:
Monsieur le Président, comme beaucoup de députés et membres du public, j'écoutais les discours des divers députés au sujet du projet de loi .
[Traduction]
J'ai constaté que certaines des interventions de mes collègues traitent non seulement l'objet du projet de loi lui-même, mais aussi une autre question très importante et dont on ne mesure peut-être pas suffisamment toute l'importance. Je parle de la Loi sur la protection des renseignements personnels et du fait que la commissaire à la protection de la vie privée ait permis au comité qui a étudié le projet de loi de bénéficier de ses conseils.
J'ai eu la chance d'être associé à l'un de mes collègues qui avait beaucoup d'information à sa disposition. Il me semble que, dans une situation comme celle-ci, comme nous étudions un projet de loi extrêmement important et qui doit être étudié dans le contexte d'un risque de pandémie mondiale de grippe porcine, nous devrions prendre toutes les mesures nécessaires pour nous assurer d'être bien préparés, mais aussi appliquer les procédures nécessaires pour assurer la protection des gens face au risque d'invasion de leur vie privée.
J'ai écouté ma collègue de dire de manière très énergique, j'oserais même dire éloquente, à quel point il est important que ce projet de loi soit approuvé rapidement par la Chambre. Comme tous les autres députés, elle a évidemment droit à son opinion, qu'elle soit plus ou moins valable, selon ses interlocuteurs. Mais ce qui m'a frappé pendant que j'écoutais son intervention, c'est qu'elle tentait de nous convaincre de la nécessité que la Chambre s'intéresse tout de suite au projet de loi et l'approuve rapidement, et ce, même si des membres du comité — et je crois que je peux dire que ce sont les députés du Bloc Québécois parce qu'ils se sont exprimés toute la journée à ce sujet — se sont opposés dans une certaine mesure au contenu de la mesure législative, mais, chose plus importante encore, à la procédure suivie, pour s'assurer que le projet de loi tient compte de tous les besoins des Canadiens partout au pays.
Je crois qu'elle déplorait un peu que les députés du Bloc Québécois aient recours à une tactique qui, en fait, a déjà été utilisée par son propre parti au sujet d'autres projets de loi, plus particulièrement celui sur les systèmes de gestion de la sécurité. Ce projet de loi prévoyait que l'on impose une éthique particulière et une culture axée sur les mécanismes régulateurs aux gens qui fournissent un service.
Dans le cas qui nous occupe, nous pourrions dire que c'est encore plus grave. Comme les systèmes de gestion de la sécurité mettent en cause l'industrie de l'aviation et les personnes qui fournissent des transporteurs et d'autres véhicules pour le transport aérien, qu'il s'agisse de passagers ou de marchandises, ils touchent évidemment au risque de mettre la vie humaine en danger. Il ne s'agit pas de moins que cela et peut-être même que certains pourraient avancer qu'il s'agit de beaucoup plus que cela.
J'ai trouvé très intéressant qu'on ait invoqué des arguments en faveur d'une adoption rapide du projet de loi tout en ignorant une lettre envoyée par une députée conservatrice, en fait, la présidente du Comité permanent de la santé, au Commissaire à la protection de la vie privée, pour lui demander de commenter le projet de loi.
Elle ne lui demandait pas sa réaction par rapport au projet de loi. Elle ne l'invitait pas à témoigner devant le comité pour offrir son point de vue, pour aborder des questions que les députés des divers partis pourraient soulever, pour aborder les questions qui portent non seulement sur le contenu des discussions, mais aussi sur les procédures qui mènent à l'étude du contenu et les conséquences de ce processus.
La présidente du comité a envoyé une lettre. Elle a reçu une réponse datée du 11 mars qui disait ceci:
Ce serait avec plaisir que nous répéterions l’exercice pour discuter des observations contenues dans la présente lettre [...].
La Commissaire n'a pas été invitée à témoigner.
La Commissaire à la protection de la vie privée est responsable de deux lois fédérales sur la vie privée: la Loi sur la protection des renseignements personnels et les documents électroniques, connue également sous l'acronyme LPRPDE, et, bien sûr, la Loi sur la protection des renseignements personnels elle même. Le problème, c'est qu'elle s'applique aux institutions du gouvernement, aux organismes et aux sociétés d'État, mais aussi au laboratoire de Winnipeg.
Ce projet de loi ne vise pas à amoindrir l'excellent travail de ce laboratoire ou d'autres institutions qui se préoccupent de la santé des gens.
Tous les membres de ce comité ont reçu une copie de cette lettre. Je ne crois qu'il me soit nécessaire de la déposer. Il s'agit déjà d'un document public. Quiconque en voudrait une copie peut s'informer auprès du comité ou consulter le hansard.
J'aimerais citer un autre passage. La commissaire à la protection de la vie privée a dit que « Les améliorations que nous suggérons... » qui, selon certains intervenants, n'ont même pas été prises en compte parce qu'elles n'étaient pas considérées comme des amendements malgré le fait qu'elles ont été proposées par d'autres députés, « ... visent à atteindre l’équilibre voulu entre le droit à la vie privée et les pouvoirs réglementaires ainsi que la transparence, les avis et la responsabilisation de la part des agents assujettis à la loi et responsables devant le public ». C'est aussi simple que ça.
Je ne siège pas au comité. Tous les députés ne peuvent siéger à tous les comités, mais quand ils arrivent à la Chambre, ils peuvent bénéficier de ce qu'y ont dit leurs divers membres, il faut tenir compte de cela. S'il y a un vide, s'il y a une lacune, s'il y a quelque chose qui manque, c'est lors du débat à l'étape du rapport et de la troisième lecture qu'il faut en parler.
C'est pourquoi, dans le débat à l'étape de la troisième lecture, moi et d'autres députés aimerions que la Chambre réfléchisse à ce qui a été omis des délibérations ou, à tout le moins, mentionné et laissé de côté.
N'oublions pas que la commissaire à la protection de la vie privée, en réponse à une demande écrite du président du comité, a dit: « Nous aurions aimé recevoir une Évaluation des facteurs relatifs à la vie privée (ÉFVP) pour comprendre la manière dont tous les risques posés à la vie privée dans ce projet de loi avaient été atténués, mais nous n’en avons toujours pas reçu. » La lettre date du 11 mars.
Si on propose une mesure législative sur les toxines, les agents pathogènes humains et leur incidence sur la santé publique de tous les citoyens canadiens où qu'ils soient, il faut également se pencher sur la façon dont les données sont recueillies, l'incidence de ce processus sur les personnes dont on a recueilli les données, et autres questions possibles.
Le poste de commissaire à la protection de la vie privée, un mandataire de la Chambre, a été créé pour aider les députés dans leurs délibérations, et ce, dans l'intérêt du public. La commissaire dit: « Le Commissariat devrait recevoir les ÉFVP... » les évaluations des facteurs relatifs à la vie privée, « ... bien avant que les décisions ne soient mises en oeuvre afin que nous puissions fournir des commentaires au début du processus. »
Cela me semble raisonnable. Pourtant, elle ajoute: « Puisque nous n’avons pas rencontré les fonctionnaires... » et j'ajouterais que, à mon avis, on ne lui en a pas donné l'occasion, « ... qui ont rédigé ce projet de loi et que nous n’avons pas reçu d’ÉFVP, il est difficile pour nous de comprendre toutes les répercussions du projet de loi C-11 sur la protection de la vie privée, comme l’étendue de l’application de cette proposition législative sur les renseignements concernant les patients.»
Si la commissaire à la protection de la vie privée, malgré toutes les ressources mises à la disposition de ce bureau pour conseiller les députés, ne peut ou ne veut pas fournir d'observations d'ordre spéculatif, pourquoi un député devrait-il s'empresser de prendre une décision sans cette information? En effet, la commissaire à la protection de la vie privée va plus loin encore en disant: « Nous aimerions participer à un processus de consultation », mais cela ne s'est pas produit.
Elle parle de l'article 38, qui accorde au ministre le pouvoir d'obtenir les renseignements personnels pertinents, manifestement par l'intermédiaire de ses fonctionnaires. Elle fait également observer que le paragraphe 38(1) pourrait être amélioré. Encore une fois, sans les avantages de la consultation et sans avoir eu accès aux fonctionnaires de la santé publique, elle dit qu'il y a lieu de s'inquiéter et demande que la question soit examinée.
Certains des députés du Bloc ont indiqué aujourd'hui que la question n'avait pas été examinée ou que, lorsqu'elle l'avait été, elle avait malheureusement été mise de côté du fait que la commissaire à la protection de la vie privée avait déclaré: « Nous suggérons que l’élément du caractère raisonnable devrait influencer l’« avis du ministre », et nous proposons d’ajouter que les renseignements personnels devraient avoir une «pertinence directe » [...] sans explicitement faire référence aux renseignements personnels. En effet, elle a dit que l'information devrait être rendue anonyme afin d'atteindre un objectif déclaré.
La commissaire à la protection de la vie privée est allée encore plus loin. Elle s'est donné le mal de fournir de plus amples avis et renseignements au sujet de l'article 41, qui investit un inspecteur du genre de pouvoirs qui ne devraient être l'attribut que du ministre. Cependant, même si c'est dans le but de recueillir des renseignements qui pourraient être utilisés pour le bien public, nous ne le savons pas car nous ne sommes pas à même de connaître les causes et les effets des initiatives prises à la suite de ces décisions.
Par exemple, elle a dit que le paragraphe qui aborde:
les pouvoirs d’un inspecteur de recueillir des documents, du matériel et de l’information, pourrait bien s’étendre à l’examen et à la collecte de renseignements personnels et de renseignements sur la santé d’individus et de patients.
Cela pourrait bien être justifié, mais elle ajoute:
[...] nous nous préoccupons de la protection des renseignements des patients et de la transparence de ce processus pour le public.
Nous avons laissé de côté une personne possédant le savoir et les ressources nécessaires pour définir pour les députés les lacunes du projet de loi, ses pièges potentiels et, en même temps, bien entendu, pour leur indiquer s'ils sont sur la bonne voie.
Elle poursuit en disant que l'article 67 du projet de loi présente un problème quant aux arrêtés d'urgence pris par le ministre. Je la cite: « un tel mécanisme est inquiétant, puisqu'il pourrait diminuer le contrôle exercée sur les renseignements personnels. » Autrement dit, une fois l'information divulguée, elle relève du domaine public, et les personnes qu'elle concerne ne sont plus protégées en vertu de la Loi sur la protection des renseignements personnels et de la Loi sur la protection des renseignements personnels et les documents électroniques.
Elle dit que les documents produits à l'externe qui résultent de ce mécanisme « pourraient entraîner un contrôle moins rigoureux de renseignements extrêmement personnels ».
Elle a rendu publics ses commentaires le 11 mars, soulignant plutôt deux fois qu'une qu'elle et le commissariat seraient prêts à participer au processus de consultation publique mené par le Comité permanent de la santé, et a offert leurs services.
Dans cette lettre, elle disait essentiellement merci de nous avoir demandé notre avis. Voici nos premières réflexions, mais réunissons-nous pour discuter de la question, car nous n'avons pas eu l'occasion de nous entretenir avec les responsables de la santé publique ni avec des personnes ayant le mandat de régler cette question.
La présidente lui a écrit à nouveau et a reçu une réponse le 30 mars, soit il y a exactement un mois aujourd'hui. Dans cette lettre, la commissaire adjointe à la protection de la vie privée disait vouloir donner suite à la lettre de la présidente concernant le projet de loi C-11, la Loi sur les agents pathogènes humains et les toxines. Afin d'éviter toute confusion, elle-même étant très claire, elle a précisé ceci: « Quant à la question de savoir si le projet de loi a déjà fait l’objet de consultations, il semble qu’il y ait eu un échange de courriels préliminaire entre les représentants de l’Agence de la santé publique du Canada, l'ASPC, et certains de mes représentants en mai 2008. »
Il y a eu un échange de courriels. Ensuite, elle a dit: « Même si je vous ai offert mon expertise et mes ressources maintenant. » Après mai 2008, devinez ce qu'elle a dit:
De façon générale, toutefois, nous disposions de peu de détails et aucun document ne nous a été soumis, mis à part le texte du projet de loi C-54.
En d'autres termes, « Vous avez choisi de ne pas nous faire participer aux consultations du comité ou du ministère. » Dans sa lettre, elle dit « de nous faire participer ». Le comité les a-t-il fait participer? Nous savons que le comité a examiné le projet de loi, qu'il a étudié des amendements et en a rejeté certains — malencontreusement selon les députés du Bloc, heureusement selon les ministériels, très heureusement selon les députés du NPD — et nous nous demandons pourquoi.
La commissaire adjointe à la protection de la vie privée a pris la peine de préciser ceci: « Nous avons également appris que le principal objectif serait de recueillir des renseignements sur les personnes qui travaillent dans les laboratoires de façon à s’assurer qu’ils satisfont aux exigences en matière de sécurité » —ce qui est très bien — « et que la vérification de sécurité sera conforme aux processus déjà en place. »
Ce sont des garanties qu'on leur a données par oral ou qui ont été interprétées en tant que telles. Elle dit ensuite quelque chose qui devrait, à mon avis, inquiéter tous les députés:
Nous reconnaissons que la Loi se rapporte aux renseignements personnels des employés de laboratoires; cependant, nous continuons à nous inquiéter du fait qu’il n’y a rien dans le projet de loi qui limiterait la collecte de renseignements personnels auxiliaires, comme les renseignements sur les malades.
Un autre type de collecte auxiliaire pourrait concerner les renseignements personnels des membres de la famille d’un employé de laboratoire, s’ils devaient entrer en contact avec un agent pathogène ou une toxine réglementés. Les renseignements personnels concernant un parent d'un malade ne sont aucunement protégés en vertu de cette mesure législative. Elle a ajouté « Nous sommes également conscients des risques de détournement d’usage », terme qui a été rendu populaire à la Chambre par un parti qui était alors du côté de l'opposition et qui parlait de détournement d'impôts, « et préférerions donc limiter la collecte de renseignements personnels ». Je veux répéter cette partie. Elle a dit:
Nous préférerions donc limiter la collecte de renseignements personnels. Nous nous attendons à ce que ces enjeux soient traités dans le cadre des prochains travaux d’évaluation des risques en matière de vie privée.
Je suis certain que ceux qui suivent le débat aujourd'hui, comme je le suivais dans le foyer et de mon siège dans cette enceinte, se demandent: Est-ce que cette évaluation des risques a été effectuée? Pour mettre l'accent sur ce point, elle a répété « Nous croyons que l’article 67 [...] pourrait réduire les contrôles relatifs aux renseignements personnels » et elle a dit qu'un test des motifs raisonnables serait utile dans cette situation. Est-ce que cela a été fait?
Elle a poursuivi en disant que, à son avis, « l’Agence dispose maintenant de suffisamment de renseignements pour procéder à une évaluation des risques liés à la protection de la vie privée de haut niveau, en prévision du processus plus officiel d’évaluation des facteurs relatifs à la vie privée ». Alors qu'est-ce qui empêche les choses d'aller de l'avant? Elle a terminé en disant, un peu frustrée, qu'elle était impatiente de rencontrer les responsables de la santé publique afin d'aborder ces questions.
J'ajoute que le fait d'aborder ces questions permettrait aux députés de mieux comprendre comment traiter le projet de loi à cette étape de son cheminement au Parlement, et j'espère que nous le ferons.
:
Monsieur le Président, il me fait plaisir de prendre la parole sur le projet de loi visant à promouvoir la sécurité des agents pathogènes humains et des toxines.
D'entrée de jeu, j'aimerais mentionner qu'il y a quatre catégories à risque, soit les groupes 1 à 4. Les groupes 3 et 4 sont déjà encadrés par la loi. Je donne quelques explications sur ces groupes.
Annexe 3 — Groupe de risque 3: agents pathogènes humains
Catégorie d’agents pathogènes humains présentant un risque élevé pour la santé individuelle et un risque faible pour la santé publique, [...]
Annexe 4 — Groupe de risque 4: agents pathogènes humains
Catégorie d’agents pathogènes humains présentant un risque élevé pour la santé individuelle et un risque élevé pour la santé publique, [...]
Seuls les laboratoires importants des agents pathogènes doivent respecter les « Lignes directrices en matière de biosécurité en laboratoire ». Les laboratoires des groupes de risque 3 et 4, qui représentent des risques élevés pour la santé individuelle et un risque faible et élevé pour la santé publique, seraient déjà partie prenante des lignes directrices.
Quelles sont ces lignes directrices? Les lignes directrices sont un document spécialisé produit par le Bureau de la sécurité des laboratoires, à l'Agence de santé publique du Canada. Ce document a été conçu à l'intention des personnes chargées de concevoir ou de faire fonctionner des laboratoires dans lesquels on manipule des agents anthropopathogènes à des fins de diagnostic, de recherche ou de développement. Cette exigence ne s'applique pas aux personnes ou aux laboratoires qui n'utilisent pas ces agents pathogènes au Canada.
Nous pouvons comprendre les inquiétudes du gouvernement quant aux groupes 3 et 4 et les précautions mises de l'avant. Cependant, les laboratoires 3 et 4 ne respecteraient-ils pas déjà les dispositifs de précaution des lignes directrices mis de l'avant par ce projet de loi?
Le projet de loi s'appliquerait donc aux groupes 1 et 2 représentant des risques modérés pour la santé individuelle, faibles pour la santé de la population et facilement traitables, et ce, dans une perspective de mieux protéger la santé de la population.
On peut voir dans quelle direction on s'en va. On veut voir à l'encadrement des groupes 1 et 2. Quels sont ces groupes 1 et 2? Il s'agit de toxines pour le groupe 1. Le groupe 2 parle d'agents pathogènes humains. Mais ces catégories présentent des risques modérés pour la santé individuelle. Comme je l'ai dit tout à l'heure, c'est un risque faible pour la santé publique, qui pourrait rarement causer des maladies graves chez l'être humain, mais il existe des mesures efficaces pour les prévenir ou les traiter, et leur risque de transmission est faible.
De plus, le projet de loi — et c'est là la dynamique de ce projet de loi que les autres partis politiques de cette Chambre ne comprennent pas — imposerait l'obligation d'obtenir un permis — ce qui signifie que tous les laboratoires devront avoir un permis — pour les « activités contrôlées » suivantes: la possession, la manipulation, l'utilisation, la production, l'entreposage, l'accès autorisé, le transfert, l'importation, l'exportation, le rejet ou autre abandon, ou la disposition d'un agent pathogène humain ou d'une toxine.
Le présent projet de loi impose à toute personne exerçant des activités mettant en cause des agents pathogènes humains ou des toxines de prendre toutes les précautions raisonnables afin de protéger la santé et la sécurité publiques.
Le gouvernement fédéral se fonde sur sa compétence en matière de droit criminel pour justifier ce projet de loi. Il faut comprendre que lorsqu'on parle de droit criminel, le Parti conservateur est un champion pour nous présenter ces lois et, à partir de ce moment, cela ne fait aucun sens que les autres partis politiques puissent embarquer dans un système qui est, je dirais de façon concrète, exagéré. On assiste encore à la paranoïa des conservateurs de vouloir tout contrôler.
En bref, le projet de loi vise à rendre obligatoires les « Lignes directrices en matière de biosécurité en laboratoire ».
Deuxièmement, le projet de loi C-11 vise à rendre obligatoire l'obtention de permis pour les activités réglementées afin de faire le suivi des agents existants, ainsi qu'à déterminer où ils se trouvent et qui les a en sa possession.
Troisièmement, il veut instaurer un régime d'infraction et de peines. Dans le document d'information sur le projet de loi , qui a été déposé par le gouvernement lors du dernier Parlement et qui est l'ancêtre du projet de loi C-11, il était indiqué que:
La présence des agents anthropopathogènes et des toxines dans les laboratoires pose un faible risque pour les Canadiens.
Pourquoi s'agissait-il d'un faible risque à l'époque et pourquoi en va-t-il autrement aujourd'hui? Pourquoi le gouvernement essaie-t-il de contrôler tous et chacun, partout au Canada? Je ne comprends pas.
Des lignes directrices en matière de sécurité existent déjà dans les laboratoires qui souscrivent d’ordinaire à des règles de sécurité en matière de manipulation et de gestion des agents anthropopathogènes et des toxines dans le cadre de leurs travaux. Quoi qu’il en soit, nous devons veiller à ce que des lois, des protocoles et des pratiques soient mis en place pour protéger les Canadiens contre ce risque.
Depuis l'élaboration des lignes directrices, il y a déjà plus de 15 ans, aucun incident n'a eu lieu au Canada, que ce soit ou non dans les laboratoires qui suivent les lignes directrices.
Il demeure que les chercheurs se questionnent non pas sur l'aspect sécuritaire de leurs recherches, mais sur la mainmise du gouvernement sur la recherche de tous les jours. Non seulement le gouvernement essaie-t-il de contrôler les journalistes et l'information, mais il essaie aussi de contrôler les laboratoires et les gens. Le gouvernement a-t-il fait des études d'impact d'une telle législation sur les cours universitaires, le fonctionnement de nos hôpitaux et l'industrie de la recherche au Québec et au Canada? Non.
Le gouvernement demande carte blanche pour des règlements qui ne seront pas étudiés par le Parlement. Le projet de loi met en place un cadre législatif qui impose des exigences quant aux recherches sur les agents pathogènes et les toxines, ainsi que des mesures criminelles et des amendes en cas de non-respect de celles-ci.
Il faut se poser certaines questions à propos de ces règlements. Comment se fait-il qu'un projet de loi, maintenant en troisième lecture, n'ait aucun règlement? On ne sait pas ce que l'on fera de ce projet de loi. On nous l'apporte devant la Chambre pour que l'on vote sur quelque chose qui arrivera plus tard, mais on ne sait pas encore sur quoi ces règlements seront basés. Cela n'a aucun sens.
Selon les universitaires que nous avons consultés — nous avons fait une consultation, contrairement à d'autres partis en cette Chambre —, le projet de loi nécessitera des investissements majeurs dans les universités qui ont des laboratoires.
Ces investissements ne serviront pas à la mise à niveau des laboratoires pour les agents pathogènes de catégories 3 et 4, ce seront de nouvelles dispositions entourant les catégories 1 et 2. Il s'agit des seules catégories qui ne présentent aucun problème. Toujours selon les universitaires, des milliards de dollars d'investissements seront nécessaires au pays et ce, aux frais des universités. Le gouvernement a-t-il évalué ce type d'impact sur l'enseignement et la recherches universitaires, sur les établissements de santé et sur les laboratoires privés? La réponse est encore non.
Il est important de mentionner que tous les laboratoires, incluant les universités, les hôpitaux et les autres établissements gouvernementaux, peuvent être condamnés à payer une amende. Ce gouvernement a tendance à donner des amendes et des peines d'emprisonnement. Il focalise sans cesse sur ces deux points. Le gouvernement veut-il vraiment donner des amendes à des universités ou à des hôpitaux alors qu'ils souffrent d'un manque criant de financement? Cela n'a pas de sens.
Le projet de loi instaure aussi des peines et des amendes à quiconque pose un geste d'insouciance ou manque de précaution quant aux agents pathogènes et aux toxines.
L'article 55 se lit ainsi:
Est coupable d’un acte criminel passible d’un emprisonnement maximal de cinq ans quiconque contrevient à l’article 6 par insouciance déréglée ou téméraire à l’endroit de la santé ou de la sécurité d’autrui et, ce faisant, risque de porter atteinte à la santé ou la sécurité publiques
On parle d'étudiants, pas de chercheurs ayant une combinaison pour les protéger. On discute de personnes qui sont à l'université ou à l'hôpital. On parle de virus, on ne parle pas de choses vraiment énormes. C'est la plus basse catégorie existante qu'on va essayer de contrôler. On veut contrôler les gens, contrôler l'information, contrôler ceux qui ont ces groupes d'agents pathogènes. C'est épouvantable. Mais vous n'avez pas tout entendu. C'est encore pire.
L'article 56 se lit ainsi:
Quiconque contrevient aux paragraphes 7(1) ou 18(7) commet une infraction et encourt, sur déclaration de culpabilité:
a) par mise en accusation, pour la première infraction, une amende maximale de 500 000 $ et un emprisonnement maximal de six mois, ou l’une de ces peines, et, en cas de récidive, une amende maximale de 1 000 000 $ et un emprisonnement maximal de deux ans, ou l’une de ces peines;
Pensez bien que l'étudiant qui, pour faire une blague à ses amis, a touché à une chose et à une autre, il aura une amende d'un demi million de dollars. Cela n'a aucun bon sens.
Le Bloc québécois se questionne sur la nécessité d'instaurer de nouvelles mesures et de nouvelles peines d'emprisonnement alors qu'elles pourraient déjà faire partie de lois déjà existantes. Ces lois existent déjà et là, on veut en rajouter encore. On veut beurrer un peu plus épais. Encore là, c'est difficile de suivre ces partis ici, en cette Chambre des communes. Ils ne portent aucune attention aux projets de loi dont on discute ici et ils sont prêts à voter sur n'importe quoi. Les mesures mises en place par ce projet de loi quant au manque de précaution, à l'insouciance et au rejet volontaire ne font-ils pas partie du Code criminel et de la Loi canadienne sur la protection de l'environnement? Oui, cela existe déjà. Les mesures prises en vue d'interdire la mauvaise utilisation intentionnelle des agents pathogènes ne font-elles pas déjà partie de la Loi antiterroriste?
On a déjà beaucoup de lois. On essaie de créer encore des amendes. On parle d'emprisonner ces gens-là. Je ne peux pas voir de quelle façon on peut penser à ces choses-là, d'arriver à circonscrire un amendement et un projet de loi sur des groupes 1 et 2. Tout ce que le parti au pouvoir veut proposer est déjà prévu dans des lois déjà existantes. Je ne peux pas comprendre pourquoi on irait plus loin que ce qui existe. Ce qui est pire, c'est qu'on ne sait pas où on veut s'en aller avec ce projet de loi parce qu'on n'a consulté personne.
Bien que nous ayons bien questionné les fonctionnaires sur les répercussions éventuelles, il est dorénavant clair que le gouvernement n'a effectué aucune étude d'impact sur le projet de loi . Lorsqu'on a questionné ces fonctionnaires pour leur demander l'impact que cela aurait sur les universités et les hôpitaux, candidement, ils nous ont dit qu'ils ne le savaient pas, qu'il n'y avait pas eu d'étude d'impact. Ils n'ont aucune idée de ce qui arrivera puisqu'aucune étude n'a été faite. Toutefois, il semble que c'est plaisant d'avoir de nouvelles lois et de nouvelles amendes et des peines d'emprisonnement. C'est la seule chose qu'on a sue. La seule réponse aussi que nous ayons obtenue est que le gouvernement prendrait en considération les inquiétudes des experts et des chercheurs lors de la rédaction des règlements afin de réduire les impacts négatifs potentiels. C'est peu dire. Ils iront consulter des experts, mais prendront-ils leurs remarques en considération? Ils n'en sont pas sûrs. Ils accepteront peut-être ce qui les tentera parce que, de toute façon, le projet de loi a été adopté. Quant à la réglementation, on ne sait pas de quelle façon on encadrera les groupes 1 et 2. On n'en a encore aucune idée .
Je ne comprends pas qu'en 2009, on présente un projet de loi sans règlement à la Chambre des communes, où des lois sont érigées, et qu'on vote un projet de loi sans connaître les règlements qui en font partie. De plus, le gouvernement dit que même si on consulte des experts, il décidera de ce qu'il fera. En effet, les règlements ne seront pas présentés à la Chambre des communes.
Comment pourrait-on voter des règlements si on ne nous les présente pas? Comment pourrait-on y apporter des amendements si les règlements ne sont pas définis? Cela n'a aucun sens.
Je ne vois pas où on s'en va. Je ne vois pas non plus comment on peut servir la cause des Québécois, des Québécoises, des Canadiens et des Canadiennes. On ne peut pas les protéger des agents pathogène de catégories 1 et 2 car ce même gouvernement, dans le projet de loi , disait que ces deux catégories ne présentaient aucun problème.
Comment se fait-il qu'on ait étudié les catégories 1 et 2 si elles ne présentaient aucun problème? Je n'ai encore reçu aucune réponse à cette question.
Le Bloc québécois aurait préféré que le gouvernement agisse de manière responsable avant de se lancer aveuglément dans la mise en oeuvre du projet de loi . Cela aurait voulu dire effectuer une étude d'impact et consulter adéquatement les acteurs dans chaque province, soit les chercheurs, les laboratoires de santé privés, etc. Pour ce qui est du cadre réglementaire et de la collaboration avec les provinces, c'est autre chose.
Certes, le Bloc québécois appuie l'idée selon laquelle le gouvernement consultera les acteurs touchés par le projet de loi avant de rédiger les règlements. Il n'a pas le choix car les autres partis politiques sont favorables à l'adoption de ce projet de loi sans règlement.
Cependant, nous avions proposé, au cours de l'étude article par article effectuée par le comité, que le gouvernement consulte les provinces avant de modifier les annexes. Les fonctionnaires, lorsqu'on les a questionnés sur les retombées de cet amendement, ont indiqué qu'il n'y aurait pas de consultation des provinces avant la rédaction des amendements. Y a-t-on pensé? On ne consulte même pas les provinces et on va faire des règlements sans consulter un tant soit peu les gens de chacune des provinces.
Ces fonctionnaires ont également indiqué que les experts et les chercheurs se retrouvaient au sein des laboratoires de recherche et au sein du gouvernement fédéral, négligeant ainsi les compétences de la fonction publique du Québec et des autres provinces. Nous avons également une expertise, mais les conservateurs ne veulent pas la connaître. Ils ne veulent entendre que leurs experts, et ils ne tiendront compte que de ce qu'ils veulent.
Ils ont également voulu rappeler que la Colombie-Britannique avait émis de sérieuses réserves sur ce projet de loi, et que ce sont les mêmes fonctionnaires qui l'a rassurée en lui promettant de la consulter sur la portée de la loi. On la consultera donc plus tard.
L'amendement du Bloc demandait une consultation auprès du Québec et des provinces avant la modification des annexes, c'est-à-dire avant d'ajouter ou de modifier la classification d'un agent pathogène. Cet amendement avait pour but de s'assurer que le fédéral évalue adéquatement les répercussions d'une telle modification.
Il y a lieu de constater que les conservateurs et les libéraux ont jugé que cet amendement n'était pas nécessaire, négligeant du coup l'expertise du Québec et des autres provinces en la matière.
Les libéraux, qui criaient au loup en comité à cause du non-respect des compétences de la Colombie-Britannique et des répercussions du projet de loi sur la population britanno-colombienne, se fient entièrement aux règlements de la loi et ne font aucune place à la Colombie-Britannique pour qu'elle donne son avis sur la classification des agents pathogènes.
Le 29 avril 2008, dans un communiqué de presse annonçant le dépôt du projet de loi , le ministre affirmait qu'il n'y avait pas de risque. Or, aujourd'hui, il y a tout à coup beaucoup de risques.
Le Bloc québécois demande à étudier en profondeur le projet de loi . Il questionnera des spécialistes afin de s'assurer que les tenants et aboutissants du projet de loi C-11 ne remettraient pas en question le milieu de la recherche au Québec.
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Monsieur le Président, c'est un plaisir pour moi aujourd'hui de prendre la parole et de présenter ma position et celle du Bloc québécois concernant le projet de loi . En tant que membre du Comité permanent de la santé et porte-parole du Bloc québécois en matière de jeunesse, je peux assurer que ce projet de loi me préoccupe grandement. Je suis préoccupé parce qu'il concerne à la fois la santé et la sécurité de la population, mais également le milieu de la recherche universitaire.
Premièrement, je tiens à rappeler à mes collègues que ce projet de loi a pour ancêtre le projet de loi , mort au Feuilleton en raison du déclenchement des élections en octobre dernier. Cette loi vise à promouvoir la sûreté des agents pathogènes humains et des toxines.
Afin d'éclairer des collègues qui l'ignoreraient, un agent pathogène est un micro-organisme qui cause parfois des maladies chez les êtres humains. Certaines toxines, produites à partir de micro-organismes, peuvent également causer des maladies chez les humains à certaines occasions. Les agents pathogènes sont divisés en cinq catégories. Les moins dangereux se retrouvent à l'intérieur du groupe de risque 1 et les plus dangereux à l'intérieur du groupe de risque 5.
Quand je disais que le projet de loi concernait à la fois la santé de la population, mais aussi le milieu scientifique, c'est justement parce que ces micro-organismes sont utilisés à la fois dans les laboratoires de recherche scientifique, mais également dans les institutions de santé du Québec et du Canada.
Présentement, la réglementation sur l'importation de ces agents pathogènes oblige l'obtention d'un permis pour en importer des pays étrangers. À ce jour, seuls les laboratoires qui importent des agents pathogènes doivent respecter un ensemble de lignes directrices en matière de biosécurité en laboratoire et non pas ceux qui utilisent des agents pathogènes déjà présents au Canada.
Bref, ce que vise le projet de loi , c'est de rendre obligatoire pour tous les lignes directrices en matière de biosécurité en laboratoire, de même que l'obtention de permis pour les activités réglementées afin de faire le suivi des agents existants. Il vise à déterminer où ils se trouvent, qui les a en sa possession et, finalement, à instaurer un régime d'infractions et de peines pour ceux et celles qui vont à l'encontre de ces lignes directrices.
Le projet de loi obligerait donc tous les acteurs de l'industrie scientifique à obtenir un permis pour effectuer de la recherche avec les agents pathogènes et les toxines. Que ce soit dans la manipulation, la possession, l'importation, en fait l'obtention d'un permis serait obligatoire pour tous ces agents.
Comme je l'ai noté plus tôt, il existe présentement des lignes directrices qui prennent en charge les aspects sécuritaires de la possession et de la manipulation des agents pathogènes et des toxines.
Si on résume le projet de loi , il imposerait un permis aux laboratoires à moindre risque, soit ceux qui utilisent les agents du groupe 1 et 2, qui comportent, selon l'Agence de la santé publique du Canada « un risque modéré pour la santé individuelle et un risque faible pour la santé publique. » C'est intéressant. Toujours selon l'agence, « [...] ces agents pathogènes peuvent, dans de rares cas, causer des maladies graves chez l'être humain, mais il existe des mesures efficaces pour les prévenir ou les traiter et leur risque de transmission est faible », comme on l'aura compris.
Certes, nous pouvons comprendre les inquiétudes du gouvernement quant aux groupes de risque 3 et 4 et les précautions mises de l'avant, car il en va de la santé et de la sécurité de la population en générale. Cependant, là où il commence à y avoir un problème, c'est que les laboratoires qui utilisent des agents des groupes 3 et 4 respectent déjà les dispositifs qui sont dans les lignes directrices.
Depuis l'élaboration des lignes directrices, il y a maintenant plus de 15 ans, aucun incident n'a eu lieu au Canada, que ce soit dans les laboratoires qui utilisent les groupes 3 et 4, comme dans ceux qui utilisent les groupes 1 et 2. M. Marc Ouellette, professeur à l'Université Laval, est venu témoigner à deux reprises en comité et il est clair à ce sujet:
Le projet de loi C-54, et ensuite le projet de loi C-11, ont eu l'effet d'une bombe sur le milieu de la recherche. Personne ne s'y attendait. Quand nous avons pris connaissance du contenu du projet de loi — j'ai même lu le document explicatif —, nous l'avons qualifié d'aberration, puisque les lignes directrices étaient appliquées depuis 15 ans.
En fait, le seul incident majeur dû à une mauvaise utilisation a eu lieu aux États-Unis au début des années 2000 et c'était dans un laboratoire administré par le gouvernement américain. Donc, les scientifiques respectent déjà le cadre mis de l'avant par le gouvernement fédéral quant à l'utilisation et l'importation d'agents pathogènes.
Comme je le mentionnais tout à l'heure, le projet de loi imposerait un nouvel encadrement aux laboratoires des universités, des hôpitaux et aux laboratoires privés. Dans le cadre du Comité permanent de la santé, nous avons discuté avec plusieurs scientifiques qui travaillent dans ces laboratoires et qui se questionnent sérieusement sur les impacts du projet de loi C-11, et je les comprends.
Que ce soit quant aux nouvelles obligations sur la circulation des agents pathogènes à l'intérieur même d'un établissement, comme dans une université, il demeure que les chercheurs se questionnent, non pas sur l'aspect sécuritaire de leur recherche, mais sur la mainmise du gouvernement sur la recherche de tous les jours.
Encore une fois, le gouvernement conservateur tente de s'immiscer par diverses tactiques dans la recherche scientifique, exactement comme il l'a fait en octroyant de nouveaux crédits au Conseil de recherche en sciences humaines, mais uniquement pour des recherches liées à l'économie. J'y reviendrai plus tard. Cette décision, encore une fois, a été prise sans consultation et sans tenir compte de l'avis des principaux intéressés.
Le gouvernement a-t-il fait des études d'impact d'une telle législation sur les cours universitaires, sur le fonctionnement de nos hôpitaux et sur l'industrie de la recherche au Québec et au Canada?
On le voit, il n'a rien fait de cela.
Le gouvernement conservateur, en plus de couper 162 millions de dollars aux organismes subventionnaires de recherche, impose un cadre législatif aux chercheurs, ce qui se traduira par des investissements supplémentaires importants pour les milliers d'établissements qui voudront utiliser des agents pathogènes ayant un faible risque pour la population.
Le gouvernement conservateur demande encore carte blanche quant aux règlements qui ne seront pas revus par le Parlement. Je me questionne sérieusement sur les répercussions que ce projet de loi pourrait avoir sur le développement de la recherche sur les agents pathogènes au Québec et sur son apport positif sur la santé de la population.
Nous n'avons qu'à penser à la grippe porcine qui sévit présentement. Les scientifiques pourront-ils travailler aussi efficacement afin de trouver des solutions à un virus de ce genre? Je crois que la question mérite d'être étudiée.
Encore une fois, il semble que le gouvernement conservateur dépose un projet de loi sans en évaluer les répercussions directes sur le milieu. On commence à être habitués.
Le gouvernement a-t-il réfléchi aux conséquences du projet de loi sur l'enseignement universitaire? A-t-il réfléchi aux investissements nécessaires à la mise à niveau d'un laboratoire d'enseignement pour un laboratoire qui utilise les groupes 1 et 2?
Par exemple, la bactérie E. coli se trouve présentement à l'annexe 2 du projet de loi. Selon les universitaires, cet agent pathogène est grandement utilisé par les étudiants dans des expériences de laboratoire. Le fait que la bactérie E. coli se trouve à l'annexe 2 obligerait les universités à augmenter la sécurité dans les salles de classe, alors que ce ne sont pas tous les types de E. coli qui sont potentiellement dangereux.
Certes, le gouvernement a amené certaines nuances entre le projet de loi et le présent projet de loi , et il pourrait modifier la catégorisation des agents pathogènes dans les annexes. Cependant, cet exemple démontre la problématique générale de la mise à niveau qui sera parfois nécessaire dans les laboratoires d'enseignement.
De plus, le projet de loi limite l'accès aux établissements visés par le permis. L'article 31 du projet de loi stipule que:
Le titulaire de permis établit et tient à jour la liste des personnes qu’il autorise à avoir accès à l’établissement visé par le permis, notamment les titulaires d’une habilitation de sécurité pour l’établissement et les visiteurs. Il communique la liste au ministre, sur demande de celui-ci.
Dans le cas des cours donnés dans les laboratoires, l'université sera-t-elle tenue de donner le nom de tous les étudiants qui ont accès aux laboratoires ou encore de donner le nom de tous les étudiants qui fréquentent l'établissement? Je crois fermement qu'il y a encore beaucoup trop de questions et pas assez de réponses dans ce projet de loi.
Selon les universitaires que nous avons consultés, le projet de loi nécessiterait des investissements majeurs dans les universités qui ont des laboratoires. Ces investissements ne serviront pas à la mise à niveau des laboratoires pour les agents pathogènes de groupes 3 et 4, mais bien aux nouvelles dispositions entourant les catégories 1 et 2. Selon eux, des milliards de dollars — et je dis bien des milliards de dollars en ces temps de crise économique — seront nécessaires au Québec et au Canada et ce, aux frais des universités.
Plusieurs témoins ont également demandé au gouvernement de retirer l'annexe 2 du projet de loi afin de diminuer l'impact sur la recherche de tous les jours. Selon les scientifiques, retirer l'annexe 2 changerait considérablement la teneur du projet de loi . En effet, 90 p. 100 des agents pathogènes utilisés dans les laboratoires universitaires sont de type 2.
Un chercheur du Département de microbiologie et d'immunologie de l'Université McGill y va même d'un sérieux avertissement concernant les conséquences directes de l'application de la loi si l'on ne retire pas l'annexe 2:
Le retrait des pathogènes de niveau 2 n'entraînerait aucun risque additionnel pour la population canadienne. Les Canadiens sont bien protégés par les mesures déjà en place. Le maintien des pathogènes de niveau 2 dans ce projet de loi va assurément ralentir la recherche au Canada et miner notre capacité de soutenir la concurrence sur la scène internationale et d'attirer des sociétés de biotechnologie et de grandes entreprises [...]
En temps de crise économique, il me semble que la pire des choses à faire est d'imposer de nouvelles contraintes aux universités qui ont déjà un grave problème de financement. Surtout, je le répète, aucun incident n'est survenu depuis l'instauration des lignes directrices il y a 15 ans. Le gouvernement tente encore une fois d'imposer son idéologie de droite et de contrôler au maximum la recherche sans débourser les frais. C'est complètement inacceptable.
Comme je l'ai mentionné, la manipulation des agents pathogènes est effectuée à des fins de diagnostic, de recherche et de développement. Le Bloc québécois s'inquiète des répercussions de ce projet de loi pour l'avenir de la recherche et le développement liés aux agents pathogènes au pays. Au risque de me répéter, je constate que le gouvernement conservateur, en plus de couper dans les budgets de la recherche, cherche à contrôler au maximum la communauté scientifique.
Il est aussi important de s'inquiéter des effets du projet de loi sur les établissements de santé, comme les hôpitaux, qui utilisent les laboratoires afin d'effectuer des tests diagnostics. Cela pourrait avoir un impact direct sur les services de santé du Québec et des provinces. Le projet de loi cherche également à imposer des pénalités à quiconque contreviendrait à cette loi. Il est important de mentionner que tous les laboratoires, incluant les universités, les hôpitaux et les autres établissements gouvernementaux, peuvent être condamnés à payer une amende. Le gouvernement veut-il vraiment donner des amendes à des universités et à des hôpitaux qui ont déjà un criant manque de financement?
Le projet de loi instaure aussi des peines et des amendes à quiconque fait acte d'insouciance ou manque de précaution quant aux agents pathogènes et aux toxines. Cet acte est passible d'un emprisonnement maximal de cinq ans pour la première infraction et d'une amende maximale de 500 000 $. En cas de récidive, il est passible d'une amende maximale de 1 million de dollars et d'une peine d'emprisonnement maximale de deux ans, ou de l'une de ces deux peines. Les mesures prises dans le projet de loi en vue d'interdire la mauvaise utilisation intentionnelle des agents pathogènes ne font-elles pas déjà partie de la loi antiterroriste?
Bien que nous ayons questionné les fonctionnaires sur les répercussions éventuelles, il est dorénavant clair que le gouvernement n'a effectué aucune étude d'impact du projet de loi . La seule réponse que nous avons obtenue est que le gouvernement prendrait en considération les inquiétudes des experts et des chercheurs lors de la rédaction des règlements afin de réduire les impacts négatifs potentiels. Même si le gouvernement n'a toujours pas fait d'étude d'impact ou refuse de le rendre public, le gouvernement semble si pressé de faire adopter le projet de loi C-11, qu'il en oublie même que l'application ne se ferait pas avant 4 ou 5 ans.
Je crois sincèrement que le gouvernement aurait dû agir d'une manière responsable avant de se lancer aveuglément dans la mise en oeuvre du projet de loi . Il aurait dû effectuer des études d'impact et consulter adéquatement les acteurs, c'est-à-dire les chercheurs, les provinces, les laboratoires de santé et l'ensemble de la communauté scientifique. Certes, le Bloc québécois appuie l'idée selon laquelle le gouvernement consultera les acteurs touchés par le projet de loi avant de rédiger les règlements. Cependant, nous avions proposé dans l'étude article par article, effectué par le Comité de la santé dont je fais partie, que le gouvernement consulte les provinces avant de modifier les annexes, ce qui n'a visiblement pas été fait.
Les fonctionnaires, lorsque questionnés sur les retombées de cet amendement, ont indiqué qu'il n'y aurait pas de consultation des provinces avant la rédaction des amendements, se privant ainsi de l'expertise de la fonction publique du Québec et des provinces. J'aimerais également rappeler que la Colombie-Britannique avait émis de sérieuses réserves quant au projet de loi, et que ce sont les mêmes fonctionnaires qui les ont rassurés en leur promettant de les consulter sur la portée de la loi.
On a le même son de cloche du gouvernement du Québec. Le ministre de la Santé, Yves Bolduc, a écrit à la du Canada pour lui faire part de ses préoccupations.
Les députés libéraux qui déchiraient leur chemise au comité à cause du non-respect des compétences de la Colombie-Britannique et des répercussions du projet de loi sur la population britanno-colombienne ont décidé de se fier entièrement aux règlements de la loi, refusant ainsi à la Colombie-Britannique l'occasion de donner son avis sur la classification des agents pathogènes. Les libéraux nous ont habitués à bafouer les provinces, et on en a encore un exemple.
Plus tôt, dans son allocution, la députée de a semblé affirmer que seuls les députés du NPD avaient tenté de modifier en comité le projet de loi par la proposition d'amendements.
Peut-être doit-on cette amnésie à l'énergie qu'elle a déployée pour justifier sa position.
Aussi, j'aimerais rappeler aux députés du NPD et à l'ensemble des députés que le Bloc québécois a également déposé, à l'étape du rapport, des amendements demandant le retrait des agents pathogènes de niveau 2 et demandant le dépôt du code réglementaire devant la Chambre avant son adoption. Nous avons donc appuyé les amendements des autres partis qui allaient en ce sens. Toutefois, ce n'était pas suffisant.
Par contre, il serait intéressant de savoir pourquoi la députée de , et les députés du Parti libéral et du Parti conservateur membres du Comité permanent de la santé n'ont pas appuyé l'amendement du Bloc québécois qui demandait que soit exclue l'application des activités exercées dans tout établissement réglementé, exploité ou financé par une province, alors que le ministre québécois de la Santé, de même que les autorités ontariennes et britanno-colombiennes ont exprimé de sérieuses inquiétudes quant aux conséquences du projet de loi sur des activités qui se feront au Québec et dans les provinces.
Étant donné que la présence des agents pathogènes et des toxines dans les laboratoires posent un faible risque pour la population, selon le gouvernement conservateur; étant donné que le projet de loi vise à rendre obligatoires, par le biais de permis, les lignes directrices en matière de biosécurité en laboratoire sans que le gouvernement n'ait préalablement consulté les principaux intéressés et sans que le gouvernement n'en ait mesuré les répercussions, entre autres sur l'enseignement universitaire et les laboratoires des établissements de santé; étant donné que la volonté du gouvernement est de s'attaquer à un risque potentiel de terrorisme par le biais de l'encadrement des agents pathogènes et des toxines, et qu'il y a la Loi antiterroriste et d'autres lois qui peuvent déjà encadrer certaines dispositions du projet de loi ; et compte tenu de l'ingérence potentielle de ce projet de loi dans les champs de compétence du Québec et des provinces; pour toutes ces raisons, le Bloc québécois demande à étudier en profondeur le projet de loi C-11.
Nous questionnerons des spécialistes afin de nous assurer que les tenants et aboutissants du projet de loi ne remettront pas en question le milieu de la recherche au Québec. Nous nous assurerons que les dispositions proposées respecteront les champs de compétence du Québec en tenant compte des répercussions potentielles sur l'enseignement et la recherche universitaire ainsi que sur les services de santé offerts à la population du Québec.
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Monsieur le Président, aujourd'hui, j'ai évidemment bien écouté mes collègues du Bloc québécois faire la démonstration sans équivoque de la non-pertinence de ce projet de loi et du fait qu'il devrait être remis sur les tables pour être réévalué, étudié à nouveau et remanié afin de pouvoir répondre aux besoins réels de la communauté, aux besoins réels de ce qu'un danger pourrait représenter.
On me connaît, je suis curieuse. Quand je vois qu'on met de l'avant un projet de loi qui n'est pas pertinent, qui n'aboutit à rien, qui ne réglera rien et qui ne fera que mettre des entraves au travail des spécialistes et des chercheurs, je suis curieuse et je vais voir si quelque chose existe qui pourrait m'éclairer et me donner de l'information pour savoir où se trouve le danger exactement. Pourquoi cherche-t-on présentement à faire adopter un projet de loi qui rendrait les agents pathogènes de type 1 et 2 soudainement plus dangereux, qui soudainement rendrait obligatoire l'obtention d'un permis pour ces agents pathogènes? Je me suis demandé pourquoi.
J'ai regardé du côté des États-Unis, évidemment, parce qu'on sait fort bien que nos amis américains sont très friands de toutes ces lois et de toutes ces mesures qui empêchent de tourner en rond, depuis le 11 septembre 2001. Je comprends leur anxiété et leur besoin de mettre de l'avant des projets de loi ayant pour effet d'empêcher des actes terroristes de se produire sur leur territoire.
J'ai trouvé quelque chose d'assez intéressant et je crois que nos collègues, tant conservateurs, libéraux et néo-démocrates, devraient l'entendre. S'il y avait un agent pathogène qui pouvait se reproduire et se transmettre d'une façon assez complète pour pouvoir amener un peu plus de sagesse à nos collègues de ces partis, la parole pourrait devenir un agent pathogène qui serait assez intéressant à ce moment-là.
Je vais lire des extraits d'un rapport intitulé « l'Analyse des impacts de la mondialisation sur la sécurité au Québec, Rapport 4 — L'arme biologique et ses vecteurs ». Il a été réalisé par M. Nicolas Moquin, du Laboratoire d'étude sur les politiques publiques et la mondialisation. On va voir que ce n'est pas de n'importe qui. Ce n'est pas de la députée de ou de personnes qui ne connaissent pas ce milieu ou ces domaines-là. Il est fait par des personnes qui les connaissent très bien qui ont pris la peine de faire cette étude. Cela débute ainsi:
L'érosion des frontières, la facilité croissante de voyager, la libre circulation des biens et des personnes de même que les flux migratoires caractérisent le phénomène de la mondialisation. Les nouvelles technologies de l'information et des télécommunications, tels les satellites, la câblodistribution et Internet, favorisent également un échange rapide de l'information et permettent la coordination de diverses activités à des distances très grandes. Ces aspects ont accru la vulnérabilité des démocraties occidentales aux dangers transnationaux. Des groupes terroristes transnationaux, comme Al-Qaida, peuvent se doter d'instruments qui leur permettent de mieux cibler les attentats.
En lisant cela, je suis tentée de penser au moment où, il n'y a pas si longtemps, notre digne collègue d'en face s'est rendu à l'aéroport de Toronto. Avec d'autres de ses collègues de la sécurité publique, ils ont pu avoir accès à des endroits où, normalement, ils n'auraient pas dû pouvoir se rendre. Cela représente un danger beaucoup plus grave pour importer et amener ici des armes biologiques que le danger qu'ils soient reproduits en laboratoire, où on a des agents pathogènes des groupes 1 et 2. Pourtant, on n'a encore rien faire pour rendre les aéroports plus sécuritaires.
Le terrorisme mondial préoccupe les États occidentaux. Quelques jours seulement après le cataclysme du 11 septembre, soit le 5 octobre 2001, les États-Unis enregistrent de nouvelles pertes de vie lorsque cinq personnes succombent à la maladie du charbon (anthrax).
L'anthrax est considéré comme un agent pathogène de catégorie 4. Ce n'est pas un agent pathogène de catégorie 1 ou 2. Il est donc très dangereux et ne devrait pas se retrouver dans les mains de tout un chacun. Pourtant, bien que les États-Unis aient des règles très strictes et très précises, cet agent pathogène s'est retrouvé dans des enveloppes adressées à des députés, des congressistes et des sénateurs élus des États-Unis. Ces enveloppes n'avaient malheureusement pas pu être interceptées par la police des États-Unis.
Cet incident illustre comment la prolifération des armes nucléaires, radiologiques, biologiques et chimiques (NRBC) constitue une menace à la sécurité internationale et nationale.
Ce sont des armes de destruction massives, comme les armes que nous n'avons pas retrouvées en Irak et pour lesquelles le gouvernement américain est allé se battre dans ce pays.
Armes de destruction massive (ADM), les NRBC peuvent avoir un effet destructeur sur toutes les couches de la société et sur l’environnement.
Dans l'introduction, on nous explique ces difficultés et ces problèmes. Un peu plus loin, on parle de l'arme biologique, du bioterrorisme et de l'agroterrorisme. Je veux parler du bioterrorisme parce que les agents pathogènes sont ce qui nous intéresse aujourd'hui.
Les experts en sécurité s’entendent. L’ensemble des actes perpétrés contre des civils, ou même des biens, par des individus ou des groupes qui relèvent de grands réseaux organisés, constitue une des caractéristiques du terrorisme. Ces organisations se réclament d’une cause politique ou religieuse, orchestrent des attentats ou se livrent à l’intimidation pour répandre un climat de terreur. Parmi les formes de terrorisme, il convient de prêter attention à l’arme biologique.
Cette arme n’a pas encore été déployée à grande échelle, mais certains États ont poussé leurs recherches pour se doter de réelles armes biologiques, y compris leurs antidotes. Ces armes sont conçues à partir d’organismes vivants, ou des produits dérivés de ceux-ci.
Quand on parle d'États, on ne parle pas de groupes terroristes, mais de gouvernements qui ont développé des armes biologiques.
Ces organismes peuvent même se multiplier à l’intérieur d’un autre organisme vivant attaqué qui devient, à son tour, foyer de contamination [...] On classe les agents biologiques en quatre catégories: les virus (variole, Ébola), les bactéries (charbon, les champignons et les toxines engendrées par des entités vivantes (ricin, bacille botulique).
Tous les noms que j'ai énoncés font partie de la catégorie 4.
Si des agents biologiques sont vaporisés dans l’air, incorporés à l’eau potable ou à la nourriture, ils acquièrent une plus grande capacité de destruction massive. Ils peuvent également être inclus dans des marchandises ou des colis postaux.
Selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), quelque 50 virus, bactéries et toxines sont susceptibles de se prêter à la fabrication d’armes biologiques [...]. Fabriquer une arme biologique demande peu de connaissances spécialisées. En raison de l’avancée des recherches biologiques, et de même l’accès à Internet, les possibilités d’acquérir de l’équipement pour fabriquer cette arme se sont multipliées. Le risque est même grand de voir se multiplier les vols de souches de varioles, par exemple. La menace s’avère réelle et le recours à ces armes de destruction massive est fort inquiétant. Les groupes terroristes, qui s’activent à l’heure actuelle, pourraient utiliser des armes biologiques pour commettre leurs attentats.
Quand on dit que c'est facile de produire une arme biologique à l'aide de l'internet, il faut réaliser qu'on ne parle pas de scientifiques ou de chercheurs qui travaillent dans les laboratoires pour aider les êtres humains à développer des panacées pour les différentes maladies que nous connaissons. Nous parlons de terroristes qui peuvent, dans le confort de leur salon ou de leur chambre à coucher, trouver des recettes pour élaborer ces dites menaces biologiques.
Le bioterrorisme est la diffusion de germes pouvant provoquer des maladies mortelles. Les récents progrès en génétique et en biologie moléculaire permettent de rendre pathogènes des bactéries inoffensives par l’insertion de gènes toxiques. On peut même rendre ces bactéries encore plus virulentes afin qu'elles contournent le système immunitaire ou qu’elles résistent à tous les antibiotiques.
Je ne pense pas que les bactéries dont nous parlons et que le terrorisme dont nous parlons seront l'apanage de nos jeunes chercheurs, de nos jeunes scientifiques, qui sont tellement dévoués et tellement intentionnés à rendre la vie de leurs concitoyens et concitoyennes meilleure en cherchant à trouver les différentes façon de guérir les gens.
Il y a dans ce rapport la notion qui fait que connaissant ces problèmes, ces risques et ces difficultés possibles, nous nous sommes dotés, tant au niveau des Nations Unies que des États-Unis, du Canada et du Québec, de différentes façons de fonctionner qui nous permettent maintenant de nous assurer que nous ne serons pas les victimes de bioterrorisme ou d'agroterrorisme.
Par exemple, en 2003 aux États-Unis, la FDA, soit la Food and Drug Administration, qui est l'organisme qui vérifie les drogues, les armes et la nourriture, s'est doté d'un système d’enregistrement obligatoire pour les producteurs, étrangers et locaux, qui manipulent, transforment, traitent et transportent les aliments. Les entreprises étrangères du secteur agroalimentaire qui exportent des denrées périssables vers les États-Unis doivent inscrire auprès de la Food and Drug administration un préavis minimum de deux heures.
Les importateurs états-uniens de produits agroalimentaires doivent eux aussi prévenir la FDA avant de franchir la frontière d’un autre État américain. Si des produits alimentaires peuvent présenter une menace à la santé, la FDA se réserve le droit de mettre la marchandise importée en quarantaine pour une période d'entre 20 et 30 jours.
On se rappellera qu'il y a deux ans, nous avons eu un grave problème avec des épinards importés des États-Unis. Pourtant, même s'il existe aux États-Unis des règles très strictes qui régularisent le transport des aliments, leur qualité, leur coefficient de danger, malgré tout cela, ici au Canada, on s'est retrouvé avec des épinards très dangereux et qui présentaient un colibacille qui risquait de mettre en danger la santé des gens. Ce n'est pas tout d'avoir des règles très strictes, il faut que nous puissions être certains que ces règles fonctionnent.
Aux États-Unis, cette loi sur le bioterrorisme cherche également à sécuriser les établissements qui stockent des toxines ou des virus biologiques. Le Service d’inspection de santé animale et végétale a établi une liste de virus pouvant servir à la fabrication d’armes biologiques. Aussi, les États, les universités et les laboratoires privés doivent-ils souscrire à certaines conditions pour détenir et manipuler ces virus de souche 4, comme on l'a dit tantôt.
Au plan des Nations Unies, le Canada s'est aussi impliqué dans un groupe de différents pays concernés par ces problématiques parce que, comme je le disais au début de mon intervention, certains États ont développé des virus, des bactéries et des agents pathogènes humains qui peuvent être très dangereux et qui peuvent se reproduire à grande échelle.
La plupart de ces virus se retrouvent aujourd'hui dans un laboratoire russe sous surveillance. Depuis quelques années, il existe un comité de surveillance qui est composé de personnes du Canada, des États-Unis, de l'Europe et même du Québec. Ces personnes ont un volet contre le terrorisme et s'assurent que les virus qui sont préservés à cet endroit ne sortent pas de là, pour quelque raison que ce soit.
La responsabilité de la préparation et de la réaction canadienne contre la menace bioterroriste incombe au ministère de la Sécurité publique et Protection civile du Canada (SPPCC), au ministère de la Défense nationale (MDN), à la GRC et à l’Agence de la santé publique du Canada (ASPC) dans le cadre de l’Équipe mixte d’intervention. Le Système national des mesures et des interventions d’urgences de SPPCC coordonne l’ensemble des activités d’intervention. Sur la scène internationale, le Canada répond à la menace biologique en coopérant avec ses partenaires internationaux.
À l’échelle internationale, en 2002, pour faire suite aux propositions du Canada au sommet de Kananaskis, les pays membres du G8 ont adopté le programme de Partenariat mondial contre la prolifération des armes de destruction massive et des matières connexes. Ce partenariat s’est principalement consacré à la cogestion du complexe militaire chimique et biologique de la Russie, héritage de l’époque communiste. Le Canada et les autres membres du G8 veulent empêcher tout groupe terroriste d’acquérir et de mettre au point des armes biologiques.
On verra que ce n'est pas dans les petits laboratoires de nos hôpitaux ou dans les petits laboratoires de nos chercheurs que ces armes chimiques se retrouvent. Il y en a, mais ce sont les gouvernements de certains États qui les ont développées afin de pouvoir eux-mêmes en profiter, faire peur à leurs voisins ou à d'autres États en menaçant de les produire et de les envoyer ailleurs. Ce ne sont habituellement pas les chercheurs et les laborantins qui sont les personnes les plus diaboliques pour ce qui est de mettre de l'avant des menaces de bioterrorisme.
Au Québec, nous avons la chance d'avoir une agence de santé publique.
La coopération entre le Canada et le Québec en matière de sécurité et de santé publique puis le respect des exigences de la FDA par les entreprises agroalimentaires du Québec et le MAPAQ au niveau de la traçabilité des aliments, constituent les éléments majeurs de leurs initiatives pour contrer les vecteurs de l’arme biologique et pour sécuriser leur territoire contre ses conséquences.
Je suis certaine que mon collègue de est très au courant de cette situation parce que:
[...] le 11 septembre 2001 et l’affaire de l’anthrax ont amené des changements appréciables en matière de sécurité civile au Québec. Peu de temps après ces événements, les gouvernements du Québec et de l’État de New York ont décidé de former le Comité Québec-New York, un groupe de réflexion sur les nouvelles mesures à adopter en matière de communication et de sécurité lors des situations d’urgence [...]. Les travaux du Comité ont permis de créer, au sein du ministère de la Sécurité publique (MSP), la table de concertation portant sur la gestion des menaces nucléaires, biologiques, radiologiques et chimiques (NBRC).
Le gouvernement du Québec était alors du Parti québécois. Je rappelle que c'était un gouvernement souverainiste.
Cette table réunit des représentants des villes de Montréal, Québec et Gatineau. Chaque ville y est représentée par un policier, un pompier et un responsable municipal de la sécurité civile. D’autres membres de différents ministères et organismes siègent à cette table. On y retrouve la Sûreté du Québec (SQ), qui a pour mission de scruter, avec l’aide du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), les menaces NBRC.
Il ne me reste qu'une minute. Ce n'est pas assez long. Ce n'est pas suffisant pour faire comprendre à nos collègues en cette Chambre, qu'ils soient libéraux, conservateurs ou néo-démocrates, qu'ils ne prennent pas la bonne décision en votant pour ce projet de loi. Il faut que ce projet de loi soit revu au complet. Il faut qu'il soit étudié et que des témoins viennent nous expliquer ce dont ils ont besoin pour avoir une vraie politique contre le bioterrorisme.
:
Madame la Présidente, c'est important aujourd'hui d'avoir ce débat sur le projet de loi .
Il y a un paradoxe même dans le titre que lui donne le gouvernement. En effet, ce gouvernement parle de sûreté des agents pathogènes; pourtant, dans un communiqué de presse déposé le 29 avril 2008, lors de l'annonce du projet de loi , l'ancêtre du projet de loi C-11, le ministre de la Santé de l'époque affirmait que « le risque pour les Canadiens que présentent les toxines et les agents anthropopathogènes utilisés dans les laboratoires est faible ».
Dès 2008, on indiquait que les risques pour la population étaient plutôt faibles. Et maintenant, le gouvernement dépose un projet de loi qui vise à promouvoir la sécurité des agents pathogènes humains et des toxines, comme s'il y avait de nombreux risques.
Que fait donc ce projet de loi qui nous a été présenté? D'abord, il vise à rendre obligatoires les lignes directrices qui ont été présentées par l'Agence de la santé publique du Canada. Ensuite, il vise à rendre obligatoire l'obtention de permis pour les activités réglementées, afin de faire le suivi des agents existants, de déterminer où ils se trouvent et de savoir qui en a la possession. Finalement, il vise à instaurer un régime d'infractions et de peines.
On n'est pas contre l'encadrement de ces agents. C'est fondamental: il faut gérer les risques, il faut faire en sorte que le principe de précaution puisse bien sûr être appliqué.
Toutefois, en réalité, que serait l'impact de l'application de ce projet de loi? Ça créerait des modes de fonctionnement dans des milieux de travail tels les universités, les centres de recherche, les cliniques et les hôpitaux. Il me semble clair que ces milieux sont sous la tutelle du Québec. Et aujourd'hui, on a un gouvernement fédéral qui, au nom du droit criminel, utiliserait le Code criminel pour intervenir directement dans les modes de fonctionnement de nos hôpitaux et de nos cliniques!
Je l'ai dit, le principe de précaution doit bien sûr être appliqué, mais en même temps, il faut que le gouvernement fédéral comprenne là où débute son action et là où elle doit s'arrêter.
Il n'y a pas que nous, de ce côté-ci de la Chambre, qui estimons que le gouvernement va trop loin. Voici un extrait d'une lettre qu'a écrite le 6 avril 2009 — donc tout récemment, il y a à peine une vingtaine de jours — le ministre de la Santé du Québec, M. Yves Bolduc, à la ministre fédérale de la Santé concernant le projet de loi :
Le Québec constate que les mesures proposées dans le projet de loi auraient d'importantes répercussions notamment sur l'organisation des services de laboratoire médicaux et des services de diagnostic médical qui sont des services usuels du système de santé québécois. Or, ces activités relèvent de la compétence du gouvernement du Québec.
Le ministre de la Santé, M. Yves Bolduc, ajoute:
Par conséquent, le gouvernement du Québec demande au gouvernement fédéral, plutôt que de poursuivre les travaux parlementaires présentement en cours, de revoir son approche en matière de biosécurité des agents pathogènes humains et des toxines. Il importe, en effet, que celle-ci tienne davantage compte des rôles respectifs des deux ordres de gouvernement dans ce domaine.
C'est une lettre signée le 6 avril, que la ministre de la Santé a reçue. Et malheureusement, nos collègues du Comité permanent de la santé, qui ont simplement tenté de faire accepter par le gouvernement un amendement visant à ce que les provinces puissent être consultées dans l'élaboration des règlements, ont reçu un non catégorique.
Non seulement la ministre n'a pas daigné retirer son projet de loi, mais les députés de la partie ministérielle et certains membres de l'opposition, j'en suis profondément convaincu, ont refusé de faire en sorte qu'au minimum, ceux et celles concernés par l'application, soit le gouvernement du Québec, les hôpitaux et les centres de recherche, soient consultés. Ça a été un non catégorique. Le gouvernement fédéral tente d'utiliser des risques terroristes afin de s'ingérer dans les champs de compétence des provinces. Voilà la réalité.
Le gouvernement fédéral a tous les outils à sa disposition pour gérer ce type d'agents. Il peut le faire en vertu de la Loi sur le terrorisme. D'ailleurs, au moins trois pays l'ont fait. Le Royaume-Uni a décidé d'agir en vertu de sa loi sur le terrorisme afin de réglementer ce type d'agents. Toutefois, le gouvernement refuse d'utiliser les moyens législatifs à sa disposition. Il a donc décidé d'aller plus loin et de s'ingérer directement dans les champs de compétence des provinces.
Dans ce projet de loi, il y a clairement un problème de constitutionnalité. Ce n'est pas la première fois que cela arrive. Par le passé, le gouvernement utilisait déjà son pouvoir de légiférer en droit criminel pour rendre obligatoires, par le biais de permis, les lignes directrices en matière de biosécurité en laboratoire. Toutefois, le projet déborde du champ de compétence fédéral en la matière, comme il en a été question, entre autres, dans le cas d'un projet de loi fédéral sur la procréation assistée.
D'ailleurs, le 19 juin 2008, la Cour d'appel du Québec a rendu un jugement dans l'affaire du Renvoi fait par le gouvernement du Québec relativement à la constitutionnalité des articles 8 à 19, 40 à 53, 60, 61 et 68 de la Loi sur la procréation assistée. La Cour d'appel du Québec a stipulé que les articles en question excédaient la compétence du Parlement du Canada en vertu de la Loi constitutionnelle de 1867. En résumé, les juges ont affirmé que l'objet fondamental et dominant de la partie contestée de la loi était la protection de la santé et non l'élimination d'un mal. Par conséquent, les dispositions attaquées ne pouvaient se qualifier au titre du droit criminel selon la Loi constitutionnelle de 1867.
Il y a donc des précédents où on voit que le gouvernement fédéral tente d'utiliser son pouvoir de légiférer en droit criminel afin de présenter des projets de loi en matière de santé qui contreviennent carrément à ses champs de compétence. Les milieux de travail, les universités, les cliniques et les hôpitaux relèvent clairement de la compétence des provinces.
Aujourd'hui, on aurait souhaité, à l'étape où se trouve le projet de loi, que le gouvernement entende raison et retire le projet de loi , comme l'a demandé le ministre de la Santé du Québec.