:
Merci, monsieur le président.
Pendant le peu de temps qui m'est alloué, j'aimerais vous parler de trois points examinés par ce comité.
Je commencerai par les implications de l'intégration verticale en radiodiffusion; je poursuivrai avec le maintien de la diversité des voix; et enfin, ma collègue, Rita Cugini, vous expliquera le rôle des petits radiodiffuseurs indépendants.
Dans le cadre de toutes nos activités de réglementation de la radiodiffusion, nous respectons un principe très clair: une ingérence minimale sur le marché. Nous établissons des règles ou des directives seulement si elles sont requises pour défendre les intérêts du système canadien de radiodiffusion ou pour atteindre les objectifs de la Loi sur la radiodiffusion.
Ceci étant dit, je vais vous parler de l'intégration verticale. L'industrie de la radiodiffusion change très rapidement avec les fusions de propriétés et l'adoption de nouvelles plateformes médiatiques. Des transactions majeures entraînent une intégration verticale, c'est-à-dire qu'on se retrouve avec une seule entité détenant soit les propriétés de programmation et de distribution, soit les propriétés de production et de programmation, soit les trois — production, programmation et distribution.
Est-ce que cela présente un risque de comportement anticoncurrentiel? Le Conseil a déjà des règles pour dissuader certains types de conduite anticoncurrentielle bien précis. Par exemple, les radiodiffuseurs doivent acheter 75 p. 100 de leur programmation pour les heures de grande écoute à des producteurs non affiliés.
Il y a également la possibilité que la branche de distribution d'une compagnie intégrée accorde une préférence indue aux services offerts par sa branche de programmation, au détriment de fournisseurs extérieurs. Nous avons établi des procédures pour empêcher une telle préférence indue, pour la radiodiffusion traditionnelle comme pour les nouveaux médias. Dans l'éventualité où l'existence d'une préférence est démontrée, le distributeur a l'obligation de prouver que cette préférence n'était pas indue.
Cependant, on craint que des compagnies intégrées adoptent d'autres types de conduite anticoncurrentielle. En raison de l'augmentation des fusions de propriété et de l'adoption rapide de nouvelles plateformes, nous avons annoncé la tenue d'une instance publique afin de déterminer si nos protections sont suffisantes. Les audiences commenceront le 9 mai 2011.
Ces audiences nous permettront d'examiner les différentes situations dans lesquelles des dispositions sur la préférence indue et l'inversion du fardeau de la preuve pourraient être requises. Nous allons aussi chercher à élaborer des normes permettant à tous les intervenants de négocier la distribution et les droits de programmation. Cela aura pour effet d'intensifier la concurrence et d'améliorer les choix offerts aux consommateurs.
Nous ne voulons pas nous ingérer dans l'environnement commercial, sauf si c'est vraiment nécessaire pour atteindre les objectifs de la Loi sur la radiodiffusion. Les participants à cette instance devront démontrer que les mesures réglementaires proposées sont requises pour servir les intérêts du système de radiodiffusion canadien.
[Français]
Passons à la diversité des voix. Permettez-moi d'aborder le deuxième point: comment maintenir la diversité des voix dans un environnement médiatique changeant?
En janvier 2008, après une vague de consolidation parmi les radiodiffuseurs, nous avons annoncé une politique visant à assurer une diversité des voix au sein de l'élément privé du système de radiodiffusion. Cette politique prévoit des limites quant à l'appartenance des médias.
Sur un gros marché, une entité peut contrôler un maximum de deux stations de radio AM et de deux stations de radio FM, dans la même langue. Sur un marché plus petit, une entité peut contrôler jusqu'à trois stations de radio dans la même langue, avec un maximum de deux stations sur l'une des bandes de fréquence.
Pour les stations de télévision conventionnelles, la limite est d'une station par langue sur un marché donné.
Nous n'allons pas permettre à une entité de contrôler les trois principales sources de nouvelles locales sur un même marché: une station de radio, une station de télévision et un quotidien. Au plus, une entité pourrait contrôler deux de ces trois sources.
D'une manière générale, nous n'allons pas permettre à une entité unique de contrôler toute la télédiffusion sur un marché donné.
Finalement, la politique prévoit une limite pour la part de l'auditoire national pouvant être contrôlée par un seul radiodiffuseur à la suite d'une transaction. Toute transaction faisant en sorte qu'une entité contrôle plus de 45 p. 100 de l'auditoire national sera interdite. Les transactions faisant en sorte qu'une entité contrôle de 35 p. 100 à 45 p. 100 de l'auditoire national seront soigneusement examinées. Elles seront autorisées uniquement si le CRTC est convaincu qu'elles ne réduisent pas la diversité des voix. Les transactions faisant en sorte qu'une entité contrôle moins de 35 p. 100 de l'auditoire national seront approuvées rapidement si elles ne soulèvent aucune préoccupation.
Les fusions de propriété sont une réalité, pour des raisons à la fois économiques et technologiques. Nos entreprises médiatiques doivent être concurrentielles dans l'environnement numérique, où le contenu peut provenir de n'importe où.
Cependant, malgré les fusions, les Canadiens ont toujours accès à une grande variété d'émissions provenant de sources publiques, privées et communautaires. La politique de 2008, élaborée en fonction de politiques précédentes visant à maintenir la diversité, est efficace. Quand nous l'avons appliquée à la transaction Shaw-Canwest approuvée le mois dernier, par exemple, nous avons constaté que la compagnie fusionnée aurait une part de l'auditoire national de moins de 35 p. 100.
Mais nous ne pouvons pas nous croiser les bras. Les règles sur la propriété commune des stations de radio sont définies pour les bandes FM et AM. Cependant, comme vous le savez, la radio AM perd sa part de marché, et il y a longtemps que nous n'avons pas reçu de demande de licence pour la bande AM. Cela soulève la question suivante: est-ce que nous devons continuer à réglementer le marché de la radio AM? Serait-il justifié de faire une exemption?
J'aimerais maintenant parler des petits radiodiffuseurs indépendants. Nous connaissons très bien les défis auxquels ils sont confrontés, et nous avons pris certaines mesures pour les aider.
Nous venons de terminer une audience sur notre politique de distribution par satellite de radiodiffusion directe. Entre autres choses, nous avons essayé de déterminer quel serait le nombre approprié de stations locales devant être offertes aux abonnés. Nous avons entendu différents points de vue sur cette question et nous les prenons tous en considération.
En 2008, nous avons créé le Fonds pour l'amélioration de la programmation locale, qui soutient la programmation locale, notamment les émissions de nouvelles, sur les petits marchés. Au cours de l'année de radiodiffusion 2009-2010, le fonds a alloué environ 100 millions de dollars à 78 stations locales, partout au pays.
Les règles sur la préférence indue dont a parlé le président tout à l'heure permettent aux radiodiffuseurs indépendants de se défendre contre un traitement discriminatoire sur le marché de la distribution.
Tous les radiodiffuseurs peuvent avoir des sources de revenus additionnelles. Plus tôt cette année, nous avons proposé un régime de négociation pour déterminer la valeur du signal d'un radiodiffuseur local quand il est offert par un distributeur. Comme vous le savez, les chaînes spécialisées reçoivent un certain montant des entreprises de câble et de satellite qui distribuent leur programmation, contrairement aux radiodiffuseurs en direct. Nous avons fait une requête à la Cour d'appel fédérale afin de savoir si nous avons le droit d'instaurer un tel régime. La cour a tenu une audience en septembre, et nous attendons sa décision d'ici la fin de l'année. Si le régime proposé est mis en place, il profitera à tous les radiodiffuseurs, y compris les petits.
Avant de conclure, j'aimerais soulever un point d'ordre pratique que le CRTC a déjà soumis au comité. Pour évoluer dans cet environnement numérique très changeant, nous devons pouvoir traiter les cas de non-conformité de façon opportune, efficiente et efficace. Pour le moment, toute infraction grave aux règles peut être punie au moyen d'une procédure très complexe et coûteuse, et souvent inefficace, qui consiste à réduire la durée de la licence. Malheureusement, les outils que nous avons pour assurer la conformité sont, à tout le moins, sous-optimaux.
Nous avons dû récemment rendre une décision sur deux titulaires de licence n'ayant pas respecté le Règlement sur la distribution de radiodiffusion et d'autres obligations réglementaires. Les infractions étaient graves. Elles touchaient entre autres les obligations relatives à l'accessibilité et au financement. Cependant, la seule pénalité importante que nous pouvions infliger était de réduire la durée de la licence au moment du renouvellement.
Nous avons constaté que ce genre de mesure disciplinaire n'entraîne pas nécessairement une meilleure conduite. Elle s'applique quand l'infraction peut avoir été commise des années auparavant. Si on a affaire à un titulaire qui ne respecte pas les critères d'accessibilité, un abonné handicapé peut ne pas avoir accès au sous-titrage codé ou à une programmation spécialisée avant des années. Et ce type de comportement donne lieu à des procédures coûteuses, longues et complexes.
Nous devrions avoir le pouvoir d'imposer des sanctions administratives et pécuniaires, les SAP. Cela nous permettrait de punir de façon appropriée les crimes commis. Ce serait une mesure corrective et dissuasive pour tous les intervenants. Nous pourrions obtenir ce pouvoir au moyen d'une modification de la Loi sur le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes. Nous espérons que ce comité pourra presser le Parlement d'agir dans ce dossier.
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Merci d'être ici aujourd'hui. C'est toujours un plaisir, pour notre comité, que de recevoir des représentants du CRTC.
En vous écoutant livrer votre allocution, je dois admettre que j'ai commencé à devenir très nostalgique du XXe siècle. J'ai de très bons souvenirs de cette époque. Il y avait beaucoup de grands spectacles et de la bonne musique; en plus, mes cheveux étaient un peu plus foncés que maintenant.
Des voix: Oh, oh!
M. Charlie Angus: Et au XXe siècle, ce qui nous préoccupait, c'était d'avoir deux stations de télévision et un marché contrôlé; si bien qu'il nous en fallait une troisième. À l'époque, nous ne voulions pas non plus que les trois stations de radio soient contrôlées. Nous étions préoccupés par l'avenir des stations de radio AM.
Et nous voilà maintenant en 2010, au coeur d'un incroyable bouleversement. Mes enfants ne se soucient pas de savoir combien il y a de stations sur le marché de Toronto, parce qu'ils ont leur téléphone. Je crois que ce dont nous devons parler aujourd'hui, c'est que sous votre gouverne, nous avons été témoins d'un niveau d'intégration verticale et de consolidation tel que les compagnies de téléphone sont maintenant des radiodiffuseurs. Qu'allez-vous faire?
Je ne me soucie pas tellement de la situation des stations de radio AM, mais plutôt de maintenir la diversité des voix, alors que deux ou trois gros joueurs contrôlent l'ensemble du marché.
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Il s'agit d'une question fondamentale. Vous affirmez que je tiens pour acquis qu'il y a un problème. Vous nous dites que votre mission première est de partir du principe qu'il n'y en a pas...
M. Konrad W. von Finckenstein: Je n'ai pas dit...
M. Charlie Angus:... et que la « mission première » du CRTC, comme on le disait dans les vieux épisodes de Star Trek, parce que je fais à nouveau référence au XXe siècle, c'est d'intervenir le moins possible sur le marché. C'est votre leitmotiv, mais vous ajoutez du même souffle que, bien sûr, vous voulez garantir la diversité des voix. Je croyais que le rôle principal du CRTC — la raison pour laquelle il existe — est de veiller à la protection de l'intérêt public. Ce n'est pas à l'industrie de le faire. Ce n'est pas le travail de l'industrie de s'occuper de la diversité des voix.
Dans la situation actuelle, Bell peut offrir à ses clients qui possèdent un téléphone intelligent de voir les faits saillants de la Coupe Grey s'ils sont prêts à payer 3,99 $ ou 5,99 $ par mois. C'est tout à fait logique dans le cadre d'un modèle de gestion. Une petite entreprise de démarrage qui fait concurrence à Bell aimerait bien aussi avoir accès au contenu. Comme vous l'avez dit, le contenu vient de partout dans le monde, mais ce qui nous intéresse, c'est le contenu canadien, celui est qui est créé maintenant par ce groupe exclusif.
Quelles sont les mesures en place? Vous êtes-vous demandé comment il se fait que ceux qui me vendent mon forfait téléphonique chaque mois sont les mêmes que ceux qui contrôlent le contenu? Et il se pourrait qu'ils ne veuillent pas que ce contenu vienne de leurs concurrents, parce qu'ils veulent éviter que nous allions voir si l'herbe est plus verte ailleurs. Voilà le problème que nous devons examiner.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Soyez les bienvenus à ce comité, président von Finckenstein, monsieur Hutton et madame Cugini.
Je trouve vos propos fort encourageants, monsieur le président. Je crois que vous reconnaissez que le Canada n'est pas une île et que nous ne pouvons tout simplement pas prétendre que les changements mondiaux qui se produisent dans le domaine de la radiodiffusion... Vous avez bien compris que cet appareil que j'ai ici peut servir à transmettre du contenu canadien, mais aussi du contenu venant de partout ailleurs dans le monde. La diffusion n'est pas limitée par le signal FM ou AM, ni même par le signal télévisuel, à partir d'une tour. Nous sommes dans un environnement mondial.
Je considère d'ailleurs l'intégration verticale comme une chance à saisir. Je pense que ce qui se passe est très intéressant. Certes, tout arrive très rapidement. Nous avons été témoins du rachat de Canwest par Shaw. Évidemment, il y a quelque temps, Rogers a acheté Citytv. Bell est en train de faire l'acquisition de CTV. Mais ce n'est pas seulement un phénomène canadien, c'est la même chose partout ailleurs dans le monde.
J'y vois véritablement une occasion à saisir, parce que si nous disposons de ces grandes plateformes très puissantes, qui permettront au contenu canadien d'aller plus loin que Buffalo, de rayonner bien au-delà de nos frontières, nous pourrons avoir accès au monde entier.
Pourriez-vous indiquer au comité quelles sont les règles de contenu canadien actuellement en place? Vous avez l'intention d'appuyer résolument ces règles de contenu canadien, en dépit de l'intégration verticale, au nom du CRTC, n'est-ce pas?
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Monsieur le président, membres du comité, bonjour.
D'abord, nous tenons à vous remercier de votre invitation à comparaître cet après-midi.
[Traduction]
Nous sommes ici aujourd'hui en tant que membres du Groupe de diffuseurs indépendants (GDI) qui est, comme son nom l'indique, une association canadienne de radiodiffuseurs indépendants
Permettez-moi de vous présenter les membres représentant le groupe ici aujourd'hui.
[Français]
Je suis Suzanne Gouin, présidente de TV5 Québec Canada.
[Traduction]
Je suis accompagnée de Martha Fusca, présidente de Stornoway Communications; de Bill Roberts, président, et de Monique Lafontaine, vice-présidente des affaires réglementaires, pour ZoomerMedia Television; et du conseiller juridique du GDI, Joel Fortune.
[Français]
Par souci d'efficacité, nous avons uni nos forces et combiné notre présentation, Stornoway étant une entreprise distincte.
Nous allons d'abord donner un aperçu de la radiodiffusion indépendante et passer ensuite à la question de fond que vous étudiez.
Le Canada possède un patrimoine linguistique et culturel riche. Ce patrimoine est reflété par les diffuseurs indépendants, dont les membres du GDI. Les membres du Groupe de diffuseurs indépendants offrent des émissions aux Canadiens et Canadiennes de tous les horizons concevables, en anglais, en français, en langues autochtones et en un grand nombre d'autres langues dont le cantonais, le mandarin, le russe, l'hindou et le hindi, et le pendjabi, pour n'en nommer que quelques-unes, et visant tous les groupes d'âge et d'intérêt.
Les diffuseurs indépendants ont souvent le mandat d'offrir de la programmation qu'on ne trouve pas dans les services commerciaux conventionnels. Les diffuseurs indépendants offrent une diversité de contenus et de services éditoriaux, et contribuent directement à la liberté d'expression à laquelle on s'attend dans leurs médias, ce qui permet à notre démocratie de fonctionner.
Notre apport à la création d'emplois dans le secteur des industries culturelles partout au Canada est important. De plus, en tant que petites et moyennes entreprises, nous encourageons l'innovation — ce à quoi faisait référence un peu plus tôt M. von Finckenstein — et participons activement à la croissance de l'économie.
Avant d'aller plus loin, permettez-moi de préciser ce que nous entendons par diffuseurs « indépendants ». Un diffuseur indépendant n'appartient pas à un groupe corporatif qui possède des réseaux de câblodistribution, de télévision par satellite ou de téléphone. Pourquoi cette distinction est-elle importante? Elle est importante parce que les entreprises de câble, de satellite et de téléphone contrôlent l'accès aux réseaux canadiens à large bande dont tous les diffuseurs ont besoin pour atteindre leur public au Canada.
N'étant assujettis qu'à quelques règlements établis par le CRTC, ces distributeurs décident quels canaux les Canadiens et Canadiennes verront à la télé et sur les autres écrans des nouveaux médias. Chose tout aussi importante, ces distributeurs contrôlent en grande partie le marketing des services de programmation, par exemple la façon dont ils sont regroupés — les bouquets —, le prix au détail, l'alignement des canaux et l'intensité du marketing qu'on leur accorde. Enfin, malgré tout ce pouvoir, ces distributeurs sont en concurrence directe avec les diffuseurs indépendants en ce qui a trait aux téléspectateurs et à la programmation, étant donné qu'ils exploitent aussi un grand nombre de leurs propres services de télévision.
Il s'ensuit que la propriété des réseaux de distribution est d'une importance cruciale. Si vous possédez un des grands réseaux de distribution, vous obtiendrez l'accès pour les services que vous possédez, et le marketing qu'on leur accordera sera conçu pour atteindre un grand nombre de Canadiens et de Canadiennes et ainsi prospérer. Si vous ne possédez pas les réseaux, si vous êtes un diffuseur indépendant, vous vous trouvez alors dans une situation complètement différente.
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Notre message aujourd'hui est direct. La croissance de la concentration de propriété et de la propriété croisée entre les services de programmation et les réseaux de câble, de satellite et de téléphone nuit considérablement aux diffuseurs indépendants. Des mesures réglementaires rapides et proactives peuvent atténuer ce préjudice.
Le Canada est en train d'atteindre un niveau de concentration de propriété jamais vu. Si l'acquisition de CTV par BCE est conclue, les propriétaires des quatre plus grands câblodistributeurs et des deux plus grandes entreprises de télécommunications au Canada, Bell et Telus, contrôleront au moins 90 p. 100 des abonnés du câble et des services satellitaires au Canada; 97 p. 100 des clients de la téléphonie cellulaire; les quatre réseaux de télévision conventionnelle nationaux, y compris TVA qui est distribué partout au pays selon une exigence du CRTC; 66 p. 100 des chaînes analogiques et de services spécialisées de catégorie 1 au Canada, soit les chaînes qui ont le plus bénéficié de l'appui direct du CRTC et de la réglementation; 83 p. 100 du revenu total généré par la télévision au Canada, en regroupant les activités de distribution et de radiodiffusion; et plus de 90 p. 100 de tous les clients résidentiels des marchés Internet.
Nous savons que ce comité examine le mouvement vers de nouvelles plateformes télévisuelles en même temps que les changements relatifs à la propriété dans l'industrie de la télévision. Il est juste de déclarer que sans doute tous les diffuseurs indépendants examinent toutes les plateformes télévisuelles pour accroître leurs affaires et atteindre les Canadiens et les Canadiennes par l'entremise de toutes les technologies actuelles, mais la télévision demeure de loin la plus importante plateforme pour le contenu audiovisuel, et elle produit également ce même contenu que les Canadiens veulent visionner en ligne.
De plus, comme vous pouvez le constater avec le chevauchement de la propriété des réseaux de radiodiffusion et des nouvelles plateformes télévisuelles telles que le cellulaire et Internet, la concentration de la propriété est un enjeu tout aussi important par rapport à l'accès aux nouveaux réseaux qu'elle l'était pour l'accès aux réseaux de distribution de radiodiffusion. Cette concentration de propriété représente un immense défi pour les diffuseurs indépendants, tant pour la radiodiffusion que pour les nouveaux modes de diffusion.
C'est pourquoi il faut que des freins et contrepoids réglementaires adéquats soient insérés dans le système. Cependant, le CRTC s'est engagé dans une autre direction. Il a éliminé plusieurs règlements importants qui visaient spécifiquement à assurer que les services spécialisés et les services de télévision payante aient un accès équitable aux réseaux de distribution.
En fin de compte, cette déréglementation signifie que les EDR auront la capacité, et tous les incitatifs possibles, leur permettant d’avantager leurs propres services de radiodiffusion et les services non canadiens. Les diffuseurs indépendants voient venir ces changements et ils craignent de ne pas avoir la capacité de maintenir une présence significative au sein du système, et même de ne pouvoir survivre.
Une façon de s'assurer que les Canadiens et Canadiennes continuent d'avoir accès aux services importants et diversifiés de la télévision canadienne consiste à utiliser l'alinéa 9(1)h) de la Loi sur la radiodiffusion. Cet alinéa permet au CRTC d'exiger que les EDR par câble et satellite distribuent certains services en tant que service de base ou selon d'autres modalités. Certains diffuseurs indépendants ont présenté une demande au CRTC pour devenir un service 9(1)h) en réaction à la concentration de propriété et à la déréglementation. Les services 9(1)h) atteignent un grand nombre de foyers canadiens par l'entremise des plus grandes EDR au pays. Il s'ensuit qu'ils doivent satisfaire à un niveau élevé de contenu canadien et à d'autres obligations.
Malheureusement, le CRTC a annoncé à la fin de l'été qu'il imposait un moratoire sur les audiences examinant les demandes fondées sur l'alinéa 9(1)h) jusqu'en juin 2012, au plus tôt. Il est important que le comité sache que certaines de ces demandes fondées sur l'alinéa 9(1)h) avaient été présentées il y a deux ans et demi, y compris celles soumises par les diffuseurs comparaissant actuellement devant vous. Cela signifie qu'il se sera écoulé quatre ans et demi entre la présentation de la demande et la possibilité de se faire entendre enfin par le CRTC.
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Cette décision a créé un véritable choc parce qu'elle est exactement contraire au plan que le CRTC avait annoncé. Les membre du GDI et d'autres ont présenté ou avaient planifié de présenter des demandes en se fondant sur le fait qu'elles seraient examinées avant septembre 2011, la date de transition de l'industrie vers le numérique, de même que la date d'entrée en vigueur du nouveau régime de déréglementation. Nous avons d'ailleurs eu de volumineux échanges de correspondance avec le CRTC à ce sujet.
Le moratoire est profondément injuste et risque de nuire à la diversité de notre système de radiodiffusion, un des objectifs visés par le CRTC.
Premièrement, nous voulons savoir en quoi un moratoire peut être dans l'intérêt public et conforme à la Loi sur la radiodiffusion. Selon la définition de l'alinéa 9(1)h), pour être approuvé, un service doit apporter une contribution exceptionnelle au système de radiodiffusion canadienne et observer des critères rigoureux.
Deuxièmement, le moratoire arrive à un moment critique et va exactement à l'encontre de nos besoins. Nous avons déjà expliqué comment le CRTC a décidé d'éliminer un grand nombre de règlements qui assuraient la diversité au sein du système et comment la concentration de la propriété s'est intensifiée chez les radiodiffuseurs et les réseaux.
En fait, le Canada a peut-être aujourd'hui l'environnement médiatique le plus concentré de tout le monde occidental. C'est maintenant que le CRTC devrait utiliser tous les outils dont il dispose, tels que les ordonnances relatives aux services exceptionnels prévues à l'alinéa 9(1)h), pour contrebalancer la déréglementation dans d'autres domaines, de même que les effets négatifs de la consolidation de l'industrie.
Troisièmement, le moratoire est particulièrement nuisible pour les diffuseurs indépendants qui visent l'excellence dans le contenu canadien. Pour que les indépendants puissent contribuer de manière significative à la radiodiffusion et la diversité canadienne, il leur faut des conditions de distribution réglementées afin d'atteindre un public suffisamment étendu.
Quatrièmement, le moratoire nous force à mettre nos plans d'affaires en attente pendant que le CRTC continue d'ajouter de nouveaux services non canadiens qui seront distribués au pays en même temps qu'il permet aux entreprises de câble et de satellite de présenter des demandes pour l'exploitation de leurs propres canaux numériques spécialisés et payants de vidéo sur demande.
Cinquième et dernier point, les diffuseurs indépendants comptent plus que tout autre sur une réglementation transparente, prévisible et opportune pour survivre. Ce changement de direction du CRTC a été tout sauf cela et il nous a menés et a mené nos partenaires en affaires à questionner les priorités du CRTC.
Fait encore plus troublant, alors même que le CRTC a mis en attente la plupart des demandes en vertu de l'alinéa 9(1)h) depuis deux ans et demi ou trois ans, il en a placé d'autres en haut de la liste, leur accordant une audience publique et une ordonnance en vertu de l'alinéa 9(1)h). De la même façon, le CRTC a décidé d'examiner la demande de Quebecor réclamant un statut spécial pour la distribution de son canal de nouvelles par câble cet automne, même s'il a déjà averti l'industrie que les demandes similaires à celle de Quebecor ne seraient pas examinées avant 2011, au plus tôt.
Enfin, le CRTC vient tout juste d'annoncer qu'il examinerait une autre demande visant une prolongation d'une ordonnance en vertu de l'alinéa 9(1)h) dont la fin n'est prévue qu'en 2015 selon ses conditions actuelles. L'accélération de l'examen de certaines demandes et le rejet de certaines autres font en sorte que le CRTC prend des décisions au sujet de l'octroi de licences sans tenir d'audiences publiques. Il s'agit de précédents fort troublants pour un organisme qui s'est donné comme objectif stratégique la diversité de la propriété et la diversité des voix.
Comme Konrad vous l'a annoncé, le CRTC a l'intention d'examiner certains des enjeux relatifs à l'intégration verticale à l'occasion des audiences prévues en mai prochain. Le résultat de ces audiences sera de la plus grande importance pour le secteur des petits diffuseurs indépendants. Le GDI et d'autres encourageront le CRTC à mettre en application des mesures réglementaires pertinentes et proactives pour compenser le pouvoir sans précédent des entreprises intégrées verticalement.
Nous en sommes encore au début des discussions, mais le CRTC semble déjà avoir centré ses préoccupations sur la révision du règlement général touchant la « préférence indue ». En termes pratiques, cela signifie que les diffuseurs indépendants devront déposer des plaintes devant le CRTC, au cas par cas, et demander un traitement juste et équitable de la part des réseaux de câble et de satellite chaque fois que les indépendants feront face à de la discrimination de la part de ces derniers.
En votre qualité de politiciens fédéraux, vous comprenez bien l'effet de levier et vous pouvez voir pourquoi cette approche ne fonctionnera pas. Il est difficile pour un petit joueur de se plaindre d'un très gros joueur dans l'industrie quand la survie même du petit joueur dépend du plus grand joueur.
L'industrie a besoin plutôt de règlements clairs, compris d'avance, qui feront en sorte que les diffuseurs indépendants obtiennent un accès et une distribution équitables des grandes entreprises intégrées verticalement qui sont aussi leurs concurrents.
Nous prions cet important comité de prendre trois choses en considération. Premièrement, nous voulons qu'il soit reconnu politiquement et légalement que les petits diffuseurs indépendants du Canada apportent une contribution importante et unique au réseau de télédiffusion canadien, notamment en ce qui a trait à la diversité des voix et de la propriété. Deuxièmement, nous demandons que les demandes en attente des petits diffuseurs indépendants en vertu de l'alinéa 9(1)h) soient traitées avant la transition vers le numérique prévue pour août ou septembre 2011, et que le statu quo prévale jusqu'à ce que le CRTC rende ses décisions. Et troisièmement, nous demandons que ce comité étudie comment le Fonds des médias du Canada pourrait mieux servir les petits titulaires de licences indépendants et spécialisés, et qu'il fasse des recommandations à cet effet.
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Bon après-midi à vous, monsieur le président, et aux membres du comité.
Je m'appelle Mike Keller. Je suis le vice-président des activités de l'industrie pour Newfoundland Capital Corporation, mieux connue sous le nom de Newcap.
Je vous remercie de me permettre de vous parler des défis auxquels sont confrontées les stations de télévisions indépendantes et vouées à des marchés à faible densité au Canada, dans ce monde des communications qui évolue constamment.
Même si Newcap est probablement mieux connue comme l'un des plus importants radiodiffuseurs du Canada, étant donné que nous possédons quelque 80 stations de radio partout au Canada, nous exploitons aussi des stations de télévision dans un marché à faible densité. Nous possédons et dirigeons deux stations à Lloydminster, à la frontière de l'Alberta et de la Saskatchewan, les seules stations de télévision locales de cette collectivité.
Une de nos stations est affiliée à la CBC, tandis que l'autre est affiliée à CTV. Il s'agit d'une exploitation de réseaux jumelés, car les deux sont diffusés à partir des mêmes installations et partagent les mêmes transmetteurs, ainsi que le même personnel. Il est très courant que deux ou même trois stations soient opérées conjointement dans les petits marchés canadiens qui ne peuvent pas soutenir plus d'un télédiffuseur.
Je suis fier de dire que notre station affiliée à la CBC, CKSA-TV, vient de célébrer sa 50e année en ondes. C'est la seule petite station de télévision des Prairies qui ait jamais atteint ce jalon important. Sa jeune soeur, CITL-TV, une station affiliée à CTV, n'a que 35 ans. C'est tout de même impressionnant, parce qu'il ne reste malheureusement plus beaucoup de petites stations de télévision indépendantes et vouées à des marchés à faible densité dans ce pays. C'est pour cette raison que nous travaillons souvent ensemble sur des questions de nature politique et réglementaire. Nous pouvons de cette façon unir nos voix pour mieux nous faire entendre des décideurs qui dictent l'avenir du monde de la radiotélévision au Canada.
Nos stations contribuent grandement à assurer la diversité de la propriété et de la programmation au sein du réseau et nous voulons continuer à le faire encore longtemps, alors je vous remercie encore une fois de m'avoir invité dans le cadre de votre étude.
Bien que je parle aujourd'hui au nom de Newcap, je crois qu'il est juste de dire que mes inquiétudes et mes attentes sont partagées par mes collègues des petites stations de télévision en Colombie-Britannique, dans des endroits comme Thunder Bay et Peterborough ici, en Ontario, et à Val D'Or et à Carleton au Québec.
On a beaucoup entendu parler au cours des dernières années de l'avenir de la télévision conventionnelle dans ce pays. En effet, ce comité a pris l'initiative d'explorer cette question. En fait, un de mes collègues de Pattison Broadcasting, un petit diffuseur de la Colombie-Britannique, a témoigné devant votre comité l'an dernier, alors que vous étudiiez l'évolution de l'industrie télévisuelle au Canada.
Le monde canadien de la télédiffusion a beaucoup changé depuis, d'où la tenue de ces audiences. Mais pour les petites stations de télévision, les choses ont peu évolué.
La concurrence provient encore de partout pour attirer des spectateurs dans nos collectivités: des grandes stations de télévision offertes sur le câble, des stations importées diffusées en différé par satellite; des stations étrangères, et d'Internet.
En tant qu'opérateurs de petites stations de télévision, nous sommes les canaris de la mine de charbon. Parce que nous sommes si près de nos audiences locales, nous avons été les premiers à flairer les problèmes entraînés par les nouvelles technologies et l'évolution de l'économie. Nous avons aussi été les premiers à reconnaître que la clé de notre survie était de nous concentrer intensément sur les marchés locaux. Nous avons compris qu'il fallait offrir plus que quiconque à nos auditeurs une programmation plus riche en nouvelles et en informations locales, et en émissions locales d'affaires publiques et de service public. Nous devions leur offrir la programmation qu'ils voulaient et qu'ils ne pouvaient trouver nulle part ailleurs.
Et c'est exactement ce que nous avons fait. Nous nous sommes concentrés sur la diffusion d'émissions produites par nos collectivités, pour nos collectivités et sur nos collectivités. Nous sommes près de nos auditoires locaux et nous tâchons de nourrir la relation que nous entretenons avec eux. Nous avons voulu savoir ce qu'ils avaient à dire et nous les avons écoutés. Nous les aidons également, notamment grâce aux nombreuses activités de charité locales que nous organisons et appuyons.
Il est primordial pour nous et nos auditeurs que la télévision locale ait sa place dans nos petits marchés. Mais ce n'est pas bon marché. Il coûte très cher d'embaucher du personnel et d'exploiter une salle de nouvelles, d'envoyer des journalistes sur le terrain, d'avoir des artistes, des producteurs et une équipe technique en studio, surtout quand nos collectivités n'ont qu'une base commerciale limitée de laquelle nous pouvons tirer des revenus publicitaires. C'est pourquoi les mécanismes de financement, comme le Fonds d'amélioration de la programmation locale, ou FAPL, du CRTC, sont si importants pour nous. Honnêtement, le FAPL a sauvé la télévision locale, du moins pour le moment.
Les petites stations sont évidemment confrontées à d'autres difficultés. Par exemple, nous devons faire affaire avec des distributeurs de télévision directe. Dans notre cas, à Lloydminster, près des deux tiers des auditeurs obtiennent leur service auprès d'un distributeur de télévision directe. Cela signifie que si nos émissions ne sont pas diffusées par un de ces distributeurs, nous perdons les deux tiers de notre auditoire potentiel. Nous ne pourrions pas survivre.
C'est un peu la même chose pour les autres petites stations de télévision indépendantes au pays. Heureusement, le CRTC établit des règles qui veillent à ce que nous puissions obtenir les services de diffusion directe dont nous avons absolument besoin.
Il a toujours été difficile pour les petites stations de télévision comme la nôtre de voir à obtenir les fonds nécessaires pour produire des émissions locales et à accéder à des distributeurs de télévision directe. Ce qui est nouveau, c'est que certaines stations s'inquiètent de ne pas avoir suffisamment d'émissions pour remplir leur grille horaire.
En tant que petits télédiffuseurs, nous n'avons pas l'aplomb ou les ressources nécessaires pour négocier avec les producteurs canadiens afin d'obtenir des licences pour les émissions les plus populaires du Canada, ou encore pour aller acheter des grands succès américains à Hollywood chaque année. C'est pourquoi nous concluons des marchés avec les grands réseaux canadiens pour affilier nos stations. Les réseaux diffusent notre programmation, et nous leur permettons de diffuser leurs émissions et leur marque de commerce dans nos marchés. Avec cette concentration accrue et l'intégration verticale, nous craignons que nos diffuseurs traditionnels décident de ne plus jouer ce rôle.
Ce n'est pas exagéré de dire que les grands réseaux ont un pouvoir de vie ou de mort sur les stations affiliées. C'est particulièrement vrai pour les marchés de stations jumelées, de deux ou de trois stations, parce que si un réseau décide de ne pas renouveler notre entente d'affiliation, nous n'avons pas d'autre source de programmation. Et qui dit fin de la programmation, dit aussi fin de la station locale. Sans station locale, on oublie les nouvelles locales ou les émissions d'affaires publiques produites localement, ou encore les annonces de service public axées sur la collectivité.
C'était une entreprise risquée d'implanter la télévision dans les petites collectivités, et ça l'est toujours. Ce sont les petits diffuseurs indépendants qui ont pris ces risques alors que les grands réseaux n'étaient pas prêts à le faire. Cela dit, les grands réseaux ont depuis profité de l'exposition que nous offrons à leurs émissions et à leur marque de commerce.
Au début, je vous ai annoncé fièrement que notre station, CKSA, venait de célébrer sa 50e année en ondes à Lloydminster. Nous sommes affiliés à la CBC depuis le tout début, c'est-à-dire que nous avons diffusé localement, dans notre collectivité et dans la région, la programmation de la CBC pendant un demi-siècle. Nous sommes actuellement en négociation avec la CBC pour maintenir cette affiliation, et nous avons bon espoir de pouvoir arriver à une entente.
D'autres petites stations s'affairent aussi à négocier le renouvellement de leurs ententes de programmation. Nous allons tous continuer à tenter de résoudre les problèmes liés à la disponibilité de la programmation par des négociations d'affaires. Toutefois, il se peut que nous ayons besoin à un moment donné de l'intervention du CRTC pour veiller à ce que nous ayons une programmation à offrir aux marchés desservis par les petites stations.
Pour terminer sur une note positive, je tiens cependant à souligner aux membres du comité que nos petites stations de télévision de Lloydminster vont bon train pour atteindre le délai de l'an prochain pour la transition vers le numérique. Il y a un an, nous étions un peu dépassés par les dépenses que nous devions engager pour opérer cette transition. Heureusement, une bonne partie de ces coûts ont beaucoup diminué depuis. C'est pourquoi nous avons bon espoir, si nous arrivons à résoudre nos problèmes de programmation, de passer à l'ère numérique en août prochain, en compagnie des autres diffuseurs canadiens. Je pense que les autres petits diffuseurs que l'on a mandatés de faire cette transition peuvent dire la même chose.
Monsieur le président, chers membres du comité, merci de m'avoir permis de témoigner devant vous. Je serai heureux de répondre à vos questions.
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Merci, monsieur le président.
Justement, un peu plus tôt, avec les représentants du CRTC, nous parlions de l'exemple du Québec — je ne veux pas utiliser le mot « modèle » puisqu'on connaît la nuance —, où la convergence existe depuis plus longtemps qu'ailleurs au Canada. Effectivement, j'ai beaucoup entendu parler, surtout, des problèmes des chaînes spécialisées. Représentez-vous seulement des chaînes spécialisées, ou y a-t-il vraiment des chaînes indépendantes généralistes au Québec?
Je vais terminer de poser mes questions, ensuite vous pourrez y répondre.
J'ai beaucoup entendu parler des difficultés des chaînes spécialisées à s'implanter au Québec si elles n'avaient pas la bénédiction d'une des grandes entreprises de distribution de radiodiffusion — EDR —, que je ne nommerai pas. J'ai entendu toutes sortes d'exemples à ce sujet.
Or, je ne veux pas rentrer là-dedans. Je préférerais vous laisser les raconter vous-même, à l'intention de mes collègues ici présents, et que vous nous présentiez votre solution, particulièrement pour le Québec.
J'ai trouvé votre présentation très intéressante et très différente de celle de notre témoin précédent. M. von Finckenstein nous a dit qu'il ne faudrait pas présumer qu'il y a un problème. Peut-être que je me trompe, mais j'avais l'impression que le mandat du CRTC avait changé au fil des ans, car le marché semble pour ainsi dire indépendant aujourd'hui. Mme Fusca a indiqué que le marché était une construction, construit sur les bases de l'article 19.1 de la Loi de l'impôt sur le revenu, qui a créé un incitatif particulier pour les télédiffuseurs. Cela a été utilisé avec le CRTC. Je ne peux pas lancer mon propre réseau de radio ou de télévision. C'est un club exclusif. Les géants se débarrassent de la concurrence.
Quand les grands câblodistributeurs ont eu peur de la concurrence, on leur a permis de grimper leurs prix, et quand ils les ont trop grimpés, plutôt que de remettre cet argent, nous avons créé un fonds des médias. Aujourd'hui, ce sont eux qui contrôlent le fonds des médias et ce sont également eux qui prennent cet argent pour lancer de nouvelles diffusions. Il y a donc eu construction du marché. Il n'y a rien de mal à cela, mais il est impossible pour nous d'y accéder.
M. von Finckenstein nous a dit qu'il ne s'agissait que d'une simple canalisation, que les intermédiaires étaient ignorants. Mais vous me dites que les intermédiaires sont des gardiens, que les compagnies de câblodistribution, de téléphone et de communications par satellite décident de ce que vont voir les gens, et vous devez négocier avec eux alors qu'ils sont vos concurrents. Quelles sont les mesures que nous devons prendre pour que vous ayez accès à ce marché construit, de façon à ce que la population canadienne en tire profit?
Pour revenir à ce que disait Dean Del Mastro, c'est-à-dire qu'il n'aurait plus le câble dans cinq ans, je connais beaucoup de collectivités des régions rurales du Canada qui n'ont toujours pas accès à Internet. Ces gens espèrent avoir une connexion Internet dans cinq ans, mais ils n'annuleront pas leur abonnement au câble pour autant.
Pour ce qui est des collectivités ethniques, je sais que bien des gens qui sont venus, peut-être plus de personnes âgées dans les dernières années, et c'est le cas pour la génération de mes parents (on essaie toujours d'expliquer à ma mère comment fonctionnent les courriels)... Ces gens regardent leurs émissions à la télévision, alors je crois que ces licences et cette programmation sont essentielles.
Bill, je tiens à vous féliciter pour votre travail avec Vision TV. Vous faites beaucoup pour mettre en lumière les préoccupations des communautés ethniques à l'échelle du pays. Si vous ne l'avez pas encore fait, jetez un coup d'oeil à Vision TV le samedi, du matin au soir. On y diffuse d'excellentes émissions. Félicitations.
J'aimerais parler d'un sujet que vous avez abordé. J'ai posé une question plus tôt au président, dans notre groupe de témoins, à propos des licences liées à la programmation des médias ethniques. On nous a parlé en termes élogieux des licences de catégorie B. Mais vous nous avez dit que la question était de savoir combien avaient été lancées. Selon vous, sur les 400 licences octroyées, seulement 90 environ ont été lancées. Êtes-vous en mesure de m'expliquer pourquoi ces 310 autres licences octroyées n'ont jamais été lancées? Peut-être que le comité peut s'appuyer sur les raisons derrière tout cela pour formuler des recommandations pertinentes, pour veiller à ce qu'il n'y ait pas autant de licences en attente. C'est beaucoup.