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Monsieur le Président, comme toujours, je suis très honoré de prendre la parole à la Chambre en tant que représentant des gens de Timmins—Baie James, et je prends ce rôle très au sérieux. L'un des rôles qui m'incombent, en tant que député, est d'examiner les projets de loi et de me prononcer à leur sujet. Nous, députés, devons envisager le présent projet de loi dans une perspective plus vaste. Il ne s'agit pas que d'un projet de loi ponctuel.
Pour que le Canada en arrive au point où il doit être sur le plan de l'économie du XXIe siècle, il nous faut une vision complète du potentiel en matière d'innovation numérique, mais aussi des embûches qui nous attendent. Compte tenu de la vision globale que nous avons d'un Canada qui se débrouillerait et qui serait un chef de file, nous devons nous pencher sur un certain nombre d'initiatives. Plus tôt, on a soulevé à la Chambre la question de l'accès à large bande numérique. Pour un pays aussi défini par sa géographie que l'est le Canada, il nous faut l'accès à large bande numérique.
Le rapport publié la semaine dernière par la Commission fédérale des communications des États-Unis, l'un des chefs de file mondiaux du fait de sa crédibilité dans ce domaine, décrit à quel point le Canada a pris du retard. Un chef de file mondial en 2003, le Canada est devenu un traînard. Quiconque observe la situation chez nous n'a pas besoin de la Commission fédérale des communications des États-Unis pour savoir que nous payons des frais qui sont parmi les plus élevés pour l'accès Internet, et que nous obtenons un service qui compte parmi les plus médiocres.
La Commission fédérale des communications des États-Unis traite de la façon dont le Canada est passé de chef de file mondial, veillant à la réalisation de l'accès à large bande — le pays à surveiller, en 2003 — au 20e, 25e ou 26e rang à divers égards, tout dépendant des indicateurs utilisés.
La Commission fédérale des communications des États-Unis attire l'attention sur l'absence de concurrence au Canada. Elle n'attire pas l'attention sur le fait que le CRTC n'a pas été à la hauteur dans ce dossier, mais elle souligne quelque chose que nous constatons, encore une fois, et c'est que lorsqu'une petite clique d'entreprises exploite essentiellement l'infrastructure d'Internet, si aucune innovation ne vient de tiers, soit de petits fournisseurs d'accès Internet, on constate une ossification graduelle du développement, et c'est ce qui s'est produit. Les rapports de la Commission fédérale des communications des États-Unis montrent à quel point nous nous laissons distancer parce que nous ne bénéficions pas de la concurrence tierce que nous procureraient les plus petits intervenants. Il s'agit là de l'un des éléments du tableau plus global que nous devons examiner.
Ensuite, vient la question de la neutralité d'Internet, qui joue un rôle important dans l'accès à large bande. Lorsque ce sont quelques acteurs très importants du secteur qui décident du développement de la vitesse sur Internet, on ne peut pas les laisser déterminer qui sera ou non dans la voie rapide. On doit comprendre que la pierre angulaire du perfectionnement d'Internet est sa neutralité. Ce n'est pas un principe des soi-disants technophiles informatiques. Parlez à n'importe qui dans le monde des affaires, et il vous dira que s'il ne peut avoir l'accès rapide à Internet, il se tournera vers un autre fournisseur. Les gens d'affaires se préoccupent notamment beaucoup de l'inspection approfondie des paquets. Lorsqu'ils mettent des renseignements sur Internet par VoIP ou BitTorrent, ils s'inquiètent grandement que leur système puisse être injustement ralenti. C'est donc le deuxième élément d'un programme d'innovation sur lequel nous devons nous pencher.
La troisième partie d'un programme d'innovation vise à actualiser nos lois sur le droit d'auteur pour veiller à ce que nous nous tournions vers l'avenir et favorisions l'innovation et les nouvelles idées susceptibles de menacer certains modèles d'affaires en vigueur, mais la seule façon d'innover est de faire en sorte que nos lois sur le droit d'auteur soient conformes à notre programme du XXIe siècle. J'ai consacré énormément de temps au dossier sur le droit d'auteur et je peux affirmer que nous sommes finalement d'accord pour dire que la tentative d'appliquer des lois qui auraient fonctionné en 1996 ne nous mènera nulle part. Nous devons édicter des lois qui nous serviront pendant les 20 prochaines années.
Au chapitre de la stratégie numérique, l'autre élément est de composer avec les irritants. C'est d'ailleurs la façon dont la plupart des gens perçoivent le pourriel: comme un irritant. Nous sommes tous touchés. Chaque fois que j'utilise mon ordinateur, on essaie de me vendre un produit qui promet d'agrandir considérablement certaines parties de mon corps. Je crois que mes oreilles sont déjà assez grandes comme cela. Je n'ai pas besoin d'aide, merci bien. Néanmoins, on ne me laisse pas tranquille. On m'offre constamment de me vendre des biens immobiliers alors que je paie toujours la maison que j'ai achetée il y a bien des années dans le Nord de l'Ontario. J'aurais bien apprécié de l'aide à cette époque-là, mais certainement pas de la part de polluposteurs.
Bien que le ridicule des pourriels nous amuse jour après jour, nous devons voir leur incidence sur notre capacité de travailler, mais également la nature réelle de la menace qu'ils représentent pour les citoyens moyens. Les polluposteurs sont fortement associés à un niveau croissant de fraude par Internet. Ils sapent la confiance. Nous ne voulons pas aller sur un site web et y laisser notre courriel de peur qu'il soit utilisé à des fins abusives.
Le manque de confiance mine notre capacité d'avancer. La question du pourriel est certainement très grave. Le Canada est ressorti comme le seul pays du G7 a ne pas disposer d'une loi anti-pourriel. Cela nous donne vraiment mauvaise figure, car les polluposteurs utiliseront notre pays pour promouvoir le pourriel. C'est facile de dire que nous allons retracer les polluposteurs grâce à leurs adresses électroniques. Toute personne qui a déjà essayé de le faire sait que ces adresses ne mènent nulle part.
Nous assistons plutôt à un mouvement bien autrement insidieux. Les polluposteurs ont toujours une longueur d'avance en matière d'innovation technologique. Comme leurs pourriels ne partent pas de leur ordinateur personnel, il est impossible d'en déterminer la provenance. Ils utilisent toutes sortes de techniques grâce auxquelles leurs messages peuvent littéralement en parasiter d'autres et prendre le contrôle de votre ordinateur — sans que vous le sachiez — et y télécharger toutes sortes de logiciels malveillants. Résultat: votre ordinateur se transforme en zombie ou en robot malveillant.
Les menaces contre la protection de la vie privée et l'innovation ainsi que les risques de fraude ont fini par prendre des proportions démesurées. Croyez-moi, le danger est bien réel et il faut faire quelque chose maintenant.
Nous pourrions par exemple nous inspirer des États-Unis, qui, pas plus tard que l'an dernier, ont lancé une contre-offensive sans précédent pour déstabiliser les polluposteurs. Plus tôt, je parlais du 31 mai 2007, date à laquelle 35 chefs d'accusation ont été portés au criminel contre Robert Alan Soloway, que l'on a alors accusé de fraude postale, en ligne et par courriel, de vol d'identité avec circonstances aggravantes et de blanchiment d'argent. Soloway aurait utilisé ces ordinateurs zombies dont je vous parlais pour propager ses pourriels sur de vastes réseaux.
Je vous donne un autre exemple, illustration classique de la manière dont Internet se développe. Vous savez comme moi que la principale force d'Internet réside dans la facilité avec laquelle l'information peut être transmise. Vous devinerez donc que sa principale faiblesse réside quant à elle dans la facilité avec laquelle les polluposteurs peuvent en profiter.
C'est exactement ce qui est arrivé avec l'arnaque 419 du Nigéria. À l'époque, le télécopieur était le fin du fin technologique. Quant à moi, je travaillais pour un magazine, dans le Nord de la province, où nous recevions sans cesse le même message d'un type, ancien colonel nigérian aujourd'hui retenu prisonnier. Si j'acceptais seulement de lui envoyer 500 $, il s'engageait à m'en renvoyer 100 000. C'était ultra-rudimentaire. Et chaque envoi coûtait de l'argent à l'expéditeur. Mais comme c'était transmis par télécopieur, on a facilement pu le retracer.
Dans les années 1980, lorsqu'elle a vu le jour au Nigéria, l'arnaque 419 était d'envergure très limitée. Pourtant, selon ce qu'en dit Insa Nolte, de l'Université de Birmingham, l'arrivée du courriel a fait de cette fraude toute locale l'une des plus importantes entreprises d'exportation du pays. C'est vous dire à quel point c'était efficace.
Car pour chaque million d'utilisateurs qui supprimeront ce message dès qu'ils le recevront, il y en aura toujours un qui va répondre. C'est là que la fraude survient. Je suis convaincu que mes collègues auraient plein d'autres anecdotes du genre à vous raconter, mais ce qui m'inquiète, c'est que les appels à l'aide électroniques que je reçois aujourd'hui ne proviennent plus du Nigéria, mais de mon coin de pays, et que les noms de famille qui y figurent sont ceux de parents ou d'électeurs de ma circonscription, tout comme les endroits auquel on y fait référence.
C'est précisément à cela que servent les réseaux d'ordinateurs zombies dont je parlais tantôt: à repêcher les noms qui me seront familiers, à partir des courriels que j'envoie et que je reçois. Les fraudeurs peuvent ainsi en récupérer divers fragments et les utiliser pour reconstituer un appel à l'aide ou une menace qui me semblera plausible. Ma fille en a reçu un pas plus tard qu'hier; il proviendrait, selon elle, d'un étudiant qui s'est perdu à London. Le problème c'est que l'expéditeur avait inséré deux ou trois renseignements clés sur ma fille, mais qu'elle n'a aucune idée de la manière dont il a pu y avoir accès.
Voilà le type de fraude informatique qui se commet de nos jours. Bien sûr, la plupart des gens cliqueront aussitôt sur « supprimer ». Mais il y a encore trop de gens qui continuent de répondre. La solution passe donc par des mesures rudimentaires de protection informatique et civique. C'est essentiel.
Nous devons toutefois examiner le tout de manière globale, afin de déterminer les règles de base que nous devrons mettre en place pour que les développeurs, les innovateurs et les citoyens puissent utiliser, sans crainte, ce merveilleux outil de communication.
Je pense que certaines dispositions de base du projet de loi sont assez simples. On doit obtenir notre consentement avant de télécharger quelque programme que ce soit sur notre ordinateur. C'est un élément fondamental. On devrait pouvoir intenter des poursuites contre quelqu'un qui installe un logiciel espion à notre insu. Nous savons, par exemple, qu'il en existe diverses formes, comme le Trojan. Certaines sociétés pensent même pouvoir se protéger en installant des logiciels espions dans nos ordinateurs. Ce n'est pas le cas. Et cela mine la confiance des consommateurs.
Il suffit de penser à l'incident notoire du programme installé par Sony sur ses CD sans en avertir les consommateurs. Les consommateurs achetaient ces CD, en pensant acheter de la musique, les installaient sur leur ordinateur et leur ordinateur s'arrêtait soudainement sans qu'ils comprennent pourquoi. On a appris par la suite que Sony, une des plus importantes sociétés de divertissement au monde, avait installé sur ses CD un logiciel espion en espérant pouvoir poursuivre les auteurs de contrefaçon, mais cela n'a fait que ternir sa réputation sur le marché. On n'aurait jamais dû permettre aux sociétés de penser que ce genre d'initiative était permise. Aucun citoyen qui achète un CD ou tout autre produit pour son ordinateur ne devrait pas avoir à craindre qu'il pourrait contenir un logiciel espion.
La disposition qui vise à obtenir un consentement avant qu'un programme ou un logiciel espion soit installé sur notre ordinateur en est une très raisonnable et nécessaire.
Je pense que l'autre élément dont nous devons parler est le fait que les sociétés ne peuvent pas prélever des renseignements personnels sans notre consentement. C'est un autre élément fondamental sur Internet. Lorsque nous naviguons sur Internet et consultons des sites Web ou lorsque nous répondons à un courriel qui nous a été envoyé par quelqu'un que nous ne connaissons peut-être pas, nous voulons être certains que nos dossiers et nos données sont à l'abri, que nos coordonnées ne sont pas transmises à quelqu'un d'autre qui tentera par la suite de nous vendre des produits frauduleux dont nous ne voulons pas.
Sans cette garantie, on commence à miner la confiance dont les consommateurs et les sociétés ont besoin pour profiter au maximum de cet outil, pour aller de l'avant.
Un collègue libéral a mentionné un peu plut tôt qu'il craignait que ces dispositions forcent des entreprises à fermer leurs portes, et nous savons bien sûr que les lobbyistes qui semblent mener les libéraux par le bout du nez ont exercé de grandes pressions pour que ces dispositions soient édulcorées. Cela a d'ailleurs entraîné une réaction fort négative à l'endroit des libéraux.
J'ai examiné les dispositions, ainsi que ce que les libéraux tentaient d'insérer subtilement, et je ne crois pas que cela soit conforme au programme d'innovation numérique du XXIe siècle. Heureusement, les libéraux ne sont pas en mesure de faire adopter un tel projet de loi, ce qui leur permettrait de l'amoindrir et de faire en sorte que les lobbyistes des entreprises obtiennent ce qu'ils veulent. Il faut aborder certaines dispositions pour les citoyens, et c'est ce que le projet de loi fait.
Ce sont les libéraux qui voulaient limiter la portée des dispositions sur les logiciels espions. J'en reste abasourdi. Je ne sais pas s'ils pensent que c'est acceptable de jouer les espions sur mon ordinateur, mais moi, je ne pense certainement pas que ce le soit. Que ce soit à titre de citoyen ordinaire ou de législateur, je n'appuierais pas le fait qu'ils veulent exclure du projet de loi la GDN installée subrepticement.
Je le répète, lorsque je visite un site web ou que je réponds à un courriel, je ne veux pas avoir à m'inquiéter qu'une entreprise pense qu'il est acceptable de camoufler des moyens mécaniques de m'espionner.
J'ai été surpris par l'attitude de mes collègues libéraux envers ce projet de loi, mais je pense qu'il est certain qu'elle a suscité une grande réaction négative, car le public consommateur sait très bien quelle direction le programme numérique doit prendre. Je suis donc heureux de constater que tous les partis ont fait des progrès à l'égard du projet de loi.
Le projet de loi porte uniquement sur les messages électroniques commerciaux. Ce n'est pas une tentative pour mettre fin à la pratique des gens qui veulent peut-être envoyer des courriels de masse à leurs amis et aux amis de leurs amis. Le projet de loi ne contient aucune disposition visant les gens qui envoient ce genre de messages. Personnellement, je trouve ces courriels plutôt irritants. Je pense que je ne me suis jamais rendu à la fin d'une liste interminable de c.c., et je ne pense pas que les gens devraient faire cela. Or, la question ici est l'envoi de messages électroniques à des fins commerciales. C'est sur cela que le projet de loi porte principalement.
On ne mettrait pas fin à des liens personnels et familiaux, ni à des liens commerciaux existants. Les entreprises seraient toujours en mesure d'envoyer de l'information liée à des transactions commerciales antérieures, comme une personne qui achète un logiciel ou un produit quelconque d'une entreprise.
Ma question est simple: quel problème y a-t-il à demander leur consentement aux gens avant de continuer? Je ne pense pas que cela nuirait à quoi que ce soit. Si j'ai une bonne relation avec une entreprise dont je suis client, c'est très bien, mais je veux avoir la certitude que mon Parlement et que les lois de mon pays vont me défendre si je ne veux pas recevoir des tonnes de courriels. Cela ne me semble pas déraisonnable. Contrairement à ce qu'affirment les libéraux, une telle mesure ne ferait pas complètement dérailler l'économie canadienne. Ce serait peut-être le cas si on était encore à l'époque des télécopieurs, mais cela ne mettra certainement pas un frein à l'innovation au Canada.
Nous en avons parlé en comité. C'est un projet de loi de taille. Nous avons examiné la situation sous de nombreux angles pour nous assurer qu'une loi anti-pourriels puisse régler le problème. J'espère que ce projet de loi est la bonne première étape, car nous devons vraiment nous pencher là-dessus.
Il faut penser à la perte de capacité et de compétitivité que les pourriels entraînent. Il faut penser aux possibilités de fraude et aux droits des consommateurs.
Nos ordinateurs ne devraient pas être accessibles par des tierces parties inconnues, qui pourraient les infecter d'espiogiciels ou s'en servir pour envoyer des courriels harcelants ou frauduleux. Quand nous sommes branchés sur le web, nous ne devrions pas avoir à craindre ce qui pourrait nous être envoyé par la même connexion.
Le projet de loi contient quelques mesures à cet égard. Fait-il tout ce qui s'impose? Je ne crois pas que ce soit possible actuellement. Nous devrons apporter les changements au fur et à mesure, parce qu'Internet change rapidement et les fraudeurs aussi. Nos lois peinent déjà à suivre le rythme, mais ce projet de loi est un premier pas intéressant.
Je suis fier du travail réalisé en comité sur ce projet de loi par mon collègue, le député de . Nous allons appuyer le projet de loi au fil du processus législatif.
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Monsieur le Président, je suis heureux de participer au débat de troisième lecture du projet de loi , également appelée LPCE.
À titre de président du Comité permanent de l’industrie, des sciences et de la technologie, je voudrais reconnaître le travail constructif accompli par les membres du comité, qui représentaient tous les partis, en vue de l’amélioration du projet de loi.
Dans sa forme modifiée par le comité, le projet de loi est le fruit du travail réalisé par les membres du comité au cours des derniers mois. Plusieurs de ses éléments importants ont été renforcés et précisés sans diminuer en rien les principes de base visés par le gouvernement.
Le courrier électronique est le résultat d’une magnifique technologie. Cela fait à peine plus de dix ans que nous utilisons tous couramment le courriel. En un peu plus d’une décennie, il a complètement transformé nos vies. Toutefois, le problème du pourriel -- courrier électronique commercial non sollicité et non voulu -- l’a privé de beaucoup de ses avantages.
D’après un rapport daté de septembre 2009 de MessageLabs, division de la société Symantec, le pourriel représente 86 p. 100 du trafic mondial de courrier électronique. Malheureusement, le Canada est en partie responsable du problème.
Le Canada se classe en effet parmi les principaux pays d’origine du pourriel. D’après le rapport annuel de 2008 sur la sécurité de Cisco, le Canada figure en quatrième place sur la liste des pays expéditeurs de pourriel.
Aux États-Unis, Facebook a obtenu, vers la fin de l’année dernière, des dommages-intérêts de 873 millions de dollars US par suite des activités d’un polluposteur basé au Canada. Cette affaire a fait l’objet de poursuites aux États-Unis, et non au Canada, ce qui montre que nous n’avons pas encore les mesures législatives nécessaires pour prévenir ce genre d’activité.
Au cours des dernières années, le volume élevé de pourriel a nui à la productivité d’Internet et de toutes les technologies connexes. En raison du volume de pourriel, beaucoup de gens passent des heures à effacer des messages indésirables, les réseaux ralentissent et les entreprises sont obligées de dépenser des millions, sinon des milliards de dollars pour mettre à niveau leurs systèmes, leurs réseaux, leurs routeurs et leurs voies de communications afin de disposer de la capacité supplémentaire voulue face à un tel volume de courriel.
Le volume élevé de pourriel entrave le développement d’Internet comme plate-forme personnelle et commerciale. Le pourriel est plus que du courrier indésirable. C’est souvent un moyen d’escroquer les Canadiens. Il occasionne souvent de la fraude en ligne en attirant des personnes sur des sites truqués, selon la technique de l’hameçonnage. Il permet le vol de données personnelles dans le but de prélever de l’argent dans des comptes bancaires et des comptes de cartes de crédit. Il permet aussi de recueillir des renseignements personnels grâce à l'accès illicite à des ordinateurs personnels. Le pourriel est donc souvent utilisé comme moyen pour commettre des fraudes.
Les particuliers ne sont pas les seuls atteints. Les entreprises canadiennes le sont également. C’est souvent une caractéristique ignorée du pourriel. Les sociétés en souffrent quand des sites maquillés pour ressembler au leur sont utilisés pour escroquer des gens. Nous avons tous reçu des courriels provenant de polluposteurs ou d’escrocs essayant de commettre des fraudes. Ces messages demandent aux gens de révéler leurs données bancaires. Ils peuvent contenir une page qui ressemble au site Web de la Banque Royale ou de la Banque TD. Il arrive souvent que des gens divulguent leurs renseignements personnels dans ces conditions.
Il y a aussi les virus transmis par pourriel et d'autres logiciels malveillants appelés « maliciels », qui sont utilisés pour créer des réseaux d' ordinateurs zombies à l'insu de leurs propriétaires. Cela mine la confiance des Canadiens dans Internet et la confiance des entreprises canadiennes dans Internet comme plate-forme pour le commerce, comme plate-forme pour faire des affaires en ce XXIe siècle.
Je ne pense pas exagérer en disant que les pourriels font perdre aux Canadiens et aux entreprises canadiennes des milliards de dollars par année en raison des fraudes, de la perte de capacité des réseaux et de la nécessité de mettre les systèmes à niveau pour qu'ils puissent absorber le volume de courriels reçus et envoyés. Les programmes malveillants — maliciels, logiciels espions, hameçonnage, virus, vers et chevaux de Troie — qui entrent dans les ordinateurs coûtent cher à l'économie, entre autres, parce qu'ils sapent la confiance des Canadiens et des entreprises canadiennes dans Internet. Ces derniers reviennent souvent, d'ailleurs, aux anciennes méthodes parce qu'Internet n'est pas vu comme suffisamment fiable pour effectuer certains types de transactions commerciales.
En réponse à ce problème, le gouvernement du Canada a créé un groupe de travail sur le pourriel, chargé de mener des consultations auprès des Canadiens et des entreprises canadiennes. Le groupe de travail avait un an pour faire les consultations et présenter un rapport. En mai 2005, le groupe de travail a présenté ses constatations et ses recommandations dans un rapport adressé au . Je tiens à remercier les membres du groupe de travail de leur précieuse contribution sur cette question.
Notre gouvernement a donné suite aux recommandations et aux constatations du groupe de travail en présentant le projet de loi , projet de loi de anti-pourriel intitulé « Loi sur la protection du commerce électronique » ou LPCE. Cette mesure législative découragera la forme de pourriel la plus nuisible au Canada et contribuera à chasser les polluposteurs du Canada et à y faire cesser leurs activités.
La mesure législative tient compte des recommandations du groupe de travail sur le pourriel, qui a réuni des spécialistes sectoriels, des professeurs, des consommateurs et d'autres spécialistes des affaires pour formuler un ensemble complet de mesures visant à contrer les menaces qui pèsent sur l'économie en ligne. Des modèles législatifs efficaces adoptés par d'autres pays ont également été examinés et pris en compte pour la rédaction du projet de loi.
La mesure législative permettra à Industrie Canada de jouer le rôle d'organisme national de coordination pour informer les consommateurs, faire le suivi et l'analyse des statistiques et des tendances, et assurer la supervision et la coordination des politiques.
La mesure législative facilitera également la mise sur pied d'une organisation non gouvernementale, le centre de signalement des pourriels, qui sera informée des pourriels et des menaces connexes. Cela lui permettra de recueillir des éléments de preuve et des renseignements pour aider les trois organismes d'exécution, soit le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes, le Bureau de la concurrence et le Commissariat à la protection de la vie privée, à faire enquête et à intenter des poursuites en cas d'infractions.
Il est important de noter que la Loi sur la confidentialité des communications électroniques ne s'applique pas aux activités non commerciales. Les partis politiques et les organismes de bienfaisance, d'autres organismes qui communiquent avec les Canadiens par courriel, ne seront pas assujettis à cette loi, du moment que l'objet de leurs courriels n'est pas de vendre ou de promouvoir un produit.
Le projet de loi protégera les Canadiens et leurs entreprises contre les formes les plus trompeuses et destructrices de dommages électroniques, et prévoira un régime de réglementation pour protéger la confidentialité et la sécurité personnelle des Canadiens. Les règles favoriseront la confiance à l'égard des communications et du commerce électroniques sur Internet.
Le projet de loi à l'étude donne au CRTC, au Bureau de la concurrence et au Commissariat à la protection de la vie privée les outils nécessaires pour intenter des actions en justice contre les personnes qui minent notre cyberéconomie, et pour collaborer entre eux et avec leurs homologues internationaux. Le projet de loi est sévère: il prévoit des sanctions administratives pécuniaires pouvant aller jusqu'à 1 million de dollars pour les particuliers et à 10 millions de dollars pour les entreprises.
Le projet de loi à l'étude est le résultat d'une quantité appréciable de travail de la part de diverses sources. D'une part, nous disposions des recommandations et des conclusions du groupe de travail de 2005 sur le pourriel et, d'autre part, nous avons tiré parti de certains des travaux réalisés à cet égard par l'ancien sénateur Goldstein dans le projet de loi S-220.
Certains des éléments de ce projet de loi diffèrent de ceux que M. Goldstein avait proposés. L'un des plus importants est le recours au CRTC, au Bureau de la concurrence et au Commissariat à la protection de la vie privée pour appliquer les dispositions; autrement dit, le recours à des organismes de réglementation pour appliquer les dispositions du projet de loi sur le pourriel plutôt qu'à des organismes chargés de l'application de la loi, comme le proposait le projet de loi S-220.
La GRC a d'autres responsabilités urgentes au chapitre de l'application de la loi, et je crois que nous ne devrions pas réorienter ces précieuses ressources à la surveillance de courriels commerciaux non sollicités. Je crois que les organismes de réglementation sont mieux placés que les organismes chargés de l'application de la loi pour ce type de problème de col blanc.
Lorsqu'il a rédigé le projet de loi , le gouvernement a également puisé à même la vaste expérience d'autres États pour combattre le pourriel. Il s'est inspiré des travaux réalisés en Nouvelle-Zélande, en Australie et aux États-Unis. Il a également tiré parti de l'approche privilégiée par d'autres États. Le projet de loi à l'étude s'appuie sur les aspects les meilleurs et les plus efficaces des régimes législatifs de ces États.
En harmonisant notre démarche à celles d'autres États, en recourant à des mesures et à des organismes de réglementation pour l'application de ce projet de loi anti-pourriel, plutôt qu'à des organismes d'application de la loi, nous contribuerons à favoriser une plus grande coopération internationale à la lutte contre les pourriels et les autres formes de fraude en ligne.
Comme le savent les députés, le projet de loi adopte un régime de consentement exprès qui est conçu pour permettre aux entreprises et aux consommateurs d'exercer un contrôle sur leur corbeille arrivée et sur leurs ordinateurs. Il faut demander et obtenir le consentement de la personne pour qu'il y ait une transaction commerciale continue. Une fois que la personne a donné son consentement, celui-ci est valable jusqu'à ce que la personne choisisse de ne plus participer ou retire son consentement. Le Comité de l'industrie s'est penché méticuleusement sur la façon de veiller à ce que les entreprises qui utilisent le courriel puissent garder contact avec les consommateurs sans par inadvertance violer la loi.
Les députés savent également que le projet de loi comporte, en matière de consentement tacite, des dispositions dont la portée a été étendue pour englober la publication suspecte d'une adresse électronique. Si quelqu'un publie son adresse de courriel sur un site web ou dans une publicité imprimée, on estime que cette personne a consenti à recevoir des messages commerciaux non sollicités, à condition que le message de l'expéditeur soit lié aux activités ou aux fonctions de la personne.
Le consentement est également tacite quand une personne donne sa carte d'affaires à quelqu'un ou transmet son adresse de courriel dans une lettre. De même, le projet de loi modifié précise que, au moment de la vente d'une entreprise, l'acheteur bénéficie du consentement tacite des clients de cette entreprise. À la suite d'une première transaction entre une entreprise et un consommateur, la période de consentement tacite a été portée à 24 mois, alors qu'elle était auparavant de 18 mois dans le projet de loi initial. Cela donne aux entreprises encore plus de temps pour obtenir le consentement exprès qui lui permettra de réaliser d'autres transactions commerciales.
En outre, on a modifié le projet de loi de manière à veiller à ce que les protections adoptées contre les logiciels malveillants et les logiciels espions n'entravent pas les mises à jour des logiciels.
Le comité a examiné les effets que produirait le projet de loi sur l'installation de logiciels. Le projet de loi a été modifié de sorte qu'il n'interdit pas l'installation de mises à jour, quand celles-ci sont comprises comme faisant partie du contrat initial d'installation du logiciel. La plupart de ces logiciels font l'objet de mises à jour automatiques. Pensons, par exemple, aux mises à jour quotidiennes ou hebdomadaires des logiciels antivirus. Ces mises à jour n'exigent pas chaque fois un nouveau consentement. L'exploitation de logiciels comme JavaScript ou Flash n'exigera pas non plus de consentement exprès à chaque utilisation.
Avant de conclure, j'aimerais parler brièvement du droit privé d'action. Quelques députés ont remis en question la nécessité du droit privé d'action. Je crois qu'il s'agit là d'un élément nécessaire. Le droit privé d'action renforce et complète les pouvoirs du CRTC, du Bureau de la concurrence et du Commissariat à la protection de la vie privée du Canada en matière d'application de la loi. Je rappelle aux députés que cet élément s'est avéré très efficace dans d'autres pays, car il a découragé les polluposteurs qui nuisaient à la cyberéconomie. Selon moi, le droit privé d'action sera aussi efficace au Canada, car il permettra à des groupes ou à des particuliers de poursuivre les contrevenants. Le droit privé d'action permettra à des particuliers et à des entreprises qui ont subi des pertes financières d'obtenir un dédommagement et des dommages-intérêts.
Enfin, le projet de loi reste neutre à l'égard de la technologie. Le projet de loi reconnaît l'existence du marché de la convergence des données et de la voix. Il permettra au gouvernement du Canada d'empêcher l'envoi de pourriels et de prévenir les menaces connexes sans égard à la façon dont la technologie évoluera. Ainsi, le projet de loi restera actuel dans l'avenir.
L'adoption du projet de loi à l'étape de la troisième lecture permettrait au Canada de contribuer considérablement à la lutte contre les pourriels et les menaces connexes. À en juger par les résultats obtenus dans d'autres pays où on a adopté des lois semblables, on peut s'attendre à une réduction rapide des envois de pourriels. Après l'adoption d'une loi semblable en 2004, l'Australie a cessé de figurer sur la liste des dix principaux pays expéditeurs de pourriels, et les grands polluposteurs ont cessé leurs activités.
Certes, la mesure ne permettra pas de faire disparaître les pourriels, mais les Canadiens constateront une réduction du nombre de pourriels dans leur courrier électronique. Elle permettra d'empêcher l'envoi des pourriels sous leurs formes les plus dangereuses et découragera les polluposteurs de sévir au Canada.
Internet est devenu la principale plate-forme pour le commerce électronique et les communications générales. Depuis fort longtemps, le Canada est un chef de file mondial dans le secteur des télécommunications. Le cybercommerce fait partie de l'économie canadienne. En effet, chaque année, les produits et services vendus sur Internet au Canada représentent des milliards de dollars pour l'économie.
L'adoption de cette mesure permettrait au Canada de continuer de jouer ce rôle et de faire en sorte qu'il demeure un endroit sûr pour le cybercommerce et pour les Canadiens. À l'ère d'Internet, il est grand temps que les lois canadiennes rattrapent leur retard. Tous les partis à la Chambre se sont dits soucieux de raffermir la confiance au cybercommerce. Tous les partis dénoncent les pourriels et sont conscients des dangers qu'ils posent.
Nous avons étudié le projet de loi en profondeur au sein du comité et nous avons proposé des modifications importantes qui clarifient la mesure. Le temps est venu d'adopter le projet de loi à l'étape de la troisième lecture.
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Monsieur le Président, c'est un honneur pour moi de participer au débat sur le projet de loi , car la Loi sur la protection des renseignements personnels et les documents électroniques est du ressort du Comité permanent de l'accès à l'information, de la protection des renseignements personnels et de l'éthique.
Un certain nombre de députés se sont occupés du volet portant sur le vol d'identité. Ce phénomène constitue un véritable problème de société, et les histoires d'horreur qu'on entend sont à faire frémir, sans compter les répercussions sur les victimes, qui sont souvent très tragiques.
Je suis assurément en faveur du projet de loi, ne serait-ce que parce qu'il servira à sensibiliser les législateurs. Ce projet de loi n'est en fait que le point de départ à partir duquel nous devrons continuer de nous adapter, vu la rapidité à laquelle se développent le monde de l'information et de la technologie, les manoeuvres et les stratagèmes dont nous avons été témoins et la tournure que prennent les événements.
La plupart des députés ont déjà reçu au moins un courriel d'une personne prétendant représenter leur institution financière. L'expéditeur les informe que l'institution en question procède à toutes sortes de vérifications de sécurité et leur demande de fournir leur numéro de compte ou différents renseignements personnels. Ces courriels ont l'air tout à fait officiels. Bien souvent, ils arboreront même le logo ou le nom de la banque d'où ils sont censés provenir. Pourtant, les Canadiens devraient savoir que les banques n'ont jamais recours à Internet pour quoi que ce soit ayant trait à la sécurité ou à la protection des renseignements personnels. Ce n'est pas assez sûr.
Le projet de loi à l'étude se traduirait par l'instauration d'un cadre réglementaire, ce qui constitue déjà un excellent départ. Notre économie évolue. Les enfants d'aujourd'hui grandissent devant un ordinateur, et la facilité avec laquelle ils naviguent dans l'univers électronique a de quoi en laisser plus d'un pantois.
J'ai moi-même un diplôme en informatique de l'Université Western Ontario. À l'époque, nous utilisions encore les cartes à perforer, alors c'est vous dire... Il s'agit d'un problème très sérieux, et je me réjouis du fait que le projet de loi se soit au moins rendu à la troisième lecture et de ce que l'éventuelle loi sur la protection du commerce électronique interdirait l'envoi de messages électroniques commerciaux aux personnes qui n'y ont pas d'abord consenti.
Ce qui me rappelle la fameuse liste de numéros de téléphone exclus, qui ne donnerait d'ailleurs pas de très bons résultats, selon les Canadiens. Le problème est bien réel, et nous devons apprendre de nos erreurs et retenir que, peu importe les mécanismes que l'on créera, il y aura toujours des failles. Ce qui revient à dire qu'on aura beau légiférer tant qu'on voudra, on ne pourra jamais prévoir tous les écueils qui nous attendent.
Cette loi modifierait aussi la Loi sur la concurrence afin d’interdire les indications commerciales fausses ou trompeuses données par voie électronique. Comme je l'ai signalé, la Loi sur la protection des renseignements personnels et les documents électroniques, également connue sous l'acronyme LPRPDE, interdit la collecte de renseignements personnels par l'accès aux systèmes d'ordinateur sans le consentement des gens concernés et la compilation ou la diffusion non autorisée de listes d'adresses électroniques.
C'est là une indication raisonnable que le projet de loi traite la question d'une perspective suffisamment globale. J'ai posé une question plus tôt à l'orateur précédent. Le rôle des entreprises à cet égard entre aussi en jeu.
La semaine dernière, j'ai reçu un document intitulé Guide sur la protection des renseignements personnels et la sécurité des données au Canada. Il s'agit d'un guide à l'intention des PME, dont bon nombre sont actives. Il y en a qui sont même extrêmement actives, cherchant constamment de nouveaux débouchés.
L'avant-propos a été rédigé par notre commissaire à la protection de la vie privée, Jennifer Stoddart, et l'introduction, par Ann Cavoukian, commissaire à l'information et à la protection de la vie privée de l'Ontario. Le document a été produit par l'Institut canadien des comptables agréés, qui essaie de sensibiliser ses clients à certaines de ces questions importantes.
Je veux commencer en examinant la question du point de vue des entreprises. Certaines de ces entreprises sont peut-être bien celles qui font une utilisation inappropriée des renseignements que les gens leur transmettent sur Internet. Le document dit ceci:
La protection des renseignements personnels est le droit d'une personne d'exercer un contrôle sur la collecte, l'utilisation, la diffusion et la rétention des renseignements qui la concernent. Les renseignements personnels, appelés aussi renseignements d'identification d'une personne, sont tout renseignement, enregistré ou autre, concernant une personne identifiable.
Cela comprend notamment les numéros de carte de crédit et de carte de débit, les numéros d'assurance sociale, les numéros de sécurité sociale, les numéros de permis de conduire et les cartes d'assurance-maladie, tous liés à des renseignements de nature délicate. Cela peut mener à des situations comme le vol d'identité.
Une de mes électrices m'a envoyé un courriel au cours du week-end pour remercier mon personnel de lui avoir donné certains conseils pratiques sur ce qu'elle pouvait faire pour se protéger parce qu'elle avait perdu son portefeuille contenant tous ses renseignements et avait même déjà une indication que quelqu'un était en train d'utiliser ces informations. Les choses peuvent se passer très rapidement quand des renseignements de ce genre tombent entre les mains des mauvaises personnes.
Le document parle d'atteinte à la vie privée. Voici ce qu'on peut lire à la page 83:
Une atteinte à la vie privée suppose l’accès non autorisé à des renseignements personnels ou la collecte, l'utilisation ou la communication non autorisée de tels renseignements. L'atteinte à la vie privée peut découler d'un acte involontaire, comme la perte d'un ordinateur portable, ou d'un acte volontaire, comme une attaque commise par un pirate informatique. Cependant, dans les deux cas, on considère qu'il s'agit d'une atteinte à la vie privée puisque la personne concernée n'est plus en mesure de protéger ses renseignements personnels.
Parmi les autres exemples d'atteinte à la vie privée, mentionnons des documents égarés, notamment des fax, des cédéroms ou des clés USB, [...] des reçus de vente où figurent de l'information relative à une carte de crédit qui ont été mis dans un bac à recyclage au lieu d'une déchiqueteuse, de vieux ordinateurs qui sont réutilisés alors que le disque dur contient encore des renseignements personnels ou encore le vol de dossiers de clients lors d'un cambriolage.
Une atteinte à la vie privée a de nombreuses conséquences, notamment:
l'atteinte à la réputation ou à une marque de commerce, la perte de la confiance des clients, la diminution des revenus et des coûts inattendus pour compenser des victimes.
Les dommages potentiels peuvent être très graves. Selon un sondage mené auprès de particuliers qui ont été informés d'une atteinte à leur vie privée, près de 20 p. 100 des répondants ont mis fin à leur relation avec l'entreprise et 40 p. 100 envisageaient le faire.
Nous voyons qu'il y a des conséquences, et ce, des deux côtés. Les renseignements personnels des particuliers doivent être protégés. De plus, les petites, moyennes et grandes entreprises ont un rôle à jouer pour protéger les renseignements qu'elles obtiennent de façon légitime au cours de transactions commerciales. Il est souvent tentant d'utiliser ces derniers à des fins non autorisées.
Il y a eu un cas récemment au sein du gouvernement du Canada, et je vais essayer de ne pas être trop précis, dans le cadre d'un programme de subventions visant des projets liés à l'énergie. Les gens qui avaient fait une demande pour obtenir cette subvention ont commencé à recevoir des renseignements concernant d'autres ministères gouvernementaux. Quand une personne présente une demande de subvention au gouvernement du Canada, je ne pense pas qu'elle s'attende à figurer sur une liste d'envoi pour recevoir des renseignements qui concernent le gouvernement.
Les pratiques du gouvernement lui-même sont aussi fortement visées ici. Nous devons être vigilants de manière à veiller à ce que tous les renseignements recueillis par le gouvernement, quel que soit le ministère, ne soient pas utilisés sciemment ou involontairement à des fins non autorisées par la personne qui avait communiqué avec le gouvernement en premier lieu.
Il y a un dernier point que j'ai trouvé intéressant. Au chapitre de l'évaluation des répercussions sur la vie privée, il y a une autoévaluation rapide. J'ai pensé que ce serait intéressant de partager avec les députés ce que les petites et moyennes entreprises pourraient faire.
Premièrement: connaissons-nous nos obligations en matière de protection de la vie privée?
Certaines entreprises sont occupées. Étant moi-même comptable, je dois admettre que la plupart des gens qui dirigent des petites et moyennes entreprises veulent davantage faire des affaires que tenir des registres et s'occuper de la montagne de paperasse et des rapports prévus par la loi; or, il est question ici de connaître les obligations en matière de protection de la vie privée, tant les obligations fédérales que provinciales, car il y a bel et bien des différences.
Deuxièmement: l'organisation a-t-elle désigné un responsable chargé de s'assurer de la conformité avec les lois et les politiques en matière de protection de la vie privée?
Cet aspect est important, car il montre si l'entreprise prend la situation au sérieux, si elle reconnaît qu'il lui incombe de se conformer aux lois provinciales et fédérales et d'agir de façon proactive pour protéger les renseignements personnels.
Troisièmement, en ce qui concerne l'évaluation de la responsabilité et de la gestion: l'organisation a-t-elle fait l'inventaire des renseignements personnels afin de déterminer quels renseignements ont été recueillis, d'où ils proviennent, qui y a accès et à qui ils peuvent être communiqués à l'extérieur de l'entreprise?
Ce point est extrêmement important, car, comme nous le savons bien, si des gens voient leur nom inscrit sur des listes de distribution, c'est notamment parce que les personnes qui recueillent des renseignements personnels ont tendance à les partager avec d'autres ou à les vendre. Tout d'un coup, à l'instar d'un système pyramidal, l'expansion continue, jusqu'à ce que tout le monde semble avoir accès à tous les renseignements.
Quatrièmement: est-ce que l'organisation se sert de ressources en matière de protection de la vie privée qui se trouvent en ligne, comme les sites web des commissaires à la protection de la vie privée ou de l'Institut canadien des comptables agréés, des ressources qui peuvent les aider à se conformer aux exigences en matière de protection de la vie privée et à se renseigner sur les changements apportés dans ce domaine?
C'est évident qu'il est essentiel de suivre cela de près, et il sera aussi important pour nous d'évaluer facilement l'évolution de ce véhicule électronique qu'on utilise et qui a causé beaucoup de difficultés aux personnes et aux entreprises.
Voici le prochain point: l'organisation a-t-elle adopté une politique en matière de protection de la vie privée qui soit adaptée aux différentes activités et qui touche la collecte, l'utilisation, la communication à des tierces parties, l'élimination en toute sécurité ou la conservation des renseignements personnels?
En ce qui concerne le dernier point, notons que les renseignements ont une durée de conservation. Par exemple, dans le cas où nous avons des renseignements sur une personne décédée, si ce fait est dévoilé, ces renseignements doivent dès lors être détruits.
Notre comité s'est même penché, par exemple, sur l'application Google Street View, qui a des répercussions sur la la vie privée. Il y a quelques autres cas où nous avons fourni des renseignements à des parties à l'étranger également. Il faut pouvoir exercer une surveillance ou veiller à ce que lorsque nous respectons les obligations que nous avons envers les États-Unis, par exemple, c'est-à-dire lorsqu'un aéronef survole leur territoire, nous puissions leur fournir des documents sur l'identité des passagers et leur lieu de départ, entre autres.
Ces points sont très importants car nos renseignements personnels se trouvent partout.
Je dois reconnaître que je me demande souvent si je ne devrais pas tout simplement signaler la perte de toutes mes cartes et de tout ce qui constitue mes renseignements personnels et obtenir de nouveaux numéros, compte tenu de ce qui peut arriver.
La semaine dernière, j'ai reçu un appel de ma banque. J'ai une carte de crédit américaine, car des membres de ma famille vivent aux États-Unis, et je l'utilise quand nous voyageons parfois pour leur rendre visite. On m'a informé qu'on avait porté à deux reprises 1 000 $ à ma carte de crédit américaine en Californie et ce, même si je n'y suis pas allé depuis une dizaine d'années, car ce n'est pas là que réside ma famille. La banque a pris tous les renseignements et m'a annoncé que ces dépenses seraient supprimées de mon compte, et j'ai maintenant une nouvelle carte.
Certaines cartes nous offrent une protection, mais pas toutes. Il incombe aux gens de savoir ce qui peut arriver si leurs renseignements personnels sont utilisés ou volés. Disposent-ils d'une couverture quelconque? Quelques-uns des instruments dont nous nous servons offrent une protection.
J'ai deux autres questions concernant la politique de protection de la vie privée.
La sixième question est la suivante: la politique de protection de la vie privée est-elle communiquée aux gens au moment où les renseignements personnels sont recueillis, ou avant ? De façon générale, les employés savent-ils ce qui se passe et connaissent-ils intégralement la politique liée à l'activité qu'ils mènent?
Enfin, dans l'auto-évaluation, on demande aussi si les employés connaissent la politique de protection de la vie privée et s'ils peuvent indiquer aux gens comment la trouver.
J'ai trouvé que c'était un excellent document. Il comporte également une liste de contrôle sur les procédures touchant la protection de la vie privé, la formation en matière de protection de la vie privée et la communication de renseignements personnels à une tierce partie. On pourrait même s'auto-évaluer à cet égard.
Je recommande certainement le document aux députés et à ceux qui voudraient mieux connaître le point de vue des entreprises et savoir comment agir face au projet de loi. Cette mesure législative aiderait les entreprises à savoir ce dont elles doivent être au courant et ce qu'elles doivent se garder de faire. Les entreprises sauraient également ce qu'elles pourraient faire de manière proactive, ce qui est un complément au projet de loi.
Je répète que le document s'intitule « Guide sur la protection des renseignements personnels et la sécurité des données au Canada à l'intention des PME » et qu'il est publié par l'Institut canadien des comptables agréés. Je suis certain que les députés pourraient l'obtenir.
Je suis heureux que le projet de loi ait été présenté. Je pense que tous les députés l'appuieront. Le projet de loi doit nous fournir les assises ou la base pour pouvoir garantir aux Canadiens que nous prenons toutes les mesures raisonnables en vue d'offrir un environnement où les renseignements personnels sont protégés contre ceux qui les utiliseraient à mauvais escient ou à des fins illégales.
Le projet de loi en tant que tel est assez simple. Je reconnais qu'il a représenté beaucoup de travail pour le comité. Je le félicite d'en être venu à bout. J'ai remarqué l'étendue des travaux qui ont été effectués non seulement par le comité, mais aussi par d'autres auparavant. C'est un long processus évolutif qui nous a permis d'en arriver là.
Il est très important que les députés se familiarisent avec le projet de loi. J'espère qu'ils informeront leurs électeurs des mesures législatives importantes comme celle-ci dans leurs bulletins parlementaires et y incluront quelques trucs à l'intention de tous les Canadiens pour les aider à protéger leurs renseignements personnels.
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Monsieur le Président, je veux tout d'abord dire que nous sommes en faveur du projet de loi. Je vois le président du comité qui me fait signe que oui, c'est un excellent projet de loi. Je dois dire que ce projet de loi est un bon début. Cette nouvelle loi vise implicitement les messages électroniques commerciaux non sollicités et est depuis longtemps requise et demandée par l'ensemble de la société. Non seulement les courriels commerciaux envoyés avec le consentement préalable et continue du destinataire occupe une place importante dans le commerce électronique, mais ils constituent un maillon primordial au développement de la cyberéconomie.
En rédigeant une loi interdisant les pourriels et protégeant les renseignements personnels et la vie privée ainsi que les ordinateurs, les courriels et les réseaux, la loi proposée devrait permettre aux particuliers ou aux sociétés de poursuivre les polluposteurs et de tenir les entreprises dont les produits et services sont promus par le truchement des pourriels partiellement responsables de ceux-ci.
De plus, les expéditeurs de courriels commerciaux seraient tenus d'obtenir le consentement informé des destinataires à recevoir des courriels, d'offrir un mécanisme de refus pour tout courriel subséquent et de créer un système de plaintes. C'est le but premier de la loi. Étant donné que la majorité des pourriels reçus par les Canadiens proviennent de l'étranger, des mesures internationales visant à freiner les pourriels s'imposent. Le gouvernement devrait poursuivre ses efforts dans le but d'harmoniser les politiques antipourriels et d'encourager les différents pays à collaborer à l'application des lois antipourriels.
Je veux parler un peu plus longuement à ce sujet. On sait que les pourriels proviennent de partout dans le monde. C'est une chose. Cependant, la loi canadienne englobe strictement le Canada et les Canadiens. On n'a donc pas d'influence internationale et mondiale. Quel effet cela peut-il avoir sur nous, simples consommateurs? Quel impact cela peut-il avoir sur le plan commercial? On limitera tous les commerces qui sont ici au Canada. Ils ne pourront pas distribuer de la publicité sur l'Internet en se servant de logiciels ou d'autres façons de communiquer avec un ordinateur.
Le plus grand problème est que tous les autres pays n'étant pas assujettis à cette loi et les lois n'étant pas harmonisées ave celles du Canada, ils peuvent continuer à en envoyer. Si j'ai un commerce et que je décide d'envoyer de la publicité par Internet pour vendre des portes, des fenêtres ou autres choses et que je veux faire un envoi massif, je n'ai pas le droit de faire d'envoi. Toutefois, si cela provient d'un autre pays, ils ont le droit de le faire.
Il faut être concurrentiel avec les autres industries de partout dans le monde parce qu'on sait que l'économie se fait à l'échelle mondiale présentement. Alors, quel intérêt avons-nous à protéger les consommateurs? Les protéger sur le plan de l'hameçonnage ou du piratage, c'est une chose, mais il ne faut pas oublier le commerce. C'est la principale préoccupation qu'a soulevée le comité. Il ne faut pas empêcher les commerces d'ici de continuer à faire des profits. En effet, 8 billions de transactions se font par Internet. J'imagine que les commerces canadiens devraient participer à cet essor avec tous les gens qui sont ici au Canada.
Il est primordial de se demander si on protège nos industries ou le consommateur. Doit-on laisser les autres continuer à faire des échanges marchands sans que nous puissions y participer? Ce sont les questions qu'on doit se poser aujourd'hui et elles ont été posées. On n'y a pas répondu complètement, mais ce projet de loi représente un grand pas puisqu'on arrive à quelque chose de concret dans le temps. Ce projet de loi a mis quatre ans à voir le jour pour arriver avec quelque chose d'encore mieux. On sait que l'évolution de l'Internet est beaucoup plus rapide. En effet, six mois est déjà une éternité.
Il faudra prendre le temps, assez rapidement après l'adoption de ce projet de loi, de voir ce qui se passera, ce qu'il en est, et ensuite se réajuster au fur et à mesure que les cyberpirates nous attaqueront.
Pour continuer, qu'est-ce qu'un pourriel? Un pourriel se définit comme étant un message électronique commercial textuel, sonore, vocal ou visuel envoyé par tout moyen de télécommunication — courriel, messagerie texte d'un téléphone cellulaire ou messagerie instantanée — sans le consentement des récipiendaires. Il est donc raisonnable de conclure, par le contenu auquel il donne accès, qu'il a pour but d'encourager la participation à une nouvelle activité commerciale, notamment, selon le cas, une offre d'achat, de vente, de troc ou de location d'un produit, bien, service, terrain ou droit ou intérêt foncier, ou offre une possibilité d'affaires, d'investissement ou de jeu.
J'ai énuméré ce qu'était un pourriel et tout ça, c'est du commerce. On parle d'achat, de vente, de troc, de location de produit, bien, service, terrain, droit ou intérêt foncier. Tout ça, ce sont des commerces qui existent chez nous. Avec cette loi, tous ces gens ne pourront plus se servir de l'accès Internet pour diffuser leurs messages.
Que reste-t-il à ces gens pour être concurrentiels? Il ne reste pas beaucoup de choses. Ils pourraient se servir aussi de la poste. Or, on sait combien peut coûter un envoi postal, contrairement à d'autres pays qui n'auront pas ces coûts, comme je le disais. On dit toujours — j'ai entendu un de mes confrères le dire — que les pourriels représentent beaucoup de travail. Il faut une personne pour les faire. Si du jour au lendemain on empêche nos industries de se servir d'Internet pour vendre ou louer tous les produits que j'ai énumérés tout à l'heure, comment vont-ils procéder? Ce sera, comme je le disais tout à l'heure, avec la poste.
On peut imaginer combien le système pourrait être engorgé si chaque industrie décidait d'envoyer un envoi postal massif à toutes les autres entreprises ou à des résidences. Combien de temps les entreprises pourraient-elles passer à ouvrir le courrier au lieu d'ouvrir des courriels? Bien sûr, j'imagine que la Société canadienne des postes serait heureuse parce que le coût postal est quelque chose d'effarant, mais les entreprises, elles, ne seraient plus concurrentielles entre elles en raison de ce coût postal. Il ne faut pas perdre cela de vue car c'est un aspect économique important.
Il faut aussi dire ce qui n'est pas considéré comme pourriel, puisqu'on a dit ce qui l'était. Ce qui ne l'est pas, ce sont les messages envoyés par une personne physique à une autre, si celles-ci ont entre elles des liens familiaux ou personnels. Par exemple, je n'ai pas de liens avec vous, monsieur le Président. Je vous envoie un texte, pas en tant comme député, parce qu'on est exclus. Mais disons que quelqu'un de l'extérieur de la Chambre vous envoie un courriel, il peut être passible d'amendes, parce que cette loi ne permet plus l'envoi d'un courriel d'une personne à une autre. On dit ceci:
[...] les messages envoyés à une personne qui exerce des activités commerciales et qui constituent uniquement une demande — notamment une demande de renseignements — portant sur ces activités.
Quand on parle d'activités commerciales, des gens sont venus témoigner pour nous dire, qu'au départ, le projet de loi prévoyait 18 mois de contact avec une autre personne. Je donne un exemple. Je sais qu'à peu près tous les quatre ou cinq ans, l'activité familiale et les revenus changent. Il y a donc une possibilité de vente et de rachat d'une nouvelle maison. Avec cette nouvelle loi, l'agent immobilier qui m'a vendu ma maison ne peut plus me contacter après 18 mois. En effet, il serait passible d'une amende puisqu'on dépasserait ce délai de 18 mois. En comité, on a été capables de le prolonger à 24 mois. On aurait préféré que ce soit un peu plus pour donner la chance à des commerces ou à des personnes qui font du commerce de pouvoir continuer à parler à des clients avec qui ils ont déjà fait affaire.
Comme je l'ai dit, le but du projet de loi était de restreindre l'activité commerciale, qui est importante ici.
a) les messages qui consistent, en tout ou en partie, en des communications vocales bilatérales qu’ont entre elles, en direct, des personnes physiques;
b) les messages envoyés par fac-similé à un compte téléphone;
c) les enregistrements de la parole envoyés à un compte téléphone.
c) les messages qui font partie d’une catégorie réglementaire ou qui sont envoyés dans les circonstances précisées par règlements.
Par ce projet de loi, on cernera complètement le problème. Il y aura sûrement des fuites, comme dans tout projet de loi, qu'il soit bon ou moins bon. Puisque c'est un nouveau projet de loi, il y a toujours des fuites relativement à un élément qui nous a échappé ou à ce qu'on n'a pas pensé à réglementer. Au fur et à mesure, il faudra vérifier à nouveau ce projet de loi, et ce, plus rapidement que pour tout autre projet de loi, afin de s'assurer de n'avoir rien oublié.
Les seules circonstances permettant l'envoi de pourriels seraient lorsque la personne à qui le message est envoyé a consenti expressément ou tacitement à le recevoir. Ainsi, si j'envoie un message et que la personne consent à le recevoir, il y a alors un lien entre nous.
Prenons l'exemple du même agent d'immeuble, et admettons que j'aie entendu dire par un de mes collègues que son beau-frère a une maison à vendre. De mon côté, je ne pourrais pas lui envoyer un courriel expliquant ma rencontre avec son beau-frère m'informant de la vente de sa maison ni lui dire que je connais quelqu'un qui serait intéressé à acheter sa maison. Je ne peux pas le faire.
Je ne pourrais le faire que par téléphone. Je pourrais prendre directement contact avec la personne par téléphone ou la rencontrer personnellement. Il faudrait donc que j'établisse un contact avant de commercer avec cette personne.
On voit donc toute la problématique que cela peut entraîner. Ainsi, chaque personne qui souhaite établir un lien commercial avec une autre personne doit désormais passer par le téléphone ou par la poste, ou la rencontrer en personne. On n'aura pas le droit d'envoyer un simple courriel.
On se limite donc en ce sens. C'est le message que je veux lancer. Nous nous limitons, mais nous ne pouvons pas limiter les autres pays qui nous envoient ces messages. Il faudrait penser à faire cela, en comptant sur la bonne volonté d'autres pays comme les États-Unis, l'Australie, l'Europe ou la France. Il faudrait harmoniser ces projets de loi. Beaucoup de pays n'ont pas cette réglementation ou ces lois. Ils peuvent donc faire ce qu'ils veulent, parce qu'ils ne sont pas assujettis à de telles lois.
En plus de respecter des exigences réglementaires de forme, le message devrait permettre d'identifier et de communiquer avec la personne l'ayant envoyé. Enfin, un mécanisme d'exclusion devrait être inclus, fournissant une adresse électronique ou un hyperlien permettant à la personne recevant le message d'exprimer à l'expéditeur sa volonté de ne plus recevoir d'autres messages électroniques commerciaux. Ainsi, si j'envoie un message ou un courriel, il faut expressément qu'il y ait, à la fin du message, une case à cocher ou un mot expliquant à la personne la marche à suivre pour que cesse cette communication.
À mon avis, cette façon de faire est adéquate, mais pour mener tout cela à bien, il faudra des enquêtes. Le CRTC disposerait de pouvoirs intéressants. Il pourrait obliger une personne à préserver des données de transmission, à communiquer la copie de tout document et à établir tout document à partir de données, renseignements ou documents en sa possession. Il pourrait même procéder à la visite des lieux afin de recueillir de telles informations ou, s'il croit que c'est nécessaire, pour établir s'il y a eu violation.
Comme il ne peut pas faire cela de lui-même, notons qu'il devra se procurer le mandat d'un juge de paix préalablement à la visite. Il ne peut pas faire cela tout seul; le CRTC ne peut pas le faire seul; le Bureau de la concurrence a certains pouvoirs mais, encore là, ses pouvoirs sont limités. Aujourd'hui, le Bureau de la concurrence n'a aucun pouvoir d'enquête. C'est pour cela qu'il y a le projet de loi qui donnera trois types de pouvoir d'enquête au Bureau de la concurrence: un pouvoir d'enquête exclusif; un pouvoir d'enquête pour citer et protéger des témoins; un pouvoir de perquisition. C'est cela qui est important.
Comment des organismes peuvent-ils enquêter et faire le travail pour lequel ils ont été dûment formés s'ils n'ont aucun pouvoir? J'ai déposé le projet de loi pour donner ce pouvoir au Bureau de la concurrence afin qu'il puisse enquêter et faire le travail qu'on attend de lui.
Si le tribunal croit qu'une personne a contrevenu à l'une ou l'autre de ces dispositions, il pourra — cela ne veut pas dire qu'il devra — ordonner qu'il soit versé au demandeur une somme représentant soit la perte ou les dommages subis, soit les dépenses engagées, s'il y en a. S'il est impossible pour le demandeur d'établir ces sommes, le tribunal pourra ordonner que soit versée au demandeur une somme maximale de 200 $ par contravention, jusqu'à concurrence de 1 million de dollars. Je pèse les mots: ce n'est pas « devra ordonner », mais « pourra ordonner ». C'est très différent.
Comme je le disais tantôt, le CRTC, le Bureau de la concurrence et le Commissariat à la protection de la vie privée doivent aussi se consulter mutuellement, et ils peuvent se communiquer tout renseignement afin d'assurer les activités et les responsabilités qu'ils exercent en vertu de leur pouvoir respectif.
On a donc trois organismes: le CRTC, le Commissariat à la protection de la vie privée et le Bureau de la concurrence. Ensemble, ils ont certains pouvoirs en vertu de projet de loi. Cependant, ils doivent être capables de communiquer entre eux. Nous savons déjà que ces organismes ont des chasses gardées et qu'ils ne sont pas portés à se transmettre des informations.
Le Commissariat à la protection de la vie privée, c'est encore autre chose. Le député libéral en a parlé tantôt. Ce commissariat est important dans ce dossier.
Les messages électroniques commerciaux non sollicités sont devenus, au fil des années, un problème social et économique important. Ils minent la productivité individuelle et commerciale des Québécoises et des Québécois. Non seulement ils entravent l'utilisation du courriel pour des communications personnelles, mais ils menacent aussi la croissance du commerce électronique légitime. Comme je l'ai dit tantôt, si on affecte des gens à ouvrir ces courriels, on perd du temps et les industries deviennent moins concurrentielles. Cela cause donc un problème.
Je veux souligner autre chose. Le ministre, ou un autre organisme lié de près ou de loin au projet de loi , a fait en sorte qu'un article de cette loi pourrait mettre en péril la Liste nationale de numéros de télécommunication exclus (LNNTE). Une porte a été ouverte car un article dit que la LNNTE, émise par ce gouvernement il y a déjà un an et dans laquelle 7 millions de personnes ont inscrit leur numéro de téléphone pour ne pas être sollicitées indûment par du télémarketing, pourrait être désactivée. On se donne maintenant l'occasion, en un an, de désactiver tout cela qui a coûté des millions de dollars.
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Monsieur le Président, je partagerai mon temps de parole avec le député de .
Je suis heureux d'intervenir dans le débat sur le projet de loi , la Loi sur la protection du commerce électronique.
Je crois que le dernier échange démontre bien que la mesure législative dont nous sommes saisis peut avoir des faiblesses, mais il est indéniable que nous devons aller de l'avant le plus rapidement possible parce que les pourriels sont très envahissants et que les personnes qui s'en servent dans l'intention de frauder et d'utiliser les renseignements qu'ils peuvent obtenir grâce à l'accès à l'information peuvent réellement chambouler la vie des gens honnêtes. On a déjà souligné qu'il n'y a aucun pare-feu ou routeur qui puisse servir de barrière et que les gens sont très vulnérables face à ceux qui ont passé beaucoup de temps à réfléchir à la meilleure façon d'avoir accès, en s'infiltrant dans les boîtes de courriel, à des renseignements qui pourraient être utilisés de façon frauduleuse.
Ce n'est pas une question qui appartient au gouvernement ou à quelque parti. Ici, à la Chambre, nous partageons la responsabilité de mettre en place une loi qui prévoit la nature de ces invasions par l'entremise du commerce électronique dans l'intention de frauder ou de transmettre de faux renseignements.
Nous avons tous le même désir de mettre au point des outils qui seront utiles. Nous sommes loin d'en avoir terminé. Le comité a apporté des modifications à la mesure législative originale qui a été présentée dans le cadre du processus d'un comité ou d'un groupe de travail. Ce projet de loi sera soumis au Sénat. Je tiens à assurer aux députés, et je parle tout particulièrement de l'échange qui vient d'avoir lieu, qu'il y aura certainement d'autres mécanismes, d'autres outils qui seront mis au point dans le cadre des efforts déployés pour légiférer en la matière.
Je suis persuadé qu'il y a des gens qui nous écoutent et qui n'entendent que certaines parties de nos débats. Les gens ne voient pas toujours tout le contexte qui sous-tend une mesure législative. J'aimerais vous fournir une certaine chronologie pour remettre les choses en contexte.
Les pourriels causent beaucoup de problèmes aux Canadiens et aux entreprises. En 2004-2005, le gouvernement libéral alors en poste avait mis sur pied un groupe de travail pour étudier une mesure législative qui s'attaquerait à ce problème. Le groupe de travail a présenté des recommandations qui ressemblaient de façon générale au projet de loi dont nous sommes saisis. Ces recommandations visaient tout d'abord à interdire l'envoi de pourriels sans avoir obtenu le consentement des destinataires. Deuxièmement, on prévoyait ériger en infraction le fait d'avoir recours à des déclarations fausses ou trompeuses pour dissimuler les origines ou l'intention réelle d'un courriel.
Le groupe de travail a produit un certain nombre de recommandations clés. Il me semble qu'il y en avait 22 en tout. Le gouvernement de l'époque a organisé une série de tables rondes afin de recueillir l'avis des gens du milieu des affaires et de la population en général.
Ces recommandations précises visaient alors avant tout à interdire l'envoi de pourriels sans avoir obtenu le consentement des destinataires. Elles visaient également à interdire l'utilisation de renseignements faux ou trompeurs destinés à déguiser l’origine ou le but d’un courriel et à interdire l'installation de programmes non autorisés. Les créateurs de pourriels sont si rusés qu'ils peuvent même, si quelqu'un donne son autorisation par l'entremise d'un courriel trompeur ou déguisé, obtenir les mots de passe de cette personne et ainsi accéder au contenu de ses courriels, de ses sites Web, etc. Le dernier principe que le groupe de travail a établi visait à interdire la collecte non autorisée de renseignements personnels ou d'adresses de courriel.
Le projet de loi que nous étudions contient tous les éléments des recommandations de ce groupe de travail et met en oeuvre ces recommandations. Comme je l'ai déjà dit, il ne s'agit pas d'une mesure libérale ou conservatrice. Il semble en fait que ce projet de loi ait l'appui de tous les partis à la Chambre.
Un des aspects du projet de loi diffère du régime proposé en 2004-2005 selon ces recommandations; cet aspect touche les amendes et les conséquences de ce qui pourrait se produire si une personne est reconnue coupable d'avoir enfreint l'esprit de la loi. Ces infractions sont passibles d'une amende maximale de 1 million de dollars pour les particuliers et de 10 millions de dollars pour les entreprises. De plus, le projet de loi établit des règles sur les mandats et sur l'information — le dernier intervenant en a parlé, et nous en avons discuté pendant les questions —, en particulier sur l'obtention d'information dans le cadre d'une enquête et sur les injonctions concernant le pollupostage pendant une enquête.
Le projet de loi prévoit aussi un droit privé d'action qui permettra aux consommateurs et aux entreprises de réclamer des dommages-intérêts aux polluposteurs. Ce principe est particulièrement important. Nous avons parlé des victimes et des déclarations des victimes au cours des procédures criminelles et, récemment, du projet de loi qui précise les interventions liées à la libération conditionnelle et la communication continue avec les victimes en ce qui concerne l'application des dispositions portant sur la libération conditionnelle.
Ce projet de loi tente lui aussi de favoriser les victimes. En effet, il leur permet de réclamer des dommages-intérêts aux polluposteurs, selon la nature de l'atteinte à la vie privée et l'activité commise.
On a souligné que le comité avait eu des difficultés avec certaines failles du projet de loi. La portée de l'article 6 était trop vaste et, comme d'autres intervenants l'ont dit, cela aurait pu supprimer une partie tout à fait légitime de notre application de la technologie et tout le secteur. Cela aurait aussi pu créer une situation qui aurait nuit à ceux qui utilisent la technologie de façon créative, les règles pertinentes et ainsi de suite. On a souligné que le comité n'était pas satisfait à cet égard. Cependant, le projet de loi a été modifié.
En outre, le projet de loi maintient une position très ferme — répressive, selon certains. Or, étant donné la nature des activités illégales commises, je pense que tous les députés de la Chambre seront d'accord avec l'intention du comité, qui vise à faire souffrir les coupables.
De façon générale, les membres des groupes intéressés n'étaient pas satisfaits des recommandations initiales présentées par le groupe de travail, et certains ne sont peut-être toujours pas satisfaits du projet de loi. Toutefois, je le répète, il a passé l'étape de l'étude en comité et il a été modifié. À ce point-ci, je pense que nous devons pencher du côté de ceux qui utilisent leur courrier électronique et d'autres formes de technologie pour des activités positives et à valeur ajoutée, et nous devons poursuivre ceux qui s'en prennent aux gens qui utilisent la technologie.