que le recrutement s'opère à différents niveaux à l'échelle du pays tout entier, pour ce qui est de la façon d'obtenir ces personnes, dont certaines sont manifestement des réservistes. Mon opinion, en tant que réserviste, est que, certes, si la possibilité existe et si l'intéressé souhaite contribuer de cette façon et répond aux critères, alors il s'agit certainement de l'une des fonctions des réserves. Je pense que nous voyons ce cas de figure, et il y a certainement des gens qui retournent aux réserves. Mais comme c'est le cas pour tout autre emploi, les gens passent à autre chose. Ils ne pourront peut-être pas retrouver le poste qu'ils avaient en tant que milicien à temps partiel. Un certain nombre d'entreprises disent que les gens peuvent prendre congé et continuer de servir dans les forces, puis revenir au travail. Ces genres de possibilités existent.
Nous avons également discuté un petit peu des Jeux olympiques. J'y vois, certes, une formidable occasion pour les réservistes. Il s'agit d'un événement énorme, et c'est ainsi que nous avons également parlé des commissionnaires. Mon souvenir de certains autres Jeux olympiques est que nous y avons également vu ces types de personnes. Je devine qu'il n'y aurait pas que des membres de la GRC et des militaires.
Vous avez parlé d'un changement dans la structure de commandement. Je ne sais pas à quel moment cette structure a changé. Pourriez-vous éclairer le comité en la matière?
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Non, cela n'a pas ralenti. En fait, l'exigence en matière de formation a augmenté. Le niveau exigé a augmenté.
Mais pour en revenir à ce que vous disiez au sujet de la classe B, nous ne nous opposons pas à ce que les gens servent dans la classe B; de fait, nous estimons que c'est bon pour eux. Mais, d'un autre côté, il y a des gens qui ne peuvent pas être réservistes du fait des exigences aujourd'hui pour être réserviste.
Vous avez donc un choix à faire. Ou vous êtes un citoyen-soldat, auquel cas vous êtes un citoyen et un soldat à temps partiel, ou vous devenez presque un soldat à temps plein, et vous êtes un citoyen à temps partiel. Aujourd'hui, le système empêche un grand nombre de jeunes gens de s'enrôler dans la réserve ou d'en faire une carrière, précisément à cause de cela.
Pour revenir à l'Afghanistan, je considère que l'effort que la réserve fait en Afghanistan est normal et que ce travail doit être fait, mais nous devrions nous interroger quant à l'infrastructure de la réserve. Si les unités ne sont pas en mesure de survivre dans leurs communautés, alors nous croyons que cela marquera la fin de la milice et de la réserve, et c'est là notre propos ici aujourd'hui devant vous.
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Merci, monsieur le président, et merci, par votre intermédiaire, aux témoins.
Il me faut corriger les propos de l'intervenant précédent. Il nous faut prendre un peu de recul et, comme l'a indiqué plus tôt M. Hawn, regarder le tableau plus vaste.
Premièrement, il n'y a eu aucune réduction du budget du ministère de la Défense nationale. Deuxièmement, il n'y a eu aucune réduction quant à la taille de la force de réserve. Il est vrai que le nombre total de postes de classe B a été diminué, mais cela ne signifie aucunement que l'on ait imposé de restrictions, ni congédié qui que ce soit. La force de réserve totale demeure la même. Ceux qui ne sont plus inscrits au service de classe B réintègrent le service de classe A et demeurent des membres actifs des réserves. Conviendriez-vous avec moi que cela correspond à la réalité?
Je tiens à parler de la bonne volonté déjà manifestée par le gouvernement pour souligner le fait que l'actuel gouvernement appuie fermement les réserves. Premièrement, la stratégie de défense « Le Canada d'abord » comporte un engagement à porter la force de réserve à 30 000, ainsi qu'à équiper les Forces canadiennes avec le matériel nécessaire à leur travail. Une plainte régulière au fil des ans a été que les réservistes doivent toujours composer avec du matériel inférieur, et nous sommes donc en train d'améliorer les choses sur ce plan.
Nous nous sommes engagés à élargir les Rangers canadiens. Ici encore, nous réaffectons des réservistes, en poste dans des endroits où le besoin est moins grand, là où il existe un besoin évident. Nous sommes à l'écoute du Nord. Il y a eu plusieurs discussions au comité au cours desquelles les gens se sont dit préoccupés par la souveraineté dans le Nord et dans l'Arctique. Nous grossissons donc les rangs des réservistes; nous les réaffectons tout simplement dans ces régions.
Nous avons mis en oeuvre le régime de pensions pour les forces de réserve. Cela avait depuis longtemps été une pomme de discorde, sous des gouvernements antérieurs, les réservistes n'étant pas traités sur un pied d'égalité par les forces régulières. C'est ainsi que nous avons mis en oeuvre la loi de protection de l'emploi pour les réservistes dans le cadre du Code canadien du travail et de la Loi sur l'emploi dans la fonction publique.
D'après ce que je comprends, plusieurs provinces sont en train de s'aligner, et il y a, donc, protection d'emploi pour les employés fédéraux qui choisissent de s'enrôler dans les réserves, ainsi que pour les employés provinciaux. Nous avons établi une nouvelle unité de réservistes à Yellowknife et avons ressuscité les Halifax Rifles. Comme je l'ai indiqué, nous continuons de former et d'équiper plusieurs forces de réserve dans l'Arctique.
Ma question ici concerne le contexte plus large, qui englobe, bien sûr, l'Afghanistan. Je suis certaine que vous serez d'accord avec moi si je dis que cette mission est très dangereuse et demande et exige des préparatifs importants de la part des troupes déployées. Dans ma circonscription de Renfrew-Nipissing-Pembroke, nous avons plusieurs centaines de personnes qui se trouvent présentement aux États-Unis, dans le désert, où elles se préparent au déploiement. Elles s'absentent pendant plusieurs semaines, reviennent, puis quittent à nouveau leurs familles.
La réserve de l'Armée de terre est pleinement engagée à appuyer cette mission afghane et, de fait, les troupes régulières elles-mêmes disent qu'il est impossible de distinguer entre un réserviste et un membre de la force régulière combattant à leurs côtés. Tous sont très bien formés. Pour ce qui est de la mission en Afghanistan, les réservistes assurent jusqu'à 20 p. 100 des soldats pour chaque rotation.
Conviendriez-vous que la formation des troupes pour la mission afghane est une grande priorité pour la réserve de l'Armée de terre et pour les Forces canadiennes?
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Très bien. Disons que je suis un jeune étudiant, car nous commençons la plupart du temps avec des étudiants. Je me présente à une unité, je frappe à la porte et je dis « Je veux m'enrôler, merci ». Vous allez donc remplir tout un tas de papiers et venir une ou deux ou trois fois à l'unité et veiller à ce que tout soit juste, à ce que tous les documents soient là, à ce que les virgules soient au bon endroit, et ainsi de suite, et le tout est ensuite envoyé à un centre de recrutement. Cela dépend de l'endroit où vous vivez.
On vous convoquera deux ou trois fois au centre de recrutement à Montréal, ou à Trois-Rivières ou à Québec, et il vous faut donc vous rendre au centre de recrutement. Cela peut demander deux visites, mais la plupart du temps il vous faudra vous y rendre trois fois. Puis, si vous avez de la chance et si vous traitez avec un très bon centre de recrutement, au bout de quatre à cinq semaines on vous communiquera la décision et vous saurez donc si vous pouvez vous enrôler et servir au sein de l'unité. D'après ce que nous disent les commandants d'unité, la moyenne à Montréal est de six à huit mois. Il y a quantité de raisons à cela. Je ne dis pas que les centres de recrutement ne font pas leur travail, mais ils ont d'autres priorités. La marine a besoin de gens, alors la milice est là et la marine passe en tête de liste, puis il y aura autre chose, et ainsi de suite.
L'autre aspect est que le système n'est pas convivial. Le système est axé sur les personnes désireuses de s'enrôler dans la force régulière. Pour la milice, c'est le soir ou en fin de semaine, mais le gros des centres de recrutement ne sont pas ouverts en soirée, ni pendant les fins de semaine.
Après tout cela, vous êtes enrôlé. On vous envoie alors dans une unité et il vous faut ensuite établir votre admissibilité à différents cours, par bloc. On vous dit alors « Voici le calendrier ». Il y aura de la formation pour tel bloc tel et tel jour. C'est bien. Le système paraît bien, en principe. Mais, en passant, c'est bien dommage, mais faute d'instructeurs ou de ceci ou de cela, ou du fait que le calendrier ne tienne pas compte des étudiants inscrits, de leurs examens, et ainsi de suite, le cours est annulé. Alors ce sera pour l'an prochain. Et ainsi de suite.
Ce que nous disons, donc, est que le système, l'enrôlement, la sélection et la formation doivent être réexaminés et axés sur votre clientèle, vos clients. C'est ainsi que les choses se passent depuis 25 ans. Cela ne date pas d'hier. Cela fait 25 ans qu'il y a des commissions qui siègent, et le professeur Granatstein a siégé à une commission avec le juge et le général Belzile, et avant cela, il y a eu une autre commission. Ces commissions ont étudié la situation, mais celle-ci ne s'est pas le moindrement améliorée.
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Il n'y a aucun doute... Et ce n'est pas nous qui disons cela. Des généraux de la force régulière, des généraux en poste, sont en train de dire que les membres de la force régulière sont surqualifiés pour ce qui est de toutes les choses qu'il leur faut étudier ou vivre. Si ce schéma est appliqué aux réserves, alors vous vous retrouvez avec des réservistes qui sont surqualifiés.
Il faut cependant faire une distinction entre ce qu'il faut pour être qualifié pour partir à la guerre et servir en Afghanistan et ce qu'il faut pour être qualifié pour servir en tant que réserviste, en situation normale, en cas de déploiement à l'intérieur du pays face à une situation de crise. Ce que nous disons est qu'il nous faudrait examiner les exigences minimales pour être réserviste. Établissons la formation que doit recevoir un réserviste pour pouvoir faire le travail dont vous autres déciderez que cela s'inscrit dans le rôle de la milice. Puis, par la suite, quiconque, de manière volontaire, a le temps et la volonté requis, et souhaite faire cela, pourra parfaire ses connaissances.
Puis, clairement, si vous devez alors déployer ces personnes dans un théâtre d'opérations aux fins de combat, alors vous augmentez le niveau de formation, mais il n'est pas nécessaire que la totalité du personnel de la milice et des instructeurs à l'échelle du pays soient formés à cette fin, ce qui est en réalité le cas, et ce qui empêche des jeunes gens, des gens de talent et des gens ambitieux, de s'engager dans la milice. Cela crée par ailleurs ce problème de relève dans les unités.
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Ce que nous disons est qu'il nous faut — pas nous, mais vous — réfléchir au genre de réserves que veut le Canada. Il existe deux philosophies différentes en ce qui concerne le maintien de réserves.
Dans le cas d'un pays comme le Canada, qui ne compte pas une grosse population et qui ni ne veut ni ne peut se permettre une importante force régulière, il vous faut compter sur les réserves pour différents événements. La plus grosse menace, le plus gros événement, pour lequel vous aurez à compter sur les réserves est l'éclatement d'une situation d'urgence nationale — appelez cela comme vous voulez —, auquel cas il vous faut disposer d'une force plus importante. C'est alors que vous comptez sur des structures, des unités, comme nous l'avons fait lors de la dernière guerre mondiale.
Ou alors vous pouvez avoir un autre système, qui prévoit purement le renforcement des forces régulières avec des individus, et non pas des unités. Ce que nous disons est qu'avec ce qui se passe à l'heure actuelle par la porte arrière, sans que quelque décision que ce soit n'ait été prise officiellement par vous, il semble que l'on soit en train de basculer d'un système à l'autre. C'est cela dont nous voulions vous entretenir.
C'est là notre préoccupation: il semble que nous soyons en train de basculer du système fondé sur des unités, avec une présence de miliciens un peu partout au pays, vers un genre de système dans le cadre duquel vous n'avez que des individus, que vous formez et que vous expédiez chez la force régulière lorsque celle-ci en a besoin. Voilà quel est notre souci.
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Eh bien, en plus d'être un réserviste, vous êtes un bénévole. Si vous voulez faire de la formation en soirée ou en fin de semaine, vous devez en décider ainsi. Si vous ne voulez pas le faire, vous ne vous présentez pas à l'unité, et c'est tout. C'est ainsi que les réserves ont toujours fonctionné.
Pour que les réserves soient très efficaces, il faut deux choses. Premièrement, il vous faut leur fournir les ressources. Ne changez pas les ressources. Maintenez les ressources et augmentez-les de temps en temps, mais ne vous amusez pas à les faire augmenter et baisser. Deuxièmement, les unités doivent se voir assurer le bon leadership. Le leadership doit venir de la communauté au sein de laquelle servent les réservistes, pour que les gens se connaissent. Vous devez avoir un commandant qui est le leader. Il peut exercer une influence. Il peut convaincre des jeunes ou des actifs de venir suivre de la formation en fin de semaine. Il peut dire qu'ils vont faire ceci, ou qu'ils vont faire cela. C'est ainsi que les réserves ont toujours fonctionné et cela a bien réussi.
Aujourd'hui, nous nous écartons de ce modèle. Pour ce qui est des ressources, même si vous dites que le budget n'a pas été réduit, allez vivre avec l'unité et vous verrez comment cela fonctionne. Les gens passent le gros de leur temps à faire du travail de comptable, au lieu d'être des leaders. Ce qu'il nous faut, ce sont des leaders pour diriger et convaincre ces jeunes d'y aller et de se faire former. Vu la façon dont le système fonctionne à l'heure actuelle, la plupart des commandants, pas tous, mais la plupart, sont en vérité d'anciens membres de la force régulière qui ou ont quitté la force ou sont partis à la retraite, ont rejoint les rangs de la réserve et qui, du fait de manque de qualifications pour d'autres rangs, sont placés à la tête des unités. Ce ne sont pas des réservistes. Ils ne viennent pas de la collectivité locale.
S'il ne s'agit pas d'un ex-membre de la force régulière, alors la plupart du temps ce sera un réserviste qui travaille en classe B à temps plein. C'est bon pour lui, il touche un bon salaire, mais là n'est pas le propre du système. Avec ce système — je pourrais vous donner des noms de commandants —, la plupart des maires de grosses municipalités ont commandé l'unité dans leur collectivité. Comme je l'ai dit, il y a des premiers ministres qui ont été dans la milice. Le juge en chef de la Cour suprême — il est maintenant décédé — était dans la réserve. Ces personnes sont le produit de leur collectivité locale, elles connaissent les gens, et parce qu'elles en étaient elles aussi, elles sont un exemple pour les jeunes gens et les travailleurs. Nous nous écartons de cela, et c'est là notre principal souci. C'est ce qui nous préoccupe.
Aujourd'hui, je ne pourrais pas servir dans la réserve; je ne pourrais pas avoir la carrière que j'ai eue. Des gens comme le président d'une filiale d'IBM m'ont dit « Je veux bien embaucher des réservistes, mais il leur faudra choisir entre être un citoyen ou être un soldat. S'ils veulent être un soldat, je ne peux pas me permettre de les avoir sur ma liste de paye ». Voilà vers quoi mène le système. C'est là notre grosse préoccupation.
Oui, nous voulons appuyer la force régulière, nous voulons avoir des personnes formées pour les missions de combat, et ainsi de suite. Mais, ce que nous disons c'est qu'il ne faut pas demander à toute la communauté de réservistes d'être comme cela, car si vous le faites, vous allez tuer le système tout entier.