Que cette Chambre condamne la décision du gouvernement de prolonger unilatéralement la mission canadienne en Afghanistan jusqu’en 2014, reniant ainsi deux promesses faites à la population, soit celle faite en Chambre le 10 mai 2006 et réitérée dans le Discours du Trône de 2007 de soumettre à un vote du Parlement tout déploiement militaire et celle faite le 6 janvier 2010 de faire de la mission en Afghanistan une mission strictement civile après 2011, sans présence militaire autre que la garde nécessaire à la protection de l'ambassade.
— Monsieur le Président, j'aimerais d'abord remercier le chef du Bloc québécois qui m'a permis de présenter cette motion au nom de notre parti. Au fond, c'est presque un peu dramatique, car on est maintenant obligés de faire en sorte que ce soit le Bloc québécois qui doit amener le véritable débat sur les enjeux de l'Afghanistan. Cela fait maintenant une dizaine d'années que ces enjeux sont devant nous. Bizarrement, le Bloc québécois est maintenant obligé de déposer une motion qui forcera le vote et le débat sur la question qui est devant nous aujourd'hui.
J'ai l'intention de démontrer que le et le Parti conservateur ont induit la Chambre en erreur, entre autres en reniant leur parole. Je citerai des extraits absolument explicites tout à l'heure. Je vais aussi réaffirmer, en conclusion, que pour la troisième fois de suite, le Bloc québécois s'objectera à la prolongation du volet militaire en Afghanistan, et ce, pour toutes sortes de raisons, entre autres parce que le fardeau avec les nations de l'OTAN est mal partagé.
Avant de commencer, j'aimerais décrire un peu, pour le bénéfice de ceux qui nous écoutent, comment je perçois le travail d'un député. D'abord, un député est quelqu'un qui est élu par sa population et qui a un quotient électoral, comme on l'appelle dans le langage politique, d'environ 100 000 personnes. C'est la même chose pour les députés de chacun des 308 comtés au Canada.
Le candidat va en campagne électorale. J'ai moi-même fait six campagnes électorales, donc je suis bien placé pour en parler. Une campagne électorale, c'est difficile, car on lutte contre des adversaires ayant des idées différentes des nôtres. Finalement, c'est la population qui décide quel candidat sera envoyé à la Chambre des communes. C'est donc le peuple qui choisit son représentant. Le peuple n'a pas le temps de suivre la politique au jour le jour, donc il fait confiance à la personne qu'il a déléguée et élue et non pas seulement au premier ministre et aux ministres.
En tant que député de , je suis redevable à la population de Saint-Jean et je dois lui rendre des comptes. Lorsque viendra le temps d'une prochaine élection, c'est cette population qui devra, encore une fois, établir si j'ai fait un bon travail, si j'ai respecté ses volontés, si je suis allé dans la direction qu'elle voulait, si je l'ai défendue quotidiennement ici, à la Chambre des communes.
Le jour de l'élection, lorsque les résultats sont connus, chacun des 308 élus au Parlement est donc frappé de la légitimité du peuple. D'ailleurs, l'expression latine assez populaire Vox populi, vox Dei soutient que la voix du peuple est la voix de Dieu. La voix de Dieu s'est donc fait entendre lors de cette journée, car le peuple du comté de Saint-Jean a décidé que je serais leur député. Chacun des 308 députés de la Chambre des communes a aussi reçu cette légitimité.
On se transporte donc dans l'arène populaire, soit la Chambre des communes, là où se déroulent les débats, où on décide de débattre démocratiquement, avec le choc des idées que cela produit et où on doit non seulement débattre, mais aussi voter sur les différente mesures législatives. Voter est important, car un vote représente normalement les intérêts de notre population — dans mon cas, c'est le comté de Saint-Jean, alors que pour mes collègues, c'est ailleurs — et reflète aussi l'avis parfois contradictoire d'autres collègues. Naturellement, c'est la règle de la majorité qui s'applique. Donc, à la fin, il faut que la minorité se range du côté de la majorité. Or, à la Chambre des communes, on a toujours l'opportunité de débattre, de tenter de ramener des débats et de voir les choses différemment avec l'évolution de l'actualité. Cela m'apparaissait donc important de le mentionner.
Quand on arrive à la Chambre des communes pour la première fois, on reconnaît certaines choses. En ce qui me concerne, je reconnais que le a des pouvoirs, qu'il a beaucoup de pouvoirs, mais je ne reconnais pas qu'il a tous les pouvoirs. Cela est bien différent. À certains moments, le premier ministre doit partager son avis et son pouvoir avec le reste de la Chambre. Je pense que le débat qui est devant nous aujourd'hui mérite que la Chambre en soit saisi. Comme je l'ai dit en commençant mon allocution, c'est le Bloc québécois qui finit par amener ce débat et non le premier ministre, qui invoque toutes sortes de raisons que je repousserai tout à l'heure.
J'ai dit plus tôt que le gouvernement avait renié sa parole. J'ai justement six extraits où il est très explicite qu'on ne devait pas aller dans la direction qui a été adoptée à Lisbonne. Je vais donner des exemples.
En janvier 2010, voici ce que le disait:
[Traduction]
Nous ne participerons pas à des activités qui nécessitent une présence militaire, exception faite des gardiens qui assurent la protection des ambassades. Par conséquent, il s'agira dorénavant d'une mission purement civile.
[Français]
Il était clair que le volet militaire prenait fin.
Quelques mois plus tard, le disait:
Monsieur le Président, ma réponse est la même que celle que j'ai donnée la semaine dernière et que celle que je donnerai la semaine prochaine: la mission militaire du Canada en Afghanistan se terminera en 2011, selon une résolution adoptée par le Parlement. Nous avons l'intention de continuer à nous impliquer en Afghanistan quant au développement, à la gouvernance et à l'aide humanitaire. Nous invitons l'opposition à nous faire part de leurs idées à l'avenir sur cette mission.
Encore une fois, c'est très explicite: il n'y aura plus de volet militaire.
Le 11 avril dernier, c'est le qui s'exprime au sujet de la formation de l'armée afghane:
Après 2011, la mission militaire ne se poursuivra pas. [...] Ce que nous ferons dans le domaine de la formation sera essentiellement dans le secteur policier [donc civil]. Et cela représente une composante essentielle de la sécurité en Afghanistan. [...] Soyons clairs, en ce moment, c'est de la pure spéculation. Nous parlons à un an du retrait des Forces canadiennes.
Il est intéressant de noter que le s'objectait aussi à un vote à la Chambre:
[Traduction]
Nous avons indiqué clairement que nous n'aurons plus de présence militaire en Afghanistan après 2011. Par conséquent, il n'est pas nécessaire de tenir un débat à la Chambre.
[Français]
C'est assez clair: le volet militaire se terminera. En décembre 2009, le Chef d'état-major de la Défense disait ceci:
Les opérations militaires doivent cesser en juillet 2011, tel que le stipule la motion adoptée par la Chambre des communes. Pour nous, quand on parle de « militaires », ça veut dire tous les militaires, ce qui inclut les soldats au sein de l'Équipe de reconstruction provinciale, les soldats qui protègent nos civils et ceux qui entraînent les forces afghanes. On prévoit ramener tous les soldats au pays.
On a été extrêmement surpris d'entendre des rumeurs selon lesquelles on garderait de 950 à 1 000 soldats en Afghanistan. Malgré toutes ces déclarations faites au cours de l'année, c'est le contraire qui s'est produit. C'est pour cette raison qu'on dit que le et le gouvernement conservateur ont renié leur parole. C'est ce qui nous a amenés au débat d'aujourd'hui.
Le Bloc québécois réitère que le pouvoir de déployer des troupes est extrêmement important et que le doit partager ce pouvoir avec la Chambre des communes. Le Bloc et moi-même avons affirmé à de multiples reprises que c'est à la mission que le gouvernement veut développer que nous nous en prenons. Nous ne nous en prenons pas aux militaires, qui sont sous les ordres des autorités civiles.
J'ai côtoyé des militaires à plusieurs reprises. Je suis allé en Bosnie avec le Royal 22e Régiment et je suis allé trois fois en Afghanistan. Je peux donc réaffirmer haut et fort que les militaires font un travail extraordinaire. Ce n'est pas à eux qu'il faut s'en prendre. On s'oppose au type de mission et à la façon dont les opérations sont menées en Afghanistan avec ce gouvernement. C'est pour cela que nous devons forcer un débat aujourd'hui.
En tant que porte-parole, je suis appelé non seulement à évaluer la mission, mais aussi à étudier les budgets et à déterminer s'il faut déclarer la guerre ou la paix. Et c'est une responsabilité que partagent tous mes collègues. C'est une responsabilité qui doit revenir au Parlement et à tous les députés qui siègent à la Chambre.
À plusieurs reprises, on a dénoncé le fait que le gouvernement ait procédé en inversant les politiques. Il a acheté énormément de matériel militaire. On n'est pas nécessairement contre cela, mais on aurait aimé qu'il le fasse dans le cadre d'un plan beaucoup plus structuré. Ce gouvernement nous amène dans une direction très militariste, ce qui a d'ailleurs commencé sous le règne de ses prédécesseurs, les libéraux. Maintenant, il n'y a presque plus de missions de paix.
Quand on achète des avions de transport stratégiques et tactiques, des véhicules blindés ou d'autre matériel militaire, il faut bien que cela soit dans un but précis. Pourquoi achetons-nous ce matériel?
La Stratégie de défense Le Canada d'abord a été établie, mais ce n'est pas une politique du ministère des Affaires étrangères. Il aurait fallu que le gouvernement propose une politique des affaires étrangères décrivant ce que veut faire le Canada. Il y a un bras là-dedans, soit la Défense nationale, qui fait partie de la politique étrangère. Il faudrait dire ce que l'on veut que les Forces canadiennes fassent dorénavant et on pourrait acheter le matériel en conséquence.
Malheureusement, le gouvernement a inversé l'importance de la démarche que je viens de décrire. Il a commencé par acheter du matériel, puis il prévoit l'utiliser en Afghanistan ou ailleurs, on ne sait pas trop où. Il n'y a pas de politique d'affaires étrangères claire. On est dans le vide et un danger nous guette. Ne va-t-on pas dire que maintenant qu'on a acheté 50 ou 60 milliards de dollars de matériel militaire, il faut se doter d'une politique permettant de rentabiliser ces achats? Il aurait fallu procéder de façon inverse.
Le Bloc québécois s'objecte à la mission comme telle. Depuis longtemps, des délégations sont envoyées dans des instances de l'OTAN, et je suis l'un des premiers à prendre la parole à ce sujet. Il aurait été important que l'OTAN partage le fardeau de l'opération militaire en Afghanistan. Je suis allé trois fois en Afghanistan. Je suis allé dans le nord, où j'ai circulé avec les forces allemandes, et je peux dire qu'il n'y a presque rien qui s'y passe.
Le problème est dans le Sud. C'est là que les Canadiens sont actuellement cantonnés, comme ils le sont depuis plusieurs années. On demande souvent aux instances de l'OTAN s'il y aurait moyen de partager le fardeau de façon plus équitable car cela coûte cher en vies humaines, mais aussi financièrement, pour soutenir un théâtre des opérations comme celui de Kandahar, qui se trouve de l'autre côté de la planète. Il faut y transporter le matériel et monter tout cela. Les coûts sont astronomiques, et certains commencent à dire que cela nous aura coûté 20 milliards de dollars lorsqu'on aura fini notre opération là-bas.
Les points cardinaux sont importants en Afghanistan, et les troupes canadiennes sont dans le fief des talibans. Ce sont elles qui subissent les pertes les plus élevées par habitant. On est en train de perdre ce conflit. Les chartes qui nous sont données par l'OTAN et par l'ONU nous montrent qu'il y a actuellement une escalade importante du conflit. C'est pourquoi, au Bloc québécois, on dit que les Forces canadiennes en ont assez fait. Maintenant, ce serait aux autres de prendre la relève. On pourrait se contenter d'une mission policière, d'une mission de développement et d'une mission diplomatique, ce qu'on néglige souvent. Ici, on entend beaucoup plus parler du volet militaire que d'autre chose.
Le gouvernement nous dit que nos forces seront derrières les barrières à entraîner les soldats. J'ai vu cela quand je suis allé en Afghanistan, j'ai vu l'entraînement derrière les barrières. Or un entraînement, c'est plus que cela. On ne peut pas se contenter de leur montrer le fonctionnement d'un cran de sécurité. C'est pas mal plus compliqué que cela. On ne peut pas se contenter d'un cours théorique. Il doit être associé à un cours pratique. Depuis que j'ai entendu dire qu'on allait les installer à Kaboul et qu'ils n'auraient pas à aller sur le théâtre des opérations, j'ai souvent eu des doutes là-dessus. Et qui donc m'a donné raison la semaine passée? Le général Rick Hillier, l'ancien chef d'état-major. Voici ce qu'il dit à propos de la formation militaire sans participer à des combats:
[Traduction]
On peut imaginer toutes sortes de scénarios pour se cacher dans un camp et former des recrues pour l'armée afghane, mais ils ne sont pas crédibles. Si vous participez à la formation et au perfectionnement de l'armée afghane, vous vous trouvez en situation de combat.
[Français]
Quand on entraîne, la première étape consiste à montrer comment épauler, tirer et se mettre en position de base. Après, c'est comme une pratique de hockey. C'est facile durant la pratique, mais quand on joue une vraie partie, c'est autre chose. Dans quelques années, on apprendra que des mentors accompagnaient les troupes sur le théâtre d'opération. C'est dans le feu du combat qu'il faut corriger les mouvements et les stratégies. Si on n'est pas là, on ne sait pas ce qui se passe. Le général, lui aussi, dit qu'une formation sera amputée si les mentors ne suivent pas leurs élèves sur le théâtre d'opération. Voilà pour la formation.
Pour la troisième fois, lors du vote de mardi, le Bloc québécois s'objectera au type de mission qui est mis en avant. On a examiné la question sous toutes ses coutures. À l'époque, on trouvait qu'il n'y avait pas de stratégie de sortie et que la formation n'allait pas assez vite. On accélère maintenant la formation. On va voter une troisième fois parce qu'on a des responsabilités. Mes amis libéraux m'ont déçu, la dernière fois. Pendant un an, avant la dernière prolongation, je les entendais dire que c'était assez. Je me rappelle très bien qu'ils employaient les mêmes arguments que ceux que j'emploie aujourd'hui, notamment l'importance de la rotation à l'OTAN afin que ce ne soit pas toujours les mêmes qui supportent le fardeau. À ma grande surprise, ils ont finalement décidé de se joindre à l'équipe des conservateurs pour prolonger la mission.
Aujourd'hui, on ne veut plus prolonger cette mission. Cela fait longtemps qu'on ne veut plus la prolonger. Le gouvernement est en contradiction avec ce qu'il dit depuis un an. Il a sûrement subi des pressions, mais cela ne justifie pas un changement de direction à 180 degrés.
Le Bloc québécois, avec son positionnement politique, va dans le sens de ce que les Québécois veulent. D'après les sondages récents, 78 p. 100 des Québécois s'objectent à la nouvelle mission que le gouvernement veut lancer. Les électeurs suivent l'actualité. Tout comme nous, ils entendent dire depuis un an que le volet militaire se terminera. On ne parle pas seulement du volet de combat, car le volet militaire englobe la formation. On avait tous compris que pour ce qui est des militaires, il n'en resterait probablement qu'un seul, soit l'attaché militaire à l'ambassade de Kaboul. Or ce n'est pas ce qui se passe actuellement.
Il faut assumer collectivement les conséquences des gestes que nous posons, quand on dit qu'on s'en va en guerre. Depuis plusieurs années, on constate une escalade vers l'aspect guerrier plutôt que vers l'aspect mission de paix. Il faudrait peut-être revenir aux missions de paix. Ce serait beaucoup plus conforme à la volonté de la population. On regarde l'évolution des choses et on se dit qu'il faut que cela s'arrête à un moment donné. Pour notre part, nous pensons que cela aurait dû s'arrêter depuis un bout de temps. Chaque fois que le gouvernement soumettra de telles propositions militaristes, nous devrons y nous objecter et refuser la prolongation.
J'ai assisté à cinq funérailles de soldats, comme c'est noté dans les calepins que j'ai ici. C'est la conséquence directe des gestes posés par la Chambre des communes. Collectivement, quand on va en guerre, il y a des conséquences. Il est absolument intolérable de se tenir à côté de la tombe d'un jeune soldat ou d'une jeune soldate de 22, 23 ou 25 ans. Jusqu'à maintenant, 152 soldats, un diplomate, un journaliste et deux personnes oeuvrant dans le domaine de l'aide humanitaire sont décédés. C'est un bilan extrêmement lourd, et c'est sans compter les milliers de soldats blessés. Pour notre part, nous croyons que c'est assez.
Cela a coûté 20 milliards de dollars, on a perdu 152 soldats et il y a plusieurs centaines de blessés. On pense que le sacrifice est devenu trop lourd. On en a trop assumé. Il faut que ce soit les autres nations de l'OTAN qui apportent leur aide et que nous nous nous contentions d'une approche civile avec les policiers, d'une approche carcérale avec nos gardiens de prison, d'une approche de justice, etc.
Pour ce qui est des militaires, le temps est venu de ramener les troupes à la maison.
:
Monsieur le Président, je veux vous indiquer que je partagerai mon temps avec mon collègue l'honorable .
Lorsque les Forces canadiennes auront terminé leur mission de combat à Kandahar en 2011, le Canada aura été présent en Afghanistan depuis une décennie. Il s'agit de sa plus longue participation militaire à un combat de l'histoire canadienne.
Depuis le début, le dévouement dont ont fait preuve les Forces canadiennes et les civils canadiens, ainsi que les efforts considérables qu'ils continuent de déployer aujourd'hui, ont façonné la conception qu'a notre pays du sacrifice et du service. Nous ne devons pas oublier les raisons fondamentales qui nous ont poussés à nous rendre en Afghanistan.
Le Canada se retrouve en Afghanistan pour un motif très simple et très clair: la sécurité nationale du pays. Nous nous sommes rendus en Afghanistan à la suite de l'attaque perpétrée contre les États-Unis le 11 septembre 2001, qui a coûté la vie à 2 976 personnes provenant de 77 pays, dont 24 Canadiens.
Sous le régime taliban, l'Afghanistan est devenu un refuge pour les terroristes internationaux, fournissant ainsi à Al-Qaïda le bastion idéal à partir duquel organiser une série d'attaques terroristes internationales.
Les événements du 11 septembre ont illustré de façon terrifiante que nous sommes tous vulnérables et que des citoyens innocents de partout au monde pouvaient être et seraient la cible de cette nouvelle génération de terroristes internationaux. Les frontières n'avaient aucune importance, nous avions une responsabilité en tant que citoyens du monde. Grâce aux efforts de la communauté internationale et au sacrifice du Canada à Kandahar, l'Afghanistan n'est plus un refuge pour les terroristes. En outre, les talibans n'ont plus la mainmise sur la vie des Afghans et ne peuvent plus leur nier leurs libertés et droits fondamentaux.
[Traduction]
Le Canada est présent en Afghanistan dans le cadre d'une mission mandatée par les Nations Unies et dirigée par l'OTAN, aux côtés de plus de 60 autres pays et organismes internationaux et à la demande du gouvernement démocratiquement élu de l'Afghanistan. N'oublions pas que le but ultime de la politique canadienne est de laisser l'Afghanistan aux Afghans, au sein d'un pays mieux gouverné, en paix et plus sécuritaire, et de créer les conditions voulues pour que les Afghans réussissent eux-mêmes à trouver une solution politique au conflit.
Le Canada a apporté une contribution remarquable. Un grand nombre de personnes ont fait le sacrifice ultime, soit 152 membres des Forces canadiennes, un diplomate, une journaliste et deux travailleuses humanitaires qui travaillaient à assurer notre sécurité, à défendre nos valeurs et à aider l'Afghanistan à devenir un pays où règnent la paix et la sécurité. Nous devons rendre hommage à ces gens courageux et continuer de mettre à profit ce que nous avons appris et réalisé en Afghanistan. Nous avons pris cette décision parce que notre travail n'est pas terminé en Afghanistan.
Nous avons été l'un des six principaux participants à la mission militaire de l'OTAN. Nous y avons contribué près de 2 milliards de dollars en aide publique au développement, ce qui a fait de nous l'un des principaux donneurs bilatéraux. Les Forces armées canadiennes ont été déployées pendant cinq ans dans la province de Kandahar, l'un des endroits les plus dangereux au monde. Fief des talibans, cette province se trouve au coeur du conflit qui règne en Afghanistan.
Grâce aux courageux efforts de nos forces armées, la menace terroriste a été contrôlée, ce qui a permis aux Afghans de jouir d'une meilleure sécurité et de respirer un peu. Nous devons continuer de mettre à profit ce que nous avons appris à Kandahar pour poursuivre la formation dont nous avons besoin pour affermir nos gains et stabiliser notre investissement. Nous avons encore du travail à faire.
La sécurité ne peut pas encore être considérée comme durable en Afghanistan, pas plus que les gains qui y ont été faits sont irréversibles. C'est pour cette raison que nous ne pouvons quitter le pays maintenant.
[Français]
Nous avons toujours compris que l'Afghanistan ne pourrait renaître des cendres de 30 ans de conflits et de discorde civile sur le seul fondement d'une intervention militaire.
Depuis le début de notre présence en Afghanistan, nous avons déployé une stratégie pangouvernementale en enrichissant notre intervention militaire d'efforts civils visant à mettre sur pied les structures de gouvernance et de sécurité, et à soutenir le développement de ce pays. Le Canada a axé ses efforts sur le rétablissement des services gouvernementaux de l'armée nationale, de la police nationale, de l'éducation des soins de santé et du respect des droits de la personne.
[Traduction]
Nous avons travaillé en partenariat avec le gouvernement afghan pour accroître la capacité de l'armée nationale afghane de mener des opérations et de renforcer la sécurité et pour améliorer la capacité de la police nationale afghane de faire régner la loi et l'ordre dans la province de Kandahar.
Nous avons participé au renforcement de la capacité des institutions gouvernementales afghanes de fournir les services de base et de promouvoir le développement économique, contribution qui a renforcé la confiance des Kandaharis à l'égard de leur gouvernement.
Nous avons fourni de l'aide humanitaire aux populations vulnérables, notamment les réfugiés et les personnes rapatriées et déplacées à l'intérieur du territoire.
Nous avons renforcé la sécurité frontalière et facilité le dialogue bilatéral entre les autorités afghanes et pakistanaises.
Nous avons accru la capacité de gouvernance démocratique de l'Afghanistan en participant à la mise en place d'institutions nationales publiques responsables et d'un processus électoral efficace.
Nous avons appuyé les efforts dirigés par les Afghans en vue d'une réconciliation politique.
Dans son approche, le Canada reconnaît que l'Afghanistan ne peut créer les conditions nécessaires à une paix durable uniquement par des moyens militaires.
[Français]
Lorsque nous sommes arrivés la première fois en Afghanistan, le système d'éducation était paralysé et les écoles pour les filles étaient fermées. Aujourd'hui, environ 6 millions d'enfants vont maintenant à l'école, dont un tiers sont des filles. Il s'agit du taux de scolarisation le plus élevé de l'histoire du pays. Le Canada continue de construire, de développer et de réparer les écoles dans la province de Kandahar, ayant achevé son travail dans 26 écoles jusqu'à présent.
Sous le régime des talibans, les droits de la personne et des femmes étaient inexistants. Aujourd'hui, ces droits sont consacrés dans la Constitution du pays. Le Canada a lutté en faveur de l'établissement et de la protection des droits de la personne en Afghanistan, y compris des droits des femmes et des enfants. La promotion et la protection des droits de la personne, y compris des droits de la femme, constituent un élément essentiel de l'engagement du Canada en Afghanistan.
Le Canada appuie activement la réforme du secteur de la justice en vue de renforcer les capacités et de promouvoir les droits de la personne. Le Canada fournit un appui continu au gouvernement de l'Afghanistan et aux organisations afghanes pour renforcer leurs capacités et s'assurer que les lois respectent la Constitution afghane et les obligations internationales du pays, au chapitre des droits de la personne.
Le Canada appuie l'unité de soutien des droits de la personne du ministère de la Justice de l'Afghanistan par une contribution de 1,3 million de dollars. Cette unité aidera les organes de gouvernance de l'Afghanistan à intégrer les droits de la personne dans leurs lois, politiques et secteurs de responsabilité.
[Traduction]
Les progrès sont remarquables, mais sans notre aide, ils demeurent fragiles.
Je réitère que notre travail en Afghanistan n'est pas terminé. Plusieurs décennies de conflit ont créé un climat de méfiance profonde entre l'Afghanistan et le Pakistan. Le Canada a contribué à renforcer les relations entre ces deux pays en mettant en présence les autorités frontalières afghanes et pakistanaises, souvent pour la première fois, dans le cadre du processus de Dubai.
Seuls le dialogue et la compréhension mutuelle peuvent mener à une paix durable. Une gestion efficace des frontières contribuera à la durabilité du développement économique de même qu'à la stabilité et à la sécurité à long terme.
Compte tenu d'une autre priorité du Canada, nous avons joué un rôle central pour aider l'Afghanistan à percevoir des droits de douane et à lutter contre la corruption dans le secteur douanier.
Le Canada demeure engagé à l'égard de l'Afghanistan et nous avons toujours dit que nous continuerions de soutenir ce pays après 2011. Nous respectons les termes de la motion parlementaire et nous poursuivrons notre engagement, forts des leçons que nous avons tirées du travail remarquable accompli par le Canada à Kandahar.
La clé d'un avenir stable et sûr en Afghanistan réside dans la capacité de ce pays d'assurer sa propre sécurité. Le progrès passe forcément par la sécurité. Voilà pourquoi le gouvernement a décidé d'affecter des membres des Forces canadiennes à la mission de formation de l'OTAN en Afghanistan dont l'objectif est de poursuivre la formation des forces de sécurité nationales afghanes au cours des trois prochaines années. Le Canada y enverra 950 instructeurs militaires et agents de soutien.
Nous nous concentrerons également sur quatre grands objectifs. Nous investirons dans l'avenir des enfants et des jeunes afghans, principalement au moyen de l'éducation et des soins de santé; nous renforcerons la sécurité, la primauté du droit et le respect des droits de la personne; nous favoriserons de bonnes relations entre les régions, aspect essentiel pour l'avenir de l'Afghanistan, au moyen d'interventions diplomatiques actives; et nous continuerons à fournir de l'aide humanitaire.
[Français]
Notre engagement envers le peuple afghan est clair et net. Il est indéfectible. Nous travaillons plus fort que jamais avec les Afghans, tout en resserrant nos liens avec la communauté internationale dans le but de créer les conditions qui aideront à faire de l'Afghanistan un pays plus prospère, mieux gouverné et plus sûr.
:
Monsieur le Président, je suis heureux de pouvoir prendre la parole dans l'important débat actuel sur la mission militaire du Canada en Afghanistan.
Comme nous le savons tous, les Forces canadiennes jouent un rôle fondamental dans l'approche pangouvernementale du Canada concernant la mission en Afghanistan, qui a pour but d'aider les habitants de ce pays à se doter d'institutions plus solides et à créer un environnement plus stable sur leur territoire. Il s'agit d'une entreprise monumentale, à ne pas en douter, compte tenu de l'histoire et de la complexité de ce pays.
Les hommes et les femmes portant l'uniforme des Forces canadiennes de même que leurs collègues civils accomplissent un travail exceptionnel et incroyable en Afghanistan. Leur dévouement infatigable à la mission et au peuple afghan a des effets tangibles. Mais le prix à payer est considérable. Mon collègue, le , nous a rappelé que 152 soldats canadiens avaient perdu la vie, en plus des civils tués, et que de nombreux Canadiens avaient subi des blessures physiques et psychologiques graves. Il est très important de considérer ces pertes dans le contexte de ce que notre pays a pu apporter à cette mission.
Je me suis rendu là-bas une bonne dizaine de fois au cours des dernières années et je peux dire que la sécurité s'améliore bel et bien. Il y en a des preuves tangibles, et le Canada devrait en ressentir une grande fierté.
C'est à ces braves militaires, hommes et femmes, et à leurs partenaires civils que l'on doit cette amélioration de la situation en Afghanistan. Ils n'ont pas ménagé les efforts pour aider les Afghans et la communauté internationale en général.
Au cours des sept dernières années, nous avons oeuvré pendant cinq ans dans la province de Kandahar, qui mérite tout à fait son titre de bastion des talibans et de territoire le plus difficile à conquérir et à défendre. Les réussites sont nombreuses et la volonté, inébranlable. Avec leurs partenaires étrangers, les Forces canadiennes ont empêché les talibans de s'emparer de nouveau de la région. Ils ont construit des routes et creusé des puits dans des oueds. Ils ont permis à la population d'instruire et de faire vacciner ses enfants. Ils ont facilité la création de conditions propices au commerce pour l'avenir, notamment au moyen du microcrédit, qui est destiné particulièrement aux femmes de ce pays. Toutes ces réalisations ont été chapeautées par le Canada et rendues possibles grâce au maintien, parfois avec grande difficulté, du périmètre de sécurité qui a été établi par les Forces canadiennes et la Force internationale d'assistance à la sécurité et qui est malgré tout demeuré impénétrable.
Nous sommes arrivés ainsi à créer une certaine stabilité et à donner aux gens le sentiment qu'ils pouvaient mener une vie normale, eux qui ont été si longtemps les otages de la tyrannie et de la violence. Le respect des droits de la personne et la qualité de vie s'améliorent grandement et sont attribuables à ces efforts.
Grâce au professionnalisme et au dur labeur des soldats, les gens de Kandahar peuvent envisager aujourd'hui un avenir fait de paix et de prospérité, ce qui aurait été impossible il y a seulement quelques années.
[Français]
Conformément à la motion parlementaire de 2008, le gouvernement a décidé que les Forces canadiennes ne maintiendront aucune mission de combat dans Kandahar après juillet 2011. Le Canada et les Canadiens sont fiers de la façon dont les Forces canadiennes assument leurs responsabilités dans cette région fort difficile.
À compter de juillet 2011, nos partenaires afghans et de l'OTAN assureront la sécurité dans Kandahar et pourront alors tabler sur le travail exceptionnel que les Forces canadiennes accomplissent.
Le gouvernement continue toutefois de croire que les Forces canadiennes ont encore un rôle important à jouer en Afghanistan.
Ce rôle permettra aux Forces canadiennes de consolider les réalisations qu'elles ont accomplies jusqu'à maintenant en assurant l'instruction et le mentorat de l'Armée nationale afghane.
[Traduction]
Depuis l'adoption du Pacte de l'Afghanistan et l'élargissement de la mission de la FIAS à l'ensemble du pays, l'entraînement des forces de sécurité nationale afghanes figure parmi les objectifs clés de la mission internationale. Les pays participant à la FIAS et le gouvernement afghan ont compris dès le départ qu'aucune mission, quelle qu'elle soit, ne saurait être couronnée de succès à moins que les Afghans eux-mêmes n'assurent la sécurité de leur propre pays.
Ils ont établi des cibles importantes relativement à la croissance et au renforcement des forces de sécurité nationale afghanes, tant en ce qui concerne l'armée que la police. Depuis plusieurs années déjà, les Forces canadiennes participent activement à l'entraînement et au mentorat des forces de sécurité nationale afghanes.
Même si c'est loin d'être le seul domaine où ils se distinguent, les Canadiens sont particulièrement doués pour l'entraînement des troupes. C'est comme si ça leur venait naturellement, probablement à cause de leur approche, de leur attitude et de leur détermination. Oui, les techniques de combat peuvent être enseignées. Il s'agit d'ailleurs de l'un des grands objectifs de nos militaires et l'une des six priorités établies pour la mission canadienne il y a deux ans.
Au fil de mes visites sur place, j'ai vu la manière extraordinaire dont nos militaires ont contribué au développement des forces de sécurité nationale afghanes. Leur professionnalisme, leur dévouement et leur sens pratique sont tout simplement spectaculaires. C'est pour cela qu'ils ont réussi à s'attirer l'admiration et le respect de nos partenaires, afghans comme internationaux.
Pas plus tard que le mois dernier, par exemple, le et moi avons assisté au Cours d'état-major des officiers subalternes, à Kaboul, l'un des principaux outils qui permet au Canada de rehausser le professionnalisme de l'armée nationale afghane. Nous avons également visité le site où l'on construit actuellement, à l'aide de fonds canadiens, le nouvel édifice où le cours sera donné.
Nous nous sommes rendus au camp Nathan Smith, où l'équipe de reconstruction provinciale enseigne les rudiments du métier aux membres des forces de police afghanes, des services correctionnels, du service des douanes et du système judiciaire. Les efforts que déploie l'ensemble de notre équipe gouvernementale pour que les Afghans puissent se doter d'institutions solides et de mécanismes de gouvernance efficaces sont absolument remarquables.
Il y a quatre ans à peine, les Forces canadiennes travaillaient avec une armée afghane qui comptait seulement quelques centaines de membres. Quand, en 2006, par exemple, nos militaires ont lancé, sous la direction du général Fraser, l'opération Méduse, c'est-à-dire l'un des plus importants et des plus galvanisants échanges de tirs de toute la mission, dont l'objectif consistait à mettre en déroute les insurgés qui se trouvaient à Kandahar, la participation de l'armée afghane fut plutôt limitée, ses techniques de combat étant encore rudimentaires.
À l'heure où on se parle, près de 400 militaires des Forces canadiennes s'affairent à entraîner, à former et à encadrer les militaires des forces de sécurité nationale afghanes et à leur offrir leur soutien. Ils servent notamment de mentors à une brigade de l'armée nationale afghane, ou kandak, composée de 4 500 soldats et chargée de planifier et d'exécuter des missions aux alentours de Kandahar afin de défendre le terrain.
Aujourd'hui, l'armée afghane mobilise un contingent d'environ 10 500 personnes dans le cadre de l'opération Hamkari, une initiative dirigée par les forces afghanes visant à améliorer la sécurité, à renforcer la gouvernance, à stimuler le développement économique et à établir un climat de confiance dans la province de Kandahar.
Cela signifie que, quatre ans plus tard, les Forces canadiennes ont abandonné leur mission de combat secondaire à l'appui de l'armée nationale afghane pour venir appuyer le gouvernement afghan et les opérations militaires qui ne sont pas principalement des missions de combat. Elles ont d'ailleurs déjà commencé à assumer ce rôle. C'est impressionnant, étant donné le peu de temps qui s'est écoulé. Cela illustre clairement la nécessité d'avoir une force afghane de sécurité nationale compétente et confiante. Nos efforts continus contribuent à la sécurité en Afghanistan et à la paix dans le monde.
Dans l'ensemble du pays, nos alliés et partenaires de la FIAS déploient des efforts considérables en vue d'habiliter les forces de sécurité nationale afghanes. Au sommet de l'OTAN, en 2009, l'alliance a confirmé la création d'une mission d'entraînement en Afghanistan, dans laquelle le major-général Stu Beare joue un rôle de leader important au nom du Canada. La mission a pour objectif de coordonner les efforts internationaux d'entraînement des forces militaire et policière afghanes et d'accroître la cohérence et l'efficacité générales de l'opération.
L'intérêt que voue la FIAS à l'entraînement des forces afghanes de sécurité nationale porte fruit. En 12 mois seulement, l'effectif militaire et policier en Afghanistan a augmenté de 70 600. L'armée nationale afghane compte maintenant 134 000 soldats et elle est en bonne voie d'atteindre la cible de 171 000 soldats d'ici octobre de l'année prochaine, comparé à un effectif d'environ 17 000 en 2001. L'effectif aura décuplé.
Les alliés et partenaires de l'OTAN, dont le Canada, ont contribué à l'encadrement et à la formation d'environ 50 000 membres des forces de sécurité afghanes, avec qui ils ont travaillé étroitement.
Au moment où nous nous parlons, nous observons des réalisations remarquables. Nous croyons que nous devons poursuivre cette mission pour les Afghans et pour la sécurité des Canadiens. Malgré les grands progrès effectués par les Forces de sécurité nationale afghanes, nous avons encore des défis à relever. L'armée afghane doit améliorer sa capacité institutionnelle afin de pouvoir prendre des décisions clés sur le déploiement des ressources et le renforcement de la culture militaire. Nous devons augmenter la capacité de soutien des opérations en consolidant les capacités logistiques et techniques.
Ce sont quelques exemples de ce que nous devons faire. Pourtant, il est clair que la prochaine phase de la mission des Forces canadiennes vise exclusivement à aider la FIAS à renforcer les capacités des forces afghanes. Jusqu'à 950 instructeurs et employés de soutien seront déployés dans des installations près de Kaboul.
Cette mission permettra de poursuivre l'oeuvre du Canada et de s'assurer qu'elle demeure profondément ancrée dans l'engagement et le sacrifice important qui l'ont caractérisée depuis le début.
Finalement, elle permettra de donner des bases solides aux institutions et aux organes de gouvernance afghans, y compris les forces de sécurité, qui seront bien dirigées, bien formées et bien équipées. Si nous voulons assurer un avenir sûr et démocratique aux Afghans, il est indispensable que nous leur donnions les compétences nécessaires afin qu'ils puissent faire ce que nous avons fait pour eux.
On fera appel aux soldats canadiens tant que la Terre tournera. Nous sommes très fiers de tout ce qu'ils ont fait, et nous les appuierons dans leur nouveau rôle en Afghanistan.
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Monsieur le Président, je suis heureux d'avoir l'occasion de prendre part au débat.
Comme tous les députés, j'ai appris tout juste avant d'arriver à la Chambre que le premier ministre Williams, de Terre-Neuve-et-Labrador, avait annoncé sa démission.
Puisque le premier ministre et moi avons tous deux été choisis pour aller à l'Université d'Oxford le même jour pour représenter deux provinces, j'ai toujours ressenti une certaine parenté avec lui. Je le remercie très sincèrement, au nom du Parti libéral du Canada et des Canadiens de partout pour les services qu'il a rendus et, si je peux dire cela, pour l'esprit indomptable et l'énergie avec lesquels il a dirigé sa province.
Que les députés se rassurent, je parlerai du présent dans un petit instant, mais, en 1938, l'homme politique le plus populaire du monde occidental était Neville Chamberlain. Neville Chamberlain est l'homme qui, après l'accord de Munich, a déclaré à la population britannique lors d'un fameux discours radiodiffusé que les gens n'avaient absolument aucune raison d'entrer en guerre à cause d'un conflit entre deux ou trois groupes ethniques qui se battaient dans un pays très éloigné et dont on ne savait pratiquement rien. Je crois le citer à peu près textuellement.
Dix-sept mois plus tard, éclatait la Seconde Guerre mondiale et, à ce moment, Chamberlain n'était plus le politicien le plus populaire de l'Occident parce que, s'il avait dit à la population ce qu'il croyait qu'elle voulait entendre, en 1938, les événements l'ont rapidement dépassé et ont aussi dépassé le monde. Je dirai qu'il est important de ne pas oublier cela et de réfléchir à cette période au moment où nous tentons de comprendre la situation dans laquelle nous nous trouvons aujourd'hui.
Étant le porte-parole du Parti libéral sur les affaires étrangères, j'ai pu, avec d'autres députés, me rendre en Afghanistan à quelques reprises, avant d'être député et après avoir été élu. J'ai aussi pu visiter des régions du Pakistan et de l'Inde. J'ai eu beaucoup de conversations au sujet des défis auxquels cette partie du monde est confrontée.
Je ne prétends pas être le seul expert ni détenir le monopole de l'information. Puisque je suis dans l'opposition, je n'ai pas accès à une grande partie de l'information dont dispose le gouvernement. Cependant, mon intuition au sujet de la situation a toujours été, je crois, confirmée par les faits. Je remercie les deux ministres des renseignements qu'ils ont communiqués aujourd'hui parce qu'ils ont un peu ajouté à l'information que nous possédons.
[Français]
Nous sommes ici aujourd'hui pour discuter d'une motion de nos amis du Bloc québécois. Le Bloc québécois et le Nouveau Parti démocratique disent que le a dit souvent qu'il n'y aurait pas de troupes en Afghanistan après 2011. Le Bloc québécois cite ce qu'a dit le général Hillier il y a deux ou trois ans, soit qu'il est impossible de donner de l'entraînement et de la formation aux troupes sans qu'il y ait de combat. Je ne me souviens pas de la date qu'a donnée le député de . Selon lui, la décision de notre gouvernement canadien d'accepter un rôle de non-combat en Afghanistan après 2011, avec la présence de centaines de troupes canadiennes faisant de la formation et de l'entraînement, démontre qu'il n'y a pas de démocratie au Canada, que le gouvernement et l'opposition officielle sont supposément malhonnêtes, n'ont aucune idée de ce qu'ils sont en train de faire et disent des faussetés à la population.
Je peux dire honnêtement à mon collège de , que je connais très bien pour avoir travaillé avec lui dans deux comités — et on continuera de le faire —, que je ne partage pas son point de vue. D'abord, le Canada a des obligations internationales à l'ONU et envers ses partenaires de l'OTAN. J'ai souvent dit à la Chambre qu'il était dommage que les autres membres de l'OTAN n'aient pas pris plus sérieusement leurs responsabilités vis-à-vis de l'Afghanistan. Notre résolution de 2008 dit clairement que nous allons quitter la mission de combat à Kandahar après 2011. Il est naturel que nos amis de l'OTAN se soient demandés et se demandent toujours ce que nous allons faire pour maintenir notre programme d'assistance en Afghanistan.
On me demande si l'OTAN a fait des pressions. Je ne sais pas si on peut dire que ce sont des pressions, mais il est naturel que nos partenaires de l'OTAN, y compris les États-Unis, nous demandent ce qu'on est prêts à faire tout en respectant la volonté de la Chambre des communes et les positions des partis politiques du Canada.
[Traduction]
Je ne m'excuse pas d'avoir dit qu'il n'y a aucun doute sur ce qui s'est passé. Plusieurs personnes, notamment ce député, ont dit au gouvernement qu'il ne devrait pas exclure la possibilité d'une mission de formation, si elle cadre avec la stratégie que l'OTAN et les Nations Unies essaient de mettre en oeuvre pour atteindre l'objectif ultime — lequel est très clairement énoncé et répété dans la Déclaration du Sommet de Lisbonne tenu la fin de semaine dernière —, à savoir que l'OTAN et les autres pays qui assurent une présence militaire en Afghanistan transfèrent graduellement la responsabilité relative à la sécurité et à la sûreté du peuple afghan aux autorités afghanes.
C'est cet objectif que la Chambre devrait partager. Nous devrions tous abonder dans le même sens, à savoir que l'unique objectif à long terme est d'accroître la capacité de l'Afghanistan d'assurer la sécurité et la stabilité du pays jusqu'à ce que toutes les troupes étrangères puissent quitter le pays et rentrer chez elles. En tant qu'alliance, comment allons-nous y parvenir tout en respectant la volonté profonde de la Chambre de ne pas prolonger la mission de combat de nos troupes au-delà de 2011?
Il se trouve que je pense que la solution proposée n'est pas parfaite. J'ai des questions et des réserves dont j'aimerais discuter. Cependant, je pense que le gouvernement du Canada manquerait de crédibilité s'il déclarait que, après dix ans de présence en Afghanistan, il ne permettra pas qu'un seul militaire reste sur place pour faire le travail qui, manifestement, reste à faire et dont nous reconnaissons qu'il doit être fait. Quel genre de partenaire fiable, sensé et sérieux de l'OTAN ou des Nations Unies serions-nous si nous disions non, nous ne pouvons même pas envisager de faire ne serait-ce que ça?
Tout le monde est au courant des besoins de formation dans ce pays. Le les a décrits. Il existe de nombreuses possibilités de contribuer à la formation et à l’éducation, et différents moyens pour ce faire. Maintenant, est-ce la seule chose que nous devions faire? Pas du tout. Je répète au gouvernement, et je continuerai toujours à le dire, que le Canada doit être aussi déterminé en tant que partenaire politique et diplomatique dans la reconstruction de l’Afghanistan, dans la réconciliation avec le Pakistan et dans la réconciliation qui doit se faire à l’intérieur des frontières de l’Afghanistan et du Pakistan qu'il l'a été en tant que partenaire militaire dans les combats en Afghanistan.
Comme le disent le et bien d’autres intéressés, il n’existe pas de solution militaire. Comme l'a dit le secrétaire général des Nations Unies dans sa conférence de presse de la semaine dernière, il n’existe pas de solution exclusivement militaire au conflit en Afghanistan. Il faut bien plus que cela. Pour ma part, je crois qu’il faut faire plus sur les plans politique et diplomatique, plus que ce que le gouvernement s’est montré prêt à faire jusqu’à maintenant.
Je veux mettre un terme à une rumeur qui circule sur Internet. Je ne suis absolument pas en train de postuler un emploi. Le gouvernement ne m’a pas offert de poste, et je n’accepterais pas un tel poste. Ça ne m'intéresse pas. Ce n’est pas ce dont il s'agit. Il s'agit d’employer les meilleures compétences diplomatiques du Canada pour que nous soyons une force de réconciliation et de rétablissement de la paix en Afghanistan, au Pakistan, et dans les relations entre ces deux pays aussi efficace que nous l’avons été sur le champ de bataille et sur le plan du développement.
L’Afghanistan est l’un des pays les plus pauvres du monde. C'est un pays qui a connu 30 années de guerre civile, et dont l’infrastructure a été détruite. C'est un pays où des générations entières ne sont jamais allées à l’école et n’ont reçu aucune éducation. C'est un pays où la narco-économie est importante, comme nous le savons tous. Le trafic de stupéfiants y est équivalent à au moins la moitié du PIB du pays. C'est aussi un endroit dangereux et violent.
Mon collègue de dit avoir assisté à des funérailles. Honnêtement, nous l'avons tous fait. Il est tragique, terrible et épouvantable d'être confronté non seulement à des pertes de vies, mais également à des gens estropiés et aux profonds traumatismes que causent les combats.
Nous devons comprendre que dans le monde actuel, l'Afghanistan n'est pas le seul endroit où nous tentons de résoudre des conflits ou aurons bientôt à le faire. Je ne dis pas cela parce que j'aime les conflits. Je ne me réjouis certainement pas de la guerre et suis loin de penser qu'il s'agit d'une expérience bénéfique ou purifiante pour les pays qui la vivent. Au cours de l'histoire, bien des politiques ont exprimé cet étrange point de vue, mais je n'en suis pas.
Il faut toutefois comprendre que dans le monde empreint de violence dans lequel nous vivons, des foyers d'extrémisme réussissent parfois à éclore et certains États n'ont pas les moyens de surveiller efficacement leur territoire. Le monde se fait de plus en plus petit. Nous sommes à l'ère où les gens peuvent se déplacer par avion et où les idées se communiquent par Internet. Il s,agit parfois d'idées haineuses, voire d'idées qui continuent de promouvoir le génocide d'un peuple et l'élimination complète d'un État, en l'occurrence Israël.
Ce genre de propagande circule au moment même on l'on se parle, à l'époque où nous vivons. Instaurer la paix dans de telles conditions est dangereux et risqué.
[Français]
Le député de a parlé des missions de paix. Mais existent-il de ces missions de paix là où il n'y a pas de conflit? On ne peut pas parler de paix à maintenir en Somalie ou dans l'est du Congo alors qu'une guerre y a décimé 6 millions de personnes. Telle est la réalité de notre monde.
Ce n'est pas facile. En effet, nous sommes tous des politiciens et nous connaissons l'opinion des gens sur cette question. Ils nous disent que c'est assez, que nos troupes ont été là assez longtemps et que c'est le moment de les faire revenir au Canada. Comme mes collègues, je suis élu à la Chambre. Je connais l'opinion de la population. Mais ce qui pose problème à mon avis, c'est que je vois un monde où le Canada n'a pas d'autre choix que de s'engager, d'éliminer les sources de violence dans le monde, d'éliminer le potentiel de grand nombre de décès et même d'éliminer la possibilité de conséquences encore pire que celles qui existent.
[Traduction]
Je ne suis pas de ceux qui disent que nous sommes allés en Afghanistan tout simplement pour tuer les méchants. Je ne suis pas non plus de ceux qui croient qu'on aurait pu régler la situation grâce à une intervention militaire.
À mon avis, il est paradoxal que certains députés d'en face m'aient longtemps accusé d'aller à l'encontre des valeurs canadiennes en raison du fait que je préconisais vivement que le Canada, tout en assurant une présence militaire, participe aux efforts visant à résoudre le conflit et à jeter les fondements de la paix.
Quand je dis maintenant qu'il reste des choses à faire pour former les gens, rétablir la paix, réconcilier les parties et favoriser le développement de la région, les gens changent tout à coup de discours et disent: « Oh, les libéraux se rangent soudainement du côté des conservateurs! »
Ce n'est pas ainsi que je vois les choses, je dois le dire. Il arrive parfois que les députés ont le devoir de dire ce qu'ils pensent réellement à leurs collègues et aux députés d'en face. Il nous faut comprendre, en ce qui concerne les mesures que nous allons prendre pour régler une situation qui touche non seulement à la sécurité en Afghanistan, mais également à la sécurité des Canadiens et des gens du monde entier, que nous avons le devoir de tenir compte des intérêts nationaux, et non seulement d'intérêts partisans.
Au cours des dix derniers jours, de nombreux commentateurs, autant de la gauche que de la droite, ont déclaré que le parti libéral a commis une grave erreur politique. En effet, nous aurions donné un avantage tactique aux députés d'autres partis en leur permettant de se ranger de notre côté et de venir chercher ceux qui, dans nos rangs, s'inquiétaient de ce qui se passait en Afghanistan et étaient favorables à ce que les choses changent rapidement.
Je veux simplement dire à ces personnes et à tous les journalistes qui ont formulé ces commentaires, de même qu’à tous ceux qui partagent ces idées qu’il n’est aucunement question d’avantage partisan. Nous ne commençons pas à parler de l’Afghanistan en disant que notre intention est de procéder à un décompte par segments de l’électorat, que nous voulons déterminer comment fractionner l’électorat de façon à plaire à un segment plutôt qu’à un autre.
Ce n’est pas ainsi que j’ai compris la Seconde Guerre mondiale. Ce n’est pas non plus la façon dont j’ai compris la Guerre de Corée. Ce n’est pas de cette façon que j’ai compris les divers conflits auxquels le Canada a participé. Je n'insurge contre la façon dont le gouvernement a régulièrement laissé entendre que ce n’est que par manque de patriotisme que nous exprimons des réserves quant à la façon dont les choses se déroulent et dont elles sont menées ou quant aux choses qui ne sont pas faites.
Pas plus que je n’accepte cette critique je n’accepte un instant qu'on puisse utiliser le défi auquel nous faisons face en Afghanistan pour diviser les Canadiens et qu'on essaie d'en retirer un avantage partisan.
La mission de combat tire à sa fin. Soyons réalistes. Il n’est plus question d’une mission de combat. Il est question de retirer les soldats canadiens du front. Il ne faut surtout pas penser un instant que tous nos alliés de l’OTAN sont enchantés de cette perspective. C’est tout le contraire.
Nous avons donc dit que nous participerions à la formation, que nous serions présents dans les collèges, les collèges d’état-major et que nous participerions au processus de renforcement des capacités. Oui, nous devons également en faire davantage au chapitre de l’aide.
Voici ce que j’ai à dire au député d’Ottawa-Centre: suis-je satisfait du plan d’aide mis en avant par le gouvernement? Non, je ne le suis pas. Est-ce que ce plan est assez généreux à mon goût? Non. Compte tenu des besoins énormes en matière de soins de santé, d’éducation et d’aide au règlement de la crise de gouvernance, est-ce que je pense que le plan mis en l’avant par le gouvernement est adéquat? Non, je ne le pense pas.
Cependant, ce n’est pas une raison suffisante pour m’amener à dire que je ne suis pas en faveur de laisser un certain nombre de militaires à Kaboul pour s’occuper de la formation nécessaire, selon les conditions qui ont été clairement définies et établies dans la résolution parlementaire à l’élaboration de laquelle mon parti, il faut le dire, a pris part.
Pourquoi n'y aurions-nous pas pris part? Cette mission va bien au-delà de la partisanerie.
En juin, j'ai été en Afghanistan avec mes collègues du Parti conservateur, du Bloc et du Nouveau Parti démocratique ainsi que mon bon ami de St. John's-Est. Nous avons vu comment les soldats canadiens travaillent. Nous avons vu comment les civils canadiens travaillent. Nous avons vu comment l'armée afghane intervient. Nous avons tous participé aux mêmes rencontres. Nous avons tous participé aux mêmes séances d'information.
Aucun de nous n'aurait pu revenir de cette expérience et dire que la situation laissait vraiment croire que la mission se terminerait en 2011. Les talibans se plaisent à dire que nous avons les montres et qu'eux ont le temps.
Les terroristes n'ont pas d'échéancier. Les terroristes n'adoptent pas de résolutions disant voici ce qui doit se passer et voici la journée où telle ou telle chose doit arriver.
Les terroristes poursuivent un objectif différent, et nous devons en être conscients ici à la Chambre. Les Canadiens doivent comprendre qu'il est nécessaire de poursuivre notre participation. Ils doivent comprendre que le Canada doit continuer de jouer un rôle, pas au détriment de sa propre population, de ses traditions démocratiques et de ses façons de faire, mais comme partenaire.
Je n'oublierai jamais le colonel afghan qui nous a dit, lorsque nous l'avons rencontré, que les Canadiens sont différents, qu'ils ne sont pas impérialistes et qu'ils ne sont pas en Afghanistan comme occupants, mais comme partenaires.
Notre rôle, dans le cadre de ce partenariat, va changer. Il doit changer. Le moment est venu. J'ai été un ardent défenseur de ce changement, tant en public qu'en privé, et, pour tout dire, je suis fier d'avoir pu le faire. Je continue de croire que le rôle du Canada en Afghanistan, un rôle de partenaire et de leader, finira par mieux servir notre pays que tout ce que certains de mes collègues à la Chambre ont proposé.
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Monsieur le Président, je dois avouer que c'est la première fois qu'un député ministériel me pose cette question. Je suis un peu décontenancé, mais je vais tenter d'y répondre.
La première chose que je ferais en ce qui concerne l'appareil gouvernemental au pays, c'est de faire en sorte qu'il n'y ait qu'un seul groupe de travail sur l'Afghanistan et le Pakistan, plutôt que trois ou quatre comme c'est le cas actuellement. J'insisterais pour que l'ACDI, le ministère de la Défense nationale, le MAECI et le BCP conjuguent leurs efforts au sein d'un seul grand groupe de travail.
Ce groupe de travail serait dirigé par un ambassadeur d'expérience. Je ferais en sorte que cet ambassadeur soit responsable du groupe de travail. Il coordonnerait notre travail en Afghanistan et au Pakistan.
Au risque d'en vexer certains, je pense que ce serait important de faire cela.
Nous devons avoir une présence politique, humanitaire et militaire maximale qui, bien franchement, correspond aux efforts déjà déployés par nos alliés de l'OTAN. Nous ne pouvons pas nous permettre d'être à la traîne des autres parce nous avons mis un terme à la mission de combat. Nous devons maintenir notre présence dans ce pays.
Je suis persuadé que le ministre partagera mon avis. Selon moi, le principal problème sur le plan politique, c'est que nous ne pourrons pas trouver de solution en Afghanistan tant et aussi longtemps que nous n'arriverons pas à rapprocher davantage le Pakistan et l'Afghanistan.
Chaque fois que j'ai participé à des réunions en Afghanistan et au Pakistan, les parties en cause se sont toujours accusées mutuellement d'être responsables de la plupart des difficultés découlant du conflit. Je pense que nous devons faire beaucoup plus de progrès à ce chapitre.
Nous ne devons pas perdre de vue notre engagement en matière d'aide au moment même où nous modifions notre présence à Kandahar, ce qui, selon moi, est une bonne chose, car nous devons concentrer notre attention ailleurs.
À mon sens, nous devons mener à terme les nombreux projets d'aide que nous avons entrepris. Nous devons disposer de fonds suffisants pour continuer d'apporter une contribution positive en Afghanistan. Nous devons aussi veiller à ce que ces fonds ne soient pas éparpillés dans une multitude de projets qui, au final, ne donnent pas grand-chose.
J'espère sincèrement que, malgré nos divergences d'opinions, le comité de la Chambre pourra se réunir de nouveau et se pencher sur cette question. Je pense qu'il est très important que des députés continuent de se rendre en Afghanistan et de visiter ce pays, ce qui, jusqu'ici, n'a pas été très évident. Je pense que plus nos visites seront fréquentes, plus nos conseils à l'intention du gouvernement seront éclairés.
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Monsieur le Président, comme l'intervenant précédent, je veux souligner l'annonce faite par le premier ministre de Terre-Neuve-et-Labrador, mon ami et ancien collègue de droit de longue date, Danny Williams, quant à sa décision de quitter ses fonctions. Comme le savent la plupart des députés, il a oeuvré avec une grande vigueur à la promotion de la province de Terre-Neuve-et-Labrador. C'est un vrai leader qui a accompli beaucoup pendant les sept années qu'il a été premier ministre. J'en reparlerai plus tard.
Un grand nombre de Canadiens se demandent pourquoi, en cette journée de l'opposition, nous nous objectons à la décision unilatérale du gouvernement de prolonger la mission militaire en Afghanistan. C'est parce que le gouvernement a fait un certain nombre de promesses aux Canadiens depuis qu'il a sollicité son premier mandat en 2006, sous la direction de l'actuel . Les conservateurs ont promis que tous les engagements militaires étrangers seraient soumis à un vote au Parlement. C'est ce qui a été dit lorsqu'ils se sont présentés aux élections.
La deuxième chose que l'on a promise aux Canadiens est que la mission militaire en Afghanistan ne se poursuivrait pas au-delà de 2011. C'est le résultat du vote qui a été tenu au Parlement. Il suffit de s'en remettre aux déclarations du à ce sujet, qui a dit en janvier puis de nouveau en juin que le gouvernement avait été on ne peut plus clair, que la mission militaire prendrait fin et que tous nos soldats seraient retirés d'Afghanistan d'ici la fin de 2011.
Pour qu'il n'y ait pas de doute à ce sujet, les responsables des forces militaires ont dit la même chose. Le Chef d'état-major de la Défense, Walter Natynczyk, a témoigné devant le Comité de la défense nationale le 9 décembre 2009. On lui a posé des questions précises. Sa présence avait pour but de nous dire comment le retrait des troupes serait effectué et de nous parler des projets de l'armée. Le général Natynczyk a parlé de la motion du Parlement. Il a été question de Kandahar par rapport au reste de l'Afghanistan, etc., ce dont il est encore question aujourd'hui tandis que le gouvernement tente de se dérober à la motion en affirmant qu'elle concernait une mission de combat.
Voici la question qui a été posée par un membre du comité:
Il y a une différence entre Kandahar et l'Afghanistan. Pouvez-vous nous assurer qu'en 2011, les soldats canadiens vont être rapatriés au Canada, et pas seulement à partir de Kandahar?
Le général Walter Natynczyk a répondu ceci:
D'abord, il est clair que c'est la fin d'une mission à Kandahar pour tous les militaires et, en second lieu, c'est la fin d'une mission militaire en Afghanistan.
Les propos du général Natynczyk et du étaient on ne peut plus clairs en janvier et en juin.
Or, que se passe-t-il aujourd'hui? Au cours des deux dernières semaines, le a déclaré qu'il ne voulait pas dire une mission militaire, mais une mission de combat. Les conservateurs affirment que la motion portait sur Kandahar, et non sur l'Afghanistan. Si quelqu'un avait prétendu devant le Parlement, en 2008, lorsque nous nous sommes prononcés sur cette motion, qu'elle signifiait en fait que nous consentions à une mission militaire permanente en Afghanistan, cette personne aurait été la risée du Parlement. On l'aurait félicitée pour son imagination débordante tout en lui rappelant que la discussion portait sur le prolongement de la mission des Forces canadiennes jusqu'en 2011 seulement.
Comment peut-on l'affirmer? Si on se reporte aux propos tenus dès 2006 ainsi qu'en 2008, on constate que les conservateurs entendaient mettre fin à tout engagement des troupes canadiennes, quel que soit le type de mission.
Ce n'est pas d'hier que le Parlement veut avoir son mot à dire concernant les interventions militaires canadiennes. Le député de a parlé tout à l'heure de 1939 et de la Grande-Bretagne. Or, permettez-moi de remonter jusqu'à 1923 et de resituer l'action au Canada.
En 1923, le premier ministre Mackenzie King a déclaré que la décision d'engager la participation du Canada dans un conflit à l'étranger devait, en fin de compte, appartenir exclusivement au Parlement. Voici ce qu'il disait:
C'est au Parlement de décider si, oui ou non, nous devons intervenir dans les guerres qui sévissent sur les divers points du globe. Il n'appartient à aucun particulier ni à aucun groupe de faire quoi que ce soit de nature à porter atteinte aux droits du Parlement dans une question d'un si grand intérêt pour le peuple canadien tout entier.
C'est le plus loin que j'ai pu remonter dans le temps pour retrouver un énoncé affirmant sans ambigüité la nécessité que le Parlement se prononce sur ces questions. Par la suite, on s'est efforcé à de nombreuses reprises de donner encore plus de pouvoir au Parlement dans ce domaine. Ainsi, au cours des années 1980 et 1990, des projets de loi d'initiative parlementaire ont été présentés par des députés qui siègent maintenant en face.
L'actuel a présenté un projet de loi d'initiative parlementaire qui prévoyait l'obligation de faire approuver par le Parlement toute participation de plus de 100 militaires canadiens à une mission de maintien de la paix de l'ONU. Il était d'avis à l'époque qu'il fallait que le Parlement se prononce en pareil cas.
Un autre député réformiste, Bob Mills, a présenté une motion d'initiative parlementaire semblable.
La vérificatrice générale a souligné que le Parlement devait avoir son mot à dire dans toute question liée aux engagements étrangers et aux dépenses de cette importance. Il n'y a donc rien de nouveau à cet égard.
En 2005, une entente a été conclue entre le Parti conservateur du Canada, dirigé par le actuel, le Bloc québécois et le NPD, en vue de modifier le Règlement afin de permettre précisément la tenue de votes au Parlement sur les engagements militaires à l'étranger. Il n'y a rien de bien nouveau dans tout cela, mais en pratique, nous voyons cette fois-ci que le gouvernement n'hésite pas à briser ses promesses.
Les Canadiens s'attendaient au retour des troupes. C'est ce que dit la motion. C'est ce que nous avons compris. Les Canadiens veulent que nous mettions fin à notre engagement militaire en Afghanistan.
Le gouvernement affirme qu'il ne s'agit que d'une mission de formation. Revenons un peu en arrière. En 2006, le ministre de la Défense alors en poste, qui occupe actuellement le poste de whip du gouvernement, a dit:
Un engagement de deux ans donnera aux forces de sécurité afghanes le temps supplémentaire dont elles ont besoin pour devenir vraiment efficaces.
Il affirmait alors que nous avions besoin de deux ans pour les aider à devenir efficaces. Autrement dit, notre une mission était déjà une mission de formation.
Le député de avait alors fait un discours très éloquent. Il n'était pas député à l'époque, mais je crois qu'il briguait la direction de son parti. Il a dit que s'il avait eu la chance de se prononcer dans ce dossier, il aurait voté contre le projet.
En 2006, le prolongement de deux ans devait être un prolongement de courte durée en vue de permettre une période de transition pour l'Afghanistan. L'actuel a dit ce qui suit au moment où il a présenté sa motion visant à prolonger la guerre jusqu'en 2009:
La prolongation de la mission, advenant l'adoption de la motion, couvrira la période allant de février 2007 à février 2009, date à laquelle nous prévoyons une transition du pouvoir en Afghanistan même.
Nous avons entendu des propos similaires en 2006 et en 2008 encore, lorsque la mission a de nouveau été prolongée. En 2006, on avait convaincu les Canadiens en affirmant qu'il s'agissait d'une courte mission qui permettrait aux gens de Kandahar, aux Afghans et aux militaires afghans de prendre soin d'eux-mêmes. En 2006, nous croyions qu'il y avait d'autres moyens de procéder. Nous étions d'avis que les ressources canadiennes devraient servir à venir en aide à ce qu'on considérait alors comme un État en déroute à tourner la page sur les guerres civiles des années 1990 et le règne désastreux des talibans.
Les néo-démocrates voulaient que l'accent soit mis sur l'édification du pays. Nous croyions que c'était la façon pour le Canada d'utiliser ses ressources. L'Afghanistan était dans une situation très grave. Malheureusement, les États-Unis — le principal protagoniste — ont formellement refusé d'opter pour l'édification de l'Afghanistan comme objectif en matière de politique étrangère. Peut-on s'en étonner quand on sait qu'ils ont été attaqués par Al-Qaïda, une organisation basée en Afghanistan? Ils ont plutôt tourné leur attention sur la guerre en Irak et y ont consacré leurs ressources, ce qui, comme nous l'avons vu, a notamment contribué à renforcer, non à affaiblir Al-Qaïda dans la région.
Qui sait ce qu'auraient permis d'accomplir au cours des dix dernières années un effort d'édification de l'Afghanistan — formule que nous soutenions et à laquelle nous souhaitions que le Canada souscrive — ainsi que de sérieuses interventions diplomatiques de la communauté internationale jumelées à des politiques étrangères judicieuses visant à susciter la participation des intervenants de la région, notamment le Pakistan, pour instaurer la stabilité en Afghanistan et faire renaître le pays de ses cendres. Nous n'en savons rien. Toutefois, nous savons que les résultats auraient été meilleurs que ceux qui ont été enregistrés jusqu'à présent.
En 2008, quand on nous a demandé de prolonger la mission, la discussion a principalement porté sur la formation. Les députés qui appuyaient le prolongement de cette mission ont insisté sur la formation, affirmant entre autres « Nous devons former les gens en Afghanistan », « Nous voulons former l'armée afghane » et « Nous voulons former ces soldats ».
Nous avons relevé toute une série de déclarations du chef actuel du Parti libéral à ce sujet, qui montrent qu'il appuyait la mission parce qu'il s'agissait d'une mission de formation dont l'objectif consistait à charger les Afghans de la gestion de leurs affaires sur le plan militaire, et à assurer la sécurité
Voilà ce sur quoi nous nous sommes concentrés en Afghanistan, mais nos efforts ont-ils été fructueux? Jusqu'à présent, de toute évidence, la réponse est « non ».
Nous nous opposons au prolongement de cette mission militaire en Afghanistan. Nous croyons que le Canada a suffisamment dépensé d'argent et qu'il a fait suffisamment d'efforts militaires en Afghanistan. Les Canadiens sont d'avis que nous avons apporté une contribution militaire très importante à nos partenaires de l'OTAN et au peuple afghan.
Où en sont les choses? Eh bien, le gouvernement décide unilatéralement de prolonger la mission militaire et il reconnaît qu'il en coûtera 1,6 milliard de dollars. En ce qui concerne l'édification de la nation afghane dont le député de a parlé de façon très éloquente, je suis sidéré de voir qu'il ne dit pas que nous devrions allouer à l'édification de la nation afghane les fonds, les efforts et les ressources consacrés au volet militaire, parce que c'est cela qui sauvera le peuple afghan. Le député rouspète, mais il se garde bien de dire cela. En fait, il est d'accord pour que nous dépensions cinq fois plus pour la mission militaire que pour l'édification du pays, ce dont l'Afghanistan a désespérément besoin.
Quoi qu'il en soit, dans mon discours à la Chambre, je m'en voudrais de ne pas parler de nos réalisations. Nous nous devons de rendre aux soldats et aux civils canadiens qui servent et qui travaillent en Afghanistan le mérite qui leur revient.
À l'instar des autres parlementaires qui sont allés en Afghanistan, j'ai été extrêmement impressionné par le dévouement, l'engagement et le professionnalisme de nos soldats, de notre personnel de soutien et de nos diplomates de très haut niveau, dont l'ambassadeur actuel, M. William Crosbie, qui font un excellent travail.
Tous les Canadiens leur sont reconnaissants pour leur service et leur détermination à servir et à risquer leur avenir et leur vie pour le faire. Nous avons de quoi être fiers d'eux.
Malheureusement, un trop grand nombre de Canadiens, de soldats et de familles ont fait des sacrifices énormes. Je pense aux 152 pertes de vie que nous avons subies. Nous n'oublierons jamais les sacrifices de ces militaires.
Aujourd'hui, nous débattons de la question de savoir ce que le Canada fera et non pas nécessairement de ce que l'OTAN fera. L'OTAN a pris une décision. Elle a un budget mensuel de 1 milliard de dollars pour la formation des militaires. Que devrait faire le Canada? Quelle devrait être sa contribution? Que faire pour reconnaître les sacrifices qui ont été faits?
Nous devrions prendre une action qui aura des effets durables, voire permanents, sur l'avenir de l'Afghanistan, dit-on. Rapatrions nos soldats et apportons un autre type de contribution à l'Afghanistan, voilà ce que nous pensons.
Nous sommes devant un gouvernement qui tente une fois de plus de faire accepter une mission d'entraînement aux Canadiens et qui, malheureusement, réduit de plus de la moitié les fonds consacrés à l'aide et au développement en Afghanistan. Il affirme que la mission militaire coûtera 1,6 milliard de dollars et que 300 millions de dollars seront consacrés à l'aide au développement.
Ce dont l'Afghanistan a vraiment besoin, c'est évidemment d'une aide au développement pour se doter d'un gouvernement fort qui sera respecté par le peuple. Devant quoi sommes-nous plutôt? Un gouvernement afghan qui, selon l'indice de perception de la corruption de Transparency International se classe 176e sur 178. C'est un gouvernement qui n'est pas respecté par le peuple afghan et ne pourra pas gagner ce respect sans un travail majeur et de longue haleine.
En fait, ce gouvernement est si peu respecté et si dédaigné par le gouvernement du Canada qu'à Lisbonne, le du Canada a déclaré que nous ne donnerons pas un sou au gouvernement de l'Afghanistan tant que nous ne serons pas convaincus que l'argent sera dépensé comme il doit l'être.
Hier, des représentants du groupe de travail sur l'Afghanistan nous l'ont confirmé en déclarant que pas un sou des 100 millions de dollars qui seront dépensés sur trois ans — ce qui est tout à fait insuffisant pour faire un travail important — ne sera versé au gouvernement afghan.
L'ironie de la situation est un peu troublante. Nous affirmons que nous ne faisons tellement pas confiance à ce gouvernement que nous ne lui donnerons pas un sou, mais nous sommes prêts à lui donner une armée. Nous sommes prêts à entraîner et à mettre sur pied une force combinée de policiers et d'agents de sécurité de 300 000 membres et de la confier à un gouvernement à qui nous ne faisons pas assez confiance pour lui donner un seul sou. C'est ce que nous disons.
Les Canadiens devraient bien comprendre cette situation ironique parce que c'est le gouvernement du Canada qui plante le décor.
La seule solution à long terme pour l'Afghanistan doit venir de la volonté et de la capacité de la population d'avoir une certaine maîtrise sur ses propres affaires au niveau local, grâce au genre de travail que nous faisons et au soutien que nous apportons aux femmes. Il y a des organisations féminines en Afghanistan qui ont cruellement besoin d'argent et de soutien pour leurs projets. Il y a eu des programmes qui ont connu un grand succès, comme le programme de solidarité nationale, qui met en oeuvre dans les collectivités des projets décidés par des chouras et des dirigeants locaux. Ces projets remportent un grand succès et ils donnent confiance en l'avenir à la population tout en lui faisant souhaiter prendre en mains les destinées de son propre pays.
Les programmes d'alphabétisation, l'éducation et l'électrification des campagnes sont le genre de choses qui sont nécessaires pour que le niveau d'alphabétisation dans ce pays s'améliore. Nous avons des projets dans le domaine de l'éducation dont, je pense, tous les Canadiens devraient être fiers.
Mais pourquoi diminuons-nous l'aide de moitié? Si nous ne pouvons pas donner plus d'argent que ce que nous offrons, pourquoi ne le plaçons-nous pas dans un projet qui contribue à la construction du pays à long terme?
Je vais parler du Canada maintenant. Les pays membres de l'OTAN, autres que le Canada, sont nombreux et je ne parle pas ici des objectifs de l'OTAN. Je parle de ce que les Canadiens veulent et de la manière dont ils devraient aider le peuple afghan dans les années à venir.
Nous ne devrions pas dire que nous nous engageons pour un, deux ou trois ans. Si nous voulons vraiment nous engager à long terme vis-à-vis du peuple afghan, en nous fondant sur les efforts et sacrifices sur le plan militaire que nous avons faits pendant des années — et qui devraient arriver à leur terme selon la motion et les souhaits des Canadiens — nous devrions reconnaître ces sacrifices et ces efforts en aidant les Afghans à construire leur propre pays. Ce sont eux qui doivent construire leur pays et eux qui en seront responsables.
On peut dire beaucoup de choses sur l'Afghanistan. Le président Karzaï a dit aux Américains de rester confinés dans leurs bases, de ne pas faire ceci ni cela, puis a proposé des négociations avec les talibans. Tout cela va se produire, quoique le Canada dise ou fasse.
Je ne peux cependant m'empêcher de voir l'ironie de la chose: nous ne confierions pas un sou au gouvernement afghan, mais nous allons lui remettre le commandement d'une armée parfaitement entraînée qui assumera pleinement son rôle quand nous partirons en 2014. C'est absurde.
Je ne peux m'empêcher de voir l'ironie de la chose: nous ne confierions pas un sou au gouvernement afghan, mais nous allons lui remettre le commandement d'une armée parfaitement entraînée qui assumera pleinement son rôle quand nous partirons en 2014. C'est absurde.
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Madame la Présidente, je vais partager mon temps de parole avec le député de .
Nous ne serions pas ici aujourd'hui à débattre de cette motion si le gouvernement avait tenu parole. Actuellement, ce gouvernement méprise la démocratie parlementaire, comme il le fait si bien depuis son arrivée au pouvoir. Selon le , un vote au Parlement n'est pas nécessaire pour prolonger la mission des soldats canadiens en Afghanistan. Voilà qu'il se contredit lui-même, car dans le discours du Trône de 2007, ce même premier ministre a affirmé que « [...] notre gouvernement a clairement indiqué à la population canadienne et à nos alliés que tout futur déploiement militaire devrait lui aussi recevoir l’appui de la majorité des députés. »
Nous, les députés du Bloc québécois, exigeons la tenue d'un vote sur cette question cruciale. Le gouvernement fédéral doit absolument obtenir l'autorisation du Parlement avant de déployer des troupes à l'étranger, car exclure les parlementaires, les élus du peuple, revient à un déni des principes démocratiques.
Le gouvernement canadien a décidé, sans débat et sans vote à la Chambre, de maintenir une présence à Kaboul de 950 soldats, qui auront la responsabilité de former les forces de sécurité afghanes. Le gouvernement veut se faire rassurant en affirmant que les membres des Forces canadiennes qui demeureront en Afghanistan ne participeront pas aux missions de combat. Mais comment peut-il prétendre connaître l'avenir et être certain que les insurgés feront une nette distinction entre le rôle pacifique des forces armées canadiennes et les troupes offensives?
Le discours des conservateurs est contradictoire. Au début de l'année 2010, le et des membres de son gouvernement déclaraient que la mission militaire du Canada en Afghanistan prendrait fin en 2011 et que l'implication canadienne se limiterait au développement, à la gouvernance, à l'aide humanitaire et à la formation des policiers. Or voilà, malgré toutes les déclarations passées, le gouvernement retourne sa chemise et décide de maintenir une présence militaire en Afghanistan sans avoir consulté la population et les élus.
La stratégie qu'ont trouvée les conservateurs pour se défiler, à tout le moins pour éviter un vote, c'est la trouvaille du siècle. Ils inventent un nouveau type de mission, une mission de non-combat. Qu'est-ce qu'une mission de non-combat? Dans mon esprit, il existe deux types de mission: une mission militaire ou une mission de paix. Les conservateurs sont rendus des experts en tripotage de sémantique, une belle trouvaille pour contourner les règles de cette Chambre et pour ne pas demander un vote.
De plus, le et son se font encore plus confrontants avec l'opposition en soutenant que tous les soldats canadiens en Afghanistan seront rapatriés au plus tard en mars 2014. Encore une promesse qu'ils ne pourront respecter et un engagement qu'ils ne pourront honorer. Ils ne sont vraiment pas crédibles et la population n'est pas dupe.
Les députés du Parti libéral sont aussi complices du prolongement de la mission canadienne en Afghanistan. En 2006, lors du vote sur la prolongation de la mission, ce sont les votes de plusieurs députés libéraux qui ont rendu possible le prolongement de la mission jusqu'en 2009. En 2008, les conservateurs ont présenté une motion amendée par les libéraux pour le prolongement de la mission jusqu'en 2011. Encore une fois, les libéraux se sont rangés du côté des conservateurs. On voit qu'ils ont la même vision et la même philosophie.
Le Canada peut apporter beaucoup à la population afghane. Alors que le Bloc québécois estime que sur le plan militaire, le Canada a fait sa large part et que son rôle peut être repris par des pays alliés, nous croyons que le Canada peut s'impliquer à plusieurs autres niveaux.
Les policiers canadiens sont réputés sur le plan international. Le Bloc québécois recommande donc l'envoi d'un contingent d'un maximum de 50 policiers pour assurer la formation de la police afghane. La présence d'une force policière formée, équipée et légitimée peut contribuer à réduire l'insécurité de la population afghane.
Selon l'ensemble des rapports, le milieu carcéral afghan souffre de grandes lacunes, comme l'a démontré le dossier des prisonniers afghans abusés dans les geôles afghanes.
Selon l'OTAN:
D’après les normes occidentales, l’appréciation de la situation de nombreuses installations correctionnelles ou de détention va d’insuffisante à extrêmement médiocre dans certains cas.
Ainsi, le Bloc québécois suggère que les directeurs de prisons afghanes soient appuyés par des directeurs-adjoints canadiens. Nous recommandons donc l'envoi de 50 civils qui proviendront du système carcéral canadien.
La confiance dans le système judiciaire est un des fondements d'une société de droits. Or l'OTAN révélait que:
Les Afghans tiennent beaucoup à la notion « d’équité » du système et préfèrent recourir aux mécanismes informels, le système officiel du gouvernement apparaissant comme éminemment corrompu.
Afin d'assurer la formation et le bon fonctionnement du système judiciaire afghan, le Bloc québécois propose l'envoi d'une délégation de juristes canadiens qui pourront soutenir et favoriser la modernisation du système judiciaire. De plus, le Bloc québécois croit que le Canada doit maintenir son aide publique au développement en Afghanistan et soutient que l'annonce de la de réduire de plus de la moitié l'enveloppe budgétaire de l'APD de 2011 à 2014 est inadmissible.
Aussi, le gouvernement canadien et l'ACDI doivent revoir la politique d'aide au développement en Afghanistan: elle doit être mieux coordonnée, plus transparente et assujettie à des facteurs d'efficacité. L'APD doit également être restructurée, car au cours des 7 dernières années, 80 p. 100 de l'aide internationale a contourné le gouvernement afghan et n'était strictement pas alignée sur les priorités de ce gouvernement.
Nous sommes ici aujourd'hui pour voter sur une motion qui condamne la décision du gouvernement de prolonger unilatéralement la mission canadienne en Afghanistan jusqu'en 2014. Cette façon de faire des conservateurs est une constante depuis leur arrivée au pouvoir. La politique étrangère du Canada a pris un virage à droite: il n'est plus question de l'approche 3D, soit le développement, la défense et la diplomatie. Actuellement, les trois priorités du gouvernement sont axées sur la sécurité, la prospérité et la gouvernance. Le gouvernement dicte sa politique étrangère canadienne en fonction de ses priorités économiques et militaires.
Il alloue des sommes faramineuses au budget de la défense et des pinottes au budget de l'aide au développement. En matière de diplomatie canadienne, il faut l'avouer, le bilan conservateur fait piètre figure. Il n'est pas étonnant que ce gouvernement ait perdu son siège au Conseil de sécurité de l'ONU, conséquence directe de sa politique étrangère. Toutefois, le Canada fait bonne figure à l'OTAN. C'est normal car l'OTAN est une alliance militaire. Le Canada investit substantiellement dans l'achat de matériel militaire depuis quelques années.
La politique militarisée des conservateurs ne rejoint pas les valeurs québécoises. Une grande majorité de la population québécoise est contre la présence canadienne en Afghanistan.
En effet, selon les données recueillies lors d'un sondage effectué dans la semaine du 11 novembre par Harris/Décima, au Québec, 59 p. 100 des répondants croient qu'il faut rapatrier la totalité des troupes canadiennes au Canada, et seulement 36 p. 100 des répondants se disent intéressés à ce que l'armée canadienne contribue à la formation des soldats afghans.
Il est évident que les députés québécois du Parti conservateur ne sont vraiment pas à l'écoute des préoccupations de leurs électeurs et qu'ils ne représentent pas leurs intérêts au sein de ce gouvernement.
Je terminerai en disant que j'invite tous les députés de la Chambre à voter en faveur de notre motion car tout déploiement des troupes canadiennes doit obligatoirement passer par un vote à la Chambre des communes.
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Madame la Présidente, j'ai le plaisir de prendre la parole à mon tour sur cette motion de la journée de l'opposition du Bloc québécois. Qu'on me permette d'abord de lire cette motion:
Que cette Chambre condamne la décision du gouvernement de prolonger unilatéralement la mission canadienne en Afghanistan jusqu’en 2014, reniant ainsi deux promesses faites à la population, soit celle faite en Chambre le 10 mai 2006 et réitérée dans le Discours du Trône de 2007 de soumettre à un vote du Parlement tout déploiement militaire et celle faite le 6 janvier 2010 de faire de la mission en Afghanistan une mission strictement civile après 2011, sans présence militaire autre que la garde nécessaire à la protection de l'ambassade.
Pour le Bloc québécois, il n'est pas question, dans ce dossier, d'appuyer le gouvernement, ses orientations et ses décisions. C'est ce qui explique notre refus de la prolongation de la mission canadienne.
Le gouvernement conservateur voudrait nous engager dans une « guerre au terrorisme » sans fin. Nous ne sommes plus au lendemain du 11 septembre. Nous sommes passés à une autre étape. Le gouvernement semble croire que le monde peut vaincre le terrorisme uniquement par la force et que le meilleur moyen de répliquer au 11 septembre, c'est par les armes. Il se trompe.
Le meilleur moyen d'arrêter le terrorisme en Afghanistan et ailleurs dans le monde, c'est d'abord de donner de l'espoir aux gens qui n'en ont pas. C'est la position que le Bloc québécois défend depuis des années, et c'est la seule qui corresponde aux valeurs et aux intérêts du Québec.
Le Bloc québécois estime que, sur le plan militaire, le Canada a fait sa part et que son rôle peut être repris par des pays alliés. Bien que nous ne partagions pas la forme de la mission, je profite de l'occasion pour remercier tous ces hommes et toutes ces femmes de l'armée qui ont participé à cette mission, et je salue la mémoire de ceux et celles qui y ont laissé leur vie. Un tel sacrifice, le plus grand, est tout à leur honneur.
Pour revenir à cette volonté des conservateurs d'un prolongement de la mission militaire, le gouvernement s'éloigne, à mon sens, de ce que devrait être son rôle: celui de participer à la reconstruction par un appui financier et humanitaire aux ONG reconnues et présentes sur place, et non par une présence militaire, camouflée cette fois sous des prétextes de formation qui sont en tous points mensongers.
Aux dires du , le prolongement de la mission servirait uniquement à former les soldats afghans. Or l'ex-général en chef des Forces armées, Rick Hillier, affirme qu'il est impossible de former des militaires sans faire un suivi sur le terrain, c'est-à-dire sur les lieux de combat. Il semble donc évident que ladite « nouvelle » mission afghane ne sera pas de genre humanitaire, comme le premier ministre tente de nous le faire croire, mais plutôt de genre militaire, car des soldats canadiens devront aller en zone de combat pour accomplir leur tâche.
Le gouvernement tente de justifier le maintien de militaires canadiens en Afghanistan en prétextant qu'ils ne participeront pas au combat. L'exemple français montre qu'il est impossible de faire de la formation sans s'impliquer dans des missions de combat. La France a d'ailleurs perdu une cinquantaine de militaires, dont un bon nombre faisaient alors de la formation auprès de l'armée afghane.
De plus, au tout récent sommet de l'OTAN, le a eu le culot de promettre de ne pas poursuivre la mission en Afghanistan au-delà de 2014. Pourtant, le 6 janvier 2010, le premier ministre avait déclaré publiquement qu'il n'y aurait pas de présence militaire en Afghanistan au-delà de 2011 à part celle requise pour assurer la protection de l'ambassade canadienne.
Quelle crédibilité a-t-il en fixant cette nouvelle date limite de 2014 quand on peut constater que par cette déclaration même, il renie sa promesse de retirer les troupes militaires en 2011? Qui va le croire?
Après avoir prolongé de quatre ans au-delà de la limite prévue la mission du Canada en Afghanistan, le impose maintenant à la Chambre des communes sa décision de prolonger la mission militaire après 2011 en y envoyant quelque 1 000 militaires jusqu'en 2014. Le gouvernement conservateur a délibérément annoncé d'ailleurs cette décision arbitraire, prise en catimini et à la va-vite, pendant la relâche parlementaire, donc sans débat ni vote à la Chambre des communes.
Le a brisé sa promesse de ne pas prolonger la mission militaire en Afghanistan et, du coup, il a perdu toute crédibilité pour la suite des choses. En mai 2006, le premier ministre a réitéré l'engagement électoral de son gouvernement à tenir un vote sur tout nouveau déploiement de troupes à l'étranger. Le premier ministre aurait dû au moins tenir cette promesse et faire en sorte qu'il y ait un débat et un vote à la Chambre sur le prolongement de la mission en Afghanistan au-delà de 2011. C'est pour cette raison que le Bloc québécois a tenu à faire ce débat aujourd'hui dans le cadre d'une journée d'opposition.
L'entente derrière les portes closes entre les conservateurs et les libéraux sur le prolongement de la mission militaire en Afghanistan ne peut, en aucun cas, se substituer au débat démocratique. Un vrai débat est nécessaire pour s'assurer que la mission afghane est une véritable mission civile.
Depuis le début de cette mission, le Bloc québécois demeure le seul parti qui a tenu une position cohérente et responsable. Le Bloc québécois s'est proclamé favorable à un retrait des soldats à la conclusion de cette mission et il a eu la cohérence de voter pour la motion libérale de 2007, qui prévoyait la fin de la mission en 2009, contrairement au NPD qui, on se le rappelle, a appuyé la prolongation de cette mission sous des prétextes d'ailleurs fallacieux.
C'est en ce sens également que le Bloc québécois continuera de représenter les Québécoises et les Québécois et de faire valoir leurs valeurs à Ottawa. Le Québec ne veut plus de cette mission militaire. Le Québec refuse un tel engagement et, surtout, il exige que le revienne sur sa décision antidémocratique et mette fin à la mission militaire au profit d'une mission civile axée sur l'humanitaire, comme il l'avait pourtant promis en janvier 2010.
J'invite donc tous les députés de cette Chambre à appuyer notre motion.
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Madame la Présidente, je vais partager mon temps de parole avec le député de .
Au moment où nous sommes en train de débattre de l’avenir de l’engagement du Canada en Afghanistan, je crois qu’il est également important de faire le bilan de nos réalisations dans le cadre de cet engagement.
L’Afghanistan n’est plus le pays qu’il était. Comme a pu le constater le Comité des affaires étrangères l’été dernier, c’est désormais un pays dont la population fait preuve d’une volonté, d’un courage et d’une résistance incroyables. Au moment où le Canada s’est engagé en Afghanistan pour la première fois, ce pays était dirigé par des talibans dont le régime était l’un des plus répressifs et régressifs du monde. La pauvreté, l’analphabétisme et l’oppression marquaient la vie de tous les Afghans. Le pays était devenu un havre de paix pour les terroristes internationaux.
Voilà la situation telle qu’elle était il y a près de dix ans. C’est à partir de ce point de départ que nous devons juger des réalisations du Canada et de ses partenaires. Dans de telles circonstances, les progrès sont lents et il faut s’attendre à des revers. Néanmoins, la situation continue d’évoluer et le Canada a effectivement réussi à faire une différence dans la vie des Afghans. Le gouvernement est persuadé que nous devons compléter ce que nous avons réussi à accomplir jusqu’à maintenant et maintenir notre engagement envers l’Afghanistan.
Nous le devons aux milliers de Canadiens et de Canadiennes exceptionnels qui ont risqué leur vie, y compris 152 soldats des Forces canadiennes, un diplomate, deux travailleurs humanitaires d’ONG et les journalistes qui ont consenti le sacrifice ultime en Afghanistan.
L’objectif des Canadiens était d’aider les Afghans à améliorer la sécurité, le développement et la gouvernance dans la province de Kandahar et à la grandeur de l’Afghanistan. Personne ne pensait que cet objectif pourrait être atteint sans d’abord avoir à surmonter des obstacles et des difficultés, mais cela n’a pas découragé ces hommes et ces femmes courageux, militaires et civils, Canadiens et Afghans qui consacrent le meilleur d’eux-mêmes à cette noble cause, d’améliorer concrètement la vie des Afghans.
Grâce à leur travail acharné, des progrès importants ont été réalisés dans le cadre de nos six priorités et nos trois projets distinctifs. Les progrès réalisés sont colligés dans le rapport sur l’engagement en Afghanistan que le gouvernement présente au Parlement chaque trimestre. Pour chacune de nos six priorités et chacun de nos trois projets distinctifs, des critères et des indices de progrès ont été définis. Voilà qui donne au Parlement et aux Canadiens un résumé très clair de nos réalisations jusqu’à maintenant et de ce qui reste à accomplir afin d’atteindre nos objectifs.
Aucun autre pays n'établit comme nous de rapports portant sur des critères établis. Grâce à ses rapports trimestriels, le gouvernement fait preuve d’un niveau exceptionnel de responsabilité et de transparence.
Je crois qu'il est important de souligner l'ampleur de nos réalisations dans des domaines que de nombreux Canadiens tiennent pour acquis comme l'accès à des services de base, à l'éducation et à des soins de santé. La construction d'écoles et l'administration de vaccins contre la polio ne sont peut-être pas considérées comme des réalisations révolutionnaires par le citoyen moyen d'un pays développé comme le Canada, mais pour un enfant afghan, cela peut faire la différence entre une vie passée dans la pauvreté et une vie remplie de possibilités, voire entre la vie elle-même et la mort. J'aimerais que mes collègues parlementaires et mes concitoyens n'oublient pas cela lorsqu'ils réfléchiront à la contribution du Canada en Afghanistan.
J'aborderai maintenant plus en détails certaines de nos réalisations.
Le Canada reconnaît que les Afghans doivent se doter des moyens nécessaires pour assurer leur propre sécurité. C'est pourquoi le Canada a travaillé sans relâche en vue de permettre aux forces de sécurité nationales afghanes dans la province de Kandahar de renforcer la sécurité et de promouvoir la loi et l'ordre. À cette fin, nous nous employons à former, encadrer et équiper l'armée et la police nationales afghanes, à renforcer les capacités en matière de soutien administratif et logistique et à mettre en oeuvre des initiatives complémentaires concernant le système de justice et le système correctionnel.
La primauté du droit est assortie de la capacité des citoyens de défendre et d'exercer leurs droits fondamentaux. La promotion et la protection des droits de la personne, notamment des droits des femmes, est l'élément fondamental de l'engagement du Canada en Afghanistan. Nous offrons également du soutien afin de doter les Afghans des moyens leur permettant de s'assurer que les lois sont conformes à leur Constitution et à leurs obligations internationales en matière de droits de la personne et leur permettant de réformer le secteur de la justice.
Nous reconnaissons que c'est un processus à long terme, mais nous avons observé des améliorations considérables dans ce secteur depuis le début de notre engagement dans ce pays. Par exemple, les femmes, qui n'avaient pratiquement aucun droit il y a seulement dix ans, représentent maintenant plus du quart des parlementaires afghans et jouent un rôle plus actif dans le développement économique et politique du pays.
Ce qui est peut-être encore plus important, c'est que les filles représentent maintenant le tiers des enfants dans les écoles, alors qu'aucune d'entre elles n'allaient à l'école en 2001. Cela permettra aux membres des générations futures d'avoir une meilleure vie et de meilleures possibilités.
Le Canada est pleinement conscient de l'importance de la dynamique régionale et de la nécessité d'augmenter la coopération régionale afin d'aider l'Afghanistan à devenir un pays plus stable et prospère.
Dans cet ordre d'idées, depuis novembre 2007, le Canada a animé une série d'ateliers visant à renforcer la confiance et la compréhension mutuelles entre les responsables pakistanais et afghans, ce qui leur permettra d'entreprendre des projets de gestion conjointe de la frontière.
Cette initiative, connue sous le nom de processus de Dubaï, rassemble des agents frontaliers en vue de favoriser la coopération dans les secteurs suivants: les douanes, la circulation des personnes, la lutte contre les stupéfiants et l'application de la loi. Les plus récentes réunions organisées dans le cadre de ce processus ont eu lieu en avril, en juillet et en novembre, et elles ont été très productives.
Ce ne sont que quelques exemples de progrès.
Pour les Afghans, les réalisations canadiennes représentent plus que des simples chiffres et que des rapports trimestriels. Pour beaucoup d'Afghans, ce partenariat avec le Canada et les progrès que nous avons réalisés ensemble représentent de véritables possibilités et leur donnent l'espoir d'un avenir meilleur.
Nous pouvons être fiers de ce que nous avons accompli, mais nous devons aussi nous rappeler que notre travail n'est pas terminé. Comme l'histoire l'a montré à maintes reprises, les Canadiens ne reculent pas devant les défis ou les difficultés. Nous devons continuer de voir la situation dans son ensemble et maintenir notre engagement envers les Afghans.
Après tout, avec toute l'expérience que nous avons acquise au prix de notre sang et à la sueur de notre front, ainsi que l'admiration et l'habilité des Afghans, c'est le meilleur héritage que nous pouvons léguer. La motion du Bloc ne reconnaît pas cela.
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Madame la Présidente, c'est avec beaucoup de plaisir que je participe au débat d'aujourd'hui puisque j'ai eu l'occasion unique de pouvoir me rendre en Afghanistan en juin dernier. J'ai participé à une mission d'une durée de sept jours à Kandahar et à Kaboul à titre de membre du Comité spécial de la Chambre des communes sur la mission en Afghanistan.
Ce voyage avait pour but de nous permettre d'observer directement la situation que vivent nos militaires et travailleurs humanitaires en Afghanistan. Avant notre départ, le gouvernement nous avait présenté des séances d'information, mais les médias ont été l'une de mes principales sources d'information sur l'Afghanistan.
Quelques jours après mon retour, j'ai participé à une rencontre sociale à laquelle assistaient bon nombre de députés, de sénateurs et de journalistes des médias nationaux, et un journaliste qui se trouvait près de moi m'a demandé quelles étaient mes impressions, suite à ce voyage. Je lui ai dit tout d'abord que j'avais été renversé de voir l'enthousiasme et le dévouement des militaires, des travailleurs humanitaires et des diplomates canadiens en poste en Afghanistan. Leur altruisme est vraiment remarquable. Ces gens savent ce qu'ils font et ils savent aussi pourquoi ils le font. Chaque jour qu'ils passent en Afghanistan, ils risquent leur vie, mais ils continuent.
J'ai poursuivi en disant que la couverture que nos médias nationaux faisaient de l'Afghanistan était, au mieux, inadéquate. Les Canadiens devraient être fiers de la contribution que notre mission en Afghanistan nous permet d'apporter à la planète. Nous devrions avoir une reconnaissance sans bornes à l'endroit de ceux qui servent là-bas. Au lieu de cela, nous nous montrons timides. Le nouveau mot d'ordre des services de presse, « s'il y a du sang, c'est accrocheur », est simpliste et sème la peur; il ne rend pas justice à ces situations.
Malheureusement, la couverture médiatique de l'Afghanistan, ou l'absence de couverture, teinte les impressions de la plupart des Canadiens, ou d'un grand nombre, en tout cas. Voici comment, depuis dix ans, les médias canadiens couvrent la situation en Afghanistan: comme si on envoyait trois journalistes sillonner le quartier Downtown Eastside à Vancouver dans une voiture de police pour couvrir les nouvelles et les événements de l'ensemble du Canada. Qu'est-ce qu'une telle couverture dirait aux Canadiens au sujet de leurs aspirations, de la beauté de notre territoire ou de notre potentiel? Ce parallèle est approprié, car les services de presse du Canada ont en moyenne trois journalistes à Kandahar, qui couvrent le territoire en véhicules blindés légers ou qui sont confinés à la base aérienne.
Permettez-moi de dire à la Chambre ce que j'ai vu là-bas et qui m'a touché très profondément. J'ai vu ce que des soldats, des diplomates et des travailleurs humanitaires canadiens font sur le plan du développement pour le peuple afghan et cette partie du monde, et cela m'a rempli d'une fierté indicible. Prenons le domaine de l'éducation, par exemple. Le Canada a reconstruit ou retapé 26 écoles, 24 autres sont en construction, et l'on a accordé des marchés pour en construire d'autres. Vingt-trois mille adultes afghans ont terminé un programme d'alphabétisation de dix mois, et 5 900, des programmes de formation professionnelle.
Ces investissements bâtissent l'avenir de l'Afghanistan. Grâce en partie au financement de la communauté internationale et au travail ardu des Afghans, il y a maintenant plus de 158 000 enseignants en Afghanistan, alors qu'il n'y en avait que 21 000 en 2002.
Plus de 6 millions d'Afghans reçoivent maintenant l'éducation dont ils ont besoin pour sortir leur pays de la pauvreté. Un tiers sont des filles, alors qu'aucune fille n'allait à l'école en 2002. Il faudra continuer d'investir au cours des prochaines années. C'est pourquoi le gouvernement a déjà signalé son intention de faire de l'éducation des enfants afghans, particulièrement les filles, une priorité jusqu'en 2014.
Sur le plan de la santé, croyez-le ou non, en 2000, seulement 9 p. 100 de la population vivait à moins de deux heures de marche d’un établissement de soins de santé primaires. Maintenant, c'est le cas pour 66 p. 100 des Afghans. Plus de 1 450 travailleurs de la santé — médecins, infirmières, sages-femmes et travailleurs communautaires en santé — ont bénéficié de formation.
Nous avons aussi vu le taux de mortalité infantile diminuer, grâce à un meilleur accès aux services de santé et à des soins obstétriques d’urgence plus accessibles et de meilleure qualité dans le Sud de l’Afghanistan.
Le projet clé du Canada pour éradiquer la polio en Afghanistan, financé dans le cadre de l’Initiative pour l’éradication de la poliomyélite, connaît un succès croissant. En Afghanistan, le Canada est actuellement le plus important participant du monde à ce programme.
Jusqu’à maintenant, on estime à 7,8 millions le nombre d’enfants qui continuent à recevoir le vaccin grâce à de nombreuses campagnes de vaccination organisées partout au pays, à longueur d'année. On a eu de la difficulté à atteindre certaines populations pour l’administration du vaccin, mais la prévalence de la maladie a été limitée au Sud du pays.
La sécurité demeure un sujet d’inquiétude constant, mais l’équipe responsable a trouvé des façons innovatrices de distribuer le vaccin. Cet effort pour améliorer la santé des enfants afghans est une raison de plus pour que nous demeurions engagés en Afghanistan. Nous ne manquerons pas à cet engagement.
Compte tenu de la réussite de ce projet, nous verserons aussi 30 millions de dollars annuellement pour la réalisation de l’Initiative de Muskoka, créée à l’occasion du sommet du G8, qui vise à améliorer la santé des mères, des nouveau-nés et des enfants. S’ajoutant à nos investissements passés, cette injection de fonds aidera à combler de graves lacunes du système de santé afghan.
D’une façon générale, grâce en partie à des investissements canadiens, le Programme alimentaire mondial a permis de distribuer 275 000 tonnes d’aliments à plus de 9 millions d’Afghans et ce, en 2009 seulement. Également en 2009, le gouvernement du Canada a versé 20 millions de dollars dans le cadre du plan d’action humanitaire dirigé par l’ONU.
Notre engagement à aider à rétablir la confiance des Kandaharis dans leur propre gouvernement, basé à Kandahar, est tout aussi crucial pour l’avenir de l’Afghanistan. En 2008, le gouvernement du Canada a établi des objectifs précis visant à aider le gouvernement de Kandahar à faciliter l’accès aux services de base et à augmenter les possibilités d’emploi.
Le gouvernement de l’Afghanistan a souvent insisté sur la nécessité de réaliser des programmes de développement rural dans son pays — de multiplier les occasions de développement économique pour les Afghans. Un objectif clé du gouvernement du Canada dans ce pays était d’aider à assainir l’agro-économie de la province de Kandahar grâce à la remise en état du barrage Dahla, un important projet du gouvernement du Canada évalué à 50 millions de dollars. Le système d’irrigation que permet ce barrage est la pierre d’assise de l’avenir de l’Afghanistan.
La province de Kandahar, qui a déjà été qualifiée de garde-manger de l'Afghanistan, arrive difficilement à produire des aliments et des cultures en raison d'années de conflit et d'une longue sécheresse. L'Afghanistan est un des pays qui produisent le moins d'aliments par habitant en raison, notamment, de la destruction des systèmes agricoles de la vallée d'Arghandab et de la province de Kandahar.
Les habitants de Kandahar comptent sur les systèmes agricoles pour assurer leur alimentation et aussi leur subsistance. La destruction de ces systèmes a réduit les perspectives d'emploi dans le domaine agricole dont dépendent 80 p. 100 des agriculteurs et travailleurs locaux.
Aujourd'hui, grâce au soutien du Canada et au dur labeur d'Afghans, plus de 137 000 mètres cubes de vase et de débris ont été retirés des canaux d'irrigation. Cela a permis d'accroître de 5 300 hectares les terres irriguées. Jusqu'à maintenant, le travail de construction associé à la remise en état des canaux a fourni environ 2 000 emplois aux habitants de la province. Les travaux sur le système d'irrigation offriront à la population locale de nouvelles perspectives économiques pendant des générations.
Cependant, ce ne sont là que des statistiques tant que nous n'avons pas regardé dans les yeux les Canadiens en service en Afghanistan. Ils mettent leur vie en jeu jour après jour, minute après minute, c'est pourquoi j'ai été si bouleversé lorsque je les ai rencontrés. L'hommage que les Afghans rendent aux Canadiens qui sont là-bas se traduit par le profond respect qu'ils éprouvent pour eux et pour ce qu'ils font et aussi par les liens personnels qu'ils tissent, d'homme à homme, de femme à femme.
Les agents de formation que le Canada envoie, ce dont nous discutons aujourd'hui, visent à donner à l'Afghanistan la capacité de maintenir la paix. Le Canada se dirige vers une mission de maintien de la paix. J'ai demandé ce matin au député bloquiste s'il voulait que des forces étrangères maintiennent la paix en Afghanistan ou si nous devions entraîner l'armée afghane pour que les Afghans fassent le travail eux-mêmes.
Le gouvernement rend hommage à l'engagement de tous ceux qui se sont déjà sacrifiés. J'exhorte le comité spécial sur l'Afghanistan à redoubler d'ardeur et à travailler plus constructivement à définir la contribution du Canada. Étant donné le capital de respect dont nous jouissons auprès du peuple afghan, nous sommes stratégiquement dans une position unique parmi les citoyens du monde pour assurer l'entraînement des forces afghanes.
Pour moi, c'était un très grand privilège de serrer la main de ces Canadiens dévoués, qui travaillent avec tant de sérieux dans nos forcées armées, la GRC, les services correctionnels, l'ACDI, le MAECI et les organismes civils. Je leur dis merci.
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Madame la Présidente, je vais partager mon temps de parole avec la députée de .
Je suis heureux de me prononcer aujourd'hui sur la motion présentée par le Bloc québécois demandant à la Chambre de se prononcer contre une autre prolongation de la mission en Afghanistan. Je suis heureux de le faire parce que c'est un endroit démocratique et qu'il faut bien débattre de nos idées et de nos opinions. C'est un peu malheureux, par contre, que cela doive venir du Bloc québécois. Étant donné son engagement, il aurait été de la responsabilité du gouvernement de demander la permission de la Chambre de prolonger la mission militaire au-delà de la date à laquelle la Chambre avait déjà donné son accord, malgré l'opposition du Bloc québécois.
Je vais commencer en donnant une perspective historique qui me semble importante pour qu'on voie où on en est rendus dans cette mission. Ce n'est pas la première fois que la Chambre se prononce là-dessus. Il faut voir les louvoiements tantôt des libéraux tantôt des néo-démocrates qui nous ont amenés dans une situation où il y a toujours des militaires canadiens en Afghanistan alors qu'ils pourraient en être revenus depuis fort longtemps.
Cette mission a été mise en place à l'époque des libéraux. Je n'étais pas là et je ne me souviens pas s'il y avait eu un vote. Je n'en ai pas entendu parler. Dès que le Parlement a été convoqué à nouveau lors des élections générales de 2006, c'est un débat qui est revenu sur la table très rapidement.
Le 17 mai 2006, il y a eu un premier vote pour la poursuite de cette mission. La motion prévoyait que la Chambre appuie la prolongation du déploiement pour une période de deux ans par le gouvernement du Canada. La mission devait prendre fin au début de 2007 et la motion visait à la prolonger jusqu'au début de 2009. À ce moment, le Bloc québécois était clairement contre le prolongement de cette mission militaire et il a voté contre. Le NPD a fait de même. Chez les libéraux, c'était plus difficile à suivre parce que les votes étaient partagés. Ils adoptaient une approche plutôt partisane, et dans les circonscriptions où l'enjeu était important, ils votaient contre. Cependant, ils se sont assurés d'être suffisamment nombreux pour que le gouvernement obtienne l'autorisation du Parlement de procéder.
Évidemment, le Bloc québécois était déçu de cette décision, mais le Parlement s'était prononcé et il fallait bien en prendre acte. On a toujours affirmé que le gouvernement devait respecter la volonté de la Chambre. On ne pouvait donc pas, une fois que la Chambre s'était prononcée, ne pas respecter sa volonté parce qu'on n'était pas d'accord. Le Canada a donc prolongé sa mission. Il a pris des engagements internationaux et il a décidé de maintenir sa présence jusqu'en 2009.
La Chambre s'est prononcée à nouveau sur cette question le 24 avril 2007. Une motion avait été présentée par le député libéral de et était appuyée par le chef de l'opposition officielle, le député d', qui est encore aujourd'hui le chef de l'opposition officielle. Dans cette motion, on reconnaissait que la mission « se poursuivra jusqu'en février 2009, date à laquelle les opérations canadiennes de combat dans le Sud de l'Afghanistan prendront fin; ».
Donc, clairement, la Chambre avait devant elle une motion qui visait à s'assurer qu'on mette fin à la présence militaire en Afghanistan dès le début de l'année 2009. On était heureux de cette évolution des libéraux et on espérait que leur caucus soit entièrement derrière le proposeur et l'appuyeur de leur motion, en l'occurrence le chef de l'opposition officielle. Cela a été le cas. Les libéraux ont tous voté en faveur de cette motion pour mettre fin à la mission, pour ne pas la prolonger une seconde fois. Le Bloc québécois a aussi fait de même. C'était sa position. On avait pris acte de la décision de la Chambre. Maintenant qu'on devait se prononcer à nouveau, on a dit qu'il fallait se retirer de l'Afghanistan. Malheureusement, le NPD, pour des raisons purement partisanes et électorales — on le comprendra —, avait voté contre cette motion et s'était allié aux conservateurs pour la défaire.
Évidemment, ils nous diront qu'ils souhaitaient un départ immédiat de l'Afghanistan. C'était aussi une idée que je partageais, mais cela ne change rien au fait que la Chambre s'était déjà prononcée pour l'année 2009 et qu'on avait là une opportunité de mettre fin à cette mission. Si le NPD avait fait preuve de plus de clairvoyance à ce moment-là, si son chef s'était comporté de façon responsable, s'il avait mis de côté la partisanerie politique et sa volonté de faire des petits gains politiques à court terme et qu'il avait plutôt défendu l'intérêt du pays, aujourd'hui, on ne serait pas en train de débattre de cela en cette Chambre. Si le NPD avait été responsable, en avril 2007, on aurait pris la décision, en tant que Parlement, de ne pas prolonger la mission une autre fois et nos troupes auraient quitté l'Afghanistan depuis le début 2009. Donc, depuis presque deux ans, cette question serait réglée. C'est extrêmement dommage que ce ne soit pas le cas.
Par la suite, en mars 2008, une proposition venant du gouvernement avait été négociée, encore une fois, avec les libéraux. Ils ont changé une fois de plus d'avis. C'est eux qui proposaient qu'on se retire des 2009. Là, dans un autre de leurs éternels louvoiements, ils étaient finalement prêts à prolonger la mission. La proposition se lisait ainsi:
que le Canada devrait maintenir une présence militaire à Kandahar au-delà de février 2009 [qui était la date prévue par cette Chambre] jusqu'à juillet 2011[...]
C'était donc plus de deux autres années supplémentaires. Nous étions contre la première prolongation et nous étions contre la deuxième demande. Nous voulions y mettre fin dès la deuxième opportunité et nous étions évidemment contre une troisième demande de prolongation. Nous avons voté contre cette motion, tout comme le NPD qui est un peu revenu à la raison à ce moment-là. En fin de compte, malheureusement, puisque cela avait été négocié avec les libéraux, la motion a alors été adoptée et, en vertu de son engagement international, la présence militaire du Canada à Kandahar devait se poursuivre jusqu'en 2011.
On se retrouve aujourd'hui avec un gouvernement qui veut trouver une façon de continuer. Il s'est une fois de plus entendu avec les libéraux. Il nous dit que cette présence militaire n'assurera que de la formation. Je ferai remarquer qu'une présence militaire reste une présence militaire et si on envoie des militaires à un endroit, c'est parce qu'on juge que cela prend des militaires. Si c'était une formation théorique, on n'aurait pas besoin de gens pour aller sur le terrain en situation de combat pour donner de la formation et on n'enverrait pas des militaires. On enverrait des manuels scolaires, des manuels de formation. Ce n'est pas une formation théorique, c'est une formation pratique, et une formation pratique de combat se fait en situation de combat. Cela me semble assez logique. C'est pour cette raison que le Bloc québécois a présenté cette motion devant la Chambre pour que nos militaires quittent l'Afghanistan et qu'on ne se concentre que sur l'aspect humanitaire de cette mission.
J'encourage tous les honorables députés à appuyer cette motion.
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Madame la Présidente, j'ai le plaisir de m'exprimer sur la motion du Bloc québécois dans le cadre de cette journée de l'opposition. J'aimerais relire cette motion:
Que cette Chambre condamne la décision du gouvernement de prolonger unilatéralement [le mot « unilatéralement » a beaucoup d'importance] la mission canadienne en Afghanistan jusqu’en 2014, reniant ainsi deux promesses faites à la population, soit celle faite en Chambre le 10 mai 2006 et réitérée dans le Discours du Trône de 2007 de soumettre à un vote du Parlement tout déploiement militaire et celle faite le 6 janvier 2010 de faire de la mission en Afghanistan une mission strictement civile après 2011, sans présence militaire autre que la garde nécessaire à la protection de l'ambassade.
Aujourd'hui, que doit-on penser de ce changement de position du gouvernement conservateur? Lors de l'élaboration de sa plateforme électorale en 2006, le gouvernement conservateur nous disait ceci:
Un gouvernement conservateur [...] donner au Parlement la responsabilité de superviser [...] la participation des Forces armées canadiennes aux opérations à l'étranger.
Dans le discours du Trône de 2007, il réitère son intention de laisser la Chambre des communes décider. En 2008, la Chambre a voté pour la prolongation de la mission, mais jusqu'en 2011 seulement. On pourrait dire que le gouvernement conservateur est un peu comme saint Pierre, qui a renié trois fois le Christ, car il a renié trois fois sa parole. La mission militaire en Afghanistan se poursuivra donc sans débat, sauf celui que le Bloc québécois impose aujourd'hui, et sans vote de la Chambre. Pour nous, l'exclusion de tous les parlementaires de cette question si grave revient à un déni des principes démocratiques qui doivent sous-tendre tous les travaux de la Chambre.
L'ancien chef d'état-major de la Défense des Forces canadiennes, le général Rick Hillier, affirmait d'ailleurs qu'il est impossible de former des militaires sans faire un suivi sur le terrain, c'est-à-dire sur les lieux de combat. Nous devons donc comprendre que la « nouvelle » mission afghane ne sera pas de type humanitaire ou de formation, mais plutôt militaire, ce à quoi nous nous opposons.
Que peut-on penser de la formation sans combat? Nous savons que le gouvernement conservateur a annoncé qu'il va maintenir un contingent de 950 soldats en Afghanistan pour former la future armée afghane. Il s'est empressé de dire que les soldats canadiens n'allaient pas participer à des combats dans leurs activités de formation. Peut-on faire confiance au gouvernement? Nous donne-t-il l'heure juste?
Le général Hillier, qui est quand même l'ancien chef d'état-major de la Défense, a dit qu'en donnant de la formation, nos militaires devront forcément aller sur les lieux de combat. Pour nous, l'argument du gouvernement est de la poudre aux yeux. Il ne faut pas oublier que le général Hillier a beaucoup de crédibilité. Il a dirigé les troupes de l'OTAN en Afghanistan et il connaît très bien la réalité du terrain. J'aurais fortement tendance à croire ce qu'il dit au sujet des exigences opérationnelles quant à la formation militaire. On peut lui faire confiance, car il est allé sur place et y a dirigé les troupes.
À titre d'exemple éloquent, les Français présents en Afghanistan font de la formation militaire. Or cela ne les a pas empêchés de subir des pertes humaines. Que peut-on retenir de cette mission de formation des Français? C'est un exemple important à prendre en considération au moment où on doit prendre une décision aussi grave.
Depuis 2002, la France assure la formation de l'armée nationale afghane. Cette opération s'appelle l'opération Épidote et elle a pour but de former les officiers afghans, les bataillons et les forces spéciales. C'est ce que le Canada s'apprête à aller faire. Dans le cadre de cette opération, des équipes de conseillers et d'instructeurs intégrées aux unités opérationnelles de l'armée afghane accompagnent et conseillent les Afghans dans toutes leurs missions et instructions de combat.
Qu'en est-il des décès de soldats français? En date du 15 octobre 2010, 50 soldats français étaient morts en Afghanistan. En août 2010, deux militaires français furent tués en Afghanistan alors qu'ils participaient à l'opération contre-insurrectionnelle conduite en liaison avec l'armée afghane. Le 19 juin 2010, un autre soldat a été tué par un tir d'artillerie d'insurgés alors qu'il se trouvait à un poste de combat. Un parachutiste français fut tué le 7 juin 2010 lors d'une mission de l'OTAN. Neuf autres soldats de l'OTAN furent tués lors de cette mission. Le 12 janvier 2010, deux soldats français furent tués alors qu'ils patrouillaient la vallée d'Alasay. Ceux-ci participaient à une mission internationale d'accompagnement de l'armée afghane.
Qu'on ne vienne pas me dire aujourd'hui que ces missions d'accompagnement ne comportent pas de risque.
Un autre soldat français a été tué le 6 septembre 2009 par un engin explosif alors qu'il participait à un convoi de reconnaissance.
Tous ces exemples nous démontrent le noeud du problème: qu'en est-il de la dangerosité de la mission de formation? Une mission de formation sur un terrain de guerre est dangereuse et amène mort d'hommes.
Le Bloc québécois, quant à lui, suggère humblement à la Chambre cette position: le Bloc estime que le Canada a fait sa part sur le plan militaire et que son rôle peut être repris par des pays alliés. Comme État participant aux conférences de Londres et de Kaboul, le Canada doit veiller à une transition aussi paisible et sécuritaire que possible vers une pleine prise en charge par l'État afghan. Nous ne renions pas nos responsabilités, nous en sommes partie prenante, mais pas à n'importe quel prix.
Ainsi, le Bloc québécois propose une action orientée autour de trois axes: premièrement, un soutien et une formation des forces policières et une aide à la mise en place du système judiciaire carcéral et administratif; deuxièmement, une révision et un maintien de l'aide publique au développement; troisièmement, une réconciliation et une intégration.
Lorsqu'on parle de présence militaire et de soutien technique, que veut-on dire? On veut dire que le groupe de combat doit terminer sa mission de combat en juillet 2011, tout comme l'Équipe provinciale de reconstruction. Cette équipe de soldats est chargée de protéger les ONG. Cependant, ces dernières souhaitent majoritairement le retrait de l'Équipe provinciale de reconstruction, invoquant que la présence de militaires est incompatible avec leur mission humanitaire.
La formation des policiers afghans accuse un retard par rapport à l'armée afghane. Or la présence policière est essentielle au bon fonctionnement d'une société. Le Bloc québécois recommande donc l'envoi d'un contingent de 50 policiers pour assurer la formation de la police afghane.
Pour ce qui est de la mise en place d'un système judiciaire moderne, la confiance dans le système judiciaire est à notre avis un des fondements d'une société de droit. Or l'OTAN nous révélait que les Afghans tiennent beaucoup à la notion d'équité du système et préfèrent recourir aux mécanismes informels, le système officiel du gouvernement apparaissant comme éminemment corrompu. Afin d'assurer la formation et le bon fonctionnement du système judiciaire afghan, le Bloc québécois propose l'envoi d'une délégation de juristes canadiens qui pourront soutenir et favoriser la modernisation du système judiciaire. Voilà donc des éléments de formation qui ne sont pas des éléments guerriers.
Il faut également soutenir le système carcéral. Selon l'ensemble des rapports, le milieu carcéral afghan souffre de graves lacunes, comme l'a démontré le dossier des prisonniers afghans abusés dans des geôles afghanes.
Selon l'OTAN, d'après les normes occidentales, l'appréciation de la situation de nombreuses installations correctionnelles de détention va d'insuffisantes à extrêmement médiocres dans certains cas. Ainsi, nous suggérons que les directeurs des prisons afghanes soient appuyés par des directeurs-adjoints canadiens. Nous recommandons donc l'envoi de 50 civils qui proviendront du système carcéral.
Finalement, comme autre proposition, il y a une mise en place d'une fonction publique. Il n'existe pas de fonction publique telle que nous la connaissons au Québec. Il serait donc important d'en implanter une.
Ce qu'il est important de retenir de tout cela, c'est que nous devons nous prononcer sur cette décision gouvernementale ici, à la Chambre des communes, et agir en toute démocratie. C'est l'essentiel de notre message.
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Madame la Présidente, je vais partager mon temps de parole avec le député de .
Je vais voter contre la motion, qui ne sera probablement pas adoptée, comme nous le savons déjà, et tout ce que nous pouvons dire aujourd’hui n’y changera rien.
Sur une question de vie et de mort pour les soldats engagés par notre volonté ou pour ceux qui rentrent au Canada et portent en eux une expérience qui influencera tout le reste de leur vie, on s’attendrait à un débat pénétrant qui dure des semaines et des mois. Mais ce n’est pas ce qui est proposé ici.
S’il n’y a pas de vrai débat, donc, posons au moins certaines des questions dont nous aurions discuté s’il y en avait eu un, et ne les perdons pas de vue lorsque se profileront les prochaines étapes charnières de la mission afghane en 2011, en 2014 et par la suite.
Au plus fort de la guerre du Vietnam, je fréquentais l’université. Ce conflit nous a enseigné bien des choses. Il nous a montré ce qui arrive lorsque l’idéologie, dans ce cas-là celle de la guerre froide, nous empêche de voir la réalité, lorsque la rhétorique nous entraîne et nous impose une fausse image convaincante, et c’était alors celle des dominos: si le Vietnam tombe, c’est toute l’Asie du Sud-Est qui tombera, et si l’Asie du Sud-Est tombe, ainsi tombera…
Ce conflit nous a aussi fait découvrir d’autres pièges. « Cinq cents soldats sont morts, nous ont dit le gouvernement américain et l’armée, nous ne pouvons tolérer qu’ils soient morts en vain. » D’autres soldats ont donc été envoyés, et d’autres soldats sont morts. Un millier, 10 000, 20 000, jusqu’à ce que la guerre ne soit plus une question de dominos qui tombent, et 10 000 autres sont morts parce que 20 000 autres les avaient précédés, et puis 10 000 encore ont péri. « Nous ne pouvons pas partir maintenant. » Et 10 000 de plus sont morts.
Il y a donc eu des enseignements, mais un grand nombre n’ont pas été retenus. L’un d’eux l’a été, pourtant: l’opinion américaine, en tournant le dos à la guerre du Vietnam, a également tourné le dos au dévouement de ses soldats. Ses soldats sont rentrés brisés, mais ils n’ont eu droit à aucun réconfort. Cela ne se reproduirait plus.
Donc, dans les années qui ont suivi les attentats du 11 septembre 2001, le Canada est allé en Afghanistan pour combattre le terrorisme et du même coup, défendre ceux qui était maltraités par la vie afghane, surtout les femmes.
Il est tellement difficile de tenir des débats en temps de guerre. Les critiques semblent peu patriotiques. C’est comme si nous perdions le droit de poser des questions et de réfléchir. C’est pourtant un moment où il nous faut poser des questions et réfléchir. Des Canadiens trouvent la mort. Des Afghans meurent aussi. Nous devons prendre des décisions justes. Les situations peuvent évoluer ou nous commençons à les percevoir différemment. Il ne s’agit pas de remettre nos soldats en question. Exception faite d’un rare incident odieux, les soldats ont toujours raison. Ils font ce qu’on leur dit de faire. Ceux qui peuvent se tromper, ce sont leurs généraux, ce sont les décideurs d’Ottawa, nous. C’est leur gouvernement. Nous prenons les décisions finales. Si nous nous trompons, ce sont eux bien plus que nous qui paient le prix de ces erreurs.
Nous devons encourager le débat, car il est tellement facile de le réprimer et de faire fausse route. Car c’est une question de vie et de mort, et non d’argent. Car nous ne pouvons envisager la possibilité de nous être trompés.
Il nous est si facile de nous couvrir du drapeau, de nous cacher derrière les soldats, et à la moindre critique, de dire: « Nous devons appuyer nos soldats », et d’étouffer toute forme de débat. Et qui peut se défendre?
Dans le cas du Vietnam, les Américains ont eu dédain de la guerre, et également dédain de leurs soldats. Au Canada, aujourd’hui, loin d’adopter cette attitude à l’égard de nos soldats, nous avons beaucoup de mal à nous dissocier de toute guerre qu’ils peuvent mener.
Mais si nous voulons vraiment appuyer nos hommes et nos femmes, nous devons toujours les affecter à une bonne cause, où nous avons de bonnes chances de réussir, aujourd'hui, demain et plus tard. Nous devons nous ouvrir les yeux et demeurer réceptifs et lucides.
Il y a plus de 200 ans, Samuel Johnson a décrit le patriotisme comme le dernier refuge d'une fripouille. Ce n'est pas toujours le cas, mais cela peut arriver. Les périodes de questions, les mêlées de presse et les brèves déclarations formatées ne se prêtent pas bien à la réflexion. On se contente alors d'essayer de séduire l'électorat.
« C'est dans la nature de la politique, disons-nous, et il ne faut pas s'en inquiéter outre mesure. » Mais en l'absence de toute autre discussion, il y a lieu de s'inquiéter.
Comme les subventions aux producteurs de grains, les soins de santé et le logement abordable, la guerre est une question de choix. Nous devons fournir aux militaires canadiens les instruments dont ils ont besoin pour s'acquitter des tâches que nous leur confions, mais ces tâches doivent-elles les emmener en Afghanistan, au Darfour ou ailleurs? S'agit-il de défense, de diplomatie, de développement ou des trois domaines? Est-ce que ça dépend? Il y a des choix à faire. Devrions-nous acheter des F-35 et nous doter d'une politique étrangère qui nécessite de tels appareils? Nous en faut-il moins ou davantage?
La guerre fait des morts. Des dizaines de milliers de Canadiens meurent chaque année parce qu'ils ne peuvent ni s'alimenter, ni se loger comme il faut ou parce qu'ils n'ont pas eu les mêmes chances que les autres au départ, dans la vie. La guerre en Afghanistan nous coûte 2 milliards de dollars par année. D'autres choix s'offrent à nous.
Nous savons quels espoirs nous entretenons en Afghanistan. Nous espérons pouvoir mettre fin aux activités des terroristes au-delà des frontières afghanes. Nous espérons que les Afghans pourront s'instruire et vivre mieux, en particulier les femmes afghanes. Nous espérons que, longtemps après notre départ, le peuple afghan continuera d'aspirer à ce genre de vie et se sera donné les moyens nécessaires. Actuellement, nous espérons bien plus que nous savons. Mais nous ne devons pas nous laisser aveugler par nos espoirs, par l'idéologie de la lutte antiterroriste et par les pertes de vie subies par le Canada. Les enjeux sont trop importants.
Quelle dette avons-nous envers les 153 soldats canadiens qui sont morts en Afghanistan? Quelle dette avons-nous envers leurs familles? Nous leur devons le respect et la gratitude. Nous leur devons de ne jamais oublier ce qu'ils ont fait pour leur pays. Mais nous leur devons avant toute chose de faire de bons choix à l'avenir, dans l'intérêt de ceux qui leur succéderont.
Je voterai contre cette motion, mais, comme tout le monde, aux Communes et ailleurs au pays, j'ai l'intention de garder dorénavant les yeux bien ouverts.
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Madame la Présidente, je suis ravi de participer au débat d'aujourd'hui.
Tout d'abord, je me suis rendu en Afghanistan à trois reprises et j'ai eu l'occasion de voir nos hommes et nos femmes sur le terrain, au sein des équipes de liaison et de mentorat opérationnel, à Kandahar. Je les ai vus travailler avec les Afghans et offrir leur soutien à l'armée nationale afghane. Pour moi, il ne fait aucun doute que les Canadiens font une énorme différence en Afghanistan, en vertu de la résolution des Nations Unies et en tant que membre de l'OTAN.
Le Canada a toujours été, et continuera d'être, un pays qui réagit quand le besoin s'en fait sentir. En ce qui concerne le terrorisme international et la création d'un Afghanistan stable et productif, aucun pays ne prend le pas sur le Canada. Nous avons accompli là-bas un travail exceptionnel. Tous les soldats canadiens, les travailleurs humanitaires et les fournisseurs nous diront qu'il font une différence dans la vie des Afghans moyens.
La discussion dont la Chambre est saisie porte sur la pertinence d'une mission de formation, communément appelée mission derrière les barbelés, après que la mission de combat aura pris fin en 2011.
À mon avis, il y a deux choses que nous pouvons faire. Nous pouvons dire tout simplement que la mission de combat est terminée, ce qui signifie que nous n'avons plus de responsabilité, et rentrer au pays en laissant quelqu'un d'autre faire le travail. Je crois que la majorité des Canadiens n'appuient pas une telle position. Ils n'oublient pas que 152 Canadiens ont perdu la vie là-bas, que 152 Canadiens ont fait le sacrifice suprême.
Que pouvons-nous faire d'autre? Notre parti a toujours appuyé l'approche dite des « 3 D », diplomatie, défense et développement. Il est évident que l'un de ces éléments comprend la formation de l'armée nationale afghane, non seulement pour qu'elle puisse se défendre elle-même, mais aussi pour qu'elle puisse former d'autres Afghans afin qu'ils n'aient plus besoin de l'aide internationale.
Il est très important que nous puissions compter sur une force de défense, laquelle regroupe actuellement plus de 170 000 membres, une armée afghane qui est en mesure non seulement de protéger son territoire, mais également de défendre ce territoire ainsi que la souveraineté de l'Afghanistan, contre les talibans, mais aussi contre des intervenants de l'extérieur, comme Al-Qaïda.
Je crois que la formation à l'intérieur du périmètre de sécurité dont le gouvernement a parlé, et je sais que d'autres détails suivront, à Kaboul et à l'école militaire, permettra aux soldats afghans de poursuivre la défense de leur pays.
Certains diront que c'est la continuation de la mission militaire, mais il est évident que l'objectif de cette mission changera. Nos attentes changeront en ce qui a trait à ce que nous attendons de nos forces. Nous n'offrirons plus notre soutien aux opérations. Nous ne participerons plus aux combats. Nous ferons de la formation et nous formerons des personnes.
Au cours de mon troisième voyage en Afghanistan, nous avons demandé à tous les principaux représentants du pays, au ministre des Affaires étrangères, au général américain McChrystal et à d'autres personnes, de quoi ils avaient le plus besoin. Ils nous ont clairement fait savoir que c'était de formation, ce dont nous avons fait rapport à notre retour, et cela, non seulement pour l'armée nationale afghane, mais aussi pour la police nationale afghane. Nous avons maintenant entendu le gouvernement dire qu'il est d'avis, tout comme nos alliés, que la formation est un élément essentiel de la réussite et que le Canada peut apporter une contribution ciblée et valable à la formation de l'armée nationale afghane.
Il ne s’agit cependant pas seulement de la formation. Il s’agit également du soutien au développement, de façon à ce qu’un nombre de plus en plus grand d’étudiants fréquentent les écoles. Six millions de jeunes vont actuellement à l’école, ce qui n’était pas le cas auparavant. Cependant, nous ne pouvons construire des écoles et des cliniques sans d’abord assurer la sécurité. Nous ne pouvons compter sur la sécurité nécessaire sans l’aide de forces dûment entraînées pour protéger les villes et les villages.
Je crois donc que nous allons vraiment jouer un rôle dans l’amélioration de la qualité de vie de l’Afghan moyen. Les jeunes filles pourront dorénavant fréquenter l’école. Il y a quelques années, lorsque nous avons eu l’occasion de rencontrer le président Karzai, il nous avait dit que, pour la première fois de toute l’histoire de l’Afghanistan, 600 médecins, dont 300 étaient des femmes, obtiendraient leur diplôme
Il y a seulement dix ans, les enfants afghans, en particulier les filles, n’allaient pas à l’école et les femmes ne sortaient pas de leur foyer. Elles y étaient confinées. Elles n'avaient pas accès à l’éducation. Pensons au développement qui sera rendu possible, l’année prochaine, une fois que la reconstruction du barrage Dahla sera complétée dans le cadre de l’un des trois projets distinctifs du Canada. Ce barrage fournira de l’eau courante salubre et de l’électricité. Il contribuera également à l’irrigation de grandes étendues de terre dans le sud de l’Afghanistan, qui seront notamment utilisées pour la culture du blé.
Si nous tenons vraiment à changer la vie des Afghans, il faudra leur transmettre les compétences dont ils auront besoin, un domaine où excelle le Canada. Nous avons un grand nombre de travailleurs humanitaires dans le pays et ils ont besoin de protection. Encore une fois, la formation des forces afghanes et l’enseignement de ces compétences contribueront à la sécurité des travailleurs humanitaires canadiens et autres.
Le Canada s’est aussi employé à promouvoir la sécurité et la primauté du droit. C’est un autre domaine qui relève du ministère de la Justice. En qualité de vice-président du Comité spécial sur l'Afghanistan, j’ai pu évaluer la situation. En effet, en compagnie d’un groupe de députés des deux côtés de la Chambre, j’ai été à même de constater ces changements.
La primauté du droit est de la plus haute importance, de même que la sensibilisation de la population aux droits de la personne.