La Chambre reprend l'étude, interrompue le 6 mars, du projet de loi , dont le comité a fait rapport avec des propositions d'amendement, et de la motion no 1.
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Monsieur le Président, nous continuons d'exhorter le gouvernement à comprendre l'importance de séparer cet élément important du projet de loi. Cette mesure accomplirait plusieurs choses en même temps mais, surtout, elle enverrait à l'industrie canadienne et aux fabricants de produits à valeur ajoutée le message selon lequel le Parlement se préoccupe des travailleurs de cette industrie et de leurs familles.
Nous avons entendu le gouvernement tenter de se justifier d'avoir inclus cet élément dans l'accord avec l'Europe et il semble bien que celui-ci ne soit pas capable de défendre sa position. C'est malheureux parce que, indépendamment du fait qu'ils soient d'accord ou non relativement à un dossier, on attend de tous les députés élus ici qu'ils puissent défendre leur position et fournir des raisons ou des arguments pour étayer leur point de vue.
Je rappelle aux Canadiens qui suivent ce débat que nous demandons que l'industrie de la construction navale soit exclue de l'accord. Les députés, en particulier ceux qui représentent les circonscriptions où se trouvent les rares chantiers maritimes encore en exploitation, reçoivent du courrier d'électeurs de toutes les régions du pays qui leur font part de leurs préoccupations. Au fil des années, cette industrie a été durement touchée par des ententes conclues par le gouvernement actuel et ses prédécesseurs, et par des politiques gouvernementales qui ont lentement asphyxié cette industrie.
[Français]
Récemment, mon collègue de m'a présenté une lettre du Syndicat des travailleurs du chantier naval de Lauzon, qui dit: « Nous représentons les travailleurs syndiqués CSN travaillant au chantier naval de Lévis. Par la présente, nous nous joignons aux travailleurs des chantiers canadiens pour vous donner notre appui dans votre démarche qui a pour but de faire exclure les chantiers canadiens de l’Accord de libre-échange entre le Canada et l’Association européenne de libre-échange. »
C'est vraiment important, particulièrement pour notre collègue du Bloc québécois, parce que cela représente également les besoins des travailleurs de toutes les provinces de ce pays, de tous les travailleurs qui ont un intérêt pour cette industrie.
C'est maintenant le temps de défendre ces travailleurs. Autrement, c'est comme de dire que ce Parlement et notre travail ne sont pas importants. Et c'est inacceptable pour le NPD. Aussi, nous continuerons à discuter, au regard de notre conflit, avec le gouvernement. Il y a un autre concept de l'économie et un autre concept en matière de négociations.
[Traduction]
Le gouvernement conservateur sombre trop facilement dans l'idéologie. Il signerait n'importe quel accord commercial au monde. Il négocie en s'appuyant sur le passé plutôt que sur l'avenir, sur ce qui doit être fait.
À tout le moins, pour la plupart des Canadiens, la notion selon laquelle tous les accords commerciaux devraient être avantageux pour l'économie canadienne semble très simple et plausible. Pourtant, nous avons souvent vu à la table de négociation des représentants d'autres pays défendre leurs propres intérêts, protéger les industries qui, selon eux, doivent être protégées, et conclure des accords commerciaux clairement avantageux pour leur pays. Mais nous, nous devons supplier. Nous devons nous battre bec et ongle avec notre gouvernement pour qu'il défende les intérêts de nos industries à la table de négociation.
Le NPD a toujours appuyé le commerce équitable. Le NPD à toujours appuyé les pays qui désirent conclure des accords commerciaux qui protègent l'environnement, les relations de travail et les normes du travail, et qui améliorent la capacité commerciale du Canada. Nous sommes une nation commerçante. Nous avons souvent vu les gouvernements proposer l'idée d'échanges raisonnables, mais présenter quelque chose de différent.
Lorsque les Américains ont négocié avec nous, ils ont exigé que leur industrie du transport et leur industrie sidérurgique soient exclues de l'accord, chose que le Canada a accepté sans demander de telles concessions pour ses propres industries.
Je me souviens vaguement d'une expression que les conservateurs utilisaient pendant la campagne électorale, quelque chose comme le Canada d'abord ou défendre les intérêts du Canada. On ne l'entend plus beaucoup, surtout pas lorsqu'ils négocient des accords commerciaux.
Nous avons là une belle occasion pour les députés conservateurs, libéraux et bloquistes de se joindre au NPD et de réaliser que nous pouvons protéger et améliorer cette industrie et faire en sorte qu'elle soit viable pour les générations à venir. Cette industrie a joué un rôle dans la fondation de notre pays. Tourner le dos à cette industrie en ce moment ne ferait que perpétuer la débâcle économique causée par le gouvernement conservateur. Il faut que ça change dès maintenant.
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Monsieur le Président, encore une fois, je prends la parole sur le projet de loi , mais cette fois-ci à l'étape du rapport. À ce moment-ci, il est inutile de rappeler que nous, les députés du Bloc, sommes ici pour défendre d'abord les intérêts du Québec. Nous comptons aussi sur les gens du Québec pour nous informer d'évidences qui, à un moment donné, font en sorte qu'on se substitue au gouvernement. En effet, jusqu'à présent, jamais le gouvernement ne nous a vraiment fourni d'études d'impact qui nous donnent une image globale de l'ensemble des répercussions d'un accord de libre-échange sur l'ensemble de l'économie, soit celle du Canada ou du Québec.
C'est dans ce cadre que nous sommes tout de même obligés de faire une analyse assez approfondie. Au niveau du Québec, globalement, nous nous apercevons que nous sortirions gagnant de cet accord de libre-échange avec l'Association européenne. Comme on le sait, le domaine pharmaceutique revêt une énorme importance au Québec. Nous avons des exportations et des importations avec l'un de ces pays, soit la Suisse. Le nickel est un minerai important et, à cet égard, des échanges commerciaux de l'ordre de 80 p. 100 se font avec la Norvège. Il y a aussi l'aluminium avec l'Islande. Ces trois éléments font en sorte que le Québec sortirait gagnant de cet accord de libre-échange et aurait énormément de possibilités et de potentiel pour les années futures.
Suite à l'analyse globale de cet accord de libre-échange, force est de constater que l'industrie de la construction navale en est un élément important. Effectivement, cet accord se négociait depuis 1998. Cela fait 10 ans qu'on se prépare à signer cet accord. On sait qu'il y a eu des ralentissements et même des interruptions au chapitre des négociations dus principalement à la question de l'industrie de la construction navale. Cette industrie est un élément important dans les négociations. Or, on s'aperçoit aujourd'hui, qu'il y ait ou non un accord de libre-échange qui fasse en sorte que les droits appliqués aux navires disparaissent au bout de 15 ans, après une période de trois ans — donc 18 ans cumulativement —, que ce n'est pas simplement cela qui met en péril l'industrie navale. Ce qui crée le péril, c'est le manque de politique industrielle au niveau de cette industrie, particulièrement de la part du gouvernement fédéral.
Depuis 1988, le gouvernement fédéral n'a, à toutes fins pratiques, donné aucune forme de subvention au niveau de l'industrie de la construction navale. La Norvège a subventionné fortement cette industrie, lui a permis de se moderniser, d'avancer et de devenir de plus en plus performante, pendant que le Canada et le Québec subissaient les lacunes de la politique relative à la construction navale de la part du gouvernement fédéral. D'une part, les mesures d'aide pour l'industrie fournies par le gouvernement fédéral étaient très mal adaptées. D'autre part, le gouvernement du Québec avait un crédit remboursable qui a été considéré pendant plusieurs années comme un revenu imposable par Ottawa au sens de la Loi de l'impôt sur le revenu. Cela lui permettait de récupérer de 20 à 25 p. 100 de l'aide versée par le Québec. Non seulement le gouvernement fédéral avait coupé son aide à l'industrie, mais il renflouait ses coffres à hauteur de 20 à 25 p. 100 en vertu des subventions et des crédits remboursables que le Québec donnait à l'industrie.
Donc, avec ou sans accord, il est primordial, si on veut conserver l'industrie de la construction navale, que le gouvernement s'investisse fortement dans ce secteur.
Il s'est présenté aujourd'hui au comité pour témoigner. Il dit que l'aide qu'il donne à l'industrie est suffisante, qu'il s'agisse de financement structuré ou d'amortissement accéléré. On conviendra que c'est loin de suffire.
Mon collègue du NPD a dit tantôt que son parti avait reçu dernièrement l'appui du syndicat du chantier naval Davie à Lauzon. Le syndicat appuie donc la démarche du NPD qui cherche à exclure l'industrie de la construction navale de cet accord de libre-échange. Toutefois, cet accord a été négocié pendant plus de 10 ans avec les pays de l'Association européenne de libre-échange. Comme l'industrie navale est l'objet de discorde, si on l'exclut de cet accord, il faudra en négocier un autre.
Le Bloc québécois est ici pour travailler aux intérêts du Québec. Ces intérêts sont bien servis par cet accord de différentes façons, même en ce qui a trait à l'industrie navale. Il faut voir que cette entente couvre une période de plus de 18 ans. Le gouvernement fédéral changera sûrement pendant cette période, et un nouveau gouvernement sera sensible au fait d'investir beaucoup d'argent dans l'industrie navale. Si elle ne devait rien recevoir du gouvernement d'une manière ou d'une autre, accord de libre-échange ou pas, l'industrie navale ne pourrait probablement pas survivre. Nous devons lui donner une chance de survie au moyen d'une aide directe qui pourrait prendre différentes formes.
On parle souvent de prêts et de garanties de prêts, ces jours-ci. C'est un élément important. Le gouvernement peut aussi donner une aide pour des crédits-bails pour bateaux, ce qui reviendrait au même qu'un amortissement accéléré et aurait des effets sur les fonds de roulement des différentes entreprises. On peut aussi parler de financement pour l'achat de navires. On pourrait cumuler ces éléments afin qu'une vraie politique de l'industrie de la construction navale soit élaborée par un gouvernement responsable. Ce qualificatif s'applique toutefois de moins en moins au gouvernement actuel. On ne sait pas si cela s'appliquait davantage au gouvernement précédent. On apprend souvent de ses erreurs. Peut-être qu'un jour, ce pays aura un gouvernement vraiment responsable, pour le plus grand bien de ces industries qui contribuent de façon importante au Canada et au Québec.
Quoi qu'il en soit, 18 ans représentent une longue période. C'est bien assez long pour que les Québécois se donnent un pays qui prendra en charge son industrie navale et ses propres accords commerciaux avec l'ensemble des pays de cette planète. Les choses iront alors pour le mieux dans le meilleur des mondes.
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Monsieur le Président, au moment même où je prends la parole pour commenter le projet de loi portant mise en oeuvre d'un autre accord de libre-échange, je suis inquiet pour les travailleurs de Hamilton et pour l'ensemble des travailleurs canadiens.
Il y a déjà 20 ans que le Canada est partie à des accords de libre-échange. Dans ma circonscription, Hamilton-Est—Stoney Creek, en particulier à Hamilton-Est, j'ai vu défiler le cortège presque sans fin de compagnies qui ont quitté Hamilton ou qui ont fermé leurs portes, une conséquence directe du libre-échange. Je pense que la plupart des Canadiens sont d'avis qu'il n'y a en fait rien de libre dans le libre-échange.
J'ai moi-même assisté à la métamorphose de la rue Burlington, à Hamilton. D'artère dynamique et bourdonnante d'activité, de centre névralgique du secteur manufacturier, cette rue est devenue l'ombre d'elle-même. En effet, le jour même où l'ébauche du premier accord de libre-échange entre le Canada et les États-Unis a été déposée, l'usine de Firestone Canada, un joyau de la rue Burlington, a fermé ses portes.
De concert avec le mouvement ouvrier et des organismes comme le Conseil des Canadiens, qui venait de voir le jour, nous lancé une mise en garde. Comme la plupart des villes canadiennes étaient situées à moins de 100 milles de la frontière américaine, nous avions toutes les raisons de croire que, compte tenu du libre-échange et de la suppression des barrières tarifaires, il était inévitable que nos usines appartenant à des compagnies américaines déménagent ou ferment leurs portes.
J'avais raison, mais je ne m'en réjouis pas. Pendant les deux premières années d'application de l'accord de libre-échange original, de 1988 à 1990, l'Ontario a perdu 524 000 emplois du secteur manufacturier. Il y a eu un véritable exode des emplois du Canada, et de Hamilton en particulier, vers les États-Unis et le Mexique.
La région de Hamilton, reconnue depuis longtemps pour sa production d'acier, a déjà été l'un des principaux centres du secteur manufacturier du textile en Amérique du Nord. Ces usines sont disparues depuis longtemps. Pendant les 20 à 25 dernières années, le Canada et une grande partie du monde libre sont restés sur la même voie, la voie de la déréglementation et du libre-échange, une voie adoptée en premier lieu par Ronald Reagan, Margaret Thatcher et Brian Mulroney.
Le preuves sont là. Il suffit pour s'en convaincre de penser à la crise actuelle du marché des États-Unis, un pays où les affaires se brassaient comme au Far West. Nous pouvons actuellement constater le résultat de l'absence de réglementation appropriée, ou de la déréglementation. Il est évident qu'il faudrait maintenant imposer des règles. C'est comme si le shérif avait quitté la ville et que Wall Street avait les coudées franches, sans foi ni loi, ce que nous avons réalisé au cours des derniers mois.
À une certaine époque, le Canada était signataire du Pacte de l'automobile, qui protégeait notre marché et assurait l'emploi dans cet important secteur de l'industrie ainsi que dans les secteurs connexes. Les libéraux n'ont pas renouvelé cet accord lorsqu'ils étaient au pouvoir. Aujourd'hui, on assiste non seulement à des compressions dans les usines de fabrication d'automobiles, mais également au licenciement de métallurgistes dans la région de Hamilton. La perte de ces emplois dans le secteur de la fabrication entraîne à son tour des pertes successives de milliers d'emplois connexes.
Pour Hamilton et pour les aciéries de la région, cette situation a des effets dévastateurs. Quand il n'y a pas de commandes, il n'y a pas de travail, ce donne lieu à des licenciements.
Comme je l'ai dit précédemment, je me rappelle que, en 1988, le mouvement syndical et d'autres organisations comme le Conseil des Canadiens, qui venait d'être créé, ont mis les Canadiens en garde contre une telle éventualité si le gouvernement du Canada ne renouvelait pas cet accord de libre-échange.
En 1993, on nous a servi des mises en garde similaires concernant l'ALENA. Les libéraux ont été les premiers à lancer de tels cris d'alarme. En fait, ils se mettaient eux-mêmes en garde. Ils avaient promis de ne pas signer l'ALENA, ce qu'ils ont tout de même fait peu après avoir été élus.
Aujourd'hui, les industries canadiennes sont très fragiles. Certains secteurs, notamment celui de la construction navale, nécessitent l'attention du gouvernement. Les chantiers navals canadiens jouissent d'une excellente réputation sur la scène internationale pour ce qui est de la qualité, mais d'autres pays, notamment la Norvège, se sont vigoureusement employés à protéger et à stimuler leur industrie navale en la subventionnant massivement. Le Canada a pris du retard et ne s'est pas doté d'une stratégie exhaustive pour protéger cette importante industrie.
Lors des travaux du comité, le Nouveau Parti démocratique a présenté au moins 16 motions visant à protéger cette industrie. Malheureusement, ces motions ont été rejetées par le président avec l'appui des députés du Parti libéral qui étaient présents. À titre d'information pour les députés ici présents, je signale que les dispositions de l'ALENA ne s'appliquent pas à l'industrie de la construction navale.
Les représentants de l'Association de la construction navale du Canada ont clairement dit au comité que le secteur de la construction navale doit être retiré de notre entente commerciale avec l'Union européenne. Aux termes de cet accord, les droits imposés par le Canada sur les navires passeraient de 25 à 0 p. 100 sur une période de 10 à 15 ans. Si on laisse cela se produire, le Canada perdra tout simplement son marché dans ce secteur.
Il faut aussi que les députés sachent que les États-Unis protègent leur industrie de la construction navale depuis l'adoption de la loi Jones en 1920. Cette loi protège la capacité des États-Unis de construire des navires commerciaux. La loi Jones exige que le commerce entre les ports américains situés sur les voies navigables intérieures ne s'effectue que par des navires construits aux États-Unis, appartenant à des propriétaires américains, battant pavillon américain et dotés d'équipages américains. Au cours des dernières années, les États-Unis ont mis en oeuvre un programme de reconstruction navale fortement subventionné qui a directement profité aux chantiers de construction navale américains et aux Américains qui y travaillent.
Qu'est-ce que le Canada a fait? Le Canada peut et doit faire la même chose. Le Canada doit exclure la construction navale de cet accord de libre-échange.
Enfin, le secteur de la construction navale doit être complètement exclu de l'accord, comme je l'ai dit. Le gouvernement doit immédiatement mettre sur pied un mécanisme amélioré de financement structuré, de même qu'accorder à ce secteur une déduction pour amortissement accéléré. Il serait également important de prévoir une stratégie d'achat au Canada.
Nous avons entendu parler de cette stratégie d'achat au Canada dans différents contextes. Nous en avons d'abord entendu parler lorsque les Métallurgistes unis d'Amérique se sont adressés au Congrès américain au sujet du plan d'achat aux États-Unis.
Les accords de libre-échange que nous avons signés contiennent des dispositions qui permettent une stratégie d'achat au Canada, qui permettent aux municipalités et aux gouvernements provinciaux d'acheter au Canada. Certaines limites ont été fixées, mais le gouvernement conservateur ne semble pas vouloir envisager cette option du tout. En fait, les soi-disant libre-échangistes du monde lèvent les bras et s'inquiètent quand cela arrive, mais cela aurait bien pu être la clé de la survie non seulement du secteur de la construction navale, mais aussi de notre secteur manufacturier en général.
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Monsieur le Président, c'est un honneur pour moi de parler au nom des travailleurs canadiens. Mais c'est avec le coeur lourd que je prends la parole. Je ne comprends pas pourquoi nous devons réfléchir à l'idée d'exclure l'industrie de la construction navale de cet accord. Il serait logique que tous les députés appuient largement l'idée de protéger l'industrie canadienne, peut importe leur allégeance politique.
Cependant, je vais poursuivre et expliquer pourquoi, selon moi, l'industrie de la construction navale doit être exclue de cet accord. J'ai ici une lettre de la Fédération des travailleurs de chantiers maritimes de la Colombie-Britannique, envoyée à mon collègue, le député de et qui dit:
Au nom de ces membres, je presse le gouvernement de ne pas signer l'accord avec l'AELE, car cela pourrait avoir de nombreuses conséquences très négatives pour l'industrie de la construction navale.
À tout le moins, nous demandons à ce que l'industrie de la construction navale soit exclue de l'accord avec l'AELE [...]
J'ai ici une lettre préoccupante envoyée aux députés libéraux au nom de 700 travailleurs de la construction navale de Halifax qui demandent au parti libéral de nous appuyer pour que cette industrie soit exclue de l'accord. Cette lettre dit:
Dans tous les accords de libre-échange qu'ils ont conclus depuis 1924, les États-Unis d'Amérique ont tenu compte de l'importance de cette industrie stratégique pour leur souveraineté. Pendant ce temps, au Canada, on n'adopte même pas de politiques pour protéger notre industrie de la construction navale. Le gouvernement conservateur aimerait faire croire aux Canadiens que l'élimination progressive sur 15 ans des droits de 25 p. 100 dont la construction navale fait l'objet nous mettrait sur un pied d'égalité avec l'association commerciale de l'Union européenne, mais cela n'est qu'un mirage [...]
C'est Jamie Vaslet, de l'Industrial Union of Marine and Shipbuilding Workers of Canada, qui le dit.
Voici, grosso modo, ce que M. George MacPherson, président de la Shipyard General Workers' Federation de la Colombie-Britannique a dit:
L'industrie canadienne de la construction navale tourne déjà au tiers environ de sa capacité. La demande canadienne de navires sur les 25 prochaines années est estimée à 40 milliards de dollars. Aux termes des accords de libre-échange avec la Norvège, l'Islande et bientôt la Corée, puis le Japon, ces emplois dans les chantiers navals canadiens sont sérieusement menacés. En fait, le projet du gouvernement est absolument scandaleux.
[Français]
Tout ce qui nous manque, c'est la volonté politique du gouvernement fédéral. Nous appuyons sans réserve la position de M. Andrew McArthur, membre du conseil d'administration de l'Association de la construction navale du Canada, et des TCA qui ont fait valoir solidement leur point de vue devant le comité.
Tout d'abord, le secteur de la construction navale doit être exclu de cet accord. Ensuite, le gouvernement fédéral devrait immédiatement contribuer: à la mise en place d'un mécanisme de financement structuré et à accélérer la déduction pour l'amortissement accéléré.
[Traduction]
Au cours des 20 dernières années, le gouvernement a eu tendance à oublier, au moment de conclure des accords, les travailleurs et les Canadiens dont le gagne-pain dépend de certains types de métiers. En voici justement un exemple: l'industrie de la construction navale. Sa situation est, à mon avis, symptomatique de l'attitude généralisée au pays à l'égard de toutes les industries canadiennes.
J'aimerais dire quelques mots au sujet de l'agriculture. Un mouvement s'organise en ce moment même, au sein de l'OMC, pour presser le Canada de précipiter la disparition de la Commission canadienne du blé en ne lui permettant plus de contracter des emprunts aux taux du gouvernement et en décrétant l'élimination du système de vente à guichet unique d'ici 2013 au Canada. La commission a l'appui des agriculteurs canadiens de l'Ouest et obtient de bons prix qui permettent aux agriculteurs de gagner leur vie par les temps difficiles qui courent. Des représentants de la fédération canadienne des producteurs laitiers m'ont dit, à propos du même accord, que chaque producteur laitier risque de perdre 70 000 $ si des modifications sont apportées au système de gestion de l'offre à l'OMC.
C'est inacceptable. Nous l'avons constaté lorsque nous avons signé l'accord de libre-échange avec les États-Unis et l'ALENA. Au cours des 20 dernières années, nous avons pu voir que les éleveurs de bétail gagnent moitié moins que ce qu'ils gagnaient avant la signature de l'accord de libre-échange, en 1989. Des milliers de producteurs de légumes de l'Ontario et de la Colombie-Britannique ont été dévastés parce qu'ils ne sont plus en mesure de faire concurrence aux produits à bas prix en provenance des États-Unis. Avant l'accord de libre-échange, nos droits tarifaires qui s'appliquaient durant la saison de production assuraient des débouchés au producteur de légumes de la péninsule du Niagara et lui permettaient de gagner sa vie.
Tout cela est du passé depuis que nous signons des accords de libre-échange. Comme je l'ai dit plus tôt, le cas de la construction navale est symptomatique de cette attitude que nous avons développée au Canada et qui consiste à faire des cadeaux à gauche et à droite. Les Américains, eux, n'ont pas bradé leur industrie de la construction navale. Dans le cadre de l'ALENA, les Américains ont protégé leur secteur énergétique alors que nous leur avons fait cadeau du nôtre. Nous ne pouvons même plus réduire nos exportations de pétrole et de gaz aux États-Unis sans réduire de façon proportionnelle la consommation intérieure.
Nous avons signé un chapitre de l'ALENA qui permet aux entreprises étrangères de poursuivre les divers gouvernements du Canada. Conséquemment, l'argent de nos impôts sert à tenter de défendre nos gouvernements, que ce soit à l'échelle provinciale, fédérale ou locale, contre de telles poursuites.
Il est temps de faire une prise de conscience et de déterminer l'orientation que nous souhaitons prendre comme pays. Nous ferions un bon pas dans cette direction en excluant la disposition concernant la construction navale de cet accord, de manière à ce qu'il devienne un accord de commerce équitable qui nous permettra de protéger des emplois au Canada.
J'irais même plus loin en proposant que tous les députés devraient commencer à favoriser l'idée d'accorder la préférence à l'achat au Canada dans l'acquisition de navires ou d'aéronefs militaires ou pour l'achat d'aliments destinés à des établissements canadiens. Il est ahurissant d'être obligés de parler de la nécessité de soutenir nos industries ou nos agriculteurs. Nous avons tranquillement dérivé vers l'indifférence.
En terminant, j'estime, comme bon nombre de mes collègues, que le fait pour nous de retirer de l'accord la disposition concernant la construction navale laisserait entendre que nous sommes prêts non seulement à protéger notre industrie de la construction navale, mais également à créer un précédent selon lequel aucun pays ne serait autorisé à l'avenir à exercer des pressions sur nous pour que nous abandonnions des emplois en signant des accords.
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Monsieur le Président, je prends la parole afin d'appuyer la motion du député de , qui vise à supprimer l'article 38 de l'Accord de libre-échange Canada-Europe.
Mes collègues seront peut-être surpris de voir qu'une terrienne comme la députée d'Edmonton—Strathcona se préoccupe de l'industrie navale. Toutefois, je vais faire part à la Chambre des liens de longue date que ma famille entretient avec cette industrie.
Je veux d'abord mentionner que nous avons toléré la destruction des stocks de poisson sur la côte Est, et que nous assistons maintenant à l'épuisement des stocks sur la côte Ouest. Des collectivités entières ont perdu leur source de revenu.
D'anciens pêcheurs et travailleurs d'usines de traitement du poisson doivent maintenant quitter leurs collectivités, se rendre jusque dans le Nord de ma province et travailler dans les sables bitumineux pour nourrir leurs familles.
Nous assistons maintenant, avec la bénédiction du Parti conservateur et du Parti libéral, au déclin de notre historique industrie navale — qui a contribué à bâtir notre pays — et à la disparition des emplois qui existaient auparavant dans ce secteur. Tous les représentants de ce secteur, qu'il s'agisse de travailleurs ou de propriétaires, qui sont venus témoigner devant le comité parlementaire, nous ont suppliés de soutenir leur industrie afin d'en assurer la survie. Hélas, ces personnes n'ont obtenu aucun soutien, sauf de la part des députés de mon parti.
Les députés de l'opposition devraient avoir honte. Ils sont censés défendre les intérêts des Canadiens. La promesse faite par le Parti conservateur de protéger les Canadiens s'évapore lorsque vient le temps de défendre leurs intérêts dans le cadre d'un autre accord de libre-échange.
Le transport maritime et la construction navale ont été, au même titre que les coureurs des bois, des éléments clés du développement de notre pays. Ma famille, dont les ancêtres sont arrivés vers 1610 à Mosquito Point et à Carbonear, vivait de l'industrie navale. Mon ancêtre, Gilbert Pike, était un boucanier. Des bateaux ennemis ont attaqué les bateaux de mes ancêtres, et ceux-ci sont déménagés à Terre-Neuve, où ils sont devenus très actifs dans l'industrie de la pêche.
Ma famille devait compter sur l'industrie du transport maritime pour assurer le ravitaillement de notre collectivité afin d'assurer sa survie, et pour expédier la morue en Europe. Cette industrie était essentielle au commerce. N'eut été de l'industrie navale, la collectivité de Carbonear n'existerait tout simplement pas. La personne la plus célèbre à Terre-Neuve, Sheila NaGeira, est mon ancêtre.
J'insiste sur le fait que nous sommes en train de parler du déclin de l'une des industries fondatrices de notre pays. Comment les autres députés peuvent-ils rester passifs et laisser cette industrie disparaître?
Il se peut que les autres députés, voire même ceux qui viennent de ma ville, ne le sachent pas, mais l'une des industries fondatrices les plus importantes de ma ville, Edmonton, est la construction navale, qui était installée sur les rives de la rivière Saskatchewan Nord. Il s'agit de l'une des plus importantes industries à l'origine de notre ville et qui a permis son expansion. Dans ces chantiers navals on a construit des voiliers et des barges qui sillonnaient les rivières, desservant le Nord, l'industrie de la fourrure, les industries autochtones, la trappe et la ruée vers l'or.
Sans cette industrie, la ville d'Edmonton ne serait pas devenue la ville florissante qu'elle est aujourd'hui.
Des représentants de la construction navale sont venus demander l'appui des députés. J'implore mes collègues de défendre les constructeurs de navires ainsi que ceux qui travaillent dans cette industrie, j'implore mes collègues de défendre les Canadiens.
Un des autres pays partie à l’Accord de libre-échange entre le Canada et les États de l’Association européenne de libre-échange a défendu son industrie. La Norvège a défendu son industrie de la construction navale qui est maintenant florissante. Notre partenaire du Sud, à savoir les États-Unis, a défendu son industrie de la construction navale. Qu'est ce qui ne va pas dans notre pays? Qu'est-ce qui ne va pas chez nos élus?
Des syndicalistes représentant les travailleurs de la construction navale et les constructeurs de navires eux-mêmes ont quitté leur famille et leur emploi pour venir à Ottawa plaider leur cause auprès des députés. Ils nous ont dit qu'ils étaient tous en faveur du libre-échange et qu'ils souhaitaient vendre leurs produits à l'étranger; mais ils nous ont dit qu'ils voulaient aussi que nous défendions leurs intérêts.
Allons-nous devenir un pays d'acheteurs seulement, et non de vendeurs? Nous devons aussi penser à l'avenir, cependant, comme le député des Territoires du Nord-Ouest me le rappelle souvent, que nous soyons à la Chambre ou ailleurs? Et qu'en est-il des activités commerciales dans l'Arctique?
Les députés d'en face n'arrêtent pas de parler de la façon dont ils vont assurer le développement dans l'Arctique. Mais avec quoi réussirons-nous à protéger et à développer l'Arctique? Nous avons besoin de navires. Ces bateaux ne devraient-ils pas être construits au Canada? N'avons-nous pas le savoir faire nécessaire pour mettre au point et construire les bateaux spécialisés que non seulement les Canadiens, notre Garde côtière et ceux qui sillonnent nos océans utiliseront, mais que nous pourrons aussi vendre aux armateurs des quatre coins du monde qui sont impatients de naviguer dans les eaux arctiques?
Dans la présentation qu'il a faite devant des parlementaires la semaine dernière, M. Vincent, un expert renommé dans les écosystèmes polaires, a signalé que le Canada avait une belle occasion à saisir, tant dans l'Arctique que dans l'Antarctique, et que, en raison de notre situation géographique, nous avions raison de revendiquer l'Arctique. Pourquoi ne pas défendre ce secteur de notre industrie et ne pas mettre au point et construire les bateaux qui sillonneront l'Arctique, nous assurant ainsi qu'ils sont sécuritaires et qu'ils ne nuisent pas à l'environnement?
Le député a dit que les perspectives de commercialisation étaient dans l'Antarctique. Nous pourrions aussi commercialiser des bateaux spécialisés qui sillonneraient l'Antarctique et appuieraient les chercheurs.
À l'instar des autres députés, j'interviens dans le débat aujourd'hui afin d'appuyer la recommandation visant à supprimer l'article 38, ce qui signifie que nous parlerons au nom des Canadiens lorsque nous signerons cet accord de libre-échange.
J'ai eu le privilège de travailler à la Commission nord-américaine de coopération environnementale. Cette organisation a été créée dans le cadre d'un des accords parallèles de l'ALENA. Je suis fière de dire que j'ai contribué de façon positive au libre-échange en Amérique du Nord.
Il importe de nous assurer que nous défendons les aspects importants du libre-échange et que nous gardons en tête les intérêts des Canadiens, pas seulement ceux des grandes sociétés ou des commerçants qui voudraient vendre des marchandises ou des bateaux canadiens. En cette période de contraction économique, c'est aux travailleurs canadiens que nous nous devons de penser. Nous devrions penser avant tout à soutenir les industries canadiennes et les travailleurs canadiens.
Je n'ai rien de plus à ajouter. Je crois que la requête du député est tout à fait raisonnable. Elle exprime l'opinion des Canadiens. Il est grand temps que l'opposition officielle prenne la défense des Canadiens.
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Monsieur le Président, je commencerai en citant des témoins que le comité a entendus parce qu'on a fait allusion à ces personnes aujourd'hui à la Chambre. Comme la députée, j'étais à la séance du comité où ces gens ont comparu.
En réponse à la question de savoir s'il y avait trahison du secteur de la construction navale et s'il devait y avoir une exception, un témoin, M. Andrew McArthur, a déclaré:
Si ce n'est pas une trahison, cela lui ressemble beaucoup. Cet accord n'améliore certainement pas la capacité de survie de l'industrie. Au contraire, il la menace. On peut difficilement dire qu'il s'agit d'une trahison totale, bien que cela s'en approche.
C'est là la déclaration d'un homme qui possède de nombreuses années d'expérience dans le secteur. En fait, M. McArthur a travaillé des deux côtés de l'Atlantique puisqu'il a travaillé dans un chantier naval en Écosse, notre pays d'origine à tous deux. Il ajoute:
Il n'y a pas que l'AELE qui nous préoccupe. Des règles de base pourraient être établies.
Je répète que, dans le cadre de l'AELE, on est peut-être en train d'établir des règles de base puisque nous négocions avec Singapour et la Corée du Sud. Une fois que les règles de base auront été établies, si elles doivent s'appliquer aux termes d'accords avec tous ces autres pays, le secteur pourrait se retrouver dans une situation très difficile et pourrait ne survivre que grâce à des marchés de l'État.
Les députés de ce côté-ci et de l’autre côté de la Chambre savent ce qui est arrivé à ces contrats du gouvernement. On avait l’impression, je crois, que deux nouveaux navires de soutien seraient construits pour la Marine canadienne. J’aurais pu demander à mon collègue de , s’il avait été là, s’il a vu ces bâtiments à Halifax récemment, mais je crois que sa réponse serait non puisqu’ils n’ont pas été construits. S’ils n’ont pas été construits, c’est en partie parce que le gouvernement a dit que les devis présentés par nos chantiers navals étaient trop élevés. Bien sûr, le gouvernement peut avoir jugé le devis trop coûteux, mais c’est parce que les chantiers navals ne produisent pas à plein rendement. D’après leurs propres chiffres, ils ne fonctionnent qu’au tiers de leur capacité. Cela signifie qu’ils doivent rééquiper un chantier pour construire un navire de cette taille. Ils doivent en outre trouver des travailleurs. Tout cela fait monter les prix car, pour produire un tel bâtiment, ils ont besoin d’aller chercher des travailleurs et d’améliorer leurs installations.
Tous ces facteurs augmentent les coûts et, par conséquent, les devis. On pourrait se demander si le prix est vraiment trop élevé si l’argent des contribuables servait à construire des navires canadiens, qui seraient manœuvrés par des équipages canadiens et construits au Canada par des travailleurs canadiens qui paieraient des impôts au gouvernement du Canada. À son tour, le gouvernement ferait circuler cet argent en l’injectant dans l’économie grâce à d’autres mesures et à d’autres programmes. Fait plus important, les collectivités dans lesquelles vivent ces travailleurs canadiens auraient de l’argent à faire circuler dans l’économie par suite des salaires gagnés et du fait qu’elles n’auraient plus besoin de prestations d’assurance-emploi. Ces prestations économisées pourraient alors servir à d’autres travailleurs sans emploi.
L’effet multiplicateur est énorme. Lorsque nous considérons le prix d’une chose et trouvons qu’il est un peu élevé, nous devons nous demander par rapport à quels prix nous le jugeons élevé. Aux prix de la Corée? Était-ce là l’intention du gouvernement? Si les chantiers navals canadiens sont trop coûteux, va-t-il commander les navires dont il a besoin en Corée? Est-ce que cela fait partie du plan d’ensemble comprenant l’accord avec l’AELE, qui permettrait d’accorder le prochain contrat de construction navale à la Corée? Nous verrons ce que l’industrie et les représentants des travailleurs ont dit au comité en affirmant que l’industrie ne peut pas survivre.
Prenons un peu de recul pour voir ce que ces chantiers navals représentent. Les travailleurs qu’ils emploient ont des compétences très particulières, des compétences qui ne peuvent servir qu’à la construction de ces navires. Nous avons là une main-d’œuvre hautement qualifiée. Nous savons que la construction navale est un secteur à forte intensité de main-d’œuvre. Un investissement fait aujourd’hui dans un chantier naval produit des emplois aujourd’hui, qui permet ensuite de former des apprentis et de recycler d’autres travailleurs.
Je sais que le gouvernement aime beaucoup parler de son plan d’action et de l’argent qu’il réserve au recyclage et à la création d’emplois. Voilà l’occasion de joindre le geste à la parole en faisant un chèque. Le gouvernement devrait commander ces navires aux chantiers navals canadiens pour redonner un emploi aux travailleurs et leur permettre d’engager des apprentis. Au Canada, l’âge moyen d’un travailleur de chantier naval est aujourd’hui de 53 ans.
Bien que ce soit quelqu’un comme moi, qui dépasse un peu les 53 ans, qui signale ce qui se passe, il faut dire du même souffle que ces travailleurs ne tarderont pas trop à prendre leur retraite. Si on ne les remplace pas en appliquant un programme d’apprentissage, les chantiers navals vont péricliter parce que ce type de main-d’œuvre va disparaître dans tout le Canada. Ce serait une honte non seulement pour ces localités et ces travailleurs, mais aussi pour notre pays, qui a les côtes océaniques les plus longues du monde.
Nous sommes vraiment un pays maritime, même si, de temps en temps, certains d’entre nous refusent de le croire. Ma propre circonscription, celle de Welland, tire son nom du canal Welland, et elle est bordée par deux lacs et une rivière. Elle est partagée en deux par le canal. Il est difficile de comprendre que le Canada est un pays maritime quand on habite au centre de l’Ontario, mais notre pays est entouré d’eau.
De temps à autre, dans ma circonscription, nous pouvons regarder les navires qui traversent le pont. Il s’agit en fait d’un tunnel pour nous, mais d’un pont pour les navires. Il est très étrange, la première fois que cela arrive, de s’engager dans le tunnel en voyant un navire qui traverse au-dessus.
Si le Canada perdait cette capacité de bâtir des navires, ce serait de la négligence criminelle.
Nous devons comprendre ce que l’industrie nous dit. Je serais porté à penser que mes collègues d’en face, qui ont tendance à être les amis de ce groupe, peuvent comprendre cela. Sinon, les libéraux devraient certainement comprendre, car ils ont commencé à s’occuper de ce dossier avant le gouvernement conservateur.
L’industrie a dit dès le départ qu’il fallait au Canada un secteur viable de la construction navale et que nous devrions l’aider à le mettre en place. Elle est prête à faire sa part. En réalité, l’industrie et les travailleurs ont fait ce qu’ils avaient à faire. Voici ce qu’ils disent au gouvernement: « Laissez-nous faire ce que font d’autres pays dans le monde, comme le Jones Act l’a fait pour les États-Unis. Faisons une exception pour la construction navale. Donnez-nous les mêmes possibilités qu’ont les Américains, et nous serons en mesure de livrer concurrence. »
De surcroît, nous aurions un certain sentiment de sécurité parce que nous construirions chez nous les navires sur lesquels naviguent les marins canadiens. Il me semble que nous devons au moins cela aux hommes et femmes des forces armées: qu’ils sachent, en montant à bord, que ce sont des Canadiens qui l’ont construit pour eux, que c’est un bâtiment qui présente les caractéristiques de qualité et de sécurité qu’on attend de constructeurs canadiens.
Il y a encore autre chose: les contribuables canadiens veulent que nous dépensions leur argent judicieusement. Ils nous confient leur argent et s’attendent à ce que nous l’utilisions à bon escient. J’ai dit la même chose au cours de ma carrière de conseiller municipal: nous ne pouvons pas prendre plus sage décision, nous à qui les contribuables confient leur argent, que de le dépenser pour eux, de l’investir pour que les Canadiens en profitent, eux qui nous donnent cet argent. Sans hésiter, ils dénouent les cordons de la bourse.
Il me semble que nous devons faire une exception. Nous examinons le programme des tarifs et disons que nous pouvons l'appliquer sur un certain nombre d'années. Le secteur affirme que cela ne lui permettra pas de survivre. Les chantiers norvégiens, ceux contre qui nous serons vraiment en concurrence, ont été subventionnés pendant les 20 dernières années par le gouvernement de la Norvège et pourraient aboutir sur le marché. Pourquoi ne pouvons-nous pas faire comme les Norvégiens?
Nous ne demandons rien de plus. Nous voulons une exception pour pouvoir faire ce qu'ont fait les Norvégiens. Cela semble être la chose la plus juste. Si les Norvégiens ont pensé que cela était assez bon pour eux, le moins que le gouvernement du Canada puisse faire, c'est de dire que cela serait assez bon pour les Canadiens.
Pourquoi devrions-nous être des citoyens de seconde classe dans le monde lorsqu'il s'agit de nous occuper de nous-mêmes? Pourquoi voudrions-nous placer un secteur industriel et nos travailleurs dans une position précaire alors que ce n'est pas du tout nécessaire?
Nous avons une possibilité et je me tourne vers mes collègues de ce côté-ci de la Chambre, particulièrement les libéraux, pour leur demander de repenser à leur position sur l'exception. Ils devraient réfléchir à ce qu'ils font, c'est-à-dire trahir les travailleurs des chantiers maritimes de tout le Canada et décimer un secteur qui existe au Canada depuis des centaines d'années.
Les premiers arrivants sont venus ici par navire. Peut-être pas les nations autochtones, qui seraient venus sur un pont terrestre, mais beaucoup de gens sont arrivés ici sur des bateaux à voile. Penser que l'on n'aurait plus ce secteur au Canada a de quoi faire pleurer, particulièrement quelqu'un comme moi, qui est arrivé ici avec mes parents.
Mon père est venu ici pour construire des navires. Le moins que je puisse faire, en mémoire de mon père qui est aujourd'hui décédé, c'est de prendre la parole à la Chambre pour défendre la construction navale. C'est ce qui a amené ma famille ici et je ne l'oublierai jamais.
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Monsieur le Président, je suis très heureuse de prendre la parole aujourd'hui au sujet du projet de loi . Je tiens à souligner tout particulièrement les efforts de deux députés néo-démocrates qui ont travaillé sans relâche.
Le député de , évidemment, intervient souvent à la Chambre et n'a cessé de faire valoir au fil des années la nécessité d'une politique en matière de construction navale. Si nous intervenons aujourd'hui à la Chambre, c'est parce que les conservateurs aussi bien que les libéraux n'ont pas su obtenir des résultats à cet égard.
Permettez-moi également de souligner le travail du député de . C'est notamment en raison de ses excellents efforts que nous nous opposons aujourd'hui avec véhémence à l'inclusion de la construction navale dans le projet de loi .
J'aimerais parler du travail du député...
J'allais dire du « ministre ». Les choses iraient mieux, effectivement, si nous avions un ministre de .
Je voudrais parler du travail du député de pour ce qui est de définir certains enjeux relatifs à la construction navale. Dans l'opinion dissidente qu'il a déposée, il faisait valoir que l'industrie canadienne de la construction navale était loin de fonctionner à sa capacité maximale et que le gouvernement fédéral ne lui accordait pas suffisamment d'appui.
Le Canada est le seul des grands pays maritimes à ne s'être doté d'aucun plan stratégique pour son industrie de la construction navale. Contrairement au Canada, la Norvège a fait bon emploi de la période durant laquelle elle jouissait d'une protection tarifaire pour investir de façon importante dans cette industrie, ce qui lui a permis de la faire croître et de la rendre concurrentielle et efficace. En l'an 2000, ce pays avait donc mené à terme l'élimination progressive de ses subventions gouvernementales.
Compte tenu de l'effritement de l'industrie de la construction navale, qui dure depuis fort longtemps au Canada, et qui est attribuable au manque d'intérêt du gouvernement fédéral, il ne restera pratiquement plus rien d'autre au Canada que des constructeurs étrangers lorsque les droits tarifaires auront été supprimés dans 15 ans, à moins que l'on établisse une politique très audacieuse.
La grande inquiétude, évidemment, c'est que le projet de loi à l'étude fait passer les droits tarifaires visant les navires de 25 p. 100 à rien du tout sur une période de 10 à 15 ans, selon le type de produit, et que rien ne se passe durant les trois premières années.
En quoi cela est-il important?
J'aimerais attirer l'attention de la Chambre sur un communiqué datant de 2007 qui avait pour titre « Pas de quoi célébrer vendredi pour les travailleurs des chantiers navals de la Colombie-Britannique ». Cela faisait suite à la décision de la province de faire construire ses traversiers en Allemagne. Non seulement aurions-nous très bien pu le faire chez nous, mais, comme on le faisait observer dans ce communiqué:
BC Ferries sera vendredi l'hôte, en Allemagne, d'une fête pour 3 000 invités qui coûtera 60 000 $, mais il n'y aura pas de quoi célébrer lors du lancement du premier de trois traversiers de catégorie Super-C de construction allemande qui ont coûté à la province 3 500 emplois directs et indirects et la perte d'investissements d'une valeur de 542 millions de dollars, selon la Shipyard General Workers' Federation de la Colombie-Britannique.
L'investissement dans les chantiers navals du pays crée, bien sûr, des emplois directs et indirects et il génère également de nouveaux gros investissements, mais on oublie toujours, lorsqu'on examine les coûts de la construction navale, de calculer ce qu'en retire le gouvernement. Les travailleurs de ces chantiers paient des impôts, et les entreprises prospères aussi en paient. Il faut en tenir compte dans les calculs quand il est question de soutenir notre industrie de la construction navale.
Lorsque le comité a entendu des témoignages à ce sujet, quelques représentants de l'industrie sont venus nous parler de l'importance de la construction navale et du bien-fondé de la soustraire à l'application de cet accord.
M. George MacPherson, président de la Shipyard General Workers' Federation de la Colombie-Britannique, a déclaré ceci lors de la séance du 3 mars 2009 du Comité permanent du commerce international:
L'industrie canadienne de la construction navale tourne déjà au tiers environ de sa capacité. La demande canadienne de navires sur les 25 prochaines années est évaluée à 40 milliards de dollars.
M. Andrew McArthur, président de l'Association de la construction navale du Canada, nous a dit ceci:
Nous sommes d'avis, depuis le premier jour, que la construction navale devrait être exclue de l'accord avec l'AELE. Le gouvernement nous a dit catégoriquement, et ce, à maintes reprises, que ce n'est pas possible. Nous avons alors soulevé la question de la loi Jones aux États-Unis, qui permet d'exclure la construction navale de l'ALENA. Nous n'avons pas le droit de construire ou de réparer des navires pour les Américains. Pourtant, les Américains ont un accès libre à notre marché. C'est donc dire que des industries sont bel et bien exclues. Je suis sûr qu'il y a une foule d'autres exemples.
Tant l'industrie que le mouvement syndical sont en faveur de l'exclusion.
J'aimerais parler brièvement de deux entreprises de l'île de Vancouver.
Dans ma propre circonscription, , nous avons le Nanaimo Shipyard Group. Ce chantier naval existe depuis 1930 et est toujours au même endroit, dans le Newcastle Channel. Il occupe plus de 10 000 pieds carrés. L'entreprise fait principalement des travaux de radoub et d'entretien pour la Défense nationale, la Garde côtière et la BC Ferry Corporation. Elle effectue également des travaux sur des cargos de haute mer, des navires de pêche, des remorqueurs, des yachts et d'autres navires côtiers. 'C'est donc dire que ce chantier naval possède une expérience diversifiée en raison des réparations qu'il fait.
Le chantier naval de Point Hope, dans la belle ville de Victoria, a été fondé en 1873. Certains disent que c'est le premier chantier naval de la Colombie-Britannique. En fait, ses cales de construction étaient construites en bois. Ce chantier a une histoire importante. Dans une lettre envoyée à des ministres, les dirigeants du chantier rappellent sa longue histoire et décrivent également ses possibilités. Je lis des extraits de la lettre:
Le chantier de Point Hope peut construire au complet des navires en acier et en aluminium pouvant atteindre 1 500 tonnes et 60 mètres de long.
Les auteurs de la lettre précisent que le chantier détient une certification ISO et qu'ils ont également demandé des certifications ISO supplémentaires de manière à se conformer aux normes de protection de l'environnement. On lit dans la lettre:
Nous sommes un acteur clé dans la défense du Canada et dans le secteur maritime, nous fournissons de bons emplois et revitalisons le coeur de la ville de Victoria. Point Hope est une réussite et un modèle pour le secteur et possède les capacités et les ressources pour continuer de croître et de prendre de l'expansion.
Nous devrions défendre nos chantiers navals. Le député de affirme que nous devrions défendre les intérêts du Canada. Les chantiers navals et les travailleurs ont des solutions à proposer. Les responsables du chantier naval de Nanaimo ont écrit au Comité permanent des opérations gouvernementales et des prévisions budgétaires et souligné que le chantier est le propriétaire exploitant d'une petite à moyenne entreprise oeuvrant dans le domaine de la construction navale et des réparations et qu'il emploie de 100 à 150 personnes dans quatre villes, soit Halifax, Nanaimo, Port Alberni et Victoria.
Ils soulignent le grand nombre de petites et moyennes entreprises qui ont dû déclarer faillite ou fermer leurs portes et ils demandent pourquoi le gouvernement du Canada n'a pas adopté, dans le cadre d'une stratégie plus vaste en matière de construction navale, une politique réservant certains travaux pour les petites et moyennes entreprises, comme les États-Unis l'ont fait.
Les États-Unis disposent d'un programme axé sur l'administration des petites entreprises. Je ne décrirai pas ce programme en détail, mais il démontre bien comment le gouvernement américain a créé certaines catégories afin de réserver l'octroi de certains contrats exclusivement à des petites et moyennes entreprises. Il y a toute une procédure à laquelle les petites et les moyennes entreprises ont accès.
Au cas où mes collègues ne seraient pas convaincus du vaste appui dont jouissent les travailleurs des chantiers navals, je vais vous lire certaines lettres que nous avons reçues.
L'une d'entre elles, datée du 11 mars 2009, provient de la Shipyard General Workers' Federation of British Columbia. Elle a été envoyée au député de , mais elle était tellement passionnée que je tenais à en lire une partie à la Chambre. Voici ce qu'on peut y lire:
La Shipyard General Workers' Federation représente environ 2 000 travailleurs qualifiés qui oeuvrent dans les chantiers navals, la construction maritime et les industries d'approvisionnement maritime, ainsi que dans les ateliers de transformation des métaux des collectivités côtières de la Colombie-Britannique.
L'auteur de la lettre affirme que cette industrie devrait à tout le moins être exemptée de l'AELE. Voici ce qu'on peut y lire:
Nous exhortons le gouvernement à reconnaître le problème, à prendre des mesures pour protéger les intérêts de ce secteur vital et stratégique et à mettre au point une stratégie industrielle globale visant la stabilité à long terme et la viabilité d'une industrie de la construction navale et de la fabrication maritime sur la côte Est et sur la côte Ouest du Canada.
Dans la région du Nord-Ouest du Pacifique, qui comprend Victoria et Nanaimo, nous savons que, en plus des grands navires qui étaient remis en état dans le chantier naval de Point Hope et d'autres chantiers navals, il y a également un nombre important de petites embarcations de plaisance. Je n'ai pas les chiffres exacts, mais la rumeur circule que, dans l'ensemble de la base, y compris Washington et l'Oregon, on trouve jusqu'à un million de petites embarcations de plaisance. Quand nous parlons de l'industrie de la construction navale, nous ne parlons pas seulement des grands navires. Nous parlons aussi des petites embarcations de plaisance. Nous avons une vaste gamme de compétences.
Une stratégie nationale de la construction navale doit examiner ces compétences. Le fait que nous avons le plus long littoral du monde, qui va littéralement d'un océan à l'autre, pourrait stimuler considérablement l'économie d'un grand nombre de nos collectivités. C'était un catalyseur économique important à l'époque.
Comme l'a dit le député de , nous devons nous rappeler de l'histoire de l'industrie de la construction navale. C'était l'une des premières industries de notre pays. Quand je parle d'un océan à l'autre, je n'ignore pas les voies navigables intérieures, que le député de a mentionnées à juste titre. Toutefois, je veux me concentrer sur la côte Ouest pour l'instant.
Nous sommes en mesure de reconstruire cette industrie. Nous avons encore des infrastructures en place. J'exhorte les députés de la Chambre à ne pas appuyer ce projet de loi, à exclure la construction navale de l'accord et à élaborer une stratégie nationale de la construction navale.
:
Madame la Présidente, je suis heureux de participer au débat sur le projet de loi . Je veux d'abord féliciter le député de pour avoir lancé ce débat au nom de notre parti.
Je viens d'une province qui possède une industrie de la construction navale, mais je ne vais pas faire preuve de chauvinisme pour autant. La construction navale est une industrie nationale. Ma région construit des bateaux pour l'industrie de la pêche depuis des siècles, soit depuis 400 ou 500 ans.
Nous construisons maintenant des navires. Nous avons un chantier moderne à Marystown qui peut faire un travail remarquable. En fait, ce chantier a été l'un des deux derniers soumissionnaires en lice pour construire les navires de soutien interarmées de la Marine canadienne. Que s'est-il passé? À la dernière minute, c'est-à-dire 72 heures avant le déclenchement des élections, le gouvernement a annulé le contrat. La Marine canadienne était sur le point d'adjuger un contrat de quelque 2,5 milliards de dollars, qui aurait créé des emplois à Marystown, si ce chantier avait été le soumissionnaire retenu. Or, un grand nombre de personnes dans ma région avaient toutes les raisons de croire que le chantier de Marystown aurait été retenu pour construire ces navires sur une période de six, huit ou dix ans, qui aurait été suivie d'une période d'entretien de quinze ou vingt ans.
Même si Terre-Neuve-et-Labrador a joué un rôle historique dans les activités de pêche, de transport maritime et de construction navale qui ont façonné notre nation, il ne faut pas oublier que la construction navale est aussi une activité moderne du XXIe siècle. Il ne s'agit pas d'une vieille industrie désuète. Oui, les navires sont faits de fer et d'acier, mais ils sont aussi construits en faisant appel aux systèmes de télécommunications et de navigation les plus modernes. Ils sont construits en fonction de normes rigoureuses. C'est une industrie de l'avenir qui exige un très haut niveau de compétences, de technologies et de connaissances. C'est une industrie axée sur les connaissances, et c'est aussi une industrie qui fait partie de notre base industrielle.
Ce secteur a besoin du soutien du gouvernement pour continuer à être dans le coup. Le problème, c'est que d'autres pays comme la Norvège ont assuré un tel soutien afin de protéger leur industrie, leurs travailleurs, leur prospérité et leur participation future dans ce secteur au niveau mondial, mais nous n'avons pas fait cela. C'est pour cette raison que ce secteur devrait être exclu de l'accord.
Il y a aussi d'autres problèmes relativement à cette entente. Le premier ministre de ma province en a mentionné quelques-uns. Nous ne profitons pas de cette occasion pour négocier un accord de libre-échange qui éliminerait des droits, comme par exemple ceux qui s'appliquent aux crevettes et qui paralysent l'industrie de la crevette de la côte Est depuis des années. On fait maintenant la promotion de cette barrière non tarifaire dans l'Union européenne en tentant d'interdire les produits dérivés de la chasse aux phoques qui, pourtant, se fait sans cruauté et de façon contrôlée sur la côte Est.
Nous constatons que le gouvernement du Canada ne fait aucun effort pour profiter des négociations afin d'élargir notre compétence sur la pêche à l'extérieur du nez et de la queue des Grands Bancs. Nous devons conjuguer avec un régime inefficace.
Par conséquent, ce sont d'autres déceptions. Cependant, ce qui nous occupe le plus, c'est la construction navale, et nous comptons sur le soutien des deux côtés de la Chambre. Nous essayons de faire entendre raison au gouvernement, mais nous espérons que les députés de ce côté-ci aussi appuieront nos efforts. Nous comptons sur les députés bloquistes, qui nous appuient peut-être, mais nous comptons aussi sur les libéraux. Jusqu'à maintenant, nous n'avons pas vu de libéraux participer au débat et dire ce qu'ils pensaient de la question.
Cela n'a pas toujours été le cas. J'ai ici un rapport produit avec le soutien de Brian Tobin, ancien premier ministre de Terre-Neuve et aussi ancien ministre de l'Industrie. Ce rapport s'intitule Vaincre les obstacles vers la prospérité -- Industrie canadienne de la construction navale. Il contient toute une série de recommandations produites à l'issue d'un processus de consultation dirigé par un groupe de personnes qui formaient le Comité sur le projet de partenariat national. On y retrouvait, entre autres, Peter Cairns, président de l'Association de la construction navale du Canada, Les Holloway, directeur exécutif de la Fédération des travailleurs de construction navale, Philippe Tremblay, de la Fédération de la métallurgie CSN, et Peter Woodward, de Woodward Group of Companies. Ils ont présenté un très bon rapport contenant beaucoup de recommandations qui auraient aidé le secteur de la construction navale. Cependant, nous n'avons pas vu ces recommandations mises en oeuvre.
J'invite les députés libéraux fédéraux de même que ceux de ma province à appuyer l'amendement que nous présentons, car il est important non seulement pour Terre-Neuve-et-Labrador, mais aussi pour l'ensemble du Canada. Nous savons à quel point la construction maritime est importante sur la côte Ouest. Nous savons à quel point elle est importante dans la région de Thunder Bay et au Québec. À l'heure actuelle, nous voyons des chantiers maritimes se battre pour garder leur place dans le monde moderne.
Une recommandation importante découlant de ce processus de consultation a été de demander au gouvernement du Canada de supprimer les à-coups des marchés pour la marine et la Garde côtière en améliorant les processus de planification, de manière à ce que les carnets de commandes et les niveaux d'emploi puissent être plus stables à long terme.
Cela est extrêmement important, car nous avons besoin de planifier d'importantes dépenses en immobilisations. Un article paru dans l'Ottawa Citizen il y a quelques semaines fait état des prévisions au chapitre des demandes et des besoins de la marine. Voici:
Un domaine qui pourrait fournir bon nombre d'emplois dans les entreprises canadiennes au cours des prochaines décennies est celui de la construction navale pour le gouvernement fédéral. Les bateaux de guerre de la marine et les bateaux de la Garde côtière sont rongés par la rouille, et on estime que leur remplacement coûterait de 40 à 60 milliards de dollars en travail sur les 20 prochaines années.
La question de savoir où ces travaux seront effectués est celle que posent les travailleurs des chantiers maritimes aux quatre coins du Canada. Avec l'annulation du projet de construction de navires de soutien interarmées en août, on a craint que le gouvernement n'ait des plans pour un projet à l'étranger. Il a lancé un processus d'appel d'offres qui s'est terminé en queue de poisson.
Voilà que le gouvernement fournit de l'équipement aux Forces canadiennes sans contrat. Il achète des hélicoptères aux États-Unis sans contrat. Il n'y a même pas de processus d'appel d'offres rigoureux. C'est une honte. Le gouvernement a acheté des C-17 et des avions de transport C-130J, des États-Unis, sans contrat et sans processus d'appel d'offres.
On s'inquiète quant à savoir si le marché pour le nouvel aéronef de recherche et de sauvetage sera accordé sans appel d'offres concurrentiel. Les entreprises canadiennes n'ont pas la possibilité d'intervenir, car les Forces canadiennes, semble-t-il, lorgnent du côté d'un avion italien fabriqué aux États-Unis, et on ne semble pas envisager de lancer un processus d'appel d'offres dans ce cas.
Que se passe-t-il? Avons-nous perdu le nord? Quant il est question d'achat d'équipement pour leur armée, leur marine et leurs forces aériennes, tous les pays du monde, sauf le Canada, se tournent vers leurs industries nationales. Quel est donc notre problème? Y a-t-il quelque chose que je ne sais pas? Les députés d'en face peuvent peut-être parler de ce problème que nous avons. Comment se fait-il que nous ne puissions pas construire nos propres bateaux pour sillonner les mers, aider nos forces aériennes et transporter des marchandises, par exemple? Les députés d'en face le savent peut-être. Il y a peut-être des choses que je ne sais pas, mais quoi qu'il en soit, on dirait que nous avons perdu le nord.
Pour une raison ou une autre, une bande de libéraux semble de connivence avec le gouvernement. Je ne comprends pas cela. L'industrie de la construction navale est une industrie du XXIe siècle, une industrie moderne que nous devrions soutenir. Pourquoi ne le faisons-nous pas? Cela dépasse l'entendement.
Il me reste une minute, et j'aimerais en profiter pour inviter les députés d'en face à se lever, au cours de la période réservée aux questions et observations, pour expliquer à la Chambre et aux Canadiens pourquoi ils ne protègent pas, ne soutiennent pas et ne développent pas l'industrie de la construction navale au Canada. Des libéraux pourraient peut-être dire aussi pourquoi ils n'ont pas cette industrie à coeur.
Selon quel plan le gouvernement compte-t-il dépenser les 40 à 60 milliards de dollars alloués à l'industrie de la construction navale sur les dix prochaines années? Ce plan pourrait faire une grande différence pour l'économie des régions canadiennes, surtout les régions côtières, qui sont malmenées depuis quelques années pour toutes sortes de raisons, notamment dans le secteur des pêches. Pourquoi ne pouvons-nous pas faire en sorte que ce type de travaux se fasse au Canada?
:
Madame la Présidente, je remercie mes collègues, et tout particulièrement mon collègue de du travail qu'il a abattu au sujet de l'entente commerciale dont nous discutons, l'accord de libre-échange Canada-Europe, et de nombreux accords de libre-échange que le gouvernement actuel et les gouvernements libéraux précédents ont infligés à la population et aux collectivités du Canada.
J'ai bien dit « infligés » puisque l'AELE m'inquiète grandement tout comme il inquiète les députés de mon caucus. Nous nous étions beaucoup inquiétés également au sujet du premier accord de libre-échange entre le Canada et les États-Unis, l'ALENA, de l'accord de libre-échange entre le Canada et la Colombie, de l'Accord multilatéral sur l'investissement, de l'accord de libre-échange avec la Corée et du Partenariat pour la sécurité et la prospérité, qui n'apporte ni sécurité, ni prospérité et qui est loin d'être un partenariat. Il s'agit en effet d'une proposition unilatérale qui risque de compromettre la souveraineté du Canada sur l'eau et la sécurité aérienne et notre indépendance en matière de politique étrangère, de culture et de produits technologiques.
L'Accord de libre-échange Canada-AELE, conçu par Jean Chrétien il y a plus de neuf ans, proposé par le ministre du Commerce libéral-conservateur, David Emerson, et présenté à nouveau aujourd'hui par le ministre du Commerce en exercice, suscite de graves inquiétudes pour le secteur de l'agriculture et le secteur de la construction navale au Canada.
Il est ressorti clairement des audiences du comité que le traitement accordé à l'industrie de la construction navale du Canada dans le cadre de l'AELE posait problème, cette industrie ayant été abandonnée par toute une suite de gouvernements libéraux et conservateurs.
Bien que le Canada ait le littoral le plus long au monde, il n'a toujours pas de stratégie pour l'industrie de la construction navale. Lorsque les droits tarifaires aux termes de l'AELE auront été éliminés dans 15 ans, l'industrie canadienne ne sera pas en mesure d'affronter la concurrence de la Norvège. L'Accord de libre-échange Canada-AELE est un autre de ces accords bilatéraux sur le commerce conclu à la hâte par le gouvernement conservateur et il illustre bien une approche parcellaire en matière de commerce qui manque de cohérence et qui n'est pas fondée sur une politique et une perspective de commerce équitable.
Les Canadiens sont en droit de s'attendre à ce que leur gouvernement soutienne l'emploi au Canada. C'est ce qu'ont fait valoir Andrew McArthur, un membre du conseil d'administration de l'Association de la construction navale du Canada ainsi que les représentants des Travailleurs unis de l'automobile, des intervenants qui ont comparu devant le comité. À leur avis, le secteur de la construction navale doit être exclu de cet accord et le gouvernement fédéral doit immédiatement favoriser l'établissement d'un mécanisme de financement structuré et la déduction pour amortissement accéléré pour le secteur.
À ces témoignages sont venues s'ajouter les inquiétudes exprimées par Mary Keith, la porte-parole du conglomérat de la construction navale Irving, concernant l'Accord de libre-échange Canada-AELE.Voici ce qu'elle a déclaré:
Il s'agit d'un coup dur pour les secteurs de la construction navale et des services maritimes canadiens.
Comme il le fait depuis 12 ans, le gouvernement du Canada continue de sacrifier les constructeurs navals et les armateurs canadiens pour pouvoir conclure des accords de libre-échange avec d'autres pays.
Voilà justement pourquoi le député de consent de tels efforts pour que le projet de loi soit amendé à l'étape du rapport. L'industrie de la construction navale est à un point tournant.
Voici ce qu'ont dit à ce sujet M. Andrew McArthur et M. George MacPherson devant le Comité du commerce international le 3 mars:
L'industrie canadienne de la construction navale tourne déjà au tiers environ de sa capacité. La demande canadienne de navires sur les 25 prochaines années est évaluée à 40 milliards de dollars. Aux termes des accords de libre-échange proposés avec la Norvège, l'Islande et bientôt la Corée, puis le Japon, ces emplois dans les chantiers navals canadiens sont sérieusement menacés. En fait, le projet du gouvernement est pure folie et il est scandaleux.
Imaginez donc. La demande est évaluée à 40 milliards de dollars, et elle ne profitera pas aux travailleurs canadiens.
Nous sommes d'avis, depuis le premier jour, que la construction navale devrait être exclue de l'accord avec l'AELE. Le gouvernement nous a dit catégoriquement et ce, à maintes reprises, que ce n'est pas possible. Nous avons alors soulevé la question de la Jones Act aux États-Unis, qui permet d'exclure la construction navale de l'ALENA. Nous n'avons pas le droit de construire ou de réparer des navires pour les Américains. Pourtant, les Américains ont un accès libre à notre marché. C'est donc dire que des industries sont bel et bien exclues. Je suis sûr qu'il y a une foule d'autres exemples.
Malheureusement et apparemment, ce genre de choses est possible seulement aux États-Unis.
Les néo-démocrates proposent au gouvernement de reprendre la rédaction du projet de loi pour exclure la construction navale. Nous espérons que les libéraux des provinces atlantiques vont comprendre la sagesse de cet amendement et appuyer les hommes et les femmes vaillants qui oeuvrent dans la construction navale au pays.
Le projet de loi doit tout simplement être modifié. Ce n'est pas la première fois, comme je l'ai indiqué, qu'on est en présence d'un accord commercial, préconisé par les libéraux et les conservateurs, qui aura comme effet d'anéantir des emplois et des industries au Canada. À de nombreuses reprises, on a vu une telle calamité s'abattre sur des circonscriptions comme la mienne, à London, en Ontario, et sur des municipalités comme les petites agglomérations du Sud-Ouest de l'Ontario. Qu'il s'agisse de la zone de libre-échange, de l'ALENA ou de l'accord de libre-échange avec la Corée, les accords de libre-échange ont eu pour effet de voler à des familles leur gagne-pain et de leur enlever leurs perspectives d'avenir.
L'ALENA était censée engendrer la prospérité au Canada. Au contraire, les industries ont, les unes après les autres, abandonné les travailleurs qui avaient fait leur succès et les municipalités qui avaient payé les infrastructures leur ayant permis de prospérer. Elles ont abandonné ces gens pour s'établir à des endroits où l'on sacrifie l'environnement et les normes de sécurité et où les employés doivent se contenter de maigres salaires. Elles ont fait ce choix même si les travailleurs canadiens sont parmi les meilleurs et les plus compétents au monde.
Par exemple, une étude détaillée des niveaux de productivité sur les chaînes de montage d'automobiles de l'Amérique du Nord confirme que les usines canadiennes sont les plus efficaces du continent. Le rapport Harbour, qui est l'enquête la plus respectée sur la productivité dans l'industrie de l'automobile, indique que la productivité moyenne de la main-d'oeuvre dans les usines canadiennes de montage d'automobiles dépasse de 11 p. 100 la productivité dans les usines étasuniennes et de 35 p. 100 la productivité des usines mexicaines. Je me permets de dire que ce constat est vrai également au sujet des chantiers navals.
L'usine de camions de Navistar, à Chatham, et l'usine de camions Sterling, de St. Thomas, sont deux exemples tragiques de l'exode d'usines rentables et productives qui ont fermé leurs portes. Les familles et les collectivités en ont payé le prix. J'ai rencontré les travailleurs de ces usines et leurs familles. Les conséquences de ces pertes d'emplois sont dévastatrices, car ce sont des espoirs, des perspectives, des rêves et des avenirs qui sont détruits en même temps.
L'ALENA n'est pas la seule entente commerciale qui menace nos collectivités. Le gouvernement est encore en pourparlers avec la Corée du Sud pour mettre en place un accord de libre-échange fondamentalement déséquilibré. Le gouvernement est prêt à tolérer un déficit commercial de plus de trois milliards de dollars au prix de milliers d'emplois. En vertu de cet accord, la Corée pourra continuer de fermer ses marchés nationaux aux véhicules canadiens. En outre, il sera impossible de faire respecter l'engagement pris par les Coréens de supprimer les barrières non tarifaires.
En 2005, le Canada a importé pour 5,4 milliards de dollars de marchandises de la Corée, tout en n'y vendant que pour 2,8 milliards de dollars d'exportations. L'automobile compte pour 67 p. 100 de ce déficit. Le Canada a importé 129 376 véhicules légers en ne vendant pratiquement aucun véhicule à la Corée en contrepartie. Comment parler de libre-échange ou d'échanges commerciaux équitables? Cet accord est semblable à l'ALE, à l'ALENA, à l'accord commercial Canada-Colombie, à l'AMI et au PSP. Toutes ces ententes ont pour conséquence de priver nos familles et nos collectivités de nombreux emplois.
Je vais citer quelques lettres que m'ont adressées des personnes qui sont très préoccupées par cet accord commercial.
La première est signée par Robert Vance, qui est très inquiet et découragé. Il travaille dans un chantier naval. Voici ce qu'il écrit:
Il est honteux de penser que de nombreux autres pays, dont certains sont parties à l'accord de libre-échange avec des pays européens, soutiennent énergiquement leur industrie de la construction navale alors que le Canada s'en abstient.
L'un des aspects les plus étonnants pour moi comme travailleur dans un chantier maritime, c'est que tous les intervenants de l'industrie, y compris les propriétaires, les exploitants et les syndicats d'un océan à l'autre ont mit l'accent sur la nécessité de mesures d'aide durant les nombreuses réunions de comité qui portaient sur l'usage des négociations sur le libre-échange.
Malheureusement, le Parti libéral du Canada n'a pas cru bon d'appuyer ces travailleurs. Il a plutôt choisi de donner son appui aux conservateurs.
Le gouvernement et tous les parlementaires ont le devoir de protéger les emplois et les industries du Canada, y compris l'agriculture, la construction navale, de même que le secteur manufacturier et celui de l'automobile. Nous devons protéger les emplois et les industries du Canada pour nos collectivités, pour nos travailleurs, pour notre pays.