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Je déclare la séance ouverte. Bonjour à tous.
Conformément au paragraphe 81(5) du Règlement, nous sommes ici aujourd'hui pour étudier le Budget supplémentaire des dépenses (C) de 2010-2011. Nous examinerons en particulier les crédits 1c, 5c, 15c et 25c sous la rubrique Ressources naturelles, qui ont été renvoyés au comité le mardi 8 février 2011.
Avant de donner la parole aux témoins, j'aimerais mentionner, comme vous le savez probablement tous, que le budget sera annoncé le 22 mars. Nous avions prévu tenir une séance du comité le 22 mars en après-midi.
Consentez-vous à ce que nous reportions cette séance après les autres réunions qui sont prévues?
Des voix: D'accord.
Le président: Nous accueillons aujourd'hui l'honorable Christian Paradis, ministre des Ressources naturelles. Il est accompagné de Serge Dupont, sous-ministre de Ressources naturelles Canada.
Bienvenue, monsieur le ministre. Nous sommes prêts à entendre votre déclaration préliminaire.
Allez-y, je vous prie, vous avez 10 minutes.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Je remercie également les membres du comité de nous avoir invités. Je suis accompagné de mon sous-ministre, M. Serge Dupont.
Je dois dire qu'il est remarquable de constater à quel point le temps passe vite. Il y a déjà près d'un an que j'ai témoigné devant ce comité. Aujourd'hui, j'ai l'honneur de présenter au comité le Budget supplémentaire des dépenses (C), et je me ferai un plaisir de répondre aux questions que les membres pourraient avoir à ce sujet.
Permettez-moi d'anticiper quelques-unes de vos questions. Je suis sûr que le comité a remarqué le financement supplémentaire proposé pour Énergie atomique du Canada limitée. Le comité sera sûrement heureux d'être mis au courant de l'évolution et de la restructuration d'EACL. Avec la permission du comité, je consacrerai aussi ma déclaration préliminaire à ce sujet ainsi qu'aux objectifs et aux initiatives de notre gouvernement en ce qui concerne EACL et l'ensemble de l'industrie nucléaire.
[Traduction]
Il ne fait aucun doute que la renaissance du nucléaire qui a suscité tant d'optimisme au cours des dernières années est plus lente que prévue. Par ailleurs, il existe des possibilités de projets de remise en état et de construction de nouvelles installations, qui permettront de produire de l'énergie de base propre sans émissions pendant des décennies, au Canada et dans le monde entier. Le gouvernement veut s'assurer que l'industrie nucléaire du Canada a la capacité nécessaire pour exploiter ces possibilités, tout en étant bien conscient de ses responsabilités à l'égard des contribuables canadiens.
La décision de restructuration d'EACL prise en 2009 permettra au gouvernement d'atteindre ces objectifs. Cette décision n'a pas été prise à la légère. Elle n'a été prise qu'après la réalisation de deux analyses distinctes et indépendantes, et elle est basée sur des objectifs stratégiques précis et valables. Les résultats des analyses étaient clairs: seuls des investissements axés sur le marché dans les activités commerciales d'EACL, c'est-à-dire CANDU Inc., pourraient créer une plateforme plus solide pour la croissance tout en protégeant les contribuables contre les risques inhérents au marché nucléaire. La restructuration était et est toujours un bon choix.
[Français]
Notre approche a été approuvée la semaine dernière par Luis Echávarri, directeur général de l'Agence de l'OCDE pour l'Énergie Nucléaire.
Devant un auditoire rassemblé à l'occasion de la conférence annuelle de l'Association nucléaire canadienne, il a dit qu'en ce qui concernait l'industrie nucléaire, il importait de séparer la responsabilité du secteur public, à qui incombait l'établissement d'un cadre de référence, de celle des investisseurs du secteur privé, et que la restructuration d'EACL nous mènerait dans la bonne direction.
[Traduction]
Il s'agit d'un processus complexe, qui prend plus de temps que prévu. En effet, EACL a été confrontée à plusieurs contretemps. Les retards et les dépassements de coûts aux centrales de Point Lepreau, Bruce et Wolsong sont bien connus. Ces problèmes ont eu des répercussions sur CANDU Inc. et ont nécessité un recours à l'argent des contribuables.
Dans le Budget supplémentaire des dépenses (C), le gouvernement propose un financement supplémentaire pour EACL. Je ne mâcherai pas mes mots: cette situation ne me plaît pas, mais il s'agit de notre responsabilité et non d'un choix. Le gouvernement du Canada honorera les contrats établis à prix fixe et assumera ses autres responsabilités à l'égard d'EACL. Il collabore avec EACL pour faire en sorte que la société ne retire pas plus de fonds que nécessaire, tout en respectant toutes ses obligations comme celle de maintenir les normes les plus strictes en matière de sûreté, de sécurité et de responsabilité environnementale.
Je crois comprendre que les autorités d'EACL sont ici pour parler de leurs efforts à cet égard. Néanmoins, étant donné les besoins de fonds actuels et précédents, il est évident que pour garder et créer des emplois, il faut restructurer EACL et la soumettre à une discipline de marché.
À l'avenir, nous ne pourrons plus exposer les contribuables aux risques liés aux futurs contrats. EACL n'a pas signé et ne signera pas de nouveaux contrats comportant des risques financiers importants pendant le processus de restructuration.
[Français]
Malheureusement, toute restructuration entraîne une période d'incertitude. Le gouvernement comprend l'incidence de cette incertitude sur EACL, ses employés, les syndicats et les fournisseurs de l'industrie nucléaire en général. Nous nous acheminons maintenant vers plus de certitude, tant pour les contribuables que pour l'industrie. Aujourd'hui, les projets de Bruce, de Wolsong et de Point Lepreau avancent bien, tout en respectant leurs échéanciers révisés.
En ce qui concerne Point Lepreau en particulier, l'échéancier est maintenant réaliste selon les conseillers indépendants que j'ai nommés, et nous attendons des résultats constructifs pour la remise en état de la centrale nucléaire Gentilly-2.
[Traduction]
Il y a d'autres possibilités à exploiter. L'Ontario a signalé un engagement concernant deux nouveaux réacteurs à Darlington. La semaine passée, encore une fois à la Conférence annuelle de l'Association nucléaire canadienne, Tom Mitchell, président et chef de la direction d'Ontario Power Generation, a déclaré que le nouveau nucléaire est sur le point de devenir une réalité en Ontario. Il a ajouté qu'Ontario Power Generation estime qu'il est justifié de continuer à utiliser la technologie de CANDU et, en particulier, de construire des réacteurs CANDU améliorés à la centrale de Darlington.
EACL évalue les possibilités de remise en état en Ontario et en Argentine. La société a aussi de solides relations en Roumanie, en Jordanie, en Chine et en Inde.
Autrement dit, les perspectives de CANDU Inc. sont encourageantes et je suis heureux de dire que notre équipe a entrepris des négociations confidentielles avec des investisseurs engagés. Même si des négociations de ce genre sont toujours difficiles et que leur réussite n'est jamais garantie, les deux parties sont bien conscientes qu'il n'y a pas de temps à perdre.
Pour conclure, je tiens à assurer les honorables membres du comité que notre gouvernement demeure engagé envers le secteur nucléaire du Canada. Le soutien et l'engagement du gouvernement ont toujours été évidents.
Il y a à peine quelques semaines, j'ai annoncé un projet important d'enlèvement de déchets radioactifs de faible activité dans le cadre de l'initiative de la région de Port Hope.
[Français]
Nous avons fait les investissements requis pour assurer la réparation et la remise en marche sécuritaire du réacteur NRU. Nous appuyons l'intention de EACL de renouveler le permis d'exploitation de ce réacteur jusqu'en 2016. En janvier, j'ai annoncé le financement de quatre grands projets visant à développer le potentiel des technologies cyclotron et d'accélération linéaire en vue de la production d'isotopes médicaux.
Sur le plan international, nous avons déployé des efforts sans précédent pour coordonner la chaîne d'approvisionnement mondiale en isotopes. Nous avons signé un accord de coopération nucléaire avec l'Inde et nous avons participé aux efforts de non-prolifération du président Obama. Nous étudions activement les possibilités pour le futur mandat et la gestion des laboratoires nucléaires d'EACL.
Je viens de vous présenter des initiatives de grande envergure ainsi qu'une preuve de notre confiance dans les gens et dans l'avenir de l'industrie nucléaire au pays.
Merci de votre attention. Je serai heureux de répondre aux questions.
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Merci, monsieur le président. Merci, monsieur le ministre.
C'est un peu triste pour vous. En effet, le ministère des Ressources naturelles ne fait pas partie des priorités du gouvernement. On aime mieux investir dans les prisons que dans les ressources naturelles, puisqu'on a réduit votre financement de 20 p. 100. On peut avoir de belles idées, mais en fin de compte, on regarde les chiffres et on voit des diminutions dans ce cas-ci de 928 millions de dollars. Vous êtes obligés de faire face à des compressions de 235,9 millions de dollars en coûts de fonctionnement. On élimine 457 millions de dollars en subventions, parce qu'on ne croît plus aux rénovations, et 235,6 millions de dollars en contributions. On va faire un peu le tour de ça ensemble. On va aussi parler d'Énergie atomique du Canada.
On a le pressentiment que le processus traîne un peu présentement. Le gouvernement de l'Ontario était prêt à acheter Énergie atomique du Canada. Vous avez un seul véritable acheteur, c'est-à-dire le regroupement de SNC-Lavalin et du Régime de retraite des employés municipaux de l'Ontario qui se sont associés pour ce projet.
Vous avez des problèmes avec l'Argentine parce que votre ministère aurait reçu un message très clair de la part de ses représentants qui ne sont pas très contents. Êtes-vous satisfait de la façon dont fonctionne l'appel d'offres présentement? Pourquoi le gouvernement de l'Ontario ne peut-il pas acheter cela?
D'autre part, pourquoi cela traîne-t-il autant?
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Merci, monsieur le président.
Bonjour messieurs Paradis et Dupont.
J'aimerais parler d'Énergie atomique du Canada limitée. Il y a une chose qui me surprend dans les crédits initiaux. Il y avait, pour 2010-2011, 102 millions de dollars. On s'aperçoit qu'avec les budgets supplémentaires (A), (B) et (C), on va arriver à un total de 872 millions de dollars pour EACL. Je me demande pourquoi vous êtes si loin de l'évaluation.
Les crédits des quatre dernières années ont été répartis comme suit: en 2007-2008, 212 millions de dollars; en 2009-2010, 841 millions de dollars. Comment peut-on être aussi loin? Selon moi, cela peut avoir un effet négatif sur le secteur privé qui voudrait acquérir cela. Cela donne l'impression qu'EACL est un trou sans fond. C'est l'impression que nous avons également.
D'autre part, je me préoccupe de la production d'isotopes. Comme vous le savez, ce comité a beaucoup suivi tous les problèmes du réacteur de Chalk River. Je me demande ce qui va se passer en cas d'échec. La prolongation de la licence a été autorisée jusqu'en 2016, mais qu'arrivera-t-il par la suite?
Vous avez investi dans d'autres formes de production d'isotopes avec les cyclotrons, mais ce ne sont pas des projets qui sont rendus à maturité.
J'ai des inquiétudes au sujet d'EACL et de ce qui va en rester une fois que vous aurez fait la restructuration. Vous avez dit que vous gardiez la production d'isotopes, mais les médecins de partout désirent être rassurés.
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En ce qui a trait au Budget principal des dépenses, les sommes supplémentaires que vous voyez sont distribuées par tranches. Nous sommes en cours de restructuration. Cela veut dire que ce qui était dans le Budget principal des dépenses correspondait aux crédits budgétaires normaux pour le fonctionnement usuel.
Il y a deux facettes aux coûts. Premièrement, dans le cas du CANDU, il y a eu des dépassements de coûts à cause de la réfection. En effet, quelque 418 millions de dollars ont dû être dépensés pour la réfection des différents réacteurs. Lorsque nous fonctionnons par tranches, plus vite la transaction sera conclue, plus vite on sera en mesure d'avoir de meilleures prévisions.
Cependant, une chose est certaine, et c'est lié à votre autre question relativement au secteur privé. Quoi qu'il advienne, des contrats ont été signés par le gouvernement et nous honorerons nos obligations. C'est pourquoi j'ai demandé à deux experts de se pencher notamment sur le cas de Point Lepreau. Nous voulons qu'il y ait des évaluations financières et des évaluations de projets afin d'obtenir des estimés plus concluants que par le passé.
Pour ce qui est de la deuxième facette, il y a eu des investissements massifs au cours des dernières années dans les laboratoires de Chalk River. Nous savons qu'il y a eu une vérification faite par la vérificatrice générale en 2007. Elle disait que ce laboratoire était dans un piètre état. Le rôle du gouvernement était de débourser des sommes d'argent pour rattraper le temps perdu, car il n'y a pas eu assez d'investissements par le passé. Nous les avons donc remis dans un état approprié. C'est ce que qui explique le coût de ces sommes supplémentaires.
Vous avez aussi parlé d'isotopes. Nous partageons votre préoccupation relativement au fait que le NRU a dû cesser de fonctionner. Nous avons vu la fragilité de la chaîne d'approvisionnement. C'est pourquoi nous avons demandé à d'autres pays d'avoir un groupe de coordination pour discuter comment mieux planifier l'approvisionnement d'isotopes. Nous savons que cela venait de cinq réacteurs qui ne sont pas récents, qui sont vieux.
D'autre part, nous avons dit que nous débourserons les sommes voulues pour que les réacteurs soient en fonction et qu'il y ait une autre licence jusqu'en 2016, en plus de chercher des méthodes alternatives. Cela explique pourquoi nous avons fait des investissements de 45 millions de dollars pour étudier la faisabilité de continuer et de pousser pour la production d'isotopes, que ce soit sous forme de cyclotrons ou d'accélérateurs nucléaires, qui génèrent peu ou presque pas de déchets. C'est une méthode alternative qui est très prometteuse et nous continuons d'investir dans ce sens.
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Oh! monsieur le président, interrompre un ministre, ça paraît mal.
Bonjour.
L'hon. Christian Paradis: Bonjour.
M. Nathan Cullen: Les chiffres que nous avons sous les yeux sont énormes. Cette année, le budget prévu est dépassé de 190 p. 100. L'an dernier, il l'était de 140 p. 100. En 2008-2009, il l'était de 84 p. 100. C'est près d'un autre milliard de dollars injecté dans l'industrie nucléaire, après le montant de près d'un milliard de dollars l'an dernier.
Pour être honnête, monsieur le ministre, je suis un peu surpris que vous ne soyez pas plus en colère que ça, puisque vous êtes responsable de ce dossier et que vous êtes censé gérer les sommes qui y sont injectées. On a dépassé le budget prévu de 190 p. 100, et après des années de dépassement budgétaire...
Je croyais que vous auriez un message différent à nous transmettre aujourd'hui, à transmettre aux Canadiens, et que vous mettriez un frein aux dépenses. On parle d'une société que vous essayez de vendre. Je suppose que les Canadiens sont perplexes parce que vous essayez de vendre quelque chose et ils se demandent s'il y a des chances que le Canada puisse récupérer ne serait-ce qu'une fraction de ce qu'il investit dans EACL en ce moment.
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Vous savez, la colère est... Je suis en colère, mais je ne sais pas à quel point c'est utile de montrer ici que je suis en colère. Je dois être en mode solution et c'est là où j'en suis actuellement.
Ça montre que nous devons restructurer cette société; CANDU doit sans contredit être restructurée. Un contrat de remise en état a été signé dans le passé. Nous avons dépassé les coûts prévus et accumulé des retards.
Je ne suis pas un professionnel, alors quand j'ai été nommé ministre, je me suis assuré que des professionnels étaient là pour surveiller ce qui se produisait sur les sites. Nous avons revu les échéanciers et je suis convaincu que nous avons maintenant...
[Français]
On a des échéanciers plus réalistes.
[Traduction]
Nous allons surmonter la situation. Nous savons mieux où nous allons avec cela.
Mais pour ce qui est d'être en colère, oui, je suis en colère. C'est pourquoi il est évident que nous devons restructurer cette société dès que possible.
Je veux dire, en disant qu'il s'agit d'une vente de feu... ce n'est pas une vente de feu. Nous pouvons conclure une bonne entente qui sera utile pour tous. Mais pour l'instant, en ce moment même, le fardeau est sans contredit trop lourd pour les contribuables et nous devons mettre fin à cette situation dès que possible.
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Je vais en faire un bon usage, monsieur le président.
Je vais commencer par remercier les membres du comité de m'accueillir puisque d'habitude, je préside le Comité permanent des langues officielles. Je vais d'abord aborder ce sujet, monsieur le ministre. Je veux simplement mentionner qu'on a eu l'occasion de recevoir des représentants de votre ministère en comité, dont votre sous-ministre, M. Dupont. Je veux vous féliciter des efforts que votre ministère a fournis afin d'appliquer la loi à la suite du dernier rapport du commissaire aux langues officielles. Ce qui nous a fait le plus plaisir a été d'apprendre qu'il fallait que les notes de breffage en anglais pour le ministre soient traduites en français. Je dois vous dire que cette information a fait sourire les membres du comité.
Cela dit, je vais revenir à votre présentation. Il y a deux éléments, monsieurle ministre, qui m'ont frappé. Le premier concerne la restructuration d'Énergie atomique du Canada. Je suis heureux de voir que la direction que vous avez prise, c'est-à-dire de privatiser — si on peut le dire ainsi — Énergie atomique du Canada est celle approuvée par M. Luis Echávarri, le directeur général de l'Agence de l'OCDE pour l'Énergie Nucléaire. Cela veut donc dire qu'on est sur la bonne voie et que c'est la chose à faire. Il a dit clairement que cela va apporter des occasions d'affaires à EACL et qu'on ne va pas se retrouver, comme vous l'avez dit tout à l'heure, avec des contrats qui ne sont pas rentables et dont, finalement, les contribuables doivent assumer les coûts. Je crois que M. Cullen et Mme Brunelle ont comparé cela à un trou sans fond. À mon avis, vous êtes vraiment sur la bonne voie pour colmater les brèches.
Un deuxième sujet intéressant de votre allocution est celui des réacteurs nucléaires. M. Coderre mentionnait que l'Ontario se montrait intéressée à acheter des réacteurs nucléaires CANDU avancés. J'ai même vu aux nouvelles que l'Argentine considère cette possibilité. C'est encourageant de ce côté. Vous avez également confirmé cet après-midi que des négociations sont en cours. C'est donc de bon augure. Je pense que le sujet a été bien couvert.
Monsieur le ministre, j'aimerais vous parler de développement durable. Dimanche dernier, vous avez annoncé le financement de plusieurs projets dans le domaine des énergies renouvelables. J'aimerais connaître exactement la nature des derniers investissements et, en même temps, vous entendre au sujet du principe de fiscalité neutre. On sait qu'il est possible, dans le cadre d'un programme, de facturer des frais pour des mesures coûteuses, par exemple sur le plan énergétique, et de distribuer les revenus parmi ceux qui économisent l'énergie.
Parlez-nous, s'il vous plaît, des mesures que vous avez annoncées en ce qui concerne les énergies renouvelables et de votre plan en vue de faire du Canada une superpuissance en termes d'énergies propres.
:
Merci, monsieur le président. Bonjour madame Brunelle et messieurs.
Au nom d'EACL, il me fait plaisir d'être ici pour discuter du Budget supplémentaire des dépenses (C). Je voudrais vous présenter M. Kent Harris, directeur général des finances d'EACL.
[Traduction]
Avec un effectif d'environ 5 000 employés, EACL compte deux divisions opérationnelles: la Division Réacteurs CANDU, qui s'occupe des activités commerciales, et les laboratoires nucléaires, qui sont chargés de la recherche et du développement.
La division Réacteurs CANDU conçoit et construit des centrales électriques. Elle offre toute une gamme de produits, de services et de soutien d'ingénierie aux sociétés de services publics exploitant l'énergie nucléaire. Ses laboratoires nucléaires, situés à Chalk River, en Ontario, ont trois missions principales: la production d'isotopes médicaux, la recherche et le développement dans le domaine du nucléaire et la gestion des déchets nucléaires.
Comme le ministre l'a souligné, le gouvernement poursuit son processus visant à se départir de la Division Réacteurs CANDU. De notre côté, nous avons entrepris les préparatifs en vue de diviser EACL en deux entités. EACL met l'accent sur un certain nombre de priorités en vue de mettre en oeuvre les politiques du gouvernement, d'assurer le maintien des activités et satisfaire aux exigences en matière de santé, de sécurité et de réglementation.
À Chalk River, ces priorités englobent la prolongation de la période de validité du permis d'exploitation du site jusqu'en 2016, la mise en oeuvre du Programme de fiabilité de l'approvisionnement en isotopes, la mise en oeuvre du Projet Nouveau départ visant à améliorer les installations vieillissantes et la mise en oeuvre du Programme des responsabilités nucléaires héritées visant à gérer de façon sécuritaire les déchets historiques.
EACL travaille activement la préparation d'une demande de renouvellement du permis d'exploitation pour le site de Chalk River pour une période de cinq ans qu'elle présentera à la Commission canadienne de sûreté nucléaire à l'automne. Notre plan de renouvellement de permis progresse comme prévu et respecte le protocole convenu avec la CCSN. Le Programme de fiabilité de l'approvisionnement en isotopes est obligatoire si on veut que EACL continue de produite des isotopes jusqu'en 2016. Ce programme va garantir l'exploitation fiable, sûre et efficace qui respecte les normes modernes et le processus d'octroi de permis.
Le Projet Nouveau départ est un programme d'amélioration de l'infrastructure à long terme conçu pour assurer la sûreté et la sécurité en ce qui a trait à toutes les missions de Chalk River. Comme vous êtes nombreux à le savoir, puisque vous avez cité nos installations l'an dernier, l'exploitation continue et sécuritaire des laboratoires de Chalk River, établie en 1940, comme le plus grand centre de recherche nucléaire au Canada, nécessite un investissement permanent de taille.
L'infrastructure du site de Chalk River comprend des installations permettant la recherche nucléaire et la production d'isotopes médicaux et industriels. Elle comprend des installations nécessaires à l'exécution d'activités de gestion des déchets et de déclassement. Le site regroupe non seulement les installations spécialisées et des laboratoires où l'on traite des substances radioactives, mais aussi une installation de chauffage, un poste électrique extérieur ainsi que des installations d'épuration et de traitement de l'eau potable.
Les dépenses associées au Programme Nouveau départ dépasse ce qu'il est possible de gérer à l'intérieur du niveau de référence d'EACL. Elles englobent la construction de bâtiments de stockage modulaire en surface blindés pour les déchets faiblement et moyennement radioactifs, la remise en état des installations blindées ou des cellules chaudes ainsi que la mise à niveau du poste électrique extérieur pour en assurer l'exploitation sécuritaire et la conformité au code.
Le site de Chalk River gère de façon sécuritaire les déchets produits pendant les activités actuelles de même que les déchets historiques du Canada. EACL procède à la mise en oeuvre du Programme des responsabilités nucléaires irrités de 70 ans, et nous sommes sur le point de terminer le complexe de conditionnement et de stockage de combustible, qui constitue une étape importante.
Je suis fier d'annoncer que, le mois dernier, l'Association mondiale des exploitants de centrales nucléaires, qui regroupe les exploitants de plus de 400 centrales électriques dans le monde entier, a accepté le réacteur NRU à Chalk River comme membre à part entière. C'est la première fois qu'un réacteur de recherche devient membre de cette association, ce qui procure à EACL l'accès à un rigoureux processus d'examen par les pairs ainsi qu'à d'importantes connaissances et expériences liées à l'exploitation. EACL pourra ainsi renforcer sa culture de sûreté en misant sur des pratiques exemplaires observées dans le monde.
En ce qui a trait au Budget supplémentaire des dépenses (C), EACL s'est vu attribuer 175,4 millions de dollars. C'est moins que ce à quoi nous nous attendions au début de l'exercice, puisque nous avons amélioré notre capacité de prévoir les dépenses de projets et que l'incertitude technique a diminué. Je tiens à préciser que le financement versé à EACL pour le présent exercice financier ne tient pas compte d'un exercice complet en raison de la restructuration en cours. C'est donc ce qui nous amène à demander des fonds supplémentaires à ce moment-ci, et non pas des changements apportés à notre plan.
Le conseil d'administration d'EACL et les comités interministériels examinent soigneusement et minutieusement les demandes de financement d'EACL. Le Budget supplémentaire des dépenses (C) prévoit des fonds pour assurer la production d'isotopes au moyen du réacteur NRU, qui fonctionne à plein régime et répond à toutes les demandes de mise à niveau sur le plan de la santé, de la sûreté, de la sécurité et de l'environnement pour satisfaire aux nouvelles normes de réglementation afin de poursuivre les activités de conception et de développement de la technologie du réacteur CANDU, d'appuyer les projets de prolongation de la vie utile et de contribuer à la restructuration et aux coûts qui s'y rattachent.
La direction d'EACL s'est engagée à prendre des mesures pour traiter d'une manière plus efficace des risques inhérents à nos projets et à nos programmes.
Nous avons entrepris de mettre en oeuvre les recommandations formulées à l'issue de divers examens indépendants, et d'améliorer nos processus de gestion interne.
J'aimerais maintenant prendre quelques instants pour vous présenter un tour d'horizon de haut niveau des activités d'EACL. Les projets de prolongation de la vie utile entrepris du côté de Bruce Power en Ontario et à Wolsong en Corée devancent les dernières prévisions, autant du point de vue du calendrier d'exécution que des coûts. EACL aura achevé l'ensemble des travaux qui lui ont été confiés dans le cadre des deux projets avant le milieu de l'année.
Au Nouveau-Brunswick, le projet de Point Lepreau n'accuse aucun retard ni dépassement de coût par rapport aux dernières prévisions établies en septembre 2010. Nous sommes déterminés à mener à bien l'ensemble des travaux prévus dans le cadre de ce projet d'ici mai 2012. Bien qu'Hydro-Québec ait rajusté le calendrier pour l'exécution du projet G2, nous sommes prêts à procéder au retubage et à la remise à neuf du réacteur Gentilly-2 près de Trois-Rivières.
Bien entendu, comme vous le savez certainement, les projets de prolongation de la vie utile sont très complexes. Ils nécessitent la création de systèmes et de technologies gigantesques et innovants, la formation complète des travailleurs spécialisés et l'acquisition d'équipements et de matériaux hautement sophistiqués. Comme pour la plupart des technologies et projets inédits, les problèmes imprévus posent un risque. Toutefois, nous avons surmonté des défis techniques considérables dans le cadre de ces projets et nous nous servons des connaissances et de l'expérience acquises comme d'un tremplin vers un avenir meilleur. Notre objectif est d'instaurer une véritable culture de haut rendement. Nous achèverons notre projet actuel de prolongation de la vie utile en toute sécurité et en portant toute l'attention voulue à la qualité, et les clients reprendront possession de ces réacteurs en vue de produire de l'électricité propre et fiable pour les 25 prochaines années ou plus encore.
Pour ce qui est de la commercialisation des réacteurs CANDU, nous demeurons actifs tant dans le marché des nouvelles constructions que dans celui de la prolongation de la vie utile, au Canada comme à l'étranger. Nos activités courantes dans le domaine des services nucléaires, qui appuient le parc de réacteurs CANDU partout dans le monde, sont non seulement énergiques, mais elles permettent d'accomplir un travail utile pour nos clients. Nous avons pour objectif soutenu de promouvoir aux quatre coins de la planète la technologie canadienne CANDU, dont la renommée n'est plus à faire, en mettant l'accent sur les caractéristiques qui lui sont propres, dont la souplesse du cycle du combustible et l'uranium naturel.
Merci beaucoup, monsieur le président.
Ceci met fin à mon bref survol d'EACL. Nous serons heureux de répondre à vos questions.
:
Monsieur MacDiarmid, je suis heureux de faire votre connaissance.
[Français]
Vous savez que c'est une situation extrêmement complexe et sérieuse. Lorsqu'il est question d'énergie atomique, un choix de société est fait. Une des raisons pour lesquelles on pense qu'il ne faut pas que cela se fasse à la vitesse d'une vente de feu — et les gouvernements libéraux précédents ont investi dans ce secteur —, c'est justement parce que c'est un investissement. Il est un peu triste de constater que le gouvernement veut procéder rapidement et on n'est pas certains de la manière dont les choses se passent présentement. J'ai quelques questions à vous poser.
Je vous parlerai d'abord de la situation des employés. Vous avez dit, avec raison, qu'il faut protéger les emplois, que vous avez encore des contrats à respecter, qu'il est essentiel d'avoir cette expertise et qu'il ne faut pas la perdre. Or, dans votre plan de ressources du 25 janvier 2011, on peut constater que d'ici 2013, le nombre d'ingénieurs va passer de 859 à 340. Cela veut dire qu'au bout du compte, il y aura des dommages collatéraux, c'est-à-dire que nous, comme Canadiens, subirons une perte qui peut avoir un impact sur l'expertise même d'Énergie atomique du Canada. N'est-il pas un peu difficile de ne pas croire qu'on se débarrasse présentement d'un acquis, de quelque chose d'important pour les Canadiens? De plus, des emplois seront perdus. Cette décision de réduire davantage le personnel a été difficile à prendre, je suppose?
:
Parlons un peu de l'Argentine, car il s'agit d'un projet que je trouve extrêmement nébuleux voire problématique, la procédure de vente actuelle étant plutôt laborieuse.
Les Argentins semblent prêts à signer un accord pour la remise en état du réacteur, et le contrat représente à peu près 500 millions de dollars. Ils ont même dit qu'ils étaient prêts à assumer une part des dépassements de coûts, le cas échéant. Or, d'après ce qu'ils nous ont dit, ils envisagent maintenant de poursuivre le gouvernement canadien pour l'obliger à respecter le contrat.
Je n'ai jamais vu ça. Ces gens-là veulent que vous fassiez le travail. Vous devez faire face à pas mal de restrictions si vous êtes incapables de signer un contrat qui vous rapporterait beaucoup d'argent et sur lequel vous feriez beaucoup de bénéfices. En plus, cela augmenterait la valeur commerciale de votre organisation, nous pourrions employer nos propres équipes dans ce projet argentin, et nous pourrions consacrer la majeure partie de ces 500 millions de dollars à des programmes pour les Canadiens.
Pourquoi donc ne signez-vous pas le contrat? Le ministre nous a dit que rien ne vous empêchait de le signer. L'Argentine veut que vous le signiez, et elle est prête à assumer une partie des dépassements de coûts. Qu'est-ce que vous attendez, bon sang? Qu'elle vous intente des poursuites pour exécuter le contrat?
C'est ce que notre comité essaie de comprendre, et c'est ce que les Canadiens essaient de comprendre eux aussi.
Le gouvernement a annoncé certaines choses, mais ensuite il a fait le contraire. Par exemple, il a annoncé, par la bouche même du , qu'il allait cesser de produire des isotopes. Le ministre a dit, tout comme son prédécesseur depuis longtemps, que nous voulons vendre EACL au meilleur prix possible — , mais en attendant, cela vous empêche de signer des contrats qui augmenteraient la valeur de la vente d'EACL.
Nous avons investi 22 milliards de dollars, en dollars de 2009, dans EACL depuis 60 ans. C'est une somme importante, dont nous aimerions bien tirer quelque chose. Le fait de vous empêcher de signer des contrats me semble tout à fait contraire à une valorisation optimale de la société, qui est pourtant dans l'intérêt des contribuables canadiens.
:
Nous avons bien l'intention de continuer à assurer une production régulière d'isotopes pour nos différents clients. Nous n'avons pas le contrôle de la commercialisation, car elle se fait par l'intermédiaire de notre distributeur. Nous avons dit très clairement que nous devions retrouver notre réputation de fournisseur fiable avant de pouvoir revenir à nos niveaux de production antérieurs ou même les dépasser. C'est ce à quoi nous nous employons. Notre production hebdomadaire et mensuelle d'isotopes est en augmentation, et nous espérons que cela va continuer.
La production d'isotopes n'est pas la seule activité et le seul objectif de Chalk River. Nous devons aussi assurer le fonctionnement du Centre canadien de faisceaux de neutrons et l'encourager dans son rôle auprès des communautés de chercheurs scientifiques et universitaires, sans oublier les services d'appui qu'il assure à tous les réacteurs CANDU du monde entier. Nous faisons des recherches très importantes avec les propriétaires de réacteurs CANDU et avec les entreprises de services publics.
Bien sûr, il y a aussi toute la question de la gestion des déchets, qui est un autre programme très important. Nous sommes fiers des réalisations de notre équipe. Nous sommes reconnaissants au gouvernement du Canada de continuer à financer ce genre d'activité, dont la nature est essentiellement pré-commerciale, car il s'agit là d'une utilisation appropriée des deniers publics. Il est clair que nous préparons l'avenir.
À ce propos, j'aimerais vous dire combien je suis heureux que nous ayons réussi à recruter un nouveau directeur des laboratoires, M. Bob Walker, qui vient de Recherche et développement pour la défense Canada, où il était directeur du centre de recherche pour la défense. Il est extrêmement qualifié, et a une longue expérience de la direction d'un laboratoire. Nous avons réussi à le recruter en raison du grand potentiel des installations de Chalk River.