:
Merci beaucoup. Merci, monsieur le président et tous les membres du comité.
Comme vous le savez, je m'appelle Ferne Downey. Je suis actrice professionnelle et présidente de l'ACTRA. Je suis accompagnée de Stephen Waddel, le directeur général national de l'ACTRA. Tout d'abord, sachez que nous appuyons l'objectif de ce projet de loi visant à fournir aux consommateurs de nouvelles façons d’accéder à du contenu en tout temps.
Nous sommes également favorable à l'adoption de normes internationales pour lutter contre le piratage. Cependant, un bon projet de loi doit faire plus que sévir contre ceux qui s'approprient du contenu illégalement. Il doit également préserver le droit des créateurs d'être rémunérés pour l'utilisation légitime de leurs oeuvres.
Contrairement à beaucoup de Canadiens, les créateurs ne reçoivent pas leur salaire d'un seul employeur. Nous devons accumuler les chèques de paye ici et là pour être en mesure de payer notre hypothèque et se nourrir. Le projet de loi C-32 vient compromettre bon nombre de ces sources de revenus sur lesquelles nous comptons. Le gouvernement déclare la guerre aux licences collectives en présentant une multitude d'exceptions visant à affaiblir le droit d'auteur.
Comme vous l'a dit le représentant de la Conférence canadienne des arts la semaine dernière, le projet de loi actuel supprime 126 millions de dollars en revenus actuels que les créateurs et les détenteurs de droits touchent en vertu d'un régime d'octroi de licences collectives. Et c'est sans compter ce qui est déjà volé. À nos avis, l'abolition des licences collectives n'est ni moderne ni équilibrée. À l'ère numérique, les sociétés dirigées par les détenteurs de droits représentent le seul moyen réaliste de donner un libre accès aux utilisateurs tout en donnant une rémunération raisonnable aux créateurs. Bref, ce projet de loi nous ramène en arrière.
Nous avons relevé six lacunes dans le projet de loi auxquelles il faut remédier.
La première faille concerne le contenu généré par l'utilisateur. Il est curieux que dans le même projet de loi, le gouvernement accorde aux artistes les droits moraux qu'ils réclament depuis longtemps, puis leur enlève au moyen d'une exception de l'application composite qui permet aux utilisateurs de prendre l'oeuvre d'un artiste et d'en faire ce qu'ils veulent. Aucun autre pays dans le monde n'a une telle loi. Pourquoi alors le Canada veut-il devenir un chef de file mondial en privant les créateurs de leurs droits. Cette disposition doit absolument être modifiée ou retirée du projet de loi.
Stephen.
:
Deuxièmement, le projet de loi élargit la portée de l'exception relative à l'utilisation équitable et prévoit de nouvelles exceptions. Cela aura pour effet de faire perdre des millions de dollars aux créateurs et de porter un dur coup à l'industrie de l'édition du matériel éducatif. Ce qui est étonnant, c'est que cette disposition destructrice prévoit de régler un problème qui n'en est pas un. Les établissements d'enseignement peuvent avoir accès à du matériel pour une somme modique, dans le cadre de licences collectives.
Le projet de loi C-32 doit être modifié pour respecter le test à trois étapes de Berne, reconnu internationalement, qui limite les exceptions autorisées dans les lois nationales à certains cas spéciaux où il n'est pas porté atteinte à l'exploitation normale de l'oeuvre ni causé de préjudice injustifié aux intérêts légitimes de l'auteur.
Notre troisième préoccupation concerne les dommages-intérêts. Pourquoi accorder un traitement de faveur aux sites illégaux de partage de fichiers en les exemptant des dommages-intérêts? Il faut y remédier. Les dommages doivent être proportionnels, mais il n'est pas nécessaire de faire une distinction entre l'utilisation à des fins personnelles et commerciales. Les violations à caractère non commercial portent également atteinte aux détenteurs de droits.
Quatrièmement, nous sommes préoccupés par la responsabilité des fournisseurs de services Internet, soit les FSI. Si vous souhaitez réellement prévenir les violations du droit d'auteur, fournissez plutôt aux FSI les outils dont ils ont besoin pour intercepter les gens qui enfreignent la loi sans arrêt. Nous devons dissuader les contrefacteurs en imposant des conséquences.
La cinquième lacune est l'élimination de la disposition relative à la reproduction mécanique à des fins de diffusion. Encore là, il s'agit d'une attaque en règle contre les licences collectives. Vous soutirez de l'argent aux artistes et créateurs pour les remettre dans les poches déjà pleines des diffuseurs privés.
Ferne.
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Notre sixième et dernière recommandation porte sur la reproduction pour usage privé.
La disposition concernant le changement de support et la reproduction à des fins privées devrait être assortie d'une rémunération, de sorte que les artistes pourront toucher ces revenus, peu importe l'évolution des médias. On doit moderniser la redevance actuelle sur la copie privée afin qu'elle s'applique aux dispositifs numériques conçus, fabriqués et mis sur le marché pour copier de la musique, à défaut de quoi les artistes ne pourront plus percevoir des millions de dollars en redevances.
Soyons honnêtes. La redevance sur la copie privée ne date pas d'hier. Elle ne s'appliquera pas aux automobiles. Elle ne représente pas un montant de 75 $ et n'est pas une taxe. La seule taxe sur les iPods est la TVH. Nous vous demandons de bien vouloir mettre de côté les beaux discours et de faire ce qu'il faut pour remédier à la situation. Tout le monde ici sait qu'il faut moderniser la redevance plutôt que la laisser mourir à petit feu.
À un moment ou à un autre, vous vous batterez tous pour conserver votre emploi. Et vous savez tous qu'il y a près d'un million de créateurs qui travaillent avec acharnement pour corriger ce projet de loi. Nous voulons rejoindre toutes les circonscriptions du pays. Nous comptons particulièrement sur les trois partis de l'opposition. Ensemble, vous avez la majorité, tant au comité qu'à la Chambre. Nous avons besoin de vous pour adopter un projet de loi qui reconnaisse le rôle central que jouent les créateurs et les détenteurs de droits dans notre économie numérique et qui veille au respect de leur droits de propriété intellectuelle.
Si on ne fait rien, le Canada continuera d'être une source d'embarras à l'échelle internationale et de nous faire honte.
Merci.
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Bonjour et merci de nous donner cette occasion de nous exprimer sur le projet de loi . Je suis accompagné par mon collègue Paul Taylor, qui s'adressera également au comité.
L'AIEST a été fondée en 1893 — en 1898 au Canada — et compte près de 120 000 membres, dont 16 000 résident au Canada, ce qui en fait l'un des plus importants syndicats de l'industrie du divertissement. L'AIEST représente des travailleurs oeuvrant dans le secteur des arts de la scène, principalement dans la production cinématographique et télévisuelle. Nos membres sont essentiels à la production, à la distribution et à la diffusion des films et des émissions de télévision.
Le nombre d'employés qui travaillent sur une production cinématographique peut varier de 100 à 1 000. Leur travail derrière les caméras est absolument nécessaire à la réalisation des films. Ces personnes travaillent autant sur des productions américaines à gros budget comme Twilight Saga: New Moon à Vancouver, et La Momie: La Tombe de l'empereur Dragon à Montréal, que sur des productions de films ou d'émissions de télévision canadiennes, telles que Republic of Doyle à St. John's, et Heartland à Calgary.
Les mesures que le gouvernement prendra pour contrer le piratage numérique auront des répercussions directes sur nos membres. Nos membres n'ont aucune sécurité d'emploi. Ils dépendent d'une industrie bien portante pour joindre les deux bouts. Lorsque le piratage fait mal à l'industrie, et qu'on ne produit pas de films, ce sont nos membres qui se retrouvent sans emploi.
L'AIEST appuie les objectifs clairement établis du projet de loi C-32. Des centaines de nos membres ont écrit à leurs députés les implorant de procéder à une importante réforme du droit d'auteur et, depuis le dépôt du projet de loi, d'en appuyer les objectifs. Nous accueillons avec satisfaction la promesse du gouvernement voulant que le projet de loi crée un cadre moderne, souple et orienté vers l'avenir, un cadre susceptible d'aider à protéger ou à créer des emplois, de stimuler notre économie et d'attirer de nouveaux investissements au Canada.
Toutefois, nous craignons fortement que le projet de loi, dans sa forme actuelle, n'atteigne pas ces objectifs. Nous avons rédigé un mémoire qui, si je comprends bien, vous a été distribué, mais je vais tout de même vous exposer brièvement notre position.
Je vais maintenant céder la parole à mon collègue, M. Taylor.
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L'AIEST approuve l'approche sérieuse du projet de loi relativement aux mesures techniques de protection, tant au niveau du contrôle de l'accès que de la reproduction. En l'absence de ces mesures, des modèles d'entreprise comme Netflix ne seraient pas possibles au Canada. Si l'on permet d'invalider les mesures techniques à des fins privées ou autres fins licites, on se trouve à saper complètement ces modèles.
Nous proposons donc que les dispositions sur la facilitation soient modifiées de façon à inclure les services principalement destinés ou offerts pour faciliter l'accomplissement d'actes qui constituent une violation. Les dispositions devraient aussi contenir une mention claire visant les fournisseurs de services d'hébergement et de mise en cache. Ces changements sont nécessaires pour remédier à la situation, puisque la réalité, c'est que les sites pirates qui hébergent du contenu illicite, qui le diffusent en continu ou qui en permettent le téléchargement sont en voie de devenir la source la plus importante de distribution illégale de contenu filmique ou télévisuel en ligne.
Quant à l'exception du contenu produit par l'utilisateur, l'AIEST estime qu'on devrait supprimer cette exception ou l'amender de telle manière qu'elle ne cause pas de préjudice aux détenteurs de droits d'auteur. Au pis aller, l'exception ne devrait autoriser un utilisateur qu'à créer du contenu original et transformer à des fins personnelles et non commerciales, si toutes les activités peuvent être considérées comme relevant de l'utilisation équitable au sens du régime du droit d'auteur en vigueur et si elles n'ont aucun effet néfaste sur le marché.
En ce qui concerne les dispositions sur les règles refuges pour le FSI, selon l'AIEST, on devrait resserrer ces dispositions pour s'assurer que les sites illégaux, comme ceux qui encouragent le stockage de fichiers illicites en hébergent, en diffusent ou offrent des copies contrefaites de contenu protégé, ne soient pas dégagés de responsabilité par inadvertance. De plus, dans le but d'assurer l'uniformité avec les normes internationales, on devrait exiger des FSI qu'ils aient une politique efficace pour contrer la violation des droits d'auteur dans leurs réseaux, et particulièrement dans les cas de récidive; qu'ils prennent aussi des mesures pour retirer les œuvres illicites ou en bloquer l'accès, lorsqu'ils possèdent une connaissance directe ou par interprétation d'activité illicite, conformément aux commentaires de la Cour suprême accompagnant la décision sur le Tarif 22.
Enfin, le projet de loi devrait prévoir un droit d'injonction en faveur des détenteurs de droits d'auteur contre les FSI dont les services sont utilisés par de tierces parties pour violer le droit d'auteur, pour les forcer, par exemple, à bloquer l'accès aux sites illégaux.
Notre dernière recommandation porte sur les dommages-intérêts. Nous sommes d'avis que le projet de loi devrait être modifié pour intégrer des dommages-intérêts efficaces qui constitueraient des mesures dissuasives réelles à l'échange des fichiers contrefaits et pour donner aux détenteurs de droits d'auteur la capacité de bloquer les facilitateurs du vol en ligne à grand échelle.
Si le gouvernement désire maintenir un plafond sur les dommages-intérêts pour les individus, il devrait s'appliquer aux violations pour des fins privées plutôt que pour des fins non commerciales; calculer les dommages sur la base de chacune des violations et non pour l'ensemble des violations; et permettre à tous les détenteurs de droits, et non seulement au détenteur initial, d'intenter des poursuites.
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Bonjour, monsieur Waddell et madame Downey. Ce matin, je vais vous parler de piratage.
Le projet de loi vise à contrer le piratage organisé et le téléchargement illégal. Si ce débat public que nous faisons actuellement n'avait pour but que de sensibiliser les gens, la population et les consommateurs au respect des droits d'auteur et des créations, je pense qu'on ferait un grand pas en avant.
Ainsi, je vais vous parler de piratage organisé et des sites Internet conçus principalement pour inciter au téléchargement illégal, peer-to-peer, ou, en bon français, d'égal à égal.
D'après vous, de quelle façon devrions-nous approcher les pirates? Quels sont les dommages auxquels vous auriez droit et auxquels vous pourriez vous attendre?
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Je veux juste ajouter une chose, car je ne me suis pas bien expliquée.
Actuellement, il y a des dommages préétablis et plafonnés: 20 000 $ pour le commercial, 5 000 $ pour le non-commercial. Tout le monde sait que ça n'a aucun bon sens: plafonner à 20 000 $ n'a aucun sens. De l'autre côté, la sanction pénale pour le verrou numérique est d'un million de dollars et cinq ans d'emprisonnement, ce qui, entre nous, fait davantage l'affaire des créateurs de logiciels de jeux.
Je ne sais pas si vous voudriez aller jusque-là. Le voudriez-vous, pour que ce soit égal, disons?
:
Merci beaucoup et merci à vous pour vos exposés.
Je dirais que le projet de loi concerne surtout le droit de faire des copies, ce qu'on appelle en français
[Français]
les droits d'auteur,
[Traduction]
les droits que détiennent les auteurs.
Nous vivons à une époque différente, car n'importe qui peut maintenant faire des copies. Il y a dix ans, les gens pouvaient copier des cassettes. Nous pouvons désormais copier les livres, des émissions de télé, et tout cela nous est offert sur la plus grande plateforme de distribution de l'histoire de l'humanité — et les choses ne sont pas près de changer. Notre comité doit se demander quels droits s'appliquent et à qui appartiennent ces droits.
C'est une situation délicate, car j'entend mes collègues du Parti conservateur — qui sont sur la bonne voie relativement à certains éléments de ce projet de loi — parler des droits du consommateur et des droits des entreprises qui peuvent verrouiller le contenu. Mais l'artiste lui-même ne peut verrouiller son contenu. Alors, on part du principe que les entreprises vont protéger leurs propres droits tout en sauvegardant ceux des consommateurs.
Mais il faut s'interroger sur ce qu'il advient du revenu des artistes, de leur droit d'être rémunérés pour les copies que l'on fait de leurs oeuvres, ce qui a toujours été le principe fondamental du droit d'auteur.
Croyez-vous que ce projet de loi porte atteinte à ce droit et à l'octroi de licences collectives?
:
Je m'intéresse à la question des films contrefaits. Vous avez parlé de la perte d'emplois. J'ai l'impression que l'on peut l'attribuer... Il y a des films piratés que l'on peut acheter au dépanneur et aucun service policier ne semble s'intéresser à la chose. On en retrouve partout sur la planète. Il n'y a pas un endroit où vous ne pouvez pas vous procurer de tels films. Il y a de toute évidence en l'espèce une infraction entraînant des pertes commerciales, ce qui ne devrait pas manquer d'intéresser les autorités.
Il y a aussi des extraits, surtout d'émissions de télé, que les gens téléchargent. Nous avons vu les énormes dommages-intérêts qui s'appliquent aux États-Unis. Il va de soi qu'au sein du Nouveau Parti démocratique, nous nous méfions beaucoup de... En toute franchise, Sony, Universal et compagnie ont brouillé les cartes pour nous, car nous ne souhaitons pas voir des particuliers... Mais le problème des films contrefaits nous inquiète.
Le troisième élément, c'est que les studios se font extorquer des bénéfices du fait que les copies piratées arrivent sur le marché avant les copies légitimes. Il y a deux ans, nous nous sommes penchés sur le problème des caméscopes. La semaine dernière, quelqu'un m'a remis une copie d'une superproduction qui n'était pas encore diffusée en format DVD. On m'a dit que ce serait bon que je vois cette copie, car elle était d'excellente qualité et qu'on y indiquait très clairement sur le tatouage numérique qu'il ne fallait pas la distribuer et qu'elle devait servir uniquement à des fins promotionnelles en vue d'une remise de prix.
Il semble donc régner une attitude plutôt insouciante au sein même de l'industrie quant aux films contrefaits si je peux visionner à Ottawa ou Toronto une copie de film provenant d'Hollywood qui devait servir strictement à des fins de promotion en vue d'une des grandes cérémonies de remise de prix.
Est-il question de sensibiliser les gens à l'intérieur même de l'industrie de la même façon que nous souhaitons sensibiliser les consommateurs? Il m'apparaît assez épouvantable que les films ainsi accessibles nous viennent directement de Hollywood.
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Nous sommes une organisation internationale et nous contribuons de très près aux efforts déployés aux États-Unis pour régler ces questions. J'estime un peu injuste de citer un exemple unique — que ce soit pour les Oscars ou peu importe — où une vidéo promotionnelle a été diffusée. L'industrie a littéralement dépensé des millions de dollars pour sensibiliser ses intervenants, appliquer ses règles et changer véritablement les choses.
Il y a des possibilités qui s'offrent à nous. Nous pouvons changer les comportements. Vous avez fait référence aux modifications apportées au Code criminel. Le Canada était l'une des principales sources de caméscopie illégale de films avant l'entrée en vigueur de ces modifications. Depuis lors, nous ne sommes plus une source d'approvisionnement pour ces copies illégales. Cela montre bien que si nous prenons les mesures pertinentes, si votre comité fait bien son travail, nous pouvons changer les comportements.
J'entends des gens dire que le problème est devenu trop gros, que peu importe ce que nous faisons, il est insurmontable. Je ne suis pas d'accord. Nous pouvons modifier les comportements. C'est une question de sensibilisation. Il faut que les gens sachent qu'il y a d'importantes conséquences.
Mme Lavallée a posé des questions au sujet des dommages-intérêts préétablis. Nous estimons que ces dommages-intérêts devraient aussi viser ceux qui permettent les délits, les sites hôtes. C'est vraiment une des grandes sources de problème.
Je vais vous le dire carrément, car je pense que mes collègues craignent de le faire: il est bien évident que ces gens devraient être incarcérés. Je ne pense pas que c'est ce que votre comité va recommander, mais pourquoi pas? Ce sont des voleurs.
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Merci, monsieur le président.
Je vous suis reconnaissant pour vos témoignages.
Je crois que les Canadiens sont fondamentalement justes. S'il existe des lois, les Canadiens ne vont pas les enfreindre en volant. En général, les Canadiens ne contreviennent pas à la loi. La plupart d'entre eux s'y conforment, surtout lorsqu'elle est exprimée clairement et qu'ils comprennent les règles applicables sur le marché.
Mais j'ajouterais que les Canadiens en ont maintenant ras-le-bol qu'on vienne sans cesse leur demander plus d'argent. En fait, ils sont vraiment exaspérés. Nous en avons eu un excellent exemple la semaine dernière avec la décision sur la facturation à l'utilisation touchant le CRTC. Je suis persuadé que tous les membres du comité ont reçu des dizaines, si ce n'est des centaines, voire davantage de courriels au sujet de cette décision. Les gens veulent qu'on arrête de puiser dans leurs poches; ils en ont assez. La frustration règne chez les Canadiens.
Madame Downey, nous avons eu droit à toute une performance lors de votre exposé.
Il y a une chose que j'aimerais bien savoir. Vous avez indiqué que la redevance visant la copie pour usage privé, ce que nous avons nous-mêmes appelé la taxe sur les iPod, ne s'appliquera pas aux automobiles. Je crois même que vous avez dressé une liste de quelques produits qui ne seraient pas touchés, malgré le fait que la nouvelle voiture de mon épouse est équipée d'un disque dur de 30 gigaoctets — et c'est peut-être même 60 — expressément conçu pour l'entreposage de musique. J'aimerais bien que vous nous disiez à quels appareils cette redevance devrait s'appliquer selon vous.
Monsieur Waddell, je dirais que la plupart des Canadiens sont en mesure de comprendre ce qui est raisonnable; s'ils achètent une chanson sur iTunes et qu'ils veulent la mettre sur quelque appareil que ce soit... Et il y a diverses plateformes d'appareils qui servent à emmagasiner de la musique; votre objectif ultime n'est certainement pas de la mettre uniquement sur des lecteurs MP3. Certainement pas.
En fait, je dirais que c'est presque tricher que de dire qu'on veut seulement cela, alors qu'on va ensuite la transférer dans un appareil qui utilise une technologie plus avancée. Autrement, c'est complètement inefficace. Personne n'achètera de lecteurs MP3; c'est une technologie dépassée, comme les cassettes huit pistes. Les gens sont passés à autre chose; ce sera donc complètement inefficace.
Le projet de loi est tout à fait neutre au plan technologique. En fait, il n'aborde même pas la question de la redevance pour copie privée, pas du tout.
J'aimerais aussi savoir ceci. Vous avez dit que l'expansion de l'utilisation équitable a un impact négatif sur les revenus. Pouvez-vous m'expliquer sur quels revenus l'expansion de l'utilisation équitable a un impact négatif, et pourquoi?
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Merci, monsieur le président.
Madame, messieurs, bonjour et bienvenue.
Avant de commencer, j'ai une chose à faire. La semaine dernière, je n'ai pas eu le temps de finir de poser mes questions et de donner mes éléments de réponse.
Des témoins ont avancé qu'il y avait des pertes potentielles de 21 millions de dollars sur l'enregistrement éphémère. Je voudrais éclairer les gens du Parti conservateur qui ont insisté fortement pour savoir d'où venait ce nombre. Je vais maintenant leur dire que ça venait d'une déclaration écrite de la Commission du droit d'auteur du Canada. C'est un organisme qu'on pourrait qualifier de crédible. C'est de là que ça venait, monsieur Del Mastro. Par contre, le gouvernement semble n'avoir jamais fait de calcul précis sur l'impact que ça pourrait avoir sur les créateurs.
Nous avons aussi reçu, la semaine dernière, des témoins de la Chambre de commerce du Canada. Monsieur Webster a dit que les droits d'auteur servaient à récompenser les créateurs. Il n'avait même pas pensé que c'était leur rémunération et leur salaire pour leur travail, leur génie et leur sens de la création. Il a dit que c'était une récompense.
Il y a peu de temps, on a évalué à 74 millions de dollars la somme en droits d'auteur qui pourrait être perdue de différentes façons. Certains nous disent aujourd'hui qu'elle pourrait même s'élever à 126 millions de dollars. Si M. Webster de la Chambre de commerce du Canada considère les droits d'auteur comme une récompense, comment considère-t-il un projet de loi qui ampute 126 millions de dollars en revenus de droits d'auteur aux créateurs? Comment considère-t-il cette façon d'agir de la part du gouvernement?
Qu'ont fait les créateurs au gouvernement pour mériter, non pas une récompense, mais des réprimandes et des baisses de revenu?
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Ce que j'ai entendu, c'est que nos membres ne reçoivent pas directement de paiements, et je présume que vous parlez des redevances. Non, la rémunération pour la plupart est inférieure... une équipe, soit les membres que nous représentons, reçoit une rémunération horaire pour les heures travaillées. Nous n'avons pas de paiements additionnels découlant de la vente ou de l'exposition d'un produit.
C'est pourquoi, bien honnêtement, cette question n'est pas la nôtre. Nous n'avons pas vraiment adopté de position à ce sujet, et comme nous le voyons encore aujourd'hui, la discussion porte surtout sur cette question, qui est très sérieuse et très importante pour mes amis; or, elle ne l'est pas pour moi.
Par contre, le bien-être de l'ensemble de l'industrie l'est. Ce sont les emplois de mes membres qui sont en jeu. On m'a parlé d'un montant de 130 millions de dollars. C'est beaucoup. C'est aussi le coût du tournage d'un film à Montréal, actuellement. C'est ce type d'impact que subit l'industrie. L'industrie et les emplois en souffrent.
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Il est d'une importance cruciale. Il est intéressant de constater le changement d'attitudes. Tous les trois ans, j'assiste à une conférence mondiale avec les représentants de syndicats qui travaillent dans l'industrie cinématographique partout dans le monde. Il y a quatre ans, on n'en parlait nulle part. L'AI considérait cela comme un problème sérieux.
J'ai assisté en novembre à l'une de ces conférences, et tout le monde en parle en Europe, en Asie et en Afrique. Cela n'a pas seulement des conséquences au Canada, mais partout ailleurs, et nous prenons du retard. Vous en êtes conscients. Il nous faut agir et aller de l'avant. Cela a un impact sur les emplois.
Nous n'avons pas tenté d'indiquer le nombre d'emplois perdus, car tout le monde essaie alors d'en déterminer le nombre pour l'industrie. Mais il y a des pertes importantes, pas seulement pour le service extérieur et les grands studios, mais aussi pour l'industrie nationale, dans laquelle le financement est très précaire et les producteurs font des pieds et des mains pour obtenir un spectacle. Si vous amputez le flux de rentrées d'un élément... c'est une partie intégrante du financement, et des spectacles sont annulés à cause de cela.
Monsieur Waddell, c'est intéressant, car je suis amateur de musique, de films et de télévision, mais vos propos m'ont amené à ressentir de la culpabilité. J'aime à penser que je suis un client des gens que vous représentez, mais vous venez ici et me critiquez parce que je pourrais vouloir écouter l'une des chansons que j'ai achetées sur mon appareil iPod. Je ne comprends pas.
Ma conjointe possède un iPhone; elle achète donc les chansons directement. Elle en entend une à la radio, elle se dit qu'elle veut l'acheter et paie 1,29 $ pour l'acheter directement de son iPhone. Vous dites que ce n'est pas suffisant et vous voulez une partie du iPhone sur lequel elle écoutera sa chanson. Je ne comprends pas.
Soit dit en passant, c'est la Commission du droit d'auteur qui a proposé une redevance de 75 $. Je tenais à le préciser. Ce n'est pas un chiffre inventé. C'est une proposition de la Commission du droit d'auteur.
Mais comment justifiez-vous cela? Je ne comprends pas.
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Je vous remercie de la question, monsieur Lake.
Et non, je ne suis pas ici pour vous critiquer. J'essaie simplement de bien vous faire comprendre ce que nous voulons. Nous voulons faire en sorte que les créateurs soient payés pour leurs droits de propriété intellectuelle, tout comme la société Microsoft l'est quand elle vend des licences d'utilisation de logiciel. Si on utilise un logiciel de Microsoft sur plusieurs appareils, on doit payer plusieurs licences. C'est le principe, et c'est tout ce que nous demandons pour les créateurs.
Nous parlons d'une modeste somme d'argent, monsieur Lake. Oui, c'est 75 $. Je suis un négociateur et au départ, je vise toujours haut en espérant trouver un compromis acceptable pour toutes les parties.
Maintenant, j'aimerais que nous passions à autre chose, même si je sais qu'il y a là matière à discussion. À propos du régime d'avis successifs, vous avez parlé à plusieurs reprises de « ceux qui commettent des violations ». Mais toute la question est de savoir si les personnes incriminées ont effectivement commis une infraction. Vous supposez ou affirmez que c'est le cas. Mais le propre du régime d'avis successifs, c'est qu'on n'émette un avis que si on croit qu'il y a eu infraction, en guise d'avertissement — bien sûr, il est dans l'ordre des choses que le FSI conserve des renseignements signalétiques, par exemple.
On ne coupe pas le gaz chez quelqu'un simplement parce que quelqu'un d'autre a dit que cette personne avait enfreint une règle ou quelque chose du genre. Il faut prouver que la personne visée n'a pas payé ses factures avant de lui couper le gaz, n'est-ce pas?
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Bonjour. Je m'appelle Patricia Feheley; mes collègues et moi représentons l'Association des marchands d'art du Canada. Pour commencer, nous tenons à remercier le président et les membres du comité de nous avoir invitées à comparaître aujourd'hui.
L'Association des marchands d'art du Canada, ou AMAC, est la seule association nationale représentant les marchands d'art professionnels et les galeries commerciales. Nous sommes le principal moteur de développement du marché de l'art. Je comparais aujourd'hui accompagnée de deux de mes collègues de l'AMAC: Johanna Robinson, qui est directrice générale de l'association; et Miriam Shiell, présidente sortante et marchande confirmée sur les marchés d'art canadiens et internationaux. Je possède une galerie commerciale qui se spécialise dans l'art inuit contemporain et les oeuvres de quelques artistes autochtones triés sur le volet.
Le marché de l'art au Canada est de plus en plus fragilisé. Les dépenses de consommation en art au Canada ont plongé de 20,3 p. 100 entre 2000 et 2008. Les exportations d'oeuvres d'art, qui sont essentielles au maintien de la vitalité du marché de l'art canadien pour nos artistes, ont reculé de plus de 25 p. 100 au cours de la même période. Le revenu moyen d'un artiste est dérisoire.
Nous n'avons pas préparé de mémoire en bonne et due forme au sujet du projet de loi , parce que nous sommes contre la majorité des dispositions qu'il contient, et aussi parce que nos collègues d'autres sous-secteurs culturels sont mieux placés que nous pour en parler. La plupart des dispositions du projet de loi C-32 nous confortent dans notre opinion selon laquelle il est crucial que tous les créateurs conservent non seulement le contrôle sur leurs oeuvres, mais aussi des droits sur tous les revenus qui en découlent.
Nous sommes particulièrement favorables à une révision de la Loi sur le droit d'auteur tous les cinq ans. En fait, nous avons accepté de comparaître devant vous aujourd'hui simplement parce que nous avons été informés de l'effort concerté pour inclure, dans le projet de loi , une disposition relative au droit de suite, qui permettrait à certains artistes de se partager le produit des ventes de leurs oeuvres sur le marché secondaire. Pour les fins du compte rendu, je ferai désormais référence à cette disposition comme étant le DDS.
La position que nous défendons est simple: il est prématuré et il serait irresponsable d'inclure ce droit dans le projet de loi à ce stade-ci. Il y a beaucoup d'aspects négatifs à considérer. Il s'agit d'une question extrêmement complexe qui pourrait avoir des répercussions sur le marché de l'art dans ce pays. Ces répercussions sont assez graves pour mériter qu'on y réfléchisse sérieusement, qu'on pousse plus loin la recherche et qu'on mène des consultations, ce qui prend du temps. À notre avis, si nous ajoutons la disposition relative au DDS dans le projet de loi C-32, nous ne disposerons pas du temps nécessaire pour faire ce travail, et il sera trop tard.
N'oubliez pas que nous sommes les professionnels les plus étroitement liés aux marchés locaux et internationaux de l'art. Pourtant, ni l'AMAC, ni les maisons de ventes aux enchères, qui pèsent également très lourd sur le marché, n'ont été consultées sur cette question. Regardez quels pays ont adopté le DDS. Les États-Unis, à l'exception de la Californie, ne l'appliquent pas encore, pas plus que les pays d'Asie. Le premier pays est le plus gros acheteur d'art contemporain canadien; et les seconds sont considérés comme les acheteurs affichant la plus forte croissance sur le marché canadien.
Une part considérable du marché de l'art européen s'est déplacée vers la Suisse, qui est un centre d'art européen majeur. La Suisse ne reconnaît pas ce droit. En Europe, la conception et la mise en oeuvre du DDS posent des problèmes fondamentaux. Des plaintes ont été déposées par les marchands et les artistes. Une immense part des marchés d'art européens s'est déplacée vers la Suisse et même vers New York.
Comme nous le révèle l'expérience européenne, le DDS devra le plus souvent être absorbé par les marchands. Normalement, les commissions pour des ventes sur le marché secondaire varient entre 10 et 20 p. 100, car nous devons être compétitifs par rapport aux taux de commissions applicables aux ventes aux enchères. Rajouter 5 p. 100 serait considérable, et il faudrait inclure le montant dans le prix de revente, ce qui aurait pour effet de le faire augmenter. Au bout du compte, ce sont les clients qui paieraient la différence. Alors que le marché de l'art est déjà fragile, l'ajout de cette taxe de 5 p. 100 au prix de l'oeuvre à vendre pourrait grandement dissuader les collectionneurs, surtout, comme cela arrive fréquemment, si l'oeuvre devait être vendue à perte.
Nous estimons qu'une bonne partie des ventes sur le marché de l'art secondaire se ferait dans la clandestinité ou à l'étranger, ce qui nuirait à la bonne réputation dont jouissent les artistes sur ce marché.
Il convient également d'examiner la question des coûts. Autant les petites entreprises que le gouvernement devront s'assurer que cette disposition sera correctement mise en oeuvre et suivie — par exemple, il faudra veiller à ce qu'elle soit respectée lorsque une oeuvre sortira du marché habituel, comme c'est le cas avec les ventes sur eBay. Revenu Canada devra aussi tenir compte du DDS pour les déductions et les dons.
Plus important encore, les ventes sur le marché secondaire qui seraient visées par le DDS ne représentent qu'une très petite partie du marché total de l'art au Canada. De ce fait, les avantages ne profiteraient qu'à un nombre limité d'artistes.
D'après une récente étude sur le DDS réalisée en Grande-Bretagne, les 10 artistes les plus renommés se partagent 80 p. 100 du montant total collecté.
En France, 70 p. 100 de ce montant est concentré entre les mains de sept artistes et leur famille.
Je m'appelle April Britski et je suis directrice nationale du CARFAC. Je suis accompagnée de Tony Urquhart, un artiste en arts visuels de Colborne, en Ontario.
Le Front des artistes canadiens, ou CARFAC, est l'association nationale représentant les artistes professionnels en arts visuels, qui sont environ 17 000 au Canada.
Nous vous remercions de l'occasion que vous nous donnez de comparaître devant vous aujourd'hui pour parler du droit d'auteur et de la manière dont il s'applique aux artistes en arts visuels.
Certains aspects du projet de loi proposé nous conviennent, incluant les nouveaux droits accordés aux photographes, aux portraitistes et aux graveurs. Mais nous avons quelques réserves à l'égard de certains amendements dont nos collègues du Regroupement des artistes en arts visuels du Québec vous parleront plus en détail.
Je vais me concentrer sur un amendement que les artistes aimeraient voir ajouter au projet de loi; je veux parler du droit de suite.
Le droit de suite vise à accorder aux artistes visuels une portion du produit de la revente de leurs oeuvres réalisé par les maisons de vente aux enchères ou les galeries commerciales.
Bien souvent, une oeuvre n'est pas vendue à sa pleine valeur la première fois. Des artistes voient souvent le prix de leurs oeuvres augmenter à mesure qu'ils se taillent une réputation sur le marché. À titre d'exemple, M. Urquhart, auteur du tableau The Earth Returns to Life, avait obtenu environ 250 $, en 1958, pour son oeuvre, et l'hôtel des ventes Heffel Fine Arts l'a revendue, en 2009, pour la somme de 10 000 $.
Instaurer un droit de revente permettrait aux artistes en arts visuels d'avoir une source de revenus supplémentaire. C'est important, car la moitié de ces artistes gagnent moins de 8 000 $ par année, au Canada; le revenu moyen étant de 14 000 $. Les artistes réputés, dont les oeuvres sont les plus susceptibles de se retrouver sur le marché secondaire, ont un revenu médian de 5 000 $. Même ceux qui ont remporté des prix ont du mal ou n'arrivent carrément pas à vivre de leur art.
Par ailleurs, bon nombre d'artistes autochtones, en particulier ceux vivant dans des localités isolées du Nord, ne touchent presque rien des énormes bénéfices que rapportent leurs oeuvres sur le marché secondaire, où les marges brutes sont très élevées.
Les artistes canadiens ne touchent rien des redevances tirées de la vente de leurs oeuvres au pays, mais aussi à l'étranger. Une fois le droit de suite établi au Canada, les artistes bénéficieraient des accords de réciprocité conclus avec d'autres pays. Le Canada se mettrait ainsi en conformité avec ses partenaires commerciaux dans ces pays. La France a été la première, en 1920, à fixer ce droit dans une loi. Depuis, 59 pays, dont tous les membres de l'Union européenne et l'Australie, lui ont emboîté le pas. Notre proposition se fonde sur l'expérience tirée de la façon dont ce droit est appliqué ailleurs dans le monde.
Le marché canadien est en expansion et les ventes aux enchères battent de nouveaux records chaque année. En novembre dernier, la vente d'une oeuvre d'Alex Colville, intitulée Man on Venrandah, a atteint le prix record de 1 287 000 $, ce qui est un prix inégalé pour la vente d'une oeuvre d'un artiste canadien vivant.
Ce soir-là, 12 autres records personnels ont été battus. La grande majorité des oeuvres d'art est partie à des prix beaucoup plus bas, mais si le droit de suite était applicable, des artistes de renommée, comme Rita Letendre, auraient perçu des redevances de 790 $, et un jeune artiste nouvellement établi, comme Kent Monkman, aurait touché 4 400 $.
Ces montants dérisoires ne feront certainement pas s'effondrer un marché qui draine des millions de dollars, mais ils n'en demeurent pas moins significatifs. Même si le marché est en croissance, actuellement, les artistes ne tirent aucun bénéfice de ces ventes. Il est important de se rappeler qu'il s'agit d'une redevance fondée entièrement sur les ventes commerciales des oeuvres d'artistes et que cela ne coûterait rien au gouvernement.
La propriété et la durée du droit d'auteur sont plus complexes que pour la plupart des biens, comme les maisons ou les voitures. Les artistes conservent leur droit d'auteur quand ils vendent une oeuvre, à moins qu'ils décident de céder ce droit à quelqu'un d'autre. Dans le domaine des arts visuels, on parle de propriété intellectuelle et non d'un bien matériel. D'autres artistes, comme les écrivains et les compositeurs, conservent le droit de tirer un avantage financier de l'utilisation subséquente de leurs oeuvres.
Le droit de suite permet de reconnaître que l'artiste joue un rôle important dans la valeur de son oeuvre, et que sans artistes, il n'y a pas d'oeuvres d'art.
Merci.
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Je remercie beaucoup les membres du comité de nous recevoir et de nous entendre. Je suis Christian Bédard, directeur général du Regroupement des artistes en arts visuels du Québec. Nous représentons plus de 3 000 artistes en arts visuels.
Je suis accompagné de Mme Nadia Myre, une artiste des Premières Nations très connue au Québec. Elle a exposé au Québec, à travers le Canada et à l'étranger.
Tout comme CARFAC, nous demandons l'inclusion, dans la Loi sur le droit d'auteur, du droit de suite sur la revente des oeuvres d'art. J'aimerais vous citer un exemple qui nous vient du Québec. Une oeuvre de Marcel Barbeau a été pratiquement donnée, dans les années 1950. Elle a été revendue en 2008, par l'héritier de la personne à qui il l'avait donnée, pour 86 000 $. Le taux de redevance de 5 p. 100 l'aurait aidé. Ce monsieur a maintenant plus de 85 ans. Il est malade et il a besoin de tous les revenus qu'il peut obtenir.
De plus, le RAAV désire souligner d'autres aspects du projet de loi qui ne le satisfont pas. Cela touche directement les artistes en arts visuels du Québec et du Canada. Ces artistes sont en majorité des travailleurs autonomes qui désirent assurer leur indépendance financière par leur travail de création. Le gouvernement fédéral ne devrait pas miner leur capacité de le faire.
Depuis la reconnaissance du droit d'exposition dans la Loi sur le droit d'auteur, en 1988, de nombreux artistes en arts visuels ont vu leurs revenus augmenter sensiblement. Malheureusement, la mention d'une date limite dans la loi, celle du 8 juin 1988, fait en sorte que toutes les oeuvres produites avant cette date ne sont pas couvertes par le droit d'exposition. Cela constitue, selon nous, une forme de discrimination qui affecte surtout les artistes plus âgés. C'est pourquoi nous demandons respectueusement aux membres de ce comité de faire cesser la discrimination envers les artistes plus âgés, en enlevant de la Loi sur le droit d'auteur les mots « créée après le 7 juin 1988 ».
Le RAAV salue l'intention du gouvernement de reconnaître les droits d'auteur des photographes, graveurs et portraitistes. Toutefois, l'article 38 du projet de loi réduit la capacité de ces artistes d'être rémunérés équitablement pour l'utilisation de leurs oeuvres. C'est pourquoi nous prions le comité de retirer l'article 38 du projet de loi C-32, afin de permettre aux photographes, portraitistes et dessinateurs de bénéficier équitablement des fruits de leur travail.
Finalement, aucun autre article du projet de loi C-32 ne sera aussi potentiellement dommageable pour les artistes en arts visuels du Québec et du Canada que l'inclusion de l'éducation parmi la liste des utilisations équitables. L'exception éducationnelle sera une source permanente de contestations légales entre les artistes et tous les organismes et individus qui prétendront faire oeuvre d'éducation. Les artistes n'ont pas les moyens de dépenser des fortunes en frais légaux.
Pour le domaine des arts visuels, ce sont tous les revenus provenant de la présentation en classe de leurs oeuvres qui seront mis en danger, comme les reproductions dans les manuels scolaires qui ne seraient plus rémunérées. Notre plus grande crainte est que les musées et centres d'exposition subventionnés prétendent être couverts par cette exception, étant donné qu'une partie de leur mission est d'ordre éducationnel. Ces institutions sont les principales sources de revenus de droit d'auteur pour les artistes en arts visuels. Parce que nous ne pouvons pas deviner ce qu'un juge estimera équitable dans notre domaine artistique, il est fort possible que la principale source de revenus des droits d'auteur pour les artistes en arts visuels se tarisse définitivement. C'en serait alors fini du droit d'exposition que nous avons mis tant d'années à faire reconnaître.
Avec plus de 90 autres organismes culturels qui ont signé la déclaration commune des industries culturelles canadiennes, nous demandons, par conséquent, le retrait de cet article du projet de loi. Ces demandes peuvent vous paraître accessoires, mais elles représentent beaucoup pour les artistes en arts visuels. Il est important pour ces artistes que l'État canadien ne nuise pas à leurs efforts quotidiens pour atteindre l'indépendance financière.
J'arrête ici mon intervention, afin que nous puissions discuter de ces recommandations.
[Français]
Bonjour et bienvenue.
En ce qui a trait à la question de droit de suite, laissons faire les considérations techniques et législatives en lien avec la loi. Si on considère la question de façon plus humaine et plus logique, il me semble qu'il est un peu normal que des gens qui ont créé quelque chose puissent, lorsque leur oeuvre est revendue, avoir ne serait-ce qu'un petit retour sur le prix de vente. J'ai constaté plusieurs exemples de toiles vendues à des prix très élevés sans que l'artiste ne touche quoi que ce soit, alors même que ce dernier et les membres de sa famille vivaient dans une grande pauvreté. Pendant ce temps, lors d'un encan, des gens discutaient afin de savoir qui paierait le prix plus le plus élevé, le prix fort, pour une oeuvre d'art.
Je comprends vos inquiétudes, mais il me semble que le système fonctionne dans 59 pays; je ne crois pas que les marchés se soient effondrés. Il s'agit d'un défi pour vous, mais je ne pense pas que cela fasse en sorte que le marché s'effondre.
J'aimerais connaître votre réaction à leur commentaire lorsqu'ils disent qu'en Europe ou dans certains pays, 10 p. 100 des principaux artistes en arts visuels récoltent 80 p. 100 des revenus. Si on inclut cette mesure dans le projet de loi, est-on en train de créer quelque chose pour des gens très connus et très riches? Cet élément pourrait-il plutôt aider beaucoup plus de gens que cela?
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Merci beaucoup monsieur le président. Cette discussion m'apparaît fort intéressante parce qu'elle met en relief deux aspects du projet de loi. D'une part, on constate que ce projet de loi est fortement déséquilibré. Il y a l'Association des marchands d'art du Canada qui représente les entreprises, qui ne meurent pas de faim, et d'un autre côté, il y a les artistes qui réclament à grands cris un droit de suite, droit qui est déjà appliqué dans 59 autres pays du monde.
D'autre part, il y a un principe fondamental qui oppose les conservateurs et les partis de l'opposition, et qui oppose les artistes aux marchands d'art, si je peux dire. C'est que l'oeuvre de création appartient aux créateurs. Ce n'est pas moi qui l'ai dit, c'est un grand philosophe, John Locke. C'est sur cette philosophie voulant que l'oeuvre de création appartienne aux créateurs que s'est appuyée la reine Anne d'Angleterre pour instaurer la première loi sur le droit d'auteur. Cela me semble immensément intéressant. Cela est clairement mis en relief aujourd'hui.
On peut, comme Mme Shiell vient de le dire, réduire l'oeuvre à un objet matériel, en disant que si elle est vendue, elle est vendue. On peut aussi se demander, comme le faisait M. Del Mastro tout à l'heure, combien de fois on va payer un CD. Quand on achète un CD, on achète le droit d'écouter ce qu'il contient en se servant de ce CD. À partir du moment où on fait des copies sur un autre support, la moindre des choses, si on considère que l'oeuvre appartient à son créateur, est de rémunérer l'artiste en conséquence.
D'après ce que je constate, vous réclamez un droit de suite pour les artistes en arts visuels. M. Rodriguez a dit que c'était une question de gros bon sens. Bien sûr, et pourquoi? C'est parce que l'oeuvre appartient à son créateur. Par la suite, même si c'est simplement un objet matériel aux yeux de certains — un objet matériel qui fait l'objet de grandes spéculations —, il reste quand même que ce qu'achètent les amateurs d'art, c'est le plaisir de jouir de leur acquisition, le plaisir de la regarder. Cependant, l'oeuvre elle-même est toujours la propriété de son créateur et, en ce sens, on devrait effectivement verser des droits de suite, comme cela se fait dans les autres pays du monde, et surtout ne pas priver les créateurs du Québec et du Canada de leur dû quand leurs oeuvres sont vendues à l'étranger.
Je peux bien vous poser des questions, mais je ne vois pas comment on pourrait passer à côté d'un droit comme celui-là pour les créateurs en arts visuels.
Ma question s'adresse au Regroupement des artistes en arts visuels du Québec. Dans un de vos documents, vous suggérez, et je cite: « [...] que le régime de la copie privée soit étendu à tous les appareils qui permettent de naviguer sur l'Internet [...] » etc., et qu'il s'applique également aux artistes en arts visuels. J'aimerais que vous nous expliquiez davantage votre projet.
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Je vous remercie beaucoup.
Merci. C'est une discussion fascinante. Je dois ajouter que ces deux dernières semaines ont été mémorables pour le monde de l'art. Nous avons sauvé des Riopelle à Montréal. Cela aurait pu être un désastre pour notre pays. Alors, remercions les pompiers de Montréal pour leur intervention.
Par ailleurs, contrairement à M. Bédard, je trouve que le Google Art Project est l'une des initiatives les plus enthousiasmantes dont j'ai jamais entendu parler, au même titre que Google Books, qui nous a permis d'avoir accès à des ouvrages qui n'étaient plus publiés. Partout dans le monde, des gens iront consulter ces musées virtuels et voudront voir les oeuvres en vrai ou en découvrir davantage. Par conséquent, je pense que le potentiel est énorme, et nous devrions encourager les gens, dans chaque petite communauté de ce pays et partout ailleurs dans le monde, à se familiariser avec l'art, parce que ces personnes voudront ensuite se déplacer pour aller voir les oeuvres.
La question dont nous parlons ici, selon moi, ressemble davantage à un désaccord très technique entre marchands et artistes, et on nous demande d'essayer de voir ce qui serait juste pour tout le monde. La notion d'équité est importante.
À combien s'élèvent généralement les commissions sur la vente d'oeuvres d'artistes?
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Ça, c'est sur le marché primaire. Nous devons faire une distinction entre les marchés primaire et secondaire, parce que le DDS ne s'applique qu'au marché secondaire.
Il y a une différence fondamentale, une fois de plus, avec ce que Mme Lavallée...
Lorsque vous vendez une oeuvre d'art, vous transmettez son titre de propriété. Je trouve que c'est assez différent du téléchargement et de toutes les complications qui s'y rattachent. Vous cédez un titre de propriété. Il s'agit d'un acte juridique. L'artiste vend son oeuvre.
Il y a aussi une réelle confusion entourant la participation des artistes sur le marché secondaire. On nous parle de prix atteints lors de ventes aux enchères, et c'est très intéressant que les maisons de vente aux enchères ne soient pas représentées autour de cette table. Je pense que c'est très discutable. Mais toutes les fois qu'un marchand d'art perspicace utilisera et manipulera ces prix pour réévaluer des marchandises, et cela inclut les oeuvres des artistes, parce que les prix obtenus lors de ventes aux enchères constituent le Dow Jones sur le marché... Par conséquent, les artistes ne font que contribuer, tout au long de leur carrière, à l'augmentation des prix. Il est impossible d'utiliser l'argument selon lequel une oeuvre vendue 250 $ en 1955... Tony m'excusera...
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Je crois que je vais devoir déposer quelque chose sur la table. Il y a deux... eh bien, en fait, un livre et un autre rapport majeur publié au cours des deux ou trois dernières années qui contiennent énormément d'informations sur les problèmes qu'ont causés les DDS dans d'autres pays.
Aucun des documents que j'ai lus ici, au Canada, sur la question ou concernant cette discussion n'y fait référence. Nous avons le texte d'un de ces documents qui nous a été envoyé il y a quelques jours. Si nous n'avions pas eu qu'une semaine pour nous préparer à la rencontre d'aujourd'hui, nous aurions rédigé un mémoire beaucoup plus volumineux.
Nous devons reconnaître que beaucoup des arguments invoqués sont simplistes et qu'ils se fondent également sur de vieilles données. Il existe énormément de nouvelles preuves concernant les problèmes que pose le DDS, particulièrement en Europe.
Malheureusement, je ne peux vous lire les 26 pages du document, mais je peux vous fournir les références, au cas où cela vous intéresserait d'y regarder de plus près.