La Chambre reprend l'étude, interrompue le 10 février, de la motion portant que le projet de loi , soit lu pour une deuxième fois et renvoyé à un comité; et de la motion voulant que cette question soit maintenant mise aux voix.
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Monsieur le Président, hier, lors de mon intervention, j'ai souligné le fait que nous étions passés d'une coalition de l'opposition à une coalition entre les libéraux et les conservateurs. J'ai donné quelques exemples des conséquences malheureuses que cela avait pour tous les citoyens du Canada.
Aujourd'hui, je vais poursuivre mon allocution en parlant plus spécifiquement de l'effet négatif de cette coalition sur le Québec.
Mon intention est de démontrer que, que les conservateurs ou les libéraux soient au pouvoir, ou que ce soit une coalition des deux partis comme celle à laquelle nous assistons actuellement, le Canada pratique toujours la politique de ses intérêts. Or les intérêts du Canada vont malheureusement trop souvent à l'encontre de ceux du Québec.
Finalement, nous, les Québécois, ne pouvons rien espérer de cette fédération. À terme, la solution est évidemment que le Québec devienne un pays souverain pour que lui aussi, comme tous les pays du monde, pratique la politique de ses intérêts. De plus, le fait d'être un pays souverain l'aiderait en lui donnant tous les outils nécessaires pour traverser la crise et pour répondre à ses besoins plutôt qu'aux besoins des pétrolières de l'Ouest, par exemple.
Je donnerai pour premier exemple la péréquation, c'est-à-dire ces transferts du gouvernement fédéral aux provinces et le Québec. En fait, ces transferts ne sont pas des cadeaux puisque l'argent distribué par le fédéral provient de nos propres impôts. Cette formule est constamment modifiée. Lors de la dernière législature, le gouvernement conservateur, dans le cadre d'une pseudo-ouverture au Québec, avait dit qu'il essaierait de régler le déséquilibre fiscal. Les transferts de péréquation au Québec avaient alors effectivement augmenté, mais c'était grâce aux pressions du Bloc québécois et à la situation minoritaire du gouvernement.
À l'époque, j'étais membre du Comité permanent des finances et j'avais fait de nombreuses interventions en cette Chambre, disant que le gouvernement n'avait pas réglé le déséquilibre fiscal étant donné qu'il n'y avait eu aucun transfert de champ fiscal, et qu'à son bon vouloir, au moment qui lui semblerait bon, le gouvernement pourrait reculer, modifier à nouveau la formule, pénaliser le Québec et revenir à la situation d'avant.
Malheureusement, mes paroles avaient quelque chose de prophétique puisque c'est exactement ce qui s'est produit. En période de crise économique, lorsqu'on doit faire face à des difficultés majeures, les bons vieux réflexes des partis fédéralistes canadiens reviennent et ils promeuvent les intérêts du Canada dans son ensemble. J'aurais tendance à dire que ce n'est pas complètement anormal. Ce qui est anormal, c'est que le Québec ne fasse pas la même chose et qu'il ne devienne pas un pays pour promouvoir ses propres intérêts, surtout en période de crise économique.
Le cas de la formule de péréquation, même si c'est un peu abstrait et très technique pour plusieurs de nos concitoyens, est encore plus révélateur lorsqu'il est question du montant qui entre en compte dans le calcul de cette formule.
Par le passé, on a déjà exclu du calcul de la péréquation des revenus provenant en partie de ressources non renouvelables, comme le pétrole. Évidemment, aux fins du calcul de péréquation, les provinces qui produisent ces revenus non renouvelables paraissent plus pauvres qu'elles ne le sont réellement, et les provinces qui n'en produisent pas et dont l'économie est axée essentiellement sur des énergies renouvelables, comme le Québec, paraissent plus riches qu'elles ne le sont en réalité. Ces dernières sont donc pénalisées.
De plus, d'un point de vue environnemental, on se demande pourquoi ce gouvernement, appuyé par les libéraux, souhaite encourager les industries utilisant des énergies non renouvelables, alors qu'on devrait faire le contraire et donner des primes de péréquation aux provinces qui utilisent des énergies renouvelables.
Dans le dernier budget, on a encore amplifié ce déséquilibre en décidant que les revenus de Hydro One en Ontario ne seront plus inclus dans le calcul de la péréquation, mais que, de façon arbitraire, ceux d'Hydro Québec continueront encore une fois d'être inclus, ce qui fera perdre 250 millions de dollars par année au Québec.
On pourrait ajouter à cela l'exemple de la Commission des valeurs mobilières du Québec. Encore une fois, le gouvernement fédéral, appuyé par les libéraux, veut centraliser la finance en Ontario. On pourrait aussi donner l'exemple des politiques environnementales de ce gouvernement qui ne sont clairement pas dans l'intérêt du Québec. En effet, sa dépendance au pétrole appauvrit le Québec, alors qu'un Québec indépendant pourrait pleinement s'affranchir de cette dépendance au pétrole et s'enrichir.
Encore une fois, on a un budget fait pour l'Ontario et appuyé par les libéraux qui ont un intérêt partisan réel en Ontario. La grande leçon que doivent retenir les Québécois, c'est que, même avec une alternance de gouvernements, il n'y a rien à espérer des partis fédéralistes. Il n'y a rien à espérer de la fédération canadienne, pas parce qu'elle est méchante, simplement parce que tous les députés, sauf les députés du Bloc québécois ici en cette Chambre, veillent aux intérêts de la nation canadienne qui ne sont malheureusement pas les mêmes que ceux de la nation québécoise.
Pour la nation québécoise, la seule solution est de faire la même chose: acquérir sa propre souveraineté, voler de ses propres ailes, prendre ses propres décisions en fonction de ses propres valeurs, mais aussi et surtout en fonction de ses propres intérêts. À cet égard, la voie pour le Québec est d'acquérir l'indépendance nationale, tout en continuant à collaborer en bons voisins avec le Canada. Cette souveraineté, on ne la fera pas contre le Canada, on ne la fera pas parce qu'on n'aime pas les Canadiens, on la fera simplement parce que nous, on croit que les meilleures personnes pour définir ce qui est bon pour les Québécois, ce sont les Québécois eux-mêmes. On prendra des décisions, on en prendra parfois de bonnes et parfois de mauvaises, mais au bout du compte, elles seront les nôtres.
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Monsieur le Président, je suis heureux de pouvoir expliquer à la Chambre et aux Canadiens qui nous regardent cet après-midi pourquoi, en tant que membre du Nouveau Parti démocratique fédéral, il m'est impossible d'appuyer le budget avalisé par les conservateurs et les libéraux.
Je vais pour cela vous raconter une partie de ma propre histoire, parce que c'est parfois ainsi que nous parvenons à mieux saisir ou comprendre pourquoi une personne adopte une position qui, à première vue, semble aller à l'encontre des intérêts de sa collectivité.
Malgré le fait que le budget du gouvernement déborde d'investissements à l'intention de collectivités comme la mienne, que ces investissements seront bénéfiques à court terme et que bien entendu nous en serons tous reconnaissants, il n'en demeure pas moins qu'il s'agit là d'une approche semblable à celle qui nous a fait plonger dans le gâchis économique de la fin de l'année dernière.
Cette approche du gouvernement a consisté à accorder sans cesse des allégements fiscaux toujours plus généreux aux grandes entreprises, ce qui a eu pour effet de réduire la capacité du gouvernement de jouer un rôle constructif et positif dans la protection des collectivités et le développement des possibilités. Sans entraîner de déficits majeurs, elle a réduit la capacité du gouvernement à aider nos collectivités et l'économie et à protéger les emplois des travailleurs de ce pays.
Je crois que si nous prenions le temps de lire les signes afin de comprendre ce qui se passe vraiment, nous aurions devant nous une merveilleuse occasion d'effectuer un changement de cap radical et fondamental qui nous serait davantage bénéfique à long terme.
En 1959, mon père et ma mère se sont départis de tous leurs biens en Irlande et ont misé tout leur argent sur un rêve. Ce rêve, c'était le Canada. Ils ont emmené au Canada leurs sept enfants, dont j'étais l'aîné, pour leur assurer un avenir prometteur. Ce n'était pas très compliqué. Les attentes de mes parents étaient plutôt modestes. Alors que mon père en était au crépuscule de sa vie, je me suis assis avec lui et il m'a expliqué qu'en fait, il cherchait simplement un bon emploi lui permettant de nourrir et de loger sa famille. Il voulait épargner de l'argent pour que ses enfants puissent faire des études et, un jour, mener leur vie à eux. C'était tout. Ce n'était vraiment pas compliqué.
Nous nous sommes installés dans la petite ville de Wawa, au nord de l'Ontario, où il a trouvé un emploi dans une mine de fer. Il gagnait un assez bon salaire, de sorte que notre famille était très heureuse. Nous avons découvert des gens toujours prêts à s'entraider. Les races, les cultures, les religions et les langues se mêlaient. La ville étant plutôt isolée, les gens se rassemblaient à l'occasion des mariages, des funérailles et des autres célébrations et vivaient ces moments ensemble avec une chaleur que nous n'avions jamais vue dans notre pays d'origine.
Comme nous avons pu l'apprendre à l'époque, le minerai de fer extrait dans cette petite ville par les 1 200 mineurs qui y travaillaient était envoyé vers la grande ville se trouvant à deux ou trois heures de route ou encore était transporté par train jusqu'à Sault Ste. Marie, où 12 000 autres travailleurs s'occupaient de transformer en acier l'aggloméré produit à Wawa. Puis, cet acier était envoyé à divers endroits au Canada, de Saint John, au Nouveau-Brunswick, à la Colombie-Britannique, en passant par Windsor, où l'on s'en servait pour construire des automobiles, des bateaux et des autobus. L'acier était aussi envoyé au Québec, où il était utilisé par les industries qui s'y trouvaient à l'époque.
Ces industries fournissaient des emplois aux gens, et ces emplois étaient bien payés. Ils permettaient à des familles comme la mienne de manger à leur faim, de se loger et d'espérer pouvoir envoyer un jour leurs enfants faire des études, de manière à ce qu'ils puissent voler de leurs propres ailes.
Dans cette petite ville de Wawa, au cours des années 1960 et 1970, nous avons en outre découvert que le gouvernement se souciait de nous. Nous avons vu le gouvernement du Canada mettre sur pied des programmes comme l'assurance-maladie, en partenariat avec le gouvernement de l'Ontario. Si ma mère, mon père ou mes frères et soeurs tombaient malades, nous pouvions consulter un médecin ou nous rendre à l'hôpital sans avoir à assumer des dépenses qui auraient largement dépassé nos moyens. Nous nous disions que c'était merveilleux. Quel pays formidable! Qu'il faisait bon y vivre! Que nous étions heureux que mon père et ma mère aient choisi d'y trouver le mode de vie que nous chérissions tant!
Le gouvernement a mis sur pied un programme qui s'appelait l'assurance-chômage. On versait des prestations aux gens qui perdaient leur emploi ou qui subissaient une blessure ou une maladie en raison de leur travail, de manière à ce que ces gens ne voient pas leur vie ravagée. Les prestations leur permettaient de traverser la période difficile jusqu'au moment où ils trouvaient un nouvel emploi ou reprenaient le même emploi, une fois guéris. Le gouvernement fédéral a établi le Régime d'assistance publique du Canada, un programme mis en oeuvre par la province qui visait à garantir aux personnes les plus démunies l'aide dont elles avaient besoin.
Quel concept! Quel merveilleux pays, où personne ne serait laissé pour compte! Même si ces programmes n'étaient jamais aussi généreux que certains parmi nous auraient voulu qu'ils soient, ils étaient certainement plus généreux qu'aujourd'hui. Bon nombre de programmes importants mis sur pied à l'époque n'existent plus. Ils ont été abolis pour combler le déficit, rembourser la dette et faire d'autres choses dont je vais parler dans une minute.
J'ai pu faire des études universitaires grâce à un programme de prêts et bourses. J'étais l'aîné de sept enfants. Mes parents pouvaient difficilement se permettre de payer mes études, puis celles de six autres enfants après moi. Les prêts et bourses offerts m'ont permis d'aller à l'université et d'obtenir un diplôme. À l'époque, les universités et collèges en Ontario étaient en expansion. À ma sortie de l'université, mon premier emploi a été au Sault College. Une nouvelle initiative de formation et de recyclage avait été lancée dans la province, et les collèges se développaient dans presque toutes les collectivités.
J'étais chargé d'aller faire la promotion de la valeur de l'éducation complémentaire et de l'apprentissage permanent. Dans toutes les collectivités, d'Elliott Lake à Chapleau, en passant par Wawa, j'ai fait la promotion de l'éducation complémentaire, de la formation, du recyclage et de l'apprentissage permanent.
Pendant les années 1980 et 1990, j'ai commencé à voir le gouvernement se désintéresser de ce genre d'engagement touchant les collectivités, les familles, les particuliers et les travailleurs. La présence gouvernementale dans nos collectivités a commencé à diminuer. On a d'abord vu les recettes tirées de l'impôt fondre à cause des allègements fiscaux accordés surtout aux grandes entreprises, ce qui a réduit la capacité du gouvernement de financer aussi généreusement les programmes qui aidaient les familles et les collectivités. C'est ainsi qu'est né un régime où on réduisant la capacité du gouvernement en se privant de recettes fiscales.
Mon père caressait des rêves très simples et il avait des attentes modestes: se lever le matin, aller travailler et toucher un salaire. Il s'attendait à pouvoir compter sur le gouvernement si l'un de nous tombait malade ou si je voulais aller à l'université. On a cependant commencé à se rendre compte que l'aide gouvernementale aux familles diminuait.
On a vu le gouvernement se priver de recettes pour offrir des allègements fiscaux. On a vu...
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Madame la Présidente, j'aimerais profiter de cette occasion pour remercier les gens de qui m'ont élue pour une troisième fois en quatre ans. Il faut le faire, trois élections en quatre ans! Revenons aux choses sérieuses.
Après la perte de 18 000 emplois manufacturiers et forestiers Estrie au cours des dernières années, j'espérais voir des investissements significatifs pour ces secteurs névralgiques de l'économie des Cantons-de-l'Est dans le budget du . Mes minces espoirs ont été déçus. Ce budget est politique et accorde prééminence à la province la mieux pourvue en circonscriptions fédérales, soit l'Ontario. Pour des députés qui, comme moi, ont été élus pour défendre les intérêts du Québec d'abord, ce budget est complètement inacceptable.
Comprenons-nous bien. Je suis favorable à une aide au secteur automobile. Je suis bien consciente que ce dernier est devenu, depuis plusieurs années, le moteur industriel de l'Amérique du Nord. Dans ma propre circonscription, plusieurs centaines d'emplois à Waterville ou à Coaticook, notamment, sont directement liés au secteur automobile. Cela dit, l'Estrie avait besoin d'une aide significative pour les secteurs manufacturier et forestier.
La municipalité régionale de comté de Haut-Saint-François, dans ma circonscription, a vu d'importantes scieries cesser leurs activités, notamment à Bury, Weedon et Saint-Isidore-de-Clifton. Les travailleurs et travailleuses forestiers de Haut-Saint-François attendaient davantage de ce gouvernement et, aujourd'hui, ils sont légitimement déçus.
Que dire du secteur manufacturier? Les usines du groupe Shermag, un fleuron industriel de l'économie estrienne, sont maintenant toutes fermées. Des centaines de travailleurs et travailleuses ont perdu leur emploi à Lennoxville, Dudswell et Scotstown, pour ne parler que de ces communautés, à cause de l'indifférence du gouvernement conservateur à leur égard.
Au bureau du , on vit toujours dans les années 1950. On dit ouvertement que les gens n'avaient qu'à voter du bon bord pour obtenir de l'aide. Je trouve cela extraordinairement édifiant. Pourtant, le puissant lieutenant politique du Québec est justement en Estrie. Il est même mon voisin de circonscription. Les communautés frappées de plein fouet que j'évoquais tout à l'heure, notamment Dudswell et Scotstown, sont à quelques minutes de route de sa circonscription. À l'instar de ses autres collègues du Québec, il continue de faire preuve d'une totale docilité devant le , et ce, au détriment de sa propre région et de la nation québécoise.
Pendant la dernière campagne électorale, les candidats et candidates du Parti conservateur ont dit et répété sur toutes les tribunes qu'il n'y aurait pas et qu'il n'y avait pas de crise, que le Canada était à l'abri et qu'il ne fallait pas craindre de retomber dans le cercle vicieux des déficits fédéraux. Quatre-vingt-dix jours plus tard, ils avaient changé d'opinion sur tout. C'est étrange. Subitement, on apprenait qu'il fallait agir de manière rapide et énergétique. Le gouvernement promettait d'aider la classe moyenne et les victimes de licenciements massifs. Avec le budget et le projet de loi qui le met en oeuvre, on est loin de ce compte.
Les derniers chiffres sur le chômage sont calamiteux. Le chômage a grimpé à 7,2 p. 100 au Canada, à 7,7 p. 100 au Québec et a maintenant atteint 8,5 p. 100 dans notre belle région de l'Estrie. Avec les mauvaises nouvelles qui se multiplient au sud de la frontière, on peut redouter que nos industries exportatrices des Cantons-de-l'Est continuent de connaître des difficultés significatives. Des milliers de gens perdent leur emploi et des milliers d'autres connaîtront malheureusement le même sort.
Dans une telle situation, le devoir du gouvernement était clair. Il devait mieux aider les chômeurs et les chômeuses, et assouplir ce régime injuste de l'assurance-emploi dont nous sommes affligés. Dans ma région, le Mouvement des chômeurs et chômeuses de l'Estrie demandait une réforme du régime de l'assurance-emploi. Le gouvernement a continué de faire la sourde oreille dans ce dossier.
Ainsi, l'assurance-emploi restera ce qu'elle est, c'est-à-dire un régime injuste et inaccessible pour plus de 50 p. 100 des gens qui perdent leur emploi, majoritairement des femmes. Ces travailleurs perdent leur emploi et seront déclarés inadmissibles à l'assurance-emploi pour je ne sais quelle détail technique, et ils ne se trouveront pas d'autre emploi rapidement parce que l'économie détruit des emplois en ce moment plutôt qu'elle n'en crée.
Nos propositions sont connues. Il faut éliminer le délai de carence, assouplir les conditions d'accessibilité au régime, mettre fin aux distinctions régionales quant au nombre d'heures nécessaires pour avoir droit aux prestations.
Le gouvernement conservateur n'a rien fait du tout. Il a abandonné nos chômeurs.
C'est typique de l'idéologie réformiste-conservatrice. Cette même idéologie continue de négliger les familles à faible revenu. Ces familles qui ont des difficultés croissantes à se trouver un logement abordable ont aussi été abandonnées par ce gouvernement qui préfère faire la lutte aux pauvres plutôt que la lutte à la pauvreté.
À Sherbrooke, le taux d'inoccupation des logements oscille autour de 1 à 2 p. 100, bien en deçà des points d'équilibre. Au lieu de favoriser la construction de logements abordables de deux ou trois chambres pour les familles, le gouvernement préfère investir dans la rénovation des logements existants. Seul le , qui avait fière allure, cloueuse à la main dans un quartier chic d'Ottawa, semblait se réjouir de son choix peu judicieux.
Pour relancer l'économie, les conservateurs ressortent donc le vieux truc des infrastructures. Sur le fond, je suis bien d'accord; la construction d'infrastructures a un effet multiplicateur et contribue à la création d'emplois. Cependant, dans l'ensemble des programmes d'infrastructures proposés, les investissements sont soumis à la formule: un tiers par le fédéral, un tiers par le Québec et un tiers par les municipalités concernées.
J'ai siégé sur le conseil municipal d'Ascot pendant huit ans et je peux dire que chaque décision financière est déchirante. Les petites municipalités des régions rurales ont déjà bien peu de moyens pour subvenir à tous leurs besoins.
Si le gouvernement avait été plus clairvoyant, il aurait proposé un mode de financement respectant la capacité de payer de chacun, ce qui veut dire 50 p. 100 payé par le fédéral, 35 p. 100 par le provincial et 15 p. 100 par les municipalités, comme proposé par le Bloc québécois.
Parlant de pelleter le problème dans la cour du Québec, cela semble un réflexe acquis pour ce gouvernement. Dans le projet de loi , le gouvernement laisse tomber le masque et va de l'avant avec son idée de réforme de la péréquation. Les changements apportés au régime pénalisent lourdement le Québec. Avec la nouvelle formule de calcul, le Québec perdra quelque chose comme 3 milliards de dollars en trois ans. Bref, en plus de ne pas investir au Québec, il empêche le gouvernement du Québec d'avoir les moyens de le faire. Ce gouvernement viendra ensuite nous dire que le déséquilibre fiscal est réglé.
Finalement, je peux assurer que mon parti et moi, nous ne nous mettrons pas à genoux, comme nos collègues libéraux, devant les conservateurs.
Le budget et le projet de loi mis en oeuvre par ce gouvernement introduit des mesures clairement contraires aux intérêts du Québec. Nous, au Bloc québécois, ne sommes pas prêts à voter pour un projet de loi qui prive le Québec de milliards de dollars de péréquation, qui crée une agence fédérale des valeurs mobilières et qui rouvre une question pourtant réglée, à savoir que les femmes ont droit au même salaire pour un travail équivalent.
Je me suis engagée en politique pour défendre les intérêts et les valeurs des gens de chez nous. Je l'ai fait pour une meilleure justice, pour que le Québec dispose de tous les outils pour s'épanouir, se développer et prendre sa place dans le monde.
Ce que le gouvernement propose est aux antipodes des intérêts de la nation québécoise en heurtant nos valeurs de plein fouet. Au Bloc québécois, on se tient debout et nous voterons pour le Québec. C'est pour cela que je représente un parti souverainiste.
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Madame la Présidente, c'est avec plaisir, bien qu'avec un brin d'irritation, que je prends la parole aujourd'hui à propos de ce budget, ce budget dont on dit qu'il vise à stimuler l'économie. Ce que je trouve irritant, c'est que le gouvernement a négligé de prendre des mesures fondamentales ou raté des occasions sur tellement de points fondamentaux.
Je crois que, pour être en mesure de juger des mérites du programme économique du gouvernement, il faut examiner certains éléments fondamentaux du budget, surtout si celui-ci est présenté en temps de crise.
L'un de ces éléments, c'est l'équilibre. Il faut aussi voir si le gouvernement comprend les besoins du pays et de l'économie à ce moment particulier. Nous avons vu, bien sûr, dans ce qu'on a appelé la mise à jour économique de l'automne, que le gouvernement continuait à rater des occasions et à marquer à côté de la cible par rapport à ce que les économistes et les Canadiens demandaient depuis longtemps.
L'équité est un autre élément important. À quel point le gouvernement est-il en mesure de traiter des questions d'équité et de justice dans la conception des politiques qu'il imposera au pays au cours de cette période critique?
Enfin, il faut examiner les choix du gouvernement. C'est comme pour une famille ou une personne qui doit décider, quand elle fait son budget, ce qu'elle se permettra d'acheter et ce qu'elle ne se permettra pas. Des choix doivent être faits. Parfois, ces choix n'ont que des conséquences immédiates, à court terme, mais très souvent ils auront des conséquences à très long terme.
D'un gouvernement à l'autre et de budget en budget, les choix exercés ont contribué à soumettre l'économie à des pressions indues, à un rendement insuffisant et à des pratiques inefficientes qui se perpétuent et qui aboutissent à une pollution excessive et à des infractions aux règles de l'équité salariale.
Par une étrange ironie, le gouvernement a décidé d'enfouir dans un document budgétaire le démantèlement de la loi sur l'équité salariale. Au Canada, une femme gagne 70 ¢ pour chaque dollar gagné par un homme qui fait un travail équivalent. En cette période de crise économique, le gouvernement a décidé de tomber dans l'opportunisme idéologique.
Il semble aussi que le rôle du gouvernement soit remis en cause. Il y a des moments de convergence à la Chambre des communes, des moments où les partis s'entendent, comme ce fut le cas pour les excuses présentées aux Premières nations au sujet des pensionnats, mais à côté de ces moments de convergence, où la Chambre des communes fonctionne bien, il y a, comme en ce moment, divergence sur le rôle que doit jouer le gouvernement dans la situation actuelle.
Hier soir, nous avons entendu le président des États-Unis parler au peuple des États-Unis du rôle du gouvernement à un époque comme celle que nous vivons et de sa capacité de recourir au modèle économique keynésien, comme le comprennent ceux qui connaissent ses théories et les traités qui s'en inspirent. Puisque le , comme le chef du Nouveau Parti démocratique, est un économiste de formation, il devrait comprendre qu'il y a des moments où l'État doit intervenir.
Cela va à l'encontre de l'idéologie fondamentale de l'ancien Parti réformiste, devenu le Parti conservateur, quant au rôle de l'État. On constate en effet que le gouvernement ne possède pas le budget, ne l'aime pas et ne comprend pas comment il peut provoquer autant de discussions et d'inquiétude sur les marchés. Un jour, le gouvernement a présenté un budget avec un excédent fictif de quelques centaines de millions de dollars et a déclaré que l'économie était à l'abri d'une récession.
En octobre 2008, le a déclaré que, si le Canada devait connaître une récession, elle serait déjà survenue. Quelques semaines plus tard, nous avons vu le changer radicalement de discours et déclarer que nous vivions probablement une des pires récessions économiques de l'histoire et peut-être même une dépression. Cela n'aide pas à susciter la confiance envers le gouvernement conservateur.
La Colombie-Britannique et, dans une certaine mesure Skeena—Bulkley Valley, la circonscription que je représente, ont malheureusement été les premières victimes de cette récession il y a quelques années déjà. Des collectivités comme Hazelton, Fort St. James, Burns Lake ont connu des taux de chômage de 50, 60 et 70 p. 100 parce que le secteur forestier y a été pratiquement annihilé. Les scieries ont fermé les unes après les autres.
Nous nous sommes adressés au gouvernement pour lui demander d'apporter des changements structurels et même d'adopter un plan pour venir en aide à notre secteur manufacturier. Quelque chose a-t-il été fait à cet égard? Ce qui se produit aujourd'hui ne devrait pas nous étonner. Il y a bien des années que nous voyons la tempête venir. L'accord bâclé sur le bois d'oeuvre, l'appréciation du dollar canadien ainsi que le ralentissement et l'éclatement du marché américain du logement ont mené la plupart des économistes et des experts du secteur forestier à dire que ce secteur éprouvait des difficultés et que le gouvernement devrait préparer un plan et adopter une stratégie cohérente.
Toutefois, le budget actuel ne fait que regrouper un méli-mélo de beaucoup de choses. Nous examinons le budget pour tenter d'y trouver les fonds qui avaient été promis à la Colombie-Britannique afin de combattre l´infestation de dendroctone du pin. Selon les meilleures estimations du gouvernement, 30 p. 100 des sommes qui avaient été promises dans les budgets précédents n'ont jamais été versées.
Le gouvernement parle de crise. Il reconnaît que nous sommes en situation de crise. Il envoie des communiqués de presse et multiplie les annonces, mais il ne dépense pas l'argent.
C'est une question fondamentale de confiance. Les Canadiens et les familles qui vivent dans l'incertitude, qui ont perdu leur emploi et qui doivent déménager se tournent vers un gouvernement qui affirme leur en promettre davantage. Toutefois, une promesse doit être basée sur une certaine confiance mutuelle.
Pour ce qui est des annonces que le gouvernement a faites pour la Colombie-Britannique en ce qui concerne les dépenses d'infrastructure, une fois la poussière retombée, une année a passé. Lorsque nous regardons les chiffres contenus dans le budget et que nous évaluons les sommes qui ont réellement été dépensées pour créer des emplois, nous arrivons à 15 ou 20 p. 100. Cela ne fait rien pour raviver la confiance des Canadiens à l'égard des capacités du gouvernement.
On a beaucoup parlé de l'assurance-emploi et je reconnais que c'est un secteur important. Les modestes mesures que le gouvernement a adoptées dans le domaine de l'assurance-emploi ne viendront en aide qu'à ceux qui y ont droit, faisant fi du fait que le problème se situe surtout au niveau de ceux qui n'y ont pas droit. Il y a par exemple une majorité de femmes sur le marché du travail qui ne sont pas admissibles, même si elles paient des cotisations d'assurance-emploi. On pourrait presque parler de manoeuvres frauduleuses puisque c'est à cela que fait penser un programme auquel les gens cotisent sans avoir droit d'en tirer des prestations.
Au fil des années, le gouvernement s'est servi de la caisse d'assurance-emploi comme d'une caisse noire. Il a transféré l'argent versé par les travailleurs et les employeurs pour l'assurance-emploi et il s'en est servi à d'autres fins. C'est inadmissible. Or, voici que maintenant, en période difficile, le gouvernement dit qu'il va prolonger de quelques semaines la durée des prestations. En fait, le gouvernement porte des oeillères et fait preuve d'un grand cynisme en ne tenant pas compte du fait que la majorité des gens ne sont même pas admissibles aux prestations.
En janvier seulement, la Colombie-Britannique a perdu 35 000 emplois. À titre de députés, nous savons tous à quel point il est difficile de travailler avec un nouvel employeur, d'obtenir l'appui d'un conseil municipal et de créer de nouveaux emplois dans nos circonscriptions. Cela exige beaucoup d'efforts, surtout si nous voulons des emplois bien rémunérés, des emplois dans le secteur manufacturier. Il n'est guère facile de créer ne serait-ce que 1 000 emplois et notre province vient d'en perdre 35 000 dans le temps de le dire.
Nous nous demandons d'où ces emplois viendront. Nous voulons que le gouvernement et les industries commencent à faire la promotion du genre d'économie auquel les Canadiens croient, mais le gouvernement refuse de réagir face à la situation à laquelle il est confronté.
Dans le Nord, il existe un exemple formidable de collectivité qui a dû lutter pour survivre et qui a trouvé des solutions innovatrices, alors que son industrie forestière périclitait. Les agriculteurs et autres membres de la collectivité de Telkwa, qui compte 3 500 habitants, se sont réunis et ont décidé de créer une coopérative, plus précisément un abattoir, afin de donner du travail à des personnes et d'appuyer le secteur agricole, parce qu'ils ne voulaient pas devoir expédier leur production dans le Sud de la Colombie-Britannique. Ce n'est pas bon pour les animaux, ni pour la planète, ni pour qui que ce soit, et certainement pas pour les producteurs. Par conséquent, ils ont décidé de construire ensemble cet abattoir.
Le gouvernement actuel et son prédécesseur ont dressé toutes sortes d'obstacles, et lorsque nous avons demandé une aide minime pour cette initiative — qui aiderait à préserver des emplois et à en créer d'autres dans une optique durable — le gouvernement s'est défilé.
La route de jonction de Tsimpsean, située à l'extérieur de Prince Rupert, aiderait à relier le village des Premières nations, qui compte près de 1 000 habitants, au port et à la collectivité de Prince Rupert, ce qui entraînerait toutes sortes d'économies pour le gouvernement lui-même. Il faut que le gouvernement réagisse et s'occupe de ce dossier.
Nous avons eu la chance de recevoir la nouvelle au comité et je lui ai posé une question très simple. Après l'avoir félicitée de sa nomination, je lui ai demandé comment le gouvernement actuel définissait énergie verte et énergie propre. En guise de réponse, elle a simplement regardé d'un air perplexe un des fonctionnaires qui l'accompagnaient. Ils n'ont aucune définition pratique de ces termes, et pourtant le budget parle abondamment de l'énergie verte et de l'énergie propre. Que veut dire le gouvernement lorsqu'il utilise ces termes? Il se tourne vers le passé, vers des technologies que les Canadiens ont subventionnées à coup de milliards, comme l'industrie nucléaire, des technologies qui comportent des risques et qui posent toutes sortes de défis moraux.
Lorsqu'il est question d'énergie renouvelable, c'est principalement la capture et le stockage de carbone qui retiennent l'attention du gouvernement. La dernière fois que j'ai entendu quelqu'un dire que « le charbon constitue une énergie renouvelable », c'est un ministre conservateur qui tenait ces propos. Personne d'autre au monde n'est de cet avis.
On dirait de la fiction. Selon nous, lorsqu'il est question de gagner la confiance des gens et d'étudier plusieurs options avant d'arrêter son choix, le gouvernement n'est pas à la hauteur. On ne peut appuyer ce budget. Je crois qu'au bout du compte, la décision des libéraux d'appuyer ce budget pour des raisons d'opportunisme politique se tient sur le plan philosophique. Ce mariage, cette alliance pratique, cette nouvelle coalition se tient. Ils croient à ces mesures. Malheureusement, ce sont les Canadiens qui vont en payer le prix et notre économie ne sera pas plus efficace, verte ou tournée vers l'avenir qu'avant.
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Madame la Présidente, avant la publication du budget à l'étude, j'ai effectué une tournée sur le thème de l'économie dans ma région, le Nord-Ouest de la Colombie-Britannique. C'est une région très vaste. La tournée a duré quelques semaines. Je passais d'une ville à l'autre en lançant les invitations et il ne s'agissait pas d'invitations sur cartes gravées comme celles que fait le gouvernement et dont les gens se moquent. Tous étaient les bienvenus à mes réunions.
Ce que j'ai entendu de tous et de partout, c'est que les gens avaient tout simplement besoin d'être accompagnés dans leurs initiatives. À Fort St. James, on voulait des appuis pour des projets de bioénergie. À Burns Lake, les gens ont dit qu'ils étaient prêts à remettre leurs enfants au travail. À Terrace, Prince Rupert et Kitimat, les gens proposaient des initiatives économiques. Ces gens étaient bien au fait des aspects problématiques de leurs industries. Dans les villages de pêche de la côte, on comprenait la nécessité d'une plus grande capacité de transformation et on était disposé à faire sa part. Cependant, il est difficile pour les gens de faire cavalier seul.
Lorsque le gouvernement n'est pas disposé à être à l'écoute des gens de la base ou semble incapable de l'être, ces gens qui ont une idée concrète de ce qui est possible à l'avenir perdent confiance et espoir. Or, même après avoir connu des jours sombres et des temps difficiles, le Nord-Ouest de la Colombie-Britannique ne peut se permettre de perdre confiance et de perdre espoir.
Les gens semblent trouver de nouveaux moyens d'être solidaires et de rester forts. Cependant, l'apport du gouvernement leur est nécessaire et ils doivent sentir qu'ils peuvent lui faire confiance, qu'il ne va pas trahir ses promesses, qu'il ne va pas nommer 18 petits copains au Sénat, qu'il ne va pas constamment revenir sur sa parole. Plus la population sera devenue cynique, plus elle exigera du gouvernement qu'il rende des comptes.
On nous présente un budget, appuyé par un parti qui s'est peut être trouvé des alliés sur le plan idéologique. Lorsque ce budget aura pleinement produit ses effets, je crains surtout de constater qu'un plus grand nombre de gens souffriront et seront plus mal pris qu'avant. Or, une fois dans une telle situation, ils auront bien de la misère à en sortir.
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Madame la Présidente, nous répétons les erreurs que les gouvernements fédéraux ont faites au cours des années passées lorsque nous avons fait face à des crises économiques. Je parle de la crise du début des années 1980 et de celle de la fin des années 1990. Chaque fois, afin de passer à travers la crise, le gouvernement fédéral a tenté d'établir des règles afin de faire porter par les provinces et le Québec une partie de ses responsabilités en ce qui concerne les programmes, notamment les programmes sociaux.
Après la crise de la fin des années 1990, les deux gouvernements qui se sont succédé, soit le gouvernement conservateur au début des années 1990 et le gouvernement libéral à compter de 1993, ont adopté une même politique visant à se retirer de leur contribution au financement de programmes dans des domaines tels que les infrastructures municipales, le logement social, la santé, l'éducation et l'assurance-emploi.
Dans le domaine de la santé, par exemple, une règle veut que la contribution du gouvernement soit proportionnelle à la population. Pour le Québec, la politique du gouvernement fédéral sur cette question a provoqué un déséquilibre au niveau de la santé faisant en sorte que la contribution a diminué de 8 p. 100 en comparaison avec celle du début des années 1990. Le même phénomène s'est produit relativement à l'éducation.
L'impact a été des plus catastrophique au regard des infrastructures municipales. De 1992-1993 à 2001, le fédéral n'a plus contribué au soutien de la mise à niveau des infrastructures municipales. La reprise du financement n'a eu lieu qu'à compter de 2001. Cela a provoqué un déficit de mise à niveau des infrastructures, que ce soit les aqueducs, les chemins ou les chaussées, de telle façon que les municipalités aujourd'hui n'ont plus les moyens de rendre leurs infrastructures plus modernes. Un grand nombre de municipalités ont des infrastructures qui datent de plus de 40, 50 et 60 ans, alors que le rythme de vieillissement habituel est d'environ de 35 à 40 ans. Il faut que ce soit entretenu, mais maintenant, on ne réussit même plus à les entretenir.
Selon une étude qui a été faite à cet égard, on constate un déficit réel de 144 milliards de dollars. Ce n'est pas rien. Si on n'avait qu'à restaurer les infrastructures pour les mettre à niveau, cela coûterait autour de 144 milliards de dollars. C'est une somme énorme pour les municipalités.
Aujourd'hui, on répète ces mauvaises politiques. Une des politiques adoptées à l'époque faisait porter par les municipalités, les provinces et les individus le poids des responsabilités du gouvernement canadien qui, lui, a commencé à rembourser la dette et à éviter les déficits au détriment des gens mal pris.
Prenons l'exemple de l'assurance-emploi. L'assurance-emploi, comme d'autres l'ont dit avant moi, exclut près de 55 p. 100 des chômeurs et chômeuses. Ces chômeurs et chômeuses ne peuvent recevoir de prestations. C'est un non-sens. Ce sont 57 milliards de dollars qui ont été détournés au cours des 12 dernières années. Si cela n'est pas faire porter le poids d'une responsabilité nationale sur le dos des personnes les plus vulnérables, je ne sais pas ce que c'est. Il faut y réfléchir.
Je reviens sur cet état de fait parce que non seulement les choses n'ont pas changé, mais le budget qui a été adopté et que l'on veut mettre en oeuvre dit qu'elles ne changeront pas.
Dans ce budget, on gèle les cotisations au taux de 1982, qui est le plus bas taux depuis ce temps. C'est dire qu'on n'améliorera pas le programme de l'assurance-emploi. C'est en totale contradiction avec le discours des libéraux, particulièrement. Les conservateurs l'ont dit aussi, mais on ne les croit plus.
On était portés à croire les libéraux lorsqu'ils disaient qu'il fallait faire un effort pour améliorer l'accessibilité à l'assurance-emploi et qu'ils s'y engageaient. C'est ce qu'ils ont dit durant leur campagne électorale. Ils ont dit qu'on avait trop fait porter ce poids par les chômeuses et les chômeurs. Donc, ils s'engageaient à faire en sorte qu'il y ait une meilleure accessibilité à l'assurance-emploi. Or, à la première occasion, ils ont couché avec les conservateurs et on dit qu'ils allaient adopter ce budget, peu importe les impacts négatifs qu'il a sur les plus démunis, ceux que le chef du Parti libéral appelle les plus vulnérables de notre société.
Il est tout à fait choquant qu'on puisse dire des choses semblables et voter pour le contraire.
Aujourd'hui, que cherche-t-on à faire? On dit qu'on investit, on fait un saupoudrage un peu partout, y compris dans des infrastructures — je le reconnais —, mais on ne fait rien pour les plus vulnérables, comme les appelle le chef du Parti libéral, rien pour eux. Encore là, pour les infrastructures, moi qui ai été conseiller municipal aussi, et même lorsque j'étais simple citoyen, je me suis toujours soucié des moyens de nos municipalités.
Regardez dans quelle situation on place ces municipalités présentement par rapport aux budgets qui leur sont octroyés. Des centaines de millions de dollars des budgets passés n'ont pas été utilisés. Pourquoi? Parce que les municipalités n'ont même pas les moyens de payer leur part de contribution. Normalement, cette part doit être de 15 p. 100. Souvent, elle est de 25 p. 100 ou de 30 p. 100. Pour les programmes annoncés, notamment le programme des infrastructures pour les loisirs communautaires, il est question d'une contribution fédérale de 50 p. 100. Si les provinces — ou le Québec dans notre cas — ne peuvent pas contribuer puisqu'elles se sont déjà engagées dans d'autres programmes, c'est évident que les municipalités ne pourront pas assumer 50 p. 100 de ces projets. Ainsi, le gouvernement canadien est assuré de pouvoir garder cet argent dans ses coffres. Même si ce taux était de 30 p. 100, la plupart des municipalités ne peuvent pas l'assumer. Pourquoi? En raison du phénomène dont je parlais un peu plus tôt, soit cette fameuse politique passée, alors que le gouvernement canadien a eu l'idée de faire porter ses responsabilités par les provinces, dont le Québec, et par les municipalités. On les a tellement compressées qu'aujourd'hui, elles n'ont plus de moyens financiers pour assumer cette responsabilité de mettre en place de nouveaux projets, ou encore, tout simplement, de rénover ce qui doit l'être.
Comme il ne me reste qu'une minute, je tenterai de conclure à cet égard. Je prends aussi l'exemple des logements sociaux. Pendant près de 12 ans, les gouvernements antérieurs ont coupé carrément la contribution pour le développement des logements sociaux. Là aussi, il y a un déficit important dans le domaine du logement social. On dit qu'on réinvestit présentement 2 milliards de dollars, mais on réinvestit surtout pour la rénovation. Cela ne donne pas une marge de manoeuvre quant aux nouveaux logements pour les personnes qui n'ont même pas cette possibilité d'avoir le choix d'aller dans un logement social.
En conclusion, à l'intention des gens qui se demandent pourquoi le Bloc québécois vote contre ce budget, je dis que c'est évident. Mes collègues ont parlé d'autres dimensions de ce budget. Nous avons l'intention de nous tenir debout et de ne pas accepter ce qui est inacceptable. Or, pour nous, ce budget est inacceptable.
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Madame la Présidente, c'est avec grand plaisir que j'interviens dans ce débat sur le budget.
Au cours des derniers jours, j'ai entendu un grand nombre de commentaires de la part de tous mes collègues de ce côté de la Chambre sur les lacunes du système d'assurance-emploi comme on l'appelle maintenant. Je préférais parler d'assurance-chômage, puisque les gens qui ont un emploi n'ont pas besoin de ces prestations, mais c'est une parenthèse.
Permettez-moi de vous décrire en termes un peu plus concrets ce que cela signifie d'être au chômage, du point de vue non pas d'une personne sans emploi, mais plutôt de celle d'une personne qui a aidé bon nombre de personnes à présenter des demandes de prestations depuis 1992. Je vais passer en revue toutes les étapes de la présentation d'une demande de prestations.
Nous avons entendu parler des statistiques, du nombre d'heures et des cinq semaines. Ce n'est rien. Nous avons entendu tout cela, mais nous n'avons rien entendu sur ce que cela signifie de passer à travers toutes les étapes, d'aller présenter une demande d'assurance-emploi, de se rendre à un bureau qui manque de personnel et qui a moins de comptoirs de service informatisés qu'autrefois pour venir en aide aux chômeurs et de ne pas pouvoir obtenir un formulaire en papier que l'on peut remplir avec un stylo ou un crayon parce que le ministère tient à ce que les gens remplissent le formulaire électronique. Quand le bureau est très achalandé, les fonctionnaires demandent même aux gens qui n'ont pas d'ordinateur à la maison de se rendre à la bibliothèque publique.
Dès le moment où elle franchit la porte du bureau d'assurance-emploi, toute personne qui estime ne pas connaître suffisamment la technologie pour présenter sa demande par ordinateur, est confrontée à un obstacle. La Commission de l'assurance-emploi refuse de donner un formulaire papier, même si la loi exige qu'elle en fournisse un sur demande. Un trop grand nombre de demandes sont rejetées; c'est inadmissible. On devrait plutôt faciliter les démarches des chômeurs, parce que ce sont eux qui financent le programme d'assurance-emploi.
Le calcul de la durée commence dès que la demande est envoyée. Toutefois, il ne s'agit que de la présentation d'un formulaire. Rien ne garantit l'acceptation de la demande parce que les agents de la commission suivent le règlement. Or, dans bien des cas, le règlement est plutôt prohibitif. Supposons cependant qu'un travailleur soit admissible. Il fait une demande à l'égard de laquelle il doit présenter des documents justificatifs. L'employeur doit faire parvenir un relevé d'emploi, qu'on appelle couramment RE. Si l'employeur oublie d'envoyer ce document ou s'il ne s'en occupe tout simplement pas parce qu'il a fait faillite, le traitement de la demande est retardé. Or, en l'absence d'un RE, il est impossible de toucher des prestations d'assurance-emploi, même si on est admissible. Une personne peut avoir travaillé pendant dix ans, mais le simple fait que l'employeur a omis d'envoyer ce document retarde le traitement de sa demande.
Supposons qu'un travailleur soit immédiatement admissible. Pour les deux premières semaines de chômage, il n'aura droit à aucune prestation parce que c'est ce que prévoit le règlement. Par conséquent, le travailleur ne touche des prestations que pour les troisième et quatrième semaines de chômage. En réalité, il ne reçoit rien pendant la troisième ou la quatrième semaine parce qu'il doit remplir d'autres formulaires, ou déclarer en ligne, s'il en est capable, ou par téléphone, qu'il n'a pas travaillé pendant ces semaines. En bref, s'il est chanceux, il recevra des prestations pendant la cinquième semaine.
Imaginez un peu. Cette personne est en chômage. Son employeur a peut-être fait faillite; il a peut-être quitté le pays, comme c'est le cas de la société John Deere, même si l'entreprise est rentable. Quoi qu'il en soit, le travailleur licencié n'a peut-être pas reçu d'argent depuis sa première semaine de chômage. C'est seulement pendant la cinquième semaine qu'il reçoit un premier chèque de prestation. Comment s'est-il débrouillé entre-temps? Qu'a-t-il fait de la première à la cinquième semaine? Il s'agit d'un cas d'admissibilité presque certaine, non d'un cas douteux qui exige d'être examiné plus attentivement ou pour lequel il n'y a pas de pièces justificatives.
Si on regarde la situation simplement du point de vue du processus de demande, les chômeurs ne recevront pas d'argent au moment où ils en ont besoin. Ils devront plutôt attendre bien au-delà de cinq semaines. Qu'est-ce que le gouvernement croit que ces gens devraient faire pendant ces cinq semaines? Se croiser les bras? Chercher du travail? Nous acceptons qu'ils cherchent du travail. En fait, les chômeurs sont les gens les plus susceptibles de chercher du travail parce qu'ils le font constamment. Comme ils ont déjà travaillé, c'est une insulte que de laisser entendre qu'ils ne chercheront pas du travail. Pour être admissibles à l'assurance-emploi, ils doivent avoir déjà travaillé, ce qui veut dire que ce sont des gens physiquement aptes qui veulent vraiment travailler. De ce point de vue, le système est insensé dès le départ.
De ce côté-ci de la Chambre, j'ai entendu mes collègues demander quels changements nous devons apporter au système pour l'améliorer. Ce que nous devons faire, c'est éliminer la période d'attente de deux semaines afin que les gens qui présentent une demande de prestations d'assurance-emploi reçoivent effectivement des prestations.
Je répète que cet argent nous appartient, à nous qui avons cotisé à l'assurance-emploi. Ce n'est pas l'argent des contribuables. Il ne vient pas de l'assiette fiscale, mais bien des cotisations versées par les gens qui travaillent pour gagner leur vie.
Le gouvernement libéral a changé le nom du programme, qui est devenu assurance-emploi au lieu d'assurance-chômage, mais le mot assurance n'a pas changé parce que c'est exactement ce que c'est. Je paie des cotisations et, lorsque j'ai besoin de mon assurance, je reçois des prestations. Le problème, c'est que le gouvernement a décidé d'imposer tellement de règles que nous ne pouvons pas recevoir de prestations. Dans la péninsule du Niagara, dans le Sud de l'Ontario, un chômeur sur trois reçoit des prestations d'assurance-emploi. Les deux tiers restants n'en reçoivent pas même s'ils ont cotisé au régime.
Combien de gens qui ont une assurance automobile aimeraient se faire dire par leur assureur, après avoir eu un accident, qu'ils font malheureusement partie des 62 p. 100 qui ne sont pas couverts même s'ils ont payé leurs primes? Je ne crois pas que beaucoup de gens accepteraient une telle réponse. Pourtant, les chômeurs, qui sont à un moment de leur vie où ils sont le plus vulnérables, sont assujettis à ce genre de restriction.
Par conséquent, le gouvernement aurait dû éliminer le délai de carence de deux semaines, ce qui aurait mis de l'argent dans les poches de ceux qui en ont besoin au moment où ils en ont besoin. Il a plutôt choisi d'ajouter cinq semaines à la période de versement des prestations, pour peu que les chômeurs soient admissibles à ces prestations.
Il y a une chanson, que je ne me risquerai pas à chanter à la Chambre parce que je suis incapable de pousser une note, où on dit que rien de rien n'est rien. Cinq semaines de rien ce n'est rien. Au bout du compte, les chômeurs n'ont absolument rien gagné et le gouvernement le sait très bien parce que ses propres statistiques le montrent.
L'autre aspect de la question, c'est le moyen à prendre pour rendre les chômeurs admissibles aux prestations. Il suffirait de réduire les heures. Le système repose sur les heures. Nous ne demandons pas au gouvernement d'adopter un système fondé sur les semaines. Si on adoptait 360 heures comme critère, on ferait en sorte qu'au moins deux tiers, sinon 70 p. 100 des travailleurs seraient admissibles aux prestations. Cependant, cela n'a pas été fait. Le gouvernement a décidé qu'il maintiendrait un critère d'admissibilité le plus restrictif possible pour que le moins de gens possible touchent des prestations.
Où allons-nous avec cela? J'ai parlé des étapes de la présentation d'une demande. Voici ce qui arrive au bureau de l'assurance-emploi de la région de Niagara. Je l'ai déjà dit, j'ai travaillé, depuis 1992, de concert avec ce bureau dans une carrière précédente. Ce bureau n'a que le tiers, sinon le quart de la taille qu'il avait en 1992. Au moment même où nous avons besoin de gens dans ce bureau pour servir les chômeurs, on a décidé de procéder à une restructuration et de déplacer le bureau principal à London, en Ontario. Encore chanceux que ce ne soit pas London en Angleterre, quoique je sois étonné que l'on ait pas tenté d'aller jusque là. Au moins, le bureau est encore en Ontario. Le problème, c'est que London est situé dans le Sud de la province, où on compte une population de 2,5 à 3 millions d'habitants. Auparavant, notre bureau ne s'occupait que d'une population de 500 000 personnes. Il doit maintenant s'occuper de quatre fois plus de cas.
Plus tôt, la ministre a déclaré à la Chambre que les services seraient améliorés. En ce moment, dans la région de Niagara, les gens ne reçoivent pas d'argent la cinquième semaine, mais la sixième seulement. Mes sources m'ont dit que, si l'arriéré empire, les chômeurs ne recevront rien avant la huitième semaine. Il est extrêmement déplorable que le système ne fonctionne pas mieux.
Si nous voulons un plan de relance pour remettre les gens au travail, il faut réembaucher du personnel dans les bureaux d'assurance-emploi et doter de nouveau les postes qui y ont été supprimés par le gouvernement au cours des dernières années. Nous pourrions créer des emplois dans le secteur de l'assurance- emploi. Ce ne sont pas des types d'emplois que nous voulons nécessairement puisqu'ils sont associés à une augmentation du nombre de chômeurs, mais c'est quelque chose que nous aimerions voir.
Comme nous pouvons le constater, le secteur de l'assurance-emploi est un catalyseur économique. En effet, Don Drummond, de la Banque TD, a affirmé que nous devions nous assurer que les chômeurs touchent des prestations d'assurance-emploi parce que cela constitue une mesure de relance en soi. Pensez-y. C'est une mesure de relance. Nous n'avons pas grand-chose d'autre à faire puisque c'est une mesure de relance.
J'aimerais faire une autre observation sous un angle personnel. Nous avons parlé des choses qui ne sont pas dans le budget. Je veux maintenant parler d'un élément qui se trouve dans le budget, à savoir l'équité salariale pour les femmes. J'en parlerai en tant que père.
On pourrait dire que ma femme et moi avons gagné le gros lot. La première fois que nous avons eu des enfants, nous en avons eu deux: un garçon et une fille. Je trouve absolument odieux que ma fille puisse ne pas être traitée aussi équitablement que son frère jumeau sur le plan salarial. Ils sont nés à trois minutes d'intervalle. Il est horrible de penser que ma fille, qui est maintenant une jeune femme sur le marché du travail tout comme son frère, se fera payer moins que son jumeau pour un travail de valeur égale alors qu'ils ont partagé le même ventre pendant neuf mois. Cet aspect en lui seul est une raison suffisante pour voter contre le budget.
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Madame la Présidente, je suis heureux de pouvoir participer au débat. Je félicite mon collègue de Welland d'avoir décrit aussi clairement ce qui arrive aux chômeurs. C'est un rappel important parce qu'il est facile de se perdre dans les méandres des discussions sur les programmes nationaux, où l'on jongle allègrement avec les milliards de dollars. Au bout du compte, tout ce que nous faisons est censé être fait en pensant aux gens chez eux, qui élèvent leurs familles et qui espèrent pouvoir travailler et profiter autant que possible de la qualité de vie offerte par ce grand pays.
J'aimerais dire un mot rapidement au sujet de la question que des députés d'arrière-ban doivent brûler d'envie de me lancer pour illuminer leur gloriole. Ils vont me demander pourquoi j'ai décidé de voter contre le budget avant même d'en prendre connaissance.
J'ai une excellente réponse à cette question. J'ai passé huit ans à l'Assemblée législative de l'Ontario et j'ai vu le gouvernement de Mike Harris démanteler tout ce dont l'Ontario était fier. Après un budget de Mike Harris, je n'ai pas eu besoin d'en lire d'autres. Je l'ai fait, mais c'était inutile, car je savais que ce premier ministre et son gouvernement s'étaient engagés dans un élan de destruction et je savais qu'ils feraient beaucoup de tort. D'ailleurs, une bonne partie des problèmes de l'Ontario aujourd'hui est attribuable aux mesures prises à l'époque.
Non seulement l'actuel gouvernement s'engage dans la même voie, mais le chef de cabinet du du Canada était, comme par hasard, le chef de cabinet de Mike Harris.
Je regarde les occupants des premières banquettes, j'écoute la période des questions, j'écoute les ministres parler et qu'est-ce que j'entends? J'entends le parler des allégements fiscaux et des entreprises, et ainsi de suite. C'est lui qui était ministre des Finances en Ontario. Je sais le tort qu'il peut faire.
Il reste d'autres acolytes de cette époque. Ne vous y trompez pas, nous étions nombreux à savoir quelles seraient les conséquences du budget, même sans en connaître tous les détails. Nous savions que même si le budget renfermait des mesures moyennement bonnes, nous ne pouvions pas compter sur le gouvernement pour les mettre en oeuvre. Nous ne pouvions pas compter sur le gouvernement pour tenir ses promesses. Le gouvernement adopte des lois qu'il enfreint. Il fait des promesses qu'il ne tient pas.
Pourquoi devrions-nous croire un seul instant que le gouvernement agirait différemment tout à coup? Le gouvernement devait simplement s'assurer de survivre au vote, et les libéraux y ont vu. Maintenant, seul le temps nous dira si la mise en oeuvre se fera de façon acceptable. Je n'ai pour ma part aucun doute quant à la façon dont les choses se dérouleront.
J'aimerais soulever quelques points...
Des voix: Oh, oh!
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Madame la Présidente, je vous remercie, mais je vous en prie, ne me privez pas du plaisir de les voir réagir et s'emporter, parce que cela révèle leur vrai personnalité. Je les invite à ne pas se gêner pour moi et à s'exprimer pleinement.
Je veux aborder quelques points. Les conservateurs disent que nous ne savons pas ce qui est dans le budget, et nos amis du caucus libéral répètent le même refrain, mais j'ai quelque chose à dire à la Chambre. Il y a un exercice appelé l'examen stratégique des programmes, ce qui semble très officiel. En vertu de cet exercice, le gouvernement va réduire de 1,3 milliard de dollars, sur une période de trois ans, les dépenses de programmes, mais nous ne savons pas quels programmes seront touchés.
Par conséquent, je dis à tous ceux qui nous écoutent et qui aiment certains aspects du budget qu'ils ont intérêt à surveiller attentivement ce qui va se passer. Ces compressions pourraient viser un programme dont bénéficient ces personnes, un membre de leur famille, une entreprise ou une collectivité. Les compressions de 1,3 milliard de dollars dans les dépenses de programmes vont faire mal à quelqu'un ou à quelque chose. Nous ne savons tout simplement pas qui ou quoi.
Par ailleurs, nous savons, grâce à mon collègue d', qui suit ce dossier de très près, qu'un montant de près de 10 milliards de dollars est inclus à titre de recettes. D'où viendront ces recettes? Nous ne le savons pas trop. Le gouvernement se contente de nous dire qu'il va vendre des choses. Quoi au juste? Nous ne le savons pas, mais on parle de 10 milliards de dollars, ce qui signifie que beaucoup de choses vont prendre le bord. Le moment est vraiment mal choisi pour vendre, surtout si l'on parle de biens immobiliers, ce qui constitue sans doute l'essentiel de ces ventes, à moins que le gouvernement ne commence à vider le musée des beaux-arts et à se débarrasser des oeuvres qui s'y trouvent.
Je dis respectueusement que les députés n'ont pas besoin de me parler de l'adoption d'un budget que certains ont lu ou n'ont pas lu. Des compressions sont prévues dans le budget et personne ici ne sait exactement où celles-ci seront faites.
Je veux prendre quelques instants pour parler de l'assurance-emploi. Je sais qu'un grand nombre de députés ont traité de ce dossier, mais je viens de Hamilton et ma collectivité souffre. Nous perdons des milliers d'emplois à chaque mois. Lorsqu'on dit que le secteur manufacturier est durement touché, c'est le cas à Hamilton. Cela se passe chez moi.
Pour chaque réduction de 60 $ de l'impôt des entreprises, le gouvernement n'a pu dépenser qu'un seul dollar pour aider les chômeurs. Par ailleurs, j'aimerais citer ce que Don Fraser, président du conseil syndical de la ville et du district de Hamilton, a dit à propos de la prolongation de cinq semaines. Il a dit:
Les cinq semaines supplémentaires, tout compte fait, ne sont que poudre aux yeux.
La mesure n'est que poudre aux yeux parce que le gouvernement n'a toujours pas apporté de changements fondamentaux au système. Même si quelqu'un finit par profiter de la mesure, la valeur totale de ces cinq semaines est de 11 millions de dollars. Cette année, la somme totale du budget est de 258 milliards de dollars, à quelques millions près. Ces quelques millions de marge représentent probablement une somme plus importante que celle accordée aux travailleurs au chômage.
Il est impensable de nos jours, en pleine crise, à une époque où les gens perdent leur emploi à gauche et à droite, que les seules personnes auxquelles le gouvernement ne vient pas en aide soient les travailleurs et leur famille. C'est là une abdication de responsabilité.
Une personne raisonnable pourrait se demander quel est le raisonnement du gouvernement. Demandons-lui. La ministre responsable a dit: « Nous ne voulons pas qu'il soit lucratif pour eux de rester à la maison à ne rien faire. »
Je mets n'importe quel député ministériel au défi de répéter ces propos devant les Hamiltoniens au chômage qui viennent d'apprendre qu'ils ne sont pas admissibles à l'assurance-emploi, qui ne savent pas comment ils vont payer le loyer, faire leur paiement hypothécaire, qui ont des anniversaires et des remises de diplôme à célébrer, mais qui sont sans argent et sans espoir. Onze millions de dollars, ce n'est rien.
Sur la totalité des personnes qui cotisent à l'assurance-emploi, 32 p. 100 des femmes et 38 p. 100 des hommes y sont admissibles. Voyons cela sous un autre angle. Le programme d'assurance-emploi est géré par le gouvernement fédéral, mais il est financé par les cotisations des travailleurs et des employeurs, et non avec l'argent des contribuables. Cela veut dire que 68 p. 100 des femmes et que 62 p. 100 des hommes qui cotisent à l'assurance-emploi n'y sont même pas admissibles.
Nous nous inquiétons des chômeurs car les prestations qu'ils touchent sont insuffisantes, mais qu'en est-il de ceux qui ne sont même pas admissibles? Ils doivent dépendre de l'aide sociale après avoir travaillé toute leur vie.
Le gouvernement conservateur avait la chance de traiter les travailleurs canadiens, particulièrement ceux qui ont perdu leur emploi ou qui vont le perdre, avec dignité, de leur donner espoir et de reconnaître l'importance de leur vie et des difficultés qu'ils éprouvent, mais il ne s'est pas montré à la hauteur.
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Madame la Présidente, je prends la parole aujourd'hui au sujet du projet de loi d'exécution du budget, portant sur un budget sans vision ni orientation. Ce budget propose une façon éparpillée de stimuler l'économie, si bien qu'au bout du compte, après que beaucoup de l'argent des contribuables aura été dépensé, ce à quoi il devait servir n'aura pas été concrétisé.
L'exposé économique de décembre laissait déjà clairement présager que l'on nous présenterait un budget qui n'est tout simplement pas à la hauteur de la situation. On ne peut pas s'attendre à ce que l'idéologie des conservateurs change du tout au tout en deux mois. Je suis désolé, mais c'est une impossibilité. On ne peut pas s'attendre à ce que des gens qui ont développé leur comportement dogmatique presque aux limites du néo-conservatisme mettent les ressources financières du pays au service des besoins de la population.
Nous, au sein du NPD, le savions. C'est pour cette raison que nous avons formé une coalition en décembre. Nous savions pertinemment que l'on ne ferait pas ce qu'il fallait pour l'économie en janvier. Les libéraux le reconnaissent aujourd'hui, mais, la semaine dernière, ils ont appuyé les conservateurs pour des raisons d'ordre politique. Aujourd'hui, ils reconnaissent que le budget est inadéquat, qu'il ne fait pas l'affaire. Nous savions que ce serait le cas. Nous n'avons même pas eu besoin d'attendre le dépôt du budget. Nous savons à qui nous avons affaire depuis trois ans que les conservateurs sont au pouvoir.
Nous avons une fois de plus constaté la mesquinerie d'un gouvernement qui élabore un projet de loi d'exécution du budget qui devrait stimuler l'économie, mais qui est rempli de mesures qui n'ont rien à voir avec la relance économique, des mesures qui servent davantage à préserver la base idéologique des conservateurs au pays et à faire des courbettes pour obtenir ce genre de soutien. C'est très évident.
Le projet de loi s'en prend aux femmes en prenant d'assaut l'équité salariale. Il ne prévoit vraiment rien pour les femmes sans emploi. On n'y trouve aucune amélioration à l'assurance-emploi ni plus de compréhension des besoins en matière de garderies. On n'y trouve pas non plus la vision dont les personnes qui seront les plus privées de leurs droits durant le ralentissement économique auraient besoin.
Ce projet de loi annule des conventions collectives. Ma corbeille d'arrivée déborde de courriels provenant d'agents de la GRC de ma circonscription dans les Territoires du Nord-Ouest. Ils m'écrivent que le gouvernement a non seulement annulé la convention collective pour l'ensemble du pays, mais mis la main également sur les sommes supplémentaires destinées à appuyer la GRC dans ses fonctions de maintien de l'ordre dans les régions éloignées.
J'aurais aimé que le et les membres de son cabinet se rendent dans une épicerie d'Inuvik avant les élections pour y constater le prix des denrées pour les habitants du Nord. Peut-être auraient-ils alors compris ce que signifient les compressions imposées aux professionnels qui viennent prendre soin de nos collectivités et assurer les services dont les conservateurs nous parlent avec tant d'éloquence lorsqu'il s'agit de se vanter de ce qu'ils font.
Ce budget affaiblit le contrôle sur la propriété étrangère, surtout en ce qui concerne Air Canada. L'industrie aéronautique est tellement mobile. Nombreux sont les travailleurs qui peuvent être remplacés par des ouvriers d'autres pays. Les travaux d'entretien peuvent être réalisés dans des endroits qui n'offriront aucun avantage à notre pays. Nous devons conserver la propriété de notre industrie aéronautique. Ce n'est pas ce qui se passe. Ce budget changerait la donne.
Il s'attaque aux bénéficiaires de prêts d'études. Jusqu'où faut-il s'abaisser? Jusqu'où irons-nous?
Je vais m'éloigner de tout cela aujourd'hui et parler de la façon dont le budget s'attaque à l'environnement par l'intermédiaire des modifications à la Loi sur la protection des eaux navigables.
J'étais présent l'autre jour, à la réunion du comité où le ministre s'est donné bien du mal pour nous expliquer à quel point cette loi était ancienne. Il nous a dit qu'elle remontait à l'époque de notre premier premier ministre. On aurait dit que cette loi, étant donné son âge, ne lui inspirait que du mépris et que c'était une bonne raison de s'en écarter, de passer à quelque chose de différent.
Le fait que cette loi soit l'une des plus anciennes de l'histoire du Canada est plutôt pour moi un signe de l'importance, pour le Canada, de protéger ses voies navigables. Le rôle d'un gouvernement national dans la protection de ses eaux était déjà établi bien avant la Confédération. La Magna Carta comportait des dispositions de protection qui interdisaient la construction de bordigues en travers des fleuves en Angleterre. Nous savons depuis toujours à quel point c'est important de prendre soin de nos cours d'eau.
Malgré l'importance historique du gouvernement national dans son rôle de protection du réseau fluvial, notre gouvernement veut réduire à néant la protection des voies navigables du Canada. En vertu des modifications que les conservateurs veulent apporter, ce serait le ministre qui déciderait, et ce serait à sa seule discrétion, si nos fleuves doivent être considérés ou non comme des voies navigables. Il n'y aurait aucune consultation, aucun avertissement préalable et aucune possibilité d'appel, ni même de critères restreignant le type de voie navigable pouvant être exclu.
Si ces modifications sont apportées, le ministre pourrait déclarer que le Saint-Laurent n'est pas une voie navigable. Quel genre de pouvoir et d'autorité sommes-nous en train de donner au ministre à cet égard? Quelle est l'idée? Nous devrions aussi nous fier au ministre qui, à sa seule discrétion, pourrait déterminer si un ouvrage risque de nuire à la navigation — encore une fois sans consultation préalable, sans avertissement et sans possibilité d'appel. Cette modification permettrait de déclarer que des structures importantes, par exemple un barrage, ne sont pas un obstacle à la navigation, selon le cours d'eau sur lequel elles se trouvent et l'endroit où elles sont situées.
Les modifications proposées donneraient au ministre le pouvoir de changer en tout temps les critères définissant une voie navigable ou un ouvrage pouvant gêner la navigation. Encore une fois, les Canadiens n'auraient pas la chance de dire un mot; ils ne pourraient pas en appeler de décisions déterminantes pour des voies navigables qui sont si chères à tellement de Canadiens.
Les Canadiens s'identifient à leurs cours d'eau et à leurs terres. La nature est tellement importante pour nous tous. Pourquoi les Canadiens voudraient-ils d'une telle loi?
Le ministre a dit que ces changements sont nécessaires parce que la loi avait empêché la réalisation de projets d'infrastructure essentiels. Le ministre peut-il nommer un projet qui n'a pas vu le jour en raison de la Loi sur la protection des eaux navigables?
Pourquoi le gouvernement conservateur a-t-il inclus dans un projet de loi d'exécution du budget ces odieuses modifications aux lois qui protègent l'environnement naturel du Canada? Serait-ce parce qu'il sait que les Canadiens s'y opposeraient et exprimeraient haut et fort leur opposition? Les conservateurs glissent en catimini ces modifications dans le budget, car ils savent que les libéraux les appuieront pour que le budget soit adopté. C'est leur façon de faire les choses.
Quand la Loi sur la protection des eaux navigables a été examinée par le Comité des transports lors de la précédente législature, celui-ci a recommandé de plus amples consultations, particulièrement avec les peuples autochtones, les plaisanciers, les pêcheurs à la ligne, les canoéistes, les exploitants d'entreprises touristiques, les propriétaires de chalets et les groupes de défense des rivières. Seul un de ces groupes a participé aux discussions du comité.
Le gouvernement se plaît à dire qu'il est au service de la population, mais il ne peut être à son service s'il refuse de l'écouter.
L'approche du gouvernement à la stimulation de l'économie des Territoires du Nord-Ouest illustre également son refus d'écouter. Depuis des années, les habitants et le gouvernement du Nunavut demandent la construction d'un port en eau profonde à Iqaluit. Au lieu d'accéder à cette demande, il investit 17 millions de dollars dans un port à Pangnirtung, en plus des 8 millions qu'il a investis l'année dernière.
Après la présentation du budget, la première ministre du Nunavut a posé une question à propos du financement, et on lui a répondu que le Nunavut le perdrait s'il ne l'utilisait pas, et que la construction d'un port à Iqaluit prendrait trop de temps. Pangnirtung a besoin d'un port à petits bateaux, et il va pouvoir construire un excellent port avec 25 millions de dollars, mais l'ensemble du Nunavut a besoin d'un port à Iqaluit, et il aurait pu en avoir un s'il avait été financé. Pourquoi le gouvernement ne l'a-t-il pas financé? Les conservateurs pensent en savoir plus long que les gens du Nord.
Un autre exemple propre au Nord concerne le financement d'un institut de recherche sur l'Arctique.
En résumé, le budget ne mène à rien et nous ne l'appuierons pas.
:
Madame la Présidente, au moment où je prends la parole, je crois devoir certaines explications aux députés, qui verront trembler mes mains et entendront ma voix tressaillir. La raison en est simple. Ce n'est pas la peur qui explique cela. C'est la colère: une grande colère. Ce qui me fâche, c'est ce qui est dissimulé dans ce document qui fait du tort aux travailleurs, aux familles et aux aînés de chez nous.
Compte tenu des moments que nous traversons, nous aurions pu nous attendre à un projet de loi qui annonce l'avènement d'un temps nouveau. Nous aurions pu nous inspirer de ce qui se fait au sud de la frontière. Il est clair qu'une ère nouvelle débute aux États-Unis. Cela ne se fera pas sans heurts après deux gouvernements républicains de droite, mais l'heure est au changement. Le gouvernement fédéral des États-Unis, sous le leadership de l'équipe Obama, se range nettement du côté du peuple.
C'est le rôle que devrait jouer notre gouvernement fédéral. Il devrait être avec la population canadienne. Il devrait montrer aux Canadiens, au jour le jour, qu'il les accompagne. Au lieu de cela, il s'efforce d'extirper le gouvernement de la vie des Canadiens. Or, c'est justement en des temps difficiles comme ceux que nous connaissons à l'heure actuelle qu'il importe le plus que le gouvernement intervienne dans l'économie. Le gouvernement du Canada aurait pu choisir de faire sien le progressisme qui émane de Washington et des États-Unis.
Il aurait pu prévoir des dispositions à l'avantage des municipalités, en s'attaquant à l'énorme déficit infrastructurel de 122 milliards de dollars. Les gouvernements auraient pu reconnaître la nécessité d'épauler les municipalités en période de crise, en finançant, avec les provinces, des mesures visant à régler les importants problèmes d'infrastructure. Il est clair que de nombreuses municipalités ne sont pas capables d'assumer le tiers des coûts initiaux des projets qui leur sont nécessaires.
Également, en plus de rater une excellente occasion de faire preuve d'un leadership véritable à l'échelle nationale, les conservateurs ont mené leur jeu politique à la sauvette. En cette période de crise, les conservateurs ont voulu faire avancer leurs objectifs idéologiques en intégrant au projet de loi des dispositions qui font du tort à l'environnement, aux femmes, et même aux étudiants d'université.
Le projet de loi a été vanté comme étant une mesure de relance. Alors, comment se fait-il qu'il comporte tant de dispositions non monétaires? Comment se fait-il qu'il ne comporte aucune mesure importante pour les aînés, ces gens qui ont bâti notre pays, qui sont l'épine dorsale même du Canada?
J'aimerais partager avec vous une anecdote qui mérite d'être répétée à la Chambre. Il y a deux mois environ, peut-être trois maintenant, un septuagénaire est venu à mon bureau, les larmes aux yeux, me parler d'une lettre qu'il avait reçue du gouvernement et qui lui annonçait une époustouflante augmentation de sa pension: soit de 42 ¢ par mois. Voilà qui en dit très long sur la façon dont le gouvernement et les gouvernements précédents traitent les aînés comme un groupe invisible au Canada.
Aujourd'hui, j'ai rencontré brièvement des représentants de la Fédération nationale des retraités et citoyens âgés. Les membres de cette fédération voulaient présenter un mémoire au gouvernement. Où était le gouvernement lorsqu'on lui a demandé de protéger les aînés contre la pauvreté? Les aînés ne peuvent même pas parler au ministre. Ils ont rédigé un mémoire dans lequel ils proposent des mesures qui, d'après leur expérience, protégeraient les aînés. Par exemple, lorsqu'un aîné perd son conjoint, si son seul revenu provient de la Sécurité de la vieillesse ou du Régime de pensions du Canada, pourquoi est-il condamné à vivre dans la pauvreté? Pourquoi notre pays agit-il ainsi? Il doit y avoir d'autres façons de permettre aux aînés de vivre leurs dernières années dans la dignité. En aucun temps est-il acceptable au Canada de laisser un aîné vivre dans la rue.
Le gouvernement accorde des allégements fiscaux de 60 milliards de dollars à des entreprises rentables, je dis bien rentables. Il n'aide même pas celles qui sont en difficulté. Il accorde ces allégements à des entreprises rentables. Il prive ainsi notre pays de 60 milliards de dollars de recettes fiscales qui auraient pu servir à aider les aînés et les chômeurs.
Il n'est même capable de prendre 1 milliard de dollars de ces 60 milliards de dollars pour aider les aînés du Canada, et je vais expliquer pourquoi à la Chambre. Parce que les aînés sont invisibles. Ils le sont certainement aux yeux des conservateurs. Ils ne sont pas aussi flamboyants que les amis des conservateurs qui circulent près d'ici en Cadillac. Mais je peux assurer aux députés qu'ils entendront parler davantage des aînés et qu'ils m'en entendront encore parler en tant que porte-parole du NPD pour les aînés.
Si les députés veulent savoir à quel point les conservateurs sont loin des travailleurs et des personnes âgées, ils n'ont qu'à écouter les remarques faites le 30 janvier par la , qui a dit:
Nous ne voulons pas qu'il soit lucratif pour eux de rester à la maison sans rien faire pendant qu'il y a une pénurie de main-d'oeuvre dans bien des régions du Canada.
À Hamilton, cette déclaration a tellement choqué le conseil de la main d'oeuvre du district de Hamilton que celui-ci a publié un communiqué dans lequel il demandait la démission de la ministre, et j'appuie cette demande. À Hamilton, au mois de janvier seulement, 8 000 de mes amis et voisins ont perdu leur emploi. Ce nombre s'ajoute aux 17 000 autres qui ont connu le même sort l'an dernier. À Hamilton, les ménages font les frais des coups durs subis par le secteur industriel.
Les aînés de ma circonscription, , qui n'ont qu'un revenu de retraite voient leurs économies disparaître. Ils se demandent ce que le gouvernement va faire pour protéger leurs pensions. Pour donner une idée de l'énormité de certaines politiques fiscales canadiennes, un homme est venu à mon bureau et m'a expliqué qu'il s'était occupé de l'enterrement de son cousin célibataire. Il a assumé cette responsabilité et défrayé le coût des funérailles. Il n'était pas riche. Il a vraiment eu un choc lorsqu'il a appris que la maigre prestation de décès versée dans le cadre du RPC était imposable. Cet homme avait assumé toute ces responsabilités et il devait maintenant payer de l'impôt sur ce montant.
En ce qui a trait à l'environnement, l'idéologie conservatrice se manifeste encore une fois. Les conservateurs ont modifié le projet de loi qui, pour employer leurs propres termes, va simplifier la Loi sur la protection des eaux navigables. Ces propos devraient inquiéter quiconque est familier avec la propagande conservatrice. C'est un langage codé qui signifie que le gouvernement entend supprimer un bon nombre de mesures de protection de l'environnement, à un moment où les Canadiens veulent que leur gouvernement agisse de façon à protéger l'environnement et non pas à participer à sa dégradation.
La guerre idéologique se poursuit avec d'autres offensives contre les droits des femmes. Ces attaques font suite à la décision prise au cours de la dernière session de cesser de financer certains programmes de Condition féminine. Cette fois-ci, c'est l'équité salariale qui est visée.
De toute évidence, le budget ne fait rien pour les étudiants, les aînés et les travailleurs canadiens, et c'est pour cette raison que je vais voter contre. Je vais aussi faire mon possible afin que les gens qui sont laissés pour compte soient au courant des mesures honteuses qui sont renfermées dans le budget.
Ma frustration est telle que je perds le fil de mon propos, mais cela ne veut absolument pas dire que je vais perdre la passion qui m'anime lorsqu'il s'agit de défendre les intérêts des travailleurs et des citoyens de Hamilton, des gens qui ont été négligés par le gouvernement et son nouvel allié, le Parti libéral.
:
Madame la Présidente, c'est un honneur pour moi que de prendre la parole aujourd'hui sur le projet de loi . Prendre la parole à la Chambre est certes un honneur pour moi, mais je ne peux pas dire que je sois heureuse de le faire sur ce projet de loi. Cela est d'autant plus déplorable que les libéraux ont jugé bon d'appuyer un projet de loi vicié comme celui-là.
Ce projet de loi, qui devrait marquer un nouveau début pour le gouvernement, le ramène plutôt à ses racines, celles du Parti réformiste. C'est une mesure incroyablement politique. Elle ne répond pas vraiment aux besoins des Canadiens, et il m'est impossible de l'appuyer.
Les conservateurs tentent de faire croire à la population que le NPD s'oppose à ce que le gouvernement vienne en aide aux Canadiens parce qu'on n'appuie pas le budget. Rien n'est plus loin de la vérité. Je n'arrive pas à m'imaginer que des conservateurs eux-mêmes croient en ce qu'ils disent lorsqu'ils font pareille affirmation scandaleuse. Aucun être sensé ne s'opposerait à ce que l'on vienne en aide à ses concitoyens. Ce à quoi nous nous opposons, toutefois, c'est la façon dont ce budget, qui est censé stimuler l'économie, vise en sous-main des objectifs politiques particuliers: attaquer les femmes, punir la fonction publique, duper les communautés autochtones du Canada et faire fi des besoins des agglomérations nordiques et plus petites.
[Traduction]
Pendant cette discussion, il est important de se rappeler qu'on parle de toutes sortes de fonctionnaires. Il n'est pas simplement question de mangeurs de chiffres ou de gratte-papier. Il s'agit des gens qui nous défendent, notamment les agents de la GRC qui risquent leur vie régulièrement pour que nous puissions nous sentir en sécurité au Canada. Il s'agit également des hommes et des femmes dans les forces armées qui sont appelés à participer à des missions dangereuses, comme celle qui a lieu en Afghanistan.
On nous demande de voter en faveur d'un document qui affirme que les fiers Canadiens qui risquent leur vie ne méritent pas de gagner décemment leur vie. J'estime que c'est une honte.
Il est particulièrement troublant de voir les conservateurs faire maintenant volte face et traiter nos troupes de cette façon alors que ce sont eux qui ont prolongé la mission en Afghanistan et qu'ils se sont fait du capital politique aux dépens de ceux qui ne voulaient pas que le Canada participe à cette mission et qu'ils ont accusé tous ceux qui n'étaient pas d'accord avec eux de ne pas appuyer les troupes. C'est de l'ignorance crasse. Je ne peux souscrire à cela.
Au nom de la relance économique, le projet de loi met fin à des projets pilotes sur la prolongation des prestations d'assurance-emploi. C'est tout simplement délirant. On propose de fermer les portes au lieu de les ouvrir, alors qu'il est clair pour tout le monde, sauf pour les libéraux et les conservateurs qui appuient le budget, que le programme d'assurance-emploi doit mieux répondre aux besoins des Canadiens, notamment être plus souple et plus accessible.
Le gouvernement soutiendra qu'il a prolongé la durée des prestations de cinq semaines et que c'est suffisant parce qu'il ne veut pas qu'il soit trop lucratif d'être en chômage. Le gouvernement devrait faire en sorte que davantage de personnes soient admissibles à l'assurance-emploi. Il va sans dire qu'il faut prolonger la durée des prestations; c'est une mesure qui aidera les chômeurs. Toutefois, elle ne sert à rien si les gens ne sont pas admissibles. On tente de nous jeter de la poudre aux yeux.
Le gouvernement veut uniquement donner l'impression d'agir. En réalité, il ne fait rien de concret ou, pire encore, il aggrave la situation.
Les problèmes de l'assurance-emploi sont bien connus. Un des pires problèmes est que des gens qui ne pourront jamais recevoir de prestations lorsqu'ils seront au chômage doivent tout de même cotiser. D'une certaine manière, c'est comme une taxe sur l'emploi. La plupart des gens paient volontiers leurs cotisations et comprennent l'intérêt d'une mesure collective contre le chômage. Toutefois, pour de nombreux autres, cela serait beaucoup plus facile à accepter s'ils pouvaient toucher des prestations en cas de chômage. Sur le plan de l'assurance-emploi, le gouvernement rate vraiment la cible.
Le a reçu un mémoire prébudgétaire d'Ian Lee, directeur du programme de MBA de la Sprott School of Business de l'Université Carleton, tout près d'ici. Dans son mémoire, M. Lee explique en termes très clairs que l'investissement le plus efficace que le gouvernement pourrait faire pour stimuler l'économie serait dans l'assurance-emploi. Il montre que l'assurance-emploi présente le meilleur multiplicateur, terme utilisé pour décrire la valeur d'un dollar dépensé par le gouvernement. Le multiplicateur de l'assurance-emploi est 1,64 $. Sur le plan de la relance économique, l'assurance-emploi est le meilleur choix, meilleur encore que l'infrastructure. En plus d'avoir le meilleur multiplicateur, l'assurance-emploi atteint rapidement les gens et risque moins d'aller garnir un compte d'épargne. Les prestations d'assurance-emploi aident les collectivités dans le besoin et cet argent est dépensé localement, ce qui stimule l'économie.
Le gouvernement doit voir la lumière en ce qui a trait à l'assurance-emploi. Le budget ne montre aucun signe de cela et, je le répète, je ne puis l'appuyer.
Au nom de la relance économique, le gouvernement a laissé les collectivités autochtones pour compte. Il a prévu des montants pour les logements et les écoles, qui en ont bien besoin, mais n'a pas réagi aux demandes de ces collectivités en ce qui a trait aux investissements dans l'éducation et l'infrastructure sociale ou à l'établissement d'une caisse de prêts remboursables pour favoriser le développement économique.
Pour le développement économique, les collectivités autochtones réclamaient 0,5 p. 100 des 200 milliards de dollars que le gouvernement a injectés dans le système de crédit. Cette demande a été refusée. Elle semblait pourtant raisonnable, étant donné que les Autochtones qui vivent dans les réserves représentent 2 p. 100 de notre population, mais le gouvernement n'a pas tenu compte de leurs besoins.
Il y a quand même de l'argent dans le budget pour l'infrastructure dans les collectivités autochtones. Les logements et les écoles, c'est important, et leur construction fournira de bons emplois à court terme.
Cependant, le manque d'investissements en éducation dans ces collectivités condamne les élèves d'aujourd'hui à recevoir une éducation de moindre qualité, une éducation où le taux de réussite au secondaire est bien en-deçà de celui des autres collectivités du pays. Il les condamne à un avenir dans lequel ils mèneront les même batailles que leurs parents livrent aujourd'hui.
Il faut agir sans tarder. Selon un rapport publié en 2007 par le Centre d'étude des niveaux de vie, si le taux de réussite au secondaire des Autochtones rattrapait celui des non-Autochtones d'ici 2017, le produit intérieur brut du pays augmenterait de 62 milliards de dollars.
Il m'est impossible de concevoir pourquoi le gouvernement ne collaborerait pas avec ces collectivités pour régler ce problème. Le budget ne prévoit rien à cet égard et je trouve cela inadmissible.
Il y a tant de choses dont nous pourrions parler, en fait, beaucoup plus que ce que je peux aborder dans mon discours. Je pourrais parler à la Chambre du retraité de 82 ans qui m'a contactée. Il était furieux que les banques reçoivent de l'aide, mais non les investisseurs qui se trouvent devant rien. Cet homme devra vendre sa maison à cause des pertes qu'il a subies sur ses investissements. De nombreux autres retraités sont inquiets de la sous-performance de leurs fonds de pension et de leurs REER.
Que répond le gouvernement aux aînés? Le leur a dit de profiter de l'effondrement du marché boursier pour faire des aubaines.
Ce sont les aînés qui ont construit notre pays. Nous leur devons tellement plus que cela. Ils ont travaillé fort et honnêtement et ils ont cru que leur dur labeur leur vaudrait une retraite confortable. Ils méritent mieux de notre part. Ce projet de loi ne répond pas à leurs besoins.
[Français]
Je pourrais parler de mes électeurs des régions où le prix de l'essence est incroyablement élevé alors que le prix du baril de pétrole est tombé à des niveaux jamais vus depuis des années. Je pourrais parler de la façon dont ce projet de loi rendra encore plus difficile l'accès aux prêts dont les étudiants ont besoin pour s'instruire. Je pourrais consacrer un discours tout entier aux difficultés avec lesquelles le secteur forestier est aux prises en raison de l'inaction du gouvernement. Je pourrais parler de la dame de 92 ans de ma circonscription qui doit franchir une distance de plus de 60 kilomètres pour aller voir un médecin. Il y a beaucoup de personnes âgées qui doivent faire six heures de voiture pour aller consulter un médecin de famille à Toronto en partant d'Elliot Lake parce qu'il n'y a pas de médecin.
[Traduction]
Ce sont ces lacunes qui caractérisent le projet de loi d'exécution du budget. Nous retiendrons les attaques politiques qu'il renferme. Ce sera l'héritage du gouvernement, et ceux qui l'appuient, comme les libéraux, seront aussi responsables.
:
Madame la Présidente, j'ai regardé le projet de loi d'exécution du budget de l'alliance conservatrice-libérale et j'ai été déçu. J'ai été déçu de voir qu'il offrait si peu aux Canadiens et, surtout, si peu aux citoyens des collectivités du Nord-Ouest de l'Ontario. J'ai été tout aussi attristé de voir que le avait choisi de diriger le Parti libéral de la même manière que son prédécesseur, condamnant le budget, pour l'appuyer tout de suite après.
J'ai récemment tenu de vastes consultations publiques sur le budget souhaité dans ma circonscription, et ce qui a été demandé ne figure pas dans le budget. Le projet de loi d'exécution du budget ne traite pas des grandes questions soulevées par mes électeurs lors de ces consultations publiques.
Les éléments qui ont été le plus souvent mentionnés lors de ces consultations par des centaines de personnes et des douzaines d'organismes, dans 13 localités, sont un régime d'assurance-emploi plus juste, de l'aide pour notre secteur et les travailleurs forestiers en difficulté et d'importantes sommes pour les besoins locaux en matière d'infrastructure.
Nous avons désespérément besoin d'une réforme de l'assurance-emploi. La plupart des travailleurs qui y cotisent n'ont pas droit à des prestations. En Ontario, près de 70 p. 100 des travailleurs en chômage n'y sont pas admissibles même s'ils y ont cotisé. Les libéraux de Paul Martin ont vidé ce programme de toute substance et les conservateurs n'ont rien fait pour remédier à la situation. Rien n'a été fait dans le budget pour rendre plus équitable l'admissibilité à l'assurance-emploi. Le programme maintient encore les disparités régionales et prévoit encore un délai d'attente ainsi que la récupération des indemnités de départ.
Plus de la moitié des cas dont est saisi mon bureau de circonscription, soit la charge de travail de deux personnes, concerne des problèmes d'assurance-emploi et la difficulté pour les chômeurs de devenir admissibles à l'assurance-emploi équitablement et efficacement. Le nombre de cas semblables augmente de semaine en semaine. Les électeurs sont souvent incapables d'aller plus loin que le centre d'appel sans frais. On ne les rappelle pas dans les 48 heures, ni dans les 84 heures. Souvent, ils attendent des semaines. Les demandes sont retardées, les délais ne sont pas respectés, les appels interjetés traînent pendant des mois.
Le système n'est pas au service des Canadiens laborieux qui ont cotisé, parfois pendant des dizaines d'années. C'est tout simplement inacceptable. Il nous faut un régime d'assurance-emploi plus sensible, au service des travailleurs mis à pied sans que ce soit de leur faute.
La circonscription de Thunder Bay—Superior-Nord compte sur le secteur forestier pour sa subsistance. Cette industrie a pourtant été victime de toutes ces années de négligence des gouvernements libéraux puis de celle du gouvernement conservateur actuel. Les 170 millions de dollars sur deux ans annoncés pour la mise en marché sont tragiquement et totalement insuffisants compte tenu des besoins de cette industrie qui aurait le potentiel de soutenir le Nord-Ouest de l'Ontario et de nombreuses collectivités du Nord du Canada pendant des années et même des dizaines d'années.
Il n'a été question d'aucune garantie de prêt pour aider des entreprises comme la Thunder Bay Fine Papers, Longlac Wood Industries et autres. Dans le Nord-Ouest de l'Ontario comme dans tout le Canada, les scieries ferment leurs portes et bon nombre risquent d'être supprimées. Quand le soutiendra-t-il les scieries et les travailleurs du Nord-Ouest de l'Ontario?
La scierie AbitibiBowater a récemment annoncé des fermetures qui toucheront 1 100 travailleurs à Thunder Bay. Il y a quelques jours, l'usine de la Thunder Bay Fine Papers a presque fini par être vendue à la ferraille. Trois cent vingt travailleurs occupant des emplois directs et des milliers d'autres occupant des emplois indirects à Thunder Bay devront faire face à un avenir incertain en raison de la crise du crédit, tout cela parce que le n'a pas bougé le petit doigt.
Le n'a absolument rien fait. Il a encore une chance d'aider cette scierie et les habitants de Thunder Bay prient pour qu'il saisisse cette occasion. Je lui ai demandé à plusieurs reprises et je l'implore encore une fois. Lorsque les scieries à valeur ajoutée comme celle-ci auront fermé, ce secteur industriel et ses travailleurs disparaîtront à tout jamais.
En ce qui concerne l'infrastructure locale, l'absence de vision et de stratégie est un autre problème. L'argent prétendument consacré à l'infrastructure n'est qu'encre rouge et tracasseries administratrives.
La mise en oeuvre du budget contient des omissions évidentes puisque l'on ne favorise pas les produits et matériaux canadiens, même lorsque l'on prévoit — ou prétend — dépenser des milliards de dollars pour relancer l'économie. C'est là gaspiller l'argent canadien pour stimuler l'économie des États-Unis ou de la Chine.
Nos politiques d'achat chez nous ont récemment fait les manchettes en raison de la disposition sur l'achat aux États-Unis que contient le projet de loi de relance économique dont était saisi le Sénat de ce pays. Les États-Unis possèdent déjà des règles strictes d'achat chez eux depuis 1933 et ces règles ont même été renforcées ces sept dernières années. La plupart des pays industrialisés ont des règles semblables.
Le Canada est le seul pays du G7 qui ne défend pas ses emplois et ses industries au moyen d'une politique gouvernementale d'achat local. Certaines contraintes pèsent sur les acquisitions directes du gouvernement fédéral en raison de l'ALENA et des accords de l'OMC, mais les transferts fédéraux aux provinces ou aux États ou aux municipalités pour les projets d'infrastructure échappent à ces contraintes. Tous nos partenaires commerciaux l'ont déjà compris.
Au Canada, les gouvernements conservateurs et libéraux n'ont tenu aucun compte de notre droit d'acheter au Canada. Nos gouvernements affichent une belle constance dans leur manque de courage et de détermination dans les négociations et les différends commerciaux et dans la défense du Canada.
Le Canada doit adopter une loi obligeant à acheter des produits faits au Canada. Stimulons l'économie du Canada et pas uniquement les économies des États-Unis, du Mexique et de la Chine. Obtenons le maximum pour les dollars durement gagnés par les contribuables canadiens.
Renoncer à des droits cruciaux sur le libre marché n'est pas plus sensé dans notre stratégie industrielle que cela peut l'être pour le secteur des banques. Les mesures que je préconise ne feraient que nous mettre sur le même pied que d'autres pays. Par exemple, la loi des États-Unis sur les achats aux États-Unis exige que les projets de transport financés par le gouvernement fédéral comportent 60 p. 100 de produits faits aux États-Unis. La nouvelle disposition sur les achats aux États-Unis va même plus loin.
Au Canada, ces trois dernières années, nous avons acheté en Allemagne des traversiers pour la Colombie-Britannique, la région de York a acheté des autobus belges, le SkyTrain et la Canada Line proviennent de Corée. Et ce ne sont que quelques exemples. Stimulons plutôt les chantiers navals, comme celui de Thunder Bay, les usines d'assemblage de véhicules et de trains, comme celles de Bombardier. Des millions de dollars en recettes fiscales et des emplois indirects seraient ainsi créés au Canada, pour faire changement.
Quand le du Parti républicain du Canada achètera-t-il auprès des entreprises canadiennes et prendra-t-il fait et cause pour les travailleurs canadiens?
:
Madame la Présidente, nous vivons une période historique, une période au cours de laquelle les travaux à la Chambre n'ont jamais été aussi importants. On nous demande à nous, les parlementaires, de réagir à cette crise avec de nouvelles idées et des mesures vigoureuses. Nous devrions nous inspirer des moments de notre histoire où des mesures sans précédent, créatives et unificatrices ont été prises. Nous devrions relever ce défi en étant visionnaires et en faisant preuve de détermination afin d'unir le pays en cette période difficile et de bâtir le Canada que nous voulons.
Un budget, ce n'est pas que des chiffres. C'est aussi une vision de l'avenir. Plus que tout autre budget auparavant, ce budget doit résister à l'épreuve du temps.
En regardant ce budget, nous devons également tenir compte de l'histoire. En Nouvelle-Écosse, nous célébrons Joseph Howe, une personnalité historique. Nous célébrons cet homme parce qu'il s'est battu contre le népotisme et la corruption. Il s'est battu pour la démocratie, et ce, avec style et avec grâce. Ce qui importait pour Joseph Howe, c'était l'approche et les résultats.
L'une des anecdotes les plus connues à propos de Joe Howe a trait à ses écrits dénonçant l'élite de Halifax dans le Novascotian. Ses opposants espéraient le faire taire une fois pour toutes en le provoquant en duel. Howe a accepté en sachant très bien qu'il pouvait y perdre la vie, mais ce jour-là, à Halifax, son opposant a fait feu et a raté sa cible. En guise de réplique, Howe a tiré en l'air avec son pistolet. Il a su s'élever au-dessus de la violence et de la mentalité vindicative de ses opposants. Il proposait, par sa façon d'agir, une solution honorable. Je crains que le gouvernement ait très peu en commun avec Joseph Howe.
Quand il est devenu clair que la crise dans le secteur financier allait s'étendre à tous les secteurs de l'économie, le gouvernement en a profité pour imposer son programme régressif, s'en prenant au droit des femmes à un salaire égal pour un travail d'égale valeur, bradant les biens publics à prix d'aubaine, s'attaquant aux travailleurs en leur retirant le droit de grève et réduisant au silence ses opposants politiques par la suppression du financement public qui assure une démocratie juste.
Nous savons tous ce qui s'est produit ensuite. La nature de la mise à jour économique a forcé les partis de l'opposition à faire abstraction de leurs divergences de vues et à faire le travail que le gouvernement refusait de faire, soit nous offrir un programme de stimulation de l'économie qui protégerait les emplois, aiderait ceux qui ont perdu le leur et créerait de nouveaux emplois pour l'avenir.
Après avoir commodément prorogé le Parlement, le gouvernement a fait une volte-face extraordinaire et conçu un budget qui lui garantit qu'il gardera son propre emploi, mais ne fait pas grand-chose pour sauver les emplois des Canadiens ordinaires.
Joseph Howe pourrait s'avérer utile comme modèle pour le gouvernement actuel, mais où pourrions-nous chercher d'autres exemples de gens désireux de bâtir un Canada meilleur? Baldwin et LaFontaine imaginaient Canadiens français et anglais travaillant ensemble. Avec Macdonald, nous avons construit une voie ferrée unifiant notre grand pays. Nous avons uni nos forces pour créer un solide filet de sécurité sociale qui a fait notre marque au XXe siècle, avec, entre autres, l'assurance-maladie et l'assurance-emploi.
Par contre, que voyons-nous dans ce budget? Tout le contraire d'une vision pour un Canada meilleur. Nous voyons le gouvernement encore une fois diviser pour régner. Tout comme, au moment où une coalition de députés de l'opposition l'acculait à la défaite, il a tenté de dresser l'Ouest contre l'Est et le Canada contre le Québec, le gouvernement s'en prend maintenant à la région de l'Atlantique, ayant modifié radicalement la formule de péréquation. Ce changement nuit à des provinces comme Terre-Neuve-et-Labrador. Le député de en a déjà parlé à la Chambre.
Le peu de scrupules que ce parti a manifesté lors des dernières élections se manifeste aussi dans certaines stratégies destinées à alimenter la discorde qui se trouvent dans le budget. Malheureusement, le député de a été obligé d'intervenir dans cet endroit pour défendre sa réputation, à cause de ce type de comportement vindicatif et obsessivement partisan. Le député, je dois le dire, s'est montré aussi digne que Joseph Howe en s'opposant à un budget du gouvernement, budget qui n'était pas à la hauteur. Parce qu'il a défendu sa province, il fait maintenant cavalier seul, mais il a le respect de tous les Néo-Écossais.
Cette approche qui alimente la discorde se retrouve dans ce projet de loi. Malgré un amalgame de recommandations de l'opposition, ce projet de loi est fondamentalement inadéquat. Il va à l'encontre de l'approche dont le Canada a besoin pour demeurer le pays fantastique qu'il est.
Notre histoire nous a enseigné plus d'une fois que la grandeur du Canada ne saurait être basée sur le type de stratégies que le gouvernement conservateur met de l'avant. Le Canada ne saurait fonctionner comme pays si on s'emploie à opposer un groupe à un autre ou à attaquer ou à mépriser expressément des groupes ou des personnes.
Dans la conjoncture actuelle, alors qu'on a perdu un quart de million d'emplois en 90 jours, la Chambre devrait se rappeler les leçons de l'histoire. Des travailleurs dans toutes les régions perdent leur emploi et ils ont besoin d'aide pour s'adapter à la nouvelle économie, la nouvelle économie qui attend un gouvernement qui aura une vision, un gouvernement qui offrira un train de mesures de relance vertes qui assureront notre prospérité et la sécurité de la planète, de nos concitoyens et de notre économie.
Confrontés à la diminution des combustibles fossiles, qui donnera lieu à une augmentation des coûts de l'énergie pour tous les Canadiens dans l'avenir, nous aurions pu saisir l'occasion qui nous était offerte de bâtir une économie moins dépendante des combustibles fossiles, une économie plus innovatrice et productive, de créer de nouveaux emplois aux quatre coins du Canada en faisant en sorte de devenir plus efficaces et de harnacher le vent, l'eau et le soleil, autant de ressources qui abondent chez nous.
Au lieu de cela, nous avons un gouvernement qui tire dans le pied du secteur de l'énergie éolienne en annulant un programme d'incitatifs. Un gouvernement qui ignore les fantastiques possibilités qu'offrent les programmes d'efficacité énergétique pour économiser argent et énergie. Il ne prévoit pas d'investissement dans la construction du type d'infrastructure de transport durable dont nous avons besoin pour donner au Canada un avantage particulier, une économie du savoir innovatrice.
Dans le secteur du logement abordable, la construction de nouveaux bâtiments éconergétiques s'impose. Nous savons que c'est la meilleure façon de sortir les gens de la rue et de leur offrir de meilleures conditions de vie. Une telle mesure permettrait de créer des emplois dans le domaine de la construction, de venir en aide à notre secteur forestier et de favoriser l'innovation dans les techniques de conception et les technologies écologiques, mais les oeillères idéologiques que porte le gouvernement actuel l'empêchent d'en comprendre le bien-fondé.
Ce budget aurait pu offrir une aide immédiate en élargissant les dispositions du programme d'assurance-emploi dans toutes les régions du pays. Il a été prouvé que c'était la mesure la plus efficace pour relancer l'économie puisqu'elle permet de remettre rapidement de l'argent dans les poches de ceux qui ont été gravement touchés par la récession et qui dépenseront rapidement cet argent.
Il est malheureux d'avoir à le rappeler, mais c'est exactement pour cette raison que les travailleurs cotisent à la caisse de l'assurance-emploi, pour pouvoir bénéficier d'une protection lorsque les temps sont plus durs. Pour un gouvernement qui insiste tellement sur la nécessité de remettre de l'argent dans les poches des Canadiens, pourquoi hésite-t-il tant à permettre aux travailleurs de profiter d'un fonds qu'ils ont contribué à constituer?
Le gouvernement n'a pas réglé la question des disparités régionales au sein de ce programme, ce qui aurait permis d'unir le pays au lieu de créer des divisions comme c'est le cas actuellement. Lorsque nous avons une ministre qui croit qu'en apportant des correctifs à un programme, on risque de le rendre trop lucratif, cela ne laisse pas grand espoir pour le genre de mesures qui s'imposent ici.
Dans le domaine du logement, le budget parle beaucoup de logements sociaux, mais quand on y regarde de plus près, il n'y a pas d'argent neuf pour les gens qui se trouvent déjà dans la rue et il est évident que le gouvernement cherche délibérément à éviter toute confusion avec une stratégie nationale en matière de logement. D'ailleurs, presque tous les grands défenseurs des pauvres et des sans-logis au pays réclament depuis longtemps une stratégie nationale en matière de logement. Pour faire face à la crise actuelle dans le domaine du logement, le budget propose des crédits d'impôt pour les gens qui possèdent déjà une maison afin de les aider à construire une terrasse dans leur cour arrière.
J'aimerais revenir à mes commentaires sur la politique de la division. Je tiens à souligner que les femmes sont toujours la principale cible de ce budget, une cible politique et non une cible de financement. L'élimination du droit des femmes à se battre pour obtenir un salaire égal pour un travail d'égale valeur constituait l'un des éléments les plus audacieux de l'énoncé économique de novembre. Ce projet a survécu à la crise politique fabriquée par les conservateurs et il sera adopté par la Chambre avec l'appui du Parti libéral. De plus, les investissements prévus pour stimuler l'économie visent principalement les secteurs à prédominance masculine. Une femme qui a un emploi et qui ne reçoit pas un salaire égal pour un travail égal, et bien c'est tant pis, mais une femme qui cherche un emploi ne pourra pas compter sur l'aide du gouvernement conservateur.
Ce budget s'en prend aux Canadiennes, qu'il néglige. Ce n'est pas ainsi qu'on bâtit un pays. Ce n'est pas ainsi qu'on solidarise les gens.
Dans le contexte de la perspective historique que je présente, j'aimerais maintenant parler de l'avenir. Comme les décisions que nous prenons à ce moment crucial auront d'importantes répercussions dans l'avenir, cela vaut la peine d'y penser. Comment le Canada justifiera-t-il son inaction lors de congrès sur les changements climatiques lorsque, dans quelques années, une nouvelle flambée des prix du mazout et de l'essence rendront ces carburants inabordables, alors que d'autres pays ont préparé leur économie en vue de la transition en investissant dans les énergies renouvelables et dans l'efficacité énergétique? Dira-t-il que notre dépendance envers les combustibles fossiles persiste, mais que, par contre, on a construit un grand nombre de terrasses en bois dans nos jardins?
Dans quelques années, lorsque d'autres pays auront, grâce à leurs investissements stratégiques, réduit la pauvreté dans la population et favorisé l'inclusion d'un plus grand nombre de personnes dans la société, le Canada dira-t-il que les projets de logement abordable n'ont jamais vraiment été lancés, mais que, par contre, on a construit un grand nombre de terrasses? Il n'y a pas de mal à construire des terrasses. Il demeure que le budget n'est pas à la hauteur, car il n'offre aucune vision du genre de pays que nous voudrions que le Canada soit dans l'avenir. Au lieu de cela, il est trompeur et crée des divisions.
Les Canadiens ne méritent pas cela. Ils méritent que soit définie une vision pour un pays qui les fera avancer. Au Canada, on avance quand on protège les personnes vulnérables et respecte les minorités, quels que soient leur origine ethnique, leur sexe ou leur situation économique. On avance quand on offre une solution de rechange aux vieux principes économiques usés du passé. Le budget et le comportement du gouvernement conservateur nous entraînent dans une tout autre direction, et l'histoire nous a enseigné que cette direction est très dangereuse. Voilà pourquoi j'ai voté contre le budget et contre le gouvernement.