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Monsieur le Président, avant la période des questions, je disais que j'étais d'accord sur le principe de cette motion mais que certains des mécanismes proposés pour la mettre en application laissaient à désirer, notamment parce que la législation américaine ne s'applique pas ici puisque la nôtre est différente.
J'ajoutais que le gouvernement libéral avait accompli de grandes choses lorsqu'il était au pouvoir en 2001. Nous avons consolidé les institutions financières, examiné la réglementation et établi la base de données des cartes de crédit où sont entreposées d'énormes quantités de données qui nous ont permis d'éviter ce qui s'est passé aux États-Unis et dans d'autres pays. Cela, c'était parce que nous avions maîtrisé nos institutions financières.
La motion parle aussi des techniques de sollicitation excessive utilisées par les sociétés émettrices des cartes de crédit pour inciter les jeunes à prendre ces cartes. On leur propose des taux d'intérêt modestes et ensuite, une fois qu'ils sont accrochés, on relève ces taux et c'est comme cela que des tas de gens se retrouvent maintenant criblés de dettes.
Comme je l'ai dit tout à l'heure, face à ce constat d'endettement, il faut faire quelque chose. C'est une des raisons pour lesquelles les libéraux ont pris les devants au Sénat. Nous voulions que le Comité sénatorial des banques se penche sur ces questions et s'attaque résolument à les résoudre. Le problème est bien réel. La dette de la plupart des Canadiens, surtout les consommateurs, est énorme. Dans ma circonscription, Vancouver-Centre, les maisons et tout le reste coûtent une fortune. Nous avons des couples de jeunes gens dans la trentaine qui ont fait des études universitaires, qui ont des maîtrises en gestion des affaires, qui sont avocats. Avec un double salaire, ces couples ont un revenu confortable mais ils n'arrivent quand même pas faire l'acquisition d'une maison. Ils sont à la limite de l'endettement et quand l'un d'entre eux perd son emploi dans le contexte actuel, ils sont à deux chèques de paie de la faillite. Nous devons nous occuper de ces gens qui ont de grosses factures de cartes de crédit à payer.
Mes collègues ont été nombreux à faire valoir qu'un grand nombre de détaillants connaissent un resserrement du crédit à l'heure actuelle. Il y a dans tout cela un cercle vicieux. Lorsque les gens sont endettés, ils ne dépensent pas; nous le savons. Ils épargnent et mettent leur argent de côté. Ils sont endettés envers des sociétés émettrices de cartes de crédit. Ils ont atteint leurs limites. Ils ne peuvent donc plus acheter davantage. Le secteur du détail en souffre puisque les consommateurs sont incapables de dépenser sur autre chose que des produits de nécessité. Les commerces, les détaillants et les petites entreprises en souffrent terriblement et ils doivent eux aussi composer avec le resserrement du crédit.
En plus de cela, les sociétés de cartes de crédit imposent aux détaillants des taux d'intérêt de 11 p. 100 et de 12 p. 100, ce qui ne permet pas à ces derniers de dégager de bénéfices. Nombre d'entre eux s'efforcent d'activer les ventes et d'encourager les consommateurs à acheter, mais ils ne peuvent agir de la sorte et continuer leurs activités si les bénéfices ne sont pas au rendez-vous. Ils ont le choix entre fermer leurs portes ou baisser leurs prix. Cependant, s'ils ne dégagent pas de bénéfices, ils vont finir par fermer boutique de toute façon.
Les établissements financiers, qui régissent une bonne partie des dettes liées aux cartes de crédit ainsi que les taux d'intérêt appliqués par les sociétés de cartes de crédit, doivent faire preuve de responsabilité en faisant comprendre à ces dernières qu'en imposant de forts taux d'intérêt et en modifiant les taux d'intérêt sans avis suffisant à l'endroit de personnes qui ne peuvent se permettre de régler leur solde en entier, soldes qui ne feront que gonfler à l'heure actuelle puisque les gens manquent de ressources et ne peuvent régler que le minimum exigé, elles sont en train de créer un problème de grande ampleur. L'endettement des gens fera du tort à l'économie et nuira à toute mesure de relance économique ou autre initiative visant à nous aider à nous sortir de cette situation.
Nous sommes devant un cercle vicieux qui engendre une situation de plus en plus grave.
Comme on peut s'y attendre, le gouvernement conservateur promettra de faire quelque chose. Le a déclaré qu'il aurait des pourparlers avec les sociétés émettrices de cartes de crédit et les convaincrait d'agir en ce sens de leur propre chef. Or, lorsque ces dernières lui ont dit d'aller se promener, rien n'est arrivé. Le gouvernement nous fait constamment des promesses sous la forme de mesures de relance, de budgets et de toutes sortes de déclarations qui n'aboutissent jamais. Rien ne se passe. Évidemment, les beaux discours ne coûtent pas cher.
De ce côté-ci de la Chambre, nous n'avons pas voulu faire de la petite politique avec la situation financière difficile dans laquelle le pays se trouve et nous avons donc lâché la bride au gouvernement. Nous nous sommes dits prêts à l'appuyer tout en le mettant sous haute surveillance.
Le gouvernement nous répète sans arrêt qu'il s'en occupe et qu'il trouve que c'est important, mais il ne fait rien. Nous avons mis le gouvernement en probation parce qu'un jour ou l'autre il faudra bien savoir si ses promesses valent quelque chose. Il faut que l'argent soit versé. Il faut que nous puissions constater les efforts déployés pour forcer les sociétés émettrices de cartes de crédit à se pencher sur le problème. Il faut que le gouvernement tienne ses promesses de faire certaines dépenses. Il faut que tous ces projets prêts à démarrer soient lancés. Il faut des investissements à long terme.
C'est ce genre de choses que nous voulons que le gouvernement fasse et c'est pour cela que nous le surveillons de près. Cela dit, nous ne voulons pas non plus être irresponsables. Nous savons que les temps sont durs, mais il faut bien faire quelque chose.
La motion proposée par le NPD dit simplement qu'il faut faire quelque chose. Nous avons pris les commandes et décidé d'agir. Nous avons commencé le travail au Sénat en étant très actifs sur ce front. Nous avons besoin d'études et d'information. Quand je parle d'études, je ne parle pas de ce que le gouvernement fait habituellement, c'est-à-dire des stratégies sur deux ans qui ne débouchent jamais sur quoi que ce soit. Je veux dire que nous avons besoin de données rapidement. Le temps file et il faut régler ce dossier.
C'est bien d'avoir de bonnes intentions, et je pèse mes mots, car je sais que cette motion est pleine de bonnes intentions, mais nous savons que le NPD a tendance à ne pas mettre ses intentions en pratique. Toutefois, nous nous rallions à cette motion, car ses objectifs sont bons. Nous avons pris l'initiative de faire une partie du travail dans le but de trouver les solutions les plus efficaces à ce problème.
Voilà pourquoi j'appuie la motion.
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Madame la Présidente, je vais partager mon temps de parole avec le député de .
Cela fait 20 ans qu'on examine la question. En 1990, les néo-démocrates disaient que les sociétés émettrices de cartes de crédit escroquaient les Canadiens ordinaires, les consommateurs et les petites entreprises. Dans un rapport paru en 1990, le comité permanent recommandait de limiter les taux d'intérêt à huit points de pourcentage au-dessus du taux préférentiel. Aucune mesure n'a été prise dans le dossier depuis toutes ces années.
Les sociétés émettrices de cartes de crédit continuent d'escroquer les jeunes canadiens, les personnes âgées et les entreprises de toute taille. Elles s'y prennent de onze façons différentes.
Escroquerie no 1. Le taux d'intérêt sur les cartes de crédit émises par les banques s'élève à 19,9 p. 100, parfois même à 20 p. 100, malgré le fait que le taux d'intérêt fixé par la Banque du Canada est extrêmement faible. Le taux d'intérêt diminue, mais les taux associés aux cartes de crédit augmentent. Les taux d'intérêt sur les cartes émises par des détaillants sont encore pire. On peut trouver, sur le site web du gouvernement du Canada, des renseignements sur les cartes de crédit offertes par ces détaillants; leurs taux d'intérêt vont de 24 p. 100 à 28,8 p. 100, parfois même jusqu'à 29 p. 100.
Escroquerie no 2. Le consommateur verse des intérêts non pas sur son solde actuel, mais sur le solde du mois précédent. Par exemple, quand une personne doit 1 000 $ et rembourse 800 $, elle pourrait penser qu'elle versera des intérêts sur les 200 $ restants. Ce n'est pas le cas. Elle doit verser des intérêts sur la somme totale. Je ne peux pas croire qu'une telle escroquerie soit admissible au Canada. Les gens ne versent pas des intérêts sur leur solde actuel, mais sur le solde du mois précédent.
Escroquerie no 3. Récemment, la société Canadian Tire a avisé beaucoup de ses titulaires de cartes que le taux d'intérêt annuel sur les paiements en retard allait passer à 19,5 p. 100. Certains titulaires sont au courant, d'autres ne le sont pas. Elle augmente son taux d'intérêt sans même en informer les gens.
Escroquerie no 4. Les sociétés émettrices de cartes de crédit envoient aux gens des contrats à signer. Ceux-ci contiennent des dispositions écrites en très petits caractères, probablement de 5 ou 6 points, et en language difficile à comprendre. Elles ne prennent pas toujours la peine de les expliquer aux clients. Ceux-ci ne comprennent donc pas vraiment ce à quoi ils s'engagent.
Escroquerie no 5. Les représentants des sociétés émettrices de cartes de crédit se rendent dans les universités et séduisent les jeunes en leur montrant de grosses publicités et en les amenant à adopter leurs cartes de crédit. Les étudiants vivent ensuite dans l'endettement. La raison pour laquelle beaucoup d'entre eux finissent par posséder autant de cartes de crédit, c'est qu'ils ont des dettes d'études énormes, en moyenne plus de 30 000 $ par étudiant. Ils sont ensuite entretenus dans la dépendance de ces cartes de crédit par des campagnes de marketing dont ils sont la cible.
Escroquerie no 6. Les sociétés émettrices de cartes de crédit courtisent également les aînés. Elles leur font parvenir des cartes qu'ils n'ont jamais demandées. Des sondages récents démontrent qu'un Canadien sur cinq reçoit des cartes de crédit non sollicitées. Les compagnies de cartes de crédit leur offrent d'abord des taux moindres, à court terme, afin de les attirer. Elles changent alors les taux sans en informer les titulaires. Elles appliquent ces taux à différents comptes. Les clients ont l'impression d'économiser au début, mais à long terme ou dans les petits caractères du contrat qu'ils ont signé, illisibles pour les aînés, lorsque le premier achat est effectué, ils réalisent que les taux sont appliqués d'une façon différente selon les comptes.
Escroquerie no 7. Même les titulaires de carte de crédit qui remboursent à temps doivent payer des pénalités, des taux d'intérêts accrus et des frais de service mensuels et annuels. Les compagnies traquent même ceux qui font tout ce qu'on leur demande.
Escroquerie no 8. Les transactions à l'étranger. Les gens ne s'en doutent peut-être pas, mais lorsqu'ils franchissent la frontière pour acheter quelque chose à Buffalo, par exemple, des frais supplémentaires de 2,5 p. 100 s'ajoutent au taux d'intérêt de 19 ou de 28 p. 100 qu'ils paient déjà.
Escroquerie no 9. Les frais d'interchange exigés des commerçants. Un grand nombre de petites entreprises disent que ces frais sont totalement injustes. Les sociétés émettrices de cartes de crédit exigent jusqu'à 4 p. 100 du prix total des ventes plutôt que des frais fixes par transaction. Encore une fois, c'est une pratique tout à fait injuste.
Escroquerie no 10. L'augmentation des frais annuels alors que les services diminuent. Lorsque les services diminuent, les frais annuels augmentent.
Escroquerie no 11. Les pénalités pour dépassement de la limite de crédit. Il y a des frais qui s'appliquent à cela également.
Il n'est pas surprenant que, l'an dernier, huit Canadiens sur dix, soit 84 p. 100 de la population, aient déclaré avoir une certaine forme de dette. Ces personnes disent craindre de ne pas avoir de marge de manoeuvre en cas d'imprévus. La dette des ménages n'a jamais été aussi élevée, atteignant 1 billion de dollars il y a deux ans. L'an dernier, la dette moyenne par ménage, incluant la dette hypothécaire, s'élevait à 80 000 $, du jamais vu. Les Canadiens, surtout ceux de la classe moyenne, ont accumulé d'énormes dettes, qui ont doublé depuis 1990 environ. Les conséquences? Les faillites sont en hausse de 14,9 p. 100 par année.
La motion des néo-démocrates vise à protéger les consommateurs contre les augmentations des taux d'intérêt et d'autres changements apportés à leur compte; à interdire l'application inéquitable des paiements de cartes de crédit; à restreindre les frais abusifs et les pénalités; à interdire aux sociétés émettrices d'utiliser le dossier de crédit d'un consommateur auprès d'un autre créancier pour hausser les taux d'intérêt; à interdire aux sociétés émettrices d'appliquer des frais d'intérêt à des dettes remboursées; à faire en sorte que les détenteurs de cartes de crédit soient informés des modalités de leur compte; et à protéger les jeunes consommateurs contre la sollicitation excessive de la part des sociétés émettrices de cartes de crédit.
Voilà le genre d'approche pleine de bon sens que les néo-démocrates demandent au gouvernement de présenter d'ici six mois. Nous voulons une mesure législative complète. Nous ne voulons plus de belles paroles et d'études. Adoptons une mesure législative visant la responsabilité et la transparence des compagnies émettrices de cartes de crédit semblable à celle présentée par l'administration Obama.
Les libéraux n'ont cessé de tergiverser et de réaliser des études. Le Sénat est d'ailleurs saisi d'une autre étude. Que font les conservateurs? Ils discutent avec les banques, mais n'agissent pas. Il est temps de passer à l'action afin de protéger les consommateurs et de limiter les taux d'intérêt des cartes de crédit.
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Madame la Présidente, je suis heureux de participer cet après-midi au débat sur la motion de l'opposition présentée par le Nouveau Parti démocratique et portant sur la protection des consommateurs par rapport aux taux d'intérêt appliqués aux cartes de crédit.
Nous savons que ce problème n'est pas nouveau au Canada. Il existe depuis des décennies et il s'aggrave d'année en année. Depuis quelques décennies, la dette à la consommation a augmenté de façon dramatique au pays, et elle atteint aujourd'hui un niveau sans précédent.
La crise économique actuelle a exacerbé les problèmes qu'engendre cette dette importante pour les Canadiens ordinaires. Un grand nombre d'entre eux sont aux prises avec une perte de revenu liée à un licenciement, au chômage, ou au fait qu'ils ne peuvent toucher de prestations d'assurance-emploi dans leur région. Ces personnes n'ont souvent d'autre choix que de s'en remettre aux cartes de crédit pour avoir immédiatement accès à des fonds et pouvoir acquitter leurs factures de tous les jours. L'utilisation de ces cartes se veut une solution provisoire, mais elle ne fait qu'aggraver les difficultés de ces familles. Nous sommes conscients qu'un grand nombre de familles vivent des jours difficiles et stressants.
Pourtant, les taux de différentes cartes de crédit continuent d'augmenter au pays. Ces taux continuent d'augmenter, même si le taux de la Banque du Canada n'a jamais été aussi bas. Les banques et les compagnies émettrices de cartes de crédit ne semblent pas disposées à faire profiter les consommateurs des avantages liés au faible taux de la banque centrale.
La situation n'est pas nouvelle. Cela fait des décennies qu'une intervention s'impose afin de protéger les consommateurs. Nous sommes heureux d'avoir l'occasion aujourd'hui de débattre de propositions précises pour corriger les problèmes auxquels font face les consommateurs relativement aux taux d'intérêt appliqués aux cartes de crédit.
Notre motion propose, entre autres, d'adopter une stratégie qui s'inspirerait de mesures qui font présentement l'objet de discussions aux États-Unis. À l'heure actuelle, si je ne m'abuse, le Sénat et la Chambre des représentants aux États-Unis sont en train d'étudier des mesures pour protéger les consommateurs contre les taux d'intérêt abusifs imposés dans ce pays.
J'ai examiné une mesure législative en particulier, à savoir la Credit Card Accountability Responsibility and Disclosure Act of 2009, qui est actuellement devant le Sénat américain. Il s'agit de la loi à laquelle nous faisons allusion dans la motion d'aujourd'hui, et que nous considérons comme un modèle possible pour le gouvernement, un modèle qui pourrait lui permettre d'agir plus rapidement dans ce dossier qu'il ne le ferait peut-être autrement.
Le gouvernement a parlé d'étudier la question, de créer un groupe de travail à cette fin. On a ici un modèle législatif à l'étude aux États-Unis, modèle proposé par le gouvernement Obama, qui mérite d'être envisagé au Canada et qui pourrait permettre de mettre rapidement une mesure à l'étude à la Chambre.
La motion prévoit la présentation d'une mesure législative d'ici six mois. Nous aimerions beaucoup qu'elle soit présentée plus tôt. Si le gouvernement pouvait faire plus vite, ce serait génial. Peut-être qu'en s'inspirant de la mesure présentée au Sénat américain, il pourrait s'acquitter de cette tâche.
J'aimerais parler plus en détail des dispositions de la Credit Card Accountability Responsibility and Disclosure Act dont le Sénat américain est actuellement saisi.
L'article 101 de ce projet de loi rendrait obligatoire un préavis à l'égard de toute augmentation de taux d'intérêt touchant les cartes de crédit. Aucune augmentation ne serait permise sans un préavis de 45 jours. Il serait en outre interdit d'appliquer rétroactivement des augmentations à des soldes courants. De plus, il faudrait signifier clairement aux détenteurs qu'ils ont le droit d'annuler leur carte de crédit si le taux d'intérêt applicable est haussé.
Ce sont là d'importantes dispositions que prennent les États-Unis. Il convient de signaler que, dans quelques cas, il existe déjà des dispositions similaires au Canada. Nous avons des règlements qui prévoient certains des éléments contenus dans le projet de loi à l'étude au Sénat américain, mais, de façon générale, l'exhaustivité de cette mesure mérite notre attention.
L'article 102 du projet de loi américain prévoit un gel en ce qui concerne les modalités relatives aux taux d'intérêt et aux frais applicables à l'annulation de cartes. Cette disposition interdirait la hausse des taux d'intérêt ou l'annulation des modalités de remboursement lorsqu'un détenteur annule sa carte.
L'article 103 porte sur le plafonnement des frais et des intérêts et il compte quatre dispositions. Il interdirait la facturation s'échelonnant sur plus d'une période. Les sociétés émettrices ne pourraient donc pas imposer des frais d'intérêts sur la partie d'un solde qui a été payée avant l'échéance.
L'article parle aussi de limiter les frais en cas de dépassement de la limite, en donnant aux titulaires de carte la possibilité d'avoir un plafond de crédit fixe qui ne peut pas être dépassé, et en interdisant aux entreprises émettrices d'imposer des frais pour dépassement aux titulaires qui ont une limite fixe. Les détenteurs de carte peuvent choisir d'interdire au créancier d'accepter des transactions dépassant la limite qui entraîneraient des frais ou constitueraient un défaut de paiement au sens de l'entente de crédit. Les frais de dépassement de la limite ne pourraient être imposés que dans le cas où un montant supplémentaire autre que les frais ou les intérêts entraînerait un dépassement de la limite de crédit. Les frais de dépassement ne pourraient être facturés qu'une seule fois dans un cycle de facturation.
La loi américaine interdirait aussi de facturer des intérêts sur des frais tels que les frais de transaction par carte de crédit, les frais de retard et les frais de dépassement de la limite. Elle limiterait aussi certains frais imposés par exemple aux titulaires de carte qui veulent payer leur dette, que ce soit par la poste, au téléphone, par transfert électronique ou autrement. Il faudrait que les frais soient raisonnablement en rapport avec le coût. Des frais de change ne pourraient être exigés lors d'une transaction que s'ils correspondent à des coûts réels du créancier et que celui-ci divulgue publiquement la façon dont il les détermine.
L'article 104 de la loi américaine stipule que le consommateur a le droit de rejeter une carte avant l'avis d'ouverture du compte. Le détenteur préapprouvé peut rejeter une carte qu'il n'a pas activée sans que son crédit en souffre.
L'article 105 précise les termes utilisés, car on confond souvent « taux fixe » et « taux préférentiel ». Il créerait une définition unique.
L'article 106 parle de la façon dont les paiements sont appliqués. Il interdit aux entreprises émettrices d'imposer des délais à court terme pour les paiements. Il exige que les paiements s'appliquent d'abord à la tranche qui fait l'objet du plus fort taux d'intérêt, de manière à réduire le fardeau financier. Il interdit les frais de retard si c'est la compagnie émettrice qui a tardé à créditer un paiement. Il interdit aussi à ces entreprises d'exiger des frais de retard si le détenteur de la carte prouve qu'il a posté son paiement sept jours avant la date d'exigibilité.
L'article 107 parle du délai entre la facturation et la date de paiement qui doit être de 21 jours.
L'article 108 de la loi américaine est important. Il y est question d'interdire le défaut de paiement universel et les changements apportés unilatéralement aux ententes. Nous pourrions nous servir de cela au Canada pour empêcher les émetteurs de cartes de crédit de hausser les taux d'intérêt exigés d'un détenteur de carte ayant un bon dossier de crédit, pour des raisons qui n'ont rien à voir avec l'utilisation de sa carte. Il interdit aux émetteurs de cartes de crédit de modifier les modalités du contrat durant toute la durée de l'entente. Il exige aussi que les émetteurs réduisent au bout de six mois le taux des pénalités imposées à un titulaire de carte s'il ne commet pas d'autres infractions. Tout cela contribue beaucoup à protéger les consommateurs.
L'article 109 traite des peines accrues.
L'article 110 porte sur la surveillance accrue des émetteurs de cartes de crédit par le principal organisme de réglementation, disposition elle aussi très importante.
Le projet de loi contient toutes sortes de dispositions importantes. Il y a toute une section sur la protection des jeunes consommateurs et l'octroi de crédit aux consommateurs mineurs, sur les restrictions associées aux cartes affinité offertes aux jeunes, et sur la protection des jeunes consommateurs contre les offres de crédit faites à des candidats présélectionnés. Cette disposition-là obligerait les compagnies à obtenir la permission des gens avant d'effectuer leur présélection.
Au Canada, les compagnies de cartes de crédit ont parfois ciblé les jeunes, ainsi que les personnes âgées, leur offrant des cartes de crédit qu'ils n'ont pas demandées. Cela a contribué à l'endettement de ces groupes dans notre société.
La mesure américaine couvre également les frais d'interchange. Bien qu'elle n'offre aucune solution au problème en l'occurrence, elle ordonne la tenue d'une étude et la rédaction d'un rapport sur ces frais.
Même s'ils ne font pas partie de la motion dont nous sommes saisis, les frais d'interchange imposés aux détaillants et aux commerçants pour les services de cartes de crédit, frais qui sont transmis aux consommateurs, constituent une autre question très importante.
De nombreux détaillants se sont exprimés à ce sujet. Un détaillant de ma circonscription m'a fait remarquer que ces frais, l'année dernière, ont totalisé 4,5 milliards de dollars. Avant octobre l'an dernier, les frais de service que lui imposent les compagnies de carte de crédit ont augmenté huit fois. C'est inacceptable. C'est là un autre coût caché qui est transmis aux consommateurs. C'est injuste envers les commerçants.
Il nous faut une loi exhaustive sur les cartes de crédit au Canada pour protéger les consommateurs, ceux qui dépendent de ces dispositifs, contre les abus. Il nous faut également une loi exhaustive pour protéger les détaillants qui dépendent de ces services pour faire affaire au Canada.
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Madame la Présidente, je suis heureux d'avoir l'occasion d'intervenir à la Chambre pour parler de la motion proposée par le NPD en ce qui concerne les cartes de crédit, les taux des cartes de crédit et les cartes de débit.
Avant tout, il est important, je crois, de préciser qui a eu cette idée, aux États-Unis; j'ai posé la question aux néo-démocrates. La motion fait référence à la Credit Card Accountability Responsibility and Disclosure Act of 2009 présentée par l'administration Obama aux États-Unis. Mais, en fait, cela est faux. Cette loi n'a pas été présentée par l'administration Obama. Elle a été présentée par Christopher Dodd, un sénateur du Connecticut, qui, comme certains députés le savent, s'était présenté contre le président Obama pendant les primaires du Parti démocrate. C'est le président du comité sénatorial des banques aux États-Unis, mais il ne fait pas partie de l'administration Obama. Je me demande comment les députés néo-démocrates ont fait pour laisser passer une erreur si flagrante dans leur motion.
En second lieu, je suis préoccupé par le fait que cette motion ne tient pas compte des audiences séparées de trois comités — deux comités de la Chambre des communes et un comité du Sénat — en faveur desquelles les membres de ces comités ont en fait voté, et ce, dans le but d'approfondir la question, parce que c'est vraiment une question très complexe. Le Comité des finances, que j'ai le plaisir de présider, et le Comité de l'industrie ont adopté des motions à ce sujet. Je pense que nous aurons des audiences là-dessus en mai. Le comité du Sénat est en fait en train d'étudier la question. Ce qui m'amène à me demander pourquoi le NPD n'attend pas encore quatre semaines, c'est-à-dire la fin des audiences, pour se prononcer sur un ensemble de recommandations quant aux mesures à prendre.
Il faut admettre que la question des cartes de crédit et de débit a fait beaucoup parler au cours des dernières semaines. Beaucoup de mes électeurs m'en ont parlé, ainsi que bon nombre d'organisations qui font un bon travail de représentation de leurs membres, comme le Conseil canadien du commerce de détail, la Fédération canadienne de l'entreprise indépendante et l'Association canadienne des restaurateurs et des services alimentaires. Ces organisations ont fait valoir ces préoccupations au nom de leurs membres, et c'est pourquoi les trois comités ont voté en faveur de l'étude de la question.
Le Comité des finances, comme je le disais, l'étudiera prochainement. Je sais, puisque les députés conservateurs ont voté en faveur de cette étude, que le s'intéressera de près à la question et voudra certainement connaître l'opinion de tous les parlementaires une fois l'étude réalisée.
Je veux aussi signaler que notre gouvernement conservateur a déjà pris ou est en voie de prendre des mesures très importantes pour protéger les utilisateurs de cartes de crédit. Nous avons présenté ces mesures dans le budget, notre Plan d'action économique, et je fais remarquer que les députés du NPD ont voté contre.
Notre gouvernement a pour principe bien établi que les consommateurs sont mieux servis quand il y a un maximum de transparence mais aussi quand il y a de la concurrence et du choix. Sur le premier point, le budget de 2009, notre Plan d'action économique, établit qu'il faut des améliorations dans la présentation des contrats de crédit et des formulaires de demande de carte de crédit, qui doivent être clairs et simples. Nous avons aussi fait savoir que nous limiterons les pratiques commerciales qui ne sont pas avantageuses pour les consommateurs. Par exemple, nous tâcherons d'améliorer les pratiques des institutions financières assujetties à la réglementation fédérale en matière de recouvrement des créances. Nous allons aussi imposer un délai de grâce minimal concernant les nouveaux achats réalisés au moyen d'une carte de crédit.
Les premières réactions à ces mesures ont été très favorables. En fait, au Comité des finances, nous avons reçu des groupes comme le Centre pour la défense de l'intérêt public, dont le représentant a dit: « Il va de soi que nous sommes favorables à l'idée de voir le gouvernement prendre des mesures en ce sens. » Nous avons aussi entendu des propos encourageants du Conseil canadien du commerce de détail, qui a appuyé certaines mesures du budget de 2009 en affirmant que ces démarches contribuent à protéger les détaillants et les clients des pratiques injustes des sociétés de cartes de crédit et des banques émettrices.
Malgré l’opposition du NPD à ces mesures, le budget a été adopté avec l’aide de l’opposition officielle et notre gouvernement a maintenant le pouvoir de prendre des règlements pour protéger les consommateurs canadiens.
La Chambre des communes n’ignore pas que le marché des cartes de crédit est un marché du secteur privé et que les taux d’intérêt et les caractéristiques des cartes de crédit sont établis par les émetteurs de cartes de crédit dans un contexte très concurrentiel.
À l’heure actuelle, les institutions financières du Canada offrent aux consommateurs une grande variété de produits. Il y a plus de 200 cartes de crédit qui sont offertes au Canada avec des taux d’intérêt très variables. Cela veut dire que la concurrence est forte et que le choix est vaste.
Comme l’a mentionné le Toronto Star, il y a une pléthore de cartes sur le marché, dont une soixantaine avec des taux d’intérêt moins élevés. Les consommateurs ont la possibilité de choisir l’option et le taux qui répondent le mieux à leurs besoins particuliers. Un vaste choix assure une concurrence et une grande diversité de taux d’intérêt, mais il peut être difficile de savoir quelle est la meilleure carte lorsqu’on ne possède pas les connaissances nécessaires.
En fait, il peut être avantageux pour tous les consommateurs de mieux comprendre les taux d’intérêt, l’effet de l’intérêt composé, comme je l’ai appris à mes dépens lorsque j’étais jeune. À cet égard, le gouvernement fédéral a un rôle à jouer en veillant à ce que les Canadiens soient bien informés de leurs options. Cela soulève l’importante question de l’éducation financière, une question à laquelle notre gouvernement s’intéresse. Je dois féliciter le de l’avoir soulevée en comité et de nous avoir demandé de l’examiner, ce que nous faisons dans le cadre de l’étude que nous menons actuellement. D’autre part, le ministre des Finances a abordé le sujet, cette semaine, dans le cadre d’une tribune internationale, aux États-Unis.
En appuyant l’Agence de la consommation en matière financière du Canada, notre gouvernement aide les consommateurs à faire des choix éclairés en ce qui concerne les cartes de crédit. Je précise que le gouvernement conservateur a augmenté le financement de cette agence dans le budget de 2007 et le budget de 2008 pour aider les Canadiens à prendre des décisions financières éclairées à l’égard de produits comme les cartes de crédit dans le cadre de nos efforts visant à améliorer la littératie financière.
J’invite tous les députés à consulter les renseignements publiés par l’Agence de la consommation en matière financière du Canada. Ses représentants ont comparu devant le comité et ils sont tout à fait prêts à travailler avec les députés et les Canadiens de tout le pays pour que les citoyens soient mieux informés et mieux éduqués sur le plan financier.
L’Agence a pour mission première de veiller à ce que les institutions financières réglementées par le gouvernement fédéral divulguent les renseignements requis aux consommateurs, mais elle fournit également à ces derniers des renseignements très utiles, tels que des tables comparatives des taux et des caractéristiques des nombreuses cartes de crédit offertes actuellement au Canada.
Notre Plan d’action économique prévoit des mesures qui apporteront des améliorations. Par exemple, les contrats de crédit et les formulaires de demande de carte de crédit devront fournir des renseignements récapitulatifs clairs et simples. La question a été soulevée au cours du débat cet après-midi. C’est une question valide, mais nous nous en occupons dans le cadre de notre Plan d’action économique.
C'est en assurant ainsi une meilleure protection des consommateurs et en diffusant de l’information sur le site web de l’agence que nous aiderons les personnes qui utilisent des cartes de crédit ou qui envisagent d’en demander une.
L’ACFC publie également un rapport semestriel intitulé « Toute l’information qu’il vous faut sur les cartes de crédit », qui compare les taux et les caractéristiques des nombreuses cartes de crédit offertes au Canada par divers émetteurs. J’invite tous les Canadiens qui désirent obtenir ce rapport ou les autres à téléphoner au 1-866-461-3222 ou à consulter le site www.fcac-acfc.gc.ca. Rien ne peut autant améliorer la situation que de faire en sorte que les consommateurs soient le mieux informés possible à l’égard des questions financières. J’invite tous les députés à le faire également. Toutes les publications de l’agence sont disponibles gratuitement.
Les jeunes Canadiens profiteront particulièrement de ces mesures et des renseignements disponibles lorsqu’ils décideront, pour la première fois, quels sont les cartes de crédit et les autres produits financiers qui leur conviennent le mieux. Voilà pourquoi le gouvernement conservateur fait le maximum pour protéger les consommateurs et leurs transactions avec les institutions financières.
L’éducation financière est une priorité pour nous. C’est un dossier dans lequel nous avons réalisé d’importants progrès depuis notre arrivée au pouvoir en 2006. Nous sommes conscients que le niveau de connaissances des réalités financières influe très souvent sur les choix d’une personne, que ce soit à propos de cartes de crédit, de l’achat d’une maison ou d’une orientation professionnelle. C’est pour cela que, dans le budget de 2009, nous nous sommes engagés à mettre sur pied, dans les prochains mois, un groupe de travail indépendant chargé de recommander au une stratégie nationale cohérente en matière d’éducation financière. Ce groupe de travail sera composé de représentants du milieu des affaires, du secteur de l’enseignement, d’organisations bénévoles et d’universitaires, et il bénéficiera de l’appui d’un secrétariat fédéral.
Qui plus est, nous collaborerons avec les provinces, avec le secteur privé et avec des organisations communautaires afin d’améliorer le niveau de connaissances financières de tous les Canadiens. Je dois préciser que cette annonce a été très chaleureusement accueillie. L’Investor Education Fund s’est réjoui de cette évolution. Quant à la Fondation canadienne d’éducation économique, qui a aussi témoigné devant notre comité à ce sujet, elle a félicité le gouvernement pour la création de ce groupe de travail particulier.
Il y a d’autres exemples de mesures concrètes que notre gouvernement a adoptées pour contribuer à informer les consommateurs.
À partir des mesures annoncées à l’été 2008, nous avons pris des dispositions pour faire en sorte que l’assurance hypothèque soit plus transparente, plus simple et plus accessible. Il est notamment question de mieux informer les clients au sujet des caractéristiques de ce type d’assurance. Les prêteurs sont déjà tenus de préciser le coût de l’assurance hypothèque dans les communications qu’ils destinent aux emprunteurs, mais, désormais, ils seront obligés de donner d’autres informations aux clients afin de les aider à mieux comprendre les transactions entourant l’assurance hypothécaire.
Par ailleurs, notre gouvernement proposera de nouvelles mesures pour que les consommateurs canadiens n’aient pas à payer plus que le coût véritable de l’assurance hypothécaire. C’est d’ailleurs ce qui a amené des chroniqueurs comme Boyd Erman, qui tient une chronique financière au Globe and Mail, à déclarer que le pourrait s’attribuer un nouveau titre, celui d’ami des acheteurs de maisons au Canada. Le ministre pourrait l’affirmer haut et fort, car il est effectivement l’ami des Canadiens désireux d’accéder à la propriété.
Bien que le NPD se soit presque systématiquement opposé à toutes les mesures que nous avons voulu adopter sur ce plan, le gouvernement conservateur continuera de veiller à ce que notre système financier demeure compétitif et à ce que les consommateurs soient protégés. Il ressort clairement de nos actions passées que nous prenons au sérieux la protection des consommateurs dans leurs relations avec les institutions financières et que nous entendons continuer à faire preuve de vigilance pour que le système financier demeure compétitif et que les consommateurs bénéficient de services correspondant aux normes les plus élevées possibles.
Il convient aussi de reconnaître que nos institutions financières sont parmi les plus solides au monde, et cela pour de nombreuses raisons. Je ne pense pas que nous ayons le droit de nous en prendre à elles pour des motifs futiles. Nous faisons enquête quand il y a lieu de faire enquête, mais il faut admettre que beaucoup considèrent qu’elles sont les institutions financières les plus solides au monde, et il y a lieu de s’en réjouir.
Nous devons aux Canadiens de maintenir la solidité de notre modèle financier. Le système financier du Canada est stable. Il est bien capitalisé et il est étayé par l’un des cadres réglementaires les plus efficaces du monde.
Dans une édition récente du magazine américain Newsweek, on pouvait trouver la réponse à la question suivante:
Devinez quel est le seul pays industrialisé qui n'a pas connu une seule faillite bancaire et dont le gouvernement n'a reçu ni appel à l'aide, ni demande d'intervention des secteurs financier et hypothécaire. Oui, c'est le Canada. En 2008, le Forum économique mondial a classé le système bancaire canadien comme le plus sain au monde.
Qui plus est, un article récent du plus important quotidien d'Irlande, The Independent, expliquait récemment que le système canadien suscitait l'admiration dans le monde entier. Le Forum économique mondial a également déclaré que les banques canadiennes étaient les plus solides au monde. Il ne fait aucun doute que le système canadien est un excellent modèle.
Nous pourrions également écouter un commentaire récent sur la récession mondiale fait par l'éditorialiste respectée de la BBC en matière d'économie, Stephanie Flanders, du Royaume-Uni:
Aucune région n'est à l'abri, mais selon la plupart des mesures clés, les Canadiens ont une façon unique de se sortir de la crise. Prenons par exemple le système bancaire. Moins de banques au Canada ont dû être renflouées que dans les autres pays. En fait, aucune, zéro, n'a eu besoin de l'être. Pas un sou versé à ce chapitre.
Je sais qu'il doit être difficile pour un conservateur de convaincre des députés néo-démocrates, mais ceux-ci semblent acquiescer à tout ce qui sort de la bouche du président Obama. Je vais donc citer les propos tenus par le président Obama sur cette question:
[...] une des choses qui, selon moi, est surprenante au sujet du Canada, c’est qu’au milieu de cette énorme crise économique, le Canada démontre qu’il est un très bon gestionnaire du système financier de l’économie comme nous ne l’avons pas toujours été ici aux États Unis. Et je pense qu'il est important pour nous de noter...
D'autres pays perçoivent le système bancaire canadien comme un modèle et pas l'inverse. C'est pourquoi l'un des hauts fonctionnaires de Finances Canada a coprésidé, avec un représentant de l'Inde, un groupe chargé d'examiner des moyens d'améliorer le système de réglementation financière pour le G20.
En fait, aucune banque n'a fait faillite au Canada et nous n'avons pas eu à injecter de capitaux ou à faire du renflouage. Les mesures que nous avons prises, notamment le Programme d'achat de prêts hypothécaires assurés, ont toutes été mises en oeuvre à des taux commerciaux. Voilà qui générera de nouvelles recettes pour le gouvernement du Canada tout en aidant le système bancaire en lui laissant davantage de liquidités, ce qui aide manifestement les entreprises et les consommateurs canadiens d'un bout à l'autre du pays.
Plus d'un an et demi après le début de la crise de liquidité mondiale, les banques et les autres institutions financières canadiennes sont toujours solides, disposent de suffisamment de capitaux et ont un niveau d'endettement moindre que leurs homologues internationaux. Toutes ces caractéristiques reflètent l'existence d'un régime réglementaire rigoureux. Il est important de savoir que le régime dont nous disposons actuellement au Canada est très efficace.
Cependant, une approche toute canadienne explique cette situation, dans laquelle les exigences en capitaux pour les institutions financières réglementées excèdent les normes internationales minimales et celles d'autres administrations. Par contre, malgré tous nos succès, nous ne pouvons pas nous reposer sur nos lauriers et nous ne le ferons pas.
Voilà pourquoi, sur le plan de la réglementation, de ce côté-ci de la Chambre, nous proposons la mise en place d'une commission commune des valeurs mobilières. Nous espérons vivement que l'opposition officielle appuiera cette idée. Nous savons que, malheureusement, le Bloc s'oppose à cette mesure, et il me semble que le NPD s'y oppose aussi. Je crois comprendre que, par le passé, le NPD était favorable à cette idée. Toutefois, il a apparemment changé sa position à cet égard et n'appuiera pas cette proposition.
Il s'agit d'une mesure supplémentaire pour faire en sorte que les initiatives appropriées soient prises. Nous disposerons d'un mécanisme d'application de la loi efficace et nous pourrons aussi permettre aux sociétés de mobiliser des capitaux partout au Canada sans avoir à composer avec toute une série de règlements sur les valeurs mobilières qui changent d'une province à une autre. Nous serons en mesure de réunir des capitaux à la grandeur du pays d'une manière beaucoup plus uniforme.
C'est pourquoi notre Plan d'action économique a permis d'accroître la marge de manoeuvre du gouvernement et sa capacité d'adaptation pour appuyer les institutions financières et le système financier en cas de situation exceptionnelle. Ces mesures sont conformes aux engagements que nous avons pris au sein du G7 et du G20. Le gouvernement sait que les Canadiens sont très inquiets au sujet de l'accès au crédit en général, que ce soit au moyen de cartes de crédit, d'hypothèques ou d'autres produits de crédit.
Dans le cadre du Plan d'action économique du gouvernement, nous prenons d'autres mesures pour renforcer la capacité des institutions financières canadiennes à accorder du crédit et à combler des lacunes sur les marchés du crédit. Dans le Plan d'action économique, nous prévoyons jusqu'à 200 milliards de dollars pour les mesures existantes et nouvelles destinées à faciliter l’accès au financement pour les Canadiens et les entreprises canadiennes en cette période particulière.
Je vois un collègue du Comité des finances. Je souligne que le Comité des finances s'est penché là-dessus. Je veux féliciter les députés de tous les partis du travail accompli dans ce dossier. Nous examinons la question de l'accès au crédit au Comité des finances depuis plusieurs semaines maintenant. Nous étudions en ce moment toute la question des régimes de retraite, mais nous examinons aussi la question de l'éducation financière dans le contexte de l'accès au crédit, question qui à l'évidence influe sur le débat d'aujourd'hui. Le gouvernement et le Parlement étudient, par l'intermédiaire de leur comités, ces questions très importantes.
En guise de conclusion, le gouvernement conservateur a pris des mesures pour protéger les consommateurs et nous continuerons de prendre des mesures. Nous avons présenté de nouveaux règlements stricts pour encadrer les pratiques des émetteurs de cartes de crédit. Nous avons pris des mesures pour favoriser et améliorer l'éducation financière. Nous avons pris des mesures touchant à l'accès au crédit dans le dernier budget.
Malheureusement, des partis se sont opposés à nous à chaque étape, notamment le NPD, que ce soit en votant contre le budget que ses députés n'avaient pas lu ou en présentant une motion comme il l'a fait aujourd'hui sans avoir entendu les trois comités qui se pencheront justement sur cette question.
J'ai bien hâte que ces comités examinent cette question, qu'ils fassent des recommandations à la Chambre des communes, collaborant avec le gouvernement pour que les consommateurs canadiens et les entreprises canadiennes, surtout les PME qu'on trouve un peu partout au pays, pour que tous puissent obtenir du crédit à un coût qui ne soit pas prohibitif et, dans le cas des entreprises, pour qu'elles puissent rester en affaires longtemps.
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Madame la Présidente, je vais partager mon temps de parole avec ma collègue de .
En cette période économique difficile, il est essentiel que les consommateurs soient protégés contre les entreprises qui ont pour priorité de servir les intérêts de leurs actionnaires et de réaliser le maximum de bénéfices et non pas de servir l’intérêt public.
La motion dont nous sommes saisis aujourd’hui et qui a été parrainée par les néo-démocrates, ce dont je suis très fière, est dans l’intérêt public. Les néo-démocrates demandent des mesures immédiates pour protéger les consommateurs contre les taux d’intérêt et les frais sur les cartes de crédit qui augmentent de façon démesurée. Nous voulons mettre un terme aux pénalités injustes et aux taux exorbitants.
L’usure est illégale depuis des siècles, mais les consommateurs sont à la merci des sociétés émettrices de cartes de crédit, et cela depuis trop longtemps. À cause des dernières hausses des taux et des frais des cartes de crédit, associées à la récession économique, des familles se retrouvent dans l’incapacité de payer leurs prêts hypothécaires, des entreprises ferment leurs portes et l’endettement est excessif.
D’après les recherches de la Bibliothèque du Parlement, au cours des 20 dernières années, le revenu réel des familles à moyen et bas revenu a nettement diminué. Les gens en haut de l’échelle des revenus s’en sont très bien sortis, mais pour les autres, la situation devient de plus en plus difficile. Ils ont de moins en moins d’argent à dépenser et les familles s’en rendent compte.
Il y a 20 ans, l’endettement représentait 80 p. 100 du revenu disponible. Maintenant, c’est 125 p. 100. Par conséquent, de nombreuses familles vivent d’un chèque de paie à l’autre. Elles préféreraient ne pas utiliser leurs cartes de crédit pour acheter l’essentiel, mais elles n’ont pas le choix.
À l’heure actuelle, les consommateurs paient l’intérêt non pas sur le solde du mois en cours, mais sur le solde du mois précédent. Il est décourageant, lorsqu’on rembourse sa carte de crédit, de voir qu’on a des intérêts à payer le mois suivant.
L’endettement personnel des Canadiens est très inquiétant. En 2008, 84 p. 100 des Canadiens déclaraient avoir une dette et 40 p. 100 d’entre eux craignaient de ne pas pouvoir faire leurs paiements si un événement inattendu survenait tel qu’une maladie, un accident ou des réparations sur leur automobile ou leur maison. Vingt-huit pour cent des personnes endettées craignaient de ne pas avoir suffisamment d’argent à leur retraite.
Il y a aussi les 25 p. 100 de Canadiens qui n’épargnent pas du tout, même pas pour leur retraite. Ce sont les personnes qui élèvent des enfants, qui essaient de vivre avec un emploi à temps partiel et d’économiser pour les études postsecondaires de leurs enfants. Comme chacun sait, le coût de l’enseignement postsecondaire a augmenté de façon exponentielle et le gouvernement fédéral ne donne rien pour l’éducation postsecondaire. En fait, le gouvernement fédéral s’est déchargé de ses responsabilités sur les gouvernements provinciaux, qui s’en sont déchargés à leur tour sur les étudiants, qui sont les moins en mesure d’y faire face.
En plus des hausses des frais et des taux d'intérêt, nombre de Canadiens s'inquiètent de ne plus pouvoir payer leurs factures. Un ménage sur cinq n'a pas assez d'économies pour faire face à une dépense imprévue d'aussi peu que 5 000 $. Malheureusement, beaucoup de gens, 20 p. 100 de la population, sont obligés de piger dans leurs REER rien que pour joindre les deux bouts. Cela ne leur laisse certainement pas entrevoir une retraite dorée.
Les sociétés émettrices de cartes de crédit ciblent souvent ceux qui peuvent le moins se permettre d'avoir une carte de crédit. Elles tentent ainsi de maximiser leurs profits et se moquent bien de ruiner leurs clients.
Les aînés sont souvent leurs cibles. Un sondage national a révélé qu'un Canadien sur cinq qui possède une carte de crédit a reçu cette carte sans jamais en avoir fait la demande. Ce sont les nouvelles cartes premières, dont nous avons entendu parler, lancées l'an dernier par MasterCard et Visa. Ce sondage montre que de nombreux aînés et étudiants ont reçu de ces cartes sans en avoir fait la demande. Des gens qui croulent déjà sous les dettes voient leurs taux d'intérêt grimper encore plus, ce qui accroît leur fardeau.
Les étudiants visés constatent, parfois, que ces dettes les empêchent de terminer leurs études et, sans exception, que cela nuit à leur capacité de rembourser leurs prêts étudiants. Les coupes dans l'enseignement postsecondaire ont entraîné ces dettes insupportables.
Des familles qui ont déjà de la difficulté à joindre les deux bouts accumulent de plus en plus de dettes, notamment en payant leur épicerie et leurs factures d'électricité avec leurs cartes de crédit.
Avec l'arrivée des nouvelles cartes premières, les consommateurs, sans le savoir, réduisent encore plus les marges de profit déjà minces des commerçants locaux. Nous en avons aussi entendu parler. Obligées de payer des frais allant jusqu'à 4 p. 100 du prix de vente au lieu d'un montant fixe par opération, des entreprises sont au bord de la faillite.
Je croyais que le gouvernement était l'ami des petites entreprises. C'est ce qu'il dit.
Pourtant, la Fédération canadienne de l'entreprise indépendante a envoyé une lettre à mon bureau au nom de 105 000 petites et moyennes entreprises pour demander de l'aide relativement aux augmentations vertigineuses des coûts. Dans ma circonscription, 18 commerces — des magasins de vêtements, des entreprises de messagerie, des pharmacies, des fleuristes et des garages, entre autres — ont écrit une lettre pour réclamer transparence et reddition de comptes.
Tant les consommateurs que les commerces sont dans le pétrin. Il faut que cela change.
Selon la Fédération canadienne de l'entreprise indépendante, 82 p. 100 des Canadiens qui détiennent une carte de crédit sont en faveur d'un resserrement des règles régissant cette industrie. Les propriétaires de petites entreprises partagent généralement l'avis du grand public. Ils veulent que cette industrie soit plus surveillée.
Au Canada, il y a environ 50,4 millions de cartes de crédit en circulation, ce qui veut dire plus de deux cartes de crédit par adulte. Il y a un solde impayé sur quelque 22,2 millions de ces cartes. En 1983, on ne dénombrait que 12,1 millions de cartes, ou moins d'une par adulte. En 1984, les Canadiens ont payé 6 milliards de dollars d'intérêts sur des soldes de cartes de crédit, des prêts et des marges de crédit. Aujourd'hui, c'est plus de 22 milliards que paient les Canadiens. Pas étonnant que les banques fassent des profits records.
Cela montre combien les cartes de crédit sont répandues au Canada. On voit le danger qu'elles représentent pour beaucoup de familles. Nous savons que le climat économique actuel, le fait que notre économie en arrache, est directement attribuable à des dettes impayées, et les sociétés de cartes de crédit ne font qu'empirer les choses en augmentant la dette des Canadiens.
La Coalition canadienne pour le réinvestissement communautaire a aussi exprimé son opinion sur cette question. Elle a déclaré:
Les conservateurs prétendent que, pour aider l'économie, ils doivent réduire les impôts afin de nous laisser plus d'argent à dépenser, mais ils ne font rien pour empêcher les grandes banques de nous soutirer de l'argent. En outre, ils prennent notre argent pour donner des centaines de milliards de dollars aux banques sans rien leur demander en retour [...]
La CCRC poursuit ainsi:
Tout gouvernement désirant aider les Canadiens, les entreprises qui créent des emplois mais qui sont à court d'argent, et l'économie canadienne dans son ensemble, réglementera les grandes banques du Canada pour s'assurer qu'elles servent tout le monde à un prix juste, qu'elles n'exagèrent pas ou qu'elles ne refusent pas de servir des clients solvables [...]
Chaque dollar de profit excessif des banques, et chaque personne ou entreprise à qui la banque refuse du crédit de façon injustifiée, coûte cher à l'économie canadienne parce que cela signifie que les banques demandent un prix trop élevé pour leurs services essentiels et leurs prêts, ce qui réduit les dépenses et nuit à la création d'emplois [...]
Malheureusement, beaucoup de Canadiens sont enlisés dans les dettes et ne parviennent pas à s'en sortir. Les sociétés de cartes de crédit leur compliquent les choses encore davantage. Elles ont tout à gagner à faire en sorte que les gens restent endettés et à les empêcher de rembourser leur solde.
C'est clair qu'on ne peut faire confiance aux sociétés de cartes de crédit pour s'autoréglementer. Elles doivent être surveillées, et leurs pouvoirs doivent être limités. Les Canadiens le méritent. Il est temps que le gouvernement réagisse, et il doit réagir maintenant.
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Madame la Présidente, je remercie la députée de de partager son temps de parole avec moi, et je remercie particulièrement le député de d'avoir présenté cette motion très importante.
Plusieurs députés ont parlé des divers éléments de la motion, aujourd'hui. Je ne lirai pas toute la motion, mais j'aimerais en aborder quelques aspects. On y dit ceci: « Que, de l'avis de la Chambre, le gouvernement devrait agir pour protéger les consommateurs qui sont particulièrement vulnérables en période de crise économique. » Puis, on précise les mesures qu'on demande au gouvernement de prendre, à savoir, « protéger les consommateurs contre les augmentations soudaines et arbitraires des taux d’intérêt et d’autres changements apportés à leur compte; interdire l’application inéquitable des paiements de cartes de crédit; protéger les détenteurs de cartes de crédit qui font leurs paiements dans les délais; restreindre les frais abusifs et les pénalités », et ainsi de suite.
Je suis certaine que les gens se demandent pourquoi cette question surgit maintenant. Tout le monde sait que des sociétés émettrices de cartes de crédit ont imposé des taux d'intérêt exorbitants pendant des années. Elles ont réussi à le faire. Le secteur est très peu réglementé. Pourquoi soulever la question maintenant? Permettez-moi de dire aux Canadiens pourquoi.
Dans Nanaimo—Cowichan, la circonscription que je représente, et dans nombre de collectivités d'un bout à l'autre du Canada, des travailleurs perdent leur emploi. Des collectivités qui offraient des emplois bien rémunérés et qui étaient stables au plan économique perdent leur viabilité. Il semble que, chaque fois qu'on croit avoir touché le creux de la vague, on entend une autre mauvaise nouvelle.
Hier, j'ai reçu un appel d'un électeur qui travaille à la scierie Crofton. Cette dernière n'a plus qu'une petite fraction de l'effectif qu'elle a eu pendant des années. La scierie de Crofton est particulièrement importante, car elle contribue énormément à l'assiette fiscale municipale de North Cowichan. Ce travailleur est tellement inquiet, non seulement pour son gagne-pain, mais aussi pour la situation dans sa collectivité, qu'il a pris le temps de me téléphoner. Il m'a demandé si j'étais au courant de la dernière tuile qui allait frapper le secteur forestier en Colombie-Britannique et dans le reste du Canada. Je vais vous lire un article paru le 16 avril dans le Times Colonist de Victoria. Cet article est intitulé « La subvention fédérale américaine menace le secteur des pâtes; le crédit d'impôt visant à susciter une diminution de la production de carburants fossiles comporte une faille énorme ». L'article dit ceci:
Les dirigeants de l'industrie canadienne des pâtes et papiers affirment être confrontés à des fermetures de scieries et à la perte de marchés mondiaux à cause d'une aide massive des États-Unis à l'énergie verte qui pourrait se traduire par une subvention de 6 milliards de dollars de l'argent des contribuables aux producteurs américains de pâte kraft.
Cette subvention — un crédit d'impôts pour combiner les carburants de remplacement aux carburants fossiles — peut réduire de 60 p. 100 le coût de la pâte chimique aux États-Unis. Elle crée un désavantage concurrentiel qu'aucun producteur de l'hémisphère nord ne peut égaler.
Les dirigeants de l'industrie canadienne affirment qu'à elle seule la taille de la subvention risque de perturber le marché mondial des pâtes et papiers qui est déjà suralimenté, ce qui pourrait exclure du marché des pays producteurs de pâtes et papiers comme le Canada.
On parle de l'effet sur le Canada d'une mesure prise aux États-Unis. La situation économique chez nos voisins du Sud a déjà une incidence sérieuse sur l'emploi et sur les entreprises au Canada et, maintenant, on reçoit encore de mauvaises nouvelles puisque les producteurs canadiens risquent d'être forcés de se retirer de la course à cause d'une échappatoire dans une loi fiscale américaine.
Compte tenu de cette situation, il est encore plus important de parler de ce que je qualifierais d'abus de la part des sociétés émettrices de cartes de crédit. Lorsque des familles tirent le diable par la queue et qu'elles se demandent si elles pourront payer le loyer ou l'hypothèque et nourrir leurs enfants, le gouvernement du Canada doit prendre toutes les mesures possibles pour assurer la meilleure protection qui soit aux travailleurs et à la classe moyenne. Il incombe au gouvernement de s'assurer que les citoyens ne sont pas exploités par des entreprises qui n'ont tout simplement aucune conscience. Ces sociétés sont prêtes à faire n'importe quoi pour engranger des profits, sans égard aux conséquences que cela peut avoir pour les familles, les hommes, les femmes et les jeunes.
On parle de jeunes qui reçoivent des cartes de crédit qu'ils n'ont pas demandées, de jeunes qui débutent dans la vie, de jeunes qui souhaitent peut-être économiser pour acheter une voiture ou faire un versement initial pour l'achat d'une maison. Ces jeunes reçoivent des cartes qu'ils n'ont jamais demandées. Des pages et des pages de contrat détaillé accompagnent ces cartes de crédit. Ce n'est qu'une fois qu'ils utilisent ces cartes de crédit que les jeunes se rendent compte qu'on leur impose un taux d'intérêt injustifié.
Des mesures de réforme sont en cours aux États-Unis. Le sénateur Dodd a déclaré ceci:
La reprise économique ne se produira que lorsque nous aurons mis un terme aux pratiques abusives qui continuent de faire sombrer les Américains en grands nombres dans un endettement de plus en plus profond. C'est la bonne chose à faire pour nos familles et pour notre économie.
Si c'est la bonne chose à faire pour les familles et l'économie américaines, pourquoi n'est-ce pas la bonne chose à faire pour les familles et l'économie canadiennes? Il me semble que ce serait sensé. Si l'administration américaine réussit à réglementer une industrie qui, comme elle le dit, a recours à des pratiques abusives, il me semble que nous pourrions certainement faire de même au Canada pour protéger nos familles.
J'aimerais souligner quelques questions dont on parle aux États-Unis. Les mêmes pratiques sont suivies ici au Canada. Les extraits sont tirés d'un document qui s'intitule Confusing, Misleading and Predatory Credit Card Practices. Ils se passent généralement de commentaires. Voici certains des problèmes examinés dans ce document:
PROBLÈME: MODALITÉS PRÊTANT À CONFUSION. Auparavant, les modalités touchant les cartes de crédit tenaient sur une page; de nos jours, elles font souvent 30 pages de long et sont rédigées dans un style que la plupart des gens ne peuvent pas comprendre.
PROBLÈME: FRAIS ET INTÉRÊTS EXORBITANTS. Les sociétés émettrices de cartes de crédit arnaquent les consommateurs avec des frais et des intérêts déraisonnables. Elles peuvent imposer des frais de dépassement de limite de crédit à de nombreuses reprises au cours du même cycle de facturation. Elles peuvent imposer des frais selon la méthode de paiement choisie. Elles peuvent aussi imposer des intérêts sur des frais, et non simplement sur le solde impayé.
PROBLÈME: AUGMENTATIONS DES TAUX INOPINÉES ET ALÉATOIRES.
Les exemples de ce problème sont nombreux au Canada. Les gens pensent qu'ils paient un taux particulier, puis, s'ils prennent la peine de lire les petits caractères, ils se rendent compte que ce taux a été revu à la hausse.
PROBLÈME: MARKETING AXÉ SUR LES JEUNES.
J'ai déjà parlé du problème de la sollicitation des jeunes. Il y a une campagne en règle pour pousser les jeunes des campus à accepter ces cartes de crédit. C'est une pratique proprement immorale. Si l'on veut parler de publicité équitable, qu'on s'assure que les gens comprennent à quoi ils s'engagent en acceptant une carte de crédit quelconque. Qu'ils comprennent à quoi ils s'exposent si les sociétés changent arbitrairement les taux.
Le mouvement « Cessez de nous coller des frais » dit qu'il faut résister aux grandes sociétés émettrices de cartes de crédit. Pour ceux qui ne seraient pas au courant des frais dissimulés des cartes de crédit, il y a sur leur site web une section qui énonce les faits tels qu'ils sont. Je ne vais pas vous la lire en entier, mais il y a une ou deux choses qui peuvent être assez intéressantes:
En cette période de profonde incertitude économique, les Canadiens veulent s'assurer que leurs représentants élus se soucient de leur portefeuille.
Les néo-démocrates en tous cas s'en soucient, et c'est pour cela que nous avons présenté cette motion aujourd'hui.
Au cours de la dernière année seulement, les consommateurs ont payé plus de 4,5 $ milliards en frais dissimulés avec leurs cartes de crédit — des frais que nous payons tous avec nos transactions et qui servent à couvrir de somptueux programmes d’incitation et des avantages dispendieux consentis aux cartes à primes et corporatives même si nous ne détenons pas ces cartes de crédit.
À chaque fois qu'un de nos électeurs se sert d'une carte Visa ou MasterCard dans une boutique, un restaurant ou une station d'essence locale, il paie non seulement les biens et services, mais aussi des frais cachés d'interchange aux grandes sociétés de cartes de crédit et aux banques qui émettent ces cartes. Je reviendrai dans un instant sur ces frais d'interchange.
Ces frais que les détaillants, les restaurateurs, les organisations caritatives et autres paient aux grandes compagnies de cartes de crédit sont parmi les plus élevés au monde et sont en moyenne de 2 p. 100. En Australie, ils ne sont que de 0,5 p. 100. Au Royaume-Uni, ils sont de 0,79 p. 100.
Les frais d'interchange sont les frais que Visa et MasterCard prélèvent auprès des commerçants à chaque fois qu'un acheteur utilise une carte de crédit ou de débit chez eux. Souvent, le marchand ignore le montant des frais exigés pour la carte qu'utilise le consommateur.
Madame la Présidente, je ne sais pas ce qu'il en est chez vous, mais dans ma collectivité, de nombreux détaillants sont en difficulté. Les emplois ne cessent de disparaître dans les secteurs forestier et manufacturier et dans les chantiers navals, et beaucoup de gens sont en difficulté. Pour tous ces détaillants, chaque dollar et chaque cent compte, et maintenant ils ont ces frais de carte de crédit sur lesquels ils n'ont strictement aucun contrôle.
Il faut que les Canadiens fassent très attention à ces géants des cartes de crédit. Selon une information publiée par CanWest le 22 avril, ces sociétés veulent maintenant envahir le marché des cartes de débit. Nous savons bien que c'est une occasion de plus d'exploiter les détaillants et les consommateurs.
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Madame la Présidente, d'entrée de jeu, je voudrais vous signaler que je partagerai mon temps avec le député de .
Je suis heureux de parler aujourd'hui de la motion déposée par le Nouveau Parti démocratique sur la présentation d'une mesure législative complète concernant le problème des cartes de crédit.
Ayant à l'esprit la vulnérabilité des consommateurs durant la période de crise actuelle, le Bloc québécois est favorable à la présente motion. Par contre, lorsque le gouvernement présentera cette mesure législative, il devra s'assurer de respecter les champs de compétence du Québec et des provinces en la matière. Au Québec, la Loi sur la protection du consommateur, qui existe depuis 1971, contient d'ailleurs des obligations strictes pour encadrer le contrat des cartes de crédit de tout genre. Il sera donc important de respecter l'expertise et la compétence du Québec. Encore une fois, la nation québécoise a pris les devants sur la fédération canadienne afin de bien protéger ses commerçants et ses consommateurs. De plus, l'organisme Option consommateurs veille au respect des règles.
Pour bien comprendre le contexte évolutif des cartes de crédit, il faut en comprendre le principe d'habitude, presque d'obligation, créé par les grandes compagnies de cartes de crédit.
Qu'en est-il de la situation financière des Québécois et des Canadiens? Il est vrai que l'endettement est un problème majeur au pays. Selon un sondage réalisé par l'Association des comptables généraux accrédités du Canada au printemps 2007, 84 p. 100 des Canadiens ont déclaré avoir des dettes; 14 p. 100 de l'ensemble des Canadiens ont indiqué que leur dette avait nettement augmenté; et surtout, 40 p. 100 des Québécois et Canadiens endettés croient que leur dette nuit à leur capacité d'atteindre les objectifs liés à leur sécurité financière en cas de circonstances imprévues. Comprenons qu'au printemps 2007, la présente récession ne faisait que débuter. Encore mieux, le présent gouvernement ne s'apercevait même pas que la récession existait. Rappelons-nous les propos du durant la campagne électorale de 2008.
Le taux d'épargne personnelle des Québécois et des Canadiens baisse radicalement depuis les années 1980, ayant reculé d'un sommet de 20,2 p. 100 en 1982 jusqu'à un creux de 1,2 p. 100 atteint en 2005.
Il est vrai que l'écart entre le taux directeur de la Banque du Canada et les taux d'intérêt des cartes de crédit est de plus en plus grand. Pour venir en aide aux Québécois et aux Canadiens, la Banque du Canada a baissé à quelques reprises son taux directeur pour atteindre aujourd'hui un taux de 0,25 p. 100, le plus bas jamais vu dans l'histoire du Canada. Récession oblige, me dira-t-on.
Pour les grandes compagnies de cartes de crédit, une carte de crédit devrait être une question de choix pour chaque consommateur, mais est-ce vraiment la réalité? On n'a qu'à essayer, par exemple de louer une chambre d'hôtel sans avoir en sa possession une carte de crédit. Il ne s'agit là que d'un exemple.
À cause des coupes du fédéral dans les transferts aux provinces, le Québec a dû couper dans le financement d'organismes d'économie familiale, beaucoup faisant justement de la sensibilisation au crédit.
Toutefois, commerce oblige, les grandes compagnies de cartes de crédit, Mastercard et Visa pour ne pas les nommer, multiplient les prouesses afin de faciliter l'accessibilité à un crédit supposément facile, mais associé à un taux d'intérêt pour le consommateur dépassant souvent 20 p. 100. Les consommateurs utilisent de plus en plus la carte de crédit comme mode de paiement. Nous devrions donc nous attendre à ce que les frais des cartes de crédit soient en baisse.
Malgré l'augmentation du volume des ventes, la diminution des fraudes, la diminution des taux d'intérêt et l'amélioration de la technologie, nous constatons une augmentation continue des frais de cartes de crédit. Il semble que le principal problème en soit un d'information et de sensibilisation quant aux avantages et aux risques du crédit.
Un sondage de la firme Nanos Research dévoile que 55 p. 100 des Canadiens ont une mauvaise compréhension des frais associés aux cartes de crédit; 63 p. 100 croient que les frais augmentent sans augmentation correspondante en termes de valeur; et 67 p. 100 croient que les compagnies de cartes de crédit ne font pas preuve de transparence dans l'explication de leurs frais.
Un autre sondage commandé par la Fédération canadienne de l'entreprise indépendante démontre que 82 p. 100 des titulaires québécois de cartes de crédit sont favorables à ce que des règlements plus rigoureux régissent l'industrie des cartes de crédit.
Qu'en est-il des commerçants? Les compagnies de cartes de crédit imposent des frais aux commerçants qui acceptent ces cartes lorsque les clients effectuent des transactions chez eux. Actuellement, un frais moyen d'environ 10 ¢ est facturé aux commerçants pour chaque transaction par débit, peu importe le montant de l'achat. Une transaction par carte de crédit est en moyenne de 45 $. Les compagnies de cartes de crédit s'apprêtent à augmenter les frais de transactions facturés aux détaillants, qui sont des frais cachés aux consommateurs. Ces frais sont actuellement de 2 p. 100, peu importe le montant de la transaction. L'imposition d'un frais d'un pourcentage hypothétique de 1 p. 100, représenterait donc un montant de 45 ¢, soit une augmentation de plus de 400 p. 100 pour le détaillant. D'après vous, qui paiera cette augmentation vertigineuse, sinon les consommateurs?
De plus, les détaillants canadiens accusent des frais cachés plus élevés que les détaillants d'autres pays industrialisés. Il est vrai que les grandes banques et institutions financières en tirent grandement profit. En 2007 seulement, ces frais auraient atteint 4,5 milliards de dollars à l'échelle canadienne.
L'émission des cartes de crédit est principalement occupée par un nombre restreint d'émetteurs. Visa et MasterCard occupent près de 85 p. 100 du marché de la carte de crédit, ce qui leur laisse tout le champ libre pour imposer des taux et des conditions aux détaillants. On peut donc se questionner à savoir si la hausse des frais cachés ne découlerait pas d'un abus de position dominante. Afin de s'assurer qu'il n'y ait pas d'abus de la part des compagnies émettrices, le Bloc québécois a pris contact avec le Bureau de la concurrence, en janvier dernier, afin que le commissaire se penche sur la question. Cependant, les pouvoirs du Bureau de la concurrence sont limités.
Voilà pourquoi le Bloc québécois avait présenté, lors de la précédente législature, le projet de loi pour renforcer la Loi sur la concurrence. Ce projet de loi aurait donné au Bureau de la concurrence le pouvoir de mener de son propre chef de vraies enquêtes sur l'industrie. Actuellement, par lui-même, il ne peut faire que des études générales sans conséquence. Dans le cadre de ses enquêtes, il pourra assigner des témoins et les protéger. Si des entreprises s'entendent ensemble pour fixer les prix, elles ne laisseront pas de preuves derrière elles. Si on ne peut pas assigner des témoins et les protéger, il y a de fortes chances que l'on n'arrivera jamais à démontrer une pratique anticoncurrentielle. Lorsque des entreprises voudront conclure des ententes avec leurs concurrents, elles devront démontrer que ces ententes sont dans l'intérêt public. Actuellement, ces ententes entre concurrents sont permises, à moins que l'on arrive à prouver qu'elles sont contraires à l'intérêt public.
Le Bloc québécois n'en reste pas là. Suite à des représentations de la coalition québécoise des marchands contre l'augmentation des frais de transaction sur les cartes de crédit et de débit, mon collègue de et moi-même avons fait adopter, au Comité permanent des finances, la motion suivante:
Que le Comité des finances entreprenne une étude concernant la variation de tous les frais liés aux transactions effectuées par cartes de débit et de crédit imposés aux commerçants ainsi que les pratiques courantes et transactionnelles qui les justifient et que le comité fasse rapport à la Chambre de ses observations et recommandations.
Cette étude sera entreprise sous peu, dans les semaines qui viennent. Elle permettra d'entendre de nombreux témoins ainsi que différentes parties prenantes. Le comité pourra ensuite formuler ses recommandations au gouvernement. Ces recommandations pourront ainsi servir de base à la mesure législative requise pour la motion présentée aujourd'hui par le NPD.
Comme je l'ai indiqué au début, le Bloc québécois est donc favorable à la motion, car les consommateurs ont besoin d'une législation assurant leur protection. Toutefois, le Bloc québécois s'assurera que cette mesure législative que présentera le gouvernement, respecte intégralement les compétences du Québec et des provinces.
:
Monsieur le Président, je suis heureux de prendre la parole aujourd'hui en cette journée d'opposition du NPD au sujet de la motion présentée par le député de .
Le Bloc québécois est favorable au principe de la motion qui est devant nous aujourd'hui, voulant que le gouvernement devrait agir pour protéger les consommateurs qui sont particulièrement vulnérables en période de crise économique.
Cependant, lorsque le gouvernement présentera de telles mesures législatives — et on le souhaite sincèrement —, on s'assurera qu'il respecte les champs de compétence du Québec et des provinces en la matière.
Je rappellerais qu'au Québec, la Loi sur la protection des consommateurs existe depuis 1971 et qu'elle encadre les ententes contractuelles entre les compagnies émettrices de cartes de crédit et les consommateurs. Il sera donc important de respecter les juridictions, d'une part, et l'expertise du Québec, qui est assez intéressante à cet égard.
J'aimerais souligner qu'en 2007 — et je vais y revenir plus tard si le temps me le permet —, la Cour suprême a rejeté une demande d'autorisation d'appel d'une institution financière concernant une des plus importantes condamnations en dommages exemplaires de l'histoire du Québec. Cette décision confirmait donc une décision de la Cour d'appel du Québec et confirmait la juridiction du Québec et sa capacité d'assurer la protection du consommateur face aux institutions émettrices de cartes de crédit.
Je ne ferai pas la lecture au complet de cette motion qui est devant nous, mais disons qu'on est d'accord que l'endettement représente un problème majeur au pays et qu'on trouve cela pour le moins étonnant de voir que l'écart entre le taux directeur de la Banque du Canada et les taux d'intérêt appliqués aux cartes de crédit soit de plus en plus grand, alors qu'on pourrait croire, puisqu'il y a multiplication de cartes de toutes sortes qui sont abondamment utilisées par les consommateurs, que la compétition devrait donc faire en sorte que cet écart se rétrécisse. Étonnamment, c'est l'inverse qui se produit.
Il est vrai aussi que les grandes banques et institutions financières tirent grandement profit de cet écart et que même si plusieurs points relevés dans la motion du NPD ne relèvent pas tous de la compétence du gouvernement fédéral, on pense que c'est intéressant que le fédéral puisse agir dans son propre champ de compétence en la matière.
À cet égard, à l'article a) de la motion qui est devant nous, on parle d'une mesure « qui protégerait les consommateurs contre les augmentations soudaines et arbitraires des taux d'intérêt et d'autres changements apportés à leur compte; [...] Cela pourrait être un point de départ intéressant qui relèverait, dans ce cas-ci, d'un champ de compétence du gouvernement fédéral.
À cet égard, et cela fait un certain temps qu'on le dit, le gouvernement fédéral pourrait explorer l'avenue de lier le taux d'intérêt du crédit par le biais du taux usuraire de l'article 347 du Code criminel au taux directeur de la Banque du Canada, ce qui permettrait d'offrir une meilleure synchronisation entre le coût du crédit et le taux d'intérêt de l'économie qu'on connaît normalement. Autrement dit, plutôt que le taux usuraire de l'article 347 soit fixé de façon absolue, on pense que le gouvernement devrait envisager cette possibilité de le mettre de façon relative, si on veut, au taux directeur de la Banque du Canada.
Puisque je l'ai évoqué plus tôt, j'aimerais élaborer sur la question de la compétence provinciale. Relevant de la compétence du Québec et des provinces, on retrouve tout ce qui touche au commerce local et au droit civil. Donc, les compagnies émettrices de cartes de crédit sont assujetties aux règles des contrats de la protection des consommateurs dans chaque juridiction.
Or, la Loi sur la protection des consommateurs contient bon nombre d'obligations strictes pour encadrer spécifiquement les cartes de crédit de tous genres. Par exemple, l'article 118 définit le crédit variable et évoque spécifiquement la question des cartes de crédit. L'article 126 dit qu'une compagnie émettrice d'une carte de crédit doit faire parvenir un état de compte aux consommateurs mentionnant un certain nombre de points que je n'énumérerai pas ici, mais qui sont décrits de façon assez explicite dans la loi.
À l'article 128, on dit qu'une compagnie émettrice de cartes de crédit ne peut augmenter la somme jusqu'à laquelle un crédit variable est consenti, ce qu'on appelle typiquement la marge de crédit ou la limite, sauf à la demande expresse du consommateur. Cela est très important et j'y reviendrai. Par exemple, on spécifie que toute modification aux termes du contrat de crédit variable doit être expédiée au moins 30 jours avant sa mise en vigueur. Donc, on voit qu'un cadre réglementaire existe au Québec qui permet de protéger les consommateurs, et que le gouvernement du Québec peut, s'il le désire, continuer à légiférer dans ce domaine. On croit par contre que le gouvernement fédéral pourrait aussi faire sa part dans ses propres domaines, comme je l'ai souligné plus tôt.
Plusieurs exemples de recours collectifs sont présentement en cours au Québec contre des pratiques d'institutions financières qui contreviendraient à la Loi sur la protection du consommateur. J'y reviendrai plus tard. J'aimerais toutefois donner quelques exemples de pratiques qu'on considère discutables. L'exemple typique est celui des frais de dépassement de la limite de crédit.
Le journaliste américain Bob Sullivan a écrit un livre sur les frais cachés payés par les consommateurs américains. On sait que les pratiques au Canada sont similaires à plusieurs égards. Dans ces frais cachés, on retrouve entre autres les fameux frais de dépassement de la limite de crédit. Le problème réside dans le fait que les compagnies émettrices de cartes de crédit permettent maintenant le dépassement de la limite de la carte de crédit plutôt que de refuser simplement la transaction. Ensuite elles exigeront des frais de dépassement. Aux États-Unis, par exemple, ces frais se situent entre 10 $ et 35 $, ce qui est semblable au Canada. Dans mon entourage même, une personne m'a signalé ce problème, et j'ai été abasourdi d'apprendre qu'une institution pouvait facturer des frais alors que, d'une certaine façon, c'est elle qui a été négligente puisqu'elle a permis un dépassement de la limite de crédit établie par contrat.
En 2004 et en 2006, Option consommateurs a déposé un recours collectif contre certaines institutions financières émettrices de cartes de crédit. Les recours déposés par Option consommateurs visaient les institutions financières qui ont augmenté unilatéralement la limite de crédit de leurs clients et qui ont aussi permis le dépassement de la limite de crédit en imposant des frais de dépassement, ce qui contrevenait heureusement à la Loi sur la protection du consommateur. Je veux faire bien comprendre que le mot « heureusement » portait sur le fait que le Loi sur la protection du consommateur interdit cette pratique, et non pas sur le fait que certaines compagnies ne respectent pas la loi. On l'aura compris, je n'en ai aucun doute.
Donc, en novembre 2006 et octobre 2007, ces recours ont été autorisés par la Cour supérieure contre les institutions financières suivantes: Amex Canada et la Banque de Nouvelle-Écosse sont poursuivies pour les frais de dépassement; la Banque canadienne impériale de commerce, Citibanque Canada, la banque HSBC Canada, MBNA Canada, la Banque de Montréal sont poursuivies à la fois pour augmenter la limite sans le consentement du titulaire et aussi pour imposer des frais de dépassement de limite. La Banque nationale du Canada quant à elle est poursuivie pour l'augmentation de la limite de crédit.
Donc, selon Option consommateurs, ce recours collectif vise à obtenir le remboursement des frais illégalement perçus et des dommages exemplaires.
En terminant, il serait peut-être intéressant de mentionner que l'Office de protection du consommateur indique sur son site Internet que:
Le commerçant ou l'institution financière ne peut augmenter la limite de crédit s'il en est, sauf à la demande expresse du détenteur de la carte. Le seul fait que le consommateur excède sa limite originale de crédit en effectuant un ou des achats ne constitue pas une demande expresse au sens de la loi.
Le recours collectif est toujours en cours et on souhaite bonne chance à toutes ces personnes.
Je n'aurai pas le temps de parler des frais de retard payés en trop. Je dirai simplement qu'en cette période de temps économiques difficiles, il serait pertinent que le gouvernement légifère à cet égard. C'est pourquoi nous appuierons la motion du NPD.