:
Merci, monsieur le président.
[Français]
Monsieur le président, membres du comité, bon après-midi.
Il me fait plaisir d'être ici, aujourd'hui, afin de discuter de la décision rendue par la commission.
[Traduction]
Tout ce dossier du transport de déchets a fait l'objet de beaucoup de désinformation. J'espère que cet exposé technique sera utile au débat.
J'apprécie toujours d'avoir l'occasion de faire la lumière sur les dossiers du nucléaire, surtout que notre mandat est de diffuser des informations objectives.
[Français]
Nous représentons la Commission canadienne de sûreté nucléaire.
[Traduction]
La commission a été mise sur pied en mai 2000 en vertu de la Loi sur la sûreté et la réglementation nucléaires en remplacement de la CCEA qui avait été créée en 1946.
Vous ne vous en êtes peut-être pas tous rendu compte, mais nous fêtons cette année notre 65e anniversaire. Nous n'envisageons pas de prendre prochainement notre retraite. Nous sommes très fiers de notre culture et de nos réalisations en matière de sûreté nucléaire, lesquelles, je me permets de l'affirmer, n'ont rien à envier à d'autres organisations.
Nous sommes un tribunal administratif quasi judiciaire dont tous les membres sont indépendants.
[Français]
Les audiences de la commission sont publiques et sont diffusées sur le Web. Nos décisions sont transparentes et sont fondées sur la science.
[Traduction]
Je vais essayer d'être très clair. Le Canada dispose d'une politique claire sur les déchets nucléaires et toutes les demandes adressées à la CCSN doivent être conformes à cette politique. Celle-ci s'articule autour des principes environnementaux de la réduction, de la réutilisation et du recyclage. Il existe un cadre international parfaitement défini expliquant ce que ces mots-là veulent dire. Il existe un ensemble de politiques et de règlements nationaux et nous en avons dressé la liste pour régler son compte à l'idée voulant qu'il n'y ait pas de politique.
[Français]
Il faut répéter que le Canada a une politique claire sur les déchets nucléaires.
[Traduction]
Comment le transport des substances nucléaires est-il réglementé?
Tout d'abord, toutes les substances nucléaires sont régies par l'Agence internationale de l'énergie atomique qui applique le code maritime international des marchandises dangereuses. La CCSN, elle, administre le Règlement sur l'emballage et le transport des substances nucléaires. Il y a aussi le Règlement sur le transport des marchandises dangereuses de Transports Canada. Dans le cas des générateurs de vapeur, il faut en plus obtenir l'aval des autorités de réglementation suédoises et américaines.
Un transport de matières dangereuses se conformant à l'ensemble de ces règlements est, sans contredit, le plus sûr auquel je puisse penser.
De nombreuses marchandises dangereuses sont transportées régulièrement le long de la Voie maritime du Saint-Laurent. Tout au bas de cette liste, il est question du yellow cake d'uranium. Ce genre de transport se fait tous les jours.
Soit dit en passant, aucun de ces transports n'exige l'obtention d'une autorisation des municipalités traversées. Il s'agit d'une activité de routine.
Nous ne créons pas de précédent. Des millions d'expéditions de substances nucléaires ont lieu au Canada chaque année. À Montréal seulement, plus de 9 000 expéditions transitent par l'Aéroport Montréal-Trudeau, plus de 1 000 expéditions passent par le Port de Montréal et on recense plus de 50 000 expéditions d'isotopes médicaux dans cette ville. Il s'agit d'activités de routine qui ne posent aucun problème sur le plan de la sûreté.
Pourquoi n'y a-t-il aucun problème à cet égard?
[Français]
La raison pour laquelle on n'a pas de problèmes est qu'on utilise des colis préapprouvés.
[Traduction]
Eh bien, nous utilisons des colis préautorisés à l'international qui nous affranchissent de la nécessité d'obtenir d'autres autorisations pour acheminer les matières radioactives. L'expédition se fait comme pour tout autre produit.
Passons aux générateurs de vapeur, à la diapositive 9. Ce qui est différent dans le cas des GV, c'est leur taille. Comme ils ne peuvent être contenus dans des colis préautorisés, ils doivent faire l'objet de ce que nous qualifions d'arrangements spéciaux. Cela ne revient pas à dire que l'autorisation est accordée dans un simple échange de clins d'oeil. En l'absence de colis préautorisés, il faut emballer le produit de façon sûre en procédant au cas par cas.
Je vous signale que nous ne parlons que de quatre grammes de matière radioactive et, si nous avions pu la placer dans un colis préautorisé, nous ne serions pas devant vous aujourd'hui. Le colis aurait été acheminé de façon routinière.
Que trouve-t-on à l'intérieur d'un générateur de vapeur? La diapositive 10 nous montre qu'il y a 65 kilomètres de tubes internes qui permettent de transformer l'eau en vapeur. Au bout de 25 ans d'utilisation, seule une petite quantité de matière radioactive se fixe sur la surface intérieure de ces tubes.
Il est important de comprendre que l'enveloppe extérieure est constituée d'un métal de cinq centimètres d'épaisseur. Avec le rectangle noir à droite, nous avons voulu vous donner une idée de l'échelle de grandeur. L'enveloppe extérieure fait donc cinq centimètres d'épaisseur. Elle n'est pas faite d'aluminium comme une simple marmite. Il s'agit d'un acier non irradié, très épais, qui constitue en soi un emballage très sûr pour la quantité de matière nucléaire qu'il contient. Voilà pourquoi le niveau de radioactivité à l'extérieur d'un GV est si faible.
La diapositive 11 illustre la notion de détection radioactive, soit le débit de dose qui est nettement inférieur dans le cas d'un générateur de vapeur que dans celui de boîtes servant au transport d'isotopes médicaux dans le monde entier.
À la diapositive 12 nous avons comparé la dose de rayonnement avec le rayonnement naturel et les interventions médicales et vous pouvez constater que, dans le cas des GV, ce rayonnement est très faible.
Nous faisons une autre comparaison à la diapositive 13 qui permet de constater que la quantité totale de radioactivité émise par un GV est inférieure à celle d'un stimulateur cardiaque.
Passons maintenant au processus de la commission. Nous avons tenu des audiences publiques les 28 et 29 septembre 2010; 78 intervenants ont déposé devant nous. Nous avons tenu 22 heures d'audiences en deux jours.
[Français]
Plusieurs intervenants du Québec ont eu l'occasion de faire des présentations devant nous.
[Traduction]
On nous a accusés de ne pas permettre aux Québécois de participer à ce processus.
[Français]
On a inclus la liste de tous les gens qui étaient devant nous. C'était une participation publique exhaustive.
[Traduction]
Lors de la première série d'audiences, nous avons commencé par prendre note des problèmes soulevés. Nous avons pris du temps supplémentaire pour étudier certains de ces problèmes et avons accordé à tous ceux qui le désiraient le temps nécessaire pour recueillir d'autres informations. Dans notre analyse, nous avons pris soin de tenir compte de toutes les positions exprimées par l'ensemble des intervenants et par notre personnel, bref par tout le monde.
Les audiences publiques ont été amplement diffusées en Ontario et au Québec. En outre, le personnel de la CCSN a fait de nombreuses présentations à des conseils municipaux, à des maires et à des conseils autochtones. Tous ceux qui désiraient être mis au courant du dossier et qui en ont fait la demande ont reçu la visite de notre personnel qui leur a donné des présentations techniques sur les tenants et aboutissants de ce dossier.
À la diapositive suivante, nous avons voulu expliquer le genre d'analyse fondée sur la science que nous avons entreprise. Le personnel de la CCSN a rigoureusement évalué les domaines de sûreté énoncés ici. Il faut bien comprendre que, lors de cette évaluation, il a tenu compte des positions que nous avions recueillies à la faveur des audiences.
Nous avons retenu toutes les mesures de précaution en matière d'emballage et de transport dans notre proposition. Les véhicules terrestres ne se déplaceront pas à plus de 30 kilomètres par heure. Le navire est un bâtiment homologué pour le transport de ce genre de matière. Sa cargaison ne représente que 25 p. 100 de sa capacité totale et son équipage est parfaitement formé. En conclusion, l'emballage et le transport respectent toutes les exigences nationales et internationales.
On nous a reproché de ne pas faire d'évaluation environnementale. Je dois vous signaler au passage que nos conseillers juridiques nous avaient indiqué que nous n'étions pas tenus de faire de telles évaluations en vertu de la LCEE. Je sais que cela a fait l'objet d'une contestation judiciaire, mais je dois préciser que nous effectuons régulièrement de telles évaluations environnementales, pour la quasi-totalité des projets que nous entreprenons, des mines d'uranium jusqu'à l'approbation portant sur le nucléaire. C'est le même personnel de la CCSN qui fait les évaluations environnementales.
Le personnel a évalué certains des pires scénarios envisageables et constaté que le risque pour l'environnement serait négligeable.
[Français]
Le risque pour l'environnement et la santé humaine attribuable au pire scénario serait négligeable.
C'est la même chose en ce qui concerne les règles de protection. La conclusion était celle-ci:
[Traduction]
La dose susceptible d'être relevée chez les membres du public et chez les travailleurs équivaudrait à moins de 0,1 p. 100 de la limite réglementaire fixée pour le public, ce qui est négligeable.
À l'examen du plan d'intervention d'urgence de Bruce Power et de la réglementation de l'Organisation maritime internationale, la commission a conclu que les mesures d'urgence sont adéquates.
Comme vous pouvez l'imaginer, beaucoup d'organisations se partagent la responsabilité de la sûreté de ce genre de transports, c'est-à-dire Transports Canada, le Centre des opérations de la sûreté maritime, la GRC, la Garde côtière, la Police provinciale de l'Ontario et la Sûreté du Québec.
[Français]
La conclusion était que les mesures de sécurité sont adéquates.
[Traduction]
En conclusion, la commission est d'avis que le transport peut être mené à terme de façon sûre et que le risque pour les personnes et l'environnement est négligeable. Le transport satisfait à toutes les exigences et à tous les règlements canadiens et internationaux et Bruce Power est compétente pour mener le plan à terme.
Dans l'ensemble, le plan est respectueux de l'environnement, puisqu'il s'agit d'un métal propre recyclé. Il est aussi en accord avec les pratiques de gestion des déchets, le volume étant réduit de 90 p. 100 — et il est sécuritaire.
Permettez-moi enfin de rappeler à tout le monde que notre cri de guerre, si l'on peut s'exprimer ainsi, est « Nous ne compromettrons jamais la sûreté ».
[Français]
Nous ne compromettrons jamais la sécurité. Merci beaucoup.
:
Merci, monsieur le président.
Bonjour madame, bonjour messieurs.
Je me pose beaucoup de questions au sujet de ce projet, comme toute la population. J'ai ici la copie de résolutions contre ce transport de déchets nucléaires, adoptées par 61 municipalités, dont Montréal et Québec, et par cinq MRC. Le ministre du Développement durable, de l'Environnement et des Parcs du Québec, Pierre Arcand, vous reproche vos façons de faire. Ne pensez-vous pas ne pas avoir suffisamment informé la population?
Bruce Power a négligé d'informer les gens. Vous vous y êtes pris, il me semble, de façon assez expéditive si on considère l'envergure de ce projet. Le ministre Pierre Arcand vous rappelle d'ailleurs par lettre que, si un accident survenait, les effets seraient ressentis par la population du Québec. À mon sens, c'est assez normal qu'il y ait une levée de boucliers au sein de la population. On se demande pourquoi vous avez autorisé ce projet.
Le principe de régionalisation des déchets a toujours été bien connu de la population. L'Ontario a fait le choix du nucléaire, elle a fait le choix d'exploiter des centrales nucléaires, elle devrait donc disposer de ses déchets chez elle.
Vous dites que vous ne créez pas de précédent, mais vous créez un précédent en ce qui concerne la grosseur des générateurs. De plus, on craint que d'autres centrales soient démantelées. On craint que le Saint-Laurent devienne l'autoroute des déchets nucléaires. C'est carrément inacceptable.
Quelles que soient les raisons que vous invoquez, comme le peu de matières radioactives et le peu de dangers, il reste quand même qu'il y en a. La population est inquiète. Pourquoi avez-vous accepté de faire cette évaluation et de donner cette autorisation?
Je ne comprends vraiment pas. Ça va vraiment à l'encontre de tout ce qu'on attendait de la Commission canadienne de sûreté nucléaire.
Bonjour tout le monde et merci pour cette invitation.
Je commencerai par présenter mes excuses aux interprètes à cause de mon accent qui suscite habituellement beaucoup d'intérêt, mais je vais essayer de faire de mon mieux.
Des voix: Oh, oh!
M. Duncan Hawthorne: Comme j'ai écouté avec intérêt les questions inquisitrices posées par le comité à l'organisme de réglementation, je n'ai pas l'intention de revenir sur ces aspects. Permettez-moi d'abord de vous présenter Bruce Power. Je suis certain que vous connaissez déjà beaucoup de ces données.
Nous sommes le seul exploitant privé dans le secteur nucléaire au Canada. Nous sommes situés sur les berges du lac Huron où nous exploitons la plus grosse centrale nucléaire en Amérique du Nord actuellement en fonctionnement. Comme le laisse entendre le thème de cette séance, nous sommes en train de remettre en état et en service une centrale nucléaire de 1 300 mégawatts, après un arrêt d'une quinzaine d'années.
À la faveur de ce processus, nous avons bien sûr appliqué des directives réglementaires très claires qui encadrent absolument tout ce que nous faisons, mais pour décider de remettre ces unités en service, nous avons appliqué un processus d'évaluation environnementale en amont du projet qui a vraiment débuté à la fin 2005.
La première diapositive vous donne un peu de contexte. La deuxième vous donne une idée de l'ampleur de l'activité que représente ce projet de remise en état. Il est question de remplacer un grand nombre des composantes majeures intervenant dans le cycle de vie, y compris tout ce qui est au coeur du réacteur, puisque nous démontons entièrement le réacteur, notamment les tubes à pression et les tubes de calandre, bref toutes les parties internes du réacteur. On les découpe en petites sections pour les entreposer sur place.
L'une des principales caractéristiques de ce projet tient à ce que nos réacteurs comportent huit générateurs de vapeur. Sur la photographie que vous avez sous les yeux, à la diapositive 2, les quatre réacteurs sont logés dans les quatre bâtiments de forme cubique. Les unités 3 et 4 sont en fonctionnement et vous pouvez constater la présence d'une énorme grue à l'extérieur de l'unité 2, qui est la troisième en partant de la gauche. C'est grâce à cette grue que mon collègue, Patrick Lamarre, de SNC-Lavalin, a entrepris de retirer les générateurs de vapeur et de les remplacer par des nouveaux.
Comme on vous l'a dit tout à l'heure, de nombreux éléments de ce projet ont fait l'objet d'une planification. Tout ce que nous faisons dans notre industrie est régi par deux grands principes. Premièrement, l'engagement de respecter les règlements qui nous régissent et, deuxièmement, la quête continue d'améliorations.
M. Binder vous a parlé du principe ALARA, doit le plus bas que l'on peut raisonnablement atteindre. Je dirais que c'est ce principe qui détermine la sécurité absolue que l'industrie nucléaire canadienne applique à ses opérations. Il faut reconnaître que notre industrie a un parcours irréprochable en matière de sécurité qui se compare tout à fait avec celui de la communauté nucléaire internationale. Je suis en mesure d'affirmer cela, parce que comme l'indique mon accent, j'ai débuté ma carrière dans cette industrie il y a 40 ans, dans un autre pays, et que je sais à quoi ressemblent les normes britanniques, de même que les normes canadiennes. Je suis donc en mesure de faire preuve d'une certaine objectivité dans la comparaison à établir entre l'industrie nucléaire canadienne et celle des autres pays.
À la diapositive 3, nous avons tenté d'énoncer un principe. Comme je le disais, nous ne voulons pas parler de la période des isotopes radioactifs parce que, comme on vient de vous le souligner, je pourrais passer l'heure entière à vous commenter la différence entre un réacteur refroidi à l'eau lourde et un réacteur refroidi à l'eau ordinaire. On peut compliquer le sujet à souhait ou en rester aux pratiques et aux principes exemplaires.
Cette illustration, intitulée « La bonne chose à faire », n'a pas été créée par Bruce Power. Elle découle de normes et de procédures internationales. Il s'agit en fait d'un mandat internationalement accepté qui nous est confié à tous et qui vise a réduire au minimum notre empreinte environnementale. Il y a 20 ans, avec les normes en vigueur à l'époque, nous ne faisions pas de tri sélectif des déchets ménagers, mais aujourd'hui, c'est ce que nous faisons, nous recyclons et transformons le plastique des bouteilles d'eau en chaises. Nous faisons beaucoup de choses pour réduire notre empreinte environnementale. Il ne faut donc pas s'étonner que l'industrie nucléaire soit soumise aux mêmes obligations.
Tandis que nous continuons d'évoluer dans notre raisonnement, nous sommes tous tenus de réduire notre empreinte environnementale. Ainsi, quand on parle de la possibilité d'entreposer ces générateurs de vapeur — et pour répondre à la question posée par quelqu'un, si nous remettons ces unités en état sur place, nous nous retrouverons avec 64 générateurs de vapeur, soit huit fois huit. Nous avons déjà fait cela une fois, ce qui donne 16 générateurs de vapeur.
Nous aimerions pouvoir remettre en état ces unités conformément au plan énergétique à long terme de l'Ontario. Toutefois, pour prolonger la vie de la centrale, il faudra remplacer ces 64 générateurs de vapeur dans les 20 prochaines années.
La grande question est donc de savoir si une telle décision serait responsable d'un point de vue écologique. La construction de 64 bâtiments, d'une taille à peu près comparable à celle de cette pièce, à la seule fin d'entreposer ces générateurs de vapeur, représente-t-elle la meilleure option envisageable? Nous sommes en effet parfaitement au courant que ces générateurs de 100 tonnes renferment quatre grammes d'isotopes radioactifs et qu'il faudrait, pour cela, entreposer de façon sûre et contrôler les générateurs pendant très longtemps.
C'était une option, l'option de référence que nous avions envisagée dans notre planification au titre de l'évaluation environnementale.
Toutefois, aucun de nous ne peut se convaincre qu'il n'est pas possible de faire mieux. À l'analyse de ce qui se faisait sur la scène internationale, nous avons constaté que beaucoup d'installations comme les nôtres étaient confrontées aux mêmes échéances que nous et qu'elles devaient remplacer une grande partie de leurs composantes vieillissantes. C'est alors que nous avons vu se lever un vent de changement. Plutôt que d'entreposer de telles composantes à long terme, les gens ont mis des techniques au point et adopté des stratégies et des approches.
D'ailleurs Studsvik est un chef de file mondial dans ce domaine, en Suède, mais aussi aux États-Unis, deux pays où la compagnie applique des pratiques environnementales très solides. Cela étant posé, il n'est plus question de raisonner en termes de gains commerciaux, mais plutôt en termes de la bonne chose à faire.
J'aimerais, bien évidemment, que cette installation soit voisine de la nôtre, mais ce n'est pas le cas. Il s'agit d'une installation unique créée pour une fin bien précise, soit gérer un grand volume d'activités de ce genre. Quand nous avons compris quel processus cette installation appliquait — nous avons examiné les normes internationales et les règlements qu'elle applique — l'option offerte est devenue envisageable à nos yeux.
Nous avons ensuite dû réfléchir à la façon de transporter les générateurs de vapeur de leur emplacement actuel, sur les bords du lac Huron, jusqu'à l'installation située en Suède. Comment y parvenir de façon responsable et en toute sécurité? On vous a dit tout à l'heure que les règlements qui régissent ce genre de chose sont maintenant bien implantés. Il n'ont pas été nouvellement adoptés pour encadrer ce genre de situation. Ce sont des règlements qui existent depuis très longtemps, qui sont régulièrement testés et qui sont tout aussi régulièrement appliqués.
La différence dans cette situation, c'est bien sûr que nous ne pouvons pas glisser les générateurs dans un colis standard. Il en a déjà été question aujourd'hui et ça a été très clairement dit lors des audiences sur la réglementation. S'il avait été possible de glisser un générateur de vapeur en réduit en lingot dans un colis réglementaire ou préautorisé, nous l'aurions fait et c'est ainsi que nous l'aurions acheminé. Dans le cas de Bruce Power, nous aurions fait exactement ce que nous avons fait.
Le transport de composantes de forte taille présente le risque de perturber la circulation dans les grandes villes et de troubler la vie des petites collectivités rurales. Au début du projet, nous avons estimé que c'est là qu'il y avait problème. Nous pensions que c'était la perturbation que nous allions créer dans nos agglomérations. Nous avons abordé la question sous le même angle que lors de notre analyse pour faire venir les nouveaux générateurs de vapeur. Si nous avons raisonné ainsi, c'est parce que nous ne doutions pas que les nucléides radioactifs respectaient toutes les normes réglementaires.
Évidemment, quand on se lance dans ce genre de consultation, on court toujours le risque d'attirer l'attention sur d'autres aspects, de donner naissance à une opposition reposant sur des motivations et des intentions différentes. Je peux dire à ce comité que nous voulions alors agir en fonction de cette pyramide de l'empreinte environnementale pour essayer de nous hisser vers le sommet. C'est la bonne chose à faire.
S'agissant de nos activités, je reconnais que nous ne sommes évidemment pas coupés du sentiment que ressent la population. Nous ne sommes pas des imbéciles. Nous savons ce qui se passe. Nous pouvons constater qu'un certain nombre de choses importantes se déroulent. Premièrement, des élus très responsables expriment des réserves, ce pourquoi on les a élus. Ils ne le font pas uniquement dans cette pièce, mais dans chaque municipalité le long du trajet. Je ne vois rien de mal à cela, absolument pas. Notre problème, le problème auquel nous nous sommes heurtés, c'est qu'il est toujours plus facile d'alarmer la population que de l'informer.
Nous avons vaillamment cherché à informer la population. Nous avons produit des documents comme celui-ci intitulé « La bonne chose à faire ». Nous avons précisément expliqué ce que nous faisons. Nous avons lancé des sites Internet. Nous avons fait du publipostage. Nous avons organisé des réunions libres. Nous avons fait de notre mieux pour faire face à ces questions. Loin de moi l'idée de prétendre que nous pouvons être partout à la fois et parvenir à convaincre tout le monde. Il y a déjà longtemps que je fais partie de cette industrie et je ne me suis jamais attendu à faire l'unanimité. Ça n'est jamais arrivé.
La question est de savoir si nous avons fait tout ce qui est raisonnable en regard de l'activité que nous projetons.
Comme je le disais, si l'on part du principe que nous avons affaire à une substance faiblement radioactive, présentant un risque minime, on entreprend un certain type de consultation. Pour essayer de répondre au sentiment de la population, nous sommes allés plus loin encore.
Comme je le disais, je comprends parfaitement. Certains personnages publics, hautement considérés, ont fait part de préoccupations. J'espère, toutefois — et c'est ce que j'ai toujours espéré — que les Canadiens ont confiance dans le sérieux de l'organisme de réglementation actuel. Ce n'est pas parce que la CCSN est d'accord avec nous que j'ai fait copain-copain avec ses dirigeants. Ça n'a jamais été le cas et ça ne sera jamais le cas. Un bon titulaire de licence a besoin d'un solide organisme de réglementation. Ça a toujours été ainsi. Ça rassure le public. Ça nous rassure nous aussi, parce que nous savons où sont les limites. C'est ce que de bons règlements nous permettent de faire.
Comme je le disais, je pourrais vous parler pendant longtemps de la période radioactive des isotopes, mais je ne pense pas que je rendrais ainsi service au comité. Il a été question de toutes ces choses lors d'une audience de la commission.
Je suis ouvert pour répondre à toutes les questions et à toutes les préoccupations que vous avez et, si vous voulez que je parle science, je peux également le faire.
Je tiens à vous rassurer que tout ce que nous faisons repose sur une excellente politique environnementale. Il serait impossible d'appliquer une bonne politique environnementale qui mettrait les Canadiens en danger.
Nous sommes persuadés de pouvoir contenir ces générateurs de vapeur, de les conditionner pour leur transport et de les manipuler de façon responsable. C'est sur ces aspects, je crois, que nous avons été testés lors des audiences ayant porté sur la réglementation. Je crois que nous avons réussi ce test.
Merci.
:
Je crois que vous venez de poser trois questions...
L'hon. Denis Coderre: Vous pourrez y répondre, j'en suis sûr.
M. Duncan Hawthorne: ... alors, je vais commencer par la première.
Nous avons consulté dans les limites d'un cadre correspondant à nos intentions. Plus tard, la commission entendra les maires des municipalités avoisinantes, mais ces gens-là sont consultés dans le cadre des nombreuses activités normales que nous menons. Nous avons rencontré le conseil de comté. Nous lui avons expliqué ce que nous faisons. Nous avons demandé conseil aux ingénieurs responsables des routes pour déterminer le meilleur trajet à suivre. Nous leur avons demandé quelle serait la meilleure heure pour occasionner le moins de perturbations possible dans le cas du transport routier. N'oubliez pas que nous sommes tous des ingénieurs et des scientifiques et que nous abordons cette question sous l'angle de la science. Nous avons satisfait à toutes les normes réglementaires, mais nous ne voulons pas perturber la vie des collectivités. Nous les consultons davantage quand il est question de traverser les collectivités avec des convois exceptionnels. Telle a été la nature de nos consultations. Je suis certain que les maires eux-mêmes vous le diront.
Cependant, quand il est devenu apparent que l'expédition faisait problème, notamment pour la partie maritime, nous nous sommes rendu compte que nous étions face à un défi plus important sur le plan de la communication. Nous avons honnêtement pensé pouvoir régler une grande partie de ce problème de communication grâce à une audience d'une journée, ce qui est assez inhabituel je dois dire, organisée par la CCSN. De toute façon, c'était inhabituel en partant. À cause de la nature de l'entreprise, il aurait fallu obtenir la signature d'un fonctionnaire désigné. Je ne crois pas que cela soit ressorti dans l'intervention de M. Binder, mais si ce n'avait été du sentiment de la population et d'autres aspects, il n'y aurait jamais eu une journée d'audience qui s'est finalement transformée en deux journées. Nous voulions en fait donner suite aux préoccupations et à l'anxiété de la population et, comme je le disais tout à l'heure, nous voulions comprendre ce qu'il en était.
Nous avons cherché à mobiliser la population et, pour cela, nous avons eu recours à des sondages en ligne, sur notre site Internet. Pour être honnête, nous avons même récemment eu recours à quelqu'un qui a un meilleur accent français que moi et à mon directeur général du nucléaire, Norm Sawyer, afin qu'ils aillent rencontrer les francophones pour leur expliquer, beaucoup mieux que j'aurais pu le faire, ce dont il était question exactement. A-t-on abouti dans cet effort? Eh bien non.
Pour ce qui est de notre installation, à l'échelle locale, il faut commencer par reconnaître que nous sommes en présence de deux groupes. Premièrement, notre niveau d'activité ne justifierait pas la construction d'une installation qui s'occuperait de recycler les générateurs, parce que malgré ces grosses unités que vous apercevez, le niveau d'activité est trop faible. Il y aurait trop peu de travail et il ne serait pas raisonnable pour une entreprise comme la nôtre de se lancer dans ce genre d'aventure.
Deuxièmement, nous ne profiterions pas des pratiques exemplaires et de l'expérience d'une industrie installée. Il se trouve qu'une installation en Suède a déjà traité un grand nombre de types différents de générateurs de vapeur. Elle a acquis une certaine compétence en la matière. Ainsi, si nous devions tout créer ab initio, nous ne profiterions pas ce cette valeur ajoutée.
C'est pour toutes ces raisons que nous avons décidé d'agir ainsi.