:
Merci, monsieur le président.
Avant de commencer, j'aimerais présenter mes collègues.
[Traduction]
Nous avons avec nous Dan Ross, sous-ministre adjoint (Matériels), du ministère de la Défense nationale, et Bill Pentney, sous-ministre adjoint. Bien sûr, tout le monde connaît et reconnaît le chef d'état-major de la Défense, le général Walt Natynczyk. Nous accompagnent aussi le sous-ministre, Rob Fonberg, le vice-chef d'état-major Denis Rouleau, et Kevin Lindsey, sous-ministre adjoint, Finances et Services ministériels.
Mesdames et messieurs, collègues, membres du comité et membres de notre personnel de soutien qui êtes ici avec nous aujourd'hui, merci de nous avoir invités à discuter du Budget supplémentaire des dépenses du ministère de la Défense nationale ce matin.
[Français]
Je suis heureux d'avoir l'occasion de vous expliquer comment le gouvernement investit dans les Forces canadiennes et favorise l'essor de l'économie canadienne. Comme vous le savez tous, sans contredit, nous en demandons beaucoup aux militaires canadiens. Ils défendent en effet le Canada et les Canadiens autant au pays qu'à l'étranger.
Étant donné le monde complexe et imprévisible dans lequel nous vivons, il s'agit d'une tâche colossale. Les militaires canadiens accomplissent leurs tâches remarquablement bien, avec honneur et courage. Ils forment l'une des meilleures forces armées qui soient et représentent ce que le Canada a de mieux à offrir. Le moins que le gouvernement puisse faire est donc de leur fournir les ressources dont ils ont besoin pour continuer d'exceller.
[Traduction]
Donner aux forces ce dont elles ont besoin pour accomplir leur travail et les tâches que l'on exige d'elles nécessite des investissements considérables. C'est pourquoi le gouvernement du Canada s'est engagé dans le cadre de la stratégie de défense « Le Canada d'abord ». Les membres du comité connaissent sans doute ce document.
Depuis un an et demi, nous travaillons activement à la mise en oeuvre de cette stratégie, monsieur le président. Le plan du gouvernement permettra aux militaires d'exceller au pays, de former des partenaires fiables pour la défense de l'Amérique du Nord et de faire preuve de leadership à l'étranger.
Monsieur le président, j'ai observé les militaires canadiens au travail au Canada et outre-mer. C'est avec une grande admiration que j'ai observé tout ce qu'ils accomplissent aujourd'hui au plan humain. Et c'est en toute humilité que je constate le courage et le dévouement dont ils font preuve. Les militaires canadiens relèvent chaque jour des défis de taille quel que soit l'endroit où ils se trouvent, dans 18 missions différentes de par le monde, et souvent au prix de lourds sacrifices pour eux et leur famille. La stratégie de défense « Le Canada d'abord » est le reflet de l'admiration du gouvernement et du pays pour le travail qu'ils accomplissent. Elle a été élaborée pour nous permettre d'assurer à long terme l'excellence de leurs opérations.
Les Forces canadiennes auront toujours leur raison d'être et il existera toujours une demande pour ce qu'elles accomplissent de façon si remarquable. Durant une période de 20 ans, le gouvernement réalisera des investissements bien répartis en ce qui concerne les quatre piliers des capacités militaires, soit le personnel, l'équipement, la disponibilité opérationnelle et l'infrastructure. Pour réussir pareille initiative, il faut procéder à une planification méthodique et cohérente.
C'est pourquoi nous avons élaboré un plan d'investissement qui détaille les investissements que le ministère effectuera sur cinq ans. Grâce à ce plan, les investissements majeurs seront faits au moment où les fonds seront disponibles. Étant donné l'ampleur des investissements visés, il s'avère crucial de dépenser prudemment l'argent des contribuables. À ce chapitre, nous prenons toutes les mesures nécessaires pour veiller à ce que les fonds soient dépensés de façon responsable et transparente.
Une grande partie des fonds demandés dans le Budget supplémentaire des dépenses nous permettra de continuer à investir dans les Forces canadiennes conformément à la stratégie de défense « Le Canada d'abord ». Nous avons bien géré les sommes approuvées précédemment par le Parlement et nous demandons 2 millions de dollars de plus que ce qui nous avait été octroyé à l'origine. Le reste des sommes approuvées sera allouée à d'autres types de dépenses.
Notre plan consiste notamment à investir dans notre ressource la plus importante: le personnel remarquable des Forces canadiennes soit les soldats, les marins, les aviateurs et les femmes. Dans le Budget supplémentaire des dépenses, 69,5 millions de dollars sont destinés au soutien direct des troupes. Ce montant financera l'augmentation de la solde et des indemnités versées aux membres des Forces canadiennes afin de les rendre conformes aux mesures d'augmentation et de compression prévues dans la Loi sur la compression des dépenses publiques. Je pense que la plupart des gens seraient d'accord, les Forces canadiennes sont bien rémunérées. Le pilier du personnel de la stratégie « Le Canada d'abord » nous permettra aussi d'accroître notre effectif. Nous faisons passer l'effectif des Forces canadiennes à 100 000 membres.
Aujourd'hui, je suis fier de dire que nous avons dépassé le seuil de 67 350 personnes, le chiffre le plus élevé depuis une génération, monsieur le président. Malgré les problèmes liés au profil démographique et au maintien en poste, nos efforts de recrutement donnent des résultats concrets. De jeunes hommes et de jeunes femmes de partout sont inspirés par les possibilités qu'offre une carrière dans les Forces canadiennes et se présentent en grand nombre à nos centres de recrutement. Il s'agit de notre plus importante campagne de recrutement depuis la guerre de Corée.
Le recrutement est essentiel pour permettre au Canada de conserver une force armée moderne et apte au combat. De nombreuses possibilités emballantes se présentent aux Canadiens qui, d'un océan à l'autre, veulent avoir une carrière et travailler dans le domaine des métiers. En prime, nous allons couvrir les frais de scolarité des étudiants qui se joignent aux Forces canadiennes. Nous demandons donc 3 millions de dollars afin de soutenir davantage la campagne de recrutement réussie des Forces canadiennes. Avec ces fonds supplémentaires, le financement de l'année financière en cours atteindra le même montant que celui de l'année précédente, soit un total de 10 millions de dollars.
En ce qui concerne l'infrastructure, monsieur le président, récemment, nous avons également réalisé d'importants progrès en ce qui concerne le renouvellement de l'infrastructure de défense à l'échelle du pays. Au cours de la dernière année, j'ai eu l'occasion et l'honneur de voyager partout au pays pour annoncer d'importants investissements dans l'infrastructure des bases et des escadres à Esquimalt, en Colombie-Britannique, à Gander, Terre-Neuve-et-Labrador. Ces investissements contribueront à mettre en place l'infrastructure moderne que nos militaires méritent. Ils assureront la sécurité des militaires dans le cadre de leur travail et de leur entraînement dans les endroits où ils habitent.
Ces investissements injectent des dizaines de millions de dollars dans les économies locales à l'échelle du pays, ce qui crée des emplois tout en renforçant les Forces canadiennes à long terme. Le Budget supplémentaire des dépenses permettra de poursuivre sur cette lancée. Il comprend 23 millions de dollars destinés au regroupement de la station des Forces canadiennes à St. John's et de plusieurs unités militaires dans une nouvelle installation au site de Pleasantville, à St. John's, Terre-Neuve-et-Labrador.
Dans le budget supplémentaire, nous demandons également 6,6 millions de dollars pour une nouvelle installation spéciale destinée au Centre de la sécurité des télécommunications Canada.
En ce qui concerne l'équipement, encore une fois, je suis fier et très honoré de vous dire que bien des progrès ont été accomplis dans le cas du troisième pilier de la stratégie de défense « Le Canada d'abord », soit l'équipement. Nous investissons environ 50 milliards de dollars sur 20 ans afin de revitaliser l'équipement de base de la Marine, de l'Armée de terre, de la Force aérienne et des Forces spéciales.
Par exemple, en août dernier, un contrat visant 15 nouveaux hélicoptères Chinook de modèle F a été alloué. Cela s'ajoute, bien sûr, aux six hélicoptères Chinook acquis précédemment par notre gouvernement pour la mission en Afghanistan, conformément aux recommandations du comité indépendant. Ces aéronefs ont été grandement utiles à nos troupes en améliorant considérablement leur sécurité et leur efficacité et en leur permettant de se déplacer dans le théâtre d'opérations en Afghanistan.
Nous voulons donc maintenant nous assurer que les Forces canadiennes disposent de ces appareils pour leurs opérations futures tant au pays qu'à l'étranger. Cette nouvelle flotte d'appareils Chinook devrait être livrée d'ici 2014.
L'été dernier, nous avons également entrepris les projets de familles de véhicules et de systèmes de combats terrestres. Ces projets représentent un investissement de 5 milliards de dollars, lequel a été annoncé à la BFC de Gagetown cet été. Ces projets visent à fournir à la force terrestre les véhicules dont elle a besoin et à protéger les véhicules lorsque la force terrestre doit intervenir dans le cadre d'une vaste gamme d'opérations. La survivabilité, la protection et la mobilité qu'offrent ces véhicules permettront aux militaires d'opérer dans tous les milieux difficiles qui posent des risques pour leur sécurité.
Ces projets consistent, entre autres, à moderniser la flotte des véhicules blindés légers et à acquérir trois nouvelles flottes de véhicules de combats terrestres, soit des véhicules de combats rapprochés, des véhicules blindés tactiques de patrouille ou VBTP. Dans le budget supplémentaire, nous demandons donc aussi 24,3 millions de dollars à l'appui de ces projets.
Nous demandons en outre, monsieur le président, 57,1 millions de dollars pour la modernisation, la réparation et la révision urgente de nombreux chars de bataille en vue des opérations en Afghanistan. Ces fonds permettront aussi de modifier certains chars afin qu'ils respectent les normes d'instruction et de fournir aux militaires canadiens une capacité durable de tirs directs lors de leurs prochaines opérations.
[Français]
Monsieur le président, nous préparons nos militaires à relever les défis posés en matière de sécurité en ce XXIe siècle grâce à des investissements dans le renouvellement et la modernisation de l'armée de terre, de la marine et de la force aérienne. La stratégie de défense « Le Canada d'abord » est une bonne nouvelle pour les Forces canadiennes. C'est également une bonne nouvelle pour les Canadiens.
En effet, les investissements du gouvernement génèrent des activités économiques qui créent des emplois au sein des communautés partout au Canada. Ces investissements aident par ailleurs des entreprises canadiennes à devenir des fournisseurs de choix sur le marché national et international.
Monsieur le président, le gouvernement voit loin. Les Canadiens méritent de pouvoir compter sur le gouvernement pour qu'il prenne les mesures nécessaires pour les protéger autant aujourd'hui que demain. Nos demandes de fonds supplémentaires sont motivées par notre désir de donner aux Forces canadiennes les moyens nécessaires pour intervenir lorsque le besoin s'en fait sentir.
[Traduction]
Monsieur le président, chers collègues, en conclusion, nous nous sommes engagés à revitaliser les Forces canadiennes pour en faire une force moderne, de première classe pour l'avenir. Nous avons illustré notre engagement au cours des derniers mois et des dernières années. La stratégie de défense « Le Canada d'abord » vise à protéger les Canadiens au pays et à l'étranger, à assumer nos responsabilités en tant que partenaires fiables de la défense continentale et à veiller à ce que le Canada fasse preuve de leadership à l'étranger.
Le financement que nous demandons permettra aux Forces canadiennes de continuer à assumer ces rôles de façon efficace.
Je vous remercie et je serai heureux de répondre à vos questions. Merci beaucoup.
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Merci, monsieur Wilfert.
Monsieur le président, en réponse à cette question, je dirais que la stratégie sous-tendant la stratégie de défense « Le Canada d'abord » a été élaborée sur une période considérable. Elle remonte peut-être même à la fin des années 1990 ou au début des années 2000, lorsque les membres des Forces canadiennes, les civils comme les militaires, ont commencé à évaluer leurs besoins en matière d'équipement, de personnel et d'infrastructures, de même que leurs disponibilités opérationnelles.
Je dois être honnête et dire que lorsque la mission en Afghanistan a changé, à la fin de 2004 et en 2005 et que nous sommes passés à un déploiement dans la province de Kandahar, les priorités en matière d'équipements, en particulier, ont changé très rapidement. Il est apparu à tout le monde, compte tenu de la cadence rapide des opérations, que de l'équipement de protection était nécessaire, c'est-à-dire des véhicules de combat de protection et des choses comme des chars de bataille. Soudainement, tout le monde en a pris conscience. De plus, en raison de la prépondérance des engins explosifs improvisés, que vous connaissez tous j'en suis certain — les membres du comité comprennent bien que ces engins explosifs improvisés sont devenus l'arme mortelle de choix pour les talibans dans le théâtre d'opérations — on a effectué une réévaluation pour déterminer comment augmenter le contingent d'équipement de protection, soit les engins sur le terrain et les véhicules comme les hélicoptères. Je dirais qu'on a attendu environ deux ans pour décider d'acquérir des hélicoptères Chinook de transport moyen à lourd, que nous avons pu acheter grâce à un processus d'acquisition accélérée. À l'époque, nous avons aussi investi pour installer des mesures de protection additionnelles sur notre flotte d'hélicoptères Griffon, qui escortent les hélicoptères Chinook dans les théâtres d'opérations.
J'inviterais le général Natynczyk à prendre la parole, parce qu'à titre de vice-chef d'état-major de la Défense, il a joué un rôle très important dans le processus décisionnel.
Bref, les priorités en matière d'équipement ont changé à la suite de la mission en Afghanistan. On a investi dans les bases à l'échelle du pays et les investissements dans le domaine du personnel visaient à éliminer certaines anomalies qui existaient à l'époque. La décision de porter l'effectif à 100 000 a manifestement entraîné des investissements dans le pilier du personnel. En ce qui concerne la disponibilité opérationnelle. Je viens tout juste de parler des capacités pour protéger les gens sur le terrain en Afghanistan.
Au chapitre de la stratégie de défense « Le Canada d'abord », je cède la parole au général Natynczyk.
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Merci monsieur le président et monsieur Wilfert.
Il ne fait aucun doute que le ministère de la Défense nationale est un ministère à cadence élevée, surtout en ce qui touche le déploiement en Afghanistan et d'autres missions auxquelles nous participons à l'heure actuelle. Il y a une demande courante et permanente pour les services des soldats canadiens en raison de leurs capacités et de leur professionnalisme.
Il est évident que la déployabilité est un poste coûteux. Par exemple, la décision d'acheter quatre aéronefs C-17 nous permet non seulement de déployer des soldats pour qu'ils participent à des missions de combat, mais pour qu'ils participent à des missions humanitaires comme celles que nous avons vues dans les Caraïbes et à d'autres occasions où les Forces canadiennes, ainsi que des travailleurs de l'aide, ont été déployés pour des missions de secours et d'assistance humanitaire lors de catastrophes naturelles et, quelquefois, causées par l'homme.
Nous avons pu constater, certainement au cours des dernières années, qu'il est nécessaire d'acheter de l'équipement particulier qui présente une grande utilité. Par exemple, la plupart des pays, y compris le Canada, utilisent maintenant des véhicules aériens sans pilote, qui présentent des capacités très élevées en matière de haute technologie, et qui nous permettent de voir ce qui se passe jour et nuit. Ainsi, le fait de voir 24 heures sur 24 ce qui se passe sur le terrain dans un théâtre d'opérations comme l'Afghanistan présente des capacités préventives incroyables, qui nous permettent de détecter par exemple l'installation d'engins explosifs improvisés sur les routes. Cela nous permet, lorsqu'on les combine à d'autres capacités comme les renseignements électroniques, d'interrompre l'installation des engins et bien souvent d'empêcher que ces bombes ne tuent des civils ou des soldats canadiens. Ou bien alors on peut déterminer où ils sont fabriqués et, dans certains cas, de déterminer où les insurgés ont obtenu le matériel nécessaire pour la fabrication de ce type d'engin explosif. Voilà donc un exemple.
Plus tôt, nous avons parlé des chars. En raison de la puissance de la détonation de certains de ces engins explosifs improvisés, en ce qui concerne les chars de combat principaux... Et vous pouvez demander au général Natynczyk son avis en particulier sur cette question. En tant qu'ancien opérateur de char, c'est un sujet qu'il connaît très bien — oui, il est toujours un opérateur de char.
Des voix: Oh, oh!
L'hon. Peter MacKay: Mais, ces chars Leopard 2, que nous avons pu obtenir des Néerlandais grâce à un processus très innovateur, nous ont donné une capacité que nous n'avions pas depuis un bon nombre d'années.
D'autres véhicules terrestres modernisés sont aussi équipés de blindés qui sont conçus tout particulièrement pour protéger les soldats qui font fonctionner cet équipement. Même le blindage, en tant que tel, est constitué de matériaux plus légers qui permettent une plus grande mobilité. Alors, ce type d'armement qui est utilisé dans le théâtre d'opérations, les M-777, et d'autres types de matériel ayant des capacités protectrices que nous fournissons maintenant à nos soldats ont été des investissements importants et, comme vous l'avez indiqué, ils ont été faits à la suite de notre expérience en Afghanistan.
Mais, pour répondre à votre question, lorsque ce genre de pressions se fait sentir, elles peuvent changer le type d'investissement requis. Sur une période de 20 ans, pour être honnête avec vous, monsieur, je m'attends à ce qu'il y ait d'autres changements et d'autres innovations qui exerceront peut-être des pressions sur le budget du ministère de la Défense nationale. Mais, le Parlement actuel, et, j'ose croire, tous les membres du comité s'entendraient pour dire qu'on ne peut pas envoyer des gens dans des situations dangereuses sans l'équipement nécessaire, et plus particulièrement, sans les mesures de protection adéquates et sans leur donner la capacité de réaliser l'important travail qu'ils exécutent pour nous à la fois au Canada et à l'étranger.
:
Monsieur le président, je suis tout à fait d'accord que le Parlement joue un rôle très important en ce qui concerne l'examen des postes qu'il choisit d'examiner. Mais, en ce qui a trait à la Commission d'examen des plaintes concernant la police militaire, il existe un mandat prescrit par la loi, c'est-à-dire, que le mandat de cette instance est expressément décrit dans la Loi sur la défense nationale.
J'aimerais revenir sur ce qui a été dit par mon ami par rapport aux fonds supplémentaires. À ce que je sache, les fonds supplémentaires découlent du fait que le président a décidé d'étudier cette question au moyen d'une audience publique. Ces audiences publiques ont nécessité des déplacements et l'apport de services de soutien pour la commission, ce qui a entraîné la demande de fonds supplémentaires, et on a demandé au Parlement de l'approuver.
Pour ce qui est des références concernant des documents et des témoins, encore une fois, ces décisions ont été prises par un organisme indépendant, soit la Commission d'examen des plaintes concernant la police militaire. Les décisions concernant les documents qu'ils peuvent consulter et les témoignages qu'ils pourraient faire ont été prises par la commission et affirmées par la suite par la cour, dans certains cas. Ces décisions ne sont pas prises par le volet politique du gouvernement.
De façon semblable, les décisions concernant des documents caviardés ou dont on veut limiter la diffusion sont essentiellement prises au sein des ministères après avoir été examinées par des fonctionnaires, qui ont habituellement une formation juridique. Elles sont ensuite confirmées par un service spécial au sein du ministère de la Justice ou par le Bureau du procureur général, qui ont le droit de décisions finales à cet égard. Encore une fois, ce n'est pas une décision prise par les ministres ou leur personnel politique; elle est prise par des professionnels de la fonction publique, sur avis juridique du ministère de la Justice. Et elle est prise, comme vous le savez,... et cela a fait l'objet de débats publics récemment. Dans bien des cas, ces décisions sont prises pour empêcher la divulgation de questions ayant trait à la sécurité nationale, de questions portant sur de l'information confidentielle reçue de partenaires et d'alliés internationaux ou d'information provenant d'autres organismes qui ont spécifiquement demandé d'assurer la confidentialité, comme la Croix-Rouge, des organismes internationaux ou des sources confidentielles.
Alors, il faut tenir compte de nombreuses considérations lorsqu'on prend une décision de diffuser de l'information ayant trait à la sécurité nationale. Il est également important de noter que cette information peut, bien sûr, mettre en danger des civils et des soldats à l'étranger si jamais elle était divulguée.
Voilà ce dont il faut tenir compte lorsque l'on prend la décision de divulguer ou non des documents dans le cadre d'une audience.
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J'allais dire exactement la même chose.
Je demanderais à M. Braid de faire preuve d'un peu de patience et d'attendre que j'arrive à ma question, qui est tout à fait appropriée et se rapproche du genre de choses dont le ministre vient de parler. J'imagine qu'il n'était pas hors sujet, sinon vous auriez jugé son intervention irrecevable.
Merci, monsieur le président. J'apprécie votre compréhension.
Le document auquel je fais référence a été écrit par M. Colvin, en consultation avec le lieutenant-colonel Elms et Mme Bloodworth, puis envoyé à certaines personnes, notamment à plusieurs adresses au ministère des Affaires étrangères, ainsi que des adresses militaires, dont le COMFEC, et, enfin, au Bureau du Conseil privé. Il traite de la question des détenus afghans et fait état de notes de service remontant à juillet, octobre et novembre 2006. Or, la note de service est entièrement caviardée sur deux pages et demie, si bien qu'aucun renseignement n'est fourni. La réponse, envoyée à l'ambassadeur, est elle aussi caviardée et entièrement non disponible pour la CEPPM, les comités de la Chambre des communes ou la Chambre des communes, en général.
Monsieur le ministre, la règle exprimée hier par Colleen Swords, réitérée il y a quelque peu par le brigadier-général Watkin, soulève une question aux vues du droit international des droits de la personne... La règle du droit international est de s'abstenir de transférer des prisonniers s'il y a un véritable risque de torture ou de traitement abusif. D'après le brigadier-général Watkin, c'est ainsi qu'il faut comprendre le droit international sur les droits de la personne. La question est des plus simple: pensez-vous vraiment que la CEPPM ou un comité de la Chambre peut véritablement comprendre ce que savaient les responsables canadiens de la situation, quand on leur fournit ce type de preuve? Et ce fait, ce problème, n'étaye-t-il pas la nécessité d'avoir une enquête publique en bonne et due forme, avec un juge en mesure de passer ces choses en revue et de décider ce qui est approprié et ce qui ne l'est pas? Ne serait-ce pas un cadre plus approprié pour ce type de choses?
On parle de donner plus d'argent à la CEPPM, mais elle ne peut se procurer des documents. N'est-il pas plus sensé, plus réaliste et plus transparent de tenir une enquête publique complète, afin de sortir la question du domaine politique, alors qu'elle est en plein dedans en ce moment, et d'avoir une étude objective et appropriée des questions idoines, sans s'égarer sur des tangentes?
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Merci, monsieur le président. Je serai heureux de répondre à la question de M. Harris. Je ne demande pas mieux que de parler de la CEPPM.
En date du 6 décembre 2006, j'étais effectivement ministre des Affaires étrangères. Quant aux documents, M. Harris a en sa possession, comme d'autres, des documents transmis par le gouvernement en réponse aux affaires de l'autre comité ainsi qu'aux affaires qui pourraient également être abordées ici.
Laissez-moi revenir à la question, monsieur le président, chers collègues. Ce ne sont pas les politiciens ou les ministres qui prennent la décision de caviarder certains passages. Il s'agit de décisions indépendantes prises par des fonctionnaires expérimentés habilités à traiter de questions touchant la sécurité nationale, avec l'aide des services spéciaux du procureur général pour la sécurité nationale. Sur quoi s'appuie la décision de rendre publics certains renseignements et pas d'autres, à la demande d'un comité parlementaire ou autrement? Sur un souci de défendre la sécurité nationale, de protéger des individus, des organismes, des pays nous ayant parfois fourni des renseignements et, ce qui est peut-être le plus important, les citoyens canadiens — militaires ou civils — qui oeuvrent dans des missions comme celles en Afghanistan, susceptibles de les exposer à des dangers. C'est leur vie qui est en jeu si certains renseignements rendus publics étaient exploités à des fins ignobles. Si les talibans ou, plus généralement, les gens souhaitant nous nuire, avaient accès à ces renseignements, cela risquerait de mettre la vie de ces gens en danger. C'est pourquoi la décision de les divulguer est prise de façon indépendante.
Pour revenir sur le commentaire où mon collègue a peut-être vu une insulte et sur les rumeurs qui circulent en général — crimes de guerre, implication dans une tentative pour étouffer l'affaire ou encore complicité sans preuve à une forme de torture — c'est une insulte à tout un chacun. J'ai entendu le général Gauthier et d'autres s'en offusquer, en être profondément offensés. Ce sont des hommes qui servent l'armée depuis 30 ans et plus et qui voient leur carrière ternie, salie par la suggestion de conduite inappropriée, voire criminelle. Rien d'étonnant à ce qu'ils en prennent ombrage, surtout en l'absence de fondement et de preuve.
Parlons des faits. Revenons aux preuves. Revenons aux questions qui peuvent être prouvées, aux questions qui peuvent être étayées.
Monsieur le président, permettez-moi d'ajouter que nous avons maintenant entendu les témoignages fournis à l'autre comité, par trois généraux respectés responsables de la mission en Afghanistan à l'époque dont il est question; et par trois hauts fonctionnaires également responsables de la mission en Afghanistan à l'époque. Or, aucune de ces personnes n'a indiqué dans son témoignage avoir été en possession ou avoir été consciente d'allégations précises de torture portant sur des prisonniers ou détenus transférés par les Canadiens.
Ceci étant, comment un membre du comité ou quiconque d'autre, sachant pertinemment que nous dépendons entièrement du conseil et du point de vue de ces individus sur la mission...? Si eux n'ont pas vu de torture ni transmis d'allégation de torture, comment les fonctionnaires auraient-ils pu arriver à une autre conclusion? C'est ainsi que je répondrai à la question.
Merci, monsieur le président.
:
Merci, madame Gallant. Je vous remercie par la même occasion de vos liens de longue date avec la base de Petawawa, ainsi que du travail que vous avez entrepris personnellement en faveur des familles de militaires.
Comme vous, je dirais que ces dernières années, les Forces canadiennes ont parcouru beaucoup de chemin dans les efforts déployés pour, comment dire, appuyer les familles de militaires de façon plus concrète, par le biais de la programmation et de la reconnaissance dans les bases du besoin d'investir dans des domaines comme la garde d'enfants, l'éducation au sens large et le soutien aux familles quand les soldats sont en affectation. C'est une priorité du Chef d'état-major de la Défense; c'est une priorité du commandement des Forces canadiennes. Le général Walt Semianiw, présent parmi nous aujourd'hui, assume une bonne part de la responsabilité en la matière et mérite, c'est sûr, une bonne part du crédit pour les progrès réalisés.
Vous avez également mentionné — je sais que le général me le pardonnera — Leslie Natynczyk. Elle assume désormais des responsabilités, souvent bénévoles, ayant trait à une meilleure approche de l'aide apportée tant aux familles de militaires qu'à ceux qui reviennent d'une affectation avec des blessures liées à l'affectation, qu'elles soient psychologiques ou physiques. Elle s'intéresse particulièrement à des programmes comme Soldat en mouvement, conçus pour aider ceux souffrant de blessures liées à une affectation et pour aider également dans les domaines familiaux que vous avez mentionnés.
Nous estimons que c'est une vraie priorité pour les Forces canadiennes. C'est impératif pour des forces armées modernes, qui reconnaissent que leurs responsabilités dépassent l'équipement et l'infrastructure. Ce sont des questions qui tiennent au coeur des membres des Forces canadiennes, parce qu'elles ont des répercussions directes sur leur famille et leur avenir. Je suis très fier des progrès en cours de réalisation et de ceux déjà accomplis. Là encore, c'est un exemple du professionnalisme des Forces armées, ainsi que de l'appréciation et de l'affection que ressentent les Canadiens pour les hommes et les femmes en uniforme.
Pour revenir à la question des bourses ou du soutien aux jeunes Canadiens et Canadiennes souhaitant entamer une carrière dans les Forces canadiennes, il y a de l'argent disponible pour les études. Que l'on se joigne aux Forces canadiennes comme réserviste ou comme membre de la force régulière, il existe des bourses d'étude; de plus, le Collège militaire royal de Kingston, une des meilleures institutions éducatives du Canada, offre des bourses. Lors des cérémonies de remise des diplômes d'études secondaires auxquelles j'ai assisté au printemps dernier, un certain nombre de jeunes Canadiens, dont plusieurs de ma circonscription de Central Nova, ont reçu des bourses importantes — qui se chiffrent à des dizaines de milliers de dollars — pour s'inscrire au Collège militaire royal et à d'autres programmes universitaires pouvant les mener à faire carrière dans les forces armées.
La plupart des renseignements sur la question sont disponibles sur le site des Forces canadiennes. De plus, nous avons chargé certaines personnes de parcourir les campus, collèges communautaires et universités du pays pour disséminer l'information.
Je vais revenir à votre dernière question, madame Gallant, au sujet des hélicoptères. Nous avons acheté des hélicoptères usagés ayant, disons, une capacité de transport moyenne à lourde. Ils sont en bonne condition et avaient été entretenus par les Forces américaines. Ces hélicoptères Chinook nous ont été cédés pour répondre à une urgence, afin que nous puissions avoir cette capacité tout de suite en Afghanistan. Nous les avons achetés, ils y sont. Nous avons à nouveau des hélicoptères de ce type, capacité dont nous disposions il y a quelques années de cela. Nous avons aussi conclu un contrat pour acheter 15 nouveaux modèles « F », version moderne du même hélicoptère, qui nous servira bien à l'avenir.
M. Bouchard a posé certaines questions sur leur base d'opération à l'avenir. Les nouveaux hélicoptères que nous avons achetés sont pilotés par des Canadiens. Il a fallu du temps, bien sûr, pour que les pilotes se familiarisent avec ce type d'aéronef. On y a apporté certaines modifications, mineures, je crois.
Pour avoir cette capacité, il nous a fallu investir. Ce ne sont pas des machines des plus simples. On ne les trouve pas au Canadian Tire du coin. Il a fallu les moderniser un peu pour qu'elles répondent à nos besoins. Je ne vais pas casser du sucre sur le dos d'un autre pays, mais le Canada a des normes très contraignantes en matière d'entretien et de mécanique. Nous avons aujourd'hui dans les Forces canadiennes des gens qui sont de véritables magiciens. Imaginez le tour de force que représente le maintien en opération d'un hélicoptère Sea King vieux de 45 ans, qui reste disponible pour des missions. On peut en dire autant du Buffalo et de certains des aéronefs Hercules que nous utilisons sur le côte Ouest. Les montants graduels sont conçus pour aider à entretenir et à mettre à jour certains équipements vieillissants et pour apporter certaines modifications à de l'équipement récemment acheté.
Ai-je répondu à votre question?