Que la Chambre reconnaisse le rôle indispensable que joue la Société Radio-Canada–CBC en diffusant des émissions nationales, régionales et locales, y compris des bulletins d’information et des services de nouvelles aux minorités linguistiques à travers le Canada et, par conséquent, qu’elle affirme regretter les difficultés économiques et les licenciements massifs à la Société Radio-Canada–CBC et qu’elle presse le gouvernement de fournir à la Société Radio-Canada–CBC le financement de transition dont elle a besoin pour maintenir son effectif et ses services au niveau de 2008.
— Madame la Présidente, je vais partager le temps dont je dispose avec mon collègue d'.
Il est regrettable que nous soyons dans l'obligation aujourd'hui de présenter une motion comme celle-ci pour tenter, une fois de plus, d'attirer l'attention du gouvernement sur le financement de notre diffuseur public. Le gouvernement, s'il avait fait ses devoirs et s'il avait écouté et compris un peu, aurait déjà compris l'importance du rôle joué par Radio-Canada, et il aurait agi en conséquence.
Comme on le sait, la Société Radio-Canada—CBC doit supprimer 800 emplois et vendre pour près de 125 millions de dollars d'actifs simplement et uniquement pour boucler le budget de l'année prochaine.
Le gouvernement conservateur sait depuis fort longtemps que le diffuseur public a un manque à gagner de 171 millions de dollars dans son budget, et il n'a rien fait pour empêcher les mises à pied, les réductions de programmes et la vente des actifs. La société n'a reçu aucune aide de la part du gouvernement. En fait, c'est comme si le gouvernement était heureux que tout cela se produise.
Radio-Canada n'a jamais demandé — c'est important de le mentionner — d'avoir plus d'argent de la part du gouvernement, comme celui-ci le dit. Ce que Radio-Canada a demandé, c'est d'avoir plus de flexibilité financière pour être capable de traverser cette crise de revenus publicitaires qui, disons-le, touche l'ensemble des radiodiffuseurs au pays.
Jusqu'à présent, le gouvernement fédéral a refusé d'accorder un prêt ou une avance sur l'enveloppe de l'année prochaine. Cette inaction oblige la Société Radio-Canada—CBC à faire des choix déchirants qui auront des conséquences absolument désastreuses sur son travail de radiodiffuseur public national et qui mettent en péril son propre avenir.
Selon le président-directeur général de Radio-Canada, M. Hubert Lacroix, la société devra réussir à vendre pour 125 millions de dollars d'actifs afin que ce plan de compression tienne la route, sans quoi il faudra revenir à la case départ. Si la société ne peut pas vendre 125 millions de dollars d'actifs et garder l'argent, cela signifiera davantage de coupes à Radio-Canada.
Toujours selon M. Lacroix, la liquidation des actifs est devenue nécessaire quand le gouvernement conservateur a refusé d'aider Radio-Canada à traverser la présente tempête économique. M. Lacroix mentionnait également que le prêt aurait réduit de façon considérable le nombre de mises à pied et aurait également évité l'obligation de vendre des actifs. Il a aussi dit qu'il était triste que la Société Radio-Canada—CBC ait été laissée sans aucun autre choix que celui d'hypothéquer son propre avenir pour équilibrer ses comptes.
Je peux dire que le Parti libéral du Canada n'aurait jamais tourné le dos de la sorte à la Société Radio-Canada—CBC. Nous l'aurions accompagnée afin de lui permettre d'obtenir la marge de manoeuvre nécessaire pour sortir de cette crise. Cela aurait pu éviter les mises à pied et les réductions de service et de programmation.
Mais à cause de l'inaction du gouvernement, des emplois vont disparaître non seulement dans les grands centres comme Vancouver, Toronto et Montréal, mais aussi dans de nombreuses villes et régions du Canada. Je pense ici à des endroits comme Windsor, Thunder Bay, Sudbury, Québec, Moncton, Sydney, Saint-Jean en Nouvelle-Écosse, Corner Brook, Winnipeg, Edmonton, Regina et bien d'autres. La liste s'allonge à cause de cette inaction.
Les compressions annoncées signifient notamment — ce sont des exemples clairs — la transformation de la station de Windsor en centre de production, l'élimination du Téléjournal Acadie du midi et la fin de L'Ontario aujourd'hui.
Je ne crois pas que les francophones en milieu minoritaire soient impressionnés par le travail du gouvernement dans ce dossier. En fait, je pense qu'il n'y a pas un francophone qui soit impressionné par son travail dans ce dossier. Lorsqu'on croit de façon sincère à la dualité linguistique, à la promotion et au respect de nos deux langues officielles, on s'assure d'investir les sommes nécessaires, sinon cela devient un discours vide de sens, exactement comme celui du gouvernement.
Notre diffuseur public est très important pour toutes les régions du pays, et je suis particulièrement déçu et choqué que le gouvernement choisisse d'abolir des postes de journalistes, de réalisateurs et d'artisans tant de la télévision que de la radio et des nouveaux médias. Au moment même où il dit qu'il veut créer des nouveaux emplois, il permet cette situation et fait en sorte qu'on coupe 800 postes à Radio-Canada.
Il faut qu'il se branche: ou on investit pour se sortir de la crise ou on ne fait rien, comme c'est le cas actuellement par rapport à Radio-Canada.
Il est aussi inacceptable que ces compressions, dues à l'inaction du gouvernement, touchent les services offerts en français aux communautés francophones en situation minoritaire. Nous savons que ces communautés comptent sur la Société Radio-Canada pour diffuser et promouvoir leur culture partout au pays. Le gouvernement a une importante responsabilité quant à nos deux langues officielles, et c'est à lui d'assumer cette responsabilité au lieu d'essayer de se défiler.
Rappelons rapidement le mandat de Radio-Canada. Premièrement, Radio-Canada a pour mandat de refléter la globalité canadienne et de rendre compte de la diversité régionale du pays, tant sur le plan national que régional, tout en répondant aux besoins particuliers des régions. Deuxièmement, Radio-Canada doit contribuer activement à l'expression culturelle et à l'échange des diverses formes que cette expression peut prendre. Troisièmement, sa programmation doit être offerte en français et en anglais de manière à refléter la situation et les besoins particuliers des deux collectivités de langue officielle, y compris ceux des minorités de l'une ou l'autre langue. Quatrièmement, sa programmation doit chercher à être de qualité équivalente en français et en anglais. Cinquièmement, Radio-Canada doit contribuer au partage d'une conscience et d'une identité nationale. Sixièmement, sa programmation doit être offerte partout au Canada de la manière la plus adéquate et efficace possible, au fur et à mesure de la disponibilité des moyens. Dernièrement, Radio-Canada a aussi pour mandat de refléter le caractère multiculturel et multiracial du Canada.
Comment la Société Radio-Canada—CBC peut-elle remplir cet important mandat — on vient de le voir — lorsqu'elle fait face à un manque à gagner de 171 millions de dollars? Comment peut-elle être présente en région, au Nouveau-Brunswick, à Terre-Neuve-et-Labrador, au Manitoba ou encore en Colombie-Britannique si on ne lui donne pas les outils pour pouvoir ce faire? C'est de cela que parle la présente motion. Devant l'inaction et l'insensibilité du gouvernement conservateur, cette Chambre se doit d'agir.
C'est clair que le gouvernement souhaite la fin de la Société Radio-Canada—CBC, et ce n'est pas d'hier. Voici les propos de l'actuel alors qu'il était député en cette Chambre, le 28 mars 1995:
Si nous examinons l'industrie de la télévision au Canada, nous constatons qu'il y a deux radiodiffuseurs nationaux privés qui, tous deux, réussissent à faire des bénéfices la plupart du temps. Puis, il y a la Société Radio-Canada, qui est hypothéquée au maximum et qui coûte plus de un milliard de dollars par an. S'il y a deux gagnants et un perdant, cela tient principalement au fait qu'il y a une motivation ou une absence de motivation.
La politique du Parti réformiste [son parti] mettrait ce perdant, [Radio-Canada] soutenu par le gouvernement, dans une situation où les subventions lui seraient progressivement supprimées et où l’avenir de la compagnie dépendrait de la satisfaction du consommateur.
Il est question de l'abolition pure et simple de Radio-Canada. C'est clair que ce gouvernement, dirigé très fermement par ce qui contrôle tout, souhaite faire le plus de tort possible au diffuseur public en utilisant l'actuelle crise économique comme toile de fond pour en arriver à ses fins. Le gouvernement veut utiliser la crise économique actuelle pour mettre la hache dans Radio-Canada et mettre fin à cette société. On sait ce que le premier ministre pense de Radio-Canada, mais il est intéressant de savoir que certains de ses propres députés ont récemment exprimé un message qui, lui, était bien différent.
En février 2008, le Comité permanent du patrimoine canadien demandait, dans son rapport au gouvernement, un financement stable et à long terme pour la Société Radio-Canada—CBC. Ces deux recommandations ont été appuyées par les députés du Parti conservateur. Les conclusions de ce rapport ne furent évidemment pas retenues par le gouvernement. En fait, celui-ci n'a pas bougé d'un seul pouce pour venir en aide à notre diffuseur public. Aujourd'hui, l'heure est grave et appelle à l'action.
C'est pourquoi je l'ai dit et je le répète: devant l'inaction et l'insensibilité du gouvernement, cette Chambre se doit d'agir. C'est la raison même de l'existence de la motion et du débat d'aujourd'hui. Je demande à tous mes collègues d'appuyer cette motion.
:
Madame la Présidente, je suis bien heureux de prendre part à ce débat et je remercie mon collègue d' de sa motion et de partager son temps avec moi.
Permettez-moi d'abord une sorte de mise en situation. Nous savons que, la semaine dernière, Radio-Canada a annoncé des compressions qui incluent l'élimination de 800 postes d'ici la fin septembre afin de réaliser des économies d'environ 171 millions de dollars. Nous savons également que le gouvernement conservateur, par la voix de son , répète depuis longtemps qu'il n'est pas question de faire un prêt à long terme, de donner des avances ou de lever le petit doigt, en fin de compte, pour aider la Société Radio-Canada.
Au cours de mon intervention, je vais principalement discuter d'un rapport intitulé CBC/Radio-Canada: définir la spécificité dans un paysage médiatique en évolution, un rapport auquel mon collègue a fait allusion et qui a été déposé ici en Chambre en février 2008. Il fut le fruit d'un long travail de plus d'un an, effectué avec beaucoup de sérieux par l'ensemble des membres du Comité permanent du patrimoine canadien. Il faut souligner la coopération réelle qui existait à ce moment-là entre les représentants des divers partis qui travaillaient dans l'optique de l'établissement d'une base solide pour l'avenir de notre diffuseur public, un diffuseur public de qualité.
[Traduction]
Depuis mon élection au Parlement en tant que représentant de la circonscription d'Ottawa—Vanier, je milite en faveur du secteur culturel, notamment pour le bien-être de notre radiodiffuseur national.
[Français]
Comme je l'ai dit dans le passé, je suis tout à fait favorable à la présence d'un radiodiffuseur public au Canada. Plus que cela, je crois même que cette présence est essentielle et je suis résolu à défendre le mandat de CBC-Radio-Canada et à améliorer son rôle. À mon avis, vu l'augmentation des émissions de télévisions étrangères, il nous incombe, en tant que parlementaires, de voir à la promotion du contenu canadien, par sa création, d'abord, et ensuite par sa diffusion. Pour ce faire, un diffuseur public est essentiel, je le répète.
D'ailleurs, les exemples de pays ayant un diffuseur public sont nombreux. Il y en a au moins 18. Je mentionnerais l'Australie, la Grande-Bretagne, la Suède, la France. En France, par exemple, le président, présentement, a fait en sorte que toute publicité à la télévision publique française devra disparaître et cela sera financé à même les deniers publics. Alors, peu importe la situation dans tel ou tel pays, je crois sincèrement que notre gouvernement devrait doter Radio-Canada d'un financement plus adéquat. Les pistes de solutions sont présentes dans le rapport auquel j'ai fait allusion.
Je vais mentionner essentiellement quatre points principaux de ce rapport. Les recommandations tournaient autour de cinq grands thèmes.
[Traduction]
Le rapport parle premièrement de limiter, puis de réduire graduellement les revenus liés à la publicité. Je citerais la recommandation 4.8 qui dit ceci:
Le Comité permanent du patrimoine canadien reconnaît la nécessité courante et l’importance de tirer des recettes publicitaires de la télévision ainsi que des nouvelles plateformes et accepte que CBC/Radio-Canada continue à exploiter ces sources de revenus. Cependant, le Comité recommande également que le gouvernement du Canada et CBC/Radio-Canada travaillent à diminuer la dépendance relative de la Société aux revenus publicitaires provenant de ses réseaux de télévision.
[Français]
Cette recommandation était acceptée par tous. On se retrouve aujourd'hui dans une situation où on peut dire que les membres du caucus gouvernemental ne semblent pas du même avis que les membres du gouvernement à l'époque. Il faudrait vraiment voir à ce qu'il y ait une planification à plus long terme parce que, effectivement, il y a eu une crise dans l'économie canadienne et mondiale et les revenus publicitaires ont diminué. Il appartient au gouvernement d'intervenir et d'appuyer notre diffuseur public, ce que le gouvernement ne semble pas vouloir faire.
[Traduction]
Des recommandations ont aussi porté sur l'idée de refléter tous les Canadiens, et tous s'entendaient pour dire que CBC/Radio-Canada devait s'améliorer afin que les Canadiens s'identifient davantage à leur diffuseur public, et ce, dans toutes les régions et dans tous les domaines — affaires publiques, arts et ainsi de suite. Un certain nombre de recommandations ont été formulées à cet égard et tous les partis les ont appuyées. On s'attendrait donc à ce que le parti au pouvoir agisse en fonction de ces recommandations.
On a recommandé de protéger l'autonomie de CBC/Radio-Canada. Je vais citer la recommandations 1.13:
Le Comité recommande la ratification d’un protocole d’entente d’une durée de sept ans entre le gouvernement du Canada et CBC/Radio-Canada qui explicitera les obligations respectives des signataires. Le Comité permanent du patrimoine canadien sera chargé de l’examen du protocole d’entente, et mènera des consultations publiques s’il le juge nécessaire.
Cette recommandation a fait l'objet de longs débats et était un aspect crucial de notre rapport. En fait, nous voulions commencer à suivre le modèle de la BBC, la British Broadcasting Corporation, afin d'améliorer la stabilité, l'autonomie et la prévisibilité de notre diffuseur, non seulement en ce qui concerne le financement, mais aussi sur le plan des attentes du gouvernement et du Parlement. Tout le monde était d'accord.
Nous avons parlé des nouveaux médias. Une seule des recommandations portait sur la modification du mandat législatif de CBC/Radio-Canada pour veiller à ce qu'elle incorpore les technologies numériques et les autres technologies émergentes dans sa planification et ne soit pas tenue à l'écart de ce processus, comme certains diffuseurs privés le souhaiteraient.
Il y avait aussi une recommandation sur le financement, la recommandation 4.1, que voici:
Le Comité permanent du patrimoine canadien recommande que le gouvernement du Canada s’engage à octroyer à CBC/Radio-Canada un financement pluriannuel stable indexé au coût de la vie. Ce financement devrait être d’une durée minimale de sept ans et être établi dans le cadre du protocole d’entente.
Même si les propositions et les recommandations ne faisaient pas toujours l'unanimité, tous les partis ont appuyé le rapport. Plusieurs recommandations faisaient l'unanimité, mais aujourd'hui ce n'est plus le cas.
Nous avions aussi recommandé que le financement de base de CBC/Radio-Canada, qui est aujourd'hui d'environ 33 $ par Canadien, passe à 40 $ par Canadien. Voici ce qu'a dit à ce sujet le président de Radio-Canada, M. Lacroix, jeudi dernier:
[Français]
Je vais citer le président, M. Lacroix, dans son allocution de jeudi dernier devant la Chambre de commerce du Montréal métropolitain. Il faisait alors ressortir une étude comparative du financement public des radiodiffuseurs de 18 pays.
L'étude révèle qu'en moyenne, ces pays consacrent 76 $ par citoyen pour le radiodiffuseur national. Le Canada se classe au 15e rang, avec 34 $ par citoyen pour Radio-Canada/CBC, qui diffuse en deux langues. À titre de comparaison, la France versera bientôt 77 $ par citoyen, et l'Angleterre 124 $ par citoyen — dans les deux cas pour une diffusion unilingue et donc moins complexe à gérer.
[Traduction]
Les diffuseurs Canadiens connaissent de sérieuses difficultés.
[Français]
Ce gouvernement caresse l'idée d'aider les diffuseurs privés. Le ministre en a parlé récemment. On ne sait pas encore tout à fait comment le gouvernement a l'intention d'aider les diffuseurs privés, que ce soit CTV, Global ou TVA. On s'attend à ce que le gouvernement nous fasse bientôt une annonce expliquant comment il aidera les diffuseurs privés, alors que son diffuseur public a demandé de l'aide et qu'il la lui a refusée. On est en droit de se poser des questions sur la nature des intentions réelles du gouvernement vis-à-vis le diffuseur public.
Comme mon collègue l'a demandé, se sert-il de cette crise pour effectivement couper les vivres à la Société Radio-Canada—CBC? J'espère que ce n'est pas vrai.
Toutefois, si le gouvernement du Canada aide effectivement bientôt les diffuseurs privés mais refuse d'aider le diffuseur public, alors que tous subissent les effets néfastes d'une crise économique, on pourra conclure que ce gouvernement ne veut aucunement aider le diffuseur public, contrairement à ce que ses représentants nous ont dit publiquement maintes et maintes fois alors qu'ils travaillaient au rapport que j'ai mentionné.
:
Madame la présidente, remontons quelques mois en arrière, jusqu’en septembre 2008. Le Canada était au beau milieu d’une campagne électorale. Le chef libéral de l’époque a mis notre actuel au défi de se montrer honnête envers les Canadiens et de reconnaître qu’il rêvait de fermer CBC/Radio-Canada. Cela ne pose qu’un petit problème. En fait, c’est le premier ministre libéral Pierre Elliott Trudeau qui a menacé un jour de fermer la porte de CBC/Radio-Canada. Ensuite, les chefs conservateurs ont augmenté le budget de CBC/Radio-Canada, mais pas pendant longtemps. Lorsque le gouvernement libéral Chrétien est arrivé au pouvoir, le financement de CBC/Radio-Canada a été amputé de centaines de millions de dollars. Mais je vais un peu trop vite. Commençons par le commencement.
J’ai le plaisir de parler aujourd’hui de CBC/Radio-Canada. Le député d’ a présenté une motion concernant le rôle que CBC/Radio-Canada joue en diffusant des émissions nationales, régionales et locales aux minorités linguistiques de l’ensemble du pays. Le député veut que le gouvernement fournisse à CBC/Radio-Canada un financement de transition pour maintenir son effectif et ses services au même niveau qu’en 2008.
Premièrement, même si nous sommes toujours attristés d’entendre parler de pertes d’emplois, quand le président de CBC/Radio-Canada a parlé des rajustements touchant le radiodiffuseur national, il a dit que ces compressions étaient inévitables, peu importe que CBC/Radio-Canada obtienne un financement de transition ou non.
Au Canada, le secteur de la radiodiffusion connaît de sérieuses difficultés et doit s’ajuster comme tout autre secteur. Tous les radiodiffuseurs ont dû faire face à des contraintes budgétaires, que ce soit suite à la perte de recettes publicitaires ou à cause des autres réalités qui frappent les nouveaux médias. Ils ont dû faire des choix difficiles.
Les dirigeants de CBC/Radio-Canada ont toute notre confiance. Nous sommes convaincus qu’ils pourront prendre les bonnes décisions et qu’ils pourront continuer à servir tous les Canadiens, y compris les minorités linguistiques de notre grand pays. Ils savent qu’ils doivent se serrer la ceinture, comme tous les Canadiens le font maintenant, et qu’ils doivent ménager l’argent des contribuables.
Nous espérons que CBC/Radio-Canada pourra livrer ses services et les nouveaux produits que les Canadiens espèrent obtenir d’elle. Nous allons surveiller les décisions des membres du conseil très attentivement pour nous assurer qu’elles respectent le mandat de CBC/Radio-Canada et qu’elles traitent les employés équitablement.
CBC/Radio-Canada reçoit plus de 1,1 milliard de dollars par année de notre gouvernement. Sa direction devrait pouvoir gérer l’entreprise avec ce niveau sans précédent d’aide gouvernementale. En fait, le budget affectant ces fonds vient d’être adopté par la majorité des députés, y compris le député d’, qui a voté pour le projet de loi à toutes les étapes.
Le financement que nous réservons à CBC/Radio-Canada a augmenté chaque année depuis notre arrivée au pouvoir. En fait, dans quatre gouvernements successifs, nous avons accru le financement de la société d'État dans chaque budget.
Nous avons fait des promesses très précises dans la plate-forme électorale de notre parti. Nous avons respecté ces promesses. Nous avons pris cet engagement dans nos budgets. Nous n'avons rien changé. Le gouvernement conservateur a accru son soutien à CBC/Radio-Canada année après année.
Les libéraux proposent que nous fournissions du financement de transition à CBC/Radio-Canada pour l'aider à traverser la crise économique actuelle. Le chef libéral a déclaré que cela permettrait à CBC/Radio-Canada de maintenir son effectif actuel et qu'il n'y aurait aucune perte d'emploi. J'ai l'impression qu'il aurait intérêt parler à des dirigeants de cette société.
En fait, Richard Stursberg, vice-président principal, Services anglais, a déclaré la semaine dernière que, lorsque CBC/Radio-Canada a demandé au gouvernement du financement de transition, c'était pour un montant identique. Il a déclaré ceci: « Nous avions demandé 125 millions de dollars. S'ils nous avaient donné cette somme à titre de financement de transition, nous aurions quand même dû éliminer 800 postes. » C'est regrettable, mais c'est la réalité à laquelle les télédiffuseurs doivent faire face.
Le président de CBC/Radio-Canada, Hubert Lacroix, s'est aussi adressé à ses employés la semaine dernière pour faire le point. Il a décrit la situation financière de la société d'État et leur a dit que des changements seraient apportés à leur bureau. Il a parlé en termes très élogieux de notre . Il a déclaré ce qui suit:
J’ai rencontré et parlé plusieurs fois [au ministre]. C’est un homme avec qui je m’entends bien, que je respecte et avec qui je pourrais bâtir une relation d'affaires. Nous semblons partager plusieurs convictions sur ce que doit être le radiodiffuseur public au Canada y compris [...] la nécessité de revoir le modèle du radiodiffuseur public pour éliminer sa dépendance envers les revenus publicitaires pour financer une partie de ses activités.
Permettez-moi de remémorer des souvenirs aux députés, de retourner quelques années en arrière. Retournons en 1993 et au livre rouge des libéraux. Les libéraux avaient alors promis de ne pas réduire le financement de CBC/Radio-Canada.
Je viens d'entendre un député expliquer qu'ils allaient adopter un modèle de financement pluriannuel et ainsi de suite. Cela ressemble beaucoup à ce que préconisait le livre rouge de 1993. Voyons donc ce que les libéraux ont fait après avoir promis de ne pas faire de compressions.
Jean Chrétien a traversé le pays en brandissant le livre rouge, on s'en souvient. Il a fait campagne en promettant de respecter tous les engagements du livre rouge. À la toute dernière page du livre, au tout dernier paragraphe, on peut lire:
[...] nous doterons les institutions culturelles nationales, comme [...] Radio-Canada, d'un budget pluriannuel stable.
On penserait qu'ils s'en seraient souvenus, car on retient généralement la dernière déclaration d'un livre.
Je crois avoir entendu un député citer presque exactement ces propos il y a quelques minutes. Il a dû lire son livre rouge de 1993. Je ne croyais pas les libéraux à l'époque et je ne les crois pas plus maintenant.
Bien sûr, aucune des promesses du livre rouge n'a été tenue. J'ai d'ailleurs donné un aperçu de quelques-unes de ces promesses ce matin.
Je reconnais le mérite des propos du député néo-démocrate qui a invoqué le Règlement il y a quelques minutes. Entre 1994 et 1997, les libéraux ont sabré au moins 414 millions de dollars dans le budget de CBC/Radio-Canada et éliminé 4 000 emplois. C'était tellement d'argent que le président de la société d'État avait démissionné. Les compressions des libéraux l'avaient tellement choqué qu'il était parti.
Je m'en remets une fois de plus à l'ex-premier ministre Jean Chrétien. Tous se souviennent de Peter Gzowski. C'était un grand Canadien. Quand l'ex-premier ministre Chrétien est allé à l'émission de radio que Peter Gzowski animait tard en soirée, il a dit que si CBC/Radio-Canada devait fermer ses portes demain matin, personne n'irait protester dans la rue.
Plus tard, les libéraux sont devenus un peu coincés. Beaucoup ont critiqué publiquement CBC/Radio-Canada, des gens comme le député de , qui a parlé au National Post en février 1996. Il était contre les hausses d'impôt qui permettraient de financer CBC/Radio-Canada. Il a dit ce qui suit:
À mon avis, les Canadiens en ont assez de la TPS et de la TVP. Ils ne veulent pas d'une taxe pour CBC/Radio-Canada.
En 1997, les libéraux faisaient campagne avec un nouveau livre rouge. Rappelons-nous comment ils brandissaient la deuxième édition de leur livre rouge. Celui-ci contenait une nouvelle promesse. Dans les dernières pages de leur programme, ils avaient inclus cette fois un préambule dans lequel ils admettaient leur échec à respecter leur promesse au sujet d'un financement pluriannuel.
En 1993, nous nous étions engagés à doter les institutions culturelles nationales, comme la Société Radio-Canada (SRC), d’un budget pluriannuel stable.
La lutte contre le déficit ayant présenté de grandes contraintes budgétaires, nous n’avons pas pu honorer cette promesse.
Le député de parle de promesse non tenue. Je pense que les libéraux n'ont pas tenu une seule des promesses figurant dans leur livre rouge de 1993, mais je m'éloigne du sujet encore une fois.
Je vais continuer la citation:
À mesure que nous assainirons les finances publiques, nous augmenterons notre effort en faveur de la radiodiffusion publique canadienne.
Qu'est-il arrivé par la suite? Nous pouvons l'imaginer. Ils ont oublié leur promesse électorale. Les compressions ont continué de se multiplier après l'élection de 1997. Le budget de CBC/Radio-Canada a fondu pour atteindre 745 millions de dollars en 1998-1999.
Aujourd'hui, sous un gouvernement conservateur, ce budget est de 1,1 milliard de dollars, ce qui, pour CBC/Radio-Canada, est un record. De 745 millions de dollars sous les libéraux, le budget de la société d'État est passé à 1,1 milliard de dollars sous le gouvernement conservateur actuel.
En 2000, nous avons notamment entendu parler de compressions directement liées à la programmation. Qu'ont-ils donc fait en 2000? Ils ont sabré dans les émissions de début de soirée d'un bout à l'autre du Canada.
Certains Canadiens appréciaient probablement ces émissions. Les libéraux les ont quand même coupées.
Cependant, ils ne se sont pas arrêtés là. Des députés comme Roger Gallaway n'ont jamais cessé de proposer des motions visant à sabrer le financement gouvernemental du réseau anglais.
L'ancien ministre libéral Stan Keyes a dit de CBC/Radio-Canada que, franchement, la société d'État était devenue un monstre. Il a dit que nous avons investi un milliard de dollars dans la télévision de CBC/Radio-Canada et que nous assistons actuellement à un affrontement direct entre un diffuseur public et le secteur privé.
Il n'y a pas que les libéraux qui sont contre la société d'État. Je voulais simplement les montrer du doigt, car ce sont eux qui ont proposé la motion et qui font preuve de la pire hypocrisie dans ce dossier. D'autre part, c'est le seul autre parti qui ait jamais formé un gouvernement à la Chambre. C'est donc le seul parti dont nous pouvons examiner le bilan.
Que peut-on trouver à dire au sujet du NPD et du Bloc québécois? Les néo-démocrates affirment appuyer CBC/Radio-Canada. Pourtant, à chaque occasion qui leur a été donnée de le prouver, ils ne l'ont pas fait. Ils ont systématiquement voté contre les budgets conservateurs depuis 2006.
Voilà le problème avec la position du NPD au sujet de CBC/Radio-Canada. En 2004-2005, le Parlement a augmenté le financement de CBC/Radio-Canada, mais le NPD s'y est opposé. En 2006-2007, nous avons augmenté le financement de CBC/Radio-Canada, mais les néo-démocrates s'y sont opposé. En 2007-2008, nous avons de nouveau accru le financement de CBC/Radio-Canada, et les néo-démocrates ont voté contre.
En 2008-2009, nous avons augmenté le financement de CBC/Radio-Canada. Le NPD s'y est opposé. Puis il y a eu notre Plan d'action économique de 2009. On commence à comprendre ce qu'il en est.
En ce qui concerne les députés du Bloc québécois, ils ont eux aussi voté contre les récentes hausses de financement accordées à CBC/Radio-Canada. Le gouvernement conservateur livre la marchandise, mais le Bloc québécois s'y oppose.
CBC/Radio-Canada existe depuis assez longtemps. Son mandat et son rôle ont été définis et redéfinis au fil des ans.
Le Comité permanent du patrimoine canadien a étudié à diverses reprises et sous divers angles le rôle que devrait jouer CBC/Radio-Canada. La majorité des membres est d'avis que la société devrait fournir des services dans les deux langues officielles dans toutes les régions du pays. Ils conviennent également que les communautés linguistiques minoritaires dépendent des services de nouvelles et d'information qui leur sont fournis.
Au bout du compte, des politiciens de toutes allégeances se sont penchés sur la question de CBC/Radio-Canada et de la radiodiffusion en général. L'actuel chef libéral et député d', par exemple, pontifiant au sujet du rôle des radiodiffuseurs publics et privés en Amérique du Nord a déclaré ceci dans un article paru dans le Toronto Star en 1989:
Je considère nos efforts comme une lutte contre la fragmentation du système de radiodiffusion en Amérique du Nord et contre les hypothèses des radiodiffuseurs publics, dont CBC/Radio-Canada, qui croient que les gens qui les regardent sont stupides et incapables de penser par eux-mêmes.
Les éditorialistes sont également intervenus dans le débat. Bon nombre d'articles d'opinion ont été publié sur les diffuseurs publics.
Le Chatham Daily News a publié l'article suivant en novembre dernier:
CBC\Radio-Canada tire 60 p. 100 de son financement des fonds publics. On pourrait donc s'attendre à ce que ses dépenses soient réduites au minimum.
Le Hamilton Spectator a publié ce qui suit en février dernier:
Qu'on parle de prêt-relais, de programme de sauvetage ou de financement supplémentaire, la demande de CBC/Radio-Canada, qui aimerait bien pouvoir compter sur des fonds fédéraux pour l'aider à traverser la crise, n'est tout simplement pas juste pour les autres diffuseurs... CBC/Radio-Canada doit ... se réinventer un nouvel avenir pour obtenir des fonds supplémentaires.
[Français]
Vincent Marissal, dans La Presse de samedi dernier, a rappelé le commentaire de sa collègue, Nathalie Petrowski, commentaire selon lequel:
[...] le gouvernement libéral de Jean Chrétien a sévèrement amputé le budget de la société d'État il y a près de 10 ans. L'ancien premier ministre [...] avait même affirmé que la disparition de Radio-Canada ne serait pas une grosse perte pour les Canadiens.
À l'époque plus lointaine de Pierre Elliott Trudeau, les libéraux [ont appelé] Radio-Canada « ce nid de “séparatisses” », et rêvaient de mettre de l'ordre dans cette boîte subversive.
Marissal termine en posant une question:
[...] comment se fait-il que libéraux, bloquistes et néo-démocrates, qui ont l'avantage numérique aux Communes, n'aient pas réagi plus tôt, avant l'adoption du budget par exemple, pour forcer la main au gouvernement?
On sait depuis au moins trois mois que Radio-Canada est sur la corde raide, mais les réponses obtenues hier des trois partis laissent croire qu'ils n'ont pas vu venir la crise.
Les gros sabots de l'opposition font beaucoup de bruit, mais cela ne sert pas à grand-chose quand la cavalerie arrive après la bataille.
[Traduction]
André Pratte a écrit en fin de semaine dernière dans la Presse: Si Radio-Canada se trouve dans l'impasse aujourd'hui, ce n'est pas parce que les conservateurs ont été chiches, mais en raison d'une chute de ses revenus publicitaires provoquée par la récession. De plus, la télévision d'État fait face au même problème structurel que les autres télés généralistes: ses coûts augmentent tandis que les recettes se dispersent parmi une myriade de nouveaux médias. Certains estiment que le gouvernement du Canada devrait tout simplement donner plus d'argent à la SRC. Or, qui est convaincu que la Société est gérée de façon serrée? Si le gouvernement doit épauler fermement la société d'État, il doit aussi s'assurer que les fonds des contribuables sont bien investis.
En conclusion, j'aimerais reconnaître le travail de représentation et d'information que la Société d'État offre à bon nombre de Canadiens.
L'industrie canadienne de la radio-télévision a de nombreux défis à relever et ses représentants, y compris CBC/Radio-Canada, doivent se serrer la ceinture. Comme bon nombre de Canadiens l'ont déjà compris, il faut parfois faire des choix difficiles.
Comme pour la plupart des Canadiens, il faut savoir préparer un budget et s'y tenir. Cela tient également pour la société d'État. Nous croyons que la direction sait comment prendre les meilleures décisions pour l'avenir du radiodiffuseur public, en s'assurant de dépenser à bon escient l'argent durement gagné par les contribuables tout en offrant un service très important pour les Canadiens de partout au pays.
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Madame la Présidente, d'entrée de jeu, je dois dire que je suis pas mal tannée d'entendre le gouvernement conservateur dire que le Bloc québécois a toujours voté contre lui, ce qui n'est pas la vérité. En effet, le 10 mai 2006 et le 27 mars 2007, le Bloc québécois votait en faveur des budgets présentés par le gouvernement conservateur. Je prierais donc mes collègues conservateurs de changer leur cassette et surtout, de vérifier leurs informations. Quand ils ne donnent pas l'heure juste et ne disent pas les faits exacts en se basant sur des informations aussi fondamentales, cela nous laisse douter de tout le reste de leur allocution et de toutes les autres données qu'ils présentent en cette Chambre.
Par ailleurs, j'ai entendu, en fin de semaine, quelqu'un dire que Radio-Canada était le GM de l'information. Sur le coup, j'ai trouvé que c'était une formule intéressante, mais après coup, je me suis dit que ce n'était pas le cas pour le gouvernement conservateur. Si Radio-Canada était le GM de l'information, il l'aurait aidée depuis longtemps. J'ai entendu le secrétaire parlementaire dire que Radio-Canada avait des problèmes de revenus publicitaires. Peut-être, mais GM a des problèmes de revenus de vente de véhicules. Le gouvernement est prêt à aidé GM et Chrysler, mais pas Radio-Canada. Voilà ce qu'il faut voir dans le fond du discours du secrétaire parlementaire et du . Ce gouvernement ne veut pas aider Radio-Canada pour des raisons idéologiques.
Les problèmes de Radio-Canada ne datent pas d'aujourd'hui, mais d'il y a longtemps. Dès 2007, les partis d'opposition ont réagi et ont demandé à ce gouvernement de prendre les mesures qu'il fallait. Contrairement à ce que dit le député de , les partis d'opposition, particulièrement le Bloc québécois, ont demandé au gouvernement de réagir. Au Comité permanent du patrimoine canadien, on a fait une étude qui a commencé le 1er mars 2007 et qui a duré un an, jusqu'en février 2008. Il y a eu des centaines de témoignages, 45 séances ont été tenues et 710 lettres et courriels ont été reçus de la part de Québécois et de Canadiens de partout. Dans ce rapport, on retrouve toute la problématique de Radio-Canada, celle de l'année passée et celle d'aujourd'hui qui crée les difficultés actuelles de la société d'État. Je donnerai rapidement les solutions qui ont été avancées. J'ai relu ce rapport récemment. Non seulement les mêmes problèmes reviennent, mais les solutions qui sont proposées sont celles que tout le monde entrevoit actuellement pour Radio-Canada.
D'abord, il faut un financement pluriannuel, stable, indexé et planifié sur sept ans, avec certaines conditions et un protocole d'entente. On suggère une enveloppe de 60 millions de dollars intégrés. Je reviendrai tout à l'heure à cette fameuse enveloppe discrétionnaire du ministre qu'il donne selon son humeur. Il faut un budget à hauteur de 40 $ par habitant. On a parlé tout à l'heure des études sur ce qui se fait ailleurs dans le monde, et qui révèlent que 40 $ par habitant, ce n'est pas trop. Il faut également une moins grande dépendance à la publicité. Le député de a parlé de la perte des revenus publicitaires de Radio-Canada. Il ne faudrait pas, parce qu'elle a du mal à trouver de la publicité, qu'elle ait de la difficulté à faire sa programmation. Ce n'est pas nécessairement une équation.
Dans le rapport de l'année passée, le Bloc a spécifié que le réseau français devrait obtenir toute l'attention et les solutions qu'il mérite. Il y a deux diffuseurs, un anglophone et un francophone, et ceux-ci ont des problèmes différents auxquels il faut apporter des solutions différentes. Il faudrait aussi avoir une télévision d'État qui reflète les valeurs québécoises. Radio-Canada devrait particulièrement refléter les valeurs de la nation du Québec, ce que tout le monde ici a reconnu.
Le Comité permanent du patrimoine canadien a donc étudié à froid les problèmes de la société d'État qui est aujourd'hui dans l'eau chaude. Les députés du comité ont trouvé des solutions dans une ambiance sereine et non pas habitée par les angoisses d'aujourd'hui créées par une situation extrêmement pénible, alors qu'au moins 800 mises à pied se préparent. Le document a plus de 200 pages. Il s'agit vraiment d'un travail très sérieux. Y ont participé mes collègues Maka Kotto, qui siège maintenant à l'Assemblée nationale du Québec et lui fait profiter de sa science, la députée d', qui vous entretiendra cet après-midi, et le député de , qui a aussi participé à l'étude l'an passé. Ce dernier aime tellement le monde de la culture qu'il a même déposé une motion en cette Chambre pour demander à ce gouvernement de rétablir le financement des programmes en arts et en culture qui ont été coupés l'été dernier pour des raisons idéologiques.
Je l'ai dit plus tôt, il y a deux diffuseurs distincts: Radio-Canada, côté français, et CBC, côté anglais. Ils ont des problèmes différents, et il faut trouver des solutions différentes. C'est une erreur de mixer cela, d'essayer de faire quelque chose qui crée une seule entité et d'essayer de colmater des lacunes et de trouver des solutions. Cela ne fonctionne pas et c'est l'un des problèmes actuellement.
Comme je le disais, la CBC reste hélas une télévision en crise permanente — ce n'est pas moi qui le dis; c'est dans un des nombreux rapports du Comité permanent du patrimoine canadien —, alors que:
90 pour cent de toutes les dramatiques regardées par les Canadiens à la télévision anglaise sont étrangères et pour la plupart, américaines.
C'est tiré du rapport intitulé « Un lieu pour tous les Canadiens ». Et c'est vrai que la CBC, en raison de la langue anglaise et de la proximité du pays avec le territoire américain, a des problèmes que la SRC n'a pas. Ce n'est pas difficile à comprendre, mais c'est la stricte vérité. Le Canada est envahi par la télévision américaine.
Lorsqu'un Canadien s'assoit le soir devant son téléviseur, eh bien, il choisit la chaîne de télévision qui a le plus de chances de lui offrir de grandes émissions bien argentées, ce qui crée, pas toujours mais souvent, plus de qualité. Alors, il est tenté de choisir les dramatiques américaines. De fait, non seulement il est tenté, mais il les choisit, car les cotes d'écoute le démontrent, on le sait. Les cotes d'écoute de la CBC à certains égards sont pauvres ou, plutôt, basses. Je ne vais pas plus loin dans mon choix d'épithètes.
La Société Radio-Canada n'a pas le même genre de problèmes. Auparavant, je vais donner un exemple de ce que j'avance. J'ai dit plus tôt que le comité a essayé l'année passée d'amalgamer les problèmes de Radio-Canada et ceux de la CBC, et que cela n'a pas fonctionné. J'ai justement en main une citation du rapport de comité: « D'année en année, les Canadiens et Canadiennes ont assisté au déclin de la programmation de la CBC/Radio-Canada, particulièrement dans les régions ».
C'est sans doute un problème pour la CBC, mais ce n'est pas un problème pour la Société Radio-Canada, car la télé de Radio-Canada en français fonctionne très bien.
La semaine dernière, le téléroman ou la télésérie Les Invincibles frôlait une cote d'écoute de 1 million de personnes. Ce n'est pas rien pour un téléroman diffusé en semaine. Cela raconte l'histoire de jeunes couples modernes, d'aujourd'hui. C'est vraiment très intéressant, bien fait, et les Québécois se reconnaissent dans cette télé. La Société Radio-Canada n'a pas de problème de cotes d'écoute comme la CBC.
Cette différence marquée et profonde, cette réalité de deux défis différents, de deux réseaux différents, ne s'exprime pas clairement dans les recommandations du comité. Face à un constat d'échec dans la capacité d'attirer un important auditoire, le comité semble baisser les bras tout en se félicitant des succès du réseau français.
La séparation de l'étude sur le rôle d'un diffuseur public au XXIe siècle, en deux rapports, l'un sur le réseau français et l'autre sur le réseau anglais, aurait permis d'approfondir les questions qui concernent soit l'un soit l'autre. En vérité, le réseau français de Radio-Canada s'adresse essentiellement aux Québécois — il faut se le dire — et raconte des histoires québécoises faites par des Québécois. Le sentiment d'appartenance nationale des Québécois à l'égard du Québec explique que ceux-ci s'intéressent à leur télévision privée et publique, et les cotes d'écoute le démontrent.
Comme je l'ai dit plus tôt, la CBC a des problèmes de cotes d'écoute essentiellement dus à la concurrence des chaînes américaines. Quant au réseau français — parce qu'il éprouve tout de même des problèmes —, il n'est nullement question de la concurrence américaine, comme le démontraient encore la semaine dernière les cotes d'écoute de la série Les Invincibles.
La Société Radio-Canada est davantage aux prises avec une concurrence féroce de l'entreprise privée, qui pratique la convergence et qui lui dispute âprement l'assiette publicitaire. Les questions du financement des séries lourdes, des droits de suite, de la production maison, du financement des affaires publiques, du respect du mandat de Radio-Canada International et du développement régional de Radio-Canada auraient pris une beaucoup plus large part s'il y avait eu examen séparé.
Il faut constater que même en radiodiffusion, le Québec est une nation différente et que les parlementaires des trois autres partis auraient eu intérêt à reconnaître cette réalité, ce qui aurait permis au comité de faire un bien meilleur travail. Ils ont préféré nier la nation québécoise plutôt qu'appuyer adéquatement un diffuseur public multinational.
Le Bloc a participé à l'élaboration des recommandations du comité et y a adhéré. Le Bloc québécois réitère qu'il croit en une vraie télévision publique, nationale, forte et bien financée. Tout d'abord, il croit en un financement pluriannuel sur sept ans, stable et indexé; c'est la recommandation 4.1 de la page 123. On voit que l'opposition a bien fait ses devoirs. Je tiens à dire que, l'année dernière, au moment où ce rapport de comité a été déposé en Chambre, c'était au gouvernement conservateur de prendre la balle au bond, d'accepter les recommandations et de les appliquer. Si ce gouvernement conservateur avait vraiment voulu faire quelque chose pour Radio-Canada et solutionner les problèmes que nous appréhendions à ce moment-là et qui arrivent aujourd'hui, il aurait agi, comme le a réagi quand il a entendu que CTV avait des problèmes. Il a bondi comme une balle et a dit que oui, on allait l'aider. Ce n'est pas cela qu'on entend de la part du gouvernement conservateur. On n'entend pas qu'il va aider Radio-Canada. Nous entendons : « Ça dépend de ceci, ça dépend de cela, ce n'est pas de notre faute, c'est la faute des libéraux, c'est la faute du NPD, le Bloc québécois a voté contre. » Ce gouvernement ne fait rien et pourtant, on l'a dit l'année dernière en cette Chambre et on l'a écrit, à savoir que CBC-Radio-Canada a besoin d'un financement stable de sept ans. Elle a besoin de 40 $ par habitant et ce n'est vraiment pas beaucoup. Certains pays dans le monde donnent 80 $ par habitant. Dans les 18 pays du monde industrialisé, on se retrouve en queue de peloton, juste avant les États-Unis qui n'en ont pas besoin pour toutes les raisons qu'on sait, entre autres à cause de leur grande population. On a besoin de 40 $ par habitant.
Justement, quand ce gouvernement conservateur vient nous dire en Chambre qu'il n'a jamais donné autant pour Radio-Canada, je me réfère aux documents du budget. J'y vois qu'en 2005-2006, alors que c'était un gouvernement libéral, le budget était de 1 milliard 97 millions de dollars. Ce n'est pas moi qui l'invente, c'est dans les budgets du gouvernement. Cette année, qu'est-ce que prévoit ce gouvernement? Selon le Budget principal des dépenses, c'est 1 milliard 52 millions de dollars. C'est 62 millions de dollars de moins. Ah, ah! me répondra-t-on, il y a une enveloppe de 60 millions de dollars. Mais oui, cette enveloppe viendra peut-être. C'est comme cela année après année. On a finalement annoncé cette enveloppe supplémentaire il y a quelques jours. Le ministre s'est laissé tirer l'oreille et l'a accordée. Toutefois, cela dépend toujours de l'humeur du ministre. Il l'a donne, année après année. Il n'y a pas une année où elle n'a pas été donnée, mais comment cela se fait-il que cela ne fasse pas déjà partie de ce budget? Pourquoi est-ce que le ministre est obligé de brandir cette carotte-là? Il dit: « Si vous êtes fin, je vais vous la donner tout de suite, si vous n'êtes pas fin, je vais vous la donner plus tard. » Cela ne fonctionne pas ainsi, cela n'a pas de bon sens. Ce n'est pas comme cela qu'on gère une société d'État quand on a envie qu'elle soit forte et en santé.
Bref, quand ils auront donné les 60 millions de dollars qu'ils ont dit qu'ils donneraient cette semaine, le total sera de 1,1 milliard de dollars. Comme je l'ai dit tout à l'heure, comparativement à 1 milliard 97 millions de dollars des libéraux, il me semble que 3 millions de dollars ce n'est pas une grosse différence et cela ne représente même pas le 1,5 p. 100 d'augmentation des salaires que ce gouvernement donne. On sait qu'à Radio-Canada, l'augmentation des salaires est peut-être à 2 p. 100, alors ils sont déjà dans le trou.
Alors oui, il y a une baisse des revenus publicitaires, mais cela n'explique pas tout. Ce gouvernement conservateur ne respecte pas non plus l'économie et le phénomène des dollars constants. En effet, si on calcule en dollars constants, on s'aperçoit qu'il manque 300 millions de dollars à Radio-Canada pour dire qu'elle avait le même budget qu'il y a 20 ans. Ces conservateurs nous disent n'importe quoi. De toute façon, on l'a vu au début. Les informations qu'ils nous donnent ne sont pas vraies et celle-là ne l'est pas non plus. Quand les conservateurs disent que c'est le gouvernement qui a donné le plus à Radio-Canada, ce n'est pas la vérité.
Pour revenir aux 40 $ par habitant, si ce gouvernement est sérieux, si ce est sérieux, qu'il se lève en cette Chambre et dise que dorénavant, il accordera 40 $ par habitant. Je dois dire que les conservateurs, dans un rapport supplémentaire, ne se sont pas montrés en désaccord avec ce montant de 40 $. Tout ce qu'ils ont dit, c'est qu'ils voulaient savoir ce que Radio-Canada allaient faire avec cet argent.
Peut-être qu'en regardant le plan d'affaires d'Hubert Lacroix, le PDG de Radio-Canada, le pourrait effectivement constater qu'il a 171 millions de dollars à combler s'il vend 125 millions de dollars d'actifs. Peut-être qu'il comprendra un peu ce qu'il a à faire. En effet, malgré ces 171 millions de dollars de déficit et malgré la vente de 125 millions de dollars d'actifs, il est obligé de faire 800 mises à pied, ce qui n'est pas normal. Si le ministre veut vraiment savoir ce que notre radiodiffuseur public ferait de 40 $ par habitant, il n'a qu'à lire la liste du déficit actuel de Radio-Canada et il le verra bien.
Mais si ce gouvernement est sérieux, s'il veut vraiment aider Radio-Canada, il y a une solution: 40 $ par habitant. Trois mots. Ce n'est pas compliqué, il n'a qu'à le faire et on va finalement finir par croire que ce gouvernement conservateur veut vraiment faire quelque chose pour notre radiodiffuseur public. Jusqu'à maintenant, il n'a rien fait. Il n'a absolument rien fait.
Bref, je l'ai dit tout à l'heure, inclure les 60 millions de dollars supplémentaires est extrêmement important. Ce petit jeu du chat et de la souris devient ridicule: je suis de bonne humeur, je le donne tout de suite; je ne suis pas de bonne humeur, je le donnerai tout à l'heure. Cela n'a aucun sens.
Il faut diminuer la dépendance de Radio-Canada aux revenus publicitaires. À peu près tous les courriels et tous les messages reçus par le comité l'année passée lors de l'étude suggéraient d'enlever la publicité de la télévision de Radio-Canada, comme on l'a enlevée à la radio. Pourtant, tout le monde n'est pas d'accord sur ce point. Certains trouvent que cela crée une belle interactivité avec le milieu, particulièrement dans les milieux régionaux. Mais il faut diminuer la dépendance de Radio-Canada à la publicité. Évidemment, la perte des revenus publicitaires n'est pas une bonne idée actuellement pour l'ensemble des télévisions. Il reste qu'il est vrai que c'est en temps de crise qu'on fait des choix. Peut-être que ce choix pourrait être fait rapidement.
En terminant, le Bloc québécois continuera d'appuyer Radio-Canada et de travailler pour la défendre contre un gouvernement insensible aux arts, à la culture et au développement culturel. C'est pourquoi le Bloc souhaite si ardemment que toutes les responsabilités des arts, de la culture et de la radiodiffusion soient transférées le plus rapidement possible au gouvernement du Québec, où existe une réelle préoccupation et une vraie sensibilité aux activités culturelles et des télécommunications avec les budgets afférents, il va sans dire, et ce, en souhaitant que ce ne soit qu'un élément de transition vers la souveraineté du Québec.
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Madame la Présidente, je suis fier de prendre la parole et de représenter les gens de ma région de Timmins—James Bay.
C’est avec le cœur lourd que je vais traiter de la question d’aujourd’hui. Je craignais qu’à un moment donné nous aurions à débattre l’avenir de la Société Radio-Canada en Chambre à la suite des attaques menées par le gouvernement contre ce radiodiffuseur.
À titre préventif, le comité du patrimoine auquel j’ai siégé l’année dernière, avait pourtant étudié le dossier de la SRC pour permettre à tous les députés de vraiment comprendre le rôle et l’importance de ce radiodiffuseur et de faire en sorte que tous les partis puissent adhérer à un plan de réforme de la société d'État. Le NPD avait alors travaillé en étroite collaboration avec ses alliés, soit le Bloc, les libéraux et les conservateurs, pour élaborer un plan. Malheureusement, le ministre n’a pas tenu compte du plan préparé par le Comité du patrimoine qui était destiné à s’attaquer aux nombreux problèmes de sous-financement auxquels était confrontée la SRC. La crise qui en a découlé constitue une partie du problème actuel.
Les pertes d’emplois que l’on annonce à la SRC interviennent au moment où les marchés locaux et régionaux de la radiodiffusion au Canada traversent une crise sans précédent. Des stations de télévision locales de diffuseurs privés ferment un peu partout au pays. Des stations de télévision fières et indépendantes qui étaient devenues des conglomérats, sont aujourd’hui bazardées comme s’il s’agissait de simples rebuts, même si pendant des décennies elles ont augmenté leur part d’auditoire et ont été une voix locale.
Il n’y a pas de meilleur exemple à cet égard que celui de CHCH-TV à Hamilton, qui a rempli un rôle exceptionnel. La chaîne Canwest, qui l'avait absorbée, est aujourd'hui en train de s’en départir. Voilà le genre de crise à laquelle nous sommes confrontés dans le domaine de la radiotélévision. D’ailleurs, ce ne sont pas que les radios et les télévisions qui sont touchées, parce que les journaux le sont également. Nombre de quotidiens locaux, dont beaucoup existent depuis plus d’un siècle, sont rachetés par des géants.
La concentration des médias est toujours suivie du même résultat: on réduit le personnel à l’échelon local et l’on se débarrasse de la voix locale au point où de nombreux quotidiens locaux au Canada, qui ont servi leurs localités pendant des décennies, voire durant tout un siècle, ne présentent plus d’éditorial produit sur place. C’est désormais l’un des membres de la petite caste régnante de l’oligarchie de la presse qui signe un éditorial national. Et à chaque fois, les gens ont l’impression que l'information touchant leur localité est battue en brèche. Ça se produit petit à petit, mais aujourd’hui nous sommes plongés en pleine crise de la radiodiffusion.
Parlons donc de la SRC. La Société Radio-Canada est importante dans le paysage de la radiodiffusion canadien, parce qu’elle favorise le dialogue entre les Canadiens. C’est d’ailleurs ce qu’est censé faire un diffuseur public et que ne peut faire un diffuseur privé. Cela ne revient pas à dire que les radiodiffuseurs privés n’ont pas une niche à occuper et qu’ils ne s’acquittent pas correctement de leur rôle, mais ce concept de dialogue national n’est possible que grâce à un radiodiffuseur public.
Voici un exemple. Lorsque j’étais beaucoup plus jeune, j’étais actif dans les médias. Je dirigeais ma propre revue indépendante consacrée aux médias et un service en ligne qui était la voix du Nord. J’ai travaillé comme radiodiffuseur pour Studio 2, un service provincial. J’ai travaillé pour CBC/Radio-Canada, où je suis allé grâce à mon travail dans le domaine des arts.
Lorsque j’étais beaucoup plus jeune, mon groupe musical a enregistré la première cassette des Grievous Angels. Avant même d’avoir un disque, nous avons eu une cassette. Nous nous sommes dit que, si nous arrivions à la remettre à Stuart McLean, il la ferait passer à la radio, et il l’a fait. Notre première diffusion publique nationale, nous la devons à quelqu’un qui a interpellé Stuart McLean en pleine rue pour lui dire : « Voici une cassette, monsieur McLean. La feriez-vous passer à l’émission nationale du matin? » Et bientôt, le groupe a été interviewé par Peter Gzowski à Morningside. À compter de ce jour-là, ce très petit groupe local a été invité à se produire aux quatre coins du Canada.
Si je raconte cela, ce n’est pas pour me vanter, mais pour dire qu’il n’y a aucun autre radiodiffuseur au Canada qui aurait accepté de faire passer à la radio une chanson d’un groupe complètement inconnu, qui a ensuite été invité à donner des spectacles à Vancouver, à Winnipeg, à Edmonton, un peu partout au Canada. Les auditeurs l’avait entendu et s’était reconnu dans ses chansons.
CBC/Radio-Canada a joué un rôle dans tout le Canada en permettant à de nouveaux artistes, à de nouveaux auteurs, à de nouveaux penseurs de se faire connaître. Lorsqu’ils sont interviewés, que ce soit par Gzowski à l’époque, ou, aujourd’hui, par Jian Ghomeshi à l’émission Q, ou à n’importe quelle autre émission, les auditeurs écoutent, et ils ont l’impression d’être mêlés à la conversation. Lorsqu’il y a des compressions comme celles dont nous discutons aujourd’hui, on entrave les échanges entre les régions.
Pour moi, c’est particulièrement flagrant dans le cas des compressions qui vont toucher le Nord de l’Ontario, la station de Sudbury et celle de Thunder Bay. Sur ce marché, la station de Sudbury dessert une région à peu près aussi grande que l’Europe de l’Ouest. Éliminer huit emplois sur 16 à cette station, c’est éliminer la capacité de cette station de représenter le Canada dans une multitude des localités dont certaines sont situées sur les rives de la baie d’Hudson et de la baie James, et dans d’autres localités isolées du Nord. Cette station sera désormais incapable de faire ce travail.
À cause des compressions, nous ne pourrons pas avoir à la fois une émission du matin et une émission de l’après-midi. Il faudra choisir. Mettons que nous perdions l’émission de l’après-midi, à la station de Sudbury. Qu’est-ce que cela veut dire, dans le grand ordre des choses? Peut-être rien pour les habitants d’autres régions, mais nous perdrions la seule émission qui fait la promotion des auteurs locaux, des artistes régionaux, des voix régionales. De grands artistes comme Kate Maki, qui a fini par acquérir une renommée nationale, n’auront pas la chance d’être lancés, puisqu’ils ne seront pas entendus à l’émission locale de l’après-midi. La station de Sudbury a eu pour rôle de desservir une vaste région.
La station joue un autre rôle absolument précieux dans notre région : nous avons un service francophone qui s’adresse à la très importante population d’expression française du Nord-Est, et nous avons une radio anglophone. Voilà un cadre où les populations des deux langues peuvent avoir des échanges.
Au Service du Nord de Radio-Canada, nous avons des émissions dont les hôtes conversent ensemble, si bien que les milieux anglophones connaissent et comprennent les enjeux de la collectivité francophone. Éliminer ces liens radiophoniques, c’est mettre un terme à cette conversation. L’impact est profond, et il faut en revenir à la question fondamentale : quel est le rôle du radiodiffuseur public?
En supprimant ainsi les services régionaux, nous allons en fait plonger dans l’obscurité des parties de notre pays. Les effets ne seront nulle part plus aigus que dans les collectivités isolées de ma circonscription, le long de la baie James. Ces collectivités sont desservies par la Wawatay Cree Radio, qui leur permet de se parler entre elles, mais CBC/Radio-Canada demeure leur seul moyen de communication avec le reste du pays.
Quand le pensionnat St. Anne’s de Fort Albany a été réduit en cendres par un incendie, tous les habitants de la région ont pu l’apprendre grâce à CBC/Radio-Canada. Quand deux jeunes hommes ont été brûlés vifs dans l’incendie d’une prison à Kashechewan, c’est encore CBC/Radio-Canada qui a diffusé la nouvelle partout dans le pays, mais aujourd’hui, deux ans plus tard, tandis que se déroulent les audiences concernant le décès de ces deux jeunes dans une cellule de fortune, la station de Sudbury ne disposera pas des fonds nécessaires pour couvrir cet événement.
En fait, si CBC/Radio-Canada devait faire son travail, il suffirait sans doute d’un seul voyage à Kashechewan pour épuiser complètement le budget annuel de Sudbury parce que rien n’a été prévu pour financer ces services.
Une fois ces coupures faites, nous devons comprendre que certaines régions du pays seront plongées dans l’obscurité, qu’elles n’auront plus la possibilité de se parler entre elles.
Pendant que j’assistais à une cérémonie dans la petite collectivité de Kennebec, sur la route 65 ouest en Ontario, une dame d’un certain âge m’a abordé pour me dire : « Si ces coupures sont faites à la station de Sudbury, comment allons-nous pouvoir nous parler les uns aux autres? » Dans ce coin du Nord de l’Ontario, CBC/Radio-Canada est le seul trait d’union, de sorte que les coupures faites ont des effets profonds qu’on ne peut sous-estimer.
Voyons comment nous en sommes arrivés là. CBC/Radio-Canada est le radiodiffuseur public le moins financé au monde. Nous avons bien sûr l’intention d’appuyer la motion de mon collègue libéral, mais il faut comprendre qu’un financement de transition n’aurait pas pu seul nous sortir de cette situation.
Un financement de transition et un gouvernement disposé à agir nous auraient aidés à régler les problèmes immédiats dus à la crise. Toutefois, ils n’auraient pas suffi pour résoudre le problème systémique global auquel nous avons affaire et qui découle d’années de sous-financement par les gouvernements successifs. Cette situation a miné notre radiodiffuseur public à tel point qu’il était près de s’effondrer lorsque la récente crise s’est manifestée. Mon collègue dit qu’un financement de transition permettrait de maintenir l’effectif et les services au niveau de 2008. J’aurais bien voulu que ce soit vrai. Si le gouvernement avait été disposé à collaborer avec CBC/Radio-Canada dès le départ, nous aurions peut-être réussi à éviter beaucoup des pertes d’emplois.
Il faut souligner qu’en considérant ce qui s’est produit il y a 10, 12 ou 14 ans, en pensant à la façon dont le gouvernement a réagi aux obligations d’un radiodiffuseur public, on ne peut s'empêcher de croire qu’il n’a fait que l’affaiblir de plus en plus. Il n’a fait que le ridiculiser. Il l’a obligé à venir mendier des fonds supplémentaires de 60 millions de dollars au mois de mars de chaque année, en le laissant attendre jusqu’à la toute dernière minute pour lui donner une réponse. C’est une situation qu’aucun autre radiodiffuseur public n’a à affronter, une situation qui a considérablement réduit sa capacité de faire son travail.
Malgré les années de sous-financement et le manque de conviction dans la défense du rôle du radiodiffuseur public, le Parlement, le Comité du patrimoine et les Canadiens en général n'ont eu de cesse de lui en demander toujours plus. Pour satisfaire tout le monde, on a mis sur pied la télé du réseau anglais, la télé du réseau français, Newsworld, Radio 1, Radio 2, puis Radio 3. On a mis sur pied RDI et la Première Chaîne Radio. Le réseau émet dans cinq fuseaux horaires et demi et offre des services dans huit langues autochtones. Aucun autre radiodiffuseur public dans le monde ne doit étendre autant ses services. La BBC diffuse dans un seul fuseau horaire, à l'intention d'un public uniquement de langue anglaise. Ses services sont beaucoup plus concentrés que ceux de CBC/Radio-Canada.
En dépit de toutes ces difficultés, le réseau de télévision de langue anglaise a occupé au cours des dernières années la deuxième place au pays pour ce qui est des cotes d'écoute entre 20 h et 23 h. Avec des émissions entièrement canadiennes, on arrive à surpasser Global et ses émissions entièrement étasuniennes. La télévision de Radio-Canada a presque 20 % de l'auditoire pendant les heures de grande écoute, et elle continue d'accroître sa part de marché. Les services radiophoniques de CBC/Radio-Canada atteignent des sommets historiques. Le réseau français attire presque 20 p. 100 de l'auditoire dans chaque marché, tandis que le réseau anglais en attire 14,1 p. 100. On avait demandé à CBC/Radio-Canada d'investir le cyberespace, ce qui fait qu'aujourd'hui, le site web de CBC/Radio-Canada reçoit 4 millions d'appels de fichiers par mois. Deux millions de fichiers de baladodiffusion sont téléchargés chaque mois. Le programme en ligne de CBC.ca a 250 000 abonnés.
Comme l'a dit Hubert Lacroix, président de CBC/Radio-Canada, aucun autre radiodiffuseur public n'a connu un tel succès au cours des 40 dernières années. Et, c'est un succès remporté avec les moyens du bord. CBC/Radio-Canada a réussi à répondre à toutes les exigences des parlementaires, des politiciens et du public. Qui plus est, il est juste de dire que, lorsque j'étais membre du Comité du patrimoine, celui-ci voulait un nouveau plan pour accroître les services de télévision et de radio. Pourtant, le gouvernement ne s'est jamais engagé à résoudre le problème fondamental, c'est-à-dire le sous-financement.
Si le gouvernement avait accepté les recommandations formulées par son Comité du patrimoine, un comité composé de députés de tous les partis, au sujet de CBC/Radio-Canada, nous ne serions pas dans la situation actuelle.
Le rapport contenait de nombreuses recommandations concernant le mandat et l'obligation redditionnelle de CBC/Radio-Canada, mais certaines conditions clés devaient être respectées. L'une d'entre elles avait trait à la ratification d'un protocole d'entente d'une durée de sept ans entre le gouvernement et CBC/Radio-Canada dans lequel seraient énoncées les obligations et les responsabilités des parties. Le protocole d'entente de sept ans devait permettre à la société de comprendre clairement les attentes du Parlement en matière de services régionaux et d'engagement à l'égard des arts et des langues officielles et de bénéficier par la suite des crédits financiers lui permettant d'effectuer sa planification sur une période de sept ans. Or, le gouvernement conservateur n'a jamais accepté la motion en ce sens.
Une autre motion portait sur le financement pluriannuel et prévoyait que le financement forfaitaire de 60 millions de dollars, prévu à la fin de chaque mois de mars, et que le ministre vient tout juste d'annoncer, serait ajouté au financement de base de sorte que la société ne serait pas obligée de quémander et serait en mesure d'effectuer sa planification.
La recommandation 4.4 était la plus importante, il me semble. Après consultation avec les radiodiffuseurs et les experts, nous avons convenu du fait que le financement de base devait passer à 40 $ par habitant. Il n'était pas nécessaire de le faire en une seule année, mais c'était le niveau de référence qui devait nous guider.
Ce niveau de financement de 40 $ par habitant continue d'être nettement inférieur au financement offert aux radiodiffuseurs publics partout ailleurs dans le monde. Si le financement de CBC/Radio-Canada était passé de 34 $ par habitant à 40 $ par habitant sur une période de trois ou quatre ans, la société aurait eu les ressources nécessaires pour être dans la situation que nous souhaitions. Le gouvernement n'a pas accepté cette recommandation. Nous avons constaté que le gouvernement adoptait une approche plutôt cynique par rapport à une institution au sujet de laquelle il fait preuve d'une grande ambivalence. Les députés ministériels sont nombreux à ridiculiser CBC/Radio-Canada et à dire qu'ils sont contre le radiodiffuseur public et estiment que le secteur privé pourrait faire mieux. Ils laissent la société d'État tenter de résoudre la quadrature du cercle pour concilier les mandats divergents que lui a donnés le gouvernement.
On propose constamment que CBC/Radio-Canada soit en concurrence avec le secteur privé et s'enligne davantage sur lui. Notre radiodiffuseur public dépend de plus en plus des recettes publicitaires et, lorsqu'il en dépend entièrement, les conservateurs demandent pourquoi il est nécessaire que CBC/Radio-Canada soit un radiodiffuseur public, puisqu'il agit comme un radiodiffuseur privé. Ils se demandent pourquoi CBC/Radio-Canada n'agit pas comme un radiodiffuseur public devrait le faire.
CBC/Radio-Canada est engagée dans une guerre des ondes avec les géants américains de la télédiffusion. Or, nous nous en tirons très bien. Toutefois, le gouvernement n'a pas la volonté nécessaire pour établir une ligne de conduite claire.
Que signifierait une somme de 40 $ par habitant? Si nous pouvions soustraire CBC/Radio-Canada aux guerres publicitaires, l'argent ainsi économisé pourrait aller au secteur privé. Cette façon de faire pourrait nous aider à sortir de la crise. La télévision de CBC/Radio-Canada pourrait mettre en ondes du contenu canadien en tout temps. On a fait beaucoup de chichi parce que la société d'État avait dû acheter quelques émissions américaines comme Jeopardy et Wheel of Fortune — et ça ne m'intéresse certainement pas de regarder Vanna White sur CBC —, mais je suis conscient du fait qu'elle doit acheter des émissions parce qu'elle ne peut pas se permettre de réaliser des programmes avec un budget limité. Le gouvernement n'est pas du tout résolu à faire en sorte que cela soit possible.
Si nous avions fait passer les crédits à 40 $ par habitant pendant un certain nombre d'années et si nous avions donné suite aux autres recommandations appuyées par tous les partis, CBC/Radio-Canada serait là où elle doit être, c'est-à-dire qu'elle jouerait le rôle qu'aucun autre radiodiffuseur n'assume au pays. Ce rôle consiste à faire en sorte qu'il soit possible pour les régions de se parler et de se comprendre. Elle pourrait permettre à de jeunes écrivains acadiens d'être entendus dans d'autres régions du pays et contribuer à la mise en commun d'idées et à des échanges culturels que les radiodiffuseurs privés n'offrent tout simplement pas.
Nous avons affaire à un gouvernement qui s'est croisé les bras et qui a laissé une institution unique et fière commencer à s'écrouler; il n'a pas voulu fournir le financement provisoire nécessaire et s'engager à l'égard d'une vision à long terme. On en est maintenant à un point où, à cause de toutes les compressions effectuées précédemment et de ce qui se passe actuellement, si le ralentissement économique s'accentue, la viabilité de cette institution publique et l'engagement public seront tellement compromis qu'il faudra presque envisager la disparition de CBC/Radio-Canada dans certaines régions du pays. Cette société d'État est actuellement forcée de vendre certains de ses biens. De plus, elle doit compter sur l'appui du ministre pour ce faire. Or, ces ventes arrivent à un moment où le marché s'est effondré. Si CBC/Radio-Canada n'obtient pas un prix juste pour ces biens, elle devra faire de nouvelles compressions; voilà la réalité. Je ne sais pas exactement quelles nouvelles compressions on peut faire pour le moment dans la programmation régionale, dans le secteur télévisuel.
Je regrette énormément que la Chambre tienne ce débat aujourd'hui, mais à titre de députés, il nous incombe d'intervenir pour dire que nous croyons qu'il faut réaffirmer notre engagement à l'égard d'un radiodiffuseur public fort offrant des services complets. Il faut prendre cet engagement. Les compressions qui commencent à affecter les régions et les services de télévision et de radio sont inacceptables, parce que, une fois que ces services auront disparu, on ne les remplacera pas. Le secteur privé ne vient pas combler le vide laissé par CBC/Radio-Canada.
Le Canada doit avoir un radiodiffuseur public fort. Le Parlement doit faire savoir qu'il s'engage à défendre CBC/Radio-Canada et qu'il souhaite rebâtir cette société d'État pour en faire une organisation de radiodiffusion du XXIe siècle, comme il se doit.
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Madame la Présidente, je partagerai mon temps de parole aujourd'hui avec le député de .
Pour commencer, je souligne que suis heureux de parler aujourd'hui de cette motion, que je vais appuyer.
C'est une question très importante pour tous les Canadiens d'un océan à l'autre, et surtout pour les Canadiens qui vivent en région, les Canadiens de minorités linguistiques, les Canadiens de localités isolées et les Canadiens de partout.
Je suis très heureux que nous en discutions aujourd'hui. La question de CBC/Radio-Canada et de son utilité au pays est extrêmement importante pour tous les Canadiens. Je ne pense pas que nous puissions parler de CBC/Radio-Canada uniquement en parlant de son budget. Je pense que nous devons considérer le rôle qu'elle joue au Canada.
Le Canada est un pays exceptionnellement grand, le deuxième de la planète pour la superficie de son territoire. C'est le pays le plus diversifié du monde. Nous avons trois nations fondatrices. Le Canada est plus fort et plus grand que ses composantes uniques et remarquablement diversifiées.
De l'autre côté de l'équation, il y a le ciment qui doit nous unir. Il y a un contrat social, faute d'un meilleur mot, un destin partagé. En tant que nation, nous devons connaître notre histoire, notre passé, et nous orienter vers l'avenir en comprenant clairement que c'est là-dessus que nous bâtissons. Nous sommes différents des autres pays qui nous entourent.
Dans le débat d'aujourd'hui, et je suis très heureux que nous ayons ce dialogue, je pars du principe que notre société de radiodiffusion nationale, CBC/Radio-Canada, est un élément, pas la totalité, mais un élément de ce ciment qui unit toute la trame du Canada.
CBC/Radio-Canada est une institution nationale dotée d'un très important mandat. Elle donne une représentation objective des affaires courantes du Canada. Elle dessert les petites communautés régionales, ce que ne pourraient pas et ne voudraient pas faire les radiodiffuseurs privés, et d'ailleurs ce n'est probablement pas ce qu'on attend d'eux. Elle dessert les minorités linguistiques partout dans le pays et est responsable de la préservation de notre culture qui fait de nous des Canadiens.
Beaucoup de gens essaient de créer une fédération moins serrée, une fédération d'unités autonomistes guidées chacune par l'idéologie du gouvernement au pouvoir. Personnellement, ma vision du Canada est beaucoup plus vaste. Il nous faut un gouvernement fédéral puissant et une société nationale de radiodiffusion.
Ceci m'amène au débat d'aujourd'hui. Je ne contesterai pas la nécessité de faire preuve de réalisme dans ce débat. Je ne réclamerai pas d'augmentation massive du budget de la société d'État. Elle doit vivre en fonction de ses moyens. On ne peut pas ignorer la réalité économique du pays. Il n'est pas question pour moi de demander une augmentation de 10 p. 100, 20 p. 100 ou 30 p. 100 du budget de la société. Ses recettes publicitaires se sont effondrées. Elle savait qu'elle devait prendre des mesures d'austérité, mais elle a voulu dialoguer avec le gouvernement. Elle suggérait qu'on lui accorde un prêt-relais de 125 millions de dollars pour faciliter les compressions et les changements et les rendre plus équitables en les réalisant progressivement.
Mais cela n'a pas été le cas. CBC/Radio-Canada s'est heurtée à un mur de silence, et c'est pourquoi nous assistons maintenant à la disparition de 800 emplois, 393 au réseau anglais et 336 autres à Radio-Canada. Il est probable qu'on ne pouvait complètement éviter cela, mais on aurait pu en éviter une bonne partie si le gouvernement avait écouté l'opinion publique sur cette question.
Je ne crois pas que ce soit une demande excessive. Nous voyons tous ce qui se passe dans l'économie depuis six ou huit mois. Les recettes publicitaires ont chuté brutalement. Je pars du principe que le gouvernement aurait dû entamer ce dialogue avec CBC/Radio-Canada et lui octroyer ce financement provisoire, ce prêt-relais, pour lui permettre de se tirer de ce très mauvais pas.
Ce que nous constatons ici, c'est le prolongement de la relation toxique qui oppose la CBC/Radio-Canada à l'aile réformiste et allianciste du Parti conservateur depuis ses réunions de constat de 1994. Une bonne partie des membres de ce mouvement et des auteurs de ces attaques contre la SRC font maintenant partie du Cabinet, en face de nous.
J'ai quelques citations.
Voici la première: « Il y a des subventions à des sociétés d'État hypertrophiées, comme la subvention annuelle d'un milliard de dollars à CBC/Radio-Canada. » C'est du .
Voici la deuxième: « Les libéraux ont décidé de déverser des millions et même des milliards dans des secteurs non prioritaires au mépris de ce qui était essentiel: par exemple, CBC/Radio-Canada va toucher 60 millions de dollars. » Ça, c'est du.
Voici la troisième: « Avons-nous besoin de CBC/Radio-Canada sous sa forme actuelle alors qu'il y a tant de chaînes de radiodiffusion privées disponibles? » Ça, c'est du .
La quatrième citation est la suivante:
J'ai proposé que les subventions gouvernementales destinées à appuyer les services de la CBC visent des sujets qui [...] n'ont pas de débouché commercial [...] Je crois que lorsqu'il s'agit de la télévision de langue anglaise et, à un moindre degré, de Radio Two, il serait possible d'assurer une diffusion commerciale.
C'est le actuel qui a prononcé ces paroles.
Je n'attribue aucunement ces citations, cette idéologie, cette ligne de pensée aux éléments progressistes-conservateurs de ce parti, car cela ne faisait pas partie de leur discours lorsqu'ils étaient au pouvoir.
Je vois cela comme la suite de la relation toxique. Je suis persuadé que, si nous leur posions la question, bon nombre des membres de l'ancien parti réformiste-allianciste se diraient très heureux aujourd'hui. Cela a commencé au moment de la réunion de fondation du parti et s'est poursuivi jusqu'à aujourd'hui.
En tant que député et Canadien, cette attitude me déçoit. Selon cette logique, le gouvernement fédéral n'a aucun rôle à jouer dans la radiodiffusion ou la culture et devrait restreindre son mandat aux questions limitées de la défense et des affaires étrangères, devenant ainsi une fédération de 13 entités semi-autonomes ne partageant aucune destinée commune, aucun objectif commun, aucun contrat social.
Comme je l'ai dit précédemment, je suis très heureux que nous ayons ce débat. Il est important pour la préservation de la trame du Canada,et pour ce que cela signifie d'être Canadien. J'espère que le public nous regarde.
J'espère que la Chambre adoptera la motion telle qu'elle a été présentée. J'espère aussi que le gouvernement respectera la volonté des Canadiens si elle est adoptée. J'espère que le gouvernement et CBC/Radio-Canada entameront alors un dialogue afin qu'il soit possible d'atténuer certains de ces problèmes temporaires. J'espère que nous sortirons de cette impasse.
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Monsieur le Président, je me lève aujourd'hui pour reconnaître le rôle indispensable que joue la Société Radio-Canada—CBC en diffusant des émissions nationales, régionales et locales, y compris des bulletins d'information et des services de nouvelles aux minorités linguistiques dans l'ensemble du pays.
Je comprends que ce gouvernement conservateur ne croit pas aux services de Radio-Canada, et que rien ne lui plairait plus que de voir la fin des diffusions publiques au Canada. Cette position est une position idéologique, et il ne se rend pas compte de ce qui se passe dans nos communautés du nord du pays.
La culture francophone dans le nord de l'Ontario se fie beaucoup aux ondes de Radio-Canada pour communiquer ses messages et transmettre ses nouvelles. Le nord de l'Ontario est l'exemple d'une géographie vaste et diverse, où les groupes minoritaires ne seraient pas desservis si Radio-Canada n'existait pas.
Dans le nord du Canada, comme dans le nord de l'Ontario, les chaînes privées n'existent tout simplement pas. Les services de Radio-Canada assurent que les citoyens du Nord ne se sentent pas complètement isolés et qu'ils sentent qu'ils font partie d'un Canada uni. N'importe qui habitant dans le Nord comprend que les obstacles qui s'imposent à nos citoyens sont très difficiles et très importants.
Mais ce que nous trouvons dans le Cabinet conservateur, ce sont des ministres qui pensent autrement. Le , qui se dit du Nord, dans une entrevue avec le journal National Post, demandait si nous avions besoin de la Société Radio-Canada—CBC dans sa forme actuelle, alors qu'il existe tant de chaînes privées auxquelles nous avons accès. Ce sont les paroles d'une personne qui ne comprend pas la réalité des gens du nord du Canada ou du nord de l'Ontario.
[Traduction]
Lorsque le déclare qu'il y a de nombreuses chaînes de radiodiffusion privées disponibles, je me demande dans quel monde il vit. Ce n'est certainement pas dans le Nord de l'Ontario.
Le fait de ne pas comprendre les conditions de vie dans le Nord du Canada ne constitue qu'une des lacunes du gouvernement conservateur. Sur le plan idéologique, il croit qu'il peut vendre tous nos biens nationaux au plus offrant et que tout finira par s'arranger. Il adopte une attitude de laissez-faire selon laquelle les choses vont se régler d'elles-mêmes.
Malheureusement, il ne s'agit pas de la réalité quotidienne des gens qui vivent dans le Nord du Canada. De plus en plus, les Canadiens et les gens du monde entier se rendent compte que ce genre de monde utopique n'existe que dans l'esprit des néo-conservateurs.
Par exemple, les gens du Nord de l'Ontario comptent sur les bulletins d'information de la radio d'État pour savoir ce qui se passe dans leur localité et leur région. Au fil des ans, les services qu'elle offre ont lentement diminué, mais les compressions actuelles risquent d'avoir un effet irréversible sur la société d'État telle que nous la connaissons.
Aujourd'hui, je pourrais parler aux députés du rôle important que CBC/Radio-Canada joue dans la vie des gens du Nord de l'Ontario, mais je crois qu'il serait plus efficace de lire quelques passages de lettres et de messages que j'ai reçus.
Voici ce que Garth Goodhew, de North Bay, avait à dire:
La radio de Radio-Canada est une institution magnifique qui est présente dans une vaste région et qui permet d'unifier le Canada. La disparition des services dans le Nord de l'Ontario aura des conséquences désastreuses. À la seule pensée de perdre ce service, je sens la colère monter en moi.
Mary de Temiskaming Shores a écrit:
Je fais partie des nombreux Canadiens qui ont appris avec horreur les compressions exercées à la radio de Radio-Canada - CBC Radio One dans le Nord, et particulièrement à Sudbury. Je vous implore de veiller à ce que cet aspect important de la vie dans le Nord ne disparaisse pas. Les régions densément peuplées ont davantage de choix et ce service doit être maintenu dans les régions du Nord.
Juste avant de venir ici, Rita McDirmid a téléphoné de Latchford en demandant ce qui arrivait à CBC/Radio-Canada. Elle a souligné combien tout cela était important et comment les gens de Latchford se fiaient à la société d'État pour s'informer.
Charla de Thunder Bay a écrit:
CBC/Radio-Canada fait partie de ma vie quotidienne depuis toujours. Quand j'étais jeune à Dryden, en Ontario, ma famille écoutait la radio de CBC/Radio-Canada tous les matins au déjeuner et regardait The National tous les soirs, et moi j'ai continué de le faire tout au cours de ma vie adulte. La combinaison des informations locales, régionales et nationales et les histoires rapportées par la radio et la télévision de la CBC/Radio-Canada nous permettent de mieux comprendre la mosaïque canadienne d'hier, d'aujourd'hui et de demain. La programmation radio locale nous présente un point de vue local sur les questions et évènements auquel les gens des petites villes comme Dryden, Fort Frances, Kenora et Atikokan n'auraient autrement pas accès. Il est essentiel que cette programmation locale puisse continuer d'entretenir un esprit communautaire et de transmettre les « belles histoires » particulièrement pendant cette difficile crise financière que nous traversons actuellement.
Richard Sciuk de Redbridge écrit:
C'est particulièrement évident pour toute personne qui prend le temps de s'informer de la situation qui prévaut dans le Nord de l'Ontario. CBC/Radio-Canada assure une tribune publique qui réduit les distances. Nous devons rester en communication.
Shelly a écrit:
En tant qu'électrice, je vous demande, à vous et à votre gouvernement, d'exercer des pressions auprès des autorités compétentes pour assurer le maintien de services dans le Nord. Il semble que chaque fois que des compressions doivent être exercées, ce sont les gens du Nord qui écopent. Je crois que nous devons nous faire entendre.
Ce ne sont là que quelques-uns des commentaires que les gens du Nord ont faits à la suite des compressions effectuées par la société d'État.
Qu'est-ce qui nous attend en tant que Canadiens? Le fait est que le gouvernement conservateur n'a rien fait pour empêcher la suppression de près de 800 emplois. Il n'a rien fait pour freiner la réduction de la programmation locale ou de la programmation régionale des émissions de radio et de télévision, et il n'a rien fait pour limiter les compressions au niveau de la couverture de l'actualité.
Ce qui semble de plus en plus évident est que, malgré la suppression de 800 emplois et le fait que le gouvernement ait laissé CBC/Radio-Canada à son triste sort, le ministre refuse encore de faire preuve de souplesse ou d'honnêteté devant la possibilité d'autres compressions plus massives et plus brutales.
Depuis plus de dix ans, le essaie de détruire CBC/Radio-Canada et la majorité des membres de son Cabinet l'appuient. Ils profitent de la situation économique difficile pour s'attaquer à une institution nationale. Ce comportement de la part du gouvernement cadre avec son opposition de longue date à l'aide gouvernementale pour la société d'État.
En 1995, le actuel a dit que la politique du Parti réformiste mettrait le perdant, soutenu par le gouvernement,—et par perdant il voulait parler de CBC/Radio-Canada—dans une situation où les subventions lui seraient progressivement supprimées. Ceci d'un gouvernement qui dit ne pas vouloir choisir les gagnants et les perdants.
À une certaine époque, le et la moitié de son Cabinet disaient ne pas choisir les gagnants et les perdants. J'imagine que ça dépend de ce qui leur convient le mieux.
Ce n'est pas la première fois que le gouvernement fait volte-face.
Sur ce, je m'arrête en suppliant le et son Cabinet d'appuyer CBC/Radio-Canada et de cesser d'ignorer le fait que la société d'État est extrêmement importante pour les Canadiens d'un océan à l'autre, notamment pour ceux du Nord de l'Ontario.
Bref, CBC/Radio-Canada doit conserver son rôle et son mandat, et il incombe au gouvernement conservateur de faire en sorte que ces priorités demeurent inchangées.
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Monsieur le Président, je vais partager le temps dont je dispose avec mon collègue de .
J'aimerais d'abord réitérer l'engagement de notre gouvernement envers les arts et la culture. En effet, dans le Plan d'action économique du Canada du budget de 2009, notre gouvernement démontre un engagement indéfectible envers les arts, la culture et le patrimoine. Le gouvernement du Canada investira dans ce secteur 540 millions de dollars, plus d'un demi-milliard de dollars, afin d'assurer sa stabilité financière en cette période difficile.
J'aimerais dire quelques mots sur cette période difficile. L'actuelle récession mondiale touche tous les secteurs de l'économie, y compris celui des arts et de la culture. Encore une fois, le Plan d'action économique du gouvernement est un plan détaillé visant à stimuler la croissance économique, à rétablir la confiance et à venir en aide aux Canadiens et Canadiennes durant cette récession mondiale.
Le gouvernement du Canada a aidé, aide et aidera ce secteur. En voici quelques preuves: 200 millions de dollars au cours des deux prochains exercices financiers seront alloués à la création et la télédiffusion des émissions de télévision de grande qualité en anglais, en français et en langues autochtones; plus de 28 millions de dollars au cours des deux prochains exercices financiers seront donnés pour continuer à encourager la création d'oeuvres culturelles canadiennes destinées aux médias numériques interactifs; 14 millions de dollars sur quatre ans, soit 3,5 millions de dollars par année, serviront à appuyer et à renforcer les arts, la culture et le patrimoine au sein des communautés anglophones et francophones en situation minoritaire; un appui additionnel de 7 millions de dollars est prévu pour appuyer la formation des artistes canadiens par l'intermédiaire d'une bonification du budget du Programme national de formation dans le secteur des arts; 5 millions de dollars seront octroyés à la mise en oeuvre du Programme national de traduction pour l'édition du livre. Ce programme est destiné à augmenter l'offre de livres canadiens dans les deux langues officielles du pays.
Nous soutenons les arts parce que nos artistes et nos établissements culturels occupent une place de choix dans la vie des Canadiens et des Canadiennes, des Québécois et des Québécoises, au sein de notre économie. Cette réponse donnée récemment par mon collègue le démontre que notre gouvernement reconnaît le rôle important du secteur des arts et de la culture qui stimule et renforce notre économie.
Nous soutenons également la Société Radio-Canada—CBC parce qu'elle demeure et demeurera le radiodiffuseur public du Canada, en français et en anglais, en plus d'être l'une de nos plus importantes institutions culturelles. Comment soutenir la Société Radio-Canada—CBC? En investissant dans notre radiodiffuseur public.
J'aimerais rappeler l'importance que le gouvernement fédéral accorde à la Société Radio-Canada—CBC. Notre investissement dans la Société Radio-Canada—CBC est la plus importante de toutes nos dépenses en culture, à l'exception du budget du ministère du Patrimoine canadien et des langues officielles.
Selon le « Rapport annuel au Parlement - Les sociétés d'État et autres sociétés dans lesquelles le Canada détient des intérêts, 2008 », la Société Radio-Canada—CBC reçoit 22 p. 100 de tous les crédits budgétaires versés aux sociétés d'État.
Depuis 2006, notre gouvernement a investi plus de 3 milliards de dollars pour permettre à la Société Radio-Canada—CBC de remplir son mandat. En 2008-2009, notre gouvernement a accordé à la société d'État des crédits parlementaires de 1,117 milliard de dollars pour remplir son mandat vis-à-vis les Canadiens de partout au pays, et ce, en français, en anglais et en huit langues autochtones.
Notre engagement était de maintenir le financement de la Société Radio-Canada—CBC, et nous avons tenu parole. Pour illustrer encore mieux notre engagement vis-à-vis le radiodiffuseur public depuis 2006, nous avons renouvelé un financement additionnel de 60 millions de dollars à la Société Radio-Canada destiné à la programmation canadienne.
Encore une fois, par ses actions et ses décisions, notre gouvernement démontre l'importance qu'il accorde à la programmation canadienne en allouant à nouveau 60 millions de dollars pour 2009-2010.
En plus des crédits votés par le Parlement, la Société Radio-Canada compte sur trois autres sources de financement: les revenus publicitaires, les revenus d'abonnements et les revenus liés aux activités connexes. CBC-Radio-Canada a généré depuis 2006-2007 plus de 1,5 milliard de dollars en revenus.
Le rôle d'un gouvernement responsable ne se limite pas à donner des dollars. Nous devons aussi nous assurer d'une saine gouvernance, d'une gestion rigoureuse et d'une reddition de comptes efficace.
Pour ce faire, CBC-Radio-Canada possède un conseil d'administration constitué de 12 administrateurs, incluant le président du conseil et le président directeur général. Même s'ils sont tous nommés par le gouverneur en conseil pour leurs compétence et leur grande expérience, ce sont eux qui sont à la barre de la société d'État. Elle fonctionne de façon autonome du gouvernement.
Ce conseil d'administration est responsable de la gestion des affaires et des activités de la société, laquelle, conformément à la Loi sur la radiodiffusion, doit rendre des comptes au Parlement par l'entremise du . Cela n'empêche pas pour autant la société de rendre des comptes. En effet, toujours selon cette même loi, CBC-Radio-Canada est tenue de présenter un plan d'entreprise au gouvernement. Ce plan comprend un énoncé des objectifs de la société pour les cinq prochaines années et la stratégie pour leur mise en oeuvre, le budget d'immobilisations et le budget d'exploitation pour l'exercice suivant et les intentions de la société de contracter des emprunts pour l'exercice en cours.
Le budget d'immobilisations doit être approuvé par le Conseil du Trésor et toute intention d'emprunt doit être approuvée par le .
La société doit également soumettre à mon collègue, le, un sommaire du plan d'entreprise modifié de façon à refléter les ressources financières que le Parlement propose d'allouer à Radio-Canada. Le ministre doit déposer le sommaire au Parlement. En rendant public le sommaire de son plan d'entreprise, CBC-Radio-Canada indique clairement aux parlementaires et aux Canadiens et Canadiennes quelles sont ses priorités et comment elle fera pour les atteindre.
Bien que CBC-Radio-Canada soit exemptée de la partie X, la Loi sur la gestion des finances publiques exige tout de même que la société tienne des livres comptables de manière satisfaisante et qu'elle effectue des vérifications internes à cet égard. CBC-Radio-Canada doit fournir à mon collègue, le , à la demande de celui-ci, les rapports sur ses activités financières.
Finalement, CBC-Radio-Canada doit, dans les trois premiers mois suivant la fin de chaque exercice, fournir un rapport annuel au et au président du Conseil du Trésor. Le ministre doit soumettre ce rapport annuel au Parlement dans les 15 jours suivant sa réception. Encore une fois, CBC-Radio-Canada, à titre d'organisme public financé par nous tous, se doit de présenter clairement les résultats de ses activités aux Canadiens, Canadiennes, Québécois et Québécoises.
Le gouvernement du Canada reconnaît que CBC-Radio-Canada joue un rôle unique en relatant les récits des Canadiens, en influençant notre identité nationale et en rapprochant les gens.
Le gouvernement du Canada reconnaît le rôle de notre radiodiffuseur public à l'intérieur de la société canadienne en lui allouant plus de 1 milliard de dollars en crédits parlementaires pour cette année et en renouvelant encore une fois pour la prochaine année financière un financement additionnel de 60 millions de dollars pour la programmation canadienne.
Comme on peut le constater, notre gouvernement a tenu ses promesse. Comme on peut le constater, notre gouvernement agit en administrateur responsable.
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Monsieur le Président, je voudrais féliciter ma collègue de non seulement pour son discours, mais également pour s'être levée ici, en cette Chambre, au moment où c'était extrêmement important, lorsqu'on a voté l'augmentation des budgets de Radio-Canada, alors qu'on a porté à un montant record depuis 2006 le financement de Radio-Canada. Ma collègue, la , et tous mes collègues, de notre côté de la Chambre, ont appuyé ce Plan d'action économique pour porter à un montant record depuis 2006 le financement de Radio-Canada, un financement stable, comme on s'était engagé à le faire.
Radio-Canada et CBC, sa contrepartie anglophone, jouent un rôle fondamental dans l'identité culturelle canadienne et dans la place que le pays occupe à l'échelle internationale.
On a porté le financement de Radio-Canada à un montant record, contrairement aux libéraux qui, eux, avaient sabré dans son financement. À cet égard, on peut penser à Mme Petrowski qui disait: « Quel contraste avec la saignée libérale effectuée dans les années 1990: près d'un demi-milliard, 440 millions de dollars, de coupures drastiques. »
Présentement, les revenus du gouvernement baissent, mais on croit en la mission de Radio-Canada et on augmente le financement. Il s'agissait de coupes non négociées et pilotées à partir du bureau de l'ancien premier ministre, qui ont résulté en l'abolition de 4 000 emplois, alors qu'on n'était pas du tout en période de perturbations économiques. Comme je viens de le dire, non seulement on assure un financement stable à Radio-Canada, mais on le bonifie.
Cet après-midi, cela me fait plaisir de vous expliquer à quel point c'était important pour nous d'avoir majoré le financement de Radio-Canada de 60 millions de dollars. Bien sûr, comme l'indiquait ma collègue, l'investissement que le gouvernement canadien fait dans la Société Radio-Canada—CBC est l'un des plus grands investissements du gouvernement fédéral dans la culture et le contenu canadien: 1,1 milliard de dollars afin que Radio-Canada puisse continuer à accomplir son mandat.
Son mandat, selon la Loi sur la radiodiffusion de 1991, est d'offrir des services de radio et de télévision qui comportent une très large programmation qui renseigne, éclaire et divertit. Nous nous sommes engagés, y compris dans notre plateforme électorale de 2008, à faire en sorte que la Société Radio-Canada—CBC poursuive son rôle clé de radiodiffuseur public au Canada.
Radio-Canada fournit un volume élevé de contenu canadien du système de radiodiffusion. Elle offre à toute la population d'un océan à l'autre des services de télévision, de radio et d'Internet, et des services sur de nouvelles plateformes dans les deux langues officielles — c'est extrêmement important de le préciser. En outre, la Société Radio-Canada dispense aussi des services dans huit langues autochtones à la population canadienne qui vit dans le Nord, et un service multilingue dans plusieurs langues sur les ondes de Radio-Canada International. C'est donc un rayonnement non seulement ici, chez nous, mais à l'échelle internationale.
Radio-Canada joue un rôle extrêmement important pour les francophones au Canada et elle exploite les seuls réseaux nationaux de radio et de télévision de langue française. Sa programmation en français et en anglais est presque entièrement canadienne. On comprendra qu'à titre de président du Comité permanent des langues officielles, je puisse dire que c'est un rôle qui fait partie du mandat de Radio-Canada qui prend toute son importance. On n'a qu'à penser, par exemple, à la radio anglaise de Radio-Canada, qu'on appelle au Québec le Quebec Community Network, qui dessert des petits groupes d'anglophones. Qu'ils soient en Gaspésie, sur la Haute-Côte-Nord, dans la région des Cantons de l'Est ou dans la région de Québec, ces gens ont un fil conducteur grâce à l'excellent travail qui est fait par Radio-Canada pour desservir les communautés linguistiques en situation minoritaire.
Radio-Canada a un mandat ambitieux, et c'est pour cette raison qu'on a bonifié le budget de 60 millions de dollars. La question que vous vous posez sûrement, c'est de savoir ce que l'on va faire avec ces 60 millions de dollars additionnels.
Le rapport annuel de la Société Radio-Canada—CBC indique que ces montants sont affectés à des émissions de contenu typiquement canadien. Lors de l'année précédente, 27 millions de dollars ont été consacrés au réseau anglais de télévision, 18 millions de dollars au réseau français, 5 millions de dollars à la radio anglaise, 5 millions de dollars au réseau radiophonique français et 5 millions de dollars à des initiatives interculturelles, des émissions qui sont produites à la fois en français et en anglais et qui sont diffusées aux deux réseaux de télévision.
Ces 60 millions de dollars permettent de créer de nouvelles émissions, de concevoir des programmes et des événements bilingues, et d'élargir la couverture de l'actualité. Au nombre des réalisations concrètes, mentionnons les émissions sans publicité pour enfants d'âge préscolaire qui sont diffusées chaque matin, et les nouvelles dramatiques et émissions de divertissement pour la télévision, comme Dragon's Den. On peut également mentionner les réalisations d'émissions et de séries bilingues, comme la série documentaire Le Hockey, une histoire populaire, ainsi que la création d'une émission d'affaires publiques très populaire, notamment au Québec, Tout le monde en parle.
On soutient Radio-Canada et on lui permet d'assurer une programmation de qualité en augmentant son budget depuis 2006. La société offre une grande couverture du sport amateur ainsi que divers magazines hebdomadaires. C'est un autre exemple des résultats atteints par le radiodiffuseur public pour la population canadienne par l'élargissement de sa couverture de l'actualité. De ce côté, Radio-Canada occupe des parts de marché intéressantes. On parle d'une augmentation depuis l'année précédente à CBC Television.
Le financement ne provient pas seulement des fonds publics, mais d'un modèle mixte. La société reçoit les crédits parlementaires approuvés ici, en cette Chambre, et engendre des recettes commerciales. En 2008-2009, les crédits de Radio-Canada et de CBC se chiffrent à plus de 1 milliard de dollars avec la somme additionnelle de 60 millions de dollars annoncée par le la semaine dernière, afin de fournir un éventail de contenu canadien élevé comme on l'a vu, par exemple, avec l'émission Tout le monde en parle.
Avec ces 60 millions de dollars, Radio-Canada continuera de répondre à son mandat en assurant de nouvelles émissions et en concevant des émissions bilingues, toujours en élargissant la couverture de l'actualité dans une perspective canadienne. Il faut penser aussi aux jeunes. On peut se rappeler le nombre d'émissions jeunesse produites par Radio-Canada et les défis qui interpellent la société, alors que l'on assiste à un foisonnement de chaînes spécialisées et à un élargissement des multimédias.
Avec cette évolution et le soutien du gouvernement canadien, la diversité des programmes et des services démontre l'usage de cet investissement et le cheminement parcouru par notre radiodiffuseur public national depuis sa création en 1936. Le gouvernement offre un financement record depuis notre arrivée au pouvoir, année après année, stable et sécuritaire, qui permet à Radio-Canada de faire des prévisions, ce qui est extrêmement important pour toute société, ainsi qu'un montant additionnel de 60 millions de dollars.
En conclusion, on vit une période de perturbation économique. Il est difficile de dire à quel moment cette période se résorbera et quelle sera l'ampleur de ces perturbations. Une chose est certaine, au moment où les revenus du gouvernement canadien diminuent et où les recettes baissent chez nous, on augmente le financement de Radio-Canada à un niveau sans pareil depuis notre arrivée. On tient parole, comme on l'avait fait, et on continuera de le faire afin que notre diffuseur national puisse remplir sa mission.
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Monsieur le Président, le week-end dernier, je suis retourné dans ma circonscription où j’ai assisté à un certain nombre d’événements. À chaque occasion, sans exception, quelqu’un a demandé ce que nous allions faire pour la société d'État et a exprimé ses inquiétudes au sujet de la perte des services de CBC/Radio-Canada dans notre région.
Également, mon bureau a reçu un grand nombre d’appels téléphoniques et de courriels à ce sujet. Je commencerai par faire part à la Chambre d’un courriel de Ian McNeil, de East Lake Ainslie.
Il parle de CBC/Radio-Canada et du fait qu’il s’agit d’un élément essentiel de l’infrastructure nationale. Il est sidéré de voir qu’on laisse se dégrader ainsi un élément essentiel de l’infrastructure nationale. Le pire, dit-il, c’est que cela se produit au moment où le gouvernement fédéral parle d’investir dans l’infrastructure. Il déclare que la récente annonce de congédiements massifs à CBC/Radio-Canada est dévastatrice. Il estime que rien n’unit autant notre pays sur le plan démocratique et économique que CBC/Radio-Canada. La société d'État nous permet de nous parler dans les deux langues officielles, à la radio, à la télévision et par Internet et elle représente, pour les Canadiens, un miroir dans lequel ils se reflètent quotidiennement. Il ajoute qu’elle explique ce que nous sommes aux Canadiens et à nos voisins du monde qui nous entoure, qu’elle nous distrait, nous informe, nous fournit un forum de discussion et de créativité dont notre économie a désespérément besoin en ce moment.
Voilà quelques-uns des commentaires que M. McNeil a envoyés à mon bureau et qui reflètent à peu près tout ce que nous avons entendu à ce sujet et à propos des coupes que le gouvernement a faites récemment.
Nous avons grandi avec CBC/Radio-Canada. Quand j’étais jeune, je veillais à faire la sieste le samedi après-midi, de façon à pouvoir regarder la Soirée du hockey le soir, en pyjama. Nous n’avions que deux chaînes à Glace Bay, mais la Soirée du hockey était pour nous le meilleur moment de la semaine. Quand nous étions plus jeunes, on nous autorisait parfois à rester debout pour regarder Juliet ou Gilligan's Island.
Nous avons grandi avec des gens comme Peter Gzowski et Vicki Gabereau qui ont eu une influence énorme sur la culture de notre pays. Ils nous ont permis de nous rendre compte que nous avons un grand pays. Ils nous ont aidés à forger notre perspective du monde. Ils nous ont aidés à développer un point de vue, une conscience canadienne, toutes ces choses que nous tenons probablement pour acquises. Je ne pense pas que nous comprendrons vraiment l’importance de CBC/Radio-Canada avant de l’avoir entièrement perdue.
Voilà où nous en sommes aujourd’hui. Nous craignons que ces coupes ne nous entraînent sur un terrain glissant et nous ne savons pas où elles s’arrêteront.
Monsieur le Président, je vais partager mon temps avec mon collègue de , qui va également parler de cette question, car nous savons quelles conséquences cela aura également pour sa circonscription.
Je voudrais parler de l’impact que cela aura localement. J’ai eu une discussion, un peu plus tôt aujourd’hui, avec le leader de l’opposition à la Chambre, le député de . Il a parlé des coupes en Saskatchewan et de la fermeture de la station de La Ronge. Cette station du centre-nord de la Saskatchewan, qui dessert toutes les collectivités du Nord, un grand nombre de communautés des premières nations, est la voix du Nord en Saskatchewan où elle est établie de longue date. Tom Robertson a pendant longtemps été là-bas un radiodiffuseur à la réputation légendaire. Ces communautés viennent d’être privées de ces services. Elles viennent de perdre un mode de communication essentiel, un élément d’une importance vitale.
La situation est assez semblable dans ma circonscription, . Une partie de ma circonscription continuera d’être desservie par Halifax. La région de Guysborough, Larrys River et Country Harbour pourra encore avoir accès à la station de Halifax, mais au Cap-Breton, les coupes vont causer la perte de six, sept ou huit emplois. C’était une station qui fonctionnait déjà avec très peu de personnel. Il y avait 22 personnes pour fournir le service.
Dès qu’on commence à perdre les journalistes, les personnes qui vont sur place recueillir les nouvelles, qui les partagent et qui mettent un visage humain sur un sujet particulier, nous perdons l’essence même de CBC/Radio-Canada. Nous perdons sa fonction première si nous n’avons pas ces personnes pour faire ce travail. Cela se répercute sur la qualité des émissions. Une fois que la qualité commencera à baisser, les gens croiront que l’existence de CBC/Radio-Canada importe peu et nous finirons par perdre ce service d’une importance cruciale pour nos collectivités.
CBC/Radio-Canada nous a tellement apporté sur le plan de notre culture, de notre histoire et de la musique. J’ai beaucoup de chance de venir d’une région comme celle du Cap-Breton. Je pense à certains artistes présents sur la scène musicale non seulement locale, mais aussi nationale et internationale, à des artistes comme Natalie MacMaster, les Rankins, Ashley MacIsaac, Rita MacNeil, Barra MacNeil, Matt Minglewood et la liste est encore longue. Ils peuvent vous parler de la première fois où ils ont passé à la radio. Lorsqu’ils parlent de leur première interview et de leur début sur les ondes, ils vous parlent de leurs rapports avec le personnel de CBC/Radio-Canada à Sydney.
La diffusion de ce genre de musique offre aux artistes une première occasion de se produire. Ensuite, ces artistes nous le rendent bien. Dans leurs chansons et leurs paroles, les artistes peuvent célébrer ce que nous sommes. Il est indispensable que ces stations et services régionaux puissent continuer leurs activités. Nous aurions aimé qu’ils prennent de l’expansion, mais maintenant, il s’agit seulement de continuer et de sauver ce qui reste. Les coupes annoncées les ont mis davantage en danger.
Nous avons des bonnes stations de radio locales. Un certain nombre de ces stations se débrouillent assez bien. Toutefois, dans l’ensemble, elles diffusent surtout de la musique. Ce sont les succès du Top 40, la musique country ou peu importe le style ou le thème de la station. Elles peuvent présenter les grands titres de l’actualité. Toutefois, il est très rare qu’elles puissent approfondir les nouvelles. Elles diffusent la liste de succès nationaux. Elles soutiennent la musique canadienne sous l'étiquette MapleMusic.
C'est formidable que nous ayons l'occasion d'entendre Bruce Springsteen et Ashlee Simpson, de grands artistes. Toutefois, c'est le rayonnement d'artistes comme Bruce Guthro et Ashley MacIsaac qui nous préoccupe. Il importe que nos musiciens et nos talents aient accès à un lieu où ils peuvent faire entendre leur musique et atteindre le public. C'est de cette façon qu'ils peuvent commencer leur carrière. Voilà précisément ce que les stations locales de CBC/Radio-Canada fournissent aux artistes.
Ron James est un copain à moi. Il a vécu à Glace Bay dans sa jeunesse. Il est comédien. C'est un gars formidable qui connaît un succès retentissant sur la scène internationale. Il a fait ses débuts à la station de la CBC à Sydney et dans des stations locales. Ces stations étaient là comme témoins tant des périodes heureuses que des périodes difficiles. Elles étaient là lorsque le Canada a accueilli les Jeux olympiques en 1987. Ce fut une fête grandiose, et ces stations locales ont porté la voix du Cap-Breton aux quatre coins du Canada. Leurs reportages ont été entendus aux quatre coins du Canada.
Lors de la tragédie qui a semé la mort à la mine Devco, la mine de charbon no 26, les journalistes de CBC/Radio-Canada étaient présents dans le carreau de la mine et parlaient aux familles et aux leaders communautaires. Il est essentiel que nous soutenions ces stations régionales. Il est essentiel que ces stations puissent diffuser ces reportages. Les compressions vont avoir des effets dévastateurs sur les stations régionales.
Je presse le gouvernement de faire en sorte que le financement provisoire soit accordé pour que ces stations puissent poursuivre leurs activités.
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Monsieur le Président, je tiens à remercier le député de de partager son temps de parole avec moi aujourd'hui et aussi de nous avoir livré son plaidoyer plein de fougue et d'émotion par lequel il demande au gouvernement d'aider CBC/Radio-Canada.
Je tiens également à remercier le député d' d'avoir proposé cette motion. Je sais que cette question le passionne et qu'il appuie fortement le travail de CBC/Radio-Canada partout au pays, y compris dans sa province, le Québec.
Je voudrais parler de l'importance du travail de CBC dans ma partie du pays, soit le Labrador, et aussi des répercussions qu'aura cette ronde de compressions sur ma circonscription et sur l'auditoire radio-canadien auquel s'adresse notre bureau local.
Malheureusement, cette situation n'a rien de nouveau pour le Labrador. En effet, sous les conservateurs de Mulroney, nous avons perdu en 1990 notre station de télévision de CBC à Goose Bay. Les journalistes qui perdaient leur emploi et les dirigeants locaux prédisaient que cela réduirait les possibilités pour le Labrador de se faire entendre à l'échelle provinciale et nationale. Malheureusement, ils avaient raison.
Nous n'avions pas, et nous n'avons toujours pas, d'autres solutions de rechange que la CBC pour la production télévisuelle locale. Nous n'avons ni CTV, ni Global. On peut en dire autant de la radio. Le Labrador n'a pratiquement aucune présence dans les réseaux privés commerciaux. Nous avons des stations communautaires, mais notre seul lien avec un réseau passe par CBC.
De fait, nous avons longtemps soutenu qu'il fallait accroître la présence de CBC au Labrador. Plus précisément, de nombreux habitants du Labrador ont préconisé la diffusion d'un signal radio partout au Labrador, de sorte que les gens du Sud du Labrador puissent syntoniser directement le signal radio de Goose Bay. Au lieu d'une présence accrue, nous sommes devant une compression.
Les compressions les plus récentes constituent une répétition de l'histoire. On peut y voir une tendance. Une fois élus, les conservateurs effectuent des compressions à CBC. C'est par idéologie que les conservateurs agissent de la sorte.
Les habitants du Labrador sont des auditeurs fidèles de CBC depuis des générations. Notre équipe locale de producteurs et de journalistes ainsi que le personnel de la radio de CBC dans son ensemble effectuent un travail exceptionnel avec des moyens déjà très restreints. Ils donnent accès aux nouvelles et aux opinions du Labrador à un vaste auditoire. Leurs segments d'information sont souvent relayés à l'échelle régionale et nationale. Ils sont également sur les lieux lorsque des nouvelles d'importance nationale doivent être relayées à l'ensemble du Canada. Que les nouvelles soient bonnes ou mauvaises, CBC a pour rôle d'expliquer aux auditoires locaux et nationaux les tenants et aboutissants de chaque nouvelle. CBC comble les lacunes que d'autres réseaux n'ont jamais même tenté de combler.
Pour donner une idée du travail rassembleur qu'effectue CBC Labrador dans notre région, je vous citerai certains des sujets traités au cours des quelques derniers jours par son émission emblématique, Labrador Morning.
L'épisode de la chasse controversée aux caribous de la harde de la Joir, une nouvelle qui intéresse deux provinces, la nôtre et le Québec, a été couvert en profondeur. CBC a présenté des débats d'experts sur l'impact local du budget provincial. Elle a couvert un atelier sur la sécurité alimentaire et sur la valeur nutritive de la nourriture sauvage traditionnelle. Elle a présenté un reportage sur les plans d'amélioration de la route 389. Celle-ci relie le Québec et le Labrador. Encore une fois, il s'agit d'une nouvelle locale d'une grande importance à l'échelle interprovinciale et même nationale. CBC a couvert les coupes pratiquées par l'une de nos compagnies aériennes locales. Elle diffuse notamment Jigs and Reels, une émission très populaire en ce moment, qui fait régulièrement le tour des nouvelles et des événements dans toutes les villes et les collectivités du Labrador.
Malheureusement, la semaine dernière, CBC Labrador a également dû parler de l'impact des compressions sur les services qu'elle offre et, partant, sur la population qu'elle dessert à la grandeur du Labrador.
Il ne s'agit pas seulement de nostalgie. Il s'agit d'une question fondamentale. Cela touche littéralement la façon dont nous échangeons et partageons avec autrui. Cela touche notre musique. Cela touche ce qui nous arrive. Cela touche nos préoccupations.
Bien des personnes préoccupées et des groupes ont communiqué avec moi. Ces gens étaient furieux et mécontents en apprenant les compressions qui s'en venaient. La ville de Happy-Valley-Goose Bay a publié une longue déclaration ce matin, dans laquelle le maire Leo Abbass disait ceci: « L'émission Labrador Morning de CBC est un lien vital entre nos collectivités, à la grandeur du Labrador. C'est la seule émission de radio consacrée exclusivement aux questions d'ordre géographique, culturel et politique qui touchent tous les habitants du Labrador. »
Un habitant de Nain, dans le Nord du Labrador, a dit: « Faites ce qu'il faut pour que CBC ne s'étiole pas. »
« Au nom de la justice envers un territoire qui a déjà le sentiment d'être déconnecté, abandonné et ignoré, je vous implore de ne pas faire cela au Labrador », disait cet autre courriel.
Dans un autre courriel en provenance de North West River, on pouvait lire ceci: « CBC est le ciment à qui nous devons l'unité du pays. C'est aussi le reflet de notre culture. »
Un résidant de la région du lac Melville écrit ceci: « Certains de ces décideurs devraient peut-être venir passer un hiver dans une de nos municipalités. Nous dépendons de cette information dans notre vie quotidienne. »
Je me fais l'écho de ces déclarations et de l'attachement personnel de bon nombre de gens à l'égard de CBC/Radio-Canada. Je m'attends à recevoir beaucoup d'autres déclarations comme celles-là. J'espère que le gouvernement conservateur reçoit aussi ce type de déclarations. Elles amèneront peut-être les conservateurs à revenir sur la décision de sabrer dans le budget de CBC/Radio-Canada.
Malheureusement, un trop grand nombre de conservateurs de l'autre côté de la Chambre partagent les sentiments du , qui a dit: « Avons-nous besoin de CBC/Radio-Canada sous sa forme actuelle alors qu'il y a tant de chaînes de radiodiffusion privées disponibles? » Je le défie de venir au Labrador et de répéter cela directement à mes concitoyens.
Le dernier cycle de compressions vise bon nombre de régions rurales et nordiques du Canada, nombre de régions dont la population est en grande partie autochtone, comme le Labrador, le Nord du Manitoba, le Nord de la Saskatchewan et le Nord de l'Ontario. Terre-Neuve-et-Labrador et deux des trois provinces maritimes font l'objet de compressions importantes. Huit des treize bureaux et stations faisant l'objet de compressions ou de fermeture sont situés dans le Canada atlantique.
Aux termes de la Loi sur la télédiffusion, CBC/Radio-Canada a pour mandat de refléter la globalité canadienne et de rendre compte de la diversité régionale du pays, tant au plan national qu’au niveau régional, tout en répondant aux besoins particuliers des régions, de contribuer au partage d’une conscience et d’une identité nationales, et d'être principalement et typiquement canadienne.
Les journalistes de CBC/Radio-Canada au Labrador cherchent à atteindre ces buts. Ils font un travail remarquable avec les ressources disponibles, mais voilà que ce mandat est menacé, parce que le gouvernement conservateur refuse de donner à CBC/Radio-Canada les ressources dont elle a besoin. Les employés du Labrador doivent faire face à des compressions de 40 p. 100. L'impact qu'auront de telles compressions dans notre région ne se mesure pas qu'en dollars et en cents. Le Labrador s'en trouvera appauvri, tout comme l'ensemble du Canada.
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Monsieur le Président, je partagerai mon temps avec ma très sympathique collègue la députée d'.
C'est avec un immense plaisir que je prends la parole aujourd'hui sur la motion libérale présentée par mon honorable collègue le député d'. Cette motion vise premièrement à faire reconnaître le rôle indispensable que joue la Société Radio-Canada, sections francophone et anglophone, par ses diffusions partout au Canada et spécifiquement au bénéfice des minorités linguistiques, incluant les minorités autochtones, puisqu'on distribue l'information en au moins huit langues autochtones.
Deuxièmement, cette motion vise à blâmer le gouvernement actuel pour les difficultés économiques et les licenciements majeurs que connaîtra bientôt la société à la suite de la flexibilité financière que l'on refuse de lui accorder.
Troisièmement, la motion demande à ce même gouvernement de fournir le financement de transition dont la Société Radio-Canada—CBC a besoin pour maintenir ses effectifs et ses services au niveau de l'année dernière.
Il y a quelque chose de profondément ironique à constater que ce sont les libéraux qui présentent aujourd'hui cette motion, eux qui sont les premiers grands responsables de la crise vécue par la société. En effet, ils ont refusé d'indexer le budget de Radio-Canada alors qu'ils étaient au pouvoir. Ils ont aussi commencé à couper les budgets dans les années 90. En dollars constants, c'est-à-dire en tenant compte de l'inflation, le budget de Radio-Canada est passé de 900 millions de dollars à 708 millions de dollars sous le règne des libéraux, et ce, en pleine période de croissance économique, comme on l'a dit aujourd'hui
Que peut-on demander de plus à un parti qui dénonce tous les jours les multiples facettes du budget conservateur et qui, tous les jours pourtant, soutient ce qu'il dénonce par ses votes? Ce parti demande tous les jours que l'on accorde plus d'attention et de moyens aux chômeurs et aux chômeuse, qui sont les premiers à être touchés par la crise économique qui nous frappe. Pourtant, lorsqu'ils étaient au pouvoir, ils ont pillé systématiquement la caisse d'assurance-chômage pour plusieurs milliards de dollars, afin d'équilibrer les comptes du gouvernement de l'époque, tout en laissant les gens les plus riches de la société continuer à profiter des paradis fiscaux et des fiducies familiales. Leur ministre des Finances, Paul Martin, en était lui-même l'un des plus grands utilisateurs. On l'avait d'ailleurs surnommé entre nous « Ti-Paulo-les-Bateaux », parce qu'il faisait construire ses bateaux à l'étranger et qu'il les faisait naviguer sous pavillon de complaisance. Il déclarait ses profits dans les paradis fiscaux et scrapait ses bateaux en Chine. Tout cela pour aider le Canada.
[Traduction]
Certains disent de lui qu'il faisait de beaux discours à Ottawa, mais qu'il plaçait son argent à la Barbade.
[Français]
Que peut-on demander de plus à un parti qui déchire sa chemise en Chambre pour nous parler avec des trémolos dans la voix du gouvernement qui abolit le droit fondamental des femmes à l'équité salariale, un droit arraché de haute lutte par la génération qui nous a précédés et qui, pourtant, vote avec le gouvernement les lois mêmes qu'il décrie.
Si ces quelques remarques viennent mettre un sérieux bémol aux motivations réelles des libéraux qui présentent cette motion, le Bloc québécois va pourtant la considérer à son mérite propre. Car il est vrai que Radio-Canada a annoncé dans ses prévisions un manque à gagner de 171 millions de dollars pour 2009-2010, un manque à gagner qui s'explique par la convergence de plusieurs facteurs: diminution des revenus publicitaires — bien sûr, tout le monde est frappé —, augmentation des coûts de programmation et infrastructures vieillissantes, pour ne nommer que celles-là. Vrai aussi que la direction a dû annoncer, le 25 mars dernier, l'élimination de 800 postes dont nous verrons les conclusions dans les mois qui viennent. Et vrai finalement qu'au moment où la société demandait une avance — tout simplement ça — sur les crédits parlementaires ou la possibilité de faire un emprunt auprès d'une institution financière ou bancaire, les conservateurs ont rejeté ces deux options alors que, au même moment, le ministre se disait prêt à venir au secours des télédiffuseurs et médias privés.
Après de nombreuses tergiversations et « accumulés » au pied du mur, comme disaient certains à une certaine époque, par les trois partis de l'opposition, les conservateurs ont finalement décidé, face à la crise économique qu'ils avaient commencé par nier, d'appliquer au Canada les solutions keynésiennes que tous les autres pays industrialisés du monde, incluant les États-Unis ont commencé à adopter, c'est-à-dire investir massivement dans la relance de l'emploi. On a donc vu ce gouvernement annoncer tout à coup des milliards de dollars d'investissements dans les infrastructures, les ports, les routes, les ponts, les aéroports, les patinoires, les terrains de tennis et même annoncer la création d'un fonds bizarre de 3 milliards de dollars qui sera investi sans aucun contrôle de la Chambre et on ne sait pas trop où à l'heure qu'il est.
Pourtant, pendant ce temps, on a coupé des millions de dollars dans les programmes de culture, ce qui met à risque des centaines, voire des milliers d'emplois au Québec et au Canada. Le Comité permanent du patrimoine canadien fait d'ailleurs actuellement une étude à ce sujet. Il est en train de la finaliser et elle sera déposée en Chambre très bientôt. Ce ne sera pas très joli à regarder. On refuse de soutenir Radio-Canada, quitte à y perdre 800 emplois de haut niveau.
J'aimerais rappeler à la population qui nous écoute la différence entre 1 million de dollars et 1 milliard de dollars. On n'a jamais eu cela dans nos poches. Forcément on ne connaît pas cela, mais je vais prendre un exemple précis. Si je déposais dans votre compte de banque, où on présume qu'il n'y a rien en partant, un million de dollars et que je vous demandais d'en retirer 1 000 $ tous les jours jusqu'à ce qu'il ne reste plus rien, et ce sept jours par semaine, 365 jours par année, cela vous prendrait un peu moins de trois ans pour vider votre compte. Toutefois, si j'y avais déposé un milliard de dollars et que je vous demandais de faire la même opération, soit de retirer 1 000 $ par jour, sept jours par semaine, 365 jours par année, si vous aviez commencé à la naissance de Jésus-Christ, aujourd'hui il vous resterait sept siècles à faire pour vider le compte de banque. C'est cela la différence entre les deux.
On a donc, d'un côté, des milliards de dollars investis dont on n'a aucune idée des retombées ni vous ni moi et, d'un autre côté, des millions de dollars coupés dont on a tout de suite le résultat. Ce sont des centaines d'emplois perdus alors qu'on prétend chercher à en créer.
Il n'y a là absolument aucune logique économique, et nous sommes obligés de présumer que les conservateurs ont pris cette décision pour des raisons idéologiques. C'est-à-dire qu'on continue d'appliquer la bonne vieille recette des conservateurs: best government is no government; il faut privilégier en tout temps le privé aux dépens du public.
Pourtant l'importance de Radio-Canada n'est plus à démontrer. Dans son rapport de février 2008, déposé l'année dernière, le Comité permanent du patrimoine canadien a étudié le cas de Radio-Canada de fond en comble et nous rappelle ceci dans sa mise en contexte. À la page 7 de ce document, on explique bien pourquoi Radio-Canada existe. Je me permets de le lire:
Les origines de ce que nous appelons aujourd'hui CBC/Radio-Canada remontent à 1929 et au Rapport de la Commission royale de la radiodiffusion (la Commission Aird). Cette Commission avait constaté que la majorité des émissions de radio qu'écoutaient les Canadiens provenaient des États-Unis et on craignait que cette situation ait tendance à mouler l'esprit des jeunes à des idéaux et des points de vue qui ne sont pas canadiens. La Commission Aird reconnaissait en outre l'immense potentiel éducatif et informatif de la radiodiffusion et sa capacité de contribuer à un sentiment commun d'identité nationale. Par conséquent, la Commission recommandait que soit créé un service national de radiodiffusion public doté des ressources nécessaires afin de créer des émissions à contenu véritablement canadien.
On me fait signe qu'il me reste une minute, mais je voudrais simplement ajouter ceci: aujourd'hui'hui, on se rend compte, du côté du Canada anglais surtout, que presque tous les films regardés sont des films américains, que presque toute la musique écoutée est de la musique américaine, que presque toutes les séries télévisées sont des séries américaines. Et selon des oreilles francophones comme les miennes, on parle de plus en plus yankee et de moins en moins british.
On aurait actuellement besoin d'augmenter l'action de Radio-Canada, mais on lui coupe les vivres. Et les deux partis — libéraux et conservateurs — ont joué là-dedans.
Si le gouvernement canadien est incapable d'assurer décemment la survie de la culture canadienne, pourquoi nous, les Québécois, lui ferions-nous confiance pour assurer la nôtre? On va prendre nos affaires en main, et il est temps que cela arrive.
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Monsieur le Président, tout d'abord, je voudrais féliciter mon collègue de de son excellent discours. Bravo!
C'est avec plaisir que je prends la parole aujourd'hui pour débattre de cette motion, qui concerne l'avenir à court et à long terme de la Société Radio-Canada—CBC.
Le 25 mars dernier, le président-directeur général de la Société Radio-Canada, M. Lacroix, a annoncé que 800 postes à temps plein seront éliminés de mai à septembre, dont 335 pour le réseau français. C'est donc dire qu'autour de 8 p. 100 des artisans de la société d'État perdraient leur emploi, dans tout le Canada.
Ces abolitions de postes se font dans un contexte d'accélération de la diminution des revenus publicitaires, liée à l'actuel contexte économique difficile, à l'augmentation des coûts de production et au vieillissement des infrastructures de la société d'État.
Malheureusement, je dois souligner qu'il est assez particulier, voire paradoxal, que le porteur — les porteurs — de cette motion soit aujourd'hui le Parti libéral. En effet, au cours des dernières années de leur règne, les gouvernements libéraux successifs ont refusé d'indexer le budget de Radio-Canada. Dans les années 1990, ils ont même coupé son budget à quelques reprises, notamment en 1998, en l'amputant de 94 millions de dollars.
Plus récemment, le 1er février 2005, un journal de la grande région de Montréal rapportait:
Cri d’alarme hier de l’ensemble des animateurs-vedettes de l’information de Radio-Canada. Ils ne digèrent pas les coupures de 4 millions imposées à nouveau au secteur de l’information.
Ils étaient tous là, attristés et réclamant une écoute du premier ministre Paul Martin et de la ministre Liza Frulla.
Ces gens ne sont pas des conservateurs.
En dollars constants, c'est-à-dire en tenant compte de l'inflation, le budget de Radio-Canada est passé, sous les libéraux, de 900 millions de dollars à 708 millions de dollars. Ainsi, dans les faits, les libéraux sont aussi directement responsables de l'état des infrastructures de Radio-Canada, et ils sont partiellement responsables de l'actuelle crise qui secoue la société. Le dépôt de cette motion par le Parti libéral révèle une nouvelle fois dans ce Parlement l'hypocrisie politique dont ce parti connaît si bien le secret. Cette façon de faire du Parti libéral n'est pas une exception, elle constitue sa signature.
Je vais donner un exemple qui me touche directement, parce que cela se passe dans mon comté, ainsi que dans d'autres comtés de Montréal. Il s'agit du bruit des avions à cause du déplacement des vols de Mirabel à Dorval. Nous subissons, dans Ahuntsic, le bruit des avions et cela continue dans Saint-Laurent et, bizarrement, à Lachine aussi. C'est assez drôle de voir certains députés libéraux crier au loup relativement au bruit des avions alors qu'ils sont directement responsables de cette situation inacceptable qui prévaut dans plusieurs comtés de Montréal. C'est un petit exemple, mais je pourrais en donner d'autres. C'est pourquoi, lorsque mis à l'épreuve des faits, les libéraux déçoivent autant le Québec que le Canada.
Revenons au corps du sujet, soit la crise financière que vit actuellement la société. Le manque à gagner auquel fait face Radio-Canada est de 171 millions de dollars. La direction de Radio-Canada a confirmé qu'elle a demandé l'aide du gouvernement, mais que cette aide temporaire leur a été refusée. Le gouvernement s'est limité à autoriser Radio-Canada à bénéficier du fruit de la vente de certains de ses actifs. Cette vente se ferait au pire moment, en pleine crise économique. On prétend que ces actifs valent à peu près 125 millions de dollars, mais on peut se demander combien la société d'État aura pour ces actifs, compte tenu de la crise économique. Il est clair que cette vente hypothèque l'avenir de la société. Ce qui est triste dans tout cela, c'est que ce gouvernement préfère investir des sommes faramineuses dans l'armement et dans la guerre plutôt que de maintenir des emplois au Canada et au Québec. C'est une réalité, et c'est inacceptable. Ce gouvernement ne comprend rien et continue sur sa lancée militaire.
Je souligne que 85 p. 100 de la présente coupe sera effectuée à la télévision, et 13,5 p. 100 à la radio. À titre d'exemple, à Montréal, les compressions se traduisent par la perte d'environ 250 postes, dont 85 en information. À Québec, les coupes se traduisent par l'abolition d'une quinzaine de postes et la disparition pure et simple du bulletin local du midi. On parle d'environ 2,5 heures d'information en moins par semaine en provenance de Québec à partir du 29 juin. Le Téléjournal Québec de 18 heures sera, quant à lui, amputé d'une demi-heure du 29 juin au 4 septembre, pour revenir à 60 minutes cet automne. On voit des coupes réelles de l'information et de l'emploi. On constate que, en plus des personnes qui se retrouveront sans emploi, la population se retrouvera avec une coupe de l'information qu'elle recevra. Cela me fait penser à TQS.
M. Lacroix affirme que, au-delà des murs de Radio-Canada, ces compressions toucheront aussi les producteurs indépendants « de façon spectaculaire ». Le diffuseur a notamment exigé qu'ils réduisent leurs coûts de production de 10 p. 100 à 25 p. 100, ce que la plupart d'entre eux ont accepté de faire.
On peut donc supposer que beaucoup plus que 800 emplois seront supprimés, si on compte les emplois à l'extérieur de Radio-Canada, soit ceux qui relèvent des producteurs privés.
Monsieur Lacroix a été clair. La décision du gouvernement conservateur de refuser une aide financière temporaire à la société d'État a compliqué la tâche des administrateurs. Je le cite: « Avec un financement provisoire, on aurait été capable de mieux gérer la situation dans laquelle nous sommes. » Cela m'amène à souligner avec force que cette décision conservatrice de ne pas assister temporairement Radio-Canada est inacceptable. Aujourd'hui, nous savons tous que le gouvernement conservateur a finalement reconnu qu'il y avait une crise économique mondiale et que celle-ci affectait aussi le Canada. Il a soutenu haut et fort que le plan d'action a quatre grandes priorités, dont la première est, et je cite: « Prendre des mesures pour protéger des emplois. » C'est un peu bizarre, n'est-ce pas? Ils disent vouloir protéger des emplois, mais ne donnent pas d'argent et des personnes se retrouvent à la porte. Il y a 800 personnes qui sont mises à pied.
Face à la crise financière qui secoue Radio-Canada, le gouvernement échoue lamentablement à son propre test. Son inaction constitue une pure démonstration d'incompétence économique en ces temps de crise. Car l'action élémentaire d'un gouvernement responsable actuellement, c'est de préserver les emplois. En agissant de la sorte, le gouvernement qui est actuellement au pouvoir grâce à l'appui des libéraux, dont mon cher collègue d' fait partie, est directement responsable de la perte de 800 emplois bien rémunérés et à temps plein. D'un côté, ce gouvernement veut se montrer actif pour créer des emplois d'infrastructure en pressant le Parlement d'appuyer son fameux plan de 3 milliards de dollars, même si on ne sait pas trop où il injectera cet argent. D'un autre côté, il accentue la crise en refusant à Radio-Canada un financement temporaire de 171 millions de dollars. Je ne comprends plus rien avec eux. Ils devront engager plus de gens à l'assurance-emploi afin de répondre aux demandes de ces 800 personnes et plus qui perdront leur emploi.
Le 26 mars dernier, un réputé journaliste de la société, qui compte 50 ans de métier, s'est dit inquiet de l'avenir de la société d'État. Il a dit, et je cite: « Le plus inquiétant à moyen et à long terme, c'est l'avenir de la télévision publique au Canada. » Il a aussi dit: « On peut toujours passer par-dessus les conjonctures économiques ». Toutefois, quand ces conjonctures économiques sont doublées d'une non-volonté politique, ça va mal à la shop.
Ce que fait ce gouvernement est honteux. Du simple point de vue économique et humain, les conservateurs devraient appuyer sans hésiter la préservation de ces postes. Malheureusement, le gouvernement conservateur ne semble pas comprendre cela et assumer cette vérité économique. Le plan des conservateurs semble être de profiter de la présente situation économique pour affamer Radio-Canada et affecter son rayonnement et son avenir au Québec et au Canada. La situation est d'autant plus choquante du fait que les conservateurs semblent étudier l'idée d'aider des diffuseurs privés. On dit que charité bien ordonnée commence par soi-même.
Le Bloc appuiera cette motion, mais dans les faits, nous demandons plus que ce qui est présenté dans cette motion. Puisque le temps qui m'est imparti est sur le point de se terminer, je donnerai quelques points. Que le financement public de Radio-Canada passe de 34 $ à 40 $ par citoyen. Dans d'autres pays du monde, c'est beaucoup plus que ça. Que le financement annuel d'appoint de 60 millions de dollars soit maintenu. Que le financement soit stable, pluriannuel, prévisible et indexé. Le pire dans tout ça, c'est que c'est déjà dans le rapport du Comité permanent du patrimoine canadien de février 2008. On a rencontré beaucoup de témoins. Il y a eu beaucoup de mémoires qui ont été déposés. On en a discuter à n'en plus finir. Cela a pris le temps que cela a pris. Un beau rapport a été produit. Ce dernier ne remettait vraiment pas en doute l'importance du financement de Radio-Canada-CBC. Là, c'est comme si on avait travaillé pour rien. Il n'y a rien qui ressort de cela. La motion du Parti libéral est intéressante mais, malheureusement, elle ne va pas assez loin et vient un peu trop tard. Ces demandes n'apparaissent pas dans cette motion. Du côté du gouvernement, cela ne fait pas partie de ses préoccupations.
D'ailleurs, ces recommandations allaient bien plus loin que cette motion libérale. Ces recommandations ont trouvé l'appui du Parti libéral, même si nos collègues siégeant au comité n'ont pas semblé très à l'aise avec cette demande d'augmentation et de maintien du financement de la Société Radio-Canada—CBC. J'aurais cru que cette motion aurait beaucoup plus de force et de poigne.
Les libéraux feront-ils la même chose que nos collègues conservateurs? C'est la grande question à se poser et, à mon sens, c'est l'avenir qui nous le dira.
Si, en apparence, cette motion libérale apparaît demandante à l'égard du gouvernement, elle est plus que timide au regard de ce que soutenaient tous mes collègues libéraux il y a un peu plus de 12 mois.
Malheureusement, avec les conservateurs...