Monsieur le président, mesdames et messieurs, c'est un plaisir pour moi d'être devant vous aujourd'hui pour faire une mise à jour du recrutement, de l'attrition et de la rétention au sein des Forces canadiennes.
[Traduction]
Comme vous le savez, les personnes constituent l'épine dorsale sur laquelle s'échafaudent les Forces canadiennes; ce sont la clé qui sert à réaliser les objectifs de la SDFC, y compris nos buts d'expansion de la force. Je crois que vous viendrez à le constater, nous avons consacré des efforts notables à comprendre les interconnexions entre le recrutement, l'attrition et la rétention et nous avons mis du soin à en saisir l'essence. Et oui, vous en êtes informés, la première priorité dans la réalisation de mon rôle d'autorité fonctionnelle sur toute question touchant le personnel des Forces canadiennes est le soin que nous offrons aux malades, aux blessés et à leur famille. Ma deuxième et ma troisième priorités, comme je l'ai souvent dit publiquement, sont d'abord de recruter les meilleurs au Canada et de retenir les meilleurs au sein des Forces canadiennes.
Avant que je ne commence, permettez-moi de vous présenter quelques-uns des employés essentiels qui me secondent ici aujourd'hui.
[Français]
Je suis accompagné par le commodore Daniel MacKeigan, commandant du Groupe du recrutement des Forces canadiennes. Il est l'officier à qui revient surtout la tâche d'assurer le recrutement des Canadiens et des Canadiennes de partout au pays. Je suis aussi accompagné de M. Karol Wenek, directeur général, personnel militaire. Il a la responsabilité non seulement de déterminer combien de militaires il nous faut recruter et pour quelles professions le faire, mais également d'assurer la surveillance de l'attrition et de la rétention au sein des Forces canadiennes, de même que d'élaborer les stratégies qui nous permettront de retenir les meilleurs du Canada.
[Traduction]
Aussi, en plus de mes propos d'ouverture d'aujourd'hui, je vous offrirai des éléments d'exposition pour transmettre les informations qui tireront au clair ce qu'il en est de nos défis et de nos succès. J'invite les membres du comité à y jeter un coup d'oeil après la déclaration liminaire. Ils vous aideront à poser des questions et, je crois, à mener un débat éclairé sur ces deux questions très importantes.
La récapitulation présentée aujourd'hui quant au recrutement et à la rétention est positive. Mais il vous faut toutefois comprendre nos succès à partir d'une rétrospective de notre personnel qui remonte jusqu'aux années 1990. Vous n'êtes pas sans savoir que des réductions importantes des forces qui ont eu lieu au cours de cette période ont abouti, en 1999, à une chute du nombre de militaires à environ 55 000. Et ces compressions du personnel ont tracé un profil démographique faussé, non seulement pour ce qui est des niveaux d'expérience générale à la grandeur des FC, mais aussi pour ce qui est de la symétrie du profil qui s'imprime à l'ensemble des professions militaires.
[Français]
Ainsi, quand le temps est venu d'aller puiser les fonds nécessaires que le SDFC réservait à l'année financière 2010-2011 pour porter à 68 000 les effectifs des Forces canadiennes, nous avons fait face à des défis uniques en matière de recrutement. Dans ce contexte, il importe de prendre en note que les Forces canadiennes ne peuvent pas acheter l'expérience comme telle; il nous faut développer les habiletés proprement militaires tout au long de la carrière de chaque militaire. De plus, la nature unique du travail militaire peut expliquer que nous accusons un retard allant de deux à sept années, c'est-à-dire à partir du moment de l'enrôlement des recrues jusqu'à celui où elles sont formées et pleinement employables.
[Traduction]
En effet, non seulement étions-nous tenus de rivaliser avec d'autres employeurs dans le contexte d'une économie prospère, il nous fallait de plus adopter des stratégies de recrutement visant à garantir les effectifs d'ensemble voulus, ceux justement qui occupent les professions qu'il nous faut, ce qui est tout aussi important. C'est une question sur laquelle nous reviendrons. Il ne s'agit pas seulement d'arriver à 60 000, 70 000 ou 80 000, ou de recruter 7 000, il s'agit aussi d'avoir les bonnes recrues dans les bons postes avec les bonnes compétences.
[Français]
C'est ça, le défi. Il y a peut-être des difficultés, mais selon moi, c'est le défi.
[Traduction]
Enfin, où en sommes-nous rendus? En bref, la réponse est très bonne.
J'ai supprimé le mot « drôlement » de mon texte, qui est un peu familier. Nos résultats sont très bons.
Au cours de cette année, nous avons enrôlé 5 494 recrues, soit 74 p. 100 de l'objectif général, lequel correspond à un plan de recrutement stratégique de 7 440. En effet, les enrôlements totaux réalisés jusqu'à la fin octobre sont de 8 p. 100 plus élevés qu'ils ne l'étaient au même moment l'année passée. Sur les 101 professions militaires, 32 ont déjà atteint leurs objectifs de recrutement.
Comment avons-nous fait pour décrocher ce succès? Il serait facile de dire que le ralentissement économique nous a avantagés. De fait, nous croyons que ce ralentissement a joué un rôle important. Mais bien avant le ralentissement de l'économie, soit à l'heure de OP CONNECTION, qui était un programme, une opération, pour mieux relier l'armée à la population, nous avons expressément construit et mis en oeuvre des stratégies de recrutement et d'attraction qui ont porté fruit comme en témoigne un nombre nettement haussé de recrues potentielles qui envisagent une carrière dans les FC.
On comptait parmi nos collaborations des programmes de diffusion externe qui identifient et visent de près les professions prioritaires, à savoir, difficiles à combler par recrutement, la rationalisation des processus et un service à la clientèle amélioré, l'optimisation des nouvelles technologies, notamment celle du recrutement par voie électronique, le marketing ciblé et les campagnes d'attraction.
Une précision sur l'expression « difficiles à combler ». Vous nous entendrez souvent l'utiliser. Il s'agit des professions pour lesquelles nous avons du mal à trouver des candidats. Vous constaterez que nous les avons clairement identifiées, comme le commodore Dan MacKeigan l'expliquera tout à l'heure.
[Français]
On a élaboré des programmes axés sur ces occupations.
Tout en ayant des succès de recrutement notables, il n'y a pas de doute que nous avons nos défis. Vous le savez, les Forces canadiennes doivent affronter un contexte hautement concurrentiel, d'autant plus que notre bassin démographique idéal, soit la cohorte des 17 à 24 ans, ne fait que diminuer en tant que pourcentage de l'ensemble de la population. De plus, tout en ayant marqué de grands progrès au bilan du recrutement vers certaines professions difficiles à combler, un nombre de celles-ci nous posent encore des défis.
Cela dit, il reste que notre système de recrutement s'est avéré hautement flexible, et nous nous affairons à façonner nos stratégies pour cibler ces professions. Nos récents succès qui ont fait avancer l'étalon de mesure du succès dans certaines professions navales en est un exemple concret. Effectivement, nous avons recruté plus de personnel jusqu'à présent, cette année, qu'au cours de toute l'année dernière.
[Traduction]
Passons du recrutement jusqu'à l'autre extrémité du spectrum, où se trouvent l'attrition et la rétention. À n'en pas douter, et j'y ai fait allusion plus tôt, ces deux activités s'insèrent dans un réseau fermé et interconnecté de liaisons complexes où se déroulent les activités des ressources humaines. Je vous en donne un exemple, en m'écartant de mon texte. Si vous me disiez aujourd'hui: « Général, cessez de recruter », cela n'aurait probablement d'effet que dans 6, 7 ou 8 mois. C'est un domaine dans lequel il ne suffit pas d'appuyer sur un bouton pour avoir un effet immédiat. Comme Karol vous le dira, cela prend du temps, considérant ce que nous avons en place.
Le fait demeure qu'il nous faut de l'attrition pour assurer la croissance. Je répète: il nous faut de l'attrition pour assurer la croissance. L'attrition n'est pas une mauvaise chose. Nous en avons besoin pour assurer un profil démographique approprié, pour maintenir l'expérience et la continuité d'activité, tout en permettant, il faut le dire, au sang nouveau de venir alimenter l'organisation. Nous avons besoin d'attrition.
La clé est de prédire, de surveiller et de gérer l'attrition de manière à atteindre ces objectifs. Et comme j'y ai fait allusion, le profil démographique des FC après les réductions des années 1990 a rendu cette activité particulièrement complexe pour ce qui est du « point bas » d'expérience qui doit être géré avec soin.
Tout comme nous l'avons fait pour le recrutement, nous avons consacré de sérieux efforts aux activités liées à l'attrition et à la rétention. Et nous atteignons des succès importants. En septembre dernier, par exemple, notre taux d'attrition atteignait approximativement 9,2 p. 100, un taux qui exerçait une incidence négative — à n'en pas douter — sur la croissance des FC. Ce mois-ci, le taux d'attrition est de 7,9 p. 100. Voici ce qui est encore plus significatif: le taux d'attrition volontaire a chuté de presque 2 p. 100 et est rendu à 5,1 p. 100.
L'impact de ce taux réduit d'attrition ne peut être exagéré; il réduit sans conteste les stresseurs de notre système de recrutement et de formation. Également important, ce taux réduit permet aux FC d'optimiser l'ensemble des compétences d'un personnel muni d'un très haut niveau d'expérience au cours d'une période de croissance de la force, de recapitalisation et d'opérations notables.
Permettez-moi de m'écarter de mes notes. Si vous avez des gens qui quittent les Forces au rang de colonel, ce n'est pas un échange un contre un. Ça ne veut pas dire que je dois recruter une personne au début mais probablement deux ou trois. Karol vous en parlera. Cela confirme l'importance d'avoir une stratégie de rétention qui permet de conserver les gens dans les Forces canadiennes pour les bonnes raisons.
Ce que nous faisons à l'heure actuelle, c'est élaborer — je dirais plutôt « mettre en application » dans les cas où cela est immédiatement réalisable — une stratégie de rétention à l'échelle des FC. Ainsi avons-nous mis en oeuvre un certain nombre d'initiatives à notre école de recrues afin de réduire l'attrition attribuable à la formation. Nos initiatives comprennent des programmes améliorés de conditionnement physique et de testage pour réduire au minimum le choc initial de la vie militaire sur les jeunes recrues, dont bon nombre se trouvent loin de chez eux pour la première fois.
Sans le moindrement compromettre nos normes, nous avons adopté une philosophie de formation menant à une formation ultérieure. À l'autre bout du spectrum, nous encourageons notre personnel de longue date à rester des nôtres. Nous le faisons en nous attaquant aux facteurs de mécontentement de la vie militaire comme la reconnaissance des personnes, les conditions de service, la conciliation travail-vie, et beaucoup d'autres.
Alors, qu'est-ce que tout cela comporte pour les FC? En quelques mots, les FC ont atteint les délais prévus, je dirais même, sont en avance sur leur calendrier pour ce qui est de la réalisation de notre objectif de l'AF 2011–2012, à savoir 68 000 membres dans la Force régulière. De fait, j'en suis déjà à 67 350, ce qui me pose un problème car on me demande pourquoi je ne continue tout simplement pas à recruter. La réponse est très simplement que nous avons aussi besoin d'un système de formation capable d'accueillir toutes les recrues et que sa mise en place prend un certain temps.
[Français]
Est-ce que la situation est parfaite? Non. Nous constatons que des défis nous attendent. Ils comprennent des pénuries dans certaines occupations techniques, the stress trades.
En dépit de cela, des activités de recrutement ciblées semblent même permettre l'amélioration mesurée de nos performances dans ces professions habituellement problématiques. Le plus grand défi sera probablement de faire en sorte que nous puissions maintenir un bon équilibre entre le recrutement, la croissance et l'attrition au cours des prochaines années, tout en optimisant nos systèmes de recrutement et de formation.
[Traduction]
Permettez-moi de dire en conclusion que nos efforts de recrutement et de gestion de l'attrition constitue un franc succès. Tout en reconnaissant que nous affrontons une grande tâche, nous avons néanmoins marqué des progrès considérables en vue d'atteindre la croissance de la force exigée par la SDFC. Et bien qu'il n'y ait aucun doute que l'économie a joué son rôle, ce succès s'explique également par un énorme travail accompli par mes effectifs tout aussi bien que par ceux de la Force terrestre, de la Marine et de la Force aérienne.
Je veux remercier les membres de ce comité de s'être penchés sur cette question primordiale, de même que pour le grand appui que vous offrez aux militaires et aux familles des Forces canadiennes. Le commodore MacKeigan et M. Wenek, qui sont des experts dans ces domaines, et moi-même sommes contents de répondre à toute question que vous voudrez bien nous poser.
[Français]
Merci, monsieur le président.
:
Vous verrez dans mes remarques liminaires, dont j'ai lu le texte pour ne pas dépasser la limite de huit minutes, car je sais que c'est important pour le comité, qu'il y a deux domaines reliés à ce défi.
Les problèmes concernaient les années 1 à 3, dont j'ai parlé. Ce que nous avons fait, c'est que nous avons agi au niveau de l'école de recrutement, ce qui a permis d'en ramener le taux d'attrition de 24 p. 100, à peu près, à 15 p. 100, à peu près. La contrepartie est que tout cela concerne le groupe des 19 à 24 ans. C'est le deuxième problème.
Ce qu'il faut souligner, c'est que, pour les jeunes — si je me fonde sur l'exemple de mes enfants —, tout est transactionnel. Ce n'est pas relationnel. Même si je dis chaque jour à mes enfants que je les aime, ça reste très transactionnel à cet âge-là.
À l'autre extrême, pour les 19 à 24 ans, c'est très relationnel, comme Karol vous le dira. Ce n'est pas une question d'avantages sociaux ni d'argent. C'est une question d'être traité correctement, de se sentir membre de l'organisation.
Étant donné la transformation, étant donné tout ce que nous avons fait, étant donné l'expansion des Forces canadiennes, c'est un problème qui s'est manifesté. Karol sera très heureux de vous dire ce que nous avons fait à ce sujet. Je vous donne un exemple.
L'un des facteurs d'insatisfaction était celui-ci, et Karol me corrigera si je me trompe. Il y a dans les Forces canadiennes plusieurs portes de sortie.
Monsieur le président, je crois que nous avons près de deux heures et, si c'était possible, j'aimerais prendre un peu de temps pour répondre aux questions.
Quoi qu'il en soit, vous arrivez à la porte de 20 ans et la suivante se situe à peu près à 27 ans. Ce sont les portes de pension que nous avions. Si vous aviez dit que vous vouliez rester mais que vous décidiez ensuite de partir, vous êtiez pénalisé du point de vue de votre pension.
Ce que nous avons mis en place, et même en fait avant d'avoir établi la stratégie de rétention, si vous vous souvenez de cette partie du processus, c'est un petit outil qui permet aux gens de rester, de ne pas être pénalisés, s'ils le veulent, pendant une période moins longue.
L'autre question à prendre en considération, car elle pose un problème en ce qui concerne la perte de gestionnaires de haut rang, c'est que le profil démographique des Forces canadiennes est loin d'être idéal. En fait, il est bimodal, si je peux dire. Nous avons une très vaste cohorte de jeunes, nous avons une très vaste cohorte de gens ayant beaucoup d'années de service, et nous avons une très petite cohorte de gens à mi–carrière. Or, c'est là que se trouvent les futurs chefs des Forces canadiennes.
Nous devons donc essayer de les conserver — pratiquement tous — parce qu'il n'y a pas beaucoup de profondeur dans ce groupe. En même temps, nous devons couvrir cette période en conservant les gens ayant beaucoup d'années de service, ceux qui sont chevronnés, les gens de plus haut niveau, aussi longtemps que possible. C'est un problème qu'on ne peut pas régler une fois qu'on a commis l'erreur. Or, l'erreur a été commise dans les années 1990, durant la période de dégraissage, lorsque nous n'avions pas de programme de libération contrôlé ou de programme de réduction des effectifs qui eût permis de préserver le profil. Cela dit, ce qui est fait est fait et, je le répète, nous devons maintenant attendre que le problème se règle avec le temps.
Le troisième facteur qui influe sur la perte de cadres supérieurs concerne les modalités de service actuelles. Comme vous le savez, nous sommes loin de l'époque où nous avions des familles à revenu unique. Les familles à deux revenus sont la norme depuis une vingtaine ou une trentaine d'années. Les familles de militaires doivent également faire face à cette exigence.
L'un des facteurs qui empêchent les familles de militaires de préserver leur flux de revenu est celui des exigences de mobilité dans les Forces canadiennes. Nous avons une géographie gigantesque et nous avons des bases dispersées dans tout le pays. À cet égard, nous sommes très comparables à l'Australie. Nos armées respectives sont à peu près de la même taille, nous avons des pays de taille similaire, et ils doivent eux aussi déplacer souvent leurs gens.
Cela perturbe le flux de revenu des familles ainsi que la scolarisation des enfants. À 40 ans, à peu près, lorsqu'ils ont une vingtaine d'années de service et qu'ils ont des enfants à l'école, au secondaire ou à l'université, et que le conjoint ou le partenaire occupe un emploi bien stable, l'obligation de déménager à 1 000 km de distance les oblige à prendre des décisions.
Ce que nous avons essayé de faire pour corriger ce problème, dans le cadre de la stratégie de rétention, à été de voir si nous pouvons concevoir des profils de carrière régionaux, ce qui permettrait aux gens de passer au moins la majeure partie de leur carrière dans la même région. Ce sera un défi. C'est plus facile dans la marine, puisqu'elle a des ports sur la côte Est et sur la côte Ouest et que certains marins peuvent terminer leur carrière au QGDN. Ce sera plus difficile pour l'armée de terre, pour l'armée de l'air et pour les professions de soutien.
Il y a donc vraiment trois problèmes: le problème structurel, le problème démographique et les modalités de service.
:
Au sujet de la deuxième, nous avons examiné ce qui se passe entre la première année et la troisième, notamment à l'école de recrutement.
Ce qui se passe, c'est que vous entrez dans un centre de recrutement... et je rappelle que c'est mon équipe qui approuve la publicité de recrutement. C'est Dan lui-même, et elle est produite par les Affaires publiques. Cela garantit que nous sommes connectés.
Ce que vous voyez... certains d'entre vous la regardent en ce moment même. Nous faisons évoluer la campagne de recrutement pour l'orienter vers les métiers où il est difficile de recruter, pour que les deux soient connectés.
Donc, vous avez peut-être vu ça à la télévision mais souvenez-vous que 40 p. 100 de nos gens sont aujourd'hui recrutés en ligne. Ça n'a rien à voir avec une rencontre face-à-face et je pourrais y revenir un peu plus tard. C'est un sujet très fascinant. Nous avons à North Bay un centre de recrutement virtuel par lequel nous discutons tous les jours avec des gens de tout le pays, après quoi nous leur téléphonons. Dans l'ensemble, 40 p. 100 de tous les formulaires sont remplis en ligne. Les gens viennent dans un centre de recrutement puis participent à une très courte entrevue. Donc, les choses changent.
Mais vous faites ça et on vous dit ensuite de vous présenter à Saint-Jean. Nous sommes victimes de notre succès. Ce que nous avons dit, c'est que nous voulons rationaliser et accélérer le processus amenant les jeunes hommes et femmes, et des gens de tout âge, à Saint-Jean. Nous avons là une cohorte que nous avons obtenue après 25 jours. Ce que beaucoup nous ont dit, c'est: « Oh là, c'est un peu trop rapide pour moi. Je ne pensais pas me retrouver si vite ici. »
La première question, monsieur le président, est donc le choc culturel. Nous avons parlé à beaucoup des jeunes, et de gens qui partent, pour leur demander leurs raisons et, bien souvent, c'est parce que le choc était trop fort par rapport à ce qu'ils avaient quitté.
Personnellement, je pense que le tissu social est en train de changer, la société. Je le vois mes enfants qui veulent presque rester à la maison jusqu'à 30 ans.
Des voix: Oh!
Mgén W. Semianiw: J'espère qu'ils ne liront pas mon témoignage.
Mais ce n'est pas une anomalie, nous le constatons de plus en plus. Quand nous leur demandons pourquoi, ils nous disent: « C'est parce que je m'ennuie de chez moi. J'ai vraiment envie de parler à maman et à papa. »
L'autre problème est peut-être — nous l'admettons — que nous y allons peut-être un peu trop fort au début. Ce qui a provoqué la baisse, c'est que, quand vous arrivez à l'école de recrutement, vous rencontrez toute l'équipe de leadership. On ne vous rencontre pas au milieu de la nuit. L'équipe de leadership vous rencontre au début de la journée. Ses membres s'asseoient avec vous et se présentent.
Nous avons en fait adopté une approche très différente, une approche très relationnelle — je sais que cela fait rire certaines personnes quand je le dis publiquement — en commençant par dire: « Eh, nous vous aimons, nous sommes très heureux que vous ayez fait ce choix et nous voulons vous entraîner pour vous conserver. Nous ne sommes pas ici pour vous expulser. Nous voulons plutôt vous adopter. »
Ça commence donc dès le début. Nous avons changé certains des processus. Et ce que j'ai fait personnellement — puisque je suis le responsable ultime —, c'est que j'ai changé le jour où vous pouvez quitter l'école de recrutement. Jusqu'en avril dernier, vous pouviez partir le premier jour. Mais, si le problème est le choc culturel, ce qu'il a constaté, c'est que si vous gardez les gens jusqu'à la cinquième semaine, il est très probable que beaucoup resteront. Nous avons pris la théorie et l'avons mise en application. Devinez quoi? Ça marche.
Donc, ce que nous avons trouvé, c'est une manière différente de travailler avec les recrues, d'entraîner pour conserver, de plusieurs manières différentes. Si vous allez dans les détails, je suis sûr que vous comprendrez ce que vous avez vu dans les films et ailleurs. Je les ai gardés jusqu'à la cinquième semaine. Le taux d'attrition a baissé à cause de cet élément culturel parce que la famille leur manquait.
La deuxième chose que nous avons faite, c'est d'entrer en contact avec les mères et les pères pour qu'ils sachent exactement ce qui s'est passé si vous téléphonez à vos parents pour leur dire que nous vous avons mis dehors alors que vous êtes en fait parti de vous-même.
Nous avons mis en place un programme pour que vous puissiez être en contact avec vos parents. Nous l'avons mis sur le site Web. Vous pourrez y jeter un coup d'oeil. Nous allons bientôt leur envoyer une documentation afin qu'ils soient mieux informés. Nous avons réalisé que la nature de l'unité familiale a changé et que tout le monde participe à la décision.
Mais je dois vous dire ce qui est extraordinaire. Tout cela me passionne, comme vous pouvez sans doute le constater. Le jour de remise des diplômes, nous avons changé le programme pour commencer chaque semaine avec un nouveau peloton. Nous remettons le diplôme à l'ensemble du peloton. Les parents viennent et sont très fiers de leurs enfants, et les enfants aussi, d'ailleurs.
Ce ne sont d'ailleurs pas que des enfants, il y a tous les âges.
:
C'est excellent pour Saint-Jean.
[Français]
spécialement pour la Corporation du Fort Saint-Jean.
[Traduction]
Des voix: Oh!
Mgén W. Semianiw: En fin de compte, ça marche avec un style et une approche différents. Nous vous conservons pendant un peu plus longtemps maintenant.
Si quelqu'un veut partir, s'il y tient absolument, nous le laissons partir, mais le nombre de départs a baissé de manière spectaculaire parce que nous avons changé notre approche et appliqué de nouvelles politiques.
L'autre chose que nous avons faite concerne notre nouveau programme de conditionnement physique. Nous ne faisons plus passer d'examen de forme physique dans les centres de recrutement. Nous avons arrêté cela. C'est moi qui ai pris la décision, il y a un an et demi. Maintenant, quand vous arrivez à l'école de recrutement, vous passez votre examen de conditionnement physique la première semaine. Si vous réussissez, vous continuez votre entraînement. Si vous ne réussissez pas, nous conservons et nous nous chargeons de vous mettre en forme. Nous vous donnons un entraîneur personnel.
Tout cela est très structuré. On vous laisse pas dormir toute la journée. On vous réveille le matin, on vous donne un entraînement personnel, et votre carte magnétique ne vous permet de consommer que des bons aliments à la cafétéria. Nous vous mettons au lit pendant une heure l'après-midi.
N'oubliez pas que l'objectif est de conserver. Nous mettons les gens en forme. Au départ, ce que j'avais prévu, c'était de garder les gens pendant 90 jours. Ils le font maintenant en 30 jours.
L'an dernier, grâce à ce petit changement d'approche, nous avons augmenté l'objectif global d'expansion des FC de 550 personnes, rien qu'avec ce petit programme de conditionnement physique. Si nous n'avions pas mis ce programme en place, l'an dernier, ces 550 seraient partis.
Nous avons eu qu'un seul candidat — j'anticipe la question parce que je sais que vous allez la poser — qui soit entré dans les Forces canadiennes pour profiter du programme de conditionnement physique. Il est parti à la fin.
Des voix: Oh!
Mgén W. Semianiw: Mais c'est le seul.
Je suis allé voir sur place trois fois maintenant. Je suis allé assez souvent à Saint-Jean. Je suis allé parler aux membres de la compagnie de conditionnement physique. Il y a maintenant une structure de compagnie. Ils sortent de là au bout de 30 jours en pleine forme. Ensuite, ils continuent leur entraînement. Et vous savez quoi? Ça marche.
Nous faisons donc un certain nombre de choses pour vous faire entrer, pas pour vous faire sortir.
:
Merci, monsieur le président.
Je souhaite la bienvenue au général et à l'amiral. D'ailleurs, il ne faut jamais appeler un amiral un général. J'ai appris que ce n'est pas la bonne chose à faire en guise d'entrée en matière. Je vous félicite pour le travail que vous faites. Vous faites vraiment un effort pour faire en sorte que les choses se déroulent rondement.
D'abord, mon général, s'il y a de nouveaux développements à la suite de la question de M. Paillé sur le manège militaire et que cela vient à votre attention, pourriez-vous nous le signaler par écrit? Pour nous, il s'agit d'un dossier important. Pour ce qui est des mises à pied de 30 jours, on a compris que l'on pourrait adresser nos questions au vice-chef d'état-major, lorsqu'il pourra comparaître devant nous.
J'ai la mauvaise habitude de lire les documents dans les deux langues officielles. Parfois, j'ai d'énormes surprises. C'est la première fois, cependant, que cela me frappe à la lecture de chiffres dans les documents. Je veux comparer avec vous la version française et la version anglaise de pièce H. Je sais que les Québécois sont distincts, mais je ne m'attendais pas à voir des chiffres distincts en français et en anglais. Les chiffres qu'on peut lire dans la version française sont complètement différents de ceux qu'on peut lire dans la version anglaise. Je ne comprends pas. Entre autres, en ce qui concerne le sonar, en français, le pourcentage des offres est de 38 p. 100 , alors qu'en anglais, il est de 84 p. 100. L'ensemble des chiffres qui sont là ne concordent pas, dans les deux versions. J'ai besoin d'une explication; ça doit sûrement être une erreur.
Si vous me le permettez, général, je poserai mes deux autres questions avant de vous céder la parole. En ce qui concerne le double-dipping, des articles ont paru dernièrement. Cela coûte cher au contribuable. Cela doit coûter cher dans l'enveloppe salariale du ministère aussi. Des individus de haut rang quittent et sont enrôlés de nouveau le lendemain. Ils peuvent ainsi facilement doubler leur salaire. J'aimerais connaître la politique du ministère au sujet du double-dipping.
Enfin, en ce qui concerne la politique de recrutement, j'aimerais que vous nous donniez une idée. Je ne sais pas s'il s'agit de votre domaine. Cela concerne peut-être davantage le général responsable des cadets. Je sais que les Britanniques espèrent beaucoup que les jeunes paticipant à leur programme de cadets vont pouvoir intégrer les forces armées, alors que la philosophie canadienne n'est pas la même. Il s'agit davantage d'un groupe social, bien qu'il soit d'importance. J'y assiste continuellement.
Quelqu'un au ministère pense-t-il à la possibilité de changer la philosophie des cadets pour que certains d'entre eux soient intéressés à faire une carrière dans les forces armées?
:
Non, le programme des cadets relève du vice–chef d'état-major. Vous pourrez lui poser vos questions.
Je pourrais répondre à vos questions sur le programme mais ce ne serait que mon avis personnel. C'est lui qui le dirige.
[Français]
Il est responsable du Programme des cadets.
[Traduction]
Vous avez parlé de cumul. Je vais vous donner une longue réponse à cette courte question.
Premièrement, est-ce que ça existe? Oui. Deuxièmement, je pense qu'il faut replacer ça dans le bon contexte. Ce n'est pas seulement pour les grades supérieurs, c'est en fait pour tout poste des Forces canadiennes pour lequel le recrutement est difficile. Nous avons le caporal-chef qui s'occupe du même problème. Ce qui est sorti dans la presse concernait les grades supérieurs mais ça concerne en fait pratiquement tous les grades d'une manière ou d'une autre.
Ce dont il s'agit — pour préciser le contexte —, c'est qu'une personne qui quitte les Forces canadiennes touche une pension...
Je tiens à préciser que toucher une pension est un droit. Je ne peux dire à aucun membre des forces armées qu'il n'a pas droit à sa pension. C'est un droit.
Il touche sa pension et il prend connaissance d'une possibilité d'emploi dans le civil. Il est important que j'en parle. La possibilité d'emploi procède d'un processus tout à fait ouvert et transparent. Si j'ai besoin d'un chauffeur, j'enverrai à un réserviste une lettre indiquant cette possibilité d'emploi, en disant que je cherche un chauffeur, caporal-chef, sergent ou caporal, et quelqu'un se présentera.
En fin de compte, ce que je peux vous dire dans ce contexte, c'est que je ne sais absolument pas avant l'entrevue si cette personne a déjà servi dans les Forces canadiennes ou si c'est un réserviste à temps partiel. Quoi qu'il en soit, si vous examinez le processus de recrutement, il est très ouvert et transparent. Ce que cela reflète, et nous en avons parlé, c'est une pénurie d'expérience professionnelle dans le groupe des 19 à 24 ans depuis 3, 4 ou 5 ans, à cause des départs.
Dans bien des cas, ces postes ont été dotés. La plupart le sont au niveau supérieur par des gradés qui reviennent.
La question est de savoir ce qu'on peut faire. Allons-nous refuser de prendre quelqu'un qui a déjà servi dans les forces armées et qui pourrait nous faire profiter de son expérience pendant une courte période? Ça, c'est l'autre aspect dont on n'a pas parlé. Le contrat est un contrat de trois ans, pas de 20 ans. C'est seulement pour trois ans. Au bout de trois ans, le contrat se termine, ou après un an, et ensuite l'offre d'emploi doit sortir, si c'est nécessaire. C'est le contexte.
Nous examinons la situation du point de vue d'un poste de classe B — nous en avons déjà parlé, la question a été posée — pour voir s'il faudrait réduire certaines des offres d'emploi de classe B. Nous nous penchons sur tout le programme et, en réalité, peut-être, le réduisons.
Pour l'avenir, voilà le problème. Comme je ne cesse de le répéter, combien d'années faut-il pour obtenir 20 années d'expérience? Il en faut 20.
Quand j'ai tout le monde qui part entre 19 ans et 24 ans, même si je peux en recruter 7 000 par an, je ne reverrai pas ces gens-là pendant 15 ou 16 ans. C'est pourquoi j'ai maintenant une carence de connaissance et c'est pourquoi nous avons envoyé des lettres pour faire venir des gens. C'est ce que vous avez vu. C'était cette chose qu'on appelle le cumul.
Je tiens à rappeler aux membres du comité, monsieur le président, que ce n'est pas différent du côté de la fonction publique. Vous pouvez quitter l'armée avec une pension et trouver ensuite un emploi de fonctionnaire, surtout si vous êtes une personne qui a été blessée. Vous aurez la priorité pour le recrutement. Ce n'est pas un phénomène limité à l'armée. Ça existe dans toute la fonction publique.
C'est la même chose avec les sous-traitants. Je ne saurais vous dire si certains de nos sous-traitants ont déjà servi dans les Forces canadiennes ou non. Beaucoup l'ont fait. Là aussi, vous pouvez dire que c'est du cumul. La question importante est de savoir qui a les connaissances et l'expérience requises pour répondre à un besoin d'emploi à court terme, 19 à 24? Ça commence à baisser. Nous verrons cela ici bientôt.
Mais ça arrive. C'est une politique. Cela a été une politique. Elle émane en fait du Conseil du Trésor. Il y a un règlement très clair — trois ans et il doit y avoir une interruption d'un an. Je n'irai pas dans les détails mais cela nous a permis en fin de compte de doter des postes pour lesquels nous n'avions personne d'autre.
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Monsieur le président, c'est très simple.
[Traduction]
Nous avons trois catégories de réservistes: classe A, classe B et classe C. La classe B est celle dont nous parlons tous comme la classe des réservistes à temps partiel. Ils se présentent deux fois par semaine, ils travaillent dans leur...
Une voix: Classe A.
Mgén W. Semianiw: Oui, la classe A, veuillez m'excuser.
Donc, les réservistes de classe A se présentent une ou deux fois par semaine et travaillent au manège militaire local, ce qui est probablement le cas de votre fils, et ils reçoivent un peu d'argent et sont prêts à partir s'ils sont appelés. À l'heure actuelle, on met plus l'accent sur la Stratégie de défense Le Canada d'abord.
Toutefois, si les Forces canadiennes manquent de personnel, pour une raison quelconque, comme un déploiement opérationnel, on peut faire appel aux réservistes s'ils veulent se présenter et travailler à temps plein. Il y a cependant l'autre facteur à prendre en considération au sujet du cumul des réservistes de classe B. Ils ne reçoivent que 85 p. 100 du salaire de la force régulière. Ça peut quand même représenter beaucoup d'argent mais ce n'est que 85 p. 100.
J'ai beaucoup d'employés de classe B dans mon organisation qui touchent 85 p. 100 de ce que toucherait un membre de la force régulière, pour de bonnes raisons. Ils ne sont pas déployés. Je ne peux pas les envoyer ici ou là dans le concept actuel. En fait, ils nous aident à combler certains vides pendant une période de trois ans. Les contrats étaient d'un an dans bien des cas, et c'était d'une année à l'autre, mais ils sont là pour trois ans.
La dernière est la classe C. Si nous avons besoin de vous pour des raisons d'ordre opérationnel, nous vous mettons dans la classe C. Vous obtenez tout ce qu'obtient un membre de la force régulière. Ce n'est pas seulement l'argent, ce sont aussi les soins de santé, et il y a un programme d'avantages sociaux pendant cette période de service.
Ce que nous avons mis en place pour les réservistes blessés — parce que les réservistes dans beaucoup de cas vont classe C, classe A, et classe C, classe B —, c'est que, s'il y a des blessés, on les laisse dans la classe C jusqu'à ce qu'ils soient guéris et qu'il se soient rétablis. Donc, quand ils reviennent d'Afghanistan, par exemple, nous les gardons aussi longtemps que nécessaire pour qu'ils obtiennent les soins de santé dont ils ont besoin.
Tout d'abord, en ce qui concerne l'investissement, je suis totalement d'accord. Mais si vous parlez de l'investissement dans le personnel, les Forces canadiennes sont probablement en haut de la liste en ce qui concerne ce que nous faisons pour les gens, si l'investissement signifie l'entraînement, l'éducation, la rémunération et les avantages sociaux, et l'offre de défis à relever.
Pour nous, nous trois et toute mon équipe — nous avons environ 17 000 personnes —, voici notre mantra: la bonne personne au bon endroit au bon moment avec les bonnes qualifications. C'est le mantra. La clé est de savoir comment s'y prendre.
Ce que nous avons mis en place, c'est un système de gestion de la carrière. J'ai environ 250 gestionnaires de carrière, comme on les appelle, qui travaillent pour l'un des généraux placés sous mes ordres. Leur rôle, si je vous prends comme exemple, est de savoir exactement où vous êtes, ce que vous faites, quels sont vos opportunités, et ce que vous voulez savoir.
Je peux vous dire que nous venons juste de mettre en place un nouvel outil qui vous permet de dire en ligne aux gestionnaires de carrière ce que vous aimeriez faire, ce qui se passe dans votre vie. Vous pouvez en fait envoyer un courriel en ligne — ça se faisait auparavant par téléphone — et dire: « Voici ce que j'aimerais voir ».
Par ailleurs, nous commençons maintenant à diffuser en ligne toutes les possibilités d'emploi dans l'ensemble des Forces canadiennes. Peut-être voudriez-vous déménager l'été prochain ou l'an prochain? Dans ce cas, vous pouvez voir les possibilités futures et vous pouvez envoyer un courriel à votre gestionnaire de carrière pour lui dire ce qui vous intéresse.
Les gestionnaires de carrière prennent contact avec nos gens au moins une fois par an pour dire: « Faisons le point. Je sais que vous voulez quitter le Parlement. Nous avons une excellente occasion à vous proposer ailleurs.» Et ça va dans les deux sens. Vous devez vous dire ce que vous voulez, géographiquement et comme défi, et, selon ce qui est disponible, essayer de faire concorder les deux.
Chose intéressante, le système de gestion des carrières vient juste de terminer ses conseils. Nous prenons alors tout ça et emballons ça dans des conseils. Nous tenons des conseils chaque année sur le mérite pour déterminer, pour chaque grade, quels ont été les résultats de chacun, et c'est ce que nous utilisons pour les promotions chaque année. C'est comme ça que nous nous assurons que les meilleurs continueront d'avancer dans leur carrière. Et, en même temps, nous contactons les gens. Tout le monde ne tient pas à devenir adjudant-chef dans les Forces canadiennes ou chef d'état-major. Beaucoup de gens sont heureux là où ils sont, avec ce qu'ils font, mais ils tiennent à avoir des défis à relever, que ce soit par l'emploi ou par l'éducation et la formation.
Du côté civil, je fais partie du conseil des cadres en RH. Je rencontre mes homologues — de la Banque TD, par exemple, de Home Depot, Sears, la Baie — pour parler des pratiques exemplaires, de ce qui se passe, afin d'essayer d'intégrer ça à ce que nous faisons. Mais je dois dire aussi, monsieur le président, que, dans bien des cas, ce sont les autres qui veulent savoir ce que nous faisons, notamment du point de vue de la planification de la succession et de l'offre d'opportunités.
Mais je reviens à ce que je disais. Nous sommes tout en haut de la liste en ce qui concerne l'éducation et la formation. Si vous me prenez comme exemple, j'ai été suivre des cours et une formation pendant cinq ans, pas cinq ans à la suite mais en tout. C'est difficile de trouver ça n'importe où dans le secteur public ou même dans le secteur privé. Nous faisons donc du bon travail à ce chapitre.
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Tout d'abord, monsieur le président, pour expliquer un peu la pièce J, la courbe verte représente le taux d'attrition réel sur la période de trois à quatre ans considérée. La toute première catégorie, que montre la courbe bleue en pointillé, est celle des départs volontaires. C'est notre première source de pertes. La deuxième est celle des départs pour raisons d'ordre médical. Elle n'a pas autant d'importance, évidemment. Ensuite, il y a un niveau notable d'attrition structurelle des gens qui atteignent l'âge de la retraite. Il y a eu aussi quelques cas administratifs et quelques cas de mesures disciplinaires mais ce sont là les principales catégories.
Pour replacer les choses dans leur contexte, même un taux de 8 p. 100, à peu près, est très satisfaisant par rapport aux autres armées, qu'il s'agisse de celles de nos alliés ou des services militaires de front d'autres pays industrialisés. Ce taux signifie en effet que nous avons un taux de rétention d'au moins 92 p. 100. C'est également un taux très satisfaisant par rapport à ceux du secteur privé.
Certes, nous aimerions que le taux soit plus bas et nous nous y efforçons. Les choses que nous avons faites dans notre plan de campagne reflète ce que nous avons appris au cours des années en faisant des recherches auprès de nos membres et, plus récemment, de leurs familles. Quels sont les principaux facteurs d'insatisfaction qui incitent quelqu'un à quitter les Forces armées?
Le tout premier, récemment, était l'équilibre entre la vie personnelle et la vie professionnelle. Cela reflète simplement à la fois le niveau élevé d'intensité opérationnelle que connaissent les forces armées depuis quelques années, et d'intensité personnelle. Par suite d'études effectuées les années précédentes, nous avons vraiment insisté sur une re-professionnalisation des Forces canadiennes. Cela veut dire que nous avons beaucoup investi dans la formation et, plus particulièrement, la formation professionnelle. Tout cela exige du temps que le soldat ou l'officier ne peut pas consacrer à sa famille. C'est donc un facteur qui contribue à ce que j'appelle l'intensité personnelle.
La mobilité est également l'un des facteurs qui obligent les gens à se demander s'ils veulent rester ou partir, surtout aux étapes ultimes de leur carrière où ils ont établi des liens étroits dans leur communauté, ou lorsque les enfants sont à l'école, comme je l'ai déjà expliqué.
Lorsque nous avons tenu des séances d'information avec le chef d'état-major et avec les hauts gradés de l'armée de terre, de la marine et de l'armée de l'air, il y a environ un an, j'ai dit qu'il n'y avait réellement que deux choses que nous pouvions faire pour réduire ce facteur d'intensité personnelle.
La première est d'interrompre les opérations pendant un certain temps. Je pense que le chef d'état-major de l'armée de terre avait parlé d'une pause opérationnelle après l'Afghanistan, pas nécessairement très longue mais suffisante pour permettre aux gens de récupérer. L'autre solution consisterait à augmenter sensiblement l'effectif pendant une courte période mais ce n'est tout simplement pas faisable.
Donc, la seule chose que nous puissions vraiment faire est d'essayer d'atténuer les effets de l'intensité personnelle ou de l'intensité opérationnelle et de veiller à ce que les commandants respectent le plus possible la politique que nous avons adoptée, qui exige foncièrement qu'on accorde une période de repos obligatoire au retour des opérations et aussi une période durant laquelle les soldats peuvent être dispensés pendant un maximum d'un an d'un redéploiement sans dispense spéciale ou peuvent aller suivre des cours de perfectionnement professionnel. Voilà une solution.
En ce qui concerne la mobilité, c'est un peu plus difficile, comme je l'ai déjà dit. Nous étudions l'élaboration de modèles de carrière plus régionalisés, ce qui assurerait plus de stabilité géographique. Nous pensons que cela serait particulièrement important pour les anciens plutôt que les jeunes puisque ces derniers n'ont peut-être pas forgé des liens communautaires aussi profonds en début de carrière.
Pour ce qui est des autres choses que nous examinons, comme l'a dit le général, il s'agit d'un certain nombre de programmes susceptibles d'améliorer la vie des familles ou d'atténuer le stress auquel la vie militaire les expose. Nous envisageons des programmes pilotes en matière de garde d'enfants, de facilitation de l'accès aux soins de santé, et de l'amélioration des possibilités offertes aux conjoints et partenaires en ce qui concerne l'obtention d'un nouvel emploi sérieux lorsqu'ils changent de région.
Ce ne sont là que quelques exemples. Il y a six grands secteurs d'activité, dont certains sont axés sur les premières étapes de la carrière, mais nous avons en tout quelque 44 initiatives destinées à s'attaquer à ces problèmes. Évidemment, vous pourriez me dire: « Considérant les pourcentages que vous avez obtenus, 7,9 p. 100 globalement et 5,1 p. 100 volontairement, pourquoi ne déclarez-vous pas simplement victoire? »
Eh bien, c'est parce que nous avons dans une certaine mesure bénéficié de la récession économique. Voyez la pièce J. La flèche rouge indique septembre 2008, le début de la récession. Il y a là une corrélation très étroite. Le très grand facteur qui influence notre recrutement, dans une certaine mesure et, ce qui est plus important, la rétention des recrues, est ce qui se passe dans l'économie externe.
S'il est vrai, comme l'affirme le Conference Board du Canada, que nous retrouverons un marché du travail compétitif dès 2011, ce qui est rapide, nous devrons nous assurer d'avoir fait quelque chose à ce moment-là au sujet des facteurs actuels et permanents d'insatisfaction à l'égard de la vie militaire.
Pour replacer la situation dans son contexte, je dois dire que, quand nous menons des enquêtes sur ce que pensent nos membres de la vie militaire, les réponses sont très largement positives. Les militaires pensent que nous leur donnons un appui satisfaisant. Il y aura toujours une minorité qui sera d'avis contraire. En outre, les enquêtes que nous avons menées auprès des conjoints et des partenaires nous montrent qu'ils appuient solidement la carrière militaire de leur partenaire.
Nous avons donc des indicateurs montrant que nous faisons beaucoup de bonnes choses mais, comme l'ont dit le général et d'autres, on peut toujours faire mieux.