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Durant nos consultations de cet automne, nous avons pris note de certaines observations des membres de l'industrie, notamment du fait que de nombreux Canadiens abandonnent le câble et le satellite pour consommer du contenu par Internet. De fait, vous avez peut-être lu dans le « Report on Business » du
Globe and Mail de ce matin un article d'un journaliste racontant son expérience de débranchement.
Cette tendance commence à avoir une incidence sur le flux de recettes du FMC. Comme vous le savez, les contributions des sociétés de câblodiffusion et de télédiffusion au FMC représentent un pourcentage de leurs recettes de diffusion. À mesure que les Canadiens passeront du secteur réglementé au secteur déréglementé, nos recettes diminueront.
Nous le constatons déjà dans le pourcentage de croissance des recettes des EDR, qui a déjà commencé à baisser — cela figure aussi dans le graphique que nous vous avons remis. Alors que le taux de croissance sur 12 mois s'élevait à 10 p. 100 en 2008-2009, il est tombé à 6 p. 100 en 2009-2010 et devrait chuter à 2 p. 100 cette année. Cette baisse se manifeste à la fois dans le secteur du câble et de la DTH. À l'heure actuelle, elle est un peu plus prononcée dans le secteur du câble.
Notre autre source de recettes est évidemment le gouvernement du Canada. Sa contribution reste stable, à 120 millions de dollars, depuis 2006-2007. Pour 2010-2011, l'année en cours, nous avons reçu 14 millions de dollars de plus, somme fournie pour appuyer notre mandat élargi et qui a été versée au Fonds des nouveaux médias du Canada.
En ce qui concerne la consolidation du secteur de la télédiffusion et son incidence sur le FMC, nous avons constaté, en particulier sur le marché anglophone, que la part des crédits du FMC fournie par ce que nous appelons les enveloppes de rendement est de plus en plus reçue par des télédiffuseurs qui font partie de groupes intégrés verticalement. Les télédiffuseurs peuvent consacrer leurs enveloppes à la production, en plus de fournir un permis de télédiffusion, et le FMC engage alors le producteur et passe un contrat avec lui. Il y a donc un moins grand nombre d'acteurs dirigeant beaucoup de production.
Si l'on examine par exemple les enveloppes de rendement que nous avons calculées cette année pour le marché anglophone, en tenant compte de ce que seront probablement les nouvelles structures de propriété, y compris de Bell, les télédiffuseurs de ces groupes intégrés verticalement ont reçu 50 p. 100 des enveloppes de rendement du FMC. Cela comprend Bell, évidemment, pour CTV; Quebecor; Rogers; et Shaw pour Corus et CanWest.
Si l'on considère également que 35 p. 100 sont allés à CBC, cela laisse 15 p. 100 de nos enveloppes de rendement du secteur anglophone pour les 10 canaux qui ne font pas partie d'un groupe verticalement intégré. Évidemment, cela ne vaut que pour les canaux avec lesquels nous traitons qui ont une enveloppe de rendement.
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Bonjour monsieur le président, membres du comité.
Nous vous remercions de nous permettre de comparaître aujourd'hui devant le comité. Notre déclaration sera brève pour laisser plus de temps à la période des questions. Avant de commencer, nous tenons à vous adresser nos félicitations, monsieur Chong, pour votre récente élection au poste de président de cet important comité. J'ai l'intention de collaborer étroitement avec vous avec les autres membres du comité dans les semaines et mois à venir.
Je m'appelle Norm Bolen et je suis président et PDG de la Canadian Media Production Association. Je suis accompagné de Reynolds Mastin, notre avocat.
Nous représentons des centaines de sociétés indépendantes du Canada produisant et diffusant des émissions de télévision, des films et du contenu interactif en langue anglaise. À une poignée d'exceptions près, ce sont toutes des PME, des sociétés d'entrepreneurs. Nos membres produisent du contenu qui est consommé par des millions de personnes au Canada et à l'étranger sur des écrans petits, moyens et grands. Aujourd'hui, on ne produit plus de contenu pour une seule plate-forme mais, presque toujours, pour différents types d'écrans.
Comme vous le savez, notre association était autrefois la Canadian Film and Television Production Association. Il y a quelques mois, nous l'avons rebaptisée Canadian Media Production Association, précisément pour mieux refléter la réalité actuelle du secteur indépendant de la production et de l'univers des multiples plates-formes qui est déjà tellement présent dans la vie des Canadiens.
Nos membres ont une incidence importante sur l'économie canadienne puisqu'ils sont à l'origine de la majeure partie des 5 milliards de dollars de production réalisée chaque année au Canada, activité qui soutient quelque 130 000 emplois créatifs de qualité.
Bien que le rendement économique soit important, la production indépendante n'est pas qu'une affaire de gros sous et d'emploi. Grâce au contenu qu'ils produisent, les producteurs indépendants reflètent — je dirais même, célèbrent — la grande diversité qui existe dans notre vaste pays, et la fière histoire qui nous rend si uniques.
Les gouvernements comprennent et appuient depuis longtemps le rôle fondamental des producteurs. C'est la raison pour laquelle le rôle important que jouent les producteurs indépendants dans le système canadien de télédiffusion est entériné dans la Loi sur la radiodiffusion, dont l'article 3 exige que « la production offerte par les entreprises de radiodiffusion devrait… faire appel de façon notable aux producteurs canadiens indépendants ».
Les producteurs indépendants sont un moteur clé de diversité, de créativité et d'innovation. J'aimerais croire que notre secteur est bien positionné pour contribuer de manière importante à l'économie numérique émergente du Canada mais, pour être tout à fait franc avec vous, je commence à me le demander. Si l'on veut que les producteurs indépendants soient bien positionnés pour contribuer sérieusement à l'avenir économique et culturel du Canada, certaines choses doivent changer, et changer rapidement. Nous vous félicitons d'ailleurs d'avoir lancé cette étude sur l'incidence des changements touchant la propriété de la télévision privée et l'évolution vers de nouvelles plates-formes de visionnement.
Depuis une décennie, et certainement depuis ces dernières années, la consolidation et l'intégration massives du secteur de la télévision ont eu une incidence profonde sur les producteurs indépendants. On constate aujourd'hui un déséquilibre profond et insoutenable entre les producteurs indépendants et les télédiffuseurs, déséquilibre qui ne fait pas que miner l'innovation en contenu et la diversité de la programmation, mais menace aussi l'existence même du secteur indépendant. Nous espérons cependant que le gouvernement et tous les partis politiques continuent de croire à l'importance de la contribution des producteurs indépendants.
La question fondamentale est en réalité très simple: continuons-nous de croire que les Canadiens ont intérêt à ce qu'un secteur de production indépendant viable et sain non seulement existe mais soit florissant? Comme des millions de Canadiens, je pense que la réponse est un oui éclatant, et c'est pourquoi je vous implore de saisir l'occasion de cette étude pour formuler des recommandations concrètes qui redresseront le déséquilibre existant actuellement dans le secteur de la télévision entre les producteurs indépendants et les télédiffuseurs.
Reynolds, voulez-vous continuer?
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Vous vous demandez peut-être quel est exactement le problème entre les producteurs et les télédiffuseurs. Il est simple: nous en sommes réduits aujourd'hui à trois grands groupes privés intégrés de télédiffusion dans le Canada anglais. De ce fait, nos membres ont moins d'occasions de vendre leur production sur le marché de la télévision.
Plus précisément, ces trois groupes de télédiffusion utilisent actuellement leur position dominante sur le marché — je dirais même qu'ils en abusent — pour passer des contrats léonins avec les producteurs indépendants. Ils exigent plus de droits, y compris tous les droits numériques, et offrent très peu d'argent, voire pas du tout, en compensation.
Le regroupement des télédiffuseurs a quasiment éliminé la concurrence sur le marché canadien des droits de programmation, ce qui réduit les incitatifs des télédiffuseurs à expérimenter avec du contenu et une distribution pour des plates-formes multiples, impose des droits irréalistes et insoutenables aux producteurs indépendants, et entraîne l'élimination virtuelle de tout rendement sur l'investissement des bailleurs de fonds, dont le Fonds des médias du Canada.
L'équation est simple: lorsque les télédiffuseurs contrôlent tous les droits, ils récoltent tous les bénéfices. Cela laisse très peu, voire rien du tout, aux autres partenaires clés qui investissent dans la programmation canadienne, comme les producteurs indépendants, le Fonds des médias du Canada et les organismes de financements provinciaux.
La situation des producteurs indépendants n'a cessé d'empirer avec le temps. Il y a 10 ans, les télédiffuseurs négociaient des contrats de licence de trois ans avec les producteurs. Aujourd'hui, pour très peu de rémunération additionnelle, ils exigent jusqu'à 12 ans, ce qui élimine quasiment toute possibilité pour le producteur de vendre sur les marchés secondaire ou tertiaire.
Il y a 10 ans, les télédiffuseurs négociaient pour une seule station traditionnelle et peut-être trois à cinq diffusions d'une émission pendant les trois ans de validité de la licence. Aujourd'hui, pour très peu de rémunération additionnelle, ils exigent les droits pour cette même station traditionnelle, mais aussi pour toutes les autres plates-formes de diffusion qu'ils possèdent et contrôlent, comme la télévision payante ou les chaînes spécialisées, avec en plus une diffusion illimitée sur toutes les plates-formes, les droits Internet, tous les droits pour tous les médias, les droits des produits dérivés et, très souvent, les droits sur les territoires étrangers.
Examinons brièvement ce dernier point. Un télédiffuseur canadien dont la seule raison d'être est de diffuser sur le marché canadien usera de son pouvoir considérable pour s'emparer des droits sur tous les territoires étrangers. C'est exagéré.
Vous me direz, pourquoi les producteurs ne se contentent-ils pas de refuser ces contrats léonins qui leur sont tellement préjudiciables? La réponse est simple: pour la plupart des producteurs indépendants, refuser ces contrats léonins revient à toutes fins utiles à suspendre leur activité, voire à mettre définitivement la clé sous la porte. Je précise aussi qu'un télédiffuseur est le seul déclencheur pour avoir accès à la vaste majorité des fonds dispensés par le Fonds des médias du Canada, et l'un des rares déclencheurs pour avoir accès au crédit d'impôt canadien sur la production de films ou de vidéos.
Cela donne un immense pouvoir de négociation aux télédiffuseurs. Sans un contrat de télédiffusion, nos membres n'ont pas accès à la plupart des crédits du FMC ni, probablement, au crédit d'impôt. Sans accès à ces sources de financement cruciales, il y aurait beaucoup moins de production canadienne dans les genres sous-représentés comme les émissions dramatiques, les documentaires et les émissions pour enfants. Des milliers de créateurs et de techniciens de qualité perdraient leur emploi, d'un bout à l'autre du pays.
En fin de compte, la diversité du Canada serait sensiblement réduite et les producteurs indépendants seraient beaucoup moins aptes à contribuer efficacement à l'économie numérique croissante du Canada. Voilà pourquoi nous réclamons si vigoureusement l'application d'un cadre équitable et applicable de termes d'échange entre les producteurs indépendants et les télédiffuseurs.
Ce serait une réponse de bon sens à la propriété et à l'exploitation de tous les droits, y compris les droits numériques, et cela maximiserait la diffusion du contenu sur toutes les plates-formes. C'est là d'un objectif clé de la politique gouvernementale qui pourrait être atteint sans coût pour le contribuable et avec une intervention directe minimale, voire nulle, des instances de réglementation.
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Avant de conclure, j'aimerais faire une brève remarque sur le Fonds des médias du Canada.
Comme vous le savez, la contribution de Patrimoine canadien au Fonds se termine à la fin de cet exercice budgétaire. Or, ce programme est crucial pour le secteur sous-représenté de la programmation canadienne et de la production indépendante. Il est crucial qu'il soit renouvelé à long terme. Comme vous le savez peut-être aussi, nous agissons avec nos collègues du secteur de la création devant les tribunaux pour défendre l'idée que les fournisseurs de services Internet devraient être considérés comme des télédiffuseurs au titre de la Loi sur la radiodiffusion.
Permettez-moi d'expliquer brièvement pourquoi il nous faut tant insister sur ce front.
Avec le temps, le public canadien se tournera de plus en plus vers des plates-formes qui ne sont actuellement pas réglementées. Avec l'accélération de cette tendance, les recettes des sociétés de communications intégrées verticalement proviendront moins de leurs services de télédiffusion traditionnels par câble et par satellite et plus de leurs services d'accès à Internet. Globalement, ces sociétés finiront par gagner tout autant, si ce n'est beaucoup plus, de l'utilisation de l'Internet à haute vitesse par leurs clients.
En même temps, elles contribueront de moins en moins au Fonds des médias du Canada puisque leur contribution ne repose actuellement que sur leurs recettes du câble et des satellites. Les chiffres montrent que les recettes du FMC issues des EDR se stabilisent déjà, comme l'a dit Valerie. Ce n'est pas une tendance positive pour le contenu canadien, pour le secteur de la production indépendante, ni pour les milliers d'emplois qui dépendent de nous dans tout le Canada.
En conclusion, je formule quatre recommandations que nous vous invitons à intégrer à votre étude.
Premièrement, reconnaître le déséquilibre existant actuellement entre les producteurs indépendants et les télédiffuseurs du point de vue de la négociation des droits, et son effet préjudiciable sur la diversité et l'innovation dans le système.
Deuxièmement, recommander au ministre de Patrimoine canadien qu'il adresse au CRTC, au titre de l'article 7 de la Loi sur la radiodiffusion, l'instruction de veiller à ce que les télédiffuseurs prennent toutes les mesures voulues pour parvenir à un arrangement équitable avec le secteur de la production indépendante au sujet de la propriété et de l'exploitation de leurs droits.
Troisièmement, appuyer le renouvellement de la contribution de Patrimoine canadien au Fonds des médias du Canada, sur une base continue. Cela assurera la stabilité tant nécessaire du système de financement et permettra aussi à toutes les parties prenantes de dresser des plans à long terme et de continuer à rehausser l'efficacité du Fonds.
Quatrièmement, endosser la proposition voulant que toutes les plates-formes de distribution, y compris celles qui ne sont actuellement pas réglementées, soient tenues de contribuer financièrement à un fonds de soutien de la création de contenu canadien.
Si ces éléments clés sont mis en place, j'ai la conviction que les producteurs indépendants du Canada seront bien mieux positionnés pour contribuer valablement à notre économie numérique croissante et à notre avenir culturel.
Cela met fin à notre déclaration et je répondrai maintenant avec plaisir à vos questions. Merci.
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Bonjour, mesdames et messieurs. Je tiens à remercier les membres du Comité permanent du patrimoine canadien de nous donner l'occasion de nous exprimer sur les effets de la concentration dans l'industrie des communications au Canada et, plus particulièrement, au Québec.
Je m'appelle Claire Samson et je suis présidente et PDG de l'APFTQ, l'Association des producteurs du Québec. Je suis accompagnée de Suzanne D'Amours, consultante.
Votre comité se questionne sur les répercussions de l'intégration verticale grandissante entre les grands fournisseurs de contenu et les fournisseurs de services de téléphonie mobile et d'accès Internet. Tout d'abord, permettez-moi de vous démontrer le poids relatif de ces deux industries, soit celle des télécommunications, les telcos, et celle de la radiodiffusion, de la distribution, des EDR et de la programmation radio et télévision.
Selon les données du CRTC, en 2009, l'industrie des telcos représentait 41 milliards de dollars alors que celle de la radiodiffusion représentait globalement 14,5 milliards de dollars — 7,5 milliards pour les EDR et 7 milliards pour la programmation radio et télévision. Toutes les EDR et les telcos majeurs oeuvrent maintenant dans les deux secteurs, et les activités de télécommunications sont devenues leurs sources principales de revenus. Ces contrôleurs d'accès accaparent 88 p. 100 des revenus de l'industrie des communications au Canada.
Quatre grands groupes — BCE, Shaw, Rogers et QMI — contrôlent six des sept réseaux nationaux et régionaux conventionnels — CTV, Global, CityTV, A-Channel, OMNI et TVA — et accaparent 80 p. 100 des revenus totaux des services facultatifs privés. Ce sont ces mêmes entreprises qui contrôlent l'accès Internet, la télédistribution et la téléphonie mobile. Ces entreprises, pour continuer de prospérer, doivent offrir aux consommateurs une variété de produits et de contenus.
Force est de constater que l'activité principale des entreprises qui contrôlent la radiodiffusion est autre que la radiodiffusion. Ce sont les telcos qui génèrent le plus de revenus, qui présentent le plus grand potentiel de croissance et où s'exerce la concurrence la plus féroce. Alors que le taux de croissance moyen des trois dernières années des services de programmation en radiodiffusion est de 1,6 p. 100, il se situe à 10,3 p. 100 pour les EDR. L'objectif principal des entreprises de communications intégrées est de monopoliser le foyer, par exemple, d'y devenir le prestataire unique de services d'accès Internet, de télédistribution, de téléphonie filaire et de téléphonie sans fil. Pour ce faire, elles multiplient les rabais aux abonnés selon qu'ils cumulent deux, trois ou quatre de ces types de services. Une autre façon de financer ces rabais serait d'en refiler la facture aux services de programmation en réduisant les paiements d'affiliation qu'elles leur versent ou en exerçant de fortes pressions à la baisse sur leurs tarifs mensuels de vente en gros.
Jusqu'à maintenant, l'objectif des services de programmation, petits, grands, indépendants ou affiliés, était d'obtenir la plus large distribution possible de leurs programmations sur toutes les plates-formes. À l'avenir, l'objectif risque d'être l'exclusivité des contenus pour inciter le consommateur à s'abonner à un service de télécommunications. BCE, au moment de l'annonce de l'achat de CTV, a déclaré qu'elle n'entendait pas rendre les contenus qu'elle achetait disponibles pour la télédiffusion mobile à d'autres fournisseurs de ce type de services que Bell.
La nouvelle réglementation du CRTC ouvre la voie à de telles pratiques, même pour les télévisions privées conventionnelles, puisqu'elle leur octroie le droit de retrait de leur signal en cas d'échec de négociations sur le paiement de redevances à la juste valeur marchande. Cette stratégie s'appuie évidemment sur le contrôle des services commerciaux de programmation les plus performants ainsi que d'autres médias ou contenus porteurs résultant d'un accroissement parallèle de la propriété croisée multimédia et d'ententes exclusives de diffusion sur certaines plates-formes.
En fait, il s'agit moins aujourd'hui d'assurer la rentabilité des services de programmation, mais bien d'assurer qu'ils contribuent à accroître la pénétration et les revenus des autres services offerts par l'entreprise d'accès Internet, de téléphonie mobile et de télédistribution. Juste pour donner un aperçu, sachez que les rendements des EDR sont de 26 p. 100 pour la télédistribution des services télévisuels et de 69 p. 100 pour les services hors programmation, principalement Internet. Et évidemment, ces services ne sont pas réglementés par le CRTC. En bref, les contrôleurs d'accès sont en position pour gagner sur tous les terrains.
Ils sont largement déréglementés autant face aux consommateurs — déréglementation du tarif du service de base — qu'aux services de programmation, et ils contrôlent financièrement le système de radiodiffusion et le système de télécommunications canadien. Finalement, les diffuseurs indépendants, ceux qui ne sont pas possédés par des contrôleurs d'accès, seront marginalisés et fragilisés dans un pareil environnement. Leur puissance financière ne peut se comparer à celles des contrôleurs d'accès et leur pouvoir de négociation face à ces derniers se rétrécit au fur et à mesure de la réduction de leur protection réglementaire et cela à des degrés divers selon qu'ils soient des services privés commerciaux, un diffuseur national ou encore une télévision éducative ou sans but lucratif.
Au Québec, par exemple, un seul réseau régional privé de télévision conventionnelle demeurera non lié à un contrôleur d'accès: V. Un seul grand groupe de propriété de licences multiples de service facultatif n'est pas lié un contrôleur d'accès: Astral Média. Tous deux exercent exclusivement ou principalement leurs activités de télédiffusion dans le marché de langue française qui se caractérise par la concentration très forte en ce qui a trait à la distribution de radiodiffusion et à l'accès à Internet.
QMI dessert 51 p. 100 des abonnés à la télédistribution au Québec alors qu'au Canada aucune EDR individuelle ne dessert plus de 25 p. 100 des abonnés. Astral est sans doute le groupe qui est le mieux en mesure de résister face aux entreprises de communications intégrées. Cependant, tout comme V, il devient une cible de choix pour ces entreprises qui disposent d'une grande puissance financière dans un contexte de retour en force de la théorie selon laquelle la convergence technologique doit, pour réussir, s'appuyer sur une forte propriété croisée multimédia. À terme, la logique économique actuelle favorise l'élimination de tous les joueurs privés indépendants de taille significative.
Le rôle de Radio-Canada change dans cet univers en mutation. Radio-Canada devrait être en mesure de prendre sa place dans cet univers en raison de son statut législatif et juridique défini dans la Loi sur la radiodiffusion et sa masse critique. Elle a 26 stations de télévision locale affiliées à deux réseaux nationaux, 84 stations de radio affiliées à ses quatre réseaux radiophoniques nationaux, un service sonore payant, Galaxie, cinq services spécialisés de catégorie A, un site Web des plus sophistiqués et TOU.TV.
Avec des ressources financières garanties sur une base pluriannuelle, Radio-Canada pourrait être en mesure d'exercer son leadership et de consacrer des sommes essentielles au financement de la programmation canadienne de ses services de télévision et de radio et de nouveaux médias. On doit reconnaître que Radio-Canada a été précurseur dans le développement de ces plates-formes de diffusion de nouveaux médias et bénéficie aussi d'une grande capacité de promotion croisée.
En ce qui concerne le rôle du CRTC pour garantir la diversité des voix dans cet environnement médiatique, l'enjeu fondamental de la diversité des voix concerne évidemment l'ensemble des composantes — publiques, privées et communautaires — du système canadien de radiodiffusion ainsi que toutes les catégories d'entreprises de radiodiffusion, qu'elles soient de programmation ou de distribution.
À notre avis, la seule façon d'assurer la diversité des voix dans ce nouvel environnement est de maintenir une réglementation qui aura pour objectif d'établir un cadre qui donnera à tous les groupes de radiodiffusion la latitude nécessaire pour s'adapter à l'évolution rapide du milieu des communications tout en s'assurant que le contenu présenté par le système canadien de radiodiffusion ait un caractère distinctement canadien.
Cet objectif implique que le CRTC et les parties intéressées tiennent compte du rôle capital des créateurs et des producteurs canadiens dans le système de radiodiffusion; des différentes conditions d'exploitation dans lesquelles fonctionnent les radiodiffuseurs de langue française et anglaise, ainsi que leurs besoins différents, qui existent malgré des points communs; du rôle du diffuseur public dans un univers des communications en constante évolution.
Dans le but de rencontrer les objectifs de la loi, le CRTC a conçu une réglementation et des politiques destinées à garantir que le système de radiodiffusion offre une diversité de voix et qu'une programmation reflétant les intérêts de tous les Canadiens ait un accès raisonnable au système.
Nous souhaitons que le CRTC maintienne cette réglementation et ces politiques, mais nous souhaitons aussi qu'il envisage d'établir des règles spécifiques pour l'industrie de la radiodiffusion par Internet et téléphonie mobile. Le CRTC a toujours refusé de réglementer ce secteur de l'industrie et nous pensons que maintenant il est pertinent de revoir sa position à ce sujet.
Finalement, nous pensons que le gouvernement canadien devrait donner au CRTC des pouvoirs de pénaliser les diffuseurs qui ne respectent pas leurs conditions de licence.
La dernière question que je souhaite aborder est le rôle du Fonds des médias du Canada et des autres mécanismes de financement afin d'assurer la réussite de nouveaux programmes avec les plates-formes médiatiques de la prochaine génération.
Tout d'abord, mentionnons que nous devons nous assurer du financement de l'ensemble des contenus destinés aux différentes plates-formes de diffusion que ce soit pour la télévision, Internet ou la téléphonie mobile.
Le Fonds des médias du Canada a développé de nouveaux programmes pour répondre aux objectifs exprimés par le ministre du Patrimoine canadien, à savoir, financer la production d'applications multimédias liées à des émissions de télévision supportées par le FMC ainsi qu'à la production de contenus interactifs originaux destinés aux nouvelles plates-formes, tels le Web et la téléphonie mobile. Tout cela en n'apportant aucun financement additionnel pour ces nouvelles productions.
Il est trop tôt pour connaître les résultats de ces nouvelles mesures de financement puisque les programmes ont été mis en oeuvre en 2010. Cependant, nous sommes convaincus que le désir de financer plus de productions originales sur diverses plates-formes de diffusion avec les mêmes moyens financiers ne peut donner qu'une diminution de la qualité des produits ou encore une diminution du nombre de productions canadiennes originales.
L' APFTQ aimerait exprimer ici sa vive déception à la décision du CRTC de ne pas réglementer la radiodiffusion sur Internet et appareils mobiles et de ne pas créer une obligation de contribution à la production canadienne pour les fournisseurs de ces services. Nous demeurons persuadés que le moment était venu d'instaurer certaines balises de contenu canadien disponible sur ces plates-formes et d'aides financières spécifiques à la production de ce contenu.
En préservant un système à deux vitesses, l'un réglementé l'autre pas, nous anticipons un glissement accéléré des activités de radiodiffusion de la télévision vers les nouveaux médias, et ce, sans aucune protection ou promotion de la production nationale. C'est une occasion manquée de stimuler le secteur canadien de la production multiplateforme et d'un risque de voir la culture canadienne perdre un espace privilégié sur nos écrans.
De plus, le gouvernement canadien devrait envisager d'ouvrir son programme de crédit d'impôt à la production cinématographique canadienne s'il veut assurer un financement adéquat des productions dédiées aux nouvelles plates-formes de diffusion que sont Internet et la téléphonie mobile.
En terminant, votre avis de motion ne fait pas état des impacts de la concentration dans l'industrie des communications sur l'industrie de la production indépendante canadienne. Cette industrie, par sa diversité des bassins de création et des entreprises qui la composent, a permis à l'industrie de la radiodiffusion de prospérer et d'attirer un très grand auditoire particulièrement dans le système de radiodiffusion de langue française. Actuellement, les producteurs indépendants doivent se battre pour exploiter les droits de diffusion pour les différentes plates-formes de diffusion.
Le CRTC a informé les radiodiffuseurs canadiens qu'ils devraient s'entendre avec les producteurs indépendants pour négocier des ententes commerciales qui tiendront compte des nouveaux droits d'exploitation pour les multiplateformes. Malgré des propositions fort peu exigeantes de notre part, aucun des télédiffuseurs, qu'il soit public ou privé, n'a accepté de signer une entente reconnaissant que le paiement d'une licence de radiodiffusion n'accorde pas tous les droits d'exploitation des émissions qu'ils acquièrent.
Dans un contexte d'intégration verticale grandissante entre les grands fournisseurs de contenus et les fournisseurs de services de distribution, d'Internet et de téléphonie mobile, il faut s'assurer que les contenus seront exploités judicieusement en respect des détenteurs des droits et des créateurs.
Nous vous remercions de votre intérêt et sommes prêtes à répondre à vos questions.
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Monsieur le président, membres du comité, les marchés de la télévision et des médias sont devenus extrêmement complexes. Corus tire ses revenus de quatre sources: les abonnements télévisés, la publicité, les ventes d'émissions et de livres, et les ventes de produits dérivés. Lors de notre dernière comparution devant le comité, nous avons défendu une approche de la politique de réglementation fondée sur ce que nous appelons les six grands objectifs de Corus. Vous en trouverez la liste complète en annexe à ce script, que nous avons distribué, et je n'en mentionnerai que deux maintenant, par manque de temps.
Le premier grand objectif de Corus est le suivant: favoriser une industrie sous propriété canadienne mondialement compétitive. Nous devons reconnaître explicitement que nous oeuvrons sur un marché mondial, même quand nous oeuvrons au niveau local. Ces marchés sont extrêmement complexes. Le tableau que nous avons fourni illustre la manière dont notre environnement des médias a changé.
Monsieur le président, nous avons des tableaux en grand format que nous communiquerons avec plaisir au comité. Je conviens que celui-ci est un peu difficile à lire.
Sur la gauche, vous pouvez voir que nous ne sommes plus à l'époque des activités bien séparées où chacun savait ce qu'était la photographie, ce qu'était la poste, ce qu'était la musique, ce qu'étaient les magazines, la télévision, le cinéma, etc.
Sur la droite, vous voyez que tout cela s'est intégré dans un grand bassin numérique. Nous avons maintenant tous ces types de médias et de formes de communication qui s'entrecroisent. Nous avons indiqué aussi certains des grands noms, dont aucun n'est canadien, qui dominent aujourd'hui le secteur.
La notion de marché intérieur change rapidement. C'est un marché complexe où les acteurs les plus puissants ne sont pas canadiens. Vous devez aligner nos politiques et règles intérieures de façon à nous permettre d'avoir un système sous propriété canadienne qui soit mondialement compétitif. Nous ne pouvons plus protéger notre marché intérieur. Les barrières que nous avons érigées pour protéger les médias canadiens deviendront un piège si nous ne tenons pas compte de ce changement. L'émergence des nouvelles plates-formes médiatiques accroît la concurrence pour le contenu et pour la publicité.
Il y a de nouvelles technologies perturbatrices, comme on dit, comme le iPad, qui devraient... Oui, ça joue.
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Ça joue un film canadien,
One Week, qui est excellent et dont nous sommes très fiers. Corus a aidé à le financer.
Je l'ai acheté hier soir sur iTunes à mon hôtel et j'ai pu le télécharger sur cet appareil en quelques minutes. Le nouvel appareil de télévision de Apple dont on parle aujourd'hui dans le Globe and Mail est en vente au centre commercial du bas de la rue et permet d'apporter l'expérience Internet dans votre téléviseur. Je ne veux pas nécessairement endosser Apple TV mais je vous encourage à en faire l'expérience. Il suffit de brancher l'appareil et, hop, tout arrive dans votre téléviseur.
Des sociétés comme Apple et Google sont en train d'envahir très rapidement les marchés traditionnels réglementés de la télévision. Aucun de ces services n'est obligé de partager son espace avec les acteurs canadiens ou de diffuser du contenu canadien répondant à des normes canadiennes.
Voici le deuxième grand objectif de Corus: accroître la probabilité de succès de l'industrie canadienne des médias en encourageant la création d'entreprises plus grosses et plus fortes.
Corus est un acteur important sur le marché canadien, mais très petit sur le marché mondial. Le tableau que nous avons préparé indique la valeur boursière de certaines sociétés. Ce qui est intéressant se trouve à gauche. Les nouveaux acteurs des médias comme Google, qui possède YouTube, que vous avez certainement tous déjà utilisé, et Apple, que j'ai déjà mentionné, sont des géants même par rapport à un Goliath médiatique traditionnel comme Disney. Google et Apple sont sept fois plus grosses que BCE, notre plus grande société médiatique au Canada. Netflix, dont on a beaucoup parlé il y a quelques semaines quand elle a annoncé son incursion au Canada, a une valeur boursière de neuf milliards de dollars, soit la même chose que Corus, Astral et Quebecor réunis.
Cette puissance financière — les producteurs vous en ont parlé — leur donne les ressources voulues pour innover, acheter du contenu et attirer nos talents. Par exemple, Google Inc. a investi près de 1,5 milliard de dollars US en recherche et développement en 2007, et le chiffre n'a fait qu'augmenter depuis. C'est plus que les revenus de l'an dernier de tout le secteur canadien de la radio. Nous devons tous comprendre que ce problème d'échelle est encore pire dans le royaume numérique que dans la radiodiffusion traditionnelle, et c'est ce qui fait qu'il est très difficile de participer pleinement au monde des nouveaux médias.
Pour participer aux marchés numériques, Corus doit aussi s'attaquer à la question cruciale de la gestion des droits numériques. Nous devons faire des investissements énormes dans la technologie pour attirer et protéger nos droits et pour former nos employés afin qu'ils puissent utiliser cette technologie. D'ailleurs, nous invitons les membres du comité à visiter Corus Quay à Toronto, où vous verrez une installation technologique d'avant-garde, dont la construction nous a coûté dans les neuf chiffres.
Notre environnement des médias est en train de changer. Vous le savez très bien. Cependant, vous devez aussi comprendre que notre aptitude à réglementer et à protéger le marché intérieur est limitée. Nous devons trouver une nouvelle combinaison d'incitatifs, de soutiens et de protections pour préserver une présence canadienne dynamique. Nous avons besoin d'une certaine échelle pour faire de la R-D et pour fabriquer le contenu qui nous aidera à être compétitifs chez nous. Pour atteindre cette échelle, nous devrons revoir notre politique axée contre l'intégration verticale. Nous pouvons utiliser d'autres outils de politique publique pour assurer la diversité et l'accès à de nombreuses voix.
Quels sont ces outils? Pour le moment, je me contenterai de dire que nous avons recommandé au processus de l'économie numérique la création d'un panel d'experts pour examiner toutes ces questions.
Monsieur le président, membres du comité, j'arrête là notre exposé et nous répondrons avec plaisir à vos questions.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Merci beaucoup aux témoins d'être venus.
Personnellement, j'estime que l'intégration verticale est une chance incroyable. Comme M. Maavara, je pense que la taille est nécessaire, que la masse est nécessaire, si nous voulons projeter la programmation canadienne et créer des occasions, et aussi être concurrentiel sur ce qui est à toutes fins utiles un marché mondial où les gens ont des choix et peuvent choisir ce qu'ils veulent regarder parmi une offre toujours plus vaste.
En passant, monsieur Maavara, vous serez peut-être heureux d'apprendre que, quand j'ai l'occasion de regarder Durham County — j'ai plusieurs épisodes de retard et je ne veux pas que vous me disiez où ça en est en ce moment —, je le fais par la vidéo sur demande parce que mon horaire ne me permet pas autre chose.
Je pense que l'une des choses dans lesquelles je crois fermement est que l'idée du besoin de créer un plateau de diffusion — et c'est en quoi le gouvernement canadien investit énormément d'argent, je pense — par opposition à la nécessité d'investir dans le contenu, ce en quoi nous investissons moins d'argent, a changé. Si l'on voit combien il était important que les signaux canadiens puissent effectivement être diffusés et être compétitifs et atteindre les foyers canadiens, je pense que c'était un rôle légitime du gouvernement à l'époque parce que personne ne le faisait.
Vous avez correctement indiqué qu'il y a une multitude de canaux et que le nombre augmente tous les jours. En fait, n'importe qui peut être un télédiffuseur aujourd'hui. Si ça me tente, je peux télédiffuser cet après-midi sur YouTube. Il y a donc toutes sortes de choix.
Je vous demande simplement une opinion — ce n'est pas une politique du gouvernement, à l'évidence — mais pensez-vous qu'il est temps pour le gouvernement canadien de revoir la situation et de dire qu'il est peut-être temps de sortir de la télédiffusion et de se mettre à investir plus d'argent dans le contenu? Nous investissons plus d'un milliard de dollars du gouvernement, comme vous le savez, dans un plateau de diffusion alors que le secteur privé n'utilisera pas en fait ce plateau... il y en a déjà tellement, et réinvestir tous ces dollars dans le contenu canadien. Je vois qu'on réalise des films à grand succès dans notre pays. Je vois des créateurs avec énormément de talent. Je vois un monde qui cherche désespérément du contenu de bonne qualité. Vous avez correctement dit qu'il y a de grandes sociétés prêtes à avaler tout ça. Est-ce que c'est à ça que nous devrions nous intéresser? Est-ce que c'est ça le prochain siècle? Est-ce vers ça que le Canada devrait se tourner?